Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1870-07-25
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 juillet 1870 25 juillet 1870
Description : 1870/07/25 (Numéro 1173). 1870/07/25 (Numéro 1173).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi 25 Juillet 1&70
N' 1173 -
Edition quotidien/ie
V. '
PARIS
Un an.. 60 fr.
Six mois 31
Trois mois 16
Le numéro : 15 centimes^
BUREAUX ! ;■
. Paris, 10, rue des Saints-Pèreà r
On s'abonne, à Rome, au bureau de la Civilta \qtlohca,
via del Gesu, 61. \
Lpiidi 25 Juillet 1870
Six mois 34
Trois mois ^18
Édition semi-quotMrenjie
Un an, 36 fr.—Six mois, ljM£—Trois mois, 10 fr.
\?Univers ne répond pas manuscrits qui lui sont adressés^
/A3ÎIVOIVCES
MM. Cit. LAGRANGE, CEBP e£ C io , 6, place de la Boorie#
linp. Ad- Laine, rue des Saints-Pères, 19.
Ceux de nos souscripteurs dont l'abon
nement expire le 31 juillet sont priés de
le renouveler leplus promptementpossible,
s'ils ne veulent pas éprouver de retard
dans Fenvoi du journal.
Il est indispensable de joindre la der
nière bande à la demande de renouvelle
ment , ainsi qu'aux réclamations pow
changement d adresse ou autres.
Le mode le plus simple et le plus
Iprompt est Fenvoi d'un bon sur la poste
ou cTun mandat à vue sur Paris, d l'ordre
du Gérant.
FRANCE
PARIS, 24 JUILLET 1870
Mgr Elloy, coadjuteur d'un évêqua
dont le prédécesseur fut martyr, nous
adresse la lettre suivante sur un misé
rable écrit dont nous avons déjà plu
sieurs fois parlé.
Au rédacteur en chef de t Univers.
Ro e î j il i
Monsieur,
Un nouveau libelle anonyme. insolemment
distribué au domicile d'un grand nombre de
Pères du Concile, répète des n eu on,e U 11
réfutés, et ne se distingue que par une haine
plus basse contre l'auguste personne de
Pie IX, contre la majorité des évêques, et
contre les Vicaires apostoliques. Ces derniers
y sont attaqués dans leur foi et dans leur
honnaur. On les accuse de n'être que des
instruments serviles entre les mains de la
Propagande, et la Propagande est insultée, à
leur occasion, non moins qu'eux-mème.3.
« Institution toute-puissante qui les Lient
u tous sous une même tutelle..., qui se pré-
« vaut de ses aumônes annuelles, pour agir
« efficacement sur les Prélats qu'elle soutient,
« et leur communiquer chaque semaine l'im-
u pulsion spéciale qui fait le Concile... Mère
« de presque tous les Vicaires apostoliques,
« elle se croit aussi le devoir d'être leur maî-
« tresse, et de régler leur opinion comme elle
« règle leur budget. Et de fait, il est inouï
« qu un seul de ces Prélats, iils de la Propa-
« gande, ait eu le courage de parler devant
« le Concile ou de voter autrement qu'on ne
« voulait. » "
Voilà certainement de très sottes injures.
Néanmoins, parce que la figure du nouveau
libelle et la manière dont il nous parvient,
dénotent une certaine communauté d'origine
avec d'autres qui ont insinué les mêmes im
putations, et parce que nous avons trop senti
l'inconvénient de dédaigner la stupidité du
mensonge, je ne crois pas inutile qu'un vi
caire apostolique prenne la peine de protes
ter. Des circonstances déplorables ont fait
que des calomniateurs qui paraîtraient indi
gnes de répression s'ils se nommaient, sem
blent être quelque chose sous le très vil
manteau de l'anonyme. Je ne veux pas souf
frir qu'ils diffament la vénérable et sainte
institution de la Propagande, dont ils igno
rent non-seulement l'esprit, mais les attribu
tions.
Je les louerai d'abord de ne plus contester
aux vicaires apostoliques le droit de siéger
dans le Concile. Ces docteurs admettent en-
-fin parmi les évêques ceux d'entre eux aux
quels il est dit tout spécialement : Et eritis
mihi testes usque ad extremum teirœ ; ils veu
lent bien recevoir dans la famille les peuples
récemment conquis à Jésus-Christ.
Toutefois, une difficulté reste. La question
est de savoir si les suffrages des vicaires
apostoliques ne seraient pas entachés de nul
lité. En effet, sont-ils libres, ces sortes d'é-
vêques qui, toutes les semaines, reçoivent
le mot d'ordre de laPropagande et le suivent
fidèlement dans la crainte de voir diminuer
leur budget? Sont-ils libres, ces « hommes-
liges de la Papauté», qui n'ont pu voter
qu'en faveur du Pape, étant payés pour cela?
Voilà le raisonnement de l'anonyme, qui
se dit quelque part laïque, et qui nulle part
ne se, montre chrétien. Le budget le préoc
cupe singulièrement ; il ne lui paraît pas
que le budget puisse rester sans influence
dans les votes conciliaires. Je peux, du
moins en ce qui regarde les vicaires aposto
liques, le désabuser d'un mot : Les vicaires
apostoliques n'ont point de budget.
Les vicaires apostoliques, leurs missionnai
res, leurs œuvres, leurs écoles vivent d'aumô
nes, et ces aumônes ne suffisent pas toujours
pour les nourrir, mais la divine Providence
ne les abandonne pas. Evêques et prêtres, ils
meurent quelque fois frappés par le casse-
tête du sauvage, assommés par le rotin, dé
chirés par le glaive, brisés par la fatigue; ra
rement ils meurent de faim. Du reste, ce
n'est point leur souci.
Notre anonyme parle français et veut lais
ser entendre qu'il est catholique, mais je
cherche dans quel coin de la France ce catholi
que, il a pu vivre s'il ignore véritablement que
les aumônes dont nous vivons nous sont dis
tribuées par la Propagation de la Foi et non
par la Propagande.
L'œuvre admirable qui nous aide à porter
l'Evangile aux extrémités du monde est fran
çaise et laïque. Elle a son centre à Lyon, à
Lyon où elle est né : son conseil à Lyon et à
Paris, composé d'hommes dévoués qui donnent
gratuitement leur temps,*et souvent encore
leur fortune, détermine, d'après les ressour
ces et les besoins, les sommes allouées à cha
que vicaire "apostolique. La Propagande n'in
tervient en aucune manière dans ce partage.
Donc cette « mère de presque tous les vi
caires apostoliques » n'a pu « régler leur
opinion comme elle règle leur budget, »
puisqu'elle n'a pas de budget à régler.
Je ne pense pas devoir défendre les vicai
res apostoliques contre l'accusation d'être
prêts à sacrifier leur foi pour un peu d'ar
gent. J'ai vécu au milieu des protestants et
des sauvages de l'Océanie, on nous a adressé
bien des injures ; mais jamais, jusqu'à ce
retour momentané dans notre patrie, nous
n'avions trouvé personne qui nous eût accu
sés d'être traîtres à la vérité et de la vendre
au Pape, qui d'ailleurs, comme on voit, ne'
la paye pas. Soit, dira peut-être notre ano
nyme, les vicaires apostoliques ne vendent
pas leurs suffrages ; mais ils sont des infé
rieurs soumis, et « chaque semaine, l'institu-
« tion toute-puissante qui les tient en tu-
« telle* leur a communiqué l'impulsion spé-
« ciale qui fait le concile. »
Tout àl'heure je cherchaissi l'anonyme pou
vait avoir vécu en France. Je cherche main
tenant où il peut avoir vécu à Rome, pour
ignorer que la Propagande se mêle des mis
sions et non point du Concile.^Bêtix ou trois
lois dans les premières séances quelques évê
ques missionnaires se sont réunis à la Propa
gande pour se rencontrer. Aucun membre de
la Propagande n'assistait à ces réunions, qui
étant sans but spécial ont bientôt cessé, dès
que nous eûmes fait connaissance les uns
avec las autres ; et alors les évêques mission
naires se' sont réunis en différents groupes,
selon les différents pays qu'ils évangélisent,
afin de mieux s'entendre pour le progrès de
leur œuvre commune. Hélas ! les réunions
pour prendre un « mot d'ordre, » elles ont
existé, elles existent encore en ce moment.
Nous n'en sommes point. Nous prenons le
mot d'ordre dans la salle du Concile, au tom
beau des Apôtres, sur l'autel du Christ vi
vant et enseignant. Ce mot d'ordre, nous l'a
vons déjà vu dans l'Evangile, nous l'avons
trouvé inscrit sur la pierre inébranlable posée
par le divin Sauveur; nous l'avons lu dans la
tradition constante de la sainte Eglise, et
nous avons répété au Concile ce que nous en
seignons au prix de nos sueurs et au péril de
notre vie.
