Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1870-12-21
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 décembre 1870 21 décembre 1870
Description : 1870/12/21 (Numéro 1322). 1870/12/21 (Numéro 1322).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mercredi 21 Décembre 1870
N* 1322. — ffittirten qaoiîriienru»
Mercredi 21 Décembre i S 70
- PARIS
Un an 5S fr.
Six mois 30
Trois mois 46
Le numéro : 15 centimes.
BUREAUX
Paris, 10, rue des Saints-Pères.
On s 'abonne, à Rome, au bureau de la Civîltà cattolica,
via de! Gesu, Cl.
m D ^
Un an..
Six mois
Trois mois ...
DÉPARTEMENTS
58 fr.
30
16
Édition semi-quotidienne
Un an, 32 fr.—Six mois, 17 fr. —Treis mois, 9 fr.
Wnivers ne répond pas des manuscrits qui lai sont adressée.
A.IWRIOKCE8
HK. Cb. LACRANCE, CÏRF et .C'®, 6, place de la Bonne.
Imp. Ad. Liûm», r«e «les Saints-P^res. 1
Pendant la durée du siège,
VUNIVERS se vendra dix cen
times le numéro.
On pourra provisoirement
prendre des abonnements d'un
mois : trois francs
PARIS,
On lit dans le Journal officiel :
Plusieurs journaux reprochent au gouver
nement de suivre une politique«ndécise et de
compromettre la défense par ses hésitations.
Ils l'accusent aussi de ne pas mettre le public
incessamment au courant de ses espérances
et de ses moyens d'action, et de garder quel
quefois pour lui les dépêches qui lui parvien
nent.
Le gouvernement n'a pas la prétention de
faire toujours ce qui serait jugé le meilleur
par chacun de ceux qui ont le droit et le de
voir de contrôler ses actes. S'il voulait réa
liser cet idéal, il serait forcé de faire à la
fois "plusieurs choses contradictoires. Ce
à quoi il s'efforce c'est d'accomplir sans
arrière-pensée la lourde tâche qui pèse sur
lui, et, sur ce point, son programme est sim
pie ^combattre l'invasion étrangère jusqu'à
ce-^âm t'ait repoussée par la force ou par .un
arrangement honorable.
Ce programme, par lui formulé dès les
premiers jours, n'a pas cessé, ne cessera pas
d'être le sien. Paris fût-il seul à résister, le
devoir continuerait à l'imposer. Mais, grâce
à Dieu f malgré ses fortunes diverses, l'effort
de la province s'unit au nôtre et se prononce
chaque jour davantage. Là aussi, aux ruines
de l'empire la république a fait succéder des
armées improvisées qui s'affirment par leur
héroïsme. Dans la douloureuse situation où
nous sommes, nous ne pouvons retracer l'his
toire glorieuse de leurs combats de chaque
jour sur tous les points du territoire. L'im
perfection de nos communications ne nous
permet de recueillir que des renseignements
incomplets, et nos Concitoyens voudront bien
ne pas exiger de nous des détails qui ne nous
parviennent pas.
Quand nous recevons des dépêches, nous
ne gardons pour nous que les appréciations
confidentielles ; nous avons toujours publié,
et nous publierons toujours les faits qu'elles
renferment. Da ces faits constants, il résulte
pour tout esprit impartial que la nation ac
cepte résolument la lutte et qu'elle ne se lais
sera pas dominer par l'étranger. Qui aurait
pu croire,, il y a quelques semaines, que nos
jeunes recrues de la Loire arrêteraient, par
dix jours de combats, les bandes victorieuses
de Frédéric-Charles, du prince de Meklem-
bourg et du prince royal de Saxe? Non-seu
lement elles les ont tenues en échec, mais
elles les ont fait reculer en leur infligeant des
pertes considérables. .
Elles forment une armée intacte prête à
donner la main à Briant vers l'ouest, à Bour-
baki au sud, alors que le général Paidherbe,
dont chacun sait la distinction et le courage,
opère du côté du Nord. Telle est notre situa
tion résumée en quelques mots. Nous ne dis
simulons ni sa gravité ni ses périls, mais nous
disons qu'elle est simple, et qu'elle nous im
pose l'obligation de tenir et de combattre.
Depuis trois mois Paris accepte les plus dures
souffrances, et sa constance grandit avec l'é
preuve. U sait qu'il peut souffrir davantage, I
et repousse avec horreur l'idée d'une capitu
lation, que la crainte dj cette aggravation lui
arracherait.
Le gouvernement n'a d'autre mérite que
de s'associer à ce sentiment et de se faire
l'exécuteur de cette volonté. Il est résolu à
y mettre toute son énergie, et il ne demande
d'autre récompense que de n'être pas indigne
du dévouement civique de ceux qui lui ont
donné leur confiance. Il combattra avec eux,
et, il en a le ferme espoir, avec eux et par
eux, il vaincra. L'ennemi qu'il s'agit de re
pousser est puissant ; mais quelle que soit sa
> force, elle est moins grande que celle de la
nation française ; et quand Paris, quand le
gouvernement de la défense nationale annon
cent leur inébranlable dessein de combattre
et de vaincre, ils peuvent affirmer, sans
craindre de se tromper, qu'ils ont pour eux
"la France tout entière, et qu'avec la garde
nationale, la garde mobile et l'armée ils réus
siront dans leur sainte entreprise.
La note du Journal officiel nous donne
de ces bonnes raisons sur lesquelles il
n'y a rien à dire et qui pourraient aussi
opportunément n'être pas données. La
situation est difficile, les hommes ont
fait ce qu'ils ont pu. Cela est connu et
admis de tout le monde. Personne ne
doute de la bonne volonté des hom
mes, personne n'ignore que ce qu'ils
ont pu n'a pas été brillant. Le génie
a manqué.
C'est un grand sujet de regret, ce ne
serait pas tout à fait un légitime sujet
de reproche. Nul n'est tenu d'avoir du
génie, pas même lorsque l'on s'est
proposé pour faire en ce genre des
miracles. Il y a des époques où tout le
monde est persuade de posséder le
plus grand mérite et s'offre à jouer
triomphalement avec l'impossible, le
véritable, l'unique impossible étant
de ne pas triompher. M. le maréchal
Le Bœuf a eu cette conviction là, qui
était l'idée de l'empire. Dans le mo
ment que M. le maréchal Le Bœuf
voyait fuir son illusion, les illustres
députés de Paris, MM. Favre, Crémieux,
Glais-Bizoin, Ferry, etc., se sentaient
absolument capables de rétablir les
affaires et les prenaient en main très
gaillardement comme on l'a vu, atten
du qu'il est impossible que la républi
que ne triomphe pas, surtout conduite
par MM. Ferry, Crémieux, Glais-Bizoin,
Favre, etc., lesquels sont l'amour des
peuples et l'espérance du monde.
Le Journal officiel en est encore
persuadé. Il nous le dit, selon sa
fonction qui est de nous le dire jus
qu'au dernier jour et jusqu'à la der
nière minute. Merveilles à Paris, nous
en sommes tous témoins ; merveilles
en province, les pigeons 1 attestent :
« Là aussi, aux raines de 1 empire, la
république a fait succéder des armees
improvisées qui s'affirment (?) par leur
héroïsme.:» ... , ..., .
* Il faut -«voir beaucoup- de pitié et
beaucoup de clémence pour les épo
ques où tout le monde est plein de
génie, où les officines d'avocat, les
coulisses des théâtres, les boutiques
de libraires, les bureaux de rédaction
les cafés et les cantines regorgent
-d'hommes universels, tous égale
ment certains dé sauver le pays
moyennant quelque petit appointe-
ment. En fait de génie militai
re, que peuvent à bon droit se re
procher le ministre impérial Le Bœul
et le ministre républicain Gambetta, et
dans toutes les autres branches du ge-
nie de gouvernement tous I ôs autres nn-
nistres impériaux et tous les autres
ministres républicains, et des deux
côtés, ces couches remuantes que
l'on appelle le peuple politique?
Depuis un demi-siècle, le genre hu
main politique n'est guère que le
même faquin ou le même sot tire a
plusieurs milliers d'exemplaires. La
pauvre espèce humaine gémit sous ce
mille-pattes qui l'avilit et la gruge.
Elle attend un homme qui tire 1 epee
pour faire enfin ce qui est la seule
vraie gloire de l'epée ■ obéir à la vé
rité, déchirer l'erreur. _
Il est certain cependant, comme du
l'Officiel, que rien n'est j»erdu. La rai
son qui fait que rien n'est perdu, 1 Of
ficiel ne la dit pas et ne la connaît pas.
Rien n'est perdu parce que les événe
ments, à l'insu et contre la volonté de
ceux qui les brassent ou plutôt les tri
potent, forment tout à la fois et l'hom
me que le véritable peuple attend,^ et
le peuple dont cet homme aura besoin.
Dans ce siècle de machines, les évé
nements sont comme les rouages in
conscients d'un mécanisme immense
et mystérieux. L'ingénieur se cache
On ne saura son nom que lorsqu on
verra son ouvrage, et alors l'acclama
tion de l'humanité saluera Celui qui
fait les mondes.
