Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1869-10-26
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 octobre 1869 26 octobre 1869
Description : 1869/10/26 (Numéro 908). 1869/10/26 (Numéro 908).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mardi 36 Octobre f S6»
N* 908 — Edition quotidienne
Mardi 96 Octobre IS6d
PARIS
18 tfj
SI^ OUlh** » 1 M* 111^... 31
Tfols mois * { i nuiiaiMM •••••,.■•••,•. t.. , li*
Le numéro : 15, centiDji.es .
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Six mois..
Trçl» moli...
Paris , 10 £ rue'des Saints-Pèrw
Oa «"«bonna i Rome, au bureau de la Civillà eettotii
'' . vl^ d gl Qeaa. ël
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t ement possibfa, si 1 ils fieiieulênt pas èprm-
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prompt est l'envoi 'if tm : oon sur la poste
■ ou-iEyp mwdat a vue sur Paris, à
l'ordre du Gérant.
DÉPARTEMENTS
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tS!r.— Si* mois, 49 fr.—Trois moto, llfr.
'* répond pas manuscrits qui lui sont idronés*
Iran*
franco
- *-t» ! ! :
PARIS, 25 OCTOBRE 1869
M. Leconte de Lisie, poëte savant, des
plus connus comme ignoré, publie uné
longue pièce de gros et forts vers, inti
tulée ICaïn; par vtri'K. G-est'le premier
Gain. Son petit-fils Troppiîïàrin M rend
une actualité qfué le 'poete a saisie à
propos^pour.lé ganter. Car'il lé" chan
te. Toute la pièce est'en son honneu r;
Kaïn. nous est présenté comme un fort
digne homme, vengeur.de la raison et
de la dignité du genre humain contre
le cruel et capricieux Iaveh, ci-devant
Jéhovah. Ne' croyez point .que Ven veuil
le plaisanter! Tout cela est fdrtr sérieux;
témoiii le K. M. Leconte de Lisle, érudit
grave et poëte austère, no rit point. Il
. paraît même incapable de rire... , v ' '
En philosophie comme en poésie,
- c'est un. cbef d'école, un Pontife. Au
Parnasse contemporain, passage Choiseul,
on le considère beaucoup* Quarante-
neuf' enfants d'Apollon, garçons, filles
et vénérables (trois académiciens) gar
nissent ce parnasse, tous imprimes,
tous grands rimeurs, et la plupart pen
seurs hardis, pareils au putlus onagri de
l'Ecriture, le petit de l'onagre qui dres
se son oreille pointue vers le ciel, et qui
dit : Je suis libre .' Nulle part ne sont
plus dédaignés le Dieu des chrétiens et
Je Boileau des Français. Dans cette
fière volière, M. Leconte de Lisle tient
rang de coq (ou kok?) II a plus de
grec, plus d'hébreu, plus de sanskrit ; il
distribue le K avec plus d'abondance ;
il fait avec plus de facilité le vers diffi
cile, et la flèche de son esprit frappe
plus avant au cœur de Javeh ! Heureux
oncle Kaïn, d'avoir trouvé cet Homère l
Pour qui n'a pas beaucoup pratiqué
les œuvres de M. Leconte de Lisle, ce
nouvel ouvrage, qui ne diffère en rien
des précédents, n'est pas précisément
ce que l'on appelle ennuyeux. 11 y a
vraiment de la surprise. On se trouvé
. en plein baroque, mais ce baroque si4
mule l'étrange et l'éclatant. Il semble
qu'on n'a jamais rien vu ni entendu de
pareil ; à chaque instant des mots inouig
éclatent comme de monstrueux-péta'rdsi
' On s'y prend, on croit qu'il va arriver
quelque chose. Rien n'arrive. Ce char
attelé de vingt paires de bœufs, ^ est
chargé d'une plume que lè vent eftlève:
ces soleils et ces volcans concentrent
leur feux pour couver un œuf qui n'é-i
clotpas. Il n'y a rien. Vous cassez l'œuf;
il était vide. Otez vos yefux du verre grost
sissant, faites taire l'orchestre - endia
blé qui vous assourdit et prenez la réa
lité cachée dans la boite magique : vous
avez en mainmne image d'Epinal^gros
sièrement dessiné .8 et coloriee ;• l'équi
valent, comme art et comme 'littérature,
de l'histoire du Juif-Errant, moins tou
tefois la sincérité du sentiment et l'in
génuité du ton.
Chez ceux de ces précieux et de ces
raffinés qui ont ou qui auraient du mé
rite, et parfois uir mérite assez grand,
on rencontre defc défauts de touche qui
étonnent. 1 Ils sont"maniérés,> alambi-
ques et butors 1 ', Comblé les barbares
et les impuissantsDans leur immense
vocabulaire, où ils reçoivent tous les
. mots, ils ne rencontrent pas le mot jus-
» te, soit que leur ignorance le dédaigne
•et l'écarte, soit que leur faible main
« échoue à le mettre en son lieu. Ils riment
pour dire ce qui leur passé par la tête;
1 mais, 'ce qui leur passe'par la tête, ils,
ne "lç savent pas bièn. Rieri de moins
j clair pour eux que leur propre pensée.
: De là des extravagances d'images, des
insuffisances "et des pataquès dans l'ex-
i pression, qui ne tardent pas à faire sou-
>■ rire le lecteur/» d'abord abasourdi, et.
il s'en va avant la fin j s'apercevant
s que tous ces oripeaux descriptifs, pail
lon, ferraille et tintamarres de couleur^
et de lumière, ne sont que le déguise
ment du vieil abbé Delille. Seulement,
sous le fatras de ses anciennes péri--
phrases, Jacqifes Delille marchait d'un
pas plus allègre.et plus assuré. L'épa-
gneul de salon dont les jolies petites»
pattes couraient sans broncher à tra
vers les porcelaines, et secouaient par
moments de jolies petites perles faus
ses , 1 est devenu un éléphant chargé
d'une tour de guerre pleine de soldats
farouches et surtout bariolés. Il simule
bien l'effarement et la marche pesante, !
mais la terre ne tremble pas.
Et quelquefois, à travers le tumulte,
up.. jappement qui n'échappait guère
au Delille naturel, vient déranger _ex-i
trêmement la représentation.
Ôr, un jour, à Babylone, la trentième
année de la captivité, comme il faisait
très chaud,Me juif Thogorma, fils d'E-j
lam, chagrin et fatigue, se rendit siiper
flumina , et « le long du grand Khobar
se coucha pour dormir » : î
Les bandes d'étalons dans la plaine inondée
De lumière, gisaient sous le dattier roussi;
Et les taureaux, >et les dromadaires aussi,'
■ Avec les,chameliers d'Iran et de Khaldée,.
Thogorma, le Voyant, eut ce rêve. Voici.
Il voit « un soir des temps mysté
rieux du monde » ! , mille ans après la
mort de Kaïn. Les superbes Kaïnites
reviennent de la chasse et rentrenidans
leur ville, Hènokhia, dont le tombeau
du meurtrier domine les murailles de
fer. Ils sont robustes, orgueilleux, féro
ces et beaux. Le poëte en fait des des
criptions forcenées qui ne les rendent
pas aimables, mais où l'on voit eii plein
l'étrange et furieuse complaisance dè
cette école de poésie matérialiste pour
la force insolente et brutale. Un mot
jeté à travers ces descriptions nous pà L
raît remarquable, et annonce tout de
suite le sens du poëme.
Voulant dépeindre la première acti
vité des créatures, le poëte n'y voit pasj
comme Bossuet, « l'aimable simplicité
du monde naissant, » mais un ouragan
de vie qui embarrasse déjà le Créateur:
Dieu haletait dans sa création.
Ce mot ridicule n'a pas sans doute
échappé à l'auteur ; il l'a écrit de plein
gré. En décrivant la création, il a voulu
montrer qu'il ne croit pas en Dieu, où
du moins qu'il a ses idées particulières
sur Dieu. C'est ce que nous appelons le
jappement de l'épagneui. Pour créer le
monde,'Dieu dit : Fiat! Pour formef
l'homme, il façonne un peu" de cette
argile, qu'il viept de créer, il donnè'un
souffle, et, la création étant complète]
il rentre dans son repos,, parfait/apienj
maître de son œuvre tout entière.Voilà
ce que nous savons ; il est impossiblé
de rester d'accord avec le bon sené
en imaginant autre chose. Qui put faii
re un pareil ouvrage l'a dû fairé' sSn?
fatiguer; et c'est un contre-sens de tiauè
montrer le divin ouvrier haletant oii
dans lui-même ou dans sa création, qui
n'est pas lui et qui ne cesse pas d'être
à lui. Gardant encore l'ordre* ou tombée
en décadence, bénie ou maudite, il l'a
contemplée avecla même sérénité triom
phante, assuré de la ramener toujours
a ses lois, qui d'ailleurs s'exercent en
core sur elle et la dominent même lors
qu'elle croit désobéir. Mais la profonde
pensée de notre savant poëté â besoin
de comprendre ainsi la Bible, çt de nous
montrer Dieu en facs de l'hommé dans
la situation de l'apprenti sorcier de
Gçiethe en face du démon qu'il a témé
rairement évoqué. Il faut que Dieu de
vienne faible, parce qu'il est injuste, et
que l'homme, s'étant affranchi, de son
joug lui'fasse expier ses iniquités. G'est
ce que Kaïn va nous dire.
J^es fils de Kaïn étant rentrés dans
"leur farouche Hènokhia,et la nuit étant
venue, Thogorma voit accourir « un
Cjavalier sur un furieux étalon, » qui
frappe du poing les murs de fer et crie
à la race révoltée que la vengeance du
Jaloux va éclater et la détruire. Ce ca
valier c'est un Kkèroub (autrefois chéru
bin); le Jaloux,c'est Iaveh; la vengeance
sera le déluge. A cet « affront, » Kaïn,
endormi depuis mille ans, se réveille et
fait un discours.
Il commence par déclarer que c'est
lui qui est le vengeur ;
... Sachez, ô hurleurs stupides que vous êtesI
Ce que dit le vengfeur K&ïn au Dieu jaloux.
