Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1878-04-20
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 avril 1878 20 avril 1878
Description : 1878/04/20 (Numéro 3843). 1878/04/20 (Numéro 3843).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Samedi 20 Avril 18T8
PARIS
Un an. . . \ , 58 fr %
Sis. mois * . ; 30
Trois;3 îsês .-.., . . . « . 16 .
4sS Numéro, à Paris....... 15 cent;
— Départements. .20 —
BL'KEVIïX
Paris, 10, rue des Saints-Pères
On s'abonne, à Rome, via delle Stimate, 22,23,24
38-13. — Edition qaotidierms.
Samedi 20 Avril- 1878
t TWl"
DÉPARTEMENTS
Un an.
Six mois-.
Trois mois
53jfr.f.
30 v"
/.V ,, \^\
Édition semi-quotidienne
Uû an, 32 fr. — Six mois, 17 fr. — Trois moi^i 0 ffi.
L'OKiVERS ut répond pis des manuscrits qui lai sont adressis ^
' AX.VOSCE»
ÏÏ. Ck. LAGMKE, CERF et C ie , 6, f!ac« d« la fiinm.
-1
-4
frange
S-â-RIS, lf AVRIL 1971
Au moment où le Sénat va être in
vité à ratifier les largesses de M. Gam-
betta et à approuver les plans gigan
tesques de M» de Freyeinet, nous sup
plions ceux des sénateurs qui croient
encore avoir à remplir des devoirs en
vers leur pays — en dehors de toute
préoccupation de parti et en s'affran-
•chissa'at du mot d'ordre qu'on cherche
à leur imposer— de vouloir bien relire
•avfje attention les dépêches 'qui sont
tout le passé financier de M. le prési
dent de la commission du budget :
N» 514.
23 décembre 1870,9 h. Ï6.
Gambetta à Freycinet. —• Bordeaux.
Je lis avec stupeur votre dépêche sur les
finances. Je vous prie de faire largement
aos évaluations pour janvier. Il importa
que ces dépenses soient prévues avec la
plus grande ampleur, et J'écris au gouver
nement pour le maître en demeure, ou je
fais un éclat. Allez fis ma part trouver M.
Gré mieux. Nous déposséderons s'il le faut
2a Banque de France et nous marcherons
«ans toutes ces résistances qui perdent la
France.
L. Gambetta.
Le même jour, après diner, à 9 heu
res 25 était adressée à MM. Crémieux et Frey-
côiet :
{Extrême urgence.) ...Je vais protester
jsar, ua appel public fc la France, je suis ré
solu à tout. Nous briserons, s'il la faut, la
Banque, et nous émettrons du pa'pier d'E
tat... Je suis prêt à tout tenter plutôt que
de subir ces obstacles.
Les temps ont changé : les hommes
sont restés les mêmes. A quoi ont ser
vi les millions réquisitionnés par le
dictateur de Bordeaux? Ils ont chaussé
nos soldats de souliers de carton et en
richi les fournisseurs favoris des pré
fectures. Le camp de Conlie, les chars
hussites,les armes de pacotille, ont été
le dernier mot d© ces dépenses ordon
nancées avec la plus grande ampleur.
— « llfaut prendre une mesure déci-
« sive, qui nous dtanne douze Fois plus »,
télégraphiait encore M. Gambetta à M.
Laurier, le 25 décembve 1870; et pen
dant qu'il s'irritait co'ûtre ses auxiliai
res trop enclins à barder, le dictateur
plaçait lui-même bourgeoisement ses
économies : il put k après notre ruine,
faire un voyage d'agrément et d'extrê
me prudence en Espagne , s'installer
confortablement à Saint-Sébastien, et
vivre définitivement au large.
Les pirocédés -actuels ne sont pas dif
férents. On ne liarde ni avec l'Exposi
tion, ni avec les travaux publics, ni
avec le rachat des chemins de fer.
Parmi les bénéficiaires de ces dépen
ses, ne se. trouvera-t-il pas encore quel
ques Blanche Costar et quelques Fer-
rand? Lorsque le Trésor sera obéré, le
budget en déficit, l'avenir engagé au
delà de toute mesure, le financier gé
nois, résolu à tout, ne connaissant
pas d'obstacle, « émettra du papier d'E
tat. ï >
Si MM. les sénateurs le trouvent bon,
nous ne pouvons pas. les en empêcher.
Nous leur répétons seulement, quand
il en est temps encore, que toutes ces
conséquences sont renfermées dans
leur vote. Le scrutin sera demandé,
afin de bien marquer, pour l'avenir, les
responsabilités engagées.
Un journal qui a pris pour titre le
National trouva mauvais que nous
n'aimions pas à subir la domination
des échappés de Gênes et de Bade. —
Tyrannie pour tyrannie, nous serions
moins humiliés d'obéir à des Français.
Nous trouverions quelques garanties à
voir notre argent dépensé, notre ave
nir engagé, la paix, la fortune, l'avenir
de notre pays dirigés par des compa
triotes.
En 1870, le même engouement fai
sait appel au plus inepte etvatl/plusing
capable des généraux de l'Eqrépç,^
victorieux du roi de Naples parialpa-
hisop, — mais fort en peine de tenir
*éte un seul instant à une division
prussienne. Nous avens vu à l'œuvre
Garibaldi et son lieutenant Bordone.
Ses soldats ont pillé nos évêchés,
souillé nos églises, insulté ^ nos reli
gieuses; mais quand le général Bour-
baki a eu. besoin de leur appui pour
couvrir le Jura, nos coûteux auxiliaires
ont fait la sourde oreille et n'oint pas
bougé de place,
En l|7i 5 d'autres étrangers ont pé
nétré aans Paris; ils ont exercé des
commandements et fait marcher sous
leurs ordres des gardes nationaux fran
çais. Lorsque Rdssel a voulu lutter
contre Dombrowski et La Cecilia, il leur
fut lui-même sacrifié et il fut empri
sonné par la Commune.
Ces souvenirs île renferment-ils pas
une leçon? Pouvons-nous les oublier?
Aujourd'hui le maître de notre Par
lement est un Génois que son passage
dans une épicerie de Galiors a à peine
francisé. Ses compagnons de 1870-1871
sont ministres* députés, préfets. Cer
tains d'entre eux pèurràient difficile
ment justifier de leur nationalité. Hier
Bad'ois ou Anglais, ils nous gouvernent
durement et ils se préparent à nous
gouverner plus durement encore. Ils
ont fait un beau rêve.
Ils disposent ties richesses immen
ses de notre pays, où ils sont sans
passé, sans racines. Ils font le bud
get et ils y puisent; c'est en partie
pour eux que se payent les impôts,que
l'ouvrier produit, que le paysan tra
vaille ; c'est par eux et pour eux que la
paix est chancelante et que des mena
ces de guerre se lèvent à l'horizon.
Individualité présomptueuse et égoïs
te, le dictateur de 1870 a mis de côté
les déclamations de la guerre à ou
trance. Après avoir noué avec le bi
game Crispi des intrigues humiliantes
et inutiles, il est allé saluer le plus im
pitoyable des vainqueurs de la France,
cherchant par ' quelles séductions il
pourra obtenir de M. de Bismarck une
promesse qui affermisse son pouvoir.
Pendant la guerre, il a prodigué le
sang de nos soldats, sans verser le sien ;
à la commission du budget, il prodigue
les milliards obtenus par le payement
de l'impôt, et il nous ruine sans se rui
ner. Mais avec M. de Bismarck il a af
faire à forte partie : il doit prodiguer
autre chose que des paroles.
Seraient-ce nos croyances, notre cul
te, notre foi nationale qu'il offrirait de
livrer dans ces négociations mystérieu
ses pour lesquelles il n'a pas reçu de
mandat ?
Qu'il y prenne garde l Tôt ou tard,
— plus tôt qu'il ne le pense, —* il lui
faudra fuir, poursuivi par des haines
plus ardentes que n'a jamais pu l'être
sa popularité. La France reprendra
possession d'elle-même à ce cri que
nous avons poussé les premiers :
Dehors les étrangers !
■ mire ■! —.
Après les écœurantes publications où
il a successivement blasphémé tout ce
que la foi catholique nous apprend à
vénérer, M. Ernest Renan, lassé peut-
être de son œuvre malsaine, découragé
peut-être aussi par le sentiment uni
versel de dégoût qu'il a soulevé, s'est
repris à d'autres études. La politique,
les arts, les questions dites sociales,
voilà quelles ent été, dans ces derniers
temps, ses préoccupations ; et sur ce
terrain, quand il ne se trouve pas di
rectement aux prises avec ses haines
d'apostat, il n'est pas rare de saisir
parmi ses écrits des remarques de bon
sens et des réflexions cuisantes pour
les hommes qui ne veulent pas, à son
exemple, modérer, en politique, la
rage de destruction qui le pousse avec
d'autres à ruiner les croyances reli
gieuses, fondement de tout l'ordre so
cial.
quence, et il est certain que les radi
caux peuvent justement reprocher à M.
