Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1872-06-17
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 juin 1872 17 juin 1872
Description : 1872/06/17 (Numéro 1823). 1872/06/17 (Numéro 1823).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6990967
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi. %7 Juin, 1872
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ftuis, .10, rue. des.Saùits^Pferes. '\
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On s'abomje,.à Rome, via dellc- Stjmataj 22, 23,34.-' ■'-<... ,~■ _■
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Editioni senfl-qnotldleBM;
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" * ypntnrt ne répond pas de* manuscrit; : Ajny^iwaat 4 '-* •"
II, Cb< liAGlUNGS, CERf rt.GV6> «lacé da la B#arn. ■
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FRANCE
PARIS, 46 JUIN l&n
• ■ . .• ■■■•'. ■ t - ■■
Le télégraphe naus faisait sommai
rement, nier, le récit de l'audience acr
cordée par le Saint-Père, Je i3 juin, à
l'Union dsé Dames, catholiques, les-
quelles, -par l'organe de Mme la mar
quise Claire Antici Mattei, étaient Ve
nues offrir au Saint-Père . leurs félici
tations - à l'pccasum jiu 26° anniver
saire 4.6 son pontificat. Nous tradui
rons, d'aprèsla Voce deUà.Verità, le dis-
.cours du Sdin.t-Pèr.e> jeu réponse à j(\A-
dresse des. Dames-eatholiques.
; .« Si Dieu permet ,que le Saint-Siège
« soit si souvent en butte aux contradic-
,« tiops; aux persécutions,et à.i'oppres-
. « sion, de .temps en temps aussi. Dieu,
« qui connaît la faiblesse de son pau-
„« vre représentant sur la terre, lui en-.
« vois des consolations pour lui don-
« ner du courage et des .forces et l'ai-'
«' ùer,4 vivre, dans une pleine confian-,
'« ce en la volonté de Die.u. Et ces con-s
« solatipris, en' lui donnant des forces
« nouvelles, . le -mettent en état de
« poursuivre ; sa" : yôip : douloureuse, 1
« avec l'espoir d'unpjfin plus belle, ;
« plus heureuse et pleine de gloire, i
« C'est une de ces circonstances qui
«. se présente à moi en ce moment, et
« j'en rends grâces au Seigneur Dieu.
« Je vous rends" grâce aussi de ces
« sentiments de tendresse que vous
.«.manifestez et de ces vœux qui, en
,« votre nom j3i.to.us> tiennent de m'ê-
«f trè adressés. Paisse .le Seigneur-les
« exaucer dans son infinie miséricorde,
!#. et puisse-t-il vousdonner à -yaus-,
« mêmes la force et le courage afin
« qu'il vous soit donné de continuer
« votre chemin dans le sentier où vous
« êtes'entrées! ,,,
, « Les périls sont nombreux et' les
« ennetiais ne manquent pas ; les" con-1
« tradictions aussi abondent... Mais:
». prenons courage, et pour cela, je |
<* vous dirai un fait qui me vient enf
« ce moment à-l'esprit et qui est arri-i
« vé vers le commencement du siècle [
« dernier à une âme bienheureuse., j
« Je veux parler 4«i bienheureux Cri?- j
«i, pin de.Viierbe. C'était un laïque, eti
« il avait paur ami un autre laïque qui
« luttait avec lui d'une noble émula-
« tiori pour arriver ensemble à la per-
« vait remettre son âme entre les mains!
« de Dieu, son «mi se trouvait loin de j
« lui. Or, une nuit il eut un songe, et j
« il vit Crispin quij chargé d'une lourde f
a besace, s'acheminait sur un sentier j
« fangeux, et plein d'ordures. Et ce
« sentier était parsemé d'un grtfnd
« nombre dé'pointes, de pierres et j
« d'obstacles, par-dessus lesquels Cris- j
« pin, bien «que «chargé desa besace et(
a fort âgé, passait si, légèrement, tan- [
«tôt mettant ie pied sur I' uro , tantôt '
« sur l'autre de ces pierres providen-
« tielles, que la fange n'atteignait ni
« sa tunique, ni même ses sandales.;
« Il arriva de la sorte dans un champ
« couvert de'fleurs, au fond "duquel se
« dressait uù palais magnifique, etvoici
« qu'au devant dé Crispin s'élançaient
« un nombre considérable de grandes>
* âmes ejt dé jeunes gens pleins de
« beauté qui l'introduisirent dans lè
* palaismystique pour y jouir, dé
« Dieu durant l'éternité. ..
«A ce moment, l'ami de Crispin s'é r
«, veilla fct. il dit i Crispin est mort. Et
« le songe que j'ai fait m'apprend que
W cet homme de Dieu ayant cheminé
« à travers les souillures du monde
« sans en être jamais atteint,
« jouit maintenant dans le Paradis du
« prix et de la couronne de sçs ver-
o.ius.
« Voilà, mes très chères filles, un
« fait qui m'a toujours donné le cou-
« rage .,de voyager sur cette terre, à
« travers les scandales.-Je le sais, il
n est difficile de mettre toujours les
a pieds sur un terrain sûr, et de se
« garder des souillures qui vous envi*
« ronnent. Cela est d'autant plus dif-
« ficile que notre nature est misérable
« et lâche, qu'elle pèse sur notre es-
k prit et qu'elle rend plus pénible le
« combat contre nos ennemis. Cepen-
c « dant ne perdons pas courage et al
lions résolument de l'avant pour ar-
*« river à ce beau palais. ,
'• a ypus entrez dans les églises et
a, vous les faites retentir de vos prié-
'« res. Vous entrez dans les églises et
« vous vous approchez de la table
« sainte, qui donné la force, la vi?
■ « gueur, le courage et les lumières
x qui sont nécessaires pour cheminer
a à travers de si grandes ténèbres. Au
a contraire, ceux qui «ont contre nous
a n'entrent pas dans ces lieux saints»
« Et à ce propos, je vous répéterai une
a parabole bien ; connue, en l'appro-
. « priant aux circonstances. La para
it bolë, sortie de la bouche infaillible
f du divin Rédempteur, c'est la para-
« bole de l'Enfant prodigue.Vous ^irou-;
a vez surabondamment que,, .vous ne
' « l'ignorez pas, vous qui vous, occupez
a de ces pauvres femmes qui ont be-
« soin de votre secours, afin qu'elles
a deviennent, de filles prodigues, des
« filles' pénitentes, et Qu'elles se ren-
« dent djgnes, elles aussi, de faire
« honneur à l'Eglîsé de Jésus-Christ.
•. «, La circonstance que je veux vous
« rappeler, la voici : vous savez que
a le frère aîné du prodigue, revenant
« d'une excursion dans les champs
et s'approchant de la maison, enten-,
.« dit les «ccords de la' musique que
« son père, t plein de tendresse, avait
« .ordonné de faire» entendre pour, cé-
« lébrer le retour de son fils;-or, ap-
« prenant des domestiques (Ju'on avait
« préparé, en outre, un festin somp-
« tueux, le frère aîné s'en alla avec
« dépit et ne voulut pas entrer. Noluit
a intrare in domum suam,' i l
« Ahl mes très chères filles'. ..Ceci
a est, en petit, la ressemblance de ce
.« ijui se passe aujourd'hui. Nous en-;
V trons dans lès églises^ "et eux. ils n'y ;
« entrent pas; nous avons soin de
« nous approcher de la table eucha-
« ristique, et eux, non contents de la
« fuir, ils blasphèment la Sainteté de
« cet auguste-mystère.,
« Ils s'imaginent donc, eux et leurs
a pareilsi que pour ^calmer les" misè-
a res de ce. monde (je l'ai : lu l'autre
« soir dans un de leurs journaux, qui
« se disent officieux; et je ne sais en
« vérité ce'qu'ils-sont), ils s'imaginent
a donc que toute religion est bonne,.
« et que, par suite, les blasphèmes de
«. Luther et de Calvin, la superbe' et
« l'arrogance de Photius et les igno-
« minies de Mahomet suffisent pour
« tranquilliser, les. esprits. Et pourtant,
« hélas ! ce' sont ceux-là qui sont les
« grands misérables. .
a Prions pour eux, prions beaucoup,'
« afin qu'ils cessent ces persécutions
« contre l'Eglise de Jé3us-Christ, qui;
«t leur sont fatales à eux-mêmes.
a Je vous dirai encore une parole
a -avant de vous, bénir. Dans les pre-
« mières années, de mon pontificat,
« J avant de quitter Rome, sous le coup
« de la Révolution^ il y avait un hom -i
« ïne, mori aujourd'hui, qui était mi-
« nistre, parmi, tous ceux en grand!
