Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1870-08-11
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 août 1870 11 août 1870
Description : 1870/08/11 (Numéro 1190). 1870/08/11 (Numéro 1190).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi il Août 1870
N' H90 — Edition quotidienne.
Jeudi 11 Août 1870
. —t
PARIS
Un an 60 fr.
Six mois 31
Trois mois.......... 16
Le numéro : 15 centimes.
BUREAUX
Paris, 10, Fue des Saints-Pères.
Oa s'abonne, à Rome, au bureau de la Civiltà cm
via del Gesu, 61.
Un an
Six mois..
Trois moi
DÉPARTEMENTS
itten sên«^qu, .
Un an, 36 fr,—Six mois, 19 fr.—Trois mois, ,10 fr,
L'Univers ne fépond pas des manuscrit» gui lai sont adressés.
ANNONCES
VU. Ch. LAGIUNGE, CERF 'et C<°, 6, place de la Bonne.
Irap: Ad. Lainé, rue des Sainls-Pères, 1f. t
FRANCE
PARIS, 10 AOUT 1870
Il faudrait pouvoir passer sous si
lence les scènes déplorables qui ont
eu lieu hier au Corps législatif. Les
ennemis occupent uno partie du sol
de la France, et les représentants
du peuple emploient leurs efforts à
renverser le gouvernement ou à
changer le ministère. Les haines de
parti, les rancunes personnelles, les
basses ambitions relèguent au second
plan le danger e,t le secours de la pa
trie. Faut-il insister sur les proposi
tions anticonstitutionnelles et antipa
triotiques qui ont été portées à la tri
bune? On en verra le détail au compte
rendu, qui atténue les plus grosses,
comme il passe sous silence les plus
violentes interruptions adressées au
président lisant le décret de convo
cation de la Chambre at au ministre
de la justice lisant la déclaration que.
nous avons reproduite hier, et dont
M. de Parieu avait donné connaissance
au Sénat.
Après cette lecture, le ministre avait
fait appel au patriotisme de la Cham
bre, lui disant de faire venir les
urnes et de* décider , du sort du
cabinet, mais que le temps des dis
cours et des récriminations était passé
et qu'il fallait agir. Le conseil était
bon : on n'était pas en état de l'enten
dre. Les récriminations commencè
rent, violentes, odieuse, personnelles,
M. Jules Favre s'en était fait l'organe.
Il demande que l'armée soit placée
sèus le commandement de M. le ma
réchal Bazaine, en même temps qu'un
certain nombre de députés propose de
nommer M. Trochu président du con
seil.
- Qui avait donné à ces représentants
le droit de compromettre les noms de
ces deux militaires? Le Constitutionnel
déclare que c'est à l'insu de M. le géné
ral Trochu que son nom a été mis en
avant. Cela soulage. Que l'épée ne se
commette pas à ces basses intrigues de'
la tribune et du verbiage. Elle a mieux
à faire en ce moment qu'à piquer des
portefeuilles.
M. Jules Favre ne se borne pas à pro
poser à la Chambre de décider du com
mandement des armées, il lui depaande
de s'emparer du pouvoir et dénom
mer un comité à cet effet. M. Granier
de Gassagnac répond que s'il avait
l'honneur de siéger sur les bancs
du gouvernement, il ferait traduire
les auteurs de propositions pareilles
devant ~un conseil d» guerre. A* ce
moment, le tumulte est à son com
ble : M. Jules Simon, le visage em
pourpré et les bras en l'air, tourbillonne
au milieu de l'hémicycle en criant :
Fusillez-moi ! fusillez-nous ! En vain on
demande le rappel à l'ordre de M. Gra
nier de Cassagnâc ; le président s'y re
fuse en disant que les violences d'un
côté provoquent les surexcitations de
l'autre.
Un instant après les députés sem
blent prêts à se colleter. Les uns se
ruent au banc des ministres, les au
tres leur font obstacle, et le président
se couvre.
. A travers ces tumultes, le ministre
de la guerre avait lu ses projets de
loi pour la défense de la patrie. La
gauche demandait toujours des armes,
des armes pour Paris. M. Jules Favre,
qui fait là proposition, ne peut s'habi
tuer à dire pour la France. C'est la po
pulation de Paris qui est son objectif :
c'est l'armée de l'émeute et du désor
dre qu'il souhaite organiser; et pour
compléter l'esprit de sa proposition, il
demande que les chefs de cette armée
soient élus au scrutin. M- Picard sou
tient la même thèse, et va plus
loin encore dans son langage en dé
clarant que si on refuse des armes à
Paris, Paris saura bien en prendre. Il
déclare aussi qu'il appellera des déci
sions de là Chambre à qui de droit.
C'est par ces paroles violentes et ces
appels furieux au désordre qu'on trans
forme en danger pour la patrie les
mesures nécessaires à son salut et à sa
défense.
M. Jérôme David, dans un langage
patriotique; avait rappelé la Chambre
a l'examen sérieux, nécessaire, indis
pensable de ses moyens de défense. Il
a ému l'assemblée et enlevé ses accla
mations en parlant de l'héroïsme de
nos soldats. Il parlait en témoin ocu
laire et pénétre; mais les conséquences
que la gauche a tirées de ces déclara
tions ont provoqué le rappel à l'ordre
de M. de Kératry.
Cependant la séançe avait été sus
pendue, et la Chambre s'était retirée
dans ses bureaux pour examiner les
projets du ministre-de la guerre. A la
reprise de la séance, l'assemblée a été
consultée sur deux ordres du jour. Le
premier, déclarant que le cabinet n'a
vait plus la confiance de la Chambre,
a été repoussé ; le second, souhaitant
un cabinet capable d'organiser la dé
fense du pays, a été'adopté. Sur la de
mande du ministre dé la justice, la
séance a été suspendue une seconde
fois.
A la dernière reprise, la Chambre a
voté l'urgence sur la proposition de M.
J. Favre, relative à- l'armement des
gardes nationales : elle l'a repoussée,
au contraire, sur la demande de nomi
nation d'un comité. Elle a encore adop
té l'urgence et le renvoi à la commis
sion chargée de l'examen du projet mi
nistériel, d'une proposition de M. de
Ivératry relative à l'appel aux armes des
anciens militaires, veufs sans enfants
ou non mariés^
Enfin M. le ministre de la Justice a
annoncé que le cabinet avait donms
sa démission, et que le comte de Pali-
kao était chargé de former -un minis
tère.
Sera-ce un remède ? Tout le monde
comprend qu'il faut un ministère éner
gique, énergique contre le verbiage
de la Chambre et sage dans la guerre.
Les séances comme celles d'hier ne fe
ront pas désarmer les Prussiens.
Nous voyons sans regret tomber ce
pauvre ministère parlementaire qui a,
il est vrai, respecté la liberté du Con
cile, mais qui a abandonné le Pape et
retiré nos soldats de Rome, où, selon la
conscience de la majorité des Français,
ils combattaient efficacement nos en
nemis d'au delà du Rhin. Toutefois,
nous ne sommes pas de ceux qui pen
sent que tout s'accommode par un
changement de ministère. Le mal
n'est pas là. Ce n'est pas le moment
d'ailleurs d'en beaucoup rechercher les
causes. Il faut en arrêter les ravages.
C'est une impiété envers la patrie
de retarder par des discours les
mesures salutaires que nécessite l'état
de ses affaires, et de détourner de la
défense de son sol les bras dont elle a
tant besoin.
En sortant de la Chambre, nous
avons trouvé les abords du Corps légis
latif remplis de soldats, il avait fallu
dégager les quais et le pont. Les fusils
étaient rangés en faisceaux, les cava
liers étaient auprès de leurs chevaux.
On avait dû faire, nous dit-on, quel
ques charges de cavalerie. Qu'elles
eussent été mieux dirigées contre les
Prussiens ! Il y avait autour de la
Chambre plus de troupes que nous
n'en avions vues depuis plusieurs se
maines à Paris. Les casernes du quai
d'Orsay, qui étaient complètement vi
des ces jours derniers, étaient remplies
de soldats de toutes armes. Ils parais
saient venir de loin pour protéger les dé
libérations du Corps législatif! On aurait
pleuré en songeant que ces soldats eus
sent peut-être empêché le désastre de
Reichsoffen et fermé l'ouverture de
nos lignes à Wissembourg.
