Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1879-02-21
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 février 1879 21 février 1879
Description : 1879/02/21 (Numéro 4143). 1879/02/21 (Numéro 4143).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Vendredi 21 Février 1879
PARIS
Un an. ........ 55 fr. #
Six mois 28 50
Trois mois 15 »
Un Numéro, à Paris. ..... 15 cent.
— Départements. 2Q —
BUREAUX
Pari?, 10, Rue des Saints-Pères
On s'nlionnc. à Rame, place du Gcsù, S
N° 41 43 <— Édition quotidienne.'
Vendredi 21 Février 1879
DÉPARTEMENTS
Un an ". . . . 55 fr. »
Six mois 28 50
Trois mois . . . 15 »
Édition semi-quotidienne
Un an. 30 fr. — Six mois, 16 fr. — Trois moi?-, 8 fr. 50
L'UNIVERS ne.répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGMiîGS, CERF ctO'% 8, place de la Bourse
FRANCE /:
/.
PARIS, 20 FÉ VRIER4&79
A la -rigueur, le ministèi^pôurrait
se passer de cohésion, de force et de
direction, s'il avait une majorité dans
les Chambres. La volonté du parle
ment serait son unité et sa politique.
~ Mais de même que le ministère prouve
par ses actes qu'il n'a pas les qualités
-d'un gouvernement, de même le Par
lement fait voir par ses votes qu'il ne
réunit.-pas. les conditions d'une ma
jorité. Nous montrions hier que M. dé
Marcère et ses collègues n'avaient fait
preuve jusqu'ici que d'incertitude et
de faiblesse; il est aussi facile devoir
qu il n v a ni union entre les groupes
de la majorité ni entente des gauches
i ec le cabinet. Toutes les questions
pendantes, amnistie, procès des mi
nistres du 16 mai, retour des Cham
bres a Paris, préfecture de police, di
visent la majorité. Au milieu de ces
divergences, le cabinet chercherait en
vain un point d'appui, un centre d ac-
. tion.
Avec la meilleure volonté de se sou
mettre aux règles du régime parle
mentaire et de gouverner; comme on
le lui demande, dans le sens de l'opi
nion publique, représentée par la ma-:
joi'ité du parlement, le cabinet se'
trouve dans un très grand embarras, ou
pour mieux dire dans une situation:
inextricable. Pour se garder des ex
trêmes contraires, il lui faudrait se te
nir dans un juste milieu qui n'existe
pas. Ce centre d'équilibre, il croyait:
ï 'avoir trouvé dans son projet de lof sur:
l'amnistie. La première épreuve qu'il
en a faite devant le parlement et de-,
vant la presse lui a montré qu'il avait
-été en deçà pour les uns, au delà pour
les autres'. On le dit opposé à la mise
en accusation des ministres du maré
chal «de Mac-Malion. La commission
d'enquête, au contraire, conclut au pro
cès. Dans ce conflit, les groupes de
gauche se montrent si divisés ou si
hésitants qu'il est impossible au mi
nistère de savoir de quel côte est la
majorité, et par conséquent, le voulut-
il, ae se ranger à l'avis du plus grand i
nombre. Pour le retour des Chambres,
même embarras. La majorité veut elle
oui ou non la modification de la Con-
. stitution, la réintégration du parlement
dans la capitale ? Nul,ne le sait.
Dans le train ordinaire du régime
parlementaire, la majorité se dessine
d'elle-jnême au fur et à mesure que les
questions se présentent. Le cabinet
sait d'avance à quoi s'en tenir et s'il lui
arrivait de n'être pas sûr de sa majo
rité dans telle ou telle question, il sait
du moins s'il peut la forcer en la met
tant en demeure de lui continuer sa
confiance, ou de la donner à un autre
ministère. S'il tombe, c'est qu'il a vou
lu, de parti pris, se mettre en désac
cord avec la majorité, en lui imposant
ses volontés ou ses vues.
Ici, il n'en va plus de même. Le mi
nistère actuel ne sait, sur aucune
question, ni s'il a la majorité, ni s'il
pourra l'avoir. C'est le vote seul qui
vient le fixer, en sorte qu'il est forcé
de demander au scrutin une majorité
qui devrait lui être assurée d'avance
pour lui permettre de se conduire d'a-
prèsles règles du régime parlemen
taire. Pour un cabinet qui est censé
représenter la majorité, c'est une con
dition impossible que d'être obligé à
chaque fois de tâter le parlement et
d'apprendre du vote lui-même s'il est
ou non en conformité d'opinion avec
le plus grand nombre, si oui ou non
lia une majorité, et quelle elle est, etou
elle se trouve. On peut a' de notre
ministère qu'il vit du 1 ' ? I du scru
tin. Peut-être reir • >1 ..-t-il ce soir
une majorité t'occ.i . pour son pro
jet de loi sur l'amn stie, peut-être que
non. Le projet u suscité des opposi
tions de droite et de gauche ; c'est
.tout ce qu'il en sait pour le moment.
Le courant d'opinion qui aurait dû le
guider n'existe pas. Se formera-t-il au
cours de la discussion, par la force des
choses, par une disposition nouvelle
des dissidents ? On l'apprendra de
main, et c'est après coup seulement
que le ministère se trouvera avoir re
présenté une majorité quelconque.
Ainsi en sera-t-il pour les autres
questions à l'ordre du jour. Le minis
tère continuera d'aller à l'aventure, à
la dérive, ne sachant ni ce qu'il veut,
ni où il va, ni ce que veut, ni où le
conduit le parlement. Tout est aban
donné au hasard des incidents, au
petit bonheur des votes. il n'y a pas
plus d'un côté que de l'autre entente,
conseil, direction, il n'y a pas de gou
vernement, pas de majorité. Tel est
1 etdt de choses présent. On l'appelle
republique : c'est plutôt l'anarchie,
A mhur L oth.
Nous avons publié, l'autre jour, le
programme d'un nouveau journal
communard qui aspire à procurer,
pour sa part, le prompt avènement du ;
socialisme fédératif. Dans le même
ordre d'idées, nous devons signaler
aujourd'hui l'appel que vient d'adres
ser « aux travailleurs et aux sociétés
ouvrières de France » un comité qui,
se donne pour mission de préparer la
session, à Marseille, d'un troisième •
congrès ouvrier. Pour ces assises, la
situation, en effet, paraît maintenant
favorable. Jusqu'ici les divers gouver
nements avaient assez mal accueilli
les diverses tentatives faites dans le
même but; ils en donnaient pour mo
tif que ces réunions, sous prétexte de
traiter avec compétence des intérêts
ouvriers, étaient, la plupart du temps,
de véritables clubs et même quelque
chose de pire. Mais aujourd'hui l'on ne
suppose pas ~ que le gouvernement de
la République définitive (!) puisse avoir
de telles suspicions, et c'est pourquoi
les représentants des sociétés ouvriè
res marseillaises déclarent, « confor
mément aux décisions du congrès de
Lyon, » qu'ils se constituent en a com
mis sion d'organisation du congrès ou
vrier de Marseille. »
Cette déclaration faite, et tout en
protestant qu'ils n'entendent pas ré
diger, dès a présent, le programme
du congrès,, les organisateurs pren
nent soin de ne pas nous laisser igno
rer dans quel ordre d'idées ils abor
dent la solution des problèmes sociaux
et économiques. Leurs attaques à l'é
tat présent sont-elles toutes injustes?
c'est ce que la discussion toute seule
nous permettra plus tard île demêler ;
mais ce qu'il faut bien signaler dès à
présent, c'est que. pour remede, les
organisateurs ne voient d'autre moyen
que d'opérer ce qu'on appelle une « ta
ble rase «.Citons:
Si nous étudions le temps actuel, voici
ce qui se ^présente à nos yeux. Une recons
titution des hiérarchies anciennes se dresse
de jour en jour à l'encontre des principes
du droit, de la justice, de la révolution. La
bourgeoisie, s'élevant dif peuple et se' sépa
rant indéfiniment de lui grâce à des lois
économiques arbitrairement appliquées, dé
tient les matières premières, les instru
ments de travail, les utilités productives, le
sol et les capitaux, dont nous, travailleurs
et prolétaires, sommes spoliés régulière
ment. Appuyée sur un militarisme effroya
ble, sur un agiotage insensé, sur une féo
dalité financière écrasante, sur un système
immoral qu'une science fausse, l'économie
politique, prétend légitimer, elle rend de
plus ej) plus impossible cette précieuse in
dépendance des •homnaf/'î, l'autonomie du la
personne, et elle empêchera indéfiniment
l'émancipation de la masse, si nous ne nous
relevons pas, si nous ne faisons pas nous-
mêmes nos propres affaires,, si nous ne
cherchons pas à connaître nos maux et à
'les guérir par la discussion, la saine prati
que des théories sociales et, surtout, par
la revendication clairement raisonnée de
• nos droits.
