Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1872-07-24
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 juillet 1872 24 juillet 1872
Description : 1872/07/24 (Numéro 1860). 1872/07/24 (Numéro 1860).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mercredi 24 juillet 1872
N* 18 60. —. Edition quotidlannoï
.zJ ,
/
Mercredi 24 Juillet i 872
PARIS
Un an....... £8 fr.
Su moisSO "
Trois mois**•••••••*••••••••••*••••* ^/i
«P 9
Le numéro, à Paris : 15 estât, 4 v s
— Départements : 20 f»-S : j * |r j
BUKEAUX \ v ^ y IE
Paris, 10, rue des Saints-Pères.
On s'abonne* à Rome, via delle Stimata, 22,23,24.
DÉPARTEMENTS '
On an..;......;...., ,rti 88 fri
Six mois.................... 50
Trois dois.16
Édition seml-qnotldlenne
Unan,32fr.—Six mois, 17 fr.—'Trois mois, 9 Cf.. ;
L'Univers ne répond pas des n^anuscrits ' Aurai OIVCKS
a. cil. UGEAHGÏ, CEW « O», 6, «lut d« in ton*.
MM. les abonnés dont l'abonnement ex-
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AVIS IMPORTANT
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réclamation ou changement d'adresse l'une
des dernières bandes.
FRANCE
PARIS, 23 JUILLET 1872
Le 20 juillet, le Saint-Père recevait
les anciens employés de la police que
lui présentait Mgr Randi. A une adres
se lue par M. le marquis Pie Capra-
nica, assesseur, Pie IX a répondu par
un discours que reproduit YOsservatore
romano et dont voici la traduction :
s Gomme tant d'autres adresses, la
« vôtre arrive au pied du trône du Vi-
« caire de Jésus-Christ. Vous représen-
« tezla classe des employés de là poli-
« ce, cette classe appelée ,à maintenir
;« Tordre, à préserver la société des
« troubles et à punir les délits. Votre
« institution me rappelé un fait qui la
« regarde : seulement ce fait a 22 ou
« 23 siècles de date.
« Il y avait en Israël un roi qui écri-
« vait des livres inspirés par l'Esprit-
« Saint. Dans oes livres, il est parlé
« d'une vierge sainte, épouse nouvelle
« qui allait cherchant pendant la nuit
« l'objet de ses désirs et de son Amour.
« Elle courait seule par les rues de la
« ville quand elle fat rencontrée par
« les veilleurs, invenerunt me vigiles,
« lesquels lui demandèrent : Qui cher-
« chez-vous à cette heure avancée? Et elle
« répondit à leur demande. Les temps
« étaient si sûrs alors qu'une femme,
« une jeune fille, pouvait aller seule
« la nuit par la ville.
« L'Ecriture, qui parle de choses si
« petites-et de peu d'importance, com-
« me du chien de Tobie, etc., ne dit
« pas qu'il y eût dés voleurs en ce
« temps» D'où vous pouvez conclure
« que l'ordre régnait dan^ Israël. .
■«..•Et cependant il y avait beaucoup
« à voler. Il y avait un roitrè3 riche,
« auquel line reine avait apporté de
« l'or, des pierreries et des objets pré-
« deux. Je ne dis pourtant pas qu'il
« n'y avait point de voleurs. Il y en â
« toujours eu. Mais l'Ecriture n'en
« parle pas, et cela montre qu'ils n'e
staient pas en grand nombre.
« Vous êtes, vous autres, les succes-
« seurs de ces veilleurs dont parle ce
« roi très sage* Mais on vous a mis au
« repos et vous n'êtes plus que les spec-
« tateurs de ce qui se passe tou3 les
« jours. Moi, je ne vois rien, mais je
« lis. Je lis qu'un receveurs'est enfui
'« avec la caisse, et non invertit vigiles ; je
« lis qu'un autre a emporté d'autres
c fonds publics, et ■ non invenit vigiles ;
« je lis que lès voleurs enfoncent les
« portes des maisons, et non invenerunt
« vigiles. Ces vigiles, cependant, sontve-
« nus et se sont montrés dans un sou-
« lèvement de la place publique qu'on
« dit républicain. Mais ils sont inter-
« venus d'abord comme témoins, et
« avec une telle attitude, qu'ils sem-
« blaient être là ad coîifinnandam auda-
« ciam. Puis ils ont montré quelque ac-
«. tivité, quelque énergie, et les trou-
« bles ont cessé.
'« Peut-être dans les jours qui sui-
« vront, au moment des élections ad-
« ministratives, ces bandes de l'émeute,
« prêtes à servir qui les commande,
« se représenteront-elles de nouveau ;
« en ce cas, je me recommande à ces
« vigiles pour qu'ils nous laissent cette
« liberté qu'ils nous ont voulu oç-
« troyer, de donner notre vote et d'é-
« mettre notre avis selon notre côn-
« science.
« Ils ont dit que nous voulons une
« réaction armée. Calomnie et folie
« que cette réaction armée. La réac-
« tion que nous désirons c'est que des
« hommes honnêtes se montrent afin
« de protéger la jeunesse, qui doit être
« élevée selon la morale, les bonnes
« mœurs et la religion. Telle est la
« réaction que nous désirons. Au res-
« te, les grandes réactions sont dans 1
o les mains de Dieu, et Dieu pensera à
a les faire.
« Et puisque tout est dans les mains
«. de Dieu, je terminerai comme je
« termine souvent. Que devons-nous
" « faire? Ce matin même, j'ai reçu des
« lettres qui me demandent d'écrire
« des circulaires afin de faire prier
a partout, afin que le Seigneur vienne
« à notre aide. Il n'y a rien à espérer
« du monde; mais d 'un moment à
« l'autre il peut venir un homme en-
« voyé de Dieu, et il nous reste à
a prier afin que Dieu mette la main
« au trésor de ses miséricordes, qu'il
« éloigne les impies et ramène des
« jours de paix et de tranquillité.
« Quant à moi, je vous le dis, je dé-
« sire finir ma carrière dans cette
« paix et dans cette tranquillité de
« l'âme.
« Mais ces jours viendront, j'en suis
« sûr. Comment et quand ? je ne le
« sais, mais ce sentiment est en moi
« parce que dans le-monde^on-prée
« beaucoup et qu'il y a une grande
« confiance dans le triomphe de cette
« cause, qui est la cause de la justice,
« de l'ordre, de la religion, en un mot
« la cause de Dieu.
« Accélérons donc par la prière
« l'heure où Dieu décidera favorablé-
« ment de sa cause. Prions afin qu'il
« nous bénisse. Oui, mes chers enfants,
«je vous bénis, et que ma bénédic-
« tion descende sur vos personnes,
« sur vos familles, sur vos affaires ;
« qu'elle vous accompagne dans le
« temps, qu'elle soit présente à l'heure
« de votre mort, et devienne le chant
« que vous ferez retentir dans l'éter-
« nité.
« Benedictio Dei, etc. »
L'EMPRUNT
L'Emprunt est officiellement an
noncé; il n'y a pas d'autres nouvelles
financières.
L'émission aura Heu le 28 et le 29
courant ail taux de 84 SO ; les délais de
versements s'étendent à vingt mô'ô,
toutefois nous ferons remarquer que
ces vingt mois ne commençant à cou
rir-que le 21 septembre, le délai réel
est de vingt-deux mois.
Une partie des gens de Bourse trou
ve le taux de 84 50 trop élevé d'un
franc, ils pensent qu'il eût été plus a-
vantageux de donner le titre à 83 50.
L'Etat, disent-ils, eût fait ainsi un sa
crifice apparent qui eût été compensé,
et au delà, par la rapidité du classe
ment. Trois milliards cinq cents mil
lions ne sont pas une petite somme
que l'épargne puisse absorber en un
moment; le travail d'assimilation, lors
qu'il s'agit d'une masse de titres si
considérable, est très long, très péni
ble et peut être indéfiniment contrarié
par les circonstances politiques. Il im
porte donc d'y faire concourir les capi
taux, afin qu'il s'opère aussi prompte-
ment que possible et le bon marché
est en ce cas la raison d'acheter sou
veraine.
Le raisonnement est spécieux, pour
tant nous ne nous y rendons pas. Le
cours de 84 50 est a notre avis sage
ment calculé de manière à concilier
les intérêts du Trésor et ceux des capi
talistes.
