Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1878-04-18
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 avril 1878 18 avril 1878
Description : 1878/04/18 (Numéro 3841). 1878/04/18 (Numéro 3841).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi 18 Avril 18TB
N* 3841. — Édition quolidiennè.
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Jeudi 18 Avril 1878
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Parts, 10, rue des Sainte-Porcs
On slaboaae. à Rome, vin doïia ciimui» oô b? eu
TBANCÈ
PARIS, Ï7 AVRIL 1878
'Nous avons sigc&îé la campagne en
treprise par la, majorité de la Chambre
dés députés Contre la gendarmerie. Le
lïïot d'ordre a été donné, il faut que la
gendarmerie soit entre les mains des
radicaux, et les députés (sous ce rap
port, opportunistes et intransigeants,
s'entendent à merveille) veulent profi
ter de ce que le gouvernement est &
leur discrétion.
Cette campagne est toute naturelle ;
la haine des radicaux contre la gendar
merie doit ^ être bien grande si on
î& mesure à la peur que leur inspire
«ette institution salutaire. Si certains
députés, radicaux par caractère ou par
position, sont étrangers à cette haine
et à celte peur, ils doivent compter
avec les rancunes de leurs électeurs.
Orales électeurs radicaux ont eu sou
vent maille à partir avec le gendarme,
leur ennemi-né;: ils entendent que
leurs élus les vengent pour le passé et
les mettent à l'abri pour l'avenir.
Le jour où la gendarmerie, soustraite
à l'autorité du ministre de la guerre;
sera placée.sous celle du ministre de
l'intérieur, les radicaux auront triom
phé. Comment un gendarme se per
mettrait-il de sévir contre des élec
teurs, radicaux, avec des préfets comme
le citoyen Spuller, des sous-secrétaires
d'Etat comme le citoyen Lepère, des
ministres comme M. de Marcère. L'é
lecteur, blessé dans sa dignité, se
plaindrait à. son député, et celui-ci
saurait bien forcer ministre, sous-se
crétaire d'Etat et .préfets à faire res
pecter ses électeurs.
En attendant que ce glorieux triom
phe du radicalisme sur la gendarmerie
soit"obtenu,. M. Gambetta a imposé au
faible général Borel la circulaire sui
vante que l&Républque française publie
avec apparat dans sa première co
lonne.,
; ? A la suite des dernières élections, il
b est produit entre la gendarmerie et cer
taines autorités locales, des difficultés de
î3ature à nuire kla bonne ex/cutiondu ser-
Vice. Dos plaintes nombreuses m'ont étâ
adressées à ce sujet. Los enquêtes aux
quelles j'ai fait procédor, fout en me per
mettant de constater que ces plaintes n'é
taient pas toujours suffisamment fondées,
m'ont révélé l'existence d'un état de crise
«t da malaise, auquel, dans un but d'apaise -
ment, dans l'intérêtmême de la gendarme-^
rie, il convient de mettre un terme.
- 3 e vous prie d'inviter les chefs de légion
à prescrire aux militaires placés sous
leurs ordres d'apporter dans leurs rela
tions avec les autorités civiles et les popu
lations toute la conciliation désirable.
Ils devront s'abstenir de tout acte ou de
toute parole ayant trait à.la politique et
pouvant donner prise & des critiques ou à
des interprétations malveillantes.
. En outre, pour amener un plus rapide
apaisement dans les esprits, il convien
dra, dans les localités où les relations se
rvent particulièrement tendues entre la
gendarmerie et les autorités locales ou les
populations, de couper court par des chan
gements de résidence.
- Vous inviterez donc les chefs de légion
& mê proposer, par votre intermédiaire,
les mutations qui leur paraîtraient com--
ïnandées par l'intérêt du service. Ces mu
tations, qui n'auront, bien entendu, aucnn
caractère disciplinaire, devront ne pas nui-
jre aux intérêts des militaires qui en seront
l'objet.
, s ? ■ premiers jours de son minis
tère, nous avons annoncé au général
Borel où le mèneraient ses concessions
aux radicaux/ Nous lui disions qu'il se
livrait à merci à des ennemis sans
merci qui le conduiraient à des actes
dont sa conscience de soldat se serait
révoltée si on les lai avait imposés dès
l'abord< Le ministre de la guerre peut
voir maintenant combien nos prévi
sions étaient justes. Malgré quelques
résistances qui l'honorent, relative
ment aux invalides, à la réintégration
du major Labordère, il a descendu la
pente, et le voilà qui { en attendant de
passer la gendarmerie à M. de Mar
cère, livre les gendarmes à ladiscrér
tion des radicaux.
Dorénavant le plus obscur do3 dépu
tés radicaux, bien plus, le moindre ty
ranneau de village sera le maître du
gendarme. Qu'un gendarme déplaise à
un de ces messieurs et celui-ci le me
nacera de le faire changer. Il pourra
d'autant mieux le faire que les muta
tions ne seront pas « disciplinaires ».0n
ne pourra donc opposer en faveur du
malheureux gendarme coupable d'avoir
déplu à quelque coq de village qu'il n'a
pas démérité. On, ne pourra même pas
invoquer les intérêts matériels du gen
darme déplacé. S'armant de la circu
laire ministérielle, le radical répondra'
superbement que ces intérêts sont sau
vegardés,
Ces menaces incessantes, ces muta
tions perpétuelles désorganiseront le
service de la gendarmerie qui deman
de une connaissance approfondie du
pays et des habitants. Mais ce ne seront
pas les radicaux qui se plaindront de
cette désorganisation ; c'est un de leurs
principaux desiderata, et nombre d'é
lecteurs des nouvelles couches sociales
détestent encore plus le gendarme que
le prêtre. Ce n'est pas peu dire.
Mais les intérêts matériels du gen
darme seront-ils au moins sauvegardes,
comme le dit M. le ministre de la guer
re ? Ils ne pourront pas l'être, et cette
recommandation ministérielle, si elle
DÉPARTEMENTS _ ,
Un an. ««••••*••■*£•• « 4
Six mois-. '30 -/ ... V
Trois mois '45 -ÇiT\
Édition semi-quotidienne ■•....;
Un an, 32 fr. - Sis mois, 17 fr. — Trois mois!, 9 fifl'- " r
L'UNIVERS m répond pis les ^aJBBcrits qui loi sont adresses
- ' " .ASWOWCKS- ■
Kl. Ch. IiGMNGE, CE&F et C 1 », 6; plact d» la Boom.
témoigne d'une bonne intention,fiïïph-#
tre surtout une grande ignorancd de la
situation des gendarmes. Etant ëW^f f
tiellemcnt sédentaires, ils se marie&tY
leurs femmes, tenues à leur apporter
une petite dot, ont quelques propriétés,
une industrie ; un déplacement, quel
que précaution qu'on y apporte, leur
cause des pertes relativement considé
râtes. Aussi voit-on souvent des gen
darmes renoncer à l'avancement pour
ne pas être déplacés.
En réalité la circulaire ministérielle
sacrifie complètement la gendarmerie
et la livre à la merci des radicaux.
Et cet abandon de la gendarmerie
pS.? son défenseur naturel n'est justifié
par aucun motif. La circulaire ministé
rielle, quoique faite avec une habileté
malsaine, plus digne d'un avocat que
d'un soldat, prouve que la gendarmerie
n'a pas mérité l'a"bandon dont elle est
victime. La circulaire invoque des dif
ficultés, des tensions entre les autorités
civiles et la gendarmerie ; mais elle se
garde bien d'affirmer que les torts
viennent do celle-ci. Si le ministre
parle avec complaisance des « plaintes
nombreuses qui lui ont été adressées»,
il est obligé d'ajouter que les en
quêtes lui ont permis de constater que
les plaintes notaient pas toujours suf
fisamment fondées. » Dans une circu
laire de cette nature, l'aveu est d'autant
plus significatif, que le général était
obligé déménager les radicaux pour
ne pas perdre le fruit de la triste con
cession qu'il leur faisait.
; Nous pourrions ajouter que la circu
laire du général Borel, avec la publicité
qui lui est donnée, inflige à la gendar
merie tout entière, pour des plaintes
« insuffisamment fondée^», un blâme,
général qui ne peut que diminuer son
autorité morale. E q admettant même
que quelques -unes de ces plaintes aient
été fondées, il existait des moyens de
répression qui n'auraient atteint que
les coupables. Mais il fallait plaire aux
radicaux.
La République française a bien com
pris la portée de la circulaire ministé
rielle.- Non contente de l'enregistrer
triomphalement dans sa première co
lonne, elle la commente avec une exal
tation qui, pour un moment, lui fait
perdre son allure rogue et dogmatique.
