Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1873-04-21
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 avril 1873 21 avril 1873
Description : 1873/04/21 (Numéro 2126). 1873/04/21 (Numéro 2126).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi 21 Avril 1873
N* 2126. — Edition quotidienne,'
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Lundi 21 Avril 1873
PARIS
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Six mois*..*.. .
Trois mois
La numéro, à Paris : 15 cexiy. K -
: — Départements : 20 y'
BUREAUX ( ■ ! •
Paris, 10, rue des Saints-Pères, \
On s'abonne, h. Rome, \ia delle Stimate, 25, 23, 24^ h
DÉPARTEMENTS
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Six mois 50
Trois mois .... iC
Édition seml-qnotldlcnuè
(Jn an, 32 fr.—Six mois, 17 fr.—Trois mois, 9 fr.
L'Univers ne répond pas des mahUs 'Crits qui lui sont adressé*,
AUTCVOXCKS
IW. Ch. UGRANGB, CERF et P«, C, place de la Sourie.
FRANCE
PARIS, 20 AVRIL 1873
Il serait téméraire, avant l'heure qui
verra la fin des réunions publiques.de
s'arrêter à tout autre sujet que la
question Rémusat-Barodet. Pourtant
nous voudrions, sans retard, signaler
Se discours de M. Jules Simon, tenu
hier devant les délégués des sociétés
savantes. A vrai dire, nous avons tort
d'appeler cela un discours, car ee n'est
qu'une longue lamentation, dont une
parole, qu'il faut retenir, a fourni le
thème. « Je le déclare, a dit l'orateur,
l'enseignement supérieur est dans un
état déplorable. »
L'aveu est complet et nous ne l'es
périons pas si naïf. Mais ce n'est pas
assez, et M. Jules Simon n'a voulu
nous rien laisser ignorer de la misère
intellectuelle où se trouve l'Université
de France. La littérature, on ne la sait
pas ; l'histoire, on ne l'enseigne pres
que pas; la géographie, on la dédai
gne. Pas de chaire d'histoire du droit
coutumier, pas de chaire du droit ca
nonique, si ce n'est l'enseignement
tronqué qui se donne à l'Ecole des
chartes. M. Jules Simon se lamente, en
outre, sur la chaire unique d'économie
politique et sur une chaire du droit
financier, qu'il voudrait créer afin d'en
seigner l'art de voir clair dons les bud
gets ou mieux de les grossir, ce à quoi
M. Thiers excelle.Mais quoi! non-seu
lement, il faudrait créer ces chaires,
mais surtout il faudrait pour les rem
plir d'excellents professeurs. Or, il
faut: bien reconnaître que la plupart
ne sont pas à la hauteur de leur tâche,
et M. Jules Simon fait un portrait na
vrant des spécialistes qui distribuent
la science par lambeaux, c'est-à-dire
qui suppriment la science. Enfin, eût-
on les professeurs,que les bibliothèques
manqueraient. Ni les .livres ne sont en
nombre, ni les locaux propres à les
recevoir.
.Tel est * en abrégé, le lamento de M.
Jules Simon. Mais que > propose-t-il
pour porter remède à un pareil état de
choses? A première vue, il semblerait
que le meilleur moyen, puisqu'il man
que des facultés, des chaires et des
professeurs, c'est de . multiplier tout
cela, et'puisque le monopole a produit
des. effets si détestables, de donner
toute, facilité, à l'enseignement libre!
En un endroit de son discours, M. Ju
les Simon, parlant des facultés de
l'Etat, a .constaté que la plupart étaient
logées dans d'anciens hôpitaux ou cou
vents. Et peut-être qu'il n'a pas songé
au double hommage qu'il, rendait
ainsi à,. l'Eglise, laquelle, dans le
passé i savait multiplier les œuvres
comme les établissements de la science
et de la charité. En ce temps-la on ne
se plaignait pas de la'disette , des chai
res et des hommes. Pourquoi? sinon
parce qu'en tout lieu l'action féconde
ae l'Eglise avait su donner à- l'ensei
gnement supérieur un développement
pour lequel le monopole aujourd'hui
se voit contraint de confesser son im
puissance.
S'il en est ainsi et .si, selon une
autre parole de M.Jules Simon, « qui
conque .ignore l!histoire est .impuis
sant à apprendre le droit», ne peutron
pas dire que le passé de l'Eglise nous
instruit de son droit? Si elle a pu, dans
le passé, produire toutes, ces œuvres
auxquelles depuis .quatre-vingts ans
l'Etat s'efforce vainement d'atteindre,
qui ne voit qu'elle a le droit. de re
prendre son action sur ,les esprits su
périeurs? Certes, en considération de ce
qu'elle a fait et de ce : qu'elle est, elle
aurait le droit de réclamer des privi
lèges. Mais le droit commun lui suffit.
Pourquoi dès lors, au lieu des mesures
d'exception au moyen desquelles, on
voudrait entraver la création de Facul
tés libres, pourquoi ne pas lui accor
der ces facilités de droit commun que
nous ne cessons de revendiquer ?
M. Jules Simon, on le croira sans
peine, n'a pas voulu aborder oes con
séquences logiques de la peinture qu'il
a faite. 11 a plus de confiance dans sa
vaine théorie de l'instruction gratuite
et obligatoire,dont, hier, il s'est déclaré
de nouveau l'obstiné partisan. Il
compte aussi sur.l'effet immense que
devra produire dans le monde savant
■une création à laquelle il songe et qui
consisterait à élever dans les annexes
du Luxembourg une immense faculté
des sciences au prix de 8 millions.
Laissons-le à ces rêves. Nous savons
fort bien que ces huit millions ne
mettront pas dans les murs de sa Fa
culté les professeurs dont il déplore
l'absence, et ne réussiront ni. à élever
ni à propager l'enseignement supé
rieur, qu'on se plaint de voir à ce point
délaissé. Mais, puisqu'il en est ainsi,
puisque le grand-maître de l'Univer
sité vient naïvement nous faire la con
fession publique du désordre, de l'in
curie et finalement du rien en lequel
se résout l'enseignement d'Etat, n'est-
ce point une raison pour nous de ré
clamer avec plus d'ardeur l'absolue
liberté de l'enseignement? ,
Désormais il ne s'agit plus d'appor
ter à l'action de l'Eglise les entraves
que l'Etat jaloux se préoccupait na
guère encore d'inscrire dans une pré
tendue loi de liberté. Si l'Etat avait
produit quelque chose, nous pourrions
comprendre, sans les admettre; ces
précautions injustes; mais nous avons
son témoignage : il se condamne en
accusant sa stérilité. Partant, il fa
que les barrières tombent, et nous
avons confiance qu'à la Chambre,
lorsque viendra la question des Facul
tés libres, nos députés s'armeront du
discours même de M. Jules Simon
pour accorder sans réserve à l'Eglise-
son entière liberté.
Auguste R oussel.
Nous recevons de Rome la dépêche sui
vante :
Rome, 19 avril, 8 h. 5 du soin
La'santé .du Saint-Père est très bon
ne, et son état général ne laisse rien à
désirer. Présentement, le rhumatisme
a presque, disparu.
Le Saint-Pere est resté levé pen
dant quatre heures, et il a écrit
deux lettres. Rentré dans sa chambre,
il a reçu un grand nombre de per
sonnes, parmi lesquelles plusieurs
cardinaux et Mgr Forcade.
Le cardinal Pecci a écrit une. lettre à
Mgr Lâchât.
Les bruits sur M. Barodet et son al
liance avec M. Thiers ont pris assez de
consistance pour qu'une feuille offi
cieuse les démente : démenti plus
abondant que précis, qui extravague
en raisonnements gracieux et folâtres.
Une parole nette et précise eût mieux
valu. Mais où est la netteté? où se
trouve la " précision ? surtout en ma
tière électorale? , . ...-
Les officieux prétendent donc que le
tigre lyonnais n'est pas apprivoisé, et
qu'il sera bel et bien battu. Il se laisse;
battre fort agréablement, cet aimable
tigre, et ne prétend pas effrayer ses
contradicteurs en rugissant au milieu
d'eux. Une lettre du citoyen Barodet au
congrès radical donne avec « la mo
destie si haute et si ferme qui distingue
la circulaire » de ce candidat, les rai
sons qui le retiennent à Lyon..
Ma candidature est impersonnelle , dit M.
Barodet.
i Le nom et la figure du candidat ne font
rien à la chose, et l'intervention de sa person
ne ne pourrait, ce me semble, qu'amoindrir
la grandeur de l'acte et rapetisser la ques
tion...
