Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1877-07-21
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 juillet 1877 21 juillet 1877
Description : 1877/07/21 (Numéro 3574). 1877/07/21 (Numéro 3574).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Samedi 11 Juillet 187?
If! 8574; £4 Ëditioà quotidïemid
K.sa^aaa&s'.ietsaaMsgaaasKEstu'a.'saaaM
PARIS
U11 an. . ; 68 fr.
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Le Numéro, à Paris 15 cent
— « Départements.. 20 —
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Samedi Juillet lêff
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t'DBITEHB ni riponi pas des masnscrits qui înl sont adreSMJ
AKJSOSICES
n. a. umscB, mi »t c's $, pu» i« h b«mm.
FltAMGB
PARIS, 20 JUILLET 1877
Le Moniteur universel s'applique à
démontrer qu'une fraction notable du
centre gauche respecte très fort le Ma
réchal et veut lui revenir. Le Bien pu
blic dit à ce sujet :
Le Moniteur universel prétend que des
membres du centre gauche feraient des
avances au gouvernement.
Nous ne raconterons pas, nous, par ce
temps de poursuites contre les « fausses»
nouvelles* les avances qui ont été faites à
certains membres du centre gauche, quel
ques jours même avant le vote de la disso
lution.
Il est probable que, pour le Moniteur
«muene/, dire que certains membres du
centre gauche font de avances, c'est une
manière de faire ^es avances. Il y ai parmi
les hommes qui sont au pouvoir un certain
nombre qui rêvent un rep^trage, qin se
flattent du désir de faire admettre le lende
main des élections qje l'aventure du 16
mai est nulle et non avenue, qu'elle ne
compte pas; que tout esi dans le même état
qu'au 15 mai. Ils se trompent. Un pays
n'admet pas qu'Un gouvernement le jette
dans une crise de quatre mois et, ure fois
battu, lui dise : — Ça ne compte pas 1 II y
a maldonne ! Recommençons.
Les observations du Bien public bous
paraissent assez justes.'Mamfestement,
dans ■ certaines régions politiques et
jusque dans le ministère, quelques pre-
tendus'habiles, voués aux compromis,
rêvent encore de s'entendre avec le
centre gauche. S'il n?y avait là qu'un
grand oubli des principes et une pointe
d'intrigue, on ne pourrait guère s'en
étonner ; mais cette tactique dénote
une telle ignorance de la situation, une
si complète absence de jugement qu'on;
ne peut se l'expliquer.
Comment compter encore' sur une
fraction quelconque du centre gauche
après les votes de tout ce groupe dans
la dernière session, après l'adhésion
qu'il a donnée aux déclarations de ton
tes les fractions révolutionnaires? Et
même avant qu'ilse fût mis aussi com
plètement du , côté des radicaux, le
centre gauche n'avait-il pas montré son
inanité et son insanité politiques par
les ministères de MM. Ricard et de
Marcère? M. Jules Simon lui-même
n'était rien.de plus, en somme, ou rien
de moins que l'un des représentants
du centre gauche. Croit-on que recom
mencer le même jeu dans des condi
tions beaucoup plus mauvaises pour
rait donner de meilleurs résultats? On
voudrait diminuer le Maréchal, Je per
dre, qu'on ne le conseillerait pas au
trement.
Ces misérables conseils n'ont, d'ail
leurs^ aucune chance de succès. Ils
n'ont pas seulement contre eux le sim
ple bon sens : ils se heurtent à la di
gnité même du Maréchal. Se raccro
cher au centre gauche en vue des élec
tions ou après la lutte électorale, serait
raturer les déclarations que le chef de
l'Etat n'a cessé de faire depuis le 16
mai. Les patrons du Moniteur peuvent
trouver un tel revirement possible, et
M. Léon Renault doit le trouver facile,
mais M. de Mac-Mahon a certainement
sur de semblables questions d'autres
idées.
Ce que commande la dignité est aus
si ce que veulent l'esprit politique et
le devoir envers la France. Le Maréchal
restera donc certainement sur le ter
rain conservateur ; il faut même espé
rer que les nécessités de la lutte lui
feront comprendre la nécessité d'y en
trer plus avant.
Le bureau catholique électoral, dont
le programme a déjà été publié, presse
ceux qui approuvent ce programme de
mettre à sa disposition les renseigne
ments et les ressources nécessaires à
son action.
i Hf Les {communications doivént i
... . être
adressées a M.^Àçféodat Lefebvre, à Pa-
ris^ruede Rennes, 62, ou siégera dé-
sormafe'teb'ùreau.
Nous recevons la note suivant*? : •
Le comité de la droite croit devoir pré
ciser quelques points de son programmé
d'action, afin que le concours dont il a be
soin soit entièrement défini.
Sa propagande, tout en s'appuyant sur
les efforts entrepris dans chaque départe
ment,affectera un caractère d'intérêt géné
ral : par là seulement, elle assurera le suc
cès de la lutte entreprise contre le radica
lisme, et ouvrira la voie au grand courant
d'opinion qui doit entraîner la France vers
les solutions nécessaires.
Tant que durera la période électorale, le
comité de la droite sera en quelque sorte
présent pa-tout par ses correspondances;
par ses rep : ésentants, par ses publications;
par les journaux qui soutiendront son ac
tion. • « - ■
Les publications seront sans cesse renou
velées, afin d'opposer constamment la vé-«
rïté à l'erreur, et de répondre ainsi jour
par jour à toutes les nécessités de la lutte;
une diffusion très-large en portera le bien
fait sur tous les points du territoire.
Des journaux — non pas seulement les
feuilles ordinairement dévouées à la dé
fense des principes qui dirigent le comité
de la droi' e, mais celles aussi qne la.gra
vité des c'rconstances entraînera dans la
même voie — seront également distrib aés.
Qui n'aperçoit qu'ure telle propagande
ne saurait être maintenue à la hauteur des
devoirs particuliers de l'heure présente
qu'à la condition d'être appuyée par des
ressources considérables? Aussi est-ce avec
une pleine confiance que nous faisons appel
à la générosité de nos amis.
Nous pensons en avoir assez dit pour
qu'ils aient compris l'importance du sacri
fice que le comité de la droite réclame de
leur patriotisme. ■ ,
Les envois de fonds sont reçus par M.
Raoul Ancel, J4, rue Castellane, à Paris, et
toutes autres communications, par M. le,
marquis d'Auray, à la même adresse.
. Depuis le commencement de la guer
re, le Journal des Débats a fait campa
gne pour les Turcs avec une telle ar
deur qu'il doit se considérer comme
atteint le premier par les derniers suc
cès des Russes. Aussi ne cherche-t-il
plus à en dissimuler l'importance^ Il y
insiste même avec une sorte de mélan
colie dans un tableau qui ne permet
guère de garder la moindre illusion
sur le sort final de la campagne. D'ail
leurs à Constantinople même, le Jour
nal des Débats constaté qu'il y ai un parti
de là paix dont l'influence, par suite
des derniers combats, va sans doute
devenir prépondérante. Il y a donc lieu
d'envisager au profit de qui cette paix
se "a faite et qui en décidera. Or, le
Journal des Débats entrevoit que l'An
gleterre et l'Autriche auront, à cet
égard, des déboires de plus d'une sorte,
et il en donne ces raisons :
Si la Turquie, effrayée parles triomphes
plus apparents que réels de la Russie, veut
traiter directement avec cette derrière,
c'est aux frais de l'Europe que se fera la
paix. Qui dore pourrait empêcher la Porte
d'obéir à son désespoir et de livrer aux
Russes le passage des détroits? L'Angle
terre a déclp?é qu'elle n'autoriserait jamais
un pareil événement ; le charcelier de l'E
chiquier a proclamé avec solennité, il y a
quelques mois à peine, que r.'en ne serait
fait contre les intérêts anglais. Mais, nous
le demandons, dans l'hypothèse où nous
nous plrçoni.-, où serait la garantie des
promesses du gouvernement britanni
que?
L'Angleterre voudrait-elle ou pourrait-
elle s'oppoter par les armes au triomphe
des ambitions russes? Il faudrait qu'elle
eût l'appui d'une des grandes puissances,
et nous n'en voyons sucure qri soit déci
dée à soutenir sa cause. L'Allemagne n'a
pas d'intérêt immédiat t'ans la Méditerra
née ; l'Autriche est à peine une nation ma
ritime ; l'Italie rêve depuis longtemps l'al
liance russe ? la France est trop occupée
de ses affaires intérieures pour agir d'au
cune manière au dehors. La politique de
M. Gladstone et de lord Salisbury porte
de tristes fruits. La politique de l'Autri
che ne produit pas de plus heureux résul
tats.