Pour que cet état de choses cesse, c'est
à vous que nous nous adressons ! La Répu
blique étant fondée, vous devez étendre les
conséquences de ses principes. Nous croyons
que, sortie enfin de sa première évolution,
qui a été si laborieuse, elle doit être par
vous seuls l'expression même du progrès.
Nous croyons que l'heure a sonné des ré
formes sociales et économiques, et qu'il est
temps de pénétrer dans la société pour re
constituer l'édifice sur des bases ration
nelles et équitables. Cette tâche incombe à
vous seuls, prolétaires, qui souffrez du dé
sordre actuel et qui tendez vos mains dans
tous les chemins, pour ne recueillir que le
dédain et l'insolence des satisfaits, dont
vous avez fait la position vous-mêmes.
N'oublions pas que notre isolement et le
. désintéressement des questions qui nous
concernent font notre faiblesse et sont tou
jours la cause de l'ajournement de nos lé
gitimes revendications : le sommeil des hom
mes sur leurs droits les amène à l'escla
vage.
Après la dissolution du congrès interna
tional socialiste de Paris, il est bon, par
nos délibérations raisonnées, de donner
aux hostiles, aux indifférents comme aux
sceptiques, une de ces leçons sévères, dont
se souviennent longtemps les peuples et
leurs chefs. Le moment est solennel ! En
face du militarisme régnant, de la centra
lisation gouvernementaliste, et surtout en<
face des exactions que supporte journelle
ment le prolétariat des deux mondes, prou
vons aux privilégiés de tout camp et de
tout bord, qu'étant le nombre et la force,
nous sommes aussi la science, l'instruction,
la capacité et l'aptitude.
La citation est longue, mais elle est
instructive parce qu'elle montre la
disposition des esprits de ceux qui
prétendent résoudre pacifiquement la
question sociale. De quelle façon les
réformateurs « pénétreront-ils dans la
société pour reconstituer F Etat- social sur
des bases rationnelles et équitables ? »
C'est ce qu'il serait intéressant de sa
voir et ce que nous apprendrons vrai
semblablement plus tard. Notons ce
pendant dès à présent qu'on parle de
reconquérir sur les propriétaires ac
tuels « les instruments de travail, les
utilités productives, le sol et les capi
taux » dont les réformateurs déclarent,
que de nos jours les ouvriers sont
« spoliés régulièrement » ; ce qu'on
peut affirmer encore, c'est que l'avé-
nement de la république définitive (!)
n'a pas eu de quoi satisfaire ces dévo
rants. Voici ce qu'ils en disent :
Depuis que nous avons conquis définiti
vement la République, seule forme de gou
vernement, où pacifiquement et évolutive-
ment ce progrès puisse s'accomplir, di»
sons-le tout haut : quelles réformes a-t-on
faites ? Quels abus a-t-on détruits? Quelles
injustices a-t-on réparées? Qu'avons-nous
obtenu, nous prolétaires; du gQUvernement
de notre choix, pour lequel nous avons tout
donné et tout sacrifié?
Rien encore.
N'est-il pas temps cependant, qu'après
avoir mis en déroute les partis déchus, nous
constituions le nôtre ; que nous établissions
es que nous sommes en droit d'attendre;
qu'enfin le quatrième Etat s'affirme pour
lutter contre les inégalités présentes, Gem
me le tiers Etat put combattre les préro
gatives des deux Ordres de jadis, la no
blesse et le clergé ?
M. Gambetta, en présence de ces re
vendications brutales, soutiendra-t-il
encore qu'il n'y a pas de question so
ciale ? Se trouve-t-il prêt à donner ré
ponse satisfaisante aui « prolétaires »
émancipés, qui tout à l'heure vien
dront lui demander compté des « ins
truments de travail, des capitaux »
qu'il possède et dont ils ont été, nous
dit-on, « spoliés » par les partisans
tardigrades du droit de propriété?
A uguste R oussel,
Aujourd'hui, à raison du premier
anniversaire de l'élévation de Léon
XIII au souverain pontificat, tous les
prêtres du diocèse de Paris ont dû dire
à la sainte messe les oraisons spéciales
pour le Pape. A la métropole, la
grand'messe capitulaire a été chantée
solennellement à la même intention.
Nous signalons à nos lecteurs le
compte rendu ' de la dernière séance
du Reichstag. Le gouvernement
demandait l'autorisation de poursui
vre deuxdéputés,socialistes, MM. Fritzs-
che et Hasselmann, parce qu'ils étaient
venus à Berlin pour la réunion du
Reichstag, alors que le séjour de celte
ville leur était interdit. A une très
grande majorité, l'autorisation a été
refusée.
Cela ne pourra que hâter la dissolu
tion déjà annoncée du Reichstag.
En vue de la discussion d'aujour
d'hui, la Marseillaise donne aux dépu
tés de la gauche ce qu'elle appelle « un
dernier avertissement ». Le voici :
Tant que la république a été menacée,
-tant, qu'au-dessus des volontés des Cham
bres se trouvait placé le sabre d'un mili
taire irresponsable, le pays a pu, à tort ou
à raison, user envers ses représentants
d'une indulgence peut-être excessive. Il
leur a beaucoup pardonné et ne leur a pas
ménagé sa confiance, aux heures mêmes où
l'énergie devenait autrement indispensable
que l'habileté et la souplesse politiques.
Mais aujourd'hui il ne peut rester à per
sonne l'espoir de donner le change à l'opi-
nion,publique, et de bénéficier d'une équi
voque qu'ont dissipée les votes du 14 octo
bre et du 5 janvier.
Entre le projet jésuitique du cabinet et
l'amnistie pleine et entière, il ne peut y
avoir d'hésitation. Les petites haines, les
rancunes mesquines, les animosités ou les
jalousies personnelles ne sauraient préva
loir contre la patriotique préoccupation
d'en finir d'un seul coup avec un passé
dont nuls n'ont intérêt à évoquer les dou
loureux souvenirs, sinon les ennemis sécu
laires de la démocratie.
C'e.st le devoir de la presse républicaine
de rappeler, à l'heure suprême, aux repré
sentants, du peuple quelles graves consé
quences peut avoir, et pour la patrie et
pour eux-mêmes, le vote qu'ils vont émet
tre aujourd'hui. Il convient de les avertir
que ceux d'entre eux qui manqueront, en
ces solennelles circonstances, au mandat
qu'ils ont accepté, ne peuvent espérer pas
ser inaperçus et qu'ils entendront, au mo
ment où il leur faudra solliciter de nouveau
les votes de leurs^électeurs, la conscience
publique leur reprocher d'avoir obéi à des
considérations de politique basse et tor
tueuse, à l'heure où ils ne devaient s'inspi
rer que des grands sentiments de concorde
et de justice.
Le scrutin nous fera connaître de
main quelle a été, sur le vote des dé
putés, l'influence des considérations
et menaces que fait valoir la Marseil
laise.
Nous lisons dans le National :
On s'entretient beaucoup de déclarations
qu'auraient faites à plusieurs de leurs amis
M. Bérenger et le général d'Andlau, séna^
teurs, qui paraissent résolus à attaquer au
Sénat le projet de loi sur l'amnistie, le pre
mier, au point de vue juridique ; le second,
au point de vue militaire.
Faut-il conclure de là qu'après s'être
laissé contraindre à présenter i^n pro
jet d'amnistie, le gouvernement ne
serait pas fâché de le voir échouer?
M. Henri R..., prenant à partie M.
Gambetta dans la Marseillaise, écrivait
hier :
Prenons, si vous voulez, l'exemple de
M.' Germain Casse, qui, pendant la Com
mune, occupait à l'hôtel de ville les mêmes
fonctions que M. Lueipia, qui était chargé
de lui payer ses appointements. Celui-ci est
au bagne à perpétuité, tandis que M. Ger
main Casse, non-seulement n'a jamais été
poursuivi, mais a trouvé, le bon nègre,
moyen de se faire nommer député. D'où
provient cette différence? De ce que M. Lu
eipia n'avait aucune relation avec M. Gam
betta, tandis que M. Germain Casse porte
sa livrée avec un dévouement sans borne.
Le Pays , qui met en lumière cette
étrange affirmation, la fait suivre de
ces réflexions :
Nous attendons avec impatience que
M. Germain Casse veuille bien expliquer
quelles fonctions ""il occupait à l'hôtel de
ville, lorsqùe Lueipia, aujourd'hui aù ba
gne, était chargé de lui payer ses appoin
tements.