«nombre qui se.sont-alors .succédé.)
a II était assez révolutionnaire, 'mais un
« révolutionnaire du gènre plus tran-
.« quille^ et non de ceux qui prennent
-« en main le poignard et le revolver,
« Et il me disait avec force protesta- ;
« tions : Une fois les Allemands partis,;
a très Saint-Père (et il ajoutait au mot
« Allemand une épithète disgracieuse)
« nous ne désirons rien de plusi
« Quand nous serons délivrés de ce
« joug que nous haïssons, nous vou-
« Ions être vos sujets fidèles, et gare à •
« -qui attaquerait la sainteté de la reli-
m gion de Jésus^Christ. De cette reli-,
« gion nous serons toujours "les défen-
« geurs, et nous serons à vos ordres j
« pour soutenir cettp doctrine dans son j
« intégrité. * • . • • • .. j
« Eh bien, vous avez vu ce qui est]
« arrivé. Ces promesse^, le -font les
« emportées et elles -ont jonohé la terre.
« Vous avez vu, comment ils ont agi ■
n ces hommes, une fois les Allemands
* chassés. Vous avez vu quelle union,
^ queller concorde, ,quelle paix ! Vous
« avez vu. les provinces gagnées par
« celui qui les avait, perdues,! Vous
« avez entendu^ ensuite. les compli-
r ments qu'on a faits-aux Allemands.
«' L'Allemand, qui était un ennemi si
< perfide il y a vingt-quatre ans, ett
« devenu aujourd'hui un objet de.vé-
« nération. Oh ! le monde ; combien il
« est pervers l Xe trait d'union pour
« certaines nations aujourd'hui, c'est
« la haine contre h Seigneur et contre
« son Christ.\ .
« Courage donc ^t constance, mes
« chère» :fiUes,.'dans. le sentier que
« vous suivez maintenant ; ne doutez
« pas : des deux côtés de vous tombe-
« ront» à. droite et à gauche, les traits
« de vos énnemis. Mais Dieu vous as-
« sistera, Dieu qui distribue les biens,
« et qui en même temps tire des tre-
« sors dp sa 'justice les fléaux et les
« peines. Oh 1 oui, Dieu se souviendra
« de cette parabole de l'Enfant prodi-
« gue, où il est représenté comme un
« Pèremiséric,or dieux et plein d'amour,
à II se souviendra de vous, de moi, de
«> toute l'Eglise catholique, et, levant
« son hras tout-puissant, il - çomman-
« dera aux flots.tempêtueux de s'arrêter
« à l'endroit qu'il aura marqué et il
« dira : Que le calme se fasse et qu'ar-
« rive la paix !
« C'est dans ces-sentiments que je
« vous bénis. Recevez avec mabéné-
« diction l'expression de ma reconnais-
« sance pour le zèle qiie vous mettez &
« poursuivre la gloire de Dieu, le bien
« et la sanctification des âmes. Que
.« cette bénédiction répande le courage
« dans vos âmes, qu'elle entre dans
« -vos familles et qu'elle y étouffe tou
«te dissension, toute contradiction;
« qu'elle apporté dans vos maisons la
« paix,le bien-:être et l'allégresse; que
« 'cette bénédiction soit avec vous au
« dernier moment de;: vôtre vie, lors-
« que vousrgmettrezYos âmes dans-les 1
« "mains de Dieuv et que de vos lèvres
« mourantes s'exhale ce dernier cri :
« Dieu soit béni, béni dans sa miséri-
« corde, dans sa justice, béni pour
« toujours. Et toujours vous" le bénireîz
«.lorsque Dieu vous ttura admis dans
« la gloire éternelle du paradis.
« Benedictio Dei, etc. » : ' .
On télégraphie de Rome à YAgence
Bavai, à la d^te du'lï? ^
Le Pape reçoit de nombreuses députationsj
italiennes et étrangères, à l'occasion de l'an A
niversaire de son avènement à la papauté.
Demain-aura lieu, au Vatican, un Je Deum
solennel. • - -
De nombreuses offrandes ont été apportées
au Pape. Aujourd'hui doit avoir lieu une
brillante réception.'
L'aristocratie .'et la bourgeoisie romaines
et les étrangers de toute condition apparte
nante diverses sociétés catholiques se réu
nissent en : ce moment par. milliers dans les
salles du Vatican.
Le Pape commencera ses réceptions vers
une heure. . , ■ v •
Un corps sans tête ou à la recherché
d'une tête, voilà, on en conviendra,
une organisation défectueuse. Les Etats,
pas plus que'les individus, ne se pas
sent de ce maître-organe, dominateur
et régulateur de tous lés autres. Qu'est-
ce qu'une nation,: une cité, une As
semblée légiférente? La langue n'a
qu'un mot pour désigner ceà ; réu
nions d'hommes reliés par l'unité
de la patrie, par l'unité du droit,
de l'organisation et du but à atteindre
en commun ; elle les appelle des corps.
Ces mots primitifs, universels, sont
autant de vérités 1 premières. On peut
mentir,.avec des mots, les .mots eux-
mêmes" ne peuvent mehtir. 'L'omni-
. science, l'omnisagesse est certaine
ment contenue dans les mots de la
langue, spécialement dans les mots'de
fond, dont on a fait usage dans tous
les temps, et qui n'ont pas "été fabri
qués pour le besoin d'un système.
Un peuple est un corps, une assem
blée est un corps; tout corps appelle
de nécessité une tête, qui le termine
et lui commandé. Les volontés vont à
droite, à gauche, dans toutes les direc
tions ; même les honnêtes gens, d'ac
cord sur le but, tendant au bien avec
sincérité, le plus souvent né s'enten
dent pas, sur les moyens. Il faut la
tête pour réduire à l'unité cette multi-.
tude de volontés naturellement diver-;
gentes ou s contraires. L'homme qui
perd sa tête perd en même temps la
vie ; sa mort est soudaine, ses.maux en
ce monde sont finis. Les nations déca-i
pitées, autrement dit les nations qui:
ont perdu l'autorité et jusqu'à la no
tion de l'autorité dirigeants légitime,
ces nations meurent longuement, elles
entrent dans une agonie pleine d'hor
reur. " , v ' ■
Nous connaissons cette agonie, nous
èn subissons les prostrations, leà' ter- !
reurs, les divagations, les délires soin- !
bres. La France, gouvernée par ' seb ;
rois héréditaires, avait sa vraie tête, sa *
tête légitime et normale, une tête' de '
même date, de même formation, 'de
même venue que la patrie française,
qui avait grandi avec elle'et'partagé
les mêmes vicissitudes de revers et de
gloire. La Gaule catholique est deve
nue la France de Clovis par une con
jonction do causes providentielles et
naturelles au même degré. Il n'y eut
pas à proprement parier de cônquête,
pas de violation du droit par la force
ou la fortune des armes; il y eut une
accession; un pacte spontané, de la na
tion et du roi. Le Sicambre baptisé
était le chef prédestiné de la Gaule or
thodoxe. Leur foi religieuse et sociale
était la même ; l'ennemi comtaun était
le même ; c'était le Visigoth, le Bur-
gonde, le Lombard, tous ariens, fau
teurs d'hérésie, massacreurs .de prêtres
et brûleurs d'églises. * 1
La même encore était l'œuvre pour
laquelle étaient destinés ce peuple ét
ce roi. Cette œuvre était de détruire les
puissances ariennes, de fonder politi
quement et géographiquement la pa
trie française, de tracer avec «l'épée les
amples limites de la terre et de la ci
vilisation catholiques. Pour cette œu
vre, il fallait à Clovis la royauté des
Gaules, il fallait à la Gaule l'épée de
Clovis. Le jour ou ce peuple et ce roi
se donnèrent l'un à l'autre, il y eut une
France, patrie nouvelle, nation élue,
la première enfantée à la foi orthodo
xe, et dont la destinée, dont la cause,
dè3 le commencement, se trouvèrent
liées à la cause même de la pureté de
la foi. Peuple et chef, tête et corps ap
paraissent à la même heure dans la lu
mière de l'histoire, combattent ensem
ble, reçoivent ensemble le baptême de
la victoire dans cette journée deVouil-
lé, où l'armée arienne fut défaite, où
commence la légende militaire de la
France. . ' .
Depuis les rois chevelus, là lignée
régnante a été changée deux fois. En
réalité, il n'y a pas eu de changement,
il n'y a pas eu de coupure dans la suc
cession royale, au point de vue autre
ment éleve de. l'unité du droit natio
nal. Le fond du droit national, ce
qui en est l'âme, c'est la vocation d'un
peuple, sa prédestination à une œuvre
civilisatrice. A considérer cet intérêt
supérieur, qui doit seul être considéré,
les deux mutations dp dynasties sau-
vèrent, bien loin de la violer, la véri
table loi de succession au trône. La
cause .française., la grande cause deja
civilisation catholique périclitait en
tre les faibles mains des derniers suc
cesseurs de Clovis; Deux nouveaux et
formidables ennemis, le paganisme
•Scandinave au nord, l'islamisme au
■midi, menaçaient l'Europe chrétienne
id^ne submersion.
