Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1876-01-14
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 janvier 1876 14 janvier 1876
Description : 1876/01/14 (Numéro 3031). 1876/01/14 (Numéro 3031).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k700304v
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Vendredi 14 Janvier 18J G
N° 3031. — Edition quotidienne.
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Vendredi 14 Janvier 1&76
PARIS
Un an.
Six mois
Trois mois..
«8 fr.
50
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Le nmïiéro, à Paris : 15 e&nt.„.
— D épa r Leu>ents : 20 »- ■-
BUREAUX /k"^'
Paris, 10, rjue (les Saints-Bères.. ,
On Wallonne, à Home, \i;i delle Stimate, xJj'SH, i4.
• , - \ 1
',.\ |c
DEPARTEMENTS
Un an B8 fr.
Six mois 50
Trois mas i<î
Édition semi-quotidienne
Un au, 32 fr.—Six mois, 17 fr.—Trois mois, 9 !i .
L'Univers «c rcyond pusjlcs manuscrits qui lui !>uiil ailresiiis.
ÏM. Oh. LAGBA.NCE, CERï et C' 1 ', I), place ije la Bourse.
FRAN-CE
PARIS, 13 JANVIER 187G
Le Journal officiel publie ce matin la pro
clamation suivante, annoncée hier :
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Français,
Pour la première fois depuis cinq
ans, vous êtes appelés à des élections
générales. Il y a cinq-ans, vous avez
voulu l'ordre et la paix. Au prix des
plus cruels sacrifices, à travers les
plus redoutables épreuves, vous les
avez obtenus.
Aujourd'hui, . vous voulez encore
l'ordre et la paix. Les sénateurs et !
les députés que vous élire? devront, |
avec le Président de la République,
travailler à les maintenir.
Nous devrons appliquer easemble,
avec sincérité, les lois constitution
nelles, dont j'ai seul le droit, jus
qu 'en 1880, do provoquer la révision.
Après tant d'agitations, de déchire
ments et de malheurs, le repos est né
cessaire à notre pays et je pense que
nos institutions ne doivent pas être re
visées avant d'avoir été loyalement
pratiquées. !
Mais pour les pratiquer comme l'exige
le salut de la France, la politique con
servatrice et vraiment libérale, que je
me suis constamment proposé de faire
prévaloir, est indispensable.
Pour la soutenir, je fais appel à l'u
nion des hômmes qui placent la dé
fense de l'ordre social, le respect des
lois, le dévouement à la patrie, au- des
sus des souvenirs, des aspirations et
des engagements de parti. Je les con
fie à se rallier tous autour de mon
gouvernement. i
Il faut que, à l'abri d'une autorité
forte et respectée, les droits sacrés
qui survivent a tous les changements!
de gouvernement et les intérêts légi- !
limes que tout gouvernement doit!
protéger J se trouvent en pleine sécu
rité.
. I! faut non -seulement désarmer ceux
qui pourraient troubler cette sécurité
dans le présent, mais décourager ceux
qui la menacent dans l'avenir par la
propagation de doctrines anti-sociales
mi de programmes révolutionnaires. -
La France sait que je n'ai ni re
cherché ni désiré le pouvoir dont je
suis investi; mais elle peut compter
que je l'exercerai sans faiblesse, et
pour remplir jusqu'au bout la mission
qui m'est confiée, j'espère que Dieu
m'aidera ét qiie le concours do la na
tion ne me fera pas défaut.
Le Président de la République française :
! Maréchal de Mac-Mahon,
duc de Magenta.
par le président de la République :
Le vice-président du conseil,
., ( ministre de l'intérieur,
■ Bbffet.
Les paroles du Maréchal
soùrcé. Evidemment il dit ici le
de sa pensée, et dans tout le parti de
l'ordre, quelque extension qu'on lui
donne, personne n'a rien à objecter.
L 'adhésion est unanime, on s'en fait
honneur; elle est même sincère. Qui
peut ne pas vouloir l'ordre et la paix,
qui demande les épreuves « les plus
redoutables, » qui ne désire se reposer
un peu ? Les plus hardis à courir les
aventures sentent au moins le besoin
de faire leur malle, ou de se procurer
un petit coffre pour serrer ce qu'ils
pourront rencontrer, livers' polili-
J-EUILLETÛN DE L'Util VERS
du 14 janvier
QUESTIONS
ciew dont l'espère croissante devient
un danger public, seraient prêts à
partir, peut-être; mais ils ne l'avouent
pas. S'ils se trouvaient bien engagés et
bien posés, ils diraient à peu près de
bon cœur : Travaillons à nous tenir
tranquilles, rallions-nous aux lénifi-
cations du président, et pour le mo
ment n'entreprenons rien, car le suc
cès est douteux.
Tel sera peut-être le résultat de la
proclamation. Ëh ces combats puérils,
une démonstration qui annonce quel
que énergie et qui fait supposer que
celui à qui l'on en veut est sur ses
gardes, tient lieu d'un avantage. La
fausse riposte décourage la fausse
attaque; elle devient un malentendu,
et les deux adversaires gardent leurs
positions les uns chez les autres. Hier,
la crise paraissant terminée, nous
osions conseiller au chef du gouverne
ment de la rouvrir. Il a préféré essayer
de l'endormir ; peut-être Test-elle; il
est possible qu'elle le soit. Nous n'a
vons qu'à attendre. Quantité d'honnêtes
gens qui sont au fond pour le Maré
chal, comme sous l'ancien provisoire,
ne peuvent néanmoins sortir d'une
certaine neutralité. Sous le pouvoir ci
vil, leur attachement, pour autant qu'ils
peuvent être attachés, reste au pouvoir
militaire, qui seul, leur parait présenter
quelque chose de sérieux. Jusqu'en 1880,
le Maréchal est ou inter-peuple ou in-
ter-roi. C'est à peu près la même chose.
Faute do mieux, crainte de pire ! peu
ple et roi,ni roi ni peuple! monarchie
sans roi, république sans républicains!
Voilà ce que nous semblent signifier
les dernières phrases de la procla
mation. Elles peuvent s'entendre sans
commentaires.
Le maréchal verra bien, à présent
qu'il a expliqué son idée, s'il a autour
de lui des gens qui veulent ce qu'il
veut, ou qui veulent ce qu'il ne veut
pas. L'attitude et les amitiés, du re
doutable M. Say l'éclaireront assez,
celui-ci fût-il dans le ministère et à
genoux. -
Qu'une partie de la question fran
çaise consiste à sayoir de quel côté
M. Say se teurne lorsqu'il fait sa prière
politique, c'est dur pour d'anciens
arbitres du monde! Mais à présent,
c'est comme cela...
Le maréchal espère que Dieu l'aide
ra et que le concours de la nation ne
lui fera pas défaut. La pauvre nation
française n'a pas sujet de compter
beaucoup sur elle-même. Elle a saris
doute de bons désirs, mais peu de
suite. Elle se fait défaut à elle-même.
Nous lui conseillons de faire comme le
maréchal et de souhaiter l'aide de
Dieu.
Louis V euillot.
ce Havas, dit-il, est évidemment destiné à
donner un commentaire à la proclamation
du président de la République. Nous som
mes déjà surpris qu'elle ait besoin de com
mentaire avant d'avoir paru; mais nous
croyons pouvoir affirmer que jaiiiais ce
commenta re n'a été proposé ni délibéré
dans le conseil des ministres.
. Puis, immédiatement, l'organe de M.
Léon Say fait la déclaration sui
vante :
M. Léon Say ne s'est pas retiré de la
liste sur laquelle son nom était porté avec
MM. Peray et Gilbert-Boucher pour, les
élections sénatoriales de Seine-et-Oise,.
Il est difficile de braver plus acer-
bement non-seulement M. Buffet, mais
aussi le maréchal, qui,.il ne faut pas
l'oublier, avait lui-même demandé au
ministre des finances de se retirer de
la liste Feray et Gilbert-Boucher.
On annonce que le conseil des mi
nistres se réunira de nouveau à l'Ely
sée ce matin. Nous désirons, sans trop
l'espérer, que ce dernier conseil ait
pour résultat la retraite de MM. Léon
Say et Dufaure ; sinon une fois de plus
M. Buffet aura maladroitement rap
pelé le proverbe : Beaucoup de bruit
pour rien.