Réunis pour donner le témoignage de no
tre foi, pouvions-nous attester autre chose
que ce qui fut, ou par nous, ou avant nous,
enseigné à nos chrétientés naissantes? Mais
alors le sang de nos martyrs se serait élevé
contre nous ; il nous aurait accusés de trahir
la foi pour laquelle ils ont soullert les tour
ments et la mort.
Notre anonyme a besoin de supputer des
budgets, de supposer des mots d ordre de
chaque semaine pour s'expliquer comment
« pas un seul de ces prélats, fils de la Pro-
« pagande, n'a eu le courage de parler de-
« vant le concile, ou de voter autrement
(( qu'on ne voulait. » Son erreur s'explique
plus simplement par un mot de saint Paul,
écrit pour ceux qui croient trop à la puis
sance des budgets : Animalis homo non per-
cepiLea quœ sunt Dei. Nous avons souvent
affaire à ces gens-là. Que l'anonyme vienne
avec nous, et qu'il s'essaye à convertir les
infidèles. D'abord, il goûtera du budget apos
tolique, et il en comparera les douceurs à
celles des autres budgets. Ensuite, il verra
s'il doit enseigner la religion catholique au
moyen des thèses qui viennent d'échouer
devant le Concile. Il verra s'il faut
dire que pour connaître la vérité quand une
controverse s'élève dans l'Eglise, il convient
d'attendre un Concile; s'il est à propos d'en
seigner que la base sur laquelle J.-C a fondé
son Eglise n'est pas la pierre une et, inébran
lable, mais une réunion de pierres qui peu
vent crouler toutes, chacune à son moment.
Qu'il essaye de faire comprendre ce logogri-
phe : un corps indéfectible formé de mem
bres tous défectibles sans en excepter un
seul, même la tête! Qu'il démontre à ces
âmes simples coxment .le pasteur suprême
établi par J.-C., et auquel tous doivent obéir,
peut néanmoins, en sa qualité de chef su
prême, nous commander de croire l'erreur !
Le bon sens de ceux qu'il prétendra instruire
se révoltera, et il connaîtra dès lors combien'
sa doctrine de 89 est impuissante à gagner
les intelligences et les cœurs. Peut-être alors,
méditant sur l'inutilité de ses efforts, lui
aussi, par la nécessité même des choses, de
viendra infaillibiliste. Il n'attribuera plus à
un manque de courage l'unanimité de tous
les vicaires apostoliques dans leur profession
de foi et dans- leurs votes, et comme nous il
dira : Credidi, propter quod locutus sum.
f L. Elloy,
Evêque de Tipasa,
Coadjuteur du vicaire apostolique
' de l'Océanie centrale.
Il y a un argument que Mgr Elloy a
voulu négliger et que nous pouvons
ajouter. Parmi les evêques orientaux
qui se sont unis à la minorité, plu
sieurs sont précisément élèves de la
Propagande et reçoivent d'elle le peu
de secours matériel qu'elle peut don
ner aux missions. Or, les évêques
orientaux sont très biens connus de
l'auteur ou des distributeurs du libelle,
car c'est de ce côté-là surtout qu'on
les a cultivés. Ce trait fait parfaite
ment apprécier l'ouvrage. S'il dit le
faux, ce n'est pas par ignorance du
vrai.
Louis Veuillot.
Un grand nombre d'évêques, reve
nant du Concile, traversent chaque
jour Paris pour se rendre dans leurs
diocèses. Nous pouvons citer NN. SS.
les évêques du Mans, de Laval, de
Beauvais, d'Angers, de Liège, etc.
Plusieurs de ces vénérables prélats
nous ont dit qu'avant de quitter Rome,
Mgr Ketteler, évêque de Mayence, l'un
des 88, a adressé au Saint-Père une
lettre admirable, exprimant sa foi et
son adhésion pleine et entière à la
constitution dogmatique confirmée et
promulguée le 18 juillet.
S. Des;.;:e s.
On'lit dans les Annales religieuses du
diocèse d'Orléans :
A l'heure où j'écris ces lignes, le dogme de
l'infaillibilité du souverain Pontife est pro
clamé par le concile œcuménique du Vatican.
Un Credo, sorti de toutes les poitrines catho
liques, va répondre à la v&ix des pasteurs
proclamant ce dogme.
Maintenant que l'Esprit-Saint a fait son
œuvre, que la voix de Dieu, par la bouche de
l'Eglise réunie en Concile s'est fait entendre,
Sue tous les enfants de cette Epouse du
hrist s'embrassent dans une immense
étreinte, qu'il n'y ait plus qu'un seul pasteur
et un seul troupeau ! Qu'un seul désir fasse
battre tous le3 cœurs catholiques," étendre
sur la terre le règne de Dieu et de son Eglise.
Sans s'expliquer sur l'absence qu'elles
signalent d'un certain nombre d'évê
ques à la séance de définition, les An-
nales s'approprient cette déclaration du
Français :
*
Voilà donc terminé, après des travanx
longs et approfondis, un débat solennel, dont
la place sera grande dans l'histoire de l'E
glise. Là décision rendue clôt toute contro
verse : la liberté des opinions perd ce qui
appartient désormais pour tout catholique au
domaine de la foi.
On doit conclure de ce langage des
nnales que nous aurons bientôt un
acte public de Mgr l'évêque dOrlCans
proclamant sa foi à l'infaillibité du
Pape, reconnaissant que la définition
était opportune et adhérant à la pro
clamation du dogme.
Eugène Veuillot.
La société des secours aux blessés,
qui d'internationale est devenue, avec
raison, française et patriotique, multi
plie ses communications aux journaux,
qui, de leur côté, ne lui ménagent pas
les réclames. Sa mission bienfaisante,
comme dit le président, l'honorable
et très digne comte de Flavlgny, cé
lébrée sur tous les tons, doit « embras
ser tous les besoins auxquels peut s'é
tendre l'activité généreuse de notre
pays,. » et on conclut que « la Société
des secours aux blessés militaires doit
devenir le véritable centre des offran
des nationales. »
Pour notre part, nous n'admettons
pas cette conclusion. La mission bien
faisante ne nous suffit pas : nous voy
ions la mission charitable; et tant que
la charité ne sera pas la règle et l'ins
piration de la Société des secours na
tionaux, nous ne souhaiterons en au
cune manière, et nous regretterons?
bien plutôt de voir catte association
devenue le centre des dons des catho
liques.
Nous respectons beaucoup les hom
mes et les aames d'honneur qui ont
pris l'initiative de centraliser les dons.
La mission qu'ils se donnent est excel
lente..... et insuffisante. Les fonds ne
manqueront pas; on le voit par les listes
publiées dans les journaux. Tout le
monde en France se fera un honneur
de venir en aide aux blessés : nous dé
sirons que cette aide soit efficace, et
c'est de l'efficace surtout que nous
croyons la société bienfaisante inca
pable.
Elle est incapable de toutes maniè
res. Les fonds qu'elle reçoit courent
grand risque d'être assez mal ména
gés. Ce n'est pas une petite affaire de
disposer sagement et habilement de
grosses sommes dans les circonstances
présentes et dans le but qu'on se pro
pose. Toutefois là n'est pas la grande
cause d'inefficacité dont nous parais
sent frappés les efforts de la société
bienfaisante et patriotique. Quand elle
parviendrait à faire de son argent le
meilleur emploi possible, quand ses
engins de secours seraient perfection
nés, amassés avec intelligence et dis
tribués avec rapidité ; quand ils attein
draient tous nos blessés et tous nos
malades dans leurs dangers les plus
cruels et les plus lointains, dans leurs
plus cuisantes douleurs, tout ne serait
pas fait, et à notre gré presque rien
ne serait commencé. Les soldats don
nent leur vie pour la patrie ; qui
prendra soin de leurs âmes, et qui les
sauvera ?
Que deviendront ces blessés et ces
mourants? enveloppés dans le\maté
riel le plus perfectionné et le plus
impossible à rêver, que deviendront-ils
s'ils ne trouvent pas autour d'eux dans
leurs douleurs et leur agonie des cœurs
et des âmes, du dévouement et de la
lumière?
Le cœur, l'âme, le dévouement, la
lumière, la société bienfaisante et
patriotique soupçonne bien que c'est
quelque chose. Elle y fait appel va
guement, sans trop savoir ce qu'elle
dit ni ce qu'elle veut dire. Elle s'adres
se au sentiment religieux, et elle cherche
àlui donner des garanties ! Mais elle ne
sait pas ce que c'est qu'une religion.
Elle les appelle toutes : ce qui est
écarter la seule vraie.
Elle ne voudrait cependant pas l'é
loigner absolument : elle a quelque
idée que la religion catholique a le
vrai privilège du dévouement : elle
lui fait tout particulièrement appel.