Il explique alors qu'il n'est pas mé
chant, que ce n'est pas lui qui a créé
le monde, l'homme, le mal et la mort;
qu'il n'a pas dit à l'argile de pleurer,
qu'il n'a pas mis le désir auprès de la
défense, etc. On connaît la gamme de
ces stupides blasphèmes. Chassé de l'E-
den avant d'être né, né dans l'angoisse,
bpûlé des pleurs de sa mère, Kaïn a
juré de rentrer dans cet Eden," inexora
blement fermé par « l'implacable Ja
loux fôurmènteur du monde et des vi
vants. » 11 y a un point délicat dans son
histoire, c est cet Abel, ce çc pâle .enfant
de la femme... » Il ne le haïssait point,
et ce n'est pas lui qui l'a tué :
0 victime, tu sais le sinistre dessein
D'Iaveh, m'aveuglant du i'eu de sa colère.,
L'iniquité divine est ton seul assassin.
Ainsi, c'est Dieu qui a tué Absl ; mais
Kaïn le vengera. Kaïn effondrera les
cieux, cherchera l'Eden d'étoile eii
étoile, le retrouvera, eu bunnira le Ja
loux, ressuscitera Abel «surdon cœur;»
tandis que Iaveh, « mort et cousu sous
la funèbre toile, s'anéantira dans sa sté
rilité. »
Le vengeur dit cela...
Puis un vent très amercourut par les cieux froids;
et Thogorma ne vit plus que les eaux>
qui moulaient. Mais
Quand le plus hnut des pics eut bavé son écume,
Thogorma, fils d'Elam, d'épouvante blêmi,
Vit Kaïn le Vengeur, l'immortel Ennemi
D'Iah veh, qui marchait, sinistre, dans la brume,
Vers l'Arche monstrueuse apparue à. demi. ■
Tel fut le rêve prophétique de Tho
gorma :
Et ceci fut écrit, avec le roseau dur,
Sur une peau d'onagre, en langue khaldaïque.
On s'en aperçoit bien !
; Quoique ce soit un supplice de voir
ces grandes questions de la liberté, d©
la chute et de la responsabilité traitées
et abîmées de la sorte par des sonneurs
de guimbarde, nous ne voulons pas
prendre trop ^iu sérieux les sottises do
Thogorma. Nous nous contenterons dé
dire à M. Leconte de Lisle que son
voyant connaît tort mal l'histoire de
Kaïn et de sa postérité. Qu'il y prenne
garde! l'autographe de ce Thogorma
pourrait avoir été trouvé par. le fournis
seur de M. Ghasles.
Kaïn ne naquit point si malheureux
et ne fut point accueilli par la naalédic-
tion de son père, ni brûlé par'les pleurs
de s,a mère. Eve au contraire,, reçut ce
premier né comme; un. gage de miséri
corde. Elle crut qu'il serait le répara
teur promis, et elle dit joyeusement :
« J'ai acquis, je possède un homme de
ftar Dieu. 1 » Kaïn- signifie acquisition. Ce
ut Abel qui Vfnt àu milieu des larmes,
car l'Eden ne se rouvrait pas. Abel signifie
vanité ou deuil. Eve se trompait sur l'un
et sur l'autre, puisque Kaïn fut le pre
mier criminel, le premier antéchriist
parmi ïes hommes, et Abel le premier
juste et le premier précurseur du Ré
dempteur annoncé.
-Le caractère dé Kaïn n'était pas beau.
Avant d'être le premier meurtrier, il
avait été le premier avare; etil fut ensuite
le premier lâche et le premier qui trem
bla devant les autres hommes. Kaïn-bteit
à Dieu ce qu'il avait de moins précieux,
Abel offrit ce qu'il avait de plus .riche
et de plus noble." Jaloux de son j^pre^
Kaïn 1 emmena à l'écart; sa colë^n}^-'
dita le forfait, il assassina comme ont '
continué de faire les plus vils assassins.
Accusé, il nia; convaincu, il «ui peur
et craignit tout de suite d'être tu#: Dieu
le rassura contre cette ignoble crainte,
en mettant un signe sur son Tront &t'
sur ses membres, la marque! Il luisît Y
Tu seras tremblant et gémissant sur la terre; -,
et l'assassin s'en alla errant, gémissant}
et tremblant, et il élçva des murailles I
et se fit une prison sur 1p. terres :Abel j
avait été le premier martyr; Kaïn^fut le
premier excommunié. * ! •'*
Sa postérité nè paraît pas avoir viaki
beaucoup plus que lui. LameteK, son|
cinquième descendant^ rom'j^t ll''unité>
du mariage et corronapit l^ sçuh^jé pri-|
mitive de la fàmiIle^^n^p^n^int deux;
femmes à la fois. Il fut le se£QJQ&meur-j
trier. Il s'accusa d'avoir, tué .deuï hom-i
mes. De lui naquirent*^nbaV*père de]
ceux qui jouent de la hâ'^ë'et'tlff la ci-®
tarre, et Tubulcaïn, qûî'tièîfitîTÉSflça dej
travailler le fer et l'airaiiî^ptf'ïfanc du{
Kaïn donc sortirent les ' ïîfetïiQ^s/ jeyes,'
artisans qui forgent des K ajn^|j%f,Iet
travail des^ mines commçngal^^ cesf
maudits. . • * v>,* .1- ^ j
Si nous suivons cett&iiraèai dans la|
postérité, nous la retreruf^en'SF^tou-]
jours méchante, mais tôujàhrt'"vaift-!
eue. Ce fut la race de'^âlh 'tffifdé-*
chaîna 1^
nécessité
construisit
Sèth, substitué à Abel. î^oqs, ne^ggjj-;
Ions pas à M. Leconte de Li^ie ^e lej
« Dieu jaloux» atant aimé 1b monde^qMl;
lui a donné son Fils unique: >il ne Com-j
prendrait pas. Mais il comprend fa bien;
que Kaïn-Judas est vaincu par JAbel-?
Jésus. Faut-il descendre davantage,?, Ûn'
peut chercher dans le jnondê qbi^e;
nomme aujourd'hui Kaïn; Albel se nom-!
me Pie IX, et il est le plus fort^o
M. Leconte de Lisle a, d'ailleurs, du
talent et du savoir. On- trouve- dans
son poëme beaucoup de "vers très gro-.
tesques ; il y en a aussi qui sonVmaté^
riellement beaux. Sans l'estiméf au-*
tant qu'on fait au Parnasse contemporain,|
nous le mettons bien au-dessus 'de M.'
Ratisbonne , et même du parnassien
Coppée. Et si nous avions eu, dàn£ get
aperçu, à écrire le mot cuistre,nous
n'aurions point manqué d'y mettre un
K. • '■ ■
Louis V euillot. .*
ÊB^eause qy'après la pro
mulgation du sénatus-eonsulte ?
i 'Offfflô'usUdtti que «les Violeats ne font tort
qS%Malifo-iôêîèes; Ique' adressée au
souverain à ^instant précis où il fait de lar-
_gps. cMë^s^ri52jF e ïo^.dit "gdr." celui qui l'en
vois.^Ôùssb&rbes irès clisposé à le croire;
iÇjaJg^j^ojirraiU.gpéhpatience un soufflet
immérité fait grand tort à l'agresseur. Cet
•argusmeiit ■ toueiiB-t-i#'»^Tialtfu'hn, et "n'e6t-il
des-questions d'u
tilité, il v a une.question devdignité ?
i^O"îf ^|É^^yofr ï^ijr^.fairo de'Ia réac-
.cous 'touche encore
iBtislèpysèBnfiiMwiaitidausla liberté djsoas8iéiî,"qu8 tous les esppit-s,
«àeûSéBWISsireftlffeHâ îîbéiWé- de Prnjure,qu'au-;
^(Mîi^^oteièël'gsgè "be-fleilt-Çôuloir, il serait ài
-— : --'re que Ja .ipajot-itéi les confondit à son
j'éprobaLio^ ;; c'eçU
qu'ity 'au'rtut une-véritable réuelion;
igpn^^jbert^ l%.pj£s§es.
Si uu,'«iiaiât^-4Uii-dori avoir la confiance
•de laiÛbtodice tveut->ïteÎHtenir la liberté de
-tKsfeBWôii faag^teft" iflsposer de limites, s'il
v.eutj,cç)jnipe nous le voulons, que les actes
•tfatè.
On sait que M. Clément Duvernois
vient de passer plusieurs jours à' Coqpx-
piègne. lien a rapporté un article q : e
publie aujourd'hui le Peuple, "et que
nous croyons devoir sigoaJer. M. .Du
vernois rappelle d'abord quels repro
ches ont été adressés au ministère, et il
s'attache à démontrer qu'ils ne sont
point fondés. En effet, dit-il, lesminis-
tère a accompli plusieurs choses impor
tantes, pour lesquelles il ne mérite, au
contraire, que des éloges.
Ainsi il a élaboré le sénatus-consulte
et il a fait'promulguer l'amnistie.. En
outre, il a préparé une bonne loi çurja
liberté de la presse, par l'expérience
qu'il n'a pas craint de faire d'une Fi-'
cence telle qu'on n'en a jamais vu' de;
semblable. Cfest ici et à ce propos que
M. Duvernois place la partie véritable-'
ment importante de son article inspiré-'
Il se demande si cette expérience doit
être prolongée indéfiniment,,et .ïï,^-
pond : Non, non, quoique, la majorité
des journaux soit restée étrangère 3UX
excès de quelques-uns; non^ quoique
l'Empereur soit au-dessus des injurias
dont on l'accable lui et les siens,que
le dédain lui soit facile parce qu'il e'st
fort. Quelles sont donc les raisons #e
ne pas continuer l'expérience ?; ,î>[oiis
citons : ' ' ' ! '
A uguste R ousseo..;''
L'Empereur ne se sent pas atteintj-il a
•s-!- .ai*.
raison ; mais les ndmr^é? ÇtfJjSï
i'ti
■diiegsenlî «e^affll^iaepjt^st
trop honorable pour.'«qu»tf-'oht*iwiS8«f>lÔBî5- (
•t«aipsHetiÈé6«FMïaM:i i « i 0^utf£Éatte i ^té,- îf-ne
fauf ^8S a (SîibHêr*^ffÈf
seuls,en Europeil néîfifin^to ôîiBltèi'"qûfe-
et que le respect du.jjqu.verparpQgt^es.t .iûfiig-
ipeasabiftàjla gyapdeus .h '
t.. séssesaa'meaqu»
aulte, établissant la responsabilité .îjjiiàstô-,
ipielie^'dofane' le-iTéskltat-^que. 'nous > promet- *
'■t^eiït'fiëS^t-BrrMtetirS^é Teapéét'^e IéP cou
ronne. Ne noys fi^t-on pas dit .et r'éjséié que
lAiânmnWktStJviVrtlHÏ Viln nAtin 1 f 1 ' ITtvi _
et qu'il interdise
^{^nditest cNa - S'il s'agissai t au
trement, il ne gagnerait rien auprès des li-
iBérafe», -carittW^acteûsepait »de vouloir laisser
la liber{8' i èB , l4'P , rêssè/së'ruiner par ses excès
sii. UàX -tf- J. 1 i ,
' iVouvelJes politique»
f 1 »}'»!} K ■ • '
ïJti iA lîvait- àtiiïiïntê'pour aujourd'hui un
j.miyiifeate de l'i^caper^ur. Il n'y a qu'un avis
qu'on lira plus
loin, et une liste de mutations préfecto-
si» fc'avi%préfectoral.»été placardé ce matin
tëtitt' teos les mwi/dê''Paria et a fait une cer-
^liné' sensatioir.' "Autour des affiches, il y
' ji'vait'de nombr'e,ux groupes oii l'on commen-:
tait vivèment l'opportunité de celle publica
tion*.!, .,0" • '. •• ;■ " 1
V.-.. -té t- . ■ .