Qu'on suppose l'émission à 83, croit-
on que la souscription eût été beau
coup plus considérable? Personne ne
le soutiendra sérieusement ; la sous
cription est couverte d'avance. Quant
a%classement véritable, nous souhai
tons qu'il ne rencontre jamais d'autre
obstacle que cette différence en trop,
dë'i fr. ou 1 fr. 50, car répartie sur 21
versements, elle donne pour chacun
d'eux nne surcharge infinitésimale.
Disons la vérité tout entière, c'est là
spéculation seule qui va faire le prix
réel de l'Emprunt et qui en rendra l'é
coulement plus ou moins pénible ; le
cours de 84 50 même, en concédant
qu'il soit un peu trop élevé, n'aura sur
lensemble de l'opération aucune in
fluence appréciable.
Gomment les choses vont-elles se
passer?
La souscription définitive, celle du
public, qui est le dernier preneur et
qui doit garder la petite coupure en
portefeuille, celle-là n'enlèvera pas
plus du tiers de la somme offerte^ soit
un milliard. Nous ne croyons pas, en
effet, qu'il y ait plus d'tm milliard de
petite épargne disponible, à heure fixe, en
dehors des capitaux de banque, de
commerce et d'industrie. Ce milliard
absorbera sur-le-champ le tiers de
l'Emprunt ;ille libérera et le fera dis
paraître sans retour.
Que deviendront donc les deux au
tres milliards et demi ? Telle est la
question essentielle.
La spéculation, c'est-à-dire la ban
que, les grands capitalistes et les
joueurs auront souscrits le reste, mais
non pour le garder; ni un banquier ni
un grand capitaliste, ni un joueur ha
bitués à tirer de leur mise un intérêt
de 10 à 15 pour cent, dont le métier
est d'avoir toujours de l'argent dispo
nible, n'achètent de titres pour les
conserver comme fait un bon bour
geois. Ils achètent pour garder en
caisse pendant plus ou moins Long
temps et revendre ensuite au public
avec bénéfice, à prime comme on dit
dans le langage de la bourse.
Ils sont les intermédiaires très utiles,'
nous disons même indispensables, en
tre l'Etat et les derniers acheteurs; ils
ramassent en gros, gardent et reven
dent en détail la quantité de: rentes
que le public ne serait pas assez riche
pour acheter tout de suite, mais
qu'il sera capable d'acheter, sans au
cun doute, a mesure qu'il aura re
constitué de nouvelles économies.
S'il faut trois ou quatre ans à la
France pour gagner deux milliards et
demi à l'aide de son sol inépuisable
et dé sa merveilleuse industrie, les
banquiers auront à garder l'excédent
de l'Emprunt non classé pendant ces
trois ou quatre années, ils l'écouleront
par petites quantités au prorata des
demandes qui se produiront sur le
marché.
Leurs «capitaux seront employés à
cet usage et ne se dégageront que peu
à peu; il est donc juste que le public
en faveur de qui il les employent leur
en' paye le loyer ; cette rémunération
est représentée par la prime ou écart
qui s'établit entre le cours d'émission
d'un titre et son prix ultérieur.
■ - L'-Emprunt nouveauémisà 84 50
vaut déjà à la Bourse 86; selon les
probabilités, il vaudra bientôt et suc
cessivement 87, 88, 89 et 90.
1 On comprendra maintenant que le
prix d'émission de notre Cinq, pourvu
qu'il soit de quelque peu au-dessous
du prix moyen actuel des autres bon
nes valeurs, n'a que fort peu d'influence
sur son classement définitif. C'est le
taux de la prime qui décidera le suc
cès de l'opération. Deux milliards et
demi sont entre les mains des ban
quiers. C'est là t pou? ainsi dire* une
nouvelle émission qu'ils sont libres de
faire au prix qu'il leur plaira d'éta
blir. ;
S'ils sont raisonnables ( et si leurs
Conditions sont modérées, ils en écou
leront la plus grande partie à 88. Le
public ne trouvera pas encore le Cinq
trop cher à ce prix. A l'aide de la paix,
delà reprise du commerce et d'une
politique d'apaisement, Ja dernière'
partie du stocK pourra se placer entre
89 et 90, mais lentement et par petites
quantités; n'oublions pas qu'une par
tie du Trois, une partie du Cinq an-
bien, et une foule de bonnes valeurs
flottent encore sur notre marché et fe
ront concurrence à l'Emprunt nou
veau.
L'écueil serait la précipitation et
l'exagération de là hausse. Que les
banquiers nous poussent sur-le-champ
à 90; comme l'argent manque pour
les achats sérieux, des quantités énor
mes prises par les joueurs et pénible
ment reportées pendant quelques mois
retomberont de tout leur poids sur le
marché et le remettront plus ba3 qu'il
n'était après la guerre.
L'opération sérieuse commencera
après l'émission ; il est nécessaire
qu'elle soit conduite avec patience, sa-
? fesse et fermeté ; tel est le motif pour
equel on a généralement demandé
que l'Etat s'entendît avec la haute
banque et constituât, à certaines con
ditions, un syndicat assez puissant
pour gouverner, soutenir, diminuer
fieu à peu et finalement vendre jusqu'à
a dernière coupure cette masse de ti
tres, qui doit se fondre et disparaître
dans la masse de la nçtlon.
La démocratie financière a besoin
d'être menée et tenue comme l'autre:
livrée à elle-même, elle bouleverserait
comme foi^t les forces aveugles lors
qu'elles sont déchaînées. Il est bon
qu'on pense et : que l'on calcule pour
elle, quoiqu'elle ait la prétention de
tout savoir sans avoir jamaié rien ap
pris. ' ,
A toutes les demandes qui nous sont
adressées relativement à la convenan-
cà et â 1 avantage de souscrire, nous
repondons une fois de plus qu'outre
l'intérêt national, aucun placement
sur fonds d'Etat n'est actuellement
égal à celui qu'offre l'Emprunt-nou
veau.
La plupart des Rentes étrangères ont
monte considérablement; celles de pre
mier ordre se trouvent aujourd'hui ca
pitalisées au-dessous de 6 p. 100 ; les
autres, si elles offrent un intérêt su
périeur à 6, n'offrent ni les mêmes
avantages de négociation ni la même
sécurité que notre Cinq. Le Cinq est
donc préférable.
Nous croyons aussi à la hausse de
ce dernier fonds ; il est probable, que
sans monter à l'excès comme l'Em
prunt 1871, il atteindra facilement le
cours de 89.
Voici le tableau de la somme d'argent
qu'il faut verser pour souscrire une
somme de rentes déterminée ; il per
mettra à nos lecteurs de voir d'un seul
coup d'oeil la quantité d'Emprunt qu'ils
sont en mesure de demander.
On estime généralement que l'émis
sion sera couverte trois fois.
TABLEAU
DU VERSEMENT
Pour
5 fr. de rente, verser
14 50
s
10
—
29
»
»
20
—
58
u
»
• 30
—
87
»
»
40
■
. 116
u
»
50
145
»
D
60
—
174
»
»
70
— -
203
»
»
80.
—
232
9
»
90
—
261
»
»
100 1
■ —
290
»
»
200
—
580
1)
»
300
— ;
870
»
»
400
— ■
1.160
»
))
500
_
1.450
»
»
1.000
. : — -. i .
2.900
»
i» ,
1.500
—
4.350
»
U
2.500
—
7.250
»
1)
o. 000
—
14.500
))
))
10.000
—
29.000
»
))
25.000
72.500
. »
rins, de 3 fr. le gingembre et l'éther, etc.,
efc. Tous ces chiffres et une foule d'autres
n'ont fait, du reste, aucune difficulté, bien
que M. Testelin soit venu, au nofii des pKar-
maciens, plaider gravement pour Tabès, le
quinquina et le copahu. M. Testelin est doc
teur, quasi-pharmacien par conséquent,, et
tout à fait orfèvre. Son intervention ne sau
rait faire de surprise et fi*a pas eu d'effet.