Elle met au nombre des secours
qu'elle veut, porter à nos soldats
les secours religieux; elle parle d'ad
joindre aux aumôniers officiels vi
siblement insuffisants aux yeux de
tous, des aumôniers volontaires; elle
assure que des ecclésiastiques se sont
déjà offerts à elle et lui ont promis
leur concours. Nous savons bien que le
zèle sacerdotal brave tout pour attein
dre aux âmes, mais quelle nécessité
de lui donner tant de choses à braver
pour arriver à son but!
La société bienfaisante a songé aus
si, nous assure-t-on, à s'adresser aux
sœurs de charité; mais quelles collè
gues veut-elle donner à nos religieu
ses ! Nous avons signalé les appels ri
dicules aux femmes de bonne volonté.
N'a-t-on pas assez de l'essai des An
glais en Crimée ? Encore les Anglai
ses étaient-elles personnes d'hon
neur et choisies ? Que dire des nouvel
les infirmières préparées par la société
bienfaisante? Nous n'en dirons rien
nous-même. Nous nous contenterons
de citer ce qu'en disent les journaux
qui font les réclames de cette société.
«Le nombre des dames qui viennent offrir
leurs services à la Société française de se
cours aux blessés est considérable.
« Voici le costume adopté par ces nouvelles
sœurs de charité :
« Robe de laine noire ou vert très foncé ;
« Petit bonnet;
« Tablier blanc. »
Nous ne relevons pas l'impertinence
de la dénomination'de nouvelles sœurs
de charité. On ne crée pas des sœurs
de charité en réglant un costume. Nous
ne voulons pas d'ailleurs discuter,
nous ne voulons que citer lès appré
ciations des amis de la société bien
faisante. -
Le Volontaire dit de son côté:
Sur les listes dés enrôlements volontaires
figurent, jusqu'à présent, près de soixante
femmes, appartenant à la société parisienne,
et qui se sont engagées comme infirmières.
Presque toutes sont jeunes, c'est-à-dire
que c'est à peine si sept à huit ont dépassé la
trentaine. La plupart sont âgées de vingt-
quatre à vingt-huit ans. On a dû, nous assu
re-t-on, en refuser un très grand nombre,
parce qu'elles étaient mineures, et qu'elles
se présentaient sans le consentement de leurs
père et mère.
La société bienfaisante est non-seu
lement patriotique, elle est encore pru
dente, on le voit, et il l'en faut louer;
un troisième ami signale à sa pru
dence le facétieux côté de la question.
Le comité de secours aux blessés qui siège
au palais de l'Industrie, voit arriver tous les
jours de longues files de bonnes et de nour
rices, qui viennent crânement se faire enrô
ler comme infirmières de bonne volonté.
Une cho3P toutefois'a paru suspecte dans
ces dévouements, c'est que la plupart des
citoyennes qui venaient offrir leurs services
à la patrie, désignaient avec trop de soin le
régiment auquel elles désiraient être atta
chées.
En avons-nous reproduit assez pour
fair#comprendre la répugnance des ca
tholiques à mêler leurs efforts à ceux des
protestants, des juifs, et des femmes de
lettres qui patronnent la société bien
faisante et ses nouvelles infirmières
en petit bonnet et tablier blanc !
Les catholiques désirent que leurs
offrandes soient efficaces; ils accom
plissent en donnant un acte patrioti
que et un acte religieux. La société
bienfaisante ne peut faire leur affaire.
Ils auront raison bien de porter
leurs offrandes ailleurs. Dans le désir
de les centraliser, nous avons annoncé
la prochaine organisation d'un comité
dont Mgr de Ségur a bien voulu accep
ter la présidence.
Le but de ce comité sera de procurer
à nos soldats en campagne les secours
religieux dont ils ont besoin et dont
toutes nos correspondances nous disent
qu'ils sont avides. Les secours reli
gieux embrassent tout. La charité veille
a tous les besoins. On ne refusera sans
doute au comité qatholique, aucune des
facilités qu'on a raison de laisser à la
la société bienfaisante; et les dons des
catholiques déposés au nom de Jésus-
Christ entre des mains consacrées à
Jésus-Christ, auront toute la puissance
divine de guérison et de consolation
que communique le nom béni du Sau
veur.
Léon Aubinfau.
Souscription pour l'armée française
(4 e liste)
Montant des listes précédentes 7.891 50
Les élèves du petit séminaire de
Noyon qui renoncent à leurs
prix en faveur de l'armée 500
MM. Garbon, abonné del' Univers,
à Angers 100
le curé de Vauclaire-de-Goy
(Nièvre) 50
l'aumônier et les sœurs de
la Visitation, à Màcon 100
MM. Bailly, ex-lieutenant devais-
seau 200
Eu", de Margerie 50
l'abbé Vétu, supérieur de
l'infirmeriedeMarie Thé
rèse, à Paris . 20
l'abbé Gautier, son auxi-
- liaire 2
Une anonyme 20
Le clergé de Toussain ts, à Ren nés 35
M. Fleury, curé de Sotteville-les-
Rouen 50
Un anonyme 10
M. Bouchenot, à Eurville(Haute-
Marne) 10
M. l'abbé Philippet, ?i Beauvais
(Oise) 10
M. Truel, supérieur du petit sé
minaire de Saint-Pierre
(Aveyron) 10
M. le docteur A... 10
MM. Valois, archiprètre de la ca
thédrale de Nevers 20
Perreau, premier vicaire 5
Delhort, deuxième vicaire o
Allard, troisième vicaire 5
Les élèves du petit séminaire de
Pont-de-Beauvoisin (Sa
voie) 200
MM. Berthet, supérieur du petit
séminaire de Pont-de-
Beauvoisin 10
Cottin, directeur et profes-
- seur de rhétorique, id. 10
Ramaz, professeur de secon
de 10 .
Canet, professeur de 3°, il). 10
Chevron, professeur de
ib. 10
. Rive, professeur de 5% ib. 10.
Tissot, professeur de 6% ib. 3 50
Bésin, professeur de 7 e et
8 e , ib. 2
Pétignv,professeur du cours
spécial 5
Grobel, professeur de classe
élémentaire 2
Baffert, préfet d'études 1 50
10
M. l'abbé Pavy, vicaire d'Ernée
(diocèse de Laval)
M.François Tostivint, prêtre à
La Haye en Irodouër (Ille-
et-Vilaine) * 100
M. Marly, curé de Saint-Gobain
(Aisne) 10
M. l'abbé Fontaine,curéde Lecey
(Haute-Marne) 2
M. l'abbé Roger, ' curé de Celsoy
(Haute-Marne) 2
M: Emile Godfroy, de l'impri
merie Paul Dupont (i* r ,
envoi) 3
M. dèlaBroise 20
M. Teyras, à Autun 10
Mme veuve Teyras 10
MM. l'abbé Prieur, vicaire de la
cathédrale d'Autun 5
MM.
l'abbé .Magnin, professeur à
ta maîtrise de la cathé
drale d'Autun 5
Pick, représentant de com
merce, à Lyon 20
Blanchetière père, de Lan
geais (Indre-et-Loire) 10
Félix Blanchetière d'IIyères 10
Ilouard, curé de Couptrain
(Mayenne) 25
Jules Èsnault, marchand de
plumes au.Mans 20
Le Berre, aumônier de l'hos
pice de Hennebont (Mor
bihan) 10
E. Coste, à Satillien (Ardè-
che) 100
Couët, curé de Belloy-en-
Santerre (Somme) ' 25
Mlle Ludivine Couët, ibid. 10
MM. Cambournac, aux Manr
(Creuse) 20
l'abbé Tieys, curé de La-
française (Tarn-et-Garon-
ne) 25
l'abbé Repnous, curé de
Mazères, ancien vicaire
de Lafrançaise la
l'abbé Vermond, vicaire de
Lafrançaise 15
Montbellet, curé de Chate-
lus-le-Marcheix (Creuse) 5
Debellut, curéde St-Pierre-
Chérigna (Creuse) 5
l'abbé E. Jaspar, curé de
Sailly (Nord), abonné de
Y Univers 20
Rousset-Pommaret, com
mandant du génie en re
traite 10
Vidot, chanoine, archiprètre
de la métropole de Sens 50
A. D..., avocat 5
Dufor, missionnaire à Tou
louse 10
Santhiot," curé à Vignoux
(Cher) 50
Lacroix, curé h Plasne (.1 uru) 20
Thomassy, capitaine de fré
gate en retraite 20
l'abbé Milieurenche, curé
d'Arthenai (Charente-In
férieure) 10
Mlle Françoise Motard, ib. 5
MM. Hutin, curé-doyen de Pré-
en-Pail 50
Boizard, premier vicaire, ib. 10
Angot, deuxième vicaire,
ib. 50
Bidault, prêtre habitué, ib. 100
Duhameau, prêtre habitué,
ib. 5
l'abbé Bigot, diacre, ib. 5
l'abbé Livache, sous-diacre, ib. " 5
l'abbé Létoré, ib. 5
M. Guyon-Grandmaison , négo
ciant, ib. 50
Un anonyme, négociant, ib. 20
Mme veuve Duclos, qui a vu les
Prussiens en 1815 et qui ne
les aime pas, ib 25
Mlle Louise Gèze, à.Bayonne 100
Total général : lO.lOti 50
Ceux des élèves de l'Ecole Sainte-Gene
viève (18, rue des Postes) qui sont , encore
présents à Paris pour leurs examens, ont
adressé à Mme de Parieu (présidence du
conseil d'Etat), la somme de 1,800 fr. pour
venir en aide aux blessés des armées de terre
et de mer.
