Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1871-04-30
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 avril 1871 30 avril 1871
Description : 1871/04/30 (Numéro 1447). 1871/04/30 (Numéro 1447).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Dimanche 30 Avril 1871
N° 1447. — Edition quotidienne.
Dimanche 30 Avril 1871
PARIS
an.
Six mois.
Trois mois.
Le numéro : 15 centimes.
BVRKAUX
Paris, 10, rue des Saints-Pères.
On s'abonne, à Rome, au bureau de la Civ'dtà cattolica,
\ia del Gesu, 61
DÉPARTEMENTS
On an 38 fr.
Six mois ............................. 30
Trois mois 16
Édition Beml-quotldlenne
.Un an, 32 fr.—Siamois,17 fr.—Trois mois, 9fr.
VU hivers ne répond pat des manuscrits qui lui «ont tdreucs.
AWOMCE8
Sï. CL LACRAME, ClKï et C ie , 6, plue Je la Bnrti.
lmp ad. ï .ainè, rite des sainls-pires, 1*
Ceux de nos souscripteurs dont f abon
nement expire le 30 avril sont priés de
le renouveler lepluspromptementpossible,
s'ils ne veulent pas éprouver de retaré
dans t envoi du journal.
Le mode le plus simple et le plus
prompt est l'envoi d'un bon sur la poste
ou d'un mandat à vue sur Paris, à f ordre
du Gérant.
FRANCE
PARIS, 29 AVRIL 1871
Les réunions publiques fleurissent
partout en ce moment à Paris.
: Dans une crypte de l'église de Vau-
girard, l'Union des femmes a fait élec
tion de domicile. Cette union est toute
cosmopolite. A voir le bureau du club
on se demanderait si les étrangers qui
composent presque uniquement l'état-
major de la garde nationale n'ont pas
amené leurs citoyennes pour y fonder
l'Union des femmes.
La présidente est une fille d'Albion,
qui a vu beaucoup, mais beaucoup de
Erintemps et même assez d'automnes.
Ile a une casaque rouge. A côté d'elle,
une grosse et blonde Allemande rem
plit un uniforme de cantinière de la
garde nationale, le képi sur l'oreille ;
ces deux héroïnes sont flanquées de
deux autres, une Américaine et une
Russe.
Ces dames veulent régénérer la
France. La France, disent-elles, est
tombée dans l'idiotisme et le crétinis-
me le plus abject par l'influence des
calotins (sic) qui font le catéchisme,
et par le crédit des religieuses à qui
l'on a livré l'éducation des filles.
« Donc, pour régénérer la femme,
pour relever la France, plus de ces
femmes noires ! plus de calotins! Nous
n'en voulons plus. Non! pas plus que
de leur sacrée confession! Nous autres
citoyennes, nous voulons faire comme
nos citoyens. »
Il y avait bien quatre ou cinq cents
personnes à écouter ces belles choses,
la majorité attirée par la curiosité.
Les uns riaient et goguenardaient,
beaucoup haussaient les épaules : une
vingtaine d'adeptes et d'enragées ap
plaudissaient. Les gens honnêtes
étaient heureux que toutes ces turpi
tudes ineptes ne fussent pas débitées
dans l'église même.
Toutes les églises n'ont pas la chance
de celle de Vaugirard. Les clubs ont,
dirait-on, quelque attrait pour les
églises, mais les municipalités aident
à cet instinct et même le sollicitent.
Ainsi les gardes nationaux, qui ont
installé depuis deux jours un club à
l'église Saint-Pierre de Montrouge, y
sont venus sur l'indication de la muni
cipalité. Ils ont expliqué qu'ils ne
pouvaient pas tenir leur club dans les
cabarets, parce que les hommes s'y
enivraient ; qu'il leur fallait un grand
local, et que la municipalité leur avait
indiqué l'église.
Force a été à M. le curé d'abandon
ner la nef aux clubistes, et il s'est
trouvé heureux qu'on lui ait laissé le
libre usage du chœur, qu'il a fait sé
parer de la nef par une cloison.
A Saint- Nicolas des Champs, les
choses se sont passées plus cavalière
ment. Le club de Saint-Nicolas, qui se
tenait à la salle Molière, est un club
d'importance, d'ailleurs. On y entend
des membres de la Commune, et le ci-
Amouroux y a déclaré l'autre
la chère Commune faisait
rondissement doit bien le saVoir, n'ont
pas abandonné l'église, avaient été -
pris à l'improviste, on croyait-tjuef'
le Saint-Sacrement était au taberna
cle, et un des orateurs le désignant de
la main l'appelait : le Dieu qui est là et
n'existe pas.
Quand les orateurs envoyés par la
mairie et respectés par la Commune
sont montés à ce diapason, on devine
ce que peut être l'assistance. La pre
mière séance a été ouverte par le chant
de la Marseillaise. La tenue répond aux
chants et aux harangues.
intérêts propres, mais d'accorder aussi quel
que attention à la situation des patrons.
Quant à lui, s'il ne trouve pas d'ouvriers
pour faire le travail de nuit, il mettra
L'église St-Bernard de la Chapelle vient
d'être transformée en club.
L'autorisation de s'emparer de cette belle
église a été donnée aux clubistes par M. De-
reure, membre de la Commune et délégué à
la mairie du XVIII' arrondissement.
Je me refuse à vous dire, nous écrit-on, tous
les blasphèmes et toutes les obscénités qui ont
retenti hier soir dans la chaire. Vous ne pouvez
même les soupçonner.
Riea n'étonne de la part des clubistes.
Nous ne sommes pas surpris non plus, sous
ce beau gouvernement que l'émeute du 18
mars a inauguré, de trouver des maires qui
malmènent le Gode et des membres de la
Commune sans aucune notion des principes
de la liberté.
Ni loi ni liberté, c'est la devise de la Com
mune. La force et la tyrannie seules. Com
bien de temps encore le peuple de Paris lais-
sera-t-il faire?
Au milieu de ces scandales officiels qui
sont une abominable persécution, signalons
un maire qui veut faire respecter la justice
et un arrêté qui pourrait être le premier pas
d'une réparation.
L'administrateur délégué à la mairie du IX 0
arrondissement.
Considérant que l'occupation par la garde na
tionale da certains édifices de l'arrondissement
consacré au culte n'a plus de raison d'être, par
suite des perquisitions que la sûreté générale y
a fait opérer ;
Après en avoir conféré avec le délégué
reté générale,
Arrête :
-Les églises, temples et synagogues du IX e ar
rondissement qui pourraiemt être occupés par la
garde nationale devront être évacués par elle
dans la journée de samedi 29 avril.
L'exécution du présent arrêté es
colonel de la 9 e légion.
Paris, le 29 avril 1871.
• bayeux-dumesnil
L'arrêté que nous trouvons au Journal offi
ciel n'ajoute rien. Le eomplétera-t-on en res
tituant leurs églises aux fidèles '
rondissement ?
, la sû-
est confiée au
du IX e ar-
Oa lit dans Y Indépendance belge :
« La Gazette de la Croix rapporte que, sur
la demande de l'archevêque de Posen et de
Gnesen, M. de Bismarck a chargé par télé
graphe le général Fabrice de faire à la Com
mune de Paris des remontrances sérieuses au
sujet de la détention de l'archevêque de Pa
ris. M. de Bismarck aurait fait savoir aux
gens de la Commune que, dans le cas où la
vie du prélat serait menacée, il serait forcé,
par l'indignation générale, d'intervenir im
médiatement à Paris. »
la
mais
A
main à la pâte et se passera d'ouvriers
ne travaillera pas de jour.
Cette manière de voir n'est pas agréée d'un
membre de la Commune présent à la séance,
qui vient déclarer que, les boulangeries étant
des établissements d'utilité publique, la Com
mune pourra réquisitionner les récalcitrants
et leurs boutiques.
On comprend que des membres de
la Commune estiment qu'on leur fait
prendre, par ces interventions insoli
tes, une situation qui n'est pas tout à
fait celle d'un gouvernement. En tout
cas, cette solution à l'aide de réquisi
tions, fort applaudie des ouvriers bour
langers, n'a rien de commun avec la
liberté.
Le méchant journal, qui prend plaisir à
tourmenter le prochain et qui remarquait
hier matin l'absence de M. Félix Pyat des
délibérations de la Commune, aura-t-il coa-
traintee représentant des citoyennes à prendre
son courage à deux mains ? Le procès-verbal
de la séance du 28 avril constate sa présence
à la réunion de l'Hôtel de Ville.
Le citoyen Vermorel en a profité pour re
marquer que le citoyen Pyat avait employé
son absence à formuler des accusations con
tre lui : en demandant que ces accusations
fussent renvoyées à la commission d'enquête,
Vermorel aurait dit :
Je me permets de regretter que le citoyen Fé
lix Pyat n'ait pas formulé plus tôt ces accusa
tions, et notamment lorsque j'ai été désigné
pour faire partie de la commission, exécutive.
A la commission exécutive, les deux ci
toyens Pyat et Vermorel étaient collègues.
On se rappelle que l'accusation élevée contre
celui-ci par son collègue est d'avoir participé
à la police de l'empire.
Pyat a répondu qu'il n'avait pas formulé
plus tôt cette accusation, n'ayant eu connais
sance des faits que depuis deux ou trois
jours. Assurément M. Pyat rêvait ou était
troublé quand il parlait ainsi. Comme le lui
a dit Vermorel avec une parfaite vérité,
l'accusation est surannée.... et depuis long
temps. C'est à la commission d'enquête,
saisie aujourd'hui, de décider si elle est fon
dée.
Du reste, à la séance de la Commune, Pyat
n'était pas fier : il a pris une seconde fois
la parole pour donner sa démission de mem
bre de la commission des finances. Il prétend
qu'il n'est pas calculateur. Il faut ren
voyer cette prétention au jugement de ses
fermiers, et on peut trouver d'autres mo
tifs à sa modestie. II ne veut pas embarras
ser sa respensabilité dans des questions d'ar
gent, et dans ce moment il aimerait, sa dé
mission et son absence en témoignant, il
aimerait tant à n'être de rien.
Ah ! s'il pouvait s'en aller !
nos hôpitaux à Versailles, avec la même sol
licitude que les nôtres.
L'Etat nourrit le tiers au moins de la po
pulation de Neuilly, et parmi ceux que nous
assistons se trouvent des hommes ayant com
battu contre nous.