Les explications de M. Germain Casse
ne peuvent, en effet, manquer d'inté
rêt, et il peut être sûr qu'on leur don
nera la plus grande publicité.
En attendant le retour des colons
judiciaires de Nouméa, nous assistons
à la plus audacieuse glorification de 1
la Commune. Voici ce qu'écrit M. Vac-
querie dans le Rappel:
La garde nationalo, qu'on avait empêchée
de se ruer sur les assiégeants, avait des
sorties « rentrées » et, injuriée par Vétat-
major de l'Empire, éprouvait un amer besoin
de montrer comment elle se serait battue. Et
tout à coup l'Assemblée la provoquait en me
naçant la république. Elle sauta sur les ca
nons. Ce qu'elle n'avait pas pu contre la
Prusse, elle le fit contre la monarchie. On
peut mettre là-dessus tous les crimes et
toutes les férocités qu'on voudra, on peut
excepter tous les individus qu'on voudra,
ce qu'il y avait au fond du cœur de la masse
des combattants, c'était la république et la
patrie.
.. D'où il suit qu'aux yeux de M. Vac-
querie, les vrais républicains comme
les vrais patriotes sont les déportés de
Nouméa. La définition est aimable
pour les républicains qui se piquent
ae patriotisme !
Le conseil municipal de Lyon, après
des considérations embrasées du. feu
révolutionnaire le plus ardent, a pris
l'arrêté suivant :
Le conseil délibère :
1° En souvenir- et pour fêter cette date
du 34 février 1848, — anniversaire de la
proclamation de la république et du suf
frage universel, — le 24 février 1879, au
matin, il sera fait au nom de la ville, en de
hors des bureaux de bienfaisance , une distri
bution de secours (soit en affranchissant
les objets du mont-de-piété, soit autrement)
aux pauvres dos six arrondissements de la
ville de Lyon;
2* Un crédit de 25,000 fr. est ouvert à
cet effet et réparti selon le nombre des in
digents réels-de chacun des six arrondisse
ments, par les seins d'une commission
spéciale.
Lyon, le 11 février 1879.
Louis C ombet,
Conseiller municipal de Lyon,
Par les mots que nous avons souli
gnés, on voit que le conseil municipal
de Lyon se réserve la distribution des
25,000 fr. Nous nous contenterons,
pour l'instant, de dire qu'une telle pré
tention a été réconnue illégale par M.
de Marcère lui-même dans la séance
de lundi dernier, j •
Voici une citation qui ne manque
ni d'intérêt, ni d'actualité : .
% «>
_ Si j'avais pu m'astreindre à une marche
suivie, au lieu d'abandonner ma plume à
l'allure vagabonde -d'un esprit qui se pro
mène sur les événements, j'aurais pris cet
homme au début de sa carrière, misérable
avocat, chargé de dettes plus que de cau
ses, et dont la femme disait que, sans le
secours d'un louis par semaine qu'elle re
cevait de son père, elle ne pourrait soute
nir son ménage. Je l'aurais montré naissant
à la popularité en se faisant remarquer dans
les clubs par la force de ses poumons, ac
quérant une sorte d'aisance sans qu'on vît le
travail qui dût la procurer. Je l'observerais
déclamant avec succès aux réunions popu
laires, se faisant le défenseur des droits de
tous et annonçant qu'il ne prendrait de pla
ces appointées qu'après la révolution,
■arrivant au pouvoir comme un tribun agréable
au peuple , à qui il fallait donner la satisfac
tion de le mettre dans le gouvernement.
Dès cette époque, sa marche fut aussi ra
pide que hardie.; il s'attache par des libé
ralités ou protège de son crédit ces hom
mes avides et misérables que stimulent les
besoins et les vices ; il désigne les gens rev.
doutables dont il faudra opérer la perte ; il
enchérit sur les inventions révolutionnaires
des patriotes aveugles ou des adroits fri
pons ; il combine, arrête et fait exécuter des
plans capables de frapper de terreur, d'a
néantir les obstacles, de recueillir beaucoup
d'argent et d'égarer l'opinion sur toutes
choses,
Il forme le corps électoral par ses intri
gues, le domine ouvertement par ses agents
et nomme la députation du Var dans la
quelle il passe. Il augmente ses richesses ;
il ose avouer une fortune de quatorze cent
mille Uvj.oa, u/jtvnvr k au,!; cil preenum. te
sans-culot Lime et dormir sur ses monceaux
de cadavres, victimes de son ambition.
C'est en ces termes, dont la plupart
trouveraient leur application aujour
d'hui, qu'un témoin, peu suspect pour
les républicains, de la première révo
lution, Mme "Roland, flétrissait la jie
de Danton.
On voit que, si les tribuns populaires
passent, le type reste , et, malheureu
sement pour notre pays, rien n'indi
que que la série soit close.
Le Nouvelliste de Rouen relève un
fait* incroyable de négligence ou de
légèreté de la part du ministre des
affaires étrangères, qu'il dit lui être
signalé en ces termes par un de nos
compatriotes qui possède sur la côte
occidentale d Afrique un comptoir im
portant ; 4
Sierra-Loone, 20 janvier.
L'agent consulaire français à, Sierra-Leone
(colonie anglaise) est un Prussien, M.Voh-
sen ; il a fait, comme uhlan, la campagne de
1870 en France. Ce représentant dp notre
nation sur la côte d'Afrique est allé le 18
janvier faire visite à un commodore améri
cain sur son navire qui se trouvait en rade.
Au moment de débarquer A.. Vohsen pria te
commodore de ne pas faire tirer le canon,
comme il est d'usage, pour saluer le pavillon
français , ce en quoi il manquait à son de
voir, puisque cet honneur qu'il refusait
était fait à la nation dont il était le repré
sentant,
M. Waddington a des moyens par
ticuliers de s'assurer de l'exactitude de
ce fait, qui a provoqué, chez nos na
tionaux, une émotion bien légitime.
Les dernières élections Ont doté la
plupart des villes, y compris Paris, de
conseils démagogiques dont l'incapa
cité se manifeste chaque jour au détri
ment des intérêts qu'ils sont appelés à
représenter.
En voici un exemple entre mille.
L'ancien maire de Dunkerque, l'ho
norable M. d'Arras, ancien député
royaliste invalidé, est accusé par la
feuille radicale de l'endroit, le Phare
de Dunkerque, d'avoir mal géré les
FEUILLETON DE h'UNIVERS
pu 21 FÉVR1EB 1879
CAUSERIE JUDICIAIRE
Les discours à l'inauguration de la statue de
Berryer.— La magistrature devant la Chambre;
la haine des radicaux concentrée sur elle.—Le
ministère sauvé par les destitutions. —; Les
ennemis de la République déclarés, et les enne
mis certains. — Moyens ingénieux de les re
connaître. — La curée des fonctions.
Les discours prononcés à l'inauguration
de la statue de Berryer ont été, en général,
iîioffensifs et, en certains passages, plus
satisfaisants qu'on n'aurait pu l'espérer.
Hâtons-nous de-dire quo leur appréciation
est d'une nature essentiellement relative,
et qu'il faut les juger moins par eux-mêmes
que par rapport au centre dans lequel ils
ont été prononcés : les royalistes ne for
maient pas Ta majorité, mais seulement
l'élite de l'auditoire. M. de Larcy, qui les.
représentait, a tenu un langage noble et
chrétien; il nous a montré, au commence
ment de son discours, le jeune Berryer
pomme éçartelé entre-les voies divines et
les voies humain.es, et presque entraîné par
l'exemple de cet illustre ami, qui fut depuis
le P. Ravignan, sur le chemin d'épines qui
monte au ciel. Cet élan, toutefois, fut de
pourte durée; il suivit la carrière terrestre;
elle fut pleine de triomphes, mais aussi de
tumultes et d'orages. S'il ne s'était pas
donné tout entier à Dieu pour vivre, il se
donna sans réserve à lui pour mourir, et
partit tout illuminé des splendeurs de la foi
quj dore, comme un rayon de soleil levant,
le front des chrétiens qui s'envolent.
Mais il n'y avait pas que des catholiques
dans l'assemblée : le barreau républicain
s'y trouvait pji grand nombre. S'il faut en
croire leâ bruits qui courent, on aurait con
seillé à M. de Larcy de garder une -réserve
que l'on qualifiait de prudence, de peur que
la manifestation, franche et absolue de ses
opinions et de ses sentiments ne donnât
lieu à une manifestation contraire et à des
clameurs discordantes ; jl n'en a rien été.
Non-seulement les paroles soyalistes et
chrétiennes du représentant des amis de
Berryer n'ont excité aucune émotion hos
tile, mais elles ont été ftççueillies par les
marques (fune sympathie universelle. Après
lui, M e Nicolet, bâtonnier de l'ordre, se fai
sait entendre. Le mérite littéraire de son
discours est incontestable ; yers la fin, sur
tout, la harangue avait de l'éclat. Mais la
bâtonnier de l'ordre, quel qu'il soit, n'ou
blie jamais le milieu d'où il sort. Son pu
blic déteint sur l'orateur, «t la crainte d'é
veiller des susceptibilités malsaines, amor
tit parfois dans sa bouche l'expression des
grands "principes et des vérités souverai
nes.
M' Nicolet n'a point abordé les hau
teurs, jl a passé sous silence ce qui aurait
pu lui causer de l'embarras; en revanche,
•il a insisté sur le côté libéral de son héros,
avec une approbation dont le discours
de M. de Larcy lui-même n'était pas
suffisamment dégagé- Sous le coup de-
cette préoccupation, l'fjoaorable bâtonnier
a. relevé cômplaisamment des antithèses
entre lçs sentiments personnels de Berryer
et sa tolérance pour ceux qui n'étaient pas
de son avis. « Gallican, il revendiquera
pour les jésuites les immunités qui appar
tiennent à tous les citoyens ; catholique, il
demeurera l'ami de Lamennais, frappé des
foudres de l'Eglise. » .
Si nous aviqns à écrire l'éloge d'un per
sonnage historique, nous ne dirions pas
qu'il fut gallican ou ftmi d'un excommunié,
gi ce n'est à titre de critique. Gallican est
un mot qui n'a plus de -sens aujourd'hui.
Ami d'un excommunié a une signification,
mais elle n'est pas favarable. S'il est per
mis d'entretenir quelques rapports avec
ceux qui, sans être excommuniés nominati
vement, sont cependant tombés dans le
gouffre, ces rapports ne peuvent avoir d'au
tre objet que de les aider à en sortir, ni
d'autre mobile que la charité elle-même.
L'ai^itié n'est légitime et vraie qu'à la con
dition d'être chrétienne et sainte. Estrce une
amitié de • cette sorte qui peut exister entre
un catholique et un homme qui s'est mau-
djf, lui-même, etqui, de sa main implacable,
a brisé autant qu'il était en lui les liens sa
crés qui l'unissaient à Dieu? Choisissez
entre les hideuses apostasies qui ont éclaté
depuis vingt ans, et qui, depuis le scandale
du premier jour, se traînent misérablement
sur, le fumier de l'hérésie et de la libre pen
sée. Vous sentez-vous disposé à entretenir
d'amicales relations avee les auteurs de ces
profanations et de ces sacrilèges, et à' les
accompagner, soit dans leur solitude mau
dite, soit dans les exhibitions à la fois gro
tesques et immondes dont ils donnent le
spectacle au monde épouvanté? Lamennais
fut un des hommes qui tombèrent de plus
Jiai}t, et qui tombèrent par conséquent le
plus bas. Nous ignorons si Berryer, comme
on nous Uaffirme, resta son ami; mais nous
sommes assuré, dans tous les cas, que
l'âme du grand orateur, aujourd'hui dans
la vérité éternelle, répudierait un pareil
éloge et protesterait contre les intimités
dont la foi chrétienne est absente et contre
les affections sans Dieu.
Combien nous aimons mieus le langage
de l'éloquent bâtonnier lorsque, parlant de
l'impuissance du sculpteur h faire revivre,
les morts, il s'écrie : « Comment pouvait-il
nous rappeler l'homme simple et bon, l'ami
toujours prêt, le confrère dont les encoura
gements, les conseils et l'appui aimaient à
chercher les plus petits d'entre nous ; l'ai
mable ef tolérant chrétien qui mettait son
premier devoir dans lps joies de la charité;
l'avocat qui, après avoir disputé trois fois
et enfin arraché un innocent à la mort,
partageait entre les enfants de son ressus
cité la petite fortune destinée à .acquitter
un tel bienfait et ne gardait comme hono- <
raires que les larmes de la reconnais
sance! »
A la bonne heure, voici des actes chré
tiens et leur louange est chrétienne comma
eux. Elle n'a rien de commun avec cet éloge
du faux libéralisme et des transactions
compromettantes qu'on ne loue chez les
morts que pour flatter les vivants.
Le jour même où l'Académie, lp barpe^u,
la droite roy^jste et quelques magistrats
fêtaient la mémoire de Berryer, M e Sénard
à Versailles faisait à. la magistrature l'hon
neur de s'occuper d'elle. Seulement, il s'en
occupait d'une fagqn 101410 nouvelle. Pour
la réformer et la rendre véritablement ré
publicaine, il a inventé un procédé demi, le
souvenir restera, et t}çm| tout le àèritâ lui-
A /v . ••••;' * r «i-ur *' '
appartient. Simple comme tout ce qui est
grand, il consisterait, de la part du garde
des sceaux, à consulter les députés et les sé
nateurs de chaque département sur les ju
ges de paix de chaque localité, et à choisir,
d'après les indications de cés messieurs,
un nombre convenable de victimes. S'en
tendre avec eux sur les juges de paix à ré
voquer, ne présente à l'esprit qu'un sens :
il s'agit d'établir autant de comités de
dénonciations qu'il y a de départements en
France, et de les composer de membres
des deux Chambres. Ce projet a obtenu
un rare succès ; il a excité un sentiment
de dégoût, même chez les républicains. Il
a été une bonne fortune pour M. Dufaurç,
en lui donnant l'occasion de le repousser.
Le ministre est devenu, par comparaison,
le plus sage et le plus modéré des hommes,
mais cet éloge «st tout h fait relatif. M.
Dufaure a fait, avec une certaine complai
sance, l'énumération des fonctionnaires
par lui destitués ; puis," après avoir donné
d'assez bonnes raisons pour- expliquer
comment il n'en a pas révoqué un plus
grand nombre, il a ajouté que ce n'était
pas fini. — C'était rassurant. — 4 e serai,
a -t-ildit, plus sévère pour l'avenir.— C'était
tout à fait enrqurageànt. Certains journaux
l'ont entendu dire : Par ennemis déclarés,
j'entends ennemis certains; qr, il ne veut
pas, parmi les fonctionnaires, d'ennemis de
la république. Les mots, adversaires décla
rés et adversaires certains ne figurent pas
au compte rendu officie^ S'ils ont été pro
noncés, ce qui est probable, il y a de quoi
meure à la torture les parties qui soui en
cause. Quelles seraient les preuves d'un»
hostilité no$ décHir^v mais certaine ?
|^e jaifl)s*p e n ous a ditqu'iljugsaitîespro-
gureurs généraux par leur correspondance
avec ses prédécesseurs. Mais, s'il en est
ainsi, il aurait donc obéi, dans 1» choix des
destitués, à ses impressions personnelles ?
Or, une de ces clameurs publiques si impé
rieuses qu'on n'entreprend pas de les dis-
outer,. lui attribuait, dans les exécutions
sommaires qui s'accomplissent, un rôle
passif et d'obéissance à ceux qui font et dé
font les ministères. Les députés et les sé
nateurs auraient-ils devancé les vœux de
M. Sénard en prenant connaissance à fond
des dossiers judiciaires ! Eîtcore ces dos
siers et la correspondance qu'ils renfer
ment n'auront-ils qu'une importance mé
diocre pour tout homme qui connaît Je
cœur humain. U serait aussi injuste d.'exi-
ger des fonctionnaires révocables, "dans
leur correspondance avec les ministres du
10 mai, une profession de foi, qu'il le se
rait, de la part du gouvernement qui suivra
celui-ci, de,demander une déclaration de
sentiments monarchiques aux procureurs
généraux nommés par M. Le Royer. Pauvres
proeureur-s généraux ! quels efforts ont dû
faire ceux qui n'ont pas gardé copie de
leurs lettres, pour se rappeler les termes
de leur correspondance avec les autres mi
nistres. 1
Qui tlonc établira une certitude ça ma
tière d'opinions? Mis en verve par le génie
inventif de M. Sénard, nous proposerions
volontiers une agence mystérieuse, effargée
de pénétrer dans l'intérieur des consciences.
-Un comité de somnambules, soi-disant
clairvoyantes, tranch^r-ait peut-être* cette
question délicat^. On réunirait quelques pv-,
thonisses de Carrefour; on leur soumettrait
à défaut du mouchoir ou des cheveux dû
fonctionnaire suspect, ou à défaut de sa
bourse qu'elles aimeraient bien mieux en
core, surtout si elle était pleine, Iç papier
PARIS
Un an. ........ 55 fr. #
Six mois 28 50
Trois mois 15 »
Un Numéro, à Paris. ..... 15 cent.