On lit dans le Français :
Les journaux bonapartistes font grand
étalage d'une liste où le Courrier de la Ro
chelle accole le nom de M. Dufaure à celui
de M. Denfert-Rochereau. Nous avons déjà
dit que M. Dufaure avait opposé un refus
énergique au parti républicain, qui le priait
de laisser son nom à côté de celui-là. Ce
refus; M. Dufaure l'a notifié au premier ma
gistrat du département, et il a averti ses
amis de démentir quiconque dirait sa candi
dature associée à celle de M. Denfert-Ro-
chereau. C'est par abus et à l'insu de l'ho
norable garde des sceaux que le Courrier de
la Rochelle s'est emparé de son nom pour le
joindre à celui du candidat radical; il y a là
une manœuvre dont, les radicaux ont seuls
la responsabilité.
Nous enregistrons cette note du
Français, mais sans la trouver suffi
sante. Ce n'est pas seulement un jour
nal qui a accolé le nom de M. Dufaure
à celui du colonel radical Denfert-Ro-
chereau, c'est une réunion privée, où
figuraient en nombre les « amis. » de
M, Dufaure. Il faut doiic un démenti
public, et nous. demandons une décla
ration soit de M. Dufaure lui-même,
soit « des premiers magistrats du dé
partement. »
A la suite de la proclamation du
maréchal, il aurait été naturel que le
Journal officiel annonçât la retraite de
MM. Léon Say et Dufaure; il n'en est
rien, et l'on pourrait croire qtfe la
crise ministérielle s'est terminée en
core une fois par un ridicule replâtra
ge. Cependant le Journal des Débats , or
gane de M. Léon Say, publie deux no
tes qui paraissent indiquer que la crise
persiste.
Hier, en annonçant la proclamation
Bavai
Nous croyens^ar oir r ? Q ret ^ u ^ er , a
dans ce document, contrat..,, ' ?"
fet, vice-président du conseil u«.- Minis
tres,Ja confirmation de la politique exposée
par le cabinet dans 'son programme du
mars et dans les diverses déclarations qiî'jj;
a faites depuis'à la tribune.
Le Journal des Débats proteste contre
cette note :
Ce paragraphe du communiqué de TAgen-
C'est dimanche que les conseils mu
nicipaux éliront leurs délégués pour
les élections sénatoriales. Nous pres
sons une fois de plus nos amis d'user
de leur influence afin que cette pre
mière élection donne de bons choix.
Les délégués des conseils mu
nicipaux seront maîtres du scrutin.
Si les catholiques sont largement re
présentés parmi eux ils pourront ou.
faire passer des candidats très sûrs ou
forcer les candidats douteux à prendre
des engagements en faveur de la li
berté de l'enseignement et du mariage
chrétien.
N'oublions pas que cette seconde
question, que le Pape lui-même a
pressé les catholiques de soutenir, ne
saurait être séparée de la première.
On lit dans XOpinion nationale:
Un arrêté du préfet de la Seine fixe à une
heure de l'après-midi l'ouverture du scru
tin qui doit avoir lieu dimanche prochain,
psyr l'élection des délégués sénatoriaux dans
Je département de la Seine. L'arrêté ne dit
I pointpoiphien^etempslesçrutin restera ou-
' vert, C'est là un oubli qu'U panvjent dp ré
parer, car êi le scrutin doit se' trouver na
turellement clos dès que tous les conseil
lera auront voté, il peut fort bien arriver
qu'un ou plusieurs conseillers se présentent
tardivemenl ou ne se présentent pas du
tout. En ce cas, jusqu'à quelle heure le
scrulin devra-t-il rester ouvert? Il est im
possible de laisser aux maires la faculté de
déclarer arbitrairement la fermeture du
scrutin. Nous appelons donc sur ce point
l'attention de M. le préfet, en lui deman
dant de faire parvenir au plus tôt ses in
structions aux maires à ce £ujet, afin que
les conseillers municipaux puissent être in
formés du temps qui leur est donné pour
voter.
Il est on ne peut plus facile de ré
soudre les doutes de Y Opinion nationale,,
attendu que la loi électorale, si elle
laisse aux préfets la faculté de dési
gner l'heure d'ouverture du scrutin,.a
fixé elle-même la durée du temps pen
dant lequel il doit rester ouvert. C'est
une heure après" l'ouverture que le
scrutin doit être fermé.
Que M. Détroyat se méfie des excès
de zèle , de ses correspondants et qu'il
ne publie plus de mystification dans
le genre de celle-ci :
Paria, le H janvier.
a
Monsieur Léonce Détroyat,
Ayez, je vous prie, l'obligeance d'annon
cer dans votre estimable journal que les
électeurs des quatre quartiers du VII e ar
rondissement de Paris, soit: Sairit-Thomas-
d'Aquin, Invalides, Ecole-Militaire, Gros-
Caillou, environ 1,500 notabilités commer
ciales, propriétaires, ouvriers, se sont
transportés chez M. Raoul Duval, 117,
Champs-Elysées, par fraction de 60, pour
avoir l'honneur de lui offrir la candidature
à l'Assemblée nationale.
Je suis l'interprète de tous ces messieurs
pour vous assurer le succès de notre illus
tre candidat.
Agréez mes civilités les plus empres
sées; '
Le V ayer,
négociant, 21, rue de Bourgogne
(faubourg Saint-Germain).
Où M. Le Vayer prend-il 1,300 nota
bilités pour les seuls bonapartistes
dans le VII 0 arrondissement ?
Pour que de nombreuses « fractions
de 60 » électeurs se soient présentées
chez M. Raoul Duval pour « avoir
l'honneur » de lui offrir la candida
ture, il faudrait que les «notabilités »
bonapartistes aient imité les figurants
qui, dans les pièces militaires, repas
sent sans cesse sur la scène pour re
présenter de grandes armées.
M. Sarcey se vante d'être enfant de
l'Université, mais il faut avouer qu'il
en est parfois l'enfant terrible. Il nous
contait hier comment il devint profes
seur de philosophie. C'est vraiment
curieux. Donnons le morceau, nous
pourrons en tirer d'utiles enseigne
ments :
Je professais la seconde, et le chef de
l'instruction dans le département s'avisa de
faire de moi un maître de philosophie. 11
me manda dans son cabinet pour m'in-
struire de ses intentions.
— Mais, monsieur, objeetai-je avec
quelque embarras, c'est que je ne me suis
jamais occupé spécialement de philosophie;
j'en sais ce qu'on m'en a appris à l'école,
t>ù j'étais dans la section des lettres pures,
c'est-à-dire fort peu de chose, et je crains
de n'avoir pas assez de compétence ni de
goût pour cet enseignement.
— C'est justement ce qu'il nous faut, me
dit le recteur.
Et comme je le regardais, étonné :
— Nous ne tenons pas; ajoutà-t-il, à ce
que les élèves poussent bien avant de ce '
côté. Vous transformerez les études philo
sophiques en exercices littéraires, et c'est
ce que nous demandons. Ce qui nous plaît
en vous, c'est précisément la préférence
qu'entraîné par la pente de votre esprit et
de votre éducation, vous donnerez invinci
blement aux lettres.
Sur ce beau raisonnement, je fus nommé
professeur do. philosophie.
S'il faut juger par là de la valeur
des professeurs de philosophie univer
sitaires, nous sommes obligés d'en
prendre une assez triste idée. Leur
science, M. Sarcey nous apprend ce
qu'elle vaut : il avoue avec la plus
louable modestie qu'il savait « peu de
chose ». Sur leurs doctrines nous som
mes suffisamment édifiés par la déclara
tion du même Sarcey, qui nous affirme
qu'il pensait alors comme il pense au
jourd'hui. Ce devait être, en vérité, une
bien étrange chose qu'un cours de
philosophie professé par M. Sarcey de
vant de jeunes lycéens!
Faut-il juger des autres professeurs
des lycées par leur ancien confrère le
rédacteur du XIX e Siècle? Nous croyons
en avoir le droit. Si toutefois nos in
ductions sont mal fondées,nous prions
M. Sarcey de nous le faire savoir.
Après avoir ainsi raconté comment
il devint professeur de philosophie,
notre universitaire se lance dans une
étude générale sur le mouvement phi
losophique contemporain. On devine
ce que cela peut être sous la plume
d'un homme aussi compétent, ou plu
tôt on aurait de la peine à le deviner,
tant c'est misérable. Après avoir don
né à son article ce titre pompeux :
Le mouvmnent philosophique , il aboutit
tout bonnement à transcrire, à peu-
près sans commentaire, le titre de
quelques ouvrages récemment pu
bliés.
Il découpe* quelques feuillets dans le
catalogue de deux ou trois libraires,
dont les produits ne s'écoulent pas,
donne l'adresse de l'éditeur, met sa
signature au bas, et voilà le mouve
ment philosophique contemporain ! Ce
n'est pas tout. Avant de terminer, M.