Tous les combattants de la Commune qui
déposeront les armes auront la vie sauve et
fa liberté assurée; je continuerai le paye
ment de l'indemnité qu'ils ont touchée jus
qu'ici dans la garde nationale, en attendant
la reprise du travail.
Je n'excepte de l'oubli que je promets que
les assassins des généraux Clément Thomas
et Lecomte, et ceux qui pourront être, à juste
titre, considérés comme complices de ces
crimes par inspiration ou assistance, c'est-à-
dire un très petit nombre d'individus. En
tout cas, aucune poursuite ne sera exercée
en dehors des voies légales.
Je consentirais, pOur répondre"à l'appel
que vous laites à mes sentiments d'humanité,
à laisser aux révoltés une porte libre pendant
deux, trois ou quatre jours, afin de leur don
ner la faculté de sortir de Paris et de cher
cher un refuge en dehors du territoire.
J'autorise la commission à donner con
naissance aux hommes de la Commune de
Paris des dispositions que je viens d'annon
cer et que je serais prêt à faire exécuter dans
un intérêt de pacification.
Il ne m'est l as permis de laisser entrevoir
d'autres concessions et surtout d'accepter,
pour arriver à la paix, une reconnaissance
du caractère de belligérants aux chefs
l'insurrection parisienne.
toyen
soir que
bien des bêtises.
Si le club s'occupe de la Commune,
la Commune lui rend la pareille. Nous
citons le procès-verbal de la séan
ce du 27 avril où le citoyen J. Durand
a demandé que le club quittât la pa
roisse et se transportât au Conserva
toire des arts et métiers. La. Com
mune, qui fait des bêtises, nous pou
vons bien emprunter les termes mê
mes du citoyen Amouroux, a repoussé
cette sage et honnête proposition d'un
de ses membres par respect pour l'or
dre de la mairie du III e arrondisse
ment. C'est l'ordre de M. le maire, en
effet, qui a installé le club Molière à
Saint -Nicolas des Champs. Cet ordre, il
est vrai, aurait été motivé sur une er
reur matérielle, si, comme l'a affirmé
le citoyen Arnould à la Commune, il
n'a été rendu qu'en raison de « l'a
bandon de l'église par les prêtres. »
Les prêtres chargés du service de la
paroisse Saint-Nicolas l'euss®nt-ils aban
donné, ce ne serait pas une raison
de priver les catholiques de leur église.
Mais, en fait, elle était si peu abandon
née que le jour même où le club s'y
est installé, on y avait célébré l'office
solennel la grande procession Saint-
Marc. Depuis que le club souille l'égli
se, les prêtres et les fidèles n'ont pas
déserté. La messe se célèbre en se
maine dans une chapelle séparée ; le
dimanche, les offices auront lieu
comme à Montrouge, dans la chapelle
derrière le chœur, qu'on a autant que
possible isolée du reste de l'église.
Nous n'insistons pas sur ces faits. Ce
n'est pas le moment de discuter, il suf
fit de signaler les monstruosités et les
abominations du gouvernement de la
Commune. La première question dis
cutée dans l'église Saint-Nicolas par le
club a été celle de la prostitution. Les
orateurs parlent du haut delà chaire ; le
lieu où ils parlent les excite pour ainsi
dire au blasphème. Le premier jour de
la réunion, comme le 3 prêtres qui,
nous le répétons et le maire du IIP ar-
La Commune, si nous en croyons le
procès-verbal de ses séances, discute
ses décrets après les avoir rendus.
C'est ce qui arrive pour le décret rela
tif à l'abolition du travail do nuit des
boulangers! La discussion a été cu
rieuse ; il semble qu'elle ait «té un peu
étouffée. Une opinion s'était, produite,
c'est que le décret était une faute, et
que la Commune s'immisçait dans des
relations entre ouvriers et patrons, dont
elle eût mieux fait de s'abstenir. Des
oppositions moins radicales brodaient
là-dessus, mais la Commune a rejeté
toutes les oppositions et maintenu son
décret. Il restera dans l'esprit du pu
blic que le décret n'avait guère été
étudié, et que la commission execu
tive, dont faisaient alors partie MM. De-
lescluze et Pyat, a été tentée par
l'amour de la popularité et par l'effet
dramatique de l'abolition du travail de
nuit.
Cette abolition est-elle bien prati
que? est-elle avantageuse aux ouvriers?
Voilà les questions qui surgissent au
jourd'hui. Elles sont graves et divisent
les ouvriers eux-mêmes. Nousne parlons
pas de « l'aristocratie du ventre», que
M. Vermorel a signalée et qu'il trouve
juste de'condamner à ne pas manger
de pain frais avant huit heures du ma
tin. L'aristocratie du ventre est-elle si
matinale pour se trouver lésée en cette
affaire ? M. Vermorel plaisante et veut
faire aussi de la popularité à bon mar
ché. La popularité ne vaut pas mieux
que le dramatique pour faire des lois.
Le travail de nuit dans la boulange
rie est une question de métier : c'est
sous ce côté qu'on refuse de l'exami
ner. On se contente pas de faire ren
dre des décrets à la Commune, on
ouvre des clubs pour en obtenir la réa
lisation. Le décret de la Commune est
en effet jusqu'ici resté inefficace. Il
s'agit de le mettre en pratique. Dans
une réunion d'ouvriers boulangers où
la question était discutée, on a résolu
que si par suite du nouveau décret les
ouvriers se trouvaient sans ouvrage, la
Chambre syndicale créerait des fours
pour leur procurer du travail.
L'efficacité du moyen paraît dou
teuse. Le Siècle , qui donne une analyse
de la réunion, ajoute :
Nous publions le procès-verbal des deman
des faites à Versailles par les délégués des
municipalités de la Seine.
La commission déléguée par l'assemblée des
maires, adjoints et conseillers municipaux con
voqués à Vincennes le 22, avril s'est rendue le
23 à Versailles. Le 25, à sept heures du matin
elle a été reçue par M. Thiers, chef du pouvoir
exécutif de la République française : elle lui
remis l'adresse suivante votée par l'assemblée
qu'elle représentait :
« L'assemblée des maires, adjoints et conseil
lers municipaux des communes suburbaines de
la Seine, navrée de la guerre civile actuelle, ré
clame une suspension d'armes.
« Elle affirme, pour toutes les communes, la
revendication complète des franchises munici
pales avec l'élection, par les conseils, de tous
les maires et adjoints, et demande l'installation
définitive de la République en France.
« Elle proteste contre l'envahissement et le
bombardement dont plusieurs communes de'la
Seine sont victimes, et fait appel à l'humanité
pour la cessation des hostilités.
« L'assemblée surtout demande qu'il n'y ait
pas de représailles. »
Dans l'entretien de la commission avec le
chef du pouvoir exécutif, M. Thiers a fait les
déclarations suivantes :
A Neuilly, les Versaillais ont fléchi vers quatre heu
res et perdent du terrain. La canonnade n 'a pas
cessé.
M. Thiers a prononcé, dans la séaHce du
27 avril, le discours suivant :
de
La journée d'hier n'a pas donné plus de
résultats que les journées précédentes ; les
r!«upcs de Versailles continuent à se fortifier
et à s'organiser dans la presqu'île de Genne-
villiers ; les batteries fédérées tirent conti
nuellement sur Asnièrés et sur Bécon pour
entraver et retarder les mouvements ; quant
aux batteries versaillaises démontées, d'après
les rapports officiels de la Commune, cela
demande confirmation.
A Neuilly, canonnade et fusillade comme
à l'ordinaire; les fédérés, qui avaient perdu
une barricade, l'auraient reprise, si l'on croit
le général Dombrowski; mais quelles ont
été leurs pertes ? c'est ce que le général ne
dit pas. •
C'est surtout au sud que la lutte est vive.
« La défense du fort d'Issy est héroïque »,
dit le général Cluseret; mais cda ne pi o ave
pas que le fort d'Issy ne soit pas en très
mauvais état et qu'avant peu il ne doive se
taire ; le fort de Montrouge n'est pas dans
une situation beaucoup plus brillante. Au
jourd'hui ces deux forts tirent fort peu.
Les rapports de la Commune semble con
tredire la prise des Moulineaux, que nous
avjns annoncée hier et que confirme une dé
pêche officielle de M. Thiers; mais la con
tradiction est plus apparente que réelle. Si
les fédérés tenaient encore la redoute des
Moulineaux, ils n'auraient pas manqué de
l'affirmer bien haut.
En somme, la journée a été plutôt favora
ble aux troupes de Versailles, quoique le Cri
du Peuple dise ce matin que chaque jour de
lutte est un nouveau triomphe pour les fédé
rés. Les rapports officiels sont moins glo
rieux que d'habitude.
la
de sa
Un patron se présente : il est partisan du
travail de nuit. Ouvrier pendant dix-sept ans,
et devenu patron par son travail et sa persé
vérance, il s'adresse à ses camarades, qui un
jour seront patrons à leur tour, et leur de
mande de ne pas consulter seulement leurs
Rien ne menace la République, et son sort
dépend uniquement de la conduite des répu
blicains.
La République existe. Le chef du pouvoir
exécutif n'est qu'un simple citoyen. Ce ci
toyen a reçu de la confiance de l'Assemblée
nationale un gouvernement républicain; il
maintiendra la République tant qu'il possé
dera le pouvoir. On peut compter sur sa pa
role, à laquelle il n'a jamais manqué.
L'Assemblée maintient de fait la Républi
que ; quoique dans sa majorité elle paraisse
avoir reçu des électeurs un mandat monar
chique, elle a la sagesse de comprendre que
la République est devenue aujourd'hui la
meilleure forme de gouvernement. Elle s'y
ralliera tout entière, pourvu que l'ordre et le
travail ne soient pas perpétuellement com
promis par ceux qui se prétendent les gar
diens particuliers du salut de la Républi
que.
Mais on ne peut exiger que l'Assemblée
nationale consacre définitivement la Répu
blique, parce que ce serait, par trop de pré
cipitation, l'écarter d'un but vers lequel elle
tend naturellement; d'ailleurs, c'est un droit
qui n'appartiendrait qu'à une Assemblée
constituante.
L 'Assemblée nationale est une des plus li
bérales qu'ait nommées la France. On ne la
connaît pas 'assez. Elle est grandement favo
rable aux libertés communales ; lors du vote
de la loi électorale dernière, ella a admis le
principe de l'extension des attributions mu
nicipales.