Le jour même oît nous avons ouvert cette
souscription, nous avons appelé la forma
tion d'un comité. Ce comité est aujourd'hui
à peu près constitué. Mgr de Ségur a bien
voulu en accepter la présidence.
Inr le Rhin
IV
Metz, 23 juillet.
Quand il n'y a plus rien à dire, on
invente, et voilà le secret de bien des
tirages invraisemblables et d'informa
tions horripilantes. Soyons charitables
et ne citons personne ; mais relevons
quelques erreurs. Tel journal fait cam
per un corps considérable de Badois
aux environs de Forbach. Puisqu'ils y
sont, pourquoi ne pas faire camper les
Bavarois à Pantin? Un autre concentre
les Prussiens à Wissembourg ; il n'a
oublié qu'une chose, c'est que Wissem
bourg est en France. Un troisième a
fait mieux, il a fait remonter la Sarre en
Prusse, tandis qu'un de ses confrères,
après luiavoir faitarroser la rive droite
de la Moselle, l'a fait passer sur la rive
gauche. Le reste à l'avenant. Tant il
est vrai que de tout ce que le Français
ne sait pas, ce qu'il sait le moins, c'est
la géographie.
Hier j'ai dîné au camp de Chambiè-
res, en la compagnie d'un brave lieu
tenant, camarade de classe et de pro
motion. Dire que nous fîmes chère lie,
autant vous envoyer des correspondan
ces comme celles que je vous ai signa
lées tout à l'heure. Le couvert était mis
sur des coffres, nous étions assis sur
des cantines, une toile nous ménageait
le soleil, néanmoins nous rôtissions,
tout brûlait autour de nous, le ciel, la
poussière, les regards ; seule la soupe
était froide, le bœuf aussi, le reste n a-
vait pas de nom. Jamais, non jamais
je n'ai si mal, mais si joyeusement dî
né. Le fort Saint-Julien nous regardait :
un ouvrage imprenable. Et puis il y
avait des canons derrière la tente et
des chassepots accrochés un peu par
tout.
Je remarque que le camp est un peu
établi à la bonne franquette. Cette
bonne île de Chambières ferait dresser
les cheveux à mon vieux professeur
de fortification, si toutefois il n'est pas
devenu chauve, à quoi sont enclins
les officiers- de génie. Je me rappelle
encore les belles choses qu'il nous ra
contait sur les cuisines de campagne.
Ici, le troupier n'y fait pas tant de .fa?
çon. Trois coups de pioche, et voilà
une tranchée de vingt. centimètres
dans la direction générale du vent. On
suspend une marmite, on jette quatre
bûches, le vent se charge de chauffer
la soupe. Il est vrai qu'on la prend
froide ; ihais qu'importe, si elle a été
chaude ! Voilà ce que les Prussiens (ni
les Anglais) ne sauront jamais, faire des
miracles avec peu de chose, des mer
veilles avec rien du tout.
Voici comment sont faites nos tentes.
Six hommes portent chacun un carré
de toile. Quatre carrés réunis par des
boutons, deux bâtons fichés en-terre à
2 ou 3 mètres l'un de l'autre et reliés
au sommet par une traverse, et voilà *
en quatre minutes les côtés de la tente;
Des piquets retiennent la toile et lui
donnent l'apparence d'un toit. Le cin
quième soldat ferme une des extrémi
tés avec son carré de toile, le sixième
fournit la porte ; puis, tous les six cou
chent là-dessous. En été, sous la tente,
on cuirait un œuf ; en hiver, on y con
gèlerait du mercure ; mais par les
temps pluvieux, on n J a que les pieds
dans l'eau, et on s'habitue si vite à por*
ter son rhume !
Les troupes arrivent toujours. Cette
nuit, 14 trains ont jeté leur contin
gent dans la ville. Aujourd'hui Metz
regorge de dragons. On attend tou
jours la garde et l'Empereur.
Le Vœu national veut ouvrir une
souscription. Mais il se charge de t"
tribuer les secours. On se rappelle le
sort des londrès et des trabucôs pen
dant la guerre de Crimée. Le soldat
fumait des rossignols de manufacture,
encore munis des bouts de paille, In
dice de leur antiquité. Le bordeaux ar
rivait à Sébastopol métamorphosé en
vin de Suresne, laissant un peu de son
bouquet partout. Les généraux de
vraient y veiller. Il y a des gens, n®
citons personne, qui reviennent tou
jours de campagne le gousset bien
garni v Ce n'est pas tout que d'ouvrir
des souscriptions et d'envoyer des dou
ceurs; il ne faut pas que les douceurs
s'aigrissent en route et que l'or se
transforme en billon. Ceci soit dit en
passant.
J'ai acheté un revolver, non que
Y Univers envoie des Alfarache à l'ar
mée. Mais enfin ces messieurs de
Prusse sont d'une galanterie qui rend
les précautions nécessaires.
Connaissez-vous la cathédrale d®
Metz ? une merveille ; le Messin estime
la flèche de Strasbourg, mais ne lui
parlez pas du reste ; il est persuadé
qu'il possède le plus magnifique vais
seau de la chrétienté. Ii n'a pas tort
peut-être. En tous cas, elle est pleine
de militaires ; des curieux en nombre,
mais aussi des chrétiens agenouillés sur
les dalles, et c'est un spectacle qu»
ces huguenots de l'autre côté de la
frontière ne donnent pas encore. Il y
a des chances pour que Dieu soit avec
ceux qui prient.
Les protestants, comme toujours, se
mettent en frais de Bibles et d'ou
vrages de leur bord. A Pont-à-Moussoii,
notamment, ils ont distribué aux sol
dats des exemplaires .de YEpître aux
Romains, selon la version protestante
d'Osterwald. Après avoir lu un exem
plaire, un soldat le remit à un prêtre
que le hasard avait fait son compagnon
de route. Tenez, monsieur le curé,
lui dit-il, on m'a donné un petit livre;
mais je n'en fais aucun cas ; il n'y est
pas question de la Sainte Vierge.
Le soldat a mieux accueilli les dons
du clergé et des Pères Jésuites. Ces
derniers, à eux seuls, ont distribué
plus de dix mille médailles et des sca-
pulaires eil proportion.
Ernest Schnaiter,
Le départ de l'Empereur est fixé à
jeudi prochain.
Sa Majesté rejoindra la gare de l'Est;
non, ainsi qu'on l'a publie, par le che
min de fer de ceinture, mais en tra
versant Paris, comme il convient à
l'attente publique et à la grandeur des
circonstances.
Napoléon III a veillé aux arrange
ments de sa maison militaire avec une
austérité toute Spartiate.
« Pour bien faire la guerre, a-t-il
dit, il faut la faire en sous-lieutenant.»
Son « domestique » sera réduit à un
seul valet de chambre.
Les ordonnances des aides de camp
et des officiers d'ordonnance serviront
à table.
Le menu des, repas ne se composera
que du strict nécessaire.
Toute bouche inutile est dès à pré
sent inexorablement exclue du quar
tier général.
Deux cantines suffiront à transporter
ït*ut le bagage impérial.
L'Empereur n'aura pas même une
tente pour s'abriter. Il a répondu avec;
allégresse à un général qui trouvait ce-
dernier point un peu excessif :
« A quoi bon des tentes ? nous allons
en des pays où nous aurons chance de
rencontrer des maisons ; et, après tout,
le plancher des vaches ne nous fera ja
mais défaut, et nous aurons toujours
un manteau pour nous couvrir. »
L'Empereur s'oubliant dans le soldat,'
c'est un oubli qui ne lui nuira pas-
dans l'armée....
Aucune, nouvelle de la guerre, autre
que la destruction du pont de Kehl.
Les^ Prussiens, en faisant sauter les
culées qui le Soutenaient sur leur rive,,
montrent assez qu'ils ne sont point
prêts à nous envahir. La construction
du pont avait duré deux ans et coûté 1
plusieurs millions.
\
N' 1173 -
Edition quotidien/ie
V. '
PARIS
Un an.. 60 fr.
Six mois 31
Trois mois 16
Le numéro : 15 centimes^
BUREAUX ! ;■
. Paris, 10, rue des Saints-Pèreà r
On s'abonne, à Rome, au bureau de la Civilta \qtlohca,
via del Gesu, 61. \
Lpiidi 25 Juillet 1870
Six mois 34
Trois mois ^18
Édition semi-quotMrenjie
Un an, 36 fr.—Six mois, ljM£—Trois mois, 10 fr.
\?Univers ne répond pas manuscrits qui lui sont adressés^
/A3ÎIVOIVCES
MM. Cit. LAGRANGE, CEBP e£ C io , 6, place de la Boorie#
linp. Ad- Laine, rue des Saints-Pères, 19.
Ceux de nos souscripteurs dont l'abon
nement expire le 31 juillet sont priés de
le renouveler leplus promptementpossible,
s'ils ne veulent pas éprouver de retard
dans Fenvoi du journal.
Il est indispensable de joindre la der
nière bande à la demande de renouvelle
ment , ainsi qu'aux réclamations pow
changement d adresse ou autres.
Le mode le plus simple et le plus
Iprompt est Fenvoi d'un bon sur la poste
ou cTun mandat à vue sur Paris, d l'ordre
du Gérant.
FRANCE
PARIS, 24 JUILLET 1870
Mgr Elloy, coadjuteur d'un évêqua
dont le prédécesseur fut martyr, nous
adresse la lettre suivante sur un misé
rable écrit dont nous avons déjà plu
sieurs fois parlé.
Au rédacteur en chef de t Univers.
Ro e î j il i
Monsieur,
Un nouveau libelle anonyme. insolemment
distribué au domicile d'un grand nombre de
Pères du Concile, répète des n eu on,e U 11
réfutés, et ne se distingue que par une haine
plus basse contre l'auguste personne de
Pie IX, contre la majorité des évêques, et
contre les Vicaires apostoliques. Ces derniers
y sont attaqués dans leur foi et dans leur
honnaur. On les accuse de n'être que des
instruments serviles entre les mains de la
Propagande, et la Propagande est insultée, à
leur occasion, non moins qu'eux-mème.3.
« Institution toute-puissante qui les Lient
u tous sous une même tutelle..., qui se pré-
« vaut de ses aumônes annuelles, pour agir
« efficacement sur les Prélats qu'elle soutient,
« et leur communiquer chaque semaine l'im-
u pulsion spéciale qui fait le Concile... Mère
« de presque tous les Vicaires apostoliques,
« elle se croit aussi le devoir d'être leur maî-
« tresse, et de régler leur opinion comme elle
« règle leur budget. Et de fait, il est inouï
« qu un seul de ces Prélats, iils de la Propa-
« gande, ait eu le courage de parler devant
« le Concile ou de voter autrement qu'on ne
« voulait. » "
Voilà certainement de très sottes injures.
Néanmoins, parce que la figure du nouveau
libelle et la manière dont il nous parvient,
dénotent une certaine communauté d'origine
avec d'autres qui ont insinué les mêmes im
putations, et parce que nous avons trop senti
l'inconvénient de dédaigner la stupidité du
mensonge, je ne crois pas inutile qu'un vi
caire apostolique prenne la peine de protes
ter. Des circonstances déplorables ont fait
que des calomniateurs qui paraîtraient indi
gnes de répression s'ils se nommaient, sem
blent être quelque chose sous le très vil
manteau de l'anonyme. Je ne veux pas souf
frir qu'ils diffament la vénérable et sainte
institution de la Propagande, dont ils igno
rent non-seulement l'esprit, mais les attribu
tions.
Je les louerai d'abord de ne plus contester
aux vicaires apostoliques le droit de siéger
dans le Concile. Ces docteurs admettent en-
-fin parmi les évêques ceux d'entre eux aux
quels il est dit tout spécialement : Et eritis
mihi testes usque ad extremum teirœ ; ils veu
lent bien recevoir dans la famille les peuples
récemment conquis à Jésus-Christ.
Toutefois, une difficulté reste. La question
est de savoir si les suffrages des vicaires
apostoliques ne seraient pas entachés de nul
lité. En effet, sont-ils libres, ces sortes d'é-
vêques qui, toutes les semaines, reçoivent
le mot d'ordre de laPropagande et le suivent
fidèlement dans la crainte de voir diminuer
leur budget? Sont-ils libres, ces « hommes-
liges de la Papauté», qui n'ont pu voter
qu'en faveur du Pape, étant payés pour cela?
Voilà le raisonnement de l'anonyme, qui
se dit quelque part laïque, et qui nulle part
ne se, montre chrétien. Le budget le préoc
cupe singulièrement ; il ne lui paraît pas
que le budget puisse rester sans influence
dans les votes conciliaires. Je peux, du
moins en ce qui regarde les vicaires aposto
liques, le désabuser d'un mot : Les vicaires
apostoliques n'ont point de budget.
Les vicaires apostoliques, leurs missionnai
res, leurs œuvres, leurs écoles vivent d'aumô
nes, et ces aumônes ne suffisent pas toujours
pour les nourrir, mais la divine Providence
ne les abandonne pas. Evêques et prêtres, ils
meurent quelque fois frappés par le casse-
tête du sauvage, assommés par le rotin, dé
chirés par le glaive, brisés par la fatigue; ra
rement ils meurent de faim. Du reste, ce
n'est point leur souci.
Notre anonyme parle français et veut lais
ser entendre qu'il est catholique, mais je
cherche dans quel coin de la France ce catholi
que, il a pu vivre s'il ignore véritablement que
les aumônes dont nous vivons nous sont dis
tribuées par la Propagation de la Foi et non
par la Propagande.
L'œuvre admirable qui nous aide à porter
l'Evangile aux extrémités du monde est fran
çaise et laïque. Elle a son centre à Lyon, à
Lyon où elle est né : son conseil à Lyon et à
Paris, composé d'hommes dévoués qui donnent
gratuitement leur temps,*et souvent encore
leur fortune, détermine, d'après les ressour
ces et les besoins, les sommes allouées à cha
que vicaire "apostolique. La Propagande n'in
tervient en aucune manière dans ce partage.
Donc cette « mère de presque tous les vi
caires apostoliques » n'a pu « régler leur
opinion comme elle règle leur budget, »
puisqu'elle n'a pas de budget à régler.
Je ne pense pas devoir défendre les vicai
res apostoliques contre l'accusation d'être
prêts à sacrifier leur foi pour un peu d'ar
gent. J'ai vécu au milieu des protestants et
des sauvages de l'Océanie, on nous a adressé
bien des injures ; mais jamais, jusqu'à ce
retour momentané dans notre patrie, nous
n'avions trouvé personne qui nous eût accu
sés d'être traîtres à la vérité et de la vendre
au Pape, qui d'ailleurs, comme on voit, ne'
la paye pas. Soit, dira peut-être notre ano
nyme, les vicaires apostoliques ne vendent
pas leurs suffrages ; mais ils sont des infé
rieurs soumis, et « chaque semaine, l'institu-
« tion toute-puissante qui les tient en tu-
« telle* leur a communiqué l'impulsion spé-
« ciale qui fait le concile. »
Tout àl'heure je cherchaissi l'anonyme pou
vait avoir vécu en France. Je cherche main
tenant où il peut avoir vécu à Rome, pour
ignorer que la Propagande se mêle des mis
sions et non point du Concile.^Bêtix ou trois
lois dans les premières séances quelques évê
ques missionnaires se sont réunis à la Propa
gande pour se rencontrer. Aucun membre de
la Propagande n'assistait à ces réunions, qui
étant sans but spécial ont bientôt cessé, dès
que nous eûmes fait connaissance les uns
avec las autres ; et alors les évêques mission
naires se' sont réunis en différents groupes,
selon les différents pays qu'ils évangélisent,
afin de mieux s'entendre pour le progrès de
leur œuvre commune. Hélas ! les réunions
pour prendre un « mot d'ordre, » elles ont
existé, elles existent encore en ce moment.
Nous n'en sommes point. Nous prenons le
mot d'ordre dans la salle du Concile, au tom
beau des Apôtres, sur l'autel du Christ vi
vant et enseignant. Ce mot d'ordre, nous l'a
vons déjà vu dans l'Evangile, nous l'avons
trouvé inscrit sur la pierre inébranlable posée
par le divin Sauveur; nous l'avons lu dans la
tradition constante de la sainte Eglise, et
nous avons répété au Concile ce que nous en
seignons au prix de nos sueurs et au péril de
notre vie.