Èenan de s'arrêter à mi-chemin. Mais
,.-somme celui-ci ne s'est jamais piqué de
logique, ce reproche le toucherait sans
doute asses peu. Quoi qu'il en soit, on
observe qu'il ne manque pas une occa
sion de dire leur fait aux grossiers vain
queurs pour qui les révolutions ne sont
qu'un moyen plus prompt et efficace
d'arriver au pouvoir, et qui, le lende
main, s'empressent d'oublier toutes les
promesses qu'il ont pu faire. £)aps ce
S»#« 6ntdB Sûuplciaie-
-iént le travail que le Temps publie en
feuilleton, et où M. Renan, sous des
masques fantaisistes, fait le portrait
des hommes dji jours, entre autres de
M-, GamBeltà. Ceiui-ci est représenté
sous les traits de Caliban, un person
nage violent, épais, repoussant, que M.
Renan emprunte au théâtre de Shakes
peare ipéûr dohiier, sous ce titre, une
suite à la Tempête de l'auteur anglais.
A Milan, où règne Prospero, Caliban
vient de soulever le peuple, grisé par
ses déclamations furibondes. Il a pro
mis l'égalité, le partage des biens, la
suppression de l'impôt, e,tc^ etc., et,
naturellement, ies cris : À bas les dé
tracteurs du peuple! à bas l'impôt 1 à bas
les riches ! signalent la victoire du peu
ple. Naturellement aussi, Caliban, vain
queur, est assailli de pétitions et de dé-
putations. G'est à ce ^loraenttjn.e nous
prenons le feuilleton du Temps:
caliban , abasourdi.
Citoyens, un peu de silence ! Remettez
vos intérêts entre nos mains. Des enquêtes
vont être faites ; des commissions seront
nommées^ satisfaction sera dbnnSe à tous.
Sortis de Vous, nous sommes à vous, nous
sommes par vous. L'unique préoccupation
du gouvernement sera le bien du peuple.
Maij>, citoyens, l'ordre est nécessaire. Dé
posez vos armes, rentrez dans vos demeu
res, couronnes? votre victoire par la modé
ration et le respect de la propriété. Vive
Milan !
Ce discours a encore une fois raison
du peuple, qui se disperse aux cris de :
« Vive Milan ! » Bientôt après Caliban
se trouve occuper le palais de Prospero
et dormir dans la propre chambre et
dans le lit somptueux du tyran. Cela
lui donne à réfléchir et voici ses ré
flexions i '
Non, je n'aurais pas cru qu'il fût si doux
de régner. J e "n'aurais pas crû surtout
qu'on mûrît si vite en régnant. Dans le
veyage de la place communale à ce palais,
j*ai plus changé que dans tout le reste de
ma vie.
Dix heures se sont écoulées depuis que
le peuple m'a porté ici sur ses bras, et je
ne me reconnais pas. J'étais injuste pour
Prospéra ; l'esclavage m'avait aigri. Mais
maintenant que je couche dans son lit, je
le juge comme on se juge entre confrères.
Il avait du bon et, en beaucoup de choses,
je suis disposé à l'imiter.
Quoi de plus odieux, par exemple, que
ces inopportunes impatiences du peuple,
ce défilé de pétitions impossibles dont ils
Viennent de m'accabler! Quelle avidité de
jouir! Quelles prétentions subversives! Ge
qu'ils me demandent, c'est de tirer d'un
muid de blé la grasse nourriture de dix
mille hommes et de trouver dans un setier
cinq cents pots de vin. A d'autres, camara
des! Pour moi, mon parti est pris; je ne
me laisserai pas envahir par des gens qui
s'imaginent, en se plaçant au delà de moi,
m'entraîner avec eux dans l'abîme. Un gou
vernement doit résister, je résisterai.
Après tout, les gens établis et moi, nous
avons dea intérêts communs. Je suis établi
comme eux; il faut que cela dure. La pro
priété est le lest d'une société ; je me sens
de la sympathie pour les propriétaires.
Et puis, outre l'utile, il y a l'éclat. L'é
clat est nécessaire. J'ai eu des torts, je
veux les réparer. A la fête d'hier soir, j'é
tais jaloux, car je n'en étais pas. Eh bien,
les fêtes, les beaux-arts, les palais, les
cours, sont l'ornement de la vie. Je favori
serai les artistes. Les hommes de lettres
donnent la gloire : je ne les négligerai
pas.
Tout commentaire est inutile. Aussi
bien, qui ne reconnaîtrait dans ce per
sonnage le Caliban de la République
française, voyageant à l'extérieur, com
me le véritable souverain de la France,
et faisant admirer, la semaine derniè
re, au concours hippique, la belle paire
de carrossiers qui, selon le Gaulois, lui
uraient coûté la bagatelle de dix
mille francs !
totl'STl ROUSMU»
La tragi-comédie qui a eu pour au
teurs et pour acteurs les conseillers
généraux du Rhône et dont nous avons
rapporté hier quelques scènes corsées
a eu, comme toute bonne pièce athé
nienne, un épilo|ue charmant et pres
que attendrissant,. ^
Pour clore la remarquable session
de son conseil général, le citoyen préfet
de Lyon a invité ledit conseil àun ban
quet frateriiel. Nul n'y a manqué. Gay
en était, et Falconnet aussi, et Million
aussi, Million qui enrichit l'éloquence
jacobine de tours ,èt de mots entière
ment nouveaux. Gay, ayant promis à
son collègue Falconnet de lui rendre
les calottes qu'il en avait vraisembla
blement reçues, les Lyonnais pensaient
que le maire de Caluire profiterait de
cette be'le pccasion pour opérer cette
généreuse restitution. Mais pas du
tout 1 Lès, honorables invités n'ont eu
qu'une préoccupation : jouer l'union la
plus parfaite afin de pallier le scandale
de leurs disputes et de se poser en ca
lomniés de la presse conservatrice.^
Pour mettre la dernière main à ce
déguisement, l'éloquent Million a porté
au préfet lift toast dans lequel il le prie
de vouloir bien affirmer au gouverne
ment, « que pendant la laborieuse ses
sion qui vient de finir, la bonne harmo
nie n'a pas un seul instant cessé de régner
entre le conseil général et 31. le préfet. »
Ici le citoyen maire de Caluire a dû re
garder de travers son collègue de la
Croix-Rousse; mais,comme cela se pas
sait en famille et qu'il n'y avait point
de journalistes conservateurs qui as
sistassent à ee repas de corps, nous ne
pouvons, pour appuyer notre hypo
thèse, qu'invoquer la probabilité.
Et nour bien prouver qu'ils étaient
en réalité dès niGuî oias innocents et
compatissants, ils ont prié leur'^^ ev
de bien affirmer au gouvernement
« que le vote du vœu d'amnistie récem
ment exprimé est un cri de miséricor
de et de pitié arraché à leurs cœurs
compatissants. »
Le citoven Bersrer a oromis à ces di
En 1870, l'avocat Berger , se posant en
héros, s'écriait : « Je ne laisserai à per
sonne l'honneur de marcher le pre
mier parmi les francs-tireurs de la
Drôme. »
On sait, dit la Décentralisation, que,
prudent autant qu'habile, il alla à l'en
nemi... comme avocat général ou pro
cureur général à Riom.
Tiendra-t-il mieux la promesse qu'il
vient de faire aux conseillers généraux
du Rhône ? Nous croyons que oui, car
il y a, on l'avouera bien, beaucoup
moins de danger pour les préfets de sa
sorte à affronter M. de Marcère que les
balles prusseinnes.
L'insulte à l'armée, à la magistrature
et au clergé fait partie de la liberté de
la presse. Les journaux républicains la
pratiquent tous les jours, de l'aveu du
gouvernement. C'est pourtant mal ser
vir la' république, au gré de Montes
quieu, un des ancêtres de la Révolution.
« Tout gouvernement, a dit l'auteur
de l'Esprit des lois, se piquant d'être lé
gal, sous lequel on pourrait impuné
ment insulter l'armée, la magistrature
et le clergé, manquera à ses fonctions
et aurait grande chance de ne pas se
prolonger beaucoup. »
Devant l'impunité monstrueuse de la
presse, les conservateurs n'ont plus
qu'à attendre qu'elle produise les effets
prédits par Montesquieu.
Au rédacteur
LA maçonnerie, L armee et Là POLITIQUE
L'Univers ne perd aucune occasion de si
gnaler les agissements de la franc-maçon
nerie ei ies périls qui en résultent» Malgré
tant de preuves, côiSbieïï d'honnêtes gens
ne veulent pas encore croit 5 ® à la. dange
reuse puissance de cette société secrète
Aussi estimons-no us utile d'attirer 1 atten
tion sur une curieuse note de l'organe 0/>"
ciel du Grand-Orient de France, le Monde
maçonnique. Cette revue ayant publié « Un
mot sur la maçonnerie espagnole », le
Grand-Orient d'Espagne lui adressa aussi
tôt « une communication rectificative à ce
sujet».
il n'y a donc rien de plus authentique,
* «ne. prévoyant des objections
d autant plus «t. "dations, le Grand-
à certaines de ses Wvail par la
Orient espagnol débute en ce
nota suivante : « Certains détails soûu
cessaires pouf répondre d'avance aCX ob
jections que, à l'étranger, on pourrait taira
sur le manque de documents officiels pour
appuyer les faits que nous alléguerons...
