Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1873-04-22
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 avril 1873 22 avril 1873
Description : 1873/04/22 (Numéro 2127). 1873/04/22 (Numéro 2127).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mardi 22 Avril 1073
N' 2127. — Edition quotidienne.
V.
Mardi 22 Avril 1075
PARIS
Un an. 88 fr,
Sixmois...
Trois mois. .. • • •
Le numéro, à Paris :15c
î \ — Départements : 20
' ' ^BlSREÀïik !
-'"Paris,-10, rue fies'Sainls-Pèrês, y v ._
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On s'alionne, à Rome, Tia delle' SlîmaU),'2^, 23,24.'
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DÉPARTEMENTS
Un an . 88 fr»
Sixmois 30
Trois mois... iC
. Édition'scmi-qnotldlenue
Un an, 32 fr.t-Six mois, 17 fr.—Trois mois, 9 fr.
L'Univers nu rOpond pas des manuscrits qui lui sont adressé»,
'. AIltïWOnfCKS
as. Cil, UGRANCE, CEIIF et C^, G, ,,iaes de la Bonne.
_i.
FRANCE
PARIS, 21 AVRIL 1873
DES VERTUS ET PROPRIÉTÉS
r ' ' 'du ' v
Suffrage universel
lie-suffrage 1 "universel a notablement
abaissé le niveau de la culture et'des.
études politiques. Quelle figure ferait
aujourd'hui un grave publîciste médi
tant sur les principes du droit des na
tions entre Selcfen et Grotiu's, ou so
passionnant à redresser les paradoxes;
de Hobbes ou de MachiaVél ? La politi-
" que, à vrai dire, n'a plus 'rien d'intel
lectuel et se réduit à'peu près à un
perpétuel travail de sauvetage. Il s'agit;
de t se? garer moralement et corporelle-'
ment- Les: braves cœurs et les droits
esprits ont' cisséz à faire de repêcher
au jour le jour Quelque vérité de sens
commun, quelque notion première et
vitale'qui est en péril dé se noyer dans:
les. insanités' de la presse démagogi-^
que; Spéculativement, comme dernier'
sujet scientifique d'observation; il reste
les fléaux publics et lès épidémies de'
l'opinion. 4 -
'Le Mexique a la fièvre jaune, nous
avons le : Suffrage Universel. Chaque
çériôdo 'd'élection met un peu plus en
évidèncè certaines ' propriétés de ce:
singulier'principe de 'gouvernement.
C'est nin triste sujet d'études, d'autant
plus triste qu!il ne parait guère qu'on
doive 'profiter des dures leçons de l'é
preuve. "Vainement noûs goûtons aux
fryits'anlers de la révolution ; nourris
de co pain'de douleur et dé cette eau
d'affliôtionj nous ne venons pas mieux
à résipiscence. IL n'importe, arrêtons-
nous un instant âufc abaissements qui
sont le produit du suffrage universel :
si peu' attrayante que soit la matière,
elle dffrè toujours un'peu plus d'inté- :
rêt qu'une analyse comparée des mé
rites de M. de Rémusat _et du citoyen
Barodet. ; . 1 .
Il ést tôut d'abord hors de doute que
le suffrage universel fausse radicale
ment la représentation du pays. On
peut résolument affirmer que plus le
droit de vote est étendu et prodigué,
plus la représentation, nationale de
vient. fictive et illusoire, et le moment
n'est pas loin où, dans l'arène parle-
. 1 mentaire, il. n'y aura plus d'organes
4es véritables intérêts sociaux, mais
/ uniquement des représentants des pas
sions antisociales. Les faiseurs de cos-
mogonies parlent -beaucoup d'une loi
do sélection qui aurait régi primitive
ment les espèces animales; Suivant
cette loi, lea individus siipérieura en
vigueur et en voracité auraient pris à
l'origine la part de pâture des sujets
faibles. Ceux-ci se trouvaient ainsi con
damnés à périr ; l'élite-seule a survécu
et .perpétue la race, au plus grand
avantage de la force et de la beauté du
type. "V ■ ■ '•>
«Une loi analogue d'antagonisme et
do délimitation des faibles se'manifeste
dans lés luttes du vote populaire : la vic
toire est aux factions " extrêmes ; elles
ont l'audace, ce qui équivaut à la force,
les • timides. sont de plus'e'n plus évin
ces. Gé-résultat ëst inévitable, il est
une propriété naturelle de l'ins||tution
hors nature du suffrage universel. L'é-'
galité de tous quant au droit de vote
peut'bien être écrite darts la loi, elle
n'entre pas dans les' mœurs, et per
sonne ne prend au sérieux cette chi
mère que le: suffrage d'un gredin vaille
celui d'un honnête homme, et que l'o
pinion d'un imbécile ait le même poids
qué l'opinion d'un homme compétent;
La fiction choque trop le bon sens et
vioJ'd tçop outrageusement l'évidence.
C'est pourquoi les bonnes gens té
moignent une invincible 1 tiedeur 1 à
remplir le [ devoir électoral; Ils accom
plissent tous les travaux utiles, payent
l 'impôt, acquittent la; corvée du sang.
Cela fait, ils se tiennent pour libères
vis-à-vis de la chose publique. Quant
à maintenir l 'ordre-, quant à veiller à
la sûreté du travailleur et du sillon,
ils estiment que cela regarde le gou
vernement, lequel est armé et sub
ventionné pour vaquer à cet office.
On ne persuade pas aux classes pai
sibles . qu'elles sont elles-mêmes la
puissance gouvernante et qu'il leur in
combe de faire, en permanence, acte
de souveraineté. Pour mettre en ébran
lement ces masses ■ honnêtes, il faut
quelque immense et immédiat péril
do destruction, il faut un sursaut d'a
gonie du pays tout entier comme aux
élections générales de février 1871. En
dehors de ces conjonctures extraordi
naires, le vrai peuple reste au repos.
Il sait d'instinct que gouvernant et
gouverné sont deux, et qu'étant gou
verné il ne peut être -gouvernant. Le
sophisme de sa souveraineté sur lui-
même n'entre pas dans sa simple rai
son, fermée aux fictions de la loi poli-,
tique. Les harangueurs y perdent leur
éloquence, toutes les exhortations et
tous les appels échouent contre cette
incrédulité du bon sens populaire.
La conséquence est que le vulgaire,
c'est-à-dire ce qu'il y a de meilleur et
de plus conservé dans les sociétés hu
maines, le vulgaire déserte obstiné
ment les batailles du scrutin. Le terrain
reste, absolument libre et déblayé
d'obstacles, aux éléments malsains de
la population, les seuls qui en défini
tive soient " représentés. Le suffrage
universel-n'a d'universel que le nom,
il est aux mains des ennemis de la 80 1 -
ciété. .■ . . .... \ ..
C'est une dérision de prétendre y
trouver une expression, un réfléchis
sement quelconque des intérêts et des
besoins ou des volontés du pays. Le
suffrage universel' tt'fest qu'une loterie
gigantesque, une roue de fortune, qui
elôve et précipite tour à tour les com
pétitions et les avidités perverses. Les
hommes honnêtes que ne brûle aucune»
haine, que ne dévore aucune convoi
tise inavouable, sont impropres à s'at-
{ teler à cette machine» Avec leur pro
fité niaise, ils seraient dépaysés
i parmi ces conflits de là perfidie et
de la force. On dit des hommes de
paix, , qu'ils ont ; la supériorité du
nombre 1 «jue signifie le nombre sans
l'organisation, et que peut le nombre
inorganisé contre ces comités occultes
d'où part le mot d'ordre et contre
cette disciplinej contré cette solidarité
formidable du mal» qui- brise les résis
tances, qui broie toute velléité d'oppo
sition ? La démagogie elle-même n'est
isûre du -succès gu'au prix de l'unité
i brutale qui ; supprime du milieu d'elle
: la contradiction et jusqu'à l'onjbro du
droit de pepser et de juger. Gambetta,
;un moment, s'est cabré contre la stu-
pide candidature d^ Barodet; il a
bientôt compris, ou on lui a fait com
prendre qu'il n'était pas de' sa pru
dence de résister à l'irrésistible. Gam
bette mieux inspiré à emboîté le pas:
et s'est bouclé lui-même-'au char;
de la nouvelle idole.
L'impitoyable loi de sélection Tem-i
porte; les forts, les vuraces prennent
tout pour eux, dévorent' la- ! part des
inoffensifs et les excluent de la vie po
litique. Il est manifesté que le suffrage
dit universel détruit la représentation;
il n'est pas moins clair qu'une repré
sentation de quelque vérité et : de quel
que ampleur ne pourra jamais être le
.produit que d'un système électif res-
itreint dans des limites raisonnables.
Toute représentation ne procède pas à
beaucoup près du mandat des élec
teurs.