Mais aujourd'hui elle ne peut rien faire de
plus dans cette voie. C'est par l'usage du
suffrage universel, que vous possédez, que
vous arriverez à établir et consolider les fran
chises que vous demandez.
On n'aperçoit pas de moyens de concilia
tion possible entre un gouvernement légal,
issu d'élections libres, comme la France n'en
avait pas eues depuis quarante ans, et des
coupables qui ne représentent que le désordre
et la rébellion et sont pour les trois quarts
des étrangers.
Quant à mes sentiments d'humanité, a dit
M. Thiers, et à la générosité du gouverne
ment, on ne peut en douter. Les prisonniers
que nous avons faits sont sur le littoral de la
France, nourris comme nos soldats; les
i blessés de l'insurrection sont soignés dans
Voilà la dépêche du gouvernement de Ver
sailles à laquelle nous avons fait allusion
hier, et qui annonçait la prise des Mouli
neaux :
Versailles, 27 avril 1871, S h. ,du soir.
Les opérations do l'armée ont continué dans
la journée d'hier. Notre artillerie a maintenu
son feu avec une supériorité marquée et surtout
décisive contre le fort d'Issy. Elle n'a pu ni
voulu éteindre le feu du fort de Vanves, qui
n'était pas l'objet de ses efforts ; elle n'a songé
qu'à le contenir; mais elle a dirigé ses coups
sur le fort d'Issy, qui n'est plus la difficulté de
nos opérations, tant il est réduit au silence :
tout au plus fait-il entendre un coup de canon
d'heure en heure, pour donner signe de vie ;
mais, nous le répétons, il n'est plus désormais à
craindre.
L'armée a poursuivi ses cheminements sur
notre gauche (droite du fort d'Issy), et, sans
s'astreindre aux opérations d'un siège en règle,
elle a fait des pas en avant de manière à ne plus
permettre à l'ennemi des retours offensifs. Cette
nuit, le brave général Faron, à la tête de 100 fu
siliers marins, 300 hommes du 110 e de ligne et
4 compagnies du 3o° de ligne, a abordé la diffi
cile position des Moulineaux. L'élan des troupes
a singulièrement abrégé la lutte et diminué nos
pertes. Des maisons, des barricades ont été suc
cessivement enlevées, et les Moulineaux sont
restés en notre pouvoir, couverts des corps en
nemis.
Sur-le-champ, le génie a pris ses précautions
et assuré la situation de nos troupes. Nous ne
sommes plus qu'à 800 ou 900 mètres du fort
d'Issy. Pendant ce temps, tout se prépare sur
"'étendue entière de notre ligne, depuis Neuilly
jusqu'à Meudon, pour rendre nos opérations
aussi rapides qu'efficaces.
Je demande pardon à l'Assemblée et aux ho
norables orateurs qui descendent _ de cette tri
bune de venir interrompre une discussion fort
intéressante. Je puis dire que je l'interromps,
en effet, messieurs, puisque ce n'est pas du
même sujet que je viens vous entretenir. Vous
voudrez bien m'excuser ; mais j'ai cru devoir
céder au vœu de nos collègues, en prenant ac
tuellement la parole.
Je ne crois pas que le rôle de nouvelliste
puisse convenir au gouvernement; mais dans la
situation grave où le pays ss trouve, dans un
moment où la France va se réunir tout entière
pour composer les conseils municipaux et où
elle aura l'occasion de s'entretenir des affaires
publiques, il est utile, selon moi, de lui dire
quelques mots sur ceite situation et de les lui
faire arriver par votre organe, vous qui la re
présentez si complètement et si légitimement.
(Très bien ! très bien !)
Notre situation est douloureuse afsurément,
car le sang coule, et c'est du sang français, en
tièrement français. (Mouvement.) EUe est dou
loureuse ; mais, sous un rapport, je dirai qu'elle
est consolante en ce qu'elle nous fait espérer
une fin prochaine de nos souffrances et des mal
heurs du pays ; elle est consolante encore, parce
que dans nos rangs chacun fait son devoir, parcs
que chacun est digne de la mission dont il est
chargé, l'armée surtout, qui est toujours
gloire de la France et le plus solide appui _
prospérité, de son avenir et de ses nobles princi
pes. (Applaudissements.)
Vous le savez, notre première tàchs a du con
sister en ceci : créer une armée, une armée puis
sante, qui, au milieu des circonstances si ex
traordinaires où nous étions placés, s'en ressen
tît le moins possible, eût la forte organisation
qui est nécessaire même aux hommes les plus
braves pour faire leur devoir, et qui, dans un
pays où tout manquait, où il n'y avait presque
pas d'établissement militaire, eût la satislaction
assurée de tous ses besoins. (Très bien! très
bien !)
Le gouvernement n'a pas perdu un moment,
car cette armée, j'ose le dire, cette armée vous
l'avez. C'est une grande et puissante armée;
elle l'est non-seulement par son organisation,
elle est puissante et grande par le sentiment de
ses devoirs, qui est profond chez elle, aussi pro
fond, aussi entier qu'il ait jamais été; elle l'est
par le choix des nobles chefs qui la comman
dent.
Pour réussir dans l'œuvre qui nous était im
posée, je me suis inspiré, et mes collègues se
sont inspirés avec moi, du véritable esprit et de
la forme du gouvernement qui est aujourd'hui
celui du pays. Nous nous sommes adressés, non
pas à un parti, mais à tous les hommes loyaux
et capables, sans nous occuper de leur origine.
Quant à moi, messieurs, je crois qu'un gou
vernement doit être confiant,_ non pas comme
le sont les gens crédules, mais comme le sont
les gens de bien, qui croient à la loyauté des
autres, parce qu'ils sont loyaux eux-mêmes.
(Vives et nombreuses marques d'approbation.)
Je crois qu'en choisissant partout, partout où
il y avait capacité, honneur et qualités mili
taires parfaitement reconnues, nous sommes ar
rivés à donner à l'armée française la plus solide
composition d'état-major qu'elle ait eue depuis
longtemps. Nous avons admis tousles hommes
qui, dans de récents malheurs, s'étaient montrés,
je puis le dire, supérieurs à la fortune, et qui
ont prouvé et prouvent tous les jours que, s'ils
avaient été bien dirigés, s'ils avaient été pourvus
de tout ce que la nation doit donner à ses sol
dats quand elle les envoie au feu, au lieu de
nous livrer une Frnnce malheureuse, vaincue,
ils nous auraient présenté une France victorieu
se. (Nouvelles marques d'approbation.)
A leur tête, je n'ai pas hésité, et mes collè
gues avec moi, — car mes collègues ne se sépa
rent en rien do moi, et je ne me sépare d'eux
en rien ; ils sont mes égaux, ils sont mes auxi
liaires, ils sont mes amis; rien ne se l'ait qu'a
vec eux et par eux; — je n'ai pas hésité à appe
ler à la tète de ces hommes ce brave maréchal
que notre temps peut appeler aussi le Chevalier
sans peur et sans reproches... (Très-bien! très-
bien ! — Applaudissements), celui qui, au mi
lieu de notre infortune, a pu défier les calomnies,
et devant lequel la malveillance même s'est ar
rêtée! (Oui! oui! C'est vrai! — Très bien! très
bien ! )
L'armée réunit donc, en ce moment, messieurs,
les conditions que la France doit souhaiter dans
une armée française ; elle fait son devoir, elle le
fera, soyez-en sûrs; et, grâce à elle, laloitriom-
phera.Ôui, grâce à elle; grâce aussi à votre con
fiance; car, messieurs, votre confiance double les
forces de tous ceux que vous employez au salut
du pays. (Très bien ! très bien! )
Ici je manquerais à tous mes devoirs si je
venais exposer publiquement, à cette tribune,
les vues des chefs qui dirigent l'armée, j(i com
mettrais une indiscrétion qui serait à la fois pué
rile et funeste. Je vous dirai seulement que c'est
après que tous les généraux, réunis auprès de
leur illustre chef, ont médité sur les opérations
qu'il fallait entreprendre, que ces opérations ont
été arrêtées. Ou il ne faut plus compter sur les
lumières des militaires en France, ou il faut
avoir confiance dans les opérations qui s'exécu
tent en ce moment. Elles sont le fruit des médi
tations les plus profondes, des plus profondes
réflexions.
Quant à moi, je borne mon rôle, et je mets
toutes mes forces à fournir à ces illustres chefs
les moyens de vaincre; -c'est à eux ensuite de
décider quel est l'emploi gui doit être fait de ces
drions les lois, l'ordre public, l'ordre social tout
entier. (Oui ! oui ! — Applaudissements.)
Et ce n'est pas seulement à un pays, encore
moins, je l'affirme, à un parti, car vous n'êtes
pas un parti, vous êtes la nation ; ce n'est pas
seulement à un pays, c'est à la civilisation tout
entière que nous rendons service quand nous
faisons triompher les principes de l'ordre, qui
sont en même temps ceux de la liberté la plus
pure. (Très bien! très bien!)
On vient tous les jours s'adresser à moi com
me votre représentant temporaire, investi de
votre confiance ; on vient me dire : Soyez paci
fique! soyez conciliateur!
Eh! messieurs, si cela dépendait de moi, si
cela ne dépendait que de quelques sacrifices qui
ne fussent pas des sacrifices de principes, s'il
ne s'agissait que de sacrifices d'orgueil person
nel, il n'en est pas que je ne fisse pour mettre
un terme à cette horrible guerre.
(L'orateur prononce ces derniers mots avec
une émotion profonde qui l'oblige do s'interrom
pre. De vifs applaudissements éclatent dans
l'Assemblée entière.)
Mais, je vous le demande, quand ces citoyens
bien intentionnés, quand ces nombreux envoyés
viennent, non-seulement de Paris, mais aussi
des autres grandes villes de France, et qu'ils
nous parlent de liberté, que pouvons-nous faire
de plus que do leur répondre : Vous voulez la
liberté : mais nous la voulons autant que vous!