— Départements. 2Q —
BUREAUX
Pari?, 10, Rue des Saints-Pères
On s'nlionnc. à Rame, place du Gcsù, S
N° 41 43 <— Édition quotidienne.'
Vendredi 21 Février 1879
DÉPARTEMENTS
Un an ". . . . 55 fr. »
Six mois 28 50
Trois mois . . . 15 »
Édition semi-quotidienne
Un an. 30 fr. — Six mois, 16 fr. — Trois moi?-, 8 fr. 50
L'UNIVERS ne.répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGMiîGS, CERF ctO'% 8, place de la Bourse
FRANCE /:
/.
PARIS, 20 FÉ VRIER4&79
A la -rigueur, le ministèi^pôurrait
se passer de cohésion, de force et de
direction, s'il avait une majorité dans
les Chambres. La volonté du parle
ment serait son unité et sa politique.
~ Mais de même que le ministère prouve
par ses actes qu'il n'a pas les qualités
-d'un gouvernement, de même le Par
lement fait voir par ses votes qu'il ne
réunit.-pas. les conditions d'une ma
jorité. Nous montrions hier que M. dé
Marcère et ses collègues n'avaient fait
preuve jusqu'ici que d'incertitude et
de faiblesse; il est aussi facile devoir
qu il n v a ni union entre les groupes
de la majorité ni entente des gauches
i ec le cabinet. Toutes les questions
pendantes, amnistie, procès des mi
nistres du 16 mai, retour des Cham
bres a Paris, préfecture de police, di
visent la majorité. Au milieu de ces
divergences, le cabinet chercherait en
vain un point d'appui, un centre d ac-
. tion.
Avec la meilleure volonté de se sou
mettre aux règles du régime parle
mentaire et de gouverner; comme on
le lui demande, dans le sens de l'opi
nion publique, représentée par la ma-:
joi'ité du parlement, le cabinet se'
trouve dans un très grand embarras, ou
pour mieux dire dans une situation:
inextricable. Pour se garder des ex
trêmes contraires, il lui faudrait se te
nir dans un juste milieu qui n'existe
pas. Ce centre d'équilibre, il croyait:
ï 'avoir trouvé dans son projet de lof sur:
l'amnistie. La première épreuve qu'il
en a faite devant le parlement et de-,
vant la presse lui a montré qu'il avait
-été en deçà pour les uns, au delà pour
les autres'. On le dit opposé à la mise
en accusation des ministres du maré
chal «de Mac-Malion. La commission
d'enquête, au contraire, conclut au pro
cès. Dans ce conflit, les groupes de
gauche se montrent si divisés ou si
hésitants qu'il est impossible au mi
nistère de savoir de quel côte est la
majorité, et par conséquent, le voulut-
il, ae se ranger à l'avis du plus grand i
nombre. Pour le retour des Chambres,
même embarras. La majorité veut elle
oui ou non la modification de la Con-
. stitution, la réintégration du parlement
dans la capitale ? Nul,ne le sait.
Dans le train ordinaire du régime
parlementaire, la majorité se dessine
d'elle-jnême au fur et à mesure que les
questions se présentent. Le cabinet
sait d'avance à quoi s'en tenir et s'il lui
arrivait de n'être pas sûr de sa majo
rité dans telle ou telle question, il sait
du moins s'il peut la forcer en la met
tant en demeure de lui continuer sa
confiance, ou de la donner à un autre
ministère. S'il tombe, c'est qu'il a vou
lu, de parti pris, se mettre en désac
cord avec la majorité, en lui imposant
ses volontés ou ses vues.
Ici, il n'en va plus de même. Le mi
nistère actuel ne sait, sur aucune
question, ni s'il a la majorité, ni s'il
pourra l'avoir. C'est le vote seul qui
vient le fixer, en sorte qu'il est forcé
de demander au scrutin une majorité
qui devrait lui être assurée d'avance
pour lui permettre de se conduire d'a-
prèsles règles du régime parlemen
taire. Pour un cabinet qui est censé
représenter la majorité, c'est une con
dition impossible que d'être obligé à
chaque fois de tâter le parlement et
d'apprendre du vote lui-même s'il est
ou non en conformité d'opinion avec
le plus grand nombre, si oui ou non
lia une majorité, et quelle elle est, etou
elle se trouve. On peut a' de notre
ministère qu'il vit du 1 ' ? I du scru
tin. Peut-être reir • >1 ..-t-il ce soir
une majorité t'occ.i . pour son pro
jet de loi sur l'amn stie, peut-être que
non. Le projet u suscité des opposi
tions de droite et de gauche ; c'est
.tout ce qu'il en sait pour le moment.
Le courant d'opinion qui aurait dû le
guider n'existe pas. Se formera-t-il au
cours de la discussion, par la force des
choses, par une disposition nouvelle
des dissidents ? On l'apprendra de
main, et c'est après coup seulement
que le ministère se trouvera avoir re
présenté une majorité quelconque.
Ainsi en sera-t-il pour les autres
questions à l'ordre du jour. Le minis
tère continuera d'aller à l'aventure, à
la dérive, ne sachant ni ce qu'il veut,
ni où il va, ni ce que veut, ni où le
conduit le parlement. Tout est aban
donné au hasard des incidents, au
petit bonheur des votes. il n'y a pas
plus d'un côté que de l'autre entente,
conseil, direction, il n'y a pas de gou
vernement, pas de majorité. Tel est
1 etdt de choses présent. On l'appelle
republique : c'est plutôt l'anarchie,
A mhur L oth.
Nous avons publié, l'autre jour, le
programme d'un nouveau journal
communard qui aspire à procurer,
pour sa part, le prompt avènement du ;
socialisme fédératif. Dans le même
ordre d'idées, nous devons signaler
aujourd'hui l'appel que vient d'adres
ser « aux travailleurs et aux sociétés
ouvrières de France » un comité qui,
se donne pour mission de préparer la
session, à Marseille, d'un troisième •
congrès ouvrier. Pour ces assises, la
situation, en effet, paraît maintenant
favorable. Jusqu'ici les divers gouver
nements avaient assez mal accueilli
les diverses tentatives faites dans le
même but; ils en donnaient pour mo
tif que ces réunions, sous prétexte de
traiter avec compétence des intérêts
ouvriers, étaient, la plupart du temps,
de véritables clubs et même quelque
chose de pire. Mais aujourd'hui l'on ne
suppose pas ~ que le gouvernement de
la République définitive (!) puisse avoir
de telles suspicions, et c'est pourquoi
les représentants des sociétés ouvriè
res marseillaises déclarent, « confor
mément aux décisions du congrès de
Lyon, » qu'ils se constituent en a com
mis sion d'organisation du congrès ou
vrier de Marseille. »
Cette déclaration faite, et tout en
protestant qu'ils n'entendent pas ré
diger, dès a présent, le programme
du congrès,, les organisateurs pren
nent soin de ne pas nous laisser igno
rer dans quel ordre d'idées ils abor
dent la solution des problèmes sociaux
et économiques. Leurs attaques à l'é
tat présent sont-elles toutes injustes?
c'est ce que la discussion toute seule
nous permettra plus tard île demêler ;
mais ce qu'il faut bien signaler dès à
présent, c'est que. pour remede, les
organisateurs ne voient d'autre moyen
que d'opérer ce qu'on appelle une « ta
ble rase «.Citons:
Si nous étudions le temps actuel, voici
ce qui se ^présente à nos yeux. Une recons
titution des hiérarchies anciennes se dresse
de jour en jour à l'encontre des principes
du droit, de la justice, de la révolution. La
bourgeoisie, s'élevant dif peuple et se' sépa
rant indéfiniment de lui grâce à des lois
économiques arbitrairement appliquées, dé
tient les matières premières, les instru
ments de travail, les utilités productives, le
sol et les capitaux, dont nous, travailleurs
et prolétaires, sommes spoliés régulière
ment. Appuyée sur un militarisme effroya
ble, sur un agiotage insensé, sur une féo
dalité financière écrasante, sur un système
immoral qu'une science fausse, l'économie
politique, prétend légitimer, elle rend de
plus ej) plus impossible cette précieuse in
dépendance des •homnaf/'î, l'autonomie du la
personne, et elle empêchera indéfiniment
l'émancipation de la masse, si nous ne nous
relevons pas, si nous ne faisons pas nous-
mêmes nos propres affaires,, si nous ne
cherchons pas à connaître nos maux et à
'les guérir par la discussion, la saine prati
que des théories sociales et, surtout, par
la revendication clairement raisonnée de
• nos droits.