' Les exploits de Charles Martel, de
Pépin, de Charlemagne, arrêtèrent et
refoulèrent la double avalanche.-Le
pouvoir 4 de drbit, là royautéj passa na- j
'turellement du. côté où était le pouvoir
de fait, où! était la victoire et l'immen
sité des services rendus.
Des événements et des situations
presque de tout point semblables se
produisent de nouveau à la fin du neu
vième et dans les premières années du
^dixième siècle. ,A leur, tour, les des
cendants énervés de Charlemagne se
/trouvent hors d'état de tenir l'épée du
droit, inégaux au péril qui menace la
civilisation chrétienne représentée
\ avant tout par la France. L'ennemi
'^nouveau est le ..Nôrmànd. Ces Nor
mands, brigands à toutes fins, écu-
meurs dé mer-, ravageant les campa
gnes et incendiant les 'villes sur la
'terre férme, ces Normands n'étaient;
pas simplement dès hordes de pirates
norwégiens ou danois.
j . L'histoire les montre comme repré
sentant-une sorte de banditisme cos
mopolite, recruté dé chenapans de toute ;
frovenance. Un de leurs chefs, dit-on,;
tait Champenois, II. y a plus d'une
analogie èntre le banditisme normand
et l'internationale. Les derniers carlo-
Vingiens ne savaient que se faire bat
tre par ce nouvel envahisseur ou si-
gaër avec lui des compromis honteux.
Alors paraissent,sous le prisme brillant
de l'histoire, Robèrt le Fort, Eudes,
Hugue Capet. Ils se rendent célèbres
par leur prouesse et les avanies qu'ils!
font essuyer aux. Normands. C'est le 1
tour de la maison de France de pren
dre le scepitre dans ce temps où le
sceptre, c'est l'épée qui.délivre et qui|
sauve. 11 tombe sousi le sens que ces
mutations dans la race régnante ont
assuré la continuité des: destinées et
de l'œuvre civilisatrice de la France.
Il est clair qu'elles ont eu pour effet de;
réaliser l'orare de sùpcessiôn au trône
le plus ininterrompu et le plus excel-i
lemment légitime. Oh dit, c est un pro -i
tvérbe, qu'on-ne supprima bien que ce}
que l'pnj remplace.— D'accord; en re
vanche, celui qui remplace, qui est;
marqué du signe,-qui porte avec lui laf
victoire et le sâlut, celui-là élimine lé-l
gitimément. un pouvoir dégénéré de
lui-même et devenu incapable ou traî-1
tre. . ■_ ■ . 5
•• Telle à été notre patriè durant qaa -f
torze siècles.; la France était le corps J
le roi héréditaire était la tête. La Ré
volution a coupé cette tête royale. Cri
me stupide; c est la France qui a été:
décapitée sur l'échafaud du 21 janvier J
Depuis, nous nous agitons convulsive
ment et misérablement, réduits à res
ter sans tête.où à n'avoir que des têtes
de rechange que la force brutale ou
des fraudes indignes nous imposent.;
■Parmi ces vicissitudes, un moment la
France ti reloué le fil dé ses traditions
et recouvré «es chefs légitimes. Pari
malheur, on avait mis du 89 dans le
pacte qui rendait r la France à son roi
et son roi à la France. Cet ingrédient
a tout gâté ; la conciliation des princi
pes, comme on rappelle, a tué la ré
conciliation ; l'attache n'a pu prendre
chair, elle n'a pas tenu, ej nous re
voilà en proie de nouveau à cette mi-; !
sère destetes d'essai et de hasard, u
Présentement, nous avons la tête'
provisoire de M. Thiers. Le chef, cer- 1
tes, est brillant, immensément spiri
tuel «t habile, trop habile, hélas ! En
somme, si demain n'existait pas et
s'il ne s'agissait que d'une question dé
vanité nationale, il n'y aurait pas lieu
d'être trop mécontent; Cette tête fait
quelque figure; elle. vaut bien pour le
moins celle du roi galant homme et
de tel ou tel autre souverain du jour,
plus ou moins 1 mâtiné de parlementa*
risme. —^ C'est à merveille, mais après ?
•— Il est vrai, nous avons la loi Rivet,
un chef-d'œuvre de serrurerie, qui a
très ingénieusement et très à demeure
cadenacé la tête de M. Thiers au corps
de l'Assemblée nationale; Sans doute,
mais enfin la tête est fragile, elle n'est
pas immortelle ; l'Assemblée n'est pas
indissoluble, elle le devient de moins
en moins tous les jours. Les deux piè
ces sont solidement attachées, mais
elles sont l'une et l'autre sujettes à se
casser; il n'y a que l'attache qui est de
fine trempe, et pour sûr ne cassera
pas. Qu'est-ce que cela fait que la
courroie résiste, si la tête ou le corps
de l'appareil se détraque ?
Nous revenons toujours à cet effroya
ble point d'interrogation : Qu'advien-
dra-t-il après?~ Eh! mon Dieu, nous
le savons trop ce qui adviendra. La
tête de demain est. toute poussée dans
la serre chaude de la révolution. Seu
lement, quand nous aurons un tel chef
soudé au corps de la France, ou Dieu
interviendra visiblement pour sauver
notre existence et notre honneur; ou
ce sera le dernier des jours, finis Gai-
liœ l La fiction violente a des bornes ;
l'absurde en politique a des limites
qu'une nation ne dépasse pas sans pé
rir. Passe encore pour la royauté via
gère de M. Thiers ; M. Thiers, à côté
de ses funestes travers, a des qualités
française*. Le jour où M. Thiers dipa-
ru, nous aurions à sa place, et en guise
de tête, cet énorme grelot vide qui s'ap
pelle Gambetta, ce jour-là il n'y aurait
plus de France. Un peuple ne . subit
pas ce comble de l'humiliation; il en
meurt.-
, PH. SBKBR 1 . «
.. On écrit de' Versailles, le 4S juin,
•à YAgence Bàxsas : - k m
Il parait certain que la Prusse a accepté le
principe des négociations sur la base de l'é
vacuation, moyennant le payement d'une
■partie des troiB milliards et des garanties
pour le resté; : '
. M. Thiers s'est rendu.aojourd'hui à Paris,
où il doit voir le comte d'Arnim. i '
D'autre part on lit dans le Courrier
de France : '
M. Thiers s'est rendu aujourd'hui à PariB
pour commencer les négociations relatives à*
la libération du territoire sur la basp des pro
positions françaises., . " ;
. ' La réponse de M. de Bismarck accep tant
en principe "ces propositions a été communi
quée hier dans la journée au gouvernement
français. . .- ■
Ce principe, c'est, par anticipation, le paye
ment partiel et l'évacuation partielle. J '•
Il reste à déterminer les époques elle mode
des payements partiels, ainsi çùe les détails
des évacuations anticipées qui en seront la
conséquence. .
C'est là ce qui fait-aujourd'hui l'objet de
l'entrevae que M. Thiers doit avoir à Paris
avec l'ambaSsadeur d'Allemagne.
Le Constitutionnel donne les mêmes
nouvelles, mais il y ajoute que M.
Thiers profitera de la circonstance pour
obtenir le retour. de l'Assemblee à
Paris : . ' • '
M. Thiers, dit-il, ne contractera un em-'
prunt qu'après avoir demandé le retour da
l'Assemblée à Paris, afin de donner plus de
confiance aux souscripteurs! cette, question
du retour à. Paris pourrait donc être pré
sentée par quelques députés du cantre gau
che, avant' les vacances du mois d'aoû t ; si
elle est résolue affirmativement, l'Assemblée
et le gouvernement réinstalleraient leur siège
dans Ta capitale de la,France au mois d'octo
bre. L'emprunt p'aurait pas lieu avant cette;
époque. ( ;
La Voce délia Verità annonce que le
prince. Gortschakoff, qui était allé
prendre le3 bains, vient de rentrer
précipitamment, à Saint-Pétersbourg,
appelé par un ordre pressant de i'em-.'
pereur, que motivaient les complica-;
tioris politiques.
Dans le compte rendu in extenso de
l'incident Lorgeril que l'Univers a pu
blié hier, nos lecteurs ont pu remar
quer avec quelle 1 vivacité M. Thiers
s'est écrié, lorsque M. de Lorgeril l'ac
cusait d'avoir fait autrefois profession
de suivre la République;.radicale ;
C'est un mensonge! c'est un mensonge !