Quand donc la liberté s'est-elle présentée sous
une forme plus frappante qu'aujourd'hui, sous
la forme d'une Assemblée librement élue, for
mant le gouvernement du pays ! Dites-moi si la
République elle-même s'est jamais présentée
chez aucun peuple sous une forme plus réelle,
plus évidente. Et c'est le jour où vous êtes arri
vés, non pas à une république élémentaire, qui
n'aurait pas les conditions que doit avoir le gou
vernement républicain, c'est le jour où vous
êtes arrivés si près de la vraie et pure républi
que, et je dirai même au-delà des limites que
vous aviez pu rêver, c'est ce jour-là que vous
venez nous dire que nous devons songer à la
liberté !
« Eh oui ! nous y songeons ! La liberté ! c'est
elle que nous défendons, elle seule, devant cet
odieux despotisme, ce despotisme sans mandat,
né du désordre de la guerre, né de tous les excès
de la licence, devant ce despotisme sans frein,
sans principe, sans conscience, qni ne sait ce
qu'il fait, et qui fait le mal avec une ignorance
désastreuse.» (Oui: oui! — C'est vrai ! c'est
vrai !)
Voilà, messieurs, ce que je leur ai dit, et,
croyant en cela ne pas être infidèle à votre pen
sée, je leur ai dit aussi. Que voulez-vous? le
maintien de la République? Eh bien ! elle existe
et je vous garantis une chose : quoique on ac
cuse cette Assemblée, et malgré tout ce qu'on
peut essayer de vous en dire, je vous garantis
que nulle part il n'y a un complot, une arrière-
pensée contre l'institution actuelle. Nous avons
pris les uns envers les autres un engagement.
Cette Assemblée avait un pouvoir constituant,
elle n'a pas songé à en user ; elle a respecté ce
qu'elle a trouvé. Elle a été nommée par des élec
teurs qui, en très grand nombre, sont des élec
teurs monarchiques. Et cependaat a-t-elle fait
un effort pour changer la forme du gouverne
ment qu'elle rencontrait en arrivant? Non ! elle
a eu et elle a tous les jours la sagesse de respec
ter le fait qu'elle a trouvé ! Il est bon qu'on sa
che cela partout ; il est bon que ceux-là mêmes
qui nous réduisent à l'emploi de la foi ce le sa
chent aussi bien que personne.
Non, non, je le répète pour montrer quelle est
la bonne foi de cette sage et loyale assemblée,
non, il n'y a nulle part un dessein, un complot
contre le fait actuel, contre le fait du gouverne
ment, sous la forme qu'il revêt présentement.
Vous ne songez tous qu'à une seule chose : ai
der le gouvernement dans la poursuite de sa
mission, dans la mission que j'ai acceptée, non
pas de constituer, mais de réorganiser. (C'est
cela ! c'est cela !)
C'est là la tâche qu'il poursuit en ce moment;
il n'en a pas une autre, et je donne à l'insurrec
tion le démenti le plus solennel quand elle ose
prétendre que l'on conspire ici contre la Répu
blique ; je lui dis : Vous en avez menti! il n'y a
contre la République qu'une conspiration, c'est
celle qui est à Paris, et qui oblige à verser le
sang français. (Applaudissements prolongés.)
Maintenant, on me dit qu'il faut être clé
ment.
J'ai répété à satiété, espérant que vous ne me
désavoueriez pas : Que ces armes impies tom
bent des mains qui les tiennent, et le châtiment
s'arrêtera sur-le-champ devant un acte de paix,
excepté à l'égard des criminels qui, heureuse
ment ne sont pas très nombreux. (Mouvement
sur divers bancs à droite.)
m. langlois . — Oui, peu nombreux!
m. julks simon , ministre de l'instruction pu
blique. — Peu nombreux, certainement!.., et
parmi eux bien des étrangers !
m. le duc de maiimier . — Oui, il v a beau-
ooup d'étrangers parmi ceux qui commandent
les émeutiers!
m. le chef du pouvoie exécutif . —Messieurs,
dites-le moi, je vous en supplie, est-ce que j'ai
Voici les rapports militaires de la Commune
sur les journées d'hier et d'avant-hier :
Général Dombrowscki à guerre et à exécutive.
Neuilly, 21 avril, 1 h. m., soir.
Jeudi matin, à sept heures, nos postes avancés
étaient vivement attaqués par les troupes ennemies.
Le 80° bataillon, après uue résistance énergique, était
forcé d'abandonner une barricade nouvellement cons
truite; mais l'ennemi, pris en flanc parle 74 e bataillon,
est contraint de se replier et d'abandonuei^les positions
qu'il avait prises.
Nous sommes maintenant
nos positions.
L'ennemi s'est retiré sur
cessé.
en possession de toutes
toute la ligne. Le feu a
dombrowski.
Guerre à exécutive.
Paris, 28 avril.
Je reviens de visiter Issy et Vanves. La défense du
fort d'Issy est héroïque. Le fort est littéralement cou
vert de projectiles.
Pendant que j'étais au fort de Vanves, j'ai assisté à
un combat de mousqueterie a-charné entre Versaillais.
Il a duré trois quarts d'heure.
Meudon est en flammes.
28 avril.
Cette nuit, aux Moulineaux, nous avons repoussé
deux attaques des troupes versaillaises. A la gare de
Clamart, nous avons eu à soutenir une première atta
que à onze heures du soir. Vers une heure, le combat
a cessé et n'a repris qu'à quatre heures du matin.
A Asnières, la nuit a été assez calme. Ce matin la
canonnade a été assez forte; elle s'est ralentie vers
midi. A deux heures, le feu a repris sur toute la
ligne.
Nos batteries du parc Bèrangcr
des Versaillais.
ont démonté celles
moyens. (Très bien ! très bien ! j
Les opérations de l'investissement ont rempli
les premiers jours des travaux de notre armée.
Maintenant que l'investissement est complet, les
opérations actives commencent ; elles sont com
mencées devant le fort d'Issy. Notre artillerie,
bien qu'elle se trouve en présence de la puis
sante artillerie dérobée par les insurgés à la dé
fense nationale, a complètement éteint le feu de
ce fort.
L'armée poursuit ses travaux d'approche; et,
cette nuit, un de nos divisionnaires les plus in
telligents et les plus résolus, le brave général
Faron, à la tête de 100 marins .fusiliers, do 300
soldats du 110 e de ligne et de quatre compa
gnies du 35 e , a enlevé la position très impor
tante des Moulineaux, avec un élan assez rapide
pour que nos pertes n'aient pas été fort graves.
(Bravo ! bravo ! — Applaudissements.)
Maintenant, je me croirais téméraire si je
cherchais à prévoir et à préciser devant vous le
temps que dureront encore ces opérations, et
dans lequel elles pourront aboutir au grand ré
sultat que nous espérons tous, c'est-à-dire la pa
cification du pays.
Mais il y a une chose qui m'est et qui vous
est à vous-mêmes bien pénible : c'est de savoir,
c'est de penser que, quels que soient les moyens
que nous employions, ces moyens ■ seront tou
jours infiniment douloureux.
Si nous gênons la subsistance de Paris, si nous
tirons sur Paris, si cher à la France, croyez-le,
notre cœur saigne à cette seule idée ; il saigne à
chacun des actes de ce déplorable conflit. Mais
nous devons le déclarer devant le pays assem
blé, et nous le prenons pour juge : cette guerre
cruelle, en sommes-nous les auteurs ? (Non !
non !) Cette guerre affreuse, en êtes-vous les au
teurs, vous que l'on accuse aussi bien que nous?
Non; je le proclame devant l'histoire, devant le
pays qui nous écoute : ce n'est pas nous qui en
sommes les auteurs, à quelque degré que ce
soit. Loin de là. C'est le cœur saignant que nous
la faisons. Nous n'attaquons pas; et quand bien
même encore nous attaquerions, nous défen-
tort? Est-ce que vous avez regret que j'aie pu
dire que les criminels sont peu nombreux?..,
Voix nombreuses. — Non ! non !
m. langlois . — Vous êtes dans le vrai!
M. LE CHEF DU POUVOIR EXÉCUTIF. — N'est -il
pas heureux, heureux dans ce malheur, que
ceux qui ont pu verser le sang de Clément Tho
mas et du général Lecomte soient des raretés
dans noire pays, quelques raretés désolantes !...
(Oui! oui ! — Très bien !)
Plusieurs membres. — Et nos soldats?..,
m. le chef du pouvoir ÊxÉcuTiF. — Quant à
nos soldats, — je suis heureux de cette inter
ruption, qui me fournit l'occasion do le dire, —
on les calomnie. Ouil ou calomnie l'armée, on
la calomnie perfidement, quand on dit qu'il y a
beaucoup de soldats dans les rangs des insur
gés.
voix diverses . — Vous n'avez pas bien com
pris. On parle de ceux qui assassinent nos sol
dats.
m. le chef du podvoir exécutif . — Je ne puis
pas suffire aux dialogues; laissez-moi continuer
sans m'interrompre, je vous en supplie.
Il y a des hommes pervers qui, trouvant dans
nos magasins des uniformes de soldats, les ont
pris pour faire croire que le nombre des hom
mes qui ont manqué au devoir militaire était
considérable. Nous avons la certitude, mes
sieurs, que ce nombre est, au contraire, infini
ment restreint. (Très bien! très bien !) Il y a,—■
et c'est une vérité que je suis charmé d'établir,
qu'il est important ' que la France connaisse,
qu'il est important que l'armée apprenne....
(Oui! oui!) d'une bouche qui peut avoir au
moins l'autorité d'une exacte information, — il
y a une tourbe de misérables qui vont partout
où il y a du désordre et qui, trouvant quelque
jour les portes de Paris ouvertes, en ont'profité
pour venir y accroître le nombre des pervers.
Cependant, soyez-en convaincus, les ennemis
auxquels nous avons affaire ne sont pas en aussi
grand nombre qu'ils le disent; la seule force
réelle qu'ils aient pour eux, c'est la seule force
de ces ouvrages qui étaient destinés à défendre
le pays, et qui, momentanément, sont tombés
dans ces mains abominables; mais ils n'ont pas
d'autre force, et quand celle-là leur sera enlevée,
vous les verrez réduits à la lâcheté du crime.
(Très bien! très bien!)
Maintenant, messieurs, j 'ai besoin tous les
jours de m'interroger moi-même, et vous avez
certainement senti ce besoin comme moi.
Quand je suis obligé de donner des ordres,
des ordres qui... — j'ai peine à trouver les ex
pressions convenables à la circonstance, — des
ordres non pas cruels, —. je ne serais pas digna
de vous si ce mot pouvait être un moment ap
pliqué aux actes auxquels je préside, mais les
N° 1447. — Edition quotidienne.
