Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1870-08-25
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 août 1870 25 août 1870
Description : 1870/08/25 (Numéro 1204). 1870/08/25 (Numéro 1204).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi 25 Août
1870
N* 1204 — Edition rruotidieim»;
PARIS
Uni"an... 60 fr.
Six mois 31
Trois mois 16
Le numéro : 15 centimes. v
— /V* ^ •
/ y'
Paris, 10, rue des Saints-Pères./, : . : ,■
On s'abonne, à Rome, au-bureau de la C'mltà c^tï&hca,-
yia dcl Gesu, 61. ^
ÛELEAATOMENTS
66 Tr.
Six mois ; 34
Trois-mois 18
/Édition semt -qaotldienne
Un an, 3C fr.—Six mois, 19 fr.—Trois mois, 10 fr.
L'Univers ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés.
AAHVOIVCES
$5. Ch. LAGRAXGB, CERF el 6, place de la Bonne.
linp. Ad- La'mâ, rue tics Saints-Pères, 19-
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7"."oil c.ry./c / 31 août i. '
le renouveler L ?,ic - > /< :hj iïrnc/ti//osait <
s ifs -ne variait, pas éprouver de retard
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■ d'une dernière bande, imprimée. C'est une
condition indispensable pour qu'il y puisse
être fait droit. *
FRANCE
1"\R1S. 24 AOUT 1870
La, Gazette officielle de Vienne a pu
blié, et nous avons reproduit la
dépêché de M. de Beust au char
gé d'affaires du gouvernement aus
tro-hongrois à Rome, par laquelle ce
gouvernement notifie au Saint-Sié-
ge sa résolution d'abolir ce qui reste
du concordat. Cette pièce, dont cha
que phrase révèle une inconcevable
ignorance"des choses de la religion,
demanderait un long examen, mais le
moment est pe» propre à de telles dis
cussions et il faut se borner à quel
ques remarques.
M, de Beust affirme que son gou
vernement, d'accord avec tous les au
tres, s'est abstenu de toute ingérence
dans les affaires du Concile. Le fait est
manifestement faux. Il est notoire que
si un parti d'opposition s'est formé au
sein du Concile contre la définition
d'une doctrine qui fut toujours celle
de l'Eglise et que la plupart^ des op
posants avaient jusqu'alors professée
eux-mêmes, on le doit surtout à l'ac
tion des gouvernements soi-disant ca
tholiques. La grande-objection de la
minorité contre l'opportunité de la
définition était que les gouvernements
n'en voulaient pas, et agiraient contre
l'Eglise et le Saint-Siégé si le Concile
passait outre. Si les gouvernements
ne l'avaient pas désiré, s'ils ne l'a
vaient pas voulu, rien xle pareil à
ce que nous avons vu ne se fût
produit, et sur eux pèse la respon
sabilité de tous les scandales-qui en
ont été la conséquence. Du reste, M.
de Beust avoue que lorsqu'ils virent
l'impuissance de l'opposition, ces- gou
vernements s'empressèrent de lui por
ter seèours par leurs-dépêches et leurs
mémorandum.
M. de Béust proteste qu'il ne peut
entrer dans sa pensée de formuler un
jugement sur le dogme de l'infaillibi
lité pontificale, et ce jugement il le
formule en fermes outrageants pour
l'Eglise catholique, car il l'accuse d'a
voir introduit dans son symbole une
doctrine nouvelle, une doctrine qui
change sa constitution et la nature du
pouvoir "souverain établi de Dieu pour
lia régir, une doctrine qui donne à l'E
glise et -à son chef des droits et une
compétence que jusqu'à ce jour elle
n'avait jamais revendiqués. Le concile
déclare que par sa définition il n'a fait
que consacrer la doctrine ancienne et
immuable, les droits de tout temps re
connus au vicaire de Jésus-Christ ;
M. de Beust répond que le concile ment
ou se trompe, qu'il a réellement fait
dans l'Eglise une révolution, que l'E
glise et le Pape d'aujourd'hui ne sont
plus l'Eglise et le Pape d'hier, et que
cette transformation radicale résulte du
dogme de l'infaillibilité. Voilà com
ment il s'abstient de tout jugement
sur ce dogme.
En sa qualité de ministre et de
chancelier de l'empire austro-hongrois,
M. de Beust se constitue juge des doc
trines. Il adopte « les doctrines que
professe de nos jours l'immense majo
rités des sociétés civiles » et repousse
« les dpetrines promulguées par- l'E
glise. » Les doctrines de l'Eglise^ tout
le monde les connaît ; mais que sont
les doctrines des sociétés civiles? Elles
font toutes profession, de nos jours, dé
n'en avoir aucune. Leur premier prin
cipe est qu'il ne doit plus y avoir de
religion, de doctrine d Etat, qu'en pa
reille matière lè gouvernement, l'Etat,
la société civile sont radicalement et
absolument incompétents. De quel
droit donc le ministre autrichien se
permet-il de jeter l'anathème aux doc
trines catholiques et de canoniser les
doctrines contraires? De quel droit, se
mêlant de ce qûi ne le regardait pas,
a-t-il appuyé le parti dé l'opposition
au Concile? De quel droit a-t-il joint
sa voix à celle dé M. Daru, pour com
battre dans ses dépêches les doctrines
du Saint-Siège et de l'immense majo
rité de l'épiscopat ?"
Son desseiA était bon : il voulait ame
ner une conciliation entre l'Eglise et
les sociétés modernes, en persuadant
à l'Eglise de sacrifier ses vieilles doc
trines et d'adopter, les doctrines nou
velles, c'est-à-dire en lui persuadant de
déclarer ou que jusqu'à présent elle
n'a pas professé, ou que désormais elle
no veut plus professer la vraie doctrine
de Jésus-Christ.
0a peut concilier des intérêts ; on ne
concilie pas des doctrines. Si elles ne
sont pas contradictoires, la conciliation
se fait toute seule ; si elles le sont, à
moins d'être insensé, comment peut-on
entreprendre de faire accorder le oui et
le non ?
Une telle rage de conciliation est
bien éSrange chez des hommes qui
professent le culte de la liberté de
conscience.
Cçtte religion'moderne suppo^p d'a
bord que toutes les religions, toutes les
doctrines ont un droit égal de se pro
duire et de se propager librement; et
en second lieu, que cette anarchie dans
le domaine de la religion et de la doc
trine n'a aucun inconvénient, et que
l'Etat n'a pas à s'en préoccuper; Pour
quoi donc' s'en préoccupe-t-il ? Pour
quoi viole-t-ille droit de l'Eglise ca
tholique ? Pourquoi veut-il l'obliger à
fausser sa doctrine pour la concilier"
avec les doctrines ennemies ?
Est-ce que la lutte des doctrines con
traires n'est pas la condition même de
la liberté ? M. de Beust va-t-il proposer
à son Reichsrath une loi portant que
toutes les religions ét toutes les doc
trines sont libres, à la condition d'être
toutes d'accord? Si vous croyez, comme
nous catholiques, que l'unité religieuse
est le plus grand bien des sociétés hu
maines, ne .pous- parlez plus de vos
doctrines modernes, qui sont la néga
tion de cette unité. Si au contraire
vous croyez à ces doctrines et à l'anar
chie qu'elles consacrent, appliquez-les
loyalement et souffrez que l'Église jouis
se de la liberté commune pour tirer de
ce mal tout le bien qu'il est possible
d'en faire sortir.
^ Que craignez-vous de l'Eglise ? Quel
mal peut-elle vous faire? Elle n'a pas
d'armée à son service, elle n'agit que
par la parole et par la prédication de
la doctrine, et vous prétendez laisser
toute liberté à la parole et aux doctri
nes. — Mais l'Eglise, dites-vous, a des
doctrines contraires à celles que pro
fessent les sociétés modernes. — Que
vous importe, puisque les doctrines ne
vous regardent pas et que celle des so
ciétés modernes vous défend d'en avoir
une qui vous soit propre? Voulez-vous
établir une orthodoxie libérale et obli
ger les catholiques, sous peine d'être
treités en ennemis, de croire ^au libé
ralisme?
Mais le Concordat! Le Concordat ga
rantissait la liberté religieuse des ca
tholiques sans léser en quoi / que ce
soit la liberté religieuse des dissidents.