Pour que cet état de choses cesse, c'est
à vous que nous nous adressons ! La Répu
blique étant fondée, vous devez étendre les
conséquences de ses principes. Nous croyons
que, sortie enfin de sa première évolution,
qui a été si laborieuse, elle doit être par
vous seuls l'expression même du progrès.
Nous croyons que l'heure a sonné des ré
formes sociales et économiques, et qu'il est
temps de pénétrer dans la société pour re
constituer l'édifice sur des bases ration
nelles et équitables. Cette tâche incombe à
vous seuls, prolétaires, qui souffrez du dé
sordre actuel et qui tendez vos mains dans
tous les chemins, pour ne recueillir que le
dédain et l'insolence des satisfaits, dont
vous avez fait la position vous-mêmes.
N'oublions pas que notre isolement et le
. désintéressement des questions qui nous
concernent font notre faiblesse et sont tou
jours la cause de l'ajournement de nos lé
gitimes revendications : le sommeil des hom
mes sur leurs droits les amène à l'escla
vage.
Après la dissolution du congrès interna
tional socialiste de Paris, il est bon, par
nos délibérations raisonnées, de donner
aux hostiles, aux indifférents comme aux
sceptiques, une de ces leçons sévères, dont
se souviennent longtemps les peuples et
leurs chefs. Le moment est solennel ! En
face du militarisme régnant, de la centra
lisation gouvernementaliste, et surtout en<
face des exactions que supporte journelle
ment le prolétariat des deux mondes, prou
vons aux privilégiés de tout camp et de
tout bord, qu'étant le nombre et la force,
nous sommes aussi la science, l'instruction,
la capacité et l'aptitude.
La citation est longue, mais elle est
instructive parce qu'elle montre la
disposition des esprits de ceux qui
prétendent résoudre pacifiquement la
question sociale. De quelle façon les
réformateurs « pénétreront-ils dans la
société pour reconstituer F Etat- social sur
des bases rationnelles et équitables ? »
C'est ce qu'il serait intéressant de sa
voir et ce que nous apprendrons vrai
semblablement plus tard. Notons ce
pendant dès à présent qu'on parle de
reconquérir sur les propriétaires ac
tuels « les instruments de travail, les
utilités productives, le sol et les capi
taux » dont les réformateurs déclarent,
que de nos jours les ouvriers sont
« spoliés régulièrement » ; ce qu'on
peut affirmer encore, c'est que l'avé-
nement de la république définitive (!)
n'a pas eu de quoi satisfaire ces dévo
rants. Voici ce qu'ils en disent :
Depuis que nous avons conquis définiti
vement la République, seule forme de gou
vernement, où pacifiquement et évolutive-
ment ce progrès puisse s'accomplir, di»
sons-le tout haut : quelles réformes a-t-on
faites ? Quels abus a-t-on détruits? Quelles
injustices a-t-on réparées? Qu'avons-nous
obtenu, nous prolétaires; du gQUvernement
de notre choix, pour lequel nous avons tout
donné et tout sacrifié?
Rien encore.
N'est-il pas temps cependant, qu'après
avoir mis en déroute les partis déchus, nous
constituions le nôtre ; que nous établissions
es que nous sommes en droit d'attendre;
qu'enfin le quatrième Etat s'affirme pour
lutter contre les inégalités présentes, Gem
me le tiers Etat put combattre les préro
gatives des deux Ordres de jadis, la no
blesse et le clergé ?
M. Gambetta, en présence de ces re
vendications brutales, soutiendra-t-il
encore qu'il n'y a pas de question so
ciale ? Se trouve-t-il prêt à donner ré
ponse satisfaisante aui « prolétaires »
émancipés, qui tout à l'heure vien
dront lui demander compté des « ins
truments de travail, des capitaux »
qu'il possède et dont ils ont été, nous
dit-on, « spoliés » par les partisans
tardigrades du droit de propriété?
A uguste R oussel,
Aujourd'hui, à raison du premier
anniversaire de l'élévation de Léon
XIII au souverain pontificat, tous les
prêtres du diocèse de Paris ont dû dire
à la sainte messe les oraisons spéciales
pour le Pape. A la métropole, la
grand'messe capitulaire a été chantée
solennellement à la même intention.
Nous signalons à nos lecteurs le
compte rendu ' de la dernière séance
du Reichstag. Le gouvernement
demandait l'autorisation de poursui
vre deuxdéputés,socialistes, MM. Fritzs-
che et Hasselmann, parce qu'ils étaient
venus à Berlin pour la réunion du
Reichstag, alors que le séjour de celte
ville leur était interdit. A une très
grande majorité, l'autorisation a été
refusée.
Cela ne pourra que hâter la dissolu
tion déjà annoncée du Reichstag.
En vue de la discussion d'aujour
d'hui, la Marseillaise donne aux dépu
tés de la gauche ce qu'elle appelle « un
dernier avertissement ». Le voici :
Tant que la république a été menacée,
-tant, qu'au-dessus des volontés des Cham
bres se trouvait placé le sabre d'un mili
taire irresponsable, le pays a pu, à tort ou
à raison, user envers ses représentants
d'une indulgence peut-être excessive. Il
leur a beaucoup pardonné et ne leur a pas
ménagé sa confiance, aux heures mêmes où
l'énergie devenait autrement indispensable
que l'habileté et la souplesse politiques.
Mais aujourd'hui il ne peut rester à per
sonne l'espoir de donner le change à l'opi-
nion,publique, et de bénéficier d'une équi
voque qu'ont dissipée les votes du 14 octo
bre et du 5 janvier.
Entre le projet jésuitique du cabinet et
l'amnistie pleine et entière, il ne peut y
avoir d'hésitation. Les petites haines, les
rancunes mesquines, les animosités ou les
jalousies personnelles ne sauraient préva
loir contre la patriotique préoccupation
d'en finir d'un seul coup avec un passé
dont nuls n'ont intérêt à évoquer les dou
loureux souvenirs, sinon les ennemis sécu
laires de la démocratie.
C'e.st le devoir de la presse républicaine
de rappeler, à l'heure suprême, aux repré
sentants, du peuple quelles graves consé
quences peut avoir, et pour la patrie et
pour eux-mêmes, le vote qu'ils vont émet
tre aujourd'hui. Il convient de les avertir
que ceux d'entre eux qui manqueront, en
ces solennelles circonstances, au mandat
qu'ils ont accepté, ne peuvent espérer pas
ser inaperçus et qu'ils entendront, au mo
ment où il leur faudra solliciter de nouveau
les votes de leurs^électeurs, la conscience
publique leur reprocher d'avoir obéi à des
considérations de politique basse et tor
tueuse, à l'heure où ils ne devaient s'inspi
rer que des grands sentiments de concorde
et de justice.
Le scrutin nous fera connaître de
main quelle a été, sur le vote des dé
putés, l'influence des considérations
et menaces que fait valoir la Marseil
laise.
Nous lisons dans le National :
On s'entretient beaucoup de déclarations
qu'auraient faites à plusieurs de leurs amis
M. Bérenger et le général d'Andlau, séna^
teurs, qui paraissent résolus à attaquer au
Sénat le projet de loi sur l'amnistie, le pre
mier, au point de vue juridique ; le second,
au point de vue militaire.
Faut-il conclure de là qu'après s'être
laissé contraindre à présenter i^n pro
jet d'amnistie, le gouvernement ne
serait pas fâché de le voir échouer?
M. Henri R..., prenant à partie M.
Gambetta dans la Marseillaise, écrivait
hier :
Prenons, si vous voulez, l'exemple de
M.' Germain Casse, qui, pendant la Com
mune, occupait à l'hôtel de ville les mêmes
fonctions que M. Lueipia, qui était chargé
de lui payer ses appointements. Celui-ci est
au bagne à perpétuité, tandis que M. Ger
main Casse, non-seulement n'a jamais été
poursuivi, mais a trouvé, le bon nègre,
moyen de se faire nommer député. D'où
provient cette différence? De ce que M. Lu
eipia n'avait aucune relation avec M. Gam
betta, tandis que M. Germain Casse porte
sa livrée avec un dévouement sans borne.
Le Pays , qui met en lumière cette
étrange affirmation, la fait suivre de
ces réflexions :
Nous attendons avec impatience que
M. Germain Casse veuille bien expliquer
quelles fonctions ""il occupait à l'hôtel de
ville, lorsqùe Lueipia, aujourd'hui aù ba
gne, était chargé de lui payer ses appoin
tements.