Lé mot est peii parlementaire, mais
nous avouons sans peiné qu'il serait
parfaitement excusable s'il correspon
dait à îa vérité. PÏus le reprocha était
gravé; plus on comprend que la pro
testation goit vive. Or, voici textuelle
ment ce que nous lisons, au Moniteur
du 3 février i848., C'est à propos des
affaires du Sonderbund. et par consé
quent ce n'était point une déclaration
en l'air que cette profession de foi de
M. Thiers : ■
Entendez bien mon sentiment ; je suis du
parti de là Révolution, tant en France qu'en Eu'
rope, j je souhaite-que.lo gouvernement de la
Révolution reste dans les mains des hommes
modérés ; je ferai tout 00 que je.pourrai pour
qu'il continue à-y ■fitrev^ Mais quand ce gouver
nement passera dans les mains a'hommes qui se
ront moins modérés que moi et mes amis, dans
les mains , des hommes ardents, fut-ce les
radicaux , je n'abandonnerai pas nia cause
pour cela, je serai toujours - du parti de la
révolution!
À considérer ce qui se passe aujour
d'hui, on voit trop que M. Thiers n'a
pas abonné son programme de 1848,
car nous le .voyons favoriser par tous
les paoyensi l'explosion de la Réppbli-
3' ue radicale. Mais, si là démonstration
e cé fait est désormais évidente, à qui
faut-il appliquer ce mot de Thiers
C'est, un mensonge I Nous laissons à tout
homme de bonne foi le soin de décider
si c'est du côté de M. de Lorgeril ou
du côté du président de la République
que se trouve là sincérité. .
AcapsTH Roussit,,
On raconte que M. de Rothschild, en
3on nom et au nom de plusieurs au
tres banquiers, est aile trouver M.
Thiers, et lui a tenu à peu près ce lan
gage :
—- Monsieur le président, il ne m'ap
partient pas de discuter' avec voijis ni
de combattre la direction de votre po
litique ; mais je considère qu'il est de
mon devoir de ne pas vous dissimuler
le véritable état dés choses, en ce qui
concerne notre 4 situation financière et
le résultat que peuvent avoir, sur no
tre crédit, des élections pareilles aux
élections dernières.
Vous dites volontiers, monsieur le pré
sident, que la France se refait, grâce à vo:
tre politique* et vous en avez tellement
conscience qùë vous poursuivez active
ment des négociations pour, l'entière
et prompte libération du territoire.
Notre concours vous est à l'avance ac
quis pour cette œuvre, et vous n'en
sauriez douter, mais par lui-même
notre concours n'est pas suffisant et
vous savez aussi bien que moi qu'il est
subordonné à la confiance, non-seule
ment du pays, mais de l'Europe sûr le
maintien de l'ordre.
Cette condition est particulièrement
indispensable, lorsqu'il s'agit d'un em
prunt colossal comme celui que vous
projetez et qui doit avoir pour but de
vous mettre en mains les- trois mil
liards que réclamé la Prusse pour une
libération anticipée de la France. Or,
je. ne dois pas, vous laisser ignorer;
monsieur le président, qu'il-ne fau
drait pas beaucoup d'élections commé
pelles du 9 juin pour ruiner absoltif
ment la confiance et* par suite 1g cré
dit. J'ai l'habitude, monsieur le prési
dent, .de pese^ assçzr exactempnt au
point de vue financier la valeur d'un
acte politique, et savez-vous à combien
j'estime l'echec que les« trois élections
radicales^ font subir au .crédit dé la
France ?. .. . r .
— Voyons, voyons, mon cher bsronï
fit M. Thiers, qui était sur lé gril, vous
vous faites des peurs déraisonnable?, 1
et je parié que vous ailes encore - exar
gérer. • - . - - - ,
— Je n'exagéré rien, monsieur Ip
président ; je répète que ces élections
sont une atteinte au crédit de la Fran
ce et je l'estime à deux cents millions 1 .
— Deux cent millions, nibn cher ba
ron ; mais ce n'est pas possible ! Je sais
aussi ce que vaut la politique et ce que
je pèse df^ns la balance du crédit. Les
dernières élections sont péut-etre 'un
S eu nuancées, je l'avoue ; mais consl-
érez que les élus se sont abrités der
rière mon nom, et, par. suite, ils de
viennent . cpnservateu'rs. C'est ^bspïu-;
menir, t mon cher b^ron, comme si vous
mettiez votre signktur^ à un billet sabd
valeur dé 200,0,00 fran.es. .A^uat- votre
signature ce n'était qu'un * chiffôû ;
quand vous y avçz mis. votre griffe,
tous ^es banquiers se le disputent, pt
c'est line bonne valeuride portefeuille?.
Vous voyez, ajouta fixement M. Thierg,
que je sais»aussi apprécier financière
ment les choses,, mon cher barejn.
-7. Monsieur la président, rpprit im
perturbablement M.. de. Ito%p^ua,. ; rque-vous dites est vrai ; pais ! si nous
avionâ souvent fait dés opérations dé
ce genre, présentement .les RpthsphiljJ
seraient ruinés, càrpour donner de la
valeur; à des billets _ qui n'en. avaient
pas, nous aurions pris chaque fois dans
notre caisse la somme qu'ils représen
tent et que nous aurions- ainsi jetée-
dans lé gouffre ; c'est absolument l'o
pération que vous faites. Vous .contre
signez M. Barni, mais ce que vpils lui
donnez est arraché à . votre .crédit. Je
ne puis donc que vous répéter ce q^o
j'avais l'honneur, de,vous dire : a I»® 8
-trois dernières élections né coûtent
pas moins de deux cent million^ au
crédit dé la France. ,
— Mais que faire àlprs mon chf?
baron?
t-' Monsieur le président, ceci.ne m,e
regarde plu»;-car je vous ai dit que je ne
me mêlais pas de fairp de la politique^
Seulement je la juge,<èt c'est a Vous
d'aviser. , ' . :
Sur ce, M. de .Rothschild salua, laipJ
sant M. Thiers irrité et songpur. .,
... adgdsthr RODBBBL.
Le 14 mai, à propos du cardinal
Hohenlohe, M. de Bismarck expliquait
au parlement de l'empire d'Allemagne
(Reichstag) qu'il importe de régler v le's
questions religieuses « par. la voie dp
la législation générale de l'empire, pour
laquelle les gouvernements seront
obligés de réclamer l'aide du Reichs
tag. » Il faut qu'en matière de religion
comme en tout l'unité allemande s'a
chève, et. qu'aucun des Etats, qui la
composent ne puisse se permettre d'ac^
corder à l'Eglise catholique des liber
tés que la Prusse juge'ù propos de lui
retirer. Le surlendemain, 16 mai, le
Rèichstag, se rendant âu vœu du prin-j
çe chancelier, le chargeait ;de s'enteriâ-
dre avec les gouvernements pour que
les lois, destinées à former cette législa-:
tion générale, lui fussent présentées et
Su'il pût, en les votant, donner.« l'air
e réclamée (l) ».. Non moins dociles
que le Reichstag,; les gouvernements
se sont empressés de présenter au Rei^
chstag le projet dé loi dont voici lè
texte et les considérants :
§ 1. La police locale peut interdire le sé^
jour de toute localité du territoire fédéra!
aux membres de l'ordre de la Société de Jé
sus ou d'une congrégation analogue à cette
Société, alors môme qu'ils sont en posses
sion de l'indigénat allemand. .
, § 2. La Conseil fédéral donnera les insf
tructions nécessaires à l'exécution de cettç.
loi.
Dans sa séance du 23 mai {872,- le Reichi
stag a décidé de renvoyer au chancelier da
l'empire les pétitions pour et contre une in
terdiction générale de l'ordre des jésuites en
Allemagne, en l'invitant . T
1° A faire en sorte qu'il soit établi dans
l'empire ùn régime garantissant la pai? re
ligieuse, l'égalité des "confessions et la pro
tection des citoyens contre itoute diminution
de leurs droits par le fait du pouvoir eccléj
siaatique;
2° A présenter un projet de loi'qui, eq
vertu de l'introduction et de l'article 4, ali*
néa 13 et 16 de la Constitution de l'empire,
règle le régime des congrégations et commu
nautés religieuses, la question et les çondifî
tions de leur tolérance, et menace da pena->
litéa leur activité dangereuse à l'Etat, sur
tout qelle de la Société de Jésus. '
Le présent projet de loi eat destiné à don
ner provisoirement suite à la partie de la dé
cision du Reichstag qui se rapporte & la So-,
oiété de Jésus, et cela en. restreignant pour
les membres de cet ordre , sur la liberté d'établissement «1 vigaeur
dans l'empire. Reste réservée l'émanation
de lois ultérieures réglant les autres ques
tions soulevées par ia décision du Reioh-
stag.
