Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1872-07-03
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 juillet 1872 03 juillet 1872
Description : 1872/07/03 (Numéro 1839). 1872/07/03 (Numéro 1839).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mercredi 5 Juillet 1872
N* 1839. — Edition quotidienne
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Mercredi 5 Juillet 1872
PARIS
Un an 88 ffr.
Six mois• m 30
Trois mois.■••••«•*••*•••••••••*•■•• 16-,
■ • - K ■
Le numéro, à Paris : 15 cent/C-. / / N
— Départements : 20 » /
■ ■ BUREAU3S 1 ( ^
Paris, 10, rue des Saints-Pères.
■ Ou s'abonne, à Rome, via delte Stimata^ 2?,.23,
DÉPARTEMENTS '
Un an.i. — .nr 88 tr.'
SlX U10IS. ........ ..#... r ili 30
Trois mois......v. 16
\ Édition ïemJ -qnoadîemjo
Unau,3l2fr.—Sixmois,17 fr.—Trois mois,9fr.
U Univers ne répond pas des manuscrits (fui loi sont adressé!.
.. . AlWVOUfCK®
U. Ck. WGR*N6B, SEWé« C'°- 6, ■»!«(«.dtlt trani.
FRANCE
PARIS, 3 JUILLET 1872
Le traité de M. Thiers et de M: de
Bismarck justifie, hélas ! toutes les ap
préhensions qu'il inspirait; Il décharge
deux départements pour charger plus
cruellement "deux autres ; il anticipe
le paiement et retarde la libération. V
- L'ennemi s'éloigne de deux étapes,
laissant derrière lui la porte ouverte,
la.laissant fermée, devant nous. Il ne
se diminue pas d'un fusil ni d'un sa
bré, et nous payons immédiatement et
préventivement cette première ma
noeuvre par le versement de cinq cents
millions. Voilà ce.que le traité nous
assure. Le restç est éventuel et soumis
aux redoutables chances de notre si
tuation intérieure. "
Le Journal des Débats , par l-'organe
imposant de M. Louis Ratisbonne, dé
clare que ce traité est parfait. C'est
au^si, dit-on, l'avis de M. Ernest Picard,
du' 4 septembre. Mai3 M. Picard s l en
tient à ce jugement favorable, tandis
queM. Ratisbonne menace de son tuyau
de plume et taxe d'impiété envers la pa
trie^ ceux qui n'applaudiront pas à la
belle'combinaison de M. Thiers. Le
traité est cruel ; il y a quelque chose
de presque plus cruel à subir la vue et
les cris de ces encenseurs.
Et quelles suites sont possibles et s'an
noncent déjà ! Ces trois milliards une
fois souscrits, dans quelles mains tom
beront-ils? Un crime, une 4 sédition,|un
aceident de rue peuvent les mettre aux
mains du fou furieux dont M. Thiers,
qui l'a caractérisé lui-même par ces
mots, préparé aujourd'hui l'avènement.
On se souvient au sage Marc-Aurèle.
Toute la sagesse, tout3 la modération,
toute la littérature de Marc-Aurèle ne
l'empêchèrent pas de persécuter 'les
chrétiens, dont il méprisait les supers
titions, contraires selon lui au progrès
de la pensée humaine. Elles ne l'em
pêchèrent pas non plus de laisser l'em
pire à Commode, qu'il traitait de « fou
furieux », mais qui avait l'honneur
d'être de son sang.
En écoutant la lecture de ce traité,
qu'elle doit ratifier dans les huit jours,
la plus grande partie de l'Assemblée
témoignait d'une profonde douleur.
Telle était donc la réalité de ces négo
ciations si longuement et si savam
ment exploitées au profit de ce gou
vernement personnel dont l'entêtement
révolutionnaire et l'égôïsmè enfantin
ont avarié nos ruines et disloqué jus
qu'à nos débris. C'est pour arriver là
que M. Thiers a fait ce qu'il a voulu,
et que la Révolution a pu envahir à
peu près tout le territoire que n'occupe
pas ,1'étranger!
Lorsque M. de Rémusat se préparait
à lire les articles, une voix s'est ecriée
de ' la Gauche : — Ecoutez , mon
sieur Rou her ! Et bientôt une autre
voix s'élevant de la Droite a crié :
— Ecoutez, monsieur Favre ! Car M.
Favre, même dans cette circonstance,
a bien osé montrer sa figure. Il y avait,
un troisième nom que la conscience
publique devait clouer là : — Ecoutez,
monsieur Thiers l Ecoutez ce que vous
dites vous-même, un an après que la
confiance de l'Assemblée a tout livré
à votre sagesse et à votre patriotisme !
Et.vous avez remis le Pape à Victor-
Emmanuel, le trésor à M. de B smarck,
l'avenir à M. Gambetta.
Jamais M. Thiers n'a pu marcher
longtemps tout seul. Sés avèntures im
périales ont fini deux fois par l'avorte-
ment. La troisième aura duré diavan-
tage; il l'a menée sans contrôle et sans
frein, elle s'engloutira dans une ca
tastrophe.
Et le remède, dira-t-on? Le remède
serait encore au pouvoir de M. Thiers,
mais il faudrait qu'il fût d'abord dans
son cœur,s et vraisemblablement il
n'y est pas. Il faudrait que M. Thiers
eût pitié de la France ; qu'il mît M.
Gambetta, son héritier présomptif,
hors d'état de nuire, en lieu sûr ; et
qu'ensuite, ayant constitué le pouvoir
définitif en donnant une tête au parti,
conservateur, il s'éloignât à .son tour
Sour se préparer à paraître devant
ieu, qui bientôt lui demandera compte
du premier et du plus abaissé des peu
ples chrétiens. Il n'a pas un plus grand
service à rendre à'"la J nation nî a lui-
même. '
Quant au traité, tel qu'on le présen
te, il est à rejeter, comme ajoutant de
nouveaux risques'à une situation, qu'il
n'améliore en aucun sens. L'Allemagne
nous a assez dicté. Nous avons à payer,
non plus à écrire. Cinq cents millions
afin que deux départements 'ne voient
plus l'ennemi, c'est trop, puisque, Ces
sant de le voir, on ne cessera pasdè le
sentir. Tenons-nous-en où uous som
mes. Inutile de sortir prématurément
de no3 poches trois, milliards, pour en
remettre une partie à M. de Bismarck
et serrer l'autre dans 'une caisse dont
M. Gambetta pourra trop aisément sai
sir la clef.
Louis V edillot.
Le Bien public est méconnaissable.
Autrefois ce journal courtisan était de
belle humeur, passait son temps à
pousser aux nues l'éloge de M. Thiers,
ironisait avec une sorte de bienveil
lance protectrice les fâcheux qui se
permettaient de ne pas trouver, pour
le mieux tout ce qui se fait dans l'en
tourage de la présidence, et du haut
de sa majesté olympique distribuait
l'éloge ou le blâme aux représentants
dont il avait à se louer ou à se plain
dre. Il était sûr de lui-même, prenait
des airs de triomphe, se sentait le
maître et se disait heureux. ,
C'était le bon temps. Mais hélas ! les
délégués ont parlé, et avec eux est par
tie la confiance qui inspirait au Bien
public ces articles uniformément sau
poudrés d'une incurable satisfaction.
Aujourd'hui il grince des dents, il est
en colère, il tonne, il menace, et les
pauvres députés de la droite, qui në
font qu'en rire, sont malmenés de la
belle façon. Quelle est donc la cause
de cette 'cuisante humeur? Le Bien
public nous la livre dans un article qui
a pour titre : La Peau de l'Ours. Il
paraît — chose grave — que la
droite, dont le Bien public s'est tant
moqué quand elle faisait mine de
résister a M. Thiers et quelle subis
sait finalement tous ses caprices, il
paraît, disons-nous, que la droite se
rait enfin lassée de ce. rôle, et
résolue,, au premier prétexte, à mon
trer enfin qu'elle entend ne pas être
impunément bernée. Il convient ici de
citer textuellement le journal prési
dentiel :
pérette qui font la fortune des théâtres de
penre; . u. ■
i Ainsile Bien public a les preuves; il
existe une conspiration, et s'il estime
que cette fois encore les conspirateurs
aboutiront à « un nouvel et gigantes-
3uaavortement », on devine, à 1 entou
re, que ces preuves ne le laissent pas
pans inquiétude. Aussi ne : vetit-il pas
que lés députés se croient à l'abri pour
continuer leur œuvre. Après s'être ré
pété, à lui-même qu'il n'y a point, de
îlariger, sans quoi «. l'autorité eût agi
déjà» il apostrophe encore.les conju
rés en ces termes : j -
' Vous neserezjaïnais qu'une impercepti
ble minorité de politiqueurs, en qui l'on ne
verra que des écervelés tant qu'ils ne sorti
ront pas de leurs salons ou de leurs journaux,
mais qu'on traiterait en coupables si, par im
possible, ils tentaient de transporter leur
rêve du domaine de la chimère dans celui.de.
la réalité.- . •; 1 .> ■
tier général d'Estartus, nous envoie le
billet suivant : " s
Oa n'a pas oublié les rumeurs adroites qui»
h trois ou quatre reprises déjà, ébruitèrent la
formation à peu près définitive d'un triumvir
rat dont l!illustre maréchal Mac-Mahon était
la base et différentes paires d'hommes politi
ques les côtés, — tantôt M. Grévy et M. le
due d'Aumale ; tantôt M. .le général Chan-
garnieret M. le duc d'Audi'Fret-Pasquier,
tantôt tel ou tel groupe plus ou moins fantai
siste. Ces ballons d'essai, dont le premier ra-,
monte au 19 janvier, n'avaient eu jusqu'à
présent qu'un succès de gaieté, non-seule
ment dans le public et à l'Assemblés,- mais
parmi les (hommes honorables immatriculés,
à leur insu dans des combinaisons dont il
était permis de croire la formation impossi
ble.