On a parlé aussi fièrement à Vienne qu'à
Londres ; on y a affirmé avec autant d'éclat
que le gouvernement .d'Autriche-Hongrie
interviendrait dans le règlement delà paix.
Mais .comment le fera-t-il si la .Turquie et
la Russie s'unissent pour le tenir à l'écart ?
Il n'est pas plus àmêmo que l'Angleterre
de faire la guerre; et, dès que l'on refusera
de compter avec lui, il faudra bien
qu'il renonce à toutes ses espérances. Qi"
sait même si cette fameuse o^upation de
l'Herzégovine et de la Bosnie, dont l'espé
rance l'a leurrée si longtemps, n'est pas,
elle aussi, une illusion prête à se dissiper?
L'Autriche n'a cessé de répéter qu'elle ne
mettrpU les armes à la main que si la Rus
sie pénétrait dans sa sphère d'action. Or,
la Russie ne pénétrera pas dans sa sphère
d'action.
. Pour appuyer cette dernière prévi
sion., le Journal des Débats. fait remar
quer que les Balkans ayant été passés à
1 est, personne ne songera à porter les
hqstilités à l'ouest et à se servir de la
Serbie comme d'un champ de bataille.
De ce côté donc les chances sérieuses
d'intervention disparaissent comme du
côté de l'Angleterre à qui la Porte \ient
de refuser, pour sa flotte, l'entrée du
Bosphqré. Nou% ne nous chargeons pas
de contredire ces assertions et nous
n'avons pas à nous demander si le
Journal des Débats , après avoir montré
ui}. optimisme à outrance, ne cède pas
aujourd'hui à un pessimisme sans me
sure. Nous ne sommes, pour nous, par
tisans ni des Turcs ni des Russes.
Aussi n'avons-nous reproduit cè qui
§ récède que pour amener la conclusion
u Journal des Débats où nous trouvons
un avei^ qyï peut servir deleçpn : f . «
Il est impossible, dit-il, de-se faire la
moindre illusion sur les conséquences fa
tales de la politique inaugurée en Europe
par l'affaire des duchés danois et poursui
vie depuis avec une constance étonnante.
Jadis j quand un peuple menaçait la sécurité
des autres parlapoursuite de ses ambitions
personnelles, il se formait immédiatement
une coalition qui l'empêchait de réaliser ses
projets. On appelait cela la politique d'é
quilibre, politique modeste, politique terre-
k-terre, à ce qu'il paraît, et quj. n'était
point à la hauteur des principes modernes.
Aussi lui a-t-on substitué une liberté d'rc-
tion illimitée, laissée à tous ceux qui veu
lent trohbler la. paix du monde. Comme
correctif on « localise» la guefre. C'est fort
bien ! Mais, en localisant la guerre, on lo-
cr'ise aussi la paix, ce qui fait que chacrae
traité est conclu pour la satisfaction d'in
térêts privés, sans aucun souci des intérêts
généraux. C'est là, il faut en convenir, un
singu^er progrès de la civilisation moder
ne. Que deviendra la société européenne
au milieu de ces jeux déréglés de la force
et du hasard? Hélas 1 tout le monde peut
commencer à le deviner. Le mot le plus
profondément \rai qui ait été dit depuis
quinze ans est celui de M. de Beust : Il n'y
a plus d'Europe! ■
Les lamentations du journal des Dé
bats sont parfaitement fondées, bien
qu'on ne puisse accepter sans réserve
l'éloge qu'il fait de ce qu'il nomme la
politique d'équilibre. Mais, pour que
la leçon ne soit pas perdue, il con
vient de rappeler que la politique
inaugurée en Europe par l'affaire des
duchés danois est la même que soute
nait le Journal des Débats lorsqu'il ap
plaudissait à Ja spoliation du Pape.
Nous disions alors que c'était un étran
ge progrès de la civilisation moderne
d'appliquer ainsi la force à la violation
du droit: nous ajoutions que la société
tout entière serait ébranlée le jour où
serait consommée l'iniquité, et le Jour
nal des Débais se moquait alors des ca
tholiques. Aujourd'hui, de même que
M. Moritaigut, qui proclamait naguère
que la Révolution de 89 avaH fait ban
queroute, le Journal des Débats proclame
que la civilisation moderne tend à là
barbarie. Nous prenons acte de cet
aveu, en constatant qu'il est tout à fait
conforme au Syllabus. Qu'en pense le
jovial M. Rousset?
A uguste R oussil.
L'Evénement,qui s'est ravisé, donne ce
petit avis aux étourdis qui ne parlaient
de rièn moins que d'appliquer la loi
Trëveneuc pour le cas où le gouyerriè-
ment, usant de son droit, ne ferait' les
élections qu'au m'ois d'octobre :
On avait songé, dans certains cercles po
litiques, à se prévaloir de la loi Tréveneuc,
qui autorise la convocation des conseils
généraux- en cas d'atteinte à la constitu
tion, pour le cas où les élections seraient
définitivement fixées au 14 octobre.
M. Thiers a exposé à ses amis politiques
tous les inconvénients de ce projet, qui a
été immédiatement abandonné.
M. Thiers est un malin. Il a vu que
le moindre inconvénient de la réso
lution susdite était de faire tomber ses
auteurs sous le coup delà loi. Or, pour
être radical, on n'en est pas moins
prudent... quand il s'agit de compro
mettre sa bourse et sa liberté.
Les Cabarets
Le Journal des Débats , qui tient pour
la liberté et l'innocuité des cabarets,in
voque à l'appui .de sa thèse ses souve
nirs classiques. Persuadé, ou feignant
de l'être pour les besoins de sa cause,
que la belle antiquité ne se montrait
pas défavorable à cette sorte d'établis
sements, il rappellé que « Socrate fré
quentait les cabarets d'Athènes, » et
qu'Horace, Tibulle et d'autres « étaient
« les clients du.cabaret de Coranus ».
Après quoi, la feuille universitaire,
sûre d'avoir, subjugué ses lecteurs par
ce déploiement d'érudition classique,
s'adresse à MM. de Nervo etDoncieuxet
leur adresse cette question : « Que pense
M. de Nervo, que pense de ces réunions
dans les cabarets d'Athènes et de Rome
l'illustre barde de la seconde moitié du
dix-neuvième siècle, M. Scipion Don-
cieux? »
La réponse est facile. Et si les uni-*
versitaires du Journal des Débats con
naissaient l'antiquité autant qu'ils veu
lent le faire croire, ils se fussent bien
gardé d'adresser une telle demande.
Les deux honorables préfets, ainsi
interrogés, pouvaient en effet répon
dre : « Vous bous demandez ce que
nous pensons de ces exemples que voiis
nous citez ; nous en pensons ce qu'en
pensait l'antiquité païenne, pe qu'en
pensaient les philosophes, les moralis
tes païens, les poètes tragiques, les
histp iens de la Grèce et de Rome.»
Et qu'en pensaient-ils donc? Lé Jour
nal des Débats, va le savoir.
Interrogeons d'abord les auteurs
grecs.
Théophraste, dans son phapitre de la
Médisance , fait une peinture des caba
rets d'Athènes que nous ne pouvons
reproduire à cause des détails obsènes
dont elle ûo t remplie.
; Plutarquë défend à tout homme i^en
né la fréquentation et les amitiés de ca
baret. • '
Platon exclut d'une manière ab~olûe
les cabarets de-sa république. «Les
Grecs, dit-il, ne tirant plus leur nourri
ture de la terre et de la mer, mais de
la terre seule, on n'aura plus be..oin
chez eux de cet attirail de lois concernant
les traficants, les marchmds et les caba
rets. »
Mais peut être que Platon paraîtra
suspect de cléricalisme au journal pan-
théolatre de MM. Say et John Lemoin-
ne. Citons-lui donc une autorité dont le
style, le ton et l'odeur lui seront sans
doute plus agréables.
Un certain Démosthènes, non pas,
certes, l'ôrateur, car celui-ci était grand
buveur d'eau, fut un jour aperçu par
Diogène « pendant qu'il ivrognait dans
une taverne, dont il eut honte, dit Plu
tarquë, et se vo îlut retirer au dedans,
et Diogène lui dit : « Tant plus tu recules
en arrière, tant plu* tu entres dans la taver
ne », c'est-à-dire dans l'infamie. Ce qui
n'empêchait pas le cynique d'y boire
et d'y manger. Et je m'étonne que le
Journal des Débats ne se soit point ap
puyé d'un tel exemple.