D'un autre côté, les ateliers de Pa
ris, dit-on, ont chômé hier f au delà des
soldats, et contenue par eux, une
foule considérable couvrait la place de
la Concorde et les quais. Elle accla
mait les députés de la gauche. S'en
sera-t-il trouvé un seul pour dire à
ces hommes qu'ils n'avaient que faire
aux abords du Corps législatif, et que
leur présence, en provoquant le ras
semblement des troupes, était une dou
ble douleur et une double faiblesse
pour la patrie,
Hélas ! la grande douleur et la grande
faiblesse ne, sont-elles pas dans ces dé
libérations du Corps législatif, telles que
nous en avons entendues hier ! Avant
de demander le calme au peuple, ne
faut-iî pas le réclamer du dévouement
des députés?
Léon Acbineau.
nouvelles. Le parti a compris la situa
tion, et voilà pourquoi l'opinion a été
entraînée à s exagérer nos désastres.
Il fallait que l'on fit croire à la France
qu'elle était perdue, pour que la Répu
blique, qui le lendemain serait la dé
magogie, eût chance de passer. Le jeu
a réussi d'abord ; mais, grâces à Dieu,
le bon sens, la- dignité, la résolution
calme, le vrai patriotisme ont repris le
dessus. La France qui pendant quel
ques jours a donné à l'Europe le spec
tacle d'une nation affolée, va lui mon
trer maintenant une nation qui puise
dans un premier revers la résolution
et la force de repousser l'ennemi et de
lui dicter des lois.
Nous avons commencé cette guerre
avec la volonté de démembrer la Prus
se ; c'est par le démembrement de la
Prusse qu'elle doit se terminer.
Eugène Veuillot.
Les craintes que nous exprimions
hier sur les dispositions de quelques
députés de la gauche se sont réalisées.
MM. Jules Favre, Ernest Picard, de
Kératry, Ferry, appuyés de plusieurs
de leurs collègues, ont parle de ma
nière à provoquer une journée révo
lutionnaire. Or une journée révolu
tionnaire à Paris serait plus avanta
geuse aux Prussiens, personne ne l'i
gnore, qu'une bataille gagnée, non
pas sur trois ou quatre de nos divisions,
mais contre toute notre armée. Et
si cette journée voyait le triomphe de
la révolution, ce serait aussi le triom
phe de l'ennemi. Toute résistanco or
ganisée ferait défaut, et la France en
lutte contre elle-même subirait toutes
les lois, toutes les insolences du vain
queur.
Gela est d'une évidence absolue. Les
orateurs de la gauche n'en peuvent
pas plus douter que leurs amis de la
Haute-Vienne et de Marseille, criant
tout à la fois : Vive la République ! et
Vive la Prusse ! D'ailleurs, à défaut du
sens politique, du sens national et du
simple bon sens qui devaient les éclai
rer, -ils avaient cette parole de l'es
pion prussien : « Avancez ; Paris se
soulève, l'armée française sera prise
entre deux feux. » Voilà les prévisions
que la gauche a secondées.
La révolution croit cacher son jeu
en demandant des armes afin, dit-elle,
de défendre la patrie en danger. Pour
quoi ces hurleurs, si pressés de s'ar
mer dans Paris, passent-ils devant les
bureaux d'enrôlement sans y entrer?
Si vous croyez réellement la patrie en
danger, courez donc où le danger est
pressant! Mais non, ces cris, ces em
portements sont un calcul. On veut
surexciter l'opinion, l'enfiévrer, l'affo
ler, et, du même coup, troubler le
pouvoir. Lorsque les choses en sont là,
tôat dépend d un incident, et «. le tour
de main révolutionnaire » peut être
tenté avec succès.
Nul doute que l'excessive émotion
de ces derniers jours ne fût en grande
partie le résultat de cette tactique.
Partout les meneurs du parti répupli-
cain et socialiste ont exagéré le mal.
Il semblait à les entendre que tout fût
perdu. Le style des proclamations offi
cielles et de certaines dépêches les
servait d'ailleurs à souhait. De plus,
les souffrances de l'honneur national
leur donnaient appui. On était trop
surpris, trop humilié, pour ne pas ac
cepter facilement les plus mauvaises
On lit dans le Journal officiel :
Les ministres ont remis leurs démissions
entre les mains de l'Impératrice, qui les a
acceptées.
Le général comte de Palikao est chargé,
par l'Impératrice, de former un cabinet.
NAPOLÉON, etc.,
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Pourrout être appelés sur la flotte, au fur
et à mesure que l'exigeront les besoins des
armements,, les inscrits maritimes ayant ac
compli la période obligatoire de six ans de
service.
Fait au quartier général de Metz, le 6
août 1870.
NAPOLÉON.
CORPS LEGISLATIF
Grands déploiements de forces au
tour du Corps législatif.
L'assemblée vote, au début de la
séance, des remercîments et des hom
mages aux troupes.
Plusieurs membres proposent la pro
rogation à toute échéance de valeur
commerciale souscrite avant la guerre,
et déposent des pétitions dans le même
but.
La Chambre adopte l'urgence, tout
en manifestant la plus vive impatience
d'entendre le rapport du projet de loi
relatif à Fa'défense. M. de Forcade lit
ce rapport.
Il termine par un appel à l'union
de tous les partis.
Tous les citoyens libérés de 25 à 33
ans non mariés ou veufs sans enfants
sont appelés.
Il porte à 25 millions le-crédit pour
secours aux femmes et familles de
soldats appelés.
M. Picard répond qu'il remercie le
rapporteur, et que personne ne peut
douter de l'esprit d'union du Corps lé
gislatif.
Le Corps législatif debout et à l'una
nimité vote des remercîments à l'ar
mée et déclare qu'elle a bien mérité
de la patrie.
Les articles de la loi sont ensuite
votés à l'unanimité et sans discus
sion.
L'ensemble de la loi est adopté par
scrutin unanime.
M. Estancelin propose tant que l'en
nemi sera sur le sol de la patrie la
, permanence de la Chambre.
M. de Palikao monte à la tribune
et lit la composition du ministère.
MM.
Guerre le comte Palikao.
intérieur ; Chevreau.
Finances Magne.
Justice Grandperret.
Commerce Duvemois.
"Marine Rigault de Ge-
nouilly.
Travaux publics Jérôme David.
Affaires étrangères. La Tour - d'Aaver-
gne.
Président du Conseil d'E
tat- Busson-Billault.
Instruction publique Brame.
S. Desquers,
Nous sommes aujourd'hui encore sans
nouvelles de.M. Ernest Schnaiter. Nous
avons télégraphié à M. le générai Joli-
vet, sous la tente duquel notre ami et
collaborateur avait déjeuné à Forbach
la veille de la bataille. Notre télégram
me est jusqu'ici resté sans réponse. Et
qui sait si le général a pu le recevoir?
Nou§ avons pris des renseignements
près des journaux qui avaient, comme
nous, des collaborateurs à Forbach.Au
cun indice n'a pu nous être donné.
Nul moyen d'écrire ou de télégra
phier à Forbach encore au pouvoir de
l'ennemi. •
Les rédacteurs des journaux de Paris
dont on n'a pas de nouvelles depuis
l'affaire de Forbach sont : MM. Ernest
Schnaiter de l'Univers, About du Soir,
Cahun et de Kattowdu Gaulois, Jesier-
ski de l'Opinion nationale, Chabeuil du
National.
Si les Prussiens laissent entrer ce
numéro à Forbach, nous conjurons
nos lecteurs dans cette ville de faire
toutes les recherches possibles pour
nous donner des nouvelles de notre
ami.
Eugène Veuillot.
Strasbourg vient d'adresser aux troupes, pour
les inviter aux èoïiférences dont Sa Grandeur
a chargé \y P. Joseph et aux exercices reli
gieux du dimanche. C'est une œuvre très
importante. '
Vous connaisssez nos défaites, nos san
glantes épreuves ! Les blessés nous arrivent
par centaines, et toutes les douleurs dispa
raissent devant l'anxiété de l'avenir : l'enne
mi est à nos portes, et qui sait si Strasbourg
ne sera pas assiégé demain?...
Les jeunes gardes mobiles qui nous sont
arrivés paraissent disciplinés, enthousiastes
et braves.
