Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1871-05-11
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 70622 Nombre total de vues : 70622
Description : 11 mai 1871 11 mai 1871
Description : 1871/05/11 (Numéro 1450). 1871/05/11 (Numéro 1450).
Description : Note : erreur de numérotation. Note : erreur de numérotation.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k698726q
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi i l Mai 1871
N° 1450. — Edition quotidienne.
Jeudi il Mai 1871
PARIS
Via.......! 58 fr.
Six mois .... 30
Trois mois.". 16
Le numéro : 15 centimes.
BUREAU*
Paris, 10, rue des Saints-Pères.
On s'abonne, à Rome, au bureau de la Civiltà cattolica,
via del Gesu, 61.
DÉPARTEMENTS
. ® n m» * 58 fr.
Six mois 30
Trois mois ................... „....... j6
r ù — '
i K Edition ■eml-quotldlennc
•* / ,?-H Ua an, 32 fr.—Six mois, 17 fr. —Trois mois, 9 fr.
y L'Univers ne répond pa« des manuscrits qui lal sont tdrtsMl.
AHHIT01WCEB
•M,-Cli, LAGIUXGE, CEiî? et Ci 0 , 6, place la Beirs^
Imp. A.H. Initié, rue des Saints-Pères, 1t.
Ceux de nos souscripteurs dont F abon
nement expire le 1S mai sont priés de
le renouveler le plus promptement possible,
s'ils ne veulent pas éprouver de retard
dans Fetwoi du journal.
Le mode le plus simple et le plus
prompt est l'envoi d'un bon sur la poste
ou d'un mandat à vue sur Paris, à tordre
du Gérant.
FRANCE
PARIS, 10 MAI 1871
Est-ce la débandade qui commence?
Les divers pouvoirs de la Révolution
s'anathématisent les uns les autres.
Le comité de salut public est renver
sé, le comité central accuré, le colo
nel Rossel démisionnaire.
Nous analysons les délibérations de
la Commune du 8 et du 9 mai, qui mon
trent ée désarroi de toutes choses au
sein du gouvernement, ses conflits et
ses impuissances. M. Delescluze, qui
parle peu, a fait un discours direct
contre le comité de salut public.
De son côté M. Rossel en donnant sa
démission de délégué à la guerre de
mande une cellule à Mazas. En même
temps, il proclame le dessein qu'il
avait de faire fusiller tous les chefs de
légion de la garde nationale dont le
crime était de délibérer trop longue
ment, à son gré, sur une question qu'il
leur avait posée. Le citoyen Rossel dé
clare qu'il avait tout disposé et que le
peloton d'exécution attendait dans la
cour. S'il a reculé devant l'odieux de
commander le feu et d'accomplir ce
projet qui eût assuré l'organisation,
robéissance et la victoire, c'est qu'il
eût été seul à en assumer la 'responsa
bilité ; si la Commune lui avait donné
un signe d'assentiment, il fusillait les
vingt chefs de légion qu'il avait appe
lés autour de lui pour leur demander
leur concours. Avis aux offfciers qui
pourraient être appelés désormais au
ministère de la guerre !
Ce projet de M. Rossel a ravi M.
Henri Rochefort, et cet insulteur de
femmes admire l'énergie de ce fusil-
leur manqué. C'est dans le Mot d'ordre
que nous trouvons le texte de la lon
gue démission de M. Rossel. En pu
bliant ce document, M. Henri Roche-
fort demande un dictateur. « C'est à la
Commune, ajoute-t-il, de le trouver,
et elle n'a pas un jour à perdre.*» L'avis
unananime est que l'instant suprême
est arrivé, et M. Delescluze propose le
renversement du comité de salut pu
blic. On remarquera que tout en mé
nageant le comité central, il a voulu
caresser le citoyen Rossel ; se flatte-t-il
de les accommoder?
La proposition de M. Delescluze a été
discutée en comité secret, d'où sont
issues sept résolutions. La première
réclame la démission des membres du
comité de salut public. Ilsl'ont donnée :
un autre comité a été élu. Deux des
membres de l'ancien comité ont été
maintenus, les citoyens Ranvier et Ant.
Arnaud : les autres membres élus
sont les citoyens Gambon, Eudes et
Delescluze.
Le Vengeur, journal de M. Pyat, qui
voit périr une de ses grandeurs après
l'avoir vainement défendue, le Vengeur
nous apprend qu'il n'y avait que S3 vo
tants. Il donne les voix obtenues par
chacun des membres du nouveau co
mité : Ranvier 36, Ant. Arnaud 32,
Gambon 29, Eudes 25, Delescluze 23.
La Commune se compose de cent-un
membres. Les démissionnaires et les
vacances la réduisent à quatre-vingt-
douze; le nouveau comité de salut
public est donc loin de réunir la ma
jorité : malgré l'imminence du dan
ger et les cris d'alarme, beaucoup de
membres persistent dans leur absten
tion. Plusieurs peut-être ont déjà mis
en pratique les maximes prudentes de
M. Pyat et ont gagné l'ombre. Enfin
ils étaient cinquante-trois à voter : M.
Delescluze, avec vingt-trois suffrages,
obtient sa part de souveraineté en dé
pit de trente voix. C'est ainsi qu'au
sein de la Commune se pratique le
respect de la majorité.
il saura encore se tenir à l'écart.. Il a
fait vœu de ne voir jamais quelle feu
de la cuisine. "
Une nouvelle affiche, qu'on placarde
en ce moment, annonce que le nou
veau comité de salut public a remis
toute la délégation de la guerre au co
mité fédéral, dont M. Rossel dtt avoir
tant à se plaindre. On ne dit pas si la
démission de ce dernier a été acceptée,
ni s'il a obtenu la cellule qu'il récla
mait à Mazas. On ne parle pas non plus
de la résolution de la Commune gui
donnait tout pouvoir à sa commission
militaire.
Les cinq membres du comité fédé
ral qui reconnaissent sortir de leur
mission en se chargeant de diriger le
service et les opérations de la guerre
se flattent de vaincre toutes les résis
tances et font un appel énergique à la
défense. Ils veulent que ses dangers
soient partagés par tous, et ils ne re
culeront devant aucune violence pour
atteindre ce résultat. Ils font appel à
nos pères de 92 qui, -sans vivres et
sans vêtements, marchaient pieds nus
dans la neige contre les ennemis.
Le plaisant est que cet appel à la dé
fense énergique et à l'armement de
tous soit signé de ce fameux cuisinier
Lacord qui, chef de bataillon durant
le siège, refusa absolument de mar
cher contre l'ennemi. Il veut néan
moins qu'on se batte aujourd'hui, mais
On lit dans le Mot d'ordre :
Ce qui exaspère le versaillisme, ce n'est
pas taat que Paris ait secoué son joug, c'est
qu'il soit aujourd'hui dans les mains du peu
ple. Savez-vous au juste ce qui rend la con
ciliation si difficile ? C'est que les Kerdrel,
les de Galliffet et les de Broglie ne font pas à
Paris une guerre d'opinion, ils lui font une
guerre de castes. Etant donnés un Bomaparte
et un d'Orléans, ils peuvent essayer de se dé
trôner mutuellement, mais ils ne sauraient
se haïr, car les systèmes royaux et impériaux
étant à peu de chose près les mêmes, ils se
sentent unis, malgré eux, par une commu
nauté de procédés et d'intérêts.
La politique n'a été jusqu'ici qu'un jeu de
bascule, tfl^ttnrd hui c'est un effondrement.
Jamais ceux qui possèdent, et qui doivent
dix-neuf lois sur vingt leur situation politi
que au nbmbre de leurs hectares de terre ou
de leurs pigiions. sur rue, n'admettront la
prépondéranoe^de l immense majorité qui se
compose de ceux qui ne possèdent pas.
« Ainsi, se disent-ils, c'est le Paris des tra
vailleurs qui gouverne et non celui des oisifs,
des rentiers et des nommes d'Etat paten
tés. »
Il y a du vrai dans ces paroles de
M. Rochefort, mais elles prouvent pé
remptoirement que les défenseurs de
la Commune ne sont pas sincères lors
qu'ils prétendent que Paris fait à Ver
sailles une guerre d'opinion ; que la ques
tion est entre la république et la mo
narchie, et que si l'Assemblée natio
nale n'était composée que de républi
cains la conciliation serait facile. Au
point où en sont les choses les systè
mes républicains ne diffèrent guère
des systèmes royaux ou impériaux , et on
ne voit pas comment la prépondérance
de ceux qui ne possèdent pas serait
mieux assurée parce que le chef de
l'Etat porterait le titre de président au
lieu du titre de roi ou d'empereur, ou
parce qu'il s'appellerait Thiers, Favre
ou Louis Blanc, au lieu de s'appeler
Bonaparte ou d'Orléans. Il se pourrait
même qu'elle le fût beaucoup moins.
Quelle est la république qui a fait pour
amener cette prépondérance autant
que l'empereur socialiste Napoléon III.
Est-ce qu'avant lui rien de pareil à ce
que nous voyons eût été possible ?
Les partisans de la Commune com
prennent parfaitement que la Répu
blique ne leur donnera pas plus ce
qu'ils veulent que la monarchie. Ce
qu'ils veulent, c'est-à-dire le droit de
gouverner, de soumettre à leur joug
la caste des oisifs et des rentiers. Il faut
que le Paris des travailleurs y gouverne,
qu'il soit le maître, et que tous les au
tres citoyens de Paris deviennent ses
esclaves. Il faut que le même régime
soit imposé à toutes les grandes cités
et qu'ensuite les campagnes soient
mises sous le joug des villes. Il faut
que le règne de la caste des travail
leurs soit établi dans toute la France,
en attendant qu'il le soit dans toute
l'Europe. En dépit de toutes ses tenta
tives hypocrites de conciliation, la
gauche républicaine recule devant cet
idéal. Aussi est-elle, tout comme la
droite royaliste, anathématisée par les
journaux et par les clubs de la Com
mune. M. Rochefort pose donc fort
bien la question. Il s agit en effet
de savoir à qui appartiendra le gou
vernement : -à ceux qui possèdent ou
à ceux qui ne possèdent pas. Ces der
niers, à son avis, forment l'immense
majorité. C'est une erreur, et les so
cialistes en ont conscience ; voilà pour
quoi, se considérant comme une caste
supérieure, ils repoussent les paysans,
les ruraux , comme ils les appellent,
et demandent que les villes soient. sé
parées des campagnes, afin que dans
les villes les ouvriers, les travailleurs
soient seuls maîtres et souverains et
puissent faire des campagnes tout ce
qu'ils voudront.