Voici une autre anecdote dont le cy
nique est encore le principal person
nage et qu'on dirait inspirée par nos
mœurs démocratiques. --
Un jour que Diogènedéjeune 't dans
un bouge au milieu de la plèbe, il aper
çut par l'huis ouvert Démosthènes,
l'orateur cette fois, qui passait dans la
rue. Il l'appela, et comme l'autre, fai
sant fi de l'invitation, continuait à mar
cher et détournait la tête : « Eh quoi !
lui cria le cynique, aurais-tu honte
d'approcher d'un lieu où ton maître ne
dédaigne pas d'approcher tous les
jours?» Il voulf' ,ait Eli en qui rap
porte le fait, parler du peuple en gé
néral et de chaque citoyen en particu
lier.
Nous voudrions bien savoir ce que le
Journal des Débats pense du refus de
Démosthènes, et si à sa place M. John
Lemoinne serait entré dans le bouge.
Quoi qu'il en soit,on concevra par
faitement le motif du dégoût de Démos
thènes quand nous aurons donné quel
que idée des cabarets d'Athènes.
Nous avons exprimé le regret de ne
pouvoir reproduire la peinture que
Théophraste nous a laissée des tapis-
francs de cette ville célèbre ; mais nous
avons eu la bonne fortune d'en décou
vrir une autre qui, bien que très vraiej
n'offre cependant pas les mêmes incon
vénients. Nous la devons à MM. Fran
cisque Michel et Ed. Fournier, auteurs
d un livre fort curieux sur le sujet qui
nous occupe, et que nous signalons au
Journal des Débats. « Pollux, disent ces
deux érudits, qui nous a donné toutp la-
catégorie des gens tarés et marqués
d'infamie, n'a garde d'oublier dans le
nombre le cabaretier, et nous avons de
bonnes raisons pour croire que le lé
gislateur avait très sagement ,agi en
mettant ainsi au ban de la morale pu
blique tous ces de nuit. »
Et pour prouver son dire, M. Fr. Mi
chel ajoute : « Il n'y avait dans les ta
vernes d'Athènes que des gens taré?,
sortis de la plus vile populace, les ma
telots et les portefaix du Pirée et ces
mauvais garnements que Suidas et
Harpocràtion comprennent sous le nom
de Peristatoi, oisifs turbulents de Y Ago
ra, où ils trouvaient surtout à cabare-
t^r avec des femmes perdues''; audi
teurs braillards des démagogues du
Pnyx, où Démosthènes lui-même, quoi
qu'il les dédaignât d'une façon si hau
taine quand il les rencontrait ailleurs,
était-toujours ardent;à. briguer, tou
jours fier d'obtenu- leurs ...applaudisse
ments.»
Inutile d'insister sur les rapproche
ments, ils sautent aux yeux. Pour
que l'illusion soit complète, il nous
faudrait un Démosthènes. Et nous
n'avons qu'un GambeUa, un déclama-
teur vide, pour parler comme le Jour
nal des Débats de 1871.
Après cette pc : ature adoucie des lu
panars de la G; ce, on s'explique le
mépris et le dégoût qu'ils inspirent aux
honnêtes gens.
Cymisque dans Athénée reproche'
amèrement à Myrtile de fréquenter les
tavernes : « Tu sais cependant, lui dit-
il, ce qu'Isocrate a écrit dans son Aréo-
pagite : Un valet qui savait se respec
ter n'aurait osé boire ni manger dans
un cabaret; car alors ou était jaloux
d'une bonne réputation, bien loin de
s'abandonner à des bouffonneries et à
la crapule. »
« Les membres de l'Aréopage, ajoute
Athénée, refusaient d'admettre parmi
eux un homme qui avait dîné dans un
cabaret. .
« La souillure qu'un tel homme avait
contractée dans ce milieu composé de
servantes, de voleurs et de sophistes
qui sont voleurs à leur façon, le faisait
repousser par tous les citoyens qui;
étaient restés fidèles aux mœurs anti
ques.»
Nous pourrions multiplier ces cita-
lions à l'infini,mais celles que nous ve
nons de mettre sous les yeux du lec-i
teur répondent suffisamment— en ce
qui concerne la Grèce— aux questions
au Journal des Débats.
Et maintenant allons d'Atbènes àRc -
me. Mais avant de pénétrer dans la ca
pitale du monde païen, nous croyons^
devoir rappeler au Journal des Débats un
souvenir qui l'honore.
C'était en 1875, je crois. La Républi
que française ayant, dans un article:
plein d'insolence radicale, reproché
aux rédacteurs des Débats d'avoir séché;
sur les bancs de l'école normale, s'attira
une des plus vertes et des plus justes
réponses qu'elle ait jamais reçues. Dans
cette réponse M. Charmes, piqué au
vif,, rappela au citoyen Gambetta qu'un
homme dont la jeunesse s'était passée
au cabaret n'avait pas le droit de parler
d'éducation.
Alors le Journal des Débats pensait
comme l'Aréopage. Aujourd'hui, ou
bliant jusqu'à l'antique sagesse, il parle
comme Gambetta.
B. C.
On lit dans le XIX° Siècle : »
. Les bibliothèques des chemins (le fer
ont reçu, samedi dernier 14 juillet, la cir
culaire ci-après : .. "
Service de la bibliotlièqus des chemins de (er
Circulaire n° 25 »
Les bibliothécaires sont invités à retirer im
médiatement de leurs étalages, et à ne plus
vendre aucun exemplaire des trois brochure^
suivantes, qui font partie du n° 8 des livret
d'assortiment : *
Viardot : Science et Conscience.
Hamel : Les Origines de la Révolution.
Voltaire : Homélies.
Ce qui reste de ces ouvrages sera joiat au
premier retour que les agents auront l'occasion
de faire à la maison. t
On ne saurait trop approuver cette
mesure, depuis longtemps réclamée,
•ettjjue le service de la Bibliothèque des
chemins ..de fer a trop longtemps dif
férée. V '
Il nous suffira, pour justifier notre
sentiment, de dire que la première de
ces brochures, celle de M. Viardot, en
seigne au peuple, à qui elle est desti
née, qu'il n'y a pas de Dieu, que l'exis
tence de l'âme est un mensonge, que'
l'homme n'est'ni libre, ni responsable
de ses actes, qu'à peine sortis du néant
nous y rentrons par la mort, que rien
n'est vrai, que rien n'est faux, que
nous sommes 'les jouets de la fatalité,
que le monde n'est qu'une fantasma
gorie trompeuse et qu'au fond de tout
il n'y a rien.
Tel est le catéchisme rédigé, compilé
par M. Viardot et présenté aux masses
par les républicains. Ses fruits sont ou
le désespoir ou la débauche.
Notez que c'est au nom de la science
et de la conscience qu'on offre au peuple
une compilation qui est la négation
même et de la science et de la cons
cience.
On se plaint chaque jour tant de la
recrudescence que des caractères effro
yables et repoussants des crimes dont
les feuilles publiques nous apportent
sans cesse les affreux détails. Eh bien !
nous ne craignons pas de le dire, ces
crimes ont pour cause première et prin
cipale des livres tels que celui dont nous
venons de donner la triste analyse.
Quand l'homme en est arrivé à ce
[ ûnt de corruption intellectuelle de ne
{. us croire aux vérités qui sont comme
le fond de sa nature, tout s'écroule en
lui : la raison, le cœur, le sentiment, la
liberté. Mais, chose redoutable, à me
sure que l'être intellectuel, moral et re
ligieux se ^dissout, à mesure la bête
mont o, croît, se développe et s'établit
sur les ruines de l'âme.
M. Emile Zola, qui a observé et pho-
' igraphié certaines zones des mœurs
populaires^ ne nous contredira pas, à
moins cependant qu'il ne pense qu'il y
a des effets sans cause. Pour nous, les
types qu'ila décrits avec tant de vérité
descendenhpar une série de filiations
ininterrompues des sources empoison
nées, comme celle que nous venons de
signaler ; il est temps de les tarir si ou
ne veut subir le règne de la bête.
B. G.
Nous insérons sans commentaires les
promesses que l'espoir d'un prochain
triomphe du parti Gambetta inspire à
l'Egalité de Genève. Il s'agit naturelle
ment des auteurs du 16 mai :
Vous verrez redresser un matin et pour
vous toutes les potences de Montfaucon.
Mais ce sera place de la Concorde.
Aux gibots énormes, où s'accrochaient
jadis les misérables indignes de la hache
et du bourreau, on vous accrochera.
Et vous serez là, pendus, la face convuï-
FEUILLETON DE L 'UNIVERS
■ du 21 juillet 1877
l4 mer M eure d'alcérie
(Veir l'Univers du 20 juillet).
II ■ ' ■ ■ ■ ■ '
Nous allons maintenant donner unaperçu
des travaux qu'il faudrait exécuter pour
inonder les trois grands chotts.
Rappelons les données principales.
Le bassin du chott Melrir, dont la pro
fondeur moyenne au-dessous du niveau de
la mer est de 24 mètres,présentera une su
perficie de 6,700 mètres carrés ; sa capacité
Sera de 160 milliards 800,000 mètres
cubes ;
Le bassin du chott Rharsa, dont-la pro
fondeur moyenne est aussi de 24 mètres;
aura une superficie de 1,350 kilomètres;
carrés et contiendra 32 milliards 400,000
mètres cubes;
Enfin le bassin du chott El-Djerid-est re
couvert d'une croûte saline dont le niveau
sur les bords est plus élevé de 15 mètres
environ que celui do la mer, mais dont là
hauteur, dans les parties centrales, oscille
entre 0 et 6 mètres.
Il sera donc nécessaire d'établir d'abord
une communication entre les trois chotts.
L'El-Djerid se déversera d'abord dans le
Rharsa, ce qui aura pour effet de briser
la croûte saline, qui ne sera plus soutenue
par les eaux, puis le Rharsa se déversera
à son tour dans le Melrir. Quand les trois
chotts seront au même niveau, les eaux de
l'El-Djerid auront baissé de 24 mètres, et
le niveau général sera de 9 m 06 au-dessous
de la marée basse. Si l'on tient compte de
l'opération qui se produira pendant les
trois années nécessaires à l'établissement
de ce niveau, on calcule facilement et par
comparaison avec ce qui a eu lieu dans les
lacs Amers, depuis le percement de l'isth
me, de Suez, que les eaux auront en outre
baissé de 3 mètres par l'évaporation, de
telle sorte que le niveau définitif des chotts
sera à 12 mètres en contre-bas de celui de
la Méditerranée. C'est alors qu'il convien
dra de creuser le canal qui mettra l'El-
Djerid en communication avec la mer.
Il y aura donc trois canaux : le premier,
coupant le seuil de l'Oued Mellah, fera
communiquer la mer avec le chott E 1 -
Djerid; le second franchira le seuil de
Kriz et mettra en communication l'El-
Djerid et le Rharsa; enfin, le troisième
passera à travers le petit chott et les deux
seuils d'4sloudj et reliera le Rharsa et la
Melrir,
Les trois canaux, ayant une profondeur
de douze mètres au-dessous du niveau de,
la mer et une largeur de 50, nécessite-!
raient des terrassements considérables :i
les déblais seraient, en effet, de 186,663,4171
mètres cubes. !
Mais le capitaine Roudaire a calculé que:
les terrassements à exécuter par la main 1
des hommes se réduiraient à 30,000,000 de!
mètres cubes seulement. Voici comment il
raisonne :
En creusant entre l'El-Djérid et le Rhar
sa, par exemple, à travers le seuil de Kriz;
un canal de 6 m. de profondeur et 4 m. de
largeur au plafond, suivant une pente .de
0 m. 07 par kilomètre vers le Rharsa, on
obtiendra pour les eaux qui se déverseront
dans ce dernier chott une vitesse moyenne
de 0 m. 34, et une vitesse contre les parois
de 0 m. 26 par seconde. Ce courant est plus
que suffisant p,our désagréger rapidement
le fond du canal et les berges, et pour en
traîner dans le chott Rharsa les sables qui
constituent le lit du canal. Le canal achè
vera ainsi de se creuser lui-même, et ce
travail d'affouillement ne s'arrêtera que
quand les deux chotts se trouvant de ni
veau, le courant n'existera plus.
Les déblais définitifs du canal de Kriz
seront de 50,176,500 mètres. Le canal-
amorce, n'exigeant que 3,037,720 mètres
de terrassement, 47,138,780 mètres cubes
de sable seront ainsi entraînés et jetés
dans le Rharsa, Cette masse énorme ne
produira dans le chott qu'un exhaussement
inappréciable de 0 m ,037.
Il est bien entendu qu'il faudrait aider
au travail du courant par l'emploi d'engins
particuliers. M. Sciama, ingénieur en chef;
d'une grande valeur, avait déjà proposé,;
pour le percement de l'isthme de Suez,i
d'employer huit bateaux munis d'un appa-i
reil vertical susceptible de s'abaisser ou:
de se relever à volonté, et armé, à son ex
trémité inférieure, de cinq socs de charrue;
de 0 m ,60 de longueur, pénétrant de 0 m ,30
dans le sol. Huit bateaux semblables sou-j
lèveraient 35,000 mètres cubes de terre:
par jour, qui seraient emportés par le cou-!
rant. !
Ce système de creusement des canaux:
par le courant lui-même repose sur les
lois de l'écoulement.des eaux, et, par con-l
séquent, sur des données scientifiques in
discutables.
Il arrive rarement, dans la pratique, dit
M. Roudaire, que l'on puisse l'appliquer,;
puisqu'il faut avoir un grand bassin à rem
plir à l'aide d'un réservoir plus élevé. Le
cas s'étant cependant présenté sur une pe
tite échelle, aux îacs Amers, et des ingé
nieurs distingués ont songé à en profiter
pour hâter le creusement du canal de
Suez.
M. Le "Verrier a exprimé la même idée
devant l'Académie des sciences, en faisant
remarquer que la dépression des chotts
n'étant séparée du golfe de Gabès que par
.des sables, l'eau se chargerait d'établir la
communication dès qu'on lui aurait ouvert
le plus petit passage.
M. Roudaire estime que le percement
des canaux exigerait au maximum une dé
pense de 30 millions.
D'autres calculs lui ont donné neuf ans
comme limite maxima du temps nécessaire
pour que le remplissage des chotts fût;
complet. Mais il est probable que ce temps;
serait diminué de plus de moitié. D'après'
les calculs théoriques, le remplissage des 1
lacs Amers devait nécessiter trois ans. Or,i
cette opération s'e t effectuée en moins de;
sept mois, quoiqu'on ait retenu les eaux au'
moyen de barrages. !
Il nous reste à examiner les principales;
objections formulées contre le projet de|
mer intérieure, ainsi que les conséquen
ces importantes qui résulteraient de sa
création.
III
On a d'abord objecté que le canal de
communication fournirait tout au plus as
sez d'eau pour contrebalancer l'évapora
tion, et que par conséquent la mer inté
rieure ne so remplirait jamais. Les expé
riences faites on Egypte avec les évaporo-
mèlres à petite surface, démonirent en
effet que l'évaporation c\-t de G 1 "02 en
vingt-quatre heure?. Mais il n'en est plus
de même qjuanci les surfaces d'<5v;iporafion
ont une grande éieçdué. Au ;si, l 'évapora
tion, sur les îacs Aiïii*r.' t n'a été que de
0 m 003 en moyenne, et les lacs se sont rem-!
plis en sept mois, bien qu'on n'ait pas tou
jours laissé ouvertes toutes les aiguilles
des déversoirs.
Il n'y a donc aucune raison pour que les
chotts, situés sous un climat analogue k
celui de l'Egypte, ne se remplissent pas.
L'évaporation produira, quand ils seront
remplis, un courant allant de la mer aux
chotts. Mais il est impossible d'en appré
cier dès aujourd'hui la rapidité. On sait, en
effet, qu'à tout courant supérieur entre deux
mers correspond un courant inférieur eh
sens contraire ; ce dernier courant contri
buera pour sa part à abaisser encore le ni
veau des chotts ; mais une partie de l'eau
enlevée aux chotts par l'évaporation lui sera
restituée par les rivières. Dans quelles con
ditions s'établira l'équilibre entre ces quatre
facteurs, les deux courants, l'évaporation
c, l'afflux des rivières ? Il serait téméraire
de le calculer à l'avance.
Les trois autres objections formulées
contre le projet l'ont été par M. Cosson, da
l'académie des sciences.