Dimanche 30 Avril 1871
PARIS
an.
Six mois.
Trois mois.
Le numéro : 15 centimes.
BVRKAUX
Paris, 10, rue des Saints-Pères.
On s'abonne, à Rome, au bureau de la Civ'dtà cattolica,
\ia del Gesu, 61
DÉPARTEMENTS
On an 38 fr.
Six mois ............................. 30
Trois mois 16
Édition Beml-quotldlenne
.Un an, 32 fr.—Siamois,17 fr.—Trois mois, 9fr.
VU hivers ne répond pat des manuscrits qui lui «ont tdreucs.
AWOMCE8
Sï. CL LACRAME, ClKï et C ie , 6, plue Je la Bnrti.
lmp ad. ï .ainè, rite des sainls-pires, 1*
Ceux de nos souscripteurs dont f abon
nement expire le 30 avril sont priés de
le renouveler lepluspromptementpossible,
s'ils ne veulent pas éprouver de retaré
dans t envoi du journal.
Le mode le plus simple et le plus
prompt est l'envoi d'un bon sur la poste
ou d'un mandat à vue sur Paris, à f ordre
du Gérant.
FRANCE
PARIS, 29 AVRIL 1871
Les réunions publiques fleurissent
partout en ce moment à Paris.
: Dans une crypte de l'église de Vau-
girard, l'Union des femmes a fait élec
tion de domicile. Cette union est toute
cosmopolite. A voir le bureau du club
on se demanderait si les étrangers qui
composent presque uniquement l'état-
major de la garde nationale n'ont pas
amené leurs citoyennes pour y fonder
l'Union des femmes.
La présidente est une fille d'Albion,
qui a vu beaucoup, mais beaucoup de
Erintemps et même assez d'automnes.
Ile a une casaque rouge. A côté d'elle,
une grosse et blonde Allemande rem
plit un uniforme de cantinière de la
garde nationale, le képi sur l'oreille ;
ces deux héroïnes sont flanquées de
deux autres, une Américaine et une
Russe.
Ces dames veulent régénérer la
France. La France, disent-elles, est
tombée dans l'idiotisme et le crétinis-
me le plus abject par l'influence des
calotins (sic) qui font le catéchisme,
et par le crédit des religieuses à qui
l'on a livré l'éducation des filles.
« Donc, pour régénérer la femme,
pour relever la France, plus de ces
femmes noires ! plus de calotins! Nous
n'en voulons plus. Non! pas plus que
de leur sacrée confession! Nous autres
citoyennes, nous voulons faire comme
nos citoyens. »
Il y avait bien quatre ou cinq cents
personnes à écouter ces belles choses,
la majorité attirée par la curiosité.
Les uns riaient et goguenardaient,
beaucoup haussaient les épaules : une
vingtaine d'adeptes et d'enragées ap
plaudissaient. Les gens honnêtes
étaient heureux que toutes ces turpi
tudes ineptes ne fussent pas débitées
dans l'église même.
Toutes les églises n'ont pas la chance
de celle de Vaugirard. Les clubs ont,
dirait-on, quelque attrait pour les
églises, mais les municipalités aident
à cet instinct et même le sollicitent.
Ainsi les gardes nationaux, qui ont
installé depuis deux jours un club à
l'église Saint-Pierre de Montrouge, y
sont venus sur l'indication de la muni
cipalité. Ils ont expliqué qu'ils ne
pouvaient pas tenir leur club dans les
cabarets, parce que les hommes s'y
enivraient ; qu'il leur fallait un grand
local, et que la municipalité leur avait
indiqué l'église.
Force a été à M. le curé d'abandon
ner la nef aux clubistes, et il s'est
trouvé heureux qu'on lui ait laissé le
libre usage du chœur, qu'il a fait sé
parer de la nef par une cloison.
A Saint- Nicolas des Champs, les
choses se sont passées plus cavalière
ment. Le club de Saint-Nicolas, qui se
tenait à la salle Molière, est un club
d'importance, d'ailleurs. On y entend
des membres de la Commune, et le ci-
Amouroux y a déclaré l'autre
la chère Commune faisait
rondissement doit bien le saVoir, n'ont
pas abandonné l'église, avaient été -
pris à l'improviste, on croyait-tjuef'
le Saint-Sacrement était au taberna
cle, et un des orateurs le désignant de
la main l'appelait : le Dieu qui est là et
n'existe pas.
Quand les orateurs envoyés par la
mairie et respectés par la Commune
sont montés à ce diapason, on devine
ce que peut être l'assistance. La pre
mière séance a été ouverte par le chant
de la Marseillaise. La tenue répond aux
chants et aux harangues.
intérêts propres, mais d'accorder aussi quel
que attention à la situation des patrons.
Quant à lui, s'il ne trouve pas d'ouvriers
pour faire le travail de nuit, il mettra
L'église St-Bernard de la Chapelle vient
d'être transformée en club.
L'autorisation de s'emparer de cette belle
église a été donnée aux clubistes par M. De-
reure, membre de la Commune et délégué à
la mairie du XVIII' arrondissement.
Je me refuse à vous dire, nous écrit-on, tous
les blasphèmes et toutes les obscénités qui ont
retenti hier soir dans la chaire. Vous ne pouvez
même les soupçonner.
Riea n'étonne de la part des clubistes.
Nous ne sommes pas surpris non plus, sous
ce beau gouvernement que l'émeute du 18
mars a inauguré, de trouver des maires qui
malmènent le Gode et des membres de la
Commune sans aucune notion des principes
de la liberté.
Ni loi ni liberté, c'est la devise de la Com
mune. La force et la tyrannie seules. Com
bien de temps encore le peuple de Paris lais-
sera-t-il faire?
Au milieu de ces scandales officiels qui
sont une abominable persécution, signalons
un maire qui veut faire respecter la justice
et un arrêté qui pourrait être le premier pas
d'une réparation.
L'administrateur délégué à la mairie du IX 0
arrondissement.
Considérant que l'occupation par la garde na
tionale da certains édifices de l'arrondissement
consacré au culte n'a plus de raison d'être, par
suite des perquisitions que la sûreté générale y
a fait opérer ;
Après en avoir conféré avec le délégué
reté générale,
Arrête :
-Les églises, temples et synagogues du IX e ar
rondissement qui pourraiemt être occupés par la
garde nationale devront être évacués par elle
dans la journée de samedi 29 avril.
L'exécution du présent arrêté es
colonel de la 9 e légion.
Paris, le 29 avril 1871.
• bayeux-dumesnil
L'arrêté que nous trouvons au Journal offi
ciel n'ajoute rien. Le eomplétera-t-on en res
tituant leurs églises aux fidèles '
rondissement ?
, la sû-
est confiée au
du IX e ar-
Oa lit dans Y Indépendance belge :
« La Gazette de la Croix rapporte que, sur
la demande de l'archevêque de Posen et de
Gnesen, M. de Bismarck a chargé par télé
graphe le général Fabrice de faire à la Com
mune de Paris des remontrances sérieuses au
sujet de la détention de l'archevêque de Pa
ris. M. de Bismarck aurait fait savoir aux
gens de la Commune que, dans le cas où la
vie du prélat serait menacée, il serait forcé,
par l'indignation générale, d'intervenir im
médiatement à Paris. »
la
mais
A
main à la pâte et se passera d'ouvriers
ne travaillera pas de jour.
Cette manière de voir n'est pas agréée d'un
membre de la Commune présent à la séance,
qui vient déclarer que, les boulangeries étant
des établissements d'utilité publique, la Com
mune pourra réquisitionner les récalcitrants
et leurs boutiques.
On comprend que des membres de
la Commune estiment qu'on leur fait
prendre, par ces interventions insoli
tes, une situation qui n'est pas tout à
fait celle d'un gouvernement. En tout
cas, cette solution à l'aide de réquisi
tions, fort applaudie des ouvriers bour
langers, n'a rien de commun avec la
liberté.
Le méchant journal, qui prend plaisir à
tourmenter le prochain et qui remarquait
hier matin l'absence de M. Félix Pyat des
délibérations de la Commune, aura-t-il coa-
traintee représentant des citoyennes à prendre
son courage à deux mains ? Le procès-verbal
de la séance du 28 avril constate sa présence
à la réunion de l'Hôtel de Ville.
Le citoyen Vermorel en a profité pour re
marquer que le citoyen Pyat avait employé
son absence à formuler des accusations con
tre lui : en demandant que ces accusations
fussent renvoyées à la commission d'enquête,
Vermorel aurait dit :
Je me permets de regretter que le citoyen Fé
lix Pyat n'ait pas formulé plus tôt ces accusa
tions, et notamment lorsque j'ai été désigné
pour faire partie de la commission, exécutive.
A la commission exécutive, les deux ci
toyens Pyat et Vermorel étaient collègues.
On se rappelle que l'accusation élevée contre
celui-ci par son collègue est d'avoir participé
à la police de l'empire.
Pyat a répondu qu'il n'avait pas formulé
plus tôt cette accusation, n'ayant eu connais
sance des faits que depuis deux ou trois
jours. Assurément M. Pyat rêvait ou était
troublé quand il parlait ainsi. Comme le lui
a dit Vermorel avec une parfaite vérité,
l'accusation est surannée.... et depuis long
temps. C'est à la commission d'enquête,
saisie aujourd'hui, de décider si elle est fon
dée.
Du reste, à la séance de la Commune, Pyat
n'était pas fier : il a pris une seconde fois
la parole pour donner sa démission de mem
bre de la commission des finances. Il prétend
qu'il n'est pas calculateur. Il faut ren
voyer cette prétention au jugement de ses
fermiers, et on peut trouver d'autres mo
tifs à sa modestie. II ne veut pas embarras
ser sa respensabilité dans des questions d'ar
gent, et dans ce moment il aimerait, sa dé
mission et son absence en témoignant, il
aimerait tant à n'être de rien.
Ah ! s'il pouvait s'en aller !
nos hôpitaux à Versailles, avec la même sol
licitude que les nôtres.
L'Etat nourrit le tiers au moins de la po
pulation de Neuilly, et parmi ceux que nous
assistons se trouvent des hommes ayant com
battu contre nous.