L'ancien maçon Narvaez, arrivé au pouvoir,
se mit à poursuivre ses anciens frères et
parvint; en 1848, à gagner le secrétaire du
Grand-Orientj le prêtre Jean Cruz, qui fit
prendre par la police les papiers placés
dans une cachette qu'on croyait sûre. Heu
reusement, dans la nuit précédente, le frère
Pinfclla avait déjà porté ailleurs la partie la
plus intéressante de ces papiers.
« Ajoutons que le sort du frere Cruz fut
très malheureux. Rongé sans douta par
les remords et par la conscience du mépris
public, il eut une mort prématurée. »(!!!)
Voilà une mort prématurée qui pour plu
sieurs paraîtra suspecte.
Il n'y a donc aucun doute sur l'authenti
cité des détails donnés par le grand orient
d'Espagne. Qu'on juge maintenant la gra
vité de ces révélations sur le rôle de la
maçonnerie. Tout ce qui suit est une ana
lyse textuelle de la note officielle.
La première loge fut fondée à Madrid
en 1728, par le duc de Wharton , sous la
dépendance de la grande loge d'Angleter
re : « Devenue souveraine en 1767 , elle
« nomma paur premier grand-maître le
» comte d 'Aranda, qui venait d'expulser les
« jésuites. La maçonnerie put alors second-
< dérer comme arrivée au pouvoir . On lui ar-
"Tea uu temple dans une propriété de
\ 'mat: Et la ;:; e 86 punissait encore là
« en 1848.. b sur le plaiu^ d UQ ,^ an(1 es-
calier et cachée ëu fond de c . 0 ^
c loirs. Deux escaliers tournants étale i..
« ménagés entre les murs de l'édifice pour
« échapper au besoin à quelque surprise.
« L'un conduisait par une voûte souter-
« raine à l'égout du Prado, l'autre par una
« autre voûte souterraine à un élégant ca-
« bînet réservé que le comte d'Aranda avait en
« sous-sol dans la maison... (I)
« Dans ce cabinet le comte d'Aranda re
cevait ges intimes sans oublier l'élaboration
des projets qui rendirent son nom célèbre (août
1875, p. 170-171). Grâce à son influence, la
maçonnerie se répandit en Espagne et en
Amérique, où elle est fière de lui devoir
son indépendance et la forte constitution
qui lin a permis d'y résister contre tant
d'efforts. »
A Aranda succéda comme grand-m&ître
le comte de Montijo. C'est lui qui « dirigea
l'émeute d'Aranjuez le 19 mars 1808, émeu
te qui a été le premier échantillon des sou
lèvements espagnols qui ont enrichi (sic ! !)
le vocabulaire des agitations populaires du
mot nouveau pronimciamiento. >
A cette époque se propage en Espagne
le rite écossais. Ge rite « simple évolution
de la maçonnerie philosophique » avait été
introduit en France au retour d'Amérique
par le comte de Grasse-Tilly.Un de ses cou
sins, le comte espagnol de Tilly (Guzman
de race et parent da celui qui joua un rôle
dans la révolution de 1792), gentilhomme
pauvre et voué aux aventures, après avoir
beaucoup voyagé en Europe, rentra en Es
pagne pour y importer ce rite écossais
« Il s'essaya à Séville, y réussit et parvint
* à former contré Napoléon une junte.
« Tilly déploya de remarquables talents
« d'organisation, de ruse, d'énergie, pour
« écraser ses compétiteurs. Dans un mois
h il réunit 40,000 hommes, mal armés il est
« vrai, mais qui formèrent à Baylen le
« grand réseau qui paralysa Dupont, lors-
* qu'il fut attaqué par les vétérans de Re-
« ding et de Costànos. Sous le titre modes-
« te de commissaire de l'armée délégué
t par la junte, Tilly lut le directeur de t'en-
« treprise, la tête de ta combinaison, et dam
« cette qualité il rédigea la capitulation de
« Baylen. i
Ici la note contient ua paragraphe, psr^
fait chef-d'œuvre de style cafard et tout à
fait maçon, vraiment digne d'être signalé
aux ministres de la guerre qui doutent en-
cOr& des périls encourus par les armées
munies ù'pfficiers francs-maçons. Qu'on ea
s' •
u Si Napoléon avait su que i'homme qui
€ commandait au camp ennemi était le chef
« des maçons espagnols du nouveau riis
« dont son frère Joseph était alors ea
« France le grand-maître et qui comptait •
« sans doute un grand nombre d'adeptes dans
« les divisions réduites à capituler, il n'su-
« rait pas manqué, avec son caractère lé-
; g«r et soupçonneux (')," d'attribuer à la Ira-
« hïmn la défaite de ses armées , quand il
'■'uraii fallu voir dans cette coïncidence
I 11 w . < î raisons pour adoucir la rigueur
« que de.. p 0Ur £0u j a g er l'infortu-
« de la gueri v r
« ne. a (sic i 3 !) Napoléon et la rentrés
«Apres la chute ds., , r ie poursuit son
des Bourbons, la maçons , 3nce qu0 la
osuvre avec une telle puis*
Grand-Orient ose dire : « Depuis nneria
s pendant six ans,Y histoire de la maço. •
« est ïhistoire d$l'Espagne» ...Riego,chel v.
l'insurrection de 1820, est nommé gran^
maître en 1821. Ensuite vinrent, aprè®
1823, les persécutions pendant lesquelles»
on conserva le feu sacré, grâce au duc d&
San Lorenzo, à plusieurs frères Se la haut a*
noblesse; grâce aussi à l'infant don Frm-\ '
fois, en 1828 notamment. »
Ici la communicaîioH officielle devient,'
très pauvre ; elle glissé 1 sur la période qui."
s'écoule jusqu'en 1854. Toutefois, au sujets»
des élections maçonnes opérées en 1848» .
elle fait une remarque bon^e à méditai
par les princes chargés des dignités pu- -
bliques de la maçonnerie. Parmi tes digni- :
taires, il y a « les titulaires et les adjoints*.,
II faut bien le dire, c'étaient les adjoints qai v
géraient effectivement les affaires de l'ordre.
Le grand-maître adjpint Penillafut jusqu'à
sa mort le directeur véritable, le grand-
maître actuel n'ayant, bien que titulaire,
rempli aucune fonction réelle jusqu'en 1866. »
(Pages 373,1875.)
Quoi çu'il en soit, depuis 1848 la maçon
nerie fut rudement poursuivie, — si nor
en croyons la' note, — par Narvaez, r
exilait et fusillait même ses frères maçr ms ^
Mais, « moissonnée i la surface, » la
çonnerie s'étendait ooua le sol, si birtt ë[u'o a
la trouve toute puissante » à sa rev ancks de
1854». écoutez bien, naïfs bourgeois, t i U i.
croyez bonnement les aiaçons étrange? s à.
la politique ! qu 'était donc cette s revam : he h
de 1854 ? La voici *■
« Le grand maîti"® titulaire (l'ofX j c j e ]^
l'apparent, celui qui n'était rien er t r( § a ,
lité) » n'approuvant pat,' que la. mw çonEa .
« rie fût mêlée aux lutt08_ politîg- ue3
« grand maître adjoint, Pétilla, <7 .
« tout aves Escalante, et surtout . avec j a
« général Sac Miguel.... Celui-cî assiégea
« le palais royal 4u côté de la v' ;u e> e t j e
« général Nogueras tfint de CastiJ le couper
« de ce côté la route â la cour.... »
«r II y avait d'ailleurs di^ns cet!
dernier ^rand-maître et de plus
« portant le tit r e de rot (sic)! ! L
pays était en arme% Esparte?o u
tendre la main pour' Qter la cour
tête qui laporiaiteile metti** sur la si ^«e(! !!)»,
Mais, hélasposr cd .beau ^rc.fgt) ■ San Mi-
' —.-6 •• fut anes
*
*
-e cour un
un maçon
. « Tout le
'avait qu'à
onne de la
auss
* ^ 4.
guel «jalousa Espartsro •, h —, , . , .
par trop lambin, San M%nel « i evmt
paladin de la cour ». Et lors^Jie Es P a «ero
arriva & Madrid, « la royauté fc^ait ) sauvéa
par des maçons ».
San Miguel, en récompense, « me®. Pal '
duc, maréchal et capitaine des garées *•
Mais, ajoute avec indignation le Gr.afià "
Orient, « San Miguel, Penillaet ses coa-*'
frères ne se relevèrent pas de cette déco - ®?-
sidêration (!!) ».