Que Dieu ait pitié de la France ! Qu'il
donne à notre vaillante armée de bons
chefs.
Les habitants, vieillards, femmes, en
fants, les jeunes gens surtout de l'arrondis
sement de Wissembourg fuient devant les
Prussiens, qui occupent les abords de Ha-
guenau.
Des blessés assurent qu'ils ont fait usage
de balles explosibles ; ils enrôlent par force
les jeunes gens valides qu'ils rencontrent sur
leur chemin ; on nous raconte des cruautés
que je ne veux point répéter; elles méritent
confirmation.
Un étudiant en médecine, vulgo un cara
bin, s'est permis de lacérer YInvito-sagro de
Mgr de Strasbourg, affiché au polygone,
sans doute au nom de la tolérance et de la
liberté de conscience ; pris sur le fait par
quelques-uns de nos braves officiers, il fut-
appréhendé «U corps et conduit devant les
autorités compétentes, qui lui demanderont
compte de ce noble exploit.
Pour extrait : S. Desquers,
Voici les dépêches relatives à la
guerre que publie Y Agence Havas :
Le Morning-Post et les autres journaux es
pèrent que les Parisiens sauront supporter
les revers avec fermeté et courage.
A Dublin, lundi soir, une manifestation
populaire a eu lieu pour exprimer à la Fran
ce la sympathie de l'Irlande. Une foule con
sidérable marchait en procession dans les
rues en chantant la Marseillaise et des airs
fenians.
Metz, 8 août. '
(Arrivée seulement cette nuit.)
Avis est donné à tous les propriétaires de
terrains compris dans la première et la se
conde zone ae la place et des forts de Metz,
d'avoir à démolir immédiatement les cons
tructions qui leur appartiennent, d'enlever
les décombres, de couper les arbres, les haies,
d'abattre les clôtures et de faire place nëtte
dans les trois jours ; au besoin l'autorité mi
litaire fera faire les travaux aux frais des pro
priétaires.
Lettre» des frontière»
Strasbourg, ce 7 août.
Vous recevrez avec cette lettre la circu
laire-proclamation que Mgr l'évêque de
Metz, 0 août, 4 h. 1/2, soir.
On distribue sur la place de la Comédie des
fusils à la garde nationale sédentaire. Chaque
homme ainsi armé se sent plus citoyen, une
joie calme et une mâle conflancs sont peintes
sur les visages. « A présent, dit-on, les Prus
siens peuvent venir. »
Le général Changarnier est resté attaché à
l'état-major général ; il dîne ce soir avec l'Em
pereur. L'effet moral produit par son intro
duction au quartier général est excellent.
Très vraisemblablement une bataille s'en
gagera près de Metz demain ou après-de
main.
Vienne, 8 août, 4 heures, soir.
(Dépêche arrivée seulement le 10 au matin.)
VAbendpost (édition du soir de la Gazette
de Vienne ) dit que les dispositions militaires
qui ont été commandées au gouvernement
austro-hongrois comme aux autres puissan
ces neutres par les événements politiques de
la semainé précédente, se réduisent à l'achat
dé chevaux destinés à assurer le plein effectif
du pied de paix et à l'appel sous les drapeaux
du nombre fie cavaliers et d'artilleurs devenu
indispensable par suite de l'augmentation de
l'effectif des chevaux. L 'Abendpost ajoute que
la ligne de conduite indiquée dans la dépêche
du 20 juillet, ligne qui implique une politi
que de stricte neutralité non armée, n'a nul
lement été dépassée. Quant aux travaux de
fortification dont il a été question, Y Abend
post dit que ces travaux sont simplement
projetés. ' .
Metz, 10 août, 7 h. 40.
L'Empereur vient de sortir en voiture dé
couverte de la préfecture. Une centaine de
personnes qui se trouvaient sur la place l'ont
acclamé.
Le Prince Impérial est toujours à Metz.
On considère toujours une bataille comme
imminente.
La Correspondance du Nord-Est publie
les dépêches suivantes :
Copenhague, 9 août, 8 h. 47 m., soir.
La nouvelle d'une victoire remportée par
les Prussiens a péniblement affecté notre
population, mais ne l'a point abattue. Le
Foedrelandet dit : « Rien n'est perdu, si la
force morale de la France n'est pas atteinte.
Nous espérons que -la France grandira sous
le malheur, comme en 4793. »
Avant-hier, les vaisseaux français ont paru
devant Kiel.
Le grand duc héritier du trône de Rus
sie est arrivé à Copenhague.
Le marquis de Cadore est encore ici.
L' Indépendance belge publie les dépê
ches suivantes de source prussienne :
Voie £ Allemagne.
Hombourg, dimanche 7 août,
11. h. 3/4, soir.
- Après la bataille d'hier de Woerth, l'enne
mi s'est retiré dans la plus grande excita
tion.
Près de Niederbronn, l'artillerie française
essayait de tenir, mais cette position a été
prise par les Bavarois. L'ennemi, suivant la
route, s'est retiré sur Bitche.
Près de Reichshofen, la cavalerie wurtem-
bergeoise a pris beaucoup de provisions et
4 pièces d'artillerie. La route de retraite était
couverte de blessés, Haguenau, que l'ennemi
a abandonné, est occupi
Sarreguemines est également occupé par
nos troupes. . '
Forbach a été pris après un léger combat.
Kaiserslautern, dimanche 7 août.
A Neustadt de grandes démonstrations ont
eu lieu lors du passage du roi.
La gare et les collines environnantes étaient
occupées par des trôupeS bavaroises et prus
siennes et par les habitants des alentours.
Plusieurs orateurs se sont fait entendre.
Des vivats ont été portés au roi, à MM. de
Bismark, de Moltke et de Roon. On a ter
miné par un toast à l'unité et à la liberté de
l'Allemagne.
Munich, lundi, 8 août.
Les communications suivantes sont arri
vées sur la part prise à la bataille de Wœrth
par le 1 er corps d'armée bavarois.
A six heures du matin nos troupes quittè
rent le bivac d'Ingolsheim et se rendirent par
des chemins détournés à Lobsau et Lamper-
bloch ; pendant la marche on entendait le
grondement du canon.
La première division (Stefan) attaqua l'aile
gauche ennemie vers une heure ; à trois heu
res une attaque concentrée a eu lieu contre la
position de l'ennemi ; à quatre heures et de
mie les hauteurs étaient prises après un com
bat acharné. L'ennemi a été refoulé en dés
ordre, notre cavalerie l'a poursuivi immédia
tement. Les pertes sont considérables. -
La seconde division était déployée en ré
serve et n'a pas pris une part directe à la ba
taille.
D'autres détails ne sont pas encore connus.
La dépêche suivante est publiée par
Y Indépendance belge.
Londres, lundi 8 août.
Chambre des Communes. — Répondant
à M. de Beaumont, M. Gladstone dit : Le
30 juillet, le gouvernement a proposé sépa
rément, mais en termes identiques, à la
France et à la Prusse, un engagement qui
s'appellera un traité, portant que si une ar
mée belligérante violait le territoire belge,
l'Angleterre se mettrait avec l'autre armée
pour défendre la Belgique, mais il n'a pas
été spécialement stipulé que l'Angleterre se
rait forcée de prendre part aux opérations
générales de la guerre.
Le traité devra rester en vigueur douze
mois après la ratification du traité de paix
entre les deux Belligérants.
La proposition de l'Angleterre a été com
muniquée à la Russie et à l'Autriche, qui l'ont
accueillie favorablement.
Le roi de Prusse a accepté le traité. La
France également, mais cette dernière puis
sance avec quelques modifications qui ne
changent rien à la substance tlu traité.
M. Gladstone ajoute que le comte de
Bernstorff signera le traité, sans doute, ce
soir.
NOUVELLES COMMUNIQUÉES PAR LE GOUVERNEMENT
(Correspondance du quartier général.)
Metz, 9 août, 1 h. 52; soir.
L'Empereur s'est rendu ce matin au quar
tier général du maréchal Bazaine, qui prend
le commandement de3 troupes réunies sous
Metz.
Le général Decaen a été placé à la tête du
3" corps.
L'Empereur a reçu un accueil chaleureux
de la population et de l'armée, où éclatent les
sentiments du plus énergique patriotisme.
Tout le monde aspire avec ardeur à re
prendre la lutte. Les dispositions sont excel
lentes. •
Tous les corps sonf en communication.
Le maréchal Mac-Mahon a rallié la plus
grande partie de son armée et se replie en
bon ordre sur Nancy.
Le sous-préfet de Schelestad au ministre
de l' intérieur.
Je reçois des renseignements des bords du
Rhin ; tout paraît tranquille et on ne me si -
gnale aucun incident.
La grande partie des soldats qui était au
Sponeck n'y est plus.
Metz, 9 août, 9 h, SJo soir.
Il n'y a eu aucun engagement important
sur le iront de l'armée du maréchal Bazaine.
On a exécuté quelques reconnaissances de
cavalerie qui Ont donné des indications sur
les positions de l'ennemi.
Dans l'une d'elles un escadron de hussards
s'est mesuré avec des uhlans prussiens. De
notre côté il y a eu un officier tué et un offi
cier blessé. ,
La reconnaissance ennemie a été repous
sée.
Correspondance du quartier-général,
Pour copie conforme :
Le ministre de l'intérieur,
Chevandier de Valdrome.
Metz, 10 août, 8 h. 30 matin.
L'Empereur est allé visiter les cantonne
ments de l'armée. Depuis 48 heures, les ap
provisionnements affluent sur les points de
concentration. Le matériel d'artillerie aug
mente chaque jour. Les soldats sont reposés
et attendent le signal de l'action. Nous conti
nuons à n'avoir aucun détail officiel sur les
affaires du 6.
(Correspondance du quartier général.)
Pour copie conforme :
chevandier de valdrome.
Strasbourg, lO.août, 9 h. 23 matin.
La journée et la nuit ont été, calmes à
Strasbourg. .Nous avons continué à prendre
toutes les mesures défensives nécessaires.
(Dépêche du préfet du Bas-Rhin.)
Pour copie conforme :
Chevandier de Valdrome.
A la bataille de Froschwiller, le
maréchal de Mac-Mahon a eu ses deux
aides de camp, les généraux Colson et
de Vogué, tués à ses côtés. Lui-même
a chargé, l'épée à la main, avec tout
l'élan du désespoir.
D'après nos renseignements particu
liers, la confian'ce de nos héroïques vain
cus en leur chef ne peut s'exprimer que
par un seul mot : c'est le délire del'en-
thousiasme!
Bon courage ! nous n'avons encore
éprouvé que des défaites glorieuses, ët
avec de pareils soldats on est en droit
de tout espérer.
S. Desquers.
Voici, d'après divers journaux, des
détails sur le combat de Forbach, qui
a été un désastre. Les forces de l'en
nemi étaiènt triples des nôtres, et, de,
plus, nous lui avons laissé l'avantage
du terrain. Nous aurions pu occuper
avant l'affaire ou détruire uné partië
des bois d'où il nous mitraillait sans se
découvrir. La même faute a été com
mise du côté de la frontière palatine
et a contribué à la perte de la bataille
de Reischoffen.
On lit dans le Soir :
Un exemple entre mille : toute la frontière
prussienne est garnie de bois dans lesquels
s'abrite l'ennemi. De la sorte, toutes les ma
nœuvres des Prussiens nous échappent et
nous marchons en aveugles. Le maréchal
Mac-Mahon a demandé, par un télégramme
à l'Empereur, de brûler ces bois. L'Empe
reur a refusé, en invoquant les sentiments
d'humanité.
Ainsi, c'est par humanité que nous avons
laissé écraser nos troupes à Wissembourg;
c'ëst par fiumanité qu'à Forbach nous avons
fait tuer des milliers d'hommes!...
Sur la gauche de Spickeren, ce sont les
bois qui ont permis aux Prussiens de nous
masquer leurs mouvements.
Ce sont des bois encore qui ont abrité les
mitrailleuses ennemies sur la gauche de For
bach et leur ont permis, à sept heures du
soir, de mitrailler nos régiments, épuisés par
une lutte gigantesque de dix heures.
Les détails du combat sont assez
confus, mais l'issue de la lutte est
tellement évidente, que les renseigne
ments concordent tous. Voici d'abord
qui explique la destruction du 77 e de
ligne :
L'engagement commença immédiatement.
Le 77 e de ligne i'ut un instant seul à suppor
ter le poids de l'attaque et résista bravement.
Ce régiment, cruellement décimé, s'est cou
vert d'une gloire immortelle : il a permis aux
divisions de se rapprocher et d'entrer en li
gne sur un terrain choisi. Malheureusement,,
le mouvement commencé le matin s'était ef
fectué rapidement, et nos troupes avaient à
refaire, au bruit du canon, les trois heures,
de marche qui leg avaient éloignées de leurs
campements.
Ainsi, un régiment seul a soutenu le
choc de 20,000 hommes au moins.
Quelle responsabilité n'incombe pas
au général qui a ainsi prodigué inu
tilement le sang et le courage des en
fants de la France !
Les récriminations seraient en ce
moment hors de saison ; qu'on lise le
récit publié par le Français et écrit par
son correspondant d'après des témoins
occulaires.
Il était trois heures. A ce moment une di
vision arrive de Saint-Avold ; on engage de
nouveau l'action. La victoire semble vouloir
se déclarer pour nous ; nous reprenons l'of
fensive, l'ennemi est poursuivi la baïonnette
dans les reins ; mais, des bois qui entourent
Styring sortent des nuées de Prussiens. Que.
faire contre le nombre ? Tout ce qui est en
core valide revient prendre position auprès de
de Forbach... Il est cinq heures. Le général
Frossard est dans la ville avec son état-ma
jor ; il prend ses dispositions pour partir du
côté de Sarreguemines. Et l'on s'est battu
encore jusqu'à huit heures du soir ! Pendant
son absence, qui donc a commandé les débris
du 2 e corps d'armée qu'on lui avait confié ?
Parmi ces soldats, qui sont allés mourir en
héros, il n'y a eu qu'un cri de rage contre
leur général en chef.
Il n'est plus possible de tenir à Forbach.
Une seule route n'est pas cernée. On veut
battre en retraite par-là ; ce qui reste d'offi
ciers fait opérer ce pénible mouvement dans
un ordre parfait.
Mais là encore apparaissent les Prussiens ;
on ne voit que des masses noires ; on n'en
tend que bruits sinistres, précurseurs du
combat. Le choc a lieu, terrible, épouvanta
ble. On se fusille à 200 mètres. Un convoi
passe, il est salué par les mitrailleuses enne
mies ; car, eux aussi ont leurs mitrailleuses,
seulement le tir en est très imparfait.Ce n'est
pas elles qui moissonnent nos bataillons lut
tant encore, ce sont les balles des fusils
Dreyse et les boulets de l'artillerie. Au bout
de trente-cinq minutes, il est impossible de
lutter davantage. Nos officiers crient : « Ces
sez le feu ! » Le feu cesse. Mais que sont de
venus nos braves soldats ? Ont-ils pu fuir ?
On espère qu'ils se sont retirés sur les hau
teurs?
Oh ! le cœur se brise, et c'est avec des lar
mes de sang qu'on écrit ce triste récit !
Quel moment effrayant que celui où les
ombres du crépuscule commençant à enve
lopper nos bataillons décimés, nos héroïques
et malheureux soldats tentèrent un dernier
effort! Là encore nous retrouvons le 77 e .
Les Prussiens, munis de mitrailleuses,
postés dans ■ les bois dont ils ne songeaient
pas à sortir, sur les hauteurs d'où ils se gar
daient de descendre, nous firent éprouver
des pertes sensibles. — Le soir, le 77• es
saya de les déloger du bois : quatre fois il fut
repoussé, accablé par le nombre. Il y a des
compagnies de 120 hommes dont l'effectif est
réduit à 8 hommes.
Forbach est en feu; les boulets et
les obus pleuvent dans ses rues. Les
canons, la cavalerie, les équipages,
l'infanterie roule en désordre. Les mi
trailleuses sèment la mort de tous cô
tés, Tout à coup, un obus, suivi bien
tôt de plusieurs autres, tombe sur les
ambulances ; les fourgons sont broyés,
réduits en morceaux; les blessés, cette
fais frappés à mort, roulent sous les
pieds des chevaux. De cela, de cette
îmfamie, l'humanité entière demande
ra compte à la Prusse !
Qu'on lise ce tableau de ^a dé?
route :
N' H90 — Edition quotidienne.
Jeudi 11 Août 1870
. —t
PARIS
Un an 60 fr.
Six mois 31
Trois mois.......... 16
Le numéro : 15 centimes.
BUREAUX
Paris, 10, Fue des Saints-Pères.
Oa s'abonne, à Rome, au bureau de la Civiltà cm
via del Gesu, 61.
Un an
Six mois..
Trois moi
DÉPARTEMENTS
itten sên«^qu, .
Un an, 36 fr,—Six mois, 19 fr.—Trois mois, ,10 fr,
L'Univers ne fépond pas des manuscrit» gui lai sont adressés.
ANNONCES
VU. Ch. LAGIUNGE, CERF 'et C<°, 6, place de la Bonne.
Irap: Ad. Lainé, rue des Sainls-Pères, 1f. t
FRANCE
PARIS, 10 AOUT 1870
Il faudrait pouvoir passer sous si
lence les scènes déplorables qui ont
eu lieu hier au Corps législatif. Les
ennemis occupent uno partie du sol
de la France, et les représentants
du peuple emploient leurs efforts à
renverser le gouvernement ou à
changer le ministère. Les haines de
parti, les rancunes personnelles, les
basses ambitions relèguent au second
plan le danger e,t le secours de la pa
trie. Faut-il insister sur les proposi
tions anticonstitutionnelles et antipa
triotiques qui ont été portées à la tri
bune? On en verra le détail au compte
rendu, qui atténue les plus grosses,
comme il passe sous silence les plus
violentes interruptions adressées au
président lisant le décret de convo
cation de la Chambre at au ministre
de la justice lisant la déclaration que.
nous avons reproduite hier, et dont
M. de Parieu avait donné connaissance
au Sénat.
Après cette lecture, le ministre avait
fait appel au patriotisme de la Cham
bre, lui disant de faire venir les
urnes et de* décider , du sort du
cabinet, mais que le temps des dis
cours et des récriminations était passé
et qu'il fallait agir. Le conseil était
bon : on n'était pas en état de l'enten
dre. Les récriminations commencè
rent, violentes, odieuse, personnelles,
M. Jules Favre s'en était fait l'organe.
Il demande que l'armée soit placée
sèus le commandement de M. le ma
réchal Bazaine, en même temps qu'un
certain nombre de députés propose de
nommer M. Trochu président du con
seil.
- Qui avait donné à ces représentants
le droit de compromettre les noms de
ces deux militaires? Le Constitutionnel
déclare que c'est à l'insu de M. le géné
ral Trochu que son nom a été mis en
avant. Cela soulage. Que l'épée ne se
commette pas à ces basses intrigues de'
la tribune et du verbiage. Elle a mieux
à faire en ce moment qu'à piquer des
portefeuilles.
M. Jules Favre ne se borne pas à pro
poser à la Chambre de décider du com
mandement des armées, il lui depaande
de s'emparer du pouvoir et dénom
mer un comité à cet effet. M. Granier
de Gassagnac répond que s'il avait
l'honneur de siéger sur les bancs
du gouvernement, il ferait traduire
les auteurs de propositions pareilles
devant ~un conseil d» guerre. A* ce
moment, le tumulte est à son com
ble : M. Jules Simon, le visage em
pourpré et les bras en l'air, tourbillonne
au milieu de l'hémicycle en criant :
Fusillez-moi ! fusillez-nous ! En vain on
demande le rappel à l'ordre de M. Gra
nier de Cassagnâc ; le président s'y re
fuse en disant que les violences d'un
côté provoquent les surexcitations de
l'autre.
Un instant après les députés sem
blent prêts à se colleter. Les uns se
ruent au banc des ministres, les au
tres leur font obstacle, et le président
se couvre.
. A travers ces tumultes, le ministre
de la guerre avait lu ses projets de
loi pour la défense de la patrie. La
gauche demandait toujours des armes,
des armes pour Paris. M. Jules Favre,
qui fait là proposition, ne peut s'habi
tuer à dire pour la France. C'est la po
pulation de Paris qui est son objectif :
c'est l'armée de l'émeute et du désor
dre qu'il souhaite organiser; et pour
compléter l'esprit de sa proposition, il
demande que les chefs de cette armée
soient élus au scrutin. M- Picard sou
tient la même thèse, et va plus
loin encore dans son langage en dé
clarant que si on refuse des armes à
Paris, Paris saura bien en prendre. Il
déclare aussi qu'il appellera des déci
sions de là Chambre à qui de droit.
C'est par ces paroles violentes et ces
appels furieux au désordre qu'on trans
forme en danger pour la patrie les
mesures nécessaires à son salut et à sa
défense.
M. Jérôme David, dans un langage
patriotique; avait rappelé la Chambre
a l'examen sérieux, nécessaire, indis
pensable de ses moyens de défense. Il
a ému l'assemblée et enlevé ses accla
mations en parlant de l'héroïsme de
nos soldats. Il parlait en témoin ocu
laire et pénétre; mais les conséquences
que la gauche a tirées de ces déclara
tions ont provoqué le rappel à l'ordre
de M. de Kératry.
Cependant la séançe avait été sus
pendue, et la Chambre s'était retirée
dans ses bureaux pour examiner les
projets du ministre-de la guerre. A la
reprise de la séance, l'assemblée a été
consultée sur deux ordres du jour. Le
premier, déclarant que le cabinet n'a
vait plus la confiance de la Chambre,
a été repoussé ; le second, souhaitant
un cabinet capable d'organiser la dé
fense du pays, a été'adopté. Sur la de
mande du ministre dé la justice, la
séance a été suspendue une seconde
fois.
A la dernière reprise, la Chambre a
voté l'urgence sur la proposition de M.
J. Favre, relative à- l'armement des
gardes nationales : elle l'a repoussée,
au contraire, sur la demande de nomi
nation d'un comité. Elle a encore adop
té l'urgence et le renvoi à la commis
sion chargée de l'examen du projet mi
nistériel, d'une proposition de M. de
Ivératry relative à l'appel aux armes des
anciens militaires, veufs sans enfants
ou non mariés^
Enfin M. le ministre de la Justice a
annoncé que le cabinet avait donms
sa démission, et que le comte de Pali-
kao était chargé de former -un minis
tère.
Sera-ce un remède ? Tout le monde
comprend qu'il faut un ministère éner
gique, énergique contre le verbiage
de la Chambre et sage dans la guerre.
Les séances comme celles d'hier ne fe
ront pas désarmer les Prussiens.
Nous voyons sans regret tomber ce
pauvre ministère parlementaire qui a,
il est vrai, respecté la liberté du Con
cile, mais qui a abandonné le Pape et
retiré nos soldats de Rome, où, selon la
conscience de la majorité des Français,
ils combattaient efficacement nos en
nemis d'au delà du Rhin. Toutefois,
nous ne sommes pas de ceux qui pen
sent que tout s'accommode par un
changement de ministère. Le mal
n'est pas là. Ce n'est pas le moment
d'ailleurs d'en beaucoup rechercher les
causes. Il faut en arrêter les ravages.
C'est une impiété envers la patrie
de retarder par des discours les
mesures salutaires que nécessite l'état
de ses affaires, et de détourner de la
défense de son sol les bras dont elle a
tant besoin.
En sortant de la Chambre, nous
avons trouvé les abords du Corps légis
latif remplis de soldats, il avait fallu
dégager les quais et le pont. Les fusils
étaient rangés en faisceaux, les cava
liers étaient auprès de leurs chevaux.
On avait dû faire, nous dit-on, quel
ques charges de cavalerie. Qu'elles
eussent été mieux dirigées contre les
Prussiens ! Il y avait autour de la
Chambre plus de troupes que nous
n'en avions vues depuis plusieurs se
maines à Paris. Les casernes du quai
d'Orsay, qui étaient complètement vi
des ces jours derniers, étaient remplies
de soldats de toutes armes. Ils parais
saient venir de loin pour protéger les dé
libérations du Corps législatif! On aurait
pleuré en songeant que ces soldats eus
sent peut-être empêché le désastre de
Reichsoffen et fermé l'ouverture de
nos lignes à Wissembourg.
D'un autre côté, les ateliers de Pa
ris, dit-on, ont chômé hier f au delà des
soldats, et contenue par eux, une
foule considérable couvrait la place de
la Concorde et les quais. Elle accla
mait les députés de la gauche. S'en
sera-t-il trouvé un seul pour dire à
ces hommes qu'ils n'avaient que faire
aux abords du Corps législatif, et que
leur présence, en provoquant le ras
semblement des troupes, était une dou
ble douleur et une double faiblesse
pour la patrie,
Hélas ! la grande douleur et la grande
faiblesse ne, sont-elles pas dans ces dé
libérations du Corps législatif, telles que
nous en avons entendues hier ! Avant
de demander le calme au peuple, ne
faut-iî pas le réclamer du dévouement
des députés?
Léon Acbineau.
nouvelles. Le parti a compris la situa
tion, et voilà pourquoi l'opinion a été
entraînée à s exagérer nos désastres.
Il fallait que l'on fit croire à la France
qu'elle était perdue, pour que la Répu
blique, qui le lendemain serait la dé
magogie, eût chance de passer. Le jeu
a réussi d'abord ; mais, grâces à Dieu,
le bon sens, la- dignité, la résolution
calme, le vrai patriotisme ont repris le
dessus. La France qui pendant quel
ques jours a donné à l'Europe le spec
tacle d'une nation affolée, va lui mon
trer maintenant une nation qui puise
dans un premier revers la résolution
et la force de repousser l'ennemi et de
lui dicter des lois.
Nous avons commencé cette guerre
avec la volonté de démembrer la Prus
se ; c'est par le démembrement de la
Prusse qu'elle doit se terminer.
Eugène Veuillot.
Les craintes que nous exprimions
hier sur les dispositions de quelques
députés de la gauche se sont réalisées.
MM. Jules Favre, Ernest Picard, de
Kératry, Ferry, appuyés de plusieurs
de leurs collègues, ont parle de ma
nière à provoquer une journée révo
lutionnaire. Or une journée révolu
tionnaire à Paris serait plus avanta
geuse aux Prussiens, personne ne l'i
gnore, qu'une bataille gagnée, non
pas sur trois ou quatre de nos divisions,
mais contre toute notre armée. Et
si cette journée voyait le triomphe de
la révolution, ce serait aussi le triom
phe de l'ennemi. Toute résistanco or
ganisée ferait défaut, et la France en
lutte contre elle-même subirait toutes
les lois, toutes les insolences du vain
queur.
Gela est d'une évidence absolue. Les
orateurs de la gauche n'en peuvent
pas plus douter que leurs amis de la
Haute-Vienne et de Marseille, criant
tout à la fois : Vive la République ! et
Vive la Prusse ! D'ailleurs, à défaut du
sens politique, du sens national et du
simple bon sens qui devaient les éclai
rer, -ils avaient cette parole de l'es
pion prussien : « Avancez ; Paris se
soulève, l'armée française sera prise
entre deux feux. » Voilà les prévisions
que la gauche a secondées.
La révolution croit cacher son jeu
en demandant des armes afin, dit-elle,
de défendre la patrie en danger. Pour
quoi ces hurleurs, si pressés de s'ar
mer dans Paris, passent-ils devant les
bureaux d'enrôlement sans y entrer?
Si vous croyez réellement la patrie en
danger, courez donc où le danger est
pressant! Mais non, ces cris, ces em
portements sont un calcul. On veut
surexciter l'opinion, l'enfiévrer, l'affo
ler, et, du même coup, troubler le
pouvoir. Lorsque les choses en sont là,
tôat dépend d un incident, et «. le tour
de main révolutionnaire » peut être
tenté avec succès.
Nul doute que l'excessive émotion
de ces derniers jours ne fût en grande
partie le résultat de cette tactique.
Partout les meneurs du parti répupli-
cain et socialiste ont exagéré le mal.
Il semblait à les entendre que tout fût
perdu. Le style des proclamations offi
cielles et de certaines dépêches les
servait d'ailleurs à souhait. De plus,
les souffrances de l'honneur national
leur donnaient appui. On était trop
surpris, trop humilié, pour ne pas ac
cepter facilement les plus mauvaises
On lit dans le Journal officiel :
Les ministres ont remis leurs démissions
entre les mains de l'Impératrice, qui les a
acceptées.
Le général comte de Palikao est chargé,
par l'Impératrice, de former un cabinet.
NAPOLÉON, etc.,
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Pourrout être appelés sur la flotte, au fur
et à mesure que l'exigeront les besoins des
armements,, les inscrits maritimes ayant ac
compli la période obligatoire de six ans de
service.
Fait au quartier général de Metz, le 6
août 1870.
NAPOLÉON.
CORPS LEGISLATIF
Grands déploiements de forces au
tour du Corps législatif.
L'assemblée vote, au début de la
séance, des remercîments et des hom
mages aux troupes.
Plusieurs membres proposent la pro
rogation à toute échéance de valeur
commerciale souscrite avant la guerre,
et déposent des pétitions dans le même
but.
La Chambre adopte l'urgence, tout
en manifestant la plus vive impatience
d'entendre le rapport du projet de loi
relatif à Fa'défense. M. de Forcade lit
ce rapport.
Il termine par un appel à l'union
de tous les partis.
Tous les citoyens libérés de 25 à 33
ans non mariés ou veufs sans enfants
sont appelés.
Il porte à 25 millions le-crédit pour
secours aux femmes et familles de
soldats appelés.
M. Picard répond qu'il remercie le
rapporteur, et que personne ne peut
douter de l'esprit d'union du Corps lé
gislatif.
Le Corps législatif debout et à l'una
nimité vote des remercîments à l'ar
mée et déclare qu'elle a bien mérité
de la patrie.
Les articles de la loi sont ensuite
votés à l'unanimité et sans discus
sion.
L'ensemble de la loi est adopté par
scrutin unanime.
M. Estancelin propose tant que l'en
nemi sera sur le sol de la patrie la
, permanence de la Chambre.
M. de Palikao monte à la tribune
et lit la composition du ministère.
MM.
Guerre le comte Palikao.
intérieur ; Chevreau.
Finances Magne.
Justice Grandperret.
Commerce Duvemois.
"Marine Rigault de Ge-
nouilly.
Travaux publics Jérôme David.
Affaires étrangères. La Tour - d'Aaver-
gne.
Président du Conseil d'E
tat- Busson-Billault.
Instruction publique Brame.
S. Desquers,
Nous sommes aujourd'hui encore sans
nouvelles de.M. Ernest Schnaiter. Nous
avons télégraphié à M. le générai Joli-
vet, sous la tente duquel notre ami et
collaborateur avait déjeuné à Forbach
la veille de la bataille. Notre télégram
me est jusqu'ici resté sans réponse. Et
qui sait si le général a pu le recevoir?
Nou§ avons pris des renseignements
près des journaux qui avaient, comme
nous, des collaborateurs à Forbach.Au
cun indice n'a pu nous être donné.
Nul moyen d'écrire ou de télégra
phier à Forbach encore au pouvoir de
l'ennemi. •
Les rédacteurs des journaux de Paris
dont on n'a pas de nouvelles depuis
l'affaire de Forbach sont : MM. Ernest
Schnaiter de l'Univers, About du Soir,
Cahun et de Kattowdu Gaulois, Jesier-
ski de l'Opinion nationale, Chabeuil du
National.
Si les Prussiens laissent entrer ce
numéro à Forbach, nous conjurons
nos lecteurs dans cette ville de faire
toutes les recherches possibles pour
nous donner des nouvelles de notre
ami.
Eugène Veuillot.
Strasbourg vient d'adresser aux troupes, pour
les inviter aux èoïiférences dont Sa Grandeur
a chargé \y P. Joseph et aux exercices reli
gieux du dimanche. C'est une œuvre très
importante. '
Vous connaisssez nos défaites, nos san
glantes épreuves ! Les blessés nous arrivent
par centaines, et toutes les douleurs dispa
raissent devant l'anxiété de l'avenir : l'enne
mi est à nos portes, et qui sait si Strasbourg
ne sera pas assiégé demain?...
Les jeunes gardes mobiles qui nous sont
arrivés paraissent disciplinés, enthousiastes
et braves.
Que Dieu ait pitié de la France ! Qu'il
donne à notre vaillante armée de bons
chefs.
Les habitants, vieillards, femmes, en
fants, les jeunes gens surtout de l'arrondis
sement de Wissembourg fuient devant les
Prussiens, qui occupent les abords de Ha-
guenau.
Des blessés assurent qu'ils ont fait usage
de balles explosibles ; ils enrôlent par force
les jeunes gens valides qu'ils rencontrent sur
leur chemin ; on nous raconte des cruautés
que je ne veux point répéter; elles méritent
confirmation.
Un étudiant en médecine, vulgo un cara
bin, s'est permis de lacérer YInvito-sagro de
Mgr de Strasbourg, affiché au polygone,
sans doute au nom de la tolérance et de la
liberté de conscience ; pris sur le fait par
quelques-uns de nos braves officiers, il fut-
appréhendé «U corps et conduit devant les
autorités compétentes, qui lui demanderont
compte de ce noble exploit.
Pour extrait : S. Desquers,
Voici les dépêches relatives à la
guerre que publie Y Agence Havas :
Le Morning-Post et les autres journaux es
pèrent que les Parisiens sauront supporter
les revers avec fermeté et courage.
A Dublin, lundi soir, une manifestation
populaire a eu lieu pour exprimer à la Fran
ce la sympathie de l'Irlande. Une foule con
sidérable marchait en procession dans les
rues en chantant la Marseillaise et des airs
fenians.
Metz, 8 août. '
(Arrivée seulement cette nuit.)
Avis est donné à tous les propriétaires de
terrains compris dans la première et la se
conde zone ae la place et des forts de Metz,
d'avoir à démolir immédiatement les cons
tructions qui leur appartiennent, d'enlever
les décombres, de couper les arbres, les haies,
d'abattre les clôtures et de faire place nëtte
dans les trois jours ; au besoin l'autorité mi
litaire fera faire les travaux aux frais des pro
priétaires.
Lettre» des frontière»
Strasbourg, ce 7 août.
Vous recevrez avec cette lettre la circu
laire-proclamation que Mgr l'évêque de
Metz, 0 août, 4 h. 1/2, soir.
On distribue sur la place de la Comédie des
fusils à la garde nationale sédentaire. Chaque
homme ainsi armé se sent plus citoyen, une
joie calme et une mâle conflancs sont peintes
sur les visages. « A présent, dit-on, les Prus
siens peuvent venir. »
Le général Changarnier est resté attaché à
l'état-major général ; il dîne ce soir avec l'Em
pereur. L'effet moral produit par son intro
duction au quartier général est excellent.
Très vraisemblablement une bataille s'en
gagera près de Metz demain ou après-de
main.
Vienne, 8 août, 4 heures, soir.
(Dépêche arrivée seulement le 10 au matin.)
VAbendpost (édition du soir de la Gazette
de Vienne ) dit que les dispositions militaires
qui ont été commandées au gouvernement
austro-hongrois comme aux autres puissan
ces neutres par les événements politiques de
la semainé précédente, se réduisent à l'achat
dé chevaux destinés à assurer le plein effectif
du pied de paix et à l'appel sous les drapeaux
du nombre fie cavaliers et d'artilleurs devenu
indispensable par suite de l'augmentation de
l'effectif des chevaux. L 'Abendpost ajoute que
la ligne de conduite indiquée dans la dépêche
du 20 juillet, ligne qui implique une politi
que de stricte neutralité non armée, n'a nul
lement été dépassée. Quant aux travaux de
fortification dont il a été question, Y Abend
post dit que ces travaux sont simplement
projetés. ' .
Metz, 10 août, 7 h. 40.
L'Empereur vient de sortir en voiture dé
couverte de la préfecture. Une centaine de
personnes qui se trouvaient sur la place l'ont
acclamé.
Le Prince Impérial est toujours à Metz.
On considère toujours une bataille comme
imminente.
La Correspondance du Nord-Est publie
les dépêches suivantes :
Copenhague, 9 août, 8 h. 47 m., soir.
La nouvelle d'une victoire remportée par
les Prussiens a péniblement affecté notre
population, mais ne l'a point abattue. Le
Foedrelandet dit : « Rien n'est perdu, si la
force morale de la France n'est pas atteinte.
Nous espérons que -la France grandira sous
le malheur, comme en 4793. »
Avant-hier, les vaisseaux français ont paru
devant Kiel.
Le grand duc héritier du trône de Rus
sie est arrivé à Copenhague.
Le marquis de Cadore est encore ici.
L' Indépendance belge publie les dépê
ches suivantes de source prussienne :
Voie £ Allemagne.
Hombourg, dimanche 7 août,
11. h. 3/4, soir.
- Après la bataille d'hier de Woerth, l'enne
mi s'est retiré dans la plus grande excita
tion.
Près de Niederbronn, l'artillerie française
essayait de tenir, mais cette position a été
prise par les Bavarois. L'ennemi, suivant la
route, s'est retiré sur Bitche.
Près de Reichshofen, la cavalerie wurtem-
bergeoise a pris beaucoup de provisions et
4 pièces d'artillerie. La route de retraite était
couverte de blessés, Haguenau, que l'ennemi
a abandonné, est occupi
Sarreguemines est également occupé par
nos troupes. . '
Forbach a été pris après un léger combat.
Kaiserslautern, dimanche 7 août.
A Neustadt de grandes démonstrations ont
eu lieu lors du passage du roi.
La gare et les collines environnantes étaient
occupées par des trôupeS bavaroises et prus
siennes et par les habitants des alentours.
Plusieurs orateurs se sont fait entendre.
Des vivats ont été portés au roi, à MM. de
Bismark, de Moltke et de Roon. On a ter
miné par un toast à l'unité et à la liberté de
l'Allemagne.
Munich, lundi, 8 août.
Les communications suivantes sont arri
vées sur la part prise à la bataille de Wœrth
par le 1 er corps d'armée bavarois.
A six heures du matin nos troupes quittè
rent le bivac d'Ingolsheim et se rendirent par
des chemins détournés à Lobsau et Lamper-
bloch ; pendant la marche on entendait le
grondement du canon.
La première division (Stefan) attaqua l'aile
gauche ennemie vers une heure ; à trois heu
res une attaque concentrée a eu lieu contre la
position de l'ennemi ; à quatre heures et de
mie les hauteurs étaient prises après un com
bat acharné. L'ennemi a été refoulé en dés
ordre, notre cavalerie l'a poursuivi immédia
tement. Les pertes sont considérables. -
La seconde division était déployée en ré
serve et n'a pas pris une part directe à la ba
taille.
D'autres détails ne sont pas encore connus.
La dépêche suivante est publiée par
Y Indépendance belge.
Londres, lundi 8 août.
Chambre des Communes. — Répondant
à M. de Beaumont, M. Gladstone dit : Le
30 juillet, le gouvernement a proposé sépa
rément, mais en termes identiques, à la
France et à la Prusse, un engagement qui
s'appellera un traité, portant que si une ar
mée belligérante violait le territoire belge,
l'Angleterre se mettrait avec l'autre armée
pour défendre la Belgique, mais il n'a pas
été spécialement stipulé que l'Angleterre se
rait forcée de prendre part aux opérations
générales de la guerre.
Le traité devra rester en vigueur douze
mois après la ratification du traité de paix
entre les deux Belligérants.
La proposition de l'Angleterre a été com
muniquée à la Russie et à l'Autriche, qui l'ont
accueillie favorablement.
Le roi de Prusse a accepté le traité. La
France également, mais cette dernière puis
sance avec quelques modifications qui ne
changent rien à la substance tlu traité.
M. Gladstone ajoute que le comte de
Bernstorff signera le traité, sans doute, ce
soir.
NOUVELLES COMMUNIQUÉES PAR LE GOUVERNEMENT
(Correspondance du quartier général.)
Metz, 9 août, 1 h. 52; soir.
L'Empereur s'est rendu ce matin au quar
tier général du maréchal Bazaine, qui prend
le commandement de3 troupes réunies sous
Metz.
Le général Decaen a été placé à la tête du
3" corps.
L'Empereur a reçu un accueil chaleureux
de la population et de l'armée, où éclatent les
sentiments du plus énergique patriotisme.
Tout le monde aspire avec ardeur à re
prendre la lutte. Les dispositions sont excel
lentes. •
Tous les corps sonf en communication.