Réunis pour donner le témoignage de no
tre foi, pouvions-nous attester autre chose
que ce qui fut, ou par nous, ou avant nous,
enseigné à nos chrétientés naissantes? Mais
alors le sang de nos martyrs se serait élevé
contre nous ; il nous aurait accusés de trahir
la foi pour laquelle ils ont soullert les tour
ments et la mort.
Notre anonyme a besoin de supputer des
budgets, de supposer des mots d ordre de
chaque semaine pour s'expliquer comment
« pas un seul de ces prélats, fils de la Pro-
« pagande, n'a eu le courage de parler de-
« vant le concile, ou de voter autrement
(( qu'on ne voulait. » Son erreur s'explique
plus simplement par un mot de saint Paul,
écrit pour ceux qui croient trop à la puis
sance des budgets : Animalis homo non per-
cepiLea quœ sunt Dei. Nous avons souvent
affaire à ces gens-là. Que l'anonyme vienne
avec nous, et qu'il s'essaye à convertir les
infidèles. D'abord, il goûtera du budget apos
tolique, et il en comparera les douceurs à
celles des autres budgets. Ensuite, il verra
s'il doit enseigner la religion catholique au
moyen des thèses qui viennent d'échouer
devant le Concile. Il verra s'il faut
dire que pour connaître la vérité quand une
controverse s'élève dans l'Eglise, il convient
d'attendre un Concile; s'il est à propos d'en
seigner que la base sur laquelle J.-C a fondé
son Eglise n'est pas la pierre une et, inébran
lable, mais une réunion de pierres qui peu
vent crouler toutes, chacune à son moment.
Qu'il essaye de faire comprendre ce logogri-
phe : un corps indéfectible formé de mem
bres tous défectibles sans en excepter un
seul, même la tête! Qu'il démontre à ces
âmes simples coxment .le pasteur suprême
établi par J.-C., et auquel tous doivent obéir,
peut néanmoins, en sa qualité de chef su
prême, nous commander de croire l'erreur !
Le bon sens de ceux qu'il prétendra instruire
se révoltera, et il connaîtra dès lors combien'
sa doctrine de 89 est impuissante à gagner
les intelligences et les cœurs. Peut-être alors,
méditant sur l'inutilité de ses efforts, lui
aussi, par la nécessité même des choses, de
viendra infaillibiliste. Il n'attribuera plus à
un manque de courage l'unanimité de tous
les vicaires apostoliques dans leur profession
de foi et dans- leurs votes, et comme nous il
dira : Credidi, propter quod locutus sum.
f L. Elloy,
Evêque de Tipasa,
Coadjuteur du vicaire apostolique
' de l'Océanie centrale.
Il y a un argument que Mgr Elloy a
voulu négliger et que nous pouvons
ajouter. Parmi les evêques orientaux
qui se sont unis à la minorité, plu
sieurs sont précisément élèves de la
Propagande et reçoivent d'elle le peu
de secours matériel qu'elle peut don
ner aux missions. Or, les évêques
orientaux sont très biens connus de
l'auteur ou des distributeurs du libelle,
car c'est de ce côté-là surtout qu'on
les a cultivés. Ce trait fait parfaite
ment apprécier l'ouvrage. S'il dit le
faux, ce n'est pas par ignorance du
vrai.
Louis Veuillot.
Un grand nombre d'évêques, reve
nant du Concile, traversent chaque
jour Paris pour se rendre dans leurs
diocèses. Nous pouvons citer NN. SS.
les évêques du Mans, de Laval, de
Beauvais, d'Angers, de Liège, etc.
Plusieurs de ces vénérables prélats
nous ont dit qu'avant de quitter Rome,
Mgr Ketteler, évêque de Mayence, l'un
des 88, a adressé au Saint-Père une
lettre admirable, exprimant sa foi et
son adhésion pleine et entière à la
constitution dogmatique confirmée et
promulguée le 18 juillet.
S. Des;.;:e s.
On'lit dans les Annales religieuses du
diocèse d'Orléans :
A l'heure où j'écris ces lignes, le dogme de
l'infaillibilité du souverain Pontife est pro
clamé par le concile œcuménique du Vatican.
Un Credo, sorti de toutes les poitrines catho
liques, va répondre à la v&ix des pasteurs
proclamant ce dogme.
Maintenant que l'Esprit-Saint a fait son
œuvre, que la voix de Dieu, par la bouche de
l'Eglise réunie en Concile s'est fait entendre,
Sue tous les enfants de cette Epouse du
hrist s'embrassent dans une immense
étreinte, qu'il n'y ait plus qu'un seul pasteur
et un seul troupeau ! Qu'un seul désir fasse
battre tous le3 cœurs catholiques," étendre
sur la terre le règne de Dieu et de son Eglise.
Sans s'expliquer sur l'absence qu'elles
signalent d'un certain nombre d'évê
ques à la séance de définition, les An-
nales s'approprient cette déclaration du
Français :
*
Voilà donc terminé, après des travanx
longs et approfondis, un débat solennel, dont
la place sera grande dans l'histoire de l'E
glise. Là décision rendue clôt toute contro
verse : la liberté des opinions perd ce qui
appartient désormais pour tout catholique au
domaine de la foi.
On doit conclure de ce langage des
nnales que nous aurons bientôt un
acte public de Mgr l'évêque dOrlCans
proclamant sa foi à l'infaillibité du
Pape, reconnaissant que la définition
était opportune et adhérant à la pro
clamation du dogme.
Eugène Veuillot.
La société des secours aux blessés,
qui d'internationale est devenue, avec
raison, française et patriotique, multi
plie ses communications aux journaux,
qui, de leur côté, ne lui ménagent pas
les réclames. Sa mission bienfaisante,
comme dit le président, l'honorable
et très digne comte de Flavlgny, cé
lébrée sur tous les tons, doit « embras
ser tous les besoins auxquels peut s'é
tendre l'activité généreuse de notre
pays,. » et on conclut que « la Société
des secours aux blessés militaires doit
devenir le véritable centre des offran
des nationales. »
Pour notre part, nous n'admettons
pas cette conclusion. La mission bien
faisante ne nous suffit pas : nous voy
ions la mission charitable; et tant que
la charité ne sera pas la règle et l'ins
piration de la Société des secours na
tionaux, nous ne souhaiterons en au
cune manière, et nous regretterons?
bien plutôt de voir catte association
devenue le centre des dons des catho
liques.
Nous respectons beaucoup les hom
mes et les aames d'honneur qui ont
pris l'initiative de centraliser les dons.
La mission qu'ils se donnent est excel
lente..... et insuffisante. Les fonds ne
manqueront pas; on le voit par les listes
publiées dans les journaux. Tout le
monde en France se fera un honneur
de venir en aide aux blessés : nous dé
sirons que cette aide soit efficace, et
c'est de l'efficace surtout que nous
croyons la société bienfaisante inca
pable.
Elle est incapable de toutes maniè
res. Les fonds qu'elle reçoit courent
grand risque d'être assez mal ména
gés. Ce n'est pas une petite affaire de
disposer sagement et habilement de
grosses sommes dans les circonstances
présentes et dans le but qu'on se pro
pose. Toutefois là n'est pas la grande
cause d'inefficacité dont nous parais
sent frappés les efforts de la société
bienfaisante et patriotique. Quand elle
parviendrait à faire de son argent le
meilleur emploi possible, quand ses
engins de secours seraient perfection
nés, amassés avec intelligence et dis
tribués avec rapidité ; quand ils attein
draient tous nos blessés et tous nos
malades dans leurs dangers les plus
cruels et les plus lointains, dans leurs
plus cuisantes douleurs, tout ne serait
pas fait, et à notre gré presque rien
ne serait commencé. Les soldats don
nent leur vie pour la patrie ; qui
prendra soin de leurs âmes, et qui les
sauvera ?
Que deviendront ces blessés et ces
mourants? enveloppés dans le\maté
riel le plus perfectionné et le plus
impossible à rêver, que deviendront-ils
s'ils ne trouvent pas autour d'eux dans
leurs douleurs et leur agonie des cœurs
et des âmes, du dévouement et de la
lumière?
Le cœur, l'âme, le dévouement, la
lumière, la société bienfaisante et
patriotique soupçonne bien que c'est
quelque chose. Elle y fait appel va
guement, sans trop savoir ce qu'elle
dit ni ce qu'elle veut dire. Elle s'adres
se au sentiment religieux, et elle cherche
àlui donner des garanties ! Mais elle ne
sait pas ce que c'est qu'une religion.
Elle les appelle toutes : ce qui est
écarter la seule vraie.
Elle ne voudrait cependant pas l'é
loigner absolument : elle a quelque
idée que la religion catholique a le
vrai privilège du dévouement : elle
lui fait tout particulièrement appel.
Elle met au nombre des secours
qu'elle veut, porter à nos soldats
les secours religieux; elle parle d'ad
joindre aux aumôniers officiels vi
siblement insuffisants aux yeux de
tous, des aumôniers volontaires; elle
assure que des ecclésiastiques se sont
déjà offerts à elle et lui ont promis
leur concours. Nous savons bien que le
zèle sacerdotal brave tout pour attein
dre aux âmes, mais quelle nécessité
de lui donner tant de choses à braver
pour arriver à son but!
La société bienfaisante a songé aus
si, nous assure-t-on, à s'adresser aux
sœurs de charité; mais quelles collè
gues veut-elle donner à nos religieu
ses ! Nous avons signalé les appels ri
dicules aux femmes de bonne volonté.
N'a-t-on pas assez de l'essai des An
glais en Crimée ? Encore les Anglai
ses étaient-elles personnes d'hon
neur et choisies ? Que dire des nouvel
les infirmières préparées par la société
bienfaisante? Nous n'en dirons rien
nous-même. Nous nous contenterons
de citer ce qu'en disent les journaux
qui font les réclames de cette société.
«Le nombre des dames qui viennent offrir
leurs services à la Société française de se
cours aux blessés est considérable.
« Voici le costume adopté par ces nouvelles
sœurs de charité :
« Robe de laine noire ou vert très foncé ;
« Petit bonnet;
« Tablier blanc. »
Nous ne relevons pas l'impertinence
de la dénomination'de nouvelles sœurs
de charité. On ne crée pas des sœurs
de charité en réglant un costume. Nous
ne voulons pas d'ailleurs discuter,
nous ne voulons que citer lès appré
ciations des amis de la société bien
faisante. -
Le Volontaire dit de son côté:
Sur les listes dés enrôlements volontaires
figurent, jusqu'à présent, près de soixante
femmes, appartenant à la société parisienne,
et qui se sont engagées comme infirmières.
Presque toutes sont jeunes, c'est-à-dire
que c'est à peine si sept à huit ont dépassé la
trentaine. La plupart sont âgées de vingt-
quatre à vingt-huit ans. On a dû, nous assu
re-t-on, en refuser un très grand nombre,
parce qu'elles étaient mineures, et qu'elles
se présentaient sans le consentement de leurs
père et mère.
La société bienfaisante est non-seu
lement patriotique, elle est encore pru
dente, on le voit, et il l'en faut louer;
un troisième ami signale à sa pru
dence le facétieux côté de la question.
Le comité de secours aux blessés qui siège
au palais de l'Industrie, voit arriver tous les
jours de longues files de bonnes et de nour
rices, qui viennent crânement se faire enrô
ler comme infirmières de bonne volonté.
Une cho3P toutefois'a paru suspecte dans
ces dévouements, c'est que la plupart des
citoyennes qui venaient offrir leurs services
à la patrie, désignaient avec trop de soin le
régiment auquel elles désiraient être atta
chées.
En avons-nous reproduit assez pour
fair#comprendre la répugnance des ca
tholiques à mêler leurs efforts à ceux des
protestants, des juifs, et des femmes de
lettres qui patronnent la société bien
faisante et ses nouvelles infirmières
en petit bonnet et tablier blanc !
Les catholiques désirent que leurs
offrandes soient efficaces; ils accom
plissent en donnant un acte patrioti
que et un acte religieux. La société
bienfaisante ne peut faire leur affaire.
Ils auront raison bien de porter
leurs offrandes ailleurs. Dans le désir
de les centraliser, nous avons annoncé
la prochaine organisation d'un comité
dont Mgr de Ségur a bien voulu accep
ter la présidence.
Le but de ce comité sera de procurer
à nos soldats en campagne les secours
religieux dont ils ont besoin et dont
toutes nos correspondances nous disent
qu'ils sont avides. Les secours reli
gieux embrassent tout. La charité veille
a tous les besoins. On ne refusera sans
doute au comité qatholique, aucune des
facilités qu'on a raison de laisser à la
la société bienfaisante; et les dons des
catholiques déposés au nom de Jésus-
Christ entre des mains consacrées à
Jésus-Christ, auront toute la puissance
divine de guérison et de consolation
que communique le nom béni du Sau
veur.
Léon Aubinfau.
Souscription pour l'armée française
(4 e liste)
Montant des listes précédentes 7.891 50
Les élèves du petit séminaire de
Noyon qui renoncent à leurs
prix en faveur de l'armée 500
MM. Garbon, abonné del' Univers,
à Angers 100
le curé de Vauclaire-de-Goy
(Nièvre) 50
l'aumônier et les sœurs de
la Visitation, à Màcon 100
MM. Bailly, ex-lieutenant devais-
seau 200
Eu", de Margerie 50
l'abbé Vétu, supérieur de
l'infirmeriedeMarie Thé
rèse, à Paris . 20
l'abbé Gautier, son auxi-
- liaire 2
Une anonyme 20
Le clergé de Toussain ts, à Ren nés 35
M. Fleury, curé de Sotteville-les-
Rouen 50
Un anonyme 10
M. Bouchenot, à Eurville(Haute-
Marne) 10
M. l'abbé Philippet, ?i Beauvais
(Oise) 10
M. Truel, supérieur du petit sé
minaire de Saint-Pierre
(Aveyron) 10
M. le docteur A... 10
MM. Valois, archiprètre de la ca
thédrale de Nevers 20
Perreau, premier vicaire 5
Delhort, deuxième vicaire o
Allard, troisième vicaire 5
Les élèves du petit séminaire de
Pont-de-Beauvoisin (Sa
voie) 200
MM. Berthet, supérieur du petit
séminaire de Pont-de-
Beauvoisin 10
Cottin, directeur et profes-
- seur de rhétorique, id. 10
Ramaz, professeur de secon
de 10 .
Canet, professeur de 3°, il). 10
Chevron, professeur de
ib. 10
. Rive, professeur de 5% ib. 10.
Tissot, professeur de 6% ib. 3 50
Bésin, professeur de 7 e et
8 e , ib. 2
Pétignv,professeur du cours
spécial 5
Grobel, professeur de classe
élémentaire 2
Baffert, préfet d'études 1 50
10
M. l'abbé Pavy, vicaire d'Ernée
(diocèse de Laval)
M.François Tostivint, prêtre à
La Haye en Irodouër (Ille-
et-Vilaine) * 100
M. Marly, curé de Saint-Gobain
(Aisne) 10
M. l'abbé Fontaine,curéde Lecey
(Haute-Marne) 2
M. l'abbé Roger, ' curé de Celsoy
(Haute-Marne) 2
M: Emile Godfroy, de l'impri
merie Paul Dupont (i* r ,
envoi) 3
M. dèlaBroise 20
M. Teyras, à Autun 10
Mme veuve Teyras 10
MM. l'abbé Prieur, vicaire de la
cathédrale d'Autun 5
MM.
l'abbé .Magnin, professeur à
ta maîtrise de la cathé
drale d'Autun 5
Pick, représentant de com
merce, à Lyon 20
Blanchetière père, de Lan
geais (Indre-et-Loire) 10
Félix Blanchetière d'IIyères 10
Ilouard, curé de Couptrain
(Mayenne) 25
Jules Èsnault, marchand de
plumes au.Mans 20
Le Berre, aumônier de l'hos
pice de Hennebont (Mor
bihan) 10
E. Coste, à Satillien (Ardè-
che) 100
Couët, curé de Belloy-en-
Santerre (Somme) ' 25
Mlle Ludivine Couët, ibid. 10
MM. Cambournac, aux Manr
(Creuse) 20
l'abbé Tieys, curé de La-
française (Tarn-et-Garon-
ne) 25
l'abbé Repnous, curé de
Mazères, ancien vicaire
de Lafrançaise la
l'abbé Vermond, vicaire de
Lafrançaise 15
Montbellet, curé de Chate-
lus-le-Marcheix (Creuse) 5
Debellut, curéde St-Pierre-
Chérigna (Creuse) 5
l'abbé E. Jaspar, curé de
Sailly (Nord), abonné de
Y Univers 20
Rousset-Pommaret, com
mandant du génie en re
traite 10
Vidot, chanoine, archiprètre
de la métropole de Sens 50
A. D..., avocat 5
Dufor, missionnaire à Tou
louse 10
Santhiot," curé à Vignoux
(Cher) 50
Lacroix, curé h Plasne (.1 uru) 20
Thomassy, capitaine de fré
gate en retraite 20
l'abbé Milieurenche, curé
d'Arthenai (Charente-In
férieure) 10
Mlle Françoise Motard, ib. 5
MM. Hutin, curé-doyen de Pré-
en-Pail 50
Boizard, premier vicaire, ib. 10
Angot, deuxième vicaire,
ib. 50
Bidault, prêtre habitué, ib. 100
Duhameau, prêtre habitué,
ib. 5
l'abbé Bigot, diacre, ib. 5
l'abbé Livache, sous-diacre, ib. " 5
l'abbé Létoré, ib. 5
M. Guyon-Grandmaison , négo
ciant, ib. 50
Un anonyme, négociant, ib. 20
Mme veuve Duclos, qui a vu les
Prussiens en 1815 et qui ne
les aime pas, ib 25
Mlle Louise Gèze, à.Bayonne 100
Total général : lO.lOti 50
Ceux des élèves de l'Ecole Sainte-Gene
viève (18, rue des Postes) qui sont , encore
présents à Paris pour leurs examens, ont
adressé à Mme de Parieu (présidence du
conseil d'Etat), la somme de 1,800 fr. pour
venir en aide aux blessés des armées de terre
et de mer.
Le jour même oît nous avons ouvert cette
souscription, nous avons appelé la forma
tion d'un comité. Ce comité est aujourd'hui
à peu près constitué. Mgr de Ségur a bien
voulu en accepter la présidence.
Inr le Rhin
IV
Metz, 23 juillet.
Quand il n'y a plus rien à dire, on
invente, et voilà le secret de bien des
tirages invraisemblables et d'informa
tions horripilantes. Soyons charitables
et ne citons personne ; mais relevons
quelques erreurs. Tel journal fait cam
per un corps considérable de Badois
aux environs de Forbach. Puisqu'ils y
sont, pourquoi ne pas faire camper les
Bavarois à Pantin? Un autre concentre
les Prussiens à Wissembourg ; il n'a
oublié qu'une chose, c'est que Wissem
bourg est en France. Un troisième a
fait mieux, il a fait remonter la Sarre en
Prusse, tandis qu'un de ses confrères,
après luiavoir faitarroser la rive droite
de la Moselle, l'a fait passer sur la rive
gauche. Le reste à l'avenant. Tant il
est vrai que de tout ce que le Français
ne sait pas, ce qu'il sait le moins, c'est
la géographie.
Hier j'ai dîné au camp de Chambiè-
res, en la compagnie d'un brave lieu
tenant, camarade de classe et de pro
motion. Dire que nous fîmes chère lie,
autant vous envoyer des correspondan
ces comme celles que je vous ai signa
lées tout à l'heure. Le couvert était mis
sur des coffres, nous étions assis sur
des cantines, une toile nous ménageait
le soleil, néanmoins nous rôtissions,
tout brûlait autour de nous, le ciel, la
poussière, les regards ; seule la soupe
était froide, le bœuf aussi, le reste n a-
vait pas de nom. Jamais, non jamais
je n'ai si mal, mais si joyeusement dî
né. Le fort Saint-Julien nous regardait :
un ouvrage imprenable. Et puis il y
avait des canons derrière la tente et
des chassepots accrochés un peu par
tout.
Je remarque que le camp est un peu
établi à la bonne franquette. Cette
bonne île de Chambières ferait dresser
les cheveux à mon vieux professeur
de fortification, si toutefois il n'est pas
devenu chauve, à quoi sont enclins
les officiers- de génie. Je me rappelle
encore les belles choses qu'il nous ra
contait sur les cuisines de campagne.
Ici, le troupier n'y fait pas tant de .fa?
çon. Trois coups de pioche, et voilà
une tranchée de vingt. centimètres
dans la direction générale du vent. On
suspend une marmite, on jette quatre
bûches, le vent se charge de chauffer
la soupe. Il est vrai qu'on la prend
froide ; ihais qu'importe, si elle a été
chaude ! Voilà ce que les Prussiens (ni
les Anglais) ne sauront jamais, faire des
miracles avec peu de chose, des mer
veilles avec rien du tout.
Voici comment sont faites nos tentes.
Six hommes portent chacun un carré
de toile. Quatre carrés réunis par des
boutons, deux bâtons fichés en-terre à
2 ou 3 mètres l'un de l'autre et reliés
au sommet par une traverse, et voilà *
en quatre minutes les côtés de la tente;
Des piquets retiennent la toile et lui
donnent l'apparence d'un toit. Le cin
quième soldat ferme une des extrémi
tés avec son carré de toile, le sixième
fournit la porte ; puis, tous les six cou
chent là-dessous. En été, sous la tente,
on cuirait un œuf ; en hiver, on y con
gèlerait du mercure ; mais par les
temps pluvieux, on n J a que les pieds
dans l'eau, et on s'habitue si vite à por*
ter son rhume !
Les troupes arrivent toujours. Cette
nuit, 14 trains ont jeté leur contin
gent dans la ville. Aujourd'hui Metz
regorge de dragons. On attend tou
jours la garde et l'Empereur.
Le Vœu national veut ouvrir une
souscription. Mais il se charge de t"
tribuer les secours. On se rappelle le
sort des londrès et des trabucôs pen
dant la guerre de Crimée. Le soldat
fumait des rossignols de manufacture,
encore munis des bouts de paille, In
dice de leur antiquité. Le bordeaux ar
rivait à Sébastopol métamorphosé en
vin de Suresne, laissant un peu de son
bouquet partout. Les généraux de
vraient y veiller. Il y a des gens, n®
citons personne, qui reviennent tou
jours de campagne le gousset bien
garni v Ce n'est pas tout que d'ouvrir
des souscriptions et d'envoyer des dou
ceurs; il ne faut pas que les douceurs
s'aigrissent en route et que l'or se
transforme en billon. Ceci soit dit en
passant.
J'ai acheté un revolver, non que
Y Univers envoie des Alfarache à l'ar
mée. Mais enfin ces messieurs de
Prusse sont d'une galanterie qui rend
les précautions nécessaires.
Connaissez-vous la cathédrale d®
Metz ? une merveille ; le Messin estime
la flèche de Strasbourg, mais ne lui
parlez pas du reste ; il est persuadé
qu'il possède le plus magnifique vais
seau de la chrétienté. Ii n'a pas tort
peut-être. En tous cas, elle est pleine
de militaires ; des curieux en nombre,
mais aussi des chrétiens agenouillés sur
les dalles, et c'est un spectacle qu»
ces huguenots de l'autre côté de la
frontière ne donnent pas encore. Il y
a des chances pour que Dieu soit avec
ceux qui prient.
Les protestants, comme toujours, se
mettent en frais de Bibles et d'ou
vrages de leur bord. A Pont-à-Moussoii,
notamment, ils ont distribué aux sol
dats des exemplaires .de YEpître aux
Romains, selon la version protestante
d'Osterwald. Après avoir lu un exem
plaire, un soldat le remit à un prêtre
que le hasard avait fait son compagnon
de route. Tenez, monsieur le curé,
lui dit-il, on m'a donné un petit livre;
mais je n'en fais aucun cas ; il n'y est
pas question de la Sainte Vierge.
Le soldat a mieux accueilli les dons
du clergé et des Pères Jésuites. Ces
derniers, à eux seuls, ont distribué
plus de dix mille médailles et des sca-
pulaires eil proportion.
Ernest Schnaiter,
Le départ de l'Empereur est fixé à
jeudi prochain.
Sa Majesté rejoindra la gare de l'Est;
non, ainsi qu'on l'a publie, par le che
min de fer de ceinture, mais en tra
versant Paris, comme il convient à
l'attente publique et à la grandeur des
circonstances.
Napoléon III a veillé aux arrange
ments de sa maison militaire avec une
austérité toute Spartiate.
« Pour bien faire la guerre, a-t-il
dit, il faut la faire en sous-lieutenant.»
Son « domestique » sera réduit à un
seul valet de chambre.
Les ordonnances des aides de camp
et des officiers d'ordonnance serviront
à table.
Le menu des, repas ne se composera
que du strict nécessaire.
Toute bouche inutile est dès à pré
sent inexorablement exclue du quar
tier général.
Deux cantines suffiront à transporter
ït*ut le bagage impérial.
L'Empereur n'aura pas même une
tente pour s'abriter. Il a répondu avec;
allégresse à un général qui trouvait ce-
dernier point un peu excessif :
« A quoi bon des tentes ? nous allons
en des pays où nous aurons chance de
rencontrer des maisons ; et, après tout,
le plancher des vaches ne nous fera ja
mais défaut, et nous aurons toujours
un manteau pour nous couvrir. »
L'Empereur s'oubliant dans le soldat,'
c'est un oubli qui ne lui nuira pas-
dans l'armée....
Aucune, nouvelle de la guerre, autre
que la destruction du pont de Kehl.
Les^ Prussiens, en faisant sauter les
culées qui le Soutenaient sur leur rive,,
montrent assez qu'ils ne sont point
prêts à nous envahir. La construction
du pont avait duré deux ans et coûté 1
plusieurs millions.
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