N'est-ce pas assez odieux, un pareil cy
nisme dans l'aveu de tels projets ! Mais à
l'odieux le maçon sait toujours joindra le
comique. Au milieu même des pages pîi
sont racontées toutes ces infâmes trahi
sons, le Grand-Orient de France publie lès
plus solennelles protestations toutes pleines-
de colère contre les gens qui osent accuser
la maçonnerie de politique ! On peut lira
dans le même volume (p. 210) cef te décla
ration d'une impudence phénoménale ©a
pareil lieu : « La franc-maçonnerie* n'a
FEUILLETON DE VUNIVERS
»n 20 avril 1878
IMS iCWTMVKRSES B1BL1W
Le livre de Judith
(Suite)
8èpoï .bs atîs objegtioks db bétail
Le livre de Judith, outre la difficulté gé
nérale, sur son caractère historique, à la
quelle nous avons déjà répondu (1), offre
des difficultés de détail. Elles proviennent
de plusieurs causes. La première que nous
pouvons signaler est la perte du texte ori
ginal. Beaucoup d'objections tomberaient
certainement d'elles-mêmes, s'il nous était
donné d'étudier directement l'écrit, tel qu'il
est sorti de la plume de l'écrivain inspiré.
Combien d'arguties la critique moderne ne
pourrait-elle pas accumuler contre les li
vres protocanoniques de l'ancien Testa
ment, en passant au crible la version de
(il) Voir l'Univers du 25 mara.
saint Jérôme, par exemple, quelque exacte
et quelque admirable qu'elle sait, si nous
n'avions pas l'original hébreu pour lui
fermer la bouche ? Gomment admettre l'au-
•thenticité de ces prétendues histoires hé
braïques, ne manquerait-elle pas de noua,
dire, lorsqu'elles nous assurent, entre au-
. très choses, que David s'était procuré du
marbre de Paros, marmor Parium (1 Para-
lipomènes, XXIX, 2), en abondance, pour
construire le temple de Jérusalem? Qui
croira jamais que le marbre de" Paros
abondait en Palestine à cette époque? Est-
il vraisemblable, nous demanderait- elle
encore, qu'il y eut en Judée des monceaux
.consacrés à Meroore, acervum Mercurh
(Proverbes, XXVI, 8), et contre lesquels
les passants lançaient des pierres ?
On pourrait soulever des difficultés ana
logues contre les onocentaures d'Isaïe,
XXXIV, 14; contre les pytliones, mulierpy-
thonem habens , dont il est assez souvent
question dans la Vulgate. (Deut. XVIII,11;
I, Rois, XXVIII, 7, 8; IV, Rois, XXI, 6;
XXIII, 24; Isaïe, VIII.19; XIX, 3; XXIX,
4.) Les Hébreux connaissaient-ils donc les
onocentaures et la serpent Python do la
mythologie grecque?
Toutes ces difficultés et beaucoup d'au
tres analogues, tirées des mots et des lo
cutions, se dissipent comme une vaine fu
mée quand on remonte an teste original,
où, au lieu de ces expressions employées
par le traducteur latin comme des expres
sions courantes, on rencontre des termes
ayant un sens analogue, mais qui ne don
nent lieu & aucune objection.
Le mot de Titan,employé dansle cantique
de Judith, XVI, 8 (7 dans le texte grec),
s'expliquerait, selon toute apparence, avec
la même facilité si nous pouvions recourir
au texte primitif. Le nom des Titans aurait
de quoi nous surprendre, il est vrai, dans
la bouche d'une juive, mais il est tout na
turel d'y trouver le nom des Raphaïm, que
la version latine rend ordinairement par
géants. Celte traduction par géants rend
compte de l'expression Titan, qui s'emploie
aussi au figuré, en latin comme en grec,
pour géant. Gela est si vrai que la version
grecque des Septante, édition de Gomplute,
traduit Raphaïm au second livre des Rois,
XXIII, 13, par Titans.
Oa peut répondre d'une manière sem
blable aux difficultés tirées de quelques
autres passages du livre de Judith et dont
on a voulu se servir comme d'armes pour
le combattre. Il y est question, dit on, du
sanhédrin, puisque nous lisons, pour le dé
signer, le motdans le texte grec
(IV, 8 ; XI, 14 ; XV, S), et cependant le
sanhédrin n'existait pas avant la captivité.
Il faut donc reconnaître qu'il y a au moins
une erreur historique dans Judith, ou
quand l 'auteur de ce livre nou3 parle du
sanhédrin comme existant avec la capti
vité, ce qui est faux, ou quand il nous re
présente NinÎYe et son empire comme sub
sistant longtemps après la captivité, à l'é
poque où florissait le sanhédrin, ce qui est
un grossier anachronisme.
Il est vrai que l'institution du sanhédrin
ne remonte qu'au deuxième ou troisième
siècle avant Jésus-Christ, et est par con
séquent postérieure à l'époque de Judith ;
il est vrai aussi quelle mot gerousia est un
des noms du sanhédrin chez ies juifs hel
lénistes. Mais il est faux qu'e gerousia dési
gne toujours le conseil des soixante-dix :
il n'a pas ce sens dans la version grecque,
et M. Renan a eu tort de s'en servir pour
défendre son opinion. Cette expression est
employée par les Septante pour désigner
non le sanhédrin mais les anciens d'Israël
(Lévitique, IX, 1, 3; Exode, III, 16, 18;
IV, 29; XII, 21; Deutéronome, V, 23, et
dans- quinze autres passages). Le conseil
des soixante-dix vieillards, institué par
Moïse (Nombres, XÏ, 16, 17, 24, 25), ne
porte pas ce nom. En revanche, les an
ciens, les scheiks, comme on les appelle
aujourd'hui, de Madian(Nombres,XXII,4,
et ceux deMoab.,ib.XXII,7) sont appelés
par les Septante gerousia, de même que les
anciens des diverses villes (Deutéronome,
XIX, 12; XXI, 3, 4, 6, 19; XXII, 18;
XXV, 8; CtjActes, V, 25). '
Le mot gerousia, dans la version grecque
de Judith,, signifie donc simplement les
zagnê Israël « les scheiks ou les anciens
d'Israël », comme dans les autres livres
grecs de l'ancien Testament. C'est oe que
confirme la traduction de saint Jérôme,
qéfi. porte, XV, 9 : « Joacim venit... cum
universis presbyteris suis. » Elle ne rend pas
gerousia dans les autres passages.
Deux autres mots employés par la ver
sion grecque ont encore fourni aux enne-'
mis de Judith matière à objection, les mots
et 7-.oovou;j//îv:'ai (VIII, 6), Les pieux
Israélites, ne commencèrent qu'assez tard
à compter comme des fêtes les vigiles du
sabbat et des néoménies. En réalité, nous
ignorons à quelle époque commença l'u
sage de ces vigiles ; par conséquent, il ne
peut servir à fixer la date de l'époque de
Judith. De plus, nous avons lieu de croire
que le texte original ne parlait pas des vi
giles du sabbat et des néoménies, puisque
la Vulgate ne les mentionne pas (VIII, 6).
La perte du texte' original du livre de
Judith est aggravée par les variantes con
sidérables des deux seules anciennes ver
sions que nous possédions, la version grec
que et la version latine de saint Jérôme.
Le désaccord qui règne contre elles rend
bien délicate la tâche du critique. Ces va
riantes datent de bien loin'd'ailleurg; saint
Jérôme en constata de considérables dans
le texte chaldéen lui-même, où les copistes
en avaient introduit un grand nombre. Le
saint docteur, au milieu de cette diversité,
s'attacha surtout à rendre le sens, non les
mots, et amputa, comme il dit, les varian
tes. « Sspositis occupationibus, quibus
« vehçmealsr arctabar, huic unam lucu-
« bratiunculam dedi, magis sensum è senstf
« quam ex verbo vsrbum transférons. Mul-
« torum codicum varietatem amputavi »
(Prxfatio in librum Judith). Ge qui, pojir la
dire en passant, explique pourquoi les
Septante sont plus détaillés en quelques
endroits que la Vulgate. S'il s'était intro
duit des fautes de copistes dans le texte
original, il a pu s'en introduire,'k plusforte
raison, dans les traductions, transcrites
par des hommes beaucoup moins familia
risés encore que des Orientaux avec cetta
multitude de noms propres peu connus oa
même inconnus qu'on rencontre dans ca
livre et d'ailleurs sujets à toutes les dis
tractions et à tous les lapsus calarni du scriba
qui exécute une tâche un peu mécanique;
Tous ceux qui ont quelque habitude des
manuscrits savent combien il peut échap
per de fautes à un copiste, dans un travail
de longue haleine, surtout quand il s'agit
de mots rares, de noms propres et da
chiffres, pour lesquels le sens général d»
la phrase ne peut servir de guide,
Nons avons dû, dans notre précédent ar
ticle, essayer de rétablir la forme, primitiva
de quelques noms propres et admis, et par
exemple, nous avons montré que le mont An-
gé est lomûntArgée des auteurs classiques.
Gesont les noms propres, surtout les noms
propres peu usités, qui dans les ouvrages
anciens, ont le plus souffert des copistes.