De l'aveu de M. de Beust, le gouverne
ment autrichien l'avait déjà aboli dans
ses parties essentielles, par ses lois
antichrélieunes sur le mariage, sur
l'enseignement, sur les rapports des
diverses confessions, et ce qui en res
tait n'était plus qu'une lettre morte.
Aussi, les catholiques autrichiens pa
raissent-ils peu le regretter; mais le
cabinet de Vienne prend un prétexte
hypocrite pour cette abolition supplé
mentaire, lorsqu'il veut faire croire
qu'elle a pour cause la définition de
"'infaillibilité du Pape, affirmant eon-
,re toute évidence que par cette défi
nition les rapports de l'Eglise avéc l'E
st se trouvent' changés et oubliant ce
qu'il vient de dire, que bien avant
qu'il en fût question, il jugeait le Con
cordat incompatible avec « les exigen
ces de la situation créée dans la mo
narchie austro-hongroise. »
M. de Beust veut bien prévenir le
Saint-Siège que dans là partie cislei-
banienne de l'empire on n'aura pas
recours au placitum regium, « qui serait
« en contradiction avec l'esprit libéral
« des lois fondamentales de l'Autri-
« che, et qui apporterait des entraves
« à la liberté que les lois assurent à
« l'exercice du culte catholique; » mais
il le prévient en même temps que le
placitum regium sera applique en Hon
grie. Il paraît que dans cette moitié
de l'empire, l'esprit des lois fonda
mentales est peu libéral et qu'on s'y
plaît à entraver la liberté du culte ca-
holique.
L'aveu est naïf. .
Du L ac,
Le maréchal Bazaine,'dont le rôle
est si grand et si glorieux en ce mo
ment, aurait, assure-t-on, demandé au
pays quelques jours de patience. La
population de Paris paraît avoir com
pris cette parole. L'esprit mobile et
impressionnable de la capitale toujours
avide de nouvelles, qui en réclamerait
volontiers toutes les minutes, a été do
miné par le sentiment national. Les
nouvelles sont attendues, désirées, sol
licitées avec anxiété, mais avec calme,
sans tumulte et pacifiquement. La note
du Journal officiel à! avant-hier, qui pou
vait éveiller quelques appréhensions,
avait été accueillie sans trouble. Une
foule nombreuse se pressait aux abords
du Corps législatif ; bien différente de
celle qu'on y a vu il y â seulement
quelques semaines, elle n'avait rien
de tumultueux : aucun cri, aucun dé
sordre. Elle était rangée au bord des
avenues du palais et avec une émotion
sincère et patriotique, encore confiante
au milieu des alarmes, elle demandait
poliment et doucement les nouvelles à
ceux qui sortaient de la salle des
séances.
Hier l'esprit était le même, plus
calme encore, puisque, comme nous
l'avons remarqué, 1 impression géné
rale était favorable ; mais l'espérance
était aussi digne et aussi contenue dans
la foule que l'avait été l'anxiété là
veille. : •
A en juger par les abords du Corps
législatif, la population de Pari sa donc
répondu à la parole du maréchal. Ba
zaine : Se confiant dans rarméè fran
çaise, malgré quelques oscillations
bien légitimes entre une appré
hension plus poignante et une es
pérance plus assurée, Paris montre
une patience patriotique qui est en ce
temps de la vraie et salutaire poli
tique.
Le Corps législatif ne tient pas à suivre
ce bon exemple. La séance d'hier a été
tumultueuse et violente ; elle doit être
regrettée et détestée par toutes les
âmes qui gardent des sentiments de
patriotisme. On conçoit une certaine
impatience. Les députés de l'Alsace de
mandent l'armement rapide des popu
lations, qui ne sont pas encore envahies
par l'ennemi; et on comprend qu'il n'y
a rien de plus pressant. Leurs récla
mations pouvaient-elles se. faire ail
leurs qu'à la tribune? La tribune, nous
l'avons dit, en temps de guerre et d'in
vasion, est un lieu dangereux. M. Ta-
chard, dont M. Jules Ferry célébrait
l'autre jour le patriotisme dans un
journal qui avoue n'avoir pas un ëloi-
gnemerit absolu à vivre sous le sceptre
du roi Guillaume, M. Tachard a. pro
noncé une parole au moins impru
dente. M. le ministre de l'instruction
publique n'a pas eu besoin d'en signa
ler la maladresse, on emploierait un
autre terme si on' pouvait supposer
qu'elle eût été pesée à l'avance; mais
il a rappelé que la session n'avait par
pour but d'interpeller les ministres et
de les poursuivre de questions.
M. Gambetta a pris alors la parole.
Son discours, tout rempli de pronosti-
cations sinistres, n'a été qu'une récrimi
nation fâcheuse et violente. La Cham
bre y a mis fin avec raison par la clô
ture : mais cette clôture n'a pas été
prononcée sans une profonde anima
tion de part et d'autre. L'approbation
qu'il a donnée aux propositions du
meunier Giraûlt, du philosophe Simon
et du patriarche Raspail contre les sé
minaires, nous a fait douter de l'esprit
de M. Gambetta. Son discours d'hier-
accuse Je défaut absolu de sens
politique ; et si on ne peut mettre
en doute la sincérité, il faut au moins
contester les lumières du patriotisme
du député de Marseille. On se demande
pourquoi il a rompu si violemment
avec la ligne " de conduite qu'il sem
blait avoir adoptée depuis plusieurs
semaines.
Après cette discussion beaucoup trop
animée, M. Thiers * est monté à la
tribune pour faire un rapport verbal
sur la proposition de M. de Eératry.
Le nouveau projet dont le rapproteur
avait entretenu la Chambre n'a pas
été accepté par le ministère ; une der
nière proposition a surgi, dont les con
clusions seront soumises aujourd'hui à
la Chambre.
Avant que la séance ne soit levée,
M. J. Pavre a demandé au ministère
des nouvelles do la guerre, déclarant
qu'on manquerait à la dignité de la
Chambre en ne lui en fournissant
pas. Le ministre de l'intérieur a ré
pondu que le ministère n'avait cepen
dant pas à en donner. Là dessus orage
enfantin et violent à la gauche. Elle"
veut des nouvelles, elle ne veut pas
qu'on lève la séance, elle proteste que
la séance n'est pas levée, elle s'assied
sur ses bancs. Le président se lève ce
pendant, M. Magnin, député de la
gauche et secrétaire de là Chambre, le
suit. La majorité sort de la salle.
Les tribunes regardent les jeunes
députés de la gàuche prenant des atti
tudes et se groupant autour de MM.
Garnier-Pagès et Glais-Bizoin. Ils par
lent avec feu et se passent des papiers,
M. Jules Favre s'esquive doucement
par le couloir de gauche. M. Picard
s'est déjà évaporé. M. Jules Simon, au
moment de l'incident, était dans le cou
loir de droite : il se garde de mon
ter à son banc. La pétulante jeunesse
est livrôe à elle même sous le chape-
ronnage des deux barbons que nous
avons désignés.
Les tribunes se vident lentement. Un
questeur suivi d'un huissier fait éva
cuer celle des journalistes, qui vou
laient voir comment finirait ce jeu ri
dicule et passionné. Quand.ils' sortent,
le groupe de la gauche est bien réduit.
Deux autres groupes causent paisible
ment sur les hauteurs du Centre et
dans le couloir de droite. - ,
Espérons que le peuple de Paris res
tera ce qu'il s'est montré ces jours-ci,
et qu'il "comprendra""la* folie, pour ne
pas employer d'expression plus sévère,
dont vient de témoigner une portion
de la Chambre. Il ne faudrait pas beau
coup de séances comme celle d'hier
pour donner à supposer que la session
actuelle a plus de dangers pour la pa
trie que d'utilité.
Notons cependant deux propositions
intéressantes : l'une de M. de Soubey-
ran, qui demande des facilités pour l'or
ganisation de magasins généraux ou
vrant au commerce la ressource du
prêt sur gages; l'autre,de M. Jules Si
mon, qui, en prévision du siège de Paris,
demande qu'on éloigne de cette ville
toutes les bouches inutiles. L'urgence
a été votée sur la proposition de M. de
Soubeyran; celle de M. Jules Simon a
trouvé l'appui du gouvernement : elle
est grave ; elle aura les sympathies de
la population dont elle accuse l'énergi
que et nationale résolution. Nous
croyons , cependant que, malgré les
alarmes excessives dont ont témoigné
les députés de la gauche, elle ne sèra
pas nécessaire.
