Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1872-06-14
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 juin 1872 14 juin 1872
Description : 1872/06/14 (Numéro 1820). 1872/06/14 (Numéro 1820).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Vendredi 14 Juin 1872
N' 1820. = Edition- quotidienne:
Vendredi 14 Juin 1872
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PARIS
Un an ISO fr.
Six mois 30
Trois mois 16
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Le numéro, à Paris : 15 cent..< - " ' ,
— -Dèparteîtxents : 20 »/' , , . '
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• Paris, 10, rue des Saints-Pères. V (
On s'abonne, à Rome, vis- delle Stimataj 23,24./ : '"!V^
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Un an..... ,r.3 - >88 fri '
Six mois . 50
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FRANCE
PARIS 13 JUIN 1872
Les discours militaires de M. Thiers
tiennent de l'histoire et ' du roman ;
l'habile orateur y mêle à des vérités
palpables les rêveries que son imagi
nation passionnée lui suggère,-et pré
sente ce mélange,- de< la- manière la
plus lucide; ^avec l'attrait d'uneappa-
rente sincérité. ' ' - _
. Il se vaxitë avec raison d'être obs
tiné dans ses opinions. Un 1 de ses an ?
ciens amis de. l'Académie ..dirait de
lui, dans un moment de mauvaise hu
meur : a Thiers est un voltigeur de
1830. » Le président de la République
■s'honorerait volontiers de cette qualifia
cation. , - .
Le système de 1832 reste son idéal.
Il le défend, il le glorifie, il voudrait
le conserver en le perfectionnant. Mais
l'histoire qu'il en présenté n'est qu'un
roman. Ce système , est jugé d'après
ses résultats. Que. nous a-t-il donné,,
en .vingt-jours?* 160^)000 hommes^ en
1859 et 230,000 hommes en 1870; son
insuffisance est manifeste.
Que .produirait l'armée de 864,000
hommes ir'êvée par M. ThierS, qu'il ob
tiendrait, dit-il, avèc'huit contingents
de 100,000 hommes? Un effectif-réel
de 650,000 hommes, qui fourniraient
une armée: activé de S40j000 combat
tants, disponible seulement en urfi mois
mvec l'ancien système dé concentration
des réserves. Le reste - des bataillons
serait absorbé' par les* dépôts, les am
bulances, et surtout par les places for
tes, qui exigent actuellement des gar
nisons très nombreuses,, avec leurs
forts détachés.-Ainsi, Paris, seul récla
merait plus de 100,000 hommes.
Les armes nouvelles, i maniées par
des armées énormes, font un terrible
carnage. Comment comblerait-on les
vides, après deux ou trois batailles?,
On n'aurait plus de réserves exercées I
ni de cadres supplémentaires. On se
rait derechef réduit aux tristes condi-'
tions.de 1870, et obligé de recourir jà
une masse ignorante ^et indisciplinée
de recrues, de les. habiller à la hâte èt
de les précipiter, sans cadres; devait
un ennemi discipliné* exercé, biefn
commandé, .fleux ou trois fois pliis
nombreux que nos bataillons. - _ j -
Ce vieux" système était bon il yja
quarante ans, alors que les armées eu
ropéennes étaient peu; nombreuses,
et composées en majorité d'anciens
soldats. Le soldat autrichien servait.
14 ans, le soldat russe 20 ans, et sou
vent davantage ; ces pays avaient pelu
de réserves exercées* et ne, pouvaient
pas mettre promptementen ligne plus
de 300,000 combattants. La Pousse ê-
tait alors peu redoutable, avec $a fa,i-
ble cavalerie et ses, jeunes .soldats te
nus seulement pendant dffiux?«nsj30us
les drapeaux. Alors, avec 250,000 soi*,
dats français délite, tous exercés, on
pouvait remporter de grandes victoi
res. Aucune armée ne maniait l'arme
blanche comme la nôtre, , et nous en
foncions presque toujours l'ennemi^ le
plus tenace, quand nous pouvions l'a-»,
toorder à la baïonnette. ; v . -
. Mais tëiit cela est changé,, par suite
4e l'adoption presque universelle du
nouveau système prussien, perfection
né en 1860, et coïncidant, pour notre
malheur, avec l'usage des armes à tir
rapide. M.: Thiers convient que les
Prussiens ont* pu faire passer la fron
tière à4)00,000 hommes; cpla prou-
verait "déjà qu'ils en ont leve plus de
1,100,000. Ils se vantent a en avoir
mobilisé 1,312,000 et d'être parvenus
à maintenir, dans le second trimestre
de l'invasion, 900,000 soldats en Fran
ce* en réparant sans cesse les pertes
que cet effectif subissait.^ ■
Les 340,000 soldats du système de
M. Thiers résisteraient difficilement 1 a
dé telles forces actives, et l'Allemagne}
après l 'Adjonction de l'Alsace-Lorraine
et la complète organisation du sud
germanique selon le 8 y» tèl ^®
sien, pourra lever plus de 1,500,000 -
soldats exercés. Devons-nous attendre
des alliances pour nous mettfè en"état
■ de défense? t MaÂsil .semble que M.
Thiers ne veuille pas,.nous en "acqué
rir, puisqu'il s'obstine à nous imposer
la République, qui nous laisse isoles,
gans sympathie et sans appui ; ,, ;
M. Thiers a toujours traite de lan-
tasmagorique le chiffre des armees
prussiennes, et il résisté à la cnièue
expérience que nous avons Jaite, du
poids écrasant des gros bataillons. Le
qu'il faut surtout, dit-il, à une arpee,
c'est un bon général en chef et .des
soldats de haute valeur ; la qualité vaut
'mieux que la quantité. . . ...
D'accord ; mais 4 .condition que l, in
fériorité numérique soit peu considé
rable. M. Thiers affirme que les Prus
siens n'ont d'abord envahi la France
qu'avec 400,000 hommes; cela est
vrai; menais ; il oublie que.:la troisième
armée du littoral était prête et qu'elle
vint, en peu de jours, porter l'effectif
des Prussiens à plus de 500,000 hom-;
mes, quand la Prusse fut rassurée du
côte de la Baltique. C'est par ces for
ces réunies en deux armées que nos :
300,000 hommes de Metz et de Sedan
ont été divisés, enveloppés, détruits.
Toutes les fois que notre armée du
Rhin a combattu à nombre égal, elle;
âbattii les Prussiens; elle les a re
pousses le 14 et le 16 août, en leur fai
sant subir des pertes graves. Si Mac -
Mahon n'avait eu à lutter, à Sedan,
que contre 100;000 hommes, il les eût
battus. Pourquoi avons-nous remporté
le succès de Coulmiers ? parce que nous
avions, cette fois, la Supériorité du
nombre. Pourquoi avons-nous subi
les défaites ultérieures ? surtout parce
que la tactique insensée du gouverne
ment de Tours morcelait nos armées
au lieu de les concentrer ; parce qu'il j
a lancé en avant d'Orléans^ les cinq i
corps de l'armée de la Loire, éparpillés j
sur une longueur de quinze lieues, sé-1
parés per le fleuve, dirigés .par la folie {
stratégie de ses bureaux, qui en enle
vait le commandement aux' généraux
Crou'zat et d'Aurelles ;• et parce que
ces mêmes stratégistes de cabinet, au
lieu de concentrer plus tard deux
grandes armées dans l'Ouest et dans
le Nord, ont continué Jeur système de
dislocation de nos forces. Ils avaient
des troupes partout,, à Cherbourg, au
Havre, dans le Midi, à Poitiers, dans
l'Est, de sorte -qu-'ils n'avaient nulle'
part, pas même au Mans, une armée
bapable d'essayer de débloquer Pari?.
Il n'est pasr certain que ûous eussions
été victorieux, même avec une meil
leure direction de nos jeunes troupes ; -
mais lorsque des hommes de la valeur
des généraux d'Aurelles et Chanzy
croient que le succès eût été possible
si nos corps d'armée avaient été con
centrés, cette opinion a de la valeur,
et les combats incessants soutenus par
nos troupes, souvent avec avantage,
dans la retraite d'Orléans sur le Mans,
prouvent qu'elles étaient encore redou
tables.
• Pour sortir., de son roman, militaire,
M/Thiers aurait dû ajouter aux trois
fautes réelles qu'il a signalées les fau
tes non moins graves et funestes du
gouvernement du 4 septembre ; la dic-
taturè dissolvante de Crémieux, de
Glais-Bizoin et de Gambetta," alors qu'il
fallait en province la : dictature d'un
général organisateur; les sottises de
ces avocats qui ont gaspillé nos res
sources en matériel', en hômmes et en
argent; la malheureuse direction de,
la défense de Paris, rendue impuissan
te par, la faiblesse politique du pou
voir et par là prépondérance de la
gardé nationale; enfin l'armée de-l'Est
sacrifiée par Jules Favre-
Et quoique M. Thiers pense le con
traire, on commettrait une imprudence
en n'adoptant j>as la concentration ré
gionale des reserves. Il a raison de
vouloir maintenir 5 ans de services ; il
peut, sans inconvénient, former l'ar-*
mée de paix de soldats pris dans toutes
les régions ; mais le général Trochu
est dans, le vrai en demandant que
nous adoptions un mode d'appel des
réserves aussi prompt que celui des
fussions. Je le réclamais en 1867, et
on me répondit par les arguments sur
lesquels M. Thiers persiste à s'appuyer.