Avec M. Rochefort il est inutile de
raisonner, sans quoi on pourrait lui
demander si une question de prépon
dérance, c'est-à-dire en définitive une
question de souveraineté, peut être
simplement une question de nombre,
et s'il ne faudrait pas avant tout savoir
où se trouvent les vertus, les lu
mières nécessaires pour assurer l'exis
tence, le maintien, le bon gouver
nement de la société? Alors le pro
blème se réduirait à ces termes : L'im
mense majorité de ceux qui ne possè
dent pas a-t-elle plus de moralité, plus
de capacité, est-elle plus capable d'as
surer à la nation un bon gouverne
ment que l'immense majorité ae ceux qui
possèdent? A Paris, en ce moment,
ceux qui ne possèdent pas ont la pré
pondérance, et nous voyons le résul
tat. L'expérience semble démonstra
tive, et il est probable qu'une telle le
çon ne sera pas perdue; mais nous la
payons cher.
Le Mot d'ordre publie la lettre suivante par
laquelle l'ex-capitaine Rossel donne à la Com
mune sa démission de délégué à la guerre
Paris, le 9 mai 1871.
Citoyens membres de la Commune,
Chargé par vous à titre provisoire de la délé
gation de la guerre, je me sens incapable de
porter plus longtemps la responsabilité d'un
commandement où tout le monde délibère et où
personne n'obéit.
Lorsqu'il a fallu organiser l'artillerie, le co
mité central d'artillerie a délibéré et n'a rien
prescrit. Après deux mois de révolution, tout le
service de vos canons repose sur l'énergie de
quelques volontaires dont le nombre est insuffi
sant.
A mon arrivée au ministère, lorsque j'ai
voulu favoriser la concentration des armes, la
réquisition des chevaux, la poursuite des ré-
fractaires, j'ai demandé à la Commune de déve
lopper les municipalités d'arrondissement.
La, Commune a délibéré et n'a rien résolu.
Blus tard, le comité central de la fédération
est venu offrir presque impérieusement son con
cours à l'administration de la guerre. Consulté
parle comité de salut public, j'ai accepté ce con
cours de la manière la plus nette, et je me suis
dessaisi, en faveur des membres de ce comité,
de tous les renseignements que j'avais sur l'or
ganisation. Depuis ce temps-là, le comité cen
tral délibère et n'a pas encore su agir.
Pendant ce délai, l'ennemi enveloppait le fort
d'Issy d'attaques aventureuses et imprudentes
dont je le punirais si j'avais la moindre force
militaire disponible.
La garnison, mal commandée, prenait peur,
et les officiers délibéraient, chassaient du fort
le capitaine Dumont, homme énergique qui arri
vait pour les commander, et tout en délibérant
évacuaient leur fort, après avoir sottement parlé
de le faire sauter, chose plus impossible pour
eux que de le défendre.
Ce n'est pas assez. Hier, pendant que chacun
devait être au travail ou au feu, les chefs de lé
gion délibéraient pour substituer un nouveau
système d'organisation à celai que j'avais adop
té, afin de suppléer à l'imprévoyance de leur
autorité toujours mobile et mal obéie. Il résulta
de leur conciliabule un projet au moment où il
fallait des hommes, et une déclaration de prin
cipes au moment où il fallait des acies.
Mon indignation les ramena à d'autres pensées
et ils ne me promirent pour aujourd'hui comme
le dernier terme de leurs efforts qu'une force
organisée de 12,000 hemmes, avec lesquels je
m'engage à marcher à l'ennemi.
Cej hommes devaient être réunis à onze heu
res et demie : il est une heure, et ils ne sont
pas prêts; au lieu d'être 12.000, ils sont environ
7,000. Ce n'est pas du tout la même chose.
Ainsi, la nullité du comité d'artilleii) empê
chait l'organisation de l'artillerie ; les incerti
tudes du comité central de la fédération arrê
tent l'administration ; les préoccupations mes
quines des chefs de légion paralysent la mobi
lisation des troupes.
Je ne suis pas homme à reculer devant la ré
pression, et hier, pendant que les chefs de légion
discutaient, le peloton d'exécution les attendait
dans la cour. Mais je ne veux pas prendre seul
l'initiative d'une mesure énergique, endosser
seul l'odieux des exécutions qu'il faudrait faire
pour tirer do ce chaos l'organisation, l'obéissance
et la victoire.
Encore, si j'étais protégé par la publicité de
mes acfes et de mon impuissance, je pourrais
conserver mon mandat. Mais la Commune n'a
pas eu le courage d'affronter la publicité. Deux
t'ois déjà je vous ai donné des éclaircissements
nécessaires, et deux fois, malgré moi, vous avez
voulu avoir le comité secret.
Mon prédécesseur a eu le tort de se débattre
au milieu de cette situation absurde.
Eclairé par son exemple, sachant que la force
d'ùn révolutionnaire ne consiste que dans la
netteté de la situation, j'ai deux lignes à choisir :
briser l'obstacle qui entrave mon action ou me
retirer.
Je ne briserai pas l'obstacle, car l'obstacle
c'est vous et votre faiblesse : je ne veux pas at
tenter à la souveraineté publique.
Je me retire, et j'ai l'honneur de vous de
mander une cellule à Mazas.
Signé : Rossel.
Le texte de la démission du délégué
à la guerre eharge amèrement et dé
sespérément selon de M. Delescluze
le comité fédéral de la garde nationale.
Celui-ci cependant proteste de son ac
cord avec le délégué, et se flatte d'être
avec lui dans les meilleurs termes.
Le Père Duchêne qui avait parlé des
difficultés existant entre ce comité et
le délégué, et qui avait pris parti pour
le citoyen Rossel, a reçu la lettre sui
vante :
Citoyen,
Dans votre numéro d'hier, vous attaquez
le comité central; nous ne qualifions pas ces
attaques. Notre patriotisme est connu.
Si le comité a pris sur lui la responsabilité
de l'administration de la guerre, c'est uni
quement pour décharger le citoyen Rossel et
lui laisser toute liberté d'esprit pour dresser
ses plans de défense ou d'attaque.
Le comité est dans les meilleurs termes
avec le délégué à la guerre ; c'est d'accord
avec lui et le comité de salut public que la
nouvelle organisation a été adoptée.
Nous croyons inutile d'entrer dans de plus
longs développements.
La comité attend de votre impartialité une
prompte rectification.
Salut fraternel.
P. 0. et pour le comité central,
Le délégué,
ROUSSEAU.
Depuis quelques jours, les directeurs des hôpitaux se
trouvent assaillis toute la journée par des citoyens et
des citoyennes qui viennent, les uns sans aucun man
dat, les autres avec des permissions émanant soit d'un
membre d'une municipalité d'arrondissement, soit d'une
ambulance, ou encore d'un comité, pour faire une in
spection de l'établissement, ce qui gêne le service et
dérange les malades.
Des inspecteurs du ministère de l'intérieur et des fi
nances ont été.spécialement désignés pour contrôler
les services de l'assistance publique.
En conséquence, le directeur de l'assistance publi
que arrête que les membres de la Commune et les
inspecteurs qui lui seront désignés par le comité do
salut public, le ministère de l'intérieur et des finances
seront seuls admis à visiter les hôpitaux et hospices.
Le colonel Rossel n'est-il pas un
peu naïf de s'étonner que des ^ens re
cueillis de la sorte et déclares mili
taires sans autre forme de procès, dé
libèrent avant de se battre, et soient
disposés à ouvrir leurs portes à l'enne
mi. Quant à nous, une seule chose
nous étonne, c'est que ces réfractaires
ne fassent pas l'essai de leurs armes
sur leurs officiers; et tout particuliè
rement, nous estimons que le colo
nel Rossel a fort à se louer de la lon
ganimité de ces malheureux qui nelui
ont pas envoyé une balle dans la tête
lors de ses visites aux forts et lui ont
laissé la liberté dont il use de réclamer,
non sans quelque emphase, une cellule
à Mazas.
On comprend que la responsabilité
des actes de violence dont sont victi
mes les soi-disant réfractaires re
monte à celui qui s'en prend aux
chefs de légions et exprime tout haut
son regret de n'avoir osé les fusiller,
ccmme il l'avait prémédité, pour ne
lui avoir pas fourni le nombre d'hom
mes qu'il demandait.
Dans le second arrondissement, le
maire a eu un trait de génie : il rece
vra en récompense une embrassade de
M. Rochefort, qui s'entend si bien en
dénonciation.
Ce maire prescrit aux concierges, sous les
peines les plus sévères, d'afficher dans les
vingt-quatre heures, à la porte des maisons,
les noms, âge et profession de tous les loca
taires.
Sur la rive gauche, on assure que
les réfractaires sont conduits au fort
de Bicêtre. C'est peut-être là que l'on
menait ceux que nous avons rencon
trés rue Bonaparte.
Les poursuites activées par le comi
té fédéral ont pris une telle extension
qu'on a grand'peine à y échapper, et
les esprits faibles sont poussés au dés
espoir.