Comme les réunions publiques doi
vent être fermées dans deux jours, il
est certain que le. citoyen Barodet ne
les affrontera pas. Chacun appréciera
ce fait. C'est peut-être le machiavé
lisme d'un candidat qui craint de se
compromettre en se montrant. 1
L'impersonnalité, d'ailleurs : est - une
belle raison; sous ce masque; M. Baro
det veut-il se laisser égorger tout dou
cement, sur les autels de MM. Thiers-et
Rémusat? leur laissant jusqu'à la fin
l'argument effrayant de sa candidatu
re pour contraindre les conservateurs
à voter pour M. de Rémusat?
Préférera-t-on demander à ia com
plaisance du candidat radical un désis
tement effectif si. on ne peut détacher
de son nom la masse imbécile qui
l'applaudit chaque soir dans les reu
nions publiques? Le désistement élec
toral de M. Barodet serait envisagé
comme un avantage; dit la: Presse , par
certains républicains, qui sans doute
désespèrent du succès, pourvu qu'on
obtînt à ce prix du gouvernement une
nouvelle concéssion à la radicaille.
La Presse donne les conditions à rai
son desquelles M. Barodet accompli
rait publiquement son sacrifice :
Affirmation nette, sans réserve, de la Ré-
publique, « supérieure aux événements et
aux délibérations de l'Assemblée nationale; »
Substitution dé cette phrase : « Maintien de
la loi électorale de 1849, » à la déclaration
vague et quelque peu élastique sur n l'inté
grité du suffrage universel. »
« ■ i ■ ■
Il ne faut pas s'étonner de l'accueil
que rencontrent tous ces bruits. Le
iravail électoral est un jeu, et les
grands manèges, les tricheries auda
cieuses sont le privilège du suffrage
universel. Il faut compter aussi sur les
maladresses. Le Constitutionnel trouve
que les radicaux tirent trop à eux la
candidature de M. de Rémusat, et la
Patrie et la Libertés stiment que MM.
Carnot, Arago, Cernuschi sont des
amis compromettants. Toutes ces
feuilles constatent que la candida
ture à laquelle elles se sont ral
liées n'a pas le caractère de modé
ration et ae conservation sur lequel
elles avaient compté un peu gratui
tement peut-être, et qui serait néces
saire pour faire du nom de M. le mi
nistre des affaires étrangères le dra :
peau de l'ordre. / -
Ces résignés, justement déeouragés,
se retourneront-ils vers le nouveau
candidat qui peut surgir de la réu
nion conservatrice que nous avons an
noncée hier? Nous donnons plus loin
le procès-verbal de l'assemblée de la
salle Herz. Sortira-t-il de là un élé
ment d,'action et d'heureuse diversion ?
Paris est-il capable de cet effort, et
le suffrage universel peut-il avoir cette
heureuse fécondité?
L éon A ubineau.
Une correspondance radicale, adres
sée de Paris à un journal de Lyon, ra
conte : ?
M. de Rémusat a dit à M. Leblond, dé
puté et rédacteur du Siccle :
Si je n'étais qu'électeur, je voterais
pour m. barodet.
Le correspondant radical ne doute
pas que Paris ne suive cet avis du
ministre des affaires étrangères. Nous
ne garantissons certainement pas le
propos prêté à M. de Rémusat; mais
il paraîtra une traduction assez exacte,
quoique condensée, de sa circulaire et
du commentaire qu'y attache le co
mité Carnot.
M. de Rémusat est tellement per.
suadé que l'électeur parisien ne peut
voter que pour Barodet qu'il s'évertue
à se montrer tout semblable à l'ex-
maire de Lyon. ,
La même correspondance donne des
détails , sur. les, pourparlers entamés
par le gouvernement avec M. Barodet
pour amener ce dernier à se désister
de sa candidature parisienne.
On lui proposait ae l'appuyer à Lyon
s'il voulait quitter la place à Paris.
L'ex - maire de Lyon a proposé la
combinaison contraire. Que M. de Ré
musat lui cède la place, à Paris, et, foi
de Barodet! il assure l'élection de M.
le ministre des affaires étrangères à
Lyon.
. C'est là tout ce que M. le ministre de
l'instruction publique, durant son
voyage et son long séjour à Lyon, au
rait obtenu de son bon ami et copain
de l'Internationale; car ce serait, as-
sure-t-on, M., Jules Simon, qu'en sa
qualité de 606 M. Thiers avait chargé
de négocier avec le sandidat commu
nard. C'est toujours la même his
toire,
La Franco offre. Dunkerquo, et l'Espagne Calais.
Seulement
Calais est à la France, et DuDkerque à l'Espagne
Barodet et Rémusat garderont cha
cun leur Dunkerque ou leur Calais
qui, l'un et l'autre, sont à Paris?
On sait combien M. Thiers tenait à
concilier le Siècle à la candidature offi
cielle ; les récits qu'on colporte des hu
miliations auxquelles s'est soumis le
président de la République, sont-ils
véridiques? M. Thiers, président du
pouvoir exécutif du gouvernement
français, croirait-il encore à la toute-
puissance du vieux Siècle ? Est-il pos
sible que le succès de son candidat lui
eût semblé assuré, si la feuille de feu
Havin consentait à le patronner ? Com
ment, d'ailleurs, la vertu de MM. Jour-
dan et consorts aurait-elle résisté aux
séductions qu'on leur voulait prodi
guer?
. Cette résistance rend tout à fait fabu
leuses les histoires des avances extrava
gantes dont on accuse M. Thiers des'être
rendu coupable. Les feuilles radicales^
départementales, néanmoins, font sem
blant d'y croire : elles prennent plaisir
à exaspérer le chef du pouvoir exécutif,
en parlant de « l'effet désastreux pour
la candidature Rémusat que produi
sent les articles du Siècle » sur les
masses.
Le côté plaisant, ajoutent ces correspon
dances, c'est le désespoir de MJV^. Carnot et
II. Martin, qui avaient promis à M. Thiers
l'appui de leur journal, qui leur'a échappé....
; Quant aux députés de la gauche qui ont
bien voulu l'aider dans cette manœuvre,
ayant promis de défendre M. de Rémusat, si
on leur, accordait... des mots, ils ont tenu
leur parole. On les plaint et on trouve qu'ils
se sont laissé jouer.
Mais ont-ils été joués vraiment? Ne
se prêtent-ils pas plutôt au jeu de M.
Thiers? Celui-ci, en effet, s'oppose-t-il
à la candidature Barodot autant qu'il
en a l'air?
Aurait-il lancé la candidature Rémusat
comme le 18 mars il a essayé de prendre les
canons de Montmartre, en oubliant les che
vaux ?
Les Barodettistes commencent à
craindre d'être engloutis dans leur
triomphe. Ils ont besoin de déclarer
qu'ils sont des ennemis.
Lés inquiétudes de la première heure
disparaissent, disent-ils. Plus le succès de
M. Barodet devient certain, moins il pa
raît redoutable. J'ai tout lieu de croire que le
gouvernement lui-même est très rassuré. Il ne
faudrait cependant pas qu'il passât à une au
tre exagération et crût que Paris lui servira
M. Barodet sur un coussin de velours.
Le succès de M. Barodet sera surtout .une
protestation • contre Versailles: M. Thiers
n'en sera pas fâché. Avouez que s'il avait
souhaité le succès d'une candidature extrême,
il n'avait qu'un moyen de l'obtenir, c'était de
la combattre.
Je vous ai déjà dit la discipline qui s'était
établie dans la classe ouvrière. Elle a renoncé
à l'abstention, qui était à craindre. Tout le
monde votera. L'opinion est d'ailleurs telle
ment faite, que les réunions publiques ne
sont plus guère possibles que dans les quar
tiers de l'Opéra, où la moitié des assistants
est composée de gens qui ne cherchent qu'à
s'amuser. Les ouvriers renoncent aui réu
nions, et ils ont bien raison, car elles ne ser
vent en cette circonstance qu'à faire un petit
piédestal de carton à des personnalités sans
importance.
Malgré ce qu'il y a de fanfaronnade
dans l'air ambiant en temps d'élec
tions, ces bavardages sont curieux et
sembleront assez caractéristiques.
Opinion de M. Thiers
sur les libertés municipales
Le Constitutionnel du 31 mai 1863 a
reproduit les paroles suivantes, pro
noncées à la tribune par M. Thiers :
« Aujourd'hui que vous avez des'
Chambres il est absurde de parler de
libertés municipales, c'est un contre
sens.