Il faut cependant, de toute nécessité,
que nos réserves de l'armée active
puissent être incorporées/ habillées,
encadrées en quinze joursv sinon nous
nous trouverons encore, vis-à-vis des
Allemands, dans l'impossibilité de
prendre l'offensive, et même exposés
a recevoir le choc de forces* écrasantes
avant d'avoir pu concentrer no» ar
mées. , .
M. Thiers a-t-il étç mieux inspire
dans là partie politique de son dis
cours? Non, et on-doit regretter que
le chef du gouvernement ait encore
une fols attribué tous les torts à la
France dans la déclaration de la guerre;
d'après lui, la Prusse ne là voulait pas,
et elle avait fait des concessions péni
bles pour l'empêcher.-'
C'est là un autre roman que le pa
triotisme ne nous permet pas d'accep-
ter* ■' "-■■■ ■
Si la Prusse n'avait pas voulu la
guerre, elle n'eût pas éclaté. Il est cer
tain que ni l'empereur, ni le minis
tère Ollivier, ni le Corps législatif ne
la souhaitaient; on ne s'y était pas
préparé, parce qu'on ne la croyait pas
probable. .
Après l'apaisement du conflit luxem
bourgeois, l'empereur ajouta foi aux
protestations pacifiques au cabinet de
Berlin. Il disait, en 1869 et 1870, que
des explications , satisfaisantes avaient
été échangées entre » les deux gouver
nements ; qu'aucune intention, hostile
n'existait ni. d'un côté ni de l'autre (l)i
que nous pouvions nous occiuper d'a
méliorations intérieures en pleine sécu
rité; il recommandait à ses ministres
d'accorder à l'opposition quelques ré
ductions d'effectif, et il permit au ma
réchal Le Bœuf d'ajourner l'organisa
tion de la garde mobile, pour laquelle
il aurait fallu inscrire 40 millions au
budget. Le maréchal, craignant l'op
position, n'osa, pas les demander ; ce-
ac-
(1) J'ai entendu l'empereur tenir.ee langage ;
j'ai.aussi entendu M. Kmile- Ollivier, 1 b maré
chal Niel et le maréchal Lebœuf exprimer' les!
sentiments que je rapporte, .l'étais par hasard '
auprès de M. Ollivièr quand M.Olozaga lui an
nonça le désistement du prince de. Hohenzol»
-lern»- -
pendant v la majorité les é
cordés. ■ ,
M. Emilie Ollivier -ne voulait pas la
guerre ; il considérait le conflit comme
terminé après le désistement du prince
de Hohenzollern, et il en témoignait
hautement sa joie. . Il croyait, comme :
M. lé duc de Gramont, que Je roi de
Prusse consentirait à déclarer qu'il re
fuserait son consentement,au prince]
si celui-ci revenait sur sa décision, et
M. sant à cette demande,. puisque notre:
gouvernement offrait une déclaration;
analogue de l'empereur, excluant toutej
candidature d'un Napoléon. !
Il est vrai que nos' ministres da la;
guerre, le maréchal Niel comme le
maréchal Libœuf, mieux informés que!
nos politiques, . croyaient la lutte iné-i
vitable, et souhaitaient qu'elle éclatât
le plus tôt possible, parce qu'ils étaient
désespérés, de voir l'armée, atteinte
dans sa cohésion et menacée d'un ex
trême affaiblissement par l'acharne
ment inoiiï des attaques de l'opposi
tion.
Les vœux du ministre de la guerre
ne prévalurent au conseil qu'après là
notification diplomatique de 'M, de
Bismarck* annonçant -aux puissances
I que le roi de Prusse n'ayant en rien
t. participé aux négociations de l'Espa
gne avec son parent, refusait de pron-
dre aucun engagement sur cette af
faire, et même avait congédié notre
ambassadeur. En adressant cette note,
le cabinet, prussien * savait bien quel
en serait l'effet, puisque son envoi co^
ïnçide avec l'ordre de mobilisation de'
ses réserves, appelées deux jours a j
vant les; nôtres, et avec un délai de
douze jours seulement pour entrer en
ligne (2). Déjà la Prusse avait 150,000
hommes & la frontière ; pas un canon
rayé ne manquait sur les remparts de
ses'places ; elles étaient approvision
nées pour plusieurs mois ; sa cavale
rie et son artillerie étaient mainte
nues depuis longtemps sur le pied de
guerre.
, Si le cabinet de Berlin désirait évi
ter la guerre, pourquoi ces coûteuses
précautions, et pourquoi cette^ note
brutale de M. de Bismarck,_ dénatu
rant, pàraît-il, la réponse moins bles
sante faite par le roi à notre ambassa
deur? »
Le ministère ; Ollivier et l'empereur
commirent alors la grande faute, si
gnalée par M. Thiers, de déclarer la
guerre sans l'avoir préparée. M. le ma
réchal Le Bœuf croyait pouvoir .réunir,
en vingt jours, 400,000 hommes sur la
frontière; il en donna l'assurance, dit-
on. Il y' avait assez de fusils et de ca
nons pour' armgr-600;00t) soldats de
troupe actives. On espérait l'alliance
de ntàlie et du Danemarck; on savait,
l'Autriche b'i® n ,disposée. Cédant à un *
mouvement d'irritation, le gouverne--
ment vijit brusquement proposer à la
Chambre une déclaration-de guerre,
en affirmant qu'il était 'prêt à la sou-
,enir. i
Le Parlement eut le tort de céder à
.'entraînement ; il devait craindre, d'ail
leurs, après cet éclat, que la Prusse ne
cherchât à nous surprendre,comme elle
avait surpris. l'Autriche en l866. De là
provint que : nous attaquâmes folle
ment, en. essayant d'improviser urje
préparation incomplète, un .ennemi
préparé. '
Les discours de M. Thiers,-qui cher
chait, le 16 juillet, à disculper la
Prusse, contribua malheureusement à
nous enlever les sympathies de l'Eu
rope.' Les déceptions* diplomatiques
précédèrent et suivirent nos premiers,
revers. L'Italie mit pour condition-à
son concours que la France lui per
mettrait d'occuper Rome ; le. gouver
nement Impérial n'y consentit pas, et
l'Italie,: après Sedan, s'empressa de
profiter de notre malheur pour nous
infliger un affront et voler la capitale
du monde catholique. Le Danemark ne
put nous prêter aucun appui. L'Angle- '
terre, notre ancienne amie, organisa
contre nous la ligue des neutres. ■, ,
Nous n'aurions probablement subi ni
ces défaites diplomatiques, ni nos dé
sastres militaires,, j'en conviens avec.
M. Thiers, si le ministère Ollivier s'é
tait borné à mettre l'armée sur le pied
de guerre, en réclamant la médiation
des grandes puissances. Mais tout de
vait sé réunir pour nous accabler.
Aujourd'hui, toutefois, la diplomatie
européenne est revenue de son erreur.
L'Italie, cette créature de notre sang et
de notre générosité mal inspirée, com
plote peut-être notre démembrement
futur. Mais, en dépit des paroles de M.
le président de la République, les cabi
nets de Vienne, de Londres et de Saint-
Pétersbourg savent que l'ambition
prussienne a été la vraie cause de cet
te guerre de 1870, qui a détruit pour
longues années .toute sécurité sur le
continent. Elle a fait de l'Europe un
coupe-gorge où aucune nation ne peut
reposer- sans être armée jusqu aux
dents et sans crainte d'être égorgée.
L'imagination «'épouvante en son
geant aux résultats des guerres futur
res, à ces millions d'hommes, munis
d'engins formidables, qui s'entreheur-
teront pour se massacrer ; à ces gran
des villes vouées à la destruction par
le feu; à ces ateliers déserts, à ces
champs stériles, menaçant toute' l'Eu
rope de la famine. Voilà ce que la vie»
toire préparée si habilement par la
Prusse coûte à notre continent.
Le succès de la France eût abouti
au "désarmement 4e l'Europe ; notre
défaite a livré celle-ci à un militaris
me universel; qui menace de destruc-
tiori les vaincus de l'avenir.