* ; Les dignitaires de l'Eglise et les
membres d'une pairie sont les repré
sentants nés des plus grands intérêts
spirituels et temporels d'une nation.
Le mandat électif toutefois peut appor
ter un élément à la représentation na
tionale, à la;condition que le droit de
suffrage se renferme dans la mesure
imposée par la nature des choses,
i Il existe des classes naturellement pro
tégeantes, tutrices en quelque sorte des
intérêts généraux par la nécessité mê
me de.la situation qu'elles occupent.
;Les propriétaires, lès chefs d'indus-
ïtrie, quiconque, en un mot, a^ la char-,
ge d'une gestion ou d'un établisse
ment, a. aussi un intérêt majeur à la
conservation de l'ordre-matériel et mo
ral, .de même qu'aux progrès utiles : et
'au respect d'une saine liberté. A ceux-
là il incombe de désigner- les repré
sentants du pays. Et il n'y a rien ici
Iqui ressemble. à un droit exclusif et
à un privilège. Cette minorité d'élec
teurs , en se représentant elle-même,
représente réellement tout lé monde et
toutes les classes de citoyens d'une
manière autrement effective quelle
suffrage égalitaire et universel.
1 Ge corps électif restreint incarne : le i
besoin de sécurité qui est le, besoin
ide s tous, du travailleur qui n'a
que ses bras, de. l'homme d'initia^
tive. qui n'a que - son esprit inventif,
aussi bien que» du propriétaire opu-,
lent. Où règne l'ordre, le travail des
mains et le travail de l'esprit se dé
ploient à l'aise, les œuvres de charité;
morale et corporelle s'épanouissent.
Qui représente l'ordre représente l'uf
nique intérêt commun à tous. ,
• Lé suffrage universel mutile ,1a re
présentation ou, plus -simplement, la
supprime. Il a une .autre propriété qui
se dessine de < plus > en plus : le droit
illimité d'élection entraîne çettè inévi
table conséquence de - limiter désas-
treusement la liberté des électeurs
quant au 'choix des mandataires du
pays. - ■ ■ ^
Un corps : restreint d'électeurs
peut discuter de près les candidats qui
briguent ses votes et se fixer en con
naissance de cause sur celui qui pré
sente les plus sérieuses garanties de
courage et d'intelligence dés affaires pu
bliques: La discussion dos personnes est
impraticable pour les cohues du suffrage
universel. Il ne peut être question de
la valëur individuelle du mandataire ;
les multitudes ne j«gent pas; elles
obéissent à une impulsion ou suivent
un courant. Il n'y a de candidat pos
sible et pouvant masser les votes de la
foUle que celui qui porte sur sa per
sonne n'importe quoi reluisant à l'œil
et qui se voit de loin. L'énergie, la
loyauté, le mérite intrinsèque, en un
mot, n'ont pas de clinquant et ne sont
d'aucune importance. Il faut ce qui
brille à distance, quelque épisode ta
pageur où l'individu a été mêlé, quel
que chose de voyant, de scandaleux
au besoin, qui fasse de l'homme un
drapeauet marque l'élu du signe de la
popularité banale.
: Exemple': le citoyen Barodet, en
fait de qualités personnelles, n'a rien
qui le signale. Sa valeur ou sa non-va
leur morale et intellectuelle sont par-,
faitement inconnues de la plupart
même des plus fervents propagateurs
de sa candidature. Inutilement les
fanfares du Rappel et du Corsaire s'es-
soufflent à gonfler ce zéro; tout ce
qu'on sait de lui, c'est qu'il a laïque-
ment et vertueusement inculqué l'al
phabet aux jeunes générations rurales,
ni,plus ni moins que quelque trente
mille instituteurs primaires, lesquels
ne sollicitent aucun mandat représen
tatif. Et toutefois le prestige du Baro
det va grandissant; il a la loque qui
rutile "; «on nom a été mêlé à une af
faire bruyante ; la démagogique muni
cipalité lyonûaiëe a été frappée..et dé
capitée en sa personne. Ge martyre,
non sanglant, sacre Barodet et lui met
au front l'auréole. Son élection sera la
réplique au décret de l'Assemblée na
tionale*
s M. de Rémusat, compétiteur de Ba
rodet, a dû, lui aussi, se soumettro
aux nécessités de mise en scène qu'im
pose le .suffrage universel:' Les titres
littéraires-et autres de M. de Rémusat
pèsent peu; auraientils une significa
tion, ie n'est pas de cola qu'il s'agit.
Pour entrer-en lice sans trop d'inéga
lité,'le -noble- comte' s'est vu obligé,
comme un simple Barodet, de s'affu
bler d'un oripeau, d'un tire-l'œil quel
conque. -Il a- été convenu qu'il repré
sente la libération du territoire. Au fait,
un traité est intervenu qui a octroyé, à
la France cette immense et toute gra
cieuse faveur de lui permettre d ac-,
quitter avant tefme sa rançon.
: L'ïnfïnence 'de M. de "Ëémusat est
entrée vraisemblablement. pour peu
de chose dans l'issue de la négocia*
tion; simpleittent, il s'est trouvé minis
tre des affaires étrangères au "moment
'du traité; sa signature a dû être appo
sée aux écritures diplomatiques. Il a
peu coopéré de son chef, mais il était
là. Cette ' concommitance fait un
rayonnement à là figure assez secon
daire de M. de Rémusat. Pour la mul
titude votante; il n'est plus Rémusat
tout court, il est la libération du ter
ritoire: y .
Libération du territoire; c'est-voyant,
cëla' fïamboie et peut courir les ha
sards de la lutte sans grand désavan
tage avec la mairie lyonnaise immolée
dans la personne du citoyen Barodet.
Telle est 'notre décadence, telles sont
les mϝrs que" nous fait le suffrage
universel. Le peuple de Byzance se pas
sionnait'et se partageait en factions
pour des cochers du cirque. Ne mépri
sons pas trop ces avilissements et ces
délires. Pour nous aussi toute grande
question publique se traduit en exhi
bitions et en spectacle des yeux.
La politique n'est plus guère autre
chose qu'une comédie sans gaieté. Le
vote ne discute pas ; l'aptitude, la spé
cialité, le patriotisme, dans les manda
taires du peuple, -importent peu. Le
suffrage-universel ne se montre nulle
part en quête d'un homme, il demande
des fétiches.
Pu. S eubet.
■ . •.—^.
' M. de Rémusat, dont la candidature
n'est pas impersonnelle comme celle
de M. Barodet,- s'est rendu de sa per
sonne au sein du comité général
d'adhésion à la candidature de M. le
ministre des affaires étrangères. Là,
M. ' de Rémusat - s'est déclaré le
candidat de la conciliation, faisant ap
pel à tous les partis au nom des idées
de la conservation.
Cette déclaration rallie fortement à
la candidature, de M.,, de Rémusat cer
taines feuilles qui nous avaient jus
qu'ici paru plus résignées qu'énergi
ques. Le Constitutionnel , entre autres,
qui se plaint d'avoir été, par le XIX"
Siècle, rangé parmi les adversaires, le
Constitutionnel trouve que la déclara
tion dé M. de Rémusat ôte à sa candi
dature le « caractère exclusif que lui
avaient prêté 'certains journaux. » '
Le caractère exclusif qui répugnait
aU Constitutionnel ressortait,sans doute
dès explications de certains journaux,
les plus officieux . de toute la presse,
les plus dévoués et les plus attachés à
la présidence,. Il, ressortait aussi de
l'adhésion d'un comité . républicain
dont les membres n'ont rien de modé
ré, et du concours ardent de cer
taines notoriétés radicales. Sans doute
il ne, faut pas se plaindre qu'un can
didat devienne populaire et recueille
des assentiments parmi les adhérents
des partis auxquels il est opposé. Les
partis sont perspicaces sur leurs inté
rêts. ■ - ■ ■
Les paroles de M. de Rémusat, sans
parler de son passé, de ses doctrines
et de .son amitié , les paroles mêmes
de la circulaire de M. de Rémusat sur
l'intégrité du suffrage universel et sur
la République démentent outrageuse
ment sa nouvelle déclaration de con
ciliation ; et elles présentent toujours
aux passions et aux corruptions dé
magogiques un appât dont elles comp
tent bien se nourrir, où elles espè
rent puiser de nouvelles forces pour
mettre à sac la société. Ceci s'accorde
peu avec la conservation.
Le Constitutionnel n'a cependant plus
aucune appréhension. Il semble mê
me regretter les regrets qu'il s'est
cru naguère en droit d'exprimer :
Si nous avons considéré dès le début la
candidature de M. de Rémusat comme une
candidature ' essentiellement conservatrice,
nous nous trouvions en accord parfait avec
M. de Rémusat lui-môme. Il s'est exprimé
dans ce sens de la façon la plus précise et la
plus nette.