« On dit que les libertés municipales
sont l'appui des grandes libertés. Point
du tout; elles minent l'Etat, elles le rui
nent. » (1833, Moniteur.)
Le Siècle, avec des airs de triomphe
"mal joués, nous donne notre papier
« secret,». Il le tire, dit-il, du recueil
d'un de ces Messieurs de la littérature
qui rôdaient autour des Tuileries pour
faire " leur main - dans - le pillage.
Moyennant cet artifice, il laisse croire
à ses poissons que ; le papier vient des
Tuileries. Le papier vient tout simple
ment de chez nous, et ce n'est pas
l'empereur en cette circonstance qui
a été dévalisé, c'est l'Univers.
Nous avons" raconté nous-mêmes,
ici, nous ne savons plus à quelle
occasion, une longue entrevue que
nous eûmes avec Napoléon III quelque
temps avant la suppression de Y Uni
vers. Le papier « secret » que nous cite
aujourd'hui le .Siècle avec un soin si
honteux d'en dissimuler le caractère et
l'origine, consiste en deux très courts
fragments de ce récit reproduit inté
gralement par un grand nombre de
journaux.
Le Siècle n'ignore point ce qu'il fait,
car, la relation imprimée et réim
primée où il prend son papier secret,
fut suivie d'une polémique où il reçut
quelque chose qu'il ne put recevoir
comme un compliment et qu'il em
pocha très bien, tout en grommelant
selon sa coutume. A cette occasion,
nous parlâmes de M. Havin et de sa
tenue politique en la manière accou
tumée. C'était sous le règne de M.
Cernuschi, le pré-pétroleuxï
Nous ne voulons lien ajouter, à
moins que le Siècle ne nous en prie ;
et que pourrions-nous dire contre lui
qui égale la façon dont il prouve ses
vertus? Il prétend que nous le pour
suivions et que nous voulions le faire
supprimer. , A quoi' bon supprimer le
Siècle? Nous voulions le faire avertir, et
nous le disions tout haut. Un avertis
sement suffisait, si l'on y voulait tenir.
« Ça l'ennuyait bien, » comme M. Ha
vin. l'écrivait au ministère de l'inté
rieur ; mais il s'éloignait aussitôt du
chemin défendu. Nous avons toujours
su et tout le monde a toujours su que
e Siècle n'est pas né, comme Y Univers,
jour mourir de, mort violente. L "Uni
vers a été supprimé et le Siècle a filé.
Il aime bien le peuple;'mais dans les
moments périlleux, il lâche le peuple
et ses droits, afin de conserver à ses
actionnaires la plus plantureuse feuille
d'annonces qui soit en patrie. »
Nous nous permettons de reproduire
a conclusion de la polémique à la
quelle donna lieu l'histoire de nos re
lations avec le gouvernement impé
rial':
Nous ne pouvons pas empêcher dos esprits
trop inférieurs ou tout à fait mauvais et lâ
ches de s'abuser sur notre voie, de la contes
ter ou môme de la diffamer. C'est une loi de
a vie humaine et particulièrement une loi de
l'époque présente. Il faut la subir ; ce n'est
pas un petit ennui. Néanmoins, ces esprits là
perdent leur temps. Il n'y a qu'à vieillir sous
leurs injures : l'honneur est au bout : et peut-
être même quelque gloire.
Voilà ce que le, Siècle ne dira jamais
de lui-même, et s'il le disait, il ferait
rire.
Louis V euillot.
Un des auditeurs de M. Jules Simon
à la Sorbonne veut bien nous commu
niquer la note suivante qui résume ses
impressions et achèvera de donner l'i
dée du discours dont nous parlons plus
laut : -,
Le discours prononcé hier par M.Jules
Simon à la réunion générale des Sociétés sa
vantes ne sera probablement pas imprimé. Il
était ou paraissait être improvisé, et affectait
les allures d'une conversation. Toutefois, on
ne peut le passer sous silence, ne serait-
ce que pour protester contre plusieurs
passages de cette allocution aussi perfide,
aussi impudente dans le fond que cafarde
dans la forme.
M. Simon a voulu plaider la cause de l'en
seignement supérieur en France. Avec ce
ton larmoyant qui est le caractère propre de
son éloquence, il a pris pour confidents de ses
douleurs les honorables délégués accourus de
tous les points de la province, et a étalé de
vant leurs yeux le spectacle lamentable de
l'abandon et de la misère où croupit, selon
l'orateur, l'enseignement supérieur. Il s'est
complu à cet exercice avec le talent d'un co
médien consommé.
Il a énuméré toutes les chaires qui man
quent à nos Facultés, les collections, les bi
bliothèques, les amphitéâtres, les bâtiments
même à créer. Il s'est bien gardé de recher
cher la cause de cet état d'infériorité de
notre enseignement supérieur et de raconter
les crimes de la Révolution, qui a dépouillé
violemment la France de ses Universités, de
ses couvents, de ses bibliothèques et aussi,
hélas! de son esprit littéraire, de son génie
national. Il a réclamé avec force gestes et,
déclamations la création de nouvelles chaires,
oubliant volontairement ce point capital, que
celles qui existent aujourd'hui n'ont pas ou
presque pas d'auditeurs.
C'est là notre vraie, notre grande misère !
On peut juger par cette omission de la bonne
foi du ministre. Il sait pertinemment que
certaines Ghaires à Paris, occupées par des
professeurs éminents, ne réunissent pas cinq
auditeurs, et il ne le dit pas. Il ne veut pas
constater cette décadence profonde de nos
jeunes générations, paresseuses, sceptiques,
ignorantes, qui fréquentent bien plus les al-
cazars que les cours, si multipliés et si bien
professés qu'ils puissent être. Son argumen
tation lacrymatoire pèche donc par la base.
. Avant de créer des chaires nouvelles, assu
rez, si vous le pouvez, dix auditeurs sérieux à
celles qui existent. Cette vérité, qu'il eût été
si loyal de reconnaître, n'eût pas fait le comp
te du ministre,qui cherchait à prouver le zèle
immense dont il se dit dévoré pour l'instruc
tion publique ; qui recherchait aussi les ap
plaudissements des provinciaux assez naïfs
pour le croire sur parole. Comediante ! For
mez des élèves qui désirent s'instruire, prépa
rez^les par une éducation première, morale et
sérieuse, à estimer et "à recevoir l'enseigne
ment supérieur. Mais ce résultat, l'Université
est incapable de l'atteindre, c'est sa honte et
son châtiment.
M. Simon s'est étendu longuement sur les
efforts qu'il fait pour arracher à l'Assemblée
nationale quelques millions pour la cause de
l'instruction. Il a bien voulu reconnaître que
ce pays venait de suer cinq milliards (c'est son
expression), et il a donné à entendre que si
la science avait été mieux/ rétribuée et plus
cultivée, notre pays n'eût pas eu à payer cette
rançon. Peut^pn pousser plus loin l'oubli et
l'impudence? C'est à lui, l'homme du 4 sep
tembre, que le pays peut demander compte
de ses milliards perdus, à lui l'homme de
l'opposition qui a laissé désarmer la France,
dans l'ancienne Chambre, par ses fausses dé
clamations humanitaires et par ses votes
antipatriotiques.
Ces hommes-là se sont fait un front qui ne
sait plus rougir.
M. Simon a eu aussi des mots très durs
pour l'Assemblée nationale. II a dit et répété
que l'œuvre de la libération du territoire était
l'œuvre de M. Thiers, de M. Thiers seul, et
que cette œuvre n'avait rencontré d'obstacles
que chez ceux qui prétendent aujourd'hui s'en
glorifier. Ce passage de son discours a été
amer, violent, insolent. Les membres de
l'Assemblée feront bien de lui demander
compte de ses diatribes, aussi dépourvues
d'à-propos que de vérité.
Nous ne remarquerons p^s que dans la re
vue qu'il a faite des diverses Facultés, M- Si
mon a omis las Facultés de théologie. Il n'a
jas eu un mot, un souvenir pour ces écoles
où se rencontrent cependant des professeurs
distingués et dévoués, et où, en certaines vil
es, se pressent des centaines d'auditeurs.
M. le ministre professe un trop superbe dé
dain pour tout ce qui touche à la religion,
pour en occuper un instant son, attention.
Nous méprisons ses mépris, sachant trop ce
qu'ils cachent. . , , .