M. Gambetta délivre au général Borel
un témoiguage de satisfaction. « Le
ministre de la guerre a bien parlé; et
■il.a fait son devoir. » Voilà .un pauvre
papier qui, nous voulons le croire, pè
sera lourdement sur la conscience du
général Borel, lorsque, débarrassé de
soii portefeuille, le vieux soldat aura
repris possession de lui-même^ -
D u reste, ce satisfecit n'est pas abso
lu. Le ministre « a fait son devoir, »
mais il faut qu'il achève son œuvre,
M. Gambetta le lui signifie :
Maintenant la circulaire de M. le minis
tre de la guerre suffit-elle pour remettre
toutes choses en ordre, pour faire rentrer
dans les limites de leurs attributions, dans
leur rôle, les membres de ce corps qui est
appelé à rendre de si grands services, et
qui fait tant de bien quand de mauvais gou
vernements ne le condamnent pas & faire
beaucoup de mal?L'autorité militaire obéi-
rat elle partout avec le môme empresse
ment et exécutera-t-elle de la même façon
la volonté ministérielle? N ojib voudrions
l'espérer. '
La République française connait sa
puissance. Elle comprend que les mi
nistres passent ; que les circulaires s'ou
blient ou se retirent; il lui faut quelque
chose de plus décisif. Le gendarme, le
« soldat ae la loi, » doit être enlevé à
l 'autorité militaire et livré entièrement
à l 'autorité civile. Le rôle du ministre
de la guerre se bornerait à fournir ou
même, à présenter des sujets, parmi
lesquels les autorités civiles choisi
raient. Cela formerait une gendarme
rie excellente... pour les radicaux.
Naturellement, la feuille opportu
niste ne pose pas la question avec cette
netielé : elle révolterait même certains
de ses lecteurs. Le chef de l'opportu
nisme est passé maitre dans l'art d'in
sinuer les choses sans les dire. Pour le
moment, il se borne à demander le
dualisme ; la gendarmerie relèverait à
la fois du ministre de la guerre et du
ministre de l'intérieur. M. Gambetta
sait que la majorité radicale aidant,
le ministre de la guerre, toujours
menacé d'être remercié, s'effacerait
devant son collègue de l'intérieur.
Ce résultat est inévitable avec le
dualisme et l 'Avenir militaire , feuille
peu suspecte, qui montre une certaine
tendresse pour les "projets militaires
des gauches, n'a pu s'empêcher de
protester contre ce qu'elle considère
avec raison comme la désorganisation
de la gendarmerie. Elle a combattu ce
nouvel et dangereux « empiétement »,
et rappelé que la gendarmerie tirait
une grande partie de son autorité mo
rale de son caractère militaire. Le jour
Où le gendarme cessera d'être soldat,
pour devenir la doublure du garde
champêtre, la gendarmerie aura fini
son rôle. Les radicaux, petits et
grands, le savent bien. ,
Après la capitulation du 14 décem
bre, on disait que le maréchal de Mac-
Manon, en livrant les remparts de la
place, avait voulu au moins conserver
la citadelle en mettant le général Borel
au ministère ^de la guerre. Hélas ! si
l'homme à qui a été confiée la citadelle
en livre successivement toutes les ap
proches, un jour viendra, peut-être
prochain, où il ne restera plus que le
réduit qui ne tiendra pas longtemps/
k. R astoux^
tfjm : ...
pouvait exister quelques doutes
;i^ s ^ r °j e des républicains, oppor-
' tunf frtës comme intransigeants, contre
a gendarmerie, un entrefilet de la Ré
publique française les.lèverait. Dans cet
entrefilet, placé assez loin de l'article
consacré à la malheureuse i circulaire
du ministre de la guerre, le journal de
M. Gambetta dénonce la gendarmerie
comme infectée de bonapartisme. Gé
néraux, colonels, officiers, sous-offi
ciers , simples gendarmes, tout le
monde est attaqué, sur la foi d'une
lettre plus ou moins authentique.
La feuille opportuniste n'ose pas con
clure à l'épuration, ce serait préma
turé; elle se borne à dire qu'elle « re
viendra sur ce sujet. » Mais, dès au
jourd'hui, on peut voir que les « muta
tions » annoncées par M. le général Bo
rel pourront prendre une grande ex
tension, au préjudice des « intérêts
matériels » des gendarmes. Plus tard,
si le dualisme s'établit, on trouvera
quelque chose de plus efficace.
M. le général Borel pourra lire ce
commentaire significatif de sa circu
laire. - : ' •
A. RASTOUL. ;
On lit dans les
leur : r
Tablettes d'un Specia-
Nous sommes en mesure d'affirmer qu'il
1 qu
b l'c
n'y a rien de vrai dans les bruits que l'on
fait courir sur la démission de M. le géné
ral Borel comme ministre de la guerre et
sur le remplacement de M. le général de
Miribel dans le grand service de l'état-
maior généraUdu ministère.
Toutes les nuanoes d'opinion, dans le
conseil des ministres, se sont effacées, et
il a été reconnu que les susceptibilités de
l'esprit de parti avaient suffisamment abu
sé des notes anonymes, indûment publiées
contrairement aux bons usages militaires,
et qu'il était temps de rendre au travail, &
la confiance dans leur situation, les hom
mes éminents et utiles que le maréchal
président a placés l'un & la tête, l'autre au
premier rang de l'administration chargée
de nos plus graves intérêts.
Il est à souhaiter que cette note soit
exacte; mais il faut souhaiter de plus
que M. le ministre de la guerre, main
tenu à son poste, ne donne , plus le
triste spectacle des concessions qu'il
fait coup sur coup aux exigences radi
cales et dont nous avons un nouvel et
déplorable exemple dans la circulaire
relative à la gendarmerie, que nous ap
précions ailleurs.
Plusieurs journaux publient la nou
velle ci-après :
M. Emile Ollivier est arrivé à Paris. Il
vient corriger les épreuves de son livre sur
le Concile au Vatican. Les amis de l'auteur
annoncent que dans ce livre, indépendam
ment de révélations diplomatiques de la
plus grande importance, on trouvera la
théorie des rapports de l'Eglise et de l'E
tat, l'appréciation du Syllabus, du dogme
de l'infaillibilité et tout un système des
tiné à protéger les prêtres contre les évê
ques. .
Si c'est à un ami de M. Emile Ollivier
que l'on doit la rédaction de cette note,
on a le droit de trouver fort peu conve
nables les termes dont il est fait emploi
pour recommander l'auteur « d'un sys
tème destiné à protéger les prêtres
contre les évêques » comme si les
prêtres étaient, ae la part des évêques,
soumis à une véritable persécution.
Il est d'ailleurs à supposer que le li
vre de l'ancien ministre prêtera ma
tière à des observations de plus d'une
sorte, s'il a traité les graves questions
énumérées ci-dessus dans l'esprit qu'il
a marqué dans son livre : Le 19 janvier.
Cela dit pour noter dès aujourd'hui les
réserves .nécessaires, il convient d'a
jouter que la situation jadis occupée
par l'auteur du livre qu'on annonce ne
manquera pas de donner un véritable
intérêt aux « révélations diplomati
ques » dont il est ici question. Puisque
l'indiscrétion diplomatique est à l'or*
dre du jour, tout ce qui a trait au con
cile sera précieux pour l'histoire, et
sous ce rapport', M. Emile Ollivier peut
être sur de nous intéresser.
Nous lisons dans le Moniteur i
On se souvient qu'au lendemain du 14 décem
bre, il avait été question d'as projet tendant &
indemniser les fonctionnaires révoqués pour
oause politique par le ministère du 16 mai, et
plus spéoialement les instituteurs primaires.
Ce projet paraissait avoir été abandonné.
.Quelques conseils généraux, dans la session
qu'ils viennent de tenir, ont repris la question
et demandé le vote de sommes destinées & in
demniser les instituteurs révoqués on simple
ment. déplaoés du 15' mai an 14 décembre.
Le conseil général du Puy-de-Dôme ayant
été saisi d'une demande de ce genre, M. le pré
fet a déclaré qu'il avait déjà, satisfait, dans une
grande mesure au désir exprimé dans oelte
demande. 11 a ajouté qu'en prenant possession
de la préfeoture du Puy-da-Dôme, il avait, en
vertu des instructions du ministre de l'instruction
publique, répare tes injuttices commises par h
16 mai envers un grand nombre d'instituteurs, et
que deux crédits inscrits au budget lui en avaient
fourni les moyens.
M. le ministre de l'instruotion publique fai
sant partie de ce oonseil a, en confirmant les
déolarations du préfet, ajouté que oelui-oi n'a
vait agi qu'en vertu des ordres du gouverne
ment, lequel avait voulu, non exeroer des re
présailles, mais faire des réparations néoes-
saires. ■■
M. Bardonx n'ayant certainement pas donné
les" ordres et les instructions dont il a parlé
uniquement au préfet de son département, il y
a lieu de penser que tout les préfets ont été in
vités à procéder comme oelui du Puy-de-Ddme.
Mais ici se présente une question qui nous pa
raît avoir quelque gravité.