Sarcey annonce que les libraires dont
il parle vont faire faire de grands pro
grès à la philosophie, et il ajoute, lui,
le savant philosophe :
Le clergé se tenant en dehors, bien en
tendu. Je ne parle que du clergé catholique,
le moins instruit et, par cela même, le plus
intolérant de tous !
Naturellement !
Paul Lapeyre.
Lord Strafford de Redcliff
ET LA QUESTION D'ORIENT
Sous cè titre, le correspondant-diplo
mate dont nous recevons parfois les
communications nous écrit de Côns-
tantinople :
« Le système que j'ai l'honneur de
préconiser depuis trois mois dans l'U-
vers, comme étant seul capable d'ame
ner la solution pacifique de la question
d'Orient, vient de trouver un illustre
partisan dans un personnage qu'on
peut justement considérer comme l'un
des hommes les plus remarquables de
l'Angleterre. Je veux parler de la let
tre que lord de Redcliff adressait, il y
a quelques jours, au Times, sur les af
faires d'Orient. Avant même d'entrer
dans' l'examen de cette lettre, il est bon
de faire remarquer combien est grande
l'autorité qui s'attache à l'opinion
de ce personnage pour tout ce
qui concerne les affaires d'Orient.
Ayant passé une grande partie de sa
vie en Turquie, dans des missions po
litiques, ayant servi son pays comme
ambassadeur à différentes reprises,
particulièrement à la veille de la guerre
de Crimée et durant cette guerre, ayant
étudié à fond les différentes popula
tions qui habitent l'Orient, ami con
stant et fidèle de l'empire ottoman,
adversaire convaincu de la Russie, et
par-là même le plus ardent champion
des réformes indispensables à intro
duire en Turquie, voulant le maintien
de cet Etat, dans l'intérêt même des
populations chrétiennes, pour les sous
traire au joug d'une puissance rivale
at dangereuse, et en même temps, dans
l'intérêt même, du gouvernement Turc;
poursuivant avec farmetél'amélioration
de la condition civile, politique et re
ligieuse de ces populations, lord Straf
ford a laissé dans les annales de la di
plomatie orientale un nom qu'aucun
politique étranger n'a pu jusqu'ici
et ne saurait peut-être égaler. Ce qu'il
dit mérite donc d'être examiné de près
et sérieusement pesé. Aussi notre con
viction est-elle que la cause des garan
ties à imposer, du contrôle européen à
exercer en Turquie, est gagnée aujour
d'hui, et que toutes les hésitations, que
tous les scrupules, s'il s'en trouve en
core dans certaines régions, sont main
tenant dissipés, grâce à l'unanimité
des opinions compétentes.
« Il est trois points, à ce qu'il nous
semble, qui ressortent principalement
de la lettre : l'action de l'Angleterre
que lord Strafford juge indispensable
dans l'accord des puissances ; — les
mesures qu'il croit nécessaires à faire
adopter en Turquie par les puissances;
— les résultats satisfaisants qu'il attend
de l'application de ces mesures.
« Tout d'abord il s'indigne contre
une politiqua d'effacement et d'indiffé
rence inactive qu'une certaine pressa
en Angleterre conseille à son gouver
nement. « Dans ces circonstances, dît-
» U, une pareille attitude vis-à-vis
» d'intérêts aussi positifs et de périls
» aussi iminents, serait une abdication
» virtuelle de sa haute position et des
» devoirs qui en découlent. »
« En effet, quel est l'homme doué
du moindre sens politique qui puisse
un instant soutenir que l'Angleterre
doit demeurer spectatrice indifférente
en face des événements qui s'accom
pliraient dans la mer Noire et la Médi
terranée? Suivant lord Stratford, son
attitude, combinée avec les puissances
signataire du traité de Paris, qui leur
confère le droit d'agir dans tout ce qui
concerne les intérêts de la Turquie
pourrait, au contraire, prévenir là
guerre et le démembrement. Loin
de s'isoler, l'Angleterre doit . donc
agir de concert avec les puissan
ces du Nord, car c'est ainsi qu'un se
cond partage de Pologne pourrait être
évité, comme il le fait remarquer ju
dicieusement. ■
Ce premier point établi, lord Straf
ford arrive au point culminant de la
question : Dans quelle sphèreet dans quei
sens 1 attitude de la E Grande-Bretasfnô
s'exercerait-elle? Quel est en un mot
son programme politique dans les af
faires de l'Orient? La réponse de lord
Strafford est très nette : « La paix,
« dit-il, le soutien de la Turquie, son
« amémraUon administrative et finan -
a mère et l'égalité de tantes les classes
» de sa population seraient natuvelle-
« ment les points principaux de la
« politique de l'Angleterre. » Il ajoute
aussitôt qu un pareil programme ne
saurait soulever d'opposition de la part
des autres cabinets et nous nous asso
cions parfaitement a cette manière de
voir » quelle est la puissance au nord
ou a 1 occident .qui n'ait pas déjà de
puis^ longtemps reconnu la nécessité
impérieuse de ces réformes ?
*« Mais les mes ares qu'il appelle né
cessaires, lord Stratford ne se con-
tenta pas de les voir édictées et pu
bliées peut-etre pouj> } a centième fois
pour les voir ensuite tomber en désué
tude ! En. homme pratique qui a
1 experience des hommes et des cho
ses, il résume ces mesures nécessai
res en un court programme qui, s'il
n a pas du, devrait servir de base au
projet dw comte Andrassy. C'est à
savois 4 une surveillance
....[
—ggaEgr-i'T 1
.Dernièrement, trompé par une eorres-
pondance écrite) d'ailleurs, dans les inten
tions les plus droites, VUnivers a publié
une note contre le cours que fait à la faculté
L'erreur a été promptement réparée par
un article de notre collaborateur M. le comte
de Lansade. Aujourd'hui nous compléterons
\a réparation d'une façop qui sera particu
lièrement agréable à nos lecteurs. M. Bé
champs veut bien nous adresser, avec l'au
torisation de la publier, la leçon même où
se trouve la phrase mal interprétée. C'est
une bonne fortune dont nous profitons avec
'empressement. Voici une partie de la lettre
pur laquelle le savant professeur met sa le
çon à notre disposition :
Cette leçon avait été improvisée et n'était pas
destinée à être publiée. Je l'ai rédigée sur mes
notes et sur celles qu'un élève capable de la
comprendre avait prises au cours. J'ai l'honneur
de vous l'envoyer. J'ajoute ici une explication
.dont vous ferez l'usage qu'il vous plaira.
On pfeut nie reprocher de n'avoir pas parlé de
Ykiihirne de la môme manière que le catéchisme,
Koulormément à la définition dogmatique : Subs
tance formée, par l'union de l'âme et du eorps qui
est aussi rigoureusement scientifique qua toutes
les définitions de l'Eglise: Mais à cela je répon-
.dt*ai que je n'ai pas l'habitude de parler, dans
;ma chaire, le langage de mes convictions per
sonnelles, ni celai de la théologie, que je tiens
pourtant pour «ne science maîtresse. Il me suf
fit que ce langage soit rigoureusement celui de )
la science expérimentale pour que je sois cer
tain de n'être en contradiction avec aucune des
vérités de la Révélation. Si je parlais autrement,
ma parole n'aurait plus la même autorité sur
ceux de mes auditeurs qui ne professent pas ina
croyance. J'ai pour règle de ne pas sortir de
mon sujet, et de traiter les questions philoso
phiques avec la gravité sereine qui convient, et
de taçon à ne blesser aucun de ceux que je suis
chargé d'enseigner ou qui veulent bien venir;
m entendre. ,
J ai l'honneur d'être, monsieur le directeur,
votre très humble et très .obéissant serviteur,
• A. Béchamps.
Nous nous bornerons, sur cette lettre, à
une seule observation : la réserve que gar
de M. A. Béchamps peut s'expliquer parles
obligations d'un enseignement donné dans
un« chaire de l'Etat ; elle ne se compren
drait pas dans une université libre et ca
tholique.
L'ORIGINE ET l 'ESSENCE DE la MATIÈRE
Leçon à la faculté de médecine de Montpellier,
sur l'origine et l'essence de la matière dans
l'Etat présent de la science.
Messieurs,
Le cours de chimie de la faculté se fait
en deux années.. Les deux tiers des leçons
sont consacrées à l'étude de lnehinïie appli
quée aux pharmaceutiques. C'est ainsi que
je remplis l'obligation que m'impose le dou
ble titre de ma chaire.