Ainsi les jésuites et tous les membres
des congrégations analogues (quelle
est la congrégation que la police ne
trouvera pas analogue si M. de Bist
marck la juge telle ?), bien que ci
toyens allemands (on à déjà expulsa
(i) V, .notre numéro da 26 mai,
" pan»,- . . •
> . ^ an » *. •. i« «*i« i ii * ■ » ■« M * » «• ' f
.» . «,»"» »v«*.<».. 'fc.-.'.v. • « ■ ' 50 '
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l«-onîaaé«)', à Paris,i 15 .ciônt.
"'.^'épàrfçxnëxils ': î?0\ » / ' " . ô.
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■.. t -i..... -Trois? mois. • ■-■.«..>■ ( i■ .y . 10
Editioni senfl-qnotldleBM;
- ' Unan,32fr.—Sii mois, 17.fr ^—Troiirpois,9fir;. r
" * ypntnrt ne répond pas de* manuscrit;
II, Cb< liAGlUNGS, CERf rt.GV6> «lacé da la B#arn. ■
't i
FRANCE
PARIS, 46 JUIN l&n
• ■ . .• ■■■•'. ■ t - ■■
Le télégraphe naus faisait sommai
rement, nier, le récit de l'audience acr
cordée par le Saint-Père, Je i3 juin, à
l'Union dsé Dames, catholiques, les-
quelles, -par l'organe de Mme la mar
quise Claire Antici Mattei, étaient Ve
nues offrir au Saint-Père . leurs félici
tations - à l'pccasum jiu 26° anniver
saire 4.6 son pontificat. Nous tradui
rons, d'aprèsla Voce deUà.Verità, le dis-
.cours du Sdin.t-Pèr.e> jeu réponse à j(\A-
dresse des. Dames-eatholiques.
; .« Si Dieu permet ,que le Saint-Siège
« soit si souvent en butte aux contradic-
,« tiops; aux persécutions,et à.i'oppres-
. « sion, de .temps en temps aussi. Dieu,
« qui connaît la faiblesse de son pau-
„« vre représentant sur la terre, lui en-.
« vois des consolations pour lui don-
« ner du courage et des .forces et l'ai-'
«' ùer,4 vivre, dans une pleine confian-,
'« ce en la volonté de Die.u. Et ces con-s
« solatipris, en' lui donnant des forces
« nouvelles, . le -mettent en état de
« poursuivre ; sa" : yôip : douloureuse, 1
« avec l'espoir d'unpjfin plus belle, ;
« plus heureuse et pleine de gloire, i
« C'est une de ces circonstances qui
«. se présente à moi en ce moment, et
« j'en rends grâces au Seigneur Dieu.
« Je vous rends" grâce aussi de ces
« sentiments de tendresse que vous
.«.manifestez et de ces vœux qui, en
,« votre nom j3i.to.us> tiennent de m'ê-
«f trè adressés. Paisse .le Seigneur-les
« exaucer dans son infinie miséricorde,
!#. et puisse-t-il vousdonner à -yaus-,
« mêmes la force et le courage afin
« qu'il vous soit donné de continuer
« votre chemin dans le sentier où vous
« êtes'entrées! ,,,
, « Les périls sont nombreux et' les
« ennetiais ne manquent pas ; les" con-1
« tradictions aussi abondent... Mais:
». prenons courage, et pour cela, je |
<* vous dirai un fait qui me vient enf
« ce moment à-l'esprit et qui est arri-i
« vé vers le commencement du siècle [
« dernier à une âme bienheureuse., j
« Je veux parler 4«i bienheureux Cri?- j
«i, pin de.Viierbe. C'était un laïque, eti
« il avait paur ami un autre laïque qui
« luttait avec lui d'une noble émula-
« tiori pour arriver ensemble à la per-
« de Dieu, son «mi se trouvait loin de j
« lui. Or, une nuit il eut un songe, et j
« il vit Crispin quij chargé d'une lourde f
a besace, s'acheminait sur un sentier j
« fangeux, et plein d'ordures. Et ce
« sentier était parsemé d'un grtfnd
« nombre dé'pointes, de pierres et j
« d'obstacles, par-dessus lesquels Cris- j
« pin, bien «que «chargé desa besace et(
a fort âgé, passait si, légèrement, tan- [
«tôt mettant ie pied sur I' uro , tantôt '
« sur l'autre de ces pierres providen-
« tielles, que la fange n'atteignait ni
« sa tunique, ni même ses sandales.;
« Il arriva de la sorte dans un champ
« couvert de'fleurs, au fond "duquel se
« dressait uù palais magnifique, etvoici
« qu'au devant dé Crispin s'élançaient
« un nombre considérable de grandes>
* âmes ejt dé jeunes gens pleins de
« beauté qui l'introduisirent dans lè
* palaismystique pour y jouir, dé
« Dieu durant l'éternité. ..
«A ce moment, l'ami de Crispin s'é r
«, veilla fct. il dit i Crispin est mort. Et
« le songe que j'ai fait m'apprend que
W cet homme de Dieu ayant cheminé
« à travers les souillures du monde
« sans en être jamais atteint,
« jouit maintenant dans le Paradis du
« prix et de la couronne de sçs ver-
o.ius.
« Voilà, mes très chères filles, un
« fait qui m'a toujours donné le cou-
« rage .,de voyager sur cette terre, à
« travers les scandales.-Je le sais, il
n est difficile de mettre toujours les
a pieds sur un terrain sûr, et de se
« garder des souillures qui vous envi*
« ronnent. Cela est d'autant plus dif-
« ficile que notre nature est misérable
« et lâche, qu'elle pèse sur notre es-
k prit et qu'elle rend plus pénible le
« combat contre nos ennemis. Cepen-
c « dant ne perdons pas courage et al
lions résolument de l'avant pour ar-
*« river à ce beau palais. ,
'• a ypus entrez dans les églises et
a, vous les faites retentir de vos prié-
'« res. Vous entrez dans les églises et
« vous vous approchez de la table
« sainte, qui donné la force, la vi?
■ « gueur, le courage et les lumières
x qui sont nécessaires pour cheminer
a à travers de si grandes ténèbres. Au
a contraire, ceux qui «ont contre nous
a n'entrent pas dans ces lieux saints»
« Et à ce propos, je vous répéterai une
a parabole bien ; connue, en l'appro-
. « priant aux circonstances. La para
it bolë, sortie de la bouche infaillible
f du divin Rédempteur, c'est la para-
« bole de l'Enfant prodigue.Vous ^irou-;
a vez surabondamment que,, .vous ne
' « l'ignorez pas, vous qui vous, occupez
a de ces pauvres femmes qui ont be-
« soin de votre secours, afin qu'elles
a deviennent, de filles prodigues, des
« filles' pénitentes, et Qu'elles se ren-
« dent djgnes, elles aussi, de faire
« honneur à l'Eglîsé de Jésus-Christ.
•. «, La circonstance que je veux vous
« rappeler, la voici : vous savez que
a le frère aîné du prodigue, revenant
« d'une excursion dans les champs
et s'approchant de la maison, enten-,
.« dit les «ccords de la' musique que
« son père, t plein de tendresse, avait
« .ordonné de faire» entendre pour, cé-
« lébrer le retour de son fils;-or, ap-
« prenant des domestiques (Ju'on avait
« préparé, en outre, un festin somp-
« tueux, le frère aîné s'en alla avec
« dépit et ne voulut pas entrer. Noluit
a intrare in domum suam,' i l
« Ahl mes très chères filles'. ..Ceci
a est, en petit, la ressemblance de ce
.« ijui se passe aujourd'hui. Nous en-;
V trons dans lès églises^ "et eux. ils n'y ;
« entrent pas; nous avons soin de
« nous approcher de la table eucha-
« ristique, et eux, non contents de la
« fuir, ils blasphèment la Sainteté de
« cet auguste-mystère.,
« Ils s'imaginent donc, eux et leurs
a pareilsi que pour ^calmer les" misè-
a res de ce. monde (je l'ai : lu l'autre
« soir dans un de leurs journaux, qui
« se disent officieux; et je ne sais en
« vérité ce'qu'ils-sont), ils s'imaginent
a donc que toute religion est bonne,.
« et que, par suite, les blasphèmes de
«. Luther et de Calvin, la superbe' et
« l'arrogance de Photius et les igno-
« minies de Mahomet suffisent pour
« tranquilliser, les. esprits. Et pourtant,
« hélas ! ce' sont ceux-là qui sont les
« grands misérables. .
a Prions pour eux, prions beaucoup,'
« afin qu'ils cessent ces persécutions
« contre l'Eglise de Jé3us-Christ, qui;
«t leur sont fatales à eux-mêmes.
a Je vous dirai encore une parole
a -avant de vous, bénir. Dans les pre-
« mières années, de mon pontificat,
« J avant de quitter Rome, sous le coup
« de la Révolution^ il y avait un hom -i
« ïne, mori aujourd'hui, qui était mi-
« nistre, parmi, tous ceux en grand!
