Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1870-12-22
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 décembre 1870 22 décembre 1870
Description : 1870/12/22 (Numéro 1323). 1870/12/22 (Numéro 1323).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6985920
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
. J}'.
Jeudi 22 Décembre 1870
N* 1323 — Edition quotldtaaïMs-
J. /
Jeudi 22 Décembre 1370
PARIS
Un an
Six mois
Trois mois
30
46
. Le numéro : 15 centimes.
nUREAIJX
Paris, 10, rue des Saints-Pères.
On s 'abonne, à Rome, au bureau de la Civillà cattôi'ica,
via del Gesu, 01.
DÉPARTEMENTS
Dn an 58 fr;
Six mois.:... 39
Trois mois v. ........... jg
' ÉdltioA Kfmi-qiiotidienne '
Un an, 32 fr.—Six mois, 17 fr. —Treis mois, 9 fr.
L'Univers ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés*
, ÂJMMOIVCBS "
KM* Ch. LAGRANGB, CBBf et C' e , 6, pJaw de la Bourj?,
lmp. Ad. Laine, ruelles Sainls -p ^res. 1%.
Pendant la durée du siège,
1UNIVERS se vendra dix cen
times le numéro.
On pourra provisoirement
prendre des abonnements d'un
mois : trois francs.
PARIS,
Nous mettons sous les yeux du pu
blic l'édit du sieur Cadet, directeur
général des ambulances de l'arrondis
sement Mottu. C'est un véritable édit
dans le goût proconsulaire de la vieille
Rome et de la nouvelle Russie. En Po
logne, on est déclaré Russe pour les
mêmes raisons qu'on est déclaré libre-
penseur dans les ambulances Mottu.
Nous ne connaissons pas d'acte cosa
que qui ait, en ce genre, dépassé la
tranquille insolence de l'édit Cadet.
Il n'y a pas d'article particulier à
signaler. L'édit est d'un seul jet et égal
à lui-même partout. Gadet-Mottu
ne veut pas que ses ambulances puis
sent être exposées à l'infection d'une
religion quelconque. II faut absolument
que lemalade l'exige et qu'alors même
ce-ne Boit pas long; -Là-dessas l'élit «ai-
minutieux. La mort chrétienne est
précieuse devant Dieu ; mais la mort
civile est précieuse devant Cadet pre
mier-né de Mottu. Il fait tout soil pos
sible, qui va loin, pour s'en procurer
le plaisir et la gloire. Il y intéresse les
parents. Il accorde la prime d'un en
terrement gratuit au malade qui meurt
dans le sein de Mottu. Il impose les
frais de sépulture au culte qui ose lui
ravir un mourant.
Si M. Cadet opérait dans nos
quartiers catholiques, les religieux
qui tiennent et desservent à leurs frais
nn si grand nombre d'ambulances n'y
pourraient pas entrer, ou devraient
jurer aux mains de Cadet de ne pas
parler de Dieu aux malades, à moins
que ceux-ci ne leur en fissent com
mandement exprès par l'organe dudit
Cadet. La République eût exigé ce ser
ment de tous les prêtres, comme la
monarchie voulait qu'ils jurassent
d'enseigner les quatre articles. Cet
épisode a manqué au carnaval ara-
gouin de 1870, lequel, hélas! n'est
point fini.
Assurément, l'édit Cadet ne nous
inspire pas la moindre alarme. Nous
ne craignons pas du tout que les
les Mottu, les Asseline, les Clémenceau
ei le citoyen Cadet, qui les dépasse
de plusieurs coudées, puissent durer
longtemps. On aura raison de ces en
trepreneurs d'athéisme,et ils seront pro
chainement remis à leur place. Il faut
même reconnaître qu'ils ont leur dou
loureuse et humiliante utilité. Mais en
vérité l'humiliation est grande! Et il y
a de pauvres soldats qui meurent sans
secours religieux, pour la satisfaction
de Mottu et de Cadet !
Nous n'avons rien à dire au gouver-
vement, s'il ne réforme pas ce hon
teux état de choses. Là-dessus qu'il en
Sermette un peu plus, un peu moins,
est jugé.
Mais la conscience catholique doit
'compter sur un autre défenseur, et
certainement il a rempli son devoir.
Nous osons supplier Mgr l'archevêque
de Paris de consoler les angoisses de
son peuple en disant tout haut ce qu'il
a fait pour le droit de l'Eglise et le
salut des âmes.
Loins Veuillût.
du membre Ferry, l'insulte au chris
tianisme est licite dans le centre de
la ville; Mottu le maire, assisté de
Cadet l'ambulancier, • rafraîchit son
vieux blason du jardin de Gethsemani
et du tribunal de Caïphe. Dans les ré
gions éloignées^© i'âittpiïe; -auprès de
Ja muraille, l'insulte à la propriété
complète l'outrage 4 l a religion. La
partie facétieuse de la garde nationale,
s'étant saoûlée à raison de trente sous
par ventre aux frais de l'Etat, s'amuse
à dire la messe et à piller la chapelle,
comme on vient de le voir à Issy.
Mais ces mésaventures abondantes
n'empêchent pas le gouvernement de
la défense nationale d'avoir toutes les
belles ambitions. Il aspire à être re
connu, il veut entrer dans la noble
famille des gouvernements européens
et se mêler des grandes affaires du
monde. Sa petite besogne de Paris ne
lui suffit pas.
S'il était reconnu, le roi d'Italie,
l'empereur de Russie, le grand duc de
Bade lui écriraient : Monsieur mon bon
ami. Quel honneur pour notre pauvre
France ! Il y a si longtemps que nous
ne recevons plus de ces douceurs-là!
Nous ne sommes encore reconnus
que par le président des Amériques et
le roi d'Italie, un particulier et un par
venu ! Et nous n'avons d'ambassadeur
qui fasse quelque chose que le vieux
Senart, lequel aura peut-être l'honneur
de représenter la France à l'entrée so-
Jeuaetle de > ^i«tor^Eoimft»tte^>b?2é«m-
Rome.
Donc, ils cherchent à se faufiler ail
leurs, et ils accepteraient pour la
France un tabouret, ou un bout de
banc ou quelque place sur un seul
pied, même sans accoudoir, dans le
congrès qu'il serait question de ras
sembler pour régler les choses d'O
rient. lis y enverraient sans doute le
jeune Ferry, c'est le meilleur pendant
qu'ils puissent fournir au vieux Senart.
Si M. le général Trochu entend parler
de ces beaux projets et s'il a jamais
vu la figure du vieux Senart ou celle
du jeune Ferry, il doit souffrir.
Nous savons que M. le général Tro
chu a fort à faire ; néanmoins nous
croyons qu'il néglige trop la partie ci
vile de son gouvernement. Un jour il
regrettera de n'avoir pas entendu par
ler de Mottu, de Cadet, de Senart, de
la garde nationale saoûle qui dit la
messe sous l'œil bénin de M. Jules Fa-
vre et de M. Ferry, il regrettera d'a
voir ignoré l'ardeur qui pousse ses
collègues civils à se faire admettre
dans la très-noble et très-auguste
assemblée des gouvernements euro-
la Révolution, et, quand la race hu
maine sur le reste de la terré aura
besoin du libérateur.
Louis Vedillot.
peens.
Pour l'honneur
A la suite des réclamations aux
quelles Y Univers a donné hier la pu
blicité, l'arrêté suivant a été affiché à
la porte des ambulances municipales
du XI' arrondissement:
Arrêté concernant les ambulances
du XI" arrondissement
Art. i er r Aucun membre d'une religion
quelconque ne pourra pénétrer dans les am
bulances s'il n'y est appelé par les malades.
Art. 2. Il sera fait droit à tout citoyen de
mandant le ministre d'une religion quel
conque.
Art. 3. Tout prêtre ou ministre demandé
ne pourra s'adresser qu'au malade qui
l'aura fait appeler.
Art. 4. Sitôt son ministère accompli (en
entier), le prêtre ou ministre devra quitter
l'ambulance.
Art. 5. Tout citoyen décédé sans avoir de
mandé le ministre d'une religion quelconque
sera enterré civilement aux frais de la mai
rie.
Art. 6. Dès qu'un malade aura fait de
mander un ministre de la religion, tout di
recteur d'ambulance sera tenu d'en informer
immédiatement le directeur général.