On y revient cependant et, si nous n'en
avions les preuves sous les yeux, nous n'y
croirions pas encore. Du manifeste on pré
tend passer aux faits, des sommations et des
propositions à l'entrée en scène et à la main
mise, de la démarche à l'action, — acta post
pacta. Cola paraît fou, odieux, invraisem
blable ; mais cela est.
On est prêt. Oa a son personnel que, du
haut en bas de l'échelle, on nomme déjà avec
auesi peu de dignité que de précaution. Chefs
et subalternes, ordres et sous-ordres, gou
vernement, ministres,ambassadeurs, préfets,
chacun s'est nommé, pourvu, casé selon sa
valeur, dont il était le seul juge. Il y en a eu
pour tout le monde et, si nous ne nommons
personne, c'est que, croyant encore à un nou
vel et gigantesque avortement dans îe ridi
cule, nous ne pouvons nous résoudre à voir
autre chose dans ce fourmillement d'ambi
tions évaporées, qu'un de ces complotB d'o-
Que veulent dire, ces insolences et
ces mots de conjurés et de conspira*
teurs, par lesquels 1 ç.Bien public pré
tend caractériser les mouvements légi
times des députés cherchant à rem
placer M. Thiers, s'il prend fan
taisie à M. Thiers de se rétirer?
Ce souci n'est-il pas de Français
avisés et de députés prévoyants ? Il
faudrait donc, au compte du Bien pu-
blic, aller au jour le jour, à l'aveugle,
pour que, lorsqu'il plaira à M. Thiers
de se retirer, ou lorsqu'il disparaîtra,
la France soit livrée le lendemain à
l'anarchie? Ou bien le journal de cour
voudrait-il soutenir que la France est
inféodée à M. Thiers, et .que les dé-
putés, quand ils pressentent l'avenir
et préparent dores et déjà les moyens,
d'y* parer, font contre le pouvoir un
acte de rébellion qui relève des gen
darmes? Tel est évidemment le sens
des menaces du Bien public . Il est bon
de s'en convaincre, afin de montrer
une fois de plus l'attitude factieuse de
ces officieux yiç-à-vis la souveraineté
de l'Assemblée, et afin que la majorité
soit plus nettement encouragée à con
sidérer dans toute son étendue* et à
faire tout son devoir. v
* • " ' A ogusts R oussel.
, ; Environs d'Olot, le 29 juin,
■ , ......... (Quartier général du général Estartus.)
La Providence m'a conduit par la main de "
Barcelone dans les montagnes des environs
d'jQlot, où j'aireçcr du brave général Estar
tus le plus gracieux accueil. Je suis arrivé ]
avant-hier soir très lard, et j'allais vous écrire
ce matin, lorsqu'il a fallu se mettre en route,
en suivant les sentiers les plus pittoresques,
mais les moins fréquentés, et il était nuit
lorsque nous atteignîmes le gîte. Je vous.écris
ce matin quelques mots avant le départ, uni
quement pour vous faire savoir mon arrivée*
et, vous prier de prendre patience, car j'ai be
soin de temps et de recueillement, pour vous
faire part de toutes mes impressions. En at
tendant, je puis vous dire que cette guerre
est le véritable pendant de la guerre ven
déenne : mêmes hommes, avec la même foi et
la même abnégation.
■ . • - < . ■..< H. "
Les forces carlistes de la Catalogne,
sous les ordres de l'énergique général
Tristany, augmentent tellement, nous,
écrit-on de Genève, que les troupes
amédéistea sont sur la-défensive à Gé-
rone, Manresa, Vich, etc., et qu'elles
ne quittent guère les casernes. Les vo
lontaires de la province de Taragone
sont commandées par le colonel du
géoie Frances, très aimé des .popula
tions pour ses talents militaires et la
belle-organisation de ses bataillons. —
; La situation de cette partie de l'Espa
gne inquiète beaucoup le ministre de
la guerre; aussi, il vient d'y expédier
seize nouveaux bataillons.
A Tolède, en Estremadure, dans l'A-
ragon, chaque matin la Gazette nous
annonce, la dispersion d^une bande;
donc elles "* existent. Ajoutons qu'elles
comptent plusieurs milliers de car
listes. ,
On télégraphie de Rome, le 30 juin,
à l'Agence Bavas :
Hier, affluence extraordinaire à la basili
que de SaintrPierre.
Aujourd'hui, le Pape a donné la commu
nion à plusieurs personnes.
Le cardinal Sacconi a été sacré évêque à
Saint-Pierre.
, Mgr Howard, plusieurs prélats et autres
personnages de distinction, le chargé d'affai
res de la Grande-Bretagne, ont assisté à la
cérémonie.
La foule a entonné en musique le motet
Tu es Petrus.
Le Pape, dont la figure rayonnait de joie,
a fait le tour des salles de réception au milieu
des acclamations.
Une nouvelle réception imposante a eu
lieu au Vatican.
Les membres de la société promotrice des
bonnes œuvres remplissaient la paierie Ra
phaël et une partie du musée Statius.
1 er juillet.
La municipalité refusant de continuer la
tradition du Sénat de Rome consistant à of
frir un calice à la basilique du Vatioan, à
l'occasion de la fête de saint Pierre, le prince
Campagnano, président de la Société des in
térêts catholiques, a fait cette offrande au
nom de la ville de Rome.
L'ambassadeur de France auprès du Vati
can prendra prochainement un congé tem
poraire.^
L'intervention des ambassadeurs da France
et d'Autriche à Constantinople a porté ses
premiers fruits. Mgr Kupélian a éié sommé
de se faire relever de son excommunication
avant de recevoir la confirmation de sa
charge patriarcale.
11 est probable qu'il donnera sa démission
plutôt que de consentir à cette démarche.
L'ambassadeur d'Autriche surtout déploie
une grande activité pour amener la solution
de cette question.
Lundi soir, au café Carazza, on a
banqueté en l'honneur des trois der
niers élus, MM. Barni, Bertet Deré-
gnaucourt. Les journaux du radicalis
me nous donnent par le menu les dé
tails de cette fête, où le Champagne a
arrosé dru les expansions éloquentes
de la démocratie. Deux discours ont été
prononcés, l'un par M. Barni, l'autre
par M. Louis Blanc. Tous deux ont re
vendiqué l'avènement de la République
définitive avec des républicains et jeté
l'anathème à 1' « infâme réaction. »
On devine le reste, et nous avons
assez parlé des orgies oratoires de
Gambetta pour nous dispenser d'en
dire davantage sur cette manifestation
nouvelle de ses pâles imitateurs.
A uqu&th R oobsil,
. Notre correspondant militaire d'Es
pagne, heureusement arrivé au quar-
f On nous écrit de Versailles, le 1 er
juillet:
Au début de la séance, M. le président
donne lecture d'une lettre par laquelle M. le
général Trochu annonce qu'il rentre enfin
dans la vie privée, et donne Ba démission de
iléputé du Morbihan.
— line faut pas l'accepter! fait timide
ment une voix, qui doit être celle de M.Jules
Favre, si ce n'est celle de M. Picard, ambas
sadeur en rupture de ban.
C'est d'ailleurs la seule manifestation que
provoque la lecture de cette lettre, quoiqu'elle
ne fût pas attendue de sitôt. Oa a été vrai
ment surpris de voir l'ex-gouverneur de Pa
ris, « qui ne capitula pas », tenir la parole
qu'il avait donnée depuis si longtemps et en
tant d'occasions. Mieux vaut tard que ja
mais. On comprend que le triste citoyen Fa-
vre-Laluyé ne soit pas charmé de cette déter
mination , qu'il n'a pas la moindre envie d'i
miter. Et pourtant, si quelqu'un devait dispa
raître à jamais de la scène du monde, cYst
cet homme-si funeste à son pays, dont la vie
publique et privée renferme assez de misè
res, d'infamies et de crimes pour déshonorer
l'humanité entière. - »
Au moment où M. Grévy donne la parole
& M. Gaslonde contre lè projet d'impôt sur
le shiffre des affaires, on voit entrer M. is
président de la République, porteur de l'ins
trument diplomatique qui va marquer une
nouvelle phase dans nos relations avec nos
rapaces vainqueurs. Désormais, il' est bien
évident que l'attention se porte tout entière
vers ce traité, dont qn est impatient de con
naître le texte. ,
Mais il est précédé d'un préambule parle
mentaire auquel on ne s'attendait guère.