11 y a toujours, dans l'écriture à la main,
des lettres mai formées, Da là, daas la
PARIS
Un an. . . \ , 58 fr %
Sis. mois * . ; 30
Trois;3 îsês .-.., . . . « . 16 .
4sS Numéro, à Paris....... 15 cent;
— Départements. .20 —
BL'KEVIïX
Paris, 10, rue des Saints-Pères
On s'abonne, à Rome, via delle Stimate, 22,23,24
38-13. — Edition qaotidierms.
Samedi 20 Avril- 1878
t TWl"
DÉPARTEMENTS
Un an.
Six mois-.
Trois mois
53jfr.f.
30 v"
/.V ,, \^\
Édition semi-quotidienne
Uû an, 32 fr. — Six mois, 17 fr. — Trois moi^i 0 ffi.
L'OKiVERS ut répond pis des manuscrits qui lai sont adressis ^
' AX.VOSCE»
ÏÏ. Ck. LAGMKE, CERF et C ie , 6, f!ac« d« la fiinm.
-1
-4
frange
S-â-RIS, lf AVRIL 1971
Au moment où le Sénat va être in
vité à ratifier les largesses de M. Gam-
betta et à approuver les plans gigan
tesques de M» de Freyeinet, nous sup
plions ceux des sénateurs qui croient
encore avoir à remplir des devoirs en
vers leur pays — en dehors de toute
préoccupation de parti et en s'affran-
•chissa'at du mot d'ordre qu'on cherche
à leur imposer— de vouloir bien relire
•avfje attention les dépêches 'qui sont
tout le passé financier de M. le prési
dent de la commission du budget :
N» 514.
23 décembre 1870,9 h. Ï6.
Gambetta à Freycinet. —• Bordeaux.
Je lis avec stupeur votre dépêche sur les
finances. Je vous prie de faire largement
aos évaluations pour janvier. Il importa
que ces dépenses soient prévues avec la
plus grande ampleur, et J'écris au gouver
nement pour le maître en demeure, ou je
fais un éclat. Allez fis ma part trouver M.
Gré mieux. Nous déposséderons s'il le faut
2a Banque de France et nous marcherons
«ans toutes ces résistances qui perdent la
France.
L. Gambetta.
Le même jour, après diner, à 9 heu
res 25
côiet :
{Extrême urgence.) ...Je vais protester
jsar, ua appel public fc la France, je suis ré
solu à tout. Nous briserons, s'il la faut, la
Banque, et nous émettrons du pa'pier d'E
tat... Je suis prêt à tout tenter plutôt que
de subir ces obstacles.
Les temps ont changé : les hommes
sont restés les mêmes. A quoi ont ser
vi les millions réquisitionnés par le
dictateur de Bordeaux? Ils ont chaussé
nos soldats de souliers de carton et en
richi les fournisseurs favoris des pré
fectures. Le camp de Conlie, les chars
hussites,les armes de pacotille, ont été
le dernier mot d© ces dépenses ordon
nancées avec la plus grande ampleur.
— « llfaut prendre une mesure déci-
« sive, qui nous dtanne douze Fois plus »,
télégraphiait encore M. Gambetta à M.
Laurier, le 25 décembve 1870; et pen
dant qu'il s'irritait co'ûtre ses auxiliai
res trop enclins à barder, le dictateur
plaçait lui-même bourgeoisement ses
économies : il put k après notre ruine,
faire un voyage d'agrément et d'extrê
me prudence en Espagne , s'installer
confortablement à Saint-Sébastien, et
vivre définitivement au large.
Les pirocédés -actuels ne sont pas dif
férents. On ne liarde ni avec l'Exposi
tion, ni avec les travaux publics, ni
avec le rachat des chemins de fer.
Parmi les bénéficiaires de ces dépen
ses, ne se. trouvera-t-il pas encore quel
ques Blanche Costar et quelques Fer-
rand? Lorsque le Trésor sera obéré, le
budget en déficit, l'avenir engagé au
delà de toute mesure, le financier gé
nois, résolu à tout, ne connaissant
pas d'obstacle, « émettra du papier d'E
tat. ï >
Si MM. les sénateurs le trouvent bon,
nous ne pouvons pas. les en empêcher.
Nous leur répétons seulement, quand
il en est temps encore, que toutes ces
conséquences sont renfermées dans
leur vote. Le scrutin sera demandé,
afin de bien marquer, pour l'avenir, les
responsabilités engagées.
Un journal qui a pris pour titre le
National trouva mauvais que nous
n'aimions pas à subir la domination
des échappés de Gênes et de Bade. —
Tyrannie pour tyrannie, nous serions
moins humiliés d'obéir à des Français.
Nous trouverions quelques garanties à
voir notre argent dépensé, notre ave
nir engagé, la paix, la fortune, l'avenir
de notre pays dirigés par des compa
triotes.
En 1870, le même engouement fai
sait appel au plus inepte etvatl/plusing
capable des généraux de l'Eqrépç,^
victorieux du roi de Naples parialpa-
hisop, — mais fort en peine de tenir
*éte un seul instant à une division
prussienne. Nous avens vu à l'œuvre
Garibaldi et son lieutenant Bordone.
Ses soldats ont pillé nos évêchés,
souillé nos églises, insulté ^ nos reli
gieuses; mais quand le général Bour-
baki a eu. besoin de leur appui pour
couvrir le Jura, nos coûteux auxiliaires
ont fait la sourde oreille et n'oint pas
bougé de place,
En l|7i 5 d'autres étrangers ont pé
nétré aans Paris; ils ont exercé des
commandements et fait marcher sous
leurs ordres des gardes nationaux fran
çais. Lorsque Rdssel a voulu lutter
contre Dombrowski et La Cecilia, il leur
fut lui-même sacrifié et il fut empri
sonné par la Commune.
Ces souvenirs île renferment-ils pas
une leçon? Pouvons-nous les oublier?
Aujourd'hui le maître de notre Par
lement est un Génois que son passage
dans une épicerie de Galiors a à peine
francisé. Ses compagnons de 1870-1871
sont ministres* députés, préfets. Cer
tains d'entre eux pèurràient difficile
ment justifier de leur nationalité. Hier
Bad'ois ou Anglais, ils nous gouvernent
durement et ils se préparent à nous
gouverner plus durement encore. Ils
ont fait un beau rêve.
Ils disposent ties richesses immen
ses de notre pays, où ils sont sans
passé, sans racines. Ils font le bud
get et ils y puisent; c'est en partie
pour eux que se payent les impôts,que
l'ouvrier produit, que le paysan tra
vaille ; c'est par eux et pour eux que la
paix est chancelante et que des mena
ces de guerre se lèvent à l'horizon.
Individualité présomptueuse et égoïs
te, le dictateur de 1870 a mis de côté
les déclamations de la guerre à ou
trance. Après avoir noué avec le bi
game Crispi des intrigues humiliantes
et inutiles, il est allé saluer le plus im
pitoyable des vainqueurs de la France,
cherchant par ' quelles séductions il
pourra obtenir de M. de Bismarck une
promesse qui affermisse son pouvoir.
Pendant la guerre, il a prodigué le
sang de nos soldats, sans verser le sien ;
à la commission du budget, il prodigue
les milliards obtenus par le payement
de l'impôt, et il nous ruine sans se rui
ner. Mais avec M. de Bismarck il a af
faire à forte partie : il doit prodiguer
autre chose que des paroles.
Seraient-ce nos croyances, notre cul
te, notre foi nationale qu'il offrirait de
livrer dans ces négociations mystérieu
ses pour lesquelles il n'a pas reçu de
mandat ?
Qu'il y prenne garde l Tôt ou tard,
— plus tôt qu'il ne le pense, —* il lui
faudra fuir, poursuivi par des haines
plus ardentes que n'a jamais pu l'être
sa popularité. La France reprendra
possession d'elle-même à ce cri que
nous avons poussé les premiers :
Dehors les étrangers !
■ mire ■! —.
Après les écœurantes publications où
il a successivement blasphémé tout ce
que la foi catholique nous apprend à
vénérer, M. Ernest Renan, lassé peut-
être de son œuvre malsaine, découragé
peut-être aussi par le sentiment uni
versel de dégoût qu'il a soulevé, s'est
repris à d'autres études. La politique,
les arts, les questions dites sociales,
voilà quelles ent été, dans ces derniers
temps, ses préoccupations ; et sur ce
terrain, quand il ne se trouve pas di
rectement aux prises avec ses haines
d'apostat, il n'est pas rare de saisir
parmi ses écrits des remarques de bon
sens et des réflexions cuisantes pour
les hommes qui ne veulent pas, à son
exemple, modérer, en politique, la
rage de destruction qui le pousse avec
d'autres à ruiner les croyances reli
gieuses, fondement de tout l'ordre so
cial.
quence, et il est certain que les radi
caux peuvent justement reprocher à M.
