Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1878-03-02
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 mars 1878 02 mars 1878
Description : 1878/03/02 (Numéro 3794). 1878/03/02 (Numéro 3794).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k701067d
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Samedi a iViars 18/6
J\° 3794. — Edition quotidienne.
■S?
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1 'j^'farBS^
Samedi i Mars ifcya
PARIS
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Le Numéro, à Paris ; 15
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édition semi-quotidienne
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L'UNIVERS se répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
akiïosîces
SI Ci. L1GMGE, CE&F et C' e , 0, place de h ïuurse.
FRANC
PARIS, 1" MARS
Rome, 26 février 1878.
J'ai usé du télégraphe, qui décolore
toutes les nouvelles, mais qui va vite,
pour:vous rendre compte de l'audience
privée dont Sa Sainteté a daigné m'iio-
norer ou plutôt a honoré l'Univers. J'y
reviens plus au long, bien que vous sa
chiez déjà tout ce qui importait.
Je devais être reçu à sept heures du
soir. J'appris dans la journée que le
Saint-Père, qui depuis son; élection re
çoit chaque jour dans des audiences
générales ou particulières des centaines
de personnes, disant à chacune un mot,
était si fatigué qu'il avait dû ajourner
une grande audience fixée à quatre
heures; J'eus peur d'être compris dans
cet ajournement; mais aucun,conire-or-
di-e ne me vint, et le soir à sept heures
j'étais dans la vaste antichambre de
l'ancieu appartement du cardinal
Antonelli, qu occupe momentanément
Léon XIII.
J'attendis peu et je fus introduit par
Mgr Cataldi, qui fait par intérim le
service aujourd'hui très difficile et pé
nible de maître de chambre.
Le Pape était assis dans le fond
de son cabinet de travail qu'éclairait
une seule lampe; il se leva, s'avança de
quelques pas pendant que je faisais les
génuflexions, et me donna sa main à
baiser.
— Vous êtes Eugène Veuillot du
journal l' Univers ?
— Oui, très Saint-Père, et je viens
ayec bonheur dire à Votre Sainteté
que l'Univers, qui a toujours été au
service de l'Eglise, la servira toujours
avec le : plus entier dévouement et la
plus absolue soumission. Il a été créé
pour cela et espère bien n'y jamais
manquer. Je demande à Votre Sainteté
sa bénédiction pour notre oeuvre, pour
ceux qui la font et ceux dont le con
cours la soutient.
— Je connais depuis longtemps 1*Z7-
nivers, répondit Léon XIII. C'est un vcai
journal catholique, je le lis, j'apprécie
ses services ; je vous encourage à la
persévérance et je vous donne les béné
dictions que vous demandez. Mais di
tes-moi comment va Louis Veuillot,
Votre frère : j'ai appris qu'il avait été
malade/
—• Il va bien maintenant, très Saint-
Père et se propose devenir prochaine-^
ment recevoir la bénédiction de Votre*
Sainteté.
— Très bien ! je le verrai avec satis
faction.
Léon XIII me demauda ensuite de
puis combien de temps j'étais à Rome
et daigna m'engager à voir le cou
ronnement, ajoutant que cette solen
nité aurait lieu dans la grande loge
intérieure de Saint-Pierre. Il me donna
pour tous ceux qui me sont particuliè
rement chers les bénédictions que jë
sollicitais; puis, revenant à la presse
religieuse, il parla de la mission qu'elle
remplit et des services qu'elle rend.
— Continuez votre œuvre, ajouta le
Saint-Père et continuez-la avec fermeté.
La religion est très attaquée, il faut la
défendre. Tout est là. C'est la société
que l'on sauvera en détendant les prin
cipes religieux. La presse catholique
soumise de tout cœur aux enseigne
ments du Saint-Siège est plus que
jamais utile, et je tiens à l'encou
rager.
Au moment où je me retirais, le vi-
eait£ de Jésus-Christ s'avança de quel-
3ues pas et me dit: «Je donne une béné-
iction spéciale à Louis Veuillot, dites-
lui bien que je le bénis. »
E dgène V euillot.
Nous recevons de Rome les dépêches
suivantes:
Rome, 1 er mars, 8 h. matin.
Hier, las dâputations des universités
catholiques de France ont été reçues en
audience par Sa Sainteté.
A l'adresse lue par Mgr Sauvé, le Pape
a répondu en louant les universités et la
France toujours, catholique et généreuse.
Rom8,10 h. 45, matin.
L'Osservatore romano publie la circulaire
du Sacré-Collége au corps diplomatique
accrédité par le Saint-Siège, pour expli
quer ^ue la tenue du Conclave à Rome
n'implique aucunement l'acceptation des
faits accomplis. Ce document est daté du
19 février* Les augustes signataires y re
nouvellent toutes les anciennes protesta
tions du Saint-Siège cootre la sacrilège
usurpation des domaines de l'Eglise.
Nous avons publié dans notre nu
méro du 26 février le résumé du grave
document dont il est question dans la
dépêche ci-dessus. Aujourd'hui nous
sommes à même de pouvoir en donner
la traduction. La voici :
Circulaire du Sacré-Collége
4 l'exoellentissime corps diplomatique
accrédité auprès dtf saint siège
en date i)u 19 février 1878
■dans la tristesse lo Saeré-Collége qui, ha
bitué à admirer de plus près les vertus su
blimes étles actes glorieux du Pontife dé
funt, est à même plus que tout autre d ap
précier la perte irréparable que 1 Eglise
catholique a faite ces jours derniers.
La gravité de ce malheur public est pour
lui d'autant plus sensible qu'appelé par les
dispositions des saints canons et les con
stitutions pontificales à pourvoir aux be
soins urgents de l'Eglise et du Siège apos
tolique vacant, il se trouve obligé de tra
verser, sans être guidé par son chef, les
moments les plus graves et des difficultés
plus sérieuses que jamais.
. Mais confiant dans la parole de Celui qui
a promis sa divine assistance à l'Eglise, le
Sacré-Collége estjermement décidé à rem
plir les devoirs sacrés que lui imposent les
dignités éminentes dont il.est revêtu et
l'importante. mission qui lui a été con
fiée.
Personne n'ignore que les serments prê
tés par tous ceux qui composent le Sacré-
Collége, alors qu'ils ont été promus à la di
gnité cardinalice, leur prescrivent comme
le plus strict des devoirs d§ défendre et de
protéger les droits, les prérogatives, ainsi
que les biens temporels de l'Eglise au prix
de n'importe quel sacrifice, fût-ce môme
celui de leur propre vie. Or, ces serments
ont reçu aujourd'hui une solennelle confir
mation quand les cardinaux, réunis en une
congrégation générale depuis la mort du
regretté Pontife, ont renouvelé unanime
ment devant Dieu les serments précéden's.
ils 1 ont voulu y adhérer de nouveau par un
acte formel, et renouveler en outre toutes
les réserves et protestations émises par le
défunt souverain Pontife soit contre l'oc
cupation des Etats de l'Eglise, soit contre
les lois et décrets promulgués au détri
ment de l'Eglise et du Saint Siège aposto
lique.
C'est pourquoi, au nom de leurs respec
tables collègues qui les en ont chargés, les
cardinaux chefs d'ordre soussignés s'a
dressent it Votre Excellence pour lui don
ner communication de cet acte important,
en la priant de le porter à la connaissance
de son souverain, persuadés qu'il voudra
bien y voir une défense des droits men
tionnés plus haut, ainsi qu'une manifesta
tion du sentiment des cardinaux, lesquels
sont décidés à suivre la voie tracée par le
Pontife défunt, quelles que soient les
épreuves auxquelles ils puissent s'attendre
au cours des événements.
Et comme il convient que l'txercica du
pouvoir ecclésiastique suprême, et spécia-
rnent l'acte important de l'élection du suc
cesseur de saint Pierre, reposent sur des
bases solides , et assurées, et ne soient
poiat au contraire exposés aux agitations
politiques, ni soumis aux intérêts ou à l'ar
bitraire d'autrui, le Sacré-Collége, dès l'in
stant de la mort du hiérarque suprême, a
été obligé, non sans craintes et anxiétés,
de se poser la question épineuse et ardue
du lieu où il convenait que le conclave fût
réuni.