Notons encore une pétition déposée
au nom d'une commune de la Seine-
Inférieure, "qui propose de donner asile
aux femmes et aux enfants fuyant les
départements envahis par l'ennemi.
Voilà du vrai patriotisme, .dont nos dé
putés pourraient utilement méditer
l'exemple.
Léon Aubineau,. '
La séance du Sénat a été marquée
hiçr par une communication de M. le
président Rouher, une proposition de
M. d'Ariste et des explications sur la
situation monétaire.
M. Rouher a déclaré que le gouver
nement avait l'intention d'adjoindre
au comité de défense de Paris deux
sénateurs et trois députés.
M. d'Ariste, s'appuyant sur sa qua
lité de président de la compagnie des
chemins de fer de l'Est, a dit que cer
tains bruits, certaines informations
rapportés par les journaux n'avaient
pas été sans utilité pour l'ennemi. Il
convient, a-t-il ajouté, de faire passer
l'intérêt de nos armes avant le goût
des nouvelles.
Nous espérons que ce conseil sera
entendu. Pour notre part, nous avons
toujours eu grand soin de supprimer
djins nos correspondances tout ce qui
pouvait indiquer le mouvement de nos
troupes.
Sur une interpellation de M. Hubert-
Deiisle, M. Rouland, gouverneur de la
Banque, a établi que la situation moné
taire était bonne, et promis que l'on au
rait bientôt des coupures de 25 fr.
Il résulte des explications échangées
à ce sujet qu'une des gênes dé la si
tuation est dans l'insuffisance de mon
naie divisionnaire ; il y en a assez pour
les besoins, mais non pour la panique.
Ce serait le cas "de réparer la malheu
reuse mesure, si indignement motivée,
prise, il y a quelques mois, contre les
monnaies -divisionnaires pontificales.
On ne paraît pas y songer. Les minis
tres changent^ mais l'administration
reste; or, celle-ci se croirait coupable,
si elle réparait une faute et confessait
une iniquité.
Eugène Veuillot,
Ce matin, pas de nouvelles encore,
mais l'impression générale est bonne.
A défaut de nouvelles, des bruits qui
se résument ainsi :
On parle d'un billet du maréchal Ba
zaine dont le dernier mot serait : «Tout
va bien. »
Un nouvel engagement heureux au
rait eu lieu entre l'armée du maréchal
Bazaine et l'armée prussienne.
On tient pour assurée la jonction du
maréchal avec l'armée du maréchal
Mac-Mahon.
Le prince royal de Prusse paraît
beaucoup moins pressé de marcher sur
Paris.
Nous recevons la dépêche suivante
par la Correspondance du Nord-Est :
Vienne, 22 août, 8 h. 40, soir.
Les bruits relatifs à une médiation an
glaise et russe, ainsi que ceux annonçant le3
voyages du prince Orloff et du prince Gort-
chakofl au quartier général du roi de Prusse
sont controuvés.
Le gouvernement austro-hongrois, con
vaincu que la France continuera la lutte,
croit, de son côté, que le moment est tout à
fait inopportun pour une médiation.
Les Prussiens évaluent leurs pertes dans
les derniers combats à 40,000 hommes. Dans
la bataille du -18, la garde prussienne a sur
tout souffert. Dans les départements envahis,
les exactions des Prussiens sont énormes ;
les soldats pillent les propriétés comma dei
Vandales.
Les dépêches suivantes, bien que ne
rapportant que des bruits, sont bonnes
à donner :
Bruxelles, 23 août.
Les lettres de Copenhague du 19 portent
que tous les journaux danois ont ouvert des
listes de souscription en faveur des blessés
français et de leurs familles.
Londres, 23 août.
Le Morning Post a des raisons de croire
que l'assertion du correspondant du Times, fi
Berlin, relativement à la lettre de la reine, en
réponse à une lettre de l'impératrice deman
dant la médiation de l'Angleterre, est dénuée
de tout fondement. Les deux lettres sont de
pure invention.
Le bruit court que le prince royal et le roi
ont eu une entrevue à Pont-à-Mousson,
le 20.
On dit que le prince royal est retourné à
Vitry-le-François.
Vienne, 22 août, soir.
La Nouvelle Presse dit :
Nous apprenons de bonne source que le
comte Chotek, envoyé extraordinaire d'Au
triche à Saint-Pétersbourg, qui vient d'arri
ver ici, aurait apporté la copie d'une lettre
adressée par le czar au roi de Prusse pour
lui proposer- des négociations de paix. La
lettre serait restée sans réponse jasqu'à pré
sent.
Le même journal donne la nouvelle sui
vante de Berlin, en date du 22 août :
Les régiments de la garde royale de Prusse
ont éprouvé des pertes énormes dans la ba
taille du 18 août.
On écrit de Montmédy, le lundi ■22 :
La ligne du chemin de fer et îo télégraphe
sont coupés près de Joppicourt. On dit que
des troupes ennemies sont dans les parages
do Pierrepont; la Compagnie do l'Est a or
donné à ses agents de faire replier tout son
\
personnel et tout son matériel sur Carignev,
qui est aujourd'hui tête de ligne.
La ligne de chemin de fer a été coupée" à
Audreu-le-Roman par un corps de cavalerie
évalué à-500 hommes.
On abat les arbres des promenades de
Montmédy.
Le service du chemin de fer continue à se
faire irrégulièrement il est vrai, .jusqu'à
Montmédy. Le train de Paris est arrivé avec
un retard notible et a continué sa route sur
Longuvon..
L'avis suivant vient d'être adressé
aux journaux : <
Plusieurs journaux recommencent à don
ner sur le mouvement des troupes françaises
des renseignements de nature à compropaet-
tre le succès de nos opérations.
Le ministre de l'intérieur fait un appel au
patriotisme de la presse. '
Il est convaincu qu'il suffira, pour obtenir
qu'elle garde sur le moindre mouvement un
silence absolu, de porter à sa connaissance le
l'ait suivant, attesté par vingt dépêches de
préfets et de sous-préfets :
Quand les Prussiens traversent un centre de
population, leur premier soin est de " recherelur
des journaux français, qu'ils lisent avec la plus
scrupuleuse attention.
23 août 1870.
Le ministre de l'intérieur,
Henri Chevreau.
Emprunt national
La foule des souscripteurs s'est pressée
toute la journée d'aujourd'hui à la caisse
centrale du Trésor et aux mairies /les arron
dissements de Paris.
A cinq heures les bureaux ont été fermés,
suivant l'arrêté ministériel, et le temps a
manqué pour satisfaire à toutes les de
mandes.
Le montant des souscriptions connues ac
tuellement de Paris et des départements dé
passe 620 millions.
La souscription à l'Emprunt national con
tinuera demain mercredi 24 août, de neuf
heures à cinq heures. (Journal officiel..)
Ainsi, l'emprunt français aura été
couvert aussitôt qu'émis.
L'emprunt prussien de 4S0 millions,
émis dès la déclaration de la guerre
et avant l'ouverture des hostilités, n'est
pas couvert encore.
Ce rapprochement est significatif.
Et comme l'argent est plus que jamais
le nerf de la guerre, on peut voir quel
appui le temps nous donnera si la
guerre se prolonge. Or, elle se prolon
gera. Les Prussiens sont venus chez
nous, nous irons chez eux.
S. Desquers,
Nos députés de la gauche ne sont
pas seulement ridicules et intempé
rants sur leurs bancs où ils représen
tent la nation. Mercredi ou jeudi der
nier, MM. Jules Ferry, Bethmont, Pi
card, et un quatrième dont le nom
nous échappe,sont allés visiter les tra
vaux des fortifications de Paris. Après
avoir examiné'ce qui se faisait et en
avoir sans doute délibéré entre eux,
ces messieurs se mirent à donner des
ordres et à commander aux ouvriers
d'abattre ou d'édifier telle construc
tion. Les ouvriers, assez étonnés, les
engagèrent à s'adresser à leurs chefs.
Les visiteurs firent venir un ou plu
sieurs des entrepreneurs des travaux,
et intimèrent de nouveau leurs ordres.
L'entrepreneur "s'informa à quel titre
et en quelle qualité on lui parlait.
— Nous sommes députés de Pari?,
répondirent les honorables.