Èenan de s'arrêter à mi-chemin. Mais
,.-somme celui-ci ne s'est jamais piqué de
logique, ce reproche le toucherait sans
doute asses peu. Quoi qu'il en soit, on
observe qu'il ne manque pas une occa
sion de dire leur fait aux grossiers vain
queurs pour qui les révolutions ne sont
qu'un moyen plus prompt et efficace
d'arriver au pouvoir, et qui, le lende
main, s'empressent d'oublier toutes les
promesses qu'il ont pu faire. £)aps ce
S»#« 6ntdB Sûuplciaie-
-iént le travail que le Temps publie en
feuilleton, et où M. Renan, sous des
masques fantaisistes, fait le portrait
des hommes dji jours, entre autres de
M-, GamBeltà. Ceiui-ci est représenté
sous les traits de Caliban, un person
nage violent, épais, repoussant, que M.
Renan emprunte au théâtre de Shakes
peare ipéûr dohiier, sous ce titre, une
suite à la Tempête de l'auteur anglais.
A Milan, où règne Prospero, Caliban
vient de soulever le peuple, grisé par
ses déclamations furibondes. Il a pro
mis l'égalité, le partage des biens, la
suppression de l'impôt, e,tc^ etc., et,
naturellement, ies cris : À bas les dé
tracteurs du peuple! à bas l'impôt 1 à bas
les riches ! signalent la victoire du peu
ple. Naturellement aussi, Caliban, vain
queur, est assailli de pétitions et de dé-
putations. G'est à ce ^loraenttjn.e nous
prenons le feuilleton du Temps:
caliban , abasourdi.
Citoyens, un peu de silence ! Remettez
vos intérêts entre nos mains. Des enquêtes
vont être faites ; des commissions seront
nommées^ satisfaction sera dbnnSe à tous.
Sortis de Vous, nous sommes à vous, nous
sommes par vous. L'unique préoccupation
du gouvernement sera le bien du peuple.
Maij>, citoyens, l'ordre est nécessaire. Dé
posez vos armes, rentrez dans vos demeu
res, couronnes? votre victoire par la modé
ration et le respect de la propriété. Vive
Milan !
Ce discours a encore une fois raison
du peuple, qui se disperse aux cris de :
« Vive Milan ! » Bientôt après Caliban
se trouve occuper le palais de Prospero
et dormir dans la propre chambre et
dans le lit somptueux du tyran. Cela
lui donne à réfléchir et voici ses ré
flexions i '
Non, je n'aurais pas cru qu'il fût si doux
de régner. J e "n'aurais pas crû surtout
qu'on mûrît si vite en régnant. Dans le
veyage de la place communale à ce palais,
j*ai plus changé que dans tout le reste de
ma vie.
Dix heures se sont écoulées depuis que
le peuple m'a porté ici sur ses bras, et je
ne me reconnais pas. J'étais injuste pour
Prospéra ; l'esclavage m'avait aigri. Mais
maintenant que je couche dans son lit, je
le juge comme on se juge entre confrères.
Il avait du bon et, en beaucoup de choses,
je suis disposé à l'imiter.
Quoi de plus odieux, par exemple, que
ces inopportunes impatiences du peuple,
ce défilé de pétitions impossibles dont ils
Viennent de m'accabler! Quelle avidité de
jouir! Quelles prétentions subversives! Ge
qu'ils me demandent, c'est de tirer d'un
muid de blé la grasse nourriture de dix
mille hommes et de trouver dans un setier
cinq cents pots de vin. A d'autres, camara
des! Pour moi, mon parti est pris; je ne
me laisserai pas envahir par des gens qui
s'imaginent, en se plaçant au delà de moi,
m'entraîner avec eux dans l'abîme. Un gou
vernement doit résister, je résisterai.
Après tout, les gens établis et moi, nous
avons dea intérêts communs. Je suis établi
comme eux; il faut que cela dure. La pro
priété est le lest d'une société ; je me sens
de la sympathie pour les propriétaires.
Et puis, outre l'utile, il y a l'éclat. L'é
clat est nécessaire. J'ai eu des torts, je
veux les réparer. A la fête d'hier soir, j'é
tais jaloux, car je n'en étais pas. Eh bien,
les fêtes, les beaux-arts, les palais, les
cours, sont l'ornement de la vie. Je favori
serai les artistes. Les hommes de lettres
donnent la gloire : je ne les négligerai
pas.
Tout commentaire est inutile. Aussi
bien, qui ne reconnaîtrait dans ce per
sonnage le Caliban de la République
française, voyageant à l'extérieur, com
me le véritable souverain de la France,
et faisant admirer, la semaine derniè
re, au concours hippique, la belle paire
de carrossiers qui, selon le Gaulois, lui
uraient coûté la bagatelle de dix
mille francs !
totl'STl ROUSMU»
La tragi-comédie qui a eu pour au
teurs et pour acteurs les conseillers
généraux du Rhône et dont nous avons
rapporté hier quelques scènes corsées
a eu, comme toute bonne pièce athé
nienne, un épilo|ue charmant et pres
que attendrissant,. ^
Pour clore la remarquable session
de son conseil général, le citoyen préfet
de Lyon a invité ledit conseil àun ban
quet frateriiel. Nul n'y a manqué. Gay
en était, et Falconnet aussi, et Million
aussi, Million qui enrichit l'éloquence
jacobine de tours ,èt de mots entière
ment nouveaux. Gay, ayant promis à
son collègue Falconnet de lui rendre
les calottes qu'il en avait vraisembla
blement reçues, les Lyonnais pensaient
que le maire de Caluire profiterait de
cette be'le pccasion pour opérer cette
généreuse restitution. Mais pas du
tout 1 Lès, honorables invités n'ont eu
qu'une préoccupation : jouer l'union la
plus parfaite afin de pallier le scandale
de leurs disputes et de se poser en ca
lomniés de la presse conservatrice.^
Pour mettre la dernière main à ce
déguisement, l'éloquent Million a porté
au préfet lift toast dans lequel il le prie
de vouloir bien affirmer au gouverne
ment, « que pendant la laborieuse ses
sion qui vient de finir, la bonne harmo
nie n'a pas un seul instant cessé de régner
entre le conseil général et 31. le préfet. »
Ici le citoyen maire de Caluire a dû re
garder de travers son collègue de la
Croix-Rousse; mais,comme cela se pas
sait en famille et qu'il n'y avait point
de journalistes conservateurs qui as
sistassent à ee repas de corps, nous ne
pouvons, pour appuyer notre hypo
thèse, qu'invoquer la probabilité.
Et nour bien prouver qu'ils étaient
en réalité dès niGuî oias innocents et
compatissants, ils ont prié leur'^^ ev
de bien affirmer au gouvernement
« que le vote du vœu d'amnistie récem
ment exprimé est un cri de miséricor
de et de pitié arraché à leurs cœurs
compatissants. »
Le citoven Bersrer a oromis à ces di
En 1870, l'avocat Berger , se posant en
héros, s'écriait : « Je ne laisserai à per
sonne l'honneur de marcher le pre
mier parmi les francs-tireurs de la
Drôme. »
On sait, dit la Décentralisation, que,
prudent autant qu'habile, il alla à l'en
nemi... comme avocat général ou pro
cureur général à Riom.
Tiendra-t-il mieux la promesse qu'il
vient de faire aux conseillers généraux
du Rhône ? Nous croyons que oui, car
il y a, on l'avouera bien, beaucoup
moins de danger pour les préfets de sa
sorte à affronter M. de Marcère que les
balles prusseinnes.
L'insulte à l'armée, à la magistrature
et au clergé fait partie de la liberté de
la presse. Les journaux républicains la
pratiquent tous les jours, de l'aveu du
gouvernement. C'est pourtant mal ser
vir la' république, au gré de Montes
quieu, un des ancêtres de la Révolution.
« Tout gouvernement, a dit l'auteur
de l'Esprit des lois, se piquant d'être lé
gal, sous lequel on pourrait impuné
ment insulter l'armée, la magistrature
et le clergé, manquera à ses fonctions
et aurait grande chance de ne pas se
prolonger beaucoup. »
Devant l'impunité monstrueuse de la
presse, les conservateurs n'ont plus
qu'à attendre qu'elle produise les effets
prédits par Montesquieu.
Au rédacteur
LA maçonnerie, L armee et Là POLITIQUE
L'Univers ne perd aucune occasion de si
gnaler les agissements de la franc-maçon
nerie ei ies périls qui en résultent» Malgré
tant de preuves, côiSbieïï d'honnêtes gens
ne veulent pas encore croit 5 ® à la. dange
reuse puissance de cette société secrète
Aussi estimons-no us utile d'attirer 1 atten
tion sur une curieuse note de l'organe 0/>"
ciel du Grand-Orient de France, le Monde
maçonnique. Cette revue ayant publié « Un
mot sur la maçonnerie espagnole », le
Grand-Orient d'Espagne lui adressa aussi
tôt « une communication rectificative à ce
sujet».
il n'y a donc rien de plus authentique,
* «ne. prévoyant des objections
d autant plus «t. "dations, le Grand-
à certaines de ses Wvail par la
Orient espagnol débute en ce
nota suivante : « Certains détails soûu
cessaires pouf répondre d'avance aCX ob
jections que, à l'étranger, on pourrait taira
sur le manque de documents officiels pour
appuyer les faits que nous alléguerons...