Si, d'une part, la nécessité de répondre,
vis-à-vis des consciences anxieuses des fi
dèles, de la pleine et absolue liberté et in
dépendance du Sacré-Collége, dans des
moments aussi graves et aussi décisifs
pour l'Eglise, suggérait la pensée de cher
cher aillflurs un asile sûr et tranquille, de
l'autre, les retards auxquels aurait été né
cessairement exposée l'élection du Pontife
romain conseillaient d'agir autrement, 1e
premier des devoirs du Sacré-Collége étant
aujourd'hui de s'occuper sans retard de
donner un chff & l'Eglise veuve et un nou
veau paste.ur au troupeau désolé de Jésus-
Christ.
Cë sentiment a prévalu sur toutes les
difficultés, et a porté le Sacré-Collége à
décider qu'il s'occuperait dans cotte Ville,
tant que sa liberté ne serait pas le moins
du monde troublée, de l'élection immédiate
du nouveau souverain Pontife. Cette réso
lution a été prise avec une tranquillité d'au
tant plus grande que, n'engageant l'avenir
en aucune façon, elle laissait le futur Pon
tife complètement libre d'aviser aux moyens
que le bien des âmes et l'intérêt général
. de l'Eglise lui conseilleraient dans les con
ditions pénibles et difficiles où se trouve
ce Siège apostolique.
Les "ordinaux chefs d'ordre soussignés
profitent de ceuê ^adon P°f ( confirmer
& Votre Excellence les sentimCI! • a « elc*
(Suivent les signatures.)
Excellence,
La survenance inopinée de la mort du
souverain Pontife Pie IX, de glorieuse mé
moire, a profondément contristé les cœurs
de tou t les fidèles répandus dans le monde
catholique; elle a jeté plus spécialement
On nous écrit de Rome, le 26 février:
Le Saint-Père a daigné recevoir ce matin
les représentants des ordres militaires
d'Espagne, revêtus de leurs insignes. Ils
lui étaient présentés par S. Em. le cardi
nal patriarche des Indes. Hier, Sa Sainteté
avait reçu en audience privée M. le mar
quis Patrizi, porte-étendard de la Sainte
Eglise romaine, venu à l'audience avec son
uniforme de. capitaine des gardes nobles,
et M. le prince Altiéri avec toute sa fa
mille.
Dans une précédente audience, Mgr Le-
quette, évêque d'Arras, en présentant au
Pape l'hommage de sa dévotion filiale et
de son inaltérable attachement au siège de
Pierre, a déposé aux pieds du souverain
Pontife une forte somme pour le denier de
Saint-Pierre, provenant delà générosité de
ses diocésaine.
Enlio, ]o ne faurais passer sous silence
l'accueil f lit par Léon XIII à la députation
des anciens zouaves pontificaux admis en
sa présence. Lo Saint-Père leur ayant dit
qu'il croyait pouvoir toujours compter t-ur
leur dévouement : « Oui, oui, se sont ils
écriés tous d'une voix, Très Saint Père,
nous sommes à vous, h la vie et à la mort! »
«Baisez donema croix,» arèpondule souve
rain Pontife, et il a permis que chacun des
assistants lui donrât cette marque de dé
votion filiale, comme poUr sceller le ser
ment que tous venaient de faire.
L'Agence Eams nous communique la
dépêche suivante :
Rome, 28 février.
Le cardinal Simeoni prendra possession,
lundi prochain, de son poste de secrétaire
d'Etat. En même temps il adressera aux
puissances une note les remerciant de
leurs témoignages en faveur du nouveau
Pape.
L'intelligent éditeur de la Revue du
Monde catholique a consacré sa livraison
du 25 février aux Souverains Pontifes
Pie IX et Léon XIII. C'est un beau vo
lume de 300 pages grand in-8°, for
mant le complément admirable de tou
tes les histoires de Pie IX. La postérité
y lira au milieu de quel deuil vengeur
Je monde a vu disparaître le grand
homme qu'il avait méconnu. « La mort
révèle le fond des cœurs, » dit Bossuet.
Le fond des cœurs dans la France incré
dule, et l'on peut dire dans toute l'Eu
rope, lorsque Pie IX a quitté la terre,
c'était l'estime, l'admiration et la vé
nération profondes pour le chef de l'E
glise catholique, celui que la philoso
phie avait injurié, que l'ingratitude
s'était efforcé de vaincre et que la force
et la folie avaient dépouillé. Après
trente années de guerre et de trahison,
faisant silence devant son corps au cer
cueil et son âme toujours vivante, l'Eu
rope a confessé au'à ses yeux cet hom
me seul, durant leiongorage de sa vie,
avait été juste et grand. Trente ans, il
a combattu, mais il n'a pas eu peur;
la tempête a soufflé sur lui, mais il n'a
pas plié ; il a été vaincu, mais par le
temps ; et ni contre les hommes, ni
contre le temps, il n'a désespéré. En
son nom et au nom du peuple chré
tien dont il était le suprême représen
tant, il s'est confié au Christ qui ré
veille toujours à temps l'invincible
conscience humaine; et il a fait face à
d'innombrables ennemis. Il a cru à la
force du droit, plus durable que les pré
tendus droits de la force. Ferme dans
les espérances que son grand cœur sen
tait immortelles, i l est descendu au sé
pulcre, laissant à ses fils un avenir vi
vant. Et, en effet, voici qu'autour de ce
sépulcre, avant même qu'il ne soit fer
mé, les espérances attestées toute sa
vie se réveillent, jaillissent et sont en
fleurs. La fontaine a repris son cours,
le sol est inépuisable, et, avec une con
fiance sublime, une des voix que le
monde écoute s'élève du sein de l'exil,
disant : a Le tombeau glorieux de Pie IX est
le portique de l'ordre social chrétien (1). »
Entre les chapitres divers réunis par
la Revue catholique pour former ce beau
panégyrique de Pie IX, on distingue
une esquisse de M. Léon Gautier, où
cet écrivain envisage rapidement le
Pape comme orateur. Pie IX était un
orateur excellent, mais on osait à
peine s 'apercevoir de ce mérite tant
il disparaissait dans sa personnalité. Ce
qu'il faisait était bien fait. On trouvait
tout naturel que ce qu'il disait fût bien
dit. Tout restait couvert et comme ab
sorbé par le charme incomparable de la
bonté et delà majesté; tout néanmoins
était parfait comme le reste. La trop
courte dissertation de M. Gautier nous
fait relire quelques-unes de ces paroles
dont le monde a tressailli. Toutes sont
des éclairs qui font apercevoir l'éten
due et la magnificence de la vérité. On
y sent ia force qui nourrit les âmes. Elles
composent un portrait frappant. On y
retrouve la confiance, la grandeur et la
mansuétude, qui étaient, comme le dit
fort bien M. Gautier, les caractères prin
cipaux de Pie IX. Cette esquisse est trop
belle pour n'être pas complétée sur les
documents qui n'ont pas cessé de s'ac
cumuler jusqu'au dernier jour. Nous
demandons à M. Gautier que son ébau
che devienne un livre. Il n'en saurait
faire de plus beau, de plus utile et de
plus pieux. Ce gérait rendre Pie IX aux
peuples qu'il a évangélisés; et l'Eglise
et la postérité sont intéressées à ne
rien perdre d'un tel souvenir.
Signalons aussi une page charmante
et excellente de M. Paul Féval. Ici le cé
lèbre romancier, qui purge avec une
vigilance courageuse ses anciennes
œuvres trop écrites pour un monde
dont il s'est séparé, prend pleinement
possession du vrai qui a pri§ pleine
ment possession de lui. La félicité de
sa plume montre qu'il s'y trouve bien.
Il n'y a rien de plus jeune, de plus neuf
et où un esprit chrétien se puisse sen
tir plus à l'aise que ie morceau intitulé
Laudate pueri Dominum, dans lequel, à
l'occasion de la mort de Pie IX, il com
mente le psaume que l'Eglise çhantp
en recevant dans ses mains jo'yeuses et
respectueuses le corps innocent des
nouveaux-nés. Ce chant d'allégresse
est à la fois plein de maturité et de naï
veté. Rien de plus fort, rien de plus
doux. Il semble qu'on voit un deuil de
héros suivi par des enfants, mené par
deg vieillards sous un ciel de mai. La
douleur mâle, l'espérance joyeuse, les
fleurs, la rosée et le soleil en sont la
pompe attendrie. Nous félicitons M.