Tous les combattants de la Commune qui
déposeront les armes auront la vie sauve et
fa liberté assurée; je continuerai le paye
ment de l'indemnité qu'ils ont touchée jus
qu'ici dans la garde nationale, en attendant
la reprise du travail.
Je n'excepte de l'oubli que je promets que
les assassins des généraux Clément Thomas
et Lecomte, et ceux qui pourront être, à juste
titre, considérés comme complices de ces
crimes par inspiration ou assistance, c'est-à-
dire un très petit nombre d'individus. En
tout cas, aucune poursuite ne sera exercée
en dehors des voies légales.
Je consentirais, pOur répondre"à l'appel
que vous laites à mes sentiments d'humanité,
à laisser aux révoltés une porte libre pendant
deux, trois ou quatre jours, afin de leur don
ner la faculté de sortir de Paris et de cher
cher un refuge en dehors du territoire.
J'autorise la commission à donner con
naissance aux hommes de la Commune de
Paris des dispositions que je viens d'annon
cer et que je serais prêt à faire exécuter dans
un intérêt de pacification.
Il ne m'est l as permis de laisser entrevoir
d'autres concessions et surtout d'accepter,
pour arriver à la paix, une reconnaissance
du caractère de belligérants aux chefs
l'insurrection parisienne.
toyen
soir que
bien des bêtises.
Si le club s'occupe de la Commune,
la Commune lui rend la pareille. Nous
citons le procès-verbal de la séan
ce du 27 avril où le citoyen J. Durand
a demandé que le club quittât la pa
roisse et se transportât au Conserva
toire des arts et métiers. La. Com
mune, qui fait des bêtises, nous pou
vons bien emprunter les termes mê
mes du citoyen Amouroux, a repoussé
cette sage et honnête proposition d'un
de ses membres par respect pour l'or
dre de la mairie du III e arrondisse
ment. C'est l'ordre de M. le maire, en
effet, qui a installé le club Molière à
Saint -Nicolas des Champs. Cet ordre, il
est vrai, aurait été motivé sur une er
reur matérielle, si, comme l'a affirmé
le citoyen Arnould à la Commune, il
n'a été rendu qu'en raison de « l'a
bandon de l'église par les prêtres. »
Les prêtres chargés du service de la
paroisse Saint-Nicolas l'euss®nt-ils aban
donné, ce ne serait pas une raison
de priver les catholiques de leur église.
Mais, en fait, elle était si peu abandon
née que le jour même où le club s'y
est installé, on y avait célébré l'office
solennel la grande procession Saint-
Marc. Depuis que le club souille l'égli
se, les prêtres et les fidèles n'ont pas
déserté. La messe se célèbre en se
maine dans une chapelle séparée ; le
dimanche, les offices auront lieu
comme à Montrouge, dans la chapelle
derrière le chœur, qu'on a autant que
possible isolée du reste de l'église.
Nous n'insistons pas sur ces faits. Ce
n'est pas le moment de discuter, il suf
fit de signaler les monstruosités et les
abominations du gouvernement de la
Commune. La première question dis
cutée dans l'église Saint-Nicolas par le
club a été celle de la prostitution. Les
orateurs parlent du haut delà chaire ; le
lieu où ils parlent les excite pour ainsi
dire au blasphème. Le premier jour de
la réunion, comme le 3 prêtres qui,
nous le répétons et le maire du IIP ar-
La Commune, si nous en croyons le
procès-verbal de ses séances, discute
ses décrets après les avoir rendus.
C'est ce qui arrive pour le décret rela
tif à l'abolition du travail do nuit des
boulangers! La discussion a été cu
rieuse ; il semble qu'elle ait «té un peu
étouffée. Une opinion s'était, produite,
c'est que le décret était une faute, et
que la Commune s'immisçait dans des
relations entre ouvriers et patrons, dont
elle eût mieux fait de s'abstenir. Des
oppositions moins radicales brodaient
là-dessus, mais la Commune a rejeté
toutes les oppositions et maintenu son
décret. Il restera dans l'esprit du pu
blic que le décret n'avait guère été
étudié, et que la commission execu
tive, dont faisaient alors partie MM. De-
lescluze et Pyat, a été tentée par
l'amour de la popularité et par l'effet
dramatique de l'abolition du travail de
nuit.
Cette abolition est-elle bien prati
que? est-elle avantageuse aux ouvriers?
Voilà les questions qui surgissent au
jourd'hui. Elles sont graves et divisent
les ouvriers eux-mêmes. Nousne parlons
pas de « l'aristocratie du ventre», que
M. Vermorel a signalée et qu'il trouve
juste de'condamner à ne pas manger
de pain frais avant huit heures du ma
tin. L'aristocratie du ventre est-elle si
matinale pour se trouver lésée en cette
affaire ? M. Vermorel plaisante et veut
faire aussi de la popularité à bon mar
ché. La popularité ne vaut pas mieux
que le dramatique pour faire des lois.
Le travail de nuit dans la boulange
rie est une question de métier : c'est
sous ce côté qu'on refuse de l'exami
ner. On se contente pas de faire ren
dre des décrets à la Commune, on
ouvre des clubs pour en obtenir la réa
lisation. Le décret de la Commune est
en effet jusqu'ici resté inefficace. Il
s'agit de le mettre en pratique. Dans
une réunion d'ouvriers boulangers où
la question était discutée, on a résolu
que si par suite du nouveau décret les
ouvriers se trouvaient sans ouvrage, la
Chambre syndicale créerait des fours
pour leur procurer du travail.
L'efficacité du moyen paraît dou
teuse. Le Siècle , qui donne une analyse
de la réunion, ajoute :
Nous publions le procès-verbal des deman
des faites à Versailles par les délégués des
municipalités de la Seine.
La commission déléguée par l'assemblée des
maires, adjoints et conseillers municipaux con
voqués à Vincennes le 22, avril s'est rendue le
23 à Versailles. Le 25, à sept heures du matin
elle a été reçue par M. Thiers, chef du pouvoir
exécutif de la République française : elle lui
remis l'adresse suivante votée par l'assemblée
qu'elle représentait :
« L'assemblée des maires, adjoints et conseil
lers municipaux des communes suburbaines de
la Seine, navrée de la guerre civile actuelle, ré
clame une suspension d'armes.
« Elle affirme, pour toutes les communes, la
revendication complète des franchises munici
pales avec l'élection, par les conseils, de tous
les maires et adjoints, et demande l'installation
définitive de la République en France.
« Elle proteste contre l'envahissement et le
bombardement dont plusieurs communes de'la
Seine sont victimes, et fait appel à l'humanité
pour la cessation des hostilités.
« L'assemblée surtout demande qu'il n'y ait
pas de représailles. »
Dans l'entretien de la commission avec le
chef du pouvoir exécutif, M. Thiers a fait les
déclarations suivantes :
A Neuilly, les Versaillais ont fléchi vers quatre heu
res et perdent du terrain. La canonnade n 'a pas
cessé.
M. Thiers a prononcé, dans la séaHce du
27 avril, le discours suivant :
de
La journée d'hier n'a pas donné plus de
résultats que les journées précédentes ; les
r!«upcs de Versailles continuent à se fortifier
et à s'organiser dans la presqu'île de Genne-
villiers ; les batteries fédérées tirent conti
nuellement sur Asnièrés et sur Bécon pour
entraver et retarder les mouvements ; quant
aux batteries versaillaises démontées, d'après
les rapports officiels de la Commune, cela
demande confirmation.
A Neuilly, canonnade et fusillade comme
à l'ordinaire; les fédérés, qui avaient perdu
une barricade, l'auraient reprise, si l'on croit
le général Dombrowski; mais quelles ont
été leurs pertes ? c'est ce que le général ne
dit pas. •
C'est surtout au sud que la lutte est vive.
« La défense du fort d'Issy est héroïque »,
dit le général Cluseret; mais cda ne pi o ave
pas que le fort d'Issy ne soit pas en très
mauvais état et qu'avant peu il ne doive se
taire ; le fort de Montrouge n'est pas dans
une situation beaucoup plus brillante. Au
jourd'hui ces deux forts tirent fort peu.
Les rapports de la Commune semble con
tredire la prise des Moulineaux, que nous
avjns annoncée hier et que confirme une dé
pêche officielle de M. Thiers; mais la con
tradiction est plus apparente que réelle. Si
les fédérés tenaient encore la redoute des
Moulineaux, ils n'auraient pas manqué de
l'affirmer bien haut.
En somme, la journée a été plutôt favora
ble aux troupes de Versailles, quoique le Cri
du Peuple dise ce matin que chaque jour de
lutte est un nouveau triomphe pour les fédé
rés. Les rapports officiels sont moins glo
rieux que d'habitude.
la
de sa
Un patron se présente : il est partisan du
travail de nuit. Ouvrier pendant dix-sept ans,
et devenu patron par son travail et sa persé
vérance, il s'adresse à ses camarades, qui un
jour seront patrons à leur tour, et leur de
mande de ne pas consulter seulement leurs
Rien ne menace la République, et son sort
dépend uniquement de la conduite des répu
blicains.
La République existe. Le chef du pouvoir
exécutif n'est qu'un simple citoyen. Ce ci
toyen a reçu de la confiance de l'Assemblée
nationale un gouvernement républicain; il
maintiendra la République tant qu'il possé
dera le pouvoir. On peut compter sur sa pa
role, à laquelle il n'a jamais manqué.
L'Assemblée maintient de fait la Républi
que ; quoique dans sa majorité elle paraisse
avoir reçu des électeurs un mandat monar
chique, elle a la sagesse de comprendre que
la République est devenue aujourd'hui la
meilleure forme de gouvernement. Elle s'y
ralliera tout entière, pourvu que l'ordre et le
travail ne soient pas perpétuellement com
promis par ceux qui se prétendent les gar
diens particuliers du salut de la Républi
que.
Mais on ne peut exiger que l'Assemblée
nationale consacre définitivement la Répu
blique, parce que ce serait, par trop de pré
cipitation, l'écarter d'un but vers lequel elle
tend naturellement; d'ailleurs, c'est un droit
qui n'appartiendrait qu'à une Assemblée
constituante.
L 'Assemblée nationale est une des plus li
bérales qu'ait nommées la France. On ne la
connaît pas 'assez. Elle est grandement favo
rable aux libertés communales ; lors du vote
de la loi électorale dernière, ella a admis le
principe de l'extension des attributions mu
nicipales.