IVLiis où l'on s'est battu avec acharneflient,
c'est sur la question des huiles.■ Là-dessus,
M. Clapier, qui est de Marseille,, n'entend
pas plaisanterie, par la bonne raison qu'à
Marseille la fabrication d'huiles s'alimente
des graines oléagineuses étrangères et que si,
non content des. 6 francs d'importation par
100 kilog. que le gouvernement fait payer à
ces graines, la loi nouvelle impose de 14 fr. par
100 kilog. à la fabrication intérieure, celle-ci
ne pourra subsister, c'est du moins ce que
prétend M. Clapier, et pour amadouer la
commission et l'Assemblée, il offre de rem
placer l'impôt nouveau par 12 millions que de
notables commerçants promettent de payer
chaque année, si on les-veut délivrer du
nouvel impôt. Entre nous, des propositions
de ce genre sont fort malhabiles, car elles
achèveraient de prouver, s'il en était besoin,
que l'industrie de Marseille ne sera pas
ruinée par le nouvel impôt.
C'est ce que soutient M.Paris, avec'des ar
guments qui semblent bons et des chiffres
qui sont meilleurs encore. M. Paris est d'Ar-
ras, au centre de nombreux moulins qui fa
briquent, aussi de l'huile, bien placé par con
séquent pour connaître la matière et en dis
courir. Il le fait avec clarté, compétence et
intérêt. Il y môle môme une pointe d'ironie,
quand il met en comparaison le patriotisme
artésien et le patriotisme marseillais, le der
nier faisant des façons pour supporter les
charges que le premier subit sans mot dire.
A ce point, la bataille devient plus vive.
M. Pouyer-Quertler s'y jette par des inter
ruptions fougueuses, puis M. Leurent s'atta
que à son tour au député de Marseille, que ne
ménagent ni M. Thiers, ni M. Tesserenc de
Bort. Bref, M. Clapier se retire vaincu de
ce duel mémorable qui enrichira les indus
triels marseillais de 12 millions d'aumônes
volontaires, sous la condition d'en payer un
peu plus par voie d'impôt.
C'est maintenant le tour du pétrole que le
nouveau projet frappe d'un impôt de 60
pour 100, et que M. Paul Morin voudrait
défendre. M. Morin trouve que c'est trop, et
M. Thiers soutient que ce n'est pas encore
assez. Le pétrole, dit très bien M. Teisse-
renc de Bort, a conquis une malheureuse cé
lébrité, et si nous pouvons lui faire restituer
sous forme d'impôt une partie des millions
qu'il a coûtés à la France, nous n'y manque
rons pas. -
La majorité applaudit, et MM. les députés
du pétrole eux-mêmes se taisent. Damel ils
sont ministériels présentement, et cela leur
commande une certaine tenue pour quelque
temps.
La séance, après le vote sur les candidats
au conseil d'Etat, que je me borne à vous si
gnaler, se termine par un incident qui n'est
pas sans importance, M. de Belcastel avait
déposé une demandé d'interpellation sur Ja
politique intérieure, et il s'agissait d'en fixer
le jour. M> Dufaure voudrait bien la suppri
mer, mais forcé de prendre un biais,il déclare
qu'il s'est entendu avec M. de Kerdrel pour
que le gouveruement donne des explications
dans les bureaux à la commission chargée
d'examiner la loi de prorogation. Après quoi,
si les explications ne paraissent pas satisfai
santes, l'interpellation Belcastel pourra se
produire utilement.
M. de Kerdrel, qu'on ne s'attendait guère '
à voir en cette affaire, parait & son tour & la
tribune. Il explique Bon avis, qui est pareil à
celui de M. Dufaure, et s'étend sur les incon
vénients d'une interpellation à l'heure qu'il
est. Plus tard, si les explications du gouver
nement dans les bureaux ne sont pas satis
faisantes, on avisera. Cela dit, M. de Ker
drel, radieux comme la mouche du coche , B 'é-
pongs et se donne de l'air. '
Mais M. de Belcastel n'entend pas que
M. de Kerdrel se permette de décider ainsi
d'une question qu'il n'a certainement pas
qualité pour résoudre de la sorte. Acceptant
volontiers de remettre son interpellation
après l'emprunt, M. de Belcastel n'admet paB
qu'elle puisse être enterrée, même au cas où
les explications gouvernementales jobtenues
dans les bureaux seraient satisfaisantes. Même
alors, dit avec raiBon M. de Belcastel, il se
rait plus digne tout à la fois de l'Assemblée
et du pays que ces explications fussent pro
duites publiquement.
Il demande donc la fixation d'un jour pour
la discussion; mais la Chambre, toujours
faible, décide que l'on ne fixera un jour, si
on le fixe, qu'après le résultat des explications
échangées dans les bureaux. Notons que plu
sieurs députés, notamment M. de Grammont,
osaient bien proposer le 4 novembre comme
jour de la discussion. A ce qu'il paraît, ces
messieurs sont satisfaits de l'état des choses
et n'éprouvent pas le besoin d'y voir pluB
clair 1 Heureuses gens !
Mercredi, scrutin complémentaire pour
l'élection des conseillers d'Etat restant à
nommer.
Ces quatorze candidats ayant obtenu
la majorité absolue, ont été proclamés
membres du conseil d'Etat.
Ceux qui ont obtenu ensuite le plus
de voix sont :
MM. de Montesquiou 309 voix.
Pascalia. 303 —
Sylvy 297 —
Hérold... 296 —
Labiche 295 —
Léopold de.Gaillard. .. 287 j —
Bourgeois... 283 -—
de Lasteyrie. 281 —-
Hervé........... ;... 278 —
' de Batlomayre 273 -
du Theil. 271 — ,
Pidoux.............. 268
! Pascal. 266 —
de Circourt 266 —
CabentouB 254 —
i Didier.. 230 —
Cochut 246
Versigny 244 —
Audiganne 241 t -
Valentin. 226 ■—
Edmond Blanc 192 —
de Loinville. 161 — ..
de Lavenay 140 —
L'Assemblée a décidé qu'il sera pro
cédé mercredi à un second tour de
scrutin, pour l'élection des huit con
seillers d'Etat restant à nommer. ,
Les choix déjà faits sont satisfai
sants, et quelques-uns même sont très
louables. Parmi les candidats qui vien
nent en bon rang après les élus, nous
voyons avec plaisir des hommes d'ex
périence et de valeur. La politique
et la camaraderie n'ont donc pas. eu
dans ce premier vote toute la .part que
la liste officielle faisait redouter. Ce
pendant, il est singulier de voir, parmi
les candidats présentés comme « pu-
blicistes » M. Léopoldde Gaillard l'em
porter sur M. Edouard Hervé.
En tant que publiciste, on n'aurait
pas cru que celui-ci pût être classé
après celui-là, et le jugement de la
majorité paraîtra bizarre.
Nous engageons nos amis à ne pas
se croire obligés de donner place à
« l'élément républicain » dans lé* con-
seil d'Etat; MM. Hérold et Labiche doi
vent être laissés de côté. Ce sera l'af
faire de M. Gambetta de les casser.
Le Rappel veut-il compromettre le
succès de l'emprunt? Voici ce qu'il dit
ce matin, par la voix de M. Lockroy,
l'aimable et pincé M. Lockroy :
Les gens qui apporteront leurs épargnes
au gouvernement, les dimanche 28 et lundi
29 du présent mois, vont fonder la Républi
que.
La masse des citoyens suppose qu'il
s'agit de payer la rançon de la France,
rançon que nous vaut l'Empire et que
la République a bien renehérie. Le!
pincé M. Lockroy ne saurait être de
cet avis vulgaire : il lui convient d'in
sulter aux malheurs de la France et de
démontrer que le dé?astre de la patrie
est la chance de la République.
Daù2 son style de petit gracieux
pointu, vouiaiîi viser à l'éloquence et
i i la profondeur politique, M. Lockroy
s'en prend à la monarchie. 1
La France, déclare-t-il, va noyer, diman
che prochain, une chienne enragée qui s'ap
pelle : la monarchie. Pour qu'elle ne revienne
jamais sur l'eau, il faut que nous lui met
tions un poids de trois milliards au cou !
Qu'il a d'esprit et que ces choses sont
dites avec grâce !
On nous écrit de Versailles, le 22
juillet :
J'aurais fort à faire s'il me fallait vous
rendre compte, par le détail; de la séance
d'aujourd'hui. En effet,elle a été presque en
tièrement remplie par des discussions dé dé
tail sur les objets désignés aux articles du
projet d'impôt sur les matières premières. Or
j'avoue modestement mon incompétence dans
la question de savoir si c'est une exagération
d'imposer de 100 fr. les 100 kil. d'yjéca-
cuanha, ds 25 fr. les 100 kil. de jalap et de
rhubarbe, de 8 fr. les 100 kil. de musc et de
salsepareille, de $ fr. l'opium et les taba-
Voici le résultat du dépouillement
du scrutin pour le conseil d'Etat :
Nombre des votants..