Paul Féval d'avoir si heureusement ex
primé la poésie des funérailles de Pie IX.
a Les funérailles des Papes, disait un
grand évêque, exhalent une odeur de
vie, »
Louis V euilloï
A propos de nos réflexions du 6 fé
vrier, sur l'asile de nuit de Genève,
l'œuvre hospitalière de Marseille nous
é îrit pour nous sigoaler son existence,
(l) Paroles de Mgr l'évô^ue d'ilsbron.
qui a été l'objet de plusieurs rapports
dans diverses assemblées catholiques
et dont les journaux religieux se sont
occupés maintes fois.
^ L'œuvre hospitalière de Marseille a
ouvert soir asile il y a plusieurs années .
II est entièrement gratuit. « La rétribu
tion de 3® centimes, exigée à Genève,
serait pour nous une source de revenus
considérables que nous n'emploierons
jamais, écrivent les directeurs. Nous
préférons de beaucoup nous adresser à
la charité publique, nous confiant en
tièrement à la divine Providence, qui
ne nous a jamais fait défaut. »
L'œuvre hospitalière a été fondée.le
22 décembre 1872 ; elle a recueilli et
abrité depuis ce jour près de quarante
mille pensionnaires, disent les direc
teurs, qui, avec les bénédictions du
souverain Pontife et celles de leur
évêque, ont encore reçu des diverses
autorités de Marseille, de la préfecture
et du Conseil général, du parquet et de
la police, d'utiles et précieux témoi
gnages de bienveillance et de concours.
Les honorables directeurs en concluent
que « nos lois françaises n'ont rien qui
s'oppose à leur œuvre, au contraire... »
Nous les croyons dans l'illusion sur ce
point. Les lois françaises depuis long
temps sont faites contre toute liberté et
toute action religieuses. Il est à souhai
ter qu'à Marseille jamais une autorité
préfectorale ou policière ne se mette
en visée de contrarier l'œuvre hospita
lière. Nos codes kri-en fourniraient des
prétextes aisément. Il ne faut pas pren
dre la tolérance et la bienveillance des
magistrats pour des droits imprescrip
tibles.
Les conférences de S. Vincent de
Paul ont pu croire longtemps à leur
pleine liberté, jusqu'au jour où il a plu
à M. de Persigny d'invoquer contre
elles des légalités déraisonnables sans
doute, et qu'on pouvait contester juri
diquement, mais qui n'en ont pas
moins été dressées contre les conseils
de cette œuvre et à leur dommage. En
ce ^moment, la Chambre des députés
invoque contre le droit des évèques,
dans leurs séminaires, des lois odieuses,
surannées, insensées, dont M. Bardoux
se tient pourleserviteuretle gardien, et
qui sont attentatoires au concordatdont
le principe primordial etmrque, pour
ainsi dire, consacre en France le libre
exercice de la religion catho'ique.
Que les fondateurs de l'œuvre hospi
talière de Marseille ne se fient donc
pas trop aux biènfaifs de la loi civile! Les
lois françaises, depuis qu'elles préten
dent s'inspirer de la liberté, sont un
véritable brigandage. Elles autorisent
toute tyrannie, elles justifient toute
violence. On trouve, il est vrai, dans
les principes du droit et de la raison,
des arguments sérieux, solides, impres
criptibles contre leurs excès. Le Con
cordat, en reconnaissant le plein exer
cice de la religion catholique, a infir
mé toutes les législations ineptes et il
légales, formulées et inspirées par les
Articles Organ ; ques. Les catholiques
doivent savoir par une expérience quo
tidienne qu'il n'y a plus depuis long
temps de droit reconnu en France hors
du bon plaisir des administrateurs, de
venus tous radicaux aujourd'hui avec
l'austère M. Dufaure.
L'œuvre hospitalière de Marseille,
qui n'a d'autres revenus que ceux de la
Providence, n'a pas non plus d'autre
fondement légal que l'appui de celte
Providence. Nous comptons qu'il ne lui
fera pas défaut ; nous espérons que la
sécurité des fondateurs de cette belle
œuvre ne sera pas troublée, et que rien
ne les retirera de la bienveillante imagi
nation où-ils sont, qne nos lois françaises
n'ont rien qui s'oppose à leur charité.
Charité et légalité sont deux termes
devenus à peu près antipathiques en
vertu du progrès de 1789. Il ne faut pas
que l'initiative des catholiques en soit
arrêtée. On ne recommencera pas tous
les jours ce que M. de Persigny a fait
contre la conférence de St-Vincentde
Paul.
Cela n'empêche pas l'œuvre hospi
talière d'être autorisée à croire que ses
règlements ont pu servir de base à l'a
sile de nuit de Genève, qui les a démar-,
qués simplement en en retranchant
l'inspiration et les pratiques religieu
ses.
Nous logeons environ 300 pauvres cha-
soir, écrivent lei directeurs ; nos lits sont
répartis dans 5 dortoirs, surveillés directe
ment par autant d'employés. Nos portes
fermés à dix heures du soir, ne s'ouvrent
que le matin après le lever, la prière et la
toilette.
C'est la prière que l'asile de Genève a
naturellement supprimée. line pouvait
non plus mieux faire que supprimer
les retraites données chaque année
aux pauvres hôtes de Marseille.
Les rapports annueU que les direc
teurs de l'œuvre hospitalière nous
adressent avec leur lettre, constatent
les fruits de moralisation et de ré
habilitation que donnent cette petite
prière du matin et du soir, ces retrai
tes bi-annuelles,et aussi les conseils des
administrateurs qui, non contents d'in
scrire tous les jours les noms de ceux
qui se présentent à l'asile, de s'infor
mer de leurs besoins, d'y compatir et
de s'y intéresser de toutes manièresjjne
manquent pas de faire chaque soir une
lecture à leurs pauvres hôtes et de leur
adresser quelques paroles. Ces divers
services de la charilé catholique qui, à
Marseille, pansent les misères du pau
vre et atteignent jusqu'aux puissances
de son âme, se sont tout naturellement
transformées entre lçs mains hugue-
nottes en simples conseils et facilités
hygiéniques de propreté corporelle.
Lion A ubinxàu.
On ïï'a pas oublié, parmi les catholi
ques, comment les radicaux ont es
sayé, l'année dernière, de supprimer
par voie budgétaire la loi sur l'aumô-
nerie. L'hostilité de la gauche contre
cette loi l'avait poussée tout d'abord à
prenant bientôt qu'ils ne pourraient de
la sorte arriver sûrement à leurs des
seins, les radicaux ont chaDgé de tacti
que.
Pour avoir raison des résistances du
Sénat, qui n'aurait jamais accepté la
suppression totale du chiffre affecté à
l'aumônerie, ils ont amené le minisire
de Ta guerre à diminuer ce chiffre d'une
aësez forte somme, moyennant quoi la
réduction des cadres s'opérait pour
ainsi dire d'elle-même, quelle que put
être d'ailleurs la bonne volouté du mi
nistre pour le maintien plus ou moins
complet de ces cadres. Par le fait, et
contrairement aux dispositions de la
loi qui règle le chiffre des rassemble
ments qui auront droit à un aumônier
titulaire, auxiliaire ou volontaire, uue
grande partie des aumôniers auxiliai
res furent rayés des cadres : quant
aux aumôniers volontaires, maintenus
grâce à la générosité des catholiquas,
ils étaient considérés dans le badfpe^
comme n'existant pas.
Or, ce résultat même ne suffit plus
à la haine antireligieuse des radicaux.
Opérant pour cette question comme ils
ont fait pour la question des bourses
dans les séminaires, voici que, sans
toucher d'ailleurs au chiffre inscrit, de
ce chef, dans le budget cette année
comme l'année dernière, ils ont amené
le ministre de la guerre à répartir le
fonds dont il s'agit de manière à sup
primer complètement l'existence des
aumôniers auxiliaires, détachés dans
les forts et en général auprès des ras
semblements militaires qui, n'étant pas
dans l'intérieur des villes, seraient, sans
aumônier, absolument privés de tout
secours religieux.