Nous donnons plus loin la déclara
tion de M. de Rémusat. Elle prétend
caresser et gagner les conservateurs
et faire cesser les hésitations qu'ils ont
montrées et qu'ils ne devraient pas
regretter. Mais elle ne rompt en rien
aVec les hommes du 4 septembre, qui
au sein du ministère insultent en ce
moment l'Assemblée souveraine; elle
elle ne répudie pas l'appui que lui ap
porte ou veut lui ménager le comité
Carnot, en interprétant d'une manière
■exclusive ses déclarations sur le suf
frage universel.
La Liberté fait le même article que
le Constilutiomml: Mais elle ne regrette
pas ses anciens scrupules : « Nous ne
pouvions, dit-cllr approuver la circu
laire de,M. de'Rémusat.Ge journal
i espère que la nouvelle déclaration Ver
bale de M. le ministre des affaires
étrangères efface désormais tout ce
que cette circulaire contenait d'offus
quant* pour les conservateurs. IVfaut'
être conciliant en matière d'élections
et savoir s'accommoder de peu de
chose. Néanmoins, malgré toute la
sobriété que doivent de nos jours pra
tiquer les conservateurs, on comprend
que beaucoup refusent le mets un peu
illusoire peut-être que leur recom-
tiààttde la LibeïtL
Le Journal de Paris s'en régale.
Nous avions toujours soupçonné que le
Soir, 1 e,XlX" Sieàle et le Comité Carnot n'é
taient point autorisés à donner à la candida
ture de M. dé ll'éfnusat'le caractère qu'ils lui
prêtaient. Nos doutes à cet égard se changent
aujourd'hui en dèflitudei L'honorable minis
tre des affaires étrangères s'est transporté au
jsiége du comité Allou. Il a replacé sa candi-/
dature sur le terrain d'où l'on n'aurait jamais
dû la faire sortir.'
: Le comité. Carnot entend néanmoins
se maintenir et continue à tirer à soi
le candidat dont l'élection n'impose
rait de sacrifices, ' dit M. Valentm, à
aucune des nuances du parti républi
cain. Le Journal de Paris se prêterait-il
à satisfaire toutes les nuances du par
ti républicain? Il tient que les satis
factions qu'on leur donne aujourd'hui-
ne s'ont pas dès armes entre leurs
mains.
La candidaturé' de M. dè Rëmùsat n'èsl
plus une iarme entre les mains d'un parti ex
clusif ; ce n'est plus une machine dé guerre
contre la fraction conservatrice du cabinet.
Elle perd la signification menaçante qu'on
cherchait à lui donner; Elle reprend le ca
ractère conservateur qu'elle avait au début
et que des commentaires intéressés risquaient
de lui faire perdre. ,
II arrive donc, conclut le Journal de Paris,
pour la candidature _Rémusat ce qui était
'arrivé déjà pour le Méssàge, c'est-à-dire que
le gouvernement lui-mflme finit par désa
vouer les commentaires maladroits qui avaient
égaré et troublé l'opinion publique.
Bien que la déclaration de M. de
Rémusat ne nous, présente pas les ca
ractères de garantie, dé solennité, et
'd'étenduo que lui prêtent les, journaux
idont nous parlons, on ne peut nier
que cetto démarché ne soit une con
cession au parti conservateur. Il * faut
'attribuer cette avance, qui remplace à
la fin un superbe mépris, à l'attitude
même de ce parti et à l'énergie avec
laquelle certains de ses organes ont
irefusé de s'engager avec M.: de Ré-
ïousat sur le terrain de la République;
définitive et de l'intégrité du suffrage
universel.
Malheureusement on sait ce que va
lent les avances et les concessions de
M. Thiers, et il est difficile de voir
dans la déclaration verbale de M. le :
ministre des affaires étrangères une
réparation de tous les griefs que le,
parti conservateur élève contre les dé
testables et coupables pactisations dn
gouvernement de la République con
servatrice avec les, ennemis de tout
ordre et de toute société.
Nous , ne sommes pas, pour "notre
part, disposés,à donner notre vote à.
M. de Rémusat.Si nous avojis le droit,;
que nous n'avons jamais demandé, de
donner notre suffrage au gouverne
ment, c'ost à la condition de pouvoir*
le lui refuser. Il nous semble qu'au
jourd'hui le devoir du refus s'impose 1
absolument aux ^conservateurs. La
crainte, qu'on fait miroiter devant
nous, de livrer,". en' favorisant une
diversion, passage à. la candidature
rouge de. M. Barodet, ne nous émeut
pas, La. déclaration faite au comité
Allou ne change pas les choses. Baro
det et Rémusat se valent. Pourquoi
M. de Rémusat tient-il à écarter de
Paris le citoyen Barodet, que M. Thiers
choyait, caressait et conservait avec
tant de tendresse à Lyon? Si Barodet
offre des dangers à l'ordre public, com
ment Rémusat, patron de .Barodet, ne
les présenterait-il pas?
Si le vote est un acte de conscience,
malgré la déclaration récente de M. de
Rémusat, la conscience des honnêtes
gens éclairés et indépendants répugne
à accepter ce candidat. Tous ceux qui
mettent la dignité du pays au-dessus
de mesquines considérations, tous
ceux qui ont souci des intérêts éle
vés de la patrie, , qui tiennent le
pacte do Bordeau, formé publiquement
en face -de la France, pour un con
trat sérieux, nécessaire et obligatoire,
qui répudient des engagements se
crets et vagues, pris sans droit dans
l'ombre, sous la pression de la peur ou
sous l'inspiration d'une exécrable sym
pathie 1 , tous ceux qui ne veulent pas
v'alliance avec les doctrines subversi-
des et révolutionnaires, qui ont dé
membré la France et qui veulent la
détruire, tous ceux-là se rallieront à
une troisième candidature.
, Si cette candidature déroute les
combinaisons sur lesquelles on avait
compté, si elle donne quelques chan
ces ae plus — ce que je ne crois pas
d'ailleurs à M. Barodet, dont le
nom en outre, nous le répétons avec
insistance, n'a rien de plus dangereux
ni de plus odieux que celui de M. de
Rémusat; si le candidat rouge, dont
on annonçait hier le désistement ou
tout au moins les pourparlers avec le
gouvernement dont il a toujours eu
l'oreille et les sympathies, triomphe
en définitive, il ne faudra pas - s'en
.prendre aux conservateurs qui. l'ont
toujours repoussé ; la responsabilité de
ce succès . appartiendra tout entière
au gouvernement qui a su faire de ce
maître d'école un personnage et qui lui
a ouvert les portes de Paris., en pro
posant aux électeurs de la capitale un
candidat aussi compromis et engagé
que M. de Rémusat dans une politique
qui répugne au patriotisme, . .
L éon- A udineau.
; Pendant que M. de- Rémusat essaie
de donner des gages au parti conser
vateur. Led pourparlers entre le gou
vernement et Bai'odct se continuent
avec activité. ' ,
s La Patrie ^ donne à ce sujet divers ren
seignements. Le premier indique d'a-
jbord le point de contact et d'entente
que le candidat démocratique radical,
■tout en se faisant ce matin afficher
sur papier rouge * conserve toujours
avec le président de la République;
! Nous avons dit en son temps que la pre
mière circulaire de M. fiarddet^ soumise au
comité parisien, avait été retournée à sdtl au- :
steur comme étant trop pâle. Nous apprenons
jqu'elle a été refusée parce qu'elle contenait
une phrase élogieuse à l'adresse de M. TJiiers;
dans dette phrase, il était lait allusion à la li
bération du territoire, et M. Barodet décla
rait qu'il n'était pas hostile à 1 M. Thiers. Cet
te déclaration a été égaloment biffée par le
comité.
' Le lien sympathique n'a jamais été
rompu. Il s'agit de le. resserrer. La Pa
irie dit encore : . .
; Il-paraît qu'on aurait agité dans un certain
■monde radical si l'on ne tenterait pas une dé
marche auprès des comités lyonnais pour ob
tenir qu'ils prissent l'initiative d'une adresse
M. JBarodet pour l'engager à retirer sa can
didature'. Les officieux.du gouvernement ne
seraiént'pijs étrangers à cette idée, dont l'ini-
,tiative occulte, ajoute-t-on, .serait due à M.
'Gamibetta, qui ne s'est livré qu'à son corps
défendant aux amis de M. Barodet.