Vit-on jamais ingérence plus ridi
cule? Et comme la défense nationale
va être promptement en état avec un
tel concçurs? Si le fait n'est pas vrai,
il est du moins fort vraisemblable. Les
trois députés qu'on nomme feront bien
de le démentir; car connaissant l'ou
trecuidance des héros, l'opinion pu
blique est toute disposé© à ajouter foi
à cette historiette.
S. Desquels.
Une correspondance s'est engagée
entre le gouvernement anglais et le
gouvernement français au sujet du blo -
eus signifié par l'amiral Fourichon,
qui commande dans la mer du Nord.
Le gouvernement anglais désirait
savoir : 1° Si les dix jours de grâce ac
cordés par l'amiral français s'appliquent
aux navires entrant dans les ports blo
qués, aussi bien qu'à ceux qui les quit
tent ; 2° si le 23 de ce mois est com
pris dans ces jours de grâce.
M. le prince de la Tour-d'Auvergne
a répondu, au premier point : que lé
privilège n'est accordé, conformément
à ce qui s'est passé lors de la guerre
de Crimée, qu'aux navires qui sortent
des ports, et non à ceux qui veulent y
entrer; — au second point : que lu
terme du délai de grâce pour la sortie
des ports bloqués n'expirera que le soif
du2S. « Ajureste, dit le ministre, en ce
qui concerne la France, la 'question
n'implique aucun danger imminent
pour les bâtiments neutres, les prin
cipes sacrés dans la matière né ren
dant point sujet à saisie un bâtiment à
destination d'un port bloqué, à moins
que ce bâtiment, après avertissement
préalable d'un croiseur, ne tente 4e
forcer la ligne de blocus. » •
S. Desquers,
Voici le bujletin hebdomadaire du
Journal officiel:
Les peuples, comme les individus, gran
dissent par les épreuves noblement suppor
tées. Loin de décourager la France, les der
niers événements ont montré tout ce qu'il y
a de vigueur dans le caractère national. Le
plan de la Prusse reposait sur une fausse es
pérance." Les envahisseurs comptaient sur
une révolution à Paris. Ils s'imaginaient, que
notre héroïque armée serait prise entre deux
feux, et que les Français, déchirés par une
guerre civile, deviendraient les complices des
Prussiens. Le patriotisme de la France a dé
joué cet odieux calcul.
Les luttes parlementaires, les rivalités
d'influence et les questions de personnes ont
été écartées par un accord tacite. L'Empe
reur, le gouvernement, les chambres, le pays
-n'ont plus qu'une préoccupation : chasser
l'étranger. Aux émotions fébriles des pre
miers jours, a succédé un calme, qui est le
signe de la force.
Plus les dangers sont grands, plus la
France tient à honneur de les regarder en"
face. Soit que l'ennemi doive être arrêté
brusquement dans sa marche, soit que le sort
des armes l'amène un jour sous les murs de
Paris, la nation sera prête à tous les'dévoue
ments et à tous les sacrifices. Lforganisation
de la défense se poursuit avec ordre et régu
larité. Il y a le même élan qu'en 1792, mais
cet élan est mieux réglé. Le pays, plein de
confiance dans l'avenir, sent très bien que
ses ressources sont à peine entamées, Seuls
les départements de l'Est ont souffert. Le
nord, le centre, l'ouest, le midi se lèvent
pour sauver les territoires envahis et pour
aider nos troupes à prendre des revanches
éclatantes.
Tous nos ports sont libres. Notre flotte va
frapper de grands coups dans la mer du Nord
et dans la Baltique. Notre commerce et notre
industrie demeurent toujours vivaces. Notre
crédit n'est pas ébranlé, et nos.finances n'ad
mettent pas de comparaison avec celles nie
l'ennemi.
La Prusse, qui croyait à des décourage
ments, à des trahisons, à des défaillances,
s'étonne et s'inquiète de la promptitude avec
laquelle le pays organise toutes ses- forces
vives et joint aux efforts des pouvoirs publics
le zèle de l'initiative privée. Nos adversaires
s'aperçoivent que plus la lutte se prolonge,
plus notre situation s'améliore. Ils reconnais
sent que nos ressources en hommes et on ar
gent seront inépuisables, et que le moment
approche où partout les gardes nationales
mobiles et sédentaires prêteront à l'armée le
concours le plus actif. A l'invasion prussienne
la France répond par l'armement de toute la
nation.
Quant aux puissances neutres, elles main
tiennent avec nous les" rapports les plus ami
caux, tout en comprenant que dans les cir
constances actuelles il ne peut pas même être
question de négociations pacifiques.
Tandis que M. d'Ariste demandait
hier au Sénat que les journaux fussent
très discrets sur le mouvement de nos
troupes, le journal officieux la France
imprimait l'article suivant, que le Cons
titutionnel, plus officieux encore, re
produit ce malin. Nous pensons, en
conséquence, que cet article ne dit
rien de trop : c'est pourquoi nous aussi,
nous le reproduisons; mais, en même
temps, nous demandons que les feuil
les gouvernementales donnent l'exem
ple de la discrétion.
S. Desquers.
En annonçant hier au Corps législatif que
le gouvernement avait reçu des' nouvelles di
rectes du maréchal Bazaine, M. le ministre
de la guerre s'est renfermé dans les termes
généraux que commande le secret.des opéra
tions projetées.
Les nouvelles de source non officielle sont
plus explicites.
Elles disent qu'après avoir défendu victo
rieusement ses positions pendant toute la
journée du 18, le maréchal a accompli, dans
la nuit même qui a suivi le combat, le mou
vement qu'il préparait depuis plusieurs jours.
Laissant à la garnison de Metz le soin de
continuer la défense de la ville, il aurait pris
la route de Montmédy en dérobant sa mar
che à l'ennemi, aurait tourné Briey et serait
arrivé, sans avoir de nouveau combat à li
vrer, jusque dans le voisinage d'Andin-le-
Roman.
A l'appui de cette version, qui pourrait
sembler suspecte de stratégie fanfaisiste,
nous trouvons dans les journaux anglais une
dépêche prussienne datée du 21, et consta
tant qu'il n'y a, plus de troupes françaises
devant Metz depuis le 19 au matin. La dépê
che explique, il est vrai, cette disparition en
ajoutant que «l'armée fout entière s'est réfu
giée en dedans des fortifications. » Mais ceci
montre simplement que l'ennemi ne soup
çonnait pas encore la vérité quarante-huit
heures après le départ accompli.
Grâce à une manœuvre aussi habile que
hardie, l'armée de la Moselle se trouverait
donc définitivement dégagée du cercle dans
lequel les masses prussiennes cherchaient à
l'enfermer. Sa jonction avec le maréchal
Mac-Mahon ne serait plus qu'une question
de jours, et l'on pourrait s'attendre à voir la
réunion de leurs forces devenir, peut-être
avant la fin du mois, le signal d'une campa
gne offensive.
Il ne serait pas impossible cependant quo
l'on s'arrêtât à un autre plan d'opérations,
fort discuté ces jours derniers dans les con
seils militaires, et qui consisterait à ^laisser
l'ennemi s'engager encore plus avant vers
Paris, se répandre encore davantage, pour en
finir plus promptement avec lui. "
Les embarras que l'armée prussienne ren
contre dans sa marche sont en effet confir
més, aussi bien que l'énormité des pertes
résultant pour elle de la série de batailles
livrées devant Metz. Nous avons même, sur
ce dernier point, un témoignage officiel dl^ns
la démarche faite par M. de Bismark pour
.obtenir la faculté d'évacuer ses blessés à tra
vers les territoires neutres du Luxembourg
et de la Belgique.
Malgré les considérations d'humanité qui
portent en général h accueillir toute demande
de ce genre, celle-ci a dû être repoussée, at
tendu quo permettre à une armée de se dé
barrasser des blessés qui embarrassent ses
mouvements équivaut à lui donner, sur l'ar
mée qui la combat, un avantage incompati
ble avec les lois de la guerre.
On parle beaucoup, depuis deux
jours, de l'arrestation de deux « gran
des dames » étrangères, dont l'une
touchait aux régions élevées, du mon
de officiel; l'autre habitait depuis long-
1870
N* 1204 — Edition rruotidieim»;
PARIS
Uni"an... 60 fr.