Notons que pour couvrir cette nou
velle violation de la loi, l'on porte de
11 à 18 le nombre des aumôniers titu
laires. Assurément nous n'avons nulle
envie de réclamer contre cette aug
mentation des aumôniers titulaires, et
nous trouverions très bon, au contrai
re, qu'elle fut adoptée et maintenue;
mais c'est à la condition que cette aug
mentation, conforme aux intérêts bien
compris de l'armée, ne soit pas, si l'on
nous permet ce mot, le rachat d'une
mesure qui aurait pour but la sup
pression des aumôniers auxiliaires,
dont le nombre est déjà trop réduit
pour suffire au service religieux de
l'armée, tel qu'a voulu le garantir k
loi.
Nous n'avons pas besoin d'insis*^.
davantage, et nous ne doutons p as qy e
les sénateurs cathol^ aes compren
dront la néces^ié d'élever la voix con
tre Cf-i'.tj nouvelle tentative, d'autant
plus dangereuse qu'elle se déguise
derrière une prét3ndue modération
qui ne saurait plus tromper per
sonne. Remarquons que, pour mieux
assurer le succès de cette manœuvre,
pas un radical n'a soulevé sur cette
question la moindre difficulté à la Cham
bre. Ils comptaient sans doute que,
grâce à ce silence, la mesure passerait
inaperçue au Sénat.
Mais les sénateurs catholiques sau
ront déjouer ces calculs. Ils ne man
queront pas d'observer que si l'on ne
coupait court à ces tentatives, et si l'on
accordait, après la suppression des au
môniers volontaires, celle des aumô
niers auxiliaires, c'est la suppression
des aumôniers titulaires que la gauche
réclamerait l'année prochaine : car il
n'y a pas à s'y tromper, ce qu'on pour
suit ainsi progessivement, par des
voies détournées, c'est la suppression
de la loi.
Auaum RocaïBx.
Séguin, curé de Vil'eneuve-la-
Guyard
Guillé, curé de St-Agnan
Denïzot, curé de Villeblevin
Remy, curé de Chaumoat
Trois tertiaires de St-François
iraploratiHa bénédic'.ion-du St-
Père
Ma-saux, aumônier de St-Joseph
à Senlis
L. PP.-M. D.
Mme Emmanuel Boulanger
Monsieur T...,
Un chanoine honoraire de Char
tres
Anonyme en l'honneur de Saint-
Joseph
E. R..., de Paris
Adolphe Manboustin, à la Flè
che
Dauzat, aumônier à Ruzunçiis
Conchou, vicaire è Exoideuil
T. A...
L'abbé C. Purret, professeur au
grand séminaire d'Annecy
Th. Julie], professeur de rhéto
rique au petit séminaire deDi-
nan .
J. L. Duchesne, professeur da
sciences au petit séminaire de
Dinan
C. L., lecteur de l'Univers
L'abbé Oger, aumônier à Rennea
L'abbé Pene, supérieur du col
lège de BagnèreB
Renou, abonné de VUniuen
V. Candelon, avoué à-Leeloure.
Les vicaires de Saint-Paul, à
Grunville
Planty, curé de Francour (Haute-
fiaôae) «s.;-.
La mère d'un ancien zouave pon
tifiai demandant de3 prières
pour ses fils à l'infaillible Léon
XIII
L. du Broc de Segange, à Mou
lina
L'abbé Chalaud, S. Pé-igueux
Mlles Chalaud, ib.
Théodore Delaunay, curé-doyeu
de Beaumont-le-Vicomte
M. de B..., tertiaire
Hingre, chanoine de Saint-ûié :
Leoni annos Pétri
ChardoD, aumônier de l'hospice
du Mans
Comtnin, sous-aumônier, ibid
M. et Mme E. de Fourcroy, à
Agen
Antoine Ravel, à Marseille
F. Farjenel, à la Rochelle
Le baron de Beausse, à La Fière
T. B., à Rouen
Jeannin , chanoine honoraire &
Bordeaux
L'abbé Hecquet
Mlle Muller
A. Le Boucher, curé à Beaufort-
en-Valléa
II. Solin, curé de Vertou, et ses
vicaires
J. M. Mouillurd,fCuré de .Muzil-
lac
Hélène Guérin
Les enfants du juvénat du Très
Saint-Sacrement
M. de Romont
25
5
b
5
60
20
10
10
5i0
10
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20
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2i>
5
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20
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Total
Listes précédentes
2,537 s»
22,133 »»
Total général 24,670 »»
On nous écrit de Versailles (Sénat),
le 28 février :
i^i
SOUSCRIPTION
poen
LE DON DE JOYEUX AVÈNEMENT
DE SA SAINTETÉ LÉON XIII
Cinquième lisla
MM,
Mme Marie II. '
L. de Cuverville, ancien député
H. de Laverclière
M. et Mme de Monchy de Gi!o-
court
Mlles Marie-Thérèse, Agnès et
Elisabeth de Monchy
Mme A. Michaux, née Hanonnet
de La Grange
Mlle P. Berton, femme de
chambre
Outrequin-Dieu frères, à Villers-
Bretonneux
M. et Mme do Nathan et leurs
enfants.
H. Correnson, à Uzès
F.
V. Nicolet, à Grenoble
M. et Mme Henri Gonthier
M. L. B. paroisse de l'Immaculée-
Conception, à St-Mandé
F. Lengronne, ancien militaire
Le vicomte de Ponton d'Amé-
court
Benjamin Henry, à Carignan
Tortel, curé de Sainte-Marie à
Toulon
L'abbâ de Longueville, curé de
St Eny (Manche)
Anonyme d© Paris
500
100
100
30
15
50
BO
40
100
120
100
50
5
10
200
100
10
10
5
Séance toute militairo; la série n'e^t pas
épuisée : chaque jour, un effet, amène de
nouveaux dissentiments entre les officiers
qui font partie de la Chambre haute.
Aujourd'hui c'est M. le général Loysei
qui * ouvert le fi;u et défendu avec achar
nement son contre-projet. L'honorable gé
néral a battu en brèche tous les arguments
qui lui sont opposés. On lui reproche sur
tout d'écrémer l'avancement au profit du '
service d'état-major, et de détruire sans
rien édifier. Le général ne veut empiéter
sur les droits de personne ; il ne veut pas
détruire, il veut modifier.
Tel n'est pas l'avis de M. le général Bo-
rel ; suivant le ministre de la guerre, si
les intérêts de l'état-major sont respecta
bles, ceux de l'armée en général ne le sont
pas moins, et l'on veut y porter atteinte.
Le ministre repousse absolument la res
ponsabilité de l'adoption du contre-pro
jet.
M. le génénal marquis d'Andigné parla
dans le même sens et refuse de remplacer;
un service complet par un corps sann cohé
sion.
MM. les généraux Chareton, Riffault,
Billot et de Cissey s'en tiennent un peu*
comme les orateurs précédents, il faut bien
le dire, à des généralités au milieu âtjs-
quelles il est difficile de se reconnaître; ces
messieurs eux-mêmes paraissent se perdra
de temps à autre dans les méandres da
débats aussi spéciaux. : :
C'est ce moment que choisit, non sans
une certaine adresse, M. Billot, pour pré
parer la clôture de la discussion générale^
et présenter un article qui, supprimant la
corps d'état major, le remplace par un ser
vice composé d'officiers do toutes armes,
employés temporairement dans ce ser^
vice.
L'orateur conjure le Sénat de ne pfia lais
ser l'armée dans uae plus longue incertitude
et de voler son article ; ce sera entrer dans
la voie du progrès. Peut-être M. Billot
aurait-il pu remplacer le mot progrès par
innovation dangereuse.C'est ce qu'est venu
immédiatement déclarer à la tribune M. la
maréchal Canrobert, &>.
Dans les circonstances présentes, a con
clu l'illustra soldat, l'articlô que l'on voua
propose peut avoir daa conséquences dé
sastreuses ; nous avons une école supé
rieure de la guerre, gardons-la, et conten
tons nous d'un corps entr'ouvert qui as
surera, sans les révolutionner, les deux
service? d& l'état-major et de la troupe.
Malheureusement les efforts du maré
chal ont été inutiles, et après do nouvelles
supplications du général Billot, l'article
J\° 3794. — Edition quotidienne.
■S?
— I *
1 'j^'farBS^
Samedi i Mars ifcya
PARIS
Un an 58 fr.