Nous commençons aujourd'hui la partie
du cours qui est consacrée à la chimie orga
nique. Autrefois, l'enseignement de cette
partie de la science chimique ne pouvait
être fondé que sur l'analyse, et un savant
français, qui avait étudié en Allemagne, en
était revenu pour nous apprendre, èom^e
jjnble rte l'enseigner autrement. Mais un autre
savant, plus g2 ?a.nj!f celui-là, qui s'était ins
piré do la science française, a, bientôtapiiès,
montré que la synthèse pouvait être-aussi
une mêthode'd'enseignement en chimie or
ganique. '
Eh bien ! pour que le tableau d£ l'état
la science vous devienne familier, la pre
mière année du cours est fondée sur la mé
thode synthétique, la seconde sur la mé
thode analytique. L'ordre des temp nous
ramène à la première année du cours. La
synthèse sera notre guide.
La chimie, en général, est la scienGe de
.'histoire intime de la matière. Elle recher
che les lois suivant lesquelles la matière
s'unit à la matière pour produire ce que l'on
nomme les combinaisons ou les composés
du carbone et de toutes les combinaisons
dont ce corps simple fait partie; en effet, la
matière organique n'eet, au fond , qii'un
composé chimique dont le carbone est l'élé
ment fondamental. Mais, puisque nous vou
lons prendre la synthèse pour méthode gé
nérale d'exposition, il fauf, cpie pops cqn-
naissiofls d'abord les matériaux dont nous
alloos faire usage pour la construction de
l'édifice qu'on appelle un composé organi-:
qup. Ces matériaux sont, avec le carbone,
tous les Goeps oçe Lavoisier a considérés
comme simples et que son gérfie ç déequ-"
verts lorsqu'il a fondé la chimie ïnoderne:
sur une savante analyse. L'univers, tous les"
systèmes planétaires, le nôtre en particu
lier, est formé de ces corps simples lavoi-
siériens, isolés, qu combinés de mille ma-i
nières. Voilà une proposition qu'il faut 1,0%
jours avoir présente à l'esprit et que je ;
vous donne comme fondée' sur les démons
trations les plus certaines de la science, des
astFOiumes, d es physiciens, des géologues
$t des chimistes.
fcjous habitong la terre £t rçgus gqus
vons dans son atmosphère. Y a-t-il quelque
relation, au point de vue des matériaux qui
les composent, pntre pette terre, cette at
mosphère, et les êtres qui s'y meuvent à la
surface, dans les airs et dans les eauxV
Cette terre, cette atmosphère, ces 0tres
ont-ils toujours été ce que nous les voy#ns? |
Cette terre et son atmosphère a-t-elle tp\i- j
jours ocpHpé lft portiftn de l'espace qu'elle
occupe? Ét pour pôéer devant vous le pro
blème chimique et physiologique le plus
élevé que l'homme puisse se proposer de
résoudre par l'expérience : cette terre a-
t-elle toujours été ornée de cette foule çl 'vr
trps grapieux et .charmants qui croissent
dans ses champs et' ses prairies, ses mon
tagnes et ses vallées et jusque dans les
profondeurs des mers? A-t-elle toujours
-été peuplée de ces animaux çraj meuvent
avec n^'us à sa surface," volent dans l'at
mosphère, nagent dans les abîmes des
eaux? L'homme, enfin, est-il le contempo
rain de tous les vestiges organisés que
nous découvrons dans les flancs de ç,ç|ts
ierpe?
Ét ne vous étonnez pas de m'entendre
poser devant vous ces redoutables questions
dans un cours de chimie. La chimie, mes
sieurs, est ujje science maîtresse à l'égale
de la physique, de l ? asteohomie, sans la
quelle la physiologie et les sciences natu
relles resteraient éternellement stériles au
sujet de ces graves problèmes, ou bien en
combreraient la science d'erreurs déplora-
bles. 1
" D'ailleurs ces questions se tiennent ; elles
sont nécessairement du domaine dé cet en
seignement qui est donné pour des méde
cins, dont le but essentiel est l'étude de
l'homme sous toutes les faceîs ; pour ç|es
médecins à qui rien ne doit rester étranger
de ce qui est de son art, lequel a pour objet
guérir ou de soulager les maux de pes sem
blables. '
Et ces questions sont faites dans yji or
(Ire rigoureusement logique; nun pasc('un
poin[a'e vue systématique,» mais absolument
scientifique et expérimental, car :
La terre, l'eau et l'air sont nécessaires au
développement et à la vie des végétaux.
La terre, l'eat}, l'air ej. les végétaux sont
nécesaires aq'développement èt à la vie des
animaux.
La terre, l'eau, l'aîr, les végétaux et les
animaux sont nécessaires pour le dévelop
pement harmonique de l'homme, de l'hora,--
me considéré ici cpmme animal, mais ani
mal dans lequel la raison s'est raearnée. Le
roi de la création, messieurs, ne saurait vi
vre et développer toutes ses facultés sans
le secours de tout; cela. Tout dans l 'uni
vers est tributaire de l'homme, e\ la science
constate qu'il n'est verni que tout
le reste était (tût
&ve5-vôua, messieurs, réfléchi quelque
fois à ce moment du temps où-l'homme, qu\
l'instant d'avant n'était point sur 1& *»ew?6,
y fut posé .tout à coup? Poç£ p&i» qui ? Pour
moi, j'y ai souvent réôèchi en chimiste, et
je dois yaus assurer que, devant cette mer
veille','mon esprit confondu a été transporté
d'admiration, et qu'en.un mouvement à'ea-
mousiasme je me suis incité ei j'ai adoré
Celui qui avait p fuira une si grande
chop, -
Mais il ne s'agit pas de mes enthousias
mes; il faut que je vous dise ce que k
science nous a appris sur tous ces formida
bles problèmes,, 1
L'astrqnftwiû, appuyée sur la physique et
}a chimie transcendantes, affirme, d'une af
firmation absolument certaine, que notre
soleil et ses planètes avec leurs satellites
n'étaient àl'origine qu'une b ^ gs © de matières
informes. E!le racçftt& somment un point de
ce nuags, apïès de prodigieuses transfor
mations physiques et chimiques, de brus
ques et foudroyantes commotions qu§ la
physique explique, a été lancé dar,3 i'-espaee
et est devenu la planèt? ^ue nous habitons.
Qu'étaH, encâi moment de l'éternité, cette
te-fv.e et qu'était' son atmosphère ?
La science affirme que pendrai me pé
riode déterminée, noire terV« était un globe
incandescent, du mô^al et du granit ent'u,-
sic,R.
' Réfléchissons un moment s"r cas faits et
voyons ce que peut ê.tïa cette incandes
cence de notre planète encore jeune. Après
! y avoir réfléchi, nous comprendrons mieux
ce que devait être l'état de l'atmosphère à.
celte époque.
i Grâce à Lavoisier, nous savons que l'oni-
vers visible est constitué par soixante -trois
corps simples. Les uns sont naturellement
gazeux sous notre latitude et à la tempéra
ture moyenne de notre zone ; il y en a un li
quide, les autres sont solides. MaiSj à l'ex
ception de deux ou trois, tous sont liquéfia
bles, et plusieurs ïflème, des moins fusibles,
sont volatilisables à une certains tempéra
ture, 'Voilà' déjà qui nous fait concevoir
somment les solides que nous voyons ont, à
une certaine époque, pm être dès liquides ou
des vapeurs. ^ '
La géologie et l'astronomie démontrent
égajes&eni qae la portion extraie de notre
giobe est encore, aujourd'hui lui-même, en.
pleine fusion et que son noyau, très dense,
doit contenir les métaux les moins fusibles
à l'état liquide. La croûte terrestre qui re
couvre oes masses en fusion ne forme qu'u
se très petite partis de la masse totale.
Mais aux températures du commencement
de la terre, cette croûte était elle-même un
liquide qui flottait sur la masse centrale,
comcae de l'huile sur de l'eau. Tâchons da
nous faire une idée de ce que devaient être
ces températures pendant une certaine et
certainement très longue période. Voici des.
expériences toutes prêtes qui voua permet
tront de vous faire une opinion.
Voilà du mercure : il est solide à 39 de
grés au-dessous du zéro de notre thermo
mètre ; il est liquide un. peu au -dessus, et à
350 degréSj-vows le voyea bouillir et distil
ler, c'eat-à-dire se transformer en vapsursi
et, se condenser dft aauveau en liquidé.
Voici du pioB&b en fusion à 3.1% degrés ;
ce n'e&VpÂS le rouge ;
Bu aine en fusion à^f^G^d&grés au-des
i sous du rouge naissan t ;
De l'argent en fusion à 100Û degrés, ron
ge cerise ;
Du cuivre en fusion à 110Ô degrés, oran
gé Ibncô ;
N° 3031. — Edition quotidienne.