Art. 7. Si le citoyen administré vient à
décéder, il sera inhumé, par l'église de son
culte, et les frais en seront supportés par elle.
Le directeur de l'ambulance préviendra le
directeur général, qui lui-même en informera
le ministre du culte auquel le défunt aura
fait appel.
Le directeur général des ambulances
du XI 8 arrondissement,
Signé i Cadet.
Paris, le 1S décembre 1870.
Le gouvernement «de la défense na
tionale» ne sait gouverner ni les mai
ries, ni les ambulances, ni les écoles
primaires, ni les corps de garde de cer
tains quartiers, et ne sait pas beau
coup non plus se gouverner lui-même.
Sous l'œil bénin du membre Favre et
de la France, Géné
ral, prenez-y garde. Si l'on vous parle
du congrès, prenez la pllime. Cette fois,
c'est le cas. Ecrivez-leur que là France
aimerait d'être laisséë tranquille en
matière de congrès, et qu'ils règlent
leur affaire d'Orient et les autres comme
ils l'entendront.
Que tout cela ne regarde plus la
France, qu'elle n'a plus d'affaires dans
le monde, qu'elle fait l'économie des
ambassadeurs et des représentants à
l'étranger; qu'elle n'a plus de traités à
maintenir, ni de traités à observer, ni
de traités à conclure; qu'elle remet
tout cela à d'autres temps ;
Qu'elle n'a plus d'alliés et n'est plus
alliée, qu'elle ne se regarde plus comme
faisant partie du corps des nations eu
ropéennes, qu'en ce sens elle est
morte, qu'elle veut rester un temps
au fond de son tombeau.
Que Paris est l'image de ce tombeau
où la corruption n'entrera point, où
tout au contraire la corruption périra.
Car la France en a maintenant fait
l'expérience. Elle sait maintenant
quelles sont les causes de la mort, et
quels baumes amers tuent les ger
mes de rnort.
La France n'a rien à dire là où elle
n'émettrait qu'un avis que l'on pour
rait mépriser. Elle ne signe pas de trai
tés où aucun article ne serait écrit de
sa main. Elle ne traite pas avec les
forts et se borne à ne point reconnaî
tre les traités qu'ils font.
Elle ne livrera pas sa faiblesse pré
sente, elle ne vendra pas sa force fu
ture.
Elle restera dans son tombeau inex
pugnable. Elle y restera comme mor
te, mais le tombeau sera vivant. Il
n'en sortira point d'ambassadeurs, et
les ambassadeurs n'y entreront point.
Elle ne s'occupera de paix que chez
elle et pour elle. Elle fera du fer, elle
fera du blé, elle fera des hommes. Elle
prendra le temps, qu'il, faut pour dé
griser sa populace sur laquelle compte
l'ennemi, et qui a pris l'habitude de ne
pas compter avec les lois. Elle a l'âme
et le cœur, elle se refera l'intelligence
et le bras.
Et alors elle ouvrira ses portes et
elle rentrera dans le monde, non pour
étudier les choses qui s'y seront faites,
non pour se soumettre aux arrange
ments qu'on aura pris, mais pour voir
si la justice règne et si quelque peuple
barbare a encore son pied brutal sur
quelque troupeau de la famille du
Christ. Alors la démocratie chrétienne
sera née.
A présent donc, arrangëz-vous, et
faites un équilibre européen. Faites
des conquêtes, des annexions, des
empires, des traités. La France n'en
est pas, n'est de rien.
îfous en reparlerons dans dix ou
quinze ans, quand nous aurons ce
qu'il nous faut de fer et d^hommes,
quand nous aurons enterré dans la
chaux vive le cadavre pestilentiel de
Le Jffurnal officiel "publie la note sui
vante communiquée dans la nuit aux
journaux du matin :
Le gouverneur est parti ce soir pour
se mettre à la tête de l'armée, des opé
rations de guerre importantes devant
commencer demain, 21 décembre, au
point du jour. Tous les mouvements
de troupes se sont exécutés avec la
plus grande régularité, et, à l'heure
qu'il est, il y a plus de cent bataillons
de garde nationale mobilisée en dehors
de Paris.
20 décembre, 11 heures du soir.
P. 0. Le général, chef d'état-major général
des armées de la défense,
Schmitz.
Nous croyons que le gouvernement
a bien fait cette fois d'annoncer par
un simple avis, sans affiche ni procla
mation, le départ du gouverneur et
le commencement des opérations mi
litaires. C'était le seul moyen de pré
venir toute agitation possible dans les
rues. Il faut, en ce moment décisif, que
4e^4lj»e..8eanaiiitiâAae au seia d^Ja
population de Paris. De graves événe
ments se préparent, le grand coup est
engagé, nous allons peut-être au dé-
noûment de ce long siège de trois
mois.
Pour les combattants, c'est l'heure
de l'effort, du dévouement, des sacri
fices à la patrie ; pour les autres, c'est
le moment du calme et de la rési
gnation.
Qu'il n'y ait donc pendant le com
bat aucune émotion, aucune efferves
cence populaire - , aucun désordre. At
tendons avec patience l'issue des évé
nements, nous rappelant à cette heure
suprêmeque notre sortestavanttouten-
tre les mains de Dieu et que le meilleur
moyen d'assurer la victoire à nos ar
mes, c'est de nous rendre Dieu pro
pice.
comme on sait, à une adhésion; nous
citons ces deux documents empruntés
par le Temps à un journal allemand
de date récente.
Munich, le 6 décembre. — Voici la lettre que
ïe roi de Bavière a écrite au roi de Saxe, au.
"Sujet de îa' dignité iifipériaie : ~ ' '
« Sérénissime et très puissant prince, ami
calement cher frère et cousin ! les peuples al
lemands, victorieusement conduits par l'hé
roïque souverain de la Prusse, étaient unis
depuis des siècles par la langue et la culture,
par la science et par l'art, mais ils consacrent
aujourd'hui une confraternité d'armes qui
rend un témoignage éclatant de la puissance
d'une Allemagne unie. Animé du désir de
coopérer de toutes mes forces à cette consti
tution de l'unité allemande, je me suis em
pressé d'entamer des négociations à cet effet
avec la chancellerie fédérale de la Confédéra
tion du Nord. Ces négociations viennent d'a
boutir à Versailles. Je m'adresse donc aux
princes allemands, et particulièrement à Vo
tre Majesté, et je leur propose de suggérer à
S. M. le roi de Prusse que le titre d'empe
reur d'Allemagne soit désormais attaché à
l'exercice de la présidence de la Confédéra
tion. Je me glorifie de la pensée de me sentir
appelé, par ma position en Allemagne et par
l'histoire de mon pays, à donner le Signal de
couronnement de l'édifice de l'unité alleman
de, et, je m'abandonne à la joyeuse espérance
que Votre Majesté Royale voudra bien don
ner Ln 'cordial assentiment à ma proposi
tion. En ayant donc le plaisir de prier Votre
Majesté en môme timps que les autres prin
ces et villes libres de l'Allemagne, de vouloir
bien me donner son avis.
« Je suis, avec l'assurance de là plus par
faite estime et amitié,
!< De Votre- Majesté royale l'affectueux
frère et cousin,
« louis. »
Caisse d'épargne et Mont-de-piétc
On lit
Vienne :
dans la Nouvelle Presse libre, de
On lit dans Y Électeur libre
Au moment où paraîtra ce journal, une
grande action sera engagée. Les vœux de
tous ceux qui n'assisteront pas au combat
accompagnent nos vaillants défenseurs.
Cent huit bataillons de la garde nationale
seront présents sur le champ de bataille.
A deux heures du matin, le général Clé
ment Thomas, accompagné du colonel Bau
doin, du capitaine Gaume et de plusieurs
autres officiers de son état-major, s'est rendu
au milieu des troupes de son armée. Fidèles
à notre réserve, nous ne précisons rien sur
les points occupés par nos soldats.
Cette sortie, espérons-le, sera décisive, et
mettra un terme à l'investissement général
de la grande cité, qui n'a que trop duré.
DERNIERES NOUVELLES
21 décembre, 2 h. soir.
L'attaque a commencé ce matin sur
un grand développement depuis le
Mont-Valérien jusqu'à Nogent.
Le combat est engagé et continue
avec des chances favorables pour nous
sur tous les points.