Les explications de M. Germain Casse
ne peuvent, en effet, manquer d'inté
rêt, et il peut être sûr qu'on leur don
nera la plus grande publicité.
En attendant le retour des colons
judiciaires de Nouméa, nous assistons
à la plus audacieuse glorification de 1
la Commune. Voici ce qu'écrit M. Vac-
querie dans le Rappel:
La garde nationalo, qu'on avait empêchée
de se ruer sur les assiégeants, avait des
sorties « rentrées » et, injuriée par Vétat-
major de l'Empire, éprouvait un amer besoin
de montrer comment elle se serait battue. Et
tout à coup l'Assemblée la provoquait en me
naçant la république. Elle sauta sur les ca
nons. Ce qu'elle n'avait pas pu contre la
Prusse, elle le fit contre la monarchie. On
peut mettre là-dessus tous les crimes et
toutes les férocités qu'on voudra, on peut
excepter tous les individus qu'on voudra,
ce qu'il y avait au fond du cœur de la masse
des combattants, c'était la république et la
patrie.
.. D'où il suit qu'aux yeux de M. Vac-
querie, les vrais républicains comme
les vrais patriotes sont les déportés de
Nouméa. La définition est aimable
pour les républicains qui se piquent
ae patriotisme !
Le conseil municipal de Lyon, après
des considérations embrasées du. feu
révolutionnaire le plus ardent, a pris
l'arrêté suivant :
Le conseil délibère :
1° En souvenir- et pour fêter cette date
du 34 février 1848, — anniversaire de la
proclamation de la république et du suf
frage universel, — le 24 février 1879, au
matin, il sera fait au nom de la ville, en de
hors des bureaux de bienfaisance , une distri
bution de secours (soit en affranchissant
les objets du mont-de-piété, soit autrement)
aux pauvres dos six arrondissements de la
ville de Lyon;
2* Un crédit de 25,000 fr. est ouvert à
cet effet et réparti selon le nombre des in
digents réels-de chacun des six arrondisse
ments, par les seins d'une commission
spéciale.
Lyon, le 11 février 1879.
Louis C ombet,
Conseiller municipal de Lyon,
Par les mots que nous avons souli
gnés, on voit que le conseil municipal
de Lyon se réserve la distribution des
25,000 fr. Nous nous contenterons,
pour l'instant, de dire qu'une telle pré
tention a été réconnue illégale par M.
de Marcère lui-même dans la séance
de lundi dernier, j •
Voici une citation qui ne manque
ni d'intérêt, ni d'actualité : .
% «>
_ Si j'avais pu m'astreindre à une marche
suivie, au lieu d'abandonner ma plume à
l'allure vagabonde -d'un esprit qui se pro
mène sur les événements, j'aurais pris cet
homme au début de sa carrière, misérable
avocat, chargé de dettes plus que de cau
ses, et dont la femme disait que, sans le
secours d'un louis par semaine qu'elle re
cevait de son père, elle ne pourrait soute
nir son ménage. Je l'aurais montré naissant
à la popularité en se faisant remarquer dans
les clubs par la force de ses poumons, ac
quérant une sorte d'aisance sans qu'on vît le
travail qui dût la procurer. Je l'observerais
déclamant avec succès aux réunions popu
laires, se faisant le défenseur des droits de
tous et annonçant qu'il ne prendrait de pla
ces appointées qu'après la révolution,
■arrivant au pouvoir comme un tribun agréable
au peuple , à qui il fallait donner la satisfac
tion de le mettre dans le gouvernement.
Dès cette époque, sa marche fut aussi ra
pide que hardie.; il s'attache par des libé
ralités ou protège de son crédit ces hom
mes avides et misérables que stimulent les
besoins et les vices ; il désigne les gens rev.
doutables dont il faudra opérer la perte ; il
enchérit sur les inventions révolutionnaires
des patriotes aveugles ou des adroits fri
pons ; il combine, arrête et fait exécuter des
plans capables de frapper de terreur, d'a
néantir les obstacles, de recueillir beaucoup
d'argent et d'égarer l'opinion sur toutes
choses,
Il forme le corps électoral par ses intri
gues, le domine ouvertement par ses agents
et nomme la députation du Var dans la
quelle il passe. Il augmente ses richesses ;
il ose avouer une fortune de quatorze cent
mille Uvj.oa, u/jtvnvr k au,!; cil preenum. te
sans-culot Lime et dormir sur ses monceaux
de cadavres, victimes de son ambition.
C'est en ces termes, dont la plupart
trouveraient leur application aujour
d'hui, qu'un témoin, peu suspect pour
les républicains, de la première révo
lution, Mme "Roland, flétrissait la jie
de Danton.
On voit que, si les tribuns populaires
passent, le type reste , et, malheureu
sement pour notre pays, rien n'indi
que que la série soit close.
Le Nouvelliste de Rouen relève un
fait* incroyable de négligence ou de
légèreté de la part du ministre des
affaires étrangères, qu'il dit lui être
signalé en ces termes par un de nos
compatriotes qui possède sur la côte
occidentale d Afrique un comptoir im
portant ; 4
Sierra-Loone, 20 janvier.
L'agent consulaire français à, Sierra-Leone
(colonie anglaise) est un Prussien, M.Voh-
sen ; il a fait, comme uhlan, la campagne de
1870 en France. Ce représentant dp notre
nation sur la côte d'Afrique est allé le 18
janvier faire visite à un commodore améri
cain sur son navire qui se trouvait en rade.
Au moment de débarquer A.. Vohsen pria te
commodore de ne pas faire tirer le canon,
comme il est d'usage, pour saluer le pavillon
français , ce en quoi il manquait à son de
voir, puisque cet honneur qu'il refusait
était fait à la nation dont il était le repré
sentant,
M. Waddington a des moyens par
ticuliers de s'assurer de l'exactitude de
ce fait, qui a provoqué, chez nos na
tionaux, une émotion bien légitime.
Les dernières élections Ont doté la
plupart des villes, y compris Paris, de
conseils démagogiques dont l'incapa
cité se manifeste chaque jour au détri
ment des intérêts qu'ils sont appelés à
représenter.
En voici un exemple entre mille.
L'ancien maire de Dunkerque, l'ho
norable M. d'Arras, ancien député
royaliste invalidé, est accusé par la
feuille radicale de l'endroit, le Phare
de Dunkerque, d'avoir mal géré les
FEUILLETON DE h'UNIVERS
pu 21 FÉVR1EB 1879
CAUSERIE JUDICIAIRE
Les discours à l'inauguration de la statue de
Berryer.— La magistrature devant la Chambre;
la haine des radicaux concentrée sur elle.—Le
ministère sauvé par les destitutions. —; Les
ennemis de la République déclarés, et les enne
mis certains. — Moyens ingénieux de les re
connaître. — La curée des fonctions.
Les discours prononcés à l'inauguration
de la statue de Berryer ont été, en général,
iîioffensifs et, en certains passages, plus
satisfaisants qu'on n'aurait pu l'espérer.
Hâtons-nous de-dire quo leur appréciation
est d'une nature essentiellement relative,
et qu'il faut les juger moins par eux-mêmes
que par rapport au centre dans lequel ils
ont été prononcés : les royalistes ne for
maient pas Ta majorité, mais seulement
l'élite de l'auditoire. M. de Larcy, qui les.
représentait, a tenu un langage noble et
chrétien; il nous a montré, au commence
ment de son discours, le jeune Berryer
pomme éçartelé entre-les voies divines et
les voies humain.es, et presque entraîné par
l'exemple de cet illustre ami, qui fut depuis
le P. Ravignan, sur le chemin d'épines qui
monte au ciel. Cet élan, toutefois, fut de
pourte durée; il suivit la carrière terrestre;
elle fut pleine de triomphes, mais aussi de
tumultes et d'orages. S'il ne s'était pas
donné tout entier à Dieu pour vivre, il se
donna sans réserve à lui pour mourir, et
partit tout illuminé des splendeurs de la foi
quj dore, comme un rayon de soleil levant,
le front des chrétiens qui s'envolent.
Mais il n'y avait pas que des catholiques
dans l'assemblée : le barreau républicain
s'y trouvait pji grand nombre. S'il faut en
croire leâ bruits qui courent, on aurait con
seillé à M. de Larcy de garder une -réserve
que l'on qualifiait de prudence, de peur que
la manifestation, franche et absolue de ses
opinions et de ses sentiments ne donnât
lieu à une manifestation contraire et à des
clameurs discordantes ; jl n'en a rien été.