On a trouvé dans les poches d'un
noyé retiré de la Seine vers le pont
Saint-Michel le billet suivant :
Ne voulant pas me battre eontre mes deux
frères qui, en ce moment, sont dans l'armée
de Versailles, je me tue.
Avant-hier, rue Bonaparte, nous a-
vons vu défiler une vingtaine de jeu
nes gens, escortés de deux files de
gardes nationaux vieux, ivres et dé
guenillés comme la plupart des soldats
de la Commune à trente sous : un offi
cier à cheval fermait la marche. Rien
de plus douloureux ni- de plus funèbre
que ce cortège. La consternation et l'in
dignation se peignaient sur tous les
visages à sa rencontre. C'était une
troupe de « réfractaires » qu'on con
duisait de la mairie au fort ou au ma
gasin d'habillement.
La chasse à l'homme se cantinue
par tout ■ Paris : son produit, si on en
croit un journal, est de cent soldats
par jour. On appelle cela des enrôle
ments. Il y a diverses façons de les
faire.
Dans le V e arrondissement, d'après
le Moniteur , on ne prend pas de gran
des précautions, et « la cueillette des
réfractaires » a lieu avec une désinvol
ture charmante :
Des patrouilles parcourent les rues, l'arme
au bras : la mission du caporal est de dévi
sager les insoumis. Quand il «croit» en avoir
découvert un, il l'appréhende au collet, le
place entre ses quatre hommes traditionnels,
et en route pour la mairie.
Là, on incorpore le réfractaire dans un
bataillon actuellement aux avant-postes, où
il est envoyé dans les quatre heures qui sui
vent sa « nomination » dans le bataillon fé
déré.
On écrit de Rennes :
Nous savons en province tout ce que
souffrent les honnêtes gens que leur
dévouement ou leur devoir retienne
à Paris, et nous les plaignons sincère
ment Sachez bien que, malgré les
dires des journaux de la Commune, il
ne se produit en province aucun mou
vement sérieux qui leur soit favorable.
Ils avaient annoncé des troubles au
vîans et le départ de deux régiments de
Rennes pour aller les comprimer. Rien
de tout cela n'est vrai. Ce qu'il y a de
certain, c'est que la Commune a des
émissaires qui, pour se faire valoir,
n'hésitent pas à lui adresser de faux
renseignements. Elle est toute portée à
croire, y et ses journaux à en faire
bruit. Vous pouvez être assuré qu'il
n'y a aucun compte à en tenir. Ce n'est
pas en province que la Commune
trouvera jamais des adhérents!
Le Mot d'Ordre cherche aussi des
consolations et voudrait avoir des es
pérances. Il reconnaît néanmoins le
malheur tout en s'efforçant "d'en res
treindre l'étendue.
Disons tout de suite et sans détour que le
fort dlssy a été évacué par les nôtres, qui
ne croyaient pas pouvoir y rester plus long
temps. Cependant l'avis des hommes compé
tents est qu'il n'était pas intenable. Le fort
n'a pas été occupé par les Versaillais, qui ont
peur, et avec raison, de sauter avec lui; mais
le drapeau rouge a été jeté à bas par quelque
obus ou quelque décharge de mitrailleuse
sans doute, et, ce qui est plus humiliant
pour nous, le drapeau de Versailles est plan
té sur le côté ouest du parapet du fort qui
regarde le château de l'Epine. jQ«^foe-6pldat
aventureux aura, avec l'aidaU'éshèlles ajus
tées, arboré là le drapeau £ôuillé dé "'iîetre
sang, sans s'exposer à être vu par les fédérés
retirés du côté de l'est.
G a que nous avançons est de^jjtaiS^ijfrande
exactitude, car nous l'avons longtemps et
tristement examiné avec une excellente lu
nette à quelques pas du Point-du-Jour, cher
chant à nous faire illusion, et désirant trou
ver dans ce drapeau tricolore les couleurs
maçonniques ou toutes autres. Hélas ! c'é
taient bien les couleurs de Versailles. D'ail
leurs, personne dans le fort, silence à toutes
ses batteries.
Si le Mot d'ordre savait lire les do
cuments qu'il publie, la démission de
Rossel lui eût enlevé toutes les conso
lations dont il se flatte au sujet de la
peur desVersaillais à entrer dans le fort.
Le colonel remarque, en effet, que les
bavards, à qui sa défense était confiée,
« parlaient fort sottement de faire sau-
« ter le fort, chose plus impossible
« pour eux que de le défendre ! »
Le Moniteur ne veut laisser d'illusions
ni de consolations à personne. Il sou
tient que les trois couleurs flottent sur
le fort d'Ivry, que l'armée française est
dans l'intérieur du fort,et que rien n'a
encore sauté.
L'étendard aux trois couleurs de France a
remplacé, depuis hier à midi, le drapeau
rouge de la Commune sur le fort d'Issy.
Ce fait infirme toutes les dénégations op
posées à la nouvelle de l'occupation du fort
d'Issy par l'armée. Malgré les affirmations
tant de fois répétées par les généraux fédérés
le fort n'a pas sauté, et les soldats l'ont oc
cupé sans être inquiétés.
Dans l'après-midi, avec une forte lunette,
on pouvait les voir aller et venir au milieu
des ruines des casernes.
Les parapets qui font face à la ville ont
peu souffert. Des travailleurs sont déjà occu
pés à réparer les embrasures. Il faut s'atten
dre à voir incessamment le fort reprendre la
parole et tonner contre les remparts.
L'abandon du fort d'Issy est une des
causes des troubles où s'agite la Com
mune.
Après que la nouvelle a été donnée
hier au public par l'affiche signée du
délégué Rossel, la Commune a essayé
d'effacer le mauvais effet de ce désas
tre en le niant. Une affiche a été ap
posée dans la soirée aux portes des
mairies.
Il est faux que le drapeau tricolore flotte
sur le fort d'Issy.
Les Versaillais ne l'occupent pas et ne l'oc
cuperont pas.
La Commune vient de prendre les mesures
énergiques que comporte la situation.
Hôtel de Ville, 9 mai, 8 heures du soir.
En même temps le citoyen Vésinier,
secrétaire de la Commune adressait à
divers journaux la rectification sui
vante :
Citoyens rédacteurs,
C'est par une erreur regrettable qu'on a
annoncé que le fort d'Issy était pris et occupé
par les Versaillais. Il n'en est heureusement
rien et le drapeau de la Commune flotte tou
jours sur le fort.
Salut amical,
p. VÉSINIER.
Le Vengeur , journal du pouvoir dé
chu, n'ose pas confirmer ce démenti,
mais il veut stigmatiser la publica
tion du désastre.
Une audacieuse affiche, dit-il, signée Ros
sel, annonçant le drapeau tricolore hissé sur
le fort d'Issy, a été placardée sur quelques
murs de Paris à l'insu du comité de salut
public et de la Commune.
Les journaux, en reproduisant les
démentis de la Commune, ne persis
tent pas moins à constater la vérité du
fait. Ils cherchent à expliquer les cho
ses.
Le Rappel dit :
La dépêche du délégué à la guerre avait,
par sa forme étranga, causé une vive émotion
dans Paris. La rectification du citoyen secré
taire de la Commune a voulu sans doute ré
pondre à ce sentiment.
Il est bien certain pourtant que le drapeau
tricolore a flotté vers midi sur le fort d'Issy.
Mais il se peut qu'aussitôt quelques intrépi
des fédérés soient allés l'abattre et aient
planté de nouveau le drapeau de la Com
mune.
La vérité est que le fort d'Issy, après cette
prodigieuse résistance, n'est plus qu'un amas
de décombres, et n'est tenable ni pour les
Versaillais ni pour les fédérés.
Pendant que l'attention se porte à peu près
exclusivement sur les forts d'Issy et de Van-
ves, les opérations continuent sur les autres
points.
En avant des forts de Bicêtre et d'Ivry, les
fédérés ont fort à faire avec la cavalerie de
Versailles ; ils appréhendent des attaques
sur les points les plus faibles ; leiirs recon
naissances, de leur propre aveu, ou s'égarent
et ne reconnaissent rien, ou se font ramener
très vivement et même quelquefois enlevtr.
Les troupes de Versailles avancent pied à
pied, sans que l'on puisse arrêter leur mar
che ; on annonçait hier qu'elles avaient oc
cupé les avancées des Hautes - Bruyères ;
peut-être est-ce prématuré, et tout pourrait
s'être borné à l'enlèvement de quelques
avant-postes fédérés.
Le fort de Montrouge ne vaut guère mieux
que. celui de Vanves et riposte à peine au feu
des batteries versaillaises ; avant peu il sera
complètement coupé de Vanves et deviendra
l'objectif des batteries devenues libres par
l'écrasement de son voisin. Nous doutons
qu'il fasse longue résistance.
Au Point-du-Jour, les artilleurs fédérés
ont dû cesser leur feu et abandonner les bas
tions ; ils ne pouvaient tenir contre la formi
dable batterie de Montretout. Seule, la bat
terie de la Muette, abritée, essaie de tenir
tête, aidée par les canonnières ; mais cela ne
sert guère qu'à attirer des obus sur les mai
sons environnantes. Une canonnière est en
trée en ligne du côté de Versailles.
De Courbevoie à Asnières la situation n'a
pas été sensiblement modifiée. Les fédérés
ont vainement essayé un mouvement en
avant; les troupes de Versailles atteignent
presque Sablonville et se sont étendues du
côté de Levallois.
Voici les rapports militaires que nous donne
ce matin le Journal officiel de la Commune sorti
de son mutisme, et qui seront sans doute les
derniers signés par l'ex-capitaine Rossel :
Neuilly, Levallois-Perrel. — Soirée du 8, très forte
canonnade et fusillade.
Nuit, 215° bataillon attaque par Versaillais aux bar
ricades Perronet et Bineau; murs crénelés et tran
chées. Ennemi repoussé avec grandes pertes. 213° ba
taillon à l'ordre du jour.
