Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1878-04-15
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
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Description : 15 avril 1878 15 avril 1878
Description : 1878/04/15 (Numéro 3838). 1878/04/15 (Numéro 3838).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi 15 Avril 1S78
N* 3838. — Edition quotidienne.
Lundi 15 Avril 18T8
... . .. PARIS
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Trois-gwie. ... 16
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FHANCS
PARIS, 14 AVRIL 1878
La nation française n'a pas brillé,
aux temps passés, par le sens politi
que et par la sagesse; mais, sous la
monarchie, ses défauts étaient l'excès
de qualités et de vertus, la foi, la bra
voure et la générosité.
Les erreurs et les vices de notre dé-
moaratie ont au contraire un carac
tère d'abjection matérialiste qui la rend
incapable de se bien gouverner, c'est-
à-dire de servir Dieu et la patrie, de
défendre l'humanité et la vérité.
La France monarchique était avant
tout militaire, religieuse et agricole;
elle fut fondée, agrandie, illustrée par
le prêtre, le laboureur et le soldat.
Ces trois forces, le clergé, l'agricul
ture et l'armée, sont indispensables à
tou te société ; aucun peuple n'est puis
sant et prospère que par leur union. Lè
clergé donne la paix et la lumière aux
âmes; lui seul; peut leur enseigner le
devoir, les guider vers le bonheur éter
nel. L'agriculture nourrit les corps, crée
et entretient une population féconde et
virile. L'armée protège le pays contre
les ennemis du dehors et maintient l'or'
dre à l'intérieur. Quand ces trois forces
s'unissent sous un pouvoir chrétien, la
paix règne au foyer comme dans l'Etat
ttl Ja fortuné publique s'accroît avec les
{•rtunes privées.
L'idéal de notre démocratie républi
caine est cependant une société hostile
aux éléments militaire, agricole et re
ligieux. Nos républicains dédaignent le
lanoureur, haïssent le prôtre et détes
tent le soldat.
L'homme d'armes n'a jamais mérité
en France ni haine, ni mépris ; il fut
souvent téméraire et indiscipliné, mais
il était héroïque habituellement, même
dans la défaite.
Voyez les mille chevaliers et écuyers
de Nicopolis; ils attaquent follement
seuls deux cent mille musulmans, en
percent les premières lignes, abattent
cavaliers et fantassins ; enveloppés par
des masses profondes, ils résistent jus-*
qu'au dernier souffle; sept fois ren
versé,. l'amiral de Vienne relève cha
que fois sa bannière de Notre Dame,
« maîtresse de toutes les autres », dit
Froissart; criblé de flèche;?, il expire
en s'enveïoppant de son étendard; tous
frères d'armes tombent autour de
lai, sans qu'un seul d'entre eux cher
che à fuir; ils meurent, mais après
«voir immolé vingt mille ennemis.
Dans un des temps les plus malheu
reux de notre vieille France, voilà
comme l'homme d'armes français
combattait et mourait.
Bescendons d'âge en âge : nos gé
néraux, nos soldats, nos marins s'il
lustrent par le même héroïsme; oui,
jusqu'à Waterloo, où la garde est dé- i
.r 7. r ..iggg;
truite sans lâcher pied, où nos/ SiirfsS-
siers chargent huit fois les égarés àri-,
glais ; oui, jusqu'à Reichso'fen^ . et
jusqu'à Metz, où la supériorit.f' ,4^,
nombre et de l'artillerie acquieri.il'
l'ennemi une victoire vaillamment
disputée.
Cependant nos républicains haïs
sent et méprisent l'armée. Ecoutez
leurs orateurs, lisez leurs pubhcistes.
Avant 1870, ils s'acharnent contre l'ar
mée, la calomnient, l'amoindrissent,
en demandent la suppression. La
guerre éclate : ils s'emparent du pou
voir; ils tiennent en suspicion offi
ciers et soldats ; Garibaldi et sa tourbe
deviennent leurs héros ; ils subordon
nent le militaire au civil ; de très diffi
cile, la défense devient ainsi impos
sible. Et nos malheurs ne les éclairent
pas.
Qu'un général soit suspect d'opinions
monarchistes, ils réclament sa desti
tution, quels que soient son illustration
et son mérite. Qu'un officier se com
porte mal, ils l'exaltent s'il est répu
blicain. À ce train, unLabordère quel
conque deviendrait ministre de la
guerre, s'ils le pouvaient, c'est-à-dire
que l'armée serait détruite,
Et le clergé? Sorti du peuple, élevé
dans la saine atmosphère des champs,
il fait l'honneur et la base de notre dé
mocratie; cependant nos démocrates
républicains ledétestent. Certains d'en
tre eux déguisent hypocritement leur
haine sous des distinctions, des caté
tait ni ultramontain, ni clérical; ils
pourchassent seulement le moine, et
même ils tolèrent provisoirement les
congrégations autorisées; cela n'est
pas peu conciliant. -Certains autres,
franchement hostiles, voudraient re
venir à 93 et supprimer tout ministre
de Dieu ; l'attente les exaspère et les
tempéraments leur sont odieux.
Patientez, braves gens ; la France
est encore chrétienne; en attendant
qu'elle soit déchristianisée, vous fête
rez le centenaire de Voltaire; Voltaire,
vous le savez, était un aristocrate anti-
Français, plat courtisan dés princes et
de leurs maîtresses; mais il haï sait
l'Eglise et la calomniait sans" cesse;
cela suffit pour que vous le Jetiez.
Nos républicains ont peu de consi
dération pour les cultivateurs. Ils écra
seraient volontiers d'impôts ces pay
sans qn"un de leurs fameux orateurs
qualifiait « d'aveugle population des
campagnes. » lis ont déjà tellement
augmenté les taxes d'enregistrement
et les charges du sol, que sa valeur vé
nale a diminué d'un dixième. Ils vou
draient cependant encore accroître les
contributions directes.
Sous la Restauration et sous le se
cond Empire, on diminua les impôts
qui pèsent le plus sur l'agriculture. Ce
procédé ne plaît pas à nos radicaux ; ils
ne seront pas contents avant d'avoir
grevé la propriété foncière de l'impôt
au revenu, qu'ilsproposent de substi
tuer aux contributions indirectes.
C'est ainsi que nos républicains pré
tendent relever la Frauce et fonder la
République.
Tout les a favorisés depuis 1871 ; ils
ont éfé accablés d'heureuses chances.
Divisé en fractions et égaré par des
utopies libérales, le parti conservateur
a fa.it leur jeu ; il s'est livré à Thiers, il
a développé les libertés sans discerne
ment, alors qu'il fallait fortifier l'auto
rité, et il a fini par voter la Républi
que. Le maréchal de Mac-Mahon s'est
soumis aux républicains; le Sénat ne
leur résiste plus ; le peuple s'est laissé
persuader par eux qu'ils représentent
l'ordre, le travail et la paix.
eur faudrait-il pour fonder la
/République? Seulement accomplir les
devoirs imposés à tout gouvernement
^intelligent et honnête : ménager les fi
nances, accroître peu à peu les forces
militaires, protéger l'agrieulture, res
pecter la religion et la magistrature,
choisir de bons administrateurs.
La conscience spéciale de nos répu
blicains leur recommande d'autres
obligations, dont ils s'acquittent avec
ardeur ; elles consistent à peupler de
révolutionnaires armée, magistrature,
administration ; à exciter les appétits
subversifs du peuple, à le soustraire
aux influences religieuses et conserva
trices; à augmenter sans nécessité les
dépenses des communes et de l'Etat.
Avec ces procédés et ce système*, on
marche au carnaval révolutionnaire
que prévoyait Proudhon ; mais on ne
relève pas une nation, on ne fonde pas
une république.
6. dk la. T our.
Plus franc que ses pareils, le Bien
public nous donne le vrai motif des ap
plaudissements qui, dans les feuilles
radicales, ont accueilli le dernier dis
cours de M. Bardoux. Le journal de M.
Menier déclare d'ailleurs qu'il n'est
nullement de l'avis du ministre, lors
que M. Bardoux rapporte à la Révolu
tion l'origine de l'université. Par le
fait, et bien que cette institution ait été
conçue dans un esprit révolutionnaire,
il est certain que l'université doit le
jour au premier empire. Ce point éta
bli, le bien public poursuit, en nous
donnant son appréciation sur les ré
sultats produits dans l'enseignement
par le système universitaire :
Que valent, dit-il, ces pitoyables métho
des d'enseignement qui, en nenf ans, arri
vent à peine à caser quelques mots de latin
dans le cerveau de nos bacheliers? Que
vaut chez elle l'enseignement du dessin,
des langues vivantes, de la gymnastique?