Mais aujourd'hui elle ne peut rien faire de
plus dans cette voie. C'est par l'usage du
suffrage universel, que vous possédez, que
vous arriverez à établir et consolider les fran
chises que vous demandez.
On n'aperçoit pas de moyens de concilia
tion possible entre un gouvernement légal,
issu d'élections libres, comme la France n'en
avait pas eues depuis quarante ans, et des
coupables qui ne représentent que le désordre
et la rébellion et sont pour les trois quarts
des étrangers.
Quant à mes sentiments d'humanité, a dit
M. Thiers, et à la générosité du gouverne
ment, on ne peut en douter. Les prisonniers
que nous avons faits sont sur le littoral de la
France, nourris comme nos soldats; les
i blessés de l'insurrection sont soignés dans
Voilà la dépêche du gouvernement de Ver
sailles à laquelle nous avons fait allusion
hier, et qui annonçait la prise des Mouli
neaux :
Versailles, 27 avril 1871, S h. ,du soir.
Les opérations do l'armée ont continué dans
la journée d'hier. Notre artillerie a maintenu
son feu avec une supériorité marquée et surtout
décisive contre le fort d'Issy. Elle n'a pu ni
voulu éteindre le feu du fort de Vanves, qui
n'était pas l'objet de ses efforts ; elle n'a songé
qu'à le contenir; mais elle a dirigé ses coups
sur le fort d'Issy, qui n'est plus la difficulté de
nos opérations, tant il est réduit au silence :
tout au plus fait-il entendre un coup de canon
d'heure en heure, pour donner signe de vie ;
mais, nous le répétons, il n'est plus désormais à
craindre.
L'armée a poursuivi ses cheminements sur
notre gauche (droite du fort d'Issy), et, sans
s'astreindre aux opérations d'un siège en règle,
elle a fait des pas en avant de manière à ne plus
permettre à l'ennemi des retours offensifs. Cette
nuit, le brave général Faron, à la tête de 100 fu
siliers marins, 300 hommes du 110 e de ligne et
4 compagnies du 3o° de ligne, a abordé la diffi
cile position des Moulineaux. L'élan des troupes
a singulièrement abrégé la lutte et diminué nos
pertes. Des maisons, des barricades ont été suc
cessivement enlevées, et les Moulineaux sont
restés en notre pouvoir, couverts des corps en
nemis.
Sur-le-champ, le génie a pris ses précautions
et assuré la situation de nos troupes. Nous ne
sommes plus qu'à 800 ou 900 mètres du fort
d'Issy. Pendant ce temps, tout se prépare sur
"'étendue entière de notre ligne, depuis Neuilly
jusqu'à Meudon, pour rendre nos opérations
aussi rapides qu'efficaces.
Je demande pardon à l'Assemblée et aux ho
norables orateurs qui descendent _ de cette tri
bune de venir interrompre une discussion fort
intéressante. Je puis dire que je l'interromps,
en effet, messieurs, puisque ce n'est pas du
même sujet que je viens vous entretenir. Vous
voudrez bien m'excuser ; mais j'ai cru devoir
céder au vœu de nos collègues, en prenant ac
tuellement la parole.
Je ne crois pas que le rôle de nouvelliste
puisse convenir au gouvernement; mais dans la
situation grave où le pays ss trouve, dans un
moment où la France va se réunir tout entière
pour composer les conseils municipaux et où
elle aura l'occasion de s'entretenir des affaires
publiques, il est utile, selon moi, de lui dire
quelques mots sur ceite situation et de les lui
faire arriver par votre organe, vous qui la re
présentez si complètement et si légitimement.
(Très bien ! très bien !)
Notre situation est douloureuse afsurément,
car le sang coule, et c'est du sang français, en
tièrement français. (Mouvement.) EUe est dou
loureuse ; mais, sous un rapport, je dirai qu'elle
est consolante en ce qu'elle nous fait espérer
une fin prochaine de nos souffrances et des mal
heurs du pays ; elle est consolante encore, parce
que dans nos rangs chacun fait son devoir, parcs
que chacun est digne de la mission dont il est
chargé, l'armée surtout, qui est toujours
gloire de la France et le plus solide appui _
prospérité, de son avenir et de ses nobles princi
pes. (Applaudissements.)
Vous le savez, notre première tàchs a du con
sister en ceci : créer une armée, une armée puis
sante, qui, au milieu des circonstances si ex
traordinaires où nous étions placés, s'en ressen
tît le moins possible, eût la forte organisation
qui est nécessaire même aux hommes les plus
braves pour faire leur devoir, et qui, dans un
pays où tout manquait, où il n'y avait presque
pas d'établissement militaire, eût la satislaction
assurée de tous ses besoins. (Très bien! très
bien !)
Le gouvernement n'a pas perdu un moment,
car cette armée, j'ose le dire, cette armée vous
l'avez. C'est une grande et puissante armée;
elle l'est non-seulement par son organisation,
elle est puissante et grande par le sentiment de
ses devoirs, qui est profond chez elle, aussi pro
fond, aussi entier qu'il ait jamais été; elle l'est
par le choix des nobles chefs qui la comman
dent.
Pour réussir dans l'œuvre qui nous était im
posée, je me suis inspiré, et mes collègues se
sont inspirés avec moi, du véritable esprit et de
la forme du gouvernement qui est aujourd'hui
celui du pays. Nous nous sommes adressés, non
pas à un parti, mais à tous les hommes loyaux
et capables, sans nous occuper de leur origine.
Quant à moi, messieurs, je crois qu'un gou
vernement doit être confiant,_ non pas comme
le sont les gens crédules, mais comme le sont
les gens de bien, qui croient à la loyauté des
autres, parce qu'ils sont loyaux eux-mêmes.
(Vives et nombreuses marques d'approbation.)
Je crois qu'en choisissant partout, partout où
il y avait capacité, honneur et qualités mili
taires parfaitement reconnues, nous sommes ar
rivés à donner à l'armée française la plus solide
composition d'état-major qu'elle ait eue depuis
longtemps. Nous avons admis tousles hommes
qui, dans de récents malheurs, s'étaient montrés,
je puis le dire, supérieurs à la fortune, et qui
ont prouvé et prouvent tous les jours que, s'ils
avaient été bien dirigés, s'ils avaient été pourvus
de tout ce que la nation doit donner à ses sol
dats quand elle les envoie au feu, au lieu de
nous livrer une Frnnce malheureuse, vaincue,
ils nous auraient présenté une France victorieu
se. (Nouvelles marques d'approbation.)
A leur tête, je n'ai pas hésité, et mes collè
gues avec moi, — car mes collègues ne se sépa
rent en rien do moi, et je ne me sépare d'eux
en rien ; ils sont mes égaux, ils sont mes auxi
liaires, ils sont mes amis; rien ne se l'ait qu'a
vec eux et par eux; — je n'ai pas hésité à appe
ler à la tète de ces hommes ce brave maréchal
que notre temps peut appeler aussi le Chevalier
sans peur et sans reproches... (Très-bien! très-
bien ! — Applaudissements), celui qui, au mi
lieu de notre infortune, a pu défier les calomnies,
et devant lequel la malveillance même s'est ar
rêtée! (Oui! oui! C'est vrai! — Très bien! très
bien ! )
L'armée réunit donc, en ce moment, messieurs,
les conditions que la France doit souhaiter dans
une armée française ; elle fait son devoir, elle le
fera, soyez-en sûrs; et, grâce à elle, laloitriom-
phera.Ôui, grâce à elle; grâce aussi à votre con
fiance; car, messieurs, votre confiance double les
forces de tous ceux que vous employez au salut
du pays. (Très bien ! très bien! )
Ici je manquerais à tous mes devoirs si je
venais exposer publiquement, à cette tribune,
les vues des chefs qui dirigent l'armée, j(i com
mettrais une indiscrétion qui serait à la fois pué
rile et funeste. Je vous dirai seulement que c'est
après que tous les généraux, réunis auprès de
leur illustre chef, ont médité sur les opérations
qu'il fallait entreprendre, que ces opérations ont
été arrêtées. Ou il ne faut plus compter sur les
lumières des militaires en France, ou il faut
avoir confiance dans les opérations qui s'exécu
tent en ce moment. Elles sont le fruit des médi
tations les plus profondes, des plus profondes
réflexions.
Quant à moi, je borne mon rôle, et je mets
toutes mes forces à fournir à ces illustres chefs
les moyens de vaincre; -c'est à eux ensuite de
décider quel est l'emploi gui doit être fait de ces
drions les lois, l'ordre public, l'ordre social tout
entier. (Oui ! oui ! — Applaudissements.)
Et ce n'est pas seulement à un pays, encore
moins, je l'affirme, à un parti, car vous n'êtes
pas un parti, vous êtes la nation ; ce n'est pas
seulement à un pays, c'est à la civilisation tout
entière que nous rendons service quand nous
faisons triompher les principes de l'ordre, qui
sont en même temps ceux de la liberté la plus
pure. (Très bien! très bien!)
On vient tous les jours s'adresser à moi com
me votre représentant temporaire, investi de
votre confiance ; on vient me dire : Soyez paci
fique! soyez conciliateur!
Eh! messieurs, si cela dépendait de moi, si
cela ne dépendait que de quelques sacrifices qui
ne fussent pas des sacrifices de principes, s'il
ne s'agissait que de sacrifices d'orgueil person
nel, il n'en est pas que je ne fisse pour mettre
un terme à cette horrible guerre.
(L'orateur prononce ces derniers mots avec
une émotion profonde qui l'oblige do s'interrom
pre. De vifs applaudissements éclatent dans
l'Assemblée entière.)
Mais, je vous le demande, quand ces citoyens
bien intentionnés, quand ces nombreux envoyés
viennent, non-seulement de Paris, mais aussi
des autres grandes villes de France, et qu'ils
nous parlent de liberté, que pouvons-nous faire
de plus que do leur répondre : Vous voulez la
liberté : mais nous la voulons autant que vous!
Quand donc la liberté s'est-elle présentée sous
une forme plus frappante qu'aujourd'hui, sous
la forme d'une Assemblée librement élue, for
mant le gouvernement du pays ! Dites-moi si la
République elle-même s'est jamais présentée
chez aucun peuple sous une forme plus réelle,
plus évidente. Et c'est le jour où vous êtes arri
vés, non pas à une république élémentaire, qui
n'aurait pas les conditions que doit avoir le gou
vernement républicain, c'est le jour où vous
êtes arrivés si près de la vraie et pure républi
que, et je dirai même au-delà des limites que
vous aviez pu rêver, c'est ce jour-là que vous
venez nous dire que nous devons songer à la
liberté !