* Pour ne pas être anéantie dans les
luttes futures; la France aurait besoin
d ? unè monarchie capable de la disci
pliner, de lui rendre des amis, de ré
tablir son crédit, de, lui imposer le
calme, en détruisant les factions. Son
sauveur, M.; Thiers, et les grands ora
teurs-ses émules, n'ont pas'd'autre re
mède à lui proposer que le régime 1
dissolvant des discours incessants et)
des élections répétée», qu'un gouver-'
nement de journalistes et.de.rhéteurs,'
incapable ne résister longtemps aux
assauts de la démagogie.
Trois forces nous restent : le prêtre,
le cultivateur et le goldat; Dieu veuille-
les mettre dans la main d'un prince
capable de les unir, pour rendre à la
France la paix et la gloire, ce qui ren
drait à l'Europe le repos et la liberté.
G. de La Tour.
(2) Voir l'ouvrage d| M. le baron Sloffcl.
On nous écrit -de ' Versailles, le 12
juin : . '
C'est M. le pasteur Pressensé, ministre
du libre évangile, qui ouvre la discussion
par une amplification oratoire d'une pauvreté
insigne. Ses tirades laborieusement échauffées
laissent tout le monde .froid, môme les radw
eaux, dont il soutient la cause. M. de Pres-
sensé n'aime pas le Dieu des armées ; il-pour
rait môme ajouter qu'il ne soupçonne pas ce
qu'il y a de mystérieux dans la guerre, cé
fléau dont l'homme a horreur, et qu'une
main.d'homme agitai sans^cesse en quelque
point du globe.
■ M. de Pressensé parle d'abord des inslitu-
teurs laïques, mais il est aisé de voir que son
principal-objectif, ce sont - les congrégations
enseignantes et les séminaires catholiques.
Naturellement, c'est dans l 'intérêt de i'Eglise
et pour garantir les vocations, qu'il veut im--
poser, à ses futurs ministres le service milir
taire. Il y a toujours une fqrte dose d'hypo
crisie dans les harangues protestantes, qu'eJU-
les soient débitées au prôcho ou à la tribune
d'une assemblée politique. M. le pasteur ré
pète souvent le mot de «privilège». L'Eglise
catholique en possède un, en effet,^'ost d'être
en butte aux attaques de tous les ennemis de
l'ordre moral et matériel, ; ses ministres sont
calomniés, vilipendés, insultés, dans les dis-
cour§ et.les écrits des libéraux de salon, en
attendant qu'ils soient incarcérés et assassi
nés par, les libéraux de la rue. C'est là un pri
vilège que MM. les réformés ne partagent
pas avec elle, et pour-cause.
Quand il a fini, M. le pasteur récolte les
applaudissements des citoyens Cirion, Esqui-
ros et Rouvier. En dehors de ce -trio, per-
soane qui -approuve en aucune façon.
C'est M. Bethmont qui se charge de ré
pondre. 1| le fait en très bons termes, avec
une convenance et une élévation de pensées
qui prouvent une fois de plus que, s'il est un
adepte de, la République idéale, dont tout
honnête homme s'accommoderait volontiers,
il n'appartient nullement au parti républi
cain. M. Bethmont croit en Dieu, défend les
droits du père de famille, revendique pour
'Ame de l'enfant le respect qui lui est dû,
toutes choses que repoussent nos démocrates
au nom de leur liberté... obligatoire.
-— Sous prétexte d'organiser l'armée, pre
nons garde, dit-il, de désorganiser la nation
au point de vue moral et" intellectuel. Une
nation n'exista qu'à la condition de. croire ;<
elle n'est et ne reste forte qu'à la condition
d'honorer par dessus tout la prière, qui est
.'expression morale la plus.élevée deg rapports
de l'homme avec son créateur. . i
Il n'y a pas d'armée qui puisse compren
dre et faire son devoir, si Dieu n'est p^s
dans J son cœur pour lui -inspirer le sacrifice
et le dévouement. Sous prétexte de donner
la religion à l'armée, M. de Pressensé veut,
en réalité,' enlever la milice religieuse à fa
nation. C'est ce que la commission n'a p^s
voulu, et l'Assemblée ne le voudra pas dé-.,
vàntage (Non J non ! très, bien 1} f,
M. Langlois vient gestiouler quelques 4-
perçua sur l'organisation des brancardiers et
ambulanciers. Il fait entendre qu'il partage
les opinions de M. de Pressensé. On le savait
d'avance.
M. de laBassetière rappelle en quelques
mots les preuves de dévouement données par
les prêtres et les. religieux, dont beaucoup*
n'oat pu obtenir la faveur qu'ils demandaient
de secourir les blessés sur les champs de ba
taille et dans les ambulances.
• M. Beulé demande une exemption pour
es grandB prix de Rome. Il réédite à cette
occasion les tirades prétentieuses qui ont
tant fait rire le lecteur, après avoir été ap
plaudies par un auditoire trop bienveillant,
lors de la. discussion' sur les subventions
théâtrales. .
Un amendement de M* ChtsneloQg porte
que les dix-années d'enseignement auxquelles
s'astreignent les membres des àeso dations
religieuses ou laïques vouées à l'enseigne
ment, pourront être faites dans" une école
lib-e^
M. Chesnelong ne craint pas, malgré les
grognements des jacobins, de montrer l'ex
cellence de;l'enseignenqent chrétien pour l'ar
ia 5e comipe pour la société. Le soldat a sur
tout besoin de discipline, c'est-à-dire de res
pecter ses Supérieurs ; or; la grande école de
respect, c'eît l'enseignement chrétien. L'ora
teur parle en termes émus de l'héroïsme des
frères, et de l'élévation de caractère dè leur
digne supérieur, le Frère Philippe^ » i
M. Bethmont, au nom de la commission;
dit que l'amendement est inutile, attendu que
l'article 19 doit être entendu dans le sens qui
donne satisfaction à M. Chesnelong.
• L'ex dictateur, qui parlé sur tçutes choses
sans le moindre embarras, "entreprend de
montrer à la commission et à M. Chesnelong
qu'il n'est pas de leur avis, et qu'il a pour lui
les précédents législatifs. M. Qâmbetta prou,
ve fort bien une chose, c'est que chez lui l'i
gnorance des faits égale son aplomb, Il cité
Royer-Collard en dénaturant ses paroles, e
invoque des textes de loi qui condamnent sa
prétention. M. Gambetta vaut bien reconna!
tre que le Frère Philippe est un .homme de
bien.
M. Bethmont réduit à néant, en peu de
mots, les raisonnements, et les citations de
l'héritier présomptif du provisoire.
Il est applaudi d'une manière significative
quand il fait appel aux vrais hommes do li
berté et de bonne foi.
M. Chesnelong-insiste. Il ne comprendras
que la commission, qui déclare partager com
pléteme'nt son avis, ne veuille pas l'écrire
dans la loi comme elle la proclame à la tri
bune. Les commissions passent, les commen
taires s'oublient, et les textes restent seuls.
Alors M. Jules Simon se décide à interve
nir, pour joindre ses déclarations formelles à
celles de la commission. Quel ministre com
mode 1 L'excellent 606 croit devoir rappeler
son projet sur l'instruction obligatoire, qu'il
défendra, dit-il, avec la plus grande énergie.
Nous verrons bien. En attendant, M. le mi
nistre constate que 1& gouyernement est d'ac
cord avec la commission et avec M. Chesne
long.
Ce dernier croit devoir céder. Il prend acte
dus paroles du gouvernement èt de celles de
la commission, retire son amendement en
faisant ses réserves, les plus formelles au
sujet du principe de l'obligation de l'ensei
gnement, qu'il considère comme attentatoire
aux droits du père de famille.
L'article 19 est adopté dans son entier par
534 voix contre 154'. .
Au moment où M. le président venait de
proclamer les , résultats du scrutin, M. de
Lorgeril demande ■ la parole pour déposer
une proposition de loi.
On l'a prié d'attendre à demain, et la séan
ce est levée.
Il s'agit, paraît-il; des mesures à prendre
dan3 le cas où le pouvoir deviendrait .vacant.
Je ne connais pas celle que conseille M. de
Lorgeril ; du moins on ne saurait lui repro
cher d'apporter un projet intempestif ou non
justifié.
Nous recevons de Rome la* dépêche
suivante :
Rome, 12 juin. 1
V.
L'embarquement, des garibaldiens conti;
nue. pour l'Ejpagne; il y a eu "hier trente
départs.
Cinq assassinats ont été constatés diman
che dernier.
La Voce délia Verità déclare tenir de
bonne source que le cabinet de Vien
ne, ne pouvant se dissimuler là gravité
pour l'Autriche du voyage de Humbert
à Berlin et dé l'alliance dont il est le
signe, a fait des observations courtoi
ses, mais explicites sur ce' point.
Non-seulement le comte ae Robilant,
ministre d'Italie à Vienne, a été inter
pelé directement sur ce point, mais lè
gouvernement autrichien a cru devoir
appeler l'attention des représentants
des autres puissances sur les menaces
contenues dans l'alliance prusso-ita-
lienne.
Les journaux officieux du gouverne
ment italien répètent tous les jours de
puis quelque temps que le Pape est
fort malade. VOsservatore romano leujr
prouvé que le Saint-Père ne s'est jaj-
mais mieux porté. La Gazetta d'itaka
avoue que "Pie IX donne de nombreu
ses et longues audiences, qu'on le voit
promener dans les galeries du Vatican,
à la bibliothèque, etc.; mais, ajouté-
t-elle, " « malgré,, ces apparences qui
trompent beaucoup de personnes, lie
mal suit son cours et les numeur3 ga
gnent l'estomac et le cœur,». L 'Osseç
vatore réplique :
" Tant que le mal-et les humeurs dqpt „
Gazette d'Italie se plaît à gratifier le, vénéra
ble prisonnier du Vatican ne l'empêcheront
pas de faire tout ce qu'il fût au su et vu de,
tout le monde, comme cette feuille est obli
gée de le reconnaître, nous demanderons à/
tout lecteur de bon sens lequel est le plus
digne de pitié, VOsservatore qui se réjouit de
cette vigoureuse vieillesse de notre seigneur
et père, ou la Gazette d'Italie qui n'y voit que
de trompeuses apparences.
Une autre fèuille officieuse, VOpi-
nione, a' plus d'astuce que la Gazetta.
Elle se contente de mettre dans ses
dernières nouvelles ces deux" mots :
a Lè Saint-Père va mieux, il s'est levé
aujourd'hui. » li 1 Osservatore le's rôlève
ainsi :
A ce grossier mensonge, nous nous con
tenterons de répondre : Aujourd'hui et hier,,
et avant-hier et les jours précédents, le Saint-
Père s'est montré plein de santé, et la jour
même où se répandait le bruit de sa maladie,
nous avions l'honneur dé baiser sa main, à
sept heures du mâtin, au moment où il sor
tait de ses appartements pour aller eélébrer
le saint sacrifice de la messe.
Il- paraît que dans l'intérêt de* ses
négociations pour le futur conclave, lé
gouvernement italien a besoin de faire
croire à la maladie de Pie IX. >
Le Bien public , qui seul défend pé
niblement M. Thiers "'.contre toùte la
presse justement émue de .l'incroya
ble attitude du président dans la séan
ce du 10, est aussi à peu près, seul,
dans la presse officieuse, a soutenir
que les élections de MM. Darégnau-
court, Bert et Barni sont un heureux
symptôme de notre situation intérieu
re.:A' cette thèse hardie, le Bien pu
Hic ne consacre pas moins. de . deux
colonnes. C'est beaucoup ^moins que
tous les chants de triomphe consacrés
par les journaux du radicalisme à 'ces
mêmes élections. Il est remarquable,
en effet, que les candidats soi-disant
conservateurs du Bien public* sont vi-
goureusément applaudis par le Radical,
l& Rappel, \& Corsaire , la République de
M. Gambetta. Faut-il en conclure tfue
tous ces journaux sont devenus soù-
dain les fermes soutient du parti Con
servateur ? Il semble moins ayentu-
reûx de conclure que le Bien public
est passé avec armes et bagages dans
le camp, des radicaux, et il. est pres
que ^superflu d'ajouter, que cette» nou
velle évolution ne - surprendra per-
sonné. •
Adqdsts Roussil,
On lit dans le Journal des Débals :
La commission qui s'occupe du projet de
loi relatif à la liberté de l'enseignement supé
rieur s'est réunie ce» malin. Nous avqns dit
précédemment qu'elle a subordonné, le droit
de conférer, des grades à certaines conditions,
et.que '&i celles-ci- ne- sont pas remplies, le
ministre peut refuser la délivrance du diplô
me. La commission, dans sa séance d'àtijbur-
d'hui, a adopté un article qui permet h la
Faculté libre et au candidat de se pourvoir
devant le conseil supéiiour.
M. Pascal Duprat a proposé d'intrôduîre
dans le projet de la commission la disposi
tion suivante : « Le gouvernement présentera
dans le délai de six mois, à partir, de'la pré-
sente loi, un projet ayant pour but de'cônsti-
tuer d'une manière plus puissante et plus
conforme aux intérêts dë;la science, l'ensei
gnement supérieur de l'Etat. » . , 4J
M; Pascal Duprat a lait valoir, à l'appui
de sa proposition, la nécessité-d^lever le ni
veau de,l'enseignement donné par i'Ettft'au
moment môme où' la concurrence des Facul
tés libres allait être admise. Il a expliqué
que ce serait un3 réponsS aux griefs articu
lés par les ennemis de la lib3rtéde l'ensei
gnement qui prétendent que cette liberté au
ra pour résultat nécessaire d'abaisser le 1 ni
veau des études et des esprits.
Plusieurs membres ont combattu ?-&Ua
proposition en se fondant sur ce qu'il ne fal
lait pas mêler les deux questions. It leur pa
raissait convenable de laisser à l'Etat le soin
de réformer lui-même son ensèignsittent su
périeur.
Après une assez longue discussion, la ré
daction présentée par M. Pascal Duprat a'été
adoptée.
D'aprè3 ce résumé, noua ne compre
nons pas très-bien le sens" de la réso
lution adoptée par la commission, en
ce qui concerne le pourvoi du candi
dat de-la faculté libre et de cette fa
culté elle-même devant le conseil su
périeur. En effet, par une résolution
antérieure, la commission, toujours
d'après le Journal aes Débats, avait" refu
sé d'aceorder aux facultés libres . la
collation des grades, ce qui revient à
leur refuser la liberté. De ce qué dit
aujourd'hui le Journal des Débats^., on
serait, au contraire, fondé à conclure
que les facultés libres ont ;le droit.de
conférer les grades, mais que le .mi
nistre ne délivrera les diplômés, aux
gradés de facultés libres, que s'ils
remplissent certaines conditions dont
il reste juge, sous la réserve, du re
cours devant le conseil supérieur,. ac
cordé à la faculté libre et à son candi
dat. Quand nous saurons plus nette
ment à quoi nous en tenir sur ces dis
positions un peu vagues, il y aura lieu
d'apprécier si cette loi émancipe véri
tablement l'enseignement supérieur,'
ou si elle lie donne qu'une comédie de
la liberté. ...
Auqdstb Rot ssii.>
Le libéralis'me du conseil .municipal
de Bordeaux s'est montré par deux' dé
cisions contraires. ^ '
Dans la première^ il a approuvé line
proposition relative à l'interdiction 'des
processions de la % Fète-Dieu.
Dans là seconde, il a autorisé une
fête de nuit qui sera donnée dançi le
jardin public, par les loges maçonni
ques,- à tous les élèves, garçons et'fil-
les, des écoles laïques de la ville, lè 23
juin, veille de la/Saint-Jean., . '
C ? est la liberté sou3" là République !
Un de nos abonnés du département
de la Somme nous adf esse, avec pièce
à l'appui, des renseignements sur les
moyens, mis en œuvre pour faire réus
sir la candidature de M. Barni. On sait
que cet ancien"àuxiliaire de M. Gam
betta est regardé .par M. Thiers comme
une bonne recrue pour l'essai loyal , et
que l'organe de la présidence, lé Bien
public , s'est félicité de son élection %
Voici la lettre de notre correspon
dant : ,
Monsieur le rédadeur, V . v
Ouf, maître Barni, cet ancien collègue des
communeux au congrès de Berne, a passé en
grande majorité chez nou$... Mais si Vau
tres trouvent que les moyens employés pour
le faire parvenir ne, sont pas contrairea.-.à la
loi, et surtout aux idées du gouvernerpent
actuel, les honnêtes gens trouvent-que c'est
ignoble... „ , ... .* <
Pour en être pluB que convaincu, il,suffit
de passer aujourd'hui par les ruëa da nos
Villages les plus reculés, et de jeter les yeux
sur les affiches qui tapissent tous les mura—
et en particulier tous les murs de tous les cabai,
rets. ^ ■ - -.i.',-. .
Pour en juger, je vous eûvoie un factum re
mis à domicile, à c.haqqe électeur, J^veilla
du scrutin. Quoique d'un rouge écaflàte, il
est bien pâle à côté dés affiches, et. surfit, fc
ce qu'il paraît, a côté des roucoulements que
le susdit citoyen Barni a faitontendre plus de
trois mois avant les élections dans toutes les
villes, chefs-lieux de cantons et priticfpaux
villages de la Pieardie...
Voici maintenant^ le teyaft, de l^pipel
envoyé partout. Kexe^plaire queiiou»
avons est un petit placard sur papier,
blanc; couleue officielle :
N' 1820. = Edition- quotidienne:
Vendredi 14 Juin 1872
^7
17^""
PARIS
Un an ISO fr.
Six mois 30
Trois mois 16
" ■* --s—. • " ::
Le numéro, à Paris : 15 cent..< - " ' ,
— -Dèparteîtxents : 20 »/' , , . '
- - -, --V- ■ {V -
• Paris, 10, rue des Saints-Pères. V (
On s'abonne, à Rome, vis- delle Stimataj 23,24./ : '"!V^
DÉPARTEMENTS
Un an..... ,r.3 - >88 fri '
Six mois . 50
Trois mois 16
Édition Keml-qnotldleime-
Un an, 32 fr.—Sixmois, 17 fr.—Trois mois, 9 £r.
L'Univers ne répond pas des manuscrits qui lu] «ont adressé».
Asm&NCKa
Ul. Cb. LAGM8GE, GBHF et C'o, 6, «laee de lt B mtm .
MM. les' abonnés dont F abonnement ex
pire le 15 juin sont priés de le renouveler
le plus tôt possible s'ils ne veulent éprouver
d'interruption dans l'envoi du journal. ;
(Joindre une bande, et un mandat-
poste «va un bon à vue sur Paris.)
AVIS IMPORTANT
Il est indispensable de joindre x d toùte\
réclamation ou changement d'adresse l'un#
des dernières bandes . " j
FRANCE
PARIS 13 JUIN 1872
Les discours militaires de M. Thiers
tiennent de l'histoire et ' du roman ;
l'habile orateur y mêle à des vérités
palpables les rêveries que son imagi
nation passionnée lui suggère,-et pré
sente ce mélange,- de< la- manière la
plus lucide; ^avec l'attrait d'uneappa-
rente sincérité. ' ' - _
. Il se vaxitë avec raison d'être obs
tiné dans ses opinions. Un 1 de ses an ?
ciens amis de. l'Académie ..dirait de
lui, dans un moment de mauvaise hu
meur : a Thiers est un voltigeur de
1830. » Le président de la République
■s'honorerait volontiers de cette qualifia
cation. , - .
Le système de 1832 reste son idéal.
Il le défend, il le glorifie, il voudrait
le conserver en le perfectionnant. Mais
l'histoire qu'il en présenté n'est qu'un
roman. Ce système , est jugé d'après
ses résultats. Que. nous a-t-il donné,,
en .vingt-jours?* 160^)000 hommes^ en
1859 et 230,000 hommes en 1870; son
insuffisance est manifeste.
Que .produirait l'armée de 864,000
hommes ir'êvée par M. ThierS, qu'il ob
tiendrait, dit-il, avèc'huit contingents
de 100,000 hommes? Un effectif-réel
de 650,000 hommes, qui fourniraient
une armée: activé de S40j000 combat
tants, disponible seulement en urfi mois
mvec l'ancien système dé concentration
des réserves. Le reste - des bataillons
serait absorbé' par les* dépôts, les am
bulances, et surtout par les places for
tes, qui exigent actuellement des gar
nisons très nombreuses,, avec leurs
forts détachés.-Ainsi, Paris, seul récla
merait plus de 100,000 hommes.
Les armes nouvelles, i maniées par
des armées énormes, font un terrible
carnage. Comment comblerait-on les
vides, après deux ou trois batailles?,
On n'aurait plus de réserves exercées I
ni de cadres supplémentaires. On se
rait derechef réduit aux tristes condi-'
tions.de 1870, et obligé de recourir jà
une masse ignorante ^et indisciplinée
de recrues, de les. habiller à la hâte èt
de les précipiter, sans cadres; devait
un ennemi discipliné* exercé, biefn
commandé, .fleux ou trois fois pliis
nombreux que nos bataillons. - _ j -
Ce vieux" système était bon il yja
quarante ans, alors que les armées eu
ropéennes étaient peu; nombreuses,
et composées en majorité d'anciens
soldats. Le soldat autrichien servait.
14 ans, le soldat russe 20 ans, et sou
vent davantage ; ces pays avaient pelu
de réserves exercées* et ne, pouvaient
pas mettre promptementen ligne plus
de 300,000 combattants. La Pousse ê-
tait alors peu redoutable, avec $a fa,i-
ble cavalerie et ses, jeunes .soldats te
nus seulement pendant dffiux?«nsj30us
les drapeaux. Alors, avec 250,000 soi*,
dats français délite, tous exercés, on
pouvait remporter de grandes victoi
res. Aucune armée ne maniait l'arme
blanche comme la nôtre, , et nous en
foncions presque toujours l'ennemi^ le
plus tenace, quand nous pouvions l'a-»,
toorder à la baïonnette. ; v . -
. Mais tëiit cela est changé,, par suite
4e l'adoption presque universelle du
nouveau système prussien, perfection
né en 1860, et coïncidant, pour notre
malheur, avec l'usage des armes à tir
rapide. M.: Thiers convient que les
Prussiens ont* pu faire passer la fron
tière à4)00,000 hommes; cpla prou-
verait "déjà qu'ils en ont leve plus de
1,100,000. Ils se vantent a en avoir
mobilisé 1,312,000 et d'être parvenus
à maintenir, dans le second trimestre
de l'invasion, 900,000 soldats en Fran
ce* en réparant sans cesse les pertes
que cet effectif subissait.^ ■
Les 340,000 soldats du système de
M. Thiers résisteraient difficilement 1 a
dé telles forces actives, et l'Allemagne}
après l 'Adjonction de l'Alsace-Lorraine
et la complète organisation du sud
germanique selon le 8 y» tèl ^®
sien, pourra lever plus de 1,500,000 -
soldats exercés. Devons-nous attendre
des alliances pour nous mettfè en"état
■ de défense? t MaÂsil .semble que M.
Thiers ne veuille pas,.nous en "acqué
rir, puisqu'il s'obstine à nous imposer
la République, qui nous laisse isoles,
gans sympathie et sans appui ; ,, ;
M. Thiers a toujours traite de lan-
tasmagorique le chiffre des armees
prussiennes, et il résisté à la cnièue
expérience que nous avons Jaite, du
poids écrasant des gros bataillons. Le
qu'il faut surtout, dit-il, à une arpee,
c'est un bon général en chef et .des
soldats de haute valeur ; la qualité vaut
'mieux que la quantité. . . ...
D'accord ; mais 4 .condition que l, in
fériorité numérique soit peu considé
rable. M. Thiers affirme que les Prus
siens n'ont d'abord envahi la France
qu'avec 400,000 hommes; cela est
vrai; menais ; il oublie que.:la troisième
armée du littoral était prête et qu'elle
vint, en peu de jours, porter l'effectif
des Prussiens à plus de 500,000 hom-;
mes, quand la Prusse fut rassurée du
côte de la Baltique. C'est par ces for
ces réunies en deux armées que nos :
300,000 hommes de Metz et de Sedan
ont été divisés, enveloppés, détruits.
Toutes les fois que notre armée du
Rhin a combattu à nombre égal, elle;
âbattii les Prussiens; elle les a re
pousses le 14 et le 16 août, en leur fai
sant subir des pertes graves. Si Mac -
Mahon n'avait eu à lutter, à Sedan,
que contre 100;000 hommes, il les eût
battus. Pourquoi avons-nous remporté
le succès de Coulmiers ? parce que nous
avions, cette fois, la Supériorité du
nombre. Pourquoi avons-nous subi
les défaites ultérieures ? surtout parce
que la tactique insensée du gouverne
ment de Tours morcelait nos armées
au lieu de les concentrer ; parce qu'il j
a lancé en avant d'Orléans^ les cinq i
corps de l'armée de la Loire, éparpillés j
sur une longueur de quinze lieues, sé-1
parés per le fleuve, dirigés .par la folie {
stratégie de ses bureaux, qui en enle
vait le commandement aux' généraux
Crou'zat et d'Aurelles ;• et parce que
ces mêmes stratégistes de cabinet, au
lieu de concentrer plus tard deux
grandes armées dans l'Ouest et dans
le Nord, ont continué Jeur système de
dislocation de nos forces. Ils avaient
des troupes partout,, à Cherbourg, au
Havre, dans le Midi, à Poitiers, dans
l'Est, de sorte -qu-'ils n'avaient nulle'
part, pas même au Mans, une armée
bapable d'essayer de débloquer Pari?.
Il n'est pasr certain que ûous eussions
été victorieux, même avec une meil
leure direction de nos jeunes troupes ; -
mais lorsque des hommes de la valeur
des généraux d'Aurelles et Chanzy
croient que le succès eût été possible
si nos corps d'armée avaient été con
centrés, cette opinion a de la valeur,
et les combats incessants soutenus par
nos troupes, souvent avec avantage,
dans la retraite d'Orléans sur le Mans,
prouvent qu'elles étaient encore redou
tables.