Il n'est pas jusqu'aux détails les plus infi
mes qui ne rencontrent chez tous ses mem
bres des résistances sans fin.
A qui empruntons-nous cette opinion peu
flatteuse, mais exacte? A M. Bardoux lui-
môme, et dans ce môme discours de Cler-
mont-Ferrand. On y lit, en effet, combien
il importe que » l'Université se préoccupe
de suivre les exemples d'améliorations ma
térielles donnés ailleurs. »
Ainsi, le ministre convient qu'en ces
matières, l'Université est à la remorque
des aulrea. Ce qu'il dit là des améliorations
matérielles,11e peut-on le dire anssibien des
améliorations dans les programmes, dans
les méthodes ?
Ces objections, peu de personnes les ont
opposées au ministre ; mai3 nous espérons
que beaucoup les ont faites in petto. D'où
vient doac ce concert de louanges qui en
toure le discours de M. Bardoux? C'est
que l'Université est jusqu'à présent le seul
rempart que l'Etat ait opposé au clérica
lisme. Si défectueuse qu'elle puisse être,
elle vaut mieux encore que les nombreu
ses jésuitières qui émaillent notre pays.
C'est dans ce sens qu'il faut comprendre
le speech de M. Bardoux. C'est ainsi qu'il
faut expliquer surtout les éloges que les répu
blicains lui décernent. C'est contre le clergé
que ces éloges sont dirigés. Ils ne sont pas à
l'adresse de l'Université, dont tous recon
naissent les défauts.
Ces aveux sont bons à noter; ils
montrent ce qu'il y a au fond des ten
dresses gouvernementales et radicales
pour les établissements universitaires,
dont on est bien forcé, si l'on est sin
cère, de constater l'insuffisance, mais
qu'on soutient en haine de l'ensei
gnement catholique. Par les mêmes
raisons, on peut apprécier quel est le
caractère des attaques dirigées contre
les « écoles cléricales », puisque les
feuilles révolutionnaires sont forcées
de reconnaître, d'après l'aveu même
de M. Bardoux, qu'au seul point de vue
des améliorations matérielles, elles
doivent servir de modèle aux établis
sements universitaires.
Que serait-ce donc si l'on comparait
la direction morale dans ces divers éta
blissements? Mais la haine de la reli
gion l'emporte sur le souci de la bonne
instruction, et sur ce point nous n'a
vons qu'à retenir les paroles du Bien
public. Seulement, lorsqu'il dit que tous
reconnaissent les défauts de l'Université
et que tous, néanmoins, font son éloge
pour n'avoir point à faire celui du cler
gé) il ne prend pas garde qu'il adresse
ainsi, bien qu'indirectement, au clergé
le plus bel hommage dont celui-ci
puisse se glorifier.
AuausTi R ousjil.
Il tombe un gros livre de géographie
sous la main de M. Sarcey, ou plutôt
un compère le lui envoie, en le mar
quant au bon endroit. Juste, M. Sarcey
rencontre la page au haut de laquelle
l'auteur a écrit : « les légendes contra
rient le progrès scientifique ». C'était
Son affaire. Il lit la page, et, sans autre
forme de procès, il écrit en tête de son
article, en lettres de six pieds : « La
science et la légende ». Ce fier titre dit
tout. Mais de quel pied vainqueur M.
Sarcey n'écrase-t-il pas du haut de sa
science l'imbécile superstition, la lé
gende enfantine ! Le rude homme, en
vérité !
Il s'agit du petit village des Saintes-
Maries, célèbre dans toute la Provence.
La tradition rapporte que les saintes
femmes, amies de Jésus, y débarquè
rent avec Lazare et y apportèrent le
christianisme. Quel rêve! s'éerie M.
Sarcey, quelle absurdité ! Mais, pour
suit-il, l'auteur de la Géographie histori
que et administrative de la Gaule romaine
démontre, par une foule de preuves ti
rées de la géographie et de la géologie,
que le territoire connu maintenant sous
le nom de la Camargue a été formé len
tement par des |alluvions du Rhône et
qu'il n'a guère commencé à émerger de
la mer que vers la fin du quatrième siè
cle! Là-dessus, M. Sarcey prend en pi
tié M. Lenthéric, un ingénieur cepen
dant, qui,dans son remarquable ouvrage
sur les Villes mortes du golfe de Lyon, a la
naïveté de croire que la science ne fait
pas obstacle à la légende. Mais un clé
rical peut-il être un savant ?
Si M. Sarcey avait mieux lu son
auteur, il aurait vu (le passage, il est
vrai, est en note) que M. Lenthéric est
pour M. Desjardins une autorité un peu
plus embarrassante que pour lui. Tout
opposé qu'il reste, comme ancien élève
de l'école normale, la légende chré
tienne des saintes Maries, M. Desjardins
est à peu près forcé de reconnaître, dans
son second volume que la tradition qui
fait débarquer à Marseille et sur les pla
ges basses du delta du Rhône lès émi-
grants de Judée, n'est en réalité contrai
re ni à la géographie ni à la géologie.
Du reste M. Lenthéric, dans un se
cond ouvrage non moins remarquable
que le premier, la Grèce et l Orient en
Provence , que M. Desjardins n'a peut-
être pas pu connaître à temps, a sura
bondamment établi ce qu'il avançait
dans le premier.
En rendant compte prochainement
du livre, remarquable à divers titres,
de M. Desjardins, nous aurons occa
sion de lui dire qu'il a eu tort de ne pas
mieux étudier M. l'abbé Faillon, puis
de ne pas tenir compte des travaux pos
térieurs à l'ouvrage des Monuments iné
dits. , et surtout de ne pas connaître, lui
épigraphiste, l'inscription^ récemment
découverte sur le territoire de la Ca
margue, qui prouve que la terre des
Saintes-Maries existait avant le IV e sie-
cle.
Quant à M. Sarcey, qui a fait preuve
ici de son étourderie et de son outre
cuidance ordinaires, il peut voir déjà
ce que vaut le titre de son article.
A xt&uk L oti.
Les feuilles radicales, dans leur ar
deur à poursuivre M. le président Bas-
tien, insinuent depuis deux jours que
l'arrêt de non-lieu rendu à son profit
ne saurait être publié, parce que la
cour de cassation serait fort en peine
de mettre le public dans la confidence
des motifs qui ont pu la déterminer à
venger l'honneur d'un magistrat indi
gnement attaqué par les radicaux.
Pour faire apprécier la valeur de ces
insinuations, nous n'avons qu'à repro
duire la note suivante de la Gazette des
Tribunaux :
Nous ne pourrons publier que dans no
tre prochain numéro, celui de mardi, le ré
quisitoire de M. le procureur général et
l'arrêt de non-lieu de la chambre des re
quêtes, sur la dénonciation portée contre
M. la président Bastion. La première de
ces deux pièces, qui ne.peut être séparée
de la seconde, a une étendue qui ne nous
permet pas d'en achever la copie aujour
d'hui. L'arrêt, d'ailleurs, n'a pu être signé
que dans la journée.
Espérons que les journaux, si em
pressés à réclamer la lumière quand
ils ne voulaient pas admettre qu'elle
serait faite, s'empresseront de publier,
aussitôt qu'ils auront paru, les docu
ments dont parle la Gazette des Tribu
naux.
■
On lit dans le Journal officiel :
La note publiée dimanche dernier par
l'Agence Bavas, au sujet des fonctions de
l'état-major général, n'émanait ni du cabi
net du ministre, ni du chef d'état-major
général.
La lecture attentive de ce document suf
fit à le démontrer.
Tout en désirant, dans l'intérêt du pays
et de l'armée, que l'organe de la prépara
tion à la guerre soit aussi stable que-pos
sible, aucun ministre ne pourrait tolérer à
côté de lui une responsabilité pareille à la
sienne.
D'autre part, le chef d'état,-major géné.-
ral est trop soucieu\ de ses devoirs pour
avoir la moindre pensée de se soustraire,
en quoi que ce soit, à. l'autorité du minis
tre de la guerre, qui est le chef de l'armée.