Majoritéabsolue.....
623
312
Ont obtenu :
. Dumartroy.
582 voix.
Groualle
573 —
Auroc
569 —
Collignon
561 —
Goussard
559 —
Tourret
549 —
Saglio
545 —
Tranchant
539 —
Odillon Barrot
375 —
Andral.
368. —
Ua Châteaurenard.....
362 —
Marbeau
362 —
De Ségur v
342 —
Le Trésor de Laroque *
327
tinisme, et jusqu'à porter l'habit, ««
qui est une preuve 4rès honorable de
sincérité ; car alors on ne songeait
pas aux affaires, et c'était un mauvais
métier dans le sens bourgeois. Il avait'
ensuite passé par le Journal des Débats,.
funeste école au lendemain des illur ;
si on s perdues! Il est probable aussique
sa première éducation chrétienne n'a
vait pas été très solide. Enfin, il est de
venu grand ennemi de l'Eglise et de la
religion catholique, ennemi injuste,
ennemi violent, non pas toutefois gros
sier et brutal, comme il eut le tort
de permettre qu'oir le fût autour de
lui. Et ce n'est pas lui, quoiqu'il en
Ïmisse répondre, qui traita de vermines :
es Petites-Sœurs des pauvres et les
Filles-de-Charité. Si conversation le
montrait non-seulement plus poli, mai»
meilleur. Quand on l'avai| entendu, on
se disait que s'il avait le bonheur que
Dieu,ne le prît pas dans les redouta
bles entêtements du combat public, «t
lui donnât le temps de quelque ré
flexion silencieuse, .alors il réussirait &
ne pas crouler et même il pourrait re
monter.
Pendant le siège et après, jusqu'au -
moment de la Commune», il combattit
très fortement et très hardiment le
parti- athée et sanguinaire dont il en
trevoyait le triomphe. Ce fut au bureau
de Y Opinion nationale et sur la convo
cation de M. Guéroult que les écrivains'
de tous les partis, se -, réunirent pour
protester contre les premières, entre
prises des meneurs de la Commune. Il
y risquait- plus qu'un autre, puisque
le" républicain radical- ne pardonne
pas à celui qui fait mine de mo
dération quelconque. Bref, M. Gué
roult avait horreur de l'athée et du
gredin , et il leur disait : Non !
Mais il fallait qu'ils fassent déjà bien
avancés et trop avancés pour qu'il leur
signifiât son dissentiment. 11 adop
tait tous leurs principes et ne se reti
rait que devant les extrêmes consé
quences.
î Une de se3 dernières polémiques fut
contre une fusée athéiste lanceê par
un homme de lettres,, qui se pique
de cet esprit-là. Il le reprit avec
beaucoup de finesse et de bon sens.
li Univers en prit acte et lui fit re
marquer néanmoins qu'il serait bat
tu. Il se retourna très agilement con
tre l'Univers, mais courtoisement, com
me c'était d'usage entre nous. Si nous
avions su que c'était notre dernière ren
contre, combien nous noua serions ap
pliqué à le faire réfléchir sur le terri
ble problème qu'il cherchait sans cesse
et qu'il évitait toujours !
Nous nous hâtons de donner ce sou
venir et ce témoignage à M. Guéroult,
avant les oraisons funèbres que prépa- 1
rent ceux qui furent en un sens plus
qué nous ses amis. Ils lui rendront des
nommages auxquels nous pourrions
nous associer et que nous ne voulons
pas contredire. Nous espérons que la
mort lui a laissé la minute, lui a ap
porté l'éclair dont il avait besoin, qu'il
a revu la prière de son enfance, que
la miséricorde infinie lui a tenu comp
te de sa fermeté à protester contre là
matière et le néant.
Louis V hdillct.
M. Adolphe Guéroult, ancien député,
rédacteur en chef de Y Opinion nationa
le, vient de mourir à Vichy. Nous man
quons de détails sur ses derniers mo
ments, et nous n'en espérons guères
qui nous puissent consoler. Ce mot
n'est pas de trop, la mort de M. Gué
roult nous afflige. Encore que nous le
connussions peu et que nos rapports
avec lui ne fussent pas fréquents, nous
avions pu apprécier ses qualités gracieu
ses, l'aménité de son esprit et un fond
de sentiments bien meilleurs, à notre
avis, que ses idées philosophiques, sa
situation politique et tout son journal.
Nos lecteurs peuvent se souvenir que
nos dissentiments avec M. Guéroult
étaient profonds, non pas amers. Il;
avait, depuis longtemps, hélas! aban
donné le christianisme, mais il se dé- :
fendait de l'athéisme, il ne voulait pas
être athée. Il s'arrêtait, l'on pourrait
dire il se cramponnait au déisme. Le'
déiste est encore un homme qui cher
che, même lorsqu'il est déjà un hom
me qui croule.
En ce temps-ci, c'est quelque chose
de chercher; il y a quelque mérite à
ne pas vouloir crouler, à résister con
tre l'effroyable penchant d'aller au fond.
C'était le caractère d'esprit de M.- Gué
roult, et ce qui, malgré son aversion et
quelquefois son animosité contre l'E-?
glise, maintenait entre nous une sorte
de sympathie. Quant nous nous ren
contrions dans le cours d'une polémi
que ou le lendemain, il ne nous coûtait
pas de nous aborder et d'en causer ;
et je voyais qu'en somme, ce révolu
tionnaire qui aimait les lettres et-ne
pouvait pas rompre avec la pensée, ne
voulait pas non plus rompre avec Dieu.
Peut-être qu'il ne savait pas tout à fait
lui-même à quel point son éloignement
de l'Eglise affaiblissait en lui cette
notion de - Dieu dont il faisait et qui
était la gloire de son esprit.
Je ne l'ai pas connu assez pour re
monter aux causes de son écart. Cela
était loin. On sait qu'il avait fi
guré parmi les premiers adeptes du
saint-simonisme ou plutôt de l'Enfan-
Nous recevons de M. Pradié la nou
velle lettre que voici :
Monsieur le rédacteur,
Permettez-moi de protester contre cette in
terprétation d'une de mes phrases, qifon
pourrait sauver le pays en dehors des principes.
On ne le sauvera, au contraire, qu'en réta
blissant leur empire ; et un des moyens, c'est
de reconstituer l'unité de l'Assemblée, bri
sée par deB manœuvres que je n'ai pas à dé
voiler ici. Je proteste aussi contre l'assimila
tion que vous faites de notre projet de réu
nion avec celui du parti national.
Agréez, monsieur, l'hommage de ma haute
considération.
P. P radié,
Dôputô de PAveyron.
Nous bornerons' nos, observations à
une seule remarque. Dans notre arti
cle nous n'avons dit nulle part que
M. Pradié songeait à sauver 1 e pays en
dehors des principes. Nous avons dit
que travaillant à sauver l'Assemblée?
il acceptait comme clause principale
de l'alliance entre les hommes de tous
les partis, le silence, sur les principes
sans lesquels nous, n'estimons pas que
l'on puisse sauver même l'Assemblée.
Voilà tout le fond du dissentiment en
tre l'honorable député de l'Aveyron et
nous. Voilà ce qui nous laisse très
sceptique à l'endroit du succès de sa
tentative* Mais nous connaissons trop
bien la solidité de sa foi et la direc
tion réelle de ses vues politiques pour
avoir jamais pensé et dit qu'il voulait
sauver le pays en dehors des principes."
Sur ce point, sa protestation serait
trop légitime, si elle ne reposait sur
une légère inexactitude, et nous n'a
vons qu'à lui donner raison. Quant à
l'assimilation de son projet avec celui
du parti national , nous ne l'avons pas
admise légèrement, et jusqu'à présent
rien ne prouve que nous devions chan r
ger d'avis.
' AuausTB Roussn.
M. Schnerb, après avoir insinué que
Y Univers pourrait bien avoir armé les
assassins de don Amédée, se contente
aujourd'hui de soutenir que, d'après le
récit de notre correspondant, les assas
sins, sont « de simples farceurs aux
gages du gouvernement. » Si M.
