Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1870-09-26
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 septembre 1870 26 septembre 1870
Description : 1870/09/26 (Numéro 1236). 1870/09/26 (Numéro 1236).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi 26 Septembre 1<870
N* 1236. — Edition quotidiMih»}
Lundi SL$ Septembre 1870
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Un an
Six mois .
Trois mois
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Le numéro : i Paris, 10, rue des Suinlâ-rèfes/^
On s'abonne, à Rome
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Six mois..
Trois mois ,
DÉPARTEMENTS
58 fr.
30
16
Édtlbn semi -quotidienne
Unan,32fr.—Siimois,17fr.—Treismois,9fr. u
L'Univers ne répond pas des maftuecrits qal lai sont adressés.
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KB. Ch. LAGIUNGE, €ERF et Ci», 6, plasi de là Bourse.
linp. Ad- Laiit», rup lies Saints-Pères, 1§.
FRANGE
PARIS, 25 SEPTEMBRE 1870
La démarche de M. Jules Favre au
jeamp prussien reçoit une approbation
quasi unanime. Les pédants rouges du
Réveil , les Pyatistes, les Blanquistes, la
' condamnent par l'excès accoutumé de
leur vertu; mais ils ne font pas tout
l'effet qu'ils attendaient de leurs yeux
roulants et de leurs moustaches rebif
fées, et M. Blanqui commence à ca
cher ses oreilles.
Nous nous joignons à ceux qui ap
prouvent M. Favre. Il faut que la jus
tice l'exige! Aucune. de nos sympa-
' thies ne s'attache à ce vice-président.
La maniéré dont il s'est installé prince
du peuple n'a pas plus excité notre
admiration que commandé notre es
time. Nous croyons qu'il a peu d'idées,
et ce peu vaut peu et tombe de vé
tusté. Nous croyons qu'il a pris le gou
vernement, le trouvant à sa portée,
sans autre but bien clair que d'être à
son tour le gouvernement. L'art pour
l'art ! Le plaisir d'arriver, de donner
des ordres, de ' distribuer dés bureaux
de tabac ! Tout homme en ce temps-
ci rencontre les sorcières de Macbeth :
Tu seras roi! Et il faut être bien
exorcisé pour ne pas tomber dans le
panneau des sorcières. Le mal démo
cratique, c'est la passion d'être roi.
Le mal est ^ii général que tout a été
disposé pour faciliter l'accession au
trône, de telle sorte que- chacun y
puisse monter, même poussif. Il y a
des lignes d'omnibus à destination
du trône; on s'organise en associa
tions pour remplir des omnibus ir
réguliers qui prennent par la tra
verse. M. Jules Favre, fortement
saisi pair ies sorcières, a fait et refait
le chemin. Il a versé, il a fait verser
les autres, il a dégringolé du sommet'
presque atteint jusqu'au point de dé
part, il est reparti, il est arrivé avec
ses compagnons, étrange empilage,
sans se douter que Rochefort avait
sauté sur l'impériale et arrivait en
même temps, au même titre que lui et
les autres compères. Oh ! sorcières mo
queuses! On est roi, l'oracle s'accom-
f)lit, et pourtant on reste foule, et dans
a foule il y a ce diable de Rochefort^
et le bonhomme Glais-Bizoin, et tant
d'autres, sans compter les chevaux, qui
sont aussi le roi. Hélas! c'est trop
drôle, beaucoup trop drôle, hélas!
Mais enfin, il faut être juste, et après
les réserves nécessaires pour procéder
plus tard contre cette manière de con
stituer un gouvernement, il convient
de louer ce qui mérite la louange. M.
Jules Favre à fait un coup de maître.
Son voyage au camp prussien comp
tera parmi les actes politiques du pre
mier ordre, et la relation qu'il en a
publiée est une sorte de chef-d'œuvre
qui complète le fait et qui en est di
gne. Cette page dépasse infiniment le
mérite de tous ses discours. Elle en
trera dans l'histoire de France. Elle est,
en outre une admirable exhortation
au combat, et à meilleur titre que
cette vieille comédienne de Marseil
laise, , elle peut compter pour une ar
mée.
Dans la conception de la démarche,
dans la vaillante résolution, de l'ac
complir sans la soumettre aux incer
titudes du conseil, dans la manière de
la raconter, dans'l'art de l'exploiter
contre l'ennemi, il y a de l'honnête
homme, dè l'homme de cœur, de
l'homme de talent et de l'homme
d'Etat. Nous- èn félicitons d'autant plus
M. Jules Favre, nous nous en ré
jouissons nous-mêmes d'autant plus
que, pour ne rieri dissimuler, nous ne
l'aurions pas espéré de lui. Une action
si droite et si vigoureuse, une parole
si simple, un art si loyal de mettre en
évidence la majesté du vrai, et enfin
un attendrissement si noble, si sincère
et si communicatif, qui pouvait tant
attendre d'un tel vieux politique révorl
lutionnaire, académicien et avocat ?
M. Jules Favçe a donc eu le bon-,
heur de rendre au pays et peut-être à
l'Europe un grand service. Il a tiré du
roi de Prusse beaucoup plus et beau
coup mieux qu'un traité même avan
tageux. La paix acceptable où il ré
duisait sans doute son espérance, ne
f pouvait valoir pour le présent ni pour
'ayenir l'indignation suprême, la co
lère légitime et féconde que provoque
son écnec. Dans la situation présente,
le roi de Prusse ne pouvait en rien
nous favoriser autant que par l'étalage
de sa brutalité. Il nous avait vaincus,
c'était le sort des armes ; il a voulu se
donner le plaisir de nous souffleter.:Il
peut en écrire à la reine tout ce qu'il
voudra, il ne nous fera jamais croire
que Dieu l'avait chargé de cette beso
gne, et le soufflet lui sera rendu. Il
connaîtra que Dieu n'a pas fait la
France pour le plat de l'épee.
Que M. Jules Favre ne rougisse pas
d'avoir attendu comme un solliciteur
importun que Xon veut dégoûter de
revenir, qu'il ne se plaigne pas de la
grossièreté de l'outrage devant lequel
il n'a pu retenir ses larmes. Dans ce
moment-là, dans cet abaissement, il a
été Véritablement l'homme de la France.
C'est un honneur qu'il- »h'avait pas
obtenu le 4 septembre. Cet honneur,
auquel nous osons dire qu'il ne pou
vait même plus prétendre, a été la ré-
compense de l'effort de probité hu
maine et de .dévouement patriotique
qui l'a fait résoudre à demander la
j>ai&
Dàtrsle-lnême moment, il a cruelle
ment expié l'audace condamnable d'a
voir usurpé le pouvoir, et il a eu le
privilège de,voir jusqu'au fond le cœur
de l'ennemi. Il a vu son hypocrisie,
son arrogance, son ambition sauvage ;
il lui a été donné d'en tracer une pein
ture ineffaçables. A présent la France
connaît le roi dé Prusse, ou plutôt le
prussianisme. Elle sait ce qu'il est et
ce qu'il sera, ce qu'il veut et ce qu'il
voudra. Elle le sait, et la guerre ne
finisse ïju'avec lui.
A présent Paris, pourra être pris si
Dieu veut pousser jusque-là notre expia
tion, mais l'honneur sera sauf et la
France est sauvée.
La France est un calice qui a con
tenu le corps et le sang du Christ. Des
mains infâmes l'ont arraché du taber
nacle, l'ont souillé, l'ont rempli de
boissons impures. Mais Dieu n'a pas
perdu de vue . cet or profané, déformé
et avili, et n'a pas oublié son ancienne
gloire. S'il le jette au creuset, ce n'est
pas pour l'anéantir, c'est pour le pu
rifier. Lui ayant rendu sa pureté, il lui
rendra sa forme et sa., splendeur, et il
le remplira de nouveau du vin qui
germe la vie.
C'est une terrible chose sur la terre
quand les hommes, 'ayant rompu avec
Dieu, reçoivent do lui congé de faire ce
qu'ils veulent. Mais pourtant la vo
lonté et la liberté de Dieu démeurent,
et dans le désordre apparent des œu
vres de leur révolte, les hommes ne-
font encore que ce que Dieu veut;
et les démons menés avec le fouet y
servent à la fin comme les anges em
portés par J'amour.
Prussiens de toutes les contrées, ré
volutionnaires de tous les. orgueils,
sceptiques et athées de toutes les éco
les, rêveurs de toutes les folies, allez,
allez ! Servez-vous de la plumé, ser
vez-vous de l'épée, servez-vous du
couperet et de la flainme :vous forcez;
la France à se réfugier dans l'acropole
catholique, vous refaites la France du
Christ.
Louis, Veoillot,
Le Réveil , le Combat , la Patrie en dan
ger réclament avec colère contre l'a
journement indéfini des élections mu
nicipales de Paris.- Ces prédicants ter
roristes voulaient qu'il • n'y eût ni as
semblée constituante, ni élections mu
nicipales dans les départements, mais
ils entendaient faire des élections à
Paris pour y constituer la Commune
telle qu'elle put s'établir en 93. Appuyés
sur cette force, ils espéraient s'empa
rer du pouvoir et proclamer la répu
blique rouge.