' Voilà bien des manèges. En fait de
duperie et de double jeu, on est tou
jours disposé à prêter au gouverne
ment. On ne prête qu'aux riches, et
le gouvernement de M. Thiers a main
tenu aux radicaux tant d'entrées à la
présidence que rien ne peut surpren
dre. M. Thiers estime qu'il trouve une
force dans ces relations, qu'il ménage
et qu'il entretient. Aussi, dernier ren
seignement assez précieux do la Pa
trie et que les précédents ne contredi
sent pas : ■
: Le parti radical vient, dit-on, de prendre
june résolution qui aurait pour but de prouver
jqu'il n?a jamais voulu, ne veut pas et ne vou-
tlra jamais le renversement de M. Thiers, et
que l'élection de M. Barodet n'est pas une
menace contre le président,
i A cet effet, au lendemain de l'élection de
l'ancien membrje du Comité de salut pulilic,
}es députés radicaux rédigeront un manifeste
dans lequel ils feront une solennelle décla
ration de dévouement à M. Thiers. Cette 1
Inesure aurait pour but de faire accepter sans
trop de répugnance le nouveau député.
: Le dernier trait seul serait phéno
ménal. M. Thiers n'a de répugnance
pour personne de la radicaille ; et les
conservateurs auraient besoin précisé
ment par leur vote, de démontrer au !
président de la République, qu'un peu;
répugnance pour certaines person
nes et certaines doctrines serait d'une
saine politique.
Nous recevons du Comité' électoral
conservateur . la communicaftion sui
vante, que nous sommes priés d'insé
rer :
.CANDIDATURE CONSEllVATBICE
.Colonel STOFFEL .
. ORDRE 1)U JOUlt MOTJVÉ .
Voté le samedi 1 !) avril à la
salle Ilerz.
• L'assemblés i considérant
qu'il- ost du devoir de tout
, conservateur de combattre
avec une énergie égale les
candidatures Rémusat et Ba
rodet, passe à l'ordre du jour.-
Le comité conservateur s'est réuni liier soir
et a porté à- l'unanimité son choix sur M. le
colonel Stoffel, qui a, séance tenante, accepté
la candidature.
En conséquence, le comité, s'appuyant
d'ailleurs sur les témoignages si spontanés dé
sympathie qui ont accueilli, dans la réunion
de la salle llerz, le nom de M. le colonel
Stoffel, présente sa candidature aux électeurs
du département de la Seine.
le com1tx-: conservateur.
Une souscription est ouverte pour
subvenir aux frais de cette candida
ture.
Pour encourager le Siècle a publier
son papier/(< secret ». nous lui avions
promis de le reproduire. Il-faut s'exé
cuter. Nous l'aurions fait tout de suite,
si nous ne savions dès longtemps que
quand le Siècle cite, il faut vérifier.
C'est une grande imprudence de
le croire sur parole.
La vérification a été facile, puisque
la pièce secrète du Siècle est simple
ment tirée d'une pièce imprimée et
livrée au public par nous-même.
, Comme nous le pensions, cette pièce,
aux mains et sous la plume raturière
du Siècle, est devenue fausse. Nous di
sons FAUSSE.
La voici, avec les soulignements du
Siècle. Nous ajoutons ce qu'il a sup
primé.
« L'empereur me fit signe de m'asscoir, et.
nous) reprîmes la conversation sur la presse.
Elle vint à l'influence du 'Siècle, Ce journal,
dis-je, fait u'îî double mal i en tas, il cor
rompt; en haut, jé ne dirai pas qii'fl'désaffec-
tionne, mais il inquiète. On se demande
pourquoi il lui est permis, a'attàquer laTeWgion
jusque dans ses dogmes, de a.'ffamer ie cler
gé, de décrier les évéques et d'outrager
même le Pape, lorsque envers les re7>résen-
tants de la puissance politique on sait le ré
duire à un si scrupuleux respect., J'ose appe
ler là dessus les,réflexions de Votre Majesté..
Je vois beaucoup de prêtres; aiy:un n'est en
nemi du gouvernement, tous font des vœux
pour l'empereur ; mais le Siècle leur donne à
tous cette inquiétude : Où veut-on en venir?
Pourquoi te Siècle ( peut-il faire impunément
tant de mal aux citoyens les plus moffensïfs, et
dont le mérite se recommande le plus au respect
du peuple et en a le plus besoin ? , Sire,, c'est
leur plainte unanime... Je réclame contre les ex
cès de l'opposition antireligieuse... etc. »
i Après plainte unanime , le texte
porte cecif que le Siècle, couvre de
points intelligents.
« .L'empereur convint qu'il, y avait là un
mal digpe ddit-il, — quoique résolu d'y veiller, je rie
puis croire qu'il soit inutile d'avoir un journal
d'opposition. L'on m'a souvent dit Pourquoi
ne supprimez-vous pas le- Siècle? Je ne l'ai
pas supprimé parce que je ne verrais pas as
sez d'utilité à cette mesure pour en coiripenser
les inconvénients. Je crois que je procéderai
tl'une aulrô façon. Je pense à éteindre les pe
tits journaux.
1 « — J'aurais peu dé chosesH dire pour les
défendre. Mais Votre Majesté voudra bien
remarquer que je laisse l'opposition politique) ■
•elle est disciplinée . Je réclame contre les
excès de l'opposition religieuse. »
■ Le Siècle a biffe ce paragraphe,, ce- .
pendant aussi curieux que le reste. ,
Après opposition religieuse, il y a en
core ceci, que le Siècle ,■ sachant s'ar
rêter à propos, remplace par etc. : .
Il serait bon, continua l'empereur, comme
fc'il n'avait pas entendu mon observation, que
toute l'opposition fût réduite à un seul jour
nal. L'importance môme de ce journal et
ses bénéfices l'empêcheraient• d'outrepasser
les limites qu'on voudra lui imposer. -
«Il me parut que c'était là sa vraie pensée.
Je crus devoir me contenter de l'avoir entre
vue, et garder pour moi la peine que j'en
éprouvais. Je ne me retins pas néanmoins
d'observer qu'un tel journal serait, bien puis
sant, et que des béliers de cette force, une
fois en mouvement, ne s'arrêtent plus. »
' Voilà notre papier « secret ». Les lec
teurs du Siècle ne le connaissent point
tout entier. Il leur a caché le plus in
téressant, qui est que l'empereur Na
poléon III aurait aimé de réunir toutes
les forces et tous les bénéfices do l'op-
des forces.
; Calcul effroyablement machiavéli-'
que, mais non pas insensé. ■ ■ ;
* Quant à l'art des citations, le Siècle
s'y entend ; mais l'on pourrait être
plus honnête et même plus adroit.
■ Louis V euillot.
i II est un point du discours de M.
jjules Simon sur lequel nous croyons
qu'il importe de revenir. Nous. ne. par
lons pas de l'outrage adressé par . le
ministre à la Chambre. No/ lecteurs
pnt pu s'en rendre compte par les no
tes du témoin qui nous a rapporté: de
quel air d'insolence M. Jules Simon
avait lancé cette injure aux plus hon
nêtes et aux plus patriotiques de nos
députés.
Cependant, comme la commission '
de permanence aura sans doute à
s'occuper spécialement de* ce fait,' il
est, bon,do citer textuellement cette
parole telle que le Soir l'a publiée on
même temps que d'autres officieux :
Messieurs, a dit le ministre, <ètte tâche de
la libération du territoire, l'homme à qui nous
devons tout, je suis heureux de. le proclamer
devant vous, il.l'a remplie seul, seul , eji-
tendez-le-bien. J'ai pu le voir à l'œuvre, au
milieu d'embarras inouïs, de difficultés sans
nombre que lui créaient ces- mêmes hom
mes qui, le lendemain, se flattaient de l'avoir
aidé dans son œuvre ! : -
Voilà de quel ton et avec quelle bonne
foi le ministre de l'instruction publi
que parle de la Chambré aux sociétés
savantes ! Et voilà comme un membre
du gouvernement enseigne à la pro
vince le" respect de l'autorité dont il
dépend, et qu'il ^.'engageait naguères
è défendre contre les dissolutionnistes !
Mais, nous l'avons dit, c'est à la com
mission de permanence qu'il appar/
tient de relever, et au besoin de châ
tier cette insolence. Nous espérons
qu'elle ne manquera pas à ce devoir.
Ge que nous voulions surtout faire
remarquer dans, cette harangue, c'est
le parti qu'on en peut tirer pour la li
berté de l'enseignement. Hier, en l'exa
minant par le côté moral, nous avons
démontré que, le monopole d'Etat
étant infécond et Voué à l'impuissance,
l'aveu du ministre était un argument
formel en faveur du droit de l'Eglise à
posséder la liberté. Il y en a d'autres
raisons, et pour ne nous arrêter qu'à
une seule, de quel droit M. Jules Si
mon annonce-t-il qu'il proposera et
fera voter de larges crédits dont béné
ficieront, soit les facultés actuelles, soit
la faculté-type qu'il songe à créer dans
le Luxembourg, moyennant la somme
de huit millions?
