Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1869-03-14
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 mars 1869 14 mars 1869
Description : 1869/03/14 (Numéro 686). 1869/03/14 (Numéro 686).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6979597
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
N* 686— Edition quotidisnne
fr;
31
16
'.toiica :
Un an.
S|x me
Trois i
Htriîîte libre-penseuse que lui ? Tajley-
Vaiiâ Ifut prêtre, il fut évêque, c'est
"vr$i: Erreur de jeunesse ! Mais à comp-
JeiwL^eé cette rigueur et à se souvenir
ainsi de tout, qui sera trouvé assez pur?
ÀK Sainte-Beuve lui -même n'a-t-il pas rô
dé sur les frontières du pays mystique?
Avant qu 'il fût l'idole du quartier latin,
cette jeunesse qui vénère en lui le pou-
tife le plus offieiànt de l'athéisme, l'a
vait sifflé pour des méfaits césariens.
Il faudrait un peu d'indulgence entre
libres-penseurs. S'ils exigent le$ uns
des autres une constante pratique de
toutes les vertus, leur église périra
On n'est pas libre-pënseur pour se don
ner, lai. discipline sur la chair ni dans
l'âme ; on ne devientpas athée pour mé
riter la vie céleste, ni même le prix
Monthyon! Libre penseur, libre-faiseur,
libre-viveur, voilà, sinon la théorie,-du
moins la pratique,, ou ce ne serait pas
la peine de secouer le joug. A quoi bon
expulser Dieu dès que l'on devrait gar
der ses commandements ?
Talleyrand, Evêque, s'est mfcrié, et il
a fait mauvais ménage. Voilà une répa
ration qui devrait suffire. Certainement
^LSainterBeuye n'a pas .mieux racheté
ses premières tendances pieuses; il ne
compense pas mieux les pentes jan
sénistes , qui compliquent d'un rigo
risme très illogique sa morale sou
vent-assez relâchée. La nature de Tal
leyrand, restée fine., et même, au
fond, fière, lui. interdisait certaines bru
talités. S'il avait institué les dîners gras
du .Vendredi-Saint, s'il avait voulu con
quérir une popularité de cabaret et de
tabagie, au lieu de la popularité d'aça-
démiè et de salon qui amusa ses der
nières années, il pouvait se faire cette
violence,il s'en était fait d'autres, et réa
liser ce bénéfice'. Les suffrages du poète
Barthélémy remplaçaient alors ceux
du. vertueux TsJ. Droz et du candide M.
Mignet. Mais en quoi Talleyrand eût-il
par là davantage justifié les complai
sances du monde? .11 descendait sim
plement vers, une couche sociale plus
basse et plus servile; il commettait
une grossièreté de plus, il n'avait pas
un vice de moins.
Et puis, où est le mal, en libre pen
sée, d'être « orné » dé tous les vices?
M. Sainte-Beuve, si acre devant le
triomphe académique de Talleyrand,
s'irrite contre le propos de Cousin, qui
osa bien, en cette occasion, rappeler
Voltaire. Il trouvé que Cousin faisait in
jure à l'auteur de la Pucelle, en lui com
parant ce renard d'apostat, qui arrivait
enfin à croquer tous les raisins mûrs de
la classe, morale et politique, dont plu
sieurs, demeurent trop verts pour Vol
taire et pour ses petits. Furieux, en vrai
fanatique, il entre incontinent dans l'é-
toge le plus ridicule de Voltaire, consi-
iéré comme bienfaiteur du genre hu
main.. ; ....
C'est la thèse et presque le style du
aon vieux M.,de la Bédollière (il ne ra-
eunit pas celui-là !) : « Voltaire était
x sincère, passionne, ..possédé" jusqu'à
:< son dernier soupir du désir de chan-
i ger, d'améliorer, de perfectionner les
< choses autour de lui... 11 repoussait
x avec horreur ce qui lui semblait faux
< et mensonger... Dans sa noble fièvre
i perpétuelle, il était de ceux qui ont
< le droit de dire :Est Deus in nobis... »
)u propre, du pur, la Bédollière ! il n'y
audrait que 1© mot moraliser. Voltaire
noralisateur ! M. de la Bédollière ne
'eût pas omis ; M. Sainte-Beuve est
noins simple, et.son ivresse voltairien-
îe ne lui fait pas à ce point heurter
es murailles et expectorer ses secrets,
/lais enfin, voyons, en bonne foi, est-il
liable que notre grand et utile Voltaire
itait « orné de tous les vices »? Vices pri-
r és, publics, sociaux, nationaux et in-
ernationaux; est-ce qu'il s'en fallut
['un.seul? Est-ce que l'hypocrisie mè
ne y manque ? Est-ce que cela n'allait
ias jusqu'à la réception des sacre-
nents ? >
Pourquoi donc êtes-vous si dur à ce
iauvre Maurice de Talleyrand-Péri-
ford ? Lui du moins il resta Français; il
Le renia pas, n'insulta pas, ne trahit
ias la patrie.