«nombre qui se.sont-alors .succédé.)
a II était assez révolutionnaire, 'mais un
« révolutionnaire du gènre plus tran-
.« quille^ et non de ceux qui prennent
-« en main le poignard et le revolver,
« Et il me disait avec force protesta- ;
« tions : Une fois les Allemands partis,;
a très Saint-Père (et il ajoutait au mot
« Allemand une épithète disgracieuse)
« nous ne désirons rien de plusi
« Quand nous serons délivrés de ce
« joug que nous haïssons, nous vou-
« Ions être vos sujets fidèles, et gare à •
« -qui attaquerait la sainteté de la reli-
m gion de Jésus^Christ. De cette reli-,
« gion nous serons toujours "les défen-
« geurs, et nous serons à vos ordres j
« pour soutenir cettp doctrine dans son j
« intégrité. * • . • • • .. j
« Eh bien, vous avez vu ce qui est]
« arrivé. Ces promesse^, le -font les
« emportées et elles -ont jonohé la terre.
« Vous avez vu, comment ils ont agi ■
n ces hommes, une fois les Allemands
* chassés. Vous avez vu quelle union,
^ queller concorde, ,quelle paix ! Vous
« avez vu. les provinces gagnées par
« celui qui les avait, perdues,! Vous
« avez entendu^ ensuite. les compli-
r ments qu'on a faits-aux Allemands.
«' L'Allemand, qui était un ennemi si
< perfide il y a vingt-quatre ans, ett
« devenu aujourd'hui un objet de.vé-
« nération. Oh ! le monde ; combien il
« est pervers l Xe trait d'union pour
« certaines nations aujourd'hui, c'est
« la haine contre h Seigneur et contre
« son Christ.\ .
« Courage donc ^t constance, mes
« chère» :fiUes,.'dans. le sentier que
« vous suivez maintenant ; ne doutez
« pas : des deux côtés de vous tombe-
« ront» à. droite et à gauche, les traits
« de vos énnemis. Mais Dieu vous as-
« sistera, Dieu qui distribue les biens,
« et qui en même temps tire des tre-
« sors dp sa 'justice les fléaux et les
« peines. Oh 1 oui, Dieu se souviendra
« de cette parabole de l'Enfant prodi-
« gue, où il est représenté comme un
« Pèremiséric,or dieux et plein d'amour,
à II se souviendra de vous, de moi, de
«> toute l'Eglise catholique, et, levant
« son hras tout-puissant, il - çomman-
« dera aux flots.tempêtueux de s'arrêter
« à l'endroit qu'il aura marqué et il
« dira : Que le calme se fasse et qu'ar-
« rive la paix !
« C'est dans ces-sentiments que je
« vous bénis. Recevez avec mabéné-
« diction l'expression de ma reconnais-
« sance pour le zèle qiie vous mettez &
« poursuivre la gloire de Dieu, le bien
« et la sanctification des âmes. Que
.« cette bénédiction répande le courage
« dans vos âmes, qu'elle entre dans
« -vos familles et qu'elle y étouffe tou
«te dissension, toute contradiction;
« qu'elle apporté dans vos maisons la
« paix,le bien-:être et l'allégresse; que
« 'cette bénédiction soit avec vous au
« dernier moment de;: vôtre vie, lors-
« que vousrgmettrezYos âmes dans-les 1
« "mains de Dieuv et que de vos lèvres
« mourantes s'exhale ce dernier cri :
« Dieu soit béni, béni dans sa miséri-
« corde, dans sa justice, béni pour
« toujours. Et toujours vous" le bénireîz
«.lorsque Dieu vous ttura admis dans
« la gloire éternelle du paradis.
« Benedictio Dei, etc. » : ' .
On télégraphie de Rome à YAgence
Bavai, à la d^te du'lï? ^
Le Pape reçoit de nombreuses députationsj
italiennes et étrangères, à l'occasion de l'an A
niversaire de son avènement à la papauté.
Demain-aura lieu, au Vatican, un Je Deum
solennel. • - -
De nombreuses offrandes ont été apportées
au Pape. Aujourd'hui doit avoir lieu une
brillante réception.'
L'aristocratie .'et la bourgeoisie romaines
et les étrangers de toute condition apparte
nante diverses sociétés catholiques se réu
nissent en : ce moment par. milliers dans les
salles du Vatican.
Le Pape commencera ses réceptions vers
une heure. . , ■ v •
Un corps sans tête ou à la recherché
d'une tête, voilà, on en conviendra,
une organisation défectueuse. Les Etats,
pas plus que'les individus, ne se pas
sent de ce maître-organe, dominateur
et régulateur de tous lés autres. Qu'est-
ce qu'une nation,: une cité, une As
semblée légiférente? La langue n'a
qu'un mot pour désigner ceà ; réu
nions d'hommes reliés par l'unité
de la patrie, par l'unité du droit,
de l'organisation et du but à atteindre
en commun ; elle les appelle des corps.
Ces mots primitifs, universels, sont
autant de vérités 1 premières. On peut
mentir,.avec des mots, les .mots eux-
mêmes" ne peuvent mehtir. 'L'omni-
. science, l'omnisagesse est certaine
ment contenue dans les mots de la
langue, spécialement dans les mots'de
fond, dont on a fait usage dans tous
les temps, et qui n'ont pas "été fabri
qués pour le besoin d'un système.
Un peuple est un corps, une assem
blée est un corps; tout corps appelle
de nécessité une tête, qui le termine
et lui commandé. Les volontés vont à
droite, à gauche, dans toutes les direc
tions ; même les honnêtes gens, d'ac
cord sur le but, tendant au bien avec
sincérité, le plus souvent né s'enten
dent pas, sur les moyens. Il faut la
tête pour réduire à l'unité cette multi-.
tude de volontés naturellement diver-;
gentes ou s contraires. L'homme qui
perd sa tête perd en même temps la
vie ; sa mort est soudaine, ses.maux en
ce monde sont finis. Les nations déca-i
pitées, autrement dit les nations qui:
ont perdu l'autorité et jusqu'à la no
tion de l'autorité dirigeants légitime,
ces nations meurent longuement, elles
entrent dans une agonie pleine d'hor
reur. " , v ' ■
Nous connaissons cette agonie, nous
èn subissons les prostrations, leà' ter- !
reurs, les divagations, les délires soin- !
bres. La France, gouvernée par ' seb ;
rois héréditaires, avait sa vraie tête, sa *
tête légitime et normale, une tête' de '
même date, de même formation, 'de
même venue que la patrie française,
qui avait grandi avec elle'et'partagé
les mêmes vicissitudes de revers et de
gloire. La Gaule catholique est deve
nue la France de Clovis par une con
jonction do causes providentielles et
naturelles au même degré. Il n'y eut
pas à proprement parier de cônquête,
pas de violation du droit par la force
ou la fortune des armes; il y eut une
accession; un pacte spontané, de la na
tion et du roi. Le Sicambre baptisé
était le chef prédestiné de la Gaule or
thodoxe. Leur foi religieuse et sociale
était la même ; l'ennemi comtaun était
le même ; c'était le Visigoth, le Bur-
gonde, le Lombard, tous ariens, fau
teurs d'hérésie, massacreurs .de prêtres
et brûleurs d'églises. * 1
La même encore était l'œuvre pour
laquelle étaient destinés ce peuple ét
ce roi. Cette œuvre était de détruire les
puissances ariennes, de fonder politi
quement et géographiquement la pa
trie française, de tracer avec «l'épée les
amples limites de la terre et de la ci
vilisation catholiques. Pour cette œu
vre, il fallait à Clovis la royauté des
Gaules, il fallait à la Gaule l'épée de
Clovis. Le jour ou ce peuple et ce roi
se donnèrent l'un à l'autre, il y eut une
France, patrie nouvelle, nation élue,
la première enfantée à la foi orthodo
xe, et dont la destinée, dont la cause,
dè3 le commencement, se trouvèrent
liées à la cause même de la pureté de
la foi. Peuple et chef, tête et corps ap
paraissent à la même heure dans la lu
mière de l'histoire, combattent ensem
ble, reçoivent ensemble le baptême de
la victoire dans cette journée deVouil-
lé, où l'armée arienne fut défaite, où
commence la légende militaire de la
France. . ' .
Depuis les rois chevelus, là lignée
régnante a été changée deux fois. En
réalité, il n'y a pas eu de changement,
il n'y a pas eu de coupure dans la suc
cession royale, au point de vue autre
ment éleve de. l'unité du droit natio
nal. Le fond du droit national, ce
qui en est l'âme, c'est la vocation d'un
peuple, sa prédestination à une œuvre
civilisatrice. A considérer cet intérêt
supérieur, qui doit seul être considéré,
les deux mutations dp dynasties sau-
vèrent, bien loin de la violer, la véri
table loi de succession au trône. La
cause .française., la grande cause deja
civilisation catholique périclitait en
tre les faibles mains des derniers suc
cesseurs de Clovis; Deux nouveaux et
formidables ennemis, le paganisme
•Scandinave au nord, l'islamisme au
■midi, menaçaient l'Europe chrétienne
id^ne submersion.
' Les exploits de Charles Martel, de
Pépin, de Charlemagne, arrêtèrent et
refoulèrent la double avalanche.-Le
pouvoir 4 de drbit, là royautéj passa na- j
'turellement du. côté où était le pouvoir
de fait, où! était la victoire et l'immen
sité des services rendus.
Des événements et des situations
presque de tout point semblables se
produisent de nouveau à la fin du neu
vième et dans les premières années du
^dixième siècle. ,A leur, tour, les des
cendants énervés de Charlemagne se
/trouvent hors d'état de tenir l'épée du
droit, inégaux au péril qui menace la
civilisation chrétienne représentée
\ avant tout par la France. L'ennemi
'^nouveau est le ..Nôrmànd. Ces Nor
mands, brigands à toutes fins, écu-
meurs dé mer-, ravageant les campa
gnes et incendiant les 'villes sur la
'terre férme, ces Normands n'étaient;
pas simplement dès hordes de pirates
norwégiens ou danois.
j . L'histoire les montre comme repré
sentant-une sorte de banditisme cos
mopolite, recruté dé chenapans de toute ;
frovenance. Un de leurs chefs, dit-on,;
tait Champenois, II. y a plus d'une
analogie èntre le banditisme normand
et l'internationale. Les derniers carlo-
Vingiens ne savaient que se faire bat
tre par ce nouvel envahisseur ou si-
gaër avec lui des compromis honteux.
Alors paraissent,sous le prisme brillant
de l'histoire, Robèrt le Fort, Eudes,
Hugue Capet. Ils se rendent célèbres
par leur prouesse et les avanies qu'ils!
font essuyer aux. Normands. C'est le 1
tour de la maison de France de pren
dre le scepitre dans ce temps où le
sceptre, c'est l'épée qui.délivre et qui|
sauve. 11 tombe sousi le sens que ces
mutations dans la race régnante ont
assuré la continuité des: destinées et
de l'œuvre civilisatrice de la France.
Il est clair qu'elles ont eu pour effet de;
réaliser l'orare de sùpcessiôn au trône
le plus ininterrompu et le plus excel-i
lemment légitime. Oh dit, c est un pro -i
tvérbe, qu'on-ne supprima bien que ce}
que l'pnj remplace.— D'accord; en re
vanche, celui qui remplace, qui est;
marqué du signe,-qui porte avec lui laf
victoire et le sâlut, celui-là élimine lé-l
gitimément. un pouvoir dégénéré de
lui-même et devenu incapable ou traî-1
tre. . ■_ ■ . 5
•• Telle à été notre patriè durant qaa -f
torze siècles.; la France était le corps J
le roi héréditaire était la tête. La Ré
volution a coupé cette tête royale. Cri
me stupide; c est la France qui a été:
décapitée sur l'échafaud du 21 janvier J
Depuis, nous nous agitons convulsive
ment et misérablement, réduits à res
ter sans tête.où à n'avoir que des têtes
de rechange que la force brutale ou
des fraudes indignes nous imposent.;
■Parmi ces vicissitudes, un moment la
France ti reloué le fil dé ses traditions
et recouvré «es chefs légitimes. Pari
malheur, on avait mis du 89 dans le
pacte qui rendait r la France à son roi
et son roi à la France. Cet ingrédient
a tout gâté ; la conciliation des princi
pes, comme on rappelle, a tué la ré
conciliation ; l'attache n'a pu prendre
chair, elle n'a pas tenu, ej nous re
voilà en proie de nouveau à cette mi-; !
sère destetes d'essai et de hasard, u
Présentement, nous avons la tête'
provisoire de M. Thiers. Le chef, cer- 1
tes, est brillant, immensément spiri
tuel «t habile, trop habile, hélas ! En
somme, si demain n'existait pas et
s'il ne s'agissait que d'une question dé
vanité nationale, il n'y aurait pas lieu
d'être trop mécontent; Cette tête fait
quelque figure; elle. vaut bien pour le
moins celle du roi galant homme et
de tel ou tel autre souverain du jour,
plus ou moins 1 mâtiné de parlementa*
risme. —^ C'est à merveille, mais après ?
•— Il est vrai, nous avons la loi Rivet,
un chef-d'œuvre de serrurerie, qui a
très ingénieusement et très à demeure
cadenacé la tête de M. Thiers au corps
de l'Assemblée nationale; Sans doute,
mais enfin la tête est fragile, elle n'est
pas immortelle ; l'Assemblée n'est pas
indissoluble, elle le devient de moins
en moins tous les jours. Les deux piè
ces sont solidement attachées, mais
elles sont l'une et l'autre sujettes à se
casser; il n'y a que l'attache qui est de
fine trempe, et pour sûr ne cassera
pas. Qu'est-ce que cela fait que la
courroie résiste, si la tête ou le corps
de l'appareil se détraque ?
Nous revenons toujours à cet effroya
ble point d'interrogation : Qu'advien-
dra-t-il après?~ Eh! mon Dieu, nous
le savons trop ce qui adviendra. La
tête de demain est. toute poussée dans
la serre chaude de la révolution. Seu
lement, quand nous aurons un tel chef
soudé au corps de la France, ou Dieu
interviendra visiblement pour sauver
notre existence et notre honneur; ou
ce sera le dernier des jours, finis Gai-
liœ l La fiction violente a des bornes ;
l'absurde en politique a des limites
qu'une nation ne dépasse pas sans pé
rir. Passe encore pour la royauté via
gère de M. Thiers ; M. Thiers, à côté
de ses funestes travers, a des qualités
française*. Le jour où M. Thiers dipa-
ru, nous aurions à sa place, et en guise
de tête, cet énorme grelot vide qui s'ap
pelle Gambetta, ce jour-là il n'y aurait
plus de France. Un peuple ne . subit
pas ce comble de l'humiliation; il en
meurt.-
, PH. SBKBR 1 . «
.. On écrit de' Versailles, le 4S juin,
•à YAgence Bàxsas : - k m
Il parait certain que la Prusse a accepté le
principe des négociations sur la base de l'é
vacuation, moyennant le payement d'une
■partie des troiB milliards et des garanties
pour le resté; : '
. M. Thiers s'est rendu.aojourd'hui à Paris,
où il doit voir le comte d'Arnim. i '
D'autre part on lit dans le Courrier
de France : '
M. Thiers s'est rendu aujourd'hui à PariB
pour commencer les négociations relatives à*
la libération du territoire sur la basp des pro
positions françaises., . " ;
. ' La réponse de M. de Bismarck accep tant
en principe "ces propositions a été communi
quée hier dans la journée au gouvernement
français. . .- ■
Ce principe, c'est, par anticipation, le paye
ment partiel et l'évacuation partielle. J '•
Il reste à déterminer les époques elle mode
des payements partiels, ainsi çùe les détails
des évacuations anticipées qui en seront la
conséquence. .
C'est là ce qui fait-aujourd'hui l'objet de
l'entrevae que M. Thiers doit avoir à Paris
avec l'ambaSsadeur d'Allemagne.
Le Constitutionnel donne les mêmes
nouvelles, mais il y ajoute que M.
Thiers profitera de la circonstance pour
obtenir le retour. de l'Assemblee à
Paris : . ' • '
M. Thiers, dit-il, ne contractera un em-'
prunt qu'après avoir demandé le retour da
l'Assemblée à Paris, afin de donner plus de
confiance aux souscripteurs! cette, question
du retour à. Paris pourrait donc être pré
sentée par quelques députés du cantre gau
che, avant' les vacances du mois d'aoû t ; si
elle est résolue affirmativement, l'Assemblée
et le gouvernement réinstalleraient leur siège
dans Ta capitale de la,France au mois d'octo
bre. L'emprunt p'aurait pas lieu avant cette;
époque. ( ;
La Voce délia Verità annonce que le
prince. Gortschakoff, qui était allé
prendre le3 bains, vient de rentrer
précipitamment, à Saint-Pétersbourg,
appelé par un ordre pressant de i'em-.'
pereur, que motivaient les complica-;
tioris politiques.
Dans le compte rendu in extenso de
l'incident Lorgeril que l'Univers a pu
blié hier, nos lecteurs ont pu remar
quer avec quelle 1 vivacité M. Thiers
s'est écrié, lorsque M. de Lorgeril l'ac
cusait d'avoir fait autrefois profession
de suivre la République;.radicale ;
C'est un mensonge! c'est un mensonge !