Quatre heures du matin, reconnaissance versaillaise
de quarante hommes à la place Villicrs; elle est re
poussée.
Six heures à midi, calme.
Une heure et demie, Versaillais envoient obus sur
Levallois : une citoyenne blessée, un citoyen jambe
emportée. L'ennemi bombarde toujours porte Maillot.
Asnières. — Soirée du 8, violent combat d'artillerie
et mousqueterie ; pas de résultat.
Nuit calme.
Matinée, l'ennemi canonne avec acharnement ; fédé
rés font bonne contenance et réduisent l'ennemi au si
lence.
Sur la route d'Asnières, une citoyenne a eu une
jambe fracassée par un obus. Nuit tranquille. A trois
heures, quelques coups de canon sont échangés. Ver
saillais envoient quelques décharges de mitrailleuses,
mais n'atteignent personne.
Position les mêmes.
Montrouge, Bicêtre. — Positions respectives g
dées. Bas-Fontenay attaque continuellement.
Vanves, Issy. — Ruraux
trop dans ces contrées.
ne veulent pas avancer
Midi et demi. '— Le drapeau tricolore flotte sur le
fort d'Issy, abandonné hier au soir par la garnison.
Une heure. — Le général Brunei, commandant au
village d'Issy, est chargé d'occuper la position du ly
cée, en la reliant au fort de Vanves.
attaque, commencée vers'une heure de l'après-
midi, avait pour but de compléter l'investisse
ment du fort et.d'arrêter les renforts que deman
dait la garnison décimée par les projectiles qui
avaient rasé Tes carernes, effondré les casemates
et détruit les épaulements.
Tandis qu'un détachement simulait une atta
que sur les barricades situées au sud du fort, en
face du parc, et que les gardes nationaux, as
semblés dans Issy, se portaient sur ce point, une
colonne masquée jusqu'alors dans les tranchées
et derrière l'ouvrage élevé sur la voie du chemin
de fer, débouchait dans le parc de la maison de
santé de Vanves par une brèche pratiquée dans
le mur d'enceinte.
On peut évaluer à huit mille le nombre des
fédérés répandus dans les deux villages, et qui
prirent part à la lutte qui dura, acharnée, de
maison en maison, de rue en rue, jusqu'à neuf
heures du soir.
La direction du vent empêchait d'entendre la
fusillade. Le l'intérieur de Paris on parvenait à
peine à entendre le bruit des coups de canon qui
se succédaient sans intervalles sur un front de
plus de vingt kilomètres d'étendue. Cependant
le roulement des mitrailleuses qui grondait,
sourd et continu, dans les rues des villages
d'Issy et de Vanves, pouvait faire juger de l'a-
egarnement du combat.
Malgré le courage déployé par les fédérés, cou
rage qu'en ne peut pas leur nier, ils durent cé
der à l'élan des soldats. La maison de santé et le
lycée Louis-le-Grand, où les gardes nationaux
étaient casernés, furent occupés successivement,
et le lycée fut le plus vivement défendu. Le ter
rain qui l'entoure est resté couvert des morts et
des blessés des deux partis.
C'est près de là, nous assure-t-on, que fut tué
le colonel Wœtzel. Sa mort donna lieu à une
panique. Les gardes nationaux lâchèrent pied
et les soldats poursuivant leur succès, purent
pénétrer jusque dans Malakoff.
Depuis quelques jours des pionniers travail
laient près de l'emplacement de la tour, à un
ouvrage qui devait être armé de six pièces de
canon amenées près de là. Les troupes purent
s'en emparer et les emmener. Mais ils ne pu
rent garder cette position. Un retour offensif
effectué par un détachement considérable de
gardes nationaux les repoussa jusque dans les
premières maisons de Vanves.
Le succès de cette attaque compromet grave
ment le fort de Vanves, qui se trouve mainte
nant investi de trois côtés. Pendant la lutte dans
ce village, le bombardement du fort continuait
sans diminuer d'intensité. A cinq heures le feu
se déclarait dans le fort. Des baraquements
avaient été élevés à l'abri des pans de mur des
casernes qui étaient restés debout. Les gardes
nationaux y avaient mis de la paille pour s'y re
poser, car les casemates effondrées par l'averse
d'obus n'étaient rien moins que sûres.
L'explosion d'un obus enflamma la paille.
Bientôt les planches furent atteintes par le feu,
qui gagna un dépôt de matériel et d'affûts res
tés dans le fort.
L'incendie dura toute la nuit sans que la gar
nison pût songer à l'éteindre. Les chassepots des
soldats ds garde dans les tranchées et les mi
trailleuses du Moulin-de-Pierre balayaient qui
conque se montrait sur les ruines du fort. On
peut juger de la situation des gardes nationaux,
auxquels les casernes incendiées, les épaule
ments renversés, les casemates crevées ne" pou
vaient plus offrir qu'une retraite à chaque ins
tant visitée par les obus qui ne cessèrent de
tomber pendant toute la nuit.
Plus triste encore était la position des fédérés
dans le fort d'Issy. La garnison qui avait été
élevée à près de douze cents hommes, lors de la
réoccupation, n'en comptait plus que cinq cents,
appartenant aux 100 e , 141 e et 209° bataillons.
Les obus, les fatigues avaient moissonné les au
tres. Des pionniers, quelques rares artilleurs et
quelques marins plus rares encore s'y trouvaient
aussi.
Dès quatre heures du soir, le découragement
mit parmi les gardes nationaux. Les feux
convergents de douze batteries de l'armée les
délogeaient de tous les points où ils cherchaient
un abri, et la lutte qui se livrait autour d'eux,"
saus qu'ils y puissent prendre part, les inquiétait.
Les progrès des soldats menaçaient de leur
couper la retraite, et la porte du fort ayant été
ouverte, les hommes, isolés d'abord, par peloton
ensuite, commencèrent à revenir vers Paris par
la tranchée qui reliait le fort au château de l'E
pine.
A neuf heures une formidable explosion qui
fit croire à tout Paris que le fort lui-même sau
tait acheva d'effrayer les trois cents hommes qui
voulaient tenir encore. C'était, s'il faut en croire
une dépêche insérée dans le Mot d'ordre, une de
ces nombreuses torpilles posées un peu partout
par les pionniers fédérés qui venait de sauter en
avant du fort.
A onze heures du soir, ie dernier homme, un
capitaine, nous dit-on, quittait cette ruine que
le bombardement, il faut le dire, rendait com
plètement intenable, et le fort se trouvait à la
merci de l'armée.
Les généraux de la Commune, pour éviter une
panique semblable à celles qui se sont produi
tes après chaque désastre, ont fait fermer les por
tes aux fédérés qui revenaient du fort et qui
ont été ainsi obligés de rester dans le village.
Ce matin encore à Vaugirard personne ne con
naissait les événements arrivés à deux kilomè
tres de là.
Le reste de la nuit s'est passé dans une tran
quillité relative. Ce matin, quoique la canon
nade ait continué, on n'entend aucune fusillade
entre les deux partis, dont voici à peu près les
positions.
Les fédérés se sont installés sur le chemin des
Monts, qui longe le parc d'Issy, y ont exécuté
des retranchements et, derrière la deuxième
barricade, ils ont établi une batterie d'artillerie
qui tire en désespérée sur les hauteurs de Châ-
tillon, sur le Moulin-de-Pierre et, pour la forme
sans doute, essaie de fouiller les bois de Cla-
mart.
A l'extrémité du chemin des Monts se trouve
la rue du Château, où vient aboutir la rue des
Noyers. L'angle formé par ces deux rues appar
tient à l'armée régulière qui y a établi un très
solide retranchement.
Un peu plus loin, au carrefour formé par le
chemin de la Reine, la rue des Prés et la grande
rue d'Issy, les soldats de l'armée seront aussi
installés de façon à couper entièrement les com
munications entre le fort d'Issy et la partie
haute du village de ce nom.
La rue des Noyers côtoie le cimetière et abou
tit d'une part à la rue Chevreuse et de l'autre à
la rue de laGlaiserie.
La première de ces deux rues est encore au
pouvoir des fédérés, mais la seconde est au pou
voir des soldats de l'armée.
La placé de l'Eglise est neutre.
En face du clocher, dans un petit jardinet si
tué devant la maison d'un marchand de vins,
plusieurs gardes des Enfants perdus ont été en
terrés par leurs camarades, lors de la première
déroute de l'armée fédérée.
Bon nombre d'habitants d'Issy ont été forcés
d'abandonner leurs demeures, devenues inhabi
tables depuis le bombardement.
Beaucoup d'entre ces braves gens se sont réfu
giés rue Notre-Dame, tout près fortifications,
dans des maisons abandonnées ; d'autres sont
rentrés à Paris.
Nous empruntons au Moniteur universel le
récit suivant de la nouvelle évacuation du
fort d'Issy par les fédérés :
La terrible canonnade d'hier dissimulait une
attaque de l'armée sur le village d'Issy. Cette
Un nouvel engin meurtrier aurait été es
sayé,- si l'on en croit le Mot d'ordre.
D uis les environs de Vanves on vient de faire
un essai qui n'est pas sans importance. On a
lancé des fusées d'une invention aussi récente
qu'ingénieuse, et dont une huitaine, lancées à
la fois, embrasèrent le sol sur une étendue de
vingt mètres carrés. . •
Ces fusées, nous dit-on,.n'ont rien de commun
N° 1450. — Edition quotidienne.
Jeudi il Mai 1871
PARIS
Via.......! 58 fr.
Six mois .... 30
Trois mois.". 16
Le numéro : 15 centimes.
BUREAU*
Paris, 10, rue des Saints-Pères.
On s'abonne, à Rome, au bureau de la Civiltà cattolica,
via del Gesu, 61.