On écrit de Paris à VIndépendance bul^e :
- «rlfcnlest pas iautite de savoir que de l'or-
toidables précantions-sont prises par le pou
voir pour toutes-'ISs éventualités, bien qu'on
s'arrrrrïKe' de façon'8 né se montrer qu'en cas
^'Mtëîëssité. ' "
• (i.frpia bata^Upps de chasseurs h pied oc
f.M^rynj.,]fiS|Cburs. du Corps législatif et du;
palais des afïaiF€\»#F#ngères. Un. auIre b;i-
iaiikta.isera ^an» les «ours du ministère de lu'
marine.»Deî lereesCanaidérables seront mas-)
sées dans la seconde_cou r des Invalides ou !
dans d'autres édifices adjacent s ■ de façon à ;
.pouvoir r^unir^douze ou quinze mille hom-
trelr§iËff%n''jfômWiH a i5fis TO'bésèin .'
« Ajoutons que, de-môme que le peuple a'
pris'parti pour les mineurs qui ont succombé;
à Aubin, la troupe^efe Spécialement la ligne,
-a-PfMtgfyli pourries, soldais. Les attaques di-
^îgeëâ"'pâTJa yrè&sé'COhtTô'ces soldais et'k'ur
officier ont port$ 4 à l'esaspéralion ees dispo J
sitions, teiiez^te jbaui»certain. C'est à ce point»
que l'on dè^étfpfiiStô»agtr'rinÉanterie do li
gne qu'à «efX»émité, l'esprit de
cor^S^yant là une réaction bien plus vive
que dans 1eB-'dùë#ë&' famés de notre elfeotif
witMire. « !
if ,. t'. iymto-mm-
M. Jules Skaoû4.^Jie de.jftalheur. L'autre
jouï} il déclarait n'avoir pas entendu les in-^
jures-don},-il■filait "assailli.- Il se pîaint au-
joui&tïbui de n'avoirijja^.^té. compris dans la;
'dernière réuoionoiul -s'est présenté par de-
VanTsësjù ges-électe\irs. En son' nom, la Li-
kprtè proteste contre le compte rendu qui
rapporte qué- le député s'est prononcé pour
Jfi mandat .hnpéraiif et aurait laissé ; aller
cette phrase absolument révolutionnaire : -
Nous^avon^ contre nous la conspiration
-dur mensonge et du chassepot. N'allons pas à
la place de la Concorde. Jurons tous ici de nous
'battre ; mais quatid nous aurons préparé nos
jb^ltpries>.)) ; „ . - •
+'■ Si cela dure, M. Jules Simon devra se
*àiëttre en.frais de cornets acoustiques, tant
^our lui que pour ses électeurs.
' 1 11 y a eu samedi réunion des députés de la
gauche chez M. Jules IJavre, Voici les détails
que fournit le Gaulois :
« Etaienip'rôsents' : MM Jules Simon, Picard,
Gambetta, Férry; Guyot-Montpayroux, de Jou-
vencel, Magnin, Barthélemy-Saint-Hilaire, Ta»
chardy Ordinaire, Rampont, Garnier-PagèSj d'He-
secquea. La Convocation avait étë adressée à tous
les-signataires et adhérents du manifeste.
« M. Jules Pavre, chez qui la réunion avait
"lieu, " n'est ârrivé qu'à -la fin de la séance, se
trouvant retenu au palais par suite'du procès
relatif à la réunion de Belleville.
« La discussion a principalement porté sur la
conduite à tenir durant la prochaine session,- et
sur la façon dont la bataille devait être engagée,
lors de la première séance.
M. Gambêtta et M. Picard ont surtout discuté
deux plans de conduits différents, dans une dis-
-cussion très animée, à laquelle ont pris part
notamment MM. Jules Simon, de Jouvencel,
Ferry, Gu yot-MontpffJroux ; Tach&rd et Barthé-,
lemy-Saint-IIilaire. ... i
! On s'est a peu près entendu sur l'ensemble de
la conduite à tenir; mais, des divers renseigne
ments qui nous parviennent, il paraît dès à pré
sent rertain que • lu xrauche est agitée par deux
courents très différents, tenant à beaucoup de
•causes-qu'il serait trop' long d'énutnérer ici :
une scission prochaine entre les divers éléments
.qui la composent parait dès à présent certaine.
—TT-
La Liberté ajoute :
« Ces renseignements nous sont absolu
ment confirmés.
il, sur s la ^nécessité'd® censtifuér dès-À pré
sent une sorte de gouvernement en face du
gouvernement existant, afin d'être « prêt le
« Ce système a rencontré de nombreuses
objeçliona;' plusieurs membres de la réunion
ont feii observer que G3 n'était point là le rô
le d'une opposition sérieuse ; qu'aux projets
émanés (^gouvernement on oppose des cen
tre-projets, rien de mieux; que l'on use du
droit ^'initiative pour proposer ce que l'on
ferait dan# la situation présente si l'on était
t- au pouvoir, c'est parfaite
« Mais, en dehors de cela, se borner à
crier tous les jours par la fenêtre : « Vive ta
République! » et ne,rien faire du fout, est-ce
là le rôle d'une opposition ..sérieuse? Pour
vouloir trop se fai're entendre dans Ja'rue, et
plaire'aux .violents de leur, parti, M. Gam-
Joetia iet ses. amis risquent fort de perdre tout
crédit dans la Chambre et dans le pays.
' « On avait voulu d'abord présenter, le
jour de; la première séance, un ordre du jour
motivé,' blâmant le mjnigtère. Cette idée a
été écartée parce que l'pn a fait observer que
c'était. Jà une initiatiye qui convenait mieux
au tiers-parti. On se serait accordé, pour
déposer une interpellation sur les moyens
d'appliquer les principes de 1789, qui sont
inscrits en tête de Ià Constilution de 1852, et
qui sont violés chaque joui-. La gauche
trouverait ainsi lé moyen d'exposer tout son
programme. Cette idée est évidemment
juste.
« Une nouvelle réunion aura lieu, paraît-
il, lundi à Irois heures, toujours chez M. Ju
les Favre. »
Le Constitutionnel annonce, d'après uùe
dépêche de son correspondant de Vienne,
qu'^l .n'y a plus d'incertitude an sujet du
voyage du sultan en Egypte, , et que ce voya
ge est-décidé.
- haX'piistitutionnel est en retard. II y a huit
jours que cette n 'iiv .'lle n'est plus douteuse,
et nos lecteursavons été informé.-* > a- une dépêche de notre
correspondant de CVisuintinople."
••• te sraft.'vre du (a rédaction,
. , EsNSST Schnaitke.
PRÉFECTURE DE POLICE
' AVIS
En pèé^ence des excitations qui se produi
sent depuis plus d'un mois dans le bût d'a
mener, le ,26 octobre, des attroupements sur
la voie Oblique, l'autorité a le dévoir d'a
vertir la population de Paris que des mesu
res sont prises pour assurer- le respect des
lois et pouf "maintenir efficacement l'ordre
et la tranquillité.
FEUILLETON 'DE VUNIVEJtS
Uli 26 OCTOBKK
(Le commencement de ce feuilleton
sera envoyé à ceux de nos nouveaux
abonnés qui le réclamerotit.)
ETUDES DE MOEURS DANOISES
RIEH QU'UH VIOLONISTE
(')
XIII
— Suite —
— Maintenant, mon garçon, dit Peter
Wik, nous allons faire un tour avec Ele-
Luk-Oïl; il va nous : secouer, tu peux m'en
croire, et nous enleyer jusqu'au septième
ciel. Je vais prendre mon grog et ma pipe et
causer un brin avec toi. Tu dis donc que tu
sais jouer du violon ; voyons un peu cpmment
tu en râcles 1
Christian tremblait de bonheur en tou
chant les cordes ; il joua quelques-uns des,
plus beaux airs que lui avait appris son par
rain. . i
En vériité, s'écria Peter Wik en riant,.
ce serait une fameuse mélodiej si tu la jouais,
dans un autre ton ; c'est au moins du nord-!
arabe que tu me sers-là ! Cela monte à |la tê
te comme du vieux cognac ; ne sais-tu pas
aussi quelque chose qui vous secoue un peu
les jambes et vous" chatouille la plante des;
pieds?—Il prit le violon des mains de Chris-,
(1) La reproduction en est interdite.
tian et se mit 4 jouer, un molinaski. Puis il
questionnaChristian sur sa maison et sur son
frère. — Aussi pourquoi, M'dU-il, 1 es-lu 'si
nigaud? Il faut taper à ton tourV donne-lui
quelque bonne gourmade sur la théière et
fuis-lui tourner le bec "d'un autre télé !-—
Vendre ton violon f niais c'ést un crime I II
était temps de'voler de les propres allés,
tu ne le pouvais pas et c'est pour cela que tu
es parti. Diable !'il vente souVent-plus fort à
terre que sur nier! Que faisait donc ton père,
le tien ?
Christian le lui dit.
— Je no l'ai pa^ connu, dit Peler Wik.
Mais c'élailun maître-homme, quoi qu'il fût
tailleur.
—c Que ne puis-je, moi aussi, soupira
Christian, voyager dans les pays étrangers!
Comme je voudrais rester ici, sur le bateau!
— Il saisit, la main du marin et jeta sur lui,
un regard aussi expressif que ses paroles.
— Si ta mère y consentait, tu pourrais
rester ici; j'ai besoin d'un jeune garçon;
mais je t'en préviens, nous ne serons pas
tous ie3 jours au port. Nous irons aussi
dans des parages où la Lucie bondira sur îes
vagues et le couvrira d'eau glacée ; tu rece
vras dans l'inlervalle dts calottes et de bo'hs
coups de poing et tu ne pourras plus alors
prendre' la clef des champs, mon garçon.
Ii n'y aura pas tous les jours du café et
du pain blanc, Comme aujourd'hui. Main
tenant va dormir dans ton petit lil; lu y
seras comme dans l'un des tiroirs de' la
commode maternelle.
Peter Wik s'assit sur le pont avec son
grog et sa pipe, et Chrislian alla se coucher.
Une filiale confiance en Dieu remplissait son
cœur ; c'était comme si le ciel fût descendu
.en lui. ■ '
Il se leva le lendemain de lrè3 bonne heu
re, comme il en avait l'habitude, ce qui pro
duisit une bonne impression çur le marin.,
— Tu fais comme les poules, tu es debout
avant l'aube. J'aime ça! Tu ferais mieux en
core si tu volais au • pays pour en rapporter
tes papiers'bien en règle et la permission de
ta mère pour lever l'ancre. Dieu me pardon
ne, le voilà qui geint? Tu es un vrai poisson
de'mer! ' '
— Il reste avec toi, mon oncle! dit Lusie,
quand elle arriva et entendit les sanglots de
Christian. Ma mèrè ira dès ce soir chez ses
parents et leur dira foiit. Il- n'a personne qui
soit pour lui un bon oncle comme tu l J es
pour moi! ' " •••• * ' • i
• Et elle passaitdoucement ses petites mains
sur les jouefe ridées de son oncle.
— Regardez ; "voilà bien les manières de
feu' Mme Pèter Wik, quand elle voulait;
apaiser un orage. Les femmes sont en vérité;
de d'ôles de comédiennes !
Lucie continua avec son irrésistible élo
quence, et Christian put rester sur le bateau
jusqu'à ce qu'il connût Ja décision de ses pa
rents à son égard. -
Dès le lendemain, à midi, Marie arrivait à
Svendborg; elle était seule; elle' découvrit
bien vite~le bateau, et embrassa l'enfant
tout en lui faisant une verte réprimande. ■
— Dieu du ciel ! t'en aller- ainsi loin de
nous ! C'est ton père trait pour -trait! M'a-
t-il assez causé de chagrins,' lui aus
si? Ne crois - pas que je veuille te battre,
quoique tu l'aies bien mérité ! Va mainte
nant essayer de la vie chez les étrangers. Je
sais trop tout ce 'que* j'ai souffert avec ton
père ! Crois-lii que je me serais remariée si
tu n'avais pas été là? Je ne suis pas sur des
roses, crois-le bien, mais tu n'es qu'une pau
vre petite femmelette. Pars donc avec le ba
teau, et s'il périt corps et bien, je n'en aurai
que plus de chagrins encore 1
Tel fut à peu près l'entretien à la suite du
t——"— r..-. —— 1 . 11 . ,» ;—
quel Christian devint mousse. Une^sspèçe
de conlrat fut signé; la seule clause réel
lement due à Bon initiative fut qtf'îl Souf
rait faire usage du violon du marin; il avait
balbutié cette condition quand oh lui«.va.it
demandé s'il avait bien tout compris. Il ne
lui restait plus qu'à faire connaissance avec
l'habitacle, avec lu l'oc et avec la misâirre,"ét
bientôt il s'élança dans les cordages comme
un écureuil; quoiqu'il ne se l'ut jamais exertiê
à grimper ni à sauter.
• XIV a '■
Je vois du fcord "du navire • ' 4 " ~
Jusqu'au fond des flotSi • " J
Le roi de lai mer à son poste
Est assis dans l'ombre profonde^ ~
On dirait qu'il sommeille, \
Sa longue barbe sur-sa harpe,";" »
Les navires vont et viennent 1 ■>
Sur sa tête ; il les remarque à paiae,
De.pon bauc do corail,, ^
Et il les salue comme dans un songe.
EICHHNDOR^.'"
Le 18 octobre, tout fut.prêt à boFd-potrr le
départ. L'équipage se composait, sans comp
ter Peler Wik, de trois matelots et-de-deux
passagers. L'un d'eux était une -'vieille'gou
vernante, qui- avait appartenu- au-(t-béâtse,
mais des considérations morales, disaiitsdile,
le lui avait fait- quitter ; elle-faisait ides-ver^,
mais des vers allemands, la-langue alleman
de pouvait seule traduire ses sentimjrnt él^»
•véSi Elle' se rendait à Copenhague^ ohfca iiti
noble et puissant personnage. Le deuxième
passager était un habitant de cette .dernière
ville* Il portait le titre de.conseille», de la
guerre, que l'influence de sa femme lui avait
lait obtenir. -t k ... ..i.-
, î
■ Le bateau passa, toutes voiles dehors, de
vant Sainl-Jœrgenshof et le village des^pê-
cheurs, et se lança dans l'immensité du &ion-
m
d^po,?pme jl sembla à Christian ; pour lui,
que ce fût la Chine ou- Copenhague, c'était
IfJtijdiSrs aussi toin; loujouis aussi nouveau.
Ils.'doublèrent-'Té8 îles-et-esntrèrunt en pleine
trieri r ■
' L^-'dëhx pufcêagei% connaîssàace,- a-vrtnWfue le bateau se trou-
vàit'en-'^ae de J ®ï t oè J *ltfconse J ller de la guerre
avait'déjà race^lé,-aved volubilité et dans
toraS'Ieurs détaiîsj'ses joies et ses douleurs.
II éttit aussi poëte, et 'avait écrit dans son
téte^s,' «^h9u un -péeedonyme, dans le-Cour
tier itÛSoir etj^aué'^çs Ètrennes de Pojulstn.
Sa spécialité était l'élégie; du reste, il faisait
aûSsv-des'-eatatog'ues.d-'eitchôres, de la' crili-
qué ét ipiel qu es j peti ts ' tuavaupi 1 i t lé rai res.
— Mais, disait-il, il n'y trouvait aucun
■^aiàirf-On-épluche; oa épluche pouV trou-
défitUfs;---t¥svuil. ..ijpgra-iet quand on
les'fflet fous iea yeux des auteurs, ils devien-
GëttiM initalïLe, comme on les
appelf^Je tee-siHs-gBeneé ; dant> tous les ihq-
di'S qu'Horace a employés, strophes asclér
pàadiques, strophes -alcaïques ou saphiques ;
ce soktJï d«»s rhosèa »dont nos auteurs mo-
tfefneS' n î'6'ocpupenl -guère, et ee mépris est
«rue? pour un -homme de goût nourri des
■eifesai^tle&fJ^i-'élwé k .voiï, jj-ai écrit con
tre celte tendance, je me suis dépité , maiç
j'èiftrf'Vexé bfeip Vautres ; ils m'ont oui blé
de^éar^pigraiûSHjgfffiaiB jB ne lia dans les
qtie ccr qae-j3toàs moi -même»
Ce fut alors que je reçus, par la poste, le
fourra- ffion âwiivfcrsaise, un petit papier
' qu'jaa vers grossier^ j'y
^ai$appelé-"Z?*/âsema«il v ,avee deux.s, quoique
i*ét^fao!ogie du mot. soit 2?«se, quLsignifle
un'vaisseau da.-pirate, comme ceux quijdéso-
4aîëi#fadi$ no»:cdtea^ies pirates à leur bord
Rappelaient alors Busémann. Il est scanda
leux que des gens qui savent à peine épeler,
veuillent* se- môler d'écrirç, c'fist opmme si
l'on voulait prononcer un discours, quand on
n'a plus'de dents. Voilà une pensée dont jo
vais prendre noie, dit-il en s'interrompant
lui-même, et, tout en la répétant entre ses
dents; il l'écrivit au crayon.
— Voyez-vous, madame, je ne laisse rien
perdre; quand je trouve,, ce qui m'arrive
souvent, une pensée originale, vite, je l'é
cris; car il faut que vous sachiez* que je me
suis chargé de copier les rôles dans notre
troupe dramatique, et que j'ai dans mon ti
roir, absolument comme Jean Paul (1), une
foule de pensées écrites sur de pelits papiers,
et je les glisse dans les rôles. Cela produit un
excellent eilei. -
La gouvernante raconta à son «tour qu'elle
tenait son^ournat jour par jour, depuis onze
ans, mais qu'il était écrit en allemand.
_i Si Jpsj^eux passagers étalaient ce comique
vyjgaire qu'on rencontre à chaque pas dans
la via réelle, ils présentaient aussi ce côté
poétique etf touchant qu'on découvre chez
tousses hpmmes, ne. lût-ca qu'un instant,
mais qu.'Qû trouve enfin. Il y avait raême,
(Jans ks_ ridicules de la gouvernante, quelque
chose d'allendrissanl. Pendant une année
entière, elle n^avait véçu que de thé, c'était
tout i e qu'un travail acharné, sans trêve ni
repos,, luif^vait permis de se donner; son
jdée l\xbut. Le conseiller de la guerre restait fidèle
au passé, rie'i qu'au p^sgé,' maisjqu'y faire?
Le Ciel pe lui avait pus accordé, comme aux
hommes'do,génie, le double visage de Janus,
qui voit aussi clairement l'avenir que le
passé.
SouS les rayons ardents du soleil de midi,
voguait le navire, cette fleur de la.mer, que
le vôot chassait du golfe dans la pleine mer,
(I )*Jo£h-Paul Rlchtor," célèbre écrivain aile»
mand. . " i
\
N* 908 — Edition quotidienne
Mardi 96 Octobre IS6d
PARIS
18 tfj
SI^ OUlh** » 1 M* 111^... 31
Tfols mois * { i nuiiaiMM •••••,.■•••,•. t.. , li*
Le numéro : 15, centiDji.es .
^ i
On
Six mois..
Trçl» moli...
Paris , 10 £ rue'des Saints-Pèrw
Oa «"«bonna i Rome, au bureau de la Civillà eettotii
'' . vl^ d gl Qeaa. ël
Ceux de nos Souscripteurs dont l'abon-
atment-,expire. Le. 1"' novembre prochain,
tont priés de h renouveler le plm promp-
t ement possibfa, si 1 ils fieiieulênt pas èprm-
. ver de retard dàhst envoi dujournal.
Joindra lu ' dernière bande d la de
mande de renouvellement, ainsi qu'aux
^claplàtioris pour changement' d'adresse
ou autres. " .
Le mode le plus simple et le plus
prompt est l'envoi 'if tm : oon sur la poste
■ ou-iEyp mwdat a vue sur Paris, à
l'ordre du Gérant.
DÉPARTEMENTS
• » a • 1 • »
111 • • l l > • l
(I tr*
«. -
18
fedlUon «eW-quotldluM
tS!r.— Si* mois, 49 fr.—Trois moto, llfr.
'* répond pas manuscrits qui lui sont idronés*
Iran*
franco
- *-t» ! ! :
PARIS, 25 OCTOBRE 1869
M. Leconte de Lisie, poëte savant, des
plus connus comme ignoré, publie uné
longue pièce de gros et forts vers, inti
tulée ICaïn; par vtri'K. G-est'le premier
Gain. Son petit-fils Troppiîïàrin M rend
une actualité qfué le 'poete a saisie à
propos^pour.lé ganter. Car'il lé" chan
te. Toute la pièce est'en son honneu r;
Kaïn. nous est présenté comme un fort
digne homme, vengeur.de la raison et
de la dignité du genre humain contre
le cruel et capricieux Iaveh, ci-devant
Jéhovah. Ne' croyez point .que Ven veuil
le plaisanter! Tout cela est fdrtr sérieux;
témoiii le K. M. Leconte de Lisle, érudit
grave et poëte austère, no rit point. Il
. paraît même incapable de rire... , v ' '
En philosophie comme en poésie,
- c'est un. cbef d'école, un Pontife. Au
Parnasse contemporain, passage Choiseul,
on le considère beaucoup* Quarante-
neuf' enfants d'Apollon, garçons, filles
et vénérables (trois académiciens) gar
nissent ce parnasse, tous imprimes,
tous grands rimeurs, et la plupart pen
seurs hardis, pareils au putlus onagri de
l'Ecriture, le petit de l'onagre qui dres
se son oreille pointue vers le ciel, et qui
dit : Je suis libre .' Nulle part ne sont
plus dédaignés le Dieu des chrétiens et
Je Boileau des Français. Dans cette
fière volière, M. Leconte de Lisle tient
rang de coq (ou kok?) II a plus de
grec, plus d'hébreu, plus de sanskrit ; il
distribue le K avec plus d'abondance ;
il fait avec plus de facilité le vers diffi
cile, et la flèche de son esprit frappe
plus avant au cœur de Javeh ! Heureux
oncle Kaïn, d'avoir trouvé cet Homère l
Pour qui n'a pas beaucoup pratiqué
les œuvres de M. Leconte de Lisle, ce
nouvel ouvrage, qui ne diffère en rien
des précédents, n'est pas précisément
ce que l'on appelle ennuyeux. 11 y a
vraiment de la surprise. On se trouvé
. en plein baroque, mais ce baroque si4
mule l'étrange et l'éclatant. Il semble
qu'on n'a jamais rien vu ni entendu de
pareil ; à chaque instant des mots inouig
éclatent comme de monstrueux-péta'rdsi
' On s'y prend, on croit qu'il va arriver
quelque chose. Rien n'arrive. Ce char
attelé de vingt paires de bœufs, ^ est
chargé d'une plume que lè vent eftlève:
ces soleils et ces volcans concentrent
leur feux pour couver un œuf qui n'é-i
clotpas. Il n'y a rien. Vous cassez l'œuf;
il était vide. Otez vos yefux du verre grost
sissant, faites taire l'orchestre - endia
blé qui vous assourdit et prenez la réa
lité cachée dans la boite magique : vous
avez en mainmne image d'Epinal^gros
sièrement dessiné .8 et coloriee ;• l'équi
valent, comme art et comme 'littérature,
de l'histoire du Juif-Errant, moins tou
tefois la sincérité du sentiment et l'in
génuité du ton.
Chez ceux de ces précieux et de ces
raffinés qui ont ou qui auraient du mé
rite, et parfois uir mérite assez grand,
on rencontre defc défauts de touche qui
étonnent. 1 Ils sont"maniérés,> alambi-
ques et butors 1 ', Comblé les barbares
et les impuissantsDans leur immense
vocabulaire, où ils reçoivent tous les
. mots, ils ne rencontrent pas le mot jus-
» te, soit que leur ignorance le dédaigne
•et l'écarte, soit que leur faible main
« échoue à le mettre en son lieu. Ils riment
pour dire ce qui leur passé par la tête;
1 mais, 'ce qui leur passe'par la tête, ils,
ne "lç savent pas bièn. Rieri de moins
j clair pour eux que leur propre pensée.
: De là des extravagances d'images, des
insuffisances "et des pataquès dans l'ex-
i pression, qui ne tardent pas à faire sou-
>■ rire le lecteur/» d'abord abasourdi, et.
il s'en va avant la fin j s'apercevant
s que tous ces oripeaux descriptifs, pail
lon, ferraille et tintamarres de couleur^
et de lumière, ne sont que le déguise
ment du vieil abbé Delille. Seulement,
sous le fatras de ses anciennes péri--
phrases, Jacqifes Delille marchait d'un
pas plus allègre.et plus assuré. L'épa-
gneul de salon dont les jolies petites»
pattes couraient sans broncher à tra
vers les porcelaines, et secouaient par
moments de jolies petites perles faus
ses , 1 est devenu un éléphant chargé
d'une tour de guerre pleine de soldats
farouches et surtout bariolés. Il simule
bien l'effarement et la marche pesante, !
mais la terre ne tremble pas.
Et quelquefois, à travers le tumulte,
up.. jappement qui n'échappait guère
au Delille naturel, vient déranger _ex-i
trêmement la représentation.
Ôr, un jour, à Babylone, la trentième
année de la captivité, comme il faisait
très chaud,Me juif Thogorma, fils d'E-j
lam, chagrin et fatigue, se rendit siiper
flumina , et « le long du grand Khobar
se coucha pour dormir » : î
Les bandes d'étalons dans la plaine inondée
De lumière, gisaient sous le dattier roussi;
Et les taureaux, >et les dromadaires aussi,'
■ Avec les,chameliers d'Iran et de Khaldée,.
Thogorma, le Voyant, eut ce rêve. Voici.
Il voit « un soir des temps mysté
rieux du monde » ! , mille ans après la
mort de Kaïn. Les superbes Kaïnites
reviennent de la chasse et rentrenidans
leur ville, Hènokhia, dont le tombeau
du meurtrier domine les murailles de
fer. Ils sont robustes, orgueilleux, féro
ces et beaux. Le poëte en fait des des
criptions forcenées qui ne les rendent
pas aimables, mais où l'on voit eii plein
l'étrange et furieuse complaisance dè
cette école de poésie matérialiste pour
la force insolente et brutale. Un mot
jeté à travers ces descriptions nous pà L
raît remarquable, et annonce tout de
suite le sens du poëme.
Voulant dépeindre la première acti
vité des créatures, le poëte n'y voit pasj
comme Bossuet, « l'aimable simplicité
du monde naissant, » mais un ouragan
de vie qui embarrasse déjà le Créateur:
Dieu haletait dans sa création.
Ce mot ridicule n'a pas sans doute
échappé à l'auteur ; il l'a écrit de plein
gré. En décrivant la création, il a voulu
montrer qu'il ne croit pas en Dieu, où
du moins qu'il a ses idées particulières
sur Dieu. C'est ce que nous appelons le
jappement de l'épagneui. Pour créer le
monde,'Dieu dit : Fiat! Pour formef
l'homme, il façonne un peu" de cette
argile, qu'il viept de créer, il donnè'un
souffle, et, la création étant complète]
il rentre dans son repos,, parfait/apienj
maître de son œuvre tout entière.Voilà
ce que nous savons ; il est impossiblé
de rester d'accord avec le bon sené
en imaginant autre chose. Qui put faii
re un pareil ouvrage l'a dû fairé' sSn?
fatiguer; et c'est un contre-sens de tiauè
montrer le divin ouvrier haletant oii
dans lui-même ou dans sa création, qui
n'est pas lui et qui ne cesse pas d'être
à lui. Gardant encore l'ordre* ou tombée
en décadence, bénie ou maudite, il l'a
contemplée avecla même sérénité triom
phante, assuré de la ramener toujours
a ses lois, qui d'ailleurs s'exercent en
core sur elle et la dominent même lors
qu'elle croit désobéir. Mais la profonde
pensée de notre savant poëté â besoin
de comprendre ainsi la Bible, çt de nous
montrer Dieu en facs de l'hommé dans
la situation de l'apprenti sorcier de
Gçiethe en face du démon qu'il a témé
rairement évoqué. Il faut que Dieu de
vienne faible, parce qu'il est injuste, et
que l'homme, s'étant affranchi, de son
joug lui'fasse expier ses iniquités. G'est
ce que Kaïn va nous dire.
J^es fils de Kaïn étant rentrés dans
"leur farouche Hènokhia,et la nuit étant
venue, Thogorma voit accourir « un
Cjavalier sur un furieux étalon, » qui
frappe du poing les murs de fer et crie
à la race révoltée que la vengeance du
Jaloux va éclater et la détruire. Ce ca
valier c'est un Kkèroub (autrefois chéru
bin); le Jaloux,c'est Iaveh; la vengeance
sera le déluge. A cet « affront, » Kaïn,
endormi depuis mille ans, se réveille et
fait un discours.
Il commence par déclarer que c'est
lui qui est le vengeur ;
... Sachez, ô hurleurs stupides que vous êtesI
Ce que dit le vengfeur K&ïn au Dieu jaloux.
Il explique alors qu'il n'est pas mé
chant, que ce n'est pas lui qui a créé
le monde, l'homme, le mal et la mort;
qu'il n'a pas dit à l'argile de pleurer,
qu'il n'a pas mis le désir auprès de la
défense, etc. On connaît la gamme de
ces stupides blasphèmes. Chassé de l'E-
den avant d'être né, né dans l'angoisse,
bpûlé des pleurs de sa mère, Kaïn a
juré de rentrer dans cet Eden," inexora
blement fermé par « l'implacable Ja
loux fôurmènteur du monde et des vi
vants. » 11 y a un point délicat dans son
histoire, c est cet Abel, ce çc pâle .enfant
de la femme... » Il ne le haïssait point,
et ce n'est pas lui qui l'a tué :
0 victime, tu sais le sinistre dessein
D'Iaveh, m'aveuglant du i'eu de sa colère.,
L'iniquité divine est ton seul assassin.
Ainsi, c'est Dieu qui a tué Absl ; mais
Kaïn le vengera. Kaïn effondrera les
cieux, cherchera l'Eden d'étoile eii
étoile, le retrouvera, eu bunnira le Ja
loux, ressuscitera Abel «surdon cœur;»
tandis que Iaveh, « mort et cousu sous
la funèbre toile, s'anéantira dans sa sté
rilité. »
Le vengeur dit cela...
Puis un vent très amercourut par les cieux froids;
et Thogorma ne vit plus que les eaux>
qui moulaient. Mais
Quand le plus hnut des pics eut bavé son écume,
Thogorma, fils d'Elam, d'épouvante blêmi,
Vit Kaïn le Vengeur, l'immortel Ennemi
D'Iah veh, qui marchait, sinistre, dans la brume,
Vers l'Arche monstrueuse apparue à. demi. ■
Tel fut le rêve prophétique de Tho
gorma :
Et ceci fut écrit, avec le roseau dur,
Sur une peau d'onagre, en langue khaldaïque.
On s'en aperçoit bien !
; Quoique ce soit un supplice de voir
ces grandes questions de la liberté, d©
la chute et de la responsabilité traitées
et abîmées de la sorte par des sonneurs
de guimbarde, nous ne voulons pas
prendre trop ^iu sérieux les sottises do
Thogorma. Nous nous contenterons dé
dire à M. Leconte de Lisle que son
voyant connaît tort mal l'histoire de
Kaïn et de sa postérité. Qu'il y prenne
garde! l'autographe de ce Thogorma
pourrait avoir été trouvé par. le fournis
seur de M. Ghasles.
Kaïn ne naquit point si malheureux
et ne fut point accueilli par la naalédic-
tion de son père, ni brûlé par'les pleurs
de s,a mère. Eve au contraire,, reçut ce
premier né comme; un. gage de miséri
corde. Elle crut qu'il serait le répara
teur promis, et elle dit joyeusement :
« J'ai acquis, je possède un homme de
ftar Dieu. 1 » Kaïn- signifie acquisition. Ce
ut Abel qui Vfnt àu milieu des larmes,
car l'Eden ne se rouvrait pas. Abel signifie
vanité ou deuil. Eve se trompait sur l'un
et sur l'autre, puisque Kaïn fut le pre
mier criminel, le premier antéchriist
parmi ïes hommes, et Abel le premier
juste et le premier précurseur du Ré
dempteur annoncé.
-Le caractère dé Kaïn n'était pas beau.
Avant d'être le premier meurtrier, il
avait été le premier avare; etil fut ensuite
le premier lâche et le premier qui trem
bla devant les autres hommes. Kaïn-bteit
à Dieu ce qu'il avait de moins précieux,
Abel offrit ce qu'il avait de plus .riche
et de plus noble." Jaloux de son j^pre^
Kaïn 1 emmena à l'écart; sa colë^n}^-'
dita le forfait, il assassina comme ont '
continué de faire les plus vils assassins.
Accusé, il nia; convaincu, il «ui peur
et craignit tout de suite d'être tu#: Dieu
le rassura contre cette ignoble crainte,
en mettant un signe sur son Tront &t'
sur ses membres, la marque! Il luisît Y
Tu seras tremblant et gémissant sur la terre; -,
et l'assassin s'en alla errant, gémissant}
et tremblant, et il élçva des murailles I
et se fit une prison sur 1p. terres :Abel j
avait été le premier martyr; Kaïn^fut le
premier excommunié. * ! •'*
Sa postérité nè paraît pas avoir viaki
beaucoup plus que lui. LameteK, son|
cinquième descendant^ rom'j^t ll''unité>
du mariage et corronapit l^ sçuh^jé pri-|
mitive de la fàmiIle^^n^p^n^int deux;
femmes à la fois. Il fut le se£QJQ&meur-j
trier. Il s'accusa d'avoir, tué .deuï hom-i
mes. De lui naquirent*^nbaV*père de]
ceux qui jouent de la hâ'^ë'et'tlff la ci-®
tarre, et Tubulcaïn, qûî'tièîfitîTÉSflça dej
travailler le fer et l'airaiiî^ptf'ïfanc du{
Kaïn donc sortirent les ' ïîfetïiQ^s/ jeyes,'
artisans qui forgent des K ajn^|j%f,Iet
travail des^ mines commçngal^^ cesf
maudits. . • * v>,* .1- ^ j
Si nous suivons cett&iiraèai dans la|
postérité, nous la retreruf^en'SF^tou-]
jours méchante, mais tôujàhrt'"vaift-!
eue. Ce fut la race de'^âlh 'tffifdé-*
chaîna 1^
nécessité
construisit
Sèth, substitué à Abel. î^oqs, ne^ggjj-;
Ions pas à M. Leconte de Li^ie ^e lej
« Dieu jaloux» atant aimé 1b monde^qMl;
lui a donné son Fils unique: >il ne Com-j
prendrait pas. Mais il comprend fa bien;
que Kaïn-Judas est vaincu par JAbel-?
Jésus. Faut-il descendre davantage,?, Ûn'
peut chercher dans le jnondê qbi^e;
nomme aujourd'hui Kaïn; Albel se nom-!
me Pie IX, et il est le plus fort^o
M. Leconte de Lisle a, d'ailleurs, du
talent et du savoir. On- trouve- dans
son poëme beaucoup de "vers très gro-.
tesques ; il y en a aussi qui sonVmaté^
riellement beaux. Sans l'estiméf au-*
tant qu'on fait au Parnasse contemporain,|
nous le mettons bien au-dessus 'de M.'
Ratisbonne , et même du parnassien
Coppée. Et si nous avions eu, dàn£ get
aperçu, à écrire le mot cuistre,nous
n'aurions point manqué d'y mettre un
K. • '■ ■
Louis V euillot. .*
ÊB^eause qy'après la pro
mulgation du sénatus-eonsulte ?
i 'Offfflô'usUdtti que «les Violeats ne font tort
qS%Malifo-iôêîèes; Ique' adressée au
souverain à ^instant précis où il fait de lar-
_gps. cMë^s^ri52jF e ïo^.dit "gdr." celui qui l'en
vois.^Ôùssb&rbes irès clisposé à le croire;
iÇjaJg^j^ojirraiU
immérité fait grand tort à l'agresseur. Cet
•argusmeiit ■ toueiiB-t-i#'»^Tialtfu'hn, et "n'e6t-il
des-questions d'u
tilité, il v a une.question devdignité ?
i^O"îf ^|É^^yofr ï^ijr^.fairo de'Ia réac-
.cous 'touche encore
iBtislèpysèBnfiiMwiaitidausla liberté djsoas8iéiî,"qu8 tous les esppit-s,
«àeûSéBWISsireftlffeHâ îîbéiWé- de Prnjure,qu'au-;
^(Mîi^^oteièël'gsgè "be-fleilt-Çôuloir, il serait ài
-— : --'re que Ja .ipajot-itéi les confondit à son
j'éprobaLio^ ;; c'eçU
qu'ity 'au'rtut une-véritable réuelion;
igpn^^jbert^ l%.pj£s§es.
Si uu,'«iiaiât^-4Uii-dori avoir la confiance
•de laiÛbtodice tveut->ïteÎHtenir la liberté de
-tKsfeBWôii faag^teft" iflsposer de limites, s'il
v.eutj,cç)jnipe nous le voulons, que les actes
•tfatè.
On sait que M. Clément Duvernois
vient de passer plusieurs jours à' Coqpx-
piègne. lien a rapporté un article q : e
publie aujourd'hui le Peuple, "et que
nous croyons devoir sigoaJer. M. .Du
vernois rappelle d'abord quels repro
ches ont été adressés au ministère, et il
s'attache à démontrer qu'ils ne sont
point fondés. En effet, dit-il, lesminis-
tère a accompli plusieurs choses impor
tantes, pour lesquelles il ne mérite, au
contraire, que des éloges.
Ainsi il a élaboré le sénatus-consulte
et il a fait'promulguer l'amnistie.. En
outre, il a préparé une bonne loi çurja
liberté de la presse, par l'expérience
qu'il n'a pas craint de faire d'une Fi-'
cence telle qu'on n'en a jamais vu' de;
semblable. Cfest ici et à ce propos que
M. Duvernois place la partie véritable-'
ment importante de son article inspiré-'
Il se demande si cette expérience doit
être prolongée indéfiniment,,et .ïï,^-
pond : Non, non, quoique, la majorité
des journaux soit restée étrangère 3UX
excès de quelques-uns; non^ quoique
l'Empereur soit au-dessus des injurias
dont on l'accable lui et les siens,que
le dédain lui soit facile parce qu'il e'st
fort. Quelles sont donc les raisons #e
ne pas continuer l'expérience ?; ,î>[oiis
citons : ' ' ' ! '
A uguste R ousseo..;''
L'Empereur ne se sent pas atteintj-il a
•s-!- .ai*.
raison ; mais les ndmr^é? ÇtfJjSï
i'ti
■diiegsenlî «e^affll^iaepjt^st
trop honorable pour.'«qu»tf-'oht*iwiS8«f>lÔBî5- (
•t«aipsHetiÈé6«FMïaM:i i « i 0^utf£Éatte i ^té,- îf-ne
fauf ^8S a (SîibHêr*^ffÈf
seuls,en Europeil néîfifin^to ôîiBltèi'"qûfe-
et que le respect du.jjqu.verparpQgt^es.t .iûfiig-
ipeasabiftàjla gyapdeus .h '
t.. séssesaa'meaqu»
aulte, établissant la responsabilité .îjjiiàstô-,
ipielie^'dofane' le-iTéskltat-^que. 'nous > promet- *
'■t^eiït'fiëS^t-BrrMtetirS^é Teapéét'^e IéP cou
ronne. Ne noys fi^t-on pas dit .et r'éjséié que
lAiânmnWktStJviVrtlHÏ Viln nAtin 1 f 1 ' ITtvi _
et qu'il interdise
^{^nditest cNa - S'il s'agissai t au
trement, il ne gagnerait rien auprès des li-
iBérafe», -carittW^acteûsepait »de vouloir laisser
la liber{8' i èB , l4'P , rêssè/së'ruiner par ses excès
sii. UàX -tf- J. 1 i ,
' iVouvelJes politique»
f 1 »}'»!} K ■ • '
ïJti iA lîvait- àtiiïiïntê'pour aujourd'hui un
j.miyiifeate de l'i^caper^ur. Il n'y a qu'un avis
qu'on lira plus
loin, et une liste de mutations préfecto-
si» fc'avi%préfectoral.»été placardé ce matin
tëtitt' teos les mwi/dê''Paria et a fait une cer-
^liné' sensatioir.' "Autour des affiches, il y
' ji'vait'de nombr'e,ux groupes oii l'on commen-:
tait vivèment l'opportunité de celle publica
tion*.!, .,0" • '. •• ;■ " 1
V.-.. -té t- . ■ .
On écrit de Paris à VIndépendance bul^e :
- «rlfcnlest pas iautite de savoir que de l'or-
toidables précantions-sont prises par le pou
voir pour toutes-'ISs éventualités, bien qu'on
s'arrrrrïKe' de façon'8 né se montrer qu'en cas
^'Mtëîëssité. ' "
• (i.frpia bata^Upps de chasseurs h pied oc
f.M^rynj.,]fiS|Cburs. du Corps législatif et du;
palais des afïaiF€\»#F#ngères. Un. auIre b;i-
iaiikta.isera ^an» les «ours du ministère de lu'
marine.»Deî lereesCanaidérables seront mas-)
sées dans la seconde_cou r des Invalides ou !
dans d'autres édifices adjacent s ■ de façon à ;
.pouvoir r^unir^douze ou quinze mille hom-
trelr§iËff%n''jfômWiH a i5fis TO'bésèin .'
« Ajoutons que, de-môme que le peuple a'
pris'parti pour les mineurs qui ont succombé;
à Aubin, la troupe^efe Spécialement la ligne,
-a-PfMtgfyli pourries, soldais. Les attaques di-
^îgeëâ"'pâTJa yrè&sé'COhtTô'ces soldais et'k'ur
officier ont port$ 4 à l'esaspéralion ees dispo J
sitions, teiiez^te jbaui»certain. C'est à ce point»
que l'on dè^étfpfiiStô»agtr'rinÉanterie do li
gne qu'à «efX»émité, l'esprit de
cor^S^yant là une réaction bien plus vive
que dans 1eB-'dùë#ë&' famés de notre elfeotif
witMire. « !
if ,. t'. iymto-mm-
M. Jules Skaoû4.^Jie de.jftalheur. L'autre
jouï} il déclarait n'avoir pas entendu les in-^
jures-don},-il■filait "assailli.- Il se pîaint au-
joui&tïbui de n'avoirijja^.^té. compris dans la;
'dernière réuoionoiul -s'est présenté par de-
VanTsësjù ges-électe\irs. En son' nom, la Li-
kprtè proteste contre le compte rendu qui
rapporte qué- le député s'est prononcé pour
Jfi mandat .hnpéraiif et aurait laissé ; aller
cette phrase absolument révolutionnaire : -
Nous^avon^ contre nous la conspiration
-dur mensonge et du chassepot. N'allons pas à
la place de la Concorde. Jurons tous ici de nous
'battre ; mais quatid nous aurons préparé nos
jb^ltpries>.)) ; „ . - •
+'■ Si cela dure, M. Jules Simon devra se
*àiëttre en.frais de cornets acoustiques, tant
^our lui que pour ses électeurs.
' 1 11 y a eu samedi réunion des députés de la
gauche chez M. Jules IJavre, Voici les détails
que fournit le Gaulois :
« Etaienip'rôsents' : MM Jules Simon, Picard,
Gambetta, Férry; Guyot-Montpayroux, de Jou-
vencel, Magnin, Barthélemy-Saint-Hilaire, Ta»
chardy Ordinaire, Rampont, Garnier-PagèSj d'He-
secquea. La Convocation avait étë adressée à tous
les-signataires et adhérents du manifeste.
« M. Jules Pavre, chez qui la réunion avait
"lieu, " n'est ârrivé qu'à -la fin de la séance, se
trouvant retenu au palais par suite'du procès
relatif à la réunion de Belleville.
« La discussion a principalement porté sur la
conduite à tenir durant la prochaine session,- et
sur la façon dont la bataille devait être engagée,
lors de la première séance.
M. Gambêtta et M. Picard ont surtout discuté
deux plans de conduits différents, dans une dis-
-cussion très animée, à laquelle ont pris part
notamment MM. Jules Simon, de Jouvencel,
Ferry, Gu yot-MontpffJroux ; Tach&rd et Barthé-,
lemy-Saint-IIilaire. ... i
! On s'est a peu près entendu sur l'ensemble de
la conduite à tenir; mais, des divers renseigne
ments qui nous parviennent, il paraît dès à pré
sent rertain que • lu xrauche est agitée par deux
courents très différents, tenant à beaucoup de
•causes-qu'il serait trop' long d'énutnérer ici :
une scission prochaine entre les divers éléments
.qui la composent parait dès à présent certaine.
—TT-
La Liberté ajoute :
« Ces renseignements nous sont absolu
ment confirmés.
il, sur s la ^nécessité'd® censtifuér dès-À pré
sent une sorte de gouvernement en face du
gouvernement existant, afin d'être « prêt le
objeçliona;' plusieurs membres de la réunion
ont feii observer que G3 n'était point là le rô
le d'une opposition sérieuse ; qu'aux projets
émanés (^gouvernement on oppose des cen
tre-projets, rien de mieux; que l'on use du
droit ^'initiative pour proposer ce que l'on
ferait dan# la situation présente si l'on était
t- au pouvoir, c'est parfaite
« Mais, en dehors de cela, se borner à
crier tous les jours par la fenêtre : « Vive ta
République! » et ne,rien faire du fout, est-ce
là le rôle d'une opposition ..sérieuse? Pour
vouloir trop se fai're entendre dans Ja'rue, et
plaire'aux .violents de leur, parti, M. Gam-
Joetia iet ses. amis risquent fort de perdre tout
crédit dans la Chambre et dans le pays.
' « On avait voulu d'abord présenter, le
jour de; la première séance, un ordre du jour
motivé,' blâmant le mjnigtère. Cette idée a
été écartée parce que l'pn a fait observer que
c'était. Jà une initiatiye qui convenait mieux
au tiers-parti. On se serait accordé, pour
déposer une interpellation sur les moyens
d'appliquer les principes de 1789, qui sont
inscrits en tête de Ià Constilution de 1852, et
qui sont violés chaque joui-. La gauche
trouverait ainsi lé moyen d'exposer tout son
programme. Cette idée est évidemment
juste.
« Une nouvelle réunion aura lieu, paraît-
il, lundi à Irois heures, toujours chez M. Ju
les Favre. »
Le Constitutionnel annonce, d'après uùe
dépêche de son correspondant de Vienne,
qu'^l .n'y a plus d'incertitude an sujet du
voyage du sultan en Egypte, , et que ce voya
ge est-décidé.
- haX'piistitutionnel est en retard. II y a huit
jours que cette n 'iiv .'lle n'est plus douteuse,
et nos lecteurs
correspondant de CVisuintinople."
••• te sraft.'vre du (a rédaction,
. , EsNSST Schnaitke.
PRÉFECTURE DE POLICE
' AVIS
En pèé^ence des excitations qui se produi
sent depuis plus d'un mois dans le bût d'a
mener, le ,26 octobre, des attroupements sur
la voie Oblique, l'autorité a le dévoir d'a
vertir la population de Paris que des mesu
res sont prises pour assurer- le respect des
lois et pouf "maintenir efficacement l'ordre
et la tranquillité.
FEUILLETON 'DE VUNIVEJtS
Uli 26 OCTOBKK
(Le commencement de ce feuilleton
sera envoyé à ceux de nos nouveaux
abonnés qui le réclamerotit.)
ETUDES DE MOEURS DANOISES
RIEH QU'UH VIOLONISTE
(')
XIII
— Suite —
— Maintenant, mon garçon, dit Peter
Wik, nous allons faire un tour avec Ele-
Luk-Oïl; il va nous : secouer, tu peux m'en
croire, et nous enleyer jusqu'au septième
ciel. Je vais prendre mon grog et ma pipe et
causer un brin avec toi. Tu dis donc que tu
sais jouer du violon ; voyons un peu cpmment
tu en râcles 1
Christian tremblait de bonheur en tou
chant les cordes ; il joua quelques-uns des,
plus beaux airs que lui avait appris son par
rain. . i
En vériité, s'écria Peter Wik en riant,.
ce serait une fameuse mélodiej si tu la jouais,
dans un autre ton ; c'est au moins du nord-!
arabe que tu me sers-là ! Cela monte à |la tê
te comme du vieux cognac ; ne sais-tu pas
aussi quelque chose qui vous secoue un peu
les jambes et vous" chatouille la plante des;
pieds?—Il prit le violon des mains de Chris-,
(1) La reproduction en est interdite.
tian et se mit 4 jouer, un molinaski. Puis il
questionnaChristian sur sa maison et sur son
frère. — Aussi pourquoi, M'dU-il, 1 es-lu 'si
nigaud? Il faut taper à ton tourV donne-lui
quelque bonne gourmade sur la théière et
fuis-lui tourner le bec "d'un autre télé !-—
Vendre ton violon f niais c'ést un crime I II
était temps de'voler de les propres allés,
tu ne le pouvais pas et c'est pour cela que tu
es parti. Diable !'il vente souVent-plus fort à
terre que sur nier! Que faisait donc ton père,
le tien ?
Christian le lui dit.
— Je no l'ai pa^ connu, dit Peler Wik.
Mais c'élailun maître-homme, quoi qu'il fût
tailleur.
—c Que ne puis-je, moi aussi, soupira
Christian, voyager dans les pays étrangers!
Comme je voudrais rester ici, sur le bateau!
— Il saisit, la main du marin et jeta sur lui,
un regard aussi expressif que ses paroles.
— Si ta mère y consentait, tu pourrais
rester ici; j'ai besoin d'un jeune garçon;
mais je t'en préviens, nous ne serons pas
tous ie3 jours au port. Nous irons aussi
dans des parages où la Lucie bondira sur îes
vagues et le couvrira d'eau glacée ; tu rece
vras dans l'inlervalle dts calottes et de bo'hs
coups de poing et tu ne pourras plus alors
prendre' la clef des champs, mon garçon.
Ii n'y aura pas tous les jours du café et
du pain blanc, Comme aujourd'hui. Main
tenant va dormir dans ton petit lil; lu y
seras comme dans l'un des tiroirs de' la
commode maternelle.
Peter Wik s'assit sur le pont avec son
grog et sa pipe, et Chrislian alla se coucher.
Une filiale confiance en Dieu remplissait son
cœur ; c'était comme si le ciel fût descendu
.en lui. ■ '
Il se leva le lendemain de lrè3 bonne heu
re, comme il en avait l'habitude, ce qui pro
duisit une bonne impression çur le marin.,
— Tu fais comme les poules, tu es debout
avant l'aube. J'aime ça! Tu ferais mieux en
core si tu volais au • pays pour en rapporter
tes papiers'bien en règle et la permission de
ta mère pour lever l'ancre. Dieu me pardon
ne, le voilà qui geint? Tu es un vrai poisson
de'mer! ' '
— Il reste avec toi, mon oncle! dit Lusie,
quand elle arriva et entendit les sanglots de
Christian. Ma mèrè ira dès ce soir chez ses
parents et leur dira foiit. Il- n'a personne qui
soit pour lui un bon oncle comme tu l J es
pour moi! ' " •••• * ' • i
• Et elle passaitdoucement ses petites mains
sur les jouefe ridées de son oncle.
— Regardez ; "voilà bien les manières de
feu' Mme Pèter Wik, quand elle voulait;
apaiser un orage. Les femmes sont en vérité;
de d'ôles de comédiennes !
Lucie continua avec son irrésistible élo
quence, et Christian put rester sur le bateau
jusqu'à ce qu'il connût Ja décision de ses pa
rents à son égard. -
Dès le lendemain, à midi, Marie arrivait à
Svendborg; elle était seule; elle' découvrit
bien vite~le bateau, et embrassa l'enfant
tout en lui faisant une verte réprimande. ■
— Dieu du ciel ! t'en aller- ainsi loin de
nous ! C'est ton père trait pour -trait! M'a-
t-il assez causé de chagrins,' lui aus
si? Ne crois - pas que je veuille te battre,
quoique tu l'aies bien mérité ! Va mainte
nant essayer de la vie chez les étrangers. Je
sais trop tout ce 'que* j'ai souffert avec ton
père ! Crois-lii que je me serais remariée si
tu n'avais pas été là? Je ne suis pas sur des
roses, crois-le bien, mais tu n'es qu'une pau
vre petite femmelette. Pars donc avec le ba
teau, et s'il périt corps et bien, je n'en aurai
que plus de chagrins encore 1
Tel fut à peu près l'entretien à la suite du
t——"— r..-. —— 1 . 11 . ,» ;—
quel Christian devint mousse. Une^sspèçe
de conlrat fut signé; la seule clause réel
lement due à Bon initiative fut qtf'îl Souf
rait faire usage du violon du marin; il avait
balbutié cette condition quand oh lui«.va.it
demandé s'il avait bien tout compris. Il ne
lui restait plus qu'à faire connaissance avec
l'habitacle, avec lu l'oc et avec la misâirre,"ét
bientôt il s'élança dans les cordages comme
un écureuil; quoiqu'il ne se l'ut jamais exertiê
à grimper ni à sauter.
• XIV a '■
Je vois du fcord "du navire • ' 4 " ~
Jusqu'au fond des flotSi • " J
Le roi de lai mer à son poste
Est assis dans l'ombre profonde^ ~
On dirait qu'il sommeille, \
Sa longue barbe sur-sa harpe,";" »
Les navires vont et viennent 1 ■>
Sur sa tête ; il les remarque à paiae,
De.pon bauc do corail,, ^
Et il les salue comme dans un songe.
EICHHNDOR^.'"
Le 18 octobre, tout fut.prêt à boFd-potrr le
départ. L'équipage se composait, sans comp
ter Peler Wik, de trois matelots et-de-deux
passagers. L'un d'eux était une -'vieille'gou
vernante, qui- avait appartenu- au-(t-béâtse,
mais des considérations morales, disaiitsdile,
le lui avait fait- quitter ; elle-faisait ides-ver^,
mais des vers allemands, la-langue alleman
de pouvait seule traduire ses sentimjrnt él^»
•véSi Elle' se rendait à Copenhague^ ohfca iiti
noble et puissant personnage. Le deuxième
passager était un habitant de cette .dernière
ville* Il portait le titre de.conseille», de la
guerre, que l'influence de sa femme lui avait
lait obtenir. -t k ... ..i.-
, î
■ Le bateau passa, toutes voiles dehors, de
vant Sainl-Jœrgenshof et le village des^pê-
cheurs, et se lança dans l'immensité du &ion-
m
d^po,?pme jl sembla à Christian ; pour lui,
que ce fût la Chine ou- Copenhague, c'était
IfJtijdiSrs aussi toin; loujouis aussi nouveau.
Ils.'doublèrent-'Té8 îles-et-esntrèrunt en pleine
trieri r ■
' L^-'dëhx pufcêagei%
vàit'en-'^ae de J ®ï t oè J *ltfconse J ller de la guerre
avait'déjà race^lé,-aved volubilité et dans
toraS'Ieurs détaiîsj'ses joies et ses douleurs.
II éttit aussi poëte, et 'avait écrit dans son
téte^s,' «^h9u un -péeedonyme, dans le-Cour
tier itÛSoir etj^aué'^çs Ètrennes de Pojulstn.
Sa spécialité était l'élégie; du reste, il faisait
aûSsv-des'-eatatog'ues.d-'eitchôres, de la' crili-
qué ét ipiel qu es j peti ts ' tuavaupi 1 i t lé rai res.
— Mais, disait-il, il n'y trouvait aucun
■^aiàirf-On-épluche; oa épluche pouV trou-
défitUfs;---t¥svuil. ..ijpgra-iet quand on
les'fflet fous iea yeux des auteurs, ils devien-
GëttiM initalïLe, comme on les
appelf^Je tee-siHs-gBeneé ; dant> tous les ihq-
di'S qu'Horace a employés, strophes asclér
pàadiques, strophes -alcaïques ou saphiques ;
ce soktJï d«»s rhosèa »dont nos auteurs mo-
tfefneS' n î'6'ocpupenl -guère, et ee mépris est
«rue? pour un -homme de goût nourri des
■eifesai^tle&fJ^i-'élwé k .voiï, jj-ai écrit con
tre celte tendance, je me suis dépité , maiç
j'èiftrf'Vexé bfeip Vautres ; ils m'ont oui blé
de^éar^pigraiûSHjgfffiaiB jB ne lia dans les
qtie ccr qae-j3toàs moi -même»
Ce fut alors que je reçus, par la poste, le
fourra- ffion âwiivfcrsaise, un petit papier
' qu'jaa vers grossier^ j'y
^ai$appelé-"Z?*/âsema«il v ,avee deux.s, quoique
i*ét^fao!ogie du mot. soit 2?«se, quLsignifle
un'vaisseau da.-pirate, comme ceux quijdéso-
4aîëi#fadi$ no»:cdtea^ies pirates à leur bord
Rappelaient alors Busémann. Il est scanda
leux que des gens qui savent à peine épeler,
veuillent* se- môler d'écrirç, c'fist opmme si
l'on voulait prononcer un discours, quand on
n'a plus'de dents. Voilà une pensée dont jo
vais prendre noie, dit-il en s'interrompant
lui-même, et, tout en la répétant entre ses
dents; il l'écrivit au crayon.
— Voyez-vous, madame, je ne laisse rien
perdre; quand je trouve,, ce qui m'arrive
souvent, une pensée originale, vite, je l'é
cris; car il faut que vous sachiez* que je me
suis chargé de copier les rôles dans notre
troupe dramatique, et que j'ai dans mon ti
roir, absolument comme Jean Paul (1), une
foule de pensées écrites sur de pelits papiers,
et je les glisse dans les rôles. Cela produit un
excellent eilei. -
La gouvernante raconta à son «tour qu'elle
tenait son^ournat jour par jour, depuis onze
ans, mais qu'il était écrit en allemand.
_i Si Jpsj^eux passagers étalaient ce comique
vyjgaire qu'on rencontre à chaque pas dans
la via réelle, ils présentaient aussi ce côté
poétique etf touchant qu'on découvre chez
tousses hpmmes, ne. lût-ca qu'un instant,
mais qu.'Qû trouve enfin. Il y avait raême,
(Jans ks_ ridicules de la gouvernante, quelque
chose d'allendrissanl. Pendant une année
entière, elle n^avait véçu que de thé, c'était
tout i e qu'un travail acharné, sans trêve ni
repos,, luif^vait permis de se donner; son
jdée l\xbut. Le conseiller de la guerre restait fidèle
au passé, rie'i qu'au p^sgé,' maisjqu'y faire?
Le Ciel pe lui avait pus accordé, comme aux
hommes'do,génie, le double visage de Janus,
qui voit aussi clairement l'avenir que le
passé.
SouS les rayons ardents du soleil de midi,
voguait le navire, cette fleur de la.mer, que
le vôot chassait du golfe dans la pleine mer,
(I )*Jo£h-Paul Rlchtor," célèbre écrivain aile»
mand. . " i
\
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