Schnerb tire de nos lettres cette ctm-
clusion, il n'est pas heureux, car notre
correspondant a suivi pas à pas le ré«
N* 18 60. —. Edition quotidlannoï
.zJ ,
/
Mercredi 24 Juillet i 872
PARIS
Un an....... £8 fr.
Su moisSO "
Trois mois**•••••••*••••••••••*••••* ^/i
«P 9
Le numéro, à Paris : 15 estât, 4 v s
— Départements : 20 f»-S : j * |r j
BUKEAUX \ v ^ y IE
Paris, 10, rue des Saints-Pères.
On s'abonne* à Rome, via delle Stimata, 22,23,24.
DÉPARTEMENTS '
On an..;......;...., ,rti 88 fri
Six mois.................... 50
Trois dois.16
Édition seml-qnotldlenne
Unan,32fr.—Six mois, 17 fr.—'Trois mois, 9 Cf.. ;
L'Univers ne répond pas des n^anuscrits
a. cil. UGEAHGÏ, CEW « O», 6, «lut d« in ton*.
MM. les abonnés dont l'abonnement ex-
pire le 31 juillet sont priés de le renouveler
le plus tôt possible s'ils ne veulent éprouver
poste on on bon à vue sur Partis.)
AVIS IMPORTANT
Il est indispensable de joindre à toute
réclamation ou changement d'adresse l'une
des dernières bandes.
FRANCE
PARIS, 23 JUILLET 1872
Le 20 juillet, le Saint-Père recevait
les anciens employés de la police que
lui présentait Mgr Randi. A une adres
se lue par M. le marquis Pie Capra-
nica, assesseur, Pie IX a répondu par
un discours que reproduit YOsservatore
romano et dont voici la traduction :
s Gomme tant d'autres adresses, la
« vôtre arrive au pied du trône du Vi-
« caire de Jésus-Christ. Vous représen-
« tezla classe des employés de là poli-
« ce, cette classe appelée ,à maintenir
;« Tordre, à préserver la société des
« troubles et à punir les délits. Votre
« institution me rappelé un fait qui la
« regarde : seulement ce fait a 22 ou
« 23 siècles de date.
« Il y avait en Israël un roi qui écri-
« vait des livres inspirés par l'Esprit-
« Saint. Dans oes livres, il est parlé
« d'une vierge sainte, épouse nouvelle
« qui allait cherchant pendant la nuit
« l'objet de ses désirs et de son Amour.
« Elle courait seule par les rues de la
« ville quand elle fat rencontrée par
« les veilleurs, invenerunt me vigiles,
« lesquels lui demandèrent : Qui cher-
« chez-vous à cette heure avancée? Et elle
« répondit à leur demande. Les temps
« étaient si sûrs alors qu'une femme,
« une jeune fille, pouvait aller seule
« la nuit par la ville.
« L'Ecriture, qui parle de choses si
« petites-et de peu d'importance, com-
« me du chien de Tobie, etc., ne dit
« pas qu'il y eût dés voleurs en ce
« temps» D'où vous pouvez conclure
« que l'ordre régnait dan^ Israël. .
■«..•Et cependant il y avait beaucoup
« à voler. Il y avait un roitrè3 riche,
« auquel line reine avait apporté de
« l'or, des pierreries et des objets pré-
« deux. Je ne dis pourtant pas qu'il
« n'y avait point de voleurs. Il y en â
« toujours eu. Mais l'Ecriture n'en
« parle pas, et cela montre qu'ils n'e
staient pas en grand nombre.
« Vous êtes, vous autres, les succes-
« seurs de ces veilleurs dont parle ce
« roi très sage* Mais on vous a mis au
« repos et vous n'êtes plus que les spec-
« tateurs de ce qui se passe tou3 les
« jours. Moi, je ne vois rien, mais je
« lis. Je lis qu'un receveurs'est enfui
'« avec la caisse, et non invertit vigiles ; je
« lis qu'un autre a emporté d'autres
c fonds publics, et ■ non invenit vigiles ;
« je lis que lès voleurs enfoncent les
« portes des maisons, et non invenerunt
« vigiles. Ces vigiles, cependant, sontve-
« nus et se sont montrés dans un sou-
« lèvement de la place publique qu'on
« dit républicain. Mais ils sont inter-
« venus d'abord comme témoins, et
« avec une telle attitude, qu'ils sem-
« blaient être là ad coîifinnandam auda-
« ciam. Puis ils ont montré quelque ac-
«. tivité, quelque énergie, et les trou-
« bles ont cessé.
'« Peut-être dans les jours qui sui-
« vront, au moment des élections ad-
« ministratives, ces bandes de l'émeute,
« prêtes à servir qui les commande,
« se représenteront-elles de nouveau ;
« en ce cas, je me recommande à ces
« vigiles pour qu'ils nous laissent cette
« liberté qu'ils nous ont voulu oç-
« troyer, de donner notre vote et d'é-
« mettre notre avis selon notre côn-
« science.
« Ils ont dit que nous voulons une
« réaction armée. Calomnie et folie
« que cette réaction armée. La réac-
« tion que nous désirons c'est que des
« hommes honnêtes se montrent afin
« de protéger la jeunesse, qui doit être
« élevée selon la morale, les bonnes
« mœurs et la religion. Telle est la
« réaction que nous désirons. Au res-
« te, les grandes réactions sont dans 1
o les mains de Dieu, et Dieu pensera à
a les faire.
« Et puisque tout est dans les mains
«. de Dieu, je terminerai comme je
« termine souvent. Que devons-nous
" « faire? Ce matin même, j'ai reçu des
« lettres qui me demandent d'écrire
« des circulaires afin de faire prier
a partout, afin que le Seigneur vienne
« à notre aide. Il n'y a rien à espérer
« du monde; mais d 'un moment à
« l'autre il peut venir un homme en-
« voyé de Dieu, et il nous reste à
a prier afin que Dieu mette la main
« au trésor de ses miséricordes, qu'il
« éloigne les impies et ramène des
« jours de paix et de tranquillité.
« Quant à moi, je vous le dis, je dé-
« sire finir ma carrière dans cette
« paix et dans cette tranquillité de
« l'âme.
« Mais ces jours viendront, j'en suis
« sûr. Comment et quand ? je ne le
« sais, mais ce sentiment est en moi
« parce que dans le-monde^on-prée
« beaucoup et qu'il y a une grande
« confiance dans le triomphe de cette
« cause, qui est la cause de la justice,
« de l'ordre, de la religion, en un mot
« la cause de Dieu.
« Accélérons donc par la prière
« l'heure où Dieu décidera favorablé-
« ment de sa cause. Prions afin qu'il
« nous bénisse. Oui, mes chers enfants,
«je vous bénis, et que ma bénédic-
« tion descende sur vos personnes,
« sur vos familles, sur vos affaires ;
« qu'elle vous accompagne dans le
« temps, qu'elle soit présente à l'heure
« de votre mort, et devienne le chant
« que vous ferez retentir dans l'éter-
« nité.
« Benedictio Dei, etc. »
L'EMPRUNT
L'Emprunt est officiellement an
noncé; il n'y a pas d'autres nouvelles
financières.
L'émission aura Heu le 28 et le 29
courant ail taux de 84 SO ; les délais de
versements s'étendent à vingt mô'ô,
toutefois nous ferons remarquer que
ces vingt mois ne commençant à cou
rir-que le 21 septembre, le délai réel
est de vingt-deux mois.
Une partie des gens de Bourse trou
ve le taux de 84 50 trop élevé d'un
franc, ils pensent qu'il eût été plus a-
vantageux de donner le titre à 83 50.
L'Etat, disent-ils, eût fait ainsi un sa
crifice apparent qui eût été compensé,
et au delà, par la rapidité du classe
ment. Trois milliards cinq cents mil
lions ne sont pas une petite somme
que l'épargne puisse absorber en un
moment; le travail d'assimilation, lors
qu'il s'agit d'une masse de titres si
considérable, est très long, très péni
ble et peut être indéfiniment contrarié
par les circonstances politiques. Il im
porte donc d'y faire concourir les capi
taux, afin qu'il s'opère aussi prompte-
ment que possible et le bon marché
est en ce cas la raison d'acheter sou
veraine.
Le raisonnement est spécieux, pour
tant nous ne nous y rendons pas. Le
cours de 84 50 est a notre avis sage
ment calculé de manière à concilier
les intérêts du Trésor et ceux des capi
talistes.