Cent prisonniers prussiens, prove
nant du Bourget, viennent d'ère ame
nés à Saint-Denis.
Le Gouverneur est à la tête des trou
pes.
P. 0. Le général chef d'état-major général,
schmitz.
Pour
•ople conforme :
Le ministre de l'intérieur par intérim
Jules Favre.
L'œuvré de l'unification allemande
par la Prusse s'achève paisiblement
au sein de Reichstag, pendant que
les armées confédérées continuent la
guerre.
Toute résistance des Etats du Sud a
cédé devant le prestige victorieux de
S. M. le roi Guillaume, acclamé
par l'enthousiasme national empereur
d'Allemagne. L'opposition de M. Ja-
coby et du parti républicain n'a point
empêché M. de Bismark d'arriver à
ses fins; l'Autriche elle-même recon
naît aujourd'hui les faits accomplis.
Ainsi l'empire d'Allemagne est fait
par la réunion des Etats du Sud à la
Confédération du Nord.
La Russie a tout approuvé, l'Autri
che consent, l'Angleterre laisse faire, la
France seule fait obstacle à la Prusse.
Il est évident que le nouvel empire
d'Allemagne a besoin d'une dernière
ratification ; Sa Majesté Guillaume ne
peut monter sur le trône impérial que
sacré par la victoire. Aussi le dénoue
ment de cette longue entreprise, si ha
bilement menée par l'homme de la
Prusse, déperid-il encore de la lutte
engagée avec la France, où tous ceux
qui ne reconnaissent pas la maxime
bismarkienne : La force prime le droit,
doivent espérer que la justice finira
par triompher, en relevant la France
et en abaissant la Prusse.
Arthur L oth.
Nous avons déjà rapporté plusieurs
incidents des négociations relatives à
l'entrée des Etats du Sud dans la Con
fédération du Nord, qui ont abouti,
« Aussitôt après la clôture des délibéra
tions du.Reichstag de Bdrlin sur la constitu-,
tion de la Confédération allemande, le gou
vernement autrichien attend une communi
cation du gouvernement fédéral sur le résul
tat de ses délibérations, et en prendra occa
sion de fixer de la manière suivante sa situa
tion vis-à-vis de l'Allemagne :
nulle réserve le nouvel état de choses; elle
renonce à se prévaloir de l'article 4 du traité
de Prague (relatif aux Etats du Sud). Elle
maintient le sentiment déjà exprimé par
l'empereur de n'entretenir aucune pensée de
rancune. Lé gouvernement autrichien désire
plutôt des relations amicales et cordiales
avec la Confédération allemande, une entente
intime sur les intérêts communs, sans qu'il
puisse d'ailleurs être question d'un lien de
droit public ni même d'une alliance formelle
qué peut-être on ne désire même pas à Ber
lin. »
Quand on y regarde de bien près, on
déeouyi-e dans rofganisatt»H"des^ocié-
tés modernes, si fières d'elles-mêmes,
des abus révoltants et qui crient ven
geance contre le riche. Lorsqu'un pau
vre a réalisé quelques économies, il n'a
rien de mieux à faire que de les porter
à la caisse d'épargne, qui lui paye trois
pour cent de son petit argent et l'em
ploie à acheter des rentes sur l'Etat.
Quand le même pauvre, après avoir
épuisé toutes ses économies, est réduit
à emprunter pour vivre, il porte ses
effets mobiliers au mont-de-piété , qui lui
prêle à neuf ou douze pour cent , en sup
posant qu'il puisse retirer son dépôt
dans des jours meilleurs, ce qui, hélas !
n'arrive pas toujours, tant s'en faut !
Sans être des caisses de l'Etat, ces
deux caisses d'épargne et de mont-de-
piété sont sous la direction d'adminis
trateurs nommés par l'Etat, de sorte
que l'Etat subit réellement la respon
sabilité de leurs opérations.
Or quoi de plus douloureux à penser
que 1 Etat d'une main emprunte du
pauvre à trois pour cent et de l'autre
prête au pauvre à neuf pour cent! Il
est tenps, grand temps que cet hor
rible abus cesse, et qu'on admette,
sinon en fait, du moins en principe,
qué leâ" dieux caissës, dont l'une em
prunte à un taux dérisoire, tandis que
l'autre prête à un taux usurier, ne
feront plus qu'une seule et même
caisse, et que l'usure exercée sur le
pauvre profitera au pauvre au moins
en partie. Oui, il faait absolument que
si la caisse qui prête continue à préle
ver un intérêt de neuf pour cent, la
caisse qui emprunte, identique désor
mais avec la caisse qui prête, emprunte
à cinq pour cent comme la caisse ac
tuelle du Mont-de-Piété. Il restera à
savoir si, par une subvention de l'Etat,
le taux du prêt du Mont-de-Piété ne
pourra pas être abaissé à cinq pour
cent, de manière à rétablir un juste
équilibre. Spéculer et bénéficier sur le
pauvre porte malheur aux sociétés.
F. Moigno.
nuit, il a succombé aux suites de ses
blessures. Il est mort dans les bras de
.ses deux oncles, M. le comte d'Huit et
M. l'abbé d'Hulst, qui lui ont prodigué
jour et nuit les soins les plus attentifs.
Sa fin a été celle d'un chrétien : à
"pltiâeurs''reprlses,'~ avec une grande
énergie, il a fait à Dieu le sacrifice de
sa vie pour la France. Il n'avait que
vingt-trois ans. Il laisse une mémoire
digne de celle des Dampierre et des
Grancey.
Lorsque le témoignage des sympa
thies qui l'ont accompagné jusqu'à la
tombe et qui lui survivent parviendra
à sa famillè absente, puisse-t-il la con
soler dans sa douleur !
A la même heure se faisait à Notre-
Dame-de-Lorette le service de M. l'abbé
Blanc, aumônier des mobiles de l'In
dre, blessé au dêrnier combat de
Choisy.
Le journal allemand dont nous avons
hier publié plusieurs extraits donne
une analyse télégraphique du message
adressé au Congrès par le président des
Etats-Unis.
Le message parle des réclamations du gou
vernement des Etats-Unis et de citoyens amé
ricains dans la question de YAlabama. Le
président déclare que le gouvernement des
Etats-Unis, aussitôt que l'Angleterre expri
mera le désir d'une discussion complète et
amicale de ces réclamations, reprendra les
pourparlers, avec le vœu d'arriver à une so
lution conforme à l'honneur et à la dignité
des deux nations.
Le président déclare aussi que les Etats-
Unis souhaitent le rétablissement de la paix
en Europe; mais leur politique traditionnelle
leur défend de se mêler d'affaires européen
nes.
Le message recommande une politique
propre à amener au pair le cours du papier-
monnaie ; il recommande aussi l'acquisition
de Saint-Domingue.
Le message constate que le ministre des
Etats-Unis à Paris a été chargé, pendant la
guerre, de la protection des Allemands rési
dant en France, et qu'il s'est acquitté de cette
mission d'une manière satisfaisante. Après
l'établissement de la république en France,
le ministre a reçu l'ordre de reconnaître et
de féliciter le nouveau gouvernement. Ce gou
vernement a ensuite demandé au ministre
ses bons offices pour le rétablissement de la
paix; mais la politique des Etats-Unis ne
permettait pas d'immixtion dans les affaires
européennes.
Ce document, comme on le voit, ne
fait qu'affirmer, malgré les préoccu
pations de l'Europe, la politique tra
ditionnelle d'abstention des Etats-Unis.
Après toutes les avances faites par la
jeune république française de Paris à
la «grande republique américaine, »
dans l'espoir de recevoir d'elle un
secours de guerre acheté au détriment
- - - f au( j fa
n'avait
qu'elle
sur sa « sœur »
de la dignité du pays, il lui
bien savoir maintenant
même pas à compter
pour la paix.
Toute la politique des Etats-Unis con
siste « à amener au pair le cours du
papier monnaie. » x
L'histoire retiendra cette parole de
la grande boutiquière jetée comme un
défi à l'Europe, au milieu des plus
graves événements contemporains.
Voilà bien l'Amérique !
Et nous, ses sots admirateurs, sou
venons-nous que, lorsque notre gouver
nement en détresse crut devoir de
mander au. gouvernement américain
ses bons offices pour les négociations
de la paix, celui-ci nous répondit qu'il
n'avait pas à se mêler des affaires de
l'Europe.
Ainsi, avec ses rêves d'affranchisse
ment des peuples, de fraternité inter
nationale, de liberté universelle, la
France n'a réussi qu'à se faire au prix
de son sang deux ingrates : l'Améri
que et l'Italie.
Cependant l'illusion n'est pas dé
truite f
Arthur Loth.
Le Constitutionnel a été durant tout
l'empire le journal officieux préféré et,
par conséquent, privilégié. A ce titre,
s'il n'a pas vu croître son public et
monter sa renommée, il a grassement
vécu. Croix d'honneur, emplois lucra
tifs, concessions industrielles, ont ré
compensé ses services.
Ce passé fructueux paraît le gêner
aujourd'hui; et voilà qu'afin de le faire
oublier, il prend texte des réponses de
Y Univers au Rappel , pour louer M. Vic
tor Hugo et les gens de sa suite et les
Châtiments.
Oui, le Constitutionnel brûle humble
ment l'encens devant ce livre, où les
hommes et le régime que, pendant
vingt ans, il n'a cessé de flatter,
sont trainés dans la fange.
Cependant le Constitutionnel , afin de
couvrir un peu son évolution, nous in
sulte et cite la pièce des Châtiments
contre les journalistes de robe courte,
ces journalistes que M. Victor Hugo,
par illusion de bravache et re
cherche littéraire, se vante, à la date
de 1830, d'avoir provoqués et fait fuir.
Nous ne savons si le Constitution
nel , par cette conduite, obtiendra la
bienveillance du pamphlétaire qui a dé
noncé ses anciens patrons au mépris
du monde. Nous lui souhaitons ce suc
cès; mais, quoi qu'il arrive, ce servi
teur de l'empire glorifiant les Châti
ments, aura fourni un argument de
plus contre le caractère des hommes
qui ont servi l'empire.
Eugène Veuillot.
Lundi soir, un prêtre s'est présenté
à l'ambulance de la rue Servan (XI e ar
rondissement). Il savait indirectement
que deux blessés étaient en danger de
mort. L'un des deux (le fait est sûr)
porte sur lui une médaille et un sca-
pulaire, signes évidents de sa foi. Ce
pauvre soldat va être amputé. De l'a
veu du docteur, il peut mourir pen
dant l'opération, et certainement il ne
se rend pas compte de son état. Le
prêtre n'a pu approcher ni de lui ni
de son camarade. A cette heure, ils
sont probablement morts.
Tous deux auront donc la prime of
ferte par la mairie à « tout citoyen dé
cédé sans avoir demandé le ministère
d'une religion quelconque. »
Et que dira la mère de ce brave sol
dat, lorsqu'elle apprendra que son fils,
qu'elle avait embrassé dans un der
nier adieu en lui passant une médaille
au cou, a été enterré « civilement?»
Oh ! pauvre mère ! Puisses-tu ne ja
mais le savoir !
On assure que le directeur général
des ambulances du XI 0 arrondissement
touche 500 fr. par,mois.
On s'accorde à dire que les blessés
sont très-mal soignés dans les ambu-,
lances municipales du XI" arrondisse
ment. Ils ont une nourriture insuffi
sante et on ne leur donne même pas
de la tisane à leur soif. Plusieurs bles
sés se sont plaints d'ailleurs du per
sonnel chargé du soin des malades.
M. Edouard Lockroy nous dit aujour
d'hui dans le Rappel beaucoup d'injures, et
il les signe, ce qui les amortit.
De plus, M. Lockroy prétend être venu
dans nos bureaux pour y chercher M. Gré
goire et ne l'y avoir pas trouvé.
M. Lokroy se trompe :.il y a eu du monde
dans nos bureaux de neuf heures du matin à
six heures du soir, et on ne l'y a pas vu.
Du reste, il eut pu venir sans trouver M.
Grégoire, dont nous recevons souvent d'inté
ressantes communications, mais qui n'appar
tient pas à la rédaction du journal. Seule
ment, M. Lokroy se fut aisément procure
son adresse.
Nous ajouterons que M. Lockroy déclara
fausses les accusations de notre correspon
dant contre la commission des Papiers.
Nous enregistrons le démenti, en attendant
pour y croire la sanction d'une parole autori
sée.
Enfin, M. Lockroy prétend qu'on a insulté
son père. On a dit que son père était brave
homme et mauvais comédien, auteur d'un
faible vaudeville disparu. Cela est licite. Da
vantage eût été du style Hugo et n'eut point
passé.
Un des administrés de M. Mottu nous
écrit :
Voici le modèle que la directrice d'une
école laïque du XI e arrondissement donne,
sur le tableau, à ses élèves : « Nous devons
à M. Mottu beaucoup de reconnaissance,
parce qu'il nous nourrit et nous habille. »
Je voudrais être instituteur pour donner
cet autre modèle : «M. Mottu doit beaucoup
de reconnaissance au gouvernement qui l'ha
bille, le nourrit, le chauffe, l'éclairé, le paye
et le tolère. »
Dans une école laïque autrefois dirigée par
les sœurs, la directrice a menacé de renvoi
celles de ses élèves qui diraient bonjour aux
sœurs.
Dans le XI e arrondissement, la population
commence à se plaindre hautement de la
mauvaise tenue des écoles. Il paraît que le
désordre y dépasse tout ce que l'on peut s'i
maginer.
Hier, à onze heures, a eu lieu à la
Madeleine le service de M. Charles-
Henri-Scipion Lambert, baron de Cam-
bray, sous-lieutenant au 4 e bataillon de
la garde mobile du Loiret. Blessé à
Champigny, le 30 novembre, en char
geant vaillamment à la tête de son pe
loton, il avait été recueilli sur le champ
de bataille par M. le docteur Morin,
médecin des ambulances de la presse,'
et par M. l'abbé Le Rebours. Conduit
par eux à l'ambulance du Grand-Hôtel,
il avait dû subir l'amputation de la
jambe droite. L'opération avait admi
rablement réussi. On espérait sauver
M. de Cambray. Avant-hier, dans là
Une veuve et ses quatre enfants viennent
encore d'être victimes de l'administration du
XI e arrondissement. La femme X..., pauvre
mère de famille et veuve, a une petite fille de
onze anSj qu'une généreuse institutrice libre
recevait gratuitement dans sa classe. Cette
petite, ainsi que sa mère et ses frère et sœurs,
avait une carte de secours. On la lui a re
tirée. La mère n'a plus maintenant que la res
source de placer l'enfant dans une école Mottu
où elle sera nourrie. Mais si cette mère ne
veut pas que sa fille apprenne à blasphémer,
elle devra la refuser à l'administration du
XI e arrondissement et souffrir un peu plus
encore de la faim... Cela vous fait rire, mes
sieurs du XI e arrondissement.
Plusieurs journaux ont déjà fait remarquer
qu'il y avait un grand abus à nourrir dans
les écoles, et indistinctement, les milliers
d'enfants qui les fréquentent. Les parents de
ces enfants ont souvent le nécessaire et même
quelquefois une petite aisance. Il serait d'une
sage administration de donner simplement
des cartes de fourneau aux parents nécessi
teux. Ces cartes, remises chaque jour par les
parents à leurs enfants au moment oii ils
se rendent à l'école, seraient présentées par
eux au fourneau de l'école à l'heure du repas.
L'économie réalisée par l'emploi de ce sys
tème serait très considérable, et la nourri
ture donnée à un plus petit nombre d'enfants
serait meilleure, parce qu'elle serait plus fa
cile à préparer.
Il paraît que les plaisantins avariés
du Charivari ont trouvé mauvais que
l'on ait parlé de la mort chrétienne de
plusieurs blessés de l'ambulance du
Grand-Hôtel. Ils ont plaisantiné sur ce
sujet, pour se consoler sans doute d'ê
tre de ceux qui ne s'exposent pas à
mourir. Voici la réponse qu'on nous
envoie à leur adresse.