1 ;i 7,f>
Vendredi 14 Janvier 1&76
PARIS
Un an.
Six mois
Trois mois..
«8 fr.
50
i(>
Le nmïiéro, à Paris : 15 e&nt.„.
— D épa r Leu>ents : 20 »- ■-
BUREAUX /k"^'
Paris, 10, rjue (les Saints-Bères.. ,
On Wallonne, à Home, \i;i delle Stimate, xJj'SH, i4.
• , - \ 1
',.\ |c
DEPARTEMENTS
Un an B8 fr.
Six mois 50
Trois mas i<î
Édition semi-quotidienne
Un au, 32 fr.—Six mois, 17 fr.—Trois mois, 9 !i .
L'Univers «c rcyond pusjlcs manuscrits qui lui !>uiil ailresiiis.
ÏM. Oh. LAGBA.NCE, CERï et C' 1 ', I), place ije la Bourse.
FRAN-CE
PARIS, 13 JANVIER 187G
Le Journal officiel publie ce matin la pro
clamation suivante, annoncée hier :
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Français,
Pour la première fois depuis cinq
ans, vous êtes appelés à des élections
générales. Il y a cinq-ans, vous avez
voulu l'ordre et la paix. Au prix des
plus cruels sacrifices, à travers les
plus redoutables épreuves, vous les
avez obtenus.
Aujourd'hui, . vous voulez encore
l'ordre et la paix. Les sénateurs et !
les députés que vous élire? devront, |
avec le Président de la République,
travailler à les maintenir.
Nous devrons appliquer easemble,
avec sincérité, les lois constitution
nelles, dont j'ai seul le droit, jus
qu 'en 1880, do provoquer la révision.
Après tant d'agitations, de déchire
ments et de malheurs, le repos est né
cessaire à notre pays et je pense que
nos institutions ne doivent pas être re
visées avant d'avoir été loyalement
pratiquées. !
Mais pour les pratiquer comme l'exige
le salut de la France, la politique con
servatrice et vraiment libérale, que je
me suis constamment proposé de faire
prévaloir, est indispensable.
Pour la soutenir, je fais appel à l'u
nion des hômmes qui placent la dé
fense de l'ordre social, le respect des
lois, le dévouement à la patrie, au- des
sus des souvenirs, des aspirations et
des engagements de parti. Je les con
fie à se rallier tous autour de mon
gouvernement. i
Il faut que, à l'abri d'une autorité
forte et respectée, les droits sacrés
qui survivent a tous les changements!
de gouvernement et les intérêts légi- !
limes que tout gouvernement doit!
protéger J se trouvent en pleine sécu
rité.
. I! faut non -seulement désarmer ceux
qui pourraient troubler cette sécurité
dans le présent, mais décourager ceux
qui la menacent dans l'avenir par la
propagation de doctrines anti-sociales
mi de programmes révolutionnaires. -
La France sait que je n'ai ni re
cherché ni désiré le pouvoir dont je
suis investi; mais elle peut compter
que je l'exercerai sans faiblesse, et
pour remplir jusqu'au bout la mission
qui m'est confiée, j'espère que Dieu
m'aidera ét qiie le concours do la na
tion ne me fera pas défaut.
Le Président de la République française :
! Maréchal de Mac-Mahon,
duc de Magenta.
par le président de la République :
Le vice-président du conseil,
., ( ministre de l'intérieur,
■ Bbffet.
Les paroles du Maréchal
soùrcé. Evidemment il dit ici le
de sa pensée, et dans tout le parti de
l'ordre, quelque extension qu'on lui
donne, personne n'a rien à objecter.
L 'adhésion est unanime, on s'en fait
honneur; elle est même sincère. Qui
peut ne pas vouloir l'ordre et la paix,
qui demande les épreuves « les plus
redoutables, » qui ne désire se reposer
un peu ? Les plus hardis à courir les
aventures sentent au moins le besoin
de faire leur malle, ou de se procurer
un petit coffre pour serrer ce qu'ils
pourront rencontrer, livers' polili-
J-EUILLETÛN DE L'Util VERS
du 14 janvier
QUESTIONS
ciew dont l'espère croissante devient
un danger public, seraient prêts à
partir, peut-être; mais ils ne l'avouent
pas. S'ils se trouvaient bien engagés et
bien posés, ils diraient à peu près de
bon cœur : Travaillons à nous tenir
tranquilles, rallions-nous aux lénifi-
cations du président, et pour le mo
ment n'entreprenons rien, car le suc
cès est douteux.
Tel sera peut-être le résultat de la
proclamation. Ëh ces combats puérils,
une démonstration qui annonce quel
que énergie et qui fait supposer que
celui à qui l'on en veut est sur ses
gardes, tient lieu d'un avantage. La
fausse riposte décourage la fausse
attaque; elle devient un malentendu,
et les deux adversaires gardent leurs
positions les uns chez les autres. Hier,
la crise paraissant terminée, nous
osions conseiller au chef du gouverne
ment de la rouvrir. Il a préféré essayer
de l'endormir ; peut-être Test-elle; il
est possible qu'elle le soit. Nous n'a
vons qu'à attendre. Quantité d'honnêtes
gens qui sont au fond pour le Maré
chal, comme sous l'ancien provisoire,
ne peuvent néanmoins sortir d'une
certaine neutralité. Sous le pouvoir ci
vil, leur attachement, pour autant qu'ils
peuvent être attachés, reste au pouvoir
militaire, qui seul, leur parait présenter
quelque chose de sérieux. Jusqu'en 1880,
le Maréchal est ou inter-peuple ou in-
ter-roi. C'est à peu près la même chose.
Faute do mieux, crainte de pire ! peu
ple et roi,ni roi ni peuple! monarchie
sans roi, république sans républicains!
Voilà ce que nous semblent signifier
les dernières phrases de la procla
mation. Elles peuvent s'entendre sans
commentaires.
Le maréchal verra bien, à présent
qu'il a expliqué son idée, s'il a autour
de lui des gens qui veulent ce qu'il
veut, ou qui veulent ce qu'il ne veut
pas. L'attitude et les amitiés, du re
doutable M. Say l'éclaireront assez,
celui-ci fût-il dans le ministère et à
genoux. -
Qu'une partie de la question fran
çaise consiste à sayoir de quel côté
M. Say se teurne lorsqu'il fait sa prière
politique, c'est dur pour d'anciens
arbitres du monde! Mais à présent,
c'est comme cela...
Le maréchal espère que Dieu l'aide
ra et que le concours de la nation ne
lui fera pas défaut. La pauvre nation
française n'a pas sujet de compter
beaucoup sur elle-même. Elle a saris
doute de bons désirs, mais peu de
suite. Elle se fait défaut à elle-même.
Nous lui conseillons de faire comme le
maréchal et de souhaiter l'aide de
Dieu.
Louis V euillot.
ce Havas, dit-il, est évidemment destiné à
donner un commentaire à la proclamation
du président de la République. Nous som
mes déjà surpris qu'elle ait besoin de com
mentaire avant d'avoir paru; mais nous
croyons pouvoir affirmer que jaiiiais ce
commenta re n'a été proposé ni délibéré
dans le conseil des ministres.
. Puis, immédiatement, l'organe de M.
Léon Say fait la déclaration sui
vante :
M. Léon Say ne s'est pas retiré de la
liste sur laquelle son nom était porté avec
MM. Peray et Gilbert-Boucher pour, les
élections sénatoriales de Seine-et-Oise,.
Il est difficile de braver plus acer-
bement non-seulement M. Buffet, mais
aussi le maréchal, qui,.il ne faut pas
l'oublier, avait lui-même demandé au
ministre des finances de se retirer de
la liste Feray et Gilbert-Boucher.
On annonce que le conseil des mi
nistres se réunira de nouveau à l'Ely
sée ce matin. Nous désirons, sans trop
l'espérer, que ce dernier conseil ait
pour résultat la retraite de MM. Léon
Say et Dufaure ; sinon une fois de plus
M. Buffet aura maladroitement rap
pelé le proverbe : Beaucoup de bruit
pour rien.