Ainsi qu'il résulte des déclaration* faites par
U. le préfet du Pay-de-Oôme, les ordres du mi
nistre, tendant & indemniser les instituteurs
évoqués ou déplacés, ont reçu leur exécution
pleine et entière, sans que leâ oonssils géné
raux aient été préalablement consultés. Or, le
prêtât, .agent du gouvernement, ne peut, à au
cun titre, disposer des fonds du département.
Les oonssils généraux, doât la majorité est
fayorable à os système d'indemnités* peuvefat,
aprÔ3 ooup, donner leur approbation et leur:
sanction au fait accompli ; mais oomment fera-
t-on pour régulariser osa dépenses, si les con
seils généraux opposés à la mesure dent il s'a-,
git refusent d'approuver les actes du préfet ?
On serait sans doute amené, pour sortir de la
difficulté, & recourir à des virements ; mais
o'est un prooédé budgétaire trop officiellement
blâmé et condamné par les hommes qui sont
aujourd'hui aux affaires, pour que nous croyions
que le gouvernement approuverait oeux de ses
préfets qui y reoourraieit.
La question que nous soulevons ici n'est ni
sans importance, ni sans gravité,, et nous se
rions heureux que des explications catégoriques
nous fassent fournies à ce Bujet..__
Les réflexions dH Moniteur sont bonnes à
noter. Mais ce qui ne l'est pas moins, c'est
que le fait, à propos duquel M. Bardoux
aurait produit les déclarations rapportées
plus haut, serait absolument inexact en ce
qui concerne précisément le Puy-de-Dôme.
Voici, en effet, ce que nous lisons dans le
Françats :
Un curieux incident, s'est produit jeudi der
nier à la séance du oo&sail général du Puy-de-
Dôme. Un des membres de la gauche, M. Du-
chasseint; député, s'est plaint que des . institu
teurs du Puy de-Dâme eussent , été rivoqués
pour cause politique par « le gouvernement du
16 mai »! M. le oomte Martha-fiéker a protesté
alors éner„iquement et affirmé qu'aucune révo
cation n^vait eu lieu & oelte époque dans le
Puy-de-Dôme. < J'ai l'honneur, dit il, de faire
partie du conseil départemental de. l'instruction
primaire. Par conséquent, si un instituteur eût
été révoqué, l'affaire nous eût été immédiate
ment soumise. Or, j'affirme qu'aucune masure
de o gçnre n'a été prise pendant cette période à
l'égard à'aucun instituteur du département du
Puy-de-Dôme. »
Il est superflu de rien ajouter à cette
constatation. Mais il est d'autant plus ur
gent quç, le gouvernement réponde & la
question formulée par le Moniteur,
On lit dans la Lanlerne :
La commission générale d'enquête nom
mée par la Chambre des députés ayant pu
constater que des faits d'une gravité ex
trême, notamment de corruption électo
rale et de trafic de fonctions publiques, se
sont preduits dans certains départements
du Midi, à adressé un rapport spécial au
garde des sceaux.
Nous apprenons qu'en raison des faits
signalés, des poursuites seront exercées
contre un conseiller d'Etat, deux anciens
ministres, un ex-prél'et et un magistrat ré
voqué. ' . .
Il nous larde d'apprendre, par leurs
noms, quels sont les personnages dont
parle la Lanterne, et qui seraient pour
suivis à la demande des commissaires
enquêteurs. Mais, à vrai dire, nous ne
croyons pas beaucoup à ces poursuites.
De temps à autre,en effet, les radicaux
s'étudient à lancer des nouvelles de ce
genre afin de donner quelque crédit
aux travaux de la commission d'en,
quête, qui en manquent absolument. II
est à présumer que la nouvelle donnée
par la Lanterne n'est qu'un racontar de
même espèce et sans autre portée.
: Ôn lit dans le Courrier de Genève :
Au moment de mettre seus presse, nous
apprenons la révoltante nouvelle de l'em
prisonnement de* M. le curé de Chêne. Le
sacrilège attentat commis lors de la dévas •
tation de la chapelle et de la cure de
Chêne, avait jeté tant d'odieux, sur le gou
vernement, qu'il a voulu se venger sur la
personne de M. le curé Delélraz. C'est &
cinq heures du soir, le lundi de la Semaine
sainte, que M. le curé a été jeté en prison.
La paroisse de Chêne est dans la conster
nation et les larmes : on a voulu la priver
de son vénérable curé pendantles jours où
elle en a le plus besoin.
C'est comme voleur que M. le curé
Delétraz a été conduit en prison. On l'ac
cuse d'avoir détourné à son profit les
objets servant au culte, les calices, ci
boires et ostensoirs dont le gouverne
ment de Genève est venu faire razzia
dans l'église de Chêne, juste au mo
ment où les fidèles étaient réunis au
tour du Saint-Sacrement pour les priè
res des quarante heures.
L'accusation de détournement des
objets, dont on l'a privé ces jours-ci, a
déjà été élevée r ily a quatre ans, contre
M. le curé de Chêne; et par un arrêt
de non-lieu, la chambre d'instruction a
reconnu que la « réclamation étant pu
rement civile ne pouvait donner lieu à
une instance pénale ». .
A Genève, ce qui ne peut donner lieu
à une instance pénale peut donner lieu
à une pénalité préventive. C'est le pro
cédé de justice dans cette aimable ré
publique. La faute, cette fois, est bien
à la chambre d'instruction. Elle est ar
rivée à déclarer, comme résultat de sa
procédure, qu'il n'y avait de la part de
l'inculpé aucune intention malicieuse
de soustraire les objets, qu'on l'accu
sait de détenir sans droit, aux recher
ches de ceux qui s'en pouvaient esti
mer légitimes propriétaires.
D'après cette décision, si l'Etat ou
tout autre prétendait à la légitime
propriété des objets en question, il de
vait assigner M. le curé de Chêne qui
les détenait et qui légalement restait
présumé propriétaire. En justice, c'est
au demandeur à démontrer le droit
qu'il revendique. L'Etat de ^Genève ne
l'entend pas ainsi. Il veut être défen
deur, et il tient à être assigné par M.
Deletraz, à qui il prétend imposer le
rôle de demandeur. Pour intervertir
les positions et contraindre M. Deletraz
a répéter contre lui, l'Etat s'est emparé
violemment et sacrilégement des ob-
jels servant au culte catholique, M, le
' curé ne se montrait pas disposé à se
prêter à ce jeu, et à reconnaître à l'Etat
îa qualité de possesseur légitime des
objets en litige. Pour faire court, on
l!emprisonne, comme voleur. 11 y a
bien l'arrêt de la chambre d'instruc
tion que nous avons signalé. Il y a
bien .encore le code qui déclare que
tout prévenu ayant bénéficié d'un arrêt
de la chambre d'instruction, ne peut
plus être du même chef traduit devant
les cours, criminelle ou correction
nelle, à moins qu'il ne survienne de
nouvelles charges contre lui.
Le code parle de prévenu en général;
mais le gouvernement de Genève estime,
lui qui se tient pour le plus fort, que le
prévenu catholique et surtout prêtre
catholique ne peut exciper d'aucune
loi, ni d'aucun droit, et est passible de
tous les sévicés, exil, confiscation, em
prisonnement, qu'ilplaît au gouverne
ment de lui infliger.
C'est là, à Genève, la pratique de cette.
« liberté dont jouit l'Eglise catholique,
— assure effrontément le conseil fé
déral, dans sa lettre au souverain Pon
tife, — et garantie par la Constitution,
sous la seule réserve que les autorités
ecclésiastiques n'empiètent ni sur les
droits et compétences de l'Etat, ni sur
les droits èt libertés des citoyens. » M.
le curé de Chêne, autorité ecclésiasti
que dans sa paroisse, en achetant et en
possédant les vases sacrés nécessaires
à l'exercice du culte catholique, empié
tait sans doute sur les compétences de
l'Etat et aussi sur les libertés des ci
toyens. C'est pour cela que le gouver
nement de Genè\e, contrairement au
texte de la loi, dont bénéficierait tout
voleur émérite, met un prêtre vénéra
ble en prison. La garantie de liberté
donnée par la Constitution fédérale à
l'Eglise catholique le veut ainsi.
On télégraphie de Pesth à la Gazette
de Cologne
Oh assure dans les cercles officiels que
la bonne entente est rétablie entre l'Autri
che et la Russie, cette dernière s'étant en
gagée à ne pas passer l'Aluta.
Nous ne comprenons rien à cet enga
gement. L'Aluta, venant de la Transyl
vanie, laisse la Moldavie étla majeure
partie de laValachie, Bucliarest com
pris, à sa gauche. Par conséquent, la
Russie ne s'est pas engagée à grand'-
chose.
On nous écrit de Saint-Pétersbourg,
le 13 avril :
Souvent un incident, un simple petit dé
tail pris sur le vif en dit plus sur l'état so
cial d'un pays que n'importe quel gros vo
lume. Voici, par exemple, quelque chose
qui vient de se passer ici, quelque chose de
mince importance peut-être, mais qui vous
donnera en peu de traits le vrai mot sur le
gouvernement, sur le public et sur leurs
rapports mutuels.
Je résume autant que possible.
Vous connaissez l'attentat commis parla
dame Zassoulitch sur la personne du géné
ral aide de camp Trépoff, préfet de police
à Saint-Pétersbourg.
Hier l'accusée Vera Zassoulitch a passé
en cour d'assises. Parmi les douze jurés se
trouvaient neuf employés d'administration,
un gentilhomme, un marchand et un ar
tiste.'
Vera Zassoulitch expliqua ainsi les mo
tifs de son crime :
Elle avait lu dans un journal que, lors de
l'arrestation de quelques nihilistes & la
suite de l'affaire dite de l'église de Kasan
(troubles et cris séditieux), un des inculpés
(Bogolttboff)avaitreçu,par ordre dugénéral
Trépoff, £5 coups de verges comme peine
disciplinaire. Cette correction infamante
indigna à un tel point la dame Zassoulitch
que, sans connaître personnellement l'in
culpé BogolubofT, elle se décida à venger
ce dernier. Vera Zassoulitch se trouvait
alors à Penza, à un millier de kilomètres
de St-Pétersbourg. Elle réunit quelqu'ar-
gent, acheta un revolver, prit un billet de
troisième classe et, le lendemain de son
arrivée à St-Pétersbourg, se présenta chez
le général Trépoff sous prétexte de péti
tion.
On sait le reste. Ea présentant unplacet,
elle tira à bout portant sur le préfet et le
blessa grièvement.
A l'audience, l'attitude de l'accusée est
très calme et trè3 correcte. C'est une pe
tite et chétive personne, aux traits minces
et accusés ; vingt-huit ans comme âge.
La salle est bondée. Une foule de nota
bilités et de hauts personnages de tout
genre, entre autres le prince-chancelier
Gortschakoff. Public houleux et surexcité.
Les explications de l'accusée et le discours
du défenseur sont accueillis par des ton
nerres d'applaudissements sans que le
président se risque non-seulement à faire
évacuer la salle, mais même à imposer si
lence à ces démonstrations inconvenan
tes.
Après cinquante minutes de délibéra
tion, le jury apporte un verdict d'acquitte
ment. Nouvelle explosion de bravos et
d'applaudissements. Le défenseur em
brasse l'accusée, le public embrasse le dé
fenseur.
A la porte du tribunal, foule énorme.
Véra Zassoulitch et son défenseur sont
accueillis à la sortie par des cris et des
hourras. Quelques énergumènes les soulè
vent et les portent en triomphe. La police
veut mettre le hola & ces expansions par
trop significatives; on invite la dame à
monter en voiture pour, se soustraire aux
ovations. Elle résiste. Une mêlée s'en suit.
Deux coups de pistolet partent, on ne.'sâit
d'où, et la damç Za^Qulilcb, ainsi qu'un
f étudiant qui se trouvait à ses côtés, lom-
[ bent, Vera Zassoulitch blessée à l'aisselle
' droite, l'étudiant raide mort....
\ C'est tout un tableau que cette chaînante
histoire. - ,
Un préfet qui fait fustiger à coups û3
verges des inculpés politiques. ,
Une dame, indignée de cette infamie *
qui ne trouve rien de mieux que d'aller
assas'siner ce préfet à verges.
Un jury qui acquitte à l'unanimité une
tentative d'assassinat avec préméditation,
tentative suivis de blessure dangereuse.
Un public qui acclame avec enthousias
me cet étrange verdict, qui acclame l'hé
roïne dè ce haut fait.
Ce président qui n'ose pas imposer le
respect que le public doit à la justice.
Enfin cette scène finale de tuerie dans la.
rue, où, par le plus étrange hasard, deux
coups de pistolets sont évidemment tirés
sur Vera Zassoulitch, dont l'un atteint un
innocent qu'il tue sur place.
Charmant intérieur, en vérité I , f
On nous ' écrit de Londres, le
avril :
La c détente» que quelques journaux
optimistes de Londres sighalaisut ces'
Jours derniers dans la situation a fait place 1
à des spéculations moins riantes. Il est vrai 1
de dire que cette détente manquait de ba
se sérieuse. On avait parlé des hésitations*
russes, devant l'attitude du cabinet au J
trichien, de l'arbitrage du prince de Bia J
marck, du ton conciliant pris parle prince
Gortschakoff sur la question de la Bessa
rabie. Et comme il faut, tous les quinze
jours, aux gens d'affaires et da Bourse»
une période de calme, les nuances dans la
situation diplomatique ont été mises pn
avant comme des symptômes heureux.
Au fond la Russie songe si peu à céder
qu'elle continue à améliorer ses positions
en Asie, sur le Bosphore, en Roumanie.
Et ce n'est pas tout, elle tient à faire sa*
voir fc l'Europe qu'elle se prépare spécia
lement à une guerre maritime contre l'An-;
gleterre. Un correspondant du Globe écri J
vait de Cronstadt à ce journal-que tout en
poursuivant avec un redoublement d'actif
vité les travaux de défense des côtes dans
la Baltique, le gouvernement russe prend
ses mesures pour être en état de faire an
commerce anglais la guerre de corsaires.
C'est ainsi que, d'après ce correspondant*
.28 officiers et 400 marins ont dû quitte?.
Cronstadt, dimanche, pour s'embarquer au!
Havre à destination de New-York. Ils
auront 4 former le noyau d'une escadre de
corsaires que la Russie veut -organiser
dans les ports américains et qu'elle, placer
rait sous le commandement du prince
Alexis et du fameux capitaine russe Bara-
noff. Après ceux-là il y en aura d'autres,
car plus de2,'761 marins russes encombrent
les rues de Cronstadt et on les prépare au
service actif. Tout, cela ne me parait pas
bien alarmant pour la marine anglaise;;
mais je trouve que ces préparatifs ajoutés
aux précautions militaires prises par la.
.Russie sur le théâtre de ses derniers ex
ploits n'indiquent nullement l'intention
qu'on lui prêtait de vouloir désarmer.
. Quant & l'Angleterre, je n'ai pas besoin'
de vous dire qu'elle pousse avec vigueur 1
l'organisation de ses ressources maritimes
et militaires. Le gouvernement anglais, &
en croire un de ses organeB les plus ar
dents, espère prendre la Russie par l'épui
sement de ses ressources, e Si la Russie,'
dit cet organe, refuse d'accéder aux condi
tions de l'Angleterre, il n'est pas nécessai
re que nous lui déclarions la guerre, et il
est extrêmement improbable que le gou
vernement anglais fasse une déclaration
de guerre en règle. Il lui suffira de conti
nuer ses armements, d'occuper certains
poiùts de territoire, sans provoquer néces
sairement de collision avec les forces rus
ses et de faire rester la Russie dans ses
positions actuelles ; c'est-à-dire avec un
traité non reconnu en poche et sans autre
gain de guerre que la possession d'un terri
toire gardé au prix de frais ruineusemenl.
coûteux, et cela jusqu'à ee qu'elle revienne
au sentiment de ses devoirs. envers l'Eu
rope. »
Je vous donne cette façon d'envisager le
conflit anglo-russe parcs que je la trouve
dans le Pall Mail, qui passe pour la pro-.
priété et l'organe de M. Smith, l'honorable-
premier lord de l'amirauté. Mais franche
ment, si le ministère veut éviter de dire au
peuple anglais qu'il va sûrement à la guerre,
il est difficile de croire que lord Beacons-
field et ses collègues se flattent d'abattre
la Russie sans coup férir... Il faudra pour
arriver au résultat qui est le but de'la poli
tique autre chose que des batailles de cir
culaires et des crédits supplémentaires.
On nous écrit de Bruxelles :
Ma dernière lettre vous signalaitTémo J
tion soulevée danB les rangs des catholi
ques par la publication fort opportune de
labrochure : Catholique et Politique. A cet
égard, je m'étais permis de noter l'attitu
de respective des journaux catholiques par
mi lesquels ceux qui sont vraiment dignes
de ce nom avaient fait le meilleur accueil à
la brochure, tandis que le Journal
Bruxelles , par exemple, n'avait pas eu da
termes assez vifs pous en blâmer la publi
cation. . f,.' • :s
L'organe ministériel qui est, j'ai regret
d'avoir à. le répéter, plus ministériel que
catholique, a naturellement asse^ mal pris
mes observations.il eût mieux fait, à son ;
point de vue, de démontrer qu'elles n'é
taient pas exactes, mais c'est ce que j'at
tends encore. Il m'est donc permis, sans»
entrer davantage dans la polémique., do
constater que rien de sérieux n'a été nulles
part opposé à l'auteur inconnu de la bro
chure. Far c'oaséijueal, on peut -être eûr
N* 3841. — Édition quolidiennè.
»
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Jeudi 18 Avril 1878
mm ■«■m ... »,n. M».«llU »iyBgi
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PARIS _ '
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Six mois • i « 111111 « i • ; a ï 30
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^ Numéro, à Paris. ;. ; ;.. 15 cent.
*-i Département » . 20 —
— * bureaux «-'•
Parts, 10, rue des Sainte-Porcs
On slaboaae. à Rome, vin doïia ciimui» oô b? eu
TBANCÈ
PARIS, Ï7 AVRIL 1878
'Nous avons sigc&îé la campagne en
treprise par la, majorité de la Chambre
dés députés Contre la gendarmerie. Le
lïïot d'ordre a été donné, il faut que la
gendarmerie soit entre les mains des
radicaux, et les députés (sous ce rap
port, opportunistes et intransigeants,
s'entendent à merveille) veulent profi
ter de ce que le gouvernement est &
leur discrétion.
Cette campagne est toute naturelle ;
la haine des radicaux contre la gendar
merie doit ^ être bien grande si on
î& mesure à la peur que leur inspire
«ette institution salutaire. Si certains
députés, radicaux par caractère ou par
position, sont étrangers à cette haine
et à celte peur, ils doivent compter
avec les rancunes de leurs électeurs.
Orales électeurs radicaux ont eu sou
vent maille à partir avec le gendarme,
leur ennemi-né;: ils entendent que
leurs élus les vengent pour le passé et
les mettent à l'abri pour l'avenir.
Le jour où la gendarmerie, soustraite
à l'autorité du ministre de la guerre;
sera placée.sous celle du ministre de
l'intérieur, les radicaux auront triom
phé. Comment un gendarme se per
mettrait-il de sévir contre des élec
teurs, radicaux, avec des préfets comme
le citoyen Spuller, des sous-secrétaires
d'Etat comme le citoyen Lepère, des
ministres comme M. de Marcère. L'é
lecteur, blessé dans sa dignité, se
plaindrait à. son député, et celui-ci
saurait bien forcer ministre, sous-se
crétaire d'Etat et .préfets à faire res
pecter ses électeurs.
En attendant que ce glorieux triom
phe du radicalisme sur la gendarmerie
soit"obtenu,. M. Gambetta a imposé au
faible général Borel la circulaire sui
vante que l&Républque française publie
avec apparat dans sa première co
lonne.,
; ? A la suite des dernières élections, il
b est produit entre la gendarmerie et cer
taines autorités locales, des difficultés de
î3ature à nuire kla bonne ex/cutiondu ser-
Vice. Dos plaintes nombreuses m'ont étâ
adressées à ce sujet. Los enquêtes aux
quelles j'ai fait procédor, fout en me per
mettant de constater que ces plaintes n'é
taient pas toujours suffisamment fondées,
m'ont révélé l'existence d'un état de crise
«t da malaise, auquel, dans un but d'apaise -
ment, dans l'intérêtmême de la gendarme-^
rie, il convient de mettre un terme.
- 3 e vous prie d'inviter les chefs de légion
à prescrire aux militaires placés sous
leurs ordres d'apporter dans leurs rela
tions avec les autorités civiles et les popu
lations toute la conciliation désirable.
Ils devront s'abstenir de tout acte ou de
toute parole ayant trait à.la politique et
pouvant donner prise & des critiques ou à
des interprétations malveillantes.
. En outre, pour amener un plus rapide
apaisement dans les esprits, il convien
dra, dans les localités où les relations se
rvent particulièrement tendues entre la
gendarmerie et les autorités locales ou les
populations, de couper court par des chan
gements de résidence.
- Vous inviterez donc les chefs de légion
& mê proposer, par votre intermédiaire,
les mutations qui leur paraîtraient com--
ïnandées par l'intérêt du service. Ces mu
tations, qui n'auront, bien entendu, aucnn
caractère disciplinaire, devront ne pas nui-
jre aux intérêts des militaires qui en seront
l'objet.
, s ? ■ premiers jours de son minis
tère, nous avons annoncé au général
Borel où le mèneraient ses concessions
aux radicaux/ Nous lui disions qu'il se
livrait à merci à des ennemis sans
merci qui le conduiraient à des actes
dont sa conscience de soldat se serait
révoltée si on les lai avait imposés dès
l'abord< Le ministre de la guerre peut
voir maintenant combien nos prévi
sions étaient justes. Malgré quelques
résistances qui l'honorent, relative
ment aux invalides, à la réintégration
du major Labordère, il a descendu la
pente, et le voilà qui { en attendant de
passer la gendarmerie à M. de Mar
cère, livre les gendarmes à ladiscrér
tion des radicaux.
Dorénavant le plus obscur do3 dépu
tés radicaux, bien plus, le moindre ty
ranneau de village sera le maître du
gendarme. Qu'un gendarme déplaise à
un de ces messieurs et celui-ci le me
nacera de le faire changer. Il pourra
d'autant mieux le faire que les muta
tions ne seront pas « disciplinaires ».0n
ne pourra donc opposer en faveur du
malheureux gendarme coupable d'avoir
déplu à quelque coq de village qu'il n'a
pas démérité. On, ne pourra même pas
invoquer les intérêts matériels du gen
darme déplacé. S'armant de la circu
laire ministérielle, le radical répondra'
superbement que ces intérêts sont sau
vegardés,
Ces menaces incessantes, ces muta
tions perpétuelles désorganiseront le
service de la gendarmerie qui deman
de une connaissance approfondie du
pays et des habitants. Mais ce ne seront
pas les radicaux qui se plaindront de
cette désorganisation ; c'est un de leurs
principaux desiderata, et nombre d'é
lecteurs des nouvelles couches sociales
détestent encore plus le gendarme que
le prêtre. Ce n'est pas peu dire.
Mais les intérêts matériels du gen
darme seront-ils au moins sauvegardes,
comme le dit M. le ministre de la guer
re ? Ils ne pourront pas l'être, et cette
recommandation ministérielle, si elle
DÉPARTEMENTS _ ,
Un an. ««••••*••■*£•• « 4
Six mois-. '30 -/ ... V
Trois mois '45 -ÇiT\
Édition semi-quotidienne ■•....;
Un an, 32 fr. - Sis mois, 17 fr. — Trois mois!, 9 fifl'- " r
L'UNIVERS m répond pis les ^aJBBcrits qui loi sont adresses
- ' " .ASWOWCKS- ■
Kl. Ch. IiGMNGE, CE&F et C 1 », 6; plact d» la Boom.
témoigne d'une bonne intention,fiïïph-#
tre surtout une grande ignorancd de la
situation des gendarmes. Etant ëW^f f
tiellemcnt sédentaires, ils se marie&tY
leurs femmes, tenues à leur apporter
une petite dot, ont quelques propriétés,
une industrie ; un déplacement, quel
que précaution qu'on y apporte, leur
cause des pertes relativement considé
râtes. Aussi voit-on souvent des gen
darmes renoncer à l'avancement pour
ne pas être déplacés.
En réalité la circulaire ministérielle
sacrifie complètement la gendarmerie
et la livre à la merci des radicaux.
Et cet abandon de la gendarmerie
pS.? son défenseur naturel n'est justifié
par aucun motif. La circulaire ministé
rielle, quoique faite avec une habileté
malsaine, plus digne d'un avocat que
d'un soldat, prouve que la gendarmerie
n'a pas mérité l'a"bandon dont elle est
victime. La circulaire invoque des dif
ficultés, des tensions entre les autorités
civiles et la gendarmerie ; mais elle se
garde bien d'affirmer que les torts
viennent do celle-ci. Si le ministre
parle avec complaisance des « plaintes
nombreuses qui lui ont été adressées»,
il est obligé d'ajouter que les en
quêtes lui ont permis de constater que
les plaintes notaient pas toujours suf
fisamment fondées. » Dans une circu
laire de cette nature, l'aveu est d'autant
plus significatif, que le général était
obligé déménager les radicaux pour
ne pas perdre le fruit de la triste con
cession qu'il leur faisait.
; Nous pourrions ajouter que la circu
laire du général Borel, avec la publicité
qui lui est donnée, inflige à la gendar
merie tout entière, pour des plaintes
« insuffisamment fondée^», un blâme,
général qui ne peut que diminuer son
autorité morale. E q admettant même
que quelques -unes de ces plaintes aient
été fondées, il existait des moyens de
répression qui n'auraient atteint que
les coupables. Mais il fallait plaire aux
radicaux.
La République française a bien com
pris la portée de la circulaire ministé
rielle.- Non contente de l'enregistrer
triomphalement dans sa première co
lonne, elle la commente avec une exal
tation qui, pour un moment, lui fait
perdre son allure rogue et dogmatique.
M. Gambetta délivre au général Borel
un témoiguage de satisfaction. « Le
ministre de la guerre a bien parlé; et
■il.a fait son devoir. » Voilà .un pauvre
papier qui, nous voulons le croire, pè
sera lourdement sur la conscience du
général Borel, lorsque, débarrassé de
soii portefeuille, le vieux soldat aura
repris possession de lui-même^ -
D u reste, ce satisfecit n'est pas abso
lu. Le ministre « a fait son devoir, »
mais il faut qu'il achève son œuvre,
M. Gambetta le lui signifie :
Maintenant la circulaire de M. le minis
tre de la guerre suffit-elle pour remettre
toutes choses en ordre, pour faire rentrer
dans les limites de leurs attributions, dans
leur rôle, les membres de ce corps qui est
appelé à rendre de si grands services, et
qui fait tant de bien quand de mauvais gou
vernements ne le condamnent pas & faire
beaucoup de mal?L'autorité militaire obéi-
rat elle partout avec le môme empresse
ment et exécutera-t-elle de la même façon
la volonté ministérielle? N ojib voudrions
l'espérer. '
La République française connait sa
puissance. Elle comprend que les mi
nistres passent ; que les circulaires s'ou
blient ou se retirent; il lui faut quelque
chose de plus décisif. Le gendarme, le
« soldat ae la loi, » doit être enlevé à
l 'autorité militaire et livré entièrement
à l 'autorité civile. Le rôle du ministre
de la guerre se bornerait à fournir ou
même, à présenter des sujets, parmi
lesquels les autorités civiles choisi
raient. Cela formerait une gendarme
rie excellente... pour les radicaux.
Naturellement, la feuille opportu
niste ne pose pas la question avec cette
netielé : elle révolterait même certains
de ses lecteurs. Le chef de l'opportu
nisme est passé maitre dans l'art d'in
sinuer les choses sans les dire. Pour le
moment, il se borne à demander le
dualisme ; la gendarmerie relèverait à
la fois du ministre de la guerre et du
ministre de l'intérieur. M. Gambetta
sait que la majorité radicale aidant,
le ministre de la guerre, toujours
menacé d'être remercié, s'effacerait
devant son collègue de l'intérieur.
Ce résultat est inévitable avec le
dualisme et l 'Avenir militaire , feuille
peu suspecte, qui montre une certaine
tendresse pour les "projets militaires
des gauches, n'a pu s'empêcher de
protester contre ce qu'elle considère
avec raison comme la désorganisation
de la gendarmerie. Elle a combattu ce
nouvel et dangereux « empiétement »,
et rappelé que la gendarmerie tirait
une grande partie de son autorité mo
rale de son caractère militaire. Le jour
Où le gendarme cessera d'être soldat,
pour devenir la doublure du garde
champêtre, la gendarmerie aura fini
son rôle. Les radicaux, petits et
grands, le savent bien. ,
Après la capitulation du 14 décem
bre, on disait que le maréchal de Mac-
Manon, en livrant les remparts de la
place, avait voulu au moins conserver
la citadelle en mettant le général Borel
au ministère ^de la guerre. Hélas ! si
l'homme à qui a été confiée la citadelle
en livre successivement toutes les ap
proches, un jour viendra, peut-être
prochain, où il ne restera plus que le
réduit qui ne tiendra pas longtemps/
k. R astoux^
tfjm : ...
pouvait exister quelques doutes
;i^ s ^ r °j e des républicains, oppor-
' tunf frtës comme intransigeants, contre
a gendarmerie, un entrefilet de la Ré
publique française les.lèverait. Dans cet
entrefilet, placé assez loin de l'article
consacré à la malheureuse i circulaire
du ministre de la guerre, le journal de
M. Gambetta dénonce la gendarmerie
comme infectée de bonapartisme. Gé
néraux, colonels, officiers, sous-offi
ciers , simples gendarmes, tout le
monde est attaqué, sur la foi d'une
lettre plus ou moins authentique.
La feuille opportuniste n'ose pas con
clure à l'épuration, ce serait préma
turé; elle se borne à dire qu'elle « re
viendra sur ce sujet. » Mais, dès au
jourd'hui, on peut voir que les « muta
tions » annoncées par M. le général Bo
rel pourront prendre une grande ex
tension, au préjudice des « intérêts
matériels » des gendarmes. Plus tard,
si le dualisme s'établit, on trouvera
quelque chose de plus efficace.
M. le général Borel pourra lire ce
commentaire significatif de sa circu
laire. - : ' •
A. RASTOUL. ;
On lit dans les
leur : r
Tablettes d'un Specia-
Nous sommes en mesure d'affirmer qu'il
1 qu
b l'c
n'y a rien de vrai dans les bruits que l'on
fait courir sur la démission de M. le géné
ral Borel comme ministre de la guerre et
sur le remplacement de M. le général de
Miribel dans le grand service de l'état-
maior généraUdu ministère.
Toutes les nuanoes d'opinion, dans le
conseil des ministres, se sont effacées, et
il a été reconnu que les susceptibilités de
l'esprit de parti avaient suffisamment abu
sé des notes anonymes, indûment publiées
contrairement aux bons usages militaires,
et qu'il était temps de rendre au travail, &
la confiance dans leur situation, les hom
mes éminents et utiles que le maréchal
président a placés l'un & la tête, l'autre au
premier rang de l'administration chargée
de nos plus graves intérêts.
Il est à souhaiter que cette note soit
exacte; mais il faut souhaiter de plus
que M. le ministre de la guerre, main
tenu à son poste, ne donne , plus le
triste spectacle des concessions qu'il
fait coup sur coup aux exigences radi
cales et dont nous avons un nouvel et
déplorable exemple dans la circulaire
relative à la gendarmerie, que nous ap
précions ailleurs.
Plusieurs journaux publient la nou
velle ci-après :
M. Emile Ollivier est arrivé à Paris. Il
vient corriger les épreuves de son livre sur
le Concile au Vatican. Les amis de l'auteur
annoncent que dans ce livre, indépendam
ment de révélations diplomatiques de la
plus grande importance, on trouvera la
théorie des rapports de l'Eglise et de l'E
tat, l'appréciation du Syllabus, du dogme
de l'infaillibilité et tout un système des
tiné à protéger les prêtres contre les évê
ques. .
Si c'est à un ami de M. Emile Ollivier
que l'on doit la rédaction de cette note,
on a le droit de trouver fort peu conve
nables les termes dont il est fait emploi
pour recommander l'auteur « d'un sys
tème destiné à protéger les prêtres
contre les évêques » comme si les
prêtres étaient, ae la part des évêques,
soumis à une véritable persécution.
Il est d'ailleurs à supposer que le li
vre de l'ancien ministre prêtera ma
tière à des observations de plus d'une
sorte, s'il a traité les graves questions
énumérées ci-dessus dans l'esprit qu'il
a marqué dans son livre : Le 19 janvier.
Cela dit pour noter dès aujourd'hui les
réserves .nécessaires, il convient d'a
jouter que la situation jadis occupée
par l'auteur du livre qu'on annonce ne
manquera pas de donner un véritable
intérêt aux « révélations diplomati
ques » dont il est ici question. Puisque
l'indiscrétion diplomatique est à l'or*
dre du jour, tout ce qui a trait au con
cile sera précieux pour l'histoire, et
sous ce rapport', M. Emile Ollivier peut
être sur de nous intéresser.
Nous lisons dans le Moniteur i
On se souvient qu'au lendemain du 14 décem
bre, il avait été question d'as projet tendant &
indemniser les fonctionnaires révoqués pour
oause politique par le ministère du 16 mai, et
plus spéoialement les instituteurs primaires.
Ce projet paraissait avoir été abandonné.
.Quelques conseils généraux, dans la session
qu'ils viennent de tenir, ont repris la question
et demandé le vote de sommes destinées & in
demniser les instituteurs révoqués on simple
ment. déplaoés du 15' mai an 14 décembre.
Le conseil général du Puy-de-Dôme ayant
été saisi d'une demande de ce genre, M. le pré
fet a déclaré qu'il avait déjà, satisfait, dans une
grande mesure au désir exprimé dans oelte
demande. 11 a ajouté qu'en prenant possession
de la préfeoture du Puy-da-Dôme, il avait, en
vertu des instructions du ministre de l'instruction
publique, répare tes injuttices commises par h
16 mai envers un grand nombre d'instituteurs, et
que deux crédits inscrits au budget lui en avaient
fourni les moyens.
M. le ministre de l'instruotion publique fai
sant partie de ce oonseil a, en confirmant les
déolarations du préfet, ajouté que oelui-oi n'a
vait agi qu'en vertu des ordres du gouverne
ment, lequel avait voulu, non exeroer des re
présailles, mais faire des réparations néoes-
saires. ■■
M. Bardonx n'ayant certainement pas donné
les" ordres et les instructions dont il a parlé
uniquement au préfet de son département, il y
a lieu de penser que tout les préfets ont été in
vités à procéder comme oelui du Puy-de-Ddme.
Mais ici se présente une question qui nous pa
raît avoir quelque gravité.