L'ancien maçon Narvaez, arrivé au pouvoir,
se mit à poursuivre ses anciens frères et
parvint; en 1848, à gagner le secrétaire du
Grand-Orientj le prêtre Jean Cruz, qui fit
prendre par la police les papiers placés
dans une cachette qu'on croyait sûre. Heu
reusement, dans la nuit précédente, le frère
Pinfclla avait déjà porté ailleurs la partie la
plus intéressante de ces papiers.
« Ajoutons que le sort du frere Cruz fut
très malheureux. Rongé sans douta par
les remords et par la conscience du mépris
public, il eut une mort prématurée. »(!!!)
Voilà une mort prématurée qui pour plu
sieurs paraîtra suspecte.
Il n'y a donc aucun doute sur l'authenti
cité des détails donnés par le grand orient
d'Espagne. Qu'on juge maintenant la gra
vité de ces révélations sur le rôle de la
maçonnerie. Tout ce qui suit est une ana
lyse textuelle de la note officielle.
La première loge fut fondée à Madrid
en 1728, par le duc de Wharton , sous la
dépendance de la grande loge d'Angleter
re : « Devenue souveraine en 1767 , elle
« nomma paur premier grand-maître le
» comte d 'Aranda, qui venait d'expulser les
« jésuites. La maçonnerie put alors second-
< dérer comme arrivée au pouvoir . On lui ar-
"Tea uu temple dans une propriété de
\ 'mat: Et la ;:; e 86 punissait encore là
« en 1848.. b sur le plaiu^ d UQ ,^ an(1 es-
calier et cachée ëu fond de c . 0 ^
c loirs. Deux escaliers tournants étale i..
« ménagés entre les murs de l'édifice pour
« échapper au besoin à quelque surprise.
« L'un conduisait par une voûte souter-
« raine à l'égout du Prado, l'autre par una
« autre voûte souterraine à un élégant ca-
« bînet réservé que le comte d'Aranda avait en
« sous-sol dans la maison... (I)
« Dans ce cabinet le comte d'Aranda re
cevait ges intimes sans oublier l'élaboration
des projets qui rendirent son nom célèbre (août
1875, p. 170-171). Grâce à son influence, la
maçonnerie se répandit en Espagne et en
Amérique, où elle est fière de lui devoir
son indépendance et la forte constitution
qui lin a permis d'y résister contre tant
d'efforts. »
A Aranda succéda comme grand-m&ître
le comte de Montijo. C'est lui qui « dirigea
l'émeute d'Aranjuez le 19 mars 1808, émeu
te qui a été le premier échantillon des sou
lèvements espagnols qui ont enrichi (sic ! !)
le vocabulaire des agitations populaires du
mot nouveau pronimciamiento. >
A cette époque se propage en Espagne
le rite écossais. Ge rite « simple évolution
de la maçonnerie philosophique » avait été
introduit en France au retour d'Amérique
par le comte de Grasse-Tilly.Un de ses cou
sins, le comte espagnol de Tilly (Guzman
de race et parent da celui qui joua un rôle
dans la révolution de 1792), gentilhomme
pauvre et voué aux aventures, après avoir
beaucoup voyagé en Europe, rentra en Es
pagne pour y importer ce rite écossais
« Il s'essaya à Séville, y réussit et parvint
* à former contré Napoléon une junte.
« Tilly déploya de remarquables talents
« d'organisation, de ruse, d'énergie, pour
« écraser ses compétiteurs. Dans un mois
h il réunit 40,000 hommes, mal armés il est
« vrai, mais qui formèrent à Baylen le
« grand réseau qui paralysa Dupont, lors-
* qu'il fut attaqué par les vétérans de Re-
« ding et de Costànos. Sous le titre modes-
« te de commissaire de l'armée délégué
t par la junte, Tilly lut le directeur de t'en-
« treprise, la tête de ta combinaison, et dam
« cette qualité il rédigea la capitulation de
« Baylen. i
Ici la note contient ua paragraphe, psr^
fait chef-d'œuvre de style cafard et tout à
fait maçon, vraiment digne d'être signalé
aux ministres de la guerre qui doutent en-
cOr& des périls encourus par les armées
munies ù'pfficiers francs-maçons. Qu'on ea
s' •
u Si Napoléon avait su que i'homme qui
€ commandait au camp ennemi était le chef
« des maçons espagnols du nouveau riis
« dont son frère Joseph était alors ea
« France le grand-maître et qui comptait •
« sans doute un grand nombre d'adeptes dans
« les divisions réduites à capituler, il n'su-
« rait pas manqué, avec son caractère lé-
; g«r et soupçonneux (')," d'attribuer à la Ira-
« hïmn la défaite de ses armées , quand il
'■'uraii fallu voir dans cette coïncidence
I 11 w . < î raisons pour adoucir la rigueur
« que de.. p 0Ur £0u j a g er l'infortu-
« de la gueri v r
« ne. a (sic i 3 !) Napoléon et la rentrés
«Apres la chute ds., , r ie poursuit son
des Bourbons, la maçons , 3nce qu0 la
osuvre avec une telle puis*
Grand-Orient ose dire : « Depuis nneria
s pendant six ans,Y histoire de la maço. •
« est ïhistoire d$l'Espagne» ...Riego,chel v.
l'insurrection de 1820, est nommé gran^
maître en 1821. Ensuite vinrent, aprè®
1823, les persécutions pendant lesquelles»
on conserva le feu sacré, grâce au duc d&
San Lorenzo, à plusieurs frères Se la haut a*
noblesse; grâce aussi à l'infant don Frm-\ '
fois, en 1828 notamment. »
Ici la communicaîioH officielle devient,'
très pauvre ; elle glissé 1 sur la période qui."
s'écoule jusqu'en 1854. Toutefois, au sujets»
des élections maçonnes opérées en 1848» .
elle fait une remarque bon^e à méditai
par les princes chargés des dignités pu- -
bliques de la maçonnerie. Parmi tes digni- :
taires, il y a « les titulaires et les adjoints*.,
II faut bien le dire, c'étaient les adjoints qai v
géraient effectivement les affaires de l'ordre.
Le grand-maître adjpint Penillafut jusqu'à
sa mort le directeur véritable, le grand-
maître actuel n'ayant, bien que titulaire,
rempli aucune fonction réelle jusqu'en 1866. »
(Pages 373,1875.)
Quoi çu'il en soit, depuis 1848 la maçon
nerie fut rudement poursuivie, — si nor
en croyons la' note, — par Narvaez, r
exilait et fusillait même ses frères maçr ms ^
Mais, « moissonnée i la surface, » la
çonnerie s'étendait ooua le sol, si birtt ë[u'o a
la trouve toute puissante » à sa rev ancks de
1854». écoutez bien, naïfs bourgeois, t i U i.
croyez bonnement les aiaçons étrange? s à.
la politique ! qu 'était donc cette s revam : he h
de 1854 ? La voici *■
« Le grand maîti"® titulaire (l'ofX j c j e ]^
l'apparent, celui qui n'était rien er t r( § a ,
lité) » n'approuvant pat,' que la. mw çonEa .
« rie fût mêlée aux lutt08_ politîg- ue3
« grand maître adjoint, Pétilla, <7 .
« tout aves Escalante, et surtout . avec j a
« général Sac Miguel.... Celui-cî assiégea
« le palais royal 4u côté de la v' ;u e> e t j e
« général Nogueras tfint de CastiJ le couper
« de ce côté la route â la cour.... »
«r II y avait d'ailleurs di^ns cet!
dernier ^rand-maître et de plus
« portant le tit r e de rot (sic)! ! L
pays était en arme% Esparte?o u
tendre la main pour' Qter la cour
tête qui laporiaiteile metti** sur la si ^«e(! !!)»,
Mais, hélasposr cd .beau ^rc.fgt) ■ San Mi-
' —.-6 •• fut anes
*
*
-e cour un
un maçon
. « Tout le
'avait qu'à
onne de la
auss
* ^ 4.
guel «jalousa Espartsro •, h —, , . , .
par trop lambin, San M%nel « i evmt
paladin de la cour ». Et lors^Jie Es P a «ero
arriva & Madrid, « la royauté fc^ait ) sauvéa
par des maçons ».
San Miguel, en récompense, « me®. Pal '
duc, maréchal et capitaine des garées *•
Mais, ajoute avec indignation le Gr.afià "
Orient, « San Miguel, Penillaet ses coa-*'
frères ne se relevèrent pas de cette déco - ®?-
sidêration (!!) ».