Lé mot est peii parlementaire, mais
nous avouons sans peiné qu'il serait
parfaitement excusable s'il correspon
dait à îa vérité. PÏus le reprocha était
gravé; plus on comprend que la pro
testation goit vive. Or, voici textuelle
ment ce que nous lisons, au Moniteur
du 3 février i848., C'est à propos des
affaires du Sonderbund. et par consé
quent ce n'était point une déclaration
en l'air que cette profession de foi de
M. Thiers : ■
Entendez bien mon sentiment ; je suis du
parti de là Révolution, tant en France qu'en Eu'
rope, j je souhaite-que.lo gouvernement de la
Révolution reste dans les mains des hommes
modérés ; je ferai tout 00 que je.pourrai pour
qu'il continue à-y ■fitrev^ Mais quand ce gouver
nement passera dans les mains a'hommes qui se
ront moins modérés que moi et mes amis, dans
les mains , des hommes ardents, fut-ce les
radicaux , je n'abandonnerai pas nia cause
pour cela, je serai toujours - du parti de la
révolution!
À considérer ce qui se passe aujour
d'hui, on voit trop que M. Thiers n'a
pas abonné son programme de 1848,
car nous le .voyons favoriser par tous
les paoyensi l'explosion de la Réppbli-
3' ue radicale. Mais, si là démonstration
e cé fait est désormais évidente, à qui
faut-il appliquer ce mot de Thiers
C'est, un mensonge I Nous laissons à tout
homme de bonne foi le soin de décider
si c'est du côté de M. de Lorgeril ou
du côté du président de la République
que se trouve là sincérité. .
AcapsTH Roussit,,
On raconte que M. de Rothschild, en
3on nom et au nom de plusieurs au
tres banquiers, est aile trouver M.
Thiers, et lui a tenu à peu près ce lan
gage :
—- Monsieur le président, il ne m'ap
partient pas de discuter' avec voijis ni
de combattre la direction de votre po
litique ; mais je considère qu'il est de
mon devoir de ne pas vous dissimuler
le véritable état dés choses, en ce qui
concerne notre 4 situation financière et
le résultat que peuvent avoir, sur no
tre crédit, des élections pareilles aux
élections dernières.
Vous dites volontiers, monsieur le pré
sident, que la France se refait, grâce à vo:
tre politique* et vous en avez tellement
conscience qùë vous poursuivez active
ment des négociations pour, l'entière
et prompte libération du territoire.
Notre concours vous est à l'avance ac
quis pour cette œuvre, et vous n'en
sauriez douter, mais par lui-même
notre concours n'est pas suffisant et
vous savez aussi bien que moi qu'il est
subordonné à la confiance, non-seule
ment du pays, mais de l'Europe sûr le
maintien de l'ordre.
Cette condition est particulièrement
indispensable, lorsqu'il s'agit d'un em
prunt colossal comme celui que vous
projetez et qui doit avoir pour but de
vous mettre en mains les- trois mil
liards que réclamé la Prusse pour une
libération anticipée de la France. Or,
je. ne dois pas, vous laisser ignorer;
monsieur le président, qu'il-ne fau
drait pas beaucoup d'élections commé
pelles du 9 juin pour ruiner absoltif
ment la confiance et* par suite 1g cré
dit. J'ai l'habitude, monsieur le prési
dent, .de pese^ assçzr exactempnt au
point de vue financier la valeur d'un
acte politique, et savez-vous à combien
j'estime l'echec que les« trois élections
radicales^ font subir au .crédit dé la
France ?. .. . r .
— Voyons, voyons, mon cher bsronï
fit M. Thiers, qui était sur lé gril, vous
vous faites des peurs déraisonnable?, 1
et je parié que vous ailes encore - exar
gérer. • - . - - - ,
— Je n'exagéré rien, monsieur Ip
président ; je répète que ces élections
sont une atteinte au crédit de la Fran
ce et je l'estime à deux cents millions 1 .
— Deux cent millions, nibn cher ba
ron ; mais ce n'est pas possible ! Je sais
aussi ce que vaut la politique et ce que
je pèse df^ns la balance du crédit. Les
dernières élections sont péut-etre 'un
S eu nuancées, je l'avoue ; mais consl-
érez que les élus se sont abrités der
rière mon nom, et, par. suite, ils de
viennent . cpnservateu'rs. C'est ^bspïu-;
menir, t mon cher b^ron, comme si vous
mettiez votre signktur^ à un billet sabd
valeur dé 200,0,00 fran.es. .A^uat- votre
signature ce n'était qu'un * chiffôû ;
quand vous y avçz mis. votre griffe,
tous ^es banquiers se le disputent, pt
c'est line bonne valeuride portefeuille?.
Vous voyez, ajouta fixement M. Thierg,
que je sais»aussi apprécier financière
ment les choses,, mon cher barejn.
-7. Monsieur la président, rpprit im
perturbablement M.. de. Ito%p^ua,. ; r
avionâ souvent fait dés opérations dé
ce genre, présentement .les RpthsphiljJ
seraient ruinés, càrpour donner de la
valeur; à des billets _ qui n'en. avaient
pas, nous aurions pris chaque fois dans
notre caisse la somme qu'ils représen
tent et que nous aurions- ainsi jetée-
dans lé gouffre ; c'est absolument l'o
pération que vous faites. Vous .contre
signez M. Barni, mais ce que vpils lui
donnez est arraché à . votre .crédit. Je
ne puis donc que vous répéter ce q^o
j'avais l'honneur, de,vous dire : a I»® 8
-trois dernières élections né coûtent
pas moins de deux cent million^ au
crédit dé la France. ,
— Mais que faire àlprs mon chf?
baron?
t-' Monsieur le président, ceci.ne m,e
regarde plu»;-car je vous ai dit que je ne
me mêlais pas de fairp de la politique^
Seulement je la juge,<èt c'est a Vous
d'aviser. , ' . :
Sur ce, M. de .Rothschild salua, laipJ
sant M. Thiers irrité et songpur. .,
... adgdsthr RODBBBL.
Le 14 mai, à propos du cardinal
Hohenlohe, M. de Bismarck expliquait
au parlement de l'empire d'Allemagne
(Reichstag) qu'il importe de régler v le's
questions religieuses « par. la voie dp
la législation générale de l'empire, pour
laquelle les gouvernements seront
obligés de réclamer l'aide du Reichs
tag. » Il faut qu'en matière de religion
comme en tout l'unité allemande s'a
chève, et. qu'aucun des Etats, qui la
composent ne puisse se permettre d'ac^
corder à l'Eglise catholique des liber
tés que la Prusse juge'ù propos de lui
retirer. Le surlendemain, 16 mai, le
Rèichstag, se rendant âu vœu du prin-j
çe chancelier, le chargeait ;de s'enteriâ-
dre avec les gouvernements pour que
les lois, destinées à former cette législa-:
tion générale, lui fussent présentées et
Su'il pût, en les votant, donner.« l'air
e réclamée (l) ».. Non moins dociles
que le Reichstag,; les gouvernements
se sont empressés de présenter au Rei^
chstag le projet dé loi dont voici lè
texte et les considérants :
§ 1. La police locale peut interdire le sé^
jour de toute localité du territoire fédéra!
aux membres de l'ordre de la Société de Jé
sus ou d'une congrégation analogue à cette
Société, alors môme qu'ils sont en posses
sion de l'indigénat allemand. .
, § 2. La Conseil fédéral donnera les insf
tructions nécessaires à l'exécution de cettç.
loi.
Dans sa séance du 23 mai {872,- le Reichi
stag a décidé de renvoyer au chancelier da
l'empire les pétitions pour et contre une in
terdiction générale de l'ordre des jésuites en
Allemagne, en l'invitant . T
1° A faire en sorte qu'il soit établi dans
l'empire ùn régime garantissant la pai? re
ligieuse, l'égalité des "confessions et la pro
tection des citoyens contre itoute diminution
de leurs droits par le fait du pouvoir eccléj
siaatique;
2° A présenter un projet de loi'qui, eq
vertu de l'introduction et de l'article 4, ali*
néa 13 et 16 de la Constitution de l'empire,
règle le régime des congrégations et commu
nautés religieuses, la question et les çondifî
tions de leur tolérance, et menace da pena->
litéa leur activité dangereuse à l'Etat, sur
tout qelle de la Société de Jésus. '
Le présent projet de loi eat destiné à don
ner provisoirement suite à la partie de la dé
cision du Reichstag qui se rapporte & la So-,
oiété de Jésus, et cela en. restreignant pour
les membres de cet ordre ,
dans l'empire. Reste réservée l'émanation
de lois ultérieures réglant les autres ques
tions soulevées par ia décision du Reioh-
stag.
Ainsi les jésuites et tous les membres
des congrégations analogues (quelle
est la congrégation que la police ne
trouvera pas analogue si M. de Bist
marck la juge telle ?), bien que ci
toyens allemands (on à déjà expulsa
(i) V, .notre numéro da 26 mai,
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