Six. mois 30
Trois mois. . " 16
Le Numéro, à Paris ; 15
— Départements.. 20
Gônt.
BUREAUX
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On s'abonne, & Rome, via delle Stimate, 22, 23,24
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Six mois . . . . 30
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édition semi-quotidienne
Un an, 32 fr. — Six mois, 1? fr. — Trois mois, 9 fr.
L'UNIVERS se répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
akiïosîces
SI Ci. L1GMGE, CE&F et C' e , 0, place de h ïuurse.
FRANC
PARIS, 1" MARS
Rome, 26 février 1878.
J'ai usé du télégraphe, qui décolore
toutes les nouvelles, mais qui va vite,
pour:vous rendre compte de l'audience
privée dont Sa Sainteté a daigné m'iio-
norer ou plutôt a honoré l'Univers. J'y
reviens plus au long, bien que vous sa
chiez déjà tout ce qui importait.
Je devais être reçu à sept heures du
soir. J'appris dans la journée que le
Saint-Père, qui depuis son; élection re
çoit chaque jour dans des audiences
générales ou particulières des centaines
de personnes, disant à chacune un mot,
était si fatigué qu'il avait dû ajourner
une grande audience fixée à quatre
heures; J'eus peur d'être compris dans
cet ajournement; mais aucun,conire-or-
di-e ne me vint, et le soir à sept heures
j'étais dans la vaste antichambre de
l'ancieu appartement du cardinal
Antonelli, qu occupe momentanément
Léon XIII.
J'attendis peu et je fus introduit par
Mgr Cataldi, qui fait par intérim le
service aujourd'hui très difficile et pé
nible de maître de chambre.
Le Pape était assis dans le fond
de son cabinet de travail qu'éclairait
une seule lampe; il se leva, s'avança de
quelques pas pendant que je faisais les
génuflexions, et me donna sa main à
baiser.
— Vous êtes Eugène Veuillot du
journal l' Univers ?
— Oui, très Saint-Père, et je viens
ayec bonheur dire à Votre Sainteté
que l'Univers, qui a toujours été au
service de l'Eglise, la servira toujours
avec le : plus entier dévouement et la
plus absolue soumission. Il a été créé
pour cela et espère bien n'y jamais
manquer. Je demande à Votre Sainteté
sa bénédiction pour notre oeuvre, pour
ceux qui la font et ceux dont le con
cours la soutient.
— Je connais depuis longtemps 1*Z7-
nivers, répondit Léon XIII. C'est un vcai
journal catholique, je le lis, j'apprécie
ses services ; je vous encourage à la
persévérance et je vous donne les béné
dictions que vous demandez. Mais di
tes-moi comment va Louis Veuillot,
Votre frère : j'ai appris qu'il avait été
malade/
—• Il va bien maintenant, très Saint-
Père et se propose devenir prochaine-^
ment recevoir la bénédiction de Votre*
Sainteté.
— Très bien ! je le verrai avec satis
faction.
Léon XIII me demauda ensuite de
puis combien de temps j'étais à Rome
et daigna m'engager à voir le cou
ronnement, ajoutant que cette solen
nité aurait lieu dans la grande loge
intérieure de Saint-Pierre. Il me donna
pour tous ceux qui me sont particuliè
rement chers les bénédictions que jë
sollicitais; puis, revenant à la presse
religieuse, il parla de la mission qu'elle
remplit et des services qu'elle rend.
— Continuez votre œuvre, ajouta le
Saint-Père et continuez-la avec fermeté.
La religion est très attaquée, il faut la
défendre. Tout est là. C'est la société
que l'on sauvera en détendant les prin
cipes religieux. La presse catholique
soumise de tout cœur aux enseigne
ments du Saint-Siège est plus que
jamais utile, et je tiens à l'encou
rager.
Au moment où je me retirais, le vi-
eait£ de Jésus-Christ s'avança de quel-
3ues pas et me dit: «Je donne une béné-
iction spéciale à Louis Veuillot, dites-
lui bien que je le bénis. »
E dgène V euillot.
Nous recevons de Rome les dépêches
suivantes:
Rome, 1 er mars, 8 h. matin.
Hier, las dâputations des universités
catholiques de France ont été reçues en
audience par Sa Sainteté.
A l'adresse lue par Mgr Sauvé, le Pape
a répondu en louant les universités et la
France toujours, catholique et généreuse.
Rom8,10 h. 45, matin.
L'Osservatore romano publie la circulaire
du Sacré-Collége au corps diplomatique
accrédité par le Saint-Siège, pour expli
quer ^ue la tenue du Conclave à Rome
n'implique aucunement l'acceptation des
faits accomplis. Ce document est daté du
19 février* Les augustes signataires y re
nouvellent toutes les anciennes protesta
tions du Saint-Siège cootre la sacrilège
usurpation des domaines de l'Eglise.
Nous avons publié dans notre nu
méro du 26 février le résumé du grave
document dont il est question dans la
dépêche ci-dessus. Aujourd'hui nous
sommes à même de pouvoir en donner
la traduction. La voici :
Circulaire du Sacré-Collége
4 l'exoellentissime corps diplomatique
accrédité auprès dtf saint siège
en date i)u 19 février 1878
■dans la tristesse lo Saeré-Collége qui, ha
bitué à admirer de plus près les vertus su
blimes étles actes glorieux du Pontife dé
funt, est à même plus que tout autre d ap
précier la perte irréparable que 1 Eglise
catholique a faite ces jours derniers.
La gravité de ce malheur public est pour
lui d'autant plus sensible qu'appelé par les
dispositions des saints canons et les con
stitutions pontificales à pourvoir aux be
soins urgents de l'Eglise et du Siège apos
tolique vacant, il se trouve obligé de tra
verser, sans être guidé par son chef, les
moments les plus graves et des difficultés
plus sérieuses que jamais.
. Mais confiant dans la parole de Celui qui
a promis sa divine assistance à l'Eglise, le
Sacré-Collége estjermement décidé à rem
plir les devoirs sacrés que lui imposent les
dignités éminentes dont il.est revêtu et
l'importante. mission qui lui a été con
fiée.
Personne n'ignore que les serments prê
tés par tous ceux qui composent le Sacré-
Collége, alors qu'ils ont été promus à la di
gnité cardinalice, leur prescrivent comme
le plus strict des devoirs d§ défendre et de
protéger les droits, les prérogatives, ainsi
que les biens temporels de l'Eglise au prix
de n'importe quel sacrifice, fût-ce môme
celui de leur propre vie. Or, ces serments
ont reçu aujourd'hui une solennelle confir
mation quand les cardinaux, réunis en une
congrégation générale depuis la mort du
regretté Pontife, ont renouvelé unanime
ment devant Dieu les serments précéden's.
ils 1 ont voulu y adhérer de nouveau par un
acte formel, et renouveler en outre toutes
les réserves et protestations émises par le
défunt souverain Pontife soit contre l'oc
cupation des Etats de l'Eglise, soit contre
les lois et décrets promulgués au détri
ment de l'Eglise et du Saint Siège aposto
lique.
C'est pourquoi, au nom de leurs respec
tables collègues qui les en ont chargés, les
cardinaux chefs d'ordre soussignés s'a
dressent it Votre Excellence pour lui don
ner communication de cet acte important,
en la priant de le porter à la connaissance
de son souverain, persuadés qu'il voudra
bien y voir une défense des droits men
tionnés plus haut, ainsi qu'une manifesta
tion du sentiment des cardinaux, lesquels
sont décidés à suivre la voie tracée par le
Pontife défunt, quelles que soient les
épreuves auxquelles ils puissent s'attendre
au cours des événements.
Et comme il convient que l'txercica du
pouvoir ecclésiastique suprême, et spécia-
rnent l'acte important de l'élection du suc
cesseur de saint Pierre, reposent sur des
bases solides , et assurées, et ne soient
poiat au contraire exposés aux agitations
politiques, ni soumis aux intérêts ou à l'ar
bitraire d'autrui, le Sacré-Collége, dès l'in
stant de la mort du hiérarque suprême, a
été obligé, non sans craintes et anxiétés,
de se poser la question épineuse et ardue
du lieu où il convenait que le conclave fût
réuni.
Si, d'une part, la nécessité de répondre,
vis-à-vis des consciences anxieuses des fi
dèles, de la pleine et absolue liberté et in
dépendance du Sacré-Collége, dans des
moments aussi graves et aussi décisifs
pour l'Eglise, suggérait la pensée de cher
cher aillflurs un asile sûr et tranquille, de
l'autre, les retards auxquels aurait été né
cessairement exposée l'élection du Pontife
romain conseillaient d'agir autrement, 1e
premier des devoirs du Sacré-Collége étant
aujourd'hui de s'occuper sans retard de
donner un chff & l'Eglise veuve et un nou
veau paste.ur au troupeau désolé de Jésus-
Christ.
Cë sentiment a prévalu sur toutes les
difficultés, et a porté le Sacré-Collége à
décider qu'il s'occuperait dans cotte Ville,
tant que sa liberté ne serait pas le moins
du monde troublée, de l'élection immédiate
du nouveau souverain Pontife. Cette réso
lution a été prise avec une tranquillité d'au
tant plus grande que, n'engageant l'avenir
en aucune façon, elle laissait le futur Pon
tife complètement libre d'aviser aux moyens
que le bien des âmes et l'intérêt général
. de l'Eglise lui conseilleraient dans les con
ditions pénibles et difficiles où se trouve
ce Siège apostolique.
Les "ordinaux chefs d'ordre soussignés
profitent de ceuê ^adon P°f ( confirmer
& Votre Excellence les sentimCI! • a « elc*
(Suivent les signatures.)
Excellence,
La survenance inopinée de la mort du
souverain Pontife Pie IX, de glorieuse mé
moire, a profondément contristé les cœurs
de tou t les fidèles répandus dans le monde
catholique; elle a jeté plus spécialement
On nous écrit de Rome, le 26 février:
Le Saint-Père a daigné recevoir ce matin
les représentants des ordres militaires
d'Espagne, revêtus de leurs insignes. Ils
lui étaient présentés par S. Em. le cardi
nal patriarche des Indes. Hier, Sa Sainteté
avait reçu en audience privée M. le mar
quis Patrizi, porte-étendard de la Sainte
Eglise romaine, venu à l'audience avec son
uniforme de. capitaine des gardes nobles,
et M. le prince Altiéri avec toute sa fa
mille.
Dans une précédente audience, Mgr Le-
quette, évêque d'Arras, en présentant au
Pape l'hommage de sa dévotion filiale et
de son inaltérable attachement au siège de
Pierre, a déposé aux pieds du souverain
Pontife une forte somme pour le denier de
Saint-Pierre, provenant delà générosité de
ses diocésaine.
Enlio, ]o ne faurais passer sous silence
l'accueil f lit par Léon XIII à la députation
des anciens zouaves pontificaux admis en
sa présence. Lo Saint-Père leur ayant dit
qu'il croyait pouvoir toujours compter t-ur
leur dévouement : « Oui, oui, se sont ils
écriés tous d'une voix, Très Saint Père,
nous sommes à vous, h la vie et à la mort! »
«Baisez donema croix,» arèpondule souve
rain Pontife, et il a permis que chacun des
assistants lui donrât cette marque de dé
votion filiale, comme poUr sceller le ser
ment que tous venaient de faire.
L'Agence Eams nous communique la
dépêche suivante :
Rome, 28 février.
Le cardinal Simeoni prendra possession,
lundi prochain, de son poste de secrétaire
d'Etat. En même temps il adressera aux
puissances une note les remerciant de
leurs témoignages en faveur du nouveau
Pape.
L'intelligent éditeur de la Revue du
Monde catholique a consacré sa livraison
du 25 février aux Souverains Pontifes
Pie IX et Léon XIII. C'est un beau vo
lume de 300 pages grand in-8°, for
mant le complément admirable de tou
tes les histoires de Pie IX. La postérité
y lira au milieu de quel deuil vengeur
Je monde a vu disparaître le grand
homme qu'il avait méconnu. « La mort
révèle le fond des cœurs, » dit Bossuet.
Le fond des cœurs dans la France incré
dule, et l'on peut dire dans toute l'Eu
rope, lorsque Pie IX a quitté la terre,
c'était l'estime, l'admiration et la vé
nération profondes pour le chef de l'E
glise catholique, celui que la philoso
phie avait injurié, que l'ingratitude
s'était efforcé de vaincre et que la force
et la folie avaient dépouillé. Après
trente années de guerre et de trahison,
faisant silence devant son corps au cer
cueil et son âme toujours vivante, l'Eu
rope a confessé au'à ses yeux cet hom
me seul, durant leiongorage de sa vie,
avait été juste et grand. Trente ans, il
a combattu, mais il n'a pas eu peur;
la tempête a soufflé sur lui, mais il n'a
pas plié ; il a été vaincu, mais par le
temps ; et ni contre les hommes, ni
contre le temps, il n'a désespéré. En
son nom et au nom du peuple chré
tien dont il était le suprême représen
tant, il s'est confié au Christ qui ré
veille toujours à temps l'invincible
conscience humaine; et il a fait face à
d'innombrables ennemis. Il a cru à la
force du droit, plus durable que les pré
tendus droits de la force. Ferme dans
les espérances que son grand cœur sen
tait immortelles, i l est descendu au sé
pulcre, laissant à ses fils un avenir vi
vant. Et, en effet, voici qu'autour de ce
sépulcre, avant même qu'il ne soit fer
mé, les espérances attestées toute sa
vie se réveillent, jaillissent et sont en
fleurs. La fontaine a repris son cours,
le sol est inépuisable, et, avec une con
fiance sublime, une des voix que le
monde écoute s'élève du sein de l'exil,
disant : a Le tombeau glorieux de Pie IX est
le portique de l'ordre social chrétien (1). »
Entre les chapitres divers réunis par
la Revue catholique pour former ce beau
panégyrique de Pie IX, on distingue
une esquisse de M. Léon Gautier, où
cet écrivain envisage rapidement le
Pape comme orateur. Pie IX était un
orateur excellent, mais on osait à
peine s 'apercevoir de ce mérite tant
il disparaissait dans sa personnalité. Ce
qu'il faisait était bien fait. On trouvait
tout naturel que ce qu'il disait fût bien
dit. Tout restait couvert et comme ab
sorbé par le charme incomparable de la
bonté et delà majesté; tout néanmoins
était parfait comme le reste. La trop
courte dissertation de M. Gautier nous
fait relire quelques-unes de ces paroles
dont le monde a tressailli. Toutes sont
des éclairs qui font apercevoir l'éten
due et la magnificence de la vérité. On
y sent ia force qui nourrit les âmes. Elles
composent un portrait frappant. On y
retrouve la confiance, la grandeur et la
mansuétude, qui étaient, comme le dit
fort bien M. Gautier, les caractères prin
cipaux de Pie IX. Cette esquisse est trop
belle pour n'être pas complétée sur les
documents qui n'ont pas cessé de s'ac
cumuler jusqu'au dernier jour. Nous
demandons à M. Gautier que son ébau
che devienne un livre. Il n'en saurait
faire de plus beau, de plus utile et de
plus pieux. Ce gérait rendre Pie IX aux
peuples qu'il a évangélisés; et l'Eglise
et la postérité sont intéressées à ne
rien perdre d'un tel souvenir.
Signalons aussi une page charmante
et excellente de M. Paul Féval. Ici le cé
lèbre romancier, qui purge avec une
vigilance courageuse ses anciennes
œuvres trop écrites pour un monde
dont il s'est séparé, prend pleinement
possession du vrai qui a pri§ pleine
ment possession de lui. La félicité de
sa plume montre qu'il s'y trouve bien.
Il n'y a rien de plus jeune, de plus neuf
et où un esprit chrétien se puisse sen
tir plus à l'aise que ie morceau intitulé
Laudate pueri Dominum, dans lequel, à
l'occasion de la mort de Pie IX, il com
mente le psaume que l'Eglise çhantp
en recevant dans ses mains jo'yeuses et
respectueuses le corps innocent des
nouveaux-nés. Ce chant d'allégresse
est à la fois plein de maturité et de naï
veté. Rien de plus fort, rien de plus
doux. Il semble qu'on voit un deuil de
héros suivi par des enfants, mené par
deg vieillards sous un ciel de mai. La
douleur mâle, l'espérance joyeuse, les
fleurs, la rosée et le soleil en sont la
pompe attendrie. Nous félicitons M.