DÉPARTEMENTS
. ® n m» * 58 fr.
Six mois 30
Trois mois ................... „....... j6
r ù — '
i K Edition ■eml-quotldlennc
•* / ,?-H Ua an, 32 fr.—Six mois, 17 fr. —Trois mois, 9 fr.
y L'Univers ne répond pa« des manuscrits qui lal sont tdrtsMl.
AHHIT01WCEB
•M,-Cli, LAGIUXGE, CEiî? et Ci 0 , 6, place la Beirs^
Imp. A.H. Initié, rue des Saints-Pères, 1t.
Ceux de nos souscripteurs dont F abon
nement expire le 1S mai sont priés de
le renouveler le plus promptement possible,
s'ils ne veulent pas éprouver de retard
dans Fetwoi du journal.
Le mode le plus simple et le plus
prompt est l'envoi d'un bon sur la poste
ou d'un mandat à vue sur Paris, à tordre
du Gérant.
FRANCE
PARIS, 10 MAI 1871
Est-ce la débandade qui commence?
Les divers pouvoirs de la Révolution
s'anathématisent les uns les autres.
Le comité de salut public est renver
sé, le comité central accuré, le colo
nel Rossel démisionnaire.
Nous analysons les délibérations de
la Commune du 8 et du 9 mai, qui mon
trent ée désarroi de toutes choses au
sein du gouvernement, ses conflits et
ses impuissances. M. Delescluze, qui
parle peu, a fait un discours direct
contre le comité de salut public.
De son côté M. Rossel en donnant sa
démission de délégué à la guerre de
mande une cellule à Mazas. En même
temps, il proclame le dessein qu'il
avait de faire fusiller tous les chefs de
légion de la garde nationale dont le
crime était de délibérer trop longue
ment, à son gré, sur une question qu'il
leur avait posée. Le citoyen Rossel dé
clare qu'il avait tout disposé et que le
peloton d'exécution attendait dans la
cour. S'il a reculé devant l'odieux de
commander le feu et d'accomplir ce
projet qui eût assuré l'organisation,
robéissance et la victoire, c'est qu'il
eût été seul à en assumer la 'responsa
bilité ; si la Commune lui avait donné
un signe d'assentiment, il fusillait les
vingt chefs de légion qu'il avait appe
lés autour de lui pour leur demander
leur concours. Avis aux offfciers qui
pourraient être appelés désormais au
ministère de la guerre !
Ce projet de M. Rossel a ravi M.
Henri Rochefort, et cet insulteur de
femmes admire l'énergie de ce fusil-
leur manqué. C'est dans le Mot d'ordre
que nous trouvons le texte de la lon
gue démission de M. Rossel. En pu
bliant ce document, M. Henri Roche-
fort demande un dictateur. « C'est à la
Commune, ajoute-t-il, de le trouver,
et elle n'a pas un jour à perdre.*» L'avis
unananime est que l'instant suprême
est arrivé, et M. Delescluze propose le
renversement du comité de salut pu
blic. On remarquera que tout en mé
nageant le comité central, il a voulu
caresser le citoyen Rossel ; se flatte-t-il
de les accommoder?
La proposition de M. Delescluze a été
discutée en comité secret, d'où sont
issues sept résolutions. La première
réclame la démission des membres du
comité de salut public. Ilsl'ont donnée :
un autre comité a été élu. Deux des
membres de l'ancien comité ont été
maintenus, les citoyens Ranvier et Ant.
Arnaud : les autres membres élus
sont les citoyens Gambon, Eudes et
Delescluze.
Le Vengeur, journal de M. Pyat, qui
voit périr une de ses grandeurs après
l'avoir vainement défendue, le Vengeur
nous apprend qu'il n'y avait que S3 vo
tants. Il donne les voix obtenues par
chacun des membres du nouveau co
mité : Ranvier 36, Ant. Arnaud 32,
Gambon 29, Eudes 25, Delescluze 23.
La Commune se compose de cent-un
membres. Les démissionnaires et les
vacances la réduisent à quatre-vingt-
douze; le nouveau comité de salut
public est donc loin de réunir la ma
jorité : malgré l'imminence du dan
ger et les cris d'alarme, beaucoup de
membres persistent dans leur absten
tion. Plusieurs peut-être ont déjà mis
en pratique les maximes prudentes de
M. Pyat et ont gagné l'ombre. Enfin
ils étaient cinquante-trois à voter : M.
Delescluze, avec vingt-trois suffrages,
obtient sa part de souveraineté en dé
pit de trente voix. C'est ainsi qu'au
sein de la Commune se pratique le
respect de la majorité.
il saura encore se tenir à l'écart.. Il a
fait vœu de ne voir jamais quelle feu
de la cuisine. "
Une nouvelle affiche, qu'on placarde
en ce moment, annonce que le nou
veau comité de salut public a remis
toute la délégation de la guerre au co
mité fédéral, dont M. Rossel dtt avoir
tant à se plaindre. On ne dit pas si la
démission de ce dernier a été acceptée,
ni s'il a obtenu la cellule qu'il récla
mait à Mazas. On ne parle pas non plus
de la résolution de la Commune gui
donnait tout pouvoir à sa commission
militaire.
Les cinq membres du comité fédé
ral qui reconnaissent sortir de leur
mission en se chargeant de diriger le
service et les opérations de la guerre
se flattent de vaincre toutes les résis
tances et font un appel énergique à la
défense. Ils veulent que ses dangers
soient partagés par tous, et ils ne re
culeront devant aucune violence pour
atteindre ce résultat. Ils font appel à
nos pères de 92 qui, -sans vivres et
sans vêtements, marchaient pieds nus
dans la neige contre les ennemis.
Le plaisant est que cet appel à la dé
fense énergique et à l'armement de
tous soit signé de ce fameux cuisinier
Lacord qui, chef de bataillon durant
le siège, refusa absolument de mar
cher contre l'ennemi. Il veut néan
moins qu'on se batte aujourd'hui, mais
On lit dans le Mot d'ordre :
Ce qui exaspère le versaillisme, ce n'est
pas taat que Paris ait secoué son joug, c'est
qu'il soit aujourd'hui dans les mains du peu
ple. Savez-vous au juste ce qui rend la con
ciliation si difficile ? C'est que les Kerdrel,
les de Galliffet et les de Broglie ne font pas à
Paris une guerre d'opinion, ils lui font une
guerre de castes. Etant donnés un Bomaparte
et un d'Orléans, ils peuvent essayer de se dé
trôner mutuellement, mais ils ne sauraient
se haïr, car les systèmes royaux et impériaux
étant à peu de chose près les mêmes, ils se
sentent unis, malgré eux, par une commu
nauté de procédés et d'intérêts.
La politique n'a été jusqu'ici qu'un jeu de
bascule, tfl^ttnrd hui c'est un effondrement.
Jamais ceux qui possèdent, et qui doivent
dix-neuf lois sur vingt leur situation politi
que au nbmbre de leurs hectares de terre ou
de leurs pigiions. sur rue, n'admettront la
prépondéranoe^de l immense majorité qui se
compose de ceux qui ne possèdent pas.
« Ainsi, se disent-ils, c'est le Paris des tra
vailleurs qui gouverne et non celui des oisifs,
des rentiers et des nommes d'Etat paten
tés. »
Il y a du vrai dans ces paroles de
M. Rochefort, mais elles prouvent pé
remptoirement que les défenseurs de
la Commune ne sont pas sincères lors
qu'ils prétendent que Paris fait à Ver
sailles une guerre d'opinion ; que la ques
tion est entre la république et la mo
narchie, et que si l'Assemblée natio
nale n'était composée que de républi
cains la conciliation serait facile. Au
point où en sont les choses les systè
mes républicains ne diffèrent guère
des systèmes royaux ou impériaux , et on
ne voit pas comment la prépondérance
de ceux qui ne possèdent pas serait
mieux assurée parce que le chef de
l'Etat porterait le titre de président au
lieu du titre de roi ou d'empereur, ou
parce qu'il s'appellerait Thiers, Favre
ou Louis Blanc, au lieu de s'appeler
Bonaparte ou d'Orléans. Il se pourrait
même qu'elle le fût beaucoup moins.
Quelle est la république qui a fait pour
amener cette prépondérance autant
que l'empereur socialiste Napoléon III.
Est-ce qu'avant lui rien de pareil à ce
que nous voyons eût été possible ?
Les partisans de la Commune com
prennent parfaitement que la Répu
blique ne leur donnera pas plus ce
qu'ils veulent que la monarchie. Ce
qu'ils veulent, c'est-à-dire le droit de
gouverner, de soumettre à leur joug
la caste des oisifs et des rentiers. Il faut
que le Paris des travailleurs y gouverne,
qu'il soit le maître, et que tous les au
tres citoyens de Paris deviennent ses
esclaves. Il faut que le même régime
soit imposé à toutes les grandes cités
et qu'ensuite les campagnes soient
mises sous le joug des villes. Il faut
que le règne de la caste des travail
leurs soit établi dans toute la France,
en attendant qu'il le soit dans toute
l'Europe. En dépit de toutes ses tenta
tives hypocrites de conciliation, la
gauche républicaine recule devant cet
idéal. Aussi est-elle, tout comme la
droite royaliste, anathématisée par les
journaux et par les clubs de la Com
mune. M. Rochefort pose donc fort
bien la question. Il s agit en effet
de savoir à qui appartiendra le gou
vernement : -à ceux qui possèdent ou
à ceux qui ne possèdent pas. Ces der
niers, à son avis, forment l'immense
majorité. C'est une erreur, et les so
cialistes en ont conscience ; voilà pour
quoi, se considérant comme une caste
supérieure, ils repoussent les paysans,
les ruraux , comme ils les appellent,
et demandent que les villes soient. sé
parées des campagnes, afin que dans
les villes les ouvriers, les travailleurs
soient seuls maîtres et souverains et
puissent faire des campagnes tout ce
qu'ils voudront.