Ce savant a prétendu d'abord que, d'a-î
près Te peu de pente attribué par M. Rou-»
daire lui-même au chott Melrir, les eaux^
suivant les anfractuosités de cet immensa
bassin sans profondeur, pénétreraient dans,
les innombrables dépressions aboutissant
au chott, et que la mer saharienne n'aurait
pas de limites plus nettes que le chott lui-
mémo, et s'étendrait dans les t.erres eu;
If! 8574; £4 Ëditioà quotidïemid
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n. a. umscB, mi »t c's $, pu» i« h b«mm.
FltAMGB
PARIS, 20 JUILLET 1877
Le Moniteur universel s'applique à
démontrer qu'une fraction notable du
centre gauche respecte très fort le Ma
réchal et veut lui revenir. Le Bien pu
blic dit à ce sujet :
Le Moniteur universel prétend que des
membres du centre gauche feraient des
avances au gouvernement.
Nous ne raconterons pas, nous, par ce
temps de poursuites contre les « fausses»
nouvelles* les avances qui ont été faites à
certains membres du centre gauche, quel
ques jours même avant le vote de la disso
lution.
Il est probable que, pour le Moniteur
«muene/, dire que certains membres du
centre gauche font de avances, c'est une
manière de faire ^es avances. Il y ai parmi
les hommes qui sont au pouvoir un certain
nombre qui rêvent un rep^trage, qin se
flattent du désir de faire admettre le lende
main des élections qje l'aventure du 16
mai est nulle et non avenue, qu'elle ne
compte pas; que tout esi dans le même état
qu'au 15 mai. Ils se trompent. Un pays
n'admet pas qu'Un gouvernement le jette
dans une crise de quatre mois et, ure fois
battu, lui dise : — Ça ne compte pas 1 II y
a maldonne ! Recommençons.
Les observations du Bien public bous
paraissent assez justes.'Mamfestement,
dans ■ certaines régions politiques et
jusque dans le ministère, quelques pre-
tendus'habiles, voués aux compromis,
rêvent encore de s'entendre avec le
centre gauche. S'il n?y avait là qu'un
grand oubli des principes et une pointe
d'intrigue, on ne pourrait guère s'en
étonner ; mais cette tactique dénote
une telle ignorance de la situation, une
si complète absence de jugement qu'on;
ne peut se l'expliquer.
Comment compter encore' sur une
fraction quelconque du centre gauche
après les votes de tout ce groupe dans
la dernière session, après l'adhésion
qu'il a donnée aux déclarations de ton
tes les fractions révolutionnaires? Et
même avant qu'ilse fût mis aussi com
plètement du , côté des radicaux, le
centre gauche n'avait-il pas montré son
inanité et son insanité politiques par
les ministères de MM. Ricard et de
Marcère? M. Jules Simon lui-même
n'était rien.de plus, en somme, ou rien
de moins que l'un des représentants
du centre gauche. Croit-on que recom
mencer le même jeu dans des condi
tions beaucoup plus mauvaises pour
rait donner de meilleurs résultats? On
voudrait diminuer le Maréchal, Je per
dre, qu'on ne le conseillerait pas au
trement.
Ces misérables conseils n'ont, d'ail
leurs^ aucune chance de succès. Ils
n'ont pas seulement contre eux le sim
ple bon sens : ils se heurtent à la di
gnité même du Maréchal. Se raccro
cher au centre gauche en vue des élec
tions ou après la lutte électorale, serait
raturer les déclarations que le chef de
l'Etat n'a cessé de faire depuis le 16
mai. Les patrons du Moniteur peuvent
trouver un tel revirement possible, et
M. Léon Renault doit le trouver facile,
mais M. de Mac-Mahon a certainement
sur de semblables questions d'autres
idées.
Ce que commande la dignité est aus
si ce que veulent l'esprit politique et
le devoir envers la France. Le Maréchal
restera donc certainement sur le ter
rain conservateur ; il faut même espé
rer que les nécessités de la lutte lui
feront comprendre la nécessité d'y en
trer plus avant.
Le bureau catholique électoral, dont
le programme a déjà été publié, presse
ceux qui approuvent ce programme de
mettre à sa disposition les renseigne
ments et les ressources nécessaires à
son action.
i Hf Les {communications doivént i
... . être
adressées a M.^Àçféodat Lefebvre, à Pa-
ris^ruede Rennes, 62, ou siégera dé-
sormafe'teb'ùreau.
Nous recevons la note suivant*? : •
Le comité de la droite croit devoir pré
ciser quelques points de son programmé
d'action, afin que le concours dont il a be
soin soit entièrement défini.
Sa propagande, tout en s'appuyant sur
les efforts entrepris dans chaque départe
ment,affectera un caractère d'intérêt géné
ral : par là seulement, elle assurera le suc
cès de la lutte entreprise contre le radica
lisme, et ouvrira la voie au grand courant
d'opinion qui doit entraîner la France vers
les solutions nécessaires.
Tant que durera la période électorale, le
comité de la droite sera en quelque sorte
présent pa-tout par ses correspondances;
par ses rep : ésentants, par ses publications;
par les journaux qui soutiendront son ac
tion. • « - ■
Les publications seront sans cesse renou
velées, afin d'opposer constamment la vé-«
rïté à l'erreur, et de répondre ainsi jour
par jour à toutes les nécessités de la lutte;
une diffusion très-large en portera le bien
fait sur tous les points du territoire.
Des journaux — non pas seulement les
feuilles ordinairement dévouées à la dé
fense des principes qui dirigent le comité
de la droi' e, mais celles aussi qne la.gra
vité des c'rconstances entraînera dans la
même voie — seront également distrib aés.
Qui n'aperçoit qu'ure telle propagande
ne saurait être maintenue à la hauteur des
devoirs particuliers de l'heure présente
qu'à la condition d'être appuyée par des
ressources considérables? Aussi est-ce avec
une pleine confiance que nous faisons appel
à la générosité de nos amis.
Nous pensons en avoir assez dit pour
qu'ils aient compris l'importance du sacri
fice que le comité de la droite réclame de
leur patriotisme. ■ ,
Les envois de fonds sont reçus par M.
Raoul Ancel, J4, rue Castellane, à Paris, et
toutes autres communications, par M. le,
marquis d'Auray, à la même adresse.
. Depuis le commencement de la guer
re, le Journal des Débats a fait campa
gne pour les Turcs avec une telle ar
deur qu'il doit se considérer comme
atteint le premier par les derniers suc
cès des Russes. Aussi ne cherche-t-il
plus à en dissimuler l'importance^ Il y
insiste même avec une sorte de mélan
colie dans un tableau qui ne permet
guère de garder la moindre illusion
sur le sort final de la campagne. D'ail
leurs à Constantinople même, le Jour
nal des Débats constaté qu'il y ai un parti
de là paix dont l'influence, par suite
des derniers combats, va sans doute
devenir prépondérante. Il y a donc lieu
d'envisager au profit de qui cette paix
se "a faite et qui en décidera. Or, le
Journal des Débats entrevoit que l'An
gleterre et l'Autriche auront, à cet
égard, des déboires de plus d'une sorte,
et il en donne ces raisons :
Si la Turquie, effrayée parles triomphes
plus apparents que réels de la Russie, veut
traiter directement avec cette derrière,
c'est aux frais de l'Europe que se fera la
paix. Qui dore pourrait empêcher la Porte
d'obéir à son désespoir et de livrer aux
Russes le passage des détroits? L'Angle
terre a déclp?é qu'elle n'autoriserait jamais
un pareil événement ; le charcelier de l'E
chiquier a proclamé avec solennité, il y a
quelques mois à peine, que r.'en ne serait
fait contre les intérêts anglais. Mais, nous
le demandons, dans l'hypothèse où nous
nous plrçoni.-, où serait la garantie des
promesses du gouvernement britanni
que?
L'Angleterre voudrait-elle ou pourrait-
elle s'oppoter par les armes au triomphe
des ambitions russes? Il faudrait qu'elle
eût l'appui d'une des grandes puissances,
et nous n'en voyons sucure qri soit déci
dée à soutenir sa cause. L'Allemagne n'a
pas d'intérêt immédiat t'ans la Méditerra
née ; l'Autriche est à peine une nation ma
ritime ; l'Italie rêve depuis longtemps l'al
liance russe ? la France est trop occupée
de ses affaires intérieures pour agir d'au
cune manière au dehors. La politique de
M. Gladstone et de lord Salisbury porte
de tristes fruits. La politique de l'Autri
che ne produit pas de plus heureux résul
tats.