Au lieu d'une académie de lettrés et
e gens du monde, comme la cmquie-
oe chambre de l'Institut, ou d une sy-
tagogue turbulente et ignare comnle
î public du bon. vieux M. de la Bedol-
ère,"supposons un 1 tribunal véritable,
îgitimement sorti des entrailles de la
'rance, nous ne disons pas de la vieille
'rance catholique, mais de la France
3lle qu'elle est, avec son contingent
'ineredulté, maisavec sa probité. De-
ant cette magistrature, qu'on appelle
es deux hommes, Voltaire et Talley-
and, qu'on fouille bien leur vie, qu'elle
Dit tout entière épluchée, qu'on enten-
e les témoins, qu ! on lise les pièces :
;quel sortirait plus écrasé, plus honni,
éclaré plus bassement, plus ignoble-
îent, plus persévéramment coupable,
lus traître au don de Dieu et de, la
rance,'moins homme de cœur, moins
hrétien, surtout moins Français? Nous
royons, nous, que.Talleyrand rece-
raat un second triomphe. 11 peut avoir
ommis le plus grand crime, puisqu'en-
n il abjura son sacerdoce ; mais iesjyil
t obstiné coquin, le menteur, le souil-"
sur, le haineux, le lâche, c'est Voltai-
j, c'est lui ! * a
Quand M. Sainte-Beuvê dit que Tal-
lyrand était orné de tous les vices, il
e dit pas assez à son gré. 11 lui repro-
lie,' croyons-nous, quelque chose de
lus, une chose à ses yeux qui eondam-
e et damne ce libre penseur, d'ailleurs
consommé et si méritant. Cette cho-
3, ce forfait, c'est une seconde aposta-
e,qui emporte tous les lauriers et tous
!S fruits de la première. Talleyrand
est repenti ou a paru se repentir; il
s'est, sincèrement. ou officiellement ré
concilié avec l'Eglise ; il a, en un mot,
apostasie la libre pensée. Voilà l'irrémis
sible et ce que M. Sainte-Beuve ne peut
pardonner. Il ne le dit pas tout à fait,
mais l'on en juge aisément au soin qu'il
se donne, jusqu'à la minutie, pour éta
blir, que la, conversion ou plutôt la ré
tractation de Talleyrand fut un-dernier
jeu, un dernier mensonge, et qu'il vour
lut simplement épargner à sa famille
l'indécence d'un enterrement civil,
peut-être tumultueux.
Nous ne toucherons < pas ce point.
Assurément, il y a du louche. Mais
Dieu sait ce qui est vrai. Dieu, n'attend
pas la publication des Mémoires de
Talleyrand pour connaître le fond dû
cœur de cet. homme qui a tant trom
pé les hommes, et, suivant l'usage de
ses pareils, s'est encore plus trompé
lui-même. Il nous semble seulement
qu'ici la passion de M. Sainte-Beuve em
piète sur les droits de là libre pensée.
Si M.'de Talleyrand, à sa dernière heure,
n'a pas craint de se jouer de Dieu pour
jouer encore .le monae, il est resté bon
libre-penseur, et M. Sainte-Beuve a tort
de lui refuser les hommages dus à la
persévérance. Est-ce qu'un libre-pen
seur n'est pas libre de choisir son jeu
et de le jouer comme il lui plaît?
Non! ces messieurs ne l'entendit
pas ainsi. Il faut faire acte de foi, Vest-
à-dire d'impiété, et bien visiblement
mourir là-dedans, pour l'édification du
peuple! Quiconque a seulement l'air de
mourir dans l'Eglise catholique, meurt
hors de l'église athée, et l'Evêque pro--
nonce l'anathème. Anathema sit ! On
voit que M.. Sainte-Beuve prend ses
fonctions au .sérieux.