Avec M. Rochefort il est inutile de
raisonner, sans quoi on pourrait lui
demander si une question de prépon
dérance, c'est-à-dire en définitive une
question de souveraineté, peut être
simplement une question de nombre,
et s'il ne faudrait pas avant tout savoir
où se trouvent les vertus, les lu
mières nécessaires pour assurer l'exis
tence, le maintien, le bon gouver
nement de la société? Alors le pro
blème se réduirait à ces termes : L'im
mense majorité de ceux qui ne possè
dent pas a-t-elle plus de moralité, plus
de capacité, est-elle plus capable d'as
surer à la nation un bon gouverne
ment que l'immense majorité ae ceux qui
possèdent? A Paris, en ce moment,
ceux qui ne possèdent pas ont la pré
pondérance, et nous voyons le résul
tat. L'expérience semble démonstra
tive, et il est probable qu'une telle le
çon ne sera pas perdue; mais nous la
payons cher.
Le Mot d'ordre publie la lettre suivante par
laquelle l'ex-capitaine Rossel donne à la Com
mune sa démission de délégué à la guerre
Paris, le 9 mai 1871.
Citoyens membres de la Commune,
Chargé par vous à titre provisoire de la délé
gation de la guerre, je me sens incapable de
porter plus longtemps la responsabilité d'un
commandement où tout le monde délibère et où
personne n'obéit.
Lorsqu'il a fallu organiser l'artillerie, le co
mité central d'artillerie a délibéré et n'a rien
prescrit. Après deux mois de révolution, tout le
service de vos canons repose sur l'énergie de
quelques volontaires dont le nombre est insuffi
sant.
A mon arrivée au ministère, lorsque j'ai
voulu favoriser la concentration des armes, la
réquisition des chevaux, la poursuite des ré-
fractaires, j'ai demandé à la Commune de déve
lopper les municipalités d'arrondissement.
La, Commune a délibéré et n'a rien résolu.
Blus tard, le comité central de la fédération
est venu offrir presque impérieusement son con
cours à l'administration de la guerre. Consulté
parle comité de salut public, j'ai accepté ce con
cours de la manière la plus nette, et je me suis
dessaisi, en faveur des membres de ce comité,
de tous les renseignements que j'avais sur l'or
ganisation. Depuis ce temps-là, le comité cen
tral délibère et n'a pas encore su agir.
Pendant ce délai, l'ennemi enveloppait le fort
d'Issy d'attaques aventureuses et imprudentes
dont je le punirais si j'avais la moindre force
militaire disponible.
La garnison, mal commandée, prenait peur,
et les officiers délibéraient, chassaient du fort
le capitaine Dumont, homme énergique qui arri
vait pour les commander, et tout en délibérant
évacuaient leur fort, après avoir sottement parlé
de le faire sauter, chose plus impossible pour
eux que de le défendre.
Ce n'est pas assez. Hier, pendant que chacun
devait être au travail ou au feu, les chefs de lé
gion délibéraient pour substituer un nouveau
système d'organisation à celai que j'avais adop
té, afin de suppléer à l'imprévoyance de leur
autorité toujours mobile et mal obéie. Il résulta
de leur conciliabule un projet au moment où il
fallait des hommes, et une déclaration de prin
cipes au moment où il fallait des acies.
Mon indignation les ramena à d'autres pensées
et ils ne me promirent pour aujourd'hui comme
le dernier terme de leurs efforts qu'une force
organisée de 12,000 hemmes, avec lesquels je
m'engage à marcher à l'ennemi.
Cej hommes devaient être réunis à onze heu
res et demie : il est une heure, et ils ne sont
pas prêts; au lieu d'être 12.000, ils sont environ
7,000. Ce n'est pas du tout la même chose.
Ainsi, la nullité du comité d'artilleii) empê
chait l'organisation de l'artillerie ; les incerti
tudes du comité central de la fédération arrê
tent l'administration ; les préoccupations mes
quines des chefs de légion paralysent la mobi
lisation des troupes.
Je ne suis pas homme à reculer devant la ré
pression, et hier, pendant que les chefs de légion
discutaient, le peloton d'exécution les attendait
dans la cour. Mais je ne veux pas prendre seul
l'initiative d'une mesure énergique, endosser
seul l'odieux des exécutions qu'il faudrait faire
pour tirer do ce chaos l'organisation, l'obéissance
et la victoire.
Encore, si j'étais protégé par la publicité de
mes acfes et de mon impuissance, je pourrais
conserver mon mandat. Mais la Commune n'a
pas eu le courage d'affronter la publicité. Deux
t'ois déjà je vous ai donné des éclaircissements
nécessaires, et deux fois, malgré moi, vous avez
voulu avoir le comité secret.
Mon prédécesseur a eu le tort de se débattre
au milieu de cette situation absurde.
Eclairé par son exemple, sachant que la force
d'ùn révolutionnaire ne consiste que dans la
netteté de la situation, j'ai deux lignes à choisir :
briser l'obstacle qui entrave mon action ou me
retirer.
Je ne briserai pas l'obstacle, car l'obstacle
c'est vous et votre faiblesse : je ne veux pas at
tenter à la souveraineté publique.
Je me retire, et j'ai l'honneur de vous de
mander une cellule à Mazas.
Signé : Rossel.
Le texte de la démission du délégué
à la guerre eharge amèrement et dé
sespérément selon de M. Delescluze
le comité fédéral de la garde nationale.
Celui-ci cependant proteste de son ac
cord avec le délégué, et se flatte d'être
avec lui dans les meilleurs termes.
Le Père Duchêne qui avait parlé des
difficultés existant entre ce comité et
le délégué, et qui avait pris parti pour
le citoyen Rossel, a reçu la lettre sui
vante :
Citoyen,
Dans votre numéro d'hier, vous attaquez
le comité central; nous ne qualifions pas ces
attaques. Notre patriotisme est connu.
Si le comité a pris sur lui la responsabilité
de l'administration de la guerre, c'est uni
quement pour décharger le citoyen Rossel et
lui laisser toute liberté d'esprit pour dresser
ses plans de défense ou d'attaque.
Le comité est dans les meilleurs termes
avec le délégué à la guerre ; c'est d'accord
avec lui et le comité de salut public que la
nouvelle organisation a été adoptée.
Nous croyons inutile d'entrer dans de plus
longs développements.
La comité attend de votre impartialité une
prompte rectification.
Salut fraternel.
P. 0. et pour le comité central,
Le délégué,
ROUSSEAU.
Depuis quelques jours, les directeurs des hôpitaux se
trouvent assaillis toute la journée par des citoyens et
des citoyennes qui viennent, les uns sans aucun man
dat, les autres avec des permissions émanant soit d'un
membre d'une municipalité d'arrondissement, soit d'une
ambulance, ou encore d'un comité, pour faire une in
spection de l'établissement, ce qui gêne le service et
dérange les malades.
Des inspecteurs du ministère de l'intérieur et des fi
nances ont été.spécialement désignés pour contrôler
les services de l'assistance publique.
En conséquence, le directeur de l'assistance publi
que arrête que les membres de la Commune et les
inspecteurs qui lui seront désignés par le comité do
salut public, le ministère de l'intérieur et des finances
seront seuls admis à visiter les hôpitaux et hospices.
Le colonel Rossel n'est-il pas un
peu naïf de s'étonner que des ^ens re
cueillis de la sorte et déclares mili
taires sans autre forme de procès, dé
libèrent avant de se battre, et soient
disposés à ouvrir leurs portes à l'enne
mi. Quant à nous, une seule chose
nous étonne, c'est que ces réfractaires
ne fassent pas l'essai de leurs armes
sur leurs officiers; et tout particuliè
rement, nous estimons que le colo
nel Rossel a fort à se louer de la lon
ganimité de ces malheureux qui nelui
ont pas envoyé une balle dans la tête
lors de ses visites aux forts et lui ont
laissé la liberté dont il use de réclamer,
non sans quelque emphase, une cellule
à Mazas.
On comprend que la responsabilité
des actes de violence dont sont victi
mes les soi-disant réfractaires re
monte à celui qui s'en prend aux
chefs de légions et exprime tout haut
son regret de n'avoir osé les fusiller,
ccmme il l'avait prémédité, pour ne
lui avoir pas fourni le nombre d'hom
mes qu'il demandait.
Dans le second arrondissement, le
maire a eu un trait de génie : il rece
vra en récompense une embrassade de
M. Rochefort, qui s'entend si bien en
dénonciation.
Ce maire prescrit aux concierges, sous les
peines les plus sévères, d'afficher dans les
vingt-quatre heures, à la porte des maisons,
les noms, âge et profession de tous les loca
taires.
Sur la rive gauche, on assure que
les réfractaires sont conduits au fort
de Bicêtre. C'est peut-être là que l'on
menait ceux que nous avons rencon
trés rue Bonaparte.
Les poursuites activées par le comi
té fédéral ont pris une telle extension
qu'on a grand'peine à y échapper, et
les esprits faibles sont poussés au dés
espoir.
On a trouvé dans les poches d'un
noyé retiré de la Seine vers le pont
Saint-Michel le billet suivant :
Ne voulant pas me battre eontre mes deux
frères qui, en ce moment, sont dans l'armée
de Versailles, je me tue.
Avant-hier, rue Bonaparte, nous a-
vons vu défiler une vingtaine de jeu
nes gens, escortés de deux files de
gardes nationaux vieux, ivres et dé
guenillés comme la plupart des soldats
de la Commune à trente sous : un offi
cier à cheval fermait la marche. Rien
de plus douloureux ni- de plus funèbre
que ce cortège. La consternation et l'in
dignation se peignaient sur tous les
visages à sa rencontre. C'était une
troupe de « réfractaires » qu'on con
duisait de la mairie au fort ou au ma
gasin d'habillement.