Paul Féval d'avoir si heureusement ex
primé la poésie des funérailles de Pie IX.
a Les funérailles des Papes, disait un
grand évêque, exhalent une odeur de
vie, »
Louis V euilloï
A propos de nos réflexions du 6 fé
vrier, sur l'asile de nuit de Genève,
l'œuvre hospitalière de Marseille nous
é îrit pour nous sigoaler son existence,
(l) Paroles de Mgr l'évô^ue d'ilsbron.
qui a été l'objet de plusieurs rapports
dans diverses assemblées catholiques
et dont les journaux religieux se sont
occupés maintes fois.
^ L'œuvre hospitalière de Marseille a
ouvert soir asile il y a plusieurs années .
II est entièrement gratuit. « La rétribu
tion de 3® centimes, exigée à Genève,
serait pour nous une source de revenus
considérables que nous n'emploierons
jamais, écrivent les directeurs. Nous
préférons de beaucoup nous adresser à
la charité publique, nous confiant en
tièrement à la divine Providence, qui
ne nous a jamais fait défaut. »
L'œuvre hospitalière a été fondée.le
22 décembre 1872 ; elle a recueilli et
abrité depuis ce jour près de quarante
mille pensionnaires, disent les direc
teurs, qui, avec les bénédictions du
souverain Pontife et celles de leur
évêque, ont encore reçu des diverses
autorités de Marseille, de la préfecture
et du Conseil général, du parquet et de
la police, d'utiles et précieux témoi
gnages de bienveillance et de concours.
Les honorables directeurs en concluent
que « nos lois françaises n'ont rien qui
s'oppose à leur œuvre, au contraire... »
Nous les croyons dans l'illusion sur ce
point. Les lois françaises depuis long
temps sont faites contre toute liberté et
toute action religieuses. Il est à souhai
ter qu'à Marseille jamais une autorité
préfectorale ou policière ne se mette
en visée de contrarier l'œuvre hospita
lière. Nos codes kri-en fourniraient des
prétextes aisément. Il ne faut pas pren
dre la tolérance et la bienveillance des
magistrats pour des droits imprescrip
tibles.
Les conférences de S. Vincent de
Paul ont pu croire longtemps à leur
pleine liberté, jusqu'au jour où il a plu
à M. de Persigny d'invoquer contre
elles des légalités déraisonnables sans
doute, et qu'on pouvait contester juri
diquement, mais qui n'en ont pas
moins été dressées contre les conseils
de cette œuvre et à leur dommage. En
ce ^moment, la Chambre des députés
invoque contre le droit des évèques,
dans leurs séminaires, des lois odieuses,
surannées, insensées, dont M. Bardoux
se tient pourleserviteuretle gardien, et
qui sont attentatoires au concordatdont
le principe primordial etmrque, pour
ainsi dire, consacre en France le libre
exercice de la religion catho'ique.
Que les fondateurs de l'œuvre hospi
talière de Marseille ne se fient donc
pas trop aux biènfaifs de la loi civile! Les
lois françaises, depuis qu'elles préten
dent s'inspirer de la liberté, sont un
véritable brigandage. Elles autorisent
toute tyrannie, elles justifient toute
violence. On trouve, il est vrai, dans
les principes du droit et de la raison,
des arguments sérieux, solides, impres
criptibles contre leurs excès. Le Con
cordat, en reconnaissant le plein exer
cice de la religion catholique, a infir
mé toutes les législations ineptes et il
légales, formulées et inspirées par les
Articles Organ ; ques. Les catholiques
doivent savoir par une expérience quo
tidienne qu'il n'y a plus depuis long
temps de droit reconnu en France hors
du bon plaisir des administrateurs, de
venus tous radicaux aujourd'hui avec
l'austère M. Dufaure.
L'œuvre hospitalière de Marseille,
qui n'a d'autres revenus que ceux de la
Providence, n'a pas non plus d'autre
fondement légal que l'appui de celte
Providence. Nous comptons qu'il ne lui
fera pas défaut ; nous espérons que la
sécurité des fondateurs de cette belle
œuvre ne sera pas troublée, et que rien
ne les retirera de la bienveillante imagi
nation où-ils sont, qne nos lois françaises
n'ont rien qui s'oppose à leur charité.
Charité et légalité sont deux termes
devenus à peu près antipathiques en
vertu du progrès de 1789. Il ne faut pas
que l'initiative des catholiques en soit
arrêtée. On ne recommencera pas tous
les jours ce que M. de Persigny a fait
contre la conférence de St-Vincentde
Paul.
Cela n'empêche pas l'œuvre hospi
talière d'être autorisée à croire que ses
règlements ont pu servir de base à l'a
sile de nuit de Genève, qui les a démar-,
qués simplement en en retranchant
l'inspiration et les pratiques religieu
ses.
Nous logeons environ 300 pauvres cha-
soir, écrivent lei directeurs ; nos lits sont
répartis dans 5 dortoirs, surveillés directe
ment par autant d'employés. Nos portes
fermés à dix heures du soir, ne s'ouvrent
que le matin après le lever, la prière et la
toilette.
C'est la prière que l'asile de Genève a
naturellement supprimée. line pouvait
non plus mieux faire que supprimer
les retraites données chaque année
aux pauvres hôtes de Marseille.
Les rapports annueU que les direc
teurs de l'œuvre hospitalière nous
adressent avec leur lettre, constatent
les fruits de moralisation et de ré
habilitation que donnent cette petite
prière du matin et du soir, ces retrai
tes bi-annuelles,et aussi les conseils des
administrateurs qui, non contents d'in
scrire tous les jours les noms de ceux
qui se présentent à l'asile, de s'infor
mer de leurs besoins, d'y compatir et
de s'y intéresser de toutes manièresjjne
manquent pas de faire chaque soir une
lecture à leurs pauvres hôtes et de leur
adresser quelques paroles. Ces divers
services de la charilé catholique qui, à
Marseille, pansent les misères du pau
vre et atteignent jusqu'aux puissances
de son âme, se sont tout naturellement
transformées entre lçs mains hugue-
nottes en simples conseils et facilités
hygiéniques de propreté corporelle.
Lion A ubinxàu.
On ïï'a pas oublié, parmi les catholi
ques, comment les radicaux ont es
sayé, l'année dernière, de supprimer
par voie budgétaire la loi sur l'aumô-
nerie. L'hostilité de la gauche contre
cette loi l'avait poussée tout d'abord à
prenant bientôt qu'ils ne pourraient de
la sorte arriver sûrement à leurs des
seins, les radicaux ont chaDgé de tacti
que.
Pour avoir raison des résistances du
Sénat, qui n'aurait jamais accepté la
suppression totale du chiffre affecté à
l'aumônerie, ils ont amené le minisire
de Ta guerre à diminuer ce chiffre d'une
aësez forte somme, moyennant quoi la
réduction des cadres s'opérait pour
ainsi dire d'elle-même, quelle que put
être d'ailleurs la bonne volouté du mi
nistre pour le maintien plus ou moins
complet de ces cadres. Par le fait, et
contrairement aux dispositions de la
loi qui règle le chiffre des rassemble
ments qui auront droit à un aumônier
titulaire, auxiliaire ou volontaire, uue
grande partie des aumôniers auxiliai
res furent rayés des cadres : quant
aux aumôniers volontaires, maintenus
grâce à la générosité des catholiquas,
ils étaient considérés dans le badfpe^
comme n'existant pas.
Or, ce résultat même ne suffit plus
à la haine antireligieuse des radicaux.
Opérant pour cette question comme ils
ont fait pour la question des bourses
dans les séminaires, voici que, sans
toucher d'ailleurs au chiffre inscrit, de
ce chef, dans le budget cette année
comme l'année dernière, ils ont amené
le ministre de la guerre à répartir le
fonds dont il s'agit de manière à sup
primer complètement l'existence des
aumôniers auxiliaires, détachés dans
les forts et en général auprès des ras
semblements militaires qui, n'étant pas
dans l'intérieur des villes, seraient, sans
aumônier, absolument privés de tout
secours religieux.