DEUX SPÉCIALITÉS
Le Charivari, journal pour rire, est un gros
nomme poussif et ventru qui, d'une main,
tient la marotte, et de l'autre la ficelle de Gui-
gnolle. Sa spécialité est de faire sauter les
marionnettes, tout comme celle du Grand-
Hôtel est de faire des saints : chacun son
goût. Comme ses confrères en marionnettes,
Jeudi 22 Décembre 1870
N* 1323 — Edition quotldtaaïMs-
J. /
Jeudi 22 Décembre 1370
PARIS
Un an
Six mois
Trois mois
30
46
. Le numéro : 15 centimes.
nUREAIJX
Paris, 10, rue des Saints-Pères.
On s 'abonne, à Rome, au bureau de la Civillà cattôi'ica,
via del Gesu, 01.
DÉPARTEMENTS
Dn an 58 fr;
Six mois.:... 39
Trois mois v. ........... jg
' ÉdltioA Kfmi-qiiotidienne '
Un an, 32 fr.—Six mois, 17 fr. —Treis mois, 9 fr.
L'Univers ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés*
, ÂJMMOIVCBS "
KM* Ch. LAGRANGB, CBBf et C' e , 6, pJaw de la Bourj?,
lmp. Ad. Laine, ruelles Sainls -p ^res. 1%.
Pendant la durée du siège,
1UNIVERS se vendra dix cen
times le numéro.
On pourra provisoirement
prendre des abonnements d'un
mois : trois francs.
PARIS,
Nous mettons sous les yeux du pu
blic l'édit du sieur Cadet, directeur
général des ambulances de l'arrondis
sement Mottu. C'est un véritable édit
dans le goût proconsulaire de la vieille
Rome et de la nouvelle Russie. En Po
logne, on est déclaré Russe pour les
mêmes raisons qu'on est déclaré libre-
penseur dans les ambulances Mottu.
Nous ne connaissons pas d'acte cosa
que qui ait, en ce genre, dépassé la
tranquille insolence de l'édit Cadet.
Il n'y a pas d'article particulier à
signaler. L'édit est d'un seul jet et égal
à lui-même partout. Gadet-Mottu
ne veut pas que ses ambulances puis
sent être exposées à l'infection d'une
religion quelconque. II faut absolument
que lemalade l'exige et qu'alors même
ce-ne Boit pas long; -Là-dessas l'élit «ai-
minutieux. La mort chrétienne est
précieuse devant Dieu ; mais la mort
civile est précieuse devant Cadet pre
mier-né de Mottu. Il fait tout soil pos
sible, qui va loin, pour s'en procurer
le plaisir et la gloire. Il y intéresse les
parents. Il accorde la prime d'un en
terrement gratuit au malade qui meurt
dans le sein de Mottu. Il impose les
frais de sépulture au culte qui ose lui
ravir un mourant.
Si M. Cadet opérait dans nos
quartiers catholiques, les religieux
qui tiennent et desservent à leurs frais
nn si grand nombre d'ambulances n'y
pourraient pas entrer, ou devraient
jurer aux mains de Cadet de ne pas
parler de Dieu aux malades, à moins
que ceux-ci ne leur en fissent com
mandement exprès par l'organe dudit
Cadet. La République eût exigé ce ser
ment de tous les prêtres, comme la
monarchie voulait qu'ils jurassent
d'enseigner les quatre articles. Cet
épisode a manqué au carnaval ara-
gouin de 1870, lequel, hélas! n'est
point fini.
Assurément, l'édit Cadet ne nous
inspire pas la moindre alarme. Nous
ne craignons pas du tout que les
les Mottu, les Asseline, les Clémenceau
ei le citoyen Cadet, qui les dépasse
de plusieurs coudées, puissent durer
longtemps. On aura raison de ces en
trepreneurs d'athéisme,et ils seront pro
chainement remis à leur place. Il faut
même reconnaître qu'ils ont leur dou
loureuse et humiliante utilité. Mais en
vérité l'humiliation est grande! Et il y
a de pauvres soldats qui meurent sans
secours religieux, pour la satisfaction
de Mottu et de Cadet !
Nous n'avons rien à dire au gouver-
vement, s'il ne réforme pas ce hon
teux état de choses. Là-dessus qu'il en
Sermette un peu plus, un peu moins,
est jugé.
Mais la conscience catholique doit
'compter sur un autre défenseur, et
certainement il a rempli son devoir.
Nous osons supplier Mgr l'archevêque
de Paris de consoler les angoisses de
son peuple en disant tout haut ce qu'il
a fait pour le droit de l'Eglise et le
salut des âmes.
Loins Veuillût.
du membre Ferry, l'insulte au chris
tianisme est licite dans le centre de
la ville; Mottu le maire, assisté de
Cadet l'ambulancier, • rafraîchit son
vieux blason du jardin de Gethsemani
et du tribunal de Caïphe. Dans les ré
gions éloignées^© i'âittpiïe; -auprès de
Ja muraille, l'insulte à la propriété
complète l'outrage 4 l a religion. La
partie facétieuse de la garde nationale,
s'étant saoûlée à raison de trente sous
par ventre aux frais de l'Etat, s'amuse
à dire la messe et à piller la chapelle,
comme on vient de le voir à Issy.
Mais ces mésaventures abondantes
n'empêchent pas le gouvernement de
la défense nationale d'avoir toutes les
belles ambitions. Il aspire à être re
connu, il veut entrer dans la noble
famille des gouvernements européens
et se mêler des grandes affaires du
monde. Sa petite besogne de Paris ne
lui suffit pas.
S'il était reconnu, le roi d'Italie,
l'empereur de Russie, le grand duc de
Bade lui écriraient : Monsieur mon bon
ami. Quel honneur pour notre pauvre
France ! Il y a si longtemps que nous
ne recevons plus de ces douceurs-là!
Nous ne sommes encore reconnus
que par le président des Amériques et
le roi d'Italie, un particulier et un par
venu ! Et nous n'avons d'ambassadeur
qui fasse quelque chose que le vieux
Senart, lequel aura peut-être l'honneur
de représenter la France à l'entrée so-
Jeuaetle de > ^i«tor^Eoimft»tte^>b?2é«m-
Rome.
Donc, ils cherchent à se faufiler ail
leurs, et ils accepteraient pour la
France un tabouret, ou un bout de
banc ou quelque place sur un seul
pied, même sans accoudoir, dans le
congrès qu'il serait question de ras
sembler pour régler les choses d'O
rient. lis y enverraient sans doute le
jeune Ferry, c'est le meilleur pendant
qu'ils puissent fournir au vieux Senart.
Si M. le général Trochu entend parler
de ces beaux projets et s'il a jamais
vu la figure du vieux Senart ou celle
du jeune Ferry, il doit souffrir.
Nous savons que M. le général Tro
chu a fort à faire ; néanmoins nous
croyons qu'il néglige trop la partie ci
vile de son gouvernement. Un jour il
regrettera de n'avoir pas entendu par
ler de Mottu, de Cadet, de Senart, de
la garde nationale saoûle qui dit la
messe sous l'œil bénin de M. Jules Fa-
vre et de M. Ferry, il regrettera d'a
voir ignoré l'ardeur qui pousse ses
collègues civils à se faire admettre
dans la très-noble et très-auguste
assemblée des gouvernements euro-
la Révolution, et, quand la race hu
maine sur le reste de la terré aura
besoin du libérateur.
Louis Vedillot.
peens.
Pour l'honneur
A la suite des réclamations aux
quelles Y Univers a donné hier la pu
blicité, l'arrêté suivant a été affiché à
la porte des ambulances municipales
du XI' arrondissement:
Arrêté concernant les ambulances
du XI" arrondissement
Art. i er r Aucun membre d'une religion
quelconque ne pourra pénétrer dans les am
bulances s'il n'y est appelé par les malades.
Art. 2. Il sera fait droit à tout citoyen de
mandant le ministre d'une religion quel
conque.
Art. 3. Tout prêtre ou ministre demandé
ne pourra s'adresser qu'au malade qui
l'aura fait appeler.
Art. 4. Sitôt son ministère accompli (en
entier), le prêtre ou ministre devra quitter
l'ambulance.
Art. 5. Tout citoyen décédé sans avoir de
mandé le ministre d'une religion quelconque
sera enterré civilement aux frais de la mai
rie.
Art. 6. Dès qu'un malade aura fait de
mander un ministre de la religion, tout di
recteur d'ambulance sera tenu d'en informer
immédiatement le directeur général.
Art. 7. Si le citoyen administré vient à
décéder, il sera inhumé, par l'église de son
culte, et les frais en seront supportés par elle.