« Eh oui ! nous y songeons ! La liberté ! c'est
elle que nous défendons, elle seule, devant cet
odieux despotisme, ce despotisme sans mandat,
né du désordre de la guerre, né de tous les excès
de la licence, devant ce despotisme sans frein,
sans principe, sans conscience, qni ne sait ce
qu'il fait, et qui fait le mal avec une ignorance
désastreuse.» (Oui: oui! — C'est vrai ! c'est
vrai !)
Voilà, messieurs, ce que je leur ai dit, et,
croyant en cela ne pas être infidèle à votre pen
sée, je leur ai dit aussi. Que voulez-vous? le
maintien de la République? Eh bien ! elle existe
et je vous garantis une chose : quoique on ac
cuse cette Assemblée, et malgré tout ce qu'on
peut essayer de vous en dire, je vous garantis
que nulle part il n'y a un complot, une arrière-
pensée contre l'institution actuelle. Nous avons
pris les uns envers les autres un engagement.
Cette Assemblée avait un pouvoir constituant,
elle n'a pas songé à en user ; elle a respecté ce
qu'elle a trouvé. Elle a été nommée par des élec
teurs qui, en très grand nombre, sont des élec
teurs monarchiques. Et cependaat a-t-elle fait
un effort pour changer la forme du gouverne
ment qu'elle rencontrait en arrivant? Non ! elle
a eu et elle a tous les jours la sagesse de respec
ter le fait qu'elle a trouvé ! Il est bon qu'on sa
che cela partout ; il est bon que ceux-là mêmes
qui nous réduisent à l'emploi de la foi ce le sa
chent aussi bien que personne.
Non, non, je le répète pour montrer quelle est
la bonne foi de cette sage et loyale assemblée,
non, il n'y a nulle part un dessein, un complot
contre le fait actuel, contre le fait du gouverne
ment, sous la forme qu'il revêt présentement.
Vous ne songez tous qu'à une seule chose : ai
der le gouvernement dans la poursuite de sa
mission, dans la mission que j'ai acceptée, non
pas de constituer, mais de réorganiser. (C'est
cela ! c'est cela !)
C'est là la tâche qu'il poursuit en ce moment;
il n'en a pas une autre, et je donne à l'insurrec
tion le démenti le plus solennel quand elle ose
prétendre que l'on conspire ici contre la Répu
blique ; je lui dis : Vous en avez menti! il n'y a
contre la République qu'une conspiration, c'est
celle qui est à Paris, et qui oblige à verser le
sang français. (Applaudissements prolongés.)
Maintenant, on me dit qu'il faut être clé
ment.
J'ai répété à satiété, espérant que vous ne me
désavoueriez pas : Que ces armes impies tom
bent des mains qui les tiennent, et le châtiment
s'arrêtera sur-le-champ devant un acte de paix,
excepté à l'égard des criminels qui, heureuse
ment ne sont pas très nombreux. (Mouvement
sur divers bancs à droite.)
m. langlois . — Oui, peu nombreux!
m. julks simon , ministre de l'instruction pu
blique. — Peu nombreux, certainement!.., et
parmi eux bien des étrangers !
m. le duc de maiimier . — Oui, il v a beau-
ooup d'étrangers parmi ceux qui commandent
les émeutiers!
m. le chef du pouvoie exécutif . —Messieurs,
dites-le moi, je vous en supplie, est-ce que j'ai
Voici les rapports militaires de la Commune
sur les journées d'hier et d'avant-hier :
Général Dombrowscki à guerre et à exécutive.
Neuilly, 21 avril, 1 h. m., soir.
Jeudi matin, à sept heures, nos postes avancés
étaient vivement attaqués par les troupes ennemies.
Le 80° bataillon, après uue résistance énergique, était
forcé d'abandonner une barricade nouvellement cons
truite; mais l'ennemi, pris en flanc parle 74 e bataillon,
est contraint de se replier et d'abandonuei^les positions
qu'il avait prises.
Nous sommes maintenant
nos positions.
L'ennemi s'est retiré sur
cessé.
en possession de toutes
toute la ligne. Le feu a
dombrowski.
Guerre à exécutive.
Paris, 28 avril.
Je reviens de visiter Issy et Vanves. La défense du
fort d'Issy est héroïque. Le fort est littéralement cou
vert de projectiles.
Pendant que j'étais au fort de Vanves, j'ai assisté à
un combat de mousqueterie a-charné entre Versaillais.
Il a duré trois quarts d'heure.
Meudon est en flammes.
28 avril.
Cette nuit, aux Moulineaux, nous avons repoussé
deux attaques des troupes versaillaises. A la gare de
Clamart, nous avons eu à soutenir une première atta
que à onze heures du soir. Vers une heure, le combat
a cessé et n'a repris qu'à quatre heures du matin.
A Asnières, la nuit a été assez calme. Ce matin la
canonnade a été assez forte; elle s'est ralentie vers
midi. A deux heures, le feu a repris sur toute la
ligne.
Nos batteries du parc Bèrangcr
des Versaillais.
ont démonté celles
moyens. (Très bien ! très bien ! j
Les opérations de l'investissement ont rempli
les premiers jours des travaux de notre armée.
Maintenant que l'investissement est complet, les
opérations actives commencent ; elles sont com
mencées devant le fort d'Issy. Notre artillerie,
bien qu'elle se trouve en présence de la puis
sante artillerie dérobée par les insurgés à la dé
fense nationale, a complètement éteint le feu de
ce fort.
L'armée poursuit ses travaux d'approche; et,
cette nuit, un de nos divisionnaires les plus in
telligents et les plus résolus, le brave général
Faron, à la tête de 100 marins .fusiliers, do 300
soldats du 110 e de ligne et de quatre compa
gnies du 35 e , a enlevé la position très impor
tante des Moulineaux, avec un élan assez rapide
pour que nos pertes n'aient pas été fort graves.
(Bravo ! bravo ! — Applaudissements.)
Maintenant, je me croirais téméraire si je
cherchais à prévoir et à préciser devant vous le
temps que dureront encore ces opérations, et
dans lequel elles pourront aboutir au grand ré
sultat que nous espérons tous, c'est-à-dire la pa
cification du pays.
Mais il y a une chose qui m'est et qui vous
est à vous-mêmes bien pénible : c'est de savoir,
c'est de penser que, quels que soient les moyens
que nous employions, ces moyens ■ seront tou
jours infiniment douloureux.
Si nous gênons la subsistance de Paris, si nous
tirons sur Paris, si cher à la France, croyez-le,
notre cœur saigne à cette seule idée ; il saigne à
chacun des actes de ce déplorable conflit. Mais
nous devons le déclarer devant le pays assem
blé, et nous le prenons pour juge : cette guerre
cruelle, en sommes-nous les auteurs ? (Non !
non !) Cette guerre affreuse, en êtes-vous les au
teurs, vous que l'on accuse aussi bien que nous?
Non; je le proclame devant l'histoire, devant le
pays qui nous écoute : ce n'est pas nous qui en
sommes les auteurs, à quelque degré que ce
soit. Loin de là. C'est le cœur saignant que nous
la faisons. Nous n'attaquons pas; et quand bien
même encore nous attaquerions, nous défen-
tort? Est-ce que vous avez regret que j'aie pu
dire que les criminels sont peu nombreux?..,
Voix nombreuses. — Non ! non !
m. langlois . — Vous êtes dans le vrai!
M. LE CHEF DU POUVOIR EXÉCUTIF. — N'est -il
pas heureux, heureux dans ce malheur, que
ceux qui ont pu verser le sang de Clément Tho
mas et du général Lecomte soient des raretés
dans noire pays, quelques raretés désolantes !...
(Oui! oui ! — Très bien !)
Plusieurs membres. — Et nos soldats?..,
m. le chef du pouvoir ÊxÉcuTiF. — Quant à
nos soldats, — je suis heureux de cette inter
ruption, qui me fournit l'occasion do le dire, —
on les calomnie. Ouil ou calomnie l'armée, on
la calomnie perfidement, quand on dit qu'il y a
beaucoup de soldats dans les rangs des insur
gés.
voix diverses . — Vous n'avez pas bien com
pris. On parle de ceux qui assassinent nos sol
dats.
m. le chef du podvoir exécutif . — Je ne puis
pas suffire aux dialogues; laissez-moi continuer
sans m'interrompre, je vous en supplie.
Il y a des hommes pervers qui, trouvant dans
nos magasins des uniformes de soldats, les ont
pris pour faire croire que le nombre des hom
mes qui ont manqué au devoir militaire était
considérable. Nous avons la certitude, mes
sieurs, que ce nombre est, au contraire, infini
ment restreint. (Très bien! très bien !) Il y a,—■
et c'est une vérité que je suis charmé d'établir,
qu'il est important ' que la France connaisse,
qu'il est important que l'armée apprenne....
(Oui! oui!) d'une bouche qui peut avoir au
moins l'autorité d'une exacte information, — il
y a une tourbe de misérables qui vont partout
où il y a du désordre et qui, trouvant quelque
jour les portes de Paris ouvertes, en ont'profité
pour venir y accroître le nombre des pervers.
Cependant, soyez-en convaincus, les ennemis
auxquels nous avons affaire ne sont pas en aussi
grand nombre qu'ils le disent; la seule force
réelle qu'ils aient pour eux, c'est la seule force
de ces ouvrages qui étaient destinés à défendre
le pays, et qui, momentanément, sont tombés
dans ces mains abominables; mais ils n'ont pas
d'autre force, et quand celle-là leur sera enlevée,
vous les verrez réduits à la lâcheté du crime.
(Très bien! très bien!)
Maintenant, messieurs, j 'ai besoin tous les
jours de m'interroger moi-même, et vous avez
certainement senti ce besoin comme moi.
Quand je suis obligé de donner des ordres,
des ordres qui... — j'ai peine à trouver les ex
pressions convenables à la circonstance, — des
ordres non pas cruels, —. je ne serais pas digna
de vous si ce mot pouvait être un moment ap
pliqué aux actes auxquels je préside, mais les
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