Le Soleil, discourant sur les appré
ciations que font les journaux du dis
cours de M. Bardoux, conclut par les
réflexions suivantes :
C'est surtout dans un gouvernement dé
mocratique, fondé sur le suffrage univer
sel, que l'instruction publique doit être
mise à la portée de toutes les bourses, et,
quoi qu'on en puisse dire et penser à
ohe, il y a un fait indéniable, c'es* quel'ia-
btraction" primaire et m^ e l'instruction
secondaire trouvé toujours dans les as
sociations religieuses des facilités maté
rielles qui ne sauraient exister dans les in
stitutions laïques. Puis, ce qui domine
toute la question, c'est le pouvoir incon
testable des pères de famille de confier l'é
ducation de leurs enfants à des institu
teurs et à des institutirice qui ont leur con
fiance et, par conséquent, de pouvoir choi
sir entre l'instruction laïque et l'instruc
tion religieuse.
Au double point de vue que le Soleil
considère, ces remarques sont parfai
tement justes ; mais on sait que les ra
dicaux ne sont pas plus soucieux des
vrais intérêts du peuple que de l'autorité
du père de famille, auquel, en toutes
choses, ils prétendent substituer la ty
rannie de l'Etat.
Nous lisons dans la Gazelle de France :
M. de Marcère, dans la séance du 25
mars, répondant à l'honorable M. Monnet,
sénateur, au sujet de la révocation d'un
maire des Deux-Sèvre», entouré de l'esti
me publique, avait essayé de se justifier
(nos lecteurs se le rappellent), en dirigeant
contre cet honnête homme les plus mé*
chantes accusations et les insinuations les
plus perfides.
M. de Marcère a reçu de celui qu'il
avait calomnié du haut de la tribune, la
lettre suivante :
Vous m'avez personnellement attaqué et voua
n'avez pas oraint de mettre en doute mon hono
rabilité privée et professionnelle.
Malgré le détlain que je professe naturelle
ment pour les oalomnies, est-il possible, mon
sieur le ministre, que je ne proteste pas énergi-
quement contre les aoousations portées par voua
à la tribune française, et dont les éléments, qui
vous ont été fournis, ont été aoceptés d'autant
plus légèrement que votre haute situation vous
oommandait d'en vérifier l'exaotitude avant leur
production inqualifiable? *
Non, monsieur le ministre, pendant les
trente ans et plus de mon exeroice oomme no
taire, je 11'ai jamais eu à rendre oompte ni à la
justioe ni à la ohambre de mon arrondisse
ment d'un seul fait inoriminable relatif à ma
profession.
Vous parlez d'un jugement et d'un arrêt.
Ce jugement et oei arrêt, monsieur le minis
tre, n'avaient trait qu'à un procès civil à la
suite d'une question (j'ajoute purement person
nelle) survenue en 1859 aveo un créancier d'un
de mes fermiers, au sujet d'une misérable
somme de cent cinq francs il!
Que reste-t-il de oe stigmate que vous avez
voulu imprimer & ma personne ? L 'arrêt dont
vobs avez oru pouvoir arguer a-t-il atteint sa
quoi que ce soit ma dignité professionnelle?
Non, puisqu'il n'avait trait qu'à une affaira
d'intérêt privé, par conséquent étrangère à ma
profession, et que si le procès eût dû influer
sur ma oonsidération, à partir de cette époque»
les marqae3 d'estime se fussent retirées de moi.
J'ai été maire depuis 1842, je suis mombre du
corsait général depuis 1842, je suis membre du
conseil général depuis 1844 sans la moindre in«
terruption.
Cette protestation n'a pas besoin de
commentaires. Elle fait juger le ministre
qui, par de tels moyens, cherche à donner
le change à l'opinion publique et calomnie
ses adversaires pour mieux les frapper.
M. de Marcère savait, en effet, que son affir
mation était fausse,puisqu'il avait le document
entre les mains.
Nous espérons que cette affaire n'en
restera pas là, et que M. de Marcère,
bien qu'il ait compté sur la double im
munité du ministre et dû député par
lant à la tribune, sera forcé de se ré
tracter.
L'honneur d'un honnête homme ne
ment des radicaux.
On lit dans l 'Union :
¥; r le . P r éfet Spuller a refusé à nos amis
del Union de Vvucb^ e l'estampille pour le
compte ren-n des débats parlementaire»
auxquels on (; donné lieu les quatre élec-
.âôns de ce département.
Voilà pour la liberté !
M. le préfet de Vaucluse a accordé l'es
tampille au compte rendu colligé par les
républicains.
Voilà ponr l'égalité !.
Le premier compte rendu était un as
semblage de documents sans couleur de
parti. Le second contient les plus violentes
excitations et les outrages les plus odieux
contre d'honnêtes gens.
Entre les deux, M. Spuller n'a pas hé
sité dans ses sympathies. On n'est pas
pour rien le frère du rédacteur en ch^f de
la République française.
On lit dans l 'Osservatore romano dii
10 avril :
L'Àvvenire, l'Italie, la Naziene et d'autrea
journaux, se copiant les uns les autres»
sous le titre : Les cléricaux aux urnes , pré
tendent prendre en faute l'Osservatorero-
FEUILLETON DK L' UNIVERS
80 15 avril 1878
LES PSAUMES
tTl'MÉS ES VIE DE U P8ÉMMTI0\
Par M. l 'abbé DOUBLET
rlIAKCtlNi: n'.Mil! A s (1)
Nous goOtuûâ uae vraie jouissunee b
rendre compte, après l'avoir lu et étudié
avec l'attention qu'il mérite, du nouvel ou
vrage d'un auteur dont les Eurcès ont été
croissants et dont le talent a grandi avets
les succès. Le beau travail de M. l'abbé
Doublet sur les Psaumes est en tout digne
de ses précédents ouvrages. Nous dirions
même volontiers qu'il l'emporte sur eux, si
non par la solidité et la richesse du i'jn'l, au
fcloins par l'éclat do la forme, la vivacité de
l'allure, la chaleur du mouvemonl,tout os les
gu^litjSsi oratoires. La manière do l'au eur
Cp précise et pHanifettement m puissance
d'exposition grandit. Un avait dfjà admiré
dans ses deux premiers ouvrages sur Saint
Paul et sur Jésus-Christ la netteté et la luci
dité de l'exposé, l'umpleur des vue?, et la
profondeur des perspectives,l'auteur s'élait
?$vél(5 à !$ fois comme théologien et comme
orateur.
Dans ses précédent» livres, l'iS riture
comme le docteur uogélique livraient tans
relâche, sacs travail, sans nul!e trace de
faiblesse et d'indécision, leurs plus profon-
(l' 1 paris, Baretia êt Tratiu, 69, vue de ft>su-
p cr, 3 vol. îh -12,
des dectrines et leurs thèses les plus bel
les. Dans celui-ci, dans celle élude des psau
mes faite pour la première fois à un sem
blable point de vue, le3 révélations du
texte sacré nous paraissent'plus saisissan
tes encore. Le texte ne souffre jamais de
violence, c'est bien là le sens; les exégèles
les plus scrupuleux ne sauraient faire à
]'«iteur de procès légitimes, et pourtant
quels nouveaux traits de lumière jai lissent
de ces pages saintes qui nous frappent très
certainement pgur la première fois ! Que
de choses nous apparaissent das psaumes
auxquelles peut-être nous n'avions jamais
songé ! C'est là où nous semble exceller
l'auteur. La profonde connaissance des pè
res, WR befcitpde laisser les sentiers
battus, de ne se contenter pas du fflédio-
Gre s niais de creuser dans le texte qu'il
commente des êî U oôs nouveau?, valant à
ses lecteurs tant de pages originales et
neuve?, tant d'aperçus que daus.aucun au
tre exposé le texte ne laisse même pres
sentir ! Jamais M. l'abbé Doublet ne se
traîne péniblement <|aas 1$ limite du ver
set. Il va droit & la synthèse, l'ensemble
lui apparat, l'édifice e^t construit dans un
psaume oh unf< sétie ds psaumes, ainsi
que précédemment dans un chapi re ou
uce série de chapitres de saint Paul, une
vaste théologie se montre à nous, dessi
nant avec netteté ses conlours et nous fai
sant ensuite pénétrer avea ordre danp les
détails.