En escomptant ces chiffres et en
maintenant soigneusement, d'autre
part, les restrictions imposées jus
qu'ici à renseignement libres M. Jules
Simon ne pouvait ignorer qu'il provo-
N' 2127. — Edition quotidienne.
V.
Mardi 22 Avril 1075
PARIS
Un an. 88 fr,
Sixmois...
Trois mois. .. • • •
Le numéro, à Paris :15c
î \ — Départements : 20
' ' ^BlSREÀïik !
-'"Paris,-10, rue fies'Sainls-Pèrês, y v ._
^ ~ , <- "V
On s'alionne, à Rome, Tia delle' SlîmaU),'2^, 23,24.'
k ■ » > *-* .i * ■
-, ^ U 'Ver-;
îv» *^3
DÉPARTEMENTS
Un an . 88 fr»
Sixmois 30
Trois mois... iC
. Édition'scmi-qnotldlenue
Un an, 32 fr.t-Six mois, 17 fr.—Trois mois, 9 fr.
L'Univers nu rOpond pas des manuscrits qui lui sont adressé»,
'. AIltïWOnfCKS
as. Cil, UGRANCE, CEIIF et C^, G, ,,iaes de la Bonne.
_i.
FRANCE
PARIS, 21 AVRIL 1873
DES VERTUS ET PROPRIÉTÉS
r ' ' 'du ' v
Suffrage universel
lie-suffrage 1 "universel a notablement
abaissé le niveau de la culture et'des.
études politiques. Quelle figure ferait
aujourd'hui un grave publîciste médi
tant sur les principes du droit des na
tions entre Selcfen et Grotiu's, ou so
passionnant à redresser les paradoxes;
de Hobbes ou de MachiaVél ? La politi-
" que, à vrai dire, n'a plus 'rien d'intel
lectuel et se réduit à'peu près à un
perpétuel travail de sauvetage. Il s'agit;
de t se? garer moralement et corporelle-'
ment- Les: braves cœurs et les droits
esprits ont' cisséz à faire de repêcher
au jour le jour Quelque vérité de sens
commun, quelque notion première et
vitale'qui est en péril dé se noyer dans:
les. insanités' de la presse démagogi-^
que; Spéculativement, comme dernier'
sujet scientifique d'observation; il reste
les fléaux publics et lès épidémies de'
l'opinion. 4 -
'Le Mexique a la fièvre jaune, nous
avons le : Suffrage Universel. Chaque
çériôdo 'd'élection met un peu plus en
évidèncè certaines ' propriétés de ce:
singulier'principe de 'gouvernement.
C'est nin triste sujet d'études, d'autant
plus triste qu!il ne parait guère qu'on
doive 'profiter des dures leçons de l'é
preuve. "Vainement noûs goûtons aux
fryits'anlers de la révolution ; nourris
de co pain'de douleur et dé cette eau
d'affliôtionj nous ne venons pas mieux
à résipiscence. IL n'importe, arrêtons-
nous un instant âufc abaissements qui
sont le produit du suffrage universel :
si peu' attrayante que soit la matière,
elle dffrè toujours un'peu plus d'inté- :
rêt qu'une analyse comparée des mé
rites de M. de Rémusat _et du citoyen
Barodet. ; . 1 .
Il ést tôut d'abord hors de doute que
le suffrage universel fausse radicale
ment la représentation du pays. On
peut résolument affirmer que plus le
droit de vote est étendu et prodigué,
plus la représentation, nationale de
vient. fictive et illusoire, et le moment
n'est pas loin où, dans l'arène parle-
. 1 mentaire, il. n'y aura plus d'organes
4es véritables intérêts sociaux, mais
/ uniquement des représentants des pas
sions antisociales. Les faiseurs de cos-
mogonies parlent -beaucoup d'une loi
do sélection qui aurait régi primitive
ment les espèces animales; Suivant
cette loi, lea individus siipérieura en
vigueur et en voracité auraient pris à
l'origine la part de pâture des sujets
faibles. Ceux-ci se trouvaient ainsi con
damnés à périr ; l'élite-seule a survécu
et .perpétue la race, au plus grand
avantage de la force et de la beauté du
type. "V ■ ■ '•>
«Une loi analogue d'antagonisme et
do délimitation des faibles se'manifeste
dans lés luttes du vote populaire : la vic
toire est aux factions " extrêmes ; elles
ont l'audace, ce qui équivaut à la force,
les • timides. sont de plus'e'n plus évin
ces. Gé-résultat ëst inévitable, il est
une propriété naturelle de l'ins||tution
hors nature du suffrage universel. L'é-'
galité de tous quant au droit de vote
peut'bien être écrite darts la loi, elle
n'entre pas dans les' mœurs, et per
sonne ne prend au sérieux cette chi
mère que le: suffrage d'un gredin vaille
celui d'un honnête homme, et que l'o
pinion d'un imbécile ait le même poids
qué l'opinion d'un homme compétent;
La fiction choque trop le bon sens et
vioJ'd tçop outrageusement l'évidence.
C'est pourquoi les bonnes gens té
moignent une invincible 1 tiedeur 1 à
remplir le [ devoir électoral; Ils accom
plissent tous les travaux utiles, payent
l 'impôt, acquittent la; corvée du sang.
Cela fait, ils se tiennent pour libères
vis-à-vis de la chose publique. Quant
à maintenir l 'ordre-, quant à veiller à
la sûreté du travailleur et du sillon,
ils estiment que cela regarde le gou
vernement, lequel est armé et sub
ventionné pour vaquer à cet office.
On ne persuade pas aux classes pai
sibles . qu'elles sont elles-mêmes la
puissance gouvernante et qu'il leur in
combe de faire, en permanence, acte
de souveraineté. Pour mettre en ébran
lement ces masses ■ honnêtes, il faut
quelque immense et immédiat péril
do destruction, il faut un sursaut d'a
gonie du pays tout entier comme aux
élections générales de février 1871. En
dehors de ces conjonctures extraordi
naires, le vrai peuple reste au repos.
Il sait d'instinct que gouvernant et
gouverné sont deux, et qu'étant gou
verné il ne peut être -gouvernant. Le
sophisme de sa souveraineté sur lui-
même n'entre pas dans sa simple rai
son, fermée aux fictions de la loi poli-,
tique. Les harangueurs y perdent leur
éloquence, toutes les exhortations et
tous les appels échouent contre cette
incrédulité du bon sens populaire.
La conséquence est que le vulgaire,
c'est-à-dire ce qu'il y a de meilleur et
de plus conservé dans les sociétés hu
maines, le vulgaire déserte obstiné
ment les batailles du scrutin. Le terrain
reste, absolument libre et déblayé
d'obstacles, aux éléments malsains de
la population, les seuls qui en défini
tive soient " représentés. Le suffrage
universel-n'a d'universel que le nom,
il est aux mains des ennemis de la 80 1 -
ciété. .■ . . .... \ ..
C'est une dérision de prétendre y
trouver une expression, un réfléchis
sement quelconque des intérêts et des
besoins ou des volontés du pays. Le
suffrage universel' tt'fest qu'une loterie
gigantesque, une roue de fortune, qui
elôve et précipite tour à tour les com
pétitions et les avidités perverses. Les
hommes honnêtes que ne brûle aucune»
haine, que ne dévore aucune convoi
tise inavouable, sont impropres à s'at-
{ teler à cette machine» Avec leur pro
fité niaise, ils seraient dépaysés
i parmi ces conflits de là perfidie et
de la force. On dit des hommes de
paix, , qu'ils ont ; la supériorité du
nombre 1 «jue signifie le nombre sans
l'organisation, et que peut le nombre
inorganisé contre ces comités occultes
d'où part le mot d'ordre et contre
cette disciplinej contré cette solidarité
formidable du mal» qui- brise les résis
tances, qui broie toute velléité d'oppo
sition ? La démagogie elle-même n'est
isûre du -succès gu'au prix de l'unité
i brutale qui ; supprime du milieu d'elle
: la contradiction et jusqu'à l'onjbro du
droit de pepser et de juger. Gambetta,
;un moment, s'est cabré contre la stu-
pide candidature d^ Barodet; il a
bientôt compris, ou on lui a fait com
prendre qu'il n'était pas de' sa pru
dence de résister à l'irrésistible. Gam
bette mieux inspiré à emboîté le pas:
et s'est bouclé lui-même-'au char;
de la nouvelle idole.
L'impitoyable loi de sélection Tem-i
porte; les forts, les vuraces prennent
tout pour eux, dévorent' la- ! part des
inoffensifs et les excluent de la vie po
litique. Il est manifesté que le suffrage
dit universel détruit la représentation;
il n'est pas moins clair qu'une repré
sentation de quelque vérité et : de quel
que ampleur ne pourra jamais être le
.produit que d'un système électif res-
itreint dans des limites raisonnables.
Toute représentation ne procède pas à
beaucoup près du mandat des élec
teurs.
* ; Les dignitaires de l'Eglise et les
membres d'une pairie sont les repré
sentants nés des plus grands intérêts
spirituels et temporels d'une nation.
Le mandat électif toutefois peut appor
ter un élément à la représentation na
tionale, à la;condition que le droit de
suffrage se renferme dans la mesure
imposée par la nature des choses,
i Il existe des classes naturellement pro
tégeantes, tutrices en quelque sorte des
intérêts généraux par la nécessité mê
me de.la situation qu'elles occupent.
;Les propriétaires, lès chefs d'indus-
ïtrie, quiconque, en un mot, a^ la char-,
ge d'une gestion ou d'un établisse
ment, a. aussi un intérêt majeur à la
conservation de l'ordre-matériel et mo
ral, .de même qu'aux progrès utiles : et
'au respect d'une saine liberté. A ceux-
là il incombe de désigner- les repré
sentants du pays. Et il n'y a rien ici
Iqui ressemble. à un droit exclusif et
à un privilège. Cette minorité d'élec
teurs , en se représentant elle-même,
représente réellement tout lé monde et
toutes les classes de citoyens d'une
manière autrement effective quelle
suffrage égalitaire et universel.
1 Ge corps électif restreint incarne : le i
besoin de sécurité qui est le, besoin
ide s tous, du travailleur qui n'a
que ses bras, de. l'homme d'initia^
tive. qui n'a que - son esprit inventif,
aussi bien que» du propriétaire opu-,
lent. Où règne l'ordre, le travail des
mains et le travail de l'esprit se dé
ploient à l'aise, les œuvres de charité;
morale et corporelle s'épanouissent.
Qui représente l'ordre représente l'uf
nique intérêt commun à tous. ,
• Lé suffrage universel mutile ,1a re
présentation ou, plus -simplement, la
supprime. Il a une .autre propriété qui
se dessine de < plus > en plus : le droit
illimité d'élection entraîne çettè inévi
table conséquence de - limiter désas-
treusement la liberté des électeurs
quant au 'choix des mandataires du
pays. - ■ ■ ^
Un corps : restreint d'électeurs
peut discuter de près les candidats qui
briguent ses votes et se fixer en con
naissance de cause sur celui qui pré
sente les plus sérieuses garanties de
courage et d'intelligence dés affaires pu
bliques: La discussion dos personnes est
impraticable pour les cohues du suffrage
universel. Il ne peut être question de
la valëur individuelle du mandataire ;
les multitudes ne j«gent pas; elles
obéissent à une impulsion ou suivent
un courant. Il n'y a de candidat pos
sible et pouvant masser les votes de la
foUle que celui qui porte sur sa per
sonne n'importe quoi reluisant à l'œil
et qui se voit de loin. L'énergie, la
loyauté, le mérite intrinsèque, en un
mot, n'ont pas de clinquant et ne sont
d'aucune importance. Il faut ce qui
brille à distance, quelque épisode ta
pageur où l'individu a été mêlé, quel
que chose de voyant, de scandaleux
au besoin, qui fasse de l'homme un
drapeauet marque l'élu du signe de la
popularité banale.
: Exemple': le citoyen Barodet, en
fait de qualités personnelles, n'a rien
qui le signale. Sa valeur ou sa non-va
leur morale et intellectuelle sont par-,
faitement inconnues de la plupart
même des plus fervents propagateurs
de sa candidature. Inutilement les
fanfares du Rappel et du Corsaire s'es-
soufflent à gonfler ce zéro; tout ce
qu'on sait de lui, c'est qu'il a laïque-
ment et vertueusement inculqué l'al
phabet aux jeunes générations rurales,
ni,plus ni moins que quelque trente
mille instituteurs primaires, lesquels
ne sollicitent aucun mandat représen
tatif. Et toutefois le prestige du Baro
det va grandissant; il a la loque qui
rutile "; «on nom a été mêlé à une af
faire bruyante ; la démagogique muni
cipalité lyonûaiëe a été frappée..et dé
capitée en sa personne. Ge martyre,
non sanglant, sacre Barodet et lui met
au front l'auréole. Son élection sera la
réplique au décret de l'Assemblée na
tionale*
s M. de Rémusat, compétiteur de Ba
rodet, a dû, lui aussi, se soumettro
aux nécessités de mise en scène qu'im
pose le .suffrage universel:' Les titres
littéraires-et autres de M. de Rémusat
pèsent peu; auraientils une significa
tion, ie n'est pas de cola qu'il s'agit.
Pour entrer-en lice sans trop d'inéga
lité,'le -noble- comte' s'est vu obligé,
comme un simple Barodet, de s'affu
bler d'un oripeau, d'un tire-l'œil quel
conque. -Il a- été convenu qu'il repré
sente la libération du territoire. Au fait,
un traité est intervenu qui a octroyé, à
la France cette immense et toute gra
cieuse faveur de lui permettre d ac-,
quitter avant tefme sa rançon.
: L'ïnfïnence 'de M. de "Ëémusat est
entrée vraisemblablement. pour peu
de chose dans l'issue de la négocia*
tion; simpleittent, il s'est trouvé minis
tre des affaires étrangères au "moment
'du traité; sa signature a dû être appo
sée aux écritures diplomatiques. Il a
peu coopéré de son chef, mais il était
là. Cette ' concommitance fait un
rayonnement à là figure assez secon
daire de M. de Rémusat. Pour la mul
titude votante; il n'est plus Rémusat
tout court, il est la libération du ter
ritoire: y .
Libération du territoire; c'est-voyant,
cëla' fïamboie et peut courir les ha
sards de la lutte sans grand désavan
tage avec la mairie lyonnaise immolée
dans la personne du citoyen Barodet.
Telle est 'notre décadence, telles sont
les mϝrs que" nous fait le suffrage
universel. Le peuple de Byzance se pas
sionnait'et se partageait en factions
pour des cochers du cirque. Ne mépri
sons pas trop ces avilissements et ces
délires. Pour nous aussi toute grande
question publique se traduit en exhi
bitions et en spectacle des yeux.
La politique n'est plus guère autre
chose qu'une comédie sans gaieté. Le
vote ne discute pas ; l'aptitude, la spé
cialité, le patriotisme, dans les manda
taires du peuple, -importent peu. Le
suffrage-universel ne se montre nulle
part en quête d'un homme, il demande
des fétiches.
Pu. S eubet.
■ . •.—^.
' M. de Rémusat, dont la candidature
n'est pas impersonnelle comme celle
de M. Barodet,- s'est rendu de sa per
sonne au sein du comité général
d'adhésion à la candidature de M. le
ministre des affaires étrangères. Là,
M. ' de Rémusat - s'est déclaré le
candidat de la conciliation, faisant ap
pel à tous les partis au nom des idées
de la conservation.
Cette déclaration rallie fortement à
la candidature, de M.,, de Rémusat cer
taines feuilles qui nous avaient jus
qu'ici paru plus résignées qu'énergi
ques. Le Constitutionnel , entre autres,
qui se plaint d'avoir été, par le XIX"
Siècle, rangé parmi les adversaires, le
Constitutionnel trouve que la déclara
tion dé M. de Rémusat ôte à sa candi
dature le « caractère exclusif que lui
avaient prêté 'certains journaux. » '
Le caractère exclusif qui répugnait
aU Constitutionnel ressortait,sans doute
dès explications de certains journaux,
les plus officieux . de toute la presse,
les plus dévoués et les plus attachés à
la présidence,. Il, ressortait aussi de
l'adhésion d'un comité . républicain
dont les membres n'ont rien de modé
ré, et du concours ardent de cer
taines notoriétés radicales. Sans doute
il ne, faut pas se plaindre qu'un can
didat devienne populaire et recueille
des assentiments parmi les adhérents
des partis auxquels il est opposé. Les
partis sont perspicaces sur leurs inté
rêts. ■ - ■ ■
Les paroles de M. de Rémusat, sans
parler de son passé, de ses doctrines
et de .son amitié , les paroles mêmes
de la circulaire de M. de Rémusat sur
l'intégrité du suffrage universel et sur
la République démentent outrageuse
ment sa nouvelle déclaration de con
ciliation ; et elles présentent toujours
aux passions et aux corruptions dé
magogiques un appât dont elles comp
tent bien se nourrir, où elles espè
rent puiser de nouvelles forces pour
mettre à sac la société. Ceci s'accorde
peu avec la conservation.
Le Constitutionnel n'a cependant plus
aucune appréhension. Il semble mê
me regretter les regrets qu'il s'est
cru naguère en droit d'exprimer :
Si nous avons considéré dès le début la
candidature de M. de Rémusat comme une
candidature ' essentiellement conservatrice,
nous nous trouvions en accord parfait avec
M. de Rémusat lui-môme. Il s'est exprimé
dans ce sens de la façon la plus précise et la
plus nette.