Le maréchal Mac-Mahon a rallié la plus
grande partie de son armée et se replie en
bon ordre sur Nancy.
Le sous-préfet de Schelestad au ministre
de l' intérieur.
Je reçois des renseignements des bords du
Rhin ; tout paraît tranquille et on ne me si -
gnale aucun incident.
La grande partie des soldats qui était au
Sponeck n'y est plus.
Metz, 9 août, 9 h, SJo soir.
Il n'y a eu aucun engagement important
sur le iront de l'armée du maréchal Bazaine.
On a exécuté quelques reconnaissances de
cavalerie qui Ont donné des indications sur
les positions de l'ennemi.
Dans l'une d'elles un escadron de hussards
s'est mesuré avec des uhlans prussiens. De
notre côté il y a eu un officier tué et un offi
cier blessé. ,
La reconnaissance ennemie a été repous
sée.
Correspondance du quartier-général,
Pour copie conforme :
Le ministre de l'intérieur,
Chevandier de Valdrome.
Metz, 10 août, 8 h. 30 matin.
L'Empereur est allé visiter les cantonne
ments de l'armée. Depuis 48 heures, les ap
provisionnements affluent sur les points de
concentration. Le matériel d'artillerie aug
mente chaque jour. Les soldats sont reposés
et attendent le signal de l'action. Nous conti
nuons à n'avoir aucun détail officiel sur les
affaires du 6.
(Correspondance du quartier général.)
Pour copie conforme :
chevandier de valdrome.
Strasbourg, lO.août, 9 h. 23 matin.
La journée et la nuit ont été, calmes à
Strasbourg. .Nous avons continué à prendre
toutes les mesures défensives nécessaires.
(Dépêche du préfet du Bas-Rhin.)
Pour copie conforme :
Chevandier de Valdrome.
A la bataille de Froschwiller, le
maréchal de Mac-Mahon a eu ses deux
aides de camp, les généraux Colson et
de Vogué, tués à ses côtés. Lui-même
a chargé, l'épée à la main, avec tout
l'élan du désespoir.
D'après nos renseignements particu
liers, la confian'ce de nos héroïques vain
cus en leur chef ne peut s'exprimer que
par un seul mot : c'est le délire del'en-
thousiasme!
Bon courage ! nous n'avons encore
éprouvé que des défaites glorieuses, ët
avec de pareils soldats on est en droit
de tout espérer.
S. Desquers.
Voici, d'après divers journaux, des
détails sur le combat de Forbach, qui
a été un désastre. Les forces de l'en
nemi étaiènt triples des nôtres, et, de,
plus, nous lui avons laissé l'avantage
du terrain. Nous aurions pu occuper
avant l'affaire ou détruire uné partië
des bois d'où il nous mitraillait sans se
découvrir. La même faute a été com
mise du côté de la frontière palatine
et a contribué à la perte de la bataille
de Reischoffen.
On lit dans le Soir :
Un exemple entre mille : toute la frontière
prussienne est garnie de bois dans lesquels
s'abrite l'ennemi. De la sorte, toutes les ma
nœuvres des Prussiens nous échappent et
nous marchons en aveugles. Le maréchal
Mac-Mahon a demandé, par un télégramme
à l'Empereur, de brûler ces bois. L'Empe
reur a refusé, en invoquant les sentiments
d'humanité.
Ainsi, c'est par humanité que nous avons
laissé écraser nos troupes à Wissembourg;
c'ëst par fiumanité qu'à Forbach nous avons
fait tuer des milliers d'hommes!...
Sur la gauche de Spickeren, ce sont les
bois qui ont permis aux Prussiens de nous
masquer leurs mouvements.
Ce sont des bois encore qui ont abrité les
mitrailleuses ennemies sur la gauche de For
bach et leur ont permis, à sept heures du
soir, de mitrailler nos régiments, épuisés par
une lutte gigantesque de dix heures.
Les détails du combat sont assez
confus, mais l'issue de la lutte est
tellement évidente, que les renseigne
ments concordent tous. Voici d'abord
qui explique la destruction du 77 e de
ligne :
L'engagement commença immédiatement.
Le 77 e de ligne i'ut un instant seul à suppor
ter le poids de l'attaque et résista bravement.
Ce régiment, cruellement décimé, s'est cou
vert d'une gloire immortelle : il a permis aux
divisions de se rapprocher et d'entrer en li
gne sur un terrain choisi. Malheureusement,,
le mouvement commencé le matin s'était ef
fectué rapidement, et nos troupes avaient à
refaire, au bruit du canon, les trois heures,
de marche qui leg avaient éloignées de leurs
campements.
Ainsi, un régiment seul a soutenu le
choc de 20,000 hommes au moins.
Quelle responsabilité n'incombe pas
au général qui a ainsi prodigué inu
tilement le sang et le courage des en
fants de la France !
Les récriminations seraient en ce
moment hors de saison ; qu'on lise le
récit publié par le Français et écrit par
son correspondant d'après des témoins
occulaires.
Il était trois heures. A ce moment une di
vision arrive de Saint-Avold ; on engage de
nouveau l'action. La victoire semble vouloir
se déclarer pour nous ; nous reprenons l'of
fensive, l'ennemi est poursuivi la baïonnette
dans les reins ; mais, des bois qui entourent
Styring sortent des nuées de Prussiens. Que.
faire contre le nombre ? Tout ce qui est en
core valide revient prendre position auprès de
de Forbach... Il est cinq heures. Le général
Frossard est dans la ville avec son état-ma
jor ; il prend ses dispositions pour partir du
côté de Sarreguemines. Et l'on s'est battu
encore jusqu'à huit heures du soir ! Pendant
son absence, qui donc a commandé les débris
du 2 e corps d'armée qu'on lui avait confié ?
Parmi ces soldats, qui sont allés mourir en
héros, il n'y a eu qu'un cri de rage contre
leur général en chef.
Il n'est plus possible de tenir à Forbach.
Une seule route n'est pas cernée. On veut
battre en retraite par-là ; ce qui reste d'offi
ciers fait opérer ce pénible mouvement dans
un ordre parfait.
Mais là encore apparaissent les Prussiens ;
on ne voit que des masses noires ; on n'en
tend que bruits sinistres, précurseurs du
combat. Le choc a lieu, terrible, épouvanta
ble. On se fusille à 200 mètres. Un convoi
passe, il est salué par les mitrailleuses enne
mies ; car, eux aussi ont leurs mitrailleuses,
seulement le tir en est très imparfait.Ce n'est
pas elles qui moissonnent nos bataillons lut
tant encore, ce sont les balles des fusils
Dreyse et les boulets de l'artillerie. Au bout
de trente-cinq minutes, il est impossible de
lutter davantage. Nos officiers crient : « Ces
sez le feu ! » Le feu cesse. Mais que sont de
venus nos braves soldats ? Ont-ils pu fuir ?
On espère qu'ils se sont retirés sur les hau
teurs?
Oh ! le cœur se brise, et c'est avec des lar
mes de sang qu'on écrit ce triste récit !
Quel moment effrayant que celui où les
ombres du crépuscule commençant à enve
lopper nos bataillons décimés, nos héroïques
et malheureux soldats tentèrent un dernier
effort! Là encore nous retrouvons le 77 e .
Les Prussiens, munis de mitrailleuses,
postés dans ■ les bois dont ils ne songeaient
pas à sortir, sur les hauteurs d'où ils se gar
daient de descendre, nous firent éprouver
des pertes sensibles. — Le soir, le 77• es
saya de les déloger du bois : quatre fois il fut
repoussé, accablé par le nombre. Il y a des
compagnies de 120 hommes dont l'effectif est
réduit à 8 hommes.
Forbach est en feu; les boulets et
les obus pleuvent dans ses rues. Les
canons, la cavalerie, les équipages,
l'infanterie roule en désordre. Les mi
trailleuses sèment la mort de tous cô
tés, Tout à coup, un obus, suivi bien
tôt de plusieurs autres, tombe sur les
ambulances ; les fourgons sont broyés,
réduits en morceaux; les blessés, cette
fais frappés à mort, roulent sous les
pieds des chevaux. De cela, de cette
îmfamie, l'humanité entière demande
ra compte à la Prusse !
Qu'on lise ce tableau de ^a dé?
route :
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