On lit dans le Français :
Les journaux bonapartistes font grand
étalage d'une liste où le Courrier de la Ro
chelle accole le nom de M. Dufaure à celui
de M. Denfert-Rochereau. Nous avons déjà
dit que M. Dufaure avait opposé un refus
énergique au parti républicain, qui le priait
de laisser son nom à côté de celui-là. Ce
refus; M. Dufaure l'a notifié au premier ma
gistrat du département, et il a averti ses
amis de démentir quiconque dirait sa candi
dature associée à celle de M. Denfert-Ro-
chereau. C'est par abus et à l'insu de l'ho
norable garde des sceaux que le Courrier de
la Rochelle s'est emparé de son nom pour le
joindre à celui du candidat radical; il y a là
une manœuvre dont, les radicaux ont seuls
la responsabilité.
Nous enregistrons cette note du
Français, mais sans la trouver suffi
sante. Ce n'est pas seulement un jour
nal qui a accolé le nom de M. Dufaure
à celui du colonel radical Denfert-Ro-
chereau, c'est une réunion privée, où
figuraient en nombre les « amis. » de
M, Dufaure. Il faut doiic un démenti
public, et nous. demandons une décla
ration soit de M. Dufaure lui-même,
soit « des premiers magistrats du dé
partement. »
A la suite de la proclamation du
maréchal, il aurait été naturel que le
Journal officiel annonçât la retraite de
MM. Léon Say et Dufaure; il n'en est
rien, et l'on pourrait croire qtfe la
crise ministérielle s'est terminée en
core une fois par un ridicule replâtra
ge. Cependant le Journal des Débats , or
gane de M. Léon Say, publie deux no
tes qui paraissent indiquer que la crise
persiste.
Hier, en annonçant la proclamation
Nous croyens^ar oir r ? Q ret ^ u ^ er , a
dans ce document, contrat..,, ' ?"
fet, vice-président du conseil u«.- Minis
tres,Ja confirmation de la politique exposée
par le cabinet dans 'son programme du
mars et dans les diverses déclarations qiî'jj;
a faites depuis'à la tribune.
Le Journal des Débats proteste contre
cette note :
Ce paragraphe du communiqué de TAgen-
C'est dimanche que les conseils mu
nicipaux éliront leurs délégués pour
les élections sénatoriales. Nous pres
sons une fois de plus nos amis d'user
de leur influence afin que cette pre
mière élection donne de bons choix.
Les délégués des conseils mu
nicipaux seront maîtres du scrutin.
Si les catholiques sont largement re
présentés parmi eux ils pourront ou.
faire passer des candidats très sûrs ou
forcer les candidats douteux à prendre
des engagements en faveur de la li
berté de l'enseignement et du mariage
chrétien.
N'oublions pas que cette seconde
question, que le Pape lui-même a
pressé les catholiques de soutenir, ne
saurait être séparée de la première.
On lit dans XOpinion nationale:
Un arrêté du préfet de la Seine fixe à une
heure de l'après-midi l'ouverture du scru
tin qui doit avoir lieu dimanche prochain,
psyr l'élection des délégués sénatoriaux dans
Je département de la Seine. L'arrêté ne dit
I pointpoiphien^etempslesçrutin restera ou-
' vert, C'est là un oubli qu'U panvjent dp ré
parer, car êi le scrutin doit se' trouver na
turellement clos dès que tous les conseil
lera auront voté, il peut fort bien arriver
qu'un ou plusieurs conseillers se présentent
tardivemenl ou ne se présentent pas du
tout. En ce cas, jusqu'à quelle heure le
scrulin devra-t-il rester ouvert? Il est im
possible de laisser aux maires la faculté de
déclarer arbitrairement la fermeture du
scrutin. Nous appelons donc sur ce point
l'attention de M. le préfet, en lui deman
dant de faire parvenir au plus tôt ses in
structions aux maires à ce £ujet, afin que
les conseillers municipaux puissent être in
formés du temps qui leur est donné pour
voter.
Il est on ne peut plus facile de ré
soudre les doutes de Y Opinion nationale,,
attendu que la loi électorale, si elle
laisse aux préfets la faculté de dési
gner l'heure d'ouverture du scrutin,.a
fixé elle-même la durée du temps pen
dant lequel il doit rester ouvert. C'est
une heure après" l'ouverture que le
scrutin doit être fermé.
Que M. Détroyat se méfie des excès
de zèle , de ses correspondants et qu'il
ne publie plus de mystification dans
le genre de celle-ci :
Paria, le H janvier.
a
Monsieur Léonce Détroyat,
Ayez, je vous prie, l'obligeance d'annon
cer dans votre estimable journal que les
électeurs des quatre quartiers du VII e ar
rondissement de Paris, soit: Sairit-Thomas-
d'Aquin, Invalides, Ecole-Militaire, Gros-
Caillou, environ 1,500 notabilités commer
ciales, propriétaires, ouvriers, se sont
transportés chez M. Raoul Duval, 117,
Champs-Elysées, par fraction de 60, pour
avoir l'honneur de lui offrir la candidature
à l'Assemblée nationale.
Je suis l'interprète de tous ces messieurs
pour vous assurer le succès de notre illus
tre candidat.
Agréez mes civilités les plus empres
sées; '
Le V ayer,
négociant, 21, rue de Bourgogne
(faubourg Saint-Germain).
Où M. Le Vayer prend-il 1,300 nota
bilités pour les seuls bonapartistes
dans le VII 0 arrondissement ?
Pour que de nombreuses « fractions
de 60 » électeurs se soient présentées
chez M. Raoul Duval pour « avoir
l'honneur » de lui offrir la candida
ture, il faudrait que les «notabilités »
bonapartistes aient imité les figurants
qui, dans les pièces militaires, repas
sent sans cesse sur la scène pour re
présenter de grandes armées.
M. Sarcey se vante d'être enfant de
l'Université, mais il faut avouer qu'il
en est parfois l'enfant terrible. Il nous
contait hier comment il devint profes
seur de philosophie. C'est vraiment
curieux. Donnons le morceau, nous
pourrons en tirer d'utiles enseigne
ments :
Je professais la seconde, et le chef de
l'instruction dans le département s'avisa de
faire de moi un maître de philosophie. 11
me manda dans son cabinet pour m'in-
struire de ses intentions.
— Mais, monsieur, objeetai-je avec
quelque embarras, c'est que je ne me suis
jamais occupé spécialement de philosophie;
j'en sais ce qu'on m'en a appris à l'école,
t>ù j'étais dans la section des lettres pures,
c'est-à-dire fort peu de chose, et je crains
de n'avoir pas assez de compétence ni de
goût pour cet enseignement.
— C'est justement ce qu'il nous faut, me
dit le recteur.
Et comme je le regardais, étonné :
— Nous ne tenons pas; ajoutà-t-il, à ce
que les élèves poussent bien avant de ce '
côté. Vous transformerez les études philo
sophiques en exercices littéraires, et c'est
ce que nous demandons. Ce qui nous plaît
en vous, c'est précisément la préférence
qu'entraîné par la pente de votre esprit et
de votre éducation, vous donnerez invinci
blement aux lettres.
Sur ce beau raisonnement, je fus nommé
professeur do. philosophie.
S'il faut juger par là de la valeur
des professeurs de philosophie univer
sitaires, nous sommes obligés d'en
prendre une assez triste idée. Leur
science, M. Sarcey nous apprend ce
qu'elle vaut : il avoue avec la plus
louable modestie qu'il savait « peu de
chose ». Sur leurs doctrines nous som
mes suffisamment édifiés par la déclara
tion du même Sarcey, qui nous affirme
qu'il pensait alors comme il pense au
jourd'hui. Ce devait être, en vérité, une
bien étrange chose qu'un cours de
philosophie professé par M. Sarcey de
vant de jeunes lycéens!
Faut-il juger des autres professeurs
des lycées par leur ancien confrère le
rédacteur du XIX e Siècle? Nous croyons
en avoir le droit. Si toutefois nos in
ductions sont mal fondées,nous prions
M. Sarcey de nous le faire savoir.
Après avoir ainsi raconté comment
il devint professeur de philosophie,
notre universitaire se lance dans une
étude générale sur le mouvement phi
losophique contemporain. On devine
ce que cela peut être sous la plume
d'un homme aussi compétent, ou plu
tôt on aurait de la peine à le deviner,
tant c'est misérable. Après avoir don
né à son article ce titre pompeux :
Le mouvmnent philosophique , il aboutit
tout bonnement à transcrire, à peu-
près sans commentaire, le titre de
quelques ouvrages récemment pu
bliés.
Il découpe* quelques feuillets dans le
catalogue de deux ou trois libraires,
dont les produits ne s'écoulent pas,
donne l'adresse de l'éditeur, met sa
signature au bas, et voilà le mouve
ment philosophique contemporain ! Ce
n'est pas tout. Avant de terminer, M.
Sarcey annonce que les libraires dont
il parle vont faire faire de grands pro
grès à la philosophie, et il ajoute, lui,
le savant philosophe :
Le clergé se tenant en dehors, bien en
tendu. Je ne parle que du clergé catholique,
le moins instruit et, par cela même, le plus
intolérant de tous !
Naturellement !
Paul Lapeyre.
Lord Strafford de Redcliff
ET LA QUESTION D'ORIENT
Sous cè titre, le correspondant-diplo
mate dont nous recevons parfois les
communications nous écrit de Côns-
tantinople :
« Le système que j'ai l'honneur de
préconiser depuis trois mois dans l'U-
vers, comme étant seul capable d'ame
ner la solution pacifique de la question
d'Orient, vient de trouver un illustre
partisan dans un personnage qu'on
peut justement considérer comme l'un
des hommes les plus remarquables de
l'Angleterre. Je veux parler de la let
tre que lord de Redcliff adressait, il y
a quelques jours, au Times, sur les af
faires d'Orient. Avant même d'entrer
dans' l'examen de cette lettre, il est bon
de faire remarquer combien est grande
l'autorité qui s'attache à l'opinion
de ce personnage pour tout ce
qui concerne les affaires d'Orient.
Ayant passé une grande partie de sa
vie en Turquie, dans des missions po
litiques, ayant servi son pays comme
ambassadeur à différentes reprises,
particulièrement à la veille de la guerre
de Crimée et durant cette guerre, ayant
étudié à fond les différentes popula
tions qui habitent l'Orient, ami con
stant et fidèle de l'empire ottoman,
adversaire convaincu de la Russie, et
par-là même le plus ardent champion
des réformes indispensables à intro
duire en Turquie, voulant le maintien
de cet Etat, dans l'intérêt même des
populations chrétiennes, pour les sous
traire au joug d'une puissance rivale
at dangereuse, et en même temps, dans
l'intérêt même, du gouvernement Turc;
poursuivant avec farmetél'amélioration
de la condition civile, politique et re
ligieuse de ces populations, lord Straf
ford a laissé dans les annales de la di
plomatie orientale un nom qu'aucun
politique étranger n'a pu jusqu'ici
et ne saurait peut-être égaler. Ce qu'il
dit mérite donc d'être examiné de près
et sérieusement pesé. Aussi notre con
viction est-elle que la cause des garan
ties à imposer, du contrôle européen à
exercer en Turquie, est gagnée aujour
d'hui, et que toutes les hésitations, que
tous les scrupules, s'il s'en trouve en
core dans certaines régions, sont main
tenant dissipés, grâce à l'unanimité
des opinions compétentes.
« Il est trois points, à ce qu'il nous
semble, qui ressortent principalement
de la lettre : l'action de l'Angleterre
que lord Strafford juge indispensable
dans l'accord des puissances ; — les
mesures qu'il croit nécessaires à faire
adopter en Turquie par les puissances;
— les résultats satisfaisants qu'il attend
de l'application de ces mesures.
« Tout d'abord il s'indigne contre
une politiqua d'effacement et d'indiffé
rence inactive qu'une certaine pressa
en Angleterre conseille à son gouver
nement. « Dans ces circonstances, dît-
» U, une pareille attitude vis-à-vis
» d'intérêts aussi positifs et de périls
» aussi iminents, serait une abdication
» virtuelle de sa haute position et des
» devoirs qui en découlent. »
« En effet, quel est l'homme doué
du moindre sens politique qui puisse
un instant soutenir que l'Angleterre
doit demeurer spectatrice indifférente
en face des événements qui s'accom
pliraient dans la mer Noire et la Médi
terranée? Suivant lord Stratford, son
attitude, combinée avec les puissances
signataire du traité de Paris, qui leur
confère le droit d'agir dans tout ce qui
concerne les intérêts de la Turquie
pourrait, au contraire, prévenir là
guerre et le démembrement. Loin
de s'isoler, l'Angleterre doit . donc
agir de concert avec les puissan
ces du Nord, car c'est ainsi qu'un se
cond partage de Pologne pourrait être
évité, comme il le fait remarquer ju
dicieusement. ■
Ce premier point établi, lord Straf
ford arrive au point culminant de la
question : Dans quelle sphèreet dans quei
sens 1 attitude de la E Grande-Bretasfnô
s'exercerait-elle? Quel est en un mot
son programme politique dans les af
faires de l'Orient? La réponse de lord
Strafford est très nette : « La paix,
« dit-il, le soutien de la Turquie, son
« amémraUon administrative et finan -
a mère et l'égalité de tantes les classes
» de sa population seraient natuvelle-
« ment les points principaux de la
« politique de l'Angleterre. » Il ajoute
aussitôt qu un pareil programme ne
saurait soulever d'opposition de la part
des autres cabinets et nous nous asso
cions parfaitement a cette manière de
voir » quelle est la puissance au nord
ou a 1 occident .qui n'ait pas déjà de
puis^ longtemps reconnu la nécessité
impérieuse de ces réformes ?
*« Mais les mes ares qu'il appelle né
cessaires, lord Stratford ne se con-
tenta pas de les voir édictées et pu
bliées peut-etre pouj> } a centième fois
pour les voir ensuite tomber en désué
tude ! En. homme pratique qui a
1 experience des hommes et des cho
ses, il résume ces mesures nécessai
res en un court programme qui, s'il
n a pas du, devrait servir de base au
projet dw comte Andrassy. C'est à
savois 4 une surveillance
....[
—ggaEgr-i'T 1
.Dernièrement, trompé par une eorres-
pondance écrite) d'ailleurs, dans les inten
tions les plus droites, VUnivers a publié
une note contre le cours que fait à la faculté
un article de notre collaborateur M. le comte
de Lansade. Aujourd'hui nous compléterons
\a réparation d'une façop qui sera particu
lièrement agréable à nos lecteurs. M. Bé
champs veut bien nous adresser, avec l'au
torisation de la publier, la leçon même où
se trouve la phrase mal interprétée. C'est
une bonne fortune dont nous profitons avec
'empressement. Voici une partie de la lettre
pur laquelle le savant professeur met sa le
çon à notre disposition :
Cette leçon avait été improvisée et n'était pas
destinée à être publiée. Je l'ai rédigée sur mes
notes et sur celles qu'un élève capable de la
comprendre avait prises au cours. J'ai l'honneur
de vous l'envoyer. J'ajoute ici une explication
.dont vous ferez l'usage qu'il vous plaira.
On pfeut nie reprocher de n'avoir pas parlé de
Ykiihirne de la môme manière que le catéchisme,
Koulormément à la définition dogmatique : Subs
tance formée, par l'union de l'âme et du eorps qui
est aussi rigoureusement scientifique qua toutes
les définitions de l'Eglise: Mais à cela je répon-
.dt*ai que je n'ai pas l'habitude de parler, dans
;ma chaire, le langage de mes convictions per
sonnelles, ni celai de la théologie, que je tiens
pourtant pour «ne science maîtresse. Il me suf
fit que ce langage soit rigoureusement celui de )
la science expérimentale pour que je sois cer
tain de n'être en contradiction avec aucune des
vérités de la Révélation. Si je parlais autrement,
ma parole n'aurait plus la même autorité sur
ceux de mes auditeurs qui ne professent pas ina
croyance. J'ai pour règle de ne pas sortir de
mon sujet, et de traiter les questions philoso
phiques avec la gravité sereine qui convient, et
de taçon à ne blesser aucun de ceux que je suis
chargé d'enseigner ou qui veulent bien venir;
m entendre. ,
J ai l'honneur d'être, monsieur le directeur,
votre très humble et très .obéissant serviteur,
• A. Béchamps.
Nous nous bornerons, sur cette lettre, à
une seule observation : la réserve que gar
de M. A. Béchamps peut s'expliquer parles
obligations d'un enseignement donné dans
un« chaire de l'Etat ; elle ne se compren
drait pas dans une université libre et ca
tholique.
L'ORIGINE ET l 'ESSENCE DE la MATIÈRE
Leçon à la faculté de médecine de Montpellier,
sur l'origine et l'essence de la matière dans
l'Etat présent de la science.
Messieurs,
Le cours de chimie de la faculté se fait
en deux années.. Les deux tiers des leçons
sont consacrées à l'étude de lnehinïie appli
quée aux pharmaceutiques. C'est ainsi que
je remplis l'obligation que m'impose le dou
ble titre de ma chaire.