M. Jules Simon a terminé son allocution
par une profession de foi républicaine, abso-
ument déplacée dans la circonstance et froi
dement accueillie par la plus grande par
tie de l'auditoire. Quelques maîtres d'études
ou commis du ministère, flanqués d'étudiants
et de libres-penseurs égarés dans cette réu
nion, ont composé à l'orateur une claque qui
applaudissait aux bons endroits. Mais les
hommes sérieux, et c'était la majorité, n'ont
pas dissimulé, à la sortie, le dégoût que leur
inspirait cette nouvelle harangue lacrymatoire
et perfide du pseudo-philosophe.
1 Quand on songe que l'éducation et l'avenir
de la jeunesse française sont confiées à un tel
ministre, on ne peut que gémir sur les mal
heurs qui nous sont réservés. M. Simon a osé
parler de la résurrection du pays. Qu'il le sa
che, le pays ne sortira du tombeau que lors
qu'il aura été affranchi de ses mains et de
celles de ses compères. Jamais M. Simon ne
seia pour la France ni un sauveur, ni un mé
decin; il n'est, dans notre deuil, qu'un actif
employé des pompes funèbres.
Depuis cinq ou six jours le Rappel a
ouvert une souscription démocratique
pour les frais de l'élection du 27. Il
publie aujourd'hui la première liste,
dont le montant s'élève à 24 fr. 30 c.
C'est peu. Le parti ne donne pas.
La République française éprouve le
besoin de battre la grosse caisse sur le
dos des électeurs. :
Nous croyons, dit-elle> devoir rappeler aux
électeùrs de la Seine que, suivant le principe
si juste et si naturel d'après lequel les frais de
l'élection doivent être supportés par les élec
teurs eux-mêmes, les journaux démocratiques
ont ouvert leurs colonnes aux souscriptions
qui leur sont adressées à cet effet. Ils conti
nuent à recevoir les cotisations que les élec
teurs veulent bien leur faire parvenir.
En avant, citoyens ! Deux sous pour
Barodet! Que ceux qui votent payent!
On nous écrit de Londres, le 1?avril
1873 :
Les progrès du comité carliste in
quiétaient beaucoup de monde, et une
interpellation à ce sujet avait été an
noncée par M. Stapleton,qui représente
à la Chambre basse la ville de Berwick-
on-Tweed. Il a tenu parole, et lundi
soir, veille des vacances, l'honorable
membre a rappelé au gouvernement
les frais énormes qu'avait entraînés
pour le pays tout entier la participa
tion à la grande guerre civile qui avait
divisé l'Amérique du Nord en deux
camps, et il a demandé que l'on mît
fin à des souscriptions ouvertement
demandées et qui pourraient attirer
au Royaume-Uni les mêmes désagré
ments de la part de l'Espagne.
M. Gladstone aurait pu répondre que
le cas était loin d'être le même. En
effet, si, comme tout le fait supposer en
examinant l'anarchie et la division
d'une part, l'enthousiasme et la disci
pline de l'autre, S. M. Charles VII vient
a triompher, ce n'est pas de sa part
que surgiront des réclamations pour
l'aide fournie à ses partisans. Si, au
contraire, ce dont Dieu nous préserve,
la Révolution reste triomphante, ce ne
sera qu'après avoir répandu le sang
le plus pur du pays, et en face d'une
Espagne épuisée et agonisante John
Bull se montrerait aussi fier-à-bras
qu'il s'est montré souple et docile à
l'égard du cousin Jonathan, qui lui
montrait les dents en présentant son
bill passablement enflé des pertes cau
sées par YAlabama.
Tel est, en effet, le véritable motif
qui guide le gouvernement, mais M.
Gladstone s'est bien gardé de dévoiler
le mobile de sa politique égoïste, pom
peusement dissimulée sous le nom de
politique d'abstention. Il s'est retran
ché derrière l'opinion des jurisconsul
tes de la couronne, qu'il avait dû con
sulter au sujet d'une communication-
du ministre d'Espagne "conçue à peu
près dans les mêmes termes* que l'in
terpellation de "M. Stapleton. D'après
ces légistes, la demande de souscrip
tion n'a rien d'illégal en ce sens que'
rien dans la loi ne peut empêcher une
personne de quêter, ou une autre de
donner pour un but avoué, bien qu'un
contrat de ce genre ne serait pas va
lide devant les tribunaux, anglais, au,
cas où surgirait quelque difficulté. Le
gouvernement n'a donc, a dit eii ter
minant le premier ministre, qu'à lais
ser faire, ne pouvant franchir les li
mites que lui impose la loi.
Hier, nous signalions une dépêche
de Y Agence Havas, selon laquelle le
gouvernement de M. Thiers aurait
permis le transit en France de muni
tions et de soldats envoyés d'Espagne
pour la défense de Puycerda. En soi, le :
fait était grave, et nous avons pris
£oin "de faire'remarquer qu'il donnait '
,une singulière idée de la façon dont
notre gouvernement comprend la pra
tiqué ae la neutralité. Mais voici qui
est plus fort et vraiment étrange.
, D'après le correspondant. du Times,
la ville de Puycerda allait céder aux
carlistes lorsque le consul espagnol de :
Perpignan eut l'inspiration de télégra
phier à Paris pour demander l'autori
sation d'envoyer à la ville menacée
des armes et des munitions. La pér-
mission ne se fit pas attendre, et ce
fut, ajoute le correspondant du journal
anglais, grâce aux munitions françaises
que la ville put être délivrée.
Nous demanderons aux journaux offi
cieux ce qu'ils pensent de cette infor
mation du journal anglais.
SOUSCRIPTION
POUR LES PRÊTRES FIDÈLES DE SOLEUltE-
Douzièmo liste.
MM.
Mgr l'archevêque d'Avignon
Mgr l'archevêque de Reims
Juillet, vicaire général, ib.
Tourneur, vicaire général, ib,
Butot, vicaire général, ib.
Querry, chanoine, vicaire général
? honoraire,* ib.
Hannesse, chanoine, vicaire général
; honoraire, ib.
Decheverry, chanoine, secrétaire
général, ib.
Bussenot, secrétaire de l'archevê
ché, ib. i
Sevestre, aumônier du pensionnat
des Frères, ib.
Le marquis de Panisse-Passis
L'abbé de Girardin
Le supérieur et les directeurs du
petit séminaire de Saint-Riquier
(Somme) (2 e envoi)
Taillandier, curé de Saint-Augus-
■ tin àParis
La comtesse de la Villeneuve
Bourguignon, curé de Longwy-
Haut
Lorrain, curé de Longwy-Bas
Lemeunier, curé de Beaurnont-
Pied-de-Bœuf
La paroisse de Saint-Maurice (Lot-
et-Garonne) ■
Le curé de Mussey
Le curé de Blécourt
Le vicaire, ib.
Le curé de Leurville
Laffon
Le curé et les vicaires de Neuf-
Brisach
OUivier, curé de Saint-Pol
J., professeur au séminaire de Sl-
Dié
Lallement, curé à Arriance
Un prêtre du Berry
Menestrier, curé de Chàlon-Vi liais
Un prêtre de Compiègne
Cordier, vicaire de Montreuil-Bel-
lay
Mlle Célestine Courant
Lemeunier, curé de Vaudelnay
Bautian, curé de Saint-Pardoux-
Isaac
Un anonyme, à Entrevaux (Basses-
! Alpes)
Béraud, vicaire à Entrevaux (Bas
ses-Alpes)
Périget, curé de Clairvaux,du Jura
Un prêtre du diocèse de Belley
Savigneux, curé à Entre-deux-
; Ejuiers
L'abbé Reymond
Gressot, curé de Croix
Une personne de sa paroisse
II. B., curé
Briand, recteur à la Dominelais
Une anonyme du diocèse d'Auch
Un protestant converti
Ses élèves
M. et Mme de Laissardière
Mlle de Laissardière
:Mme et Mlle Delavoire
Richepance, curé de Simard
MM. Lenormand, prêtres au Ne-
bours
A. D.
Voisin, curé d'Ecquevilly
Eugène Meyer, marchand de bois, .
à Saverne
L'abbé Perrey
L'abbé Hélin,vicaire, à la Trinité
Un tertiaire de Saint-Dominique
L'abbé Chrétien
Lefèvre, 1" vicaire de la cathédrale
de Senlis
Duflos, 1 er vicaire de Saint-Etienne,
à Beauvais
Le supérieur et quelques profes
seurs du petit séminaire de Saint-
Lucien (Oise
M. et Mme Davrillé
Mlle Buzot, à Bellevue (Seine-In-
100
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10
N* 2126. — Edition quotidienne,'
soi ''i» i
Lundi 21 Avril 1873
PARIS
Un &0. • • i • « < i • i *
Six mois*..*.. .