" Telle eù la marche invariable de l'au
teur et ce qui donne à son livre tant de
solidité, et mêmeausfci, oserions nous dire,
d'amplitude et de grandeur; ëi ses ouvra
ges ont été de suite et si universellement
goûtés, nous l'attribuons en grande partie
à ce que cette manière de commenter l'E
criture a de neuf et de puissant. Dans un
texte, M. l'abbé Doublet sait admirablement
trouver le mot fondamental, l'idée mère de
toute une doctrine, le trait sai.-issan" ; il U
détache, il le met en lumière et en fait un
centre autour duquel gravitent ensuite tous
les développements.
Le plan d'ensemble embrasse toute la
matière des psaumes : Dieu, le Fils de Dieu,
les Enfants de Dieu, Us Ennemis de Dieu,
telles sont les grandes divisions de l'ou
vrage. L'idée mère des cantiques de David
s'y trouve admirablement contenue, les
psanmeB viennent tour à tour s'y enchaîner
harmonieusement.
Dm: lallô est la préoccupation du Psal-
mîste;' tel est aussi le premier et le plus
vaste objet du livre de M. l'abbé Doublet :
La double élude que l'auteur consacre au
doub'e règne de Dieu, sonrèg^o sur la na
ture et son règne sur les nations, offre les
plus neuves et les plus belles doctrines.
Quelles g andes et puissantes choses nous
réyèle Je Pcsimiata sur a tieim qui règne
dans les cieux et de qui relèvent les empi
res ! » Avec une étonnante force d'analyse,
l'auteur nous fait suivre à travers les Psau
mes la conduite entière de pieu sur les na
tions qu'il tient victorieusement sous son
sceptre ; les nations qu'il fonde, celles qu'il
anéantit et fait disparaître, sellqs qu'il châ
tie pour 1 les vivifier, celles qu'il brise pour
ne plus les refaire. A chaque pas de cette
étude, cous sommes, en quelques applica
tions-pleines d'énergie et de vérité, rame
nés à nps sasiéi-és c&lprôp'Qraîies e't.à jiqs
crises sociales du moment,-PuU * »* :
, , , - ulu*
de,?, touion^ £ra V es, parfois sombres et
formidables, succèdent, comme une vision
douce et seraine, celles sur les multiples
et perpétuelles miséricordes du Seigneur.
Et là que de gracieuses et aussi de nobles
pages sur les œuvres du divin Amour !
Dana une deuxième partie, l'auteur réu
nissant, condensant, expliquant tous les
Psaumes prophétiques relatifs à Jésus-
Ghrist, compose d'après David un solide
traité de l'incarnation, do la rédemption,
des mystères,des excellences, das œuvres,
des signes, des grâces du Verbe incarné ;
les plus profondes expositions dogmati
ques de saint Paul et de saint Jean ont
dans le Psalmiste leur saisissante préface.
Gomme il a connu mieux que tout autre
les douleurs du Verbe expiateur, a mieux
que tout autre aussi contemplé et décrit
les gloires, les triomphes et les préroga
tives du Christ ressuscité, le mystère de
son indéfectible vie, de sen inépuisable
règne, de son universel empire, de ses œu
vres à travers le monde et "de sa domina
tion dans toute l'étendue des temps, et si
certains psaumes nous font dss dehors du
Christ ces descriptions magnifiques, d'au
tres plus profonds encore pénètrent dans
l'intime de l'Homme-Dieu, analysent les
mystères de l'union hypostatique et déli
vrent le? dons et les riohesses de la sainte
humanité.
A la lecture du livre de M. l'abbé Dou
blet, on demeure s^péfaït d'-avoir si con
tinuellement lu les psaumes sans soup
çonner même le trésor théologique qui y
est renferώ. C'est qu'aussi ayeun autre
commentaire ^'adoptant cette marche et ne
réunissant dans un pareil ensemble ces
multiples et très éparses révélations, au
cun autre ne mettant si vivement en relief
et en lumière tant de IçaitsWaris»Tar
des, dîsgïmyië? hwilà t^é, nous avons
u saas v £- en( j re g ar de, nous avons psal
modié sans saisir les points fondamen
taux, les idées mères, les doctrines d'où
tout part et où tout vient aboutir.
La venue de Dieu sur la terre ne pouvait
être un fait isolé ni une apparition stérile.
De l'incarnation surgit dans le monde une
race nouvelle et divine, qui perpétue lés
puissances et les merveilles du Christ son
chef. L'auteur la nomme la famille des en
fants de Dieu. A elle maintenant de nous
être révélée dans sa naissance, sa vie, sa
mission, par le livre des Psaumes; à elle
de nous apparaître sous la pinceau aussi
énergique que délicat de M. l'abbé Dou
blet. Dans son étude qui a pour litre : Ce
que c'est qu'un catholique , l'auteur s'élève à
des considérations très hautes sur la vie
surnaturelle, les grandeurs, la noblesse, la
force invincible, les étonnantes œuvres du
parti catholique.
Dans les suivantes intitulées : les Exilés,
— les Proscrits,— les Vainqueurs, il trace de
la vie militante des catholiques au milieu du
monde, en plein cœur de nos défaillances,
de nos décompositions sociales, de nos
haines révolutionnaires, des tableaux d'un
palpitant intérêt. Une charmante et pa
thétique étude termine cette quatrième
partie de l'ouvrage : La vie intime de l'en
fant de Dieu. Là l'auteur, guidé par* le
psalmiste, pénétre au plus çïofand de l'âme
chrétienne pour en contempler les mystè
res, eg surprendre les joies et les larmes,
la sérénité et les tempêtes, la maladie du
péché ou le plein épanouissement de la vie
surnaturelle,
Unç dernière étude intitulée : les Enne
mis de Dieu termine l'ouvrage. Cette étude
est victorieuse. Armé de textes et de pièces
de conviction ds toute sorte, d'aveux formi
dables veau§ sïe toute part, l'auteur signale
et stiff^atisg avec indignation la guerre im
pie faite sous nos yeux à Dieu et à Jésus-
Christ, à.l'Eglise.au sacerdoce, à la famille,
à l'ordre social tout entier. Il fait plus, il va
droit au mal, il creuse à la racine, il intente
à l'enseignement qui a corrompu la jeu
nesse française une accusation que ces
preuves rendent vraiment écrasante.
Après les ennemis forcenés viennent les
mitigés . L'auteur, sous ce dernier titre,
analyse avec beaucoup de sagacité l'erreur
libérale, à laquelle, avec une complète rai
son, il impute nos plus profonds» biéssu-
res et nos plus incurables maux,
Ici, nous serions pour la première fois
tenté d'être quelque peu sévère et de for|
rnuler un reproche que nous croyons fondé.
Cette dernière partie nous semble très
écourtée. Des richesses ont été omises,
Les textes des psaùmes pouvaient fournît
de plus amples développements. Néan
moins, la trop grande concision de ceAta
étude ne doit pas nous rendre injustes
pour sa remarquable solidité.
N'ayons garde d'oublier le côté peut-être
le plus saillant, et en tout cas le plus pré
cieux de tout l'ouvrage : l'aûtualité. Ce mol
semble étrangement jurer, appliqué à un
commentaire d'e l'Ecriture, quelque large»
ment conçu qu'on le suppose. Néanmoins-,,
il est ici absolument vrai. Gomme le fait
plusieurs fois remarquer M. l'abbé Dou
blet, l'Ecriture est de tous les temps, l'Es
prit-Saint instruit par elle toutes les géné
rations tour à tour. Avec l'ouvrage donl
nous rendons compte le Psalrnisie vit
parle, enseigne au milieu de nous. C'est
notre société contemporaine qu'il instruit»
récrimine, foudroie s relève. '
En lisant oes pages si fortes s si lucides,
si pratiques, que de fois noire pensée s'est
reportée sur les laïcs {Ah ! c'est à eux que
conviendrait avant tout cette vivifiante
lecture, Oserons-nous dire ici toute notre
pensée ? Nous regrettons un peu le litre de
l'ouvrage. S'il définit parfaitement le genra
de travail, la manière de l'auteur, le but
qu'il s*esi proposé, les besoins assurément
très vénérables qu'il vise, à notre avis, ca
titre donne trop le change, tient trop l'ou
vrage circonscrit dans le clôfgé. Un te*
livre devrait se trouver entre les mains d^
toutes les personnes du monde, intelli
gentes et soucieuses de belles et fortes
choses,
A. G.
Docteur en théologie.