Six mois 31
Trois mois 16
Le numéro : 15 centimes. v
— /V* ^ •
/ y'
Paris, 10, rue des Saints-Pères./, : . : ,■
On s'abonne, à Rome, au-bureau de la C'mltà c^tï&hca,-
yia dcl Gesu, 61. ^
ÛELEAATOMENTS
66 Tr.
Six mois ; 34
Trois-mois 18
/Édition semt -qaotldienne
Un an, 3C fr.—Six mois, 19 fr.—Trois mois, 10 fr.
L'Univers ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés.
AAHVOIVCES
$5. Ch. LAGRAXGB, CERF el 6, place de la Bonne.
linp. Ad- La'mâ, rue tics Saints-Pères, 19-
( Cl'.L (, ! C /./l'.v .«• i.C'iU l'i
7"."oil c.ry./c / 31 août i
le renouveler L ?,ic - > /< :hj iïrnc/ti//osait <
s ifs -ne variait, pas éprouver de retard
dans t envoi c/u journal.
Le mode le plus simple et le plus
prompt est l'envoi d'un bon sur la poste
ou d'un mandat à vue sur Paris, à l'ordre
du Gérant.
AVIS IMPORTANT
Plusieurs de nos abonnes nous, écrivent
pour faire changer leur édition ou leur
adresse. Nous devons leur rappeler que
toute demande ou réclamation, de quelque
nature qu'elle soit, doit être accompagnée
■ d'une dernière bande, imprimée. C'est une
condition indispensable pour qu'il y puisse
être fait droit. *
FRANCE
1"\R1S. 24 AOUT 1870
La, Gazette officielle de Vienne a pu
blié, et nous avons reproduit la
dépêché de M. de Beust au char
gé d'affaires du gouvernement aus
tro-hongrois à Rome, par laquelle ce
gouvernement notifie au Saint-Sié-
ge sa résolution d'abolir ce qui reste
du concordat. Cette pièce, dont cha
que phrase révèle une inconcevable
ignorance"des choses de la religion,
demanderait un long examen, mais le
moment est pe» propre à de telles dis
cussions et il faut se borner à quel
ques remarques.
M, de Beust affirme que son gou
vernement, d'accord avec tous les au
tres, s'est abstenu de toute ingérence
dans les affaires du Concile. Le fait est
manifestement faux. Il est notoire que
si un parti d'opposition s'est formé au
sein du Concile contre la définition
d'une doctrine qui fut toujours celle
de l'Eglise et que la plupart^ des op
posants avaient jusqu'alors professée
eux-mêmes, on le doit surtout à l'ac
tion des gouvernements soi-disant ca
tholiques. La grande-objection de la
minorité contre l'opportunité de la
définition était que les gouvernements
n'en voulaient pas, et agiraient contre
l'Eglise et le Saint-Siégé si le Concile
passait outre. Si les gouvernements
ne l'avaient pas désiré, s'ils ne l'a
vaient pas voulu, rien xle pareil à
ce que nous avons vu ne se fût
produit, et sur eux pèse la respon
sabilité de tous les scandales-qui en
ont été la conséquence. Du reste, M.
de Beust avoue que lorsqu'ils virent
l'impuissance de l'opposition, ces- gou
vernements s'empressèrent de lui por
ter seèours par leurs-dépêches et leurs
mémorandum.
M. de Béust proteste qu'il ne peut
entrer dans sa pensée de formuler un
jugement sur le dogme de l'infaillibi
lité pontificale, et ce jugement il le
formule en fermes outrageants pour
l'Eglise catholique, car il l'accuse d'a
voir introduit dans son symbole une
doctrine nouvelle, une doctrine qui
change sa constitution et la nature du
pouvoir "souverain établi de Dieu pour
lia régir, une doctrine qui donne à l'E
glise et -à son chef des droits et une
compétence que jusqu'à ce jour elle
n'avait jamais revendiqués. Le concile
déclare que par sa définition il n'a fait
que consacrer la doctrine ancienne et
immuable, les droits de tout temps re
connus au vicaire de Jésus-Christ ;
M. de Beust répond que le concile ment
ou se trompe, qu'il a réellement fait
dans l'Eglise une révolution, que l'E
glise et le Pape d'aujourd'hui ne sont
plus l'Eglise et le Pape d'hier, et que
cette transformation radicale résulte du
dogme de l'infaillibilité. Voilà com
ment il s'abstient de tout jugement
sur ce dogme.
En sa qualité de ministre et de
chancelier de l'empire austro-hongrois,
M. de Beust se constitue juge des doc
trines. Il adopte « les doctrines que
professe de nos jours l'immense majo
rités des sociétés civiles » et repousse
« les dpetrines promulguées par- l'E
glise. » Les doctrines de l'Eglise^ tout
le monde les connaît ; mais que sont
les doctrines des sociétés civiles? Elles
font toutes profession, de nos jours, dé
n'en avoir aucune. Leur premier prin
cipe est qu'il ne doit plus y avoir de
religion, de doctrine d Etat, qu'en pa
reille matière lè gouvernement, l'Etat,
la société civile sont radicalement et
absolument incompétents. De quel
droit donc le ministre autrichien se
permet-il de jeter l'anathème aux doc
trines catholiques et de canoniser les
doctrines contraires? De quel droit, se
mêlant de ce qûi ne le regardait pas,
a-t-il appuyé le parti dé l'opposition
au Concile? De quel droit a-t-il joint
sa voix à celle dé M. Daru, pour com
battre dans ses dépêches les doctrines
du Saint-Siège et de l'immense majo
rité de l'épiscopat ?"
Son desseiA était bon : il voulait ame
ner une conciliation entre l'Eglise et
les sociétés modernes, en persuadant
à l'Eglise de sacrifier ses vieilles doc
trines et d'adopter, les doctrines nou
velles, c'est-à-dire en lui persuadant de
déclarer ou que jusqu'à présent elle
n'a pas professé, ou que désormais elle
no veut plus professer la vraie doctrine
de Jésus-Christ.
0a peut concilier des intérêts ; on ne
concilie pas des doctrines. Si elles ne
sont pas contradictoires, la conciliation
se fait toute seule ; si elles le sont, à
moins d'être insensé, comment peut-on
entreprendre de faire accorder le oui et
le non ?
Une telle rage de conciliation est
bien éSrange chez des hommes qui
professent le culte de la liberté de
conscience.
Cçtte religion'moderne suppo^p d'a
bord que toutes les religions, toutes les
doctrines ont un droit égal de se pro
duire et de se propager librement; et
en second lieu, que cette anarchie dans
le domaine de la religion et de la doc
trine n'a aucun inconvénient, et que
l'Etat n'a pas à s'en préoccuper; Pour
quoi donc' s'en préoccupe-t-il ? Pour
quoi viole-t-ille droit de l'Eglise ca
tholique ? Pourquoi veut-il l'obliger à
fausser sa doctrine pour la concilier"
avec les doctrines ennemies ?
Est-ce que la lutte des doctrines con
traires n'est pas la condition même de
la liberté ? M. de Beust va-t-il proposer
à son Reichsrath une loi portant que
toutes les religions ét toutes les doc
trines sont libres, à la condition d'être
toutes d'accord? Si vous croyez, comme
nous catholiques, que l'unité religieuse
est le plus grand bien des sociétés hu
maines, ne .pous- parlez plus de vos
doctrines modernes, qui sont la néga
tion de cette unité. Si au contraire
vous croyez à ces doctrines et à l'anar
chie qu'elles consacrent, appliquez-les
loyalement et souffrez que l'Église jouis
se de la liberté commune pour tirer de
ce mal tout le bien qu'il est possible
d'en faire sortir.
^ Que craignez-vous de l'Eglise ? Quel
mal peut-elle vous faire? Elle n'a pas
d'armée à son service, elle n'agit que
par la parole et par la prédication de
la doctrine, et vous prétendez laisser
toute liberté à la parole et aux doctri
nes. — Mais l'Eglise, dites-vous, a des
doctrines contraires à celles que pro
fessent les sociétés modernes. — Que
vous importe, puisque les doctrines ne
vous regardent pas et que celle des so
ciétés modernes vous défend d'en avoir
une qui vous soit propre? Voulez-vous
établir une orthodoxie libérale et obli
ger les catholiques, sous peine d'être
treités en ennemis, de croire ^au libé
ralisme?
Mais le Concordat! Le Concordat ga
rantissait la liberté religieuse des ca
tholiques sans léser en quoi / que ce
soit la liberté religieuse des dissidents.
De l'aveu de M. de Beust, le gouverne
ment autrichien l'avait déjà aboli dans
ses parties essentielles, par ses lois
antichrélieunes sur le mariage, sur
l'enseignement, sur les rapports des
diverses confessions, et ce qui en res
tait n'était plus qu'une lettre morte.
Aussi, les catholiques autrichiens pa
raissent-ils peu le regretter; mais le
cabinet de Vienne prend un prétexte
hypocrite pour cette abolition supplé
mentaire, lorsqu'il veut faire croire
qu'elle a pour cause la définition de
"'infaillibilité du Pape, affirmant eon-
,re toute évidence que par cette défi
nition les rapports de l'Eglise avéc l'E
st se trouvent' changés et oubliant ce
qu'il vient de dire, que bien avant
qu'il en fût question, il jugeait le Con
cordat incompatible avec « les exigen
ces de la situation créée dans la mo
narchie austro-hongroise. »
M. de Beust veut bien prévenir le
Saint-Siège que dans là partie cislei-
banienne de l'empire on n'aura pas
recours au placitum regium, « qui serait
« en contradiction avec l'esprit libéral
« des lois fondamentales de l'Autri-
« che, et qui apporterait des entraves
« à la liberté que les lois assurent à
« l'exercice du culte catholique; » mais
il le prévient en même temps que le
placitum regium sera applique en Hon
grie. Il paraît que dans cette moitié
de l'empire, l'esprit des lois fonda
mentales est peu libéral et qu'on s'y
plaît à entraver la liberté du culte ca-
holique.
L'aveu est naïf. .
Du L ac,
Le maréchal Bazaine,'dont le rôle
est si grand et si glorieux en ce mo
ment, aurait, assure-t-on, demandé au
pays quelques jours de patience. La
population de Paris paraît avoir com
pris cette parole. L'esprit mobile et
impressionnable de la capitale toujours
avide de nouvelles, qui en réclamerait
volontiers toutes les minutes, a été do
miné par le sentiment national. Les
nouvelles sont attendues, désirées, sol
licitées avec anxiété, mais avec calme,
sans tumulte et pacifiquement. La note
du Journal officiel à! avant-hier, qui pou
vait éveiller quelques appréhensions,
avait été accueillie sans trouble. Une
foule nombreuse se pressait aux abords
du Corps législatif ; bien différente de
celle qu'on y a vu il y â seulement
quelques semaines, elle n'avait rien
de tumultueux : aucun cri, aucun dé
sordre. Elle était rangée au bord des
avenues du palais et avec une émotion
sincère et patriotique, encore confiante
au milieu des alarmes, elle demandait
poliment et doucement les nouvelles à
ceux qui sortaient de la salle des
séances.
Hier l'esprit était le même, plus
calme encore, puisque, comme nous
l'avons remarqué, 1 impression géné
rale était favorable ; mais l'espérance
était aussi digne et aussi contenue dans
la foule que l'avait été l'anxiété là
veille. : •
A en juger par les abords du Corps
législatif, la population de Pari sa donc
répondu à la parole du maréchal. Ba
zaine : Se confiant dans rarméè fran
çaise, malgré quelques oscillations
bien légitimes entre une appré
hension plus poignante et une es
pérance plus assurée, Paris montre
une patience patriotique qui est en ce
temps de la vraie et salutaire poli
tique.
Le Corps législatif ne tient pas à suivre
ce bon exemple. La séance d'hier a été
tumultueuse et violente ; elle doit être
regrettée et détestée par toutes les
âmes qui gardent des sentiments de
patriotisme. On conçoit une certaine
impatience. Les députés de l'Alsace de
mandent l'armement rapide des popu
lations, qui ne sont pas encore envahies
par l'ennemi; et on comprend qu'il n'y
a rien de plus pressant. Leurs récla
mations pouvaient-elles se. faire ail
leurs qu'à la tribune? La tribune, nous
l'avons dit, en temps de guerre et d'in
vasion, est un lieu dangereux. M. Ta-
chard, dont M. Jules Ferry célébrait
l'autre jour le patriotisme dans un
journal qui avoue n'avoir pas un ëloi-
gnemerit absolu à vivre sous le sceptre
du roi Guillaume, M. Tachard a. pro
noncé une parole au moins impru
dente. M. le ministre de l'instruction
publique n'a pas eu besoin d'en signa
ler la maladresse, on emploierait un
autre terme si on' pouvait supposer
qu'elle eût été pesée à l'avance; mais
il a rappelé que la session n'avait par
pour but d'interpeller les ministres et
de les poursuivre de questions.
M. Gambetta a pris alors la parole.
Son discours, tout rempli de pronosti-
cations sinistres, n'a été qu'une récrimi
nation fâcheuse et violente. La Cham
bre y a mis fin avec raison par la clô
ture : mais cette clôture n'a pas été
prononcée sans une profonde anima
tion de part et d'autre. L'approbation
qu'il a donnée aux propositions du
meunier Giraûlt, du philosophe Simon
et du patriarche Raspail contre les sé
minaires, nous a fait douter de l'esprit
de M. Gambetta. Son discours d'hier-
accuse Je défaut absolu de sens
politique ; et si on ne peut mettre
en doute la sincérité, il faut au moins
contester les lumières du patriotisme
du député de Marseille. On se demande
pourquoi il a rompu si violemment
avec la ligne " de conduite qu'il sem
blait avoir adoptée depuis plusieurs
semaines.
Après cette discussion beaucoup trop
animée, M. Thiers * est monté à la
tribune pour faire un rapport verbal
sur la proposition de M. de Eératry.
Le nouveau projet dont le rapproteur
avait entretenu la Chambre n'a pas
été accepté par le ministère ; une der
nière proposition a surgi, dont les con
clusions seront soumises aujourd'hui à
la Chambre.
Avant que la séance ne soit levée,
M. J. Pavre a demandé au ministère
des nouvelles do la guerre, déclarant
qu'on manquerait à la dignité de la
Chambre en ne lui en fournissant
pas. Le ministre de l'intérieur a ré
pondu que le ministère n'avait cepen
dant pas à en donner. Là dessus orage
enfantin et violent à la gauche. Elle"
veut des nouvelles, elle ne veut pas
qu'on lève la séance, elle proteste que
la séance n'est pas levée, elle s'assied
sur ses bancs. Le président se lève ce
pendant, M. Magnin, député de la
gauche et secrétaire de là Chambre, le
suit. La majorité sort de la salle.
Les tribunes regardent les jeunes
députés de la gàuche prenant des atti
tudes et se groupant autour de MM.
Garnier-Pagès et Glais-Bizoin. Ils par
lent avec feu et se passent des papiers,
M. Jules Favre s'esquive doucement
par le couloir de gauche. M. Picard
s'est déjà évaporé. M. Jules Simon, au
moment de l'incident, était dans le cou
loir de droite : il se garde de mon
ter à son banc. La pétulante jeunesse
est livrôe à elle même sous le chape-
ronnage des deux barbons que nous
avons désignés.
Les tribunes se vident lentement. Un
questeur suivi d'un huissier fait éva
cuer celle des journalistes, qui vou
laient voir comment finirait ce jeu ri
dicule et passionné. Quand.ils' sortent,
le groupe de la gauche est bien réduit.
Deux autres groupes causent paisible
ment sur les hauteurs du Centre et
dans le couloir de droite. - ,
Espérons que le peuple de Paris res
tera ce qu'il s'est montré ces jours-ci,
et qu'il "comprendra""la* folie, pour ne
pas employer d'expression plus sévère,
dont vient de témoigner une portion
de la Chambre. Il ne faudrait pas beau
coup de séances comme celle d'hier
pour donner à supposer que la session
actuelle a plus de dangers pour la pa
trie que d'utilité.
Notons cependant deux propositions
intéressantes : l'une de M. de Soubey-
ran, qui demande des facilités pour l'or
ganisation de magasins généraux ou
vrant au commerce la ressource du
prêt sur gages; l'autre,de M. Jules Si
mon, qui, en prévision du siège de Paris,
demande qu'on éloigne de cette ville
toutes les bouches inutiles. L'urgence
a été votée sur la proposition de M. de
Soubeyran; celle de M. Jules Simon a
trouvé l'appui du gouvernement : elle
est grave ; elle aura les sympathies de
la population dont elle accuse l'énergi
que et nationale résolution. Nous
croyons , cependant que, malgré les
alarmes excessives dont ont témoigné
les députés de la gauche, elle ne sèra
pas nécessaire.
Notons encore une pétition déposée
au nom d'une commune de la Seine-
Inférieure, "qui propose de donner asile
aux femmes et aux enfants fuyant les
départements envahis par l'ennemi.
Voilà du vrai patriotisme, .dont nos dé
putés pourraient utilement méditer
l'exemple.
Léon Aubineau,. '
La séance du Sénat a été marquée
hiçr par une communication de M. le
président Rouher, une proposition de
M. d'Ariste et des explications sur la
situation monétaire.
M. Rouher a déclaré que le gouver
nement avait l'intention d'adjoindre
au comité de défense de Paris deux
sénateurs et trois députés.
M. d'Ariste, s'appuyant sur sa qua
lité de président de la compagnie des
chemins de fer de l'Est, a dit que cer
tains bruits, certaines informations
rapportés par les journaux n'avaient
pas été sans utilité pour l'ennemi. Il
convient, a-t-il ajouté, de faire passer
l'intérêt de nos armes avant le goût
des nouvelles.
Nous espérons que ce conseil sera
entendu. Pour notre part, nous avons
toujours eu grand soin de supprimer
djins nos correspondances tout ce qui
pouvait indiquer le mouvement de nos
troupes.
Sur une interpellation de M. Hubert-
Deiisle, M. Rouland, gouverneur de la
Banque, a établi que la situation moné
taire était bonne, et promis que l'on au
rait bientôt des coupures de 25 fr.
Il résulte des explications échangées
à ce sujet qu'une des gênes dé la si
tuation est dans l'insuffisance de mon
naie divisionnaire ; il y en a assez pour
les besoins, mais non pour la panique.
Ce serait le cas "de réparer la malheu
reuse mesure, si indignement motivée,
prise, il y a quelques mois, contre les
monnaies -divisionnaires pontificales.
On ne paraît pas y songer. Les minis
tres changent^ mais l'administration
reste; or, celle-ci se croirait coupable,
si elle réparait une faute et confessait
une iniquité.
Eugène Veuillot,
Ce matin, pas de nouvelles encore,
mais l'impression générale est bonne.
A défaut de nouvelles, des bruits qui
se résument ainsi :
On parle d'un billet du maréchal Ba
zaine dont le dernier mot serait : «Tout
va bien. »
Un nouvel engagement heureux au
rait eu lieu entre l'armée du maréchal
Bazaine et l'armée prussienne.
On tient pour assurée la jonction du
maréchal avec l'armée du maréchal
Mac-Mahon.
Le prince royal de Prusse paraît
beaucoup moins pressé de marcher sur
Paris.
Nous recevons la dépêche suivante
par la Correspondance du Nord-Est :
Vienne, 22 août, 8 h. 40, soir.
Les bruits relatifs à une médiation an
glaise et russe, ainsi que ceux annonçant le3
voyages du prince Orloff et du prince Gort-
chakofl au quartier général du roi de Prusse
sont controuvés.
Le gouvernement austro-hongrois, con
vaincu que la France continuera la lutte,
croit, de son côté, que le moment est tout à
fait inopportun pour une médiation.
Les Prussiens évaluent leurs pertes dans
les derniers combats à 40,000 hommes. Dans
la bataille du -18, la garde prussienne a sur
tout souffert. Dans les départements envahis,
les exactions des Prussiens sont énormes ;
les soldats pillent les propriétés comma dei
Vandales.
Les dépêches suivantes, bien que ne
rapportant que des bruits, sont bonnes
à donner :
Bruxelles, 23 août.
Les lettres de Copenhague du 19 portent
que tous les journaux danois ont ouvert des
listes de souscription en faveur des blessés
français et de leurs familles.
Londres, 23 août.
Le Morning Post a des raisons de croire
que l'assertion du correspondant du Times, fi
Berlin, relativement à la lettre de la reine, en
réponse à une lettre de l'impératrice deman
dant la médiation de l'Angleterre, est dénuée
de tout fondement. Les deux lettres sont de
pure invention.
Le bruit court que le prince royal et le roi
ont eu une entrevue à Pont-à-Mousson,
le 20.
On dit que le prince royal est retourné à
Vitry-le-François.
Vienne, 22 août, soir.
La Nouvelle Presse dit :
Nous apprenons de bonne source que le
comte Chotek, envoyé extraordinaire d'Au
triche à Saint-Pétersbourg, qui vient d'arri
ver ici, aurait apporté la copie d'une lettre
adressée par le czar au roi de Prusse pour
lui proposer- des négociations de paix. La
lettre serait restée sans réponse jasqu'à pré
sent.
Le même journal donne la nouvelle sui
vante de Berlin, en date du 22 août :
Les régiments de la garde royale de Prusse
ont éprouvé des pertes énormes dans la ba
taille du 18 août.
On écrit de Montmédy, le lundi ■22 :
La ligne du chemin de fer et îo télégraphe
sont coupés près de Joppicourt. On dit que
des troupes ennemies sont dans les parages
do Pierrepont; la Compagnie do l'Est a or
donné à ses agents de faire replier tout son
\
personnel et tout son matériel sur Carignev,
qui est aujourd'hui tête de ligne.
La ligne de chemin de fer a été coupée" à
Audreu-le-Roman par un corps de cavalerie
évalué à-500 hommes.
On abat les arbres des promenades de
Montmédy.
Le service du chemin de fer continue à se
faire irrégulièrement il est vrai, .jusqu'à
Montmédy. Le train de Paris est arrivé avec
un retard notible et a continué sa route sur
Longuvon..
L'avis suivant vient d'être adressé
aux journaux : <
Plusieurs journaux recommencent à don
ner sur le mouvement des troupes françaises
des renseignements de nature à compropaet-
tre le succès de nos opérations.
Le ministre de l'intérieur fait un appel au
patriotisme de la presse. '
Il est convaincu qu'il suffira, pour obtenir
qu'elle garde sur le moindre mouvement un
silence absolu, de porter à sa connaissance le
l'ait suivant, attesté par vingt dépêches de
préfets et de sous-préfets :
Quand les Prussiens traversent un centre de
population, leur premier soin est de " recherelur
des journaux français, qu'ils lisent avec la plus
scrupuleuse attention.
23 août 1870.
Le ministre de l'intérieur,
Henri Chevreau.
Emprunt national
La foule des souscripteurs s'est pressée
toute la journée d'aujourd'hui à la caisse
centrale du Trésor et aux mairies /les arron
dissements de Paris.
A cinq heures les bureaux ont été fermés,
suivant l'arrêté ministériel, et le temps a
manqué pour satisfaire à toutes les de
mandes.
Le montant des souscriptions connues ac
tuellement de Paris et des départements dé
passe 620 millions.
La souscription à l'Emprunt national con
tinuera demain mercredi 24 août, de neuf
heures à cinq heures. (Journal officiel..)
Ainsi, l'emprunt français aura été
couvert aussitôt qu'émis.
L'emprunt prussien de 4S0 millions,
émis dès la déclaration de la guerre
et avant l'ouverture des hostilités, n'est
pas couvert encore.
Ce rapprochement est significatif.
Et comme l'argent est plus que jamais
le nerf de la guerre, on peut voir quel
appui le temps nous donnera si la
guerre se prolonge. Or, elle se prolon
gera. Les Prussiens sont venus chez
nous, nous irons chez eux.
S. Desquers,
Nos députés de la gauche ne sont
pas seulement ridicules et intempé
rants sur leurs bancs où ils représen
tent la nation. Mercredi ou jeudi der
nier, MM. Jules Ferry, Bethmont, Pi
card, et un quatrième dont le nom
nous échappe,sont allés visiter les tra
vaux des fortifications de Paris. Après
avoir examiné'ce qui se faisait et en
avoir sans doute délibéré entre eux,
ces messieurs se mirent à donner des
ordres et à commander aux ouvriers
d'abattre ou d'édifier telle construc
tion. Les ouvriers, assez étonnés, les
engagèrent à s'adresser à leurs chefs.
Les visiteurs firent venir un ou plu
sieurs des entrepreneurs des travaux,
et intimèrent de nouveau leurs ordres.