On a parlé aussi fièrement à Vienne qu'à
Londres ; on y a affirmé avec autant d'éclat
que le gouvernement .d'Autriche-Hongrie
interviendrait dans le règlement delà paix.
Mais .comment le fera-t-il si la .Turquie et
la Russie s'unissent pour le tenir à l'écart ?
Il n'est pas plus àmêmo que l'Angleterre
de faire la guerre; et, dès que l'on refusera
de compter avec lui, il faudra bien
qu'il renonce à toutes ses espérances. Qi"
sait même si cette fameuse o^upation de
l'Herzégovine et de la Bosnie, dont l'espé
rance l'a leurrée si longtemps, n'est pas,
elle aussi, une illusion prête à se dissiper?
L'Autriche n'a cessé de répéter qu'elle ne
mettrpU les armes à la main que si la Rus
sie pénétrait dans sa sphère d'action. Or,
la Russie ne pénétrera pas dans sa sphère
d'action.
. Pour appuyer cette dernière prévi
sion., le Journal des Débats. fait remar
quer que les Balkans ayant été passés à
1 est, personne ne songera à porter les
hqstilités à l'ouest et à se servir de la
Serbie comme d'un champ de bataille.
De ce côté donc les chances sérieuses
d'intervention disparaissent comme du
côté de l'Angleterre à qui la Porte \ient
de refuser, pour sa flotte, l'entrée du
Bosphqré. Nou% ne nous chargeons pas
de contredire ces assertions et nous
n'avons pas à nous demander si le
Journal des Débats , après avoir montré
ui}. optimisme à outrance, ne cède pas
aujourd'hui à un pessimisme sans me
sure. Nous ne sommes, pour nous, par
tisans ni des Turcs ni des Russes.
Aussi n'avons-nous reproduit cè qui
§ récède que pour amener la conclusion
u Journal des Débats où nous trouvons
un avei^ qyï peut servir deleçpn : f . «
Il est impossible, dit-il, de-se faire la
moindre illusion sur les conséquences fa
tales de la politique inaugurée en Europe
par l'affaire des duchés danois et poursui
vie depuis avec une constance étonnante.
Jadis j quand un peuple menaçait la sécurité
des autres parlapoursuite de ses ambitions
personnelles, il se formait immédiatement
une coalition qui l'empêchait de réaliser ses
projets. On appelait cela la politique d'é
quilibre, politique modeste, politique terre-
k-terre, à ce qu'il paraît, et quj. n'était
point à la hauteur des principes modernes.
Aussi lui a-t-on substitué une liberté d'rc-
tion illimitée, laissée à tous ceux qui veu
lent trohbler la. paix du monde. Comme
correctif on « localise» la guefre. C'est fort
bien ! Mais, en localisant la guerre, on lo-
cr'ise aussi la paix, ce qui fait que chacrae
traité est conclu pour la satisfaction d'in
térêts privés, sans aucun souci des intérêts
généraux. C'est là, il faut en convenir, un
singu^er progrès de la civilisation moder
ne. Que deviendra la société européenne
au milieu de ces jeux déréglés de la force
et du hasard? Hélas 1 tout le monde peut
commencer à le deviner. Le mot le plus
profondément \rai qui ait été dit depuis
quinze ans est celui de M. de Beust : Il n'y
a plus d'Europe! ■
Les lamentations du journal des Dé
bats sont parfaitement fondées, bien
qu'on ne puisse accepter sans réserve
l'éloge qu'il fait de ce qu'il nomme la
politique d'équilibre. Mais, pour que
la leçon ne soit pas perdue, il con
vient de rappeler que la politique
inaugurée en Europe par l'affaire des
duchés danois est la même que soute
nait le Journal des Débats lorsqu'il ap
plaudissait à Ja spoliation du Pape.
Nous disions alors que c'était un étran
ge progrès de la civilisation moderne
d'appliquer ainsi la force à la violation
du droit: nous ajoutions que la société
tout entière serait ébranlée le jour où
serait consommée l'iniquité, et le Jour
nal des Débais se moquait alors des ca
tholiques. Aujourd'hui, de même que
M. Moritaigut, qui proclamait naguère
que la Révolution de 89 avaH fait ban
queroute, le Journal des Débats proclame
que la civilisation moderne tend à là
barbarie. Nous prenons acte de cet
aveu, en constatant qu'il est tout à fait
conforme au Syllabus. Qu'en pense le
jovial M. Rousset?
A uguste R oussil.
L'Evénement,qui s'est ravisé, donne ce
petit avis aux étourdis qui ne parlaient
de rièn moins que d'appliquer la loi
Trëveneuc pour le cas où le gouyerriè-
ment, usant de son droit, ne ferait' les
élections qu'au m'ois d'octobre :
On avait songé, dans certains cercles po
litiques, à se prévaloir de la loi Tréveneuc,
qui autorise la convocation des conseils
généraux- en cas d'atteinte à la constitu
tion, pour le cas où les élections seraient
définitivement fixées au 14 octobre.
M. Thiers a exposé à ses amis politiques
tous les inconvénients de ce projet, qui a
été immédiatement abandonné.
M. Thiers est un malin. Il a vu que
le moindre inconvénient de la réso
lution susdite était de faire tomber ses
auteurs sous le coup delà loi. Or, pour
être radical, on n'en est pas moins
prudent... quand il s'agit de compro
mettre sa bourse et sa liberté.
Les Cabarets
Le Journal des Débats , qui tient pour
la liberté et l'innocuité des cabarets,in
voque à l'appui .de sa thèse ses souve
nirs classiques. Persuadé, ou feignant
de l'être pour les besoins de sa cause,
que la belle antiquité ne se montrait
pas défavorable à cette sorte d'établis
sements, il rappellé que « Socrate fré
quentait les cabarets d'Athènes, » et
qu'Horace, Tibulle et d'autres « étaient
« les clients du.cabaret de Coranus ».
Après quoi, la feuille universitaire,
sûre d'avoir, subjugué ses lecteurs par
ce déploiement d'érudition classique,
s'adresse à MM. de Nervo etDoncieuxet
leur adresse cette question : « Que pense
M. de Nervo, que pense de ces réunions
dans les cabarets d'Athènes et de Rome
l'illustre barde de la seconde moitié du
dix-neuvième siècle, M. Scipion Don-
cieux? »
La réponse est facile. Et si les uni-*
versitaires du Journal des Débats con
naissaient l'antiquité autant qu'ils veu
lent le faire croire, ils se fussent bien
gardé d'adresser une telle demande.
Les deux honorables préfets, ainsi
interrogés, pouvaient en effet répon
dre : « Vous bous demandez ce que
nous pensons de ces exemples que voiis
nous citez ; nous en pensons ce qu'en
pensait l'antiquité païenne, pe qu'en
pensaient les philosophes, les moralis
tes païens, les poètes tragiques, les
histp iens de la Grèce et de Rome.»
Et qu'en pensaient-ils donc? Lé Jour
nal des Débats, va le savoir.
Interrogeons d'abord les auteurs
grecs.
Théophraste, dans son phapitre de la
Médisance , fait une peinture des caba
rets d'Athènes que nous ne pouvons
reproduire à cause des détails obsènes
dont elle ûo t remplie.
; Plutarquë défend à tout homme i^en
né la fréquentation et les amitiés de ca
baret. • '
Platon exclut d'une manière ab~olûe
les cabarets de-sa république. «Les
Grecs, dit-il, ne tirant plus leur nourri
ture de la terre et de la mer, mais de
la terre seule, on n'aura plus be..oin
chez eux de cet attirail de lois concernant
les traficants, les marchmds et les caba
rets. »
Mais peut être que Platon paraîtra
suspect de cléricalisme au journal pan-
théolatre de MM. Say et John Lemoin-
ne. Citons-lui donc une autorité dont le
style, le ton et l'odeur lui seront sans
doute plus agréables.
Un certain Démosthènes, non pas,
certes, l'ôrateur, car celui-ci était grand
buveur d'eau, fut un jour aperçu par
Diogène « pendant qu'il ivrognait dans
une taverne, dont il eut honte, dit Plu
tarquë, et se vo îlut retirer au dedans,
et Diogène lui dit : « Tant plus tu recules
en arrière, tant plu* tu entres dans la taver
ne », c'est-à-dire dans l'infamie. Ce qui
n'empêchait pas le cynique d'y boire
et d'y manger. Et je m'étonne que le
Journal des Débats ne se soit point ap
puyé d'un tel exemple.
Voici une autre anecdote dont le cy
nique est encore le principal person
nage et qu'on dirait inspirée par nos
mœurs démocratiques. --
Un jour que Diogènedéjeune 't dans
un bouge au milieu de la plèbe, il aper
çut par l'huis ouvert Démosthènes,
l'orateur cette fois, qui passait dans la
rue. Il l'appela, et comme l'autre, fai
sant fi de l'invitation, continuait à mar
cher et détournait la tête : « Eh quoi !
lui cria le cynique, aurais-tu honte
d'approcher d'un lieu où ton maître ne
dédaigne pas d'approcher tous les
jours?» Il voulf' ,ait Eli en qui rap
porte le fait, parler du peuple en gé
néral et de chaque citoyen en particu
lier.
Nous voudrions bien savoir ce que le
Journal des Débats pense du refus de
Démosthènes, et si à sa place M. John
Lemoinne serait entré dans le bouge.
Quoi qu'il en soit,on concevra par
faitement le motif du dégoût de Démos
thènes quand nous aurons donné quel
que idée des cabarets d'Athènes.
Nous avons exprimé le regret de ne
pouvoir reproduire la peinture que
Théophraste nous a laissée des tapis-
francs de cette ville célèbre ; mais nous
avons eu la bonne fortune d'en décou
vrir une autre qui, bien que très vraiej
n'offre cependant pas les mêmes incon
vénients. Nous la devons à MM. Fran
cisque Michel et Ed. Fournier, auteurs
d un livre fort curieux sur le sujet qui
nous occupe, et que nous signalons au
Journal des Débats. « Pollux, disent ces
deux érudits, qui nous a donné toutp la-
catégorie des gens tarés et marqués
d'infamie, n'a garde d'oublier dans le
nombre le cabaretier, et nous avons de
bonnes raisons pour croire que le lé
gislateur avait très sagement ,agi en
mettant ainsi au ban de la morale pu
blique tous ces de nuit. »
Et pour prouver son dire, M. Fr. Mi
chel ajoute : « Il n'y avait dans les ta
vernes d'Athènes que des gens taré?,
sortis de la plus vile populace, les ma
telots et les portefaix du Pirée et ces
mauvais garnements que Suidas et
Harpocràtion comprennent sous le nom
de Peristatoi, oisifs turbulents de Y Ago
ra, où ils trouvaient surtout à cabare-
t^r avec des femmes perdues''; audi
teurs braillards des démagogues du
Pnyx, où Démosthènes lui-même, quoi
qu'il les dédaignât d'une façon si hau
taine quand il les rencontrait ailleurs,
était-toujours ardent;à. briguer, tou
jours fier d'obtenu- leurs ...applaudisse
ments.»
Inutile d'insister sur les rapproche
ments, ils sautent aux yeux. Pour
que l'illusion soit complète, il nous
faudrait un Démosthènes. Et nous
n'avons qu'un GambeUa, un déclama-
teur vide, pour parler comme le Jour
nal des Débats de 1871.
Après cette pc : ature adoucie des lu
panars de la G; ce, on s'explique le
mépris et le dégoût qu'ils inspirent aux
honnêtes gens.
Cymisque dans Athénée reproche'
amèrement à Myrtile de fréquenter les
tavernes : « Tu sais cependant, lui dit-
il, ce qu'Isocrate a écrit dans son Aréo-
pagite : Un valet qui savait se respec
ter n'aurait osé boire ni manger dans
un cabaret; car alors ou était jaloux
d'une bonne réputation, bien loin de
s'abandonner à des bouffonneries et à
la crapule. »
« Les membres de l'Aréopage, ajoute
Athénée, refusaient d'admettre parmi
eux un homme qui avait dîné dans un
cabaret. .
« La souillure qu'un tel homme avait
contractée dans ce milieu composé de
servantes, de voleurs et de sophistes
qui sont voleurs à leur façon, le faisait
repousser par tous les citoyens qui;
étaient restés fidèles aux mœurs anti
ques.»
Nous pourrions multiplier ces cita-
lions à l'infini,mais celles que nous ve
nons de mettre sous les yeux du lec-i
teur répondent suffisamment— en ce
qui concerne la Grèce— aux questions
au Journal des Débats.
Et maintenant allons d'Atbènes àRc -
me. Mais avant de pénétrer dans la ca
pitale du monde païen, nous croyons^
devoir rappeler au Journal des Débats un
souvenir qui l'honore.
C'était en 1875, je crois. La Républi
que française ayant, dans un article:
plein d'insolence radicale, reproché
aux rédacteurs des Débats d'avoir séché;
sur les bancs de l'école normale, s'attira
une des plus vertes et des plus justes
réponses qu'elle ait jamais reçues. Dans
cette réponse M. Charmes, piqué au
vif,, rappela au citoyen Gambetta qu'un
homme dont la jeunesse s'était passée
au cabaret n'avait pas le droit de parler
d'éducation.
Alors le Journal des Débats pensait
comme l'Aréopage. Aujourd'hui, ou
bliant jusqu'à l'antique sagesse, il parle
comme Gambetta.
B. C.
On lit dans le XIX° Siècle : »
. Les bibliothèques des chemins (le fer
ont reçu, samedi dernier 14 juillet, la cir
culaire ci-après : .. "
Service de la bibliotlièqus des chemins de (er
Circulaire n° 25 »
Les bibliothécaires sont invités à retirer im
médiatement de leurs étalages, et à ne plus
vendre aucun exemplaire des trois brochure^
suivantes, qui font partie du n° 8 des livret
d'assortiment : *
Viardot : Science et Conscience.
Hamel : Les Origines de la Révolution.
Voltaire : Homélies.
Ce qui reste de ces ouvrages sera joiat au
premier retour que les agents auront l'occasion
de faire à la maison. t
On ne saurait trop approuver cette
mesure, depuis longtemps réclamée,
•ettjjue le service de la Bibliothèque des
chemins ..de fer a trop longtemps dif
férée. V '
Il nous suffira, pour justifier notre
sentiment, de dire que la première de
ces brochures, celle de M. Viardot, en
seigne au peuple, à qui elle est desti
née, qu'il n'y a pas de Dieu, que l'exis
tence de l'âme est un mensonge, que'
l'homme n'est'ni libre, ni responsable
de ses actes, qu'à peine sortis du néant
nous y rentrons par la mort, que rien
n'est vrai, que rien n'est faux, que
nous sommes 'les jouets de la fatalité,
que le monde n'est qu'une fantasma
gorie trompeuse et qu'au fond de tout
il n'y a rien.
Tel est le catéchisme rédigé, compilé
par M. Viardot et présenté aux masses
par les républicains. Ses fruits sont ou
le désespoir ou la débauche.
Notez que c'est au nom de la science
et de la conscience qu'on offre au peuple
une compilation qui est la négation
même et de la science et de la cons
cience.
On se plaint chaque jour tant de la
recrudescence que des caractères effro
yables et repoussants des crimes dont
les feuilles publiques nous apportent
sans cesse les affreux détails. Eh bien !
nous ne craignons pas de le dire, ces
crimes ont pour cause première et prin
cipale des livres tels que celui dont nous
venons de donner la triste analyse.
Quand l'homme en est arrivé à ce
[ ûnt de corruption intellectuelle de ne
{. us croire aux vérités qui sont comme
le fond de sa nature, tout s'écroule en
lui : la raison, le cœur, le sentiment, la
liberté. Mais, chose redoutable, à me
sure que l'être intellectuel, moral et re
ligieux se ^dissout, à mesure la bête
mont o, croît, se développe et s'établit
sur les ruines de l'âme.
M. Emile Zola, qui a observé et pho-
' igraphié certaines zones des mœurs
populaires^ ne nous contredira pas, à
moins cependant qu'il ne pense qu'il y
a des effets sans cause. Pour nous, les
types qu'ila décrits avec tant de vérité
descendenhpar une série de filiations
ininterrompues des sources empoison
nées, comme celle que nous venons de
signaler ; il est temps de les tarir si ou
ne veut subir le règne de la bête.
B. G.
Nous insérons sans commentaires les
promesses que l'espoir d'un prochain
triomphe du parti Gambetta inspire à
l'Egalité de Genève. Il s'agit naturelle
ment des auteurs du 16 mai :
Vous verrez redresser un matin et pour
vous toutes les potences de Montfaucon.
Mais ce sera place de la Concorde.
Aux gibots énormes, où s'accrochaient
jadis les misérables indignes de la hache
et du bourreau, on vous accrochera.