Nous donnons plus loin la déclara
tion de M. de Rémusat. Elle prétend
caresser et gagner les conservateurs
et faire cesser les hésitations qu'ils ont
montrées et qu'ils ne devraient pas
regretter. Mais elle ne rompt en rien
aVec les hommes du 4 septembre, qui
au sein du ministère insultent en ce
moment l'Assemblée souveraine; elle
elle ne répudie pas l'appui que lui ap
porte ou veut lui ménager le comité
Carnot, en interprétant d'une manière
■exclusive ses déclarations sur le suf
frage universel.
La Liberté fait le même article que
le Constilutiomml: Mais elle ne regrette
pas ses anciens scrupules : « Nous ne
pouvions, dit-cllr approuver la circu
laire de,M. de'Rémusat.Ge journal
i espère que la nouvelle déclaration Ver
bale de M. le ministre des affaires
étrangères efface désormais tout ce
que cette circulaire contenait d'offus
quant* pour les conservateurs. IVfaut'
être conciliant en matière d'élections
et savoir s'accommoder de peu de
chose. Néanmoins, malgré toute la
sobriété que doivent de nos jours pra
tiquer les conservateurs, on comprend
que beaucoup refusent le mets un peu
illusoire peut-être que leur recom-
tiààttde la LibeïtL
Le Journal de Paris s'en régale.
Nous avions toujours soupçonné que le
Soir, 1 e,XlX" Sieàle et le Comité Carnot n'é
taient point autorisés à donner à la candida
ture de M. dé ll'éfnusat'le caractère qu'ils lui
prêtaient. Nos doutes à cet égard se changent
aujourd'hui en dèflitudei L'honorable minis
tre des affaires étrangères s'est transporté au
jsiége du comité Allou. Il a replacé sa candi-/
dature sur le terrain d'où l'on n'aurait jamais
dû la faire sortir.'
: Le comité. Carnot entend néanmoins
se maintenir et continue à tirer à soi
le candidat dont l'élection n'impose
rait de sacrifices, ' dit M. Valentm, à
aucune des nuances du parti républi
cain. Le Journal de Paris se prêterait-il
à satisfaire toutes les nuances du par
ti républicain? Il tient que les satis
factions qu'on leur donne aujourd'hui-
ne s'ont pas dès armes entre leurs
mains.
La candidaturé' de M. dè Rëmùsat n'èsl
plus une iarme entre les mains d'un parti ex
clusif ; ce n'est plus une machine dé guerre
contre la fraction conservatrice du cabinet.
Elle perd la signification menaçante qu'on
cherchait à lui donner; Elle reprend le ca
ractère conservateur qu'elle avait au début
et que des commentaires intéressés risquaient
de lui faire perdre. ,
II arrive donc, conclut le Journal de Paris,
pour la candidature _Rémusat ce qui était
'arrivé déjà pour le Méssàge, c'est-à-dire que
le gouvernement lui-mflme finit par désa
vouer les commentaires maladroits qui avaient
égaré et troublé l'opinion publique.
Bien que la déclaration de M. de
Rémusat ne nous, présente pas les ca
ractères de garantie, dé solennité, et
'd'étenduo que lui prêtent les, journaux
idont nous parlons, on ne peut nier
que cetto démarché ne soit une con
cession au parti conservateur. Il * faut
'attribuer cette avance, qui remplace à
la fin un superbe mépris, à l'attitude
même de ce parti et à l'énergie avec
laquelle certains de ses organes ont
irefusé de s'engager avec M.: de Ré-
ïousat sur le terrain de la République;
définitive et de l'intégrité du suffrage
universel.
Malheureusement on sait ce que va
lent les avances et les concessions de
M. Thiers, et il est difficile de voir
dans la déclaration verbale de M. le :
ministre des affaires étrangères une
réparation de tous les griefs que le,
parti conservateur élève contre les dé
testables et coupables pactisations dn
gouvernement de la République con
servatrice avec les, ennemis de tout
ordre et de toute société.
Nous , ne sommes pas, pour "notre
part, disposés,à donner notre vote à.
M. de Rémusat.Si nous avojis le droit,;
que nous n'avons jamais demandé, de
donner notre suffrage au gouverne
ment, c'ost à la condition de pouvoir*
le lui refuser. Il nous semble qu'au
jourd'hui le devoir du refus s'impose 1
absolument aux ^conservateurs. La
crainte, qu'on fait miroiter devant
nous, de livrer,". en' favorisant une
diversion, passage à. la candidature
rouge de. M. Barodet, ne nous émeut
pas, La. déclaration faite au comité
Allou ne change pas les choses. Baro
det et Rémusat se valent. Pourquoi
M. de Rémusat tient-il à écarter de
Paris le citoyen Barodet, que M. Thiers
choyait, caressait et conservait avec
tant de tendresse à Lyon? Si Barodet
offre des dangers à l'ordre public, com
ment Rémusat, patron de .Barodet, ne
les présenterait-il pas?
Si le vote est un acte de conscience,
malgré la déclaration récente de M. de
Rémusat, la conscience des honnêtes
gens éclairés et indépendants répugne
à accepter ce candidat. Tous ceux qui
mettent la dignité du pays au-dessus
de mesquines considérations, tous
ceux qui ont souci des intérêts éle
vés de la patrie, , qui tiennent le
pacte do Bordeau, formé publiquement
en face -de la France, pour un con
trat sérieux, nécessaire et obligatoire,
qui répudient des engagements se
crets et vagues, pris sans droit dans
l'ombre, sous la pression de la peur ou
sous l'inspiration d'une exécrable sym
pathie 1 , tous ceux qui ne veulent pas
v'alliance avec les doctrines subversi-
des et révolutionnaires, qui ont dé
membré la France et qui veulent la
détruire, tous ceux-là se rallieront à
une troisième candidature.
, Si cette candidature déroute les
combinaisons sur lesquelles on avait
compté, si elle donne quelques chan
ces ae plus — ce que je ne crois pas
d'ailleurs à M. Barodet, dont le
nom en outre, nous le répétons avec
insistance, n'a rien de plus dangereux
ni de plus odieux que celui de M. de
Rémusat; si le candidat rouge, dont
on annonçait hier le désistement ou
tout au moins les pourparlers avec le
gouvernement dont il a toujours eu
l'oreille et les sympathies, triomphe
en définitive, il ne faudra pas - s'en
.prendre aux conservateurs qui. l'ont
toujours repoussé ; la responsabilité de
ce succès . appartiendra tout entière
au gouvernement qui a su faire de ce
maître d'école un personnage et qui lui
a ouvert les portes de Paris., en pro
posant aux électeurs de la capitale un
candidat aussi compromis et engagé
que M. de Rémusat dans une politique
qui répugne au patriotisme, . .
L éon- A udineau.
; Pendant que M. de- Rémusat essaie
de donner des gages au parti conser
vateur. Led pourparlers entre le gou
vernement et Bai'odct se continuent
avec activité. ' ,
s La Patrie ^ donne à ce sujet divers ren
seignements. Le premier indique d'a-
jbord le point de contact et d'entente
que le candidat démocratique radical,
■tout en se faisant ce matin afficher
sur papier rouge * conserve toujours
avec le président de la République;
! Nous avons dit en son temps que la pre
mière circulaire de M. fiarddet^ soumise au
comité parisien, avait été retournée à sdtl au- :
steur comme étant trop pâle. Nous apprenons
jqu'elle a été refusée parce qu'elle contenait
une phrase élogieuse à l'adresse de M. TJiiers;
dans dette phrase, il était lait allusion à la li
bération du territoire, et M. Barodet décla
rait qu'il n'était pas hostile à 1 M. Thiers. Cet
te déclaration a été égaloment biffée par le
comité.
' Le lien sympathique n'a jamais été
rompu. Il s'agit de le. resserrer. La Pa
irie dit encore : . .
; Il-paraît qu'on aurait agité dans un certain
■monde radical si l'on ne tenterait pas une dé
marche auprès des comités lyonnais pour ob
tenir qu'ils prissent l'initiative d'une adresse
M. JBarodet pour l'engager à retirer sa can
didature'. Les officieux.du gouvernement ne
seraiént'pijs étrangers à cette idée, dont l'ini-
,tiative occulte, ajoute-t-on, .serait due à M.
'Gamibetta, qui ne s'est livré qu'à son corps
défendant aux amis de M. Barodet.