• Pour sortir., de son roman, militaire,
M/Thiers aurait dû ajouter aux trois
fautes réelles qu'il a signalées les fau
tes non moins graves et funestes du
gouvernement du 4 septembre ; la dic-
taturè dissolvante de Crémieux, de
Glais-Bizoin et de Gambetta," alors qu'il
fallait en province la : dictature d'un
général organisateur; les sottises de
ces avocats qui ont gaspillé nos res
sources en matériel', en hômmes et en
argent; la malheureuse direction de,
la défense de Paris, rendue impuissan
te par, la faiblesse politique du pou
voir et par là prépondérance de la
gardé nationale; enfin l'armée de-l'Est
sacrifiée par Jules Favre-
Et quoique M. Thiers pense le con
traire, on commettrait une imprudence
en n'adoptant j>as la concentration ré
gionale des reserves. Il a raison de
vouloir maintenir 5 ans de services ; il
peut, sans inconvénient, former l'ar-*
mée de paix de soldats pris dans toutes
les régions ; mais le général Trochu
est dans, le vrai en demandant que
nous adoptions un mode d'appel des
réserves aussi prompt que celui des
fussions. Je le réclamais en 1867, et
on me répondit par les arguments sur
lesquels M. Thiers persiste à s'appuyer.
Il faut cependant, de toute nécessité,
que nos réserves de l'armée active
puissent être incorporées/ habillées,
encadrées en quinze joursv sinon nous
nous trouverons encore, vis-à-vis des
Allemands, dans l'impossibilité de
prendre l'offensive, et même exposés
a recevoir le choc de forces* écrasantes
avant d'avoir pu concentrer no» ar
mées. , .
M. Thiers a-t-il étç mieux inspire
dans là partie politique de son dis
cours? Non, et on-doit regretter que
le chef du gouvernement ait encore
une fols attribué tous les torts à la
France dans la déclaration de la guerre;
d'après lui, la Prusse ne là voulait pas,
et elle avait fait des concessions péni
bles pour l'empêcher.-'
C'est là un autre roman que le pa
triotisme ne nous permet pas d'accep-
ter* ■' "-■■■ ■
Si la Prusse n'avait pas voulu la
guerre, elle n'eût pas éclaté. Il est cer
tain que ni l'empereur, ni le minis
tère Ollivier, ni le Corps législatif ne
la souhaitaient; on ne s'y était pas
préparé, parce qu'on ne la croyait pas
probable. .
Après l'apaisement du conflit luxem
bourgeois, l'empereur ajouta foi aux
protestations pacifiques au cabinet de
Berlin. Il disait, en 1869 et 1870, que
des explications , satisfaisantes avaient
été échangées entre » les deux gouver
nements ; qu'aucune intention, hostile
n'existait ni. d'un côté ni de l'autre (l)i
que nous pouvions nous occiuper d'a
méliorations intérieures en pleine sécu
rité; il recommandait à ses ministres
d'accorder à l'opposition quelques ré
ductions d'effectif, et il permit au ma
réchal Le Bœuf d'ajourner l'organisa
tion de la garde mobile, pour laquelle
il aurait fallu inscrire 40 millions au
budget. Le maréchal, craignant l'op
position, n'osa, pas les demander ; ce-
ac-
(1) J'ai entendu l'empereur tenir.ee langage ;
j'ai.aussi entendu M. Kmile- Ollivier, 1 b maré
chal Niel et le maréchal Lebœuf exprimer' les!
sentiments que je rapporte, .l'étais par hasard '
auprès de M. Ollivièr quand M.Olozaga lui an
nonça le désistement du prince de. Hohenzol»
-lern»- -
pendant v la majorité les é
cordés. ■ ,
M. Emilie Ollivier -ne voulait pas la
guerre ; il considérait le conflit comme
terminé après le désistement du prince
de Hohenzollern, et il en témoignait
hautement sa joie. . Il croyait, comme :
M. lé duc de Gramont, que Je roi de
Prusse consentirait à déclarer qu'il re
fuserait son consentement,au prince]
si celui-ci revenait sur sa décision, et
M.
gouvernement offrait une déclaration;
analogue de l'empereur, excluant toutej
candidature d'un Napoléon. !
Il est vrai que nos' ministres da la;
guerre, le maréchal Niel comme le
maréchal Libœuf, mieux informés que!
nos politiques, . croyaient la lutte iné-i
vitable, et souhaitaient qu'elle éclatât
le plus tôt possible, parce qu'ils étaient
désespérés, de voir l'armée, atteinte
dans sa cohésion et menacée d'un ex
trême affaiblissement par l'acharne
ment inoiiï des attaques de l'opposi
tion.
Les vœux du ministre de la guerre
ne prévalurent au conseil qu'après là
notification diplomatique de 'M, de
Bismarck* annonçant -aux puissances
I que le roi de Prusse n'ayant en rien
t. participé aux négociations de l'Espa
gne avec son parent, refusait de pron-
dre aucun engagement sur cette af
faire, et même avait congédié notre
ambassadeur. En adressant cette note,
le cabinet, prussien * savait bien quel
en serait l'effet, puisque son envoi co^
ïnçide avec l'ordre de mobilisation de'
ses réserves, appelées deux jours a j
vant les; nôtres, et avec un délai de
douze jours seulement pour entrer en
ligne (2). Déjà la Prusse avait 150,000
hommes & la frontière ; pas un canon
rayé ne manquait sur les remparts de
ses'places ; elles étaient approvision
nées pour plusieurs mois ; sa cavale
rie et son artillerie étaient mainte
nues depuis longtemps sur le pied de
guerre.
, Si le cabinet de Berlin désirait évi
ter la guerre, pourquoi ces coûteuses
précautions, et pourquoi cette^ note
brutale de M. de Bismarck,_ dénatu
rant, pàraît-il, la réponse moins bles
sante faite par le roi à notre ambassa
deur? »
Le ministère ; Ollivier et l'empereur
commirent alors la grande faute, si
gnalée par M. Thiers, de déclarer la
guerre sans l'avoir préparée. M. le ma
réchal Le Bœuf croyait pouvoir .réunir,
en vingt jours, 400,000 hommes sur la
frontière; il en donna l'assurance, dit-
on. Il y' avait assez de fusils et de ca
nons pour' armgr-600;00t) soldats de
troupe actives. On espérait l'alliance
de ntàlie et du Danemarck; on savait,
l'Autriche b'i® n ,disposée. Cédant à un *
mouvement d'irritation, le gouverne--
ment vijit brusquement proposer à la
Chambre une déclaration-de guerre,
en affirmant qu'il était 'prêt à la sou-
,enir. i
Le Parlement eut le tort de céder à
.'entraînement ; il devait craindre, d'ail
leurs, après cet éclat, que la Prusse ne
cherchât à nous surprendre,comme elle
avait surpris. l'Autriche en l866. De là
provint que : nous attaquâmes folle
ment, en. essayant d'improviser urje
préparation incomplète, un .ennemi
préparé. '
Les discours de M. Thiers,-qui cher
chait, le 16 juillet, à disculper la
Prusse, contribua malheureusement à
nous enlever les sympathies de l'Eu
rope.' Les déceptions* diplomatiques
précédèrent et suivirent nos premiers,
revers. L'Italie mit pour condition-à
son concours que la France lui per
mettrait d'occuper Rome ; le. gouver
nement Impérial n'y consentit pas, et
l'Italie,: après Sedan, s'empressa de
profiter de notre malheur pour nous
infliger un affront et voler la capitale
du monde catholique. Le Danemark ne
put nous prêter aucun appui. L'Angle- '
terre, notre ancienne amie, organisa
contre nous la ligue des neutres. ■, ,
Nous n'aurions probablement subi ni
ces défaites diplomatiques, ni nos dé
sastres militaires,, j'en conviens avec.
M. Thiers, si le ministère Ollivier s'é
tait borné à mettre l'armée sur le pied
de guerre, en réclamant la médiation
des grandes puissances. Mais tout de
vait sé réunir pour nous accabler.
Aujourd'hui, toutefois, la diplomatie
européenne est revenue de son erreur.
L'Italie, cette créature de notre sang et
de notre générosité mal inspirée, com
plote peut-être notre démembrement
futur. Mais, en dépit des paroles de M.
le président de la République, les cabi
nets de Vienne, de Londres et de Saint-
Pétersbourg savent que l'ambition
prussienne a été la vraie cause de cet
te guerre de 1870, qui a détruit pour
longues années .toute sécurité sur le
continent. Elle a fait de l'Europe un
coupe-gorge où aucune nation ne peut
reposer- sans être armée jusqu aux
dents et sans crainte d'être égorgée.
L'imagination «'épouvante en son
geant aux résultats des guerres futur
res, à ces millions d'hommes, munis
d'engins formidables, qui s'entreheur-
teront pour se massacrer ; à ces gran
des villes vouées à la destruction par
le feu; à ces ateliers déserts, à ces
champs stériles, menaçant toute' l'Eu
rope de la famine. Voilà ce que la vie»
toire préparée si habilement par la
Prusse coûte à notre continent.
Le succès de la France eût abouti
au "désarmement 4e l'Europe ; notre
défaite a livré celle-ci à un militaris
me universel; qui menace de destruc-
tiori les vaincus de l'avenir.
* Pour ne pas être anéantie dans les
luttes futures; la France aurait besoin
d ? unè monarchie capable de la disci
pliner, de lui rendre des amis, de ré
tablir son crédit, de, lui imposer le
calme, en détruisant les factions. Son
sauveur, M.; Thiers, et les grands ora
teurs-ses émules, n'ont pas'd'autre re
mède à lui proposer que le régime 1
dissolvant des discours incessants et)
des élections répétée», qu'un gouver-'
nement de journalistes et.de.rhéteurs,'
incapable ne résister longtemps aux
assauts de la démagogie.
Trois forces nous restent : le prêtre,
le cultivateur et le goldat; Dieu veuille-
les mettre dans la main d'un prince
capable de les unir, pour rendre à la
France la paix et la gloire, ce qui ren
drait à l'Europe le repos et la liberté.
G. de La Tour.
(2) Voir l'ouvrage d| M. le baron Sloffcl.
On nous écrit -de ' Versailles, le 12
juin : . '
C'est M. le pasteur Pressensé, ministre
du libre évangile, qui ouvre la discussion
par une amplification oratoire d'une pauvreté
insigne. Ses tirades laborieusement échauffées
laissent tout le monde .froid, môme les radw
eaux, dont il soutient la cause. M. de Pres-
sensé n'aime pas le Dieu des armées ; il-pour
rait môme ajouter qu'il ne soupçonne pas ce
qu'il y a de mystérieux dans la guerre, cé
fléau dont l'homme a horreur, et qu'une
main.d'homme agitai sans^cesse en quelque
point du globe.
■ M. de Pressensé parle d'abord des inslitu-
teurs laïques, mais il est aisé de voir que son
principal-objectif, ce sont - les congrégations
enseignantes et les séminaires catholiques.
Naturellement, c'est dans l 'intérêt de i'Eglise
et pour garantir les vocations, qu'il veut im--
poser, à ses futurs ministres le service milir
taire. Il y a toujours une fqrte dose d'hypo
crisie dans les harangues protestantes, qu'eJU-
les soient débitées au prôcho ou à la tribune
d'une assemblée politique. M. le pasteur ré
pète souvent le mot de «privilège». L'Eglise
catholique en possède un, en effet,^'ost d'être
en butte aux attaques de tous les ennemis de
l'ordre moral et matériel, ; ses ministres sont
calomniés, vilipendés, insultés, dans les dis-
cour§ et.les écrits des libéraux de salon, en
attendant qu'ils soient incarcérés et assassi
nés par, les libéraux de la rue. C'est là un pri
vilège que MM. les réformés ne partagent
pas avec elle, et pour-cause.
Quand il a fini, M. le pasteur récolte les
applaudissements des citoyens Cirion, Esqui-
ros et Rouvier. En dehors de ce -trio, per-
soane qui -approuve en aucune façon.
C'est M. Bethmont qui se charge de ré
pondre. 1| le fait en très bons termes, avec
une convenance et une élévation de pensées
qui prouvent une fois de plus que, s'il est un
adepte de, la République idéale, dont tout
honnête homme s'accommoderait volontiers,
il n'appartient nullement au parti républi
cain. M. Bethmont croit en Dieu, défend les
droits du père de famille, revendique pour
'Ame de l'enfant le respect qui lui est dû,
toutes choses que repoussent nos démocrates
au nom de leur liberté... obligatoire.
-— Sous prétexte d'organiser l'armée, pre
nons garde, dit-il, de désorganiser la nation
au point de vue moral et" intellectuel. Une
nation n'exista qu'à la condition de. croire ;<
elle n'est et ne reste forte qu'à la condition
d'honorer par dessus tout la prière, qui est
.'expression morale la plus.élevée deg rapports
de l'homme avec son créateur. . i
Il n'y a pas d'armée qui puisse compren
dre et faire son devoir, si Dieu n'est p^s
dans J son cœur pour lui -inspirer le sacrifice
et le dévouement. Sous prétexte de donner
la religion à l'armée, M. de Pressensé veut,
en réalité,' enlever la milice religieuse à fa
nation. C'est ce que la commission n'a p^s
voulu, et l'Assemblée ne le voudra pas dé-.,
vàntage (Non J non ! très, bien 1} f,
M. Langlois vient gestiouler quelques 4-
perçua sur l'organisation des brancardiers et
ambulanciers. Il fait entendre qu'il partage
les opinions de M. de Pressensé. On le savait
d'avance.
M. de laBassetière rappelle en quelques
mots les preuves de dévouement données par
les prêtres et les. religieux, dont beaucoup*
n'oat pu obtenir la faveur qu'ils demandaient
de secourir les blessés sur les champs de ba
taille et dans les ambulances.
• M. Beulé demande une exemption pour
es grandB prix de Rome. Il réédite à cette
occasion les tirades prétentieuses qui ont
tant fait rire le lecteur, après avoir été ap
plaudies par un auditoire trop bienveillant,
lors de la. discussion' sur les subventions
théâtrales. .
Un amendement de M* ChtsneloQg porte
que les dix-années d'enseignement auxquelles
s'astreignent les membres des àeso dations
religieuses ou laïques vouées à l'enseigne
ment, pourront être faites dans" une école
lib-e^
M. Chesnelong ne craint pas, malgré les
grognements des jacobins, de montrer l'ex
cellence de;l'enseignenqent chrétien pour l'ar
ia 5e comipe pour la société. Le soldat a sur
tout besoin de discipline, c'est-à-dire de res
pecter ses Supérieurs ; or; la grande école de
respect, c'eît l'enseignement chrétien. L'ora
teur parle en termes émus de l'héroïsme des
frères, et de l'élévation de caractère dè leur
digne supérieur, le Frère Philippe^ » i
M. Bethmont, au nom de la commission;
dit que l'amendement est inutile, attendu que
l'article 19 doit être entendu dans le sens qui
donne satisfaction à M. Chesnelong.
• L'ex dictateur, qui parlé sur tçutes choses
sans le moindre embarras, "entreprend de
montrer à la commission et à M. Chesnelong
qu'il n'est pas de leur avis, et qu'il a pour lui
les précédents législatifs. M. Qâmbetta prou,
ve fort bien une chose, c'est que chez lui l'i
gnorance des faits égale son aplomb, Il cité
Royer-Collard en dénaturant ses paroles, e
invoque des textes de loi qui condamnent sa
prétention. M. Gambetta vaut bien reconna!
tre que le Frère Philippe est un .homme de
bien.
M. Bethmont réduit à néant, en peu de
mots, les raisonnements, et les citations de
l'héritier présomptif du provisoire.
Il est applaudi d'une manière significative
quand il fait appel aux vrais hommes do li
berté et de bonne foi.
M. Chesnelong-insiste. Il ne comprendras
que la commission, qui déclare partager com
pléteme'nt son avis, ne veuille pas l'écrire
dans la loi comme elle la proclame à la tri
bune. Les commissions passent, les commen
taires s'oublient, et les textes restent seuls.
Alors M. Jules Simon se décide à interve
nir, pour joindre ses déclarations formelles à
celles de la commission. Quel ministre com
mode 1 L'excellent 606 croit devoir rappeler
son projet sur l'instruction obligatoire, qu'il
défendra, dit-il, avec la plus grande énergie.
Nous verrons bien. En attendant, M. le mi
nistre constate que 1& gouyernement est d'ac
cord avec la commission et avec M. Chesne
long.
Ce dernier croit devoir céder. Il prend acte
dus paroles du gouvernement èt de celles de
la commission, retire son amendement en
faisant ses réserves, les plus formelles au
sujet du principe de l'obligation de l'ensei
gnement, qu'il considère comme attentatoire
aux droits du père de famille.
L'article 19 est adopté dans son entier par
534 voix contre 154'. .
Au moment où M. le président venait de
proclamer les , résultats du scrutin, M. de
Lorgeril demande ■ la parole pour déposer
une proposition de loi.
On l'a prié d'attendre à demain, et la séan
ce est levée.
Il s'agit, paraît-il; des mesures à prendre
dan3 le cas où le pouvoir deviendrait .vacant.
Je ne connais pas celle que conseille M. de
Lorgeril ; du moins on ne saurait lui repro
cher d'apporter un projet intempestif ou non
justifié.
Nous recevons de Rome la* dépêche
suivante :
Rome, 12 juin. 1
V.
L'embarquement, des garibaldiens conti;
nue. pour l'Ejpagne; il y a eu "hier trente
départs.
Cinq assassinats ont été constatés diman
che dernier.
La Voce délia Verità déclare tenir de
bonne source que le cabinet de Vien
ne, ne pouvant se dissimuler là gravité
pour l'Autriche du voyage de Humbert
à Berlin et dé l'alliance dont il est le
signe, a fait des observations courtoi
ses, mais explicites sur ce' point.
Non-seulement le comte ae Robilant,
ministre d'Italie à Vienne, a été inter
pelé directement sur ce point, mais lè
gouvernement autrichien a cru devoir
appeler l'attention des représentants
des autres puissances sur les menaces
contenues dans l'alliance prusso-ita-
lienne.
Les journaux officieux du gouverne
ment italien répètent tous les jours de
puis quelque temps que le Pape est
fort malade. VOsservatore romano leujr
prouvé que le Saint-Père ne s'est jaj-
mais mieux porté. La Gazetta d'itaka
avoue que "Pie IX donne de nombreu
ses et longues audiences, qu'on le voit
promener dans les galeries du Vatican,
à la bibliothèque, etc.; mais, ajouté-
t-elle, " « malgré,, ces apparences qui
trompent beaucoup de personnes, lie
mal suit son cours et les numeur3 ga
gnent l'estomac et le cœur,». L 'Osseç
vatore réplique :
" Tant que le mal-et les humeurs dqpt „
Gazette d'Italie se plaît à gratifier le, vénéra
ble prisonnier du Vatican ne l'empêcheront
pas de faire tout ce qu'il fût au su et vu de,
tout le monde, comme cette feuille est obli
gée de le reconnaître, nous demanderons à/
tout lecteur de bon sens lequel est le plus
digne de pitié, VOsservatore qui se réjouit de
cette vigoureuse vieillesse de notre seigneur
et père, ou la Gazette d'Italie qui n'y voit que
de trompeuses apparences.
Une autre fèuille officieuse, VOpi-
nione, a' plus d'astuce que la Gazetta.
Elle se contente de mettre dans ses
dernières nouvelles ces deux" mots :
a Lè Saint-Père va mieux, il s'est levé
aujourd'hui. » li 1 Osservatore le's rôlève
ainsi :
A ce grossier mensonge, nous nous con
tenterons de répondre : Aujourd'hui et hier,,
et avant-hier et les jours précédents, le Saint-
Père s'est montré plein de santé, et la jour
même où se répandait le bruit de sa maladie,
nous avions l'honneur dé baiser sa main, à
sept heures du mâtin, au moment où il sor
tait de ses appartements pour aller eélébrer
le saint sacrifice de la messe.
Il- paraît que dans l'intérêt de* ses
négociations pour le futur conclave, lé
gouvernement italien a besoin de faire
croire à la maladie de Pie IX. >
Le Bien public , qui seul défend pé
niblement M. Thiers "'.contre toùte la
presse justement émue de .l'incroya
ble attitude du président dans la séan
ce du 10, est aussi à peu près, seul,
dans la presse officieuse, a soutenir
que les élections de MM. Darégnau-
court, Bert et Barni sont un heureux
symptôme de notre situation intérieu
re.:A' cette thèse hardie, le Bien pu
Hic ne consacre pas moins. de . deux
colonnes. C'est beaucoup ^moins que
tous les chants de triomphe consacrés
par les journaux du radicalisme à 'ces
mêmes élections. Il est remarquable,
en effet, que les candidats soi-disant
conservateurs du Bien public* sont vi-
goureusément applaudis par le Radical,
l& Rappel, \& Corsaire , la République de
M. Gambetta. Faut-il en conclure tfue
tous ces journaux sont devenus soù-
dain les fermes soutient du parti Con
servateur ? Il semble moins ayentu-
reûx de conclure que le Bien public
est passé avec armes et bagages dans
le camp, des radicaux, et il. est pres
que ^superflu d'ajouter, que cette» nou
velle évolution ne - surprendra per-
sonné. •
Adqdsts Roussil,
On lit dans le Journal des Débals :
La commission qui s'occupe du projet de
loi relatif à la liberté de l'enseignement supé
rieur s'est réunie ce» malin. Nous avqns dit
précédemment qu'elle a subordonné, le droit
de conférer, des grades à certaines conditions,
et.que '&i celles-ci- ne- sont pas remplies, le
ministre peut refuser la délivrance du diplô
me. La commission, dans sa séance d'àtijbur-
d'hui, a adopté un article qui permet h la
Faculté libre et au candidat de se pourvoir
devant le conseil supéiiour.
M. Pascal Duprat a proposé d'intrôduîre
dans le projet de la commission la disposi
tion suivante : « Le gouvernement présentera
dans le délai de six mois, à partir, de'la pré-
sente loi, un projet ayant pour but de'cônsti-
tuer d'une manière plus puissante et plus
conforme aux intérêts dë;la science, l'ensei
gnement supérieur de l'Etat. » . , 4J
M; Pascal Duprat a lait valoir, à l'appui
de sa proposition, la nécessité-d^lever le ni
veau de,l'enseignement donné par i'Ettft'au
moment môme où' la concurrence des Facul
tés libres allait être admise. Il a expliqué
que ce serait un3 réponsS aux griefs articu
lés par les ennemis de la lib3rtéde l'ensei
gnement qui prétendent que cette liberté au
ra pour résultat nécessaire d'abaisser le 1 ni
veau des études et des esprits.
Plusieurs membres ont combattu ?-&Ua
proposition en se fondant sur ce qu'il ne fal
lait pas mêler les deux questions. It leur pa
raissait convenable de laisser à l'Etat le soin
de réformer lui-même son ensèignsittent su
périeur.
Après une assez longue discussion, la ré
daction présentée par M. Pascal Duprat a'été
adoptée.
D'aprè3 ce résumé, noua ne compre
nons pas très-bien le sens" de la réso
lution adoptée par la commission, en
ce qui concerne le pourvoi du candi
dat de-la faculté libre et de cette fa
culté elle-même devant le conseil su
périeur. En effet, par une résolution
antérieure, la commission, toujours
d'après le Journal aes Débats, avait" refu
sé d'aceorder aux facultés libres . la
collation des grades, ce qui revient à
leur refuser la liberté. De ce qué dit
aujourd'hui le Journal des Débats^., on
serait, au contraire, fondé à conclure
que les facultés libres ont ;le droit.de
conférer les grades, mais que le .mi
nistre ne délivrera les diplômés, aux
gradés de facultés libres, que s'ils
remplissent certaines conditions dont
il reste juge, sous la réserve, du re
cours devant le conseil supérieur,. ac
cordé à la faculté libre et à son candi
dat. Quand nous saurons plus nette
ment à quoi nous en tenir sur ces dis
positions un peu vagues, il y aura lieu
d'apprécier si cette loi émancipe véri
tablement l'enseignement supérieur,'
ou si elle lie donne qu'une comédie de
la liberté. ...
Auqdstb Rot ssii.>
Le libéralis'me du conseil .municipal
de Bordeaux s'est montré par deux' dé
cisions contraires. ^ '
Dans la première^ il a approuvé line
proposition relative à l'interdiction 'des
processions de la % Fète-Dieu.
Dans là seconde, il a autorisé une
fête de nuit qui sera donnée dançi le
jardin public, par les loges maçonni
ques,- à tous les élèves, garçons et'fil-
les, des écoles laïques de la ville, lè 23
juin, veille de la/Saint-Jean., . '
C ? est la liberté sou3" là République !
Un de nos abonnés du département
de la Somme nous adf esse, avec pièce
à l'appui, des renseignements sur les
moyens, mis en œuvre pour faire réus
sir la candidature de M. Barni. On sait
que cet ancien"àuxiliaire de M. Gam
betta est regardé .par M. Thiers comme
une bonne recrue pour l'essai loyal , et
que l'organe de la présidence, lé Bien
public , s'est félicité de son élection %
Voici la lettre de notre correspon
dant : ,
Monsieur le rédadeur, V . v
Ouf, maître Barni, cet ancien collègue des
communeux au congrès de Berne, a passé en
grande majorité chez nou$... Mais si Vau
tres trouvent que les moyens employés pour
le faire parvenir ne, sont pas contrairea.-.à la
loi, et surtout aux idées du gouvernerpent
actuel, les honnêtes gens trouvent-que c'est
ignoble... „ , ... .* <
Pour en être pluB que convaincu, il,suffit
de passer aujourd'hui par les ruëa da nos
Villages les plus reculés, et de jeter les yeux
sur les affiches qui tapissent tous les mura—
et en particulier tous les murs de tous les cabai,
rets. ^ ■ - -.i.',-. .
Pour en juger, je vous eûvoie un factum re
mis à domicile, à c.haqqe électeur, J^veilla
du scrutin. Quoique d'un rouge écaflàte, il
est bien pâle à côté dés affiches, et. surfit, fc
ce qu'il paraît, a côté des roucoulements que
le susdit citoyen Barni a faitontendre plus de
trois mois avant les élections dans toutes les
villes, chefs-lieux de cantons et priticfpaux
villages de la Pieardie...
Voici maintenant^ le teyaft, de l^pipel
envoyé partout. Kexe^plaire queiiou»
avons est un petit placard sur papier,
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