Pauvres hommes ! Et il plaisante en
core sur la devise dèsTalleyrands appen-
due partout aux tentures funèbres : Re
que Dioul c'est-à-dire Rien que Dieu!
ou, suivant la traduction plus hautaine
et non moins chrétienne de la famille :
Roi que Dieu ! Athées, vous auriez d'au
tres réflexions à faire. Traduisez comme
vous voudrez et vivez comme vous vou
drez, c'est la devise de toutes les funé
railles, des vôtres aussi. Rien ne de
meure que "Dieu, nul ne règne que
Dieu,.et toute la gloire, et toute la pom
pe, et tous les festins, et toute la force
de ce monde, tout ce que vous en avez,
ne sont que présents de Dieu, et pré
sents de nul prix.
Louis V edillot.
Nous recevons de M. l'abbé Roy, curé
de Neuilly, la lettre suivante :
Paris, le 13 mars 1869.
Monsieur le directeur, t
Si, dans votre journal d'hier, vous voulez,
par la lettre R, me désigner comme étant
l'auteur de. la divulgation de la lettre du
Saint-Père à Mgr l'Archevêque de Paris, en
date du 26 octobre 18(55, permettez-moi de
compter sur votre loyauté pour rectifier cette
erreur. -
J'ai, il est vrai, et depuis longtemps, entre
les mains une des copies de cette dépêche,qui
m'a été remise sans condition ni réserve
d'aucune sorte.
Mais il est inexact que j'aie jamais tenté
de la faire insérer dans un journal parisien
ni dans aucun autre. ■
Il est également inexact que je l'aie jamais
confiée à qui que ce soit pour en faire cet
usage, ainsi que j'ai eu l'honneur de l'attes
ter spontanément à S. Exc. le Nonce aposto
lique et . à S. Em. le Cardinal secrétaire
d'Etat de Sa Sainteté.
Que si, conformément aux intentions de la
personne de qui - je tiens ce précieux docu
ment, je lui ai emprunté, dans mes mémoi
res ou devant les tribunaux civils, quelques
citations qui avaient h ma cause un trait di
rect, ç'a été uniquement dans l'intérêt de ma
défense, et pour presser l'exécution de la sen
tence pontificale du 29 août 1864,qui, jusqu'à
ce jour, est demeurée lettre morte.
Veuillez agréez, Monsieur le directeur,
l'assurance de ma haute considération.
. P. Rot, curé de Neuilly.
Demeurant provisoirement rue
de Monceau, 90, à Paris.
La ville de Paris, ses cimetières, son
prefet, ses travaux et leur légalité reve
naient aujourd'hui au Corps législatif.
Ne sortirons-nous pas de cette ques
tion? faut-il la voir entrer par toutes
les portes, par celle des interpellations
aussi bien que par celle des proposi
tions?. Cette dernière^'est la plus fré
quentée, et la procession des cfédits se
presse pour y passer. f
II , s'agissait du Luxembourg et du
Trocadéro; comme toujours, ici (et là,
les faits sont engagé^ et accomplis^ il
faut les ratifier par un subside de trois
millions pourrie TrôcadéFO, par un or
dre d'aliénation des parcelles détachées
désormais du jardin du Luxembourg..
•L'éternelle question des prérogatives
du Corps législatif et de la légalité dtes
procédés administratifs était posée.
Pour le Trocadéro, M. le ministre d'Etat
a déclaré que les travaux avaient été
exécutés d'urgence par la ville de Paris,
à ses risques et périls ; elle touchera
l'indemnité de trois millions qu'elle ré
clame si le Corps législatif veut bien la
voter. Elle supportera la perte de cette
somme qui lui est légitimement due si
le Corps législatif la refuse. La Ville, a
dit le ministre, a accepté cette condition
aléatoire. Trois millions de plus, trois
millions de moins ne sont pas pour elle
une affaire. Si le Corps législatif lui re
fuse cette somme,'oùla Ville la preri-
ara-t-elie? Si le Corps législatif, au con
traire, vote "la propos! lion -m i n is 1er i ei 1 e,
où trouvera-t-il les fonds?
Dans l'un ou l'autre cas, le trésorier
n'est-il pas Jacques Bonhomme? et
Jacques Bonhomme n'a-t-il pas le droit
de dire que de toutes manières on l'o
bère et on l'écrase, et qu'il eût mieux
aimé garder 19 millions dans son escar
celle que de jouir.de la place du Troca
déro? Il peut le dire certainement, sans
outrager les travaux de la place du
Roi-de-Rome, ni les avenues qui y abou
tissent, ni les rampes, ni les gradins qui
\ioscendent vers la Seine. Il peut le ai- ;
re, mais il doit payer! Voilà ce qui le
fâche un peu : et vraiment MM. les mi
nistres auraient mauvaise grâce à se
dépiter et à s'affecter de la mauvaise
humeur que témoigne ce pauvre Jac
ques Bonhomme i
La légalité est sauