Mardi 16 Avril 1878
N' 383.9 — Edition qùolidisnaè.
Mardi 16 Avril 1878
lin. an. . .
ISix mois.
Tr
PARIS
53 fr.
30
16
irou.^iMB. .
£8 Numéro, à Paris. 45 cent;
— Départements.. &Q —
BUREAUX.
Pans, 10, rue des Saints-Pères
t>j siabonne, à Rome, via deîîo Stimate, 22, 93
!3, 24
DÉPARTEMENTS
Un an ^ • So ftv ..
Six mois- 30 /■
Trois m'ois. . . 16
Édition semi-quQtidiemia -.>■
Un an, 3? fr. — Six jnois, 17 fc — Trois mois?, 9 f?»
. Ii'DNIVEBS ne répond pas des mawsçrits qCl.W sont aSressiâ
ANSOKCES
M. Ci. UGKAJiGE, CEÏF et C io , G, flJce d« i» Bonne*'"* s
FRANCS
VkRlZ t là AVRIL 1878
#4,
'At-
Où va-Uyn? se disent avec un même
senti mes. i d'inquiétude les hommes
que leur éducation, la nature de leur
«esprit, leurs intérêts ou leurs affaires
«ioignaioiit jusqu'ici les' uns des au
tres, surpris eux-mêmes de se rencon
trer dans une préoccupation com-
rau'iie. -
L Exposition va s'ouvrir» Quel que
^oit son succès, elle grèvera d'une
«norme dépense nos budgets déjà sur-
'-•H-a-rges. ma jwité de la Chambre
Prodigue à tout venant les millions du
irésor. Des entreprises dont l'excès
'eoraserait la. prospérité la plus solide
sent engagées à, l'heure même où le
pays se débat dîois une crise économie
ft ue , pien pîu.y redoutable que toutes
les crises poétiques.
, Toutes ifjg prévisions favorables ont
été escomptées outre mesure. Les maî
tres actuels de nos finances ne tiennent
aucun compte des chances mauvaises,
iia gu.erre imminente en Europe, la di-
rojn'dtion de nos débouchés commer-
j :19 ux> le malaise intérieur ralentissant
y'* consommation sont aujourd'hui plus
que_des probabilités. Qu'importe aux
anciens habitués du café Procope qui
"traitent l'équilibre de nos budgets com
me ils traitaient jadis les comptes de
leurs fournisseurs !
LafPrance a 36 millions d'habitants
dont\a fortuné, les revenus, la vie ma
térielle sont risqués comme un enjeu
f>9.r des gens d'aventure. Si la suspen-
s'.on du travail } la misère èt la faim leur
répondent, ils iront chercher un refuge
att delà de nos frontières. La politique
a été fructueuse pour eux. Les besoi-
g.ofcux de 1870 ont pris leurs précau
tions. Ils auraient dans leur exil des
compensations dorées.
Ils nous laisseront aux prises avec les
colères qu'ils auront déchaînées, avec
îés déceptions de leurs partisans, avec
des souffrances réelles d'autant plus
dures à supporter que les promesses
auroïit été plus séduisantes et les illu
sions plus habilement entretenues.
Pour contenir les passions et pour
apaiser les esprits, le gouvernement
désarmé, l'autorité bafouée, le chef de
l'Etat séparé de ses amis et servant
«l'instrument à ses ennemis. — Voilà
ïes forces de résistance que les minis
tres du 13 décembre légueront à leurs
successeurs.
Quand les élections sénatoriales au
ront établi l'harmonie des pouvoirs pu-
, , , se
démet pas? Que fera la France entre
les mains d'une majorité où le patrio
tisme est représenté par le Badois Spul-
ler et par le Génois Gambetta? Nous ne
parlons pas des membres de cette ma
jorité gui, d'après les actes publics de
»eur vie, où leurs procès représentent
la morale et les pratiques financières
du parti.
Dehors les étrangers ! Voilà le vrai mot
d'ordre d'une politique qui pourrait
«tre encore une politique de répara
tion et de salut. Le vieux sang français
est-il donc devenu si peuvre qu'il l'aille
livrer nos destinées à des cosmopolites
sans responsabilité et sans passé, dis
posant aujourd'hui, suivant leur ca
price, de notre or, de nos armées,
bientôt de nos croyances et de nos per
sonnes. Les mauvais jours seraient
plus faciles à supporter, la réconcilia
tion moins irréalisable, la solution des
redoutables problèmes de notre état
social moins impossible, si le gouver
nement de la France restait sans par
tage entre des mains vraiment françai
ses. ■
Puisse-t-il en être ainsi de l'avenir si
sombre et si effrayant dont la préoccu
pation assiège aujourd'hui tous les es
prits! Puissions-nous alier noh à de
nouvelles humiliations et à de nou
veaux désastres, mais à un gouverne
ment national, délivré des étrangers,
placé entre les mains d'une autorité
7 1 — Q — — ■** » *• » v**»* j |'U(t vi/
«e passé et cet avenir sont nos gloires
les plus pures .et la part la plus pré
cieuse de notre patrimoine.
• En ce temps d'opportunisme, nous
n'avons garde d'attaquer M. Bardoux,
qui nous préserve au ministère de
l'instruction publique et des cultes d'un
Guichard ou de quelque Germain Cas
se. Il y a longtemps que nous disons
que M. Gambetta est le dernier espoir
des conservateurs; nous devrons dire
aussi que M. Bardoux est le dernier ap-
, il
nous est cependant impossible de
proclamer avec le Journal des Débats
que son discours de Clermont est
excellent. Ce sont des manières de
dire officieuses que M. Bardoux lui-
même s'étonnerait de rebcontrer ici.
Il a assez d'esprit pour savoir ce que
valent certains compliments et pour
ne pas s'offusquer de certaines criti
ques. " ■
Le Journal des Débats nous accuse de
nous être inspiré des souvenirs de 1830
pour attaquer le discours de M. Bar
doux. Alors, dit-il, il s'agissait d'obte-
nirpa liberté d'enseignement, et toutes
les attaques pouvaient paraître de bon
ne guerre contre l'Université ; mais au-
jourd kuique Iç Monopole a dis]
4i u y a plu-» , selon lui, qu'irsju "
ealoïUj>»é ^ accuser l'Université c
gi'^ud-maître. Ne serait-ce pas plu ^
Journal 4m Débats qui s'est souvenu de!
discussions de 1830 pour louer le dis
cours de M. Bardoux? Quand MM. Ville-
main eLGuiïot défendaient l'université,
ils faisaient leur métier de grand-maître;
ils l'exaltaient pour ôler aux catholiques
le droit de s'en plaindre; ils la procla
maient, comme M. Bardoux, fille de la
Révolution, pour la rattacher aux ori
gines de la Francë moderne et flatter
les idées du parti libéral. En ce temps-
là les ministres de l'instruction publi
que déclaraient que, hors l'Univer
sité, il n'y avait ni bonne éducation, ni
vertus civiques, ni amour de la patrie.
C'était leur manière de défendre le mo
nopole.
Mais si le Journal des Débals ne conçoit
plus que les catholiques d'aujourd'hui
attaquent l'Université ou son chef,
comme ceux de 1830, comment ap
prouve-t-il que le ministre de l'instruc
tion publique actuel la défende , com
me ses prédécesseurs ? Est-ce que la
situation n'est pas changée pour M.
Bardoux, aussi bien que pour les ca
tholiques? Aujourd'hui, la loi reconnaît
deux enseignements : l'un public, l'au
tre libre; deux Universités : l'une d'E
tat, l'autre d'Eglise. Les deux enseigne
ments, les deux Université*, sans avoir
les mêmes prérogatives, ci surtout les
mêmes faveurs budgétaires, existent
en vertu du même titre. Ce sont deux
institutions parallèles. Légalement, le
ministre de l'instruction publique n'est
plus le grand maître de l'université, le
gardien du monopole de l'enseigne
ment; il est, comme ministre, préposé
à tout le département de l'instruction
publique, tel que la loi l'a organisé en
deux classes distinctes. Etant dans l'E
tat le supérieur hiérarchique de l'une
et l'autre catégorie d'enseignement, il
en est aussi le protecteur.
Cependant, malgré les lois de 1850,
de 1873, malgré le changement apporté
par elles non-seulement à la constitu
tion de l'enseignement, mais aussi à
la condition de ministre de l'instruc
tion publique, M. Bardoux a parlé
à Clermont comme eussent parlé ses
prédécesseurs de 1830. Pour lui, il n'y
a qu'un enseignement, celui de l'Etat;
qu'une Université, celle de l'Etat. Son
discours n'est pas celui d'un ministre
de l'instruction puBlique, animé de l'es
prit de la loi et du sentiment de son
double devoir : c'est le discours d'un
grand-maître de l'Université, d'un mo
nopoleur.
L'enseignement gui n'est pas de l'E
tat, l'Université qui ne relève pas de
l'institution napoléonienne, il les traite
en ennemi. M. Bardoux, ministre de
l'instruction publique, est l'adversaire
d'une instruction que la loi a créée. Il
a parlé des deux Universités comme s'il
n'y avait de bien, de vertus, de patrio
tisme que dans l'une, et comme si l'au
tre était un mal pour la société moder
ne. Et tel est si bien l'esprit de son dis
cours, que le Journal des Débals dit com
me lui, en le louant, que l'autre édu
cation « produit des effets contraires,
qu'elle éteint à la fois l'intelligence du
passé et celle du présent, et prépare
des générations qui seront dans le pays
des forces perdues»,etenfinque «l'Uni
versité fait des Français et l'éducation
cléricale des abonnés pour certains
journaux. »
Malgré les accusations du Journal des
Débats , nous nous croyons plus dans la
loi en reprochant au ministre de l'in
struction publique d'avoir méconnu
l'enseignement libre, que celui-ci en le
décriant ; et si c'est être bon républi
cain que de respecter la loi,nous avons
été meilleur républicain que M. Bar
doux.
Arthur Lots,
La Revue de France vient de publier
le travail qu'annonçait l'autre jour le
Moniteur , et par lequel M. le duc de
Gramont, sous le pseudonyme de Me-
mor > devait répondre aux élucubra-
tions du prince Napoléon, éditées dans
la Revue des Deux-Mondes. Pour cadrer
avec la division adoptée par le prince,
les explications de l'ancien ministre
des affaires étrangères se trouvent na
turellement diviséeà en deux parties
qui se raoportent aux négociations de
1869 et de 1870 ; mais, avant d'aborder
l'historique de ces négociations, M. le
duc de Gramont caractérise en quel
ques mots la publication du prince Na
poléon. Voici cette noble déclaration ;
Les pages qui nous occupent ont été
écrites pour la glorification d'une doctrine;
ce n'est pas et cela ne pouvait pas être de
l'histoire. Au surplus, il n'y a pas à s'y
méprendre, et l'auteur n'a pas manqué de
franchise : c'est un factun; contre le catho
licisme.
Après tout ce qui a'été dit et écrit sur cette
matière, les mots ne peuvent plus donner
le change sur les idées; Parti clérical si
gnifie parti catholique. C'est en effet entre
les catholiques et ceux qui ne le sont pas
que se posa le débat. Les catholiques ont
besoin de la papauté, et de la papauté li
bre. Pour les autres, le Pape est un incon
vénient, un ennemi contra lequel ils diri
gent leurs coups. Le3 premiers le défen
dent, les seconds l'attaquent. Et comme
moyen d'attaque, ils trouvent habile de
rendre la papauté responsable des mal
heurs de la France.
Et noua, nous déclarons, l'histoire en
mains, que cetîe ac.u>jation est injuste et
imméritée.
Passant à la démonstration, l'écri
vain de la Revue de France rappelle
it ce qui s'est passé en 1869.
t qu'à cette époque les négo
ciations dont le prince Napoléon a re-
tt^$£fhistorique ont été rompues au
feèftrie'r moment parce que le cabinet
de Florence faisait de l'évacuation im
médiate de Rome par les troupes fran
çaises la condition sine quù non de l'al
liance. Mais, sans parler des motifs de
défiance que les catholiques avaient
manifestée dès 1864, lors de la con
vention de septembre, et en se plaçant
au point de vue de la diplomatie impé
riale qui faisait de cette convention la
base, d'ailleurs acceptée par l'Italie et
l'Autriche, de l'alliance à conclure,
n'était-on pas fondé ù repousser une pré
tention contre laquelle se dressait l'ex-.
périence des cinq dernières années ? En
effet, l'article l"de la convention de sep
tembre 1864 portait que l'Italie non-
seulement s'engageait à ne pa? atta
quer le territoire amoindri du Saint-
Siège, mais à empêcher, même par la
force, toute attaque venant de l'exté
rieur contre ce territoire. Or, l'inva
sion garibaldienne avait presque aus
sitôt donné la mesure, soit de l'impuis
sance, soit de la mauvaise foi du gou
vernement italien, et ce qui s'est passé
au mois de septembre 1870 montre
clairement que c'était la mauvaise foi.
Dès lors le refus du gouvernement
français d'accéder à la prétention du
gouvernement italien n'était-il pas le
minimum des précautions à prendre,
et l'Italie, si elle voulait sincèrement
l'alliance avec la convention de sep
tembre pour base, devait-elle s'en of
fenser ? A cet égard, M; de Gramont dit
fort justement :
Lorsqu'en 1866 l'Autriche, vaincue et
écrasée par la Prusse, fut sommée d'aban
donner au vainqueur la Saxe, son alliée,
l'empereur François-Joseph n'hésita pas :
« Non, répondit-il, nous périrons avec elle
ou nous la sauverons avec nous. » Et ce
pendant il s'agissait pour l'Autriche de vi
vre ou de mourir. Mais c'était une ques
tion d'honneur, une de ces questions pour
lesquelles les peuples comme les hommes
font bien de mourir plutôt que de faillir.
. Or, en 1866, le plus ardent défenseur de
la solidarité austro-saxonne était précisé-'
ment M. da Beu&t, plus jaloux alors de
l'honneur autrichien qu'il ne l'était trois
ans plus tard de l'honneur français.
L'empereur, en' 1869, ne voulut pas livrer
le P8pe à ses ennemis, et ce relus arrêta
les signatures. C'est vrai ; mais que vient
faire ici l'accusation lancée contre le parti
catholique? Les lois de l'honneur changent-
elles donc avec les opinions religieuses et
politiques ? Et parce qu'il s'agit du Pape, la
perfidie devient-elle une vertu, la trahison
devient-elle une habileté? Sommes-nous
donc assez dévoyés pour que ces questions
se discutent devant un public français sans
sonlevor sa réprobation? Est-ce parce que
le Pape n'est pas un souverain ordinaire?
parce que le caractère religieux dont il est
investi donne au rayonnement de son au
torité spirituelle une ubiquité. devant la
quelle s'effacent les frontières? Mais ce
n'est pas lit une chose nouvelle; il ne dépend
ni d'un parti, ni d'un gouvernement, ni
d'un prince d'empêcher que cela soit. Et
c'est précisément parce que la papauté est
en quelque sorte la propriété du monde
catholique, qu'il n'appartenait pas à la
puissance qui, par sa volonté ou par leB cir
constances, en avait reçu la garde, de dis
poser du Saint-Siège comme d'une île de
l'Océanie eu d'une principauté danubienne.
Donc l'empereur eut raison, en 1869, de
ne pas livrer le Pape à ses ennemis. C'est
notre avis, et, catholiques ou non, bien d'au
tres le penseront comme neus.
Même en acceptant le narré des
faits pour 1869, tel qu'il a paru dans la
Revue des Deux-Mondes , voilà qui peut
servir à juger ces négociations. Mais
que dire des négociations qui eurent
lieu en 1870? Sur ce point, le récit du
duc de Gramont, tel qu'il est établi
par des pièces officielles, diffère sensi
blement de celui du prince Napoléon.
Celui-ci est convaincu, en particulier,
d'avoir, pour le besoin de sa cause,
imaginé de toutes pièces ou prêté
aux personnages qu'il met fen scè
ne, notamment le générai Tiirr, clés
démarches ou des dépêches dont
l'existence est tout au moins problé
matique, et dont le texte est parfois
complètement dénaturé. En résumé,
l'on peut constater, d'une part, que le
gouyernement autrichien jouait alors
un singulier rôle, en se chargeant de
réclamer pour le gouvernement italien
des garanties que celui-ci, officielle
ment, ne demandait pas; d'autre part,
que le gouvernement italien jouait en
core une ibis double jeu. Une courte
citation fera mieux juger de cet inci
dent survenu à l'ouverture des négo
ciations :
Jusqu'à ce jour, il n'avait pas été ques
tion d'autre chose pour Rome que de l'é
vacuation du territoire pontifical sur les
bases de la convention de septembre.
Le général Tiirr était alors à Paris, sans
mandat officiel ou officieux ; mais en sa
qualité d'aide de camp honoraire du roi
Victor-Emmanuel, et au nom des sympa
thies qu'il professait pour la causé fran
çaise, il s'intéressait vivement à la négo
ciation de la triple alliance, et offrait ses
bons offices comme intermédiaire privé. Il
fut reçu par le ministre dans la soirée du
20 juillet et partit ensuite pour Florence.
A dire vrai, les plénipotentiaires italiens
ne voyaient pas avec satisfaction, qu'il, in
tervint dans les affaires.
Ce fut alors que, pour la première fois,
se manifesta la pensée de demander à la
France quelque chose de plus que le retour
à la convention de septembre.
M. le comte de Beust en prit l'initiative
dans la lettre que l'on connaît, lettre datée
du 20 juillet, reçue à Paris le 23, et dont
la pensée se résumait en la phrase sui
vante :
« Le jour où les Français sortiront des
Etats pontificaux, il faudrait que les Ita
liens puissent y entrer de plein droit, de
l'assentiment de l'Autriche et de la Fran
ce. »
Cette, nouvelle exigence du cabinet de
Vienne devait causer à Paris une impres
sion d'autant gjus déplaisante que rien ne
l'avait fait prévoir. On avait peine à s'ex
pliquer comment la cour de Vienne, répu
diant tous les souvenirs de ses plus ancien
nes traditions, prenait tout à coup l'initia
tive d'un acte directement hoBtile à la pa
pauté; on se demandait avec étonnement
comment le mjnistre de l 'empereur Fran
çois-Joseph pouvait conseiller à la France
de renier ses engagements et de répudier
une convention récemment encore confir
mée par les derniers pourparlers qui
avaient amené l'accord des trois puissan
ces. Ce sentiment était à peu près général,
et l'ambassadeur d'Autriche lui-même l'é
prouvait à ce point qu'il ne pouvait dissi
muler ni les regrets, ni la surprise que lui
causait l'attitude de son gouvernement. Il
l'attribuait, pour sa part, à certaines dé
marches secrètes du cabinet de Florence,
malgré les assurances contraires des mi
nistres italiens.
Le fait est qu'à Florence il existait un
parti qui voulait profiter de la situation
pour faire faire un pas à la question ro
maine, c'est-à-dire prendre Rome pour
l'Italie. Sans aller peut-être aussi loin, les
ministres du roi le pressaient pour qu'il
obtînt de la Frauce une extension de la
convention de septembre, et le roi en avait
dit quelques mots au baron da Malaret
dans une audience qu'il lui avait donnée le
25 juillet. Ce que le roi demandait se bor
nait, suivant ses propres paroles, à un
consentement verbal de l'empereur qui lui
permît, en cas de nécessité, de faire occu
per par ses troupes une partie du terri
toire pontifical. «Si l'empereur, disait le
roi au ministre de France, avait assez de
confiance en moi pour me faire donnerver-
balement parvous-même l'assurance qu'en
présence de cette éventualité (Rome me
nacée par des bandes révolutionnaires), ou
d'autres analogues, il ne trouverait pas
mauvais que mes troupes fissent dans
l'Etat romain ce qu'y font les siennes,
c'est-à-dire veiller à la sécurité du Saint-
Père en occupant quelques points straté
giques, cette assurance me suffirait et tout
deviendrait facile. »
En réalité, et sous prétexte de donner
une extension à la convention de sep
tembre, c'est cette convention même
qu'on voulait supprimer de la sorte. Le
gouvernement italien finit par l'admet
tre et après quelques difficultés où nous
retrouvons encore une fois la main de
l'Autriche, M. Visconti-Venosta recon
nut officiellement, dans une dépêche
dont M. de Gramont donne, le texte,
que les trois puissances étaient d'ac
cord pour prendre comme base de leur
alliance la convention de 1864.
Par suite, il semblait qu'il n'y avait
plus qu'à signer le traité, car il est de
fait qu'au 30 juillet les trois puissan
ces étaient, sur ce point, parfaitement
d'accord. C'est alors que, par suite de
nouvelles intrigues dont le cabinet
italien paraît avoir été l'âme, mais
auxquelles il est certain que le cabinet
de Vienne se prêtait volontiers, un
nouveau projet de traité surgit à Vien
ne, où reparaissait la clause précé
demment écartée, parce qu'elle détrui
sait implicitement la convention de
septembre. Après de nouveaux pour
parlers destinés à ramener les contrac
tants aux termes primitivement arrê
tés, on convint finalement d'un texte
sur lequel de nouveau les trois cabi
nets se mirent d'accord, et qui com
portait un pacte enfre l'Autriche et l'I
talie pour une neutralité armée qui de
vait plus tard se convertir en une al
liance formelle des deux puissances a-
vec la France. Citons encore l'écrivain
de la Revue de France :
Les choses en étaient à ce point ; les re
présentants français avaient reçu les pleins
pouvoirs nécessaires, et on atiendait d'une
heure à l'autre la conclusion et la signa
ture du traité, lorsque survinrent les com
bats malheureux pour nos armes de Wcerth
et de Wissembourg.
Le ministère se retira le 9 août, et, selon
toute probabilité, il ne fut plus question
du traité austro-italien qui devait se fondre
en la triple alliance, car c'était avec la vic
toire plus encore qu'avec la France que
l'Autriche et l'Italie avaient voulu s'allier.
De la mission du 20 août et des aban-
bons qui paraissent en avoir été le but,
l'auteur de ce récit ne sait rien et ne peut
rien dire. Elle rentre dans- les faits da
guerre et n'appartient plus à la politique.
Mais ce qu'il importe de constater, c'est
que les alliances de l'empire n'ont pas été
brisées ou empêchées parla faute du Saint-
Siège.
Elles ont été déchirées par nos désas
tres qui, en quelques jours, nous ont fait
tomber au-dessous du niveau où se font et
vivent les alliances.
Faire intervenir l'idée religieuse et la
papaut'é dans les malheurs de la France,
les représenter comme la cause de ces
malheurs ; dire que la papauté a coûté à la
France l'Alsace et la Lorraine, c'est servir
en aveugle les passions de ce parti cosmo
polite qui, lui plus que teut autre, fait pas
ser la haine du catholicisme avant l'amour
de son pays et les traditions séculaires de
la France. Ce n'est pas là de l'histoire,
c'est .autre chose.
Ainsi conclut M. le duc de Gramont,
et cette conclusion sort en effet de son
étude. C'en est assez pour faire voir ce
que valent les assertions du prince Na
poléon s'en prenant au « cléricalisme »
des désastres de la France. Nous avons
déjà dit que les responsabilités étaient
ailleurs, .et, sous ce rapport, il y aurait
quelque chose à ajouter au plaidoyer
de M. le duc de Gramont; car s'il
justifie la diplomatie impériale au
sujet des négociations spéciales en
tamées en 1869 et 1870, il n'a dit et ne
pouvait rien dire de ce qui avait été
luit auparavant. C'est à ce point de vue
et én remontant jusqu'à l'année 1860
qu'il serait facile de mettre à la charge
de l'empire révolutionnaire les vérita
bles responsabilités, en faisant toucher
du doigt les fautes d'où sont venus
tous nos malheurs,
Auguste Roussel.
Le centenaire de Voltaire donne lieu
à une assez jolie comédie. Il y a rup
ture entre le comité Menieret le comité
de la société des gens de lettres. Le
chocolatier, qui a lancé l'affaire, tient à
en avoir seul les profits et la gloire. Il
l'a déclaré par son barbouilleur Yves
Guyot, et a signifié, toujours par le
même organe, au comité de la société
des gens de lettres qu'il le poursuivrait
en contrefaçon s'il persistait à vouloir
part à deux.
Voici en quels termes attristés la Mar
seillaise annonce cette nouvelle à sa
clientèle :
Ainsi, ce que craignaient plusieurs es
prits sensés est arrivé : on se dispute Vol
taire, et cela, pour la satisfaction de quel
ques personnalités avides de se produire,
et qui n'ont pas voulu s'effacer devant des
noms plus autorisés que les leurs, et plus
capables, en même temps, d'assurer le suc
cès de Y œuvre entreprise.
De l'œuvre entreprise ! Il y a évidem
ment ici un mot de trop, le mot œuvre.
Reste le mot entreprise, qui est la con
séquence des prémisses posées par l'au
teur de l'article. Envisagé à ce point
de vue pratique, le centenaire de Vol
taire ne pouvait pas trouver un meil
leur entrepreneur que M. Menier, puis
que M. Havin n'est plus.
On écrit de Valence au Figaro:
M. Richard, maire de Nyons, élu diman
che dernier à une faible majorité contre le
comte d'Aulan, invalidé, commence à être
importuné par les protestations.
A Nyons, le bureau électoral qu'il prési
dait lui-même, en qualité de maire, lui a
attribué vingt-deux bulletins où son nom
avait été biffé et remplacé par celui de son
concurrent.
Le procureur général de Grenoble a été
saisi du fait.
Si le fait est vrai, il change complè
tement le résultat de l'élection, pour
laquelle les chiffres .officiels sont lés
suivants :
Inscrits : 10,435
Bulletins trouvés dans l'urne, 9,174.
A déduire, pour le calcul de la majorité
absolue, bulletins nuls ou non comptés, 5.
Majorité absolue : 4,584
MM. Richard 4,599 voix.
d'Aulan 4,559 —
Divers 8 —
De ces chiffres, il résulte que M. Ri
chard n'a que 15 voix de majorité ab
solue. Si les bulletins lui sont retirés,' il
n'a plus que 4,577 voix, chiffre inférieur
à la moitié des suffrages exprimés, et si,
conformément à la jurisprudence de la
Chambre dans les élections de Saint-
Malo, Lectoure et Mauriac, les 22 suf
frages sont attribués à M. le comte
d'Aulan, ce dernier aura 4,581 voix,
par conséquent 4 voix de plus que son
concurrent radical. Il ne serait cepen
dant pas élu à cause des 8 voix per
dues.
Dans tous les cas, un scrutin de bal
lottage devient nécessaire, et il aurait
lieu si M. Richard n'était pas radical.
Mais comme le candidat élu lui appar
tient, la gauche le validera comme elle
a validé le citoyen Boudeville, dont la
majorité d'une voix était plus que dou
teuse. Qui sait même si quelque dé
puté n'invoquera pas la décision souve
raine de la commission de recense
ment, si lestement infirmée pour MM.
Descamps, Durrieu et Durand?
On écrit à l'Economiste français , dont
le directeur est M. Paul Leroy-Beau-
lieu, un rédacteur du Joiirnal des Dé
bats, peu suspect d'hostilité contre le
régime actuel :
Lille, 11 avril 1878,
Rien encore à signaler dans la situa
tion de l'industrie sidérurgique. Les mé
tallurgistes cherchent à donner au cours
de 160 francs pour les fers marchands une
valeur plus effective. Les charbonnages
cherchent les moyens de limiter leur pro
duction.
En toiles, il est venu de Paris un cer
tain nombre de commissions pour la fabri
que. Ea matières brutes, la marchan
dise se fait rare. Les étoupes de peignage
russe sont demandées à livrer. Les fils
sont presque délaissés ; les prix sont fai
bles. Ceux de jute obtiennent un meilleur
écoulement, mais sans .amélioration dans
les cours.
Le marché aux blés de mercredi était
foat mal approvisionné. Le débit n'en a pas
été plus actif. Les cours sent sans change
ment.
Rouen, 11 avril 1878.
Les filataurs ne trouvent guère d'écoule
ment pour leurs colons et garnissent leurs
magasins.
Le calicot est peu demandé. Larouenne-
rie se place difficilement, malgré quelques
commissions venues du dehors. La belle
cretonne est en baisse sensible. Le mou
choir et l'indienne sont très peu demandés.
Les étrangers ont été assez rares et le
commerce des tissus s'en est ressenti.
D'autre part, on lit dans le Pays :
t L'ère de prospérité » annoncée par le
cabinet du 14 décembre est loin de se réa
liser.
Les nouvelles qui nous arrivent de tous
les coins de la France annoncent que l'in
dustrie et le commerce sont dans le maras
me le plus navrant dans les grands centres,
Les marchands et les fabricants se deman
dent avec aaxiété comment ils feront lace
à leurs échéances.
Dans le bassin du Rhône, les chefs d'à»
sine ont été obligés de renvoyer une par
tie de leur personnel.
Enfin, la propriété foncière elle-même
es; atteinte.! Les produits de la terre ne se
vendent pas. Dans nos contrées vinicoles,
en Bourgogne notamment, les commandes
sont nulles, et bien des propriétaires ont
des richesses en cave, richesses qui ne'
leur rapportent rien. A quand la Républi
que u prospère »?
La question du congrès, aujourd'hui
remise sur le tapis, fait épanouir de
nouveau les espérances des optimistes.
Parce que lord Salisbury et le prince
Gortschakoff ont, dans leurs circulai
res respectives, prodigué les formules
polies et les intentions pacifiques, on a
voulu y voir un double désir de parve
nir àun arrangement.» Les deux minis
tres de Russie et d'Angleterre veulent
bien ne pas repousser l'idée d'un con
grès. Donc, nous aurons le congrès, et
si nous avons le congrès, nous tenons
la paix.» '
L'optimisme en matière politique est
une lunette au bout de laquelle l'opéra
teur voit toujours ce qu'il désire. Lisez.
Diafoirus, dans le journal où depuis-
tantôt dix ans il .chante imperturba
blement les grandeurs de l'esprit hu
main « éduqué » suivant la formule de
l'Université. La décadence, il n'en
veut pas; l'anarchie est un fantôme
des peurs conservatrices ; la guerre est
un cauchemar, et il n'y a pas de cau
chemar, de fantôme et de décadence là
où Diafoirus écoule sa prose et vend
son journal.
De temps à autre pourtant des mal-
heurs arrivent : guerre, anarchie, or
gies de ministères et de galons passent
sur Paris la « grand'ville » comme
une averse. Tout cela ne tuera pas Dia
foirus, et le voilà qui, à peine échappé
de l'averse, recommence son petit com
merce de phrases sur les douceurs fa
tales de là République et sur la frater
nité des peuples.
Donc aujourd'hui Diafoirus est plein
de flamme pour la république, pour
l'Exposition et pour la paix. Il estime le
Russe, il estime l'Anglais; il ne méprisé
pas le Turc; il croit volontiers lord Sa
lisbury et le prince Gortschakoff capa
bles de dissiper le nuage noir qui at
triste le ciel d'Europe et qui l'empêche,
lui Diafoirus, de dormir en toute sécu
rité. Hélas! on peut prévoir pour maî
tre Diafoirus, tout à l'heure, un fâcheux
réveil, et son Exposition ne nous ras
sure pas plus que sa république.
La situation est si tendue dans l'Est,
qu'elle ne peut longtemps aller de la
sorte sans quelque dénoûment fatal.
La conférence de Constantinople n'a
Î>as empêché l'entrée en campagne de
a Russie; le congrès, s'il a lieu, serait,
croyons-nous, impuissant à prévenir
le choc de la Russie et de l'Angleterre.
Et, que Diafoirus le croie bien, il ne
s'agit pas, entre les deux nations, de
mésintelligencesaccidentelïes. de sim
ples malentendus.
Le traité de San-Stefano dit beaucoup'
de choses; il se garde bien de mention
ner le seul but de la Russie qui est d'ar
river à régner sans rivale en Orienta
La circulaire de lord Salisbury entre
dans beaucoup de détails sans dire que
l'Angleterre veut enlever à la Russie le
fruit de ses victoires et la forcer à res
ter chez elle. La Russie cédera-t-elle
après ses victoires ; c'est peu probable!
L'Angleterre abdiquera-t-elle sans com
bat? Pour qui la connaît, cq n'est pas
possible.
Pour l'une comme pour l'autre nation
une soumission diplomatique aurait
des suites si graves qu'elles préfèrent
avoir recours au canon. Nous n'y som
mes pas encore mais nous approchons
du moment « psychologique», et M. de
Bismarck qui a, dit-on, le goût des pro
jets a longue échéance semble s'y pré
parer.
Une dépêche de Berlin de l'Agence
Ilavas démentait hier catégoriquement
tout échange de lettres et communi
cations entre le czar et l'empereur
Guillaume.
Or, nous trouvons dans la Gazelle de
Lorraine, organe officiel de Metz, en
date du 14 avril, la note suivante ;
Berlin, U avril.
On annonce que l'empereur à reçu ces
jours derniers une lettre de «on neveu le
czar.
Il va de soi qu'il sera difficile d'appren
dre quelque chose sur le contenu de cetta
missive; on ne se trompera cependant guère
en admettant que le czar a remis la sauve
garde des intérêts russes entre les mains
bienveillantes de l'empereur d'Allemagne.
On voit, par ce nouvel exemple, ce
que valent trop souvent les informa
tions de l 'Agence Ilavas. Il faut ajouter,
en ce qui regarde la nouvelle dont il
s'agit, que les commentaires de la Ga
zette officielle de Lorraine lui donnent
une réelle importance. 0n ne s'étonne
plus, après cela, de l'accueil très peu
favorable fait par M. de Bismarck à M.
Bratiano.
Voici, d'après l'Agence Ilavas, la lettre
que Léon Xlll a adressée au président
de la Confédération suisse pour lui an
noncer son avènement, et la réponse
que le président a adressée au [Pape
vendredi dernier, 12 avril. Nous pu
blions ces documents sous toutes ré
serves ; ' ~ '
N' 383.9 — Edition qùolidisnaè.
Mardi 16 Avril 1878
lin. an. . .
ISix mois.
Tr
PARIS
53 fr.
30
16
irou.^iMB. .
£8 Numéro, à Paris. 45 cent;
— Départements.. &Q —
BUREAUX.
Pans, 10, rue des Saints-Pères
t>j siabonne, à Rome, via deîîo Stimate, 22, 93
!3, 24
DÉPARTEMENTS
Un an ^ • So ftv ..
Six mois- 30 /■
Trois m'ois. . . 16
Édition semi-quQtidiemia -.>■
Un an, 3? fr. — Six jnois, 17 fc — Trois mois?, 9 f?»
. Ii'DNIVEBS ne répond pas des mawsçrits qCl.W sont aSressiâ
ANSOKCES
M. Ci. UGKAJiGE, CEÏF et C io , G, flJce d« i» Bonne*'"* s
FRANCS
VkRlZ t là AVRIL 1878
#4,
'At-
Où va-Uyn? se disent avec un même
senti mes. i d'inquiétude les hommes
que leur éducation, la nature de leur
«esprit, leurs intérêts ou leurs affaires
«ioignaioiit jusqu'ici les' uns des au
tres, surpris eux-mêmes de se rencon
trer dans une préoccupation com-
rau'iie. -
L Exposition va s'ouvrir» Quel que
^oit son succès, elle grèvera d'une
«norme dépense nos budgets déjà sur-
'-•H-a-rges. ma jwité de la Chambre
Prodigue à tout venant les millions du
irésor. Des entreprises dont l'excès
'eoraserait la. prospérité la plus solide
sent engagées à, l'heure même où le
pays se débat dîois une crise économie
ft ue , pien pîu.y redoutable que toutes
les crises poétiques.
, Toutes ifjg prévisions favorables ont
été escomptées outre mesure. Les maî
tres actuels de nos finances ne tiennent
aucun compte des chances mauvaises,
iia gu.erre imminente en Europe, la di-
rojn'dtion de nos débouchés commer-
j :19 ux> le malaise intérieur ralentissant
y'* consommation sont aujourd'hui plus
que_des probabilités. Qu'importe aux
anciens habitués du café Procope qui
"traitent l'équilibre de nos budgets com
me ils traitaient jadis les comptes de
leurs fournisseurs !
LafPrance a 36 millions d'habitants
dont\a fortuné, les revenus, la vie ma
térielle sont risqués comme un enjeu
f>9.r des gens d'aventure. Si la suspen-
s'.on du travail } la misère èt la faim leur
répondent, ils iront chercher un refuge
att delà de nos frontières. La politique
a été fructueuse pour eux. Les besoi-
g.ofcux de 1870 ont pris leurs précau
tions. Ils auraient dans leur exil des
compensations dorées.
Ils nous laisseront aux prises avec les
colères qu'ils auront déchaînées, avec
îés déceptions de leurs partisans, avec
des souffrances réelles d'autant plus
dures à supporter que les promesses
auroïit été plus séduisantes et les illu
sions plus habilement entretenues.
Pour contenir les passions et pour
apaiser les esprits, le gouvernement
désarmé, l'autorité bafouée, le chef de
l'Etat séparé de ses amis et servant
«l'instrument à ses ennemis. — Voilà
ïes forces de résistance que les minis
tres du 13 décembre légueront à leurs
successeurs.
Quand les élections sénatoriales au
ront établi l'harmonie des pouvoirs pu-
, , , se
démet pas? Que fera la France entre
les mains d'une majorité où le patrio
tisme est représenté par le Badois Spul-
ler et par le Génois Gambetta? Nous ne
parlons pas des membres de cette ma
jorité gui, d'après les actes publics de
»eur vie, où leurs procès représentent
la morale et les pratiques financières
du parti.
Dehors les étrangers ! Voilà le vrai mot
d'ordre d'une politique qui pourrait
«tre encore une politique de répara
tion et de salut. Le vieux sang français
est-il donc devenu si peuvre qu'il l'aille
livrer nos destinées à des cosmopolites
sans responsabilité et sans passé, dis
posant aujourd'hui, suivant leur ca
price, de notre or, de nos armées,
bientôt de nos croyances et de nos per
sonnes. Les mauvais jours seraient
plus faciles à supporter, la réconcilia
tion moins irréalisable, la solution des
redoutables problèmes de notre état
social moins impossible, si le gouver
nement de la France restait sans par
tage entre des mains vraiment françai
ses. ■
Puisse-t-il en être ainsi de l'avenir si
sombre et si effrayant dont la préoccu
pation assiège aujourd'hui tous les es
prits! Puissions-nous alier noh à de
nouvelles humiliations et à de nou
veaux désastres, mais à un gouverne
ment national, délivré des étrangers,
placé entre les mains d'une autorité
7 1 — Q — — ■** » *• » v**»* j |'U(t vi/
«e passé et cet avenir sont nos gloires
les plus pures .et la part la plus pré
cieuse de notre patrimoine.
• En ce temps d'opportunisme, nous
n'avons garde d'attaquer M. Bardoux,
qui nous préserve au ministère de
l'instruction publique et des cultes d'un
Guichard ou de quelque Germain Cas
se. Il y a longtemps que nous disons
que M. Gambetta est le dernier espoir
des conservateurs; nous devrons dire
aussi que M. Bardoux est le dernier ap-
, il
nous est cependant impossible de
proclamer avec le Journal des Débats
que son discours de Clermont est
excellent. Ce sont des manières de
dire officieuses que M. Bardoux lui-
même s'étonnerait de rebcontrer ici.
Il a assez d'esprit pour savoir ce que
valent certains compliments et pour
ne pas s'offusquer de certaines criti
ques. " ■
Le Journal des Débats nous accuse de
nous être inspiré des souvenirs de 1830
pour attaquer le discours de M. Bar
doux. Alors, dit-il, il s'agissait d'obte-
nirpa liberté d'enseignement, et toutes
les attaques pouvaient paraître de bon
ne guerre contre l'Université ; mais au-
jourd kuique Iç Monopole a dis]
4i u y a plu-» , selon lui, qu'irsju "
ealoïUj>»é ^ accuser l'Université c
gi'^ud-maître. Ne serait-ce pas plu ^
Journal 4m Débats qui s'est souvenu de!
discussions de 1830 pour louer le dis
cours de M. Bardoux? Quand MM. Ville-
main eLGuiïot défendaient l'université,
ils faisaient leur métier de grand-maître;
ils l'exaltaient pour ôler aux catholiques
le droit de s'en plaindre; ils la procla
maient, comme M. Bardoux, fille de la
Révolution, pour la rattacher aux ori
gines de la Francë moderne et flatter
les idées du parti libéral. En ce temps-
là les ministres de l'instruction publi
que déclaraient que, hors l'Univer
sité, il n'y avait ni bonne éducation, ni
vertus civiques, ni amour de la patrie.
C'était leur manière de défendre le mo
nopole.
Mais si le Journal des Débals ne conçoit
plus que les catholiques d'aujourd'hui
attaquent l'Université ou son chef,
comme ceux de 1830, comment ap
prouve-t-il que le ministre de l'instruc
tion publique actuel la défende , com
me ses prédécesseurs ? Est-ce que la
situation n'est pas changée pour M.
Bardoux, aussi bien que pour les ca
tholiques? Aujourd'hui, la loi reconnaît
deux enseignements : l'un public, l'au
tre libre; deux Universités : l'une d'E
tat, l'autre d'Eglise. Les deux enseigne
ments, les deux Université*, sans avoir
les mêmes prérogatives, ci surtout les
mêmes faveurs budgétaires, existent
en vertu du même titre. Ce sont deux
institutions parallèles. Légalement, le
ministre de l'instruction publique n'est
plus le grand maître de l'université, le
gardien du monopole de l'enseigne
ment; il est, comme ministre, préposé
à tout le département de l'instruction
publique, tel que la loi l'a organisé en
deux classes distinctes. Etant dans l'E
tat le supérieur hiérarchique de l'une
et l'autre catégorie d'enseignement, il
en est aussi le protecteur.
Cependant, malgré les lois de 1850,
de 1873, malgré le changement apporté
par elles non-seulement à la constitu
tion de l'enseignement, mais aussi à
la condition de ministre de l'instruc
tion publique, M. Bardoux a parlé
à Clermont comme eussent parlé ses
prédécesseurs de 1830. Pour lui, il n'y
a qu'un enseignement, celui de l'Etat;
qu'une Université, celle de l'Etat. Son
discours n'est pas celui d'un ministre
de l'instruction puBlique, animé de l'es
prit de la loi et du sentiment de son
double devoir : c'est le discours d'un
grand-maître de l'Université, d'un mo
nopoleur.