Nous commençons aujourd'hui la partie
du cours qui est consacrée à la chimie orga
nique. Autrefois, l'enseignement de cette
partie de la science chimique ne pouvait
être fondé que sur l'analyse, et un savant
français, qui avait étudié en Allemagne, en
était revenu pour nous apprendre, èom^e
jjnble rte l'enseigner autrement. Mais un autre
savant, plus g2 ?a.nj!f celui-là, qui s'était ins
piré do la science française, a, bientôtapiiès,
montré que la synthèse pouvait être-aussi
une mêthode'd'enseignement en chimie or
ganique. '
Eh bien ! pour que le tableau d£ l'état
la science vous devienne familier, la pre
mière année du cours est fondée sur la mé
thode synthétique, la seconde sur la mé
thode analytique. L'ordre des temp nous
ramène à la première année du cours. La
synthèse sera notre guide.
La chimie, en général, est la scienGe de
.'histoire intime de la matière. Elle recher
che les lois suivant lesquelles la matière
s'unit à la matière pour produire ce que l'on
nomme les combinaisons ou les composés
du carbone et de toutes les combinaisons
dont ce corps simple fait partie; en effet, la
matière organique n'eet, au fond , qii'un
composé chimique dont le carbone est l'élé
ment fondamental. Mais, puisque nous vou
lons prendre la synthèse pour méthode gé
nérale d'exposition, il fauf, cpie pops cqn-
naissiofls d'abord les matériaux dont nous
alloos faire usage pour la construction de
l'édifice qu'on appelle un composé organi-:
qup. Ces matériaux sont, avec le carbone,
tous les Goeps oçe Lavoisier a considérés
comme simples et que son gérfie ç déequ-"
verts lorsqu'il a fondé la chimie ïnoderne:
sur une savante analyse. L'univers, tous les"
systèmes planétaires, le nôtre en particu
lier, est formé de ces corps simples lavoi-
siériens, isolés, qu combinés de mille ma-i
nières. Voilà une proposition qu'il faut 1,0%
jours avoir présente à l'esprit et que je ;
vous donne comme fondée' sur les démons
trations les plus certaines de la science, des
astFOiumes, d es physiciens, des géologues
$t des chimistes.
fcjous habitong la terre £t rçgus gqus
vons dans son atmosphère. Y a-t-il quelque
relation, au point de vue des matériaux qui
les composent, pntre pette terre, cette at
mosphère, et les êtres qui s'y meuvent à la
surface, dans les airs et dans les eauxV
Cette terre, cette atmosphère, ces 0tres
ont-ils toujours été ce que nous les voy#ns? |
Cette terre et son atmosphère a-t-elle tp\i- j
jours ocpHpé lft portiftn de l'espace qu'elle
occupe? Ét pour pôéer devant vous le pro
blème chimique et physiologique le plus
élevé que l'homme puisse se proposer de
résoudre par l'expérience : cette terre a-
t-elle toujours été ornée de cette foule çl 'vr
trps grapieux et .charmants qui croissent
dans ses champs et' ses prairies, ses mon
tagnes et ses vallées et jusque dans les
profondeurs des mers? A-t-elle toujours
-été peuplée de ces animaux çraj meuvent
avec n^'us à sa surface," volent dans l'at
mosphère, nagent dans les abîmes des
eaux? L'homme, enfin, est-il le contempo
rain de tous les vestiges organisés que
nous découvrons dans les flancs de ç,ç|ts
ierpe?
Ét ne vous étonnez pas de m'entendre
poser devant vous ces redoutables questions
dans un cours de chimie. La chimie, mes
sieurs, est ujje science maîtresse à l'égale
de la physique, de l ? asteohomie, sans la
quelle la physiologie et les sciences natu
relles resteraient éternellement stériles au
sujet de ces graves problèmes, ou bien en
combreraient la science d'erreurs déplora-
bles. 1
" D'ailleurs ces questions se tiennent ; elles
sont nécessairement du domaine dé cet en
seignement qui est donné pour des méde
cins, dont le but essentiel est l'étude de
l'homme sous toutes les faceîs ; pour ç|es
médecins à qui rien ne doit rester étranger
de ce qui est de son art, lequel a pour objet
guérir ou de soulager les maux de pes sem
blables. '
Et ces questions sont faites dans yji or
(Ire rigoureusement logique; nun pasc('un
poin[a'e vue systématique,» mais absolument
scientifique et expérimental, car :
La terre, l'eau et l'air sont nécessaires au
développement et à la vie des végétaux.
La terre, l'eat}, l'air ej. les végétaux sont
nécesaires aq'développement èt à la vie des
animaux.
La terre, l'eau, l'aîr, les végétaux et les
animaux sont nécessaires pour le dévelop
pement harmonique de l'homme, de l'hora,--
me considéré ici cpmme animal, mais ani
mal dans lequel la raison s'est raearnée. Le
roi de la création, messieurs, ne saurait vi
vre et développer toutes ses facultés sans
le secours de tout; cela. Tout dans l 'uni
vers est tributaire de l'homme, e\ la science
constate qu'il n'est verni que tout
le reste était (tût
&ve5-vôua, messieurs, réfléchi quelque
fois à ce moment du temps où-l'homme, qu\
l'instant d'avant n'était point sur 1& *»ew?6,
y fut posé .tout à coup? Poç£ p&i» qui ? Pour
moi, j'y ai souvent réôèchi en chimiste, et
je dois yaus assurer que, devant cette mer
veille','mon esprit confondu a été transporté
d'admiration, et qu'en.un mouvement à'ea-
mousiasme je me suis incité ei j'ai adoré
Celui qui avait p fuira une si grande
chop, -
Mais il ne s'agit pas de mes enthousias
mes; il faut que je vous dise ce que k
science nous a appris sur tous ces formida
bles problèmes,, 1
L'astrqnftwiû, appuyée sur la physique et
}a chimie transcendantes, affirme, d'une af
firmation absolument certaine, que notre
soleil et ses planètes avec leurs satellites
n'étaient àl'origine qu'une b ^ gs © de matières
informes. E!le racçftt& somment un point de
ce nuags, apïès de prodigieuses transfor
mations physiques et chimiques, de brus
ques et foudroyantes commotions qu§ la
physique explique, a été lancé dar,3 i'-espaee
et est devenu la planèt? ^ue nous habitons.
Qu'étaH, encâi moment de l'éternité, cette
te-fv.e et qu'était' son atmosphère ?
La science affirme que pendrai me pé
riode déterminée, noire terV« était un globe
incandescent, du mô^al et du granit ent'u,-
sic,R.
' Réfléchissons un moment s"r cas faits et
voyons ce que peut ê.tïa cette incandes
cence de notre planète encore jeune. Après
! y avoir réfléchi, nous comprendrons mieux
ce que devait être l'état de l'atmosphère à.
celte époque.
i Grâce à Lavoisier, nous savons que l'oni-
vers visible est constitué par soixante -trois
corps simples. Les uns sont naturellement
gazeux sous notre latitude et à la tempéra
ture moyenne de notre zone ; il y en a un li
quide, les autres sont solides. MaiSj à l'ex
ception de deux ou trois, tous sont liquéfia
bles, et plusieurs ïflème, des moins fusibles,
sont volatilisables à une certains tempéra
ture, 'Voilà' déjà qui nous fait concevoir
somment les solides que nous voyons ont, à
une certaine époque, pm être dès liquides ou
des vapeurs. ^ '
La géologie et l'astronomie démontrent
égajes&eni qae la portion extraie de notre
giobe est encore, aujourd'hui lui-même, en.
pleine fusion et que son noyau, très dense,
doit contenir les métaux les moins fusibles
à l'état liquide. La croûte terrestre qui re
couvre oes masses en fusion ne forme qu'u
se très petite partis de la masse totale.
Mais aux températures du commencement
de la terre, cette croûte était elle-même un
liquide qui flottait sur la masse centrale,
comcae de l'huile sur de l'eau. Tâchons da
nous faire une idée de ce que devaient être
ces températures pendant une certaine et
certainement très longue période. Voici des.
expériences toutes prêtes qui voua permet
tront de vous faire une opinion.
Voilà du mercure : il est solide à 39 de
grés au-dessous du zéro de notre thermo
mètre ; il est liquide un. peu au -dessus, et à
350 degréSj-vows le voyea bouillir et distil
ler, c'eat-à-dire se transformer en vapsursi
et, se condenser dft aauveau en liquidé.
Voici du pioB&b en fusion à 3.1% degrés ;
ce n'e&VpÂS le rouge ;
Bu aine en fusion à^f^G^d&grés au-des
i sous du rouge naissan t ;
De l'argent en fusion à 100Û degrés, ron
ge cerise ;
Du cuivre en fusion à 110Ô degrés, oran
gé Ibncô ;
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