De là leur fureur contre la mesure
nécessaire prise par le gouvernement.
Du reste, les meneurs de la démago
gie ont tort de croire que le terrain
eût été libre pour eux, si le gouverne
ment de la défense nationale avait per
mis le semblant d'élections sur lequel
ils comptaient. Sans douté, pendant
que les vrais patriotes eussent été au
rempart, ils' auraient pu faire élire quel
ques-uns de leurs hommes ; mais leur
erreur est de croire que, même élus,
ils eussent été les maîtres.
Il ne suffit pas qu'il y ait des terro
ristes pour que Paris se laisse terro
riser.
K.e Siège
Il n'est peut-être par inutile de ré
sumer de temps en temps, dans une
espèce de tableau synoptique, les pha
ses diverses que subissent la défense
et l'attaque de Paris. Les notes du mi
nistère, les renseignements fournis par
les journaux ne permettent guère d'ap
précier la situation dans son ensemble,
ni d'apercevoir le plan général dans
les mille incidents qui se produisent
chaque jour.
Nous voulons donc établir, aussi sou
vent qu'il sera nécessaire, le bilan
exact des deux armées en présence,
indiquer jour par jour la marche et
la position de l'ennemi, et mettre en
balance les succès, partiels ou les re
vers, en faisant' ressortir les consé
quences qui en résultent pour le plan
général.
L'armée prussienne s'est dirigée sur
Paris par trois routes différentes, en
suivant les vallées de la Seine, dé la
Marne et de l'Oise.
Les Prussiens, qui ont l'excellente
habitude, trop négligée, par nos géné
raux^ de s'éclairer à longue distance,
nous ont envoyé des nuées de uhlans
et de nombreux corps de cavalerie
qui, dès le 17 de ce mois, ont livré
quelques engagements sans importan
ce. Pendant ce temps, le gros de l'ar
mée s'avançait lentement vers Paris;
mais les trois corps n'arrivaient point
ensëmble et nos lignes du Nord, de
l'Est, de Lyon et d Orléans n'étaient
coupées que l'une après l'autre, à un
ou deux jours d'intervalle.
-Paris ne peut être investi ; l'énorme
développement de ses remparts, et
surtout le périmètre immense de la
zone protégée par ses forts, ne
laisse à une armée comme celle des
Prussiens que la ressource de semés
sur tout le pourtour des corps plus ou
moins bien reliés ensemble, occupant
les lignes de chemins de fer et les
grandes routes, et presque toujours
forcés d^opérer isolément. C'est ce
qu'ont fait les Prussiens.
Ils nous entourent aujourd'hui de
tous les côtés, et les fractions de leurs
trois armées-se trouvent dispersées sur
une ligne qui coïncide à peu près avec
la frontière du département de la
Seine ; une seule de leurs armées pa
raît vouloir occuper Versailles, avec le
quartier général de Guillaume.
Versailles, où serait une imposante
réserve, deviendrait alors un point
central, d'où partiraient les trois rou
tes stratégiques se dirigeant sur Paris :
à droite, par la Bièvre; à gauche, par
Saint-Germain; au centre, par Sèvres
et Saint-Clojud.
Les forts de l'Est pouvant être con
sidérés comme à près imprenables?* on
doit supposer que les attaques dirigées
ou à diriger contre eux ne sont que
des feintes. Mais il est difficile de fixer
dès aujourd'hui le point qu'ils se pro
posent définitivement d'attaquer. Au
nord, i à l'ouest et au sud, Paris est
dominé par des collines plus ou moins
élevées, dont l'occupation paraît tenir
fort au cœur de Sa Majesté prus
sienne. Tous les combats partiels que son
armée a livrés jusqu'ici n'ont eu d'au
tre objet que d» couronner ces hau
teurs boisees et d'y installer des batte-
oies de gros calibre. Il a toujours
échoué. Ses pièces n'ont .pu s'éta
blir ni sur la butte Pinson, ni sur les
hauteurs de Châtillon et de Villejuif,
ni à Montretout, que le voisinage du
mont Valérien gêne singulièrement.
Lequel de ces points d'attaque faut-il
considérer comme, sérieux ? Ils le sont
peut-être tous les trois, suivant le cas.
Qtle les Prussiens réussissent à s'éta
blir sur l'un d'eux, les deux autres
pourront, il est vrai, rester le théâtre de_
luttes partielles, mais leur action ne
sera décisive que dans le cas fort pro
blématique où l'occasion de tenter un
coup de main se présenterait avec cer
taines chances de succès.
Jusqu'à présent donc, les Prussiens
n'ont rien, fait contre Paris, rien du
moins que nous connaissions. Assez
nombreux sur tous les points pour arrêter
les trains de chemins de feret surveiller
les grandes voies, ils ne pourraient que
difficilement empêcher l'arrivée de con
vois protégés par les troupes que Paris
peut, sans trop s'affaiblir, détacher
pour dégager la route. Ils attaquent
sur plusieurs points à la fois, sans que
nous sachions, sans peut-être qu'ils sa
chent eux-mêmes où devront se por
ter les efforts combinés de toute leur
armée. Ils nous tâtent.
Mais pendant qu'ils se consultent
ainsi, Paris devient*de plus en plus
formidable et la France se lève.
Ernest Schnaiter.
Aucun engagement n'a eu lieu cette
nuit en avant de Saint-Cloud. Depuis
trois jours on s'attend à une affaire sé
rieuse de ce côté. L'ennemi est en for
ces considérables à Versailles, et cher
che à établir des batteries sur les hau
teurs de Saint-Cloud, de Sèvres et de
Meudon. Hier et ce matin, on enten
dait le fort d'Issy tirer dans cette di
rection. Nos troupes campent aux en
virons. Le mot d'ordre est donné cha
que nuit aux artilleuçs des remparts
et aux gardes nationaux en vuè d'une
attaque. Des hauteurs où l'ennemi sem
ble vouloir s'établir, le pont du Point-
du-Jour est particulièrement menacé.
Des préparatifs de défense ont été
faits. Le pont, relié à droite et à gau
che au talus du chemin de fer de cein
ture, forme depuis Vaugirard jusqu'à
Boulogne une seconde ligne de fortifi
cation en arrière du rempart. Des cha
loupes canonnières stationnent près
de là. Aucune surprise n'est possible ;
mais on craint le feu de l'ennemi, dans
le cas où celui-ci parviendrait à établir
ses batteries à la lanterne. de Dio-
gène et sur la terrasse de Meudon. Le
fort d'Issy observe ces hauteurs, car il
est douteux que le tir effectif des ca
nons du mont Valérien puisse attein-
drë jusque-là. Hier, dans l'après-midi,
le général Trochu, avec plusieurs offi
ciers supérieurs de son état-major, a
été inspecter nos positions et les tra
vaux de l'ennemi. Il était de retour au
palais du gouverneur vers six heures.
On dit qu'une affaire est engagée ce
matin du côté de Saint-Denis. Du moins
on entendait le canon dans cette direc
tion.
Voici les propositions que le Combat
soumettait hier au gouvernement, avec
l'espoir que « le peuple » les impose
rait : ' .
Vite ! quatre mesures de salut public !
Au gouvernement provisoire, un program
me provisoire et d'urgence I au plus pressé !
En 70 comme en 92 ! Voici : „
1° Commissaires envoyés aux armées et
aux départements pour ordonner la défense
et organiser la révolution.
2° Tous les hauts fonctionnaires impériaux
de l'ordre ïnilitaire, judiciaire, administratif
et financier, remplacés par des républicains
éprouvés. Leurs droits politiques déclarés
nuls, et leurs biens décrétés nationaux, pour
vêtir, armer et solder les défenseurs pauvres
du pays;
3? La constituante renvoyée aux calendes
prussiennes et la commune élue sur-le-champ
et installée à l'hôtel de ville ;
4° La levée en masse de la F-rance. Le peu
ple français en armes et marchant au secours
de Paris.
Puis, comme conséquence des autres
mesures :
La réaction menace jusque dans votre
sein; éliminez-la, appauvrissez-la ! ôtez-luile
nerf de la suerre et donnez-le à la révolution.
Désarmer les ennemis, armer les amis ; af
faiblir l'attaque, fortifier la défense, c'est
tout profit !
Si M. de Bismark n'est pas content
du citoyen Pyat, il est bien exigeant.
Sous ce titre, la Ration, la Patrie en
danger publie un article où elle somme
le gouvernement d'empêcher le com-
■«aerce des vivres afin que les riches ne
Suissent pas en acheter. Le gouverne-
îent prendrait tout et donnerait à
chacun sa ration. Voici les conclusions
de la feuille blanquiste :
Que le gouvernement déclare toute trais-
action commerciale interrompue ;
Qu'il décrète que la monnaie n'a plus au
cune valeur ;
Qu'il fasse nommer par le peuple une
commission chargée de répartir les vivres
chez les fournisseurs ordinaires ;
Que les maires distribuent chaque jour ou
chaque semaine,— la question est à exami
ner au point de vue pratique,— un certain
nombre de bons, à l'aide desquels la subsis
tance journalière de chaque famille sera as
surée;
En un mot, qu'on-décrète la RATION :
Et nous échappons au danger de voir les
uns trahir et les autres manquer de forces
pour tenir un fusil.