N* 3838. — Edition quotidienne.
Lundi 15 Avril 18T8
... . .. PARIS
Û q an.. 58 fr.
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poste.
FHANCS
PARIS, 14 AVRIL 1878
La nation française n'a pas brillé,
aux temps passés, par le sens politi
que et par la sagesse; mais, sous la
monarchie, ses défauts étaient l'excès
de qualités et de vertus, la foi, la bra
voure et la générosité.
Les erreurs et les vices de notre dé-
moaratie ont au contraire un carac
tère d'abjection matérialiste qui la rend
incapable de se bien gouverner, c'est-
à-dire de servir Dieu et la patrie, de
défendre l'humanité et la vérité.
La France monarchique était avant
tout militaire, religieuse et agricole;
elle fut fondée, agrandie, illustrée par
le prêtre, le laboureur et le soldat.
Ces trois forces, le clergé, l'agricul
ture et l'armée, sont indispensables à
tou te société ; aucun peuple n'est puis
sant et prospère que par leur union. Lè
clergé donne la paix et la lumière aux
âmes; lui seul; peut leur enseigner le
devoir, les guider vers le bonheur éter
nel. L'agriculture nourrit les corps, crée
et entretient une population féconde et
virile. L'armée protège le pays contre
les ennemis du dehors et maintient l'or'
dre à l'intérieur. Quand ces trois forces
s'unissent sous un pouvoir chrétien, la
paix règne au foyer comme dans l'Etat
ttl Ja fortuné publique s'accroît avec les
{•rtunes privées.
L'idéal de notre démocratie républi
caine est cependant une société hostile
aux éléments militaire, agricole et re
ligieux. Nos républicains dédaignent le
lanoureur, haïssent le prôtre et détes
tent le soldat.
L'homme d'armes n'a jamais mérité
en France ni haine, ni mépris ; il fut
souvent téméraire et indiscipliné, mais
il était héroïque habituellement, même
dans la défaite.
Voyez les mille chevaliers et écuyers
de Nicopolis; ils attaquent follement
seuls deux cent mille musulmans, en
percent les premières lignes, abattent
cavaliers et fantassins ; enveloppés par
des masses profondes, ils résistent jus-*
qu'au dernier souffle; sept fois ren
versé,. l'amiral de Vienne relève cha
que fois sa bannière de Notre Dame,
« maîtresse de toutes les autres », dit
Froissart; criblé de flèche;?, il expire
en s'enveïoppant de son étendard; tous
frères d'armes tombent autour de
lai, sans qu'un seul d'entre eux cher
che à fuir; ils meurent, mais après
«voir immolé vingt mille ennemis.
Dans un des temps les plus malheu
reux de notre vieille France, voilà
comme l'homme d'armes français
combattait et mourait.
Bescendons d'âge en âge : nos gé
néraux, nos soldats, nos marins s'il
lustrent par le même héroïsme; oui,
jusqu'à Waterloo, où la garde est dé- i
.r 7. r ..iggg;
truite sans lâcher pied, où nos/ SiirfsS-
siers chargent huit fois les égarés àri-,
glais ; oui, jusqu'à Reichso'fen^ . et
jusqu'à Metz, où la supériorit.f' ,4^,
nombre et de l'artillerie acquieri.il'
l'ennemi une victoire vaillamment
disputée.
Cependant nos républicains haïs
sent et méprisent l'armée. Ecoutez
leurs orateurs, lisez leurs pubhcistes.
Avant 1870, ils s'acharnent contre l'ar
mée, la calomnient, l'amoindrissent,
en demandent la suppression. La
guerre éclate : ils s'emparent du pou
voir; ils tiennent en suspicion offi
ciers et soldats ; Garibaldi et sa tourbe
deviennent leurs héros ; ils subordon
nent le militaire au civil ; de très diffi
cile, la défense devient ainsi impos
sible. Et nos malheurs ne les éclairent
pas.
Qu'un général soit suspect d'opinions
monarchistes, ils réclament sa desti
tution, quels que soient son illustration
et son mérite. Qu'un officier se com
porte mal, ils l'exaltent s'il est répu
blicain. À ce train, unLabordère quel
conque deviendrait ministre de la
guerre, s'ils le pouvaient, c'est-à-dire
que l'armée serait détruite,
Et le clergé? Sorti du peuple, élevé
dans la saine atmosphère des champs,
il fait l'honneur et la base de notre dé
mocratie; cependant nos démocrates
républicains ledétestent. Certains d'en
tre eux déguisent hypocritement leur
haine sous des distinctions, des caté
tait ni ultramontain, ni clérical; ils
pourchassent seulement le moine, et
même ils tolèrent provisoirement les
congrégations autorisées; cela n'est
pas peu conciliant. -Certains autres,
franchement hostiles, voudraient re
venir à 93 et supprimer tout ministre
de Dieu ; l'attente les exaspère et les
tempéraments leur sont odieux.
Patientez, braves gens ; la France
est encore chrétienne; en attendant
qu'elle soit déchristianisée, vous fête
rez le centenaire de Voltaire; Voltaire,
vous le savez, était un aristocrate anti-
Français, plat courtisan dés princes et
de leurs maîtresses; mais il haï sait
l'Eglise et la calomniait sans" cesse;
cela suffit pour que vous le Jetiez.
Nos républicains ont peu de consi
dération pour les cultivateurs. Ils écra
seraient volontiers d'impôts ces pay
sans qn"un de leurs fameux orateurs
qualifiait « d'aveugle population des
campagnes. » lis ont déjà tellement
augmenté les taxes d'enregistrement
et les charges du sol, que sa valeur vé
nale a diminué d'un dixième. Ils vou
draient cependant encore accroître les
contributions directes.
Sous la Restauration et sous le se
cond Empire, on diminua les impôts
qui pèsent le plus sur l'agriculture. Ce
procédé ne plaît pas à nos radicaux ; ils
ne seront pas contents avant d'avoir
grevé la propriété foncière de l'impôt
au revenu, qu'ilsproposent de substi
tuer aux contributions indirectes.
C'est ainsi que nos républicains pré
tendent relever la Frauce et fonder la
République.
Tout les a favorisés depuis 1871 ; ils
ont éfé accablés d'heureuses chances.
Divisé en fractions et égaré par des
utopies libérales, le parti conservateur
a fa.it leur jeu ; il s'est livré à Thiers, il
a développé les libertés sans discerne
ment, alors qu'il fallait fortifier l'auto
rité, et il a fini par voter la Républi
que. Le maréchal de Mac-Mahon s'est
soumis aux républicains; le Sénat ne
leur résiste plus ; le peuple s'est laissé
persuader par eux qu'ils représentent
l'ordre, le travail et la paix.
eur faudrait-il pour fonder la
/République? Seulement accomplir les
devoirs imposés à tout gouvernement
^intelligent et honnête : ménager les fi
nances, accroître peu à peu les forces
militaires, protéger l'agrieulture, res
pecter la religion et la magistrature,
choisir de bons administrateurs.
La conscience spéciale de nos répu
blicains leur recommande d'autres
obligations, dont ils s'acquittent avec
ardeur ; elles consistent à peupler de
révolutionnaires armée, magistrature,
administration ; à exciter les appétits
subversifs du peuple, à le soustraire
aux influences religieuses et conserva
trices; à augmenter sans nécessité les
dépenses des communes et de l'Etat.
Avec ces procédés et ce système*, on
marche au carnaval révolutionnaire
que prévoyait Proudhon ; mais on ne
relève pas une nation, on ne fonde pas
une république.
6. dk la. T our.
Plus franc que ses pareils, le Bien
public nous donne le vrai motif des ap
plaudissements qui, dans les feuilles
radicales, ont accueilli le dernier dis
cours de M. Bardoux. Le journal de M.
Menier déclare d'ailleurs qu'il n'est
nullement de l'avis du ministre, lors
que M. Bardoux rapporte à la Révolu
tion l'origine de l'université. Par le
fait, et bien que cette institution ait été
conçue dans un esprit révolutionnaire,
il est certain que l'université doit le
jour au premier empire. Ce point éta
bli, le bien public poursuit, en nous
donnant son appréciation sur les ré
sultats produits dans l'enseignement
par le système universitaire :
Que valent, dit-il, ces pitoyables métho
des d'enseignement qui, en nenf ans, arri
vent à peine à caser quelques mots de latin
dans le cerveau de nos bacheliers? Que
vaut chez elle l'enseignement du dessin,
des langues vivantes, de la gymnastique?