M. le président de la République, appt lé à
la tribune par quelques paroles de M. Gas
londe, affirme, de la manière la plus positivé
et la plus catégorique, que l'impôt sur les
matières premières « impôt chéri "rap
portera immédiatement 42 millions et, après
l'expiration des traités avec l'Angleterre et
^Belgique, 60. Enfin, il est probable que,
grâce aux négociations non interrompues, le
gouvernement pourra obtenir des modifica
tion^, favorables, qui lui permettront d'établir
encore 33 millions de droits, pour arriver au
chiffre total fixé par lui à 93 millions.
Mais ce n'est pas le - moment de discuter
les matières premières, il faut d'abord exa
miner l'impôt sur le chiffre des aflaireB.
M. Baragnon n'admet pas que l'on puisse
faire ainsi abstraction de l'un ou de l'autre
des deux impôts en présence. Le rejet de l'un
entraîne forcément l'adoption de l'autre ; par
conséquent, impossible de se prononcer sur
le chiffre des affaires sans bien savoir au juste
ce que peuvent rapporter les matières pre
mières. Or, sur ce point, il y a entre le gou
vernement et la commission des tarifa des
divergences considérables, un désaccord in-
quiétant.Tandis que le gouvernement se porte
garant d'un revenu immédiat, certain, de
42 millions, la commission, qui d'abord avait
évalué ce revenu à 13 millions, assure au
jourd'hui qu'il ne dépassera pas 5,500,000fr.
Il faut que la lumière soit faite, que la vé
rité soit rendue évidente, car il est impossible
d'aborder le débat au fond, si ce point n'est
tout d'abord élucidé.
M. le président de la~République recon
naît qu'il importe en effet de résoudre tout
d'abord cette question en quelque sorte pré
judicielle. On croit qu'il va donner les expli
cations demandées; mais point. Il est pris à
l'improviste, dit-il ; il n'a pas avec lui ses
papiers. * ,
— Qu'on les aille chercher ! fait un inter
rupteur qui n'entend rien à la politique, et
dont la voix d'ailleurs expire sans écho.
M. Thiers promet de donner plus tard les
explications demandées. Mais on peut bien,
à eon avis, discuter le fond de la question,
l'impôt sur les ventes, en lui-même, impôt
qui non-seulement n'est pas légitime, mais
n'est pas applicable, n'est pas possible.
« Tous les hommes de finances le savent
bien. »
Et comme, sur ce mot, on se récrie vive-
înent au banc de la commission, l'orateur
ajoute, Bans transition : « Il est possible que
je me trompe, je n'apporte ici que mon opi
nion personnelle In
Après avoir renouvelé la promesse d'ap
porter demain les' documents qui doivent é-
difier l'Assemblée, M. Thiers insiste-encore
une fojs pour que*-l'Assemblée discute sans
plus tarder l'impôt Bur le chiffra des af
faires. ,
C'est ce qu'on peut appeler parler pour ne
pas répondre, car M. Baragnon avait préci
sément démontré l'absolue nécessité d'être
au préalable bien fixé sur le mérite de « l'im
pôt chéri, » afin de ne pas s'exposer à rejeter
un impôt mauvais, pour se voir forcé d'en
accepter un autre plus mauvais encore.
M. C'ordier, au nom de la commission, es
saye de donner des explications, auxquelles
personne ne comprend absolument rien. A
la façon dont il s'exprime, il, est permis de
douter qu'il se comprenne lui-même.
: M. Rouher demande la permission d'a
dresser une question au gouvernement. Les
ministériels du centre gauche et de la gau
che tout entière, se mettent à réclamer l'or
dre du jour, la clôture, etc., avec un ensem
ble remarquable. Ils craignent évidemment
que leur cher président né soit embarrassé.
Ils y mettent si peu de mesure, que la droi
te, indignée, demande à M. Grévy d'exercer
son office, de président, en faisant respecter
la liberté de la tribune.
M. Grévy finit par s'exécuter, et par rap
peler ses frères et amis aux convenances par
lementaires.
M. Rouher peut alors poser la question, et
demander que le gouvernement fournisse à
| l'Assemblée les .documents sans lesquels elle
ce peut discuter et voter en connaissance de
cause. Quant à lui, il est aussi affirmatif que
M. le président de la République, mais dans
un sens entièrement opposé. Entre autres
choses, il ne croit pas que l'on puisse impo-'
8)r à aucun degré les matières spécifiées dans,
les traités internationaux. : ,; ;
i M. Thiers réplique sur le ton des discoure
question d». cabinet. Après avoir dit que les
documents^ réclamés par M. Rouher, seraient
trop longs à imprimer (raison dont il ne se
fût point contenté sous l'empire), M. Thiers
s'en prend à M*. -Rouher personnellement, et
lui dit que si la France a perdu sa liberté
commerciale, c'est la faute de l'empire.'
— Oui, c'est l'empire qui nouB a perdus !
Vengez-nous de l'empire ! s'écrie M. lo
marquis de Franclieu.
— Fort heureusement, poursuit M. le pré
sident de la République, s'adressant toujours
directement à M. Rouher, fort heureusement
vous vous vantez, vous n'avez pas fait à votro
pays tout le mal que vous dites. »
Jamais personne ne pourra dira à M.
Thiers qu'il se vante sous ce rapport.
: Ses amis- les démagogues lui décernent une
bruyante ovation, et, quand M. Rouhsr de
mande la parole pour un fait- personnel, ils
font tout au monde pour l'empêcher de par
ler et même de monter à la tribune.. Le»
sieurs Tirard, Briason et Tolàin avec Pres-
sensé, dont l'union toute fimnrnelle a de quoi
édifier les voisins, se font remarquer par une
intempérance de gestes et de" vociférations
qui, en définitive,'profitent à celui auquel ils
s'attaquent. Les hommes de bonne compa~
gnie qui siègent à droite et au centre, pris da
dégoût devant ce déchaînement de violences
républicaines, réclament hautement le silence
pour M. Rouher, qui, personnellement atta
qué, a le droit de répondre.
L'ex-miniâtre de l'empire revendique hau
tement la responsabilité du traité de com
merce de 1860, et déclare qu'il croit rendre
service au pays en empêchant M. Thiers de
le rejeter dans la voie de la protection et de
la prohibition. ~
, Ces dernières paroles provoquent une nou- '
velle explosion. MM. Pouyer-Quertier et le
marquis de Franclieu demandent à parler
sur l'incident, mais l'Assemblée trouve qu'il
s'est suffisamment prolongé, et la clôture en
est prononcée.
C'est alors que M. de Rémusat monte à la
tribune, et, de cette voix chevrotante que
vous lui connaissez, commence la lecture du
fameux traité dont les officieux parlent dé
puis si longtemps déjà comme d'un grand
triomphe diplomatique de M. le président de
la République, a le seul homme de confiance
que M. de Bismarck possède en France ».
Comme le ministre finissait le protocole,'
M. Laurent Pichat, qui cultive particulière
ment l'interruption, s'écrie : « Ecoutez, mon
sieur Rouher! » (On applaudit.) Un moment
après, M. Prax-Paris riposte, avec non moins
d'à-propos : « Ecoutez, monsieur Jules Fa- •
vre ! » (On applaudit de nouveau, et plus fort
que tout à l'heure.")
L'homme de Février et de Septembre, l'a
mi de Laluyé, dont le nom à jamais odieux
ne devrait même plus être prononcé dans une
Assemblée française, se lève et gesticule. Je
ne saurais dire s'il parle, car son impudence
soulève une telle explosion des consciences
révoltées qu'il lui serait impossible de se fai •
re entendre.
Mais voici qu'une voix de justicier retentit
au milieu duiùmulte.
Bmpfïo et République, écoutez tous les deux !
Voilà un vers improvisé qui résume bien la
situation. A fructibus eorum cognoscetis eos.
Les désastres de notre infortuné pays sont
tous dus à la révolution dont l'empire et la
République ne sont que des formes succeE-
sives ; on ne saurait trop le rappeler.
Un passage de la lettre de M. de Rémusat,
où M. Thiers se félicite de « la confiance dont
le gouvernement recueille au dedans comme
au dehors les plus assurés témoignages, » est
accueilli par une protestation unanime de lu
droite et du centre droit, malgré leur résolu
tion bien évidente de garder le silence. On
comprend qu'ils n'aient pu y tenir.
Aucun homme de bon sens n'osait espérer
que le traité fût vraiment bon pour la France.
Hélas! il est' encore plus- crûment mauvais
qu'on ne le craignait. L'impression première
qui en résulte, c'est que les payements sont
anticipés et que l'occupation est prolongée.
FEUILLETON DE L'UNIVERS
DU 3 JUILLET
BEAUX-ARTS
Exposition de 1872
Troisième et dernier article (1)
En énumérant, comme nous l'avons fait
dans notre précédent article, les œuvres qui,
par la nature des sujets et la façon sérieuse
dont ils étaient traités, nous avaient paru re-
commandables, nous avons oublié de men
tionner la MoH de saint Louis , peinte par M.
Glaize fils. Pourtant le n° 713 était noté sur
notre calepin ;• mais un numéro crayonné est
bien vite effacé, et d'ailleurs, il faut bien en
convenir, le Spectacle de la folie humaine , de
M. Glaize père, était resté plus apparent
ria^ a notre souvenir que le tableau calme et
grave de M. Glaize fils. Celui-ci s'efface un
peu dans la partie supérieure du grand Salon,
où M. Gustave Doré fait rage autant au pré
(1) Voir les numéros des 17 et 28 juin,
judice de ses voisins qu'au détriment des in
nocents. C'est donc à la fois ce désavantage et
un oubli involontaire que nous nous empres
sons de réparer.
Les tableaux de "paysage et de nature mor
te, dont les galeries de peinture sont émail-
lées, n'égalent pas les. produits d'horticul
ture qui décorent si avantageusement la ré
gion de la statuaire. Ici la distribution pitto
resque des arbustes et le contraste harmo
nieux du feuillage encadre et fait resplendir
le marbre ; les lauriers et les palmiers ne
sont là que pour ajouter à son éclat. Il n'en
est pas de même là-haut, où toute la végéta
tion est artificielle et entassée dans l'ordre al
phabétique, c'est-à-dire dans l'ordre le pius
désordonné et le mieux combiné pour que
tout ce qui se rapproche se heurte et se nui-
ge. C'est l'échoppe du fripier qui déborde sur
la hotte du fruitier, ou celle du trip er qui
déteint sur le beurre et sur les bouquets. II.
n'y a guère que le parfum des halle3 qui
harmonise le tout ; aussi, parmi nos natu
ralistes, en est-il peu qui n'en soit impré
gné. Quelques-uns cependant résistent à la
contagion : Biaise Desgoffe, par exemple, est
impénétrable. Ses vases d'or ciselés, ses bui-
res de cristal de roche, ses ivoires et ses
perles de cette année ne sont pas moins é-
blouissants que les précédents ; ce sont tou
jours le3 mêmes bijoux dans les mêmes vi
trines, et, sans vouloir les déprécier, on peut
dire que qui a vu ceux-là a vu ceux-ci.
Duns le paysage, les influences climatéri-
ques du Salon agissent davantage. Oa y re
trouve la couleur, les effets, la touche cen-
ventionneile da nos peintres les plus renom,
més. Celle de M. Daubigny B 'épaiseit, celle
de M. Corot s'évapore, et celle de ses imita
teurs s'estompe j Bi bien que l'on n'y voit plus
rien. Tout sefond, toutse noie dans le brouil
lard et dans la mare do Ville-d'Avray, ■
M. Français, du moins, réagit contre ces
influences, et, d'une main ferme et délicate,
il peint non-seulement un vrai paysage avec
de beaux arbres, mais encore, res miranda
populo , avec un premier plan, oui, tin pre
mier plan, tel qu'on en trouve et qu'on en
voit dans la nature quand on sait voir etlora-
qu'on ne veut pas s'épargner la difficulté de
les peindre. C'est une révolution dans le
genre du paysage. Depuis longtemps nous
n'avions rien vu d'aussi audacieux. La jeune
école réaliste avait supprimé ces minuties ;
en fait de premier plan elle trouvait plus
commode de plaquer au bas de seB tableaux
rustiques une paire de vieux sabots ancrés
sur une bouse de vache accostant une belle
signature.
Si M. Françaisestréactionnaire, M. deCur-
zon ne l'est pas moins, car il se distingue par
le charme des sites qu'il représente et par un
mode d'exécution absolument exempt de sys
tème et de routine. La formé, la vigueur, la
lumière éclipsent le métier : c'est l'art sim
ple, vrai et puissant du coloriste et du dessi
nateur, qui dessine et qui colore sans y pen
ser, sans rien omettre, sans rien surcharger.
A voir le Ruisseau des Moulières, et surtout la
Vue de la rade de Toulon prise du coteau des
Tamaris, l'on'croirait que l'artiste a travaillé
sans se douter que ses tableaux, ses études,
ses pinceaux et tout ce que contenait son
atelier, avait été anéanti,"dévoré dahs les
flammes du pétrole. Il semble tout au moins
que l'air de la mer et le soleil du Midi ont
suffi pour ranimer sa confiance dans le talent
qui lui reste et qui vaut plus encore que
tout ce qu'il a perdu.
Nous abandonnons aux amateurs spéciaux
les marines, les poissons et les légumes dont
le marché est abondamment pourvu. Malgré
leurs pelures attrayantes, les ognons du Midi,
de (Mme la baronne de Rothschild, eux-mê
mes, ne sauraient nous tenter. Si c'était des
ognons d'Egypte, passe encore! Mais de
Simples ognons sur un torchon, qu'est-ce
que cela, pour qui n'a jamais pu les souffrir?
D'ailleurs, comment s'étendre sur de pareils
tableaux et s'attarder dans les paysages du
salon, lorsqu'on a à se reprocher d'avoir
laisBé passer l 'exposition des œuvres d'E
douard Bertin sans en parler, sans se donner
la satisfaction de rivaliser avec le rédacteur
du Journal des Débats, M. Félix Clément, et
môme de le dépasser dans l'appréciation lau-
dativa de ces merveilleux dessins ?
L'exposition qui en fut faite au palais des
Beaux-Arts, en mars dernier, nous en mon
trait 295. C'était 294 de plus qu'il ne fallait
pour marquer le rang et la place de feu Bertin
parmi nos paysagistes les plus renommés. Ce
grand dessin, dans lequel on voyait saint
Benoît suivi de ses disciples et conduit par
des anges but les cimes de Sublaco où il
choisit sa demeure, celui-là seul aurait Buffi,
car, en même temps qu'il résumait dans une
peinture idéalisée la grandeur du site et la
majesté des souvenirs qui l'animent, il re
haussait encore un talent d'imitation d'au
tant plus remarquable qu'il n'était pour
l'auteur qu'une forme expressive et translu
cide des impressions de l'âme.
Journaliste par succession, ou d occasion,
Ed. Bertin était peintre par vocation. Il n'est
pas de contrée historique et lointaine qu'il,
n'ait visitée, et partout, sur les bords du Ti
bre, du Bosphore ou du Nil, comme à Su-
biaco,ce peintre infatigable, inconnu dis Pa
risiens, a tracé ces nombreux paysages qiii
sont autant de pages écrites à l'ombre et'dans
le silence des lieux consacrés par les tradi
tions poétiques ou réelles dont il était épri j .
C'est là qu'il vivait, qu'il rédigeait, et qu'il
voyait distinctement la beauté, la vérité, en
fouies dans les cavités mystérieuses des né
cropoles ou resplendissantes dans l'immobi
lité desTuines.
Entrons maintenant dans l'amphithéâtre où
les facultés athlétiques etinteliectuelleé de nos
statuaires se déploient, non sans perdre trop
souvent l'équilibre caractéristique de la force
réelle. Passons lestement devant les faction
naires qui gardent l'éntrée, l'un attaché,
l'autre déchaîné et essayant de s'envoler. Ce
lui-ci est de M. Raffegeaud. Ce n'est rien
moins que la personnification de la libre-
pensée, armée d'une volumineuse brochure,
et drapée dans un jupon de carton goudron
né. N'était le poids de son armure et de ses
grands pieds, cette Loizillon quelconque au
rait bientôt escaladé le ciel importun qu'elle
menace, mais qui ne s'émeut pas plus de la
demoiselle, du bouquin et du chiffon que
s'ils n'existaient pas. Ce jupon-là est une
tentation pour M. Jules Simon ou pour M.
« Charles Blanc ; nous espérons qu'ils n'y suc
comberont pas.
Il y en a d'autres, .mais laissons les éti
quettes graveleuses et les enseignes républi
caines pour ne nous occuper que des statuai
res qui visent au moins à prouver qu'avant
tout ils aiment et savent leur état. Nous en
comptons encore, Dieu merci, et sans nous
dissimuler que parmi eux le naturalisme do
mine, au moins faut-il convenir qu'ils sont
bons praticiens. C'est à ce titre que M* Mer-
cié, l'auteur d'un soi-disant David , a obtenu
la médaille d'honneur. — Son beau jauns
homme n'a de David que l'épée de Goliatb
qu'il rengaîne, et la tête de géant sur laquelle
son pied repose ; sans cet attribut, personne
ne songerait à voir en lui autre chose qu'une
étude savante et un pastiche remarquable da
l'art florentin du seizième siècle.
. Un autre pensionnaire de la villa MédicisJ
M. Barrias, a visé non plus seulement Dona-
tello, mais Michel-Ange, et l'on ne peut pas
dire qu'il l'ait fait mollement, ni seulement
du côté pittoresque. Déjà nous avions appré
cié ce groupe du Serment dé Spartacus, à l'oc
casion de l'exposition des envois de Rome ;
aussi nous contentons-nous cette fois de re
marquer qu'au Salon il conserve Bon ampleur
et marque la place d'un nouveau maître. Au
près de lui la plupart des statues, entre au
tres celles du citoyen Carpeaux, ressemblent
à des pièces d'anatomie sortant de la chau
dière des carabins de Clamart. Une seule ne
porte aucune trace de macération, et o'ept
justement la jeune personne noyée queM.
Schceneweker a décorée du nom de la Ta-
rentine.
Elle a vécu, Myrto, la jenne Tarentine!
Son beau corps a roulé eoub la vague marine.
N* 1839. — Edition quotidienne
; &j'-
V ~ -î h'7 V
Mercredi 5 Juillet 1872
PARIS
Un an 88 ffr.
Six mois• m 30
Trois mois.■••••«•*••*•••••••••*•■•• 16-,
■ • - K ■
Le numéro, à Paris : 15 cent/C-. / / N
— Départements : 20 » /
■ ■ BUREAU3S 1 ( ^
Paris, 10, rue des Saints-Pères.
■ Ou s'abonne, à Rome, via delte Stimata^ 2?,.23,
DÉPARTEMENTS '
Un an.i. — .nr 88 tr.'
SlX U10IS. ........ ..#... r ili 30
Trois mois......v. 16
\ Édition ïemJ -qnoadîemjo
Unau,3l2fr.—Sixmois,17 fr.—Trois mois,9fr.
U Univers ne répond pas des manuscrits (fui loi sont adressé!.
.. . AlWVOUfCK®
U. Ck. WGR*N6B, SEWé« C'°- 6, ■»!«(«.dtlt trani.
FRANCE
PARIS, 3 JUILLET 1872
Le traité de M. Thiers et de M: de
Bismarck justifie, hélas ! toutes les ap
préhensions qu'il inspirait; Il décharge
deux départements pour charger plus
cruellement "deux autres ; il anticipe
le paiement et retarde la libération. V
- L'ennemi s'éloigne de deux étapes,
laissant derrière lui la porte ouverte,
la.laissant fermée, devant nous. Il ne
se diminue pas d'un fusil ni d'un sa
bré, et nous payons immédiatement et
préventivement cette première ma
noeuvre par le versement de cinq cents
millions. Voilà ce.que le traité nous
assure. Le restç est éventuel et soumis
aux redoutables chances de notre si
tuation intérieure. "
Le Journal des Débats , par l-'organe
imposant de M. Louis Ratisbonne, dé
clare que ce traité est parfait. C'est
au^si, dit-on, l'avis de M. Ernest Picard,
du' 4 septembre. Mai3 M. Picard s l en
tient à ce jugement favorable, tandis
queM. Ratisbonne menace de son tuyau
de plume et taxe d'impiété envers la pa
trie^ ceux qui n'applaudiront pas à la
belle'combinaison de M. Thiers. Le
traité est cruel ; il y a quelque chose
de presque plus cruel à subir la vue et
les cris de ces encenseurs.
Et quelles suites sont possibles et s'an
noncent déjà ! Ces trois milliards une
fois souscrits, dans quelles mains tom
beront-ils? Un crime, une 4 sédition,|un
aceident de rue peuvent les mettre aux
mains du fou furieux dont M. Thiers,
qui l'a caractérisé lui-même par ces
mots, préparé aujourd'hui l'avènement.
On se souvient au sage Marc-Aurèle.
Toute la sagesse, tout3 la modération,
toute la littérature de Marc-Aurèle ne
l'empêchèrent pas de persécuter 'les
chrétiens, dont il méprisait les supers
titions, contraires selon lui au progrès
de la pensée humaine. Elles ne l'em
pêchèrent pas non plus de laisser l'em
pire à Commode, qu'il traitait de « fou
furieux », mais qui avait l'honneur
d'être de son sang.
En écoutant la lecture de ce traité,
qu'elle doit ratifier dans les huit jours,
la plus grande partie de l'Assemblée
témoignait d'une profonde douleur.
Telle était donc la réalité de ces négo
ciations si longuement et si savam
ment exploitées au profit de ce gou
vernement personnel dont l'entêtement
révolutionnaire et l'égôïsmè enfantin
ont avarié nos ruines et disloqué jus
qu'à nos débris. C'est pour arriver là
que M. Thiers a fait ce qu'il a voulu,
et que la Révolution a pu envahir à
peu près tout le territoire que n'occupe
pas ,1'étranger!
Lorsque M. de Rémusat se préparait
à lire les articles, une voix s'est ecriée
de ' la Gauche : — Ecoutez , mon
sieur Rou her ! Et bientôt une autre
voix s'élevant de la Droite a crié :
— Ecoutez, monsieur Favre ! Car M.
Favre, même dans cette circonstance,
a bien osé montrer sa figure. Il y avait,
un troisième nom que la conscience
publique devait clouer là : — Ecoutez,
monsieur Thiers l Ecoutez ce que vous
dites vous-même, un an après que la
confiance de l'Assemblée a tout livré
à votre sagesse et à votre patriotisme !
Et.vous avez remis le Pape à Victor-
Emmanuel, le trésor à M. de B smarck,
l'avenir à M. Gambetta.
Jamais M. Thiers n'a pu marcher
longtemps tout seul. Sés avèntures im
périales ont fini deux fois par l'avorte-
ment. La troisième aura duré diavan-
tage; il l'a menée sans contrôle et sans
frein, elle s'engloutira dans une ca
tastrophe.
Et le remède, dira-t-on? Le remède
serait encore au pouvoir de M. Thiers,
mais il faudrait qu'il fût d'abord dans
son cœur,s et vraisemblablement il
n'y est pas. Il faudrait que M. Thiers
eût pitié de la France ; qu'il mît M.
Gambetta, son héritier présomptif,
hors d'état de nuire, en lieu sûr ; et
qu'ensuite, ayant constitué le pouvoir
définitif en donnant une tête au parti,
conservateur, il s'éloignât à .son tour
Sour se préparer à paraître devant
ieu, qui bientôt lui demandera compte
du premier et du plus abaissé des peu
ples chrétiens. Il n'a pas un plus grand
service à rendre à'"la J nation nî a lui-
même. '
Quant au traité, tel qu'on le présen
te, il est à rejeter, comme ajoutant de
nouveaux risques'à une situation, qu'il
n'améliore en aucun sens. L'Allemagne
nous a assez dicté. Nous avons à payer,
non plus à écrire. Cinq cents millions
afin que deux départements 'ne voient
plus l'ennemi, c'est trop, puisque, Ces
sant de le voir, on ne cessera pasdè le
sentir. Tenons-nous-en où uous som
mes. Inutile de sortir prématurément
de no3 poches trois, milliards, pour en
remettre une partie à M. de Bismarck
et serrer l'autre dans 'une caisse dont
M. Gambetta pourra trop aisément sai
sir la clef.
Louis V edillot.
Le Bien public est méconnaissable.
Autrefois ce journal courtisan était de
belle humeur, passait son temps à
pousser aux nues l'éloge de M. Thiers,
ironisait avec une sorte de bienveil
lance protectrice les fâcheux qui se
permettaient de ne pas trouver, pour
le mieux tout ce qui se fait dans l'en
tourage de la présidence, et du haut
de sa majesté olympique distribuait
l'éloge ou le blâme aux représentants
dont il avait à se louer ou à se plain
dre. Il était sûr de lui-même, prenait
des airs de triomphe, se sentait le
maître et se disait heureux. ,
C'était le bon temps. Mais hélas ! les
délégués ont parlé, et avec eux est par
tie la confiance qui inspirait au Bien
public ces articles uniformément sau
poudrés d'une incurable satisfaction.
Aujourd'hui il grince des dents, il est
en colère, il tonne, il menace, et les
pauvres députés de la droite, qui në
font qu'en rire, sont malmenés de la
belle façon. Quelle est donc la cause
de cette 'cuisante humeur? Le Bien
public nous la livre dans un article qui
a pour titre : La Peau de l'Ours. Il
paraît — chose grave — que la
droite, dont le Bien public s'est tant
moqué quand elle faisait mine de
résister a M. Thiers et quelle subis
sait finalement tous ses caprices, il
paraît, disons-nous, que la droite se
rait enfin lassée de ce. rôle, et
résolue,, au premier prétexte, à mon
trer enfin qu'elle entend ne pas être
impunément bernée. Il convient ici de
citer textuellement le journal prési
dentiel :
pérette qui font la fortune des théâtres de
penre; . u. ■
i Ainsile Bien public a les preuves; il
existe une conspiration, et s'il estime
que cette fois encore les conspirateurs
aboutiront à « un nouvel et gigantes-
3uaavortement », on devine, à 1 entou
re, que ces preuves ne le laissent pas
pans inquiétude. Aussi ne : vetit-il pas
que lés députés se croient à l'abri pour
continuer leur œuvre. Après s'être ré
pété, à lui-même qu'il n'y a point, de
îlariger, sans quoi «. l'autorité eût agi
déjà» il apostrophe encore.les conju
rés en ces termes : j -
' Vous neserezjaïnais qu'une impercepti
ble minorité de politiqueurs, en qui l'on ne
verra que des écervelés tant qu'ils ne sorti
ront pas de leurs salons ou de leurs journaux,
mais qu'on traiterait en coupables si, par im
possible, ils tentaient de transporter leur
rêve du domaine de la chimère dans celui.de.
la réalité.- . •; 1 .> ■
tier général d'Estartus, nous envoie le
billet suivant : " s
Oa n'a pas oublié les rumeurs adroites qui»
h trois ou quatre reprises déjà, ébruitèrent la
formation à peu près définitive d'un triumvir
rat dont l!illustre maréchal Mac-Mahon était
la base et différentes paires d'hommes politi
ques les côtés, — tantôt M. Grévy et M. le
due d'Aumale ; tantôt M. .le général Chan-
garnieret M. le duc d'Audi'Fret-Pasquier,
tantôt tel ou tel groupe plus ou moins fantai
siste. Ces ballons d'essai, dont le premier ra-,
monte au 19 janvier, n'avaient eu jusqu'à
présent qu'un succès de gaieté, non-seule
ment dans le public et à l'Assemblés,- mais
parmi les (hommes honorables immatriculés,
à leur insu dans des combinaisons dont il
était permis de croire la formation impossi
ble.
On y revient cependant et, si nous n'en
avions les preuves sous les yeux, nous n'y
croirions pas encore. Du manifeste on pré
tend passer aux faits, des sommations et des
propositions à l'entrée en scène et à la main
mise, de la démarche à l'action, — acta post
pacta. Cola paraît fou, odieux, invraisem
blable ; mais cela est.
On est prêt. Oa a son personnel que, du
haut en bas de l'échelle, on nomme déjà avec
auesi peu de dignité que de précaution. Chefs
et subalternes, ordres et sous-ordres, gou
vernement, ministres,ambassadeurs, préfets,
chacun s'est nommé, pourvu, casé selon sa
valeur, dont il était le seul juge. Il y en a eu
pour tout le monde et, si nous ne nommons
personne, c'est que, croyant encore à un nou
vel et gigantesque avortement dans îe ridi
cule, nous ne pouvons nous résoudre à voir
autre chose dans ce fourmillement d'ambi
tions évaporées, qu'un de ces complotB d'o-
Que veulent dire, ces insolences et
ces mots de conjurés et de conspira*
teurs, par lesquels 1 ç.Bien public pré
tend caractériser les mouvements légi
times des députés cherchant à rem
placer M. Thiers, s'il prend fan
taisie à M. Thiers de se rétirer?
Ce souci n'est-il pas de Français
avisés et de députés prévoyants ? Il
faudrait donc, au compte du Bien pu-
blic, aller au jour le jour, à l'aveugle,
pour que, lorsqu'il plaira à M. Thiers
de se retirer, ou lorsqu'il disparaîtra,
la France soit livrée le lendemain à
l'anarchie? Ou bien le journal de cour
voudrait-il soutenir que la France est
inféodée à M. Thiers, et .que les dé-
putés, quand ils pressentent l'avenir
et préparent dores et déjà les moyens,
d'y* parer, font contre le pouvoir un
acte de rébellion qui relève des gen
darmes? Tel est évidemment le sens
des menaces du Bien public . Il est bon
de s'en convaincre, afin de montrer
une fois de plus l'attitude factieuse de
ces officieux yiç-à-vis la souveraineté
de l'Assemblée, et afin que la majorité
soit plus nettement encouragée à con
sidérer dans toute son étendue* et à
faire tout son devoir. v
* • " ' A ogusts R oussel.
, ; Environs d'Olot, le 29 juin,
■ , ......... (Quartier général du général Estartus.)
La Providence m'a conduit par la main de "
Barcelone dans les montagnes des environs
d'jQlot, où j'aireçcr du brave général Estar
tus le plus gracieux accueil. Je suis arrivé ]
avant-hier soir très lard, et j'allais vous écrire
ce matin, lorsqu'il a fallu se mettre en route,
en suivant les sentiers les plus pittoresques,
mais les moins fréquentés, et il était nuit
lorsque nous atteignîmes le gîte. Je vous.écris
ce matin quelques mots avant le départ, uni
quement pour vous faire savoir mon arrivée*
et, vous prier de prendre patience, car j'ai be
soin de temps et de recueillement, pour vous
faire part de toutes mes impressions. En at
tendant, je puis vous dire que cette guerre
est le véritable pendant de la guerre ven
déenne : mêmes hommes, avec la même foi et
la même abnégation.
■ . • - < . ■..< H. "
Les forces carlistes de la Catalogne,
sous les ordres de l'énergique général
Tristany, augmentent tellement, nous,
écrit-on de Genève, que les troupes
amédéistea sont sur la-défensive à Gé-
rone, Manresa, Vich, etc., et qu'elles
ne quittent guère les casernes. Les vo
lontaires de la province de Taragone
sont commandées par le colonel du
géoie Frances, très aimé des .popula
tions pour ses talents militaires et la
belle-organisation de ses bataillons. —
; La situation de cette partie de l'Espa
gne inquiète beaucoup le ministre de
la guerre; aussi, il vient d'y expédier
seize nouveaux bataillons.
A Tolède, en Estremadure, dans l'A-
ragon, chaque matin la Gazette nous
annonce, la dispersion d^une bande;
donc elles "* existent. Ajoutons qu'elles
comptent plusieurs milliers de car
listes. ,
On télégraphie de Rome, le 30 juin,
à l'Agence Bavas :
Hier, affluence extraordinaire à la basili
que de SaintrPierre.
Aujourd'hui, le Pape a donné la commu
nion à plusieurs personnes.
Le cardinal Sacconi a été sacré évêque à
Saint-Pierre.
, Mgr Howard, plusieurs prélats et autres
personnages de distinction, le chargé d'affai
res de la Grande-Bretagne, ont assisté à la
cérémonie.
La foule a entonné en musique le motet
Tu es Petrus.
Le Pape, dont la figure rayonnait de joie,
a fait le tour des salles de réception au milieu
des acclamations.
Une nouvelle réception imposante a eu
lieu au Vatican.
Les membres de la société promotrice des
bonnes œuvres remplissaient la paierie Ra
phaël et une partie du musée Statius.
1 er juillet.
La municipalité refusant de continuer la
tradition du Sénat de Rome consistant à of
frir un calice à la basilique du Vatioan, à
l'occasion de la fête de saint Pierre, le prince
Campagnano, président de la Société des in
térêts catholiques, a fait cette offrande au
nom de la ville de Rome.
L'ambassadeur de France auprès du Vati
can prendra prochainement un congé tem
poraire.^
L'intervention des ambassadeurs da France
et d'Autriche à Constantinople a porté ses
premiers fruits. Mgr Kupélian a éié sommé
de se faire relever de son excommunication
avant de recevoir la confirmation de sa
charge patriarcale.
11 est probable qu'il donnera sa démission
plutôt que de consentir à cette démarche.
L'ambassadeur d'Autriche surtout déploie
une grande activité pour amener la solution
de cette question.
Lundi soir, au café Carazza, on a
banqueté en l'honneur des trois der
niers élus, MM. Barni, Bertet Deré-
gnaucourt. Les journaux du radicalis
me nous donnent par le menu les dé
tails de cette fête, où le Champagne a
arrosé dru les expansions éloquentes
de la démocratie. Deux discours ont été
prononcés, l'un par M. Barni, l'autre
par M. Louis Blanc. Tous deux ont re
vendiqué l'avènement de la République
définitive avec des républicains et jeté
l'anathème à 1' « infâme réaction. »
On devine le reste, et nous avons
assez parlé des orgies oratoires de
Gambetta pour nous dispenser d'en
dire davantage sur cette manifestation
nouvelle de ses pâles imitateurs.
A uqu&th R oobsil,
. Notre correspondant militaire d'Es
pagne, heureusement arrivé au quar-
f On nous écrit de Versailles, le 1 er
juillet:
Au début de la séance, M. le président
donne lecture d'une lettre par laquelle M. le
général Trochu annonce qu'il rentre enfin
dans la vie privée, et donne Ba démission de
iléputé du Morbihan.
— line faut pas l'accepter! fait timide
ment une voix, qui doit être celle de M.Jules
Favre, si ce n'est celle de M. Picard, ambas
sadeur en rupture de ban.
C'est d'ailleurs la seule manifestation que
provoque la lecture de cette lettre, quoiqu'elle
ne fût pas attendue de sitôt. Oa a été vrai
ment surpris de voir l'ex-gouverneur de Pa
ris, « qui ne capitula pas », tenir la parole
qu'il avait donnée depuis si longtemps et en
tant d'occasions. Mieux vaut tard que ja
mais. On comprend que le triste citoyen Fa-
vre-Laluyé ne soit pas charmé de cette déter
mination , qu'il n'a pas la moindre envie d'i
miter. Et pourtant, si quelqu'un devait dispa
raître à jamais de la scène du monde, cYst
cet homme-si funeste à son pays, dont la vie
publique et privée renferme assez de misè
res, d'infamies et de crimes pour déshonorer
l'humanité entière. - »
Au moment où M. Grévy donne la parole
& M. Gaslonde contre lè projet d'impôt sur
le shiffre des affaires, on voit entrer M. is
président de la République, porteur de l'ins
trument diplomatique qui va marquer une
nouvelle phase dans nos relations avec nos
rapaces vainqueurs. Désormais, il' est bien
évident que l'attention se porte tout entière
vers ce traité, dont qn est impatient de con
naître le texte. ,
Mais il est précédé d'un préambule parle
mentaire auquel on ne s'attendait guère.
M. le président de la République, appt lé à
la tribune par quelques paroles de M. Gas
londe, affirme, de la manière la plus positivé
et la plus catégorique, que l'impôt sur les
matières premières « impôt chéri "rap
portera immédiatement 42 millions et, après
l'expiration des traités avec l'Angleterre et
^Belgique, 60. Enfin, il est probable que,
grâce aux négociations non interrompues, le
gouvernement pourra obtenir des modifica
tion^, favorables, qui lui permettront d'établir
encore 33 millions de droits, pour arriver au
chiffre total fixé par lui à 93 millions.
Mais ce n'est pas le - moment de discuter
les matières premières, il faut d'abord exa
miner l'impôt sur le chiffre des aflaireB.
M. Baragnon n'admet pas que l'on puisse
faire ainsi abstraction de l'un ou de l'autre
des deux impôts en présence. Le rejet de l'un
entraîne forcément l'adoption de l'autre ; par
conséquent, impossible de se prononcer sur
le chiffre des affaires sans bien savoir au juste
ce que peuvent rapporter les matières pre
mières. Or, sur ce point, il y a entre le gou
vernement et la commission des tarifa des
divergences considérables, un désaccord in-
quiétant.Tandis que le gouvernement se porte
garant d'un revenu immédiat, certain, de
42 millions, la commission, qui d'abord avait
évalué ce revenu à 13 millions, assure au
jourd'hui qu'il ne dépassera pas 5,500,000fr.
Il faut que la lumière soit faite, que la vé
rité soit rendue évidente, car il est impossible
d'aborder le débat au fond, si ce point n'est
tout d'abord élucidé.
M. le président de la~République recon
naît qu'il importe en effet de résoudre tout
d'abord cette question en quelque sorte pré
judicielle. On croit qu'il va donner les expli
cations demandées; mais point. Il est pris à
l'improviste, dit-il ; il n'a pas avec lui ses
papiers. * ,
— Qu'on les aille chercher ! fait un inter
rupteur qui n'entend rien à la politique, et
dont la voix d'ailleurs expire sans écho.
M. Thiers promet de donner plus tard les
explications demandées. Mais on peut bien,
à eon avis, discuter le fond de la question,
l'impôt sur les ventes, en lui-même, impôt
qui non-seulement n'est pas légitime, mais
n'est pas applicable, n'est pas possible.
« Tous les hommes de finances le savent
bien. »
Et comme, sur ce mot, on se récrie vive-
înent au banc de la commission, l'orateur
ajoute, Bans transition : « Il est possible que
je me trompe, je n'apporte ici que mon opi
nion personnelle In
Après avoir renouvelé la promesse d'ap
porter demain les' documents qui doivent é-
difier l'Assemblée, M. Thiers insiste-encore
une fojs pour que*-l'Assemblée discute sans
plus tarder l'impôt Bur le chiffra des af
faires. ,
C'est ce qu'on peut appeler parler pour ne
pas répondre, car M. Baragnon avait préci
sément démontré l'absolue nécessité d'être
au préalable bien fixé sur le mérite de « l'im
pôt chéri, » afin de ne pas s'exposer à rejeter
un impôt mauvais, pour se voir forcé d'en
accepter un autre plus mauvais encore.
M. C'ordier, au nom de la commission, es
saye de donner des explications, auxquelles
personne ne comprend absolument rien. A
la façon dont il s'exprime, il, est permis de
douter qu'il se comprenne lui-même.
: M. Rouher demande la permission d'a
dresser une question au gouvernement. Les
ministériels du centre gauche et de la gau
che tout entière, se mettent à réclamer l'or
dre du jour, la clôture, etc., avec un ensem
ble remarquable. Ils craignent évidemment
que leur cher président né soit embarrassé.
Ils y mettent si peu de mesure, que la droi
te, indignée, demande à M. Grévy d'exercer
son office, de président, en faisant respecter
la liberté de la tribune.
M. Grévy finit par s'exécuter, et par rap
peler ses frères et amis aux convenances par
lementaires.
M. Rouher peut alors poser la question, et
demander que le gouvernement fournisse à
| l'Assemblée les .documents sans lesquels elle
ce peut discuter et voter en connaissance de
cause. Quant à lui, il est aussi affirmatif que
M. le président de la République, mais dans
un sens entièrement opposé. Entre autres
choses, il ne croit pas que l'on puisse impo-'
8)r à aucun degré les matières spécifiées dans,
les traités internationaux. : ,; ;
i M. Thiers réplique sur le ton des discoure
question d». cabinet. Après avoir dit que les
documents^ réclamés par M. Rouher, seraient
trop longs à imprimer (raison dont il ne se
fût point contenté sous l'empire), M. Thiers
s'en prend à M*. -Rouher personnellement, et
lui dit que si la France a perdu sa liberté
commerciale, c'est la faute de l'empire.'
— Oui, c'est l'empire qui nouB a perdus !
Vengez-nous de l'empire ! s'écrie M. lo
marquis de Franclieu.
— Fort heureusement, poursuit M. le pré
sident de la République, s'adressant toujours
directement à M. Rouher, fort heureusement
vous vous vantez, vous n'avez pas fait à votro
pays tout le mal que vous dites. »
Jamais personne ne pourra dira à M.
Thiers qu'il se vante sous ce rapport.
: Ses amis- les démagogues lui décernent une
bruyante ovation, et, quand M. Rouhsr de
mande la parole pour un fait- personnel, ils
font tout au monde pour l'empêcher de par
ler et même de monter à la tribune.. Le»
sieurs Tirard, Briason et Tolàin avec Pres-
sensé, dont l'union toute fimnrnelle a de quoi
édifier les voisins, se font remarquer par une
intempérance de gestes et de" vociférations
qui, en définitive,'profitent à celui auquel ils
s'attaquent. Les hommes de bonne compa~
gnie qui siègent à droite et au centre, pris da
dégoût devant ce déchaînement de violences
républicaines, réclament hautement le silence
pour M. Rouher, qui, personnellement atta
qué, a le droit de répondre.
L'ex-miniâtre de l'empire revendique hau
tement la responsabilité du traité de com
merce de 1860, et déclare qu'il croit rendre
service au pays en empêchant M. Thiers de
le rejeter dans la voie de la protection et de
la prohibition. ~
, Ces dernières paroles provoquent une nou- '
velle explosion. MM. Pouyer-Quertier et le
marquis de Franclieu demandent à parler
sur l'incident, mais l'Assemblée trouve qu'il
s'est suffisamment prolongé, et la clôture en
est prononcée.
C'est alors que M. de Rémusat monte à la
tribune, et, de cette voix chevrotante que
vous lui connaissez, commence la lecture du
fameux traité dont les officieux parlent dé
puis si longtemps déjà comme d'un grand
triomphe diplomatique de M. le président de
la République, a le seul homme de confiance
que M. de Bismarck possède en France ».
Comme le ministre finissait le protocole,'
M. Laurent Pichat, qui cultive particulière
ment l'interruption, s'écrie : « Ecoutez, mon
sieur Rouher! » (On applaudit.) Un moment
après, M. Prax-Paris riposte, avec non moins
d'à-propos : « Ecoutez, monsieur Jules Fa- •
vre ! » (On applaudit de nouveau, et plus fort
que tout à l'heure.")
L'homme de Février et de Septembre, l'a
mi de Laluyé, dont le nom à jamais odieux
ne devrait même plus être prononcé dans une
Assemblée française, se lève et gesticule. Je
ne saurais dire s'il parle, car son impudence
soulève une telle explosion des consciences
révoltées qu'il lui serait impossible de se fai •
re entendre.
Mais voici qu'une voix de justicier retentit
au milieu duiùmulte.
Bmpfïo et République, écoutez tous les deux !
Voilà un vers improvisé qui résume bien la
situation. A fructibus eorum cognoscetis eos.
Les désastres de notre infortuné pays sont
tous dus à la révolution dont l'empire et la
République ne sont que des formes succeE-
sives ; on ne saurait trop le rappeler.
Un passage de la lettre de M. de Rémusat,
où M. Thiers se félicite de « la confiance dont
le gouvernement recueille au dedans comme
au dehors les plus assurés témoignages, » est
accueilli par une protestation unanime de lu
droite et du centre droit, malgré leur résolu
tion bien évidente de garder le silence. On
comprend qu'ils n'aient pu y tenir.
Aucun homme de bon sens n'osait espérer
que le traité fût vraiment bon pour la France.
Hélas! il est' encore plus- crûment mauvais
qu'on ne le craignait. L'impression première
qui en résulte, c'est que les payements sont
anticipés et que l'occupation est prolongée.
FEUILLETON DE L'UNIVERS
DU 3 JUILLET
BEAUX-ARTS
Exposition de 1872
Troisième et dernier article (1)
En énumérant, comme nous l'avons fait
dans notre précédent article, les œuvres qui,
par la nature des sujets et la façon sérieuse
dont ils étaient traités, nous avaient paru re-
commandables, nous avons oublié de men
tionner la MoH de saint Louis , peinte par M.