L'enseignement gui n'est pas de l'E
tat, l'Université qui ne relève pas de
l'institution napoléonienne, il les traite
en ennemi. M. Bardoux, ministre de
l'instruction publique, est l'adversaire
d'une instruction que la loi a créée. Il
a parlé des deux Universités comme s'il
n'y avait de bien, de vertus, de patrio
tisme que dans l'une, et comme si l'au
tre était un mal pour la société moder
ne. Et tel est si bien l'esprit de son dis
cours, que le Journal des Débals dit com
me lui, en le louant, que l'autre édu
cation « produit des effets contraires,
qu'elle éteint à la fois l'intelligence du
passé et celle du présent, et prépare
des générations qui seront dans le pays
des forces perdues»,etenfinque «l'Uni
versité fait des Français et l'éducation
cléricale des abonnés pour certains
journaux. »
Malgré les accusations du Journal des
Débats , nous nous croyons plus dans la
loi en reprochant au ministre de l'in
struction publique d'avoir méconnu
l'enseignement libre, que celui-ci en le
décriant ; et si c'est être bon républi
cain que de respecter la loi,nous avons
été meilleur républicain que M. Bar
doux.
Arthur Lots,
La Revue de France vient de publier
le travail qu'annonçait l'autre jour le
Moniteur , et par lequel M. le duc de
Gramont, sous le pseudonyme de Me-
mor > devait répondre aux élucubra-
tions du prince Napoléon, éditées dans
la Revue des Deux-Mondes. Pour cadrer
avec la division adoptée par le prince,
les explications de l'ancien ministre
des affaires étrangères se trouvent na
turellement diviséeà en deux parties
qui se raoportent aux négociations de
1869 et de 1870 ; mais, avant d'aborder
l'historique de ces négociations, M. le
duc de Gramont caractérise en quel
ques mots la publication du prince Na
poléon. Voici cette noble déclaration ;
Les pages qui nous occupent ont été
écrites pour la glorification d'une doctrine;
ce n'est pas et cela ne pouvait pas être de
l'histoire. Au surplus, il n'y a pas à s'y
méprendre, et l'auteur n'a pas manqué de
franchise : c'est un factun; contre le catho
licisme.
Après tout ce qui a'été dit et écrit sur cette
matière, les mots ne peuvent plus donner
le change sur les idées; Parti clérical si
gnifie parti catholique. C'est en effet entre
les catholiques et ceux qui ne le sont pas
que se posa le débat. Les catholiques ont
besoin de la papauté, et de la papauté li
bre. Pour les autres, le Pape est un incon
vénient, un ennemi contra lequel ils diri
gent leurs coups. Le3 premiers le défen
dent, les seconds l'attaquent. Et comme
moyen d'attaque, ils trouvent habile de
rendre la papauté responsable des mal
heurs de la France.
Et noua, nous déclarons, l'histoire en
mains, que cetîe ac.u>jation est injuste et
imméritée.
Passant à la démonstration, l'écri
vain de la Revue de France rappelle
it ce qui s'est passé en 1869.
t qu'à cette époque les négo
ciations dont le prince Napoléon a re-
tt^$£fhistorique ont été rompues au
feèftrie'r moment parce que le cabinet
de Florence faisait de l'évacuation im
médiate de Rome par les troupes fran
çaises la condition sine quù non de l'al
liance. Mais, sans parler des motifs de
défiance que les catholiques avaient
manifestée dès 1864, lors de la con
vention de septembre, et en se plaçant
au point de vue de la diplomatie impé
riale qui faisait de cette convention la
base, d'ailleurs acceptée par l'Italie et
l'Autriche, de l'alliance à conclure,
n'était-on pas fondé ù repousser une pré
tention contre laquelle se dressait l'ex-.
périence des cinq dernières années ? En
effet, l'article l"de la convention de sep
tembre 1864 portait que l'Italie non-
seulement s'engageait à ne pa? atta
quer le territoire amoindri du Saint-
Siège, mais à empêcher, même par la
force, toute attaque venant de l'exté
rieur contre ce territoire. Or, l'inva
sion garibaldienne avait presque aus
sitôt donné la mesure, soit de l'impuis
sance, soit de la mauvaise foi du gou
vernement italien, et ce qui s'est passé
au mois de septembre 1870 montre
clairement que c'était la mauvaise foi.
Dès lors le refus du gouvernement
français d'accéder à la prétention du
gouvernement italien n'était-il pas le
minimum des précautions à prendre,
et l'Italie, si elle voulait sincèrement
l'alliance avec la convention de sep
tembre pour base, devait-elle s'en of
fenser ? A cet égard, M; de Gramont dit
fort justement :
Lorsqu'en 1866 l'Autriche, vaincue et
écrasée par la Prusse, fut sommée d'aban
donner au vainqueur la Saxe, son alliée,
l'empereur François-Joseph n'hésita pas :
« Non, répondit-il, nous périrons avec elle
ou nous la sauverons avec nous. » Et ce
pendant il s'agissait pour l'Autriche de vi
vre ou de mourir. Mais c'était une ques
tion d'honneur, une de ces questions pour
lesquelles les peuples comme les hommes
font bien de mourir plutôt que de faillir.
. Or, en 1866, le plus ardent défenseur de
la solidarité austro-saxonne était précisé-'
ment M. da Beu&t, plus jaloux alors de
l'honneur autrichien qu'il ne l'était trois
ans plus tard de l'honneur français.
L'empereur, en' 1869, ne voulut pas livrer
le P8pe à ses ennemis, et ce relus arrêta
les signatures. C'est vrai ; mais que vient
faire ici l'accusation lancée contre le parti
catholique? Les lois de l'honneur changent-
elles donc avec les opinions religieuses et
politiques ? Et parce qu'il s'agit du Pape, la
perfidie devient-elle une vertu, la trahison
devient-elle une habileté? Sommes-nous
donc assez dévoyés pour que ces questions
se discutent devant un public français sans
sonlevor sa réprobation? Est-ce parce que
le Pape n'est pas un souverain ordinaire?
parce que le caractère religieux dont il est
investi donne au rayonnement de son au
torité spirituelle une ubiquité. devant la
quelle s'effacent les frontières? Mais ce
n'est pas lit une chose nouvelle; il ne dépend
ni d'un parti, ni d'un gouvernement, ni
d'un prince d'empêcher que cela soit. Et
c'est précisément parce que la papauté est
en quelque sorte la propriété du monde
catholique, qu'il n'appartenait pas à la
puissance qui, par sa volonté ou par leB cir
constances, en avait reçu la garde, de dis
poser du Saint-Siège comme d'une île de
l'Océanie eu d'une principauté danubienne.
Donc l'empereur eut raison, en 1869, de
ne pas livrer le Pape à ses ennemis. C'est
notre avis, et, catholiques ou non, bien d'au
tres le penseront comme neus.
Même en acceptant le narré des
faits pour 1869, tel qu'il a paru dans la
Revue des Deux-Mondes , voilà qui peut
servir à juger ces négociations. Mais
que dire des négociations qui eurent
lieu en 1870? Sur ce point, le récit du
duc de Gramont, tel qu'il est établi
par des pièces officielles, diffère sensi
blement de celui du prince Napoléon.
Celui-ci est convaincu, en particulier,
d'avoir, pour le besoin de sa cause,
imaginé de toutes pièces ou prêté
aux personnages qu'il met fen scè
ne, notamment le générai Tiirr, clés
démarches ou des dépêches dont
l'existence est tout au moins problé
matique, et dont le texte est parfois
complètement dénaturé. En résumé,
l'on peut constater, d'une part, que le
gouyernement autrichien jouait alors
un singulier rôle, en se chargeant de
réclamer pour le gouvernement italien
des garanties que celui-ci, officielle
ment, ne demandait pas; d'autre part,
que le gouvernement italien jouait en
core une ibis double jeu. Une courte
citation fera mieux juger de cet inci
dent survenu à l'ouverture des négo
ciations :
Jusqu'à ce jour, il n'avait pas été ques
tion d'autre chose pour Rome que de l'é
vacuation du territoire pontifical sur les
bases de la convention de septembre.
Le général Tiirr était alors à Paris, sans
mandat officiel ou officieux ; mais en sa
qualité d'aide de camp honoraire du roi
Victor-Emmanuel, et au nom des sympa
thies qu'il professait pour la causé fran
çaise, il s'intéressait vivement à la négo
ciation de la triple alliance, et offrait ses
bons offices comme intermédiaire privé. Il
fut reçu par le ministre dans la soirée du
20 juillet et partit ensuite pour Florence.
A dire vrai, les plénipotentiaires italiens
ne voyaient pas avec satisfaction, qu'il, in
tervint dans les affaires.
Ce fut alors que, pour la première fois,
se manifesta la pensée de demander à la
France quelque chose de plus que le retour
à la convention de septembre.
M. le comte de Beust en prit l'initiative
dans la lettre que l'on connaît, lettre datée
du 20 juillet, reçue à Paris le 23, et dont
la pensée se résumait en la phrase sui
vante :
« Le jour où les Français sortiront des
Etats pontificaux, il faudrait que les Ita
liens puissent y entrer de plein droit, de
l'assentiment de l'Autriche et de la Fran
ce. »
Cette, nouvelle exigence du cabinet de
Vienne devait causer à Paris une impres
sion d'autant gjus déplaisante que rien ne
l'avait fait prévoir. On avait peine à s'ex
pliquer comment la cour de Vienne, répu
diant tous les souvenirs de ses plus ancien
nes traditions, prenait tout à coup l'initia
tive d'un acte directement hoBtile à la pa
pauté; on se demandait avec étonnement
comment le mjnistre de l 'empereur Fran
çois-Joseph pouvait conseiller à la France
de renier ses engagements et de répudier
une convention récemment encore confir
mée par les derniers pourparlers qui
avaient amené l'accord des trois puissan
ces. Ce sentiment était à peu près général,
et l'ambassadeur d'Autriche lui-même l'é
prouvait à ce point qu'il ne pouvait dissi
muler ni les regrets, ni la surprise que lui
causait l'attitude de son gouvernement. Il
l'attribuait, pour sa part, à certaines dé
marches secrètes du cabinet de Florence,
malgré les assurances contraires des mi
nistres italiens.
Le fait est qu'à Florence il existait un
parti qui voulait profiter de la situation
pour faire faire un pas à la question ro
maine, c'est-à-dire prendre Rome pour
l'Italie. Sans aller peut-être aussi loin, les
ministres du roi le pressaient pour qu'il
obtînt de la Frauce une extension de la
convention de septembre, et le roi en avait
dit quelques mots au baron da Malaret
dans une audience qu'il lui avait donnée le
25 juillet. Ce que le roi demandait se bor
nait, suivant ses propres paroles, à un
consentement verbal de l'empereur qui lui
permît, en cas de nécessité, de faire occu
per par ses troupes une partie du terri
toire pontifical. «Si l'empereur, disait le
roi au ministre de France, avait assez de
confiance en moi pour me faire donnerver-
balement parvous-même l'assurance qu'en
présence de cette éventualité (Rome me
nacée par des bandes révolutionnaires), ou
d'autres analogues, il ne trouverait pas
mauvais que mes troupes fissent dans
l'Etat romain ce qu'y font les siennes,
c'est-à-dire veiller à la sécurité du Saint-
Père en occupant quelques points straté
giques, cette assurance me suffirait et tout
deviendrait facile. »
En réalité, et sous prétexte de donner
une extension à la convention de sep
tembre, c'est cette convention même
qu'on voulait supprimer de la sorte. Le
gouvernement italien finit par l'admet
tre et après quelques difficultés où nous
retrouvons encore une fois la main de
l'Autriche, M. Visconti-Venosta recon
nut officiellement, dans une dépêche
dont M. de Gramont donne, le texte,
que les trois puissances étaient d'ac
cord pour prendre comme base de leur
alliance la convention de 1864.
Par suite, il semblait qu'il n'y avait
plus qu'à signer le traité, car il est de
fait qu'au 30 juillet les trois puissan
ces étaient, sur ce point, parfaitement
d'accord. C'est alors que, par suite de
nouvelles intrigues dont le cabinet
italien paraît avoir été l'âme, mais
auxquelles il est certain que le cabinet
de Vienne se prêtait volontiers, un
nouveau projet de traité surgit à Vien
ne, où reparaissait la clause précé
demment écartée, parce qu'elle détrui
sait implicitement la convention de
septembre. Après de nouveaux pour
parlers destinés à ramener les contrac
tants aux termes primitivement arrê
tés, on convint finalement d'un texte
sur lequel de nouveau les trois cabi
nets se mirent d'accord, et qui com
portait un pacte enfre l'Autriche et l'I
talie pour une neutralité armée qui de
vait plus tard se convertir en une al
liance formelle des deux puissances a-
vec la France. Citons encore l'écrivain
de la Revue de France :
Les choses en étaient à ce point ; les re
présentants français avaient reçu les pleins
pouvoirs nécessaires, et on atiendait d'une
heure à l'autre la conclusion et la signa
ture du traité, lorsque survinrent les com
bats malheureux pour nos armes de Wcerth
et de Wissembourg.
Le ministère se retira le 9 août, et, selon
toute probabilité, il ne fut plus question
du traité austro-italien qui devait se fondre
en la triple alliance, car c'était avec la vic
toire plus encore qu'avec la France que
l'Autriche et l'Italie avaient voulu s'allier.
De la mission du 20 août et des aban-
bons qui paraissent en avoir été le but,
l'auteur de ce récit ne sait rien et ne peut
rien dire. Elle rentre dans- les faits da
guerre et n'appartient plus à la politique.
Mais ce qu'il importe de constater, c'est
que les alliances de l'empire n'ont pas été
brisées ou empêchées parla faute du Saint-
Siège.
Elles ont été déchirées par nos désas
tres qui, en quelques jours, nous ont fait
tomber au-dessous du niveau où se font et
vivent les alliances.
Faire intervenir l'idée religieuse et la
papaut'é dans les malheurs de la France,
les représenter comme la cause de ces
malheurs ; dire que la papauté a coûté à la
France l'Alsace et la Lorraine, c'est servir
en aveugle les passions de ce parti cosmo
polite qui, lui plus que teut autre, fait pas
ser la haine du catholicisme avant l'amour
de son pays et les traditions séculaires de
la France. Ce n'est pas là de l'histoire,
c'est .autre chose.
Ainsi conclut M. le duc de Gramont,
et cette conclusion sort en effet de son
étude. C'en est assez pour faire voir ce
que valent les assertions du prince Na
poléon s'en prenant au « cléricalisme »
des désastres de la France. Nous avons
déjà dit que les responsabilités étaient
ailleurs, .et, sous ce rapport, il y aurait
quelque chose à ajouter au plaidoyer
de M. le duc de Gramont; car s'il
justifie la diplomatie impériale au
sujet des négociations spéciales en
tamées en 1869 et 1870, il n'a dit et ne
pouvait rien dire de ce qui avait été
luit auparavant. C'est à ce point de vue
et én remontant jusqu'à l'année 1860
qu'il serait facile de mettre à la charge
de l'empire révolutionnaire les vérita
bles responsabilités, en faisant toucher
du doigt les fautes d'où sont venus
tous nos malheurs,
Auguste Roussel.
Le centenaire de Voltaire donne lieu
à une assez jolie comédie. Il y a rup
ture entre le comité Menieret le comité
de la société des gens de lettres. Le
chocolatier, qui a lancé l'affaire, tient à
en avoir seul les profits et la gloire. Il
l'a déclaré par son barbouilleur Yves
Guyot, et a signifié, toujours par le
même organe, au comité de la société
des gens de lettres qu'il le poursuivrait
en contrefaçon s'il persistait à vouloir
part à deux.
Voici en quels termes attristés la Mar
seillaise annonce cette nouvelle à sa
clientèle :
Ainsi, ce que craignaient plusieurs es
prits sensés est arrivé : on se dispute Vol
taire, et cela, pour la satisfaction de quel
ques personnalités avides de se produire,
et qui n'ont pas voulu s'effacer devant des
noms plus autorisés que les leurs, et plus
capables, en même temps, d'assurer le suc
cès de Y œuvre entreprise.
De l'œuvre entreprise ! Il y a évidem
ment ici un mot de trop, le mot œuvre.
Reste le mot entreprise, qui est la con
séquence des prémisses posées par l'au
teur de l'article. Envisagé à ce point
de vue pratique, le centenaire de Vol
taire ne pouvait pas trouver un meil
leur entrepreneur que M. Menier, puis
que M. Havin n'est plus.
On écrit de Valence au Figaro:
M. Richard, maire de Nyons, élu diman
che dernier à une faible majorité contre le
comte d'Aulan, invalidé, commence à être
importuné par les protestations.
A Nyons, le bureau électoral qu'il prési
dait lui-même, en qualité de maire, lui a
attribué vingt-deux bulletins où son nom
avait été biffé et remplacé par celui de son
concurrent.
Le procureur général de Grenoble a été
saisi du fait.