La chasse à l'homme se cantinue
par tout ■ Paris : son produit, si on en
croit un journal, est de cent soldats
par jour. On appelle cela des enrôle
ments. Il y a diverses façons de les
faire.
Dans le V e arrondissement, d'après
le Moniteur , on ne prend pas de gran
des précautions, et « la cueillette des
réfractaires » a lieu avec une désinvol
ture charmante :
Des patrouilles parcourent les rues, l'arme
au bras : la mission du caporal est de dévi
sager les insoumis. Quand il «croit» en avoir
découvert un, il l'appréhende au collet, le
place entre ses quatre hommes traditionnels,
et en route pour la mairie.
Là, on incorpore le réfractaire dans un
bataillon actuellement aux avant-postes, où
il est envoyé dans les quatre heures qui sui
vent sa « nomination » dans le bataillon fé
déré.
On écrit de Rennes :
Nous savons en province tout ce que
souffrent les honnêtes gens que leur
dévouement ou leur devoir retienne
à Paris, et nous les plaignons sincère
ment Sachez bien que, malgré les
dires des journaux de la Commune, il
ne se produit en province aucun mou
vement sérieux qui leur soit favorable.
Ils avaient annoncé des troubles au
vîans et le départ de deux régiments de
Rennes pour aller les comprimer. Rien
de tout cela n'est vrai. Ce qu'il y a de
certain, c'est que la Commune a des
émissaires qui, pour se faire valoir,
n'hésitent pas à lui adresser de faux
renseignements. Elle est toute portée à
croire, y et ses journaux à en faire
bruit. Vous pouvez être assuré qu'il
n'y a aucun compte à en tenir. Ce n'est
pas en province que la Commune
trouvera jamais des adhérents!
Le Mot d'Ordre cherche aussi des
consolations et voudrait avoir des es
pérances. Il reconnaît néanmoins le
malheur tout en s'efforçant "d'en res
treindre l'étendue.
Disons tout de suite et sans détour que le
fort dlssy a été évacué par les nôtres, qui
ne croyaient pas pouvoir y rester plus long
temps. Cependant l'avis des hommes compé
tents est qu'il n'était pas intenable. Le fort
n'a pas été occupé par les Versaillais, qui ont
peur, et avec raison, de sauter avec lui; mais
le drapeau rouge a été jeté à bas par quelque
obus ou quelque décharge de mitrailleuse
sans doute, et, ce qui est plus humiliant
pour nous, le drapeau de Versailles est plan
té sur le côté ouest du parapet du fort qui
regarde le château de l'Epine. jQ«^foe-6pldat
aventureux aura, avec l'aidaU'éshèlles ajus
tées, arboré là le drapeau £ôuillé dé "'iîetre
sang, sans s'exposer à être vu par les fédérés
retirés du côté de l'est.
G a que nous avançons est de^jjtaiS^ijfrande
exactitude, car nous l'avons longtemps et
tristement examiné avec une excellente lu
nette à quelques pas du Point-du-Jour, cher
chant à nous faire illusion, et désirant trou
ver dans ce drapeau tricolore les couleurs
maçonniques ou toutes autres. Hélas ! c'é
taient bien les couleurs de Versailles. D'ail
leurs, personne dans le fort, silence à toutes
ses batteries.
Si le Mot d'ordre savait lire les do
cuments qu'il publie, la démission de
Rossel lui eût enlevé toutes les conso
lations dont il se flatte au sujet de la
peur desVersaillais à entrer dans le fort.
Le colonel remarque, en effet, que les
bavards, à qui sa défense était confiée,
« parlaient fort sottement de faire sau-
« ter le fort, chose plus impossible
« pour eux que de le défendre ! »
Le Moniteur ne veut laisser d'illusions
ni de consolations à personne. Il sou
tient que les trois couleurs flottent sur
le fort d'Ivry, que l'armée française est
dans l'intérieur du fort,et que rien n'a
encore sauté.
L'étendard aux trois couleurs de France a
remplacé, depuis hier à midi, le drapeau
rouge de la Commune sur le fort d'Issy.
Ce fait infirme toutes les dénégations op
posées à la nouvelle de l'occupation du fort
d'Issy par l'armée. Malgré les affirmations
tant de fois répétées par les généraux fédérés
le fort n'a pas sauté, et les soldats l'ont oc
cupé sans être inquiétés.
Dans l'après-midi, avec une forte lunette,
on pouvait les voir aller et venir au milieu
des ruines des casernes.
Les parapets qui font face à la ville ont
peu souffert. Des travailleurs sont déjà occu
pés à réparer les embrasures. Il faut s'atten
dre à voir incessamment le fort reprendre la
parole et tonner contre les remparts.
L'abandon du fort d'Issy est une des
causes des troubles où s'agite la Com
mune.
Après que la nouvelle a été donnée
hier au public par l'affiche signée du
délégué Rossel, la Commune a essayé
d'effacer le mauvais effet de ce désas
tre en le niant. Une affiche a été ap
posée dans la soirée aux portes des
mairies.
Il est faux que le drapeau tricolore flotte
sur le fort d'Issy.
Les Versaillais ne l'occupent pas et ne l'oc
cuperont pas.
La Commune vient de prendre les mesures
énergiques que comporte la situation.
Hôtel de Ville, 9 mai, 8 heures du soir.
En même temps le citoyen Vésinier,
secrétaire de la Commune adressait à
divers journaux la rectification sui
vante :
Citoyens rédacteurs,
C'est par une erreur regrettable qu'on a
annoncé que le fort d'Issy était pris et occupé
par les Versaillais. Il n'en est heureusement
rien et le drapeau de la Commune flotte tou
jours sur le fort.
Salut amical,
p. VÉSINIER.
Le Vengeur , journal du pouvoir dé
chu, n'ose pas confirmer ce démenti,
mais il veut stigmatiser la publica
tion du désastre.
Une audacieuse affiche, dit-il, signée Ros
sel, annonçant le drapeau tricolore hissé sur
le fort d'Issy, a été placardée sur quelques
murs de Paris à l'insu du comité de salut
public et de la Commune.
Les journaux, en reproduisant les
démentis de la Commune, ne persis
tent pas moins à constater la vérité du
fait. Ils cherchent à expliquer les cho
ses.
Le Rappel dit :
La dépêche du délégué à la guerre avait,
par sa forme étranga, causé une vive émotion
dans Paris. La rectification du citoyen secré
taire de la Commune a voulu sans doute ré
pondre à ce sentiment.
Il est bien certain pourtant que le drapeau
tricolore a flotté vers midi sur le fort d'Issy.
Mais il se peut qu'aussitôt quelques intrépi
des fédérés soient allés l'abattre et aient
planté de nouveau le drapeau de la Com
mune.
La vérité est que le fort d'Issy, après cette
prodigieuse résistance, n'est plus qu'un amas
de décombres, et n'est tenable ni pour les
Versaillais ni pour les fédérés.
Pendant que l'attention se porte à peu près
exclusivement sur les forts d'Issy et de Van-
ves, les opérations continuent sur les autres
points.
En avant des forts de Bicêtre et d'Ivry, les
fédérés ont fort à faire avec la cavalerie de
Versailles ; ils appréhendent des attaques
sur les points les plus faibles ; leiirs recon
naissances, de leur propre aveu, ou s'égarent
et ne reconnaissent rien, ou se font ramener
très vivement et même quelquefois enlevtr.
Les troupes de Versailles avancent pied à
pied, sans que l'on puisse arrêter leur mar
che ; on annonçait hier qu'elles avaient oc
cupé les avancées des Hautes - Bruyères ;
peut-être est-ce prématuré, et tout pourrait
s'être borné à l'enlèvement de quelques
avant-postes fédérés.
Le fort de Montrouge ne vaut guère mieux
que. celui de Vanves et riposte à peine au feu
des batteries versaillaises ; avant peu il sera
complètement coupé de Vanves et deviendra
l'objectif des batteries devenues libres par
l'écrasement de son voisin. Nous doutons
qu'il fasse longue résistance.
Au Point-du-Jour, les artilleurs fédérés
ont dû cesser leur feu et abandonner les bas
tions ; ils ne pouvaient tenir contre la formi
dable batterie de Montretout. Seule, la bat
terie de la Muette, abritée, essaie de tenir
tête, aidée par les canonnières ; mais cela ne
sert guère qu'à attirer des obus sur les mai
sons environnantes. Une canonnière est en
trée en ligne du côté de Versailles.
De Courbevoie à Asnières la situation n'a
pas été sensiblement modifiée. Les fédérés
ont vainement essayé un mouvement en
avant; les troupes de Versailles atteignent
presque Sablonville et se sont étendues du
côté de Levallois.
Voici les rapports militaires que nous donne
ce matin le Journal officiel de la Commune sorti
de son mutisme, et qui seront sans doute les
derniers signés par l'ex-capitaine Rossel :
Neuilly, Levallois-Perrel. — Soirée du 8, très forte
canonnade et fusillade.
Nuit, 215° bataillon attaque par Versaillais aux bar
ricades Perronet et Bineau; murs crénelés et tran
chées. Ennemi repoussé avec grandes pertes. 213° ba
taillon à l'ordre du jour.
Quatre heures du matin, reconnaissance versaillaise
de quarante hommes à la place Villicrs; elle est re
poussée.
Six heures à midi, calme.
Une heure et demie, Versaillais envoient obus sur
Levallois : une citoyenne blessée, un citoyen jambe
emportée. L'ennemi bombarde toujours porte Maillot.
Asnières. — Soirée du 8, violent combat d'artillerie
et mousqueterie ; pas de résultat.
Nuit calme.
Matinée, l'ennemi canonne avec acharnement ; fédé
rés font bonne contenance et réduisent l'ennemi au si
lence.