Trois mois
La numéro, à Paris : 15 cexiy. K -
: — Départements : 20 y'
BUREAUX ( ■ ! •
Paris, 10, rue des Saints-Pères, \
On s'abonne, h. Rome, \ia delle Stimate, 25, 23, 24^ h
DÉPARTEMENTS
Un an I JJ8 fr.
Six mois 50
Trois mois .... iC
Édition seml-qnotldlcnuè
(Jn an, 32 fr.—Six mois, 17 fr.—Trois mois, 9 fr.
L'Univers ne répond pas des mahUs 'Crits qui lui sont adressé*,
AUTCVOXCKS
IW. Ch. UGRANGB, CERF et P«, C, place de la Sourie.
FRANCE
PARIS, 20 AVRIL 1873
Il serait téméraire, avant l'heure qui
verra la fin des réunions publiques.de
s'arrêter à tout autre sujet que la
question Rémusat-Barodet. Pourtant
nous voudrions, sans retard, signaler
Se discours de M. Jules Simon, tenu
hier devant les délégués des sociétés
savantes. A vrai dire, nous avons tort
d'appeler cela un discours, car ee n'est
qu'une longue lamentation, dont une
parole, qu'il faut retenir, a fourni le
thème. « Je le déclare, a dit l'orateur,
l'enseignement supérieur est dans un
état déplorable. »
L'aveu est complet et nous ne l'es
périons pas si naïf. Mais ce n'est pas
assez, et M. Jules Simon n'a voulu
nous rien laisser ignorer de la misère
intellectuelle où se trouve l'Université
de France. La littérature, on ne la sait
pas ; l'histoire, on ne l'enseigne pres
que pas; la géographie, on la dédai
gne. Pas de chaire d'histoire du droit
coutumier, pas de chaire du droit ca
nonique, si ce n'est l'enseignement
tronqué qui se donne à l'Ecole des
chartes. M. Jules Simon se lamente, en
outre, sur la chaire unique d'économie
politique et sur une chaire du droit
financier, qu'il voudrait créer afin d'en
seigner l'art de voir clair dons les bud
gets ou mieux de les grossir, ce à quoi
M. Thiers excelle.Mais quoi! non-seu
lement, il faudrait créer ces chaires,
mais surtout il faudrait pour les rem
plir d'excellents professeurs. Or, il
faut: bien reconnaître que la plupart
ne sont pas à la hauteur de leur tâche,
et M. Jules Simon fait un portrait na
vrant des spécialistes qui distribuent
la science par lambeaux, c'est-à-dire
qui suppriment la science. Enfin, eût-
on les professeurs,que les bibliothèques
manqueraient. Ni les .livres ne sont en
nombre, ni les locaux propres à les
recevoir.
.Tel est * en abrégé, le lamento de M.
Jules Simon. Mais que > propose-t-il
pour porter remède à un pareil état de
choses? A première vue, il semblerait
que le meilleur moyen, puisqu'il man
que des facultés, des chaires et des
professeurs, c'est de . multiplier tout
cela, et'puisque le monopole a produit
des. effets si détestables, de donner
toute, facilité, à l'enseignement libre!
En un endroit de son discours, M. Ju
les Simon, parlant des facultés de
l'Etat, a .constaté que la plupart étaient
logées dans d'anciens hôpitaux ou cou
vents. Et peut-être qu'il n'a pas songé
au double hommage qu'il, rendait
ainsi à,. l'Eglise, laquelle, dans le
passé i savait multiplier les œuvres
comme les établissements de la science
et de la charité. En ce temps-la on ne
se plaignait pas de la'disette , des chai
res et des hommes. Pourquoi? sinon
parce qu'en tout lieu l'action féconde
ae l'Eglise avait su donner à- l'ensei
gnement supérieur un développement
pour lequel le monopole aujourd'hui
se voit contraint de confesser son im
puissance.
S'il en est ainsi et .si, selon une
autre parole de M.Jules Simon, « qui
conque .ignore l!histoire est .impuis
sant à apprendre le droit», ne peutron
pas dire que le passé de l'Eglise nous
instruit de son droit? Si elle a pu, dans
le passé, produire toutes, ces œuvres
auxquelles depuis .quatre-vingts ans
l'Etat s'efforce vainement d'atteindre,
qui ne voit qu'elle a le droit. de re
prendre son action sur ,les esprits su
périeurs? Certes, en considération de ce
qu'elle a fait et de ce : qu'elle est, elle
aurait le droit de réclamer des privi
lèges. Mais le droit commun lui suffit.
Pourquoi dès lors, au lieu des mesures
d'exception au moyen desquelles, on
voudrait entraver la création de Facul
tés libres, pourquoi ne pas lui accor
der ces facilités de droit commun que
nous ne cessons de revendiquer ?
M. Jules Simon, on le croira sans
peine, n'a pas voulu aborder oes con
séquences logiques de la peinture qu'il
a faite. 11 a plus de confiance dans sa
vaine théorie de l'instruction gratuite
et obligatoire,dont, hier, il s'est déclaré
de nouveau l'obstiné partisan. Il
compte aussi sur.l'effet immense que
devra produire dans le monde savant
■une création à laquelle il songe et qui
consisterait à élever dans les annexes
du Luxembourg une immense faculté
des sciences au prix de 8 millions.
Laissons-le à ces rêves. Nous savons
fort bien que ces huit millions ne
mettront pas dans les murs de sa Fa
culté les professeurs dont il déplore
l'absence, et ne réussiront ni. à élever
ni à propager l'enseignement supé
rieur, qu'on se plaint de voir à ce point
délaissé. Mais, puisqu'il en est ainsi,
puisque le grand-maître de l'Univer
sité vient naïvement nous faire la con
fession publique du désordre, de l'in
curie et finalement du rien en lequel
se résout l'enseignement d'Etat, n'est-
ce point une raison pour nous de ré
clamer avec plus d'ardeur l'absolue
liberté de l'enseignement? ,
Désormais il ne s'agit plus d'appor
ter à l'action de l'Eglise les entraves
que l'Etat jaloux se préoccupait na
guère encore d'inscrire dans une pré
tendue loi de liberté. Si l'Etat avait
produit quelque chose, nous pourrions
comprendre, sans les admettre; ces
précautions injustes; mais nous avons
son témoignage : il se condamne en
accusant sa stérilité. Partant, il fa
que les barrières tombent, et nous
avons confiance qu'à la Chambre,
lorsque viendra la question des Facul
tés libres, nos députés s'armeront du
discours même de M. Jules Simon
pour accorder sans réserve à l'Eglise-
son entière liberté.
Auguste R oussel.
Nous recevons de Rome la dépêche sui
vante :
Rome, 19 avril, 8 h. 5 du soin
La'santé .du Saint-Père est très bon
ne, et son état général ne laisse rien à
désirer. Présentement, le rhumatisme
a presque, disparu.
Le Saint-Pere est resté levé pen
dant quatre heures, et il a écrit
deux lettres. Rentré dans sa chambre,
il a reçu un grand nombre de per
sonnes, parmi lesquelles plusieurs
cardinaux et Mgr Forcade.
Le cardinal Pecci a écrit une. lettre à
Mgr Lâchât.
Les bruits sur M. Barodet et son al
liance avec M. Thiers ont pris assez de
consistance pour qu'une feuille offi
cieuse les démente : démenti plus
abondant que précis, qui extravague
en raisonnements gracieux et folâtres.
Une parole nette et précise eût mieux
valu. Mais où est la netteté? où se
trouve la " précision ? surtout en ma
tière électorale? , . ...-
Les officieux prétendent donc que le
tigre lyonnais n'est pas apprivoisé, et
qu'il sera bel et bien battu. Il se laisse;
battre fort agréablement, cet aimable
tigre, et ne prétend pas effrayer ses
contradicteurs en rugissant au milieu
d'eux. Une lettre du citoyen Barodet au
congrès radical donne avec « la mo
destie si haute et si ferme qui distingue
la circulaire » de ce candidat, les rai
sons qui le retiennent à Lyon..
Ma candidature est impersonnelle , dit M.
Barodet.
i Le nom et la figure du candidat ne font
rien à la chose, et l'intervention de sa person
ne ne pourrait, ce me semble, qu'amoindrir
la grandeur de l'acte et rapetisser la ques
tion...
Comme les réunions publiques doi
vent être fermées dans deux jours, il
est certain que le. citoyen Barodet ne
les affrontera pas. Chacun appréciera
ce fait. C'est peut-être le machiavé
lisme d'un candidat qui craint de se
compromettre en se montrant. 1
L'impersonnalité, d'ailleurs : est - une
belle raison; sous ce masque; M. Baro
det veut-il se laisser égorger tout dou
cement, sur les autels de MM. Thiers-et
Rémusat? leur laissant jusqu'à la fin
l'argument effrayant de sa candidatu
re pour contraindre les conservateurs
à voter pour M. de Rémusat?
Préférera-t-on demander à ia com
plaisance du candidat radical un désis
tement effectif si. on ne peut détacher
de son nom la masse imbécile qui
l'applaudit chaque soir dans les reu
nions publiques? Le désistement élec
toral de M. Barodet serait envisagé
comme un avantage; dit la: Presse , par
certains républicains, qui sans doute
désespèrent du succès, pourvu qu'on
obtînt à ce prix du gouvernement une
nouvelle concéssion à la radicaille.
La Presse donne les conditions à rai
son desquelles M. Barodet accompli
rait publiquement son sacrifice :
Affirmation nette, sans réserve, de la Ré-
publique, « supérieure aux événements et
aux délibérations de l'Assemblée nationale; »
Substitution dé cette phrase : « Maintien de
la loi électorale de 1849, » à la déclaration
vague et quelque peu élastique sur n l'inté
grité du suffrage universel. »
« ■ i ■ ■
Il ne faut pas s'étonner de l'accueil
que rencontrent tous ces bruits. Le
iravail électoral est un jeu, et les
grands manèges, les tricheries auda
cieuses sont le privilège du suffrage
universel. Il faut compter aussi sur les
maladresses. Le Constitutionnel trouve
que les radicaux tirent trop à eux la
candidature de M. de Rémusat, et la
Patrie et la Libertés stiment que MM.
Carnot, Arago, Cernuschi sont des
amis compromettants. Toutes ces
feuilles constatent que la candida
ture à laquelle elles se sont ral
liées n'a pas le caractère de modé
ration et ae conservation sur lequel
elles avaient compté un peu gratui
tement peut-être, et qui serait néces
saire pour faire du nom de M. le mi
nistre des affaires étrangères le dra :
peau de l'ordre. / -
Ces résignés, justement déeouragés,
se retourneront-ils vers le nouveau
candidat qui peut surgir de la réu
nion conservatrice que nous avons an
noncée hier? Nous donnons plus loin
le procès-verbal de l'assemblée de la
salle Herz. Sortira-t-il de là un élé
ment d,'action et d'heureuse diversion ?
Paris est-il capable de cet effort, et
le suffrage universel peut-il avoir cette
heureuse fécondité?
L éon A ubineau.
Une correspondance radicale, adres
sée de Paris à un journal de Lyon, ra
conte : ?
M. de Rémusat a dit à M. Leblond, dé
puté et rédacteur du Siccle :
Si je n'étais qu'électeur, je voterais
pour m. barodet.
Le correspondant radical ne doute
pas que Paris ne suive cet avis du
ministre des affaires étrangères. Nous
ne garantissons certainement pas le
propos prêté à M. de Rémusat; mais
il paraîtra une traduction assez exacte,
quoique condensée, de sa circulaire et
du commentaire qu'y attache le co
mité Carnot.
M. de Rémusat est tellement per.
suadé que l'électeur parisien ne peut
voter que pour Barodet qu'il s'évertue
à se montrer tout semblable à l'ex-
maire de Lyon. ,
La même correspondance donne des
détails , sur. les, pourparlers entamés
par le gouvernement avec M. Barodet
pour amener ce dernier à se désister
de sa candidature parisienne.
On lui proposait ae l'appuyer à Lyon
s'il voulait quitter la place à Paris.
L'ex - maire de Lyon a proposé la
combinaison contraire. Que M. de Ré
musat lui cède la place, à Paris, et, foi
de Barodet! il assure l'élection de M.
le ministre des affaires étrangères à
Lyon.
. C'est là tout ce que M. le ministre de
l'instruction publique, durant son
voyage et son long séjour à Lyon, au
rait obtenu de son bon ami et copain
de l'Internationale; car ce serait, as-
sure-t-on, M., Jules Simon, qu'en sa
qualité de 606 M. Thiers avait chargé
de négocier avec le sandidat commu
nard. C'est toujours la même his
toire,
La Franco offre. Dunkerquo, et l'Espagne Calais.
Seulement
Calais est à la France, et DuDkerque à l'Espagne
Barodet et Rémusat garderont cha
cun leur Dunkerque ou leur Calais
qui, l'un et l'autre, sont à Paris?
On sait combien M. Thiers tenait à
concilier le Siècle à la candidature offi
cielle ; les récits qu'on colporte des hu
miliations auxquelles s'est soumis le
président de la République, sont-ils
véridiques? M. Thiers, président du
pouvoir exécutif du gouvernement
français, croirait-il encore à la toute-
puissance du vieux Siècle ? Est-il pos
sible que le succès de son candidat lui
eût semblé assuré, si la feuille de feu
Havin consentait à le patronner ? Com
ment, d'ailleurs, la vertu de MM. Jour-
dan et consorts aurait-elle résisté aux
séductions qu'on leur voulait prodi
guer?
. Cette résistance rend tout à fait fabu
leuses les histoires des avances extrava
gantes dont on accuse M. Thiers des'être
rendu coupable. Les feuilles radicales^
départementales, néanmoins, font sem
blant d'y croire : elles prennent plaisir
à exaspérer le chef du pouvoir exécutif,
en parlant de « l'effet désastreux pour
la candidature Rémusat que produi
sent les articles du Siècle » sur les
masses.
Le côté plaisant, ajoutent ces correspon
dances, c'est le désespoir de MJV^. Carnot et
II. Martin, qui avaient promis à M. Thiers
l'appui de leur journal, qui leur'a échappé....
; Quant aux députés de la gauche qui ont
bien voulu l'aider dans cette manœuvre,
ayant promis de défendre M. de Rémusat, si
on leur, accordait... des mots, ils ont tenu
leur parole. On les plaint et on trouve qu'ils
se sont laissé jouer.
Mais ont-ils été joués vraiment? Ne
se prêtent-ils pas plutôt au jeu de M.
Thiers? Celui-ci, en effet, s'oppose-t-il
à la candidature Barodot autant qu'il
en a l'air?
Aurait-il lancé la candidature Rémusat
comme le 18 mars il a essayé de prendre les
canons de Montmartre, en oubliant les che
vaux ?
Les Barodettistes commencent à
craindre d'être engloutis dans leur
triomphe. Ils ont besoin de déclarer
qu'ils sont des ennemis.
Lés inquiétudes de la première heure
disparaissent, disent-ils. Plus le succès de
M. Barodet devient certain, moins il pa
raît redoutable. J'ai tout lieu de croire que le
gouvernement lui-même est très rassuré. Il ne
faudrait cependant pas qu'il passât à une au
tre exagération et crût que Paris lui servira
M. Barodet sur un coussin de velours.
Le succès de M. Barodet sera surtout .une
protestation • contre Versailles: M. Thiers
n'en sera pas fâché. Avouez que s'il avait
souhaité le succès d'une candidature extrême,
il n'avait qu'un moyen de l'obtenir, c'était de
la combattre.
Je vous ai déjà dit la discipline qui s'était
établie dans la classe ouvrière. Elle a renoncé
à l'abstention, qui était à craindre. Tout le
monde votera. L'opinion est d'ailleurs telle
ment faite, que les réunions publiques ne
sont plus guère possibles que dans les quar
tiers de l'Opéra, où la moitié des assistants
est composée de gens qui ne cherchent qu'à
s'amuser. Les ouvriers renoncent aui réu
nions, et ils ont bien raison, car elles ne ser
vent en cette circonstance qu'à faire un petit
piédestal de carton à des personnalités sans
importance.
Malgré ce qu'il y a de fanfaronnade
dans l'air ambiant en temps d'élec
tions, ces bavardages sont curieux et
sembleront assez caractéristiques.
Opinion de M. Thiers
sur les libertés municipales
Le Constitutionnel du 31 mai 1863 a
reproduit les paroles suivantes, pro
noncées à la tribune par M. Thiers :
« Aujourd'hui que vous avez des'
Chambres il est absurde de parler de
libertés municipales, c'est un contre
sens.
« On dit que les libertés municipales
sont l'appui des grandes libertés. Point
du tout; elles minent l'Etat, elles le rui
nent. » (1833, Moniteur.)
Le Siècle, avec des airs de triomphe
"mal joués, nous donne notre papier
« secret,». Il le tire, dit-il, du recueil
d'un de ces Messieurs de la littérature
qui rôdaient autour des Tuileries pour
faire " leur main - dans - le pillage.
Moyennant cet artifice, il laisse croire
à ses poissons que ; le papier vient des
Tuileries. Le papier vient tout simple
ment de chez nous, et ce n'est pas
l'empereur en cette circonstance qui
a été dévalisé, c'est l'Univers.
Nous avons" raconté nous-mêmes,
ici, nous ne savons plus à quelle
occasion, une longue entrevue que
nous eûmes avec Napoléon III quelque
temps avant la suppression de Y Uni
vers. Le papier « secret » que nous cite
aujourd'hui le .Siècle avec un soin si
honteux d'en dissimuler le caractère et
l'origine, consiste en deux très courts
fragments de ce récit reproduit inté
gralement par un grand nombre de
journaux.
Le Siècle n'ignore point ce qu'il fait,
car, la relation imprimée et réim
primée où il prend son papier secret,
fut suivie d'une polémique où il reçut
quelque chose qu'il ne put recevoir
comme un compliment et qu'il em
pocha très bien, tout en grommelant
selon sa coutume. A cette occasion,
nous parlâmes de M. Havin et de sa
tenue politique en la manière accou
tumée. C'était sous le règne de M.
Cernuschi, le pré-pétroleuxï
Nous ne voulons lien ajouter, à
moins que le Siècle ne nous en prie ;
et que pourrions-nous dire contre lui
qui égale la façon dont il prouve ses
vertus? Il prétend que nous le pour
suivions et que nous voulions le faire
supprimer. , A quoi' bon supprimer le
Siècle? Nous voulions le faire avertir, et
nous le disions tout haut. Un avertis
sement suffisait, si l'on y voulait tenir.
« Ça l'ennuyait bien, » comme M. Ha
vin. l'écrivait au ministère de l'inté
rieur ; mais il s'éloignait aussitôt du
chemin défendu. Nous avons toujours
su et tout le monde a toujours su que
e Siècle n'est pas né, comme Y Univers,
jour mourir de, mort violente. L "Uni
vers a été supprimé et le Siècle a filé.
Il aime bien le peuple;'mais dans les
moments périlleux, il lâche le peuple
et ses droits, afin de conserver à ses
actionnaires la plus plantureuse feuille
d'annonces qui soit en
Nous nous permettons de reproduire
a conclusion de la polémique à la
quelle donna lieu l'histoire de nos re
lations avec le gouvernement impé
rial':
Nous ne pouvons pas empêcher dos esprits
trop inférieurs ou tout à fait mauvais et lâ
ches de s'abuser sur notre voie, de la contes
ter ou môme de la diffamer. C'est une loi de
a vie humaine et particulièrement une loi de
l'époque présente. Il faut la subir ; ce n'est
pas un petit ennui. Néanmoins, ces esprits là
perdent leur temps. Il n'y a qu'à vieillir sous
leurs injures : l'honneur est au bout : et peut-
être même quelque gloire.
Voilà ce que le, Siècle ne dira jamais
de lui-même, et s'il le disait, il ferait
rire.
Louis V euillot.
Un des auditeurs de M. Jules Simon
à la Sorbonne veut bien nous commu
niquer la note suivante qui résume ses
impressions et achèvera de donner l'i
dée du discours dont nous parlons plus
laut : -,
Le discours prononcé hier par M.Jules
Simon à la réunion générale des Sociétés sa
vantes ne sera probablement pas imprimé. Il
était ou paraissait être improvisé, et affectait
les allures d'une conversation. Toutefois, on
ne peut le passer sous silence, ne serait-
ce que pour protester contre plusieurs
passages de cette allocution aussi perfide,
aussi impudente dans le fond que cafarde
dans la forme.
M. Simon a voulu plaider la cause de l'en
seignement supérieur en France. Avec ce
ton larmoyant qui est le caractère propre de
son éloquence, il a pris pour confidents de ses
douleurs les honorables délégués accourus de
tous les points de la province, et a étalé de
vant leurs yeux le spectacle lamentable de
l'abandon et de la misère où croupit, selon
l'orateur, l'enseignement supérieur. Il s'est
complu à cet exercice avec le talent d'un co
médien consommé.
Il a énuméré toutes les chaires qui man
quent à nos Facultés, les collections, les bi
bliothèques, les amphitéâtres, les bâtiments
même à créer. Il s'est bien gardé de recher
cher la cause de cet état d'infériorité de
notre enseignement supérieur et de raconter
les crimes de la Révolution, qui a dépouillé
violemment la France de ses Universités, de
ses couvents, de ses bibliothèques et aussi,
hélas! de son esprit littéraire, de son génie
national. Il a réclamé avec force gestes et,
déclamations la création de nouvelles chaires,
oubliant volontairement ce point capital, que
celles qui existent aujourd'hui n'ont pas ou
presque pas d'auditeurs.
C'est là notre vraie, notre grande misère !
On peut juger par cette omission de la bonne
foi du ministre. Il sait pertinemment que
certaines Ghaires à Paris, occupées par des
professeurs éminents, ne réunissent pas cinq
auditeurs, et il ne le dit pas. Il ne veut pas
constater cette décadence profonde de nos
jeunes générations, paresseuses, sceptiques,
ignorantes, qui fréquentent bien plus les al-
cazars que les cours, si multipliés et si bien
professés qu'ils puissent être. Son argumen
tation lacrymatoire pèche donc par la base.
. Avant de créer des chaires nouvelles, assu
rez, si vous le pouvez, dix auditeurs sérieux à
celles qui existent. Cette vérité, qu'il eût été
si loyal de reconnaître, n'eût pas fait le comp
te du ministre,qui cherchait à prouver le zèle
immense dont il se dit dévoré pour l'instruc
tion publique ; qui recherchait aussi les ap
plaudissements des provinciaux assez naïfs
pour le croire sur parole. Comediante ! For
mez des élèves qui désirent s'instruire, prépa
rez^les par une éducation première, morale et
sérieuse, à estimer et "à recevoir l'enseigne
ment supérieur. Mais ce résultat, l'Université
est incapable de l'atteindre, c'est sa honte et
son châtiment.
M. Simon s'est étendu longuement sur les
efforts qu'il fait pour arracher à l'Assemblée
nationale quelques millions pour la cause de
l'instruction. Il a bien voulu reconnaître que
ce pays venait de suer cinq milliards (c'est son
expression), et il a donné à entendre que si
la science avait été mieux/ rétribuée et plus
cultivée, notre pays n'eût pas eu à payer cette
rançon. Peut^pn pousser plus loin l'oubli et
l'impudence? C'est à lui, l'homme du 4 sep
tembre, que le pays peut demander compte
de ses milliards perdus, à lui l'homme de
l'opposition qui a laissé désarmer la France,
dans l'ancienne Chambre, par ses fausses dé
clamations humanitaires et par ses votes
antipatriotiques.
Ces hommes-là se sont fait un front qui ne
sait plus rougir.
M. Simon a eu aussi des mots très durs
pour l'Assemblée nationale. II a dit et répété
que l'œuvre de la libération du territoire était
l'œuvre de M. Thiers, de M. Thiers seul, et
que cette œuvre n'avait rencontré d'obstacles
que chez ceux qui prétendent aujourd'hui s'en
glorifier. Ce passage de son discours a été
amer, violent, insolent. Les membres de
l'Assemblée feront bien de lui demander
compte de ses diatribes, aussi dépourvues
d'à-propos que de vérité.
Nous ne remarquerons p^s que dans la re
vue qu'il a faite des diverses Facultés, M- Si
mon a omis las Facultés de théologie. Il n'a
jas eu un mot, un souvenir pour ces écoles
où se rencontrent cependant des professeurs
distingués et dévoués, et où, en certaines vil
es, se pressent des centaines d'auditeurs.
M. le ministre professe un trop superbe dé
dain pour tout ce qui touche à la religion,
pour en occuper un instant son, attention.
Nous méprisons ses mépris, sachant trop ce
qu'ils cachent. . , , .
M. Jules Simon a terminé son allocution
par une profession de foi républicaine, abso-
ument déplacée dans la circonstance et froi
dement accueillie par la plus grande par
tie de l'auditoire. Quelques maîtres d'études
ou commis du ministère, flanqués d'étudiants
et de libres-penseurs égarés dans cette réu
nion, ont composé à l'orateur une claque qui
applaudissait aux bons endroits. Mais les
hommes sérieux, et c'était la majorité, n'ont
pas dissimulé, à la sortie, le dégoût que leur
inspirait cette nouvelle harangue lacrymatoire
et perfide du pseudo-philosophe.
1 Quand on songe que l'éducation et l'avenir
de la jeunesse française sont confiées à un tel
ministre, on ne peut que gémir sur les mal
heurs qui nous sont réservés. M. Simon a osé
parler de la résurrection du pays. Qu'il le sa
che, le pays ne sortira du tombeau que lors
qu'il aura été affranchi de ses mains et de
celles de ses compères. Jamais M. Simon ne
seia pour la France ni un sauveur, ni un mé
decin; il n'est, dans notre deuil, qu'un actif
employé des pompes funèbres.
Depuis cinq ou six jours le Rappel a
ouvert une souscription démocratique
pour les frais de l'élection du 27. Il
publie aujourd'hui la première liste,
dont le montant s'élève à 24 fr. 30 c.
C'est peu. Le parti ne donne pas.
La République française éprouve le
besoin de battre la grosse caisse sur le
dos des électeurs. :
Nous croyons, dit-elle> devoir rappeler aux
électeùrs de la Seine que, suivant le principe
si juste et si naturel d'après lequel les frais de
l'élection doivent être supportés par les élec
teurs eux-mêmes, les journaux démocratiques
ont ouvert leurs colonnes aux souscriptions
qui leur sont adressées à cet effet. Ils conti
nuent à recevoir les cotisations que les élec
teurs veulent bien leur faire parvenir.
En avant, citoyens ! Deux sous pour
Barodet! Que ceux qui votent payent!
On nous écrit de Londres, le 1?avril
1873 :
Les progrès du comité carliste in
quiétaient beaucoup de monde, et une
interpellation à ce sujet avait été an
noncée par M. Stapleton,qui représente
à la Chambre basse la ville de Berwick-
on-Tweed. Il a tenu parole, et lundi
soir, veille des vacances, l'honorable
membre a rappelé au gouvernement
les frais énormes qu'avait entraînés
pour le pays tout entier la participa
tion à la grande guerre civile qui avait
divisé l'Amérique du Nord en deux
camps, et il a demandé que l'on mît
fin à des souscriptions ouvertement
demandées et qui pourraient attirer
au Royaume-Uni les mêmes désagré
ments de la part de l'Espagne.
M. Gladstone aurait pu répondre que
le cas était loin d'être le même. En
effet, si, comme tout le fait supposer en
examinant l'anarchie et la division
d'une part, l'enthousiasme et la disci
pline de l'autre, S. M. Charles VII vient
a triompher, ce n'est pas de sa part
que surgiront des réclamations pour
l'aide fournie à ses partisans. Si, au
contraire, ce dont Dieu nous préserve,
la Révolution reste triomphante, ce ne
sera qu'après avoir répandu le sang
le plus pur du pays, et en face d'une
Espagne épuisée et agonisante John
Bull se montrerait aussi fier-à-bras
qu'il s'est montré souple et docile à
l'égard du cousin Jonathan, qui lui
montrait les dents en présentant son
bill passablement enflé des pertes cau
sées par YAlabama.
Tel est, en effet, le véritable motif
qui guide le gouvernement, mais M.
Gladstone s'est bien gardé de dévoiler
le mobile de sa politique égoïste, pom
peusement dissimulée sous le nom de
politique d'abstention. Il s'est retran
ché derrière l'opinion des jurisconsul
tes de la couronne, qu'il avait dû con
sulter au sujet d'une communication-
du ministre d'Espagne "conçue à peu
près dans les mêmes termes* que l'in
terpellation de "M. Stapleton. D'après
ces légistes, la demande de souscrip
tion n'a rien d'illégal en ce sens que'
rien dans la loi ne peut empêcher une
personne de quêter, ou une autre de
donner pour un but avoué, bien qu'un
contrat de ce genre ne serait pas va
lide devant les tribunaux, anglais, au,
cas où surgirait quelque difficulté. Le
gouvernement n'a donc, a dit eii ter
minant le premier ministre, qu'à lais
ser faire, ne pouvant franchir les li
mites que lui impose la loi.
Hier, nous signalions une dépêche
de Y Agence Havas, selon laquelle le
gouvernement de M. Thiers aurait
permis le transit en France de muni
tions et de soldats envoyés d'Espagne
pour la défense de Puycerda. En soi, le :
fait était grave, et nous avons pris
£oin "de faire'remarquer qu'il donnait '
,une singulière idée de la façon dont
notre gouvernement comprend la pra
tiqué ae la neutralité. Mais voici qui
est plus fort et vraiment étrange.
, D'après le correspondant. du Times,
la ville de Puycerda allait céder aux
carlistes lorsque le consul espagnol de :
Perpignan eut l'inspiration de télégra
phier à Paris pour demander l'autori
sation d'envoyer à la ville menacée
des armes et des munitions. La pér-
mission ne se fit pas attendre, et ce
fut, ajoute le correspondant du journal
anglais, grâce aux munitions françaises
que la ville put être délivrée.
Nous demanderons aux journaux offi
cieux ce qu'ils pensent de cette infor
mation du journal anglais.
SOUSCRIPTION
POUR LES PRÊTRES FIDÈLES DE SOLEUltE-
Douzièmo liste.
MM.
Mgr l'archevêque d'Avignon
Mgr l'archevêque de Reims
Juillet, vicaire général, ib.
Tourneur, vicaire général, ib,
Butot, vicaire général, ib.
Querry, chanoine, vicaire général
? honoraire,* ib.
Hannesse, chanoine, vicaire général
; honoraire, ib.
Decheverry, chanoine, secrétaire
général, ib.
Bussenot, secrétaire de l'archevê
ché, ib. i
Sevestre, aumônier du pensionnat
des Frères, ib.
Le marquis de Panisse-Passis
L'abbé de Girardin
Le supérieur et les directeurs du
petit séminaire de Saint-Riquier
(Somme) (2 e envoi)
Taillandier, curé de Saint-Augus-
■ tin àParis
La comtesse de la Villeneuve
Bourguignon, curé de Longwy-
Haut
Lorrain, curé de Longwy-Bas
Lemeunier, curé de Beaurnont-
Pied-de-Bœuf
La paroisse de Saint-Maurice (Lot-
et-Garonne) ■
Le curé de Mussey
Le curé de Blécourt
Le vicaire, ib.
Le curé de Leurville
Laffon
Le curé et les vicaires de Neuf-
Brisach
OUivier, curé de Saint-Pol
J., professeur au séminaire de Sl-
Dié
Lallement, curé à Arriance
Un prêtre du Berry
Menestrier, curé de Chàlon-Vi liais
Un prêtre de Compiègne
Cordier, vicaire de Montreuil-Bel-
lay
Mlle Célestine Courant
Lemeunier, curé de Vaudelnay
Bautian, curé de Saint-Pardoux-
Isaac
Un anonyme, à Entrevaux (Basses-
! Alpes)
Béraud, vicaire à Entrevaux (Bas
ses-Alpes)
Périget, curé de Clairvaux,du Jura
Un prêtre du diocèse de Belley
Savigneux, curé à Entre-deux-
; Ejuiers
L'abbé Reymond
Gressot, curé de Croix
Une personne de sa paroisse
II. B., curé
Briand, recteur à la Dominelais
Une anonyme du diocèse d'Auch
Un protestant converti
Ses élèves
M. et Mme de Laissardière
Mlle de Laissardière
:Mme et Mlle Delavoire
Richepance, curé de Simard
MM. Lenormand, prêtres au Ne-
bours
A. D.
Voisin, curé d'Ecquevilly
Eugène Meyer, marchand de bois, .
à Saverne
L'abbé Perrey
L'abbé Hélin,vicaire, à la Trinité
Un tertiaire de Saint-Dominique
L'abbé Chrétien
Lefèvre, 1" vicaire de la cathédrale
de Senlis
Duflos, 1 er vicaire de Saint-Etienne,
à Beauvais
Le supérieur et quelques profes
seurs du petit séminaire de Saint-
Lucien (Oise
M. et Mme Davrillé
Mlle Buzot, à Bellevue (Seine-In-
100
100
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1.0
10
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30
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