Si le fait est vrai, il change complè
tement le résultat de l'élection, pour
laquelle les chiffres .officiels sont lés
suivants :
Inscrits : 10,435
Bulletins trouvés dans l'urne, 9,174.
A déduire, pour le calcul de la majorité
absolue, bulletins nuls ou non comptés, 5.
Majorité absolue : 4,584
MM. Richard 4,599 voix.
d'Aulan 4,559 —
Divers 8 —
De ces chiffres, il résulte que M. Ri
chard n'a que 15 voix de majorité ab
solue. Si les bulletins lui sont retirés,' il
n'a plus que 4,577 voix, chiffre inférieur
à la moitié des suffrages exprimés, et si,
conformément à la jurisprudence de la
Chambre dans les élections de Saint-
Malo, Lectoure et Mauriac, les 22 suf
frages sont attribués à M. le comte
d'Aulan, ce dernier aura 4,581 voix,
par conséquent 4 voix de plus que son
concurrent radical. Il ne serait cepen
dant pas élu à cause des 8 voix per
dues.
Dans tous les cas, un scrutin de bal
lottage devient nécessaire, et il aurait
lieu si M. Richard n'était pas radical.
Mais comme le candidat élu lui appar
tient, la gauche le validera comme elle
a validé le citoyen Boudeville, dont la
majorité d'une voix était plus que dou
teuse. Qui sait même si quelque dé
puté n'invoquera pas la décision souve
raine de la commission de recense
ment, si lestement infirmée pour MM.
Descamps, Durrieu et Durand?
On écrit à l'Economiste français , dont
le directeur est M. Paul Leroy-Beau-
lieu, un rédacteur du Joiirnal des Dé
bats, peu suspect d'hostilité contre le
régime actuel :
Lille, 11 avril 1878,
Rien encore à signaler dans la situa
tion de l'industrie sidérurgique. Les mé
tallurgistes cherchent à donner au cours
de 160 francs pour les fers marchands une
valeur plus effective. Les charbonnages
cherchent les moyens de limiter leur pro
duction.
En toiles, il est venu de Paris un cer
tain nombre de commissions pour la fabri
que. Ea matières brutes, la marchan
dise se fait rare. Les étoupes de peignage
russe sont demandées à livrer. Les fils
sont presque délaissés ; les prix sont fai
bles. Ceux de jute obtiennent un meilleur
écoulement, mais sans .amélioration dans
les cours.
Le marché aux blés de mercredi était
foat mal approvisionné. Le débit n'en a pas
été plus actif. Les cours sent sans change
ment.
Rouen, 11 avril 1878.
Les filataurs ne trouvent guère d'écoule
ment pour leurs colons et garnissent leurs
magasins.
Le calicot est peu demandé. Larouenne-
rie se place difficilement, malgré quelques
commissions venues du dehors. La belle
cretonne est en baisse sensible. Le mou
choir et l'indienne sont très peu demandés.
Les étrangers ont été assez rares et le
commerce des tissus s'en est ressenti.
D'autre part, on lit dans le Pays :
t L'ère de prospérité » annoncée par le
cabinet du 14 décembre est loin de se réa
liser.
Les nouvelles qui nous arrivent de tous
les coins de la France annoncent que l'in
dustrie et le commerce sont dans le maras
me le plus navrant dans les grands centres,
Les marchands et les fabricants se deman
dent avec aaxiété comment ils feront lace
à leurs échéances.
Dans le bassin du Rhône, les chefs d'à»
sine ont été obligés de renvoyer une par
tie de leur personnel.
Enfin, la propriété foncière elle-même
es; atteinte.! Les produits de la terre ne se
vendent pas. Dans nos contrées vinicoles,
en Bourgogne notamment, les commandes
sont nulles, et bien des propriétaires ont
des richesses en cave, richesses qui ne'
leur rapportent rien. A quand la Républi
que u prospère »?
La question du congrès, aujourd'hui
remise sur le tapis, fait épanouir de
nouveau les espérances des optimistes.
Parce que lord Salisbury et le prince
Gortschakoff ont, dans leurs circulai
res respectives, prodigué les formules
polies et les intentions pacifiques, on a
voulu y voir un double désir de parve
nir àun arrangement.» Les deux minis
tres de Russie et d'Angleterre veulent
bien ne pas repousser l'idée d'un con
grès. Donc, nous aurons le congrès, et
si nous avons le congrès, nous tenons
la paix.» '
L'optimisme en matière politique est
une lunette au bout de laquelle l'opéra
teur voit toujours ce qu'il désire. Lisez.
Diafoirus, dans le journal où depuis-
tantôt dix ans il .chante imperturba
blement les grandeurs de l'esprit hu
main « éduqué » suivant la formule de
l'Université. La décadence, il n'en
veut pas; l'anarchie est un fantôme
des peurs conservatrices ; la guerre est
un cauchemar, et il n'y a pas de cau
chemar, de fantôme et de décadence là
où Diafoirus écoule sa prose et vend
son journal.
De temps à autre pourtant des mal-
heurs arrivent : guerre, anarchie, or
gies de ministères et de galons passent
sur Paris la « grand'ville » comme
une averse. Tout cela ne tuera pas Dia
foirus, et le voilà qui, à peine échappé
de l'averse, recommence son petit com
merce de phrases sur les douceurs fa
tales de là République et sur la frater
nité des peuples.
Donc aujourd'hui Diafoirus est plein
de flamme pour la république, pour
l'Exposition et pour la paix. Il estime le
Russe, il estime l'Anglais; il ne méprisé
pas le Turc; il croit volontiers lord Sa
lisbury et le prince Gortschakoff capa
bles de dissiper le nuage noir qui at
triste le ciel d'Europe et qui l'empêche,
lui Diafoirus, de dormir en toute sécu
rité. Hélas! on peut prévoir pour maî
tre Diafoirus, tout à l'heure, un fâcheux
réveil, et son Exposition ne nous ras
sure pas plus que sa république.
La situation est si tendue dans l'Est,
qu'elle ne peut longtemps aller de la
sorte sans quelque dénoûment fatal.
La conférence de Constantinople n'a
Î>as empêché l'entrée en campagne de
a Russie; le congrès, s'il a lieu, serait,
croyons-nous, impuissant à prévenir
le choc de la Russie et de l'Angleterre.
Et, que Diafoirus le croie bien, il ne
s'agit pas, entre les deux nations, de
mésintelligencesaccidentelïes. de sim
ples malentendus.
Le traité de San-Stefano dit beaucoup'
de choses; il se garde bien de mention
ner le seul but de la Russie qui est d'ar
river à régner sans rivale en Orienta
La circulaire de lord Salisbury entre
dans beaucoup de détails sans dire que
l'Angleterre veut enlever à la Russie le
fruit de ses victoires et la forcer à res
ter chez elle. La Russie cédera-t-elle
après ses victoires ; c'est peu probable!
L'Angleterre abdiquera-t-elle sans com
bat? Pour qui la connaît, cq n'est pas
possible.
Pour l'une comme pour l'autre nation
une soumission diplomatique aurait
des suites si graves qu'elles préfèrent
avoir recours au canon. Nous n'y som
mes pas encore mais nous approchons
du moment « psychologique», et M. de
Bismarck qui a, dit-on, le goût des pro
jets a longue échéance semble s'y pré
parer.
Une dépêche de Berlin de l'Agence
Ilavas démentait hier catégoriquement
tout échange de lettres et communi
cations entre le czar et l'empereur
Guillaume.
Or, nous trouvons dans la Gazelle de
Lorraine, organe officiel de Metz, en
date du 14 avril, la note suivante ;
Berlin, U avril.
On annonce que l'empereur à reçu ces
jours derniers une lettre de «on neveu le
czar.
Il va de soi qu'il sera difficile d'appren
dre quelque chose sur le contenu de cetta
missive; on ne se trompera cependant guère
en admettant que le czar a remis la sauve
garde des intérêts russes entre les mains
bienveillantes de l'empereur d'Allemagne.
On voit, par ce nouvel exemple, ce
que valent trop souvent les informa
tions de l 'Agence Ilavas. Il faut ajouter,
en ce qui regarde la nouvelle dont il
s'agit, que les commentaires de la Ga
zette officielle de Lorraine lui donnent
une réelle importance. 0n ne s'étonne
plus, après cela, de l'accueil très peu
favorable fait par M. de Bismarck à M.
Bratiano.
Voici, d'après l'Agence Ilavas, la lettre
que Léon Xlll a adressée au président
de la Confédération suisse pour lui an
noncer son avènement, et la réponse
que le président a adressée au [Pape
vendredi dernier, 12 avril. Nous pu
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