N'est-ce pas assez odieux, un pareil cy
nisme dans l'aveu de tels projets ! Mais à
l'odieux le maçon sait toujours joindra le
comique. Au milieu même des pages pîi
sont racontées toutes ces infâmes trahi
sons, le Grand-Orient de France publie lès
plus solennelles protestations toutes pleines-
de colère contre les gens qui osent accuser
la maçonnerie de politique ! On peut lira
dans le même volume (p. 210) cef te décla
ration d'une impudence phénoménale ©a
pareil lieu : « La franc-maçonnerie* n'a
FEUILLETON DE VUNIVERS
»n 20 avril 1878
IMS iCWTMVKRSES B1BL1W
Le livre de Judith
(Suite)
8èpoï .bs atîs objegtioks db bétail
Le livre de Judith, outre la difficulté gé
nérale, sur son caractère historique, à la
quelle nous avons déjà répondu (1), offre
des difficultés de détail. Elles proviennent
de plusieurs causes. La première que nous
pouvons signaler est la perte du texte ori
ginal. Beaucoup d'objections tomberaient
certainement d'elles-mêmes, s'il nous était
donné d'étudier directement l'écrit, tel qu'il
est sorti de la plume de l'écrivain inspiré.
Combien d'arguties la critique moderne ne
pourrait-elle pas accumuler contre les li
vres protocanoniques de l'ancien Testa
ment, en passant au crible la version de
(il) Voir l'Univers du 25 mara.
saint Jérôme, par exemple, quelque exacte
et quelque admirable qu'elle sait, si nous
n'avions pas l'original hébreu pour lui
fermer la bouche ? Gomment admettre l'au-
•thenticité de ces prétendues histoires hé
braïques, ne manquerait-elle pas de noua,
dire, lorsqu'elles nous assurent, entre au-
. très choses, que David s'était procuré du
marbre de Paros, marmor Parium (1 Para-
lipomènes, XXIX, 2), en abondance, pour
construire le temple de Jérusalem? Qui
croira jamais que le marbre de" Paros
abondait en Palestine à cette époque? Est-
il vraisemblable, nous demanderait- elle
encore, qu'il y eut en Judée des monceaux
.consacrés à Meroore, acervum Mercurh
(Proverbes, XXVI, 8), et contre lesquels
les passants lançaient des pierres ?
On pourrait soulever des difficultés ana
logues contre les onocentaures d'Isaïe,
XXXIV, 14; contre les pytliones, mulierpy-
thonem habens , dont il est assez souvent
question dans la Vulgate. (Deut. XVIII,11;
I, Rois, XXVIII, 7, 8; IV, Rois, XXI, 6;
XXIII, 24; Isaïe, VIII.19; XIX, 3; XXIX,
4.) Les Hébreux connaissaient-ils donc les
onocentaures et la serpent Python do la
mythologie grecque?
Toutes ces difficultés et beaucoup d'au
tres analogues, tirées des mots et des lo
cutions, se dissipent comme une vaine fu
mée quand on remonte an teste original,
où, au lieu de ces expressions employées
par le traducteur latin comme des expres
sions courantes, on rencontre des termes
ayant un sens analogue, mais qui ne don
nent lieu & aucune objection.
Le mot de Titan,employé dansle cantique
de Judith, XVI, 8 (7 dans le texte grec),
s'expliquerait, selon toute apparence, avec
la même facilité si nous pouvions recourir
au texte primitif. Le nom des Titans aurait
de quoi nous surprendre, il est vrai, dans
la bouche d'une juive, mais il est tout na
turel d'y trouver le nom des Raphaïm, que
la version latine rend ordinairement par
géants. Celte traduction par géants rend
compte de l'expression Titan, qui s'emploie
aussi au figuré, en latin comme en grec,
pour géant. Gela est si vrai que la version
grecque des Septante, édition de Gomplute,
traduit Raphaïm au second livre des Rois,
XXIII, 13, par Titans.
Oa peut répondre d'une manière sem
blable aux difficultés tirées de quelques
autres passages du livre de Judith et dont
on a voulu se servir comme d'armes pour
le combattre. Il y est question, dit on, du
sanhédrin, puisque nous lisons, pour le dé
signer, le motdans le texte grec
(IV, 8 ; XI, 14 ; XV, S), et cependant le
sanhédrin n'existait pas avant la captivité.
Il faut donc reconnaître qu'il y a au moins
une erreur historique dans Judith, ou
quand l 'auteur de ce livre nou3 parle du
sanhédrin comme existant avec la capti
vité, ce qui est faux, ou quand il nous re
présente NinÎYe et son empire comme sub
sistant longtemps après la captivité, à l'é
poque où florissait le sanhédrin, ce qui est
un grossier anachronisme.
Il est vrai que l'institution du sanhédrin
ne remonte qu'au deuxième ou troisième
siècle avant Jésus-Christ, et est par con
séquent postérieure à l'époque de Judith ;
il est vrai aussi quelle mot gerousia est un
des noms du sanhédrin chez ies juifs hel
lénistes. Mais il est faux qu'e gerousia dési
gne toujours le conseil des soixante-dix :
il n'a pas ce sens dans la version grecque,
et M. Renan a eu tort de s'en servir pour
défendre son opinion. Cette expression est
employée par les Septante pour désigner
non le sanhédrin mais les anciens d'Israël
(Lévitique, IX, 1, 3; Exode, III, 16, 18;
IV, 29; XII, 21; Deutéronome, V, 23, et
dans- quinze autres passages). Le conseil
des soixante-dix vieillards, institué par
Moïse (Nombres, XÏ, 16, 17, 24, 25), ne
porte pas ce nom. En revanche, les an
ciens, les scheiks, comme on les appelle
aujourd'hui, de Madian(Nombres,XXII,4,
et ceux deMoab.,ib.XXII,7) sont appelés
par les Septante gerousia, de même que les
anciens des diverses villes (Deutéronome,
XIX, 12; XXI, 3, 4, 6, 19; XXII, 18;
XXV, 8; CtjActes, V, 25). '
Le mot gerousia, dans la version grecque
de Judith,, signifie donc simplement les
zagnê Israël « les scheiks ou les anciens
d'Israël », comme dans les autres livres
grecs de l'ancien Testament. C'est oe que
confirme la traduction de saint Jérôme,
qéfi. porte, XV, 9 : « Joacim venit... cum
universis presbyteris suis. » Elle ne rend pas
gerousia dans les autres passages.
Deux autres mots employés par la ver
sion grecque ont encore fourni aux enne-'
mis de Judith matière à objection, les mots
et 7-.oovou;j//îv:'ai (VIII, 6), Les pieux
Israélites, ne commencèrent qu'assez tard
à compter comme des fêtes les vigiles du
sabbat et des néoménies. En réalité, nous
ignorons à quelle époque commença l'u
sage de ces vigiles ; par conséquent, il ne
peut servir à fixer la date de l'époque de
Judith. De plus, nous avons lieu de croire
que le texte original ne parlait pas des vi
giles du sabbat et des néoménies, puisque
la Vulgate ne les mentionne pas (VIII, 6).
La perte du texte' original du livre de
Judith est aggravée par les variantes con
sidérables des deux seules anciennes ver
sions que nous possédions, la version grec
que et la version latine de saint Jérôme.
Le désaccord qui règne contre elles rend
bien délicate la tâche du critique. Ces va
riantes datent de bien loin'd'ailleurg; saint
Jérôme en constata de considérables dans
le texte chaldéen lui-même, où les copistes
en avaient introduit un grand nombre. Le
saint docteur, au milieu de cette diversité,
s'attacha surtout à rendre le sens, non les
mots, et amputa, comme il dit, les varian
tes. « Sspositis occupationibus, quibus
« vehçmealsr arctabar, huic unam lucu-
« bratiunculam dedi, magis sensum è senstf
« quam ex verbo vsrbum transférons. Mul-
« torum codicum varietatem amputavi »
(Prxfatio in librum Judith). Ge qui, pojir la
dire en passant, explique pourquoi les
Septante sont plus détaillés en quelques
endroits que la Vulgate. S'il s'était intro
duit des fautes de copistes dans le texte
original, il a pu s'en introduire,'k plusforte
raison, dans les traductions, transcrites
par des hommes beaucoup moins familia
risés encore que des Orientaux avec cetta
multitude de noms propres peu connus oa
même inconnus qu'on rencontre dans ca
livre et d'ailleurs sujets à toutes les dis
tractions et à tous les lapsus calarni du scriba
qui exécute une tâche un peu mécanique;
Tous ceux qui ont quelque habitude des
manuscrits savent combien il peut échap
per de fautes à un copiste, dans un travail
de longue haleine, surtout quand il s'agit
de mots rares, de noms propres et da
chiffres, pour lesquels le sens général d»
la phrase ne peut servir de guide,
Nons avons dû, dans notre précédent ar
ticle, essayer de rétablir la forme, primitiva
de quelques noms propres et admis, et par
exemple, nous avons montré que le mont An-
gé est lomûntArgée des auteurs classiques.
Gesont les noms propres, surtout les noms
propres peu usités, qui dans les ouvrages
anciens, ont le plus souffert des copistes.
11 y a toujours, dans l'écriture à la main,
des lettres mai formées, Da là, daas la
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