Non-seulement les paroles soyalistes et
chrétiennes du représentant des amis de
Berryer n'ont excité aucune émotion hos
tile, mais elles ont été ftççueillies par les
marques (fune sympathie universelle. Après
lui, M e Nicolet, bâtonnier de l'ordre, se fai
sait entendre. Le mérite littéraire de son
discours est incontestable ; yers la fin, sur
tout, la harangue avait de l'éclat. Mais la
bâtonnier de l'ordre, quel qu'il soit, n'ou
blie jamais le milieu d'où il sort. Son pu
blic déteint sur l'orateur, «t la crainte d'é
veiller des susceptibilités malsaines, amor
tit parfois dans sa bouche l'expression des
grands "principes et des vérités souverai
nes.
M' Nicolet n'a point abordé les hau
teurs, jl a passé sous silence ce qui aurait
pu lui causer de l'embarras; en revanche,
•il a insisté sur le côté libéral de son héros,
avec une approbation dont le discours
de M. de Larcy lui-même n'était pas
suffisamment dégagé- Sous le coup de-
cette préoccupation, l'fjoaorable bâtonnier
a. relevé cômplaisamment des antithèses
entre lçs sentiments personnels de Berryer
et sa tolérance pour ceux qui n'étaient pas
de son avis. « Gallican, il revendiquera
pour les jésuites les immunités qui appar
tiennent à tous les citoyens ; catholique, il
demeurera l'ami de Lamennais, frappé des
foudres de l'Eglise. » .
Si nous aviqns à écrire l'éloge d'un per
sonnage historique, nous ne dirions pas
qu'il fut gallican ou ftmi d'un excommunié,
gi ce n'est à titre de critique. Gallican est
un mot qui n'a plus de -sens aujourd'hui.
Ami d'un excommunié a une signification,
mais elle n'est pas favarable. S'il est per
mis d'entretenir quelques rapports avec
ceux qui, sans être excommuniés nominati
vement, sont cependant tombés dans le
gouffre, ces rapports ne peuvent avoir d'au
tre objet que de les aider à en sortir, ni
d'autre mobile que la charité elle-même.
L'ai^itié n'est légitime et vraie qu'à la con
dition d'être chrétienne et sainte. Estrce une
amitié de • cette sorte qui peut exister entre
un catholique et un homme qui s'est mau-
djf, lui-même, etqui, de sa main implacable,
a brisé autant qu'il était en lui les liens sa
crés qui l'unissaient à Dieu? Choisissez
entre les hideuses apostasies qui ont éclaté
depuis vingt ans, et qui, depuis le scandale
du premier jour, se traînent misérablement
sur, le fumier de l'hérésie et de la libre pen
sée. Vous sentez-vous disposé à entretenir
d'amicales relations avee les auteurs de ces
profanations et de ces sacrilèges, et à' les
accompagner, soit dans leur solitude mau
dite, soit dans les exhibitions à la fois gro
tesques et immondes dont ils donnent le
spectacle au monde épouvanté? Lamennais
fut un des hommes qui tombèrent de plus
Jiai}t, et qui tombèrent par conséquent le
plus bas. Nous ignorons si Berryer, comme
on nous Uaffirme, resta son ami; mais nous
sommes assuré, dans tous les cas, que
l'âme du grand orateur, aujourd'hui dans
la vérité éternelle, répudierait un pareil
éloge et protesterait contre les intimités
dont la foi chrétienne est absente et contre
les affections sans Dieu.
Combien nous aimons mieus le langage
de l'éloquent bâtonnier lorsque, parlant de
l'impuissance du sculpteur h faire revivre,
les morts, il s'écrie : « Comment pouvait-il
nous rappeler l'homme simple et bon, l'ami
toujours prêt, le confrère dont les encoura
gements, les conseils et l'appui aimaient à
chercher les plus petits d'entre nous ; l'ai
mable ef tolérant chrétien qui mettait son
premier devoir dans lps joies de la charité;
l'avocat qui, après avoir disputé trois fois
et enfin arraché un innocent à la mort,
partageait entre les enfants de son ressus
cité la petite fortune destinée à .acquitter
un tel bienfait et ne gardait comme hono- <
raires que les larmes de la reconnais
sance! »
A la bonne heure, voici des actes chré
tiens et leur louange est chrétienne comma
eux. Elle n'a rien de commun avec cet éloge
du faux libéralisme et des transactions
compromettantes qu'on ne loue chez les
morts que pour flatter les vivants.
Le jour même où l'Académie, lp barpe^u,
la droite roy^jste et quelques magistrats
fêtaient la mémoire de Berryer, M e Sénard
à Versailles faisait à. la magistrature l'hon
neur de s'occuper d'elle. Seulement, il s'en
occupait d'une fagqn 101410 nouvelle. Pour
la réformer et la rendre véritablement ré
publicaine, il a inventé un procédé demi, le
souvenir restera, et t}çm| tout le àèritâ lui-
A /v . ••••;' * r «i-ur *' '
appartient. Simple comme tout ce qui est
grand, il consisterait, de la part du garde
des sceaux, à consulter les députés et les sé
nateurs de chaque département sur les ju
ges de paix de chaque localité, et à choisir,
d'après les indications de cés messieurs,
un nombre convenable de victimes. S'en
tendre avec eux sur les juges de paix à ré
voquer, ne présente à l'esprit qu'un sens :
il s'agit d'établir autant de comités de
dénonciations qu'il y a de départements en
France, et de les composer de membres
des deux Chambres. Ce projet a obtenu
un rare succès ; il a excité un sentiment
de dégoût, même chez les républicains. Il
a été une bonne fortune pour M. Dufaurç,
en lui donnant l'occasion de le repousser.
Le ministre est devenu, par comparaison,
le plus sage et le plus modéré des hommes,
mais cet éloge «st tout h fait relatif. M.
Dufaure a fait, avec une certaine complai
sance, l'énumération des fonctionnaires
par lui destitués ; puis," après avoir donné
d'assez bonnes raisons pour- expliquer
comment il n'en a pas révoqué un plus
grand nombre, il a ajouté que ce n'était
pas fini. — C'était rassurant. — 4 e serai,
a -t-ildit, plus sévère pour l'avenir.— C'était
tout à fait enrqurageànt. Certains journaux
l'ont entendu dire : Par ennemis déclarés,
j'entends ennemis certains; qr, il ne veut
pas, parmi les fonctionnaires, d'ennemis de
la république. Les mots, adversaires décla
rés et adversaires certains ne figurent pas
au compte rendu officie^ S'ils ont été pro
noncés, ce qui est probable, il y a de quoi
meure à la torture les parties qui soui en
cause. Quelles seraient les preuves d'un»
hostilité no$ décHir^v mais certaine ?
|^e jaifl)s*p e n ous a ditqu'iljugsaitîespro-
gureurs généraux par leur correspondance
avec ses prédécesseurs. Mais, s'il en est
ainsi, il aurait donc obéi, dans 1» choix des
destitués, à ses impressions personnelles ?
Or, une de ces clameurs publiques si impé
rieuses qu'on n'entreprend pas de les dis-
outer,. lui attribuait, dans les exécutions
sommaires qui s'accomplissent, un rôle
passif et d'obéissance à ceux qui font et dé
font les ministères. Les députés et les sé
nateurs auraient-ils devancé les vœux de
M. Sénard en prenant connaissance à fond
des dossiers judiciaires ! Eîtcore ces dos
siers et la correspondance qu'ils renfer
ment n'auront-ils qu'une importance mé
diocre pour tout homme qui connaît Je
cœur humain. U serait aussi injuste d.'exi-
ger des fonctionnaires révocables, "dans
leur correspondance avec les ministres du
10 mai, une profession de foi, qu'il le se
rait, de la part du gouvernement qui suivra
celui-ci, de,demander une déclaration de
sentiments monarchiques aux procureurs
généraux nommés par M. Le Royer. Pauvres
proeureur-s généraux ! quels efforts ont dû
faire ceux qui n'ont pas gardé copie de
leurs lettres, pour se rappeler les termes
de leur correspondance avec les autres mi
nistres. 1
Qui tlonc établira une certitude ça ma
tière d'opinions? Mis en verve par le génie
inventif de M. Sénard, nous proposerions
volontiers une agence mystérieuse, effargée
de pénétrer dans l'intérieur des consciences.
-Un comité de somnambules, soi-disant
clairvoyantes, tranch^r-ait peut-être* cette
question délicat^. On réunirait quelques pv-,
thonisses de Carrefour; on leur soumettrait
à défaut du mouchoir ou des cheveux dû
fonctionnaire suspect, ou à défaut de sa
bourse qu'elles aimeraient bien mieux en
core, surtout si elle était pleine, Iç papier
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