Ainsi qu'il résulte des déclaration* faites par
U. le préfet du Pay-de-Oôme, les ordres du mi
nistre, tendant & indemniser les instituteurs
évoqués ou déplacés, ont reçu leur exécution
pleine et entière, sans que leâ oonssils géné
raux aient été préalablement consultés. Or, le
prêtât, .agent du gouvernement, ne peut, à au
cun titre, disposer des fonds du département.
Les oonssils généraux, doât la majorité est
fayorable à os système d'indemnités* peuvefat,
aprÔ3 ooup, donner leur approbation et leur:
sanction au fait accompli ; mais oomment fera-
t-on pour régulariser osa dépenses, si les con
seils généraux opposés à la mesure dent il s'a-,
git refusent d'approuver les actes du préfet ?
On serait sans doute amené, pour sortir de la
difficulté, & recourir à des virements ; mais
o'est un prooédé budgétaire trop officiellement
blâmé et condamné par les hommes qui sont
aujourd'hui aux affaires, pour que nous croyions
que le gouvernement approuverait oeux de ses
préfets qui y reoourraieit.
La question que nous soulevons ici n'est ni
sans importance, ni sans gravité,, et nous se
rions heureux que des explications catégoriques
nous fassent fournies à ce Bujet..__
Les réflexions dH Moniteur sont bonnes à
noter. Mais ce qui ne l'est pas moins, c'est
que le fait, à propos duquel M. Bardoux
aurait produit les déclarations rapportées
plus haut, serait absolument inexact en ce
qui concerne précisément le Puy-de-Dôme.
Voici, en effet, ce que nous lisons dans le
Françats :
Un curieux incident, s'est produit jeudi der
nier à la séance du oo&sail général du Puy-de-
Dôme. Un des membres de la gauche, M. Du-
chasseint; député, s'est plaint que des . institu
teurs du Puy de-Dâme eussent , été rivoqués
pour cause politique par « le gouvernement du
16 mai »! M. le oomte Martha-fiéker a protesté
alors éner„iquement et affirmé qu'aucune révo
cation n^vait eu lieu & oelte époque dans le
Puy-de-Dôme. < J'ai l'honneur, dit il, de faire
partie du conseil départemental de. l'instruction
primaire. Par conséquent, si un instituteur eût
été révoqué, l'affaire nous eût été immédiate
ment soumise. Or, j'affirme qu'aucune masure
de o gçnre n'a été prise pendant cette période à
l'égard à'aucun instituteur du département du
Puy-de-Dôme. »
Il est superflu de rien ajouter à cette
constatation. Mais il est d'autant plus ur
gent quç, le gouvernement réponde & la
question formulée par le Moniteur,
On lit dans la Lanlerne :
La commission générale d'enquête nom
mée par la Chambre des députés ayant pu
constater que des faits d'une gravité ex
trême, notamment de corruption électo
rale et de trafic de fonctions publiques, se
sont preduits dans certains départements
du Midi, à adressé un rapport spécial au
garde des sceaux.
Nous apprenons qu'en raison des faits
signalés, des poursuites seront exercées
contre un conseiller d'Etat, deux anciens
ministres, un ex-prél'et et un magistrat ré
voqué. ' . .
Il nous larde d'apprendre, par leurs
noms, quels sont les personnages dont
parle la Lanterne, et qui seraient pour
suivis à la demande des commissaires
enquêteurs. Mais, à vrai dire, nous ne
croyons pas beaucoup à ces poursuites.
De temps à autre,en effet, les radicaux
s'étudient à lancer des nouvelles de ce
genre afin de donner quelque crédit
aux travaux de la commission d'en,
quête, qui en manquent absolument. II
est à présumer que la nouvelle donnée
par la Lanterne n'est qu'un racontar de
même espèce et sans autre portée.
: Ôn lit dans le Courrier de Genève :
Au moment de mettre seus presse, nous
apprenons la révoltante nouvelle de l'em
prisonnement de* M. le curé de Chêne. Le
sacrilège attentat commis lors de la dévas •
tation de la chapelle et de la cure de
Chêne, avait jeté tant d'odieux, sur le gou
vernement, qu'il a voulu se venger sur la
personne de M. le curé Delélraz. C'est &
cinq heures du soir, le lundi de la Semaine
sainte, que M. le curé a été jeté en prison.
La paroisse de Chêne est dans la conster
nation et les larmes : on a voulu la priver
de son vénérable curé pendantles jours où
elle en a le plus besoin.
C'est comme voleur que M. le curé
Delétraz a été conduit en prison. On l'ac
cuse d'avoir détourné à son profit les
objets servant au culte, les calices, ci
boires et ostensoirs dont le gouverne
ment de Genève est venu faire razzia
dans l'église de Chêne, juste au mo
ment où les fidèles étaient réunis au
tour du Saint-Sacrement pour les priè
res des quarante heures.
L'accusation de détournement des
objets, dont on l'a privé ces jours-ci, a
déjà été élevée r ily a quatre ans, contre
M. le curé de Chêne; et par un arrêt
de non-lieu, la chambre d'instruction a
reconnu que la « réclamation étant pu
rement civile ne pouvait donner lieu à
une instance pénale ». .
A Genève, ce qui ne peut donner lieu
à une instance pénale peut donner lieu
à une pénalité préventive. C'est le pro
cédé de justice dans cette aimable ré
publique. La faute, cette fois, est bien
à la chambre d'instruction. Elle est ar
rivée à déclarer, comme résultat de sa
procédure, qu'il n'y avait de la part de
l'inculpé aucune intention malicieuse
de soustraire les objets, qu'on l'accu
sait de détenir sans droit, aux recher
ches de ceux qui s'en pouvaient esti
mer légitimes propriétaires.
D'après cette décision, si l'Etat ou
tout autre prétendait à la légitime
propriété des objets en question, il de
vait assigner M. le curé de Chêne qui
les détenait et qui légalement restait
présumé propriétaire. En justice, c'est
au demandeur à démontrer le droit
qu'il revendique. L'Etat de ^Genève ne
l'entend pas ainsi. Il veut être défen
deur, et il tient à être assigné par M.
Deletraz, à qui il prétend imposer le
rôle de demandeur. Pour intervertir
les positions et contraindre M. Deletraz
a répéter contre lui, l'Etat s'est emparé
violemment et sacrilégement des ob-
jels servant au culte catholique, M, le
' curé ne se montrait pas disposé à se
prêter à ce jeu, et à reconnaître à l'Etat
îa qualité de possesseur légitime des
objets en litige. Pour faire court, on
l!emprisonne, comme voleur. 11 y a
bien l'arrêt de la chambre d'instruc
tion que nous avons signalé. Il y a
bien .encore le code qui déclare que
tout prévenu ayant bénéficié d'un arrêt
de la chambre d'instruction, ne peut
plus être du même chef traduit devant
les cours, criminelle ou correction
nelle, à moins qu'il ne survienne de
nouvelles charges contre lui.
Le code parle de prévenu en général;
mais le gouvernement de Genève estime,
lui qui se tient pour le plus fort, que le
prévenu catholique et surtout prêtre
catholique ne peut exciper d'aucune
loi, ni d'aucun droit, et est passible de
tous les sévicés, exil, confiscation, em
prisonnement, qu'ilplaît au gouverne
ment de lui infliger.
C'est là, à Genève, la pratique de cette.
« liberté dont jouit l'Eglise catholique,
— assure effrontément le conseil fé
déral, dans sa lettre au souverain Pon
tife, — et garantie par la Constitution,
sous la seule réserve que les autorités
ecclésiastiques n'empiètent ni sur les
droits et compétences de l'Etat, ni sur
les droits èt libertés des citoyens. » M.
le curé de Chêne, autorité ecclésiasti
que dans sa paroisse, en achetant et en
possédant les vases sacrés nécessaires
à l'exercice du culte catholique, empié
tait sans doute sur les compétences de
l'Etat et aussi sur les libertés des ci
toyens. C'est pour cela que le gouver
nement de Genè\e, contrairement au
texte de la loi, dont bénéficierait tout
voleur émérite, met un prêtre vénéra
ble en prison. La garantie de liberté
donnée par la Constitution fédérale à
l'Eglise catholique le veut ainsi.
On télégraphie de Pesth à la Gazette
de Cologne
Oh assure dans les cercles officiels que
la bonne entente est rétablie entre l'Autri
che et la Russie, cette dernière s'étant en
gagée à ne pas passer l'Aluta.
Nous ne comprenons rien à cet enga
gement. L'Aluta, venant de la Transyl
vanie, laisse la Moldavie étla majeure
partie de laValachie, Bucliarest com
pris, à sa gauche. Par conséquent, la
Russie ne s'est pas engagée à grand'-
chose.
On nous écrit de Saint-Pétersbourg,
le 13 avril :
Souvent un incident, un simple petit dé
tail pris sur le vif en dit plus sur l'état so
cial d'un pays que n'importe quel gros vo
lume. Voici, par exemple, quelque chose
qui vient de se passer ici, quelque chose de
mince importance peut-être, mais qui vous
donnera en peu de traits le vrai mot sur le
gouvernement, sur le public et sur leurs
rapports mutuels.
Je résume autant que possible.
Vous connaissez l'attentat commis parla
dame Zassoulitch sur la personne du géné
ral aide de camp Trépoff, préfet de police
à Saint-Pétersbourg.
Hier l'accusée Vera Zassoulitch a passé
en cour d'assises. Parmi les douze jurés se
trouvaient neuf employés d'administration,
un gentilhomme, un marchand et un ar
tiste.'
Vera Zassoulitch expliqua ainsi les mo
tifs de son crime :
Elle avait lu dans un journal que, lors de
l'arrestation de quelques nihilistes & la
suite de l'affaire dite de l'église de Kasan
(troubles et cris séditieux), un des inculpés
(Bogolttboff)avaitreçu,par ordre dugénéral
Trépoff, £5 coups de verges comme peine
disciplinaire. Cette correction infamante
indigna à un tel point la dame Zassoulitch
que, sans connaître personnellement l'in
culpé BogolubofT, elle se décida à venger
ce dernier. Vera Zassoulitch se trouvait
alors à Penza, à un millier de kilomètres
de St-Pétersbourg. Elle réunit quelqu'ar-
gent, acheta un revolver, prit un billet de
troisième classe et, le lendemain de son
arrivée à St-Pétersbourg, se présenta chez
le général Trépoff sous prétexte de péti
tion.
On sait le reste. Ea présentant unplacet,
elle tira à bout portant sur le préfet et le
blessa grièvement.
A l'audience, l'attitude de l'accusée est
très calme et trè3 correcte. C'est une pe
tite et chétive personne, aux traits minces
et accusés ; vingt-huit ans comme âge.
La salle est bondée. Une foule de nota
bilités et de hauts personnages de tout
genre, entre autres le prince-chancelier
Gortschakoff. Public houleux et surexcité.
Les explications de l'accusée et le discours
du défenseur sont accueillis par des ton
nerres d'applaudissements sans que le
président se risque non-seulement à faire
évacuer la salle, mais même à imposer si
lence à ces démonstrations inconvenan
tes.
Après cinquante minutes de délibéra
tion, le jury apporte un verdict d'acquitte
ment. Nouvelle explosion de bravos et
d'applaudissements. Le défenseur em
brasse l'accusée, le public embrasse le dé
fenseur.
A la porte du tribunal, foule énorme.
Véra Zassoulitch et son défenseur sont
accueillis à la sortie par des cris et des
hourras. Quelques énergumènes les soulè
vent et les portent en triomphe. La police
veut mettre le hola & ces expansions par
trop significatives; on invite la dame à
monter en voiture pour, se soustraire aux
ovations. Elle résiste. Une mêlée s'en suit.
Deux coups de pistolet partent, on ne.'sâit
d'où, et la damç Za^Qulilcb, ainsi qu'un
f étudiant qui se trouvait à ses côtés, lom-
[ bent, Vera Zassoulitch blessée à l'aisselle
' droite, l'étudiant raide mort....
\ C'est tout un tableau que cette chaînante
histoire. - ,
Un préfet qui fait fustiger à coups û3
verges des inculpés politiques. ,
Une dame, indignée de cette infamie *
qui ne trouve rien de mieux que d'aller
assas'siner ce préfet à verges.
Un jury qui acquitte à l'unanimité une
tentative d'assassinat avec préméditation,
tentative suivis de blessure dangereuse.
Un public qui acclame avec enthousias
me cet étrange verdict, qui acclame l'hé
roïne dè ce haut fait.
Ce président qui n'ose pas imposer le
respect que le public doit à la justice.
Enfin cette scène finale de tuerie dans la.
rue, où, par le plus étrange hasard, deux
coups de pistolets sont évidemment tirés
sur Vera Zassoulitch, dont l'un atteint un
innocent qu'il tue sur place.
Charmant intérieur, en vérité I , f
On nous ' écrit de Londres, le
avril :
La c détente» que quelques journaux
optimistes de Londres sighalaisut ces'
Jours derniers dans la situation a fait place 1
à des spéculations moins riantes. Il est vrai 1
de dire que cette détente manquait de ba
se sérieuse. On avait parlé des hésitations*
russes, devant l'attitude du cabinet au J
trichien, de l'arbitrage du prince de Bia J
marck, du ton conciliant pris parle prince
Gortschakoff sur la question de la Bessa
rabie. Et comme il faut, tous les quinze
jours, aux gens d'affaires et da Bourse»
une période de calme, les nuances dans la
situation diplomatique ont été mises pn
avant comme des symptômes heureux.
Au fond la Russie songe si peu à céder
qu'elle continue à améliorer ses positions
en Asie, sur le Bosphore, en Roumanie.
Et ce n'est pas tout, elle tient à faire sa*
voir fc l'Europe qu'elle se prépare spécia
lement à une guerre maritime contre l'An-;
gleterre. Un correspondant du Globe écri J
vait de Cronstadt à ce journal-que tout en
poursuivant avec un redoublement d'actif
vité les travaux de défense des côtes dans
la Baltique, le gouvernement russe prend
ses mesures pour être en état de faire an
commerce anglais la guerre de corsaires.
C'est ainsi que, d'après ce correspondant*
.28 officiers et 400 marins ont dû quitte?.
Cronstadt, dimanche, pour s'embarquer au!
Havre à destination de New-York. Ils
auront 4 former le noyau d'une escadre de
corsaires que la Russie veut -organiser
dans les ports américains et qu'elle, placer
rait sous le commandement du prince
Alexis et du fameux capitaine russe Bara-
noff. Après ceux-là il y en aura d'autres,
car plus de2,'761 marins russes encombrent
les rues de Cronstadt et on les prépare au
service actif. Tout, cela ne me parait pas
bien alarmant pour la marine anglaise;;
mais je trouve que ces préparatifs ajoutés
aux précautions militaires prises par la.
.Russie sur le théâtre de ses derniers ex
ploits n'indiquent nullement l'intention
qu'on lui prêtait de vouloir désarmer.
. Quant & l'Angleterre, je n'ai pas besoin'
de vous dire qu'elle pousse avec vigueur 1
l'organisation de ses ressources maritimes
et militaires. Le gouvernement anglais, &
en croire un de ses organeB les plus ar
dents, espère prendre la Russie par l'épui
sement de ses ressources, e Si la Russie,'
dit cet organe, refuse d'accéder aux condi
tions de l'Angleterre, il n'est pas nécessai
re que nous lui déclarions la guerre, et il
est extrêmement improbable que le gou
vernement anglais fasse une déclaration
de guerre en règle. Il lui suffira de conti
nuer ses armements, d'occuper certains
poiùts de territoire, sans provoquer néces
sairement de collision avec les forces rus
ses et de faire rester la Russie dans ses
positions actuelles ; c'est-à-dire avec un
traité non reconnu en poche et sans autre
gain de guerre que la possession d'un terri
toire gardé au prix de frais ruineusemenl.
coûteux, et cela jusqu'à ee qu'elle revienne
au sentiment de ses devoirs. envers l'Eu
rope. »
Je vous donne cette façon d'envisager le
conflit anglo-russe parcs que je la trouve
dans le Pall Mail, qui passe pour la pro-.
priété et l'organe de M. Smith, l'honorable-
premier lord de l'amirauté. Mais franche
ment, si le ministère veut éviter de dire au
peuple anglais qu'il va sûrement à la guerre,
il est difficile de croire que lord Beacons-
field et ses collègues se flattent d'abattre
la Russie sans coup férir... Il faudra pour
arriver au résultat qui est le but de'la poli
tique autre chose que des batailles de cir
culaires et des crédits supplémentaires.
On nous écrit de Bruxelles :
Ma dernière lettre vous signalaitTémo J
tion soulevée danB les rangs des catholi
ques par la publication fort opportune de
labrochure : Catholique et Politique. A cet
égard, je m'étais permis de noter l'attitu
de respective des journaux catholiques par
mi lesquels ceux qui sont vraiment dignes
de ce nom avaient fait le meilleur accueil à
la brochure, tandis que le Journal
Bruxelles , par exemple, n'avait pas eu da
termes assez vifs pous en blâmer la publi
cation. . f,.' • :s
L'organe ministériel qui est, j'ai regret
d'avoir à. le répéter, plus ministériel que
catholique, a naturellement asse^ mal pris
mes observations.il eût mieux fait, à son ;
point de vue, de démontrer qu'elles n'é
taient pas exactes, mais c'est ce que j'at
tends encore. Il m'est donc permis, sans»
entrer davantage dans la polémique., do
constater que rien de sérieux n'a été nulles
part opposé à l'auteur inconnu de la bro
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