Et vous serez là, pendus, la face convuï-
FEUILLETON DE L 'UNIVERS
■ du 21 juillet 1877
l4 mer M eure d'alcérie
(Veir l'Univers du 20 juillet).
II ■ ' ■ ■ ■ ■ '
Nous allons maintenant donner unaperçu
des travaux qu'il faudrait exécuter pour
inonder les trois grands chotts.
Rappelons les données principales.
Le bassin du chott Melrir, dont la pro
fondeur moyenne au-dessous du niveau de
la mer est de 24 mètres,présentera une su
perficie de 6,700 mètres carrés ; sa capacité
Sera de 160 milliards 800,000 mètres
cubes ;
Le bassin du chott Rharsa, dont-la pro
fondeur moyenne est aussi de 24 mètres;
aura une superficie de 1,350 kilomètres;
carrés et contiendra 32 milliards 400,000
mètres cubes;
Enfin le bassin du chott El-Djerid-est re
couvert d'une croûte saline dont le niveau
sur les bords est plus élevé de 15 mètres
environ que celui do la mer, mais dont là
hauteur, dans les parties centrales, oscille
entre 0 et 6 mètres.
Il sera donc nécessaire d'établir d'abord
une communication entre les trois chotts.
L'El-Djerid se déversera d'abord dans le
Rharsa, ce qui aura pour effet de briser
la croûte saline, qui ne sera plus soutenue
par les eaux, puis le Rharsa se déversera
à son tour dans le Melrir. Quand les trois
chotts seront au même niveau, les eaux de
l'El-Djerid auront baissé de 24 mètres, et
le niveau général sera de 9 m 06 au-dessous
de la marée basse. Si l'on tient compte de
l'opération qui se produira pendant les
trois années nécessaires à l'établissement
de ce niveau, on calcule facilement et par
comparaison avec ce qui a eu lieu dans les
lacs Amers, depuis le percement de l'isth
me, de Suez, que les eaux auront en outre
baissé de 3 mètres par l'évaporation, de
telle sorte que le niveau définitif des chotts
sera à 12 mètres en contre-bas de celui de
la Méditerranée. C'est alors qu'il convien
dra de creuser le canal qui mettra l'El-
Djerid en communication avec la mer.
Il y aura donc trois canaux : le premier,
coupant le seuil de l'Oued Mellah, fera
communiquer la mer avec le chott E 1 -
Djerid; le second franchira le seuil de
Kriz et mettra en communication l'El-
Djerid et le Rharsa; enfin, le troisième
passera à travers le petit chott et les deux
seuils d'4sloudj et reliera le Rharsa et la
Melrir,
Les trois canaux, ayant une profondeur
de douze mètres au-dessous du niveau de,
la mer et une largeur de 50, nécessite-!
raient des terrassements considérables :i
les déblais seraient, en effet, de 186,663,4171
mètres cubes. !
Mais le capitaine Roudaire a calculé que:
les terrassements à exécuter par la main 1
des hommes se réduiraient à 30,000,000 de!
mètres cubes seulement. Voici comment il
raisonne :
En creusant entre l'El-Djérid et le Rhar
sa, par exemple, à travers le seuil de Kriz;
un canal de 6 m. de profondeur et 4 m. de
largeur au plafond, suivant une pente .de
0 m. 07 par kilomètre vers le Rharsa, on
obtiendra pour les eaux qui se déverseront
dans ce dernier chott une vitesse moyenne
de 0 m. 34, et une vitesse contre les parois
de 0 m. 26 par seconde. Ce courant est plus
que suffisant p,our désagréger rapidement
le fond du canal et les berges, et pour en
traîner dans le chott Rharsa les sables qui
constituent le lit du canal. Le canal achè
vera ainsi de se creuser lui-même, et ce
travail d'affouillement ne s'arrêtera que
quand les deux chotts se trouvant de ni
veau, le courant n'existera plus.
Les déblais définitifs du canal de Kriz
seront de 50,176,500 mètres. Le canal-
amorce, n'exigeant que 3,037,720 mètres
de terrassement, 47,138,780 mètres cubes
de sable seront ainsi entraînés et jetés
dans le Rharsa, Cette masse énorme ne
produira dans le chott qu'un exhaussement
inappréciable de 0 m ,037.
Il est bien entendu qu'il faudrait aider
au travail du courant par l'emploi d'engins
particuliers. M. Sciama, ingénieur en chef;
d'une grande valeur, avait déjà proposé,;
pour le percement de l'isthme de Suez,i
d'employer huit bateaux munis d'un appa-i
reil vertical susceptible de s'abaisser ou:
de se relever à volonté, et armé, à son ex
trémité inférieure, de cinq socs de charrue;
de 0 m ,60 de longueur, pénétrant de 0 m ,30
dans le sol. Huit bateaux semblables sou-j
lèveraient 35,000 mètres cubes de terre:
par jour, qui seraient emportés par le cou-!
rant. !
Ce système de creusement des canaux:
par le courant lui-même repose sur les
lois de l'écoulement.des eaux, et, par con-l
séquent, sur des données scientifiques in
discutables.
Il arrive rarement, dans la pratique, dit
M. Roudaire, que l'on puisse l'appliquer,;
puisqu'il faut avoir un grand bassin à rem
plir à l'aide d'un réservoir plus élevé. Le
cas s'étant cependant présenté sur une pe
tite échelle, aux îacs Amers, et des ingé
nieurs distingués ont songé à en profiter
pour hâter le creusement du canal de
Suez.
M. Le "Verrier a exprimé la même idée
devant l'Académie des sciences, en faisant
remarquer que la dépression des chotts
n'étant séparée du golfe de Gabès que par
.des sables, l'eau se chargerait d'établir la
communication dès qu'on lui aurait ouvert
le plus petit passage.
M. Roudaire estime que le percement
des canaux exigerait au maximum une dé
pense de 30 millions.
D'autres calculs lui ont donné neuf ans
comme limite maxima du temps nécessaire
pour que le remplissage des chotts fût;
complet. Mais il est probable que ce temps;
serait diminué de plus de moitié. D'après'
les calculs théoriques, le remplissage des 1
lacs Amers devait nécessiter trois ans. Or,i
cette opération s'e t effectuée en moins de;
sept mois, quoiqu'on ait retenu les eaux au'
moyen de barrages. !
Il nous reste à examiner les principales;
objections formulées contre le projet de|
mer intérieure, ainsi que les conséquen
ces importantes qui résulteraient de sa
création.
III
On a d'abord objecté que le canal de
communication fournirait tout au plus as
sez d'eau pour contrebalancer l'évapora
tion, et que par conséquent la mer inté
rieure ne so remplirait jamais. Les expé
riences faites on Egypte avec les évaporo-
mèlres à petite surface, démonirent en
effet que l'évaporation c\-t de G 1 "02 en
vingt-quatre heure?. Mais il n'en est plus
de même qjuanci les surfaces d'<5v;iporafion
ont une grande éieçdué. Au ;si, l 'évapora
tion, sur les îacs Aiïii*r.' t n'a été que de
0 m 003 en moyenne, et les lacs se sont rem-!
plis en sept mois, bien qu'on n'ait pas tou
jours laissé ouvertes toutes les aiguilles
des déversoirs.
Il n'y a donc aucune raison pour que les
chotts, situés sous un climat analogue k
celui de l'Egypte, ne se remplissent pas.
L'évaporation produira, quand ils seront
remplis, un courant allant de la mer aux
chotts. Mais il est impossible d'en appré
cier dès aujourd'hui la rapidité. On sait, en
effet, qu'à tout courant supérieur entre deux
mers correspond un courant inférieur eh
sens contraire ; ce dernier courant contri
buera pour sa part à abaisser encore le ni
veau des chotts ; mais une partie de l'eau
enlevée aux chotts par l'évaporation lui sera
restituée par les rivières. Dans quelles con
ditions s'établira l'équilibre entre ces quatre
facteurs, les deux courants, l'évaporation
c, l'afflux des rivières ? Il serait téméraire
de le calculer à l'avance.
Les trois autres objections formulées
contre le projet l'ont été par M. Cosson, da
l'académie des sciences.
Ce savant a prétendu d'abord que, d'a-î
près Te peu de pente attribué par M. Rou-»
daire lui-même au chott Melrir, les eaux^
suivant les anfractuosités de cet immensa
bassin sans profondeur, pénétreraient dans,
les innombrables dépressions aboutissant
au chott, et que la mer saharienne n'aurait
pas de limites plus nettes que le chott lui-
mémo, et s'étendrait dans les t.erres eu;
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