Qu'on suppose l'émission à 83, croit-
on que la souscription eût été beau
coup plus considérable? Personne ne
le soutiendra sérieusement ; la sous
cription est couverte d'avance. Quant
a%classement véritable, nous souhai
tons qu'il ne rencontre jamais d'autre
obstacle que cette différence en trop,
dë'i fr. ou 1 fr. 50, car répartie sur 21
versements, elle donne pour chacun
d'eux nne surcharge infinitésimale.
Disons la vérité tout entière, c'est là
spéculation seule qui va faire le prix
réel de l'Emprunt et qui en rendra l'é
coulement plus ou moins pénible ; le
cours de 84 50 même, en concédant
qu'il soit un peu trop élevé, n'aura sur
lensemble de l'opération aucune in
fluence appréciable.
Gomment les choses vont-elles se
passer?
La souscription définitive, celle du
public, qui est le dernier preneur et
qui doit garder la petite coupure en
portefeuille, celle-là n'enlèvera pas
plus du tiers de la somme offerte^ soit
un milliard. Nous ne croyons pas, en
effet, qu'il y ait plus d'tm milliard de
petite épargne disponible, à heure fixe, en
dehors des capitaux de banque, de
commerce et d'industrie. Ce milliard
absorbera sur-le-champ le tiers de
l'Emprunt ;ille libérera et le fera dis
paraître sans retour.
Que deviendront donc les deux au
tres milliards et demi ? Telle est la
question essentielle.
La spéculation, c'est-à-dire la ban
que, les grands capitalistes et les
joueurs auront souscrits le reste, mais
non pour le garder; ni un banquier ni
un grand capitaliste, ni un joueur ha
bitués à tirer de leur mise un intérêt
de 10 à 15 pour cent, dont le métier
est d'avoir toujours de l'argent dispo
nible, n'achètent de titres pour les
conserver comme fait un bon bour
geois. Ils achètent pour garder en
caisse pendant plus ou moins Long
temps et revendre ensuite au public
avec bénéfice, à prime comme on dit
dans le langage de la bourse.
Ils sont les intermédiaires très utiles,'
nous disons même indispensables, en
tre l'Etat et les derniers acheteurs; ils
ramassent en gros, gardent et reven
dent en détail la quantité de: rentes
que le public ne serait pas assez riche
pour acheter tout de suite, mais
qu'il sera capable d'acheter, sans au
cun doute, a mesure qu'il aura re
constitué de nouvelles économies.
S'il faut trois ou quatre ans à la
France pour gagner deux milliards et
demi à l'aide de son sol inépuisable
et dé sa merveilleuse industrie, les
banquiers auront à garder l'excédent
de l'Emprunt non classé pendant ces
trois ou quatre années, ils l'écouleront
par petites quantités au prorata des
demandes qui se produiront sur le
marché.
Leurs «capitaux seront employés à
cet usage et ne se dégageront que peu
à peu; il est donc juste que le public
en faveur de qui il les employent leur
en' paye le loyer ; cette rémunération
est représentée par la prime ou écart
qui s'établit entre le cours d'émission
d'un titre et son prix ultérieur.
■ - L'-Emprunt nouveauémisà 84 50
vaut déjà à la Bourse 86; selon les
probabilités, il vaudra bientôt et suc
cessivement 87, 88, 89 et 90.
1 On comprendra maintenant que le
prix d'émission de notre Cinq, pourvu
qu'il soit de quelque peu au-dessous
du prix moyen actuel des autres bon
nes valeurs, n'a que fort peu d'influence
sur son classement définitif. C'est le
taux de la prime qui décidera le suc
cès de l'opération. Deux milliards et
demi sont entre les mains des ban
quiers. C'est là t pou? ainsi dire* une
nouvelle émission qu'ils sont libres de
faire au prix qu'il leur plaira d'éta
blir. ;
S'ils sont raisonnables ( et si leurs
Conditions sont modérées, ils en écou
leront la plus grande partie à 88. Le
public ne trouvera pas encore le Cinq
trop cher à ce prix. A l'aide de la paix,
delà reprise du commerce et d'une
politique d'apaisement, Ja dernière'
partie du stocK pourra se placer entre
89 et 90, mais lentement et par petites
quantités; n'oublions pas qu'une par
tie du Trois, une partie du Cinq an-
bien, et une foule de bonnes valeurs
flottent encore sur notre marché et fe
ront concurrence à l'Emprunt nou
veau.
L'écueil serait la précipitation et
l'exagération de là hausse. Que les
banquiers nous poussent sur-le-champ
à 90; comme l'argent manque pour
les achats sérieux, des quantités énor
mes prises par les joueurs et pénible
ment reportées pendant quelques mois
retomberont de tout leur poids sur le
marché et le remettront plus ba3 qu'il
n'était après la guerre.
L'opération sérieuse commencera
après l'émission ; il est nécessaire
qu'elle soit conduite avec patience, sa-
? fesse et fermeté ; tel est le motif pour
equel on a généralement demandé
que l'Etat s'entendît avec la haute
banque et constituât, à certaines con
ditions, un syndicat assez puissant
pour gouverner, soutenir, diminuer
fieu à peu et finalement vendre jusqu'à
a dernière coupure cette masse de ti
tres, qui doit se fondre et disparaître
dans la masse de la nçtlon.
La démocratie financière a besoin
d'être menée et tenue comme l'autre:
livrée à elle-même, elle bouleverserait
comme foi^t les forces aveugles lors
qu'elles sont déchaînées. Il est bon
qu'on pense et : que l'on calcule pour
elle, quoiqu'elle ait la prétention de
tout savoir sans avoir jamaié rien ap
pris. ' ,
A toutes les demandes qui nous sont
adressées relativement à la convenan-
cà et â 1 avantage de souscrire, nous
repondons une fois de plus qu'outre
l'intérêt national, aucun placement
sur fonds d'Etat n'est actuellement
égal à celui qu'offre l'Emprunt-nou
veau.
La plupart des Rentes étrangères ont
monte considérablement; celles de pre
mier ordre se trouvent aujourd'hui ca
pitalisées au-dessous de 6 p. 100 ; les
autres, si elles offrent un intérêt su
périeur à 6, n'offrent ni les mêmes
avantages de négociation ni la même
sécurité que notre Cinq. Le Cinq est
donc préférable.
Nous croyons aussi à la hausse de
ce dernier fonds ; il est probable, que
sans monter à l'excès comme l'Em
prunt 1871, il atteindra facilement le
cours de 89.
Voici le tableau de la somme d'argent
qu'il faut verser pour souscrire une
somme de rentes déterminée ; il per
mettra à nos lecteurs de voir d'un seul
coup d'oeil la quantité d'Emprunt qu'ils
sont en mesure de demander.
On estime généralement que l'émis
sion sera couverte trois fois.
TABLEAU
DU VERSEMENT
Pour
5 fr. de rente, verser
14 50
s
10
—
29
»
»
20
—
58
u
»
• 30
—
87
»
»
40
■
. 116
u
»
50
145
»
D
60
—
174
»
»
70
— -
203
»
»
80.
—
232
9
»
90
—
261
»
»
100 1
■ —
290
»
»
200
—
580
1)
»
300
— ;
870
»
»
400
— ■
1.160
»
))
500
_
1.450
»
»
1.000
. : — -. i .
2.900
»
i» ,
1.500
—
4.350
»
U
2.500
—
7.250
»
1)
o. 000
—
14.500
))
))
10.000
—
29.000
»
))
25.000
72.500
. »
rins, de 3 fr. le gingembre et l'éther, etc.,
efc. Tous ces chiffres et une foule d'autres
n'ont fait, du reste, aucune difficulté, bien
que M. Testelin soit venu, au nofii des pKar-
maciens, plaider gravement pour Tabès, le
quinquina et le copahu. M. Testelin est doc
teur, quasi-pharmacien par conséquent,, et
tout à fait orfèvre. Son intervention ne sau
rait faire de surprise et fi*a pas eu d'effet.