' Voilà bien des manèges. En fait de
duperie et de double jeu, on est tou
jours disposé à prêter au gouverne
ment. On ne prête qu'aux riches, et
le gouvernement de M. Thiers a main
tenu aux radicaux tant d'entrées à la
présidence que rien ne peut surpren
dre. M. Thiers estime qu'il trouve une
force dans ces relations, qu'il ménage
et qu'il entretient. Aussi, dernier ren
seignement assez précieux do la Pa
trie et que les précédents ne contredi
sent pas : ■
: Le parti radical vient, dit-on, de prendre
june résolution qui aurait pour but de prouver
jqu'il n?a jamais voulu, ne veut pas et ne vou-
tlra jamais le renversement de M. Thiers, et
que l'élection de M. Barodet n'est pas une
menace contre le président,
i A cet effet, au lendemain de l'élection de
l'ancien membrje du Comité de salut pulilic,
}es députés radicaux rédigeront un manifeste
dans lequel ils feront une solennelle décla
ration de dévouement à M. Thiers. Cette 1
Inesure aurait pour but de faire accepter sans
trop de répugnance le nouveau député.
: Le dernier trait seul serait phéno
ménal. M. Thiers n'a de répugnance
pour personne de la radicaille ; et les
conservateurs auraient besoin précisé
ment par leur vote, de démontrer au !
président de la République, qu'un peu;
répugnance pour certaines person
nes et certaines doctrines serait d'une
saine politique.
Nous recevons du Comité' électoral
conservateur . la communicaftion sui
vante, que nous sommes priés d'insé
rer :
.CANDIDATURE CONSEllVATBICE
.Colonel STOFFEL .
. ORDRE 1)U JOUlt MOTJVÉ .
Voté le samedi 1 !) avril à la
salle Ilerz.
• L'assemblés i considérant
qu'il- ost du devoir de tout
, conservateur de combattre
avec une énergie égale les
candidatures Rémusat et Ba
rodet, passe à l'ordre du jour.-
Le comité conservateur s'est réuni liier soir
et a porté à- l'unanimité son choix sur M. le
colonel Stoffel, qui a, séance tenante, accepté
la candidature.
En conséquence, le comité, s'appuyant
d'ailleurs sur les témoignages si spontanés dé
sympathie qui ont accueilli, dans la réunion
de la salle llerz, le nom de M. le colonel
Stoffel, présente sa candidature aux électeurs
du département de la Seine.
le com1tx-: conservateur.
Une souscription est ouverte pour
subvenir aux frais de cette candida
ture.
Pour encourager le Siècle a publier
son papier/(< secret ». nous lui avions
promis de le reproduire. Il-faut s'exé
cuter. Nous l'aurions fait tout de suite,
si nous ne savions dès longtemps que
quand le Siècle cite, il faut vérifier.
C'est une grande imprudence de
le croire sur parole.
La vérification a été facile, puisque
la pièce secrète du Siècle est simple
ment tirée d'une pièce imprimée et
livrée au public par nous-même.
, Comme nous le pensions, cette pièce,
aux mains et sous la plume raturière
du Siècle, est devenue fausse. Nous di
sons FAUSSE.
La voici, avec les soulignements du
Siècle. Nous ajoutons ce qu'il a sup
primé.
« L'empereur me fit signe de m'asscoir, et.
nous) reprîmes la conversation sur la presse.
Elle vint à l'influence du 'Siècle, Ce journal,
dis-je, fait u'îî double mal i en tas, il cor
rompt; en haut, jé ne dirai pas qii'fl'désaffec-
tionne, mais il inquiète. On se demande
pourquoi il lui est permis, a'attàquer laTeWgion
jusque dans ses dogmes, de a.'ffamer ie cler
gé, de décrier les évéques et d'outrager
même le Pape, lorsque envers les re7>résen-
tants de la puissance politique on sait le ré
duire à un si scrupuleux respect., J'ose appe
ler là dessus les,réflexions de Votre Majesté..
Je vois beaucoup de prêtres; aiy:un n'est en
nemi du gouvernement, tous font des vœux
pour l'empereur ; mais le Siècle leur donne à
tous cette inquiétude : Où veut-on en venir?
Pourquoi te Siècle ( peut-il faire impunément
tant de mal aux citoyens les plus moffensïfs, et
dont le mérite se recommande le plus au respect
du peuple et en a le plus besoin ? , Sire,, c'est
leur plainte unanime... Je réclame contre les ex
cès de l'opposition antireligieuse... etc. »
i Après plainte unanime , le texte
porte cecif que le Siècle, couvre de
points intelligents.
« .L'empereur convint qu'il, y avait là un
mal digpe ddit-il, — quoique résolu d'y veiller, je rie
puis croire qu'il soit inutile d'avoir un journal
d'opposition. L'on m'a souvent dit Pourquoi
ne supprimez-vous pas le- Siècle? Je ne l'ai
pas supprimé parce que je ne verrais pas as
sez d'utilité à cette mesure pour en coiripenser
les inconvénients. Je crois que je procéderai
tl'une aulrô façon. Je pense à éteindre les pe
tits journaux.
1 « — J'aurais peu dé chosesH dire pour les
défendre. Mais Votre Majesté voudra bien
remarquer que je laisse l'opposition politique) ■
•elle est disciplinée . Je réclame contre les
excès de l'opposition religieuse. »
■ Le Siècle a biffe ce paragraphe,, ce- .
pendant aussi curieux que le reste. ,
Après opposition religieuse, il y a en
core ceci, que le Siècle ,■ sachant s'ar
rêter à propos, remplace par etc. : .
Il serait bon, continua l'empereur, comme
fc'il n'avait pas entendu mon observation, que
toute l'opposition fût réduite à un seul jour
nal. L'importance môme de ce journal et
ses bénéfices l'empêcheraient• d'outrepasser
les limites qu'on voudra lui imposer. -
«Il me parut que c'était là sa vraie pensée.
Je crus devoir me contenter de l'avoir entre
vue, et garder pour moi la peine que j'en
éprouvais. Je ne me retins pas néanmoins
d'observer qu'un tel journal serait, bien puis
sant, et que des béliers de cette force, une
fois en mouvement, ne s'arrêtent plus. »
' Voilà notre papier « secret ». Les lec
teurs du Siècle ne le connaissent point
tout entier. Il leur a caché le plus in
téressant, qui est que l'empereur Na
poléon III aurait aimé de réunir toutes
les forces et tous les bénéfices do l'op-
des forces.
; Calcul effroyablement machiavéli-'
que, mais non pas insensé. ■ ■ ;
* Quant à l'art des citations, le Siècle
s'y entend ; mais l'on pourrait être
plus honnête et même plus adroit.
■ Louis V euillot.
i II est un point du discours de M.
jjules Simon sur lequel nous croyons
qu'il importe de revenir. Nous. ne. par
lons pas de l'outrage adressé par . le
ministre à la Chambre. No/ lecteurs
pnt pu s'en rendre compte par les no
tes du témoin qui nous a rapporté: de
quel air d'insolence M. Jules Simon
avait lancé cette injure aux plus hon
nêtes et aux plus patriotiques de nos
députés.
Cependant, comme la commission '
de permanence aura sans doute à
s'occuper spécialement de* ce fait,' il
est, bon,do citer textuellement cette
parole telle que le Soir l'a publiée on
même temps que d'autres officieux :
Messieurs, a dit le ministre, <ètte tâche de
la libération du territoire, l'homme à qui nous
devons tout, je suis heureux de. le proclamer
devant vous, il.l'a remplie seul, seul , eji-
tendez-le-bien. J'ai pu le voir à l'œuvre, au
milieu d'embarras inouïs, de difficultés sans
nombre que lui créaient ces- mêmes hom
mes qui, le lendemain, se flattaient de l'avoir
aidé dans son œuvre ! : -
Voilà de quel ton et avec quelle bonne
foi le ministre de l'instruction publi
que parle de la Chambré aux sociétés
savantes ! Et voilà comme un membre
du gouvernement enseigne à la pro
vince le" respect de l'autorité dont il
dépend, et qu'il ^.'engageait naguères
è défendre contre les dissolutionnistes !
Mais, nous l'avons dit, c'est à la com
mission de permanence qu'il appar/
tient de relever, et au besoin de châ
tier cette insolence. Nous espérons
qu'elle ne manquera pas à ce devoir.
Ge que nous voulions surtout faire
remarquer dans, cette harangue, c'est
le parti qu'on en peut tirer pour la li
berté de l'enseignement. Hier, en l'exa
minant par le côté moral, nous avons
démontré que, le monopole d'Etat
étant infécond et Voué à l'impuissance,
l'aveu du ministre était un argument
formel en faveur du droit de l'Eglise à
posséder la liberté. Il y en a d'autres
raisons, et pour ne nous arrêter qu'à
une seule, de quel droit M. Jules Si
mon annonce-t-il qu'il proposera et
fera voter de larges crédits dont béné
ficieront, soit les facultés actuelles, soit
la faculté-type qu'il songe à créer dans
le Luxembourg, moyennant la somme
de huit millions?
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