Le directeur de l'ambulance préviendra le
directeur général, qui lui-même en informera
le ministre du culte auquel le défunt aura
fait appel.
Le directeur général des ambulances
du XI 8 arrondissement,
Signé i Cadet.
Paris, le 1S décembre 1870.
Le gouvernement «de la défense na
tionale» ne sait gouverner ni les mai
ries, ni les ambulances, ni les écoles
primaires, ni les corps de garde de cer
tains quartiers, et ne sait pas beau
coup non plus se gouverner lui-même.
Sous l'œil bénin du membre Favre et
de la France, Géné
ral, prenez-y garde. Si l'on vous parle
du congrès, prenez la pllime. Cette fois,
c'est le cas. Ecrivez-leur que là France
aimerait d'être laisséë tranquille en
matière de congrès, et qu'ils règlent
leur affaire d'Orient et les autres comme
ils l'entendront.
Que tout cela ne regarde plus la
France, qu'elle n'a plus d'affaires dans
le monde, qu'elle fait l'économie des
ambassadeurs et des représentants à
l'étranger; qu'elle n'a plus de traités à
maintenir, ni de traités à observer, ni
de traités à conclure; qu'elle remet
tout cela à d'autres temps ;
Qu'elle n'a plus d'alliés et n'est plus
alliée, qu'elle ne se regarde plus comme
faisant partie du corps des nations eu
ropéennes, qu'en ce sens elle est
morte, qu'elle veut rester un temps
au fond de son tombeau.
Que Paris est l'image de ce tombeau
où la corruption n'entrera point, où
tout au contraire la corruption périra.
Car la France en a maintenant fait
l'expérience. Elle sait maintenant
quelles sont les causes de la mort, et
quels baumes amers tuent les ger
mes de rnort.
La France n'a rien à dire là où elle
n'émettrait qu'un avis que l'on pour
rait mépriser. Elle ne signe pas de trai
tés où aucun article ne serait écrit de
sa main. Elle ne traite pas avec les
forts et se borne à ne point reconnaî
tre les traités qu'ils font.
Elle ne livrera pas sa faiblesse pré
sente, elle ne vendra pas sa force fu
ture.
Elle restera dans son tombeau inex
pugnable. Elle y restera comme mor
te, mais le tombeau sera vivant. Il
n'en sortira point d'ambassadeurs, et
les ambassadeurs n'y entreront point.
Elle ne s'occupera de paix que chez
elle et pour elle. Elle fera du fer, elle
fera du blé, elle fera des hommes. Elle
prendra le temps, qu'il, faut pour dé
griser sa populace sur laquelle compte
l'ennemi, et qui a pris l'habitude de ne
pas compter avec les lois. Elle a l'âme
et le cœur, elle se refera l'intelligence
et le bras.
Et alors elle ouvrira ses portes et
elle rentrera dans le monde, non pour
étudier les choses qui s'y seront faites,
non pour se soumettre aux arrange
ments qu'on aura pris, mais pour voir
si la justice règne et si quelque peuple
barbare a encore son pied brutal sur
quelque troupeau de la famille du
Christ. Alors la démocratie chrétienne
sera née.
A présent donc, arrangëz-vous, et
faites un équilibre européen. Faites
des conquêtes, des annexions, des
empires, des traités. La France n'en
est pas, n'est de rien.
îfous en reparlerons dans dix ou
quinze ans, quand nous aurons ce
qu'il nous faut de fer et d^hommes,
quand nous aurons enterré dans la
chaux vive le cadavre pestilentiel de
Le Jffurnal officiel "publie la note sui
vante communiquée dans la nuit aux
journaux du matin :
Le gouverneur est parti ce soir pour
se mettre à la tête de l'armée, des opé
rations de guerre importantes devant
commencer demain, 21 décembre, au
point du jour. Tous les mouvements
de troupes se sont exécutés avec la
plus grande régularité, et, à l'heure
qu'il est, il y a plus de cent bataillons
de garde nationale mobilisée en dehors
de Paris.
20 décembre, 11 heures du soir.
P. 0. Le général, chef d'état-major général
des armées de la défense,
Schmitz.
Nous croyons que le gouvernement
a bien fait cette fois d'annoncer par
un simple avis, sans affiche ni procla
mation, le départ du gouverneur et
le commencement des opérations mi
litaires. C'était le seul moyen de pré
venir toute agitation possible dans les
rues. Il faut, en ce moment décisif, que
4e^4lj»e..8eanaiiitiâAae au seia d^Ja
population de Paris. De graves événe
ments se préparent, le grand coup est
engagé, nous allons peut-être au dé-
noûment de ce long siège de trois
mois.
Pour les combattants, c'est l'heure
de l'effort, du dévouement, des sacri
fices à la patrie ; pour les autres, c'est
le moment du calme et de la rési
gnation.
Qu'il n'y ait donc pendant le com
bat aucune émotion, aucune efferves
cence populaire - , aucun désordre. At
tendons avec patience l'issue des évé
nements, nous rappelant à cette heure
suprêmeque notre sortestavanttouten-
tre les mains de Dieu et que le meilleur
moyen d'assurer la victoire à nos ar
mes, c'est de nous rendre Dieu pro
pice.
comme on sait, à une adhésion; nous
citons ces deux documents empruntés
par le Temps à un journal allemand
de date récente.
Munich, le 6 décembre. — Voici la lettre que
ïe roi de Bavière a écrite au roi de Saxe, au.
"Sujet de îa' dignité iifipériaie : ~ ' '
« Sérénissime et très puissant prince, ami
calement cher frère et cousin ! les peuples al
lemands, victorieusement conduits par l'hé
roïque souverain de la Prusse, étaient unis
depuis des siècles par la langue et la culture,
par la science et par l'art, mais ils consacrent
aujourd'hui une confraternité d'armes qui
rend un témoignage éclatant de la puissance
d'une Allemagne unie. Animé du désir de
coopérer de toutes mes forces à cette consti
tution de l'unité allemande, je me suis em
pressé d'entamer des négociations à cet effet
avec la chancellerie fédérale de la Confédéra
tion du Nord. Ces négociations viennent d'a
boutir à Versailles. Je m'adresse donc aux
princes allemands, et particulièrement à Vo
tre Majesté, et je leur propose de suggérer à
S. M. le roi de Prusse que le titre d'empe
reur d'Allemagne soit désormais attaché à
l'exercice de la présidence de la Confédéra
tion. Je me glorifie de la pensée de me sentir
appelé, par ma position en Allemagne et par
l'histoire de mon pays, à donner le Signal de
couronnement de l'édifice de l'unité alleman
de, et, je m'abandonne à la joyeuse espérance
que Votre Majesté Royale voudra bien don
ner Ln 'cordial assentiment à ma proposi
tion. En ayant donc le plaisir de prier Votre
Majesté en môme timps que les autres prin
ces et villes libres de l'Allemagne, de vouloir
bien me donner son avis.
« Je suis, avec l'assurance de là plus par
faite estime et amitié,
!< De Votre- Majesté royale l'affectueux
frère et cousin,
« louis. »
Caisse d'épargne et Mont-de-piétc
On lit
Vienne :
dans la Nouvelle Presse libre, de
On lit dans Y Électeur libre
Au moment où paraîtra ce journal, une
grande action sera engagée. Les vœux de
tous ceux qui n'assisteront pas au combat
accompagnent nos vaillants défenseurs.
Cent huit bataillons de la garde nationale
seront présents sur le champ de bataille.
A deux heures du matin, le général Clé
ment Thomas, accompagné du colonel Bau
doin, du capitaine Gaume et de plusieurs
autres officiers de son état-major, s'est rendu
au milieu des troupes de son armée. Fidèles
à notre réserve, nous ne précisons rien sur
les points occupés par nos soldats.
Cette sortie, espérons-le, sera décisive, et
mettra un terme à l'investissement général
de la grande cité, qui n'a que trop duré.
DERNIERES NOUVELLES
21 décembre, 2 h. soir.
L'attaque a commencé ce matin sur
un grand développement depuis le
Mont-Valérien jusqu'à Nogent.
Le combat est engagé et continue
avec des chances favorables pour nous
sur tous les points.
Cent prisonniers prussiens, prove
nant du Bourget, viennent d'ère ame
nés à Saint-Denis.