Si le gouvernement provisoire ne veut pas
entendre de cette oreille, le peuple saura
bien aviser et ne se gênera pas pour prendre
la nourriture qu'on lui refusera. — Al.
Breuillé.
Si « le peuple » écoutait de tels ci
toyens, il se jetterait sur les boutiques
de bouchers, boulangers, épiciers, etc.,
et pillerait tout. Le lendemain il n'y
aurait plus de vivres pour personne, et
le surlendemain la guerre civile pour
rait commencer.
Le journal de M. Blanqui est fait par
des hommes trop experts en révolu
tion pour ignorer que son conseil mè
ne là.
Le corps diplomatique s'est réuni
avant-hier sous la présidence de S.
Exc. MgrChigi, nonce apostolique, qui
l'avait convoqué. Voici sur cette réu
nion les renseignements que publie
le Temps-.
Tous les ministres et chargés d'affaires,"
accrédités à Paris, assistaient à cette réu
nion, à- l'exception des ambassadeurs d'Au
triche, d'Angleterre, de Turquie, du minis
tre d'Italie et du chargé d'affaires de Russie.
Ces derniers ont quitté Paris samedi dernier,
et se sont rendus à Tours, comme nos lec
teurs le savent. <
Les membres du corps diplomatique ont
pris à l'unanimité les résolutions suivantes :
Le nonce apostolique a été chargé de faire,
au nom de ses collègues, des démarches au
près du ministre des affaires étrangères, pour
obtenir qu'un courrier puisse porter, à tra
vers les lignes des armées belligérantes, les
dépêches des représentants des puissances
neutres, de Paris à une localité quelconque
d'où le service postal soit assuré avec les di
vers Etats étrangers. Par l'intermédiaire du
même courrier, les gouvernements des puis
sances neutres correspondraient avec leurs
représentants à Paris.
Tous les ministres étrangers ont été d'ac
cord, à l'unanimité, de ne pas quitter Paris
jusqu'à nouvel ordre.
Pour le cas où les assiégeants dénonce
raient au corps diplomatique l'intention ' de
bombarder Paris, il aurait été convenu que
le nonce convoquerait de nouveau les mem
bres du corps diplomatique étranger.
L'opinion unanime de l'assemblée était
qu'il est plus conforme à la position du corps
diplomatique d'agir de concert, et de prendre
des mesures collectives, que d'agir isolément
et sans entente préalable.
Le nonce apostolique a été chargé de com
muniquer à ses collègues, dans une nouvelle
réunion, le résultat de ses démarches auprès
du ministre des affaires étrangères pour ob
tenir un courrier neutre.
r|>
Communications officielles
Mont Valérien, 24 septembre, 3 h. 40 s.
Commandant supérieur au gouverneur de Paris.
Le pont de Chatou, de ce côté ; de l'île du
Chiard, a sauté à trois heures.
* 24 septembre, soir.
" RAPPORT MILITAIRE
La journée a été absolument calme. Le
mont Valérien et la batterie de Saint-Ouen
ont seuls tiré à grande distance, le premier,
surdes convois ennemis en avant de Mon-
tesson; la seconde, sur les travailleurs prus
siens à la carrière d'Orgemont.
Les canonnières revenant de Suresnes ont
été vivement attaquées en passant devant le
parc de Saint-Cloud. La mitraille a fait taire
le feu de l'ennemi, en lui faisant éprouver
des pertes sensibles; nous avons eu deux
marins blessés assez grièvement.
Le fort d'Issy a tiré assez vivement ce soir
dans la direction de Sèvres, où l'ennemi pa
raissait établir des batteries.
Des renseignements certains informent
qu'un piont ayant été établi vers Triel, n'a pu
supporter le poids des pièces de gros calibre
qui s'y étaient engagées ; trois d'entre elles
ont coulé à fond. <
- En résumé, la situation est bonne.
Pour copie conforme :
Lé ministre de l'intérieur,
Gambetta..
Bicêtre, 25 septembre, 7 h. 82, matin.
Contre-amiral Pothuau au gouverneur de Paris
et au vice-amiral La Roncière.
Rien de nouveau ce matin ; tout est calme
autour de nous. Hier, dans la reconnaissance
faite par Montrouge, nous avons eu trois
hommes blessés.
Pour copie conforme :
Le ministre de l'intérieur,
Léon Gambetta.
Montrouge, 25 septembre, 7 h. 20, matin.
Le commandant de Montrouge à l'amiral
/ Pothuau, à Bicêtre.
Aucun changement apparent depuis hier ;
je crois toujours Bagneux occupé par un
corps considérable.
RAPPORT MILITAIRE
25 septembre, matin..
Les dépêches de tous les forts constatent
ce matin la tranquillité la plus absolue ; l'en
nemi ne se montre nulle part. Ce matin, nos
canonnièrès descendant la Seine ont mitraillé
la position de Brimborion, où l!on soupçon
nait des travaux de batteries.
Le gouverneur de Paris,
P. O. Le général, chef d'état-major général,
Schmitz.
Archevêché de Paris
Paris, le 21 septembre.
Monsieur-le curé,
J'ai déjà réclamé plusieurs fois des prières
pour le succès de nos armes et pour le réta
blissement de la paix. Dieu, dans ses vues
insondables, nous fait attendre son secours
et nous envoie la plus rigoureuse épreuve :
l'invasion de l'ennemi écrase quinze dépar
tements et couvre de honte la France entière;
Paris lui-même est menacé des horreurs d'un
siège.
Notre âme est déchirée par, de si grands
revers, et le sentiment de l'humaine faiblesse
nous pénètre. Mais nous sommes de ceux
que la foi soutient et qui mettent en Dieu
toute leur confiance, sachant que, s'il frappe,
c'est pour guérir, et que si la tribulation
nous visite, c'est pour nous ramener àu bien
et nous rendre meilleurs. Aussi, loin de
perdre courage à cause de l'impuissance où
nous sommes précipités, il-faut lever les
yeux vers le ciel avec une espérance plus in
vincible. Qui se repose sur un bras de chair,
tombe avec son fragile appui; qui prend
Dieu pour forteresse et pour rempart, sera
protégé contre d'orgueilleux ennemis. Car
c'est Dieu qui gouverne les batailles et dis
pose de la victoire ; il a souvent brisé les ar-'
mes dans la main de guerriers plus forts qu^
ceux qui nous combattent.
Seulement Dieu n'opère pas ces choses
sans notre libre concours. Le concours qu'il
nous démande, c'est l'effort et le travail sans
doute, mais c'est aussi la pureté "de la vie et
la constance dans la prière. En effet, quoique
Dieu fasse luire son soleil sur les méehants
comme sur les bons, et tomber la pluie sur
les injustes comme sur les justes, cependant
il n'attend pas toujours la vie future pour
récompenser la vertu et pour manifester sa
particulière bienveillance envers ses servi
teurs : il se souvient d'eux, tient compte de
leurs souffrances et les délivre de leurs an
goisses. Mais c'est quand on l'implore avec
confiance et piété, quand on prie avec ardeur
et persévérance : il est proche de ceux qui
sont .affligés et qui l'invoquent dans la sincé
rité de leur cœur, c'est-à-dire en suivant ses
préceptes et conformant leur vie à l'esprit de
l'Evangile. .
Je viens donc, monsieur le curé, vous rap
peler encore et, par votre entremise, rappeler
à tous mes chers diocésains les devoirs que
nous imposent en. ce moment la religion et le
patriotisme. Nos soldats soutiennent, le glai
ve en main, la-fortune de nos armes ; ils ont
ce qu'il faut humainement pour les faire
triompher. Ils nous voient,' à côté d'eux, se
courir les blessés sur les champs, de bataille
et dans les ambulances. Ils savent que notre
charité s'occupera de venir en aide, dans la
mesure du possible, à leur famille qui n'a
plus les ressources de leur travail. Qu'ils sa
chent aussi gue notre coeur* et nos vœux, jjue
toutes les âmes chrétiennes et françaises les
accompagnent dans leur lutte héroïque, et
que, par la prière, nous mettrons de leur cô
té cette force d'en haut qui maîtrise les évé
nements et distribue le succès.
C'est pourquoi nous demanderons à Dieu,
comme parle l'Ecriture, qu'il se lève et dis
sipe nos .ennemis, en mettant fin à la guerre
qui désole et ensanglante notre sol. Nous le
demanderons par les mérites de Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ, qui est venu dans le mon
de pour réconcilier la terre avec le ciel, les
hommes avec leurs semblables et avec leur
propre conscience, et pour faire ainsi régner
partout la paix, qui est la tranquillité de
l'ordre. Nous solliciterons ces grâces par
l'intercession de sa bienheureuse Mère. J'ai
renouvelé, il y a quelques jours, en ce qui
me regarde, la consécration de Paris à la
sainte Vierge, et beaucoup de mes diocésains
ont ratifié mon acte, en s'y asssociant avec
foi et piété; prions-la plus fermement encore
de nous couvrir de sa protection si puissante.
Nous invoquerons enfin nos glorieux patrons :
saint Denys, notre premier évêque, et notre
populaire sainte Geneviève, pour qu'elle ma
nifeste son amour envers nous, comme elle
l'a fait souvent à l'égard de nùs aînés, et
pour qu'elle se souvienne de Paris dans des
-circonstances qui rappellent les maux dont
elle le délivra par l'efficacité de ses jeûnes et
de ses prières. ■
En conséquence, monsieur le curé, j'ai ré
glé ce qui suit :
1° Tant que, durera le siège de Paris, les
prêtres réciteront, chaque jour, à la fin de la
messe, le Sub tuum et les invocations : Sanc-
ta Genovefa, ora pro nobis \ sancte Dionysi
cum Sociis tuis, orate pro nobis.
2° Il y aura dans toutes les paroisses et
les communautés religieuses exposition du
Saint-Sacrement, un ou deux jours par se
maine, selon que MM. les curés et aumôniers
le jugeront plus conforme aux besoins et aux
convenances de la paroisse et de la commu
nauté. \ . :
Le soir, ait salut,-on chantera, avant la
bénédiction, les invocations trois fois répé
tées : Cor Jesu sacratissimum, miserere nobis,
et Sçncta Genovefa, ora pro nobis, et après la
bénédiction, trois fois Parce, Domine, parce
populo tuo....
3° MM. les curés et aumôniers seront au
torisés, sur leur demande, à faire en outre
dans leur église ou chapelle les exercices re
ligieux qu'ils croiraient utiles aux âmes et
i)lus spécialement réclamés par la piété de
eur paroisse, et communauté, par exemple
une neuvaine au Sacré-Cœur .ou à sainte
Geneviève.
4° Les membres des communautés reli
gieuses et les personnes pieuses sont invitées
à faire la communion, aussi souvent qu'elle
leur sera permise, pour le salut de Paris et
de la France.
S 0 Tout en exhortant les fidèles aux senti
ments de pénitence, je crois devoir, à raison
des difficultés du moment, les dispenser de
l'abstinence du vendredi, jusqu'à la fin du
siège.
Agréez, monsieur le curé, la nouvelle as
surance de mon tendre attachement.
•f- Georges,
archevêque de P^ris^
Nous complétons-aujourd'hui la pu
blication *de papiers trouvés aux Tui
leries, et imprimés par ordre du gou
vernement. Les notes placées eii tête
des pièces sont rédigées par la com*
mission chargée de cette publication.
I
affaire du mexiquè
Lettre de M. J.-B. Jecker â M. Conti, chef
du cabinet dé l'empereur,
M. Jecker explique dans la pièce qui suit le»
causes dç l'expédition mexicaine :
Paris, le 8 décembre 1869;
Monsieur,
Ne trouvez pas étrange que je m'adresse à
vous de préférence, ayant à vous entretenir
d'une affaire qui regarde particulièrement
l'empereur.
Vous aurez assez entendu parler de mon
affaire des Bons pour la connaître un peu.
Eh bien, je trouve que le gouvernement la
considère avec trop d'indifférence, et que,
s'il n'y fait pas attention, elle pourrait, ame
ner des suites fâcheuses pour l'empereur.
Vous ignorez sans doute que j'avais pour
associé, dans cette affaire, M. le duc de Mor-
ny, qui s'était engagé, moyennant 30 pour
100 des bénéfices de cette affaire, à la faire
respecter et payer par le gouvernement mexi
cain, comme elle avait été faite dès le prin«
cipe. Il y a là-dessus une correspondance
volumineuse d'échangée avec son. agent M.
de Marpon.
En janvier 1861, on est venu me trouver
de la part de ces messieurs pour traiter cette
affaire.
Cet arrangement s'est fait lorsque ma mai
son se trouvait déjà en liquidation, de sorte
que tout ce qui la refarde appartient exclu
sivement à celle-ci.
Aussitôt que cet arrangement fut conclu,
je fus parfaitement soutenu par le gouverne
ment français et sa légation au Mexique,
Celle-ci avait même assuré à mes créanciers,
au nom de la France, qu'ils seraient entière
ment payés, et avait passé des Notes très
fortes au gouvernement mexicain sur l'ac
complissement de mon contrat avec lui, au
point que l'ultimatum de 1862 exigeait l'exé-,
cution pure et simple des décrets. Depuis
cette époque, j'ai été constamment exposé à,
la .haine du parti exalté, qui m'a jeté en pri
son, ensuite m'a banni, me confisquant mes
biens. -
L'affaire en resta là jusqu'à l'occupation
du Mexique par les Français. Sous l'empire
de Maximilien, et aux instances du gouver
nement français, on s'occupa de nouveau du
règlement de mon affaire. En avril 1863, ja
parvins, aidé des agents français, à faire une
transaction avec le gouvernement mexicain.
A la même époque, M. le duc de Morny
vint à mourir, de sorte que la protection
éclatante que le gouvernement français m'a
vait accordée cessa complètement. Le minis
tère des finances français permit bien qu'on
payât les premières traites que le gouverne
ment mexicain, m'avait données sur Paris
pour couvrir une partie de ce qu'on me de
vait, mais les agents français au Mexique
s'opposèrent, d'après les instructions qu'ils
avaient reçues, qu'on me délivrât les traites
pour 10 millions de francs, solde de ma
transaction, malgré que j'en eusse parfaite
ment rempli les conditions, et que le gouver
nement mexicain était disposé à me payer#-
se trouvant avoir à Paris, à cette époque,
plus de 30 millions de francs.
Comme le gouvernement français avait dé
claré dans les Chambres qu'il s'était opposé à
l'exécution de ce contrat et qu'il s'était ap
pliqué ce qu'on aurait dû me payer, je fus
obligé, comme liquidateur de ma maison et
après avoir épuisé les voies de conciliation,
de lui intenter un procès devant le conseil
d'Etat. Malheureusement cette démarche n'a
eu aucun résultat, car ce tribunal vient de sa
déclarer incompétent j 'd'après l'indication
que m'en a faite le ministre des finances dans
sa défense.
J'étais aussi un des plus forts indemnitai
res mexicains. La commission mixte établie
à Mexico m'avait reconnu une somme de
6 millions de francs environ, qui a été ré
duite par celle-ci'à 300,000 fr. à peu près. Je
suis en instance pour la différence auprès du
ministère des affaires étrangères, qui n'a
pas encore daigné me répondre là-dessus.
Mais à l'avance je m'attends à la réponse né
gative que m'a donnée le ministre des finan
ces pour l'affaire des Bons.
Quelques créanciers, 'voyant que je n'obte
nais rien du gouvernement pour mes princi
pales réclamations, ont mis saisie-arrêt à la
Caisse des' dépôts et consignations sur ce
que j'ai à recevoir de ces 300,000 fr., de
sorte que je n'ai pu disposer que d'une faible
somnae pour les besoins pressants de ma
maison.
Complètement ruiné par suite de l'expé
dition au Mexique, n'ayant plus rien à faire
ici et ne pouvant rien y faire, je suis obligé
de retourner là-bas pour rendre compte à
mes créanciers de ma gestion.
Malgré que je n'aie rien négligé pour tâ
cher de payer la totalité de ce que je leur
dois, comme je n'ai pu y parvenir par suite
de circonstances extraordinaires qu'il m'a été
impossible d'éviter, ils ne tiendront pas
compte des sacrifices énormes que j'ai faits
pour y arriver et me traiteront sans considé
ration aucune.
Il voudront savoir le motif qui avait porté
en 1861 M. de Sâligny, alors ministre au
Mexique, à leur promettre au nom de la
France qu'ils seraient payés de ce que ma
maison leur devait, et pourquoi, en 1863,
cette protection extraordinaire m'a été si
brusquement retirée ^ar le gouvernement
français.
Quoique jusqu'à présent j'aie gardé le plus
grand secret sur cette affaire, malgré qu'on
m'ait fortement' engagé a la publier, je serai'
obligé de me défendre pour ne pas me voir
jeter, en prison pour dettes ; je suis forcé de
dire à mes créanciers ce qui s'est passé, eu
leur délivrant tout ce que j'ai là-dessus,
qu'ils réclameront d'ailleurs comme appar
tenant à la liquidation. Le gçmvernement
mexicairi sera enchanté de connaître cette af-*
faire à fond pour sa conduite ultérieure avec
-la France.
Je prévois bien l'effet qu'une confession
semblable.produira dans le public et le mau
vais-jour qu'elle jettera sur le gouvernement
de l'empereur, surtout dans les circonstances
critiques où nous vivons ; mais je ne puis l'é
viter, à moins qu'on ne me facilite les moyens
de faire une proposition à mes créanciers eh
les empêchant, par . ce moyen, d'exiger que jô
leur rende compte de ma liquidation-.
N* 1236. — Edition quotidiMih»}
Lundi SL$ Septembre 1870
1 - 'A Ix 1S
Un an
Six mois .
Trois mois
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Le numéro : i
On s'abonne, à Rome
-— * ' ,/ ::c < 5 »,■; '• 7- f
i!, au iiiircaa île la C:i'.!mkch
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Un an....
Six mois..
Trois mois ,
DÉPARTEMENTS
58 fr.
30
16
Édtlbn semi -quotidienne
Unan,32fr.—Siimois,17fr.—Treismois,9fr. u
L'Univers ne répond pas des maftuecrits qal lai sont adressés.
, amoisce9 ■
KB. Ch. LAGIUNGE, €ERF et Ci», 6, plasi de là Bourse.
linp. Ad- Laiit», rup lies Saints-Pères, 1§.
FRANGE
PARIS, 25 SEPTEMBRE 1870
La démarche de M. Jules Favre au
jeamp prussien reçoit une approbation
quasi unanime. Les pédants rouges du
Réveil , les Pyatistes, les Blanquistes, la
' condamnent par l'excès accoutumé de
leur vertu; mais ils ne font pas tout
l'effet qu'ils attendaient de leurs yeux
roulants et de leurs moustaches rebif
fées, et M. Blanqui commence à ca
cher ses oreilles.
Nous nous joignons à ceux qui ap
prouvent M. Favre. Il faut que la jus
tice l'exige! Aucune. de nos sympa-
' thies ne s'attache à ce vice-président.
La maniéré dont il s'est installé prince
du peuple n'a pas plus excité notre
admiration que commandé notre es
time. Nous croyons qu'il a peu d'idées,
et ce peu vaut peu et tombe de vé
tusté. Nous croyons qu'il a pris le gou
vernement, le trouvant à sa portée,
sans autre but bien clair que d'être à
son tour le gouvernement. L'art pour
l'art ! Le plaisir d'arriver, de donner
des ordres, de ' distribuer dés bureaux
de tabac ! Tout homme en ce temps-
ci rencontre les sorcières de Macbeth :
Tu seras roi! Et il faut être bien
exorcisé pour ne pas tomber dans le
panneau des sorcières. Le mal démo
cratique, c'est la passion d'être roi.
Le mal est ^ii général que tout a été
disposé pour faciliter l'accession au
trône, de telle sorte que- chacun y
puisse monter, même poussif. Il y a
des lignes d'omnibus à destination
du trône; on s'organise en associa
tions pour remplir des omnibus ir
réguliers qui prennent par la tra
verse. M. Jules Favre, fortement
saisi pair ies sorcières, a fait et refait
le chemin. Il a versé, il a fait verser
les autres, il a dégringolé du sommet'
presque atteint jusqu'au point de dé
part, il est reparti, il est arrivé avec
ses compagnons, étrange empilage,
sans se douter que Rochefort avait
sauté sur l'impériale et arrivait en
même temps, au même titre que lui et
les autres compères. Oh ! sorcières mo
queuses! On est roi, l'oracle s'accom-
f)lit, et pourtant on reste foule, et dans
a foule il y a ce diable de Rochefort^
et le bonhomme Glais-Bizoin, et tant
d'autres, sans compter les chevaux, qui
sont aussi le roi. Hélas! c'est trop
drôle, beaucoup trop drôle, hélas!
Mais enfin, il faut être juste, et après
les réserves nécessaires pour procéder
plus tard contre cette manière de con
stituer un gouvernement, il convient
de louer ce qui mérite la louange. M.
Jules Favre à fait un coup de maître.
Son voyage au camp prussien comp
tera parmi les actes politiques du pre
mier ordre, et la relation qu'il en a
publiée est une sorte de chef-d'œuvre
qui complète le fait et qui en est di
gne. Cette page dépasse infiniment le
mérite de tous ses discours. Elle en
trera dans l'histoire de France. Elle est,
en outre une admirable exhortation
au combat, et à meilleur titre que
cette vieille comédienne de Marseil
laise, , elle peut compter pour une ar
mée.
Dans la conception de la démarche,
dans la vaillante résolution, de l'ac
complir sans la soumettre aux incer
titudes du conseil, dans la manière de
la raconter, dans'l'art de l'exploiter
contre l'ennemi, il y a de l'honnête
homme, dè l'homme de cœur, de
l'homme de talent et de l'homme
d'Etat. Nous- èn félicitons d'autant plus
M. Jules Favre, nous nous en ré
jouissons nous-mêmes d'autant plus
que, pour ne rieri dissimuler, nous ne
l'aurions pas espéré de lui. Une action
si droite et si vigoureuse, une parole
si simple, un art si loyal de mettre en
évidence la majesté du vrai, et enfin
un attendrissement si noble, si sincère
et si communicatif, qui pouvait tant
attendre d'un tel vieux politique révorl
lutionnaire, académicien et avocat ?
M. Jules Favçe a donc eu le bon-,
heur de rendre au pays et peut-être à
l'Europe un grand service. Il a tiré du
roi de Prusse beaucoup plus et beau
coup mieux qu'un traité même avan
tageux. La paix acceptable où il ré
duisait sans doute son espérance, ne
f pouvait valoir pour le présent ni pour
'ayenir l'indignation suprême, la co
lère légitime et féconde que provoque
son écnec. Dans la situation présente,
le roi de Prusse ne pouvait en rien
nous favoriser autant que par l'étalage
de sa brutalité. Il nous avait vaincus,
c'était le sort des armes ; il a voulu se
donner le plaisir de nous souffleter.:Il
peut en écrire à la reine tout ce qu'il
voudra, il ne nous fera jamais croire
que Dieu l'avait chargé de cette beso
gne, et le soufflet lui sera rendu. Il
connaîtra que Dieu n'a pas fait la
France pour le plat de l'épee.
Que M. Jules Favre ne rougisse pas
d'avoir attendu comme un solliciteur
importun que Xon veut dégoûter de
revenir, qu'il ne se plaigne pas de la
grossièreté de l'outrage devant lequel
il n'a pu retenir ses larmes. Dans ce
moment-là, dans cet abaissement, il a
été Véritablement l'homme de la France.
C'est un honneur qu'il- »h'avait pas
obtenu le 4 septembre. Cet honneur,
auquel nous osons dire qu'il ne pou
vait même plus prétendre, a été la ré-
compense de l'effort de probité hu
maine et de .dévouement patriotique
qui l'a fait résoudre à demander la
j>ai&
Dàtrsle-lnême moment, il a cruelle
ment expié l'audace condamnable d'a
voir usurpé le pouvoir, et il a eu le
privilège de,voir jusqu'au fond le cœur
de l'ennemi. Il a vu son hypocrisie,
son arrogance, son ambition sauvage ;
il lui a été donné d'en tracer une pein
ture ineffaçables. A présent la France
connaît le roi dé Prusse, ou plutôt le
prussianisme. Elle sait ce qu'il est et
ce qu'il sera, ce qu'il veut et ce qu'il
voudra. Elle le sait, et la guerre ne
finisse ïju'avec lui.
A présent Paris, pourra être pris si
Dieu veut pousser jusque-là notre expia
tion, mais l'honneur sera sauf et la
France est sauvée.
La France est un calice qui a con
tenu le corps et le sang du Christ. Des
mains infâmes l'ont arraché du taber
nacle, l'ont souillé, l'ont rempli de
boissons impures. Mais Dieu n'a pas
perdu de vue . cet or profané, déformé
et avili, et n'a pas oublié son ancienne
gloire. S'il le jette au creuset, ce n'est
pas pour l'anéantir, c'est pour le pu
rifier. Lui ayant rendu sa pureté, il lui
rendra sa forme et sa., splendeur, et il
le remplira de nouveau du vin qui
germe la vie.
C'est une terrible chose sur la terre
quand les hommes, 'ayant rompu avec
Dieu, reçoivent do lui congé de faire ce
qu'ils veulent. Mais pourtant la vo
lonté et la liberté de Dieu démeurent,
et dans le désordre apparent des œu
vres de leur révolte, les hommes ne-
font encore que ce que Dieu veut;
et les démons menés avec le fouet y
servent à la fin comme les anges em
portés par J'amour.
Prussiens de toutes les contrées, ré
volutionnaires de tous les. orgueils,
sceptiques et athées de toutes les éco
les, rêveurs de toutes les folies, allez,
allez ! Servez-vous de la plumé, ser
vez-vous de l'épée, servez-vous du
couperet et de la flainme :vous forcez;
la France à se réfugier dans l'acropole
catholique, vous refaites la France du
Christ.
Louis, Veoillot,
Le Réveil , le Combat , la Patrie en dan
ger réclament avec colère contre l'a
journement indéfini des élections mu
nicipales de Paris.- Ces prédicants ter
roristes voulaient qu'il • n'y eût ni as
semblée constituante, ni élections mu
nicipales dans les départements, mais
ils entendaient faire des élections à
Paris pour y constituer la Commune
telle qu'elle put s'établir en 93. Appuyés
sur cette force, ils espéraient s'empa
rer du pouvoir et proclamer la répu
blique rouge.
De là leur fureur contre la mesure
nécessaire prise par le gouvernement.
Du reste, les meneurs de la démago
gie ont tort de croire que le terrain
eût été libre pour eux, si le gouverne
ment de la défense nationale avait per
mis le semblant d'élections sur lequel
ils comptaient. Sans douté, pendant
que les vrais patriotes eussent été au
rempart, ils' auraient pu faire élire quel
ques-uns de leurs hommes ; mais leur
erreur est de croire que, même élus,
ils eussent été les maîtres.
Il ne suffit pas qu'il y ait des terro
ristes pour que Paris se laisse terro
riser.
K.e Siège
Il n'est peut-être par inutile de ré
sumer de temps en temps, dans une
espèce de tableau synoptique, les pha
ses diverses que subissent la défense
et l'attaque de Paris. Les notes du mi
nistère, les renseignements fournis par
les journaux ne permettent guère d'ap
précier la situation dans son ensemble,
ni d'apercevoir le plan général dans
les mille incidents qui se produisent
chaque jour.
Nous voulons donc établir, aussi sou
vent qu'il sera nécessaire, le bilan
exact des deux armées en présence,
indiquer jour par jour la marche et
la position de l'ennemi, et mettre en
balance les succès, partiels ou les re
vers, en faisant' ressortir les consé
quences qui en résultent pour le plan
général.
L'armée prussienne s'est dirigée sur
Paris par trois routes différentes, en
suivant les vallées de la Seine, dé la
Marne et de l'Oise.
Les Prussiens, qui ont l'excellente
habitude, trop négligée, par nos géné
raux^ de s'éclairer à longue distance,
nous ont envoyé des nuées de uhlans
et de nombreux corps de cavalerie
qui, dès le 17 de ce mois, ont livré
quelques engagements sans importan
ce. Pendant ce temps, le gros de l'ar
mée s'avançait lentement vers Paris;
mais les trois corps n'arrivaient point
ensëmble et nos lignes du Nord, de
l'Est, de Lyon et d Orléans n'étaient
coupées que l'une après l'autre, à un
ou deux jours d'intervalle.
-Paris ne peut être investi ; l'énorme
développement de ses remparts, et
surtout le périmètre immense de la
zone protégée par ses forts, ne
laisse à une armée comme celle des
Prussiens que la ressource de semés
sur tout le pourtour des corps plus ou
moins bien reliés ensemble, occupant
les lignes de chemins de fer et les
grandes routes, et presque toujours
forcés d^opérer isolément. C'est ce
qu'ont fait les Prussiens.
Ils nous entourent aujourd'hui de
tous les côtés, et les fractions de leurs
trois armées-se trouvent dispersées sur
une ligne qui coïncide à peu près avec
la frontière du département de la
Seine ; une seule de leurs armées pa
raît vouloir occuper Versailles, avec le
quartier général de Guillaume.
Versailles, où serait une imposante
réserve, deviendrait alors un point
central, d'où partiraient les trois rou
tes stratégiques se dirigeant sur Paris :
à droite, par la Bièvre; à gauche, par
Saint-Germain; au centre, par Sèvres
et Saint-Clojud.
Les forts de l'Est pouvant être con
sidérés comme à près imprenables?* on
doit supposer que les attaques dirigées
ou à diriger contre eux ne sont que
des feintes. Mais il est difficile de fixer
dès aujourd'hui le point qu'ils se pro
posent définitivement d'attaquer. Au
nord, i à l'ouest et au sud, Paris est
dominé par des collines plus ou moins
élevées, dont l'occupation paraît tenir
fort au cœur de Sa Majesté prus
sienne. Tous les combats partiels que son
armée a livrés jusqu'ici n'ont eu d'au
tre objet que d» couronner ces hau
teurs boisees et d'y installer des batte-
oies de gros calibre. Il a toujours
échoué. Ses pièces n'ont .pu s'éta
blir ni sur la butte Pinson, ni sur les
hauteurs de Châtillon et de Villejuif,
ni à Montretout, que le voisinage du
mont Valérien gêne singulièrement.
Lequel de ces points d'attaque faut-il
considérer comme, sérieux ? Ils le sont
peut-être tous les trois, suivant le cas.
Qtle les Prussiens réussissent à s'éta
blir sur l'un d'eux, les deux autres
pourront, il est vrai, rester le théâtre de_
luttes partielles, mais leur action ne
sera décisive que dans le cas fort pro
blématique où l'occasion de tenter un
coup de main se présenterait avec cer
taines chances de succès.
Jusqu'à présent donc, les Prussiens
n'ont rien, fait contre Paris, rien du
moins que nous connaissions. Assez
nombreux sur tous les points pour arrêter
les trains de chemins de feret surveiller
les grandes voies, ils ne pourraient que
difficilement empêcher l'arrivée de con
vois protégés par les troupes que Paris
peut, sans trop s'affaiblir, détacher
pour dégager la route. Ils attaquent
sur plusieurs points à la fois, sans que
nous sachions, sans peut-être qu'ils sa
chent eux-mêmes où devront se por
ter les efforts combinés de toute leur
armée. Ils nous tâtent.
Mais pendant qu'ils se consultent
ainsi, Paris devient*de plus en plus
formidable et la France se lève.
Ernest Schnaiter.
Aucun engagement n'a eu lieu cette
nuit en avant de Saint-Cloud. Depuis
trois jours on s'attend à une affaire sé
rieuse de ce côté. L'ennemi est en for
ces considérables à Versailles, et cher
che à établir des batteries sur les hau
teurs de Saint-Cloud, de Sèvres et de
Meudon. Hier et ce matin, on enten
dait le fort d'Issy tirer dans cette di
rection. Nos troupes campent aux en
virons. Le mot d'ordre est donné cha
que nuit aux artilleuçs des remparts
et aux gardes nationaux en vuè d'une
attaque. Des hauteurs où l'ennemi sem
ble vouloir s'établir, le pont du Point-
du-Jour est particulièrement menacé.
Des préparatifs de défense ont été
faits. Le pont, relié à droite et à gau
che au talus du chemin de fer de cein
ture, forme depuis Vaugirard jusqu'à
Boulogne une seconde ligne de fortifi
cation en arrière du rempart. Des cha
loupes canonnières stationnent près
de là. Aucune surprise n'est possible ;
mais on craint le feu de l'ennemi, dans
le cas où celui-ci parviendrait à établir
ses batteries à la lanterne. de Dio-
gène et sur la terrasse de Meudon. Le
fort d'Issy observe ces hauteurs, car il
est douteux que le tir effectif des ca
nons du mont Valérien puisse attein-
drë jusque-là. Hier, dans l'après-midi,
le général Trochu, avec plusieurs offi
ciers supérieurs de son état-major, a
été inspecter nos positions et les tra
vaux de l'ennemi. Il était de retour au
palais du gouverneur vers six heures.
On dit qu'une affaire est engagée ce
matin du côté de Saint-Denis. Du moins
on entendait le canon dans cette direc
tion.
Voici les propositions que le Combat
soumettait hier au gouvernement, avec
l'espoir que « le peuple » les impose
rait : ' .
Vite ! quatre mesures de salut public !
Au gouvernement provisoire, un program
me provisoire et d'urgence I au plus pressé !
En 70 comme en 92 ! Voici : „
1° Commissaires envoyés aux armées et
aux départements pour ordonner la défense
et organiser la révolution.
2° Tous les hauts fonctionnaires impériaux
de l'ordre ïnilitaire, judiciaire, administratif
et financier, remplacés par des républicains
éprouvés. Leurs droits politiques déclarés
nuls, et leurs biens décrétés nationaux, pour
vêtir, armer et solder les défenseurs pauvres
du pays;
3? La constituante renvoyée aux calendes
prussiennes et la commune élue sur-le-champ
et installée à l'hôtel de ville ;
4° La levée en masse de la F-rance. Le peu
ple français en armes et marchant au secours
de Paris.
Puis, comme conséquence des autres
mesures :
La réaction menace jusque dans votre
sein; éliminez-la, appauvrissez-la ! ôtez-luile
nerf de la suerre et donnez-le à la révolution.
Désarmer les ennemis, armer les amis ; af
faiblir l'attaque, fortifier la défense, c'est
tout profit !
Si M. de Bismark n'est pas content
du citoyen Pyat, il est bien exigeant.
Sous ce titre, la Ration, la Patrie en
danger publie un article où elle somme
le gouvernement d'empêcher le com-
■«aerce des vivres afin que les riches ne
Suissent pas en acheter. Le gouverne-
îent prendrait tout et donnerait à
chacun sa ration. Voici les conclusions
de la feuille blanquiste :
Que le gouvernement déclare toute trais-
action commerciale interrompue ;
Qu'il décrète que la monnaie n'a plus au
cune valeur ;
Qu'il fasse nommer par le peuple une
commission chargée de répartir les vivres
chez les fournisseurs ordinaires ;
Que les maires distribuent chaque jour ou
chaque semaine,— la question est à exami
ner au point de vue pratique,— un certain
nombre de bons, à l'aide desquels la subsis
tance journalière de chaque famille sera as
surée;
En un mot, qu'on-décrète la RATION :
Et nous échappons au danger de voir les
uns trahir et les autres manquer de forces
pour tenir un fusil.
Si le gouvernement provisoire ne veut pas
entendre de cette oreille, le peuple saura
bien aviser et ne se gênera pas pour prendre
la nourriture qu'on lui refusera. — Al.
Breuillé.
Si « le peuple » écoutait de tels ci
toyens, il se jetterait sur les boutiques
de bouchers, boulangers, épiciers, etc.,
et pillerait tout. Le lendemain il n'y
aurait plus de vivres pour personne, et
le surlendemain la guerre civile pour
rait commencer.
Le journal de M. Blanqui est fait par
des hommes trop experts en révolu
tion pour ignorer que son conseil mè
ne là.
Le corps diplomatique s'est réuni
avant-hier sous la présidence de S.
Exc. MgrChigi, nonce apostolique, qui
l'avait convoqué. Voici sur cette réu
nion les renseignements que publie
le Temps-.
Tous les ministres et chargés d'affaires,"
accrédités à Paris, assistaient à cette réu
nion, à- l'exception des ambassadeurs d'Au
triche, d'Angleterre, de Turquie, du minis
tre d'Italie et du chargé d'affaires de Russie.
Ces derniers ont quitté Paris samedi dernier,
et se sont rendus à Tours, comme nos lec
teurs le savent. <
Les membres du corps diplomatique ont
pris à l'unanimité les résolutions suivantes :
Le nonce apostolique a été chargé de faire,
au nom de ses collègues, des démarches au
près du ministre des affaires étrangères, pour
obtenir qu'un courrier puisse porter, à tra
vers les lignes des armées belligérantes, les
dépêches des représentants des puissances
neutres, de Paris à une localité quelconque
d'où le service postal soit assuré avec les di
vers Etats étrangers. Par l'intermédiaire du
même courrier, les gouvernements des puis
sances neutres correspondraient avec leurs
représentants à Paris.
Tous les ministres étrangers ont été d'ac
cord, à l'unanimité, de ne pas quitter Paris
jusqu'à nouvel ordre.
Pour le cas où les assiégeants dénonce
raient au corps diplomatique l'intention ' de
bombarder Paris, il aurait été convenu que
le nonce convoquerait de nouveau les mem
bres du corps diplomatique étranger.
L'opinion unanime de l'assemblée était
qu'il est plus conforme à la position du corps
diplomatique d'agir de concert, et de prendre
des mesures collectives, que d'agir isolément
et sans entente préalable.
Le nonce apostolique a été chargé de com
muniquer à ses collègues, dans une nouvelle
réunion, le résultat de ses démarches auprès
du ministre des affaires étrangères pour ob
tenir un courrier neutre.
r|>
Communications officielles
Mont Valérien, 24 septembre, 3 h. 40 s.
Commandant supérieur au gouverneur de Paris.
Le pont de Chatou, de ce côté ; de l'île du
Chiard, a sauté à trois heures.
* 24 septembre, soir.
" RAPPORT MILITAIRE
La journée a été absolument calme. Le
mont Valérien et la batterie de Saint-Ouen
ont seuls tiré à grande distance, le premier,
surdes convois ennemis en avant de Mon-
tesson; la seconde, sur les travailleurs prus
siens à la carrière d'Orgemont.
Les canonnières revenant de Suresnes ont
été vivement attaquées en passant devant le
parc de Saint-Cloud. La mitraille a fait taire
le feu de l'ennemi, en lui faisant éprouver
des pertes sensibles; nous avons eu deux
marins blessés assez grièvement.
Le fort d'Issy a tiré assez vivement ce soir
dans la direction de Sèvres, où l'ennemi pa
raissait établir des batteries.
Des renseignements certains informent
qu'un piont ayant été établi vers Triel, n'a pu
supporter le poids des pièces de gros calibre
qui s'y étaient engagées ; trois d'entre elles
ont coulé à fond. <
- En résumé, la situation est bonne.
Pour copie conforme :
Lé ministre de l'intérieur,
Gambetta..
Bicêtre, 25 septembre, 7 h. 82, matin.
Contre-amiral Pothuau au gouverneur de Paris
et au vice-amiral La Roncière.
Rien de nouveau ce matin ; tout est calme
autour de nous. Hier, dans la reconnaissance
faite par Montrouge, nous avons eu trois
hommes blessés.
Pour copie conforme :
Le ministre de l'intérieur,
Léon Gambetta.
Montrouge, 25 septembre, 7 h. 20, matin.
Le commandant de Montrouge à l'amiral
/ Pothuau, à Bicêtre.
Aucun changement apparent depuis hier ;
je crois toujours Bagneux occupé par un
corps considérable.
RAPPORT MILITAIRE
25 septembre, matin..
Les dépêches de tous les forts constatent
ce matin la tranquillité la plus absolue ; l'en
nemi ne se montre nulle part. Ce matin, nos
canonnièrès descendant la Seine ont mitraillé
la position de Brimborion, où l!on soupçon
nait des travaux de batteries.
Le gouverneur de Paris,
P. O. Le général, chef d'état-major général,
Schmitz.
Archevêché de Paris
Paris, le 21 septembre.
Monsieur-le curé,
J'ai déjà réclamé plusieurs fois des prières
pour le succès de nos armes et pour le réta
blissement de la paix. Dieu, dans ses vues
insondables, nous fait attendre son secours
et nous envoie la plus rigoureuse épreuve :
l'invasion de l'ennemi écrase quinze dépar
tements et couvre de honte la France entière;
Paris lui-même est menacé des horreurs d'un
siège.
Notre âme est déchirée par, de si grands
revers, et le sentiment de l'humaine faiblesse
nous pénètre. Mais nous sommes de ceux
que la foi soutient et qui mettent en Dieu
toute leur confiance, sachant que, s'il frappe,
c'est pour guérir, et que si la tribulation
nous visite, c'est pour nous ramener àu bien
et nous rendre meilleurs. Aussi, loin de
perdre courage à cause de l'impuissance où
nous sommes précipités, il-faut lever les
yeux vers le ciel avec une espérance plus in
vincible. Qui se repose sur un bras de chair,
tombe avec son fragile appui; qui prend
Dieu pour forteresse et pour rempart, sera
protégé contre d'orgueilleux ennemis. Car
c'est Dieu qui gouverne les batailles et dis
pose de la victoire ; il a souvent brisé les ar-'
mes dans la main de guerriers plus forts qu^
ceux qui nous combattent.
Seulement Dieu n'opère pas ces choses
sans notre libre concours. Le concours qu'il
nous démande, c'est l'effort et le travail sans
doute, mais c'est aussi la pureté "de la vie et
la constance dans la prière. En effet, quoique
Dieu fasse luire son soleil sur les méehants
comme sur les bons, et tomber la pluie sur
les injustes comme sur les justes, cependant
il n'attend pas toujours la vie future pour
récompenser la vertu et pour manifester sa
particulière bienveillance envers ses servi
teurs : il se souvient d'eux, tient compte de
leurs souffrances et les délivre de leurs an
goisses. Mais c'est quand on l'implore avec
confiance et piété, quand on prie avec ardeur
et persévérance : il est proche de ceux qui
sont .affligés et qui l'invoquent dans la sincé
rité de leur cœur, c'est-à-dire en suivant ses
préceptes et conformant leur vie à l'esprit de
l'Evangile. .
Je viens donc, monsieur le curé, vous rap
peler encore et, par votre entremise, rappeler
à tous mes chers diocésains les devoirs que
nous imposent en. ce moment la religion et le
patriotisme. Nos soldats soutiennent, le glai
ve en main, la-fortune de nos armes ; ils ont
ce qu'il faut humainement pour les faire
triompher. Ils nous voient,' à côté d'eux, se
courir les blessés sur les champs, de bataille
et dans les ambulances. Ils savent que notre
charité s'occupera de venir en aide, dans la
mesure du possible, à leur famille qui n'a
plus les ressources de leur travail. Qu'ils sa
chent aussi gue notre coeur* et nos vœux, jjue
toutes les âmes chrétiennes et françaises les
accompagnent dans leur lutte héroïque, et
que, par la prière, nous mettrons de leur cô
té cette force d'en haut qui maîtrise les évé
nements et distribue le succès.
C'est pourquoi nous demanderons à Dieu,
comme parle l'Ecriture, qu'il se lève et dis
sipe nos .ennemis, en mettant fin à la guerre
qui désole et ensanglante notre sol. Nous le
demanderons par les mérites de Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ, qui est venu dans le mon
de pour réconcilier la terre avec le ciel, les
hommes avec leurs semblables et avec leur
propre conscience, et pour faire ainsi régner
partout la paix, qui est la tranquillité de
l'ordre. Nous solliciterons ces grâces par
l'intercession de sa bienheureuse Mère. J'ai
renouvelé, il y a quelques jours, en ce qui
me regarde, la consécration de Paris à la
sainte Vierge, et beaucoup de mes diocésains
ont ratifié mon acte, en s'y asssociant avec
foi et piété; prions-la plus fermement encore
de nous couvrir de sa protection si puissante.
Nous invoquerons enfin nos glorieux patrons :
saint Denys, notre premier évêque, et notre
populaire sainte Geneviève, pour qu'elle ma
nifeste son amour envers nous, comme elle
l'a fait souvent à l'égard de nùs aînés, et
pour qu'elle se souvienne de Paris dans des
-circonstances qui rappellent les maux dont
elle le délivra par l'efficacité de ses jeûnes et
de ses prières. ■
En conséquence, monsieur le curé, j'ai ré
glé ce qui suit :
1° Tant que, durera le siège de Paris, les
prêtres réciteront, chaque jour, à la fin de la
messe, le Sub tuum et les invocations : Sanc-
ta Genovefa, ora pro nobis \ sancte Dionysi
cum Sociis tuis, orate pro nobis.
2° Il y aura dans toutes les paroisses et
les communautés religieuses exposition du
Saint-Sacrement, un ou deux jours par se
maine, selon que MM. les curés et aumôniers
le jugeront plus conforme aux besoins et aux
convenances de la paroisse et de la commu
nauté. \ . :
Le soir, ait salut,-on chantera, avant la
bénédiction, les invocations trois fois répé
tées : Cor Jesu sacratissimum, miserere nobis,
et Sçncta Genovefa, ora pro nobis, et après la
bénédiction, trois fois Parce, Domine, parce
populo tuo....
3° MM. les curés et aumôniers seront au
torisés, sur leur demande, à faire en outre
dans leur église ou chapelle les exercices re
ligieux qu'ils croiraient utiles aux âmes et
i)lus spécialement réclamés par la piété de
eur paroisse, et communauté, par exemple
une neuvaine au Sacré-Cœur .ou à sainte
Geneviève.
4° Les membres des communautés reli
gieuses et les personnes pieuses sont invitées
à faire la communion, aussi souvent qu'elle
leur sera permise, pour le salut de Paris et
de la France.
S 0 Tout en exhortant les fidèles aux senti
ments de pénitence, je crois devoir, à raison
des difficultés du moment, les dispenser de
l'abstinence du vendredi, jusqu'à la fin du
siège.
Agréez, monsieur le curé, la nouvelle as
surance de mon tendre attachement.
•f- Georges,
archevêque de P^ris^
Nous complétons-aujourd'hui la pu
blication *de papiers trouvés aux Tui
leries, et imprimés par ordre du gou
vernement. Les notes placées eii tête
des pièces sont rédigées par la com*
mission chargée de cette publication.
I
affaire du mexiquè
Lettre de M. J.-B. Jecker â M. Conti, chef
du cabinet dé l'empereur,
M. Jecker explique dans la pièce qui suit le»
causes dç l'expédition mexicaine :
Paris, le 8 décembre 1869;
Monsieur,
Ne trouvez pas étrange que je m'adresse à
vous de préférence, ayant à vous entretenir
d'une affaire qui regarde particulièrement
l'empereur.
Vous aurez assez entendu parler de mon
affaire des Bons pour la connaître un peu.
Eh bien, je trouve que le gouvernement la
considère avec trop d'indifférence, et que,
s'il n'y fait pas attention, elle pourrait, ame
ner des suites fâcheuses pour l'empereur.
Vous ignorez sans doute que j'avais pour
associé, dans cette affaire, M. le duc de Mor-
ny, qui s'était engagé, moyennant 30 pour
100 des bénéfices de cette affaire, à la faire
respecter et payer par le gouvernement mexi
cain, comme elle avait été faite dès le prin«
cipe. Il y a là-dessus une correspondance
volumineuse d'échangée avec son. agent M.
de Marpon.
En janvier 1861, on est venu me trouver
de la part de ces messieurs pour traiter cette
affaire.
Cet arrangement s'est fait lorsque ma mai
son se trouvait déjà en liquidation, de sorte
que tout ce qui la refarde appartient exclu
sivement à celle-ci.
Aussitôt que cet arrangement fut conclu,
je fus parfaitement soutenu par le gouverne
ment français et sa légation au Mexique,
Celle-ci avait même assuré à mes créanciers,
au nom de la France, qu'ils seraient entière
ment payés, et avait passé des Notes très
fortes au gouvernement mexicain sur l'ac
complissement de mon contrat avec lui, au
point que l'ultimatum de 1862 exigeait l'exé-,
cution pure et simple des décrets. Depuis
cette époque, j'ai été constamment exposé à,
la .haine du parti exalté, qui m'a jeté en pri
son, ensuite m'a banni, me confisquant mes
biens. -
L'affaire en resta là jusqu'à l'occupation
du Mexique par les Français. Sous l'empire
de Maximilien, et aux instances du gouver
nement français, on s'occupa de nouveau du
règlement de mon affaire. En avril 1863, ja
parvins, aidé des agents français, à faire une
transaction avec le gouvernement mexicain.
A la même époque, M. le duc de Morny
vint à mourir, de sorte que la protection
éclatante que le gouvernement français m'a
vait accordée cessa complètement. Le minis
tère des finances français permit bien qu'on
payât les premières traites que le gouverne
ment mexicain, m'avait données sur Paris
pour couvrir une partie de ce qu'on me de
vait, mais les agents français au Mexique
s'opposèrent, d'après les instructions qu'ils
avaient reçues, qu'on me délivrât les traites
pour 10 millions de francs, solde de ma
transaction, malgré que j'en eusse parfaite
ment rempli les conditions, et que le gouver
nement mexicain était disposé à me payer#-
se trouvant avoir à Paris, à cette époque,
plus de 30 millions de francs.
Comme le gouvernement français avait dé
claré dans les Chambres qu'il s'était opposé à
l'exécution de ce contrat et qu'il s'était ap
pliqué ce qu'on aurait dû me payer, je fus
obligé, comme liquidateur de ma maison et
après avoir épuisé les voies de conciliation,
de lui intenter un procès devant le conseil
d'Etat. Malheureusement cette démarche n'a
eu aucun résultat, car ce tribunal vient de sa
déclarer incompétent j 'd'après l'indication
que m'en a faite le ministre des finances dans
sa défense.
J'étais aussi un des plus forts indemnitai
res mexicains. La commission mixte établie
à Mexico m'avait reconnu une somme de
6 millions de francs environ, qui a été ré
duite par celle-ci'à 300,000 fr. à peu près. Je
suis en instance pour la différence auprès du
ministère des affaires étrangères, qui n'a
pas encore daigné me répondre là-dessus.
Mais à l'avance je m'attends à la réponse né
gative que m'a donnée le ministre des finan
ces pour l'affaire des Bons.
Quelques créanciers, 'voyant que je n'obte
nais rien du gouvernement pour mes princi
pales réclamations, ont mis saisie-arrêt à la
Caisse des' dépôts et consignations sur ce
que j'ai à recevoir de ces 300,000 fr., de
sorte que je n'ai pu disposer que d'une faible
somnae pour les besoins pressants de ma
maison.
Complètement ruiné par suite de l'expé
dition au Mexique, n'ayant plus rien à faire
ici et ne pouvant rien y faire, je suis obligé
de retourner là-bas pour rendre compte à
mes créanciers de ma gestion.
Malgré que je n'aie rien négligé pour tâ
cher de payer la totalité de ce que je leur
dois, comme je n'ai pu y parvenir par suite
de circonstances extraordinaires qu'il m'a été
impossible d'éviter, ils ne tiendront pas
compte des sacrifices énormes que j'ai faits
pour y arriver et me traiteront sans considé
ration aucune.
Il voudront savoir le motif qui avait porté
en 1861 M. de Sâligny, alors ministre au
Mexique, à leur promettre au nom de la
France qu'ils seraient payés de ce que ma
maison leur devait, et pourquoi, en 1863,
cette protection extraordinaire m'a été si
brusquement retirée ^ar le gouvernement
français.
Quoique jusqu'à présent j'aie gardé le plus
grand secret sur cette affaire, malgré qu'on
m'ait fortement' engagé a la publier, je serai'
obligé de me défendre pour ne pas me voir
jeter, en prison pour dettes ; je suis forcé de
dire à mes créanciers ce qui s'est passé, eu
leur délivrant tout ce que j'ai là-dessus,
qu'ils réclameront d'ailleurs comme appar
tenant à la liquidation. Le gçmvernement
mexicairi sera enchanté de connaître cette af-*
faire à fond pour sa conduite ultérieure avec
-la France.
Je prévois bien l'effet qu'une confession
semblable.produira dans le public et le mau
vais-jour qu'elle jettera sur le gouvernement
de l'empereur, surtout dans les circonstances
critiques où nous vivons ; mais je ne puis l'é
viter, à moins qu'on ne me facilite les moyens
de faire une proposition à mes créanciers eh
les empêchant, par . ce moyen, d'exiger que jô
leur rende compte de ma liquidation-.
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