IVLiis où l'on s'est battu avec acharneflient,
c'est sur la question des huiles.■ Là-dessus,
M. Clapier, qui est de Marseille,, n'entend
pas plaisanterie, par la bonne raison qu'à
Marseille la fabrication d'huiles s'alimente
des graines oléagineuses étrangères et que si,
non content des. 6 francs d'importation par
100 kilog. que le gouvernement fait payer à
ces graines, la loi nouvelle impose de 14 fr. par
100 kilog. à la fabrication intérieure, celle-ci
ne pourra subsister, c'est du moins ce que
prétend M. Clapier, et pour amadouer la
commission et l'Assemblée, il offre de rem
placer l'impôt nouveau par 12 millions que de
notables commerçants promettent de payer
chaque année, si on les-veut délivrer du
nouvel impôt. Entre nous, des propositions
de ce genre sont fort malhabiles, car elles
achèveraient de prouver, s'il en était besoin,
que l'industrie de Marseille ne sera pas
ruinée par le nouvel impôt.
C'est ce que soutient M.Paris, avec'des ar
guments qui semblent bons et des chiffres
qui sont meilleurs encore. M. Paris est d'Ar-
ras, au centre de nombreux moulins qui fa
briquent, aussi de l'huile, bien placé par con
séquent pour connaître la matière et en dis
courir. Il le fait avec clarté, compétence et
intérêt. Il y môle môme une pointe d'ironie,
quand il met en comparaison le patriotisme
artésien et le patriotisme marseillais, le der
nier faisant des façons pour supporter les
charges que le premier subit sans mot dire.
A ce point, la bataille devient plus vive.
M. Pouyer-Quertler s'y jette par des inter
ruptions fougueuses, puis M. Leurent s'atta
que à son tour au député de Marseille, que ne
ménagent ni M. Thiers, ni M. Tesserenc de
Bort. Bref, M. Clapier se retire vaincu de
ce duel mémorable qui enrichira les indus
triels marseillais de 12 millions d'aumônes
volontaires, sous la condition d'en payer un
peu plus par voie d'impôt.
C'est maintenant le tour du pétrole que le
nouveau projet frappe d'un impôt de 60
pour 100, et que M. Paul Morin voudrait
défendre. M. Morin trouve que c'est trop, et
M. Thiers soutient que ce n'est pas encore
assez. Le pétrole, dit très bien M. Teisse-
renc de Bort, a conquis une malheureuse cé
lébrité, et si nous pouvons lui faire restituer
sous forme d'impôt une partie des millions
qu'il a coûtés à la France, nous n'y manque
rons pas. -
La majorité applaudit, et MM. les députés
du pétrole eux-mêmes se taisent. Damel ils
sont ministériels présentement, et cela leur
commande une certaine tenue pour quelque
temps.
La séance, après le vote sur les candidats
au conseil d'Etat, que je me borne à vous si
gnaler, se termine par un incident qui n'est
pas sans importance, M. de Belcastel avait
déposé une demandé d'interpellation sur Ja
politique intérieure, et il s'agissait d'en fixer
le jour. M> Dufaure voudrait bien la suppri
mer, mais forcé de prendre un biais,il déclare
qu'il s'est entendu avec M. de Kerdrel pour
que le gouveruement donne des explications
dans les bureaux à la commission chargée
d'examiner la loi de prorogation. Après quoi,
si les explications ne paraissent pas satisfai
santes, l'interpellation Belcastel pourra se
produire utilement.
M. de Kerdrel, qu'on ne s'attendait guère '
à voir en cette affaire, parait & son tour & la
tribune. Il explique Bon avis, qui est pareil à
celui de M. Dufaure, et s'étend sur les incon
vénients d'une interpellation à l'heure qu'il
est. Plus tard, si les explications du gouver
nement dans les bureaux ne sont pas satis
faisantes, on avisera. Cela dit, M. de Ker
drel, radieux comme la mouche du coche , B 'é-
pongs et se donne de l'air. '
Mais M. de Belcastel n'entend pas que
M. de Kerdrel se permette de décider ainsi
d'une question qu'il n'a certainement pas
qualité pour résoudre de la sorte. Acceptant
volontiers de remettre son interpellation
après l'emprunt, M. de Belcastel n'admet paB
qu'elle puisse être enterrée, même au cas où
les explications gouvernementales jobtenues
dans les bureaux seraient satisfaisantes. Même
alors, dit avec raiBon M. de Belcastel, il se
rait plus digne tout à la fois de l'Assemblée
et du pays que ces explications fussent pro
duites publiquement.
Il demande donc la fixation d'un jour pour
la discussion; mais la Chambre, toujours
faible, décide que l'on ne fixera un jour, si
on le fixe, qu'après le résultat des explications
échangées dans les bureaux. Notons que plu
sieurs députés, notamment M. de Grammont,
osaient bien proposer le 4 novembre comme
jour de la discussion. A ce qu'il paraît, ces
messieurs sont satisfaits de l'état des choses
et n'éprouvent pas le besoin d'y voir pluB
clair 1 Heureuses gens !
Mercredi, scrutin complémentaire pour
l'élection des conseillers d'Etat restant à
nommer.
Ces quatorze candidats ayant obtenu
la majorité absolue, ont été proclamés
membres du conseil d'Etat.
Ceux qui ont obtenu ensuite le plus
de voix sont :
MM. de Montesquiou 309 voix.
Pascalia. 303 —
Sylvy 297 —
Hérold... 296 —
Labiche 295 —
Léopold de.Gaillard. .. 287 j —
Bourgeois... 283 -—
de Lasteyrie. 281 —-
Hervé........... ;... 278 —
' de Batlomayre 273 -
du Theil. 271 — ,
Pidoux.............. 268
! Pascal. 266 —
de Circourt 266 —
CabentouB 254 —
i Didier.. 230 —
Cochut 246
Versigny 244 —
Audiganne 241 t -
Valentin. 226 ■—
Edmond Blanc 192 —
de Loinville. 161 — ..
de Lavenay 140 —
L'Assemblée a décidé qu'il sera pro
cédé mercredi à un second tour de
scrutin, pour l'élection des huit con
seillers d'Etat restant à nommer. ,
Les choix déjà faits sont satisfai
sants, et quelques-uns même sont très
louables. Parmi les candidats qui vien
nent en bon rang après les élus, nous
voyons avec plaisir des hommes d'ex
périence et de valeur. La politique
et la camaraderie n'ont donc pas. eu
dans ce premier vote toute la .part que
la liste officielle faisait redouter. Ce
pendant, il est singulier de voir, parmi
les candidats présentés comme « pu-
blicistes » M. Léopoldde Gaillard l'em
porter sur M. Edouard Hervé.
En tant que publiciste, on n'aurait
pas cru que celui-ci pût être classé
après celui-là, et le jugement de la
majorité paraîtra bizarre.
Nous engageons nos amis à ne pas
se croire obligés de donner place à
« l'élément républicain » dans lé* con-
seil d'Etat; MM. Hérold et Labiche doi
vent être laissés de côté. Ce sera l'af
faire de M. Gambetta de les casser.
Le Rappel veut-il compromettre le
succès de l'emprunt? Voici ce qu'il dit
ce matin, par la voix de M. Lockroy,
l'aimable et pincé M. Lockroy :
Les gens qui apporteront leurs épargnes
au gouvernement, les dimanche 28 et lundi
29 du présent mois, vont fonder la Républi
que.
La masse des citoyens suppose qu'il
s'agit de payer la rançon de la France,
rançon que nous vaut l'Empire et que
la République a bien renehérie. Le!
pincé M. Lockroy ne saurait être de
cet avis vulgaire : il lui convient d'in
sulter aux malheurs de la France et de
démontrer que le dé?astre de la patrie
est la chance de la République.
Daù2 son style de petit gracieux
pointu, vouiaiîi viser à l'éloquence et
i i la profondeur politique, M. Lockroy
s'en prend à la monarchie. 1
La France, déclare-t-il, va noyer, diman
che prochain, une chienne enragée qui s'ap
pelle : la monarchie. Pour qu'elle ne revienne
jamais sur l'eau, il faut que nous lui met
tions un poids de trois milliards au cou !
Qu'il a d'esprit et que ces choses sont
dites avec grâce !
On nous écrit de Versailles, le 22
juillet :
J'aurais fort à faire s'il me fallait vous
rendre compte, par le détail; de la séance
d'aujourd'hui. En effet,elle a été presque en
tièrement remplie par des discussions dé dé
tail sur les objets désignés aux articles du
projet d'impôt sur les matières premières. Or
j'avoue modestement mon incompétence dans
la question de savoir si c'est une exagération
d'imposer de 100 fr. les 100 kil. d'yjéca-
cuanha, ds 25 fr. les 100 kil. de jalap et de
rhubarbe, de 8 fr. les 100 kil. de musc et de
salsepareille, de $ fr. l'opium et les taba-
Voici le résultat du dépouillement
du scrutin pour le conseil d'Etat :
Nombre des votants..
Majoritéabsolue.....
623
312
Ont obtenu :
. Dumartroy.
582 voix.
Groualle
573 —
Auroc
569 —
Collignon
561 —
Goussard
559 —
Tourret
549 —
Saglio
545 —
Tranchant
539 —
Odillon Barrot
375 —
Andral.
368. —
Ua Châteaurenard.....
362 —
Marbeau
362 —
De Ségur v
342 —
Le Trésor de Laroque *
327
tinisme, et jusqu'à porter l'habit, ««
qui est une preuve 4rès honorable de
sincérité ; car alors on ne songeait
pas aux affaires, et c'était un mauvais
métier dans le sens bourgeois. Il avait'
ensuite passé par le Journal des Débats,.
funeste école au lendemain des illur ;
si on s perdues! Il est probable aussique
sa première éducation chrétienne n'a
vait pas été très solide. Enfin, il est de
venu grand ennemi de l'Eglise et de la
religion catholique, ennemi injuste,
ennemi violent, non pas toutefois gros
sier et brutal, comme il eut le tort
de permettre qu'oir le fût autour de
lui. Et ce n'est pas lui, quoiqu'il en
Ïmisse répondre, qui traita de vermines :
es Petites-Sœurs des pauvres et les
Filles-de-Charité. Si conversation le
montrait non-seulement plus poli, mai»
meilleur. Quand on l'avai| entendu, on
se disait que s'il avait le bonheur que
Dieu,ne le prît pas dans les redouta
bles entêtements du combat public, «t
lui donnât le temps de quelque ré
flexion silencieuse, .alors il réussirait &
ne pas crouler et même il pourrait re
monter.
Pendant le siège et après, jusqu'au -
moment de la Commune», il combattit
très fortement et très hardiment le
parti- athée et sanguinaire dont il en
trevoyait le triomphe. Ce fut au bureau
de Y Opinion nationale et sur la convo
cation de M. Guéroult que les écrivains'
de tous les partis, se -, réunirent pour
protester contre les premières, entre
prises des meneurs de la Commune. Il
y risquait- plus qu'un autre, puisque
le" républicain radical- ne pardonne
pas à celui qui fait mine de mo
dération quelconque. Bref, M. Gué
roult avait horreur de l'athée et du
gredin , et il leur disait : Non !
Mais il fallait qu'ils fassent déjà bien
avancés et trop avancés pour qu'il leur
signifiât son dissentiment. 11 adop
tait tous leurs principes et ne se reti
rait que devant les extrêmes consé
quences.
î Une de se3 dernières polémiques fut
contre une fusée athéiste lanceê par
un homme de lettres,, qui se pique
de cet esprit-là. Il le reprit avec
beaucoup de finesse et de bon sens.
li Univers en prit acte et lui fit re
marquer néanmoins qu'il serait bat
tu. Il se retourna très agilement con
tre l'Univers, mais courtoisement, com
me c'était d'usage entre nous. Si nous
avions su que c'était notre dernière ren
contre, combien nous noua serions ap
pliqué à le faire réfléchir sur le terri
ble problème qu'il cherchait sans cesse
et qu'il évitait toujours !
Nous nous hâtons de donner ce sou
venir et ce témoignage à M. Guéroult,
avant les oraisons funèbres que prépa- 1
rent ceux qui furent en un sens plus
qué nous ses amis. Ils lui rendront des
nommages auxquels nous pourrions
nous associer et que nous ne voulons
pas contredire. Nous espérons que la
mort lui a laissé la minute, lui a ap
porté l'éclair dont il avait besoin, qu'il
a revu la prière de son enfance, que
la miséricorde infinie lui a tenu comp
te de sa fermeté à protester contre là
matière et le néant.
Louis V hdillct.
M. Adolphe Guéroult, ancien député,
rédacteur en chef de Y Opinion nationa
le, vient de mourir à Vichy. Nous man
quons de détails sur ses derniers mo
ments, et nous n'en espérons guères
qui nous puissent consoler. Ce mot
n'est pas de trop, la mort de M. Gué
roult nous afflige. Encore que nous le
connussions peu et que nos rapports
avec lui ne fussent pas fréquents, nous
avions pu apprécier ses qualités gracieu
ses, l'aménité de son esprit et un fond
de sentiments bien meilleurs, à notre
avis, que ses idées philosophiques, sa
situation politique et tout son journal.
Nos lecteurs peuvent se souvenir que
nos dissentiments avec M. Guéroult
étaient profonds, non pas amers. Il;
avait, depuis longtemps, hélas! aban
donné le christianisme, mais il se dé- :
fendait de l'athéisme, il ne voulait pas
être athée. Il s'arrêtait, l'on pourrait
dire il se cramponnait au déisme. Le'
déiste est encore un homme qui cher
che, même lorsqu'il est déjà un hom
me qui croule.
En ce temps-ci, c'est quelque chose
de chercher; il y a quelque mérite à
ne pas vouloir crouler, à résister con
tre l'effroyable penchant d'aller au fond.
C'était le caractère d'esprit de M.- Gué
roult, et ce qui, malgré son aversion et
quelquefois son animosité contre l'E-?
glise, maintenait entre nous une sorte
de sympathie. Quant nous nous ren
contrions dans le cours d'une polémi
que ou le lendemain, il ne nous coûtait
pas de nous aborder et d'en causer ;
et je voyais qu'en somme, ce révolu
tionnaire qui aimait les lettres et-ne
pouvait pas rompre avec la pensée, ne
voulait pas non plus rompre avec Dieu.
Peut-être qu'il ne savait pas tout à fait
lui-même à quel point son éloignement
de l'Eglise affaiblissait en lui cette
notion de - Dieu dont il faisait et qui
était la gloire de son esprit.
Je ne l'ai pas connu assez pour re
monter aux causes de son écart. Cela
était loin. On sait qu'il avait fi
guré parmi les premiers adeptes du
saint-simonisme ou plutôt de l'Enfan-
Nous recevons de M. Pradié la nou
velle lettre que voici :
Monsieur le rédacteur,
Permettez-moi de protester contre cette in
terprétation d'une de mes phrases, qifon
pourrait sauver le pays en dehors des principes.
On ne le sauvera, au contraire, qu'en réta
blissant leur empire ; et un des moyens, c'est
de reconstituer l'unité de l'Assemblée, bri
sée par deB manœuvres que je n'ai pas à dé
voiler ici. Je proteste aussi contre l'assimila
tion que vous faites de notre projet de réu
nion avec celui du parti national.
Agréez, monsieur, l'hommage de ma haute
considération.
P. P radié,
Dôputô de PAveyron.
Nous bornerons' nos, observations à
une seule remarque. Dans notre arti
cle nous n'avons dit nulle part que
M. Pradié songeait à sauver 1 e pays en
dehors des principes. Nous avons dit
que travaillant à sauver l'Assemblée?
il acceptait comme clause principale
de l'alliance entre les hommes de tous
les partis, le silence, sur les principes
sans lesquels nous, n'estimons pas que
l'on puisse sauver même l'Assemblée.
Voilà tout le fond du dissentiment en
tre l'honorable député de l'Aveyron et
nous. Voilà ce qui nous laisse très
sceptique à l'endroit du succès de sa
tentative* Mais nous connaissons trop
bien la solidité de sa foi et la direc
tion réelle de ses vues politiques pour
avoir jamais pensé et dit qu'il voulait
sauver le pays en dehors des principes."
Sur ce point, sa protestation serait
trop légitime, si elle ne reposait sur
une légère inexactitude, et nous n'a
vons qu'à lui donner raison. Quant à
l'assimilation de son projet avec celui
du parti national , nous ne l'avons pas
admise légèrement, et jusqu'à présent
rien ne prouve que nous devions chan r
ger d'avis.
' AuausTB Roussn.
M. Schnerb, après avoir insinué que
Y Univers pourrait bien avoir armé les
assassins de don Amédée, se contente
aujourd'hui de soutenir que, d'après le
récit de notre correspondant, les assas
sins, sont « de simples farceurs aux
gages du gouvernement. » Si M.
Schnerb tire de nos lettres cette ctm-
clusion, il n'est pas heureux, car notre
correspondant a suivi pas à pas le ré«
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