Le Gouverneur est à la tête des trou
pes.
P. 0. Le général chef d'état-major général,
schmitz.
Pour
•ople conforme :
Le ministre de l'intérieur par intérim
Jules Favre.
L'œuvré de l'unification allemande
par la Prusse s'achève paisiblement
au sein de Reichstag, pendant que
les armées confédérées continuent la
guerre.
Toute résistance des Etats du Sud a
cédé devant le prestige victorieux de
S. M. le roi Guillaume, acclamé
par l'enthousiasme national empereur
d'Allemagne. L'opposition de M. Ja-
coby et du parti républicain n'a point
empêché M. de Bismark d'arriver à
ses fins; l'Autriche elle-même recon
naît aujourd'hui les faits accomplis.
Ainsi l'empire d'Allemagne est fait
par la réunion des Etats du Sud à la
Confédération du Nord.
La Russie a tout approuvé, l'Autri
che consent, l'Angleterre laisse faire, la
France seule fait obstacle à la Prusse.
Il est évident que le nouvel empire
d'Allemagne a besoin d'une dernière
ratification ; Sa Majesté Guillaume ne
peut monter sur le trône impérial que
sacré par la victoire. Aussi le dénoue
ment de cette longue entreprise, si ha
bilement menée par l'homme de la
Prusse, déperid-il encore de la lutte
engagée avec la France, où tous ceux
qui ne reconnaissent pas la maxime
bismarkienne : La force prime le droit,
doivent espérer que la justice finira
par triompher, en relevant la France
et en abaissant la Prusse.
Arthur L oth.
Nous avons déjà rapporté plusieurs
incidents des négociations relatives à
l'entrée des Etats du Sud dans la Con
fédération du Nord, qui ont abouti,
« Aussitôt après la clôture des délibéra
tions du.Reichstag de Bdrlin sur la constitu-,
tion de la Confédération allemande, le gou
vernement autrichien attend une communi
cation du gouvernement fédéral sur le résul
tat de ses délibérations, et en prendra occa
sion de fixer de la manière suivante sa situa
tion vis-à-vis de l'Allemagne :
nulle réserve le nouvel état de choses; elle
renonce à se prévaloir de l'article 4 du traité
de Prague (relatif aux Etats du Sud). Elle
maintient le sentiment déjà exprimé par
l'empereur de n'entretenir aucune pensée de
rancune. Lé gouvernement autrichien désire
plutôt des relations amicales et cordiales
avec la Confédération allemande, une entente
intime sur les intérêts communs, sans qu'il
puisse d'ailleurs être question d'un lien de
droit public ni même d'une alliance formelle
qué peut-être on ne désire même pas à Ber
lin. »
Quand on y regarde de bien près, on
déeouyi-e dans rofganisatt»H"des^ocié-
tés modernes, si fières d'elles-mêmes,
des abus révoltants et qui crient ven
geance contre le riche. Lorsqu'un pau
vre a réalisé quelques économies, il n'a
rien de mieux à faire que de les porter
à la caisse d'épargne, qui lui paye trois
pour cent de son petit argent et l'em
ploie à acheter des rentes sur l'Etat.
Quand le même pauvre, après avoir
épuisé toutes ses économies, est réduit
à emprunter pour vivre, il porte ses
effets mobiliers au mont-de-piété , qui lui
prêle à neuf ou douze pour cent , en sup
posant qu'il puisse retirer son dépôt
dans des jours meilleurs, ce qui, hélas !
n'arrive pas toujours, tant s'en faut !
Sans être des caisses de l'Etat, ces
deux caisses d'épargne et de mont-de-
piété sont sous la direction d'adminis
trateurs nommés par l'Etat, de sorte
que l'Etat subit réellement la respon
sabilité de leurs opérations.
Or quoi de plus douloureux à penser
que 1 Etat d'une main emprunte du
pauvre à trois pour cent et de l'autre
prête au pauvre à neuf pour cent! Il
est tenps, grand temps que cet hor
rible abus cesse, et qu'on admette,
sinon en fait, du moins en principe,
qué leâ" dieux caissës, dont l'une em
prunte à un taux dérisoire, tandis que
l'autre prête à un taux usurier, ne
feront plus qu'une seule et même
caisse, et que l'usure exercée sur le
pauvre profitera au pauvre au moins
en partie. Oui, il faait absolument que
si la caisse qui prête continue à préle
ver un intérêt de neuf pour cent, la
caisse qui emprunte, identique désor
mais avec la caisse qui prête, emprunte
à cinq pour cent comme la caisse ac
tuelle du Mont-de-Piété. Il restera à
savoir si, par une subvention de l'Etat,
le taux du prêt du Mont-de-Piété ne
pourra pas être abaissé à cinq pour
cent, de manière à rétablir un juste
équilibre. Spéculer et bénéficier sur le
pauvre porte malheur aux sociétés.
F. Moigno.
nuit, il a succombé aux suites de ses
blessures. Il est mort dans les bras de
.ses deux oncles, M. le comte d'Huit et
M. l'abbé d'Hulst, qui lui ont prodigué
jour et nuit les soins les plus attentifs.
Sa fin a été celle d'un chrétien : à
"pltiâeurs''reprlses,'~ avec une grande
énergie, il a fait à Dieu le sacrifice de
sa vie pour la France. Il n'avait que
vingt-trois ans. Il laisse une mémoire
digne de celle des Dampierre et des
Grancey.
Lorsque le témoignage des sympa
thies qui l'ont accompagné jusqu'à la
tombe et qui lui survivent parviendra
à sa famillè absente, puisse-t-il la con
soler dans sa douleur !
A la même heure se faisait à Notre-
Dame-de-Lorette le service de M. l'abbé
Blanc, aumônier des mobiles de l'In
dre, blessé au dêrnier combat de
Choisy.
Le journal allemand dont nous avons
hier publié plusieurs extraits donne
une analyse télégraphique du message
adressé au Congrès par le président des
Etats-Unis.
Le message parle des réclamations du gou
vernement des Etats-Unis et de citoyens amé
ricains dans la question de YAlabama. Le
président déclare que le gouvernement des
Etats-Unis, aussitôt que l'Angleterre expri
mera le désir d'une discussion complète et
amicale de ces réclamations, reprendra les
pourparlers, avec le vœu d'arriver à une so
lution conforme à l'honneur et à la dignité
des deux nations.
Le président déclare aussi que les Etats-
Unis souhaitent le rétablissement de la paix
en Europe; mais leur politique traditionnelle
leur défend de se mêler d'affaires européen
nes.
Le message recommande une politique
propre à amener au pair le cours du papier-
monnaie ; il recommande aussi l'acquisition
de Saint-Domingue.
Le message constate que le ministre des
Etats-Unis à Paris a été chargé, pendant la
guerre, de la protection des Allemands rési
dant en France, et qu'il s'est acquitté de cette
mission d'une manière satisfaisante. Après
l'établissement de la république en France,
le ministre a reçu l'ordre de reconnaître et
de féliciter le nouveau gouvernement. Ce gou
vernement a ensuite demandé au ministre
ses bons offices pour le rétablissement de la
paix; mais la politique des Etats-Unis ne
permettait pas d'immixtion dans les affaires
européennes.
Ce document, comme on le voit, ne
fait qu'affirmer, malgré les préoccu
pations de l'Europe, la politique tra
ditionnelle d'abstention des Etats-Unis.
Après toutes les avances faites par la
jeune république française de Paris à
la «grande republique américaine, »
dans l'espoir de recevoir d'elle un
secours de guerre acheté au détriment
- - - f au( j fa
n'avait
qu'elle
sur sa « sœur »
de la dignité du pays, il lui
bien savoir maintenant
même pas à compter
pour la paix.
Toute la politique des Etats-Unis con
siste « à amener au pair le cours du
papier monnaie. » x
L'histoire retiendra cette parole de
la grande boutiquière jetée comme un
défi à l'Europe, au milieu des plus
graves événements contemporains.
Voilà bien l'Amérique !
Et nous, ses sots admirateurs, sou
venons-nous que, lorsque notre gouver
nement en détresse crut devoir de
mander au. gouvernement américain
ses bons offices pour les négociations
de la paix, celui-ci nous répondit qu'il
n'avait pas à se mêler des affaires de
l'Europe.