Notons que pour couvrir cette nou
velle violation de la loi, l'on porte de
11 à 18 le nombre des aumôniers titu
laires. Assurément nous n'avons nulle
envie de réclamer contre cette aug
mentation des aumôniers titulaires, et
nous trouverions très bon, au contrai
re, qu'elle fut adoptée et maintenue;
mais c'est à la condition que cette aug
mentation, conforme aux intérêts bien
compris de l'armée, ne soit pas, si l'on
nous permet ce mot, le rachat d'une
mesure qui aurait pour but la sup
pression des aumôniers auxiliaires,
dont le nombre est déjà trop réduit
pour suffire au service religieux de
l'armée, tel qu'a voulu le garantir k
loi.
Nous n'avons pas besoin d'insis*^.
davantage, et nous ne doutons p as qy e
les sénateurs cathol^ aes compren
dront la néces^ié d'élever la voix con
tre Cf-i'.tj nouvelle tentative, d'autant
plus dangereuse qu'elle se déguise
derrière une prét3ndue modération
qui ne saurait plus tromper per
sonne. Remarquons que, pour mieux
assurer le succès de cette manœuvre,
pas un radical n'a soulevé sur cette
question la moindre difficulté à la Cham
bre. Ils comptaient sans doute que,
grâce à ce silence, la mesure passerait
inaperçue au Sénat.
Mais les sénateurs catholiques sau
ront déjouer ces calculs. Ils ne man
queront pas d'observer que si l'on ne
coupait court à ces tentatives, et si l'on
accordait, après la suppression des au
môniers volontaires, celle des aumô
niers auxiliaires, c'est la suppression
des aumôniers titulaires que la gauche
réclamerait l'année prochaine : car il
n'y a pas à s'y tromper, ce qu'on pour
suit ainsi progessivement, par des
voies détournées, c'est la suppression
de la loi.
Auaum RocaïBx.
Séguin, curé de Vil'eneuve-la-
Guyard
Guillé, curé de St-Agnan
Denïzot, curé de Villeblevin
Remy, curé de Chaumoat
Trois tertiaires de St-François
iraploratiHa bénédic'.ion-du St-
Père
Ma-saux, aumônier de St-Joseph
à Senlis
L. PP.-M. D.
Mme Emmanuel Boulanger
Monsieur T...,
Un chanoine honoraire de Char
tres
Anonyme en l'honneur de Saint-
Joseph
E. R..., de Paris
Adolphe Manboustin, à la Flè
che
Dauzat, aumônier à Ruzunçiis
Conchou, vicaire è Exoideuil
T. A...
L'abbé C. Purret, professeur au
grand séminaire d'Annecy
Th. Julie], professeur de rhéto
rique au petit séminaire deDi-
nan .
J. L. Duchesne, professeur da
sciences au petit séminaire de
Dinan
C. L., lecteur de l'Univers
L'abbé Oger, aumônier à Rennea
L'abbé Pene, supérieur du col
lège de BagnèreB
Renou, abonné de VUniuen
V. Candelon, avoué à-Leeloure.
Les vicaires de Saint-Paul, à
Grunville
Planty, curé de Francour (Haute-
fiaôae) «s.;-.
La mère d'un ancien zouave pon
tifiai demandant de3 prières
pour ses fils à l'infaillible Léon
XIII
L. du Broc de Segange, à Mou
lina
L'abbé Chalaud, S. Pé-igueux
Mlles Chalaud, ib.
Théodore Delaunay, curé-doyeu
de Beaumont-le-Vicomte
M. de B..., tertiaire
Hingre, chanoine de Saint-ûié :
Leoni annos Pétri
ChardoD, aumônier de l'hospice
du Mans
Comtnin, sous-aumônier, ibid
M. et Mme E. de Fourcroy, à
Agen
Antoine Ravel, à Marseille
F. Farjenel, à la Rochelle
Le baron de Beausse, à La Fière
T. B., à Rouen
Jeannin , chanoine honoraire &
Bordeaux
L'abbé Hecquet
Mlle Muller
A. Le Boucher, curé à Beaufort-
en-Valléa
II. Solin, curé de Vertou, et ses
vicaires
J. M. Mouillurd,fCuré de .Muzil-
lac
Hélène Guérin
Les enfants du juvénat du Très
Saint-Sacrement
M. de Romont
25
5
b
5
60
20
10
10
5i0
10
20
20
5
5
10
20
10
20
20
2i>
5
35
5
10
20
20
10
20
10
20
20
10
10
20
10
100
20
10
20
10
40
10
7
10
20
10
2J
20
100
Total
Listes précédentes
2,537 s»
22,133 »»
Total général 24,670 »»
On nous écrit de Versailles (Sénat),
le 28 février :
i^i
SOUSCRIPTION
poen
LE DON DE JOYEUX AVÈNEMENT
DE SA SAINTETÉ LÉON XIII
Cinquième lisla
MM,
Mme Marie II. '
L. de Cuverville, ancien député
H. de Laverclière
M. et Mme de Monchy de Gi!o-
court
Mlles Marie-Thérèse, Agnès et
Elisabeth de Monchy
Mme A. Michaux, née Hanonnet
de La Grange
Mlle P. Berton, femme de
chambre
Outrequin-Dieu frères, à Villers-
Bretonneux
M. et Mme do Nathan et leurs
enfants.
H. Correnson, à Uzès
F.
V. Nicolet, à Grenoble
M. et Mme Henri Gonthier
M. L. B. paroisse de l'Immaculée-
Conception, à St-Mandé
F. Lengronne, ancien militaire
Le vicomte de Ponton d'Amé-
court
Benjamin Henry, à Carignan
Tortel, curé de Sainte-Marie à
Toulon
L'abbâ de Longueville, curé de
St Eny (Manche)
Anonyme d© Paris
500
100
100
30
15
50
BO
40
100
120
100
50
5
10
200
100
10
10
5
Séance toute militairo; la série n'e^t pas
épuisée : chaque jour, un effet, amène de
nouveaux dissentiments entre les officiers
qui font partie de la Chambre haute.
Aujourd'hui c'est M. le général Loysei
qui * ouvert le fi;u et défendu avec achar
nement son contre-projet. L'honorable gé
néral a battu en brèche tous les arguments
qui lui sont opposés. On lui reproche sur
tout d'écrémer l'avancement au profit du '
service d'état-major, et de détruire sans
rien édifier. Le général ne veut empiéter
sur les droits de personne ; il ne veut pas
détruire, il veut modifier.
Tel n'est pas l'avis de M. le général Bo-
rel ; suivant le ministre de la guerre, si
les intérêts de l'état-major sont respecta
bles, ceux de l'armée en général ne le sont
pas moins, et l'on veut y porter atteinte.
Le ministre repousse absolument la res
ponsabilité de l'adoption du contre-pro
jet.
M. le génénal marquis d'Andigné parla
dans le même sens et refuse de remplacer;
un service complet par un corps sann cohé
sion.
MM. les généraux Chareton, Riffault,
Billot et de Cissey s'en tiennent un peu*
comme les orateurs précédents, il faut bien
le dire, à des généralités au milieu âtjs-
quelles il est difficile de se reconnaître; ces
messieurs eux-mêmes paraissent se perdra
de temps à autre dans les méandres da
débats aussi spéciaux. : :
C'est ce moment que choisit, non sans
une certaine adresse, M. Billot, pour pré
parer la clôture de la discussion générale^
et présenter un article qui, supprimant la
corps d'état major, le remplace par un ser
vice composé d'officiers do toutes armes,
employés temporairement dans ce ser^
vice.
L'orateur conjure le Sénat de ne pfia lais
ser l'armée dans uae plus longue incertitude
et de voler son article ; ce sera entrer dans
la voie du progrès. Peut-être M. Billot
aurait-il pu remplacer le mot progrès par
innovation dangereuse.C'est ce qu'est venu
immédiatement déclarer à la tribune M. la
maréchal Canrobert, &>.
Dans les circonstances présentes, a con
clu l'illustra soldat, l'articlô que l'on voua
propose peut avoir daa conséquences dé
sastreuses ; nous avons une école supé
rieure de la guerre, gardons-la, et conten
tons nous d'un corps entr'ouvert qui as
surera, sans les révolutionner, les deux
service? d& l'état-major et de la troupe.
Malheureusement les efforts du maré
chal ont été inutiles, et après do nouvelles
supplications du général Billot, l'article
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