Il n'est pas jusqu'aux détails les plus infi
mes qui ne rencontrent chez tous ses mem
bres des résistances sans fin.
A qui empruntons-nous cette opinion peu
flatteuse, mais exacte? A M. Bardoux lui-
môme, et dans ce môme discours de Cler-
mont-Ferrand. On y lit, en effet, combien
il importe que » l'Université se préoccupe
de suivre les exemples d'améliorations ma
térielles donnés ailleurs. »
Ainsi, le ministre convient qu'en ces
matières, l'Université est à la remorque
des aulrea. Ce qu'il dit là des améliorations
matérielles,11e peut-on le dire anssibien des
améliorations dans les programmes, dans
les méthodes ?
Ces objections, peu de personnes les ont
opposées au ministre ; mai3 nous espérons
que beaucoup les ont faites in petto. D'où
vient doac ce concert de louanges qui en
toure le discours de M. Bardoux? C'est
que l'Université est jusqu'à présent le seul
rempart que l'Etat ait opposé au clérica
lisme. Si défectueuse qu'elle puisse être,
elle vaut mieux encore que les nombreu
ses jésuitières qui émaillent notre pays.
C'est dans ce sens qu'il faut comprendre
le speech de M. Bardoux. C'est ainsi qu'il
faut expliquer surtout les éloges que les répu
blicains lui décernent. C'est contre le clergé
que ces éloges sont dirigés. Ils ne sont pas à
l'adresse de l'Université, dont tous recon
naissent les défauts.
Ces aveux sont bons à noter; ils
montrent ce qu'il y a au fond des ten
dresses gouvernementales et radicales
pour les établissements universitaires,
dont on est bien forcé, si l'on est sin
cère, de constater l'insuffisance, mais
qu'on soutient en haine de l'ensei
gnement catholique. Par les mêmes
raisons, on peut apprécier quel est le
caractère des attaques dirigées contre
les « écoles cléricales », puisque les
feuilles révolutionnaires sont forcées
de reconnaître, d'après l'aveu même
de M. Bardoux, qu'au seul point de vue
des améliorations matérielles, elles
doivent servir de modèle aux établis
sements universitaires.
Que serait-ce donc si l'on comparait
la direction morale dans ces divers éta
blissements? Mais la haine de la reli
gion l'emporte sur le souci de la bonne
instruction, et sur ce point nous n'a
vons qu'à retenir les paroles du Bien
public. Seulement, lorsqu'il dit que tous
reconnaissent les défauts de l'Université
et que tous, néanmoins, font son éloge
pour n'avoir point à faire celui du cler
gé) il ne prend pas garde qu'il adresse
ainsi, bien qu'indirectement, au clergé
le plus bel hommage dont celui-ci
puisse se glorifier.
AuausTi R ousjil.
Il tombe un gros livre de géographie
sous la main de M. Sarcey, ou plutôt
un compère le lui envoie, en le mar
quant au bon endroit. Juste, M. Sarcey
rencontre la page au haut de laquelle
l'auteur a écrit : « les légendes contra
rient le progrès scientifique ». C'était
Son affaire. Il lit la page, et, sans autre
forme de procès, il écrit en tête de son
article, en lettres de six pieds : « La
science et la légende ». Ce fier titre dit
tout. Mais de quel pied vainqueur M.
Sarcey n'écrase-t-il pas du haut de sa
science l'imbécile superstition, la lé
gende enfantine ! Le rude homme, en
vérité !
Il s'agit du petit village des Saintes-
Maries, célèbre dans toute la Provence.
La tradition rapporte que les saintes
femmes, amies de Jésus, y débarquè
rent avec Lazare et y apportèrent le
christianisme. Quel rêve! s'éerie M.
Sarcey, quelle absurdité ! Mais, pour
suit-il, l'auteur de la Géographie histori
que et administrative de la Gaule romaine
démontre, par une foule de preuves ti
rées de la géographie et de la géologie,
que le territoire connu maintenant sous
le nom de la Camargue a été formé len
tement par des |alluvions du Rhône et
qu'il n'a guère commencé à émerger de
la mer que vers la fin du quatrième siè
cle! Là-dessus, M. Sarcey prend en pi
tié M. Lenthéric, un ingénieur cepen
dant, qui,dans son remarquable ouvrage
sur les Villes mortes du golfe de Lyon, a la
naïveté de croire que la science ne fait
pas obstacle à la légende. Mais un clé
rical peut-il être un savant ?
Si M. Sarcey avait mieux lu son
auteur, il aurait vu (le passage, il est
vrai, est en note) que M. Lenthéric est
pour M. Desjardins une autorité un peu
plus embarrassante que pour lui. Tout
opposé qu'il reste, comme ancien élève
de l'école normale, la légende chré
tienne des saintes Maries, M. Desjardins
est à peu près forcé de reconnaître, dans
son second volume que la tradition qui
fait débarquer à Marseille et sur les pla
ges basses du delta du Rhône lès émi-
grants de Judée, n'est en réalité contrai
re ni à la géographie ni à la géologie.
Du reste M. Lenthéric, dans un se
cond ouvrage non moins remarquable
que le premier, la Grèce et l Orient en
Provence , que M. Desjardins n'a peut-
être pas pu connaître à temps, a sura
bondamment établi ce qu'il avançait
dans le premier.
En rendant compte prochainement
du livre, remarquable à divers titres,
de M. Desjardins, nous aurons occa
sion de lui dire qu'il a eu tort de ne pas
mieux étudier M. l'abbé Faillon, puis
de ne pas tenir compte des travaux pos
térieurs à l'ouvrage des Monuments iné
dits. , et surtout de ne pas connaître, lui
épigraphiste, l'inscription^ récemment
découverte sur le territoire de la Ca
margue, qui prouve que la terre des
Saintes-Maries existait avant le IV e sie-
cle.
Quant à M. Sarcey, qui a fait preuve
ici de son étourderie et de son outre
cuidance ordinaires, il peut voir déjà
ce que vaut le titre de son article.
A xt&uk L oti.
Les feuilles radicales, dans leur ar
deur à poursuivre M. le président Bas-
tien, insinuent depuis deux jours que
l'arrêt de non-lieu rendu à son profit
ne saurait être publié, parce que la
cour de cassation serait fort en peine
de mettre le public dans la confidence
des motifs qui ont pu la déterminer à
venger l'honneur d'un magistrat indi
gnement attaqué par les radicaux.
Pour faire apprécier la valeur de ces
insinuations, nous n'avons qu'à repro
duire la note suivante de la Gazette des
Tribunaux :
Nous ne pourrons publier que dans no
tre prochain numéro, celui de mardi, le ré
quisitoire de M. le procureur général et
l'arrêt de non-lieu de la chambre des re
quêtes, sur la dénonciation portée contre
M. la président Bastion. La première de
ces deux pièces, qui ne.peut être séparée
de la seconde, a une étendue qui ne nous
permet pas d'en achever la copie aujour
d'hui. L'arrêt, d'ailleurs, n'a pu être signé
que dans la journée.
Espérons que les journaux, si em
pressés à réclamer la lumière quand
ils ne voulaient pas admettre qu'elle
serait faite, s'empresseront de publier,
aussitôt qu'ils auront paru, les docu
ments dont parle la Gazette des Tribu
naux.
■
On lit dans le Journal officiel :
La note publiée dimanche dernier par
l'Agence Bavas, au sujet des fonctions de
l'état-major général, n'émanait ni du cabi
net du ministre, ni du chef d'état-major
général.
La lecture attentive de ce document suf
fit à le démontrer.
Tout en désirant, dans l'intérêt du pays
et de l'armée, que l'organe de la prépara
tion à la guerre soit aussi stable que-pos
sible, aucun ministre ne pourrait tolérer à
côté de lui une responsabilité pareille à la
sienne.
D'autre part, le chef d'état,-major géné.-
ral est trop soucieu\ de ses devoirs pour
avoir la moindre pensée de se soustraire,
en quoi que ce soit, à. l'autorité du minis
tre de la guerre, qui est le chef de l'armée.
Le Soleil, discourant sur les appré
ciations que font les journaux du dis
cours de M. Bardoux, conclut par les
réflexions suivantes :
C'est surtout dans un gouvernement dé
mocratique, fondé sur le suffrage univer
sel, que l'instruction publique doit être
mise à la portée de toutes les bourses, et,
quoi qu'on en puisse dire et penser à
ohe, il y a un fait indéniable, c'es* quel'ia-
btraction" primaire et m^ e l'instruction
secondaire trouvé toujours dans les as
sociations religieuses des facilités maté
rielles qui ne sauraient exister dans les in
stitutions laïques. Puis, ce qui domine
toute la question, c'est le pouvoir incon
testable des pères de famille de confier l'é
ducation de leurs enfants à des institu
teurs et à des institutirice qui ont leur con
fiance et, par conséquent, de pouvoir choi
sir entre l'instruction laïque et l'instruc
tion religieuse.
Au double point de vue que le Soleil
considère, ces remarques sont parfai
tement justes ; mais on sait que les ra
dicaux ne sont pas plus soucieux des
vrais intérêts du peuple que de l'autorité
du père de famille, auquel, en toutes
choses, ils prétendent substituer la ty
rannie de l'Etat.
Nous lisons dans la Gazelle de France :
M. de Marcère, dans la séance du 25
mars, répondant à l'honorable M. Monnet,
sénateur, au sujet de la révocation d'un
maire des Deux-Sèvre», entouré de l'esti
me publique, avait essayé de se justifier
(nos lecteurs se le rappellent), en dirigeant
contre cet honnête homme les plus mé*
chantes accusations et les insinuations les
plus perfides.
M. de Marcère a reçu de celui qu'il
avait calomnié du haut de la tribune, la
lettre suivante :
Vous m'avez personnellement attaqué et voua
n'avez pas oraint de mettre en doute mon hono
rabilité privée et professionnelle.
Malgré le détlain que je professe naturelle
ment pour les oalomnies, est-il possible, mon
sieur le ministre, que je ne proteste pas énergi-
quement contre les aoousations portées par voua
à la tribune française, et dont les éléments, qui
vous ont été fournis, ont été aoceptés d'autant
plus légèrement que votre haute situation vous
oommandait d'en vérifier l'exaotitude avant leur
production inqualifiable? *
Non, monsieur le ministre, pendant les
trente ans et plus de mon exeroice oomme no
taire, je 11'ai jamais eu à rendre oompte ni à la
justioe ni à la ohambre de mon arrondisse
ment d'un seul fait inoriminable relatif à ma
profession.
Vous parlez d'un jugement et d'un arrêt.
Ce jugement et oei arrêt, monsieur le minis
tre, n'avaient trait qu'à un procès civil à la
suite d'une question (j'ajoute purement person
nelle) survenue en 1859 aveo un créancier d'un
de mes fermiers, au sujet d'une misérable
somme de cent cinq francs il!
Que reste-t-il de oe stigmate que vous avez
voulu imprimer & ma personne ? L 'arrêt dont
vobs avez oru pouvoir arguer a-t-il atteint sa
quoi que ce soit ma dignité professionnelle?
Non, puisqu'il n'avait trait qu'à une affaira
d'intérêt privé, par conséquent étrangère à ma
profession, et que si le procès eût dû influer
sur ma oonsidération, à partir de cette époque»
les marqae3 d'estime se fussent retirées de moi.
J'ai été maire depuis 1842, je suis mombre du
corsait général depuis 1842, je suis membre du
conseil général depuis 1844 sans la moindre in«
terruption.
Cette protestation n'a pas besoin de
commentaires. Elle fait juger le ministre
qui, par de tels moyens, cherche à donner
le change à l'opinion publique et calomnie
ses adversaires pour mieux les frapper.
M. de Marcère savait, en effet, que son affir
mation était fausse,puisqu'il avait le document
entre les mains.
Nous espérons que cette affaire n'en
restera pas là, et que M. de Marcère,
bien qu'il ait compté sur la double im
munité du ministre et dû député par
lant à la tribune, sera forcé de se ré
tracter.
L'honneur d'un honnête homme ne
ment des radicaux.
On lit dans l 'Union :
¥; r le . P r éfet Spuller a refusé à nos amis
del Union de Vvucb^ e l'estampille pour le
compte ren-n des débats parlementaire»
auxquels on (; donné lieu les quatre élec-
.âôns de ce département.
Voilà pour la liberté !
M. le préfet de Vaucluse a accordé l'es
tampille au compte rendu colligé par les
républicains.
Voilà ponr l'égalité !.
Le premier compte rendu était un as
semblage de documents sans couleur de
parti. Le second contient les plus violentes
excitations et les outrages les plus odieux
contre d'honnêtes gens.
Entre les deux, M. Spuller n'a pas hé
sité dans ses sympathies. On n'est pas
pour rien le frère du rédacteur en ch^f de
la République française.
On lit dans l 'Osservatore romano dii
10 avril :
L'Àvvenire, l'Italie, la Naziene et d'autrea
journaux, se copiant les uns les autres»
sous le titre : Les cléricaux aux urnes , pré
tendent prendre en faute l'Osservatorero-
FEUILLETON DK L' UNIVERS
80 15 avril 1878
LES PSAUMES
tTl'MÉS ES VIE DE U P8ÉMMTI0\
Par M. l 'abbé DOUBLET
rlIAKCtlNi: n'.Mil! A s (1)
Nous goOtuûâ uae vraie jouissunee b
rendre compte, après l'avoir lu et étudié
avec l'attention qu'il mérite, du nouvel ou
vrage d'un auteur dont les Eurcès ont été
croissants et dont le talent a grandi avets
les succès. Le beau travail de M. l'abbé
Doublet sur les Psaumes est en tout digne
de ses précédents ouvrages. Nous dirions
même volontiers qu'il l'emporte sur eux, si
non par la solidité et la richesse du i'jn'l, au
fcloins par l'éclat do la forme, la vivacité de
l'allure, la chaleur du mouvemonl,tout os les
gu^litjSsi oratoires. La manière do l'au eur
Cp précise et pHanifettement m puissance
d'exposition grandit. Un avait dfjà admiré
dans ses deux premiers ouvrages sur Saint
Paul et sur Jésus-Christ la netteté et la luci
dité de l'exposé, l'umpleur des vue?, et la
profondeur des perspectives,l'auteur s'élait
?$vél(5 à !$ fois comme théologien et comme
orateur.
Dans ses précédent» livres, l'iS riture
comme le docteur uogélique livraient tans
relâche, sacs travail, sans nul!e trace de
faiblesse et d'indécision, leurs plus profon-
(l' 1 paris, Baretia êt Tratiu, 69, vue de ft>su-
p cr, 3 vol. îh -12,
des dectrines et leurs thèses les plus bel
les. Dans celui-ci, dans celle élude des psau
mes faite pour la première fois à un sem
blable point de vue, le3 révélations du
texte sacré nous paraissent'plus saisissan
tes encore. Le texte ne souffre jamais de
violence, c'est bien là le sens; les exégèles
les plus scrupuleux ne sauraient faire à
]'«iteur de procès légitimes, et pourtant
quels nouveaux traits de lumière jai lissent
de ces pages saintes qui nous frappent très
certainement pgur la première fois ! Que
de choses nous apparaissent das psaumes
auxquelles peut-être nous n'avions jamais
songé ! C'est là où nous semble exceller
l'auteur. La profonde connaissance des pè
res, WR befcitpde laisser les sentiers
battus, de ne se contenter pas du fflédio-
Gre s niais de creuser dans le texte qu'il
commente des êî U oôs nouveau?, valant à
ses lecteurs tant de pages originales et
neuve?, tant d'aperçus que daus.aucun au
tre exposé le texte ne laisse même pres
sentir ! Jamais M. l'abbé Doublet ne se
traîne péniblement <|aas 1$ limite du ver
set. Il va droit & la synthèse, l'ensemble
lui apparat, l'édifice e^t construit dans un
psaume oh unf< sétie ds psaumes, ainsi
que précédemment dans un chapi re ou
uce série de chapitres de saint Paul, une
vaste théologie se montre à nous, dessi
nant avec netteté ses conlours et nous fai
sant ensuite pénétrer avea ordre danp les
détails.