Ainsi, avec ses rêves d'affranchisse
ment des peuples, de fraternité inter
nationale, de liberté universelle, la
France n'a réussi qu'à se faire au prix
de son sang deux ingrates : l'Améri
que et l'Italie.
Cependant l'illusion n'est pas dé
truite f
Arthur Loth.
Le Constitutionnel a été durant tout
l'empire le journal officieux préféré et,
par conséquent, privilégié. A ce titre,
s'il n'a pas vu croître son public et
monter sa renommée, il a grassement
vécu. Croix d'honneur, emplois lucra
tifs, concessions industrielles, ont ré
compensé ses services.
Ce passé fructueux paraît le gêner
aujourd'hui; et voilà qu'afin de le faire
oublier, il prend texte des réponses de
Y Univers au Rappel , pour louer M. Vic
tor Hugo et les gens de sa suite et les
Châtiments.
Oui, le Constitutionnel brûle humble
ment l'encens devant ce livre, où les
hommes et le régime que, pendant
vingt ans, il n'a cessé de flatter,
sont trainés dans la fange.
Cependant le Constitutionnel , afin de
couvrir un peu son évolution, nous in
sulte et cite la pièce des Châtiments
contre les journalistes de robe courte,
ces journalistes que M. Victor Hugo,
par illusion de bravache et re
cherche littéraire, se vante, à la date
de 1830, d'avoir provoqués et fait fuir.
Nous ne savons si le Constitution
nel , par cette conduite, obtiendra la
bienveillance du pamphlétaire qui a dé
noncé ses anciens patrons au mépris
du monde. Nous lui souhaitons ce suc
cès; mais, quoi qu'il arrive, ce servi
teur de l'empire glorifiant les Châti
ments, aura fourni un argument de
plus contre le caractère des hommes
qui ont servi l'empire.
Eugène Veuillot.
Lundi soir, un prêtre s'est présenté
à l'ambulance de la rue Servan (XI e ar
rondissement). Il savait indirectement
que deux blessés étaient en danger de
mort. L'un des deux (le fait est sûr)
porte sur lui une médaille et un sca-
pulaire, signes évidents de sa foi. Ce
pauvre soldat va être amputé. De l'a
veu du docteur, il peut mourir pen
dant l'opération, et certainement il ne
se rend pas compte de son état. Le
prêtre n'a pu approcher ni de lui ni
de son camarade. A cette heure, ils
sont probablement morts.
Tous deux auront donc la prime of
ferte par la mairie à « tout citoyen dé
cédé sans avoir demandé le ministère
d'une religion quelconque. »
Et que dira la mère de ce brave sol
dat, lorsqu'elle apprendra que son fils,
qu'elle avait embrassé dans un der
nier adieu en lui passant une médaille
au cou, a été enterré « civilement?»
Oh ! pauvre mère ! Puisses-tu ne ja
mais le savoir !
On assure que le directeur général
des ambulances du XI 0 arrondissement
touche 500 fr. par,mois.
On s'accorde à dire que les blessés
sont très-mal soignés dans les ambu-,
lances municipales du XI" arrondisse
ment. Ils ont une nourriture insuffi
sante et on ne leur donne même pas
de la tisane à leur soif. Plusieurs bles
sés se sont plaints d'ailleurs du per
sonnel chargé du soin des malades.
M. Edouard Lockroy nous dit aujour
d'hui dans le Rappel beaucoup d'injures, et
il les signe, ce qui les amortit.
De plus, M. Lockroy prétend être venu
dans nos bureaux pour y chercher M. Gré
goire et ne l'y avoir pas trouvé.
M. Lokroy se trompe :.il y a eu du monde
dans nos bureaux de neuf heures du matin à
six heures du soir, et on ne l'y a pas vu.
Du reste, il eut pu venir sans trouver M.
Grégoire, dont nous recevons souvent d'inté
ressantes communications, mais qui n'appar
tient pas à la rédaction du journal. Seule
ment, M. Lokroy se fut aisément procure
son adresse.
Nous ajouterons que M. Lockroy déclara
fausses les accusations de notre correspon
dant contre la commission des Papiers.
Nous enregistrons le démenti, en attendant
pour y croire la sanction d'une parole autori
sée.
Enfin, M. Lockroy prétend qu'on a insulté
son père. On a dit que son père était brave
homme et mauvais comédien, auteur d'un
faible vaudeville disparu. Cela est licite. Da
vantage eût été du style Hugo et n'eut point
passé.
Un des administrés de M. Mottu nous
écrit :
Voici le modèle que la directrice d'une
école laïque du XI e arrondissement donne,
sur le tableau, à ses élèves : « Nous devons
à M. Mottu beaucoup de reconnaissance,
parce qu'il nous nourrit et nous habille. »
Je voudrais être instituteur pour donner
cet autre modèle : «M. Mottu doit beaucoup
de reconnaissance au gouvernement qui l'ha
bille, le nourrit, le chauffe, l'éclairé, le paye
et le tolère. »
Dans une école laïque autrefois dirigée par
les sœurs, la directrice a menacé de renvoi
celles de ses élèves qui diraient bonjour aux
sœurs.
Dans le XI e arrondissement, la population
commence à se plaindre hautement de la
mauvaise tenue des écoles. Il paraît que le
désordre y dépasse tout ce que l'on peut s'i
maginer.
Hier, à onze heures, a eu lieu à la
Madeleine le service de M. Charles-
Henri-Scipion Lambert, baron de Cam-
bray, sous-lieutenant au 4 e bataillon de
la garde mobile du Loiret. Blessé à
Champigny, le 30 novembre, en char
geant vaillamment à la tête de son pe
loton, il avait été recueilli sur le champ
de bataille par M. le docteur Morin,
médecin des ambulances de la presse,'
et par M. l'abbé Le Rebours. Conduit
par eux à l'ambulance du Grand-Hôtel,
il avait dû subir l'amputation de la
jambe droite. L'opération avait admi
rablement réussi. On espérait sauver
M. de Cambray. Avant-hier, dans là
Une veuve et ses quatre enfants viennent
encore d'être victimes de l'administration du
XI e arrondissement. La femme X..., pauvre
mère de famille et veuve, a une petite fille de
onze anSj qu'une généreuse institutrice libre
recevait gratuitement dans sa classe. Cette
petite, ainsi que sa mère et ses frère et sœurs,
avait une carte de secours. On la lui a re
tirée. La mère n'a plus maintenant que la res
source de placer l'enfant dans une école Mottu
où elle sera nourrie. Mais si cette mère ne
veut pas que sa fille apprenne à blasphémer,
elle devra la refuser à l'administration du
XI e arrondissement et souffrir un peu plus
encore de la faim... Cela vous fait rire, mes
sieurs du XI e arrondissement.
Plusieurs journaux ont déjà fait remarquer
qu'il y avait un grand abus à nourrir dans
les écoles, et indistinctement, les milliers
d'enfants qui les fréquentent. Les parents de
ces enfants ont souvent le nécessaire et même
quelquefois une petite aisance. Il serait d'une
sage administration de donner simplement
des cartes de fourneau aux parents nécessi
teux. Ces cartes, remises chaque jour par les
parents à leurs enfants au moment oii ils
se rendent à l'école, seraient présentées par
eux au fourneau de l'école à l'heure du repas.
L'économie réalisée par l'emploi de ce sys
tème serait très considérable, et la nourri
ture donnée à un plus petit nombre d'enfants
serait meilleure, parce qu'elle serait plus fa
cile à préparer.
Il paraît que les plaisantins avariés
du Charivari ont trouvé mauvais que
l'on ait parlé de la mort chrétienne de
plusieurs blessés de l'ambulance du
Grand-Hôtel. Ils ont plaisantiné sur ce
sujet, pour se consoler sans doute d'ê
tre de ceux qui ne s'exposent pas à
mourir. Voici la réponse qu'on nous
envoie à leur adresse.
DEUX SPÉCIALITÉS
Le Charivari, journal pour rire, est un gros
nomme poussif et ventru qui, d'une main,
tient la marotte, et de l'autre la ficelle de Gui-
gnolle. Sa spécialité est de faire sauter les
marionnettes, tout comme celle du Grand-
Hôtel est de faire des saints : chacun son
goût. Comme ses confrères en marionnettes,
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