Oserons-nous dire que tout ce qui se
passe depuis cent ans est ce que l'on
appelle vulgairement .une lessive? Et
pourquoi ne le dirions-nous pas? L œu
vre est assez forte pour élever le mot a
sa hauteur. Une telle lessive vaut bien
une création. Mille souillures quv ap
paraissent à la surface de la formida
ble cuve, sont des parcelles immondes
qui se détachent. Cette écume sera
enlevée. En ce mornent elle couvre
tout, mais déjà elle ne tient plus à ri en ;
et ce qui sortira de la cuve en sera tire
autre qu'il n'y fut mis, c est-a-dire net
toyé, pur, salubre, préparé pour de
nobles usages. .
Il y a comme une mystérieuse at
tente de ce bienfait dans cette pa
tience réelle et invincible avec laquelle
la France supporte et même bé
nit les douleurs de l'opération.
Elle veut être lavée, elle veut re
naître, elle veut resplendir, et elle a
foi dans le succès de la « sainte entre-,
prise » sans avoir aucune foi dans
les hommes qui en ont la con
duite, lesquels, en vérité, ne sont pas
dignes, et en -réalité, ne conduisent
Sainte entreprise: c'est le Jourual of
ficiel lui-même qui écrit ce mot étran
ge dans ses colonnes. Comme il est
vrai ! Et comme il ne le sait pas T»
On escompte lihistoire, on se décer
ne des couronnes dont il ne sera plus
guère question au jour du véritable
jugement. Qui a fait ce qui se fait?
C'est un mouvement d'instinct et de
multitude, dont nul ne peut discerner
les causes. Presque partout la digue
et le flot se sont également trompes.
Les accoucheurs de la République
croyaient mettre au monde la paix.
La plupart de ceux qui hurlaient le cri
de guerre ne voulaient point se battre.
Les murailles de Paris seraient tom
bées d'elles-mêmes s'il leur avaient ete
dit qu'elles tiendraient si longtemps.
Jamais Dieu n'a davantage montre
l'obstination de ses miséricordes sur
la France. ™
Depuis cent ans, 1 histoire des Fran
çais n'est pas glorieuse, celle de la
France l'est infiniment. Quelle autre
nation soumise à de tels guides, ren
versée par tant de surprises et de sé
ductions contraires de la gloire, de la
prospérité, de l'esprit, de l'orgueil et
de la honte, aurait pu esperer den
sortir, comme le monde en aura le
spectacle, avec toute sa foi, tout son
bon sens et toute sa vertu! Mais ceux
qui s'attribuent ici quelque chose, qui
pensent que laFrancelsubit ce combat
pour consérver les présents qu ils lui
ont fait et demeurer dans le cul-de-sac |
où ils encensent leur propre et imbé
cile idole, ceux-là ne connaissent ni la
France, ni eux-memes, et n ont pas le
pressentiment de l'avenir vers lequel
s'élanceront nos drapeaux purifies.
Louis V euillot.
« ils nous ont vus croire à la paix, nous oc-
« cuper uniquement de la paix, réduire d'an-
« née en année nos contingents. » Mais ils
ne l'ont pas appliqué avec l'effet foudroyant
qu'il aurait eu entre nos mains. Nous luttons
aujourd'hui avec des recrues et des mobiles
.et presque sans chefs; ét la science prussien
ne, guidant un v mîffiuîr 'réussi encore à.un coup décisif comme ceux
qui ont terminé nos grandes campagnes.
Il est curieux de voir le Siècle attri
buer uniquement à l'administration
impériale les causes de notre infério
rité militaire.
Mais qui donc a applaudi au triom
phe et à l'agrandissement de la Prusse
en 1866? Qui a toujours préconisé sys
tématiquement la paix au détriment
des intérêts du pays? Qui a fait réduire
d'année en année nos contingents?
Qui a constamment cherché, dans la
loi du contingent, un moyen populaire
d'opposition au régime impérial? Qui
n'a cessé de harceler nos différents
ministres de la guerre pour de ridi
cules questions de boutons dé guêtre
et de plumets? Qui a entravé l'œuvre
de réorganisation militaire entreprise
par le maréchal Niel, le seul ministre
capable de la mener à bonne fin,
Thomme qui avait compris la guerre
avec la Prusse?
N'est-ce pas le Siècle et son parti? Ne
sont-ce pas ses patrons, ses amis,
ses clients? On les pourrait tous nom
mer.
^..Jla^Qarnal qjji a.j>jj l'im puden ce ou „
la sottise de se faiïe l'allié de laPrïïssë r
en 1866 n'a rien à dire aujourd'hui, rien
à reprocher à personne, pas même à
M. Rouher, pas même &. Napoléon.
fflii, des armoiree enfoncées ; enfin, la maison
fut mise au pillage en présence du proprié
taire. Ne pouvant arrêter des hommes qui
v enaient de recevoir leur solde, et qui s'étaient
empressés de la dépenser à s'enivrer, le supé
rieur se retira avec quelques-uns de ses élè-
dans les deux chambres qu'on lui avait
laissée» comme par,grâce.
La nuit fut tumultueuses, rien ne fut res
pecté, pas même la chapelle. Une quinzaine
de gardes nationaux ivres s'emparant des
ornements sacrés ne trouvèrent pas d'amuse
ment plus dignes des défenseurs delà France
catholique qu'une parodie sacrilège des céré
monies et des processions de l'Eglise. Lema-
tin en entrant à la chapelle, monsieur le su
périeur trouva le plus grand désordre ; la sa
cristie était forcée, les serrures des ar
moires brisées, les ornements jetés ça et là,
les hosties non consacrées dispersées, le ta
bernacle ouvert (heureusement le saint sacre
ment n'était pas dans le tabernacle, et les
vases sacrés ne se trouvaient pas à la sacris
tie).
Il ne faudrait pas faire retomber la respon
sabilité de ces scandales sur tous les gardes
nationaux du 101 e , un grand nombre d'entre
eux désavouaient leurs camarades, plusieurs
crurent devoir faire des excuses au supérieur
de la maison, le commandant de bataillon,
qui logeait au château d'Issy, déplore la con
duite de ses hommes, il s'est empressé de
faire aussi des excuses pour ses subordonnés,
lorsqu'il a eu connaissance de tous ces désor
dres. Malheureusement, ce n'est pas la pre
mière fois que nos églises sont profanées au
tour de Paris. Il serait temps que de pareils
abus ne fussent plus tolérés.
Le Siècle détache une phrase de
l'article de Ylfnivers, intitulé : Au
roi de Prusse, et en conclut que nous
glorifions les actes du roi Guillaume;
que piller, voler, assassiner, nous paraît
une grande mission ; il ajoute que cette
morale catholique n'est pas son cas.
Le rédacteur en chef du Siècle, M.
Louis Jourdan, a toujours eu l'enten
dement dur. Néanmoins, il est impos
sible qu'il ait pu se méprendre à ce
point sur l'article qu'il falsifie avec
tant d'impudence, et nous espérons
qu'il croyait davantage autrefois^ a\ix
promesses de son Journal des action
naires qu'il ne croit à son analyse d'au
jourd'hui.
Quel honneur croit-il faire à sa
plume, et quel avantage croit-il procu
rer à sa cause, par d'aussi niaises dé
loyautés !
Nous l'invitons à réparer cette agres
sion prussienne, c'esfcài4we en dehors
du droit des gens. Nous ne voudrions
pas être réduits à ne voir en lui qu'un
de ces gardes nationaux qui montrënt
beaucoup plus de valeur en pillant le
concitoyen qu'en combattant l'ennemi.
Eugène Veuillot. -
La note suivante nous est commu
niquée par un de nos amis, elle mon
tre que certaines compagnies de guerre
de la garde nationale tiennent à re
nouveler les scandales dont quelques
bataillons de mobiles de la Seine s'é
taient rendus coupables au commen
cement du siège. Nous espérons que le
gouvernement fera respecter la pro
priété et que M. Clément Thomas, dont
on a déjà justement loué le courage,
saura réprimer-les faits que nous
signalons : Il faut que les gredins qui
se permettent de tels attentats soient
punis. Supporter cette scélératesse
sauvage, c'est en devenir complice et
en accepter le deshonneur.
Louis Veuillot.
*-■ M.' Cadet, directeur, sous la tutelle de
M. Mottu, des ambulances du XI e ar
rondissement vient de rendre un ar
rêté que nous reproduirons demain.
Nous verrons si cet acte d'une im
piété cynique et- d'une illégalité abso
lue, pourra faire.sortir M. Jules Ferry,
préfet de la Seine, et M. Jules Favre,
ministre de l'intérieur, du silence où
ils s'enferment au sujet des persécu
tions que des fonctionnaires athées leurs
subalternes, dirigent contre les soldats
chrétiens envoyés dans les ambulances
municipales.
Nouvelles de Rome.
On lit dans le Siècle :
Les Prussiens se sont préparés à la guerre
contre la France depuis 1866, et à toutes les
guerres depuis un demi-siècle. Qu'ont-ils
trouvé? Précisément'le contraire de la scien
ce : l'emploi des masses. Tout leur art mili
taire est là. L'emploi des masses a pris en
défaut les prévisions de l'administration im
périale. Mais l'emploi des masses n'est pas
une science nouvelle. Ce .moyen avait cessé
d'être bon contre nos armées mobiles, rapi
des, enthousiastes de la révolution. Les
Prussiens l'ont repris et perfectionné « quand
Une communauté ecclésiastique s'était
transportée au mois d'août dernier dans sa
propriété située à Issy, près du séminaire
Saint-Sulpice. Le supérieur de cette commu
nauté, prêtre vénérable qui depuis longues
années consacre sa vie à l'éducation des en
fants, a fait de grands sacrifices pour nos bles
sés. Dès les débuts du siège, il s'est empressé
d'offrir gratuitement pour servir d'ambu
lances la propriété qu'il occupait l'an der
nier à Auteuil et dont il avait encore la jouis
sance pour quelques temps; déjà au commen
cement de la guerre, il avait mis à la dispo
sition du maire de la commune une autre
maison de campagne qu'il possédait près de
Saint-Dizier (Haute-Marne), et dans laquelle
il était facile d'installer nos blessés, puis
qu'elle était organisée pour un pensionnat de
jeunes gens. De plus, tous les lits de la mai
son d'Issy furent envoyés à ua des nombreux
curés de Paris qui ont fondé chez eux des
ambulances paroissiales.
Le digne supérieur croyait avoir largement
payé sa dette à la patrie; nos gardes natio
naux en ont jugé autrement. Vendredi der
nier, tandis que ce vénérable ecclésiastique
était à Paris où il réunissait tous les jours,
comme externes, et où il continue à instruire
les enfants qu'il ne peut pas en ce moment
recevoir comme pensionnaires à Issy, on
vient annoncer au portier que la maison est
requise et qu'une heure après, 500 hommes
de la garde nationale y seront installés ; en
vain, le portier demanda-t-il qu'on attendit
l'arrivée de son maître et des autres profes
seurs, il reçoit pour toute réponse que, la
décision étant prise, il n'y avait aucune ob
jection à faire. Une heure après, 500 hommes
du 101 e bataillon prenaient possession de la
propriété. Quelle ne fut pas la surprise du
supérieur en rentrant le soir dé trouver sa
maison envahie sans avis préalable !
Néanmoins, toujours bienveillant et doux,
il fit le meilleur accueil à ceux qu'il regar
dait comme les défenseurs de l'ordre public
et de la patrie, il leur fit ses excuses de ne
pouvoir pas leur donner des lits à tous, il alla
même jusqu'à leur offrir tout ce qui lui res
tait dans la maison, espérant qu'ils en use
raient honnêtement, mais bientôt il assistait
à la scène la plus pénible. Sous ces yeux, le
jardin fut ravagé, tout le bois de la maison
brûlé, des meubles brisés pour entretenir le
Un vieux numéro du Times (4 no
vembre), traduit par le'' National, con
tient une correspondance de Florence
dont voici le principal passage :
Les événements ont hâté la décision du
cabinet italien à l'égard de Rome. Au milieu
de ses délibérations est arrivée une adresse,
signée par la majorité des habitants de Vi-
terbe, Velletri, Frosinone et autres cités ro
maines, demandant à Victor-Emmanuel
d'occuper et d'annexer toute la province pa-
paline. En même temps, la gauche de la
chambre et la partie avancée de la popula
tion des villes italiennes ont fait des démons
trations dans le même sens. Si bien que, sans
attendre l'issue des négociations entreprises avec
le gouvernement provisoire de Paris, pour l'a
brogation de la convention de septembre 1864,
on a résolu d'occuper militairement les villes
romaines qui en avaient fait la demande.
La comédie des adresses annexionis-
tes était connue, mais on ignorait que
le cabinet de Florence avait occupé
Rome sans attendre l'issue des négocia
tions commencées avec le nouveau
gouvernement français, c'est-à-dire en
joignant une nouvelle insulte à la vio
lation de la convention de septembre.
Question d'Orient.
On lit dans le Peuple français :
On nous assure que la réunion d'une con
férence pour l'examen des questions soule
vées par les réclamations de la Russie contre
le traité du 31 mars 1856 est aujourd'hui dé
cidée.
La Russie a accepté ; l'Angleterre, l'Autri
che, l'Italie et la Prusse adhèrent également.
L'ambassadeur d'Angleterre a invité la
France à s'y faire représenter, et le gouver
nement de la défense, consulté par la" déléga
tion de Tours, a accepté la proposition.
On ne sait encore quel sera le lieu de la
réunion; on ne connaît pas davantage le pro
gramme de la conférence qui pourrait bien
ne pas se restreindre à la question d'Orient.
Nous savons maintenant par les
journaux étrangers que ce projet de
congrès auquel on croyait peu d'a
bord, faute de nouvelles sûres, est sé
rieux. Des journaux étrangers, parve-
venus à Paris, donnent à ce sujet des
renseignements que nous reprodui
rons.
nouvelles de la province
On communique au Temps un fragment de
journal allemand dont le titre est absent,
mais que le Temps suppose devoir être de la
même date que la Gazette de la Croix, dont le
Journal officiel a publié des extraits.
l'évacuation d'orléans.
Le secrétaire général au ministre de l'intérieur
(M. Gambetta) (1).
L'ennemi a occupé Orléans le 4 à minuit.
On dit que les Prussiens, qui sont entrés
presque sans munitions, n'ont presque pas
fait de prisonniers. A l'instant môme, des dé
pêches des différents camps annoncent que la
retraite s'effectue en bon ordre. On est sans
nouvelles du général d'Aurelle, qui n'a rien
envoyé au gouvernement.
Tours, le 5 décembre (officiel). — Après
divers engagements dans les journées du 2
et du 3, qui avaient causé de grands dom-
'mages à l'ennemi, mais qui avaient en mê
me temps retardé la marche en avant de
l'arméède la Loire, la situation de cette ar
mée parut tout à coup inquiétante au géné
ral d'Aurelle. Dans la nuit du 3 décembre,
le général annonça la nécessité d'éyacuer
Orléans et d'effectuer une retraite sur la rive
gauche de la Loire. Il lui restait cependant
une armée de plus de 200,000 hommes, avec
500 canons et des pièces de la marine dans le
camp retranché.
Ces circonstances exceptionnellement favo
rables semblaient devoir permettre une dé
fense qu6, dans tous les cas, le simple devoir
du soldat eût commandé de tenter. Le géné
ral d'Aurelle n'en persista pas moins dans
son projet de retraite, en alléguant que, se
trouvant sur les lieux, il pouvait, mieux que
tout autre, juger la situation telle qu'elle
était. D'après une résolution unanime prise
en conseil à quatre heures et demie, le gou
vernement envoya le télégramme suivant au
commandant de l'armée de la Loire :
L'opinion du gouvernement est qu'il faut
tenir Orléans, prendre position auprès des
retranchements, et ne pas s'éloigner de Pa
ris. Mais puisque vous prétendez que la re
traite est nécessaire, le gouvernement vous
laisse libre d'effectuer la retraite dont vous
alléguez la nécessité, et que vous dites pou
voir seule préserver la défense nationale de
malheurs plus grands que ne le serait l'éva-
cuation^d'Orléans. En conséquence, je retire
mon ordre d'une concentration prompte et
active à Orléans et dans le cercle de vos tra
vaux de défense. Donnez les instructions né
cessaires à tous les généraux placés sous vo
tre commandement.
Un arrêté nomme les membres de la com
mission chargée de la répartition des houilles
et cokes réquisitlbnnés en vertu du décret du
10 décembre..
On lit dans l'Electeur libre :
Le bruit a couru dans la journée d'hier de
l'arrivée d'un nouveau pigeon, et certains
journaux ont même annoncé le soir qu'une
dépêche était parvenue au ministère des af
faires étrangères.
Nous croyons que nos confrères sont dans
l'erreur, et qu'il n'est arrivé hier aucun pi
geon, ni, par qonséquent, aucune dépêche.
Nous savons, nous, d'un témoin ocu
laire, qu'un pigeon arrivé hier dans
l'après-midi a été apporté vers cinq
heures et demie au palais du gouver
neur.
La note du Journal officiel de ce ma
tin n'est probablement que le commen
taire de la dépêche de province.
Le Journal des Débats dit que l'instruction
dirigée contre M. Gustave Flourens, à raison
des faits qui se sont produits le 3i octobre à
l'Hôtel de ville se continue simultanément
avec l'information prescrite par le général
commandant supérieur des gardes nationales
à l'occasion de ce qui s'est passé à Gréteil
dans des compagnies du bataillon de Belle-
ville.