" Telle eù la marche invariable de l'au
teur et ce qui donne à son livre tant de
solidité, et mêmeausfci, oserions nous dire,
d'amplitude et de grandeur; ëi ses ouvra
ges ont été de suite et si universellement
goûtés, nous l'attribuons en grande partie
à ce que cette manière de commenter l'E
criture a de neuf et de puissant. Dans un
texte, M. l'abbé Doublet sait admirablement
trouver le mot fondamental, l'idée mère de
toute une doctrine, le trait sai.-issan" ; il U
détache, il le met en lumière et en fait un
centre autour duquel gravitent ensuite tous
les développements.
Le plan d'ensemble embrasse toute la
matière des psaumes : Dieu, le Fils de Dieu,
les Enfants de Dieu, Us Ennemis de Dieu,
telles sont les grandes divisions de l'ou
vrage. L'idée mère des cantiques de David
s'y trouve admirablement contenue, les
psanmeB viennent tour à tour s'y enchaîner
harmonieusement.
Dm: lallô est la préoccupation du Psal-
mîste;' tel est aussi le premier et le plus
vaste objet du livre de M. l'abbé Doublet :
La double élude que l'auteur consacre au
doub'e règne de Dieu, sonrèg^o sur la na
ture et son règne sur les nations, offre les
plus neuves et les plus belles doctrines.
Quelles g andes et puissantes choses nous
réyèle Je Pcsimiata sur a tieim qui règne
dans les cieux et de qui relèvent les empi
res ! » Avec une étonnante force d'analyse,
l'auteur nous fait suivre à travers les Psau
mes la conduite entière de pieu sur les na
tions qu'il tient victorieusement sous son
sceptre ; les nations qu'il fonde, celles qu'il
anéantit et fait disparaître, sellqs qu'il châ
tie pour 1 les vivifier, celles qu'il brise pour
ne plus les refaire. A chaque pas de cette
étude, cous sommes, en quelques applica
tions-pleines d'énergie et de vérité, rame
nés à nps sasiéi-és c&lprôp'Qraîies e't.à jiqs
crises sociales du moment,-PuU * »* :
, , , - ulu*
de,?, touion^ £ra V es, parfois sombres et
formidables, succèdent, comme une vision
douce et seraine, celles sur les multiples
et perpétuelles miséricordes du Seigneur.
Et là que de gracieuses et aussi de nobles
pages sur les œuvres du divin Amour !
Dana une deuxième partie, l'auteur réu
nissant, condensant, expliquant tous les
Psaumes prophétiques relatifs à Jésus-
Ghrist, compose d'après David un solide
traité de l'incarnation, do la rédemption,
des mystères,des excellences, das œuvres,
des signes, des grâces du Verbe incarné ;
les plus profondes expositions dogmati
ques de saint Paul et de saint Jean ont
dans le Psalmiste leur saisissante préface.
Gomme il a connu mieux que tout autre
les douleurs du Verbe expiateur, a mieux
que tout autre aussi contemplé et décrit
les gloires, les triomphes et les préroga
tives du Christ ressuscité, le mystère de
son indéfectible vie, de sen inépuisable
règne, de son universel empire, de ses œu
vres à travers le monde et "de sa domina
tion dans toute l'étendue des temps, et si
certains psaumes nous font dss dehors du
Christ ces descriptions magnifiques, d'au
tres plus profonds encore pénètrent dans
l'intime de l'Homme-Dieu, analysent les
mystères de l'union hypostatique et déli
vrent le? dons et les riohesses de la sainte
humanité.
A la lecture du livre de M. l'abbé Dou
blet, on demeure s^péfaït d'-avoir si con
tinuellement lu les psaumes sans soup
çonner même le trésor théologique qui y
est renferώ. C'est qu'aussi ayeun autre
commentaire ^'adoptant cette marche et ne
réunissant dans un pareil ensemble ces
multiples et très éparses révélations, au
cun autre ne mettant si vivement en relief
et en lumière tant de IçaitsWaris»Tar
des, dîsgïmyië? hwilà t^é, nous avons
u saas v £- en( j re g ar de, nous avons psal
modié sans saisir les points fondamen
taux, les idées mères, les doctrines d'où
tout part et où tout vient aboutir.
La venue de Dieu sur la terre ne pouvait
être un fait isolé ni une apparition stérile.
De l'incarnation surgit dans le monde une
race nouvelle et divine, qui perpétue lés
puissances et les merveilles du Christ son
chef. L'auteur la nomme la famille des en
fants de Dieu. A elle maintenant de nous
être révélée dans sa naissance, sa vie, sa
mission, par le livre des Psaumes; à elle
de nous apparaître sous la pinceau aussi
énergique que délicat de M. l'abbé Dou
blet. Dans son étude qui a pour litre : Ce
que c'est qu'un catholique , l'auteur s'élève à
des considérations très hautes sur la vie
surnaturelle, les grandeurs, la noblesse, la
force invincible, les étonnantes œuvres du
parti catholique.
Dans les suivantes intitulées : les Exilés,
— les Proscrits,— les Vainqueurs, il trace de
la vie militante des catholiques au milieu du
monde, en plein cœur de nos défaillances,
de nos décompositions sociales, de nos
haines révolutionnaires, des tableaux d'un
palpitant intérêt. Une charmante et pa
thétique étude termine cette quatrième
partie de l'ouvrage : La vie intime de l'en
fant de Dieu. Là l'auteur, guidé par* le
psalmiste, pénétre au plus çïofand de l'âme
chrétienne pour en contempler les mystè
res, eg surprendre les joies et les larmes,
la sérénité et les tempêtes, la maladie du
péché ou le plein épanouissement de la vie
surnaturelle,
Unç dernière étude intitulée : les Enne
mis de Dieu termine l'ouvrage. Cette étude
est victorieuse. Armé de textes et de pièces
de conviction ds toute sorte, d'aveux formi
dables veau§ sïe toute part, l'auteur signale
et stiff^atisg avec indignation la guerre im
pie faite sous nos yeux à Dieu et à Jésus-
Christ, à.l'Eglise.au sacerdoce, à la famille,
à l'ordre social tout entier. Il fait plus, il va
droit au mal, il creuse à la racine, il intente
à l'enseignement qui a corrompu la jeu
nesse française une accusation que ces
preuves rendent vraiment écrasante.
Après les ennemis forcenés viennent les
mitigés . L'auteur, sous ce dernier titre,
analyse avec beaucoup de sagacité l'erreur
libérale, à laquelle, avec une complète rai
son, il impute nos plus profonds» biéssu-
res et nos plus incurables maux,
Ici, nous serions pour la première fois
tenté d'être quelque peu sévère et de for|
rnuler un reproche que nous croyons fondé.
Cette dernière partie nous semble très
écourtée. Des richesses ont été omises,
Les textes des psaùmes pouvaient fournît
de plus amples développements. Néan
moins, la trop grande concision de ceAta
étude ne doit pas nous rendre injustes
pour sa remarquable solidité.
N'ayons garde d'oublier le côté peut-être
le plus saillant, et en tout cas le plus pré
cieux de tout l'ouvrage : l'aûtualité. Ce mol
semble étrangement jurer, appliqué à un
commentaire d'e l'Ecriture, quelque large»
ment conçu qu'on le suppose. Néanmoins-,,
il est ici absolument vrai. Gomme le fait
plusieurs fois remarquer M. l'abbé Dou
blet, l'Ecriture est de tous les temps, l'Es
prit-Saint instruit par elle toutes les géné
rations tour à tour. Avec l'ouvrage donl
nous rendons compte le Psalrnisie vit
parle, enseigne au milieu de nous. C'est
notre société contemporaine qu'il instruit»
récrimine, foudroie s relève. '
En lisant oes pages si fortes s si lucides,
si pratiques, que de fois noire pensée s'est
reportée sur les laïcs {Ah ! c'est à eux que
conviendrait avant tout cette vivifiante
lecture, Oserons-nous dire ici toute notre
pensée ? Nous regrettons un peu le litre de
l'ouvrage. S'il définit parfaitement le genra
de travail, la manière de l'auteur, le but
qu'il s*esi proposé, les besoins assurément
très vénérables qu'il vise, à notre avis, ca
titre donne trop le change, tient trop l'ou
vrage circonscrit dans le clôfgé. Un te*
livre devrait se trouver entre les mains d^
toutes les personnes du monde, intelli
gentes et soucieuses de belles et fortes
choses,
A. G.
Docteur en théologie.
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