L'entrepreneur "s'informa à quel titre
et en quelle qualité on lui parlait.
— Nous sommes députés de Pari?,
répondirent les honorables.
Vit-on jamais ingérence plus ridi
cule? Et comme la défense nationale
va être promptement en état avec un
tel concçurs? Si le fait n'est pas vrai,
il est du moins fort vraisemblable. Les
trois députés qu'on nomme feront bien
de le démentir; car connaissant l'ou
trecuidance des héros, l'opinion pu
blique est toute disposé© à ajouter foi
à cette historiette.
S. Desquels.
Une correspondance s'est engagée
entre le gouvernement anglais et le
gouvernement français au sujet du blo -
eus signifié par l'amiral Fourichon,
qui commande dans la mer du Nord.
Le gouvernement anglais désirait
savoir : 1° Si les dix jours de grâce ac
cordés par l'amiral français s'appliquent
aux navires entrant dans les ports blo
qués, aussi bien qu'à ceux qui les quit
tent ; 2° si le 23 de ce mois est com
pris dans ces jours de grâce.
M. le prince de la Tour-d'Auvergne
a répondu, au premier point : que lé
privilège n'est accordé, conformément
à ce qui s'est passé lors de la guerre
de Crimée, qu'aux navires qui sortent
des ports, et non à ceux qui veulent y
entrer; — au second point : que lu
terme du délai de grâce pour la sortie
des ports bloqués n'expirera que le soif
du2S. « Ajureste, dit le ministre, en ce
qui concerne la France, la 'question
n'implique aucun danger imminent
pour les bâtiments neutres, les prin
cipes sacrés dans la matière né ren
dant point sujet à saisie un bâtiment à
destination d'un port bloqué, à moins
que ce bâtiment, après avertissement
préalable d'un croiseur, ne tente 4e
forcer la ligne de blocus. » •
S. Desquers,
Voici le bujletin hebdomadaire du
Journal officiel:
Les peuples, comme les individus, gran
dissent par les épreuves noblement suppor
tées. Loin de décourager la France, les der
niers événements ont montré tout ce qu'il y
a de vigueur dans le caractère national. Le
plan de la Prusse reposait sur une fausse es
pérance." Les envahisseurs comptaient sur
une révolution à Paris. Ils s'imaginaient, que
notre héroïque armée serait prise entre deux
feux, et que les Français, déchirés par une
guerre civile, deviendraient les complices des
Prussiens. Le patriotisme de la France a dé
joué cet odieux calcul.
Les luttes parlementaires, les rivalités
d'influence et les questions de personnes ont
été écartées par un accord tacite. L'Empe
reur, le gouvernement, les chambres, le pays
-n'ont plus qu'une préoccupation : chasser
l'étranger. Aux émotions fébriles des pre
miers jours, a succédé un calme, qui est le
signe de la force.
Plus les dangers sont grands, plus la
France tient à honneur de les regarder en"
face. Soit que l'ennemi doive être arrêté
brusquement dans sa marche, soit que le sort
des armes l'amène un jour sous les murs de
Paris, la nation sera prête à tous les'dévoue
ments et à tous les sacrifices. Lforganisation
de la défense se poursuit avec ordre et régu
larité. Il y a le même élan qu'en 1792, mais
cet élan est mieux réglé. Le pays, plein de
confiance dans l'avenir, sent très bien que
ses ressources sont à peine entamées, Seuls
les départements de l'Est ont souffert. Le
nord, le centre, l'ouest, le midi se lèvent
pour sauver les territoires envahis et pour
aider nos troupes à prendre des revanches
éclatantes.
Tous nos ports sont libres. Notre flotte va
frapper de grands coups dans la mer du Nord
et dans la Baltique. Notre commerce et notre
industrie demeurent toujours vivaces. Notre
crédit n'est pas ébranlé, et nos.finances n'ad
mettent pas de comparaison avec celles nie
l'ennemi.
La Prusse, qui croyait à des décourage
ments, à des trahisons, à des défaillances,
s'étonne et s'inquiète de la promptitude avec
laquelle le pays organise toutes ses- forces
vives et joint aux efforts des pouvoirs publics
le zèle de l'initiative privée. Nos adversaires
s'aperçoivent que plus la lutte se prolonge,
plus notre situation s'améliore. Ils reconnais
sent que nos ressources en hommes et on ar
gent seront inépuisables, et que le moment
approche où partout les gardes nationales
mobiles et sédentaires prêteront à l'armée le
concours le plus actif. A l'invasion prussienne
la France répond par l'armement de toute la
nation.
Quant aux puissances neutres, elles main
tiennent avec nous les" rapports les plus ami
caux, tout en comprenant que dans les cir
constances actuelles il ne peut pas même être
question de négociations pacifiques.
Tandis que M. d'Ariste demandait
hier au Sénat que les journaux fussent
très discrets sur le mouvement de nos
troupes, le journal officieux la France
imprimait l'article suivant, que le Cons
titutionnel, plus officieux encore, re
produit ce malin. Nous pensons, en
conséquence, que cet article ne dit
rien de trop : c'est pourquoi nous aussi,
nous le reproduisons; mais, en même
temps, nous demandons que les feuil
les gouvernementales donnent l'exem
ple de la discrétion.
S. Desquers.
En annonçant hier au Corps législatif que
le gouvernement avait reçu des' nouvelles di
rectes du maréchal Bazaine, M. le ministre
de la guerre s'est renfermé dans les termes
généraux que commande le secret.des opéra
tions projetées.
Les nouvelles de source non officielle sont
plus explicites.
Elles disent qu'après avoir défendu victo
rieusement ses positions pendant toute la
journée du 18, le maréchal a accompli, dans
la nuit même qui a suivi le combat, le mou
vement qu'il préparait depuis plusieurs jours.
Laissant à la garnison de Metz le soin de
continuer la défense de la ville, il aurait pris
la route de Montmédy en dérobant sa mar
che à l'ennemi, aurait tourné Briey et serait
arrivé, sans avoir de nouveau combat à li
vrer, jusque dans le voisinage d'Andin-le-
Roman.
A l'appui de cette version, qui pourrait
sembler suspecte de stratégie fanfaisiste,
nous trouvons dans les journaux anglais une
dépêche prussienne datée du 21, et consta
tant qu'il n'y a, plus de troupes françaises
devant Metz depuis le 19 au matin. La dépê
che explique, il est vrai, cette disparition en
ajoutant que «l'armée fout entière s'est réfu
giée en dedans des fortifications. » Mais ceci
montre simplement que l'ennemi ne soup
çonnait pas encore la vérité quarante-huit
heures après le départ accompli.
Grâce à une manœuvre aussi habile que
hardie, l'armée de la Moselle se trouverait
donc définitivement dégagée du cercle dans
lequel les masses prussiennes cherchaient à
l'enfermer. Sa jonction avec le maréchal
Mac-Mahon ne serait plus qu'une question
de jours, et l'on pourrait s'attendre à voir la
réunion de leurs forces devenir, peut-être
avant la fin du mois, le signal d'une campa
gne offensive.
Il ne serait pas impossible cependant quo
l'on s'arrêtât à un autre plan d'opérations,
fort discuté ces jours derniers dans les con
seils militaires, et qui consisterait à ^laisser
l'ennemi s'engager encore plus avant vers
Paris, se répandre encore davantage, pour en
finir plus promptement avec lui. "
Les embarras que l'armée prussienne ren
contre dans sa marche sont en effet confir
més, aussi bien que l'énormité des pertes
résultant pour elle de la série de batailles
livrées devant Metz. Nous avons même, sur
ce dernier point, un témoignage officiel dl^ns
la démarche faite par M. de Bismark pour
.obtenir la faculté d'évacuer ses blessés à tra
vers les territoires neutres du Luxembourg
et de la Belgique.
Malgré les considérations d'humanité qui
portent en général h accueillir toute demande
de ce genre, celle-ci a dû être repoussée, at
tendu quo permettre à une armée de se dé
barrasser des blessés qui embarrassent ses
mouvements équivaut à lui donner, sur l'ar
mée qui la combat, un avantage incompati
ble avec les lois de la guerre.
On parle beaucoup, depuis deux
jours, de l'arrestation de deux « gran
des dames » étrangères, dont l'une
touchait aux régions élevées, du mon
de officiel; l'autre habitait depuis long-
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