Le capitaine rapporteur près le 2° secteur,
M. Philbert, s'est transporté à Mazas. Con
trairement à l'attitude qu'il a cru devoir
garder vis-à-vis de M. Quérenet, lorsque ce
v.l. r a--- instructeur voulut l'-iaterrogar à'ia
rnfie mês dispositions. Je dirige le Conciergerie le lendemain de son arrestation,
7 e corps sur Orléans ; j appelle le Gustave Flourens a, dit-on, consenti à
fournir d'assez longues explications au capi
taine rapporteur Philbert.
On pense que l'information concernant les
faits de Créteil sera prochainement close, et
que, vers la fin de la semaine, un certain
nombre de gardes nationaux du bataillon de
Belleville pourront déjà comparaître devant
le conseil de guerre du 2 e sècteur.
Signé : Gambetta, Crémieux, Glais-
Bizoin, Fourichon.
Cette dépêche fut expédiée à onze heures.
Pendant ce temps, le général d'Aurelle écri
vait d'Orléans :
« Je modifie
16 e et le 17
18 e et le 20 e , et j'organise la résistance, je
suis à mon poste à Orléans.
« d'Aurelle. »
Ce plan de concentration était celui que le
ministre de la guerre avait conseillé et pres
crit depuis vingt-quatre heures. A une heure
et demie le ministre de la guerre partit en
train express pour Orléans, afin de s'assurer
que le plan de concentration s'effectuait. A
quatre heures et demie, le train fut arrêté
devant le village de La Chapelle, parce que
la gare était occupée par les Prussiens, ce
qui ne permit pas de continuer le voyage. En
même temps, on entendait une canonnade
lointaine, qui fit conjecturer qu'on se battait
devant Orléans. Le ministre de la guerre re
broussa chemin jusqu'à Beaugency, afin d'y
prendre une voiture pour Ecouis, dans la
pensée que la bataille sous Orléans continue
rait. A Beaugency, il ne put pas avoir de
nouvelles. Ce n'est qu'à neuf heures du soir
que la dépêche suivante fut envoyée de Blois
à Tours.
»
n Depuis midi, je n'ai pas reçu de dépêche
d'Orléans, mais je reçois à l'instant une dé
pêche de l'inspecteur, qui m'informe qu'on a
a tiré sur votre train •&. La Chapelle. Je re
çois un autre télégramme du'général d'Au
relle, qui dit : « J'avais espéré jusqu'au der-
« nier moment pouvoir éviter l'évacuation
n d'Orléans, mais tous les efforts ont été
« vains. La ville sera évacuée cette nuit.
« Pas d'autres nouvelles.
« Freyssinet. »
Des ordres furent immédiatement expédiés
de Blois relativement à cette fatale résolu
tion. Le ministre, qui ne retourna à Tours
qu'à trois heures du matin, y trouva la dépê
che suivante, que le public appréciera. (Il
s'agit d'une dépêche du général de Pallières,
que le journal allemand dit avoir déjà pu
bliée, et qu'il ne reproduitpas.)
(1) Gomme on le verra dans la pièce suivante,
M. Gambetta était alors absent de Tours.
Par suite d'une erreur, la conclu
sion de la dépêche de M. Chaudordy
n'a pas été mise hier; la voici :
Tels sont les faits. La responsabilité en
pèse tout entière sur le gouvernement prus
sien. Rien ne les a provoqués et aucun d'eux
ne porte la marque de ces violences désor
données auxquelles cèdent parfois les armées
en campagne. Il faut qu'on le sache bien, ils
sont le résultat d'un système réfléchi dont
les états-majors ont poursuivi l'application
avec une rigueur scientifique. Ces arresta
tions arbitraires ont été décrétées au quartier
général, ces cruautés résolues comme un
moyen d'intimidation, ces réquisitions étu
diées d'avance, ces incendies allumés froide
ment avec des ingrédients chimiques soigneu
sement apportés, ces bombardements contre
des habitants inoffensifs ordonnés. Tout a
donc été voulu et prémédité. C'est le carac
tère propre aux horreurs qui font de cette
guerre la honte de notre siècle.
La Prusse a non-seulement méconnu les
lois les plus sacrées de l'humanité, elle a
manqué à ses engagements personnels. Elle
s'honorait de mener un peuple en armes à
une guerre nationale. Elle prenait le monde
civilisé à témoin de son bon droit ! Elle con
duit maintenant à une guerre d'extermina
tion ses troupes transformées en hordes de
pillards; elle n'a profité de la civilisation mo
derne que pour perfectionner l'art de la des
truction. Et comme conséquence de cette
campagne, elle annonce à l'Europe l'anéan
tissement de Paris, da ses monuments, de
ses trésors et la vaste .curée à laquelle elle a
convié l'Allemagne.
Voilà, monsieur, ce que je désire que vous
sachiez. Nous ne parlons ici qu'à la suite
d'enquêtes irrécusables ; s'il faut produire des
exemples, ils ne nous manqueront pas, et
vous en pourrez juger- par les documents
joints à cette circulaire. Vous entretiendrez
de ces faits les membres du gouvernement
auprès duquel vous êtes accrédité.
Ces appréciations ne sont pas destinées à
eux seuls et vous pourrez les présenter libre
ment à tous. Il est utile qu'au moment où
s'accomplissent de pareils actes chacun puisse
prendre la responsabilité de sa conduite,
aussi bien les gouvernements qui Ôoivent
La dernière livraison des Papiers et
correspondances trouvés aux Tuileries
contient la rectification suivante :
Nous avons dit qu'une note sur l'annexion
de la Belgique par la France était de la main
de M. Conti, chef du cabinet de l'ex-empe-
reur. Nous nous étions trompés ; et, après un
nouvel et minutieux examen, nous reconnais
sons notre erreur.
Recevez, etc.
Pour le ministre des affaires étrangères,
Le délégué :
Chmjdordy.
Le Journal Officiel publie plusieurs décrets
nommant des chevaliers dans l'ordre national
de la Légion d'honneur et d'autres conférant
la uiéJaille militaire.
Voici la liste des nominations an
noncées dans le journal d'hier :
PREMIÈRE ARMÉE.
garde nationale de la seine.
Roger (du Nord), lieulctianl-coîaut-l d'état-
major de la garde nan'onalè. — A donné,
dans les journées du 29 et du 30 novem
bre, les plus beaux exemples d'activité et
• de dévouement.
116° bataillon.
Langlois , chef de bataillon. — A fait preu
ve de courage et de résolution dans la mise
en état de défense de la Gire-aux-Bœufs,
enlevée à l'ennemi le 29 novembre, en
avant de Choisy-le-Roi.
De Suzainnecourt , capitaine de !a 2 e com
pagnie, — Remarqué pour son intrépi
dité à la prise de la Gare au-Bœufs, le 29
novembre, en avant de Choisy-le-Roi.
Frédault , garde.— S'est brillamment con
duit à l'attaque de la Gare-aux-Bœufs,
le 29 novembre, en avant de Choisy-le-
Roi.
Compagnie des tirailleurs éclaireurs.
Bayart de la Vingtrie , éclaireur.—Mor
tellement blessé dans une reconnaissance
à Saint-Cloud, pendant laquelle il avait
lait preuve d'une ardeur et d'un dévoue
ment remarquables.
DEUXIÈME ARMÉE
état-major
Baron Renault , généra! de division com
mandant le 2 e corps de la 2 e armée. —
Blessé mortellement le 30 novembre en
conduisant ses troupes à l'attague du pla
teau de Viliiers. Djyen des divisionnaires
de l'armée française, le général Renault,
dans une carrière marquée par des actes
d'une éclatante bravoure, avait conquis
)a plus haute et la plus légitime réputa
tion.
De la Charrière , général de b rigide, com
mandant la l rc brigade de la l re division
du 2° corps. — Blessé mortellement à l'at
taque de Montmesly. à la tête de sa bri-'
gade. Le général de la Charrière, appelé
par son âge dans le cadre de réserve, après
une carrière aussi laborieuse qu'honorable,
avait sollicité avec l'insistance la plus pa
triotique un rôle actif devant l'ennemi.
De la Mariouse , général de brigade, com
mandant la 2° brigade de la division de
réserve. — A donné une excellente impul
sion à sa brigade, qui a fait vaillamment
. son devoir. Toujours au plus lort de l'ac-
' tion pendant les journées du 30 novembre
et du 2 décembre. •
Boudet (Pierre-Anloine-Bruno), lieutenant-
colonel d'état-mnjor, chef dVtu!-major de
la division de réserve. — Mérite les plus
grands éloges pour le calme, la vigueur
et la haute intelligence dont il a donné de
nouvelles preuves sous le feu nourri de
l'ennemi, dans les journées des 30 novem
bre, 1 er et 2 décembre.
Vosseur , chef d'escadron d'état-maior, à
l'état-major général. — A chargé en tête
des tirailleurs, les entraînant par son
exemple contre les Prussiens qu\ débou
chaient du parc de Viliiers.
Franchetti , commandant l'escadron des
■ éclaireurs à cheval du quartier général.
— Blessé mortellement à l'attaque du pla
teau de Viliiers. Le commandant Fran
chetti, organisateur du corps des éclai-
reurc à cheval, avait rendu depuis l'inves
tissement des services de premier ordre;
il, laisse à sa troupe, avec son nom, des
traditions d'honneur et de dévouement.
De Néverlée , capitaine de cavalerie, offi
cier d'ordonnance du général Ducrot, com-
N* 1322. — ffittirten qaoiîriienru»
Mercredi 21 Décembre i S 70
- PARIS
Un an 5S fr.
Six mois 30
Trois mois 46
Le numéro : 15 centimes.
BUREAUX
Paris, 10, rue des Saints-Pères.
On s 'abonne, à Rome, au bureau de la Civîltà cattolica,
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Wnivers ne répond pas des manuscrits qui lai sont adressée.
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HK. Cb. LACRANCE, CÏRF et .C'®, 6, place de la Bonne.
Imp. Ad. Liûm», r«e «les Saints-P^res. 1
Pendant la durée du siège,
VUNIVERS se vendra dix cen
times le numéro.
On pourra provisoirement
prendre des abonnements d'un
mois : trois francs
PARIS,
On lit dans le Journal officiel :
Plusieurs journaux reprochent au gouver
nement de suivre une politique«ndécise et de
compromettre la défense par ses hésitations.
Ils l'accusent aussi de ne pas mettre le public
incessamment au courant de ses espérances
et de ses moyens d'action, et de garder quel
quefois pour lui les dépêches qui lui parvien
nent.
Le gouvernement n'a pas la prétention de
faire toujours ce qui serait jugé le meilleur
par chacun de ceux qui ont le droit et le de
voir de contrôler ses actes. S'il voulait réa
liser cet idéal, il serait forcé de faire à la
fois "plusieurs choses contradictoires. Ce
à quoi il s'efforce c'est d'accomplir sans
arrière-pensée la lourde tâche qui pèse sur
lui, et, sur ce point, son programme est sim
pie ^combattre l'invasion étrangère jusqu'à
ce-^âm t'ait repoussée par la force ou par .un
arrangement honorable.
Ce programme, par lui formulé dès les
premiers jours, n'a pas cessé, ne cessera pas
d'être le sien. Paris fût-il seul à résister, le
devoir continuerait à l'imposer. Mais, grâce
à Dieu f malgré ses fortunes diverses, l'effort
de la province s'unit au nôtre et se prononce
chaque jour davantage. Là aussi, aux ruines
de l'empire la république a fait succéder des
armées improvisées qui s'affirment par leur
héroïsme. Dans la douloureuse situation où
nous sommes, nous ne pouvons retracer l'his
toire glorieuse de leurs combats de chaque
jour sur tous les points du territoire. L'im
perfection de nos communications ne nous
permet de recueillir que des renseignements
incomplets, et nos Concitoyens voudront bien
ne pas exiger de nous des détails qui ne nous
parviennent pas.
Quand nous recevons des dépêches, nous
ne gardons pour nous que les appréciations
confidentielles ; nous avons toujours publié,
et nous publierons toujours les faits qu'elles
renferment. Da ces faits constants, il résulte
pour tout esprit impartial que la nation ac
cepte résolument la lutte et qu'elle ne se lais
sera pas dominer par l'étranger. Qui aurait
pu croire,, il y a quelques semaines, que nos
jeunes recrues de la Loire arrêteraient, par
dix jours de combats, les bandes victorieuses
de Frédéric-Charles, du prince de Meklem-
bourg et du prince royal de Saxe? Non-seu
lement elles les ont tenues en échec, mais
elles les ont fait reculer en leur infligeant des
pertes considérables. .
Elles forment une armée intacte prête à
donner la main à Briant vers l'ouest, à Bour-
baki au sud, alors que le général Paidherbe,
dont chacun sait la distinction et le courage,
opère du côté du Nord. Telle est notre situa
tion résumée en quelques mots. Nous ne dis
simulons ni sa gravité ni ses périls, mais nous
disons qu'elle est simple, et qu'elle nous im
pose l'obligation de tenir et de combattre.
Depuis trois mois Paris accepte les plus dures
souffrances, et sa constance grandit avec l'é
preuve. U sait qu'il peut souffrir davantage, I
et repousse avec horreur l'idée d'une capitu
lation, que la crainte dj cette aggravation lui
arracherait.
Le gouvernement n'a d'autre mérite que
de s'associer à ce sentiment et de se faire
l'exécuteur de cette volonté. Il est résolu à
y mettre toute son énergie, et il ne demande
d'autre récompense que de n'être pas indigne
du dévouement civique de ceux qui lui ont
donné leur confiance. Il combattra avec eux,
et, il en a le ferme espoir, avec eux et par
eux, il vaincra. L'ennemi qu'il s'agit de re
pousser est puissant ; mais quelle que soit sa
> force, elle est moins grande que celle de la
nation française ; et quand Paris, quand le
gouvernement de la défense nationale annon
cent leur inébranlable dessein de combattre
et de vaincre, ils peuvent affirmer, sans
craindre de se tromper, qu'ils ont pour eux
"la France tout entière, et qu'avec la garde
nationale, la garde mobile et l'armée ils réus
siront dans leur sainte entreprise.
La note du Journal officiel nous donne
de ces bonnes raisons sur lesquelles il
n'y a rien à dire et qui pourraient aussi
opportunément n'être pas données. La
situation est difficile, les hommes ont
fait ce qu'ils ont pu. Cela est connu et
admis de tout le monde. Personne ne
doute de la bonne volonté des hom
mes, personne n'ignore que ce qu'ils
ont pu n'a pas été brillant. Le génie
a manqué.
C'est un grand sujet de regret, ce ne
serait pas tout à fait un légitime sujet
de reproche. Nul n'est tenu d'avoir du
génie, pas même lorsque l'on s'est
proposé pour faire en ce genre des
miracles. Il y a des époques où tout le
monde est persuade de posséder le
plus grand mérite et s'offre à jouer
triomphalement avec l'impossible, le
véritable, l'unique impossible étant
de ne pas triompher. M. le maréchal
Le Bœuf a eu cette conviction là, qui
était l'idée de l'empire. Dans le mo
ment que M. le maréchal Le Bœuf
voyait fuir son illusion, les illustres
députés de Paris, MM. Favre, Crémieux,
Glais-Bizoin, Ferry, etc., se sentaient
absolument capables de rétablir les
affaires et les prenaient en main très
gaillardement comme on l'a vu, atten
du qu'il est impossible que la républi
que ne triomphe pas, surtout conduite
par MM. Ferry, Crémieux, Glais-Bizoin,
Favre, etc., lesquels sont l'amour des
peuples et l'espérance du monde.
Le Journal officiel en est encore
persuadé. Il nous le dit, selon sa
fonction qui est de nous le dire jus
qu'au dernier jour et jusqu'à la der
nière minute. Merveilles à Paris, nous
en sommes tous témoins ; merveilles
en province, les pigeons 1 attestent :
« Là aussi, aux raines de 1 empire, la
république a fait succéder des armees
improvisées qui s'affirment (?) par leur
héroïsme.:» ... , ..., .
* Il faut -«voir beaucoup- de pitié et
beaucoup de clémence pour les épo
ques où tout le monde est plein de
génie, où les officines d'avocat, les
coulisses des théâtres, les boutiques
de libraires, les bureaux de rédaction
les cafés et les cantines regorgent
-d'hommes universels, tous égale
ment certains dé sauver le pays
moyennant quelque petit appointe-
ment. En fait de génie militai
re, que peuvent à bon droit se re
procher le ministre impérial Le Bœul
et le ministre républicain Gambetta, et
dans toutes les autres branches du ge-
nie de gouvernement tous I ôs autres nn-
nistres impériaux et tous les autres
ministres républicains, et des deux
côtés, ces couches remuantes que
l'on appelle le peuple politique?
Depuis un demi-siècle, le genre hu
main politique n'est guère que le
même faquin ou le même sot tire a
plusieurs milliers d'exemplaires. La
pauvre espèce humaine gémit sous ce
mille-pattes qui l'avilit et la gruge.
Elle attend un homme qui tire 1 epee
pour faire enfin ce qui est la seule
vraie gloire de l'epée ■ obéir à la vé
rité, déchirer l'erreur. _
Il est certain cependant, comme du
l'Officiel, que rien n'est j»erdu. La rai
son qui fait que rien n'est perdu, 1 Of
ficiel ne la dit pas et ne la connaît pas.
Rien n'est perdu parce que les événe
ments, à l'insu et contre la volonté de
ceux qui les brassent ou plutôt les tri
potent, forment tout à la fois et l'hom
me que le véritable peuple attend,^ et
le peuple dont cet homme aura besoin.
Dans ce siècle de machines, les évé
nements sont comme les rouages in
conscients d'un mécanisme immense
et mystérieux. L'ingénieur se cache
On ne saura son nom que lorsqu on
verra son ouvrage, et alors l'acclama
tion de l'humanité saluera Celui qui
fait les mondes.
Oserons-nous dire que tout ce qui se
passe depuis cent ans est ce que l'on
appelle vulgairement .une lessive? Et
pourquoi ne le dirions-nous pas? L œu
vre est assez forte pour élever le mot a
sa hauteur. Une telle lessive vaut bien
une création. Mille souillures quv ap
paraissent à la surface de la formida
ble cuve, sont des parcelles immondes
qui se détachent. Cette écume sera
enlevée. En ce mornent elle couvre
tout, mais déjà elle ne tient plus à ri en ;
et ce qui sortira de la cuve en sera tire
autre qu'il n'y fut mis, c est-a-dire net
toyé, pur, salubre, préparé pour de
nobles usages. .
Il y a comme une mystérieuse at
tente de ce bienfait dans cette pa
tience réelle et invincible avec laquelle
la France supporte et même bé
nit les douleurs de l'opération.
Elle veut être lavée, elle veut re
naître, elle veut resplendir, et elle a
foi dans le succès de la « sainte entre-,
prise » sans avoir aucune foi dans
les hommes qui en ont la con
duite, lesquels, en vérité, ne sont pas
dignes, et en -réalité, ne conduisent
Sainte entreprise: c'est le Jourual of
ficiel lui-même qui écrit ce mot étran
ge dans ses colonnes. Comme il est
vrai ! Et comme il ne le sait pas T»
On escompte lihistoire, on se décer
ne des couronnes dont il ne sera plus
guère question au jour du véritable
jugement. Qui a fait ce qui se fait?
C'est un mouvement d'instinct et de
multitude, dont nul ne peut discerner
les causes. Presque partout la digue
et le flot se sont également trompes.
Les accoucheurs de la République
croyaient mettre au monde la paix.
La plupart de ceux qui hurlaient le cri
de guerre ne voulaient point se battre.
Les murailles de Paris seraient tom
bées d'elles-mêmes s'il leur avaient ete
dit qu'elles tiendraient si longtemps.
Jamais Dieu n'a davantage montre
l'obstination de ses miséricordes sur
la France. ™
Depuis cent ans, 1 histoire des Fran
çais n'est pas glorieuse, celle de la
France l'est infiniment. Quelle autre
nation soumise à de tels guides, ren
versée par tant de surprises et de sé
ductions contraires de la gloire, de la
prospérité, de l'esprit, de l'orgueil et
de la honte, aurait pu esperer den
sortir, comme le monde en aura le
spectacle, avec toute sa foi, tout son
bon sens et toute sa vertu! Mais ceux
qui s'attribuent ici quelque chose, qui
pensent que laFrancelsubit ce combat
pour consérver les présents qu ils lui
ont fait et demeurer dans le cul-de-sac |
où ils encensent leur propre et imbé
cile idole, ceux-là ne connaissent ni la
France, ni eux-memes, et n ont pas le
pressentiment de l'avenir vers lequel
s'élanceront nos drapeaux purifies.
Louis V euillot.
« ils nous ont vus croire à la paix, nous oc-
« cuper uniquement de la paix, réduire d'an-
« née en année nos contingents. » Mais ils
ne l'ont pas appliqué avec l'effet foudroyant
qu'il aurait eu entre nos mains. Nous luttons
aujourd'hui avec des recrues et des mobiles
.et presque sans chefs; ét la science prussien
ne, guidant un v mîffiuîr 'réussi encore à.un coup décisif comme ceux
qui ont terminé nos grandes campagnes.
Il est curieux de voir le Siècle attri
buer uniquement à l'administration
impériale les causes de notre infério
rité militaire.
Mais qui donc a applaudi au triom
phe et à l'agrandissement de la Prusse
en 1866? Qui a toujours préconisé sys
tématiquement la paix au détriment
des intérêts du pays? Qui a fait réduire
d'année en année nos contingents?
Qui a constamment cherché, dans la
loi du contingent, un moyen populaire
d'opposition au régime impérial? Qui
n'a cessé de harceler nos différents
ministres de la guerre pour de ridi
cules questions de boutons dé guêtre
et de plumets? Qui a entravé l'œuvre
de réorganisation militaire entreprise
par le maréchal Niel, le seul ministre
capable de la mener à bonne fin,
Thomme qui avait compris la guerre
avec la Prusse?
N'est-ce pas le Siècle et son parti? Ne
sont-ce pas ses patrons, ses amis,
ses clients? On les pourrait tous nom
mer.
^..Jla^Qarnal qjji a.j>jj l'im puden ce ou „
la sottise de se faiïe l'allié de laPrïïssë r
en 1866 n'a rien à dire aujourd'hui, rien
à reprocher à personne, pas même à
M. Rouher, pas même &. Napoléon.
fflii, des armoiree enfoncées ; enfin, la maison
fut mise au pillage en présence du proprié
taire. Ne pouvant arrêter des hommes qui
v enaient de recevoir leur solde, et qui s'étaient
empressés de la dépenser à s'enivrer, le supé
rieur se retira avec quelques-uns de ses élè-
dans les deux chambres qu'on lui avait
laissée» comme par,grâce.
La nuit fut tumultueuses, rien ne fut res
pecté, pas même la chapelle. Une quinzaine
de gardes nationaux ivres s'emparant des
ornements sacrés ne trouvèrent pas d'amuse
ment plus dignes des défenseurs delà France
catholique qu'une parodie sacrilège des céré
monies et des processions de l'Eglise. Lema-
tin en entrant à la chapelle, monsieur le su
périeur trouva le plus grand désordre ; la sa
cristie était forcée, les serrures des ar
moires brisées, les ornements jetés ça et là,
les hosties non consacrées dispersées, le ta
bernacle ouvert (heureusement le saint sacre
ment n'était pas dans le tabernacle, et les
vases sacrés ne se trouvaient pas à la sacris
tie).
Il ne faudrait pas faire retomber la respon
sabilité de ces scandales sur tous les gardes
nationaux du 101 e , un grand nombre d'entre
eux désavouaient leurs camarades, plusieurs
crurent devoir faire des excuses au supérieur
de la maison, le commandant de bataillon,
qui logeait au château d'Issy, déplore la con
duite de ses hommes, il s'est empressé de
faire aussi des excuses pour ses subordonnés,
lorsqu'il a eu connaissance de tous ces désor
dres. Malheureusement, ce n'est pas la pre
mière fois que nos églises sont profanées au
tour de Paris. Il serait temps que de pareils
abus ne fussent plus tolérés.
Le Siècle détache une phrase de
l'article de Ylfnivers, intitulé : Au
roi de Prusse, et en conclut que nous
glorifions les actes du roi Guillaume;
que piller, voler, assassiner, nous paraît
une grande mission ; il ajoute que cette
morale catholique n'est pas son cas.
Le rédacteur en chef du Siècle, M.
Louis Jourdan, a toujours eu l'enten
dement dur. Néanmoins, il est impos
sible qu'il ait pu se méprendre à ce
point sur l'article qu'il falsifie avec
tant d'impudence, et nous espérons
qu'il croyait davantage autrefois^ a\ix
promesses de son Journal des action
naires qu'il ne croit à son analyse d'au
jourd'hui.
Quel honneur croit-il faire à sa
plume, et quel avantage croit-il procu
rer à sa cause, par d'aussi niaises dé
loyautés !
Nous l'invitons à réparer cette agres
sion prussienne, c'esfcài4we en dehors
du droit des gens. Nous ne voudrions
pas être réduits à ne voir en lui qu'un
de ces gardes nationaux qui montrënt
beaucoup plus de valeur en pillant le
concitoyen qu'en combattant l'ennemi.
Eugène Veuillot. -
La note suivante nous est commu
niquée par un de nos amis, elle mon
tre que certaines compagnies de guerre
de la garde nationale tiennent à re
nouveler les scandales dont quelques
bataillons de mobiles de la Seine s'é
taient rendus coupables au commen
cement du siège. Nous espérons que le
gouvernement fera respecter la pro
priété et que M. Clément Thomas, dont
on a déjà justement loué le courage,
saura réprimer-les faits que nous
signalons : Il faut que les gredins qui
se permettent de tels attentats soient
punis. Supporter cette scélératesse
sauvage, c'est en devenir complice et
en accepter le deshonneur.
Louis Veuillot.
*-■ M.' Cadet, directeur, sous la tutelle de
M. Mottu, des ambulances du XI e ar
rondissement vient de rendre un ar
rêté que nous reproduirons demain.
Nous verrons si cet acte d'une im
piété cynique et- d'une illégalité abso
lue, pourra faire.sortir M. Jules Ferry,
préfet de la Seine, et M. Jules Favre,
ministre de l'intérieur, du silence où
ils s'enferment au sujet des persécu
tions que des fonctionnaires athées leurs
subalternes, dirigent contre les soldats
chrétiens envoyés dans les ambulances
municipales.
Nouvelles de Rome.
On lit dans le Siècle :
Les Prussiens se sont préparés à la guerre
contre la France depuis 1866, et à toutes les
guerres depuis un demi-siècle. Qu'ont-ils
trouvé? Précisément'le contraire de la scien
ce : l'emploi des masses. Tout leur art mili
taire est là. L'emploi des masses a pris en
défaut les prévisions de l'administration im
périale. Mais l'emploi des masses n'est pas
une science nouvelle. Ce .moyen avait cessé
d'être bon contre nos armées mobiles, rapi
des, enthousiastes de la révolution. Les
Prussiens l'ont repris et perfectionné « quand
Une communauté ecclésiastique s'était
transportée au mois d'août dernier dans sa
propriété située à Issy, près du séminaire
Saint-Sulpice. Le supérieur de cette commu
nauté, prêtre vénérable qui depuis longues
années consacre sa vie à l'éducation des en
fants, a fait de grands sacrifices pour nos bles
sés. Dès les débuts du siège, il s'est empressé
d'offrir gratuitement pour servir d'ambu
lances la propriété qu'il occupait l'an der
nier à Auteuil et dont il avait encore la jouis
sance pour quelques temps; déjà au commen
cement de la guerre, il avait mis à la dispo
sition du maire de la commune une autre
maison de campagne qu'il possédait près de
Saint-Dizier (Haute-Marne), et dans laquelle
il était facile d'installer nos blessés, puis
qu'elle était organisée pour un pensionnat de
jeunes gens. De plus, tous les lits de la mai
son d'Issy furent envoyés à ua des nombreux
curés de Paris qui ont fondé chez eux des
ambulances paroissiales.
Le digne supérieur croyait avoir largement
payé sa dette à la patrie; nos gardes natio
naux en ont jugé autrement. Vendredi der
nier, tandis que ce vénérable ecclésiastique
était à Paris où il réunissait tous les jours,
comme externes, et où il continue à instruire
les enfants qu'il ne peut pas en ce moment
recevoir comme pensionnaires à Issy, on
vient annoncer au portier que la maison est
requise et qu'une heure après, 500 hommes
de la garde nationale y seront installés ; en
vain, le portier demanda-t-il qu'on attendit
l'arrivée de son maître et des autres profes
seurs, il reçoit pour toute réponse que, la
décision étant prise, il n'y avait aucune ob
jection à faire. Une heure après, 500 hommes
du 101 e bataillon prenaient possession de la
propriété. Quelle ne fut pas la surprise du
supérieur en rentrant le soir dé trouver sa
maison envahie sans avis préalable !
Néanmoins, toujours bienveillant et doux,
il fit le meilleur accueil à ceux qu'il regar
dait comme les défenseurs de l'ordre public
et de la patrie, il leur fit ses excuses de ne
pouvoir pas leur donner des lits à tous, il alla
même jusqu'à leur offrir tout ce qui lui res
tait dans la maison, espérant qu'ils en use
raient honnêtement, mais bientôt il assistait
à la scène la plus pénible. Sous ces yeux, le
jardin fut ravagé, tout le bois de la maison
brûlé, des meubles brisés pour entretenir le
Un vieux numéro du Times (4 no
vembre), traduit par le'' National, con
tient une correspondance de Florence
dont voici le principal passage :
Les événements ont hâté la décision du
cabinet italien à l'égard de Rome. Au milieu
de ses délibérations est arrivée une adresse,
signée par la majorité des habitants de Vi-
terbe, Velletri, Frosinone et autres cités ro
maines, demandant à Victor-Emmanuel
d'occuper et d'annexer toute la province pa-
paline. En même temps, la gauche de la
chambre et la partie avancée de la popula
tion des villes italiennes ont fait des démons
trations dans le même sens. Si bien que, sans
attendre l'issue des négociations entreprises avec
le gouvernement provisoire de Paris, pour l'a
brogation de la convention de septembre 1864,
on a résolu d'occuper militairement les villes
romaines qui en avaient fait la demande.
La comédie des adresses annexionis-
tes était connue, mais on ignorait que
le cabinet de Florence avait occupé
Rome sans attendre l'issue des négocia
tions commencées avec le nouveau
gouvernement français, c'est-à-dire en
joignant une nouvelle insulte à la vio
lation de la convention de septembre.
Question d'Orient.
On lit dans le Peuple français :
On nous assure que la réunion d'une con
férence pour l'examen des questions soule
vées par les réclamations de la Russie contre
le traité du 31 mars 1856 est aujourd'hui dé
cidée.
La Russie a accepté ; l'Angleterre, l'Autri
che, l'Italie et la Prusse adhèrent également.
L'ambassadeur d'Angleterre a invité la
France à s'y faire représenter, et le gouver
nement de la défense, consulté par la" déléga
tion de Tours, a accepté la proposition.
On ne sait encore quel sera le lieu de la
réunion; on ne connaît pas davantage le pro
gramme de la conférence qui pourrait bien
ne pas se restreindre à la question d'Orient.
Nous savons maintenant par les
journaux étrangers que ce projet de
congrès auquel on croyait peu d'a
bord, faute de nouvelles sûres, est sé
rieux. Des journaux étrangers, parve-
venus à Paris, donnent à ce sujet des
renseignements que nous reprodui
rons.
nouvelles de la province
On communique au Temps un fragment de
journal allemand dont le titre est absent,
mais que le Temps suppose devoir être de la
même date que la Gazette de la Croix, dont le
Journal officiel a publié des extraits.
l'évacuation d'orléans.
Le secrétaire général au ministre de l'intérieur
(M. Gambetta) (1).
L'ennemi a occupé Orléans le 4 à minuit.
On dit que les Prussiens, qui sont entrés
presque sans munitions, n'ont presque pas
fait de prisonniers. A l'instant môme, des dé
pêches des différents camps annoncent que la
retraite s'effectue en bon ordre. On est sans
nouvelles du général d'Aurelle, qui n'a rien
envoyé au gouvernement.
Tours, le 5 décembre (officiel). — Après
divers engagements dans les journées du 2
et du 3, qui avaient causé de grands dom-
'mages à l'ennemi, mais qui avaient en mê
me temps retardé la marche en avant de
l'arméède la Loire, la situation de cette ar
mée parut tout à coup inquiétante au géné
ral d'Aurelle. Dans la nuit du 3 décembre,
le général annonça la nécessité d'éyacuer
Orléans et d'effectuer une retraite sur la rive
gauche de la Loire. Il lui restait cependant
une armée de plus de 200,000 hommes, avec
500 canons et des pièces de la marine dans le
camp retranché.
Ces circonstances exceptionnellement favo
rables semblaient devoir permettre une dé
fense qu6, dans tous les cas, le simple devoir
du soldat eût commandé de tenter. Le géné
ral d'Aurelle n'en persista pas moins dans
son projet de retraite, en alléguant que, se
trouvant sur les lieux, il pouvait, mieux que
tout autre, juger la situation telle qu'elle
était. D'après une résolution unanime prise
en conseil à quatre heures et demie, le gou
vernement envoya le télégramme suivant au
commandant de l'armée de la Loire :
L'opinion du gouvernement est qu'il faut
tenir Orléans, prendre position auprès des
retranchements, et ne pas s'éloigner de Pa
ris. Mais puisque vous prétendez que la re
traite est nécessaire, le gouvernement vous
laisse libre d'effectuer la retraite dont vous
alléguez la nécessité, et que vous dites pou
voir seule préserver la défense nationale de
malheurs plus grands que ne le serait l'éva-
cuation^d'Orléans. En conséquence, je retire
mon ordre d'une concentration prompte et
active à Orléans et dans le cercle de vos tra
vaux de défense. Donnez les instructions né
cessaires à tous les généraux placés sous vo
tre commandement.
Un arrêté nomme les membres de la com
mission chargée de la répartition des houilles
et cokes réquisitlbnnés en vertu du décret du
10 décembre..
On lit dans l'Electeur libre :
Le bruit a couru dans la journée d'hier de
l'arrivée d'un nouveau pigeon, et certains
journaux ont même annoncé le soir qu'une
dépêche était parvenue au ministère des af
faires étrangères.
Nous croyons que nos confrères sont dans
l'erreur, et qu'il n'est arrivé hier aucun pi
geon, ni, par qonséquent, aucune dépêche.
Nous savons, nous, d'un témoin ocu
laire, qu'un pigeon arrivé hier dans
l'après-midi a été apporté vers cinq
heures et demie au palais du gouver
neur.
La note du Journal officiel de ce ma
tin n'est probablement que le commen
taire de la dépêche de province.
Le Journal des Débats dit que l'instruction
dirigée contre M. Gustave Flourens, à raison
des faits qui se sont produits le 3i octobre à
l'Hôtel de ville se continue simultanément
avec l'information prescrite par le général
commandant supérieur des gardes nationales
à l'occasion de ce qui s'est passé à Gréteil
dans des compagnies du bataillon de Belle-
ville.
Le capitaine rapporteur près le 2° secteur,
M. Philbert, s'est transporté à Mazas. Con
trairement à l'attitude qu'il a cru devoir
garder vis-à-vis de M. Quérenet, lorsque ce
v.l. r a--- instructeur voulut l'-iaterrogar à'ia
rnfie mês dispositions. Je dirige le Conciergerie le lendemain de son arrestation,
7 e corps sur Orléans ; j appelle le Gustave Flourens a, dit-on, consenti à
fournir d'assez longues explications au capi
taine rapporteur Philbert.
On pense que l'information concernant les
faits de Créteil sera prochainement close, et
que, vers la fin de la semaine, un certain
nombre de gardes nationaux du bataillon de
Belleville pourront déjà comparaître devant
le conseil de guerre du 2 e sècteur.
Signé : Gambetta, Crémieux, Glais-
Bizoin, Fourichon.
Cette dépêche fut expédiée à onze heures.
Pendant ce temps, le général d'Aurelle écri
vait d'Orléans :
« Je modifie
16 e et le 17
18 e et le 20 e , et j'organise la résistance, je
suis à mon poste à Orléans.
« d'Aurelle. »
Ce plan de concentration était celui que le
ministre de la guerre avait conseillé et pres
crit depuis vingt-quatre heures. A une heure
et demie le ministre de la guerre partit en
train express pour Orléans, afin de s'assurer
que le plan de concentration s'effectuait. A
quatre heures et demie, le train fut arrêté
devant le village de La Chapelle, parce que
la gare était occupée par les Prussiens, ce
qui ne permit pas de continuer le voyage. En
même temps, on entendait une canonnade
lointaine, qui fit conjecturer qu'on se battait
devant Orléans. Le ministre de la guerre re
broussa chemin jusqu'à Beaugency, afin d'y
prendre une voiture pour Ecouis, dans la
pensée que la bataille sous Orléans continue
rait. A Beaugency, il ne put pas avoir de
nouvelles. Ce n'est qu'à neuf heures du soir
que la dépêche suivante fut envoyée de Blois
à Tours.
»
n Depuis midi, je n'ai pas reçu de dépêche
d'Orléans, mais je reçois à l'instant une dé
pêche de l'inspecteur, qui m'informe qu'on a
a tiré sur votre train •&. La Chapelle. Je re
çois un autre télégramme du'général d'Au
relle, qui dit : « J'avais espéré jusqu'au der-
« nier moment pouvoir éviter l'évacuation
n d'Orléans, mais tous les efforts ont été
« vains. La ville sera évacuée cette nuit.
« Pas d'autres nouvelles.
« Freyssinet. »
Des ordres furent immédiatement expédiés
de Blois relativement à cette fatale résolu
tion. Le ministre, qui ne retourna à Tours
qu'à trois heures du matin, y trouva la dépê
che suivante, que le public appréciera. (Il
s'agit d'une dépêche du général de Pallières,
que le journal allemand dit avoir déjà pu
bliée, et qu'il ne reproduitpas.)
(1) Gomme on le verra dans la pièce suivante,
M. Gambetta était alors absent de Tours.
Par suite d'une erreur, la conclu
sion de la dépêche de M. Chaudordy
n'a pas été mise hier; la voici :
Tels sont les faits. La responsabilité en
pèse tout entière sur le gouvernement prus
sien. Rien ne les a provoqués et aucun d'eux
ne porte la marque de ces violences désor
données auxquelles cèdent parfois les armées
en campagne. Il faut qu'on le sache bien, ils
sont le résultat d'un système réfléchi dont
les états-majors ont poursuivi l'application
avec une rigueur scientifique. Ces arresta
tions arbitraires ont été décrétées au quartier
général, ces cruautés résolues comme un
moyen d'intimidation, ces réquisitions étu
diées d'avance, ces incendies allumés froide
ment avec des ingrédients chimiques soigneu
sement apportés, ces bombardements contre
des habitants inoffensifs ordonnés. Tout a
donc été voulu et prémédité. C'est le carac
tère propre aux horreurs qui font de cette
guerre la honte de notre siècle.
La Prusse a non-seulement méconnu les
lois les plus sacrées de l'humanité, elle a
manqué à ses engagements personnels. Elle
s'honorait de mener un peuple en armes à
une guerre nationale. Elle prenait le monde
civilisé à témoin de son bon droit ! Elle con
duit maintenant à une guerre d'extermina
tion ses troupes transformées en hordes de
pillards; elle n'a profité de la civilisation mo
derne que pour perfectionner l'art de la des
truction. Et comme conséquence de cette
campagne, elle annonce à l'Europe l'anéan
tissement de Paris, da ses monuments, de
ses trésors et la vaste .curée à laquelle elle a
convié l'Allemagne.
Voilà, monsieur, ce que je désire que vous
sachiez. Nous ne parlons ici qu'à la suite
d'enquêtes irrécusables ; s'il faut produire des
exemples, ils ne nous manqueront pas, et
vous en pourrez juger- par les documents
joints à cette circulaire. Vous entretiendrez
de ces faits les membres du gouvernement
auprès duquel vous êtes accrédité.
Ces appréciations ne sont pas destinées à
eux seuls et vous pourrez les présenter libre
ment à tous. Il est utile qu'au moment où
s'accomplissent de pareils actes chacun puisse
prendre la responsabilité de sa conduite,
aussi bien les gouvernements qui Ôoivent
La dernière livraison des Papiers et
correspondances trouvés aux Tuileries
contient la rectification suivante :
Nous avons dit qu'une note sur l'annexion
de la Belgique par la France était de la main
de M. Conti, chef du cabinet de l'ex-empe-
reur. Nous nous étions trompés ; et, après un
nouvel et minutieux examen, nous reconnais
sons notre erreur.
Recevez, etc.
Pour le ministre des affaires étrangères,
Le délégué :
Chmjdordy.
Le Journal Officiel publie plusieurs décrets
nommant des chevaliers dans l'ordre national
de la Légion d'honneur et d'autres conférant
la uiéJaille militaire.
Voici la liste des nominations an
noncées dans le journal d'hier :
PREMIÈRE ARMÉE.
garde nationale de la seine.
Roger (du Nord), lieulctianl-coîaut-l d'état-
major de la garde nan'onalè. — A donné,
dans les journées du 29 et du 30 novem
bre, les plus beaux exemples d'activité et
• de dévouement.
116° bataillon.
Langlois , chef de bataillon. — A fait preu
ve de courage et de résolution dans la mise
en état de défense de la Gire-aux-Bœufs,
enlevée à l'ennemi le 29 novembre, en
avant de Choisy-le-Roi.
De Suzainnecourt , capitaine de !a 2 e com
pagnie, — Remarqué pour son intrépi
dité à la prise de la Gare au-Bœufs, le 29
novembre, en avant de Choisy-le-Roi.
Frédault , garde.— S'est brillamment con
duit à l'attaque de la Gare-aux-Bœufs,
le 29 novembre, en avant de Choisy-le-
Roi.
Compagnie des tirailleurs éclaireurs.
Bayart de la Vingtrie , éclaireur.—Mor
tellement blessé dans une reconnaissance
à Saint-Cloud, pendant laquelle il avait
lait preuve d'une ardeur et d'un dévoue
ment remarquables.
DEUXIÈME ARMÉE
état-major
Baron Renault , généra! de division com
mandant le 2 e corps de la 2 e armée. —
Blessé mortellement le 30 novembre en
conduisant ses troupes à l'attague du pla
teau de Viliiers. Djyen des divisionnaires
de l'armée française, le général Renault,
dans une carrière marquée par des actes
d'une éclatante bravoure, avait conquis
)a plus haute et la plus légitime réputa
tion.
De la Charrière , général de b rigide, com
mandant la l rc brigade de la l re division
du 2° corps. — Blessé mortellement à l'at
taque de Montmesly. à la tête de sa bri-'
gade. Le général de la Charrière, appelé
par son âge dans le cadre de réserve, après
une carrière aussi laborieuse qu'honorable,
avait sollicité avec l'insistance la plus pa
triotique un rôle actif devant l'ennemi.
De la Mariouse , général de brigade, com
mandant la 2° brigade de la division de
réserve. — A donné une excellente impul
sion à sa brigade, qui a fait vaillamment
. son devoir. Toujours au plus lort de l'ac-
' tion pendant les journées du 30 novembre
et du 2 décembre. •
Boudet (Pierre-Anloine-Bruno), lieutenant-
colonel d'état-mnjor, chef dVtu!-major de
la division de réserve. — Mérite les plus
grands éloges pour le calme, la vigueur
et la haute intelligence dont il a donné de
nouvelles preuves sous le feu nourri de
l'ennemi, dans les journées des 30 novem
bre, 1 er et 2 décembre.
Vosseur , chef d'escadron d'état-maior, à
l'état-major général. — A chargé en tête
des tirailleurs, les entraînant par son
exemple contre les Prussiens qu\ débou
chaient du parc de Viliiers.
Franchetti , commandant l'escadron des
■ éclaireurs à cheval du quartier général.
— Blessé mortellement à l'attaque du pla
teau de Viliiers. Le commandant Fran
chetti, organisateur du corps des éclai-
reurc à cheval, avait rendu depuis l'inves
tissement des services de premier ordre;
il, laisse à sa troupe, avec son nom, des
traditions d'honneur et de dévouement.
De Néverlée , capitaine de cavalerie, offi
cier d'ordonnance du général Ducrot, com-
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