Glaize fils. Pourtant le n° 713 était noté sur
notre calepin ;• mais un numéro crayonné est
bien vite effacé, et d'ailleurs, il faut bien en
convenir, le Spectacle de la folie humaine , de
M. Glaize père, était resté plus apparent
ria^ a notre souvenir que le tableau calme et
grave de M. Glaize fils. Celui-ci s'efface un
peu dans la partie supérieure du grand Salon,
où M. Gustave Doré fait rage autant au pré
(1) Voir les numéros des 17 et 28 juin,
judice de ses voisins qu'au détriment des in
nocents. C'est donc à la fois ce désavantage et
un oubli involontaire que nous nous empres
sons de réparer.
Les tableaux de "paysage et de nature mor
te, dont les galeries de peinture sont émail-
lées, n'égalent pas les. produits d'horticul
ture qui décorent si avantageusement la ré
gion de la statuaire. Ici la distribution pitto
resque des arbustes et le contraste harmo
nieux du feuillage encadre et fait resplendir
le marbre ; les lauriers et les palmiers ne
sont là que pour ajouter à son éclat. Il n'en
est pas de même là-haut, où toute la végéta
tion est artificielle et entassée dans l'ordre al
phabétique, c'est-à-dire dans l'ordre le pius
désordonné et le mieux combiné pour que
tout ce qui se rapproche se heurte et se nui-
ge. C'est l'échoppe du fripier qui déborde sur
la hotte du fruitier, ou celle du trip er qui
déteint sur le beurre et sur les bouquets. II.
n'y a guère que le parfum des halle3 qui
harmonise le tout ; aussi, parmi nos natu
ralistes, en est-il peu qui n'en soit impré
gné. Quelques-uns cependant résistent à la
contagion : Biaise Desgoffe, par exemple, est
impénétrable. Ses vases d'or ciselés, ses bui-
res de cristal de roche, ses ivoires et ses
perles de cette année ne sont pas moins é-
blouissants que les précédents ; ce sont tou
jours le3 mêmes bijoux dans les mêmes vi
trines, et, sans vouloir les déprécier, on peut
dire que qui a vu ceux-là a vu ceux-ci.
Duns le paysage, les influences climatéri-
ques du Salon agissent davantage. Oa y re
trouve la couleur, les effets, la touche cen-
ventionneile da nos peintres les plus renom,
més. Celle de M. Daubigny B 'épaiseit, celle
de M. Corot s'évapore, et celle de ses imita
teurs s'estompe j Bi bien que l'on n'y voit plus
rien. Tout sefond, toutse noie dans le brouil
lard et dans la mare do Ville-d'Avray, ■
M. Français, du moins, réagit contre ces
influences, et, d'une main ferme et délicate,
il peint non-seulement un vrai paysage avec
de beaux arbres, mais encore, res miranda
populo , avec un premier plan, oui, tin pre
mier plan, tel qu'on en trouve et qu'on en
voit dans la nature quand on sait voir etlora-
qu'on ne veut pas s'épargner la difficulté de
les peindre. C'est une révolution dans le
genre du paysage. Depuis longtemps nous
n'avions rien vu d'aussi audacieux. La jeune
école réaliste avait supprimé ces minuties ;
en fait de premier plan elle trouvait plus
commode de plaquer au bas de seB tableaux
rustiques une paire de vieux sabots ancrés
sur une bouse de vache accostant une belle
signature.
Si M. Françaisestréactionnaire, M. deCur-
zon ne l'est pas moins, car il se distingue par
le charme des sites qu'il représente et par un
mode d'exécution absolument exempt de sys
tème et de routine. La formé, la vigueur, la
lumière éclipsent le métier : c'est l'art sim
ple, vrai et puissant du coloriste et du dessi
nateur, qui dessine et qui colore sans y pen
ser, sans rien omettre, sans rien surcharger.
A voir le Ruisseau des Moulières, et surtout la
Vue de la rade de Toulon prise du coteau des
Tamaris, l'on'croirait que l'artiste a travaillé
sans se douter que ses tableaux, ses études,
ses pinceaux et tout ce que contenait son
atelier, avait été anéanti,"dévoré dahs les
flammes du pétrole. Il semble tout au moins
que l'air de la mer et le soleil du Midi ont
suffi pour ranimer sa confiance dans le talent
qui lui reste et qui vaut plus encore que
tout ce qu'il a perdu.
Nous abandonnons aux amateurs spéciaux
les marines, les poissons et les légumes dont
le marché est abondamment pourvu. Malgré
leurs pelures attrayantes, les ognons du Midi,
de (Mme la baronne de Rothschild, eux-mê
mes, ne sauraient nous tenter. Si c'était des
ognons d'Egypte, passe encore! Mais de
Simples ognons sur un torchon, qu'est-ce
que cela, pour qui n'a jamais pu les souffrir?
D'ailleurs, comment s'étendre sur de pareils
tableaux et s'attarder dans les paysages du
salon, lorsqu'on a à se reprocher d'avoir
laisBé passer l 'exposition des œuvres d'E
douard Bertin sans en parler, sans se donner
la satisfaction de rivaliser avec le rédacteur
du Journal des Débats, M. Félix Clément, et
môme de le dépasser dans l'appréciation lau-
dativa de ces merveilleux dessins ?
L'exposition qui en fut faite au palais des
Beaux-Arts, en mars dernier, nous en mon
trait 295. C'était 294 de plus qu'il ne fallait
pour marquer le rang et la place de feu Bertin
parmi nos paysagistes les plus renommés. Ce
grand dessin, dans lequel on voyait saint
Benoît suivi de ses disciples et conduit par
des anges but les cimes de Sublaco où il
choisit sa demeure, celui-là seul aurait Buffi,
car, en même temps qu'il résumait dans une
peinture idéalisée la grandeur du site et la
majesté des souvenirs qui l'animent, il re
haussait encore un talent d'imitation d'au
tant plus remarquable qu'il n'était pour
l'auteur qu'une forme expressive et translu
cide des impressions de l'âme.
Journaliste par succession, ou d occasion,
Ed. Bertin était peintre par vocation. Il n'est
pas de contrée historique et lointaine qu'il,
n'ait visitée, et partout, sur les bords du Ti
bre, du Bosphore ou du Nil, comme à Su-
biaco,ce peintre infatigable, inconnu dis Pa
risiens, a tracé ces nombreux paysages qiii
sont autant de pages écrites à l'ombre et'dans
le silence des lieux consacrés par les tradi
tions poétiques ou réelles dont il était épri j .
C'est là qu'il vivait, qu'il rédigeait, et qu'il
voyait distinctement la beauté, la vérité, en
fouies dans les cavités mystérieuses des né
cropoles ou resplendissantes dans l'immobi
lité desTuines.
Entrons maintenant dans l'amphithéâtre où
les facultés athlétiques etinteliectuelleé de nos
statuaires se déploient, non sans perdre trop
souvent l'équilibre caractéristique de la force
réelle. Passons lestement devant les faction
naires qui gardent l'éntrée, l'un attaché,
l'autre déchaîné et essayant de s'envoler. Ce
lui-ci est de M. Raffegeaud. Ce n'est rien
moins que la personnification de la libre-
pensée, armée d'une volumineuse brochure,
et drapée dans un jupon de carton goudron
né. N'était le poids de son armure et de ses
grands pieds, cette Loizillon quelconque au
rait bientôt escaladé le ciel importun qu'elle
menace, mais qui ne s'émeut pas plus de la
demoiselle, du bouquin et du chiffon que
s'ils n'existaient pas. Ce jupon-là est une
tentation pour M. Jules Simon ou pour M.
« Charles Blanc ; nous espérons qu'ils n'y suc
comberont pas.
Il y en a d'autres, .mais laissons les éti
quettes graveleuses et les enseignes républi
caines pour ne nous occuper que des statuai
res qui visent au moins à prouver qu'avant
tout ils aiment et savent leur état. Nous en
comptons encore, Dieu merci, et sans nous
dissimuler que parmi eux le naturalisme do
mine, au moins faut-il convenir qu'ils sont
bons praticiens. C'est à ce titre que M* Mer-
cié, l'auteur d'un soi-disant David , a obtenu
la médaille d'honneur. — Son beau jauns
homme n'a de David que l'épée de Goliatb
qu'il rengaîne, et la tête de géant sur laquelle
son pied repose ; sans cet attribut, personne
ne songerait à voir en lui autre chose qu'une
étude savante et un pastiche remarquable da
l'art florentin du seizième siècle.
. Un autre pensionnaire de la villa MédicisJ
M. Barrias, a visé non plus seulement Dona-
tello, mais Michel-Ange, et l'on ne peut pas
dire qu'il l'ait fait mollement, ni seulement
du côté pittoresque. Déjà nous avions appré
cié ce groupe du Serment dé Spartacus, à l'oc
casion de l'exposition des envois de Rome ;
aussi nous contentons-nous cette fois de re
marquer qu'au Salon il conserve Bon ampleur
et marque la place d'un nouveau maître. Au
près de lui la plupart des statues, entre au
tres celles du citoyen Carpeaux, ressemblent
à des pièces d'anatomie sortant de la chau
dière des carabins de Clamart. Une seule ne
porte aucune trace de macération, et o'ept
justement la jeune personne noyée queM.
Schceneweker a décorée du nom de la Ta-
rentine.
Elle a vécu, Myrto, la jenne Tarentine!
Son beau corps a roulé eoub la vague marine.
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