Sur la route d'Asnières, une citoyenne a eu une
jambe fracassée par un obus. Nuit tranquille. A trois
heures, quelques coups de canon sont échangés. Ver
saillais envoient quelques décharges de mitrailleuses,
mais n'atteignent personne.
Position les mêmes.
Montrouge, Bicêtre. — Positions respectives g
dées. Bas-Fontenay attaque continuellement.
Vanves, Issy. — Ruraux
trop dans ces contrées.
ne veulent pas avancer
Midi et demi. '— Le drapeau tricolore flotte sur le
fort d'Issy, abandonné hier au soir par la garnison.
Une heure. — Le général Brunei, commandant au
village d'Issy, est chargé d'occuper la position du ly
cée, en la reliant au fort de Vanves.
attaque, commencée vers'une heure de l'après-
midi, avait pour but de compléter l'investisse
ment du fort et.d'arrêter les renforts que deman
dait la garnison décimée par les projectiles qui
avaient rasé Tes carernes, effondré les casemates
et détruit les épaulements.
Tandis qu'un détachement simulait une atta
que sur les barricades situées au sud du fort, en
face du parc, et que les gardes nationaux, as
semblés dans Issy, se portaient sur ce point, une
colonne masquée jusqu'alors dans les tranchées
et derrière l'ouvrage élevé sur la voie du chemin
de fer, débouchait dans le parc de la maison de
santé de Vanves par une brèche pratiquée dans
le mur d'enceinte.
On peut évaluer à huit mille le nombre des
fédérés répandus dans les deux villages, et qui
prirent part à la lutte qui dura, acharnée, de
maison en maison, de rue en rue, jusqu'à neuf
heures du soir.
La direction du vent empêchait d'entendre la
fusillade. Le l'intérieur de Paris on parvenait à
peine à entendre le bruit des coups de canon qui
se succédaient sans intervalles sur un front de
plus de vingt kilomètres d'étendue. Cependant
le roulement des mitrailleuses qui grondait,
sourd et continu, dans les rues des villages
d'Issy et de Vanves, pouvait faire juger de l'a-
egarnement du combat.
Malgré le courage déployé par les fédérés, cou
rage qu'en ne peut pas leur nier, ils durent cé
der à l'élan des soldats. La maison de santé et le
lycée Louis-le-Grand, où les gardes nationaux
étaient casernés, furent occupés successivement,
et le lycée fut le plus vivement défendu. Le ter
rain qui l'entoure est resté couvert des morts et
des blessés des deux partis.
C'est près de là, nous assure-t-on, que fut tué
le colonel Wœtzel. Sa mort donna lieu à une
panique. Les gardes nationaux lâchèrent pied
et les soldats poursuivant leur succès, purent
pénétrer jusque dans Malakoff.
Depuis quelques jours des pionniers travail
laient près de l'emplacement de la tour, à un
ouvrage qui devait être armé de six pièces de
canon amenées près de là. Les troupes purent
s'en emparer et les emmener. Mais ils ne pu
rent garder cette position. Un retour offensif
effectué par un détachement considérable de
gardes nationaux les repoussa jusque dans les
premières maisons de Vanves.
Le succès de cette attaque compromet grave
ment le fort de Vanves, qui se trouve mainte
nant investi de trois côtés. Pendant la lutte dans
ce village, le bombardement du fort continuait
sans diminuer d'intensité. A cinq heures le feu
se déclarait dans le fort. Des baraquements
avaient été élevés à l'abri des pans de mur des
casernes qui étaient restés debout. Les gardes
nationaux y avaient mis de la paille pour s'y re
poser, car les casemates effondrées par l'averse
d'obus n'étaient rien moins que sûres.
L'explosion d'un obus enflamma la paille.
Bientôt les planches furent atteintes par le feu,
qui gagna un dépôt de matériel et d'affûts res
tés dans le fort.
L'incendie dura toute la nuit sans que la gar
nison pût songer à l'éteindre. Les chassepots des
soldats ds garde dans les tranchées et les mi
trailleuses du Moulin-de-Pierre balayaient qui
conque se montrait sur les ruines du fort. On
peut juger de la situation des gardes nationaux,
auxquels les casernes incendiées, les épaule
ments renversés, les casemates crevées ne" pou
vaient plus offrir qu'une retraite à chaque ins
tant visitée par les obus qui ne cessèrent de
tomber pendant toute la nuit.
Plus triste encore était la position des fédérés
dans le fort d'Issy. La garnison qui avait été
élevée à près de douze cents hommes, lors de la
réoccupation, n'en comptait plus que cinq cents,
appartenant aux 100 e , 141 e et 209° bataillons.
Les obus, les fatigues avaient moissonné les au
tres. Des pionniers, quelques rares artilleurs et
quelques marins plus rares encore s'y trouvaient
aussi.
Dès quatre heures du soir, le découragement
mit parmi les gardes nationaux. Les feux
convergents de douze batteries de l'armée les
délogeaient de tous les points où ils cherchaient
un abri, et la lutte qui se livrait autour d'eux,"
saus qu'ils y puissent prendre part, les inquiétait.
Les progrès des soldats menaçaient de leur
couper la retraite, et la porte du fort ayant été
ouverte, les hommes, isolés d'abord, par peloton
ensuite, commencèrent à revenir vers Paris par
la tranchée qui reliait le fort au château de l'E
pine.
A neuf heures une formidable explosion qui
fit croire à tout Paris que le fort lui-même sau
tait acheva d'effrayer les trois cents hommes qui
voulaient tenir encore. C'était, s'il faut en croire
une dépêche insérée dans le Mot d'ordre, une de
ces nombreuses torpilles posées un peu partout
par les pionniers fédérés qui venait de sauter en
avant du fort.
A onze heures du soir, ie dernier homme, un
capitaine, nous dit-on, quittait cette ruine que
le bombardement, il faut le dire, rendait com
plètement intenable, et le fort se trouvait à la
merci de l'armée.
Les généraux de la Commune, pour éviter une
panique semblable à celles qui se sont produi
tes après chaque désastre, ont fait fermer les por
tes aux fédérés qui revenaient du fort et qui
ont été ainsi obligés de rester dans le village.
Ce matin encore à Vaugirard personne ne con
naissait les événements arrivés à deux kilomè
tres de là.
Le reste de la nuit s'est passé dans une tran
quillité relative. Ce matin, quoique la canon
nade ait continué, on n'entend aucune fusillade
entre les deux partis, dont voici à peu près les
positions.
Les fédérés se sont installés sur le chemin des
Monts, qui longe le parc d'Issy, y ont exécuté
des retranchements et, derrière la deuxième
barricade, ils ont établi une batterie d'artillerie
qui tire en désespérée sur les hauteurs de Châ-
tillon, sur le Moulin-de-Pierre et, pour la forme
sans doute, essaie de fouiller les bois de Cla-
mart.
A l'extrémité du chemin des Monts se trouve
la rue du Château, où vient aboutir la rue des
Noyers. L'angle formé par ces deux rues appar
tient à l'armée régulière qui y a établi un très
solide retranchement.
Un peu plus loin, au carrefour formé par le
chemin de la Reine, la rue des Prés et la grande
rue d'Issy, les soldats de l'armée seront aussi
installés de façon à couper entièrement les com
munications entre le fort d'Issy et la partie
haute du village de ce nom.
La rue des Noyers côtoie le cimetière et abou
tit d'une part à la rue Chevreuse et de l'autre à
la rue de laGlaiserie.
La première de ces deux rues est encore au
pouvoir des fédérés, mais la seconde est au pou
voir des soldats de l'armée.
La placé de l'Eglise est neutre.
En face du clocher, dans un petit jardinet si
tué devant la maison d'un marchand de vins,
plusieurs gardes des Enfants perdus ont été en
terrés par leurs camarades, lors de la première
déroute de l'armée fédérée.
Bon nombre d'habitants d'Issy ont été forcés
d'abandonner leurs demeures, devenues inhabi
tables depuis le bombardement.
Beaucoup d'entre ces braves gens se sont réfu
giés rue Notre-Dame, tout près fortifications,
dans des maisons abandonnées ; d'autres sont
rentrés à Paris.
Nous empruntons au Moniteur universel le
récit suivant de la nouvelle évacuation du
fort d'Issy par les fédérés :
La terrible canonnade d'hier dissimulait une
attaque de l'armée sur le village d'Issy. Cette
Un nouvel engin meurtrier aurait été es
sayé,- si l'on en croit le Mot d'ordre.
D uis les environs de Vanves on vient de faire
un essai qui n'est pas sans importance. On a
lancé des fusées d'une invention aussi récente
qu'ingénieuse, et dont une huitaine, lancées à
la fois, embrasèrent le sol sur une étendue de
vingt mètres carrés. . •
Ces fusées, nous dit-on,.n'ont rien de commun
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 91.36%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 91.36%.
- Collections numériques similaires Map Walter Map Walter /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Map Walter" or dc.contributor adj "Map Walter")Thibaud IV Thibaud IV /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Thibaud IV" or dc.contributor adj "Thibaud IV") Brunetto Latini Brunetto Latini /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Brunetto Latini" or dc.contributor adj "Brunetto Latini") Honorius Augustodunensis Honorius Augustodunensis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Honorius Augustodunensis" or dc.contributor adj "Honorius Augustodunensis")
- Auteurs similaires Map Walter Map Walter /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Map Walter" or dc.contributor adj "Map Walter")Thibaud IV Thibaud IV /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Thibaud IV" or dc.contributor adj "Thibaud IV") Brunetto Latini Brunetto Latini /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Brunetto Latini" or dc.contributor adj "Brunetto Latini") Honorius Augustodunensis Honorius Augustodunensis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Honorius Augustodunensis" or dc.contributor adj "Honorius Augustodunensis")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/2
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k698726q/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k698726q/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k698726q/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k698726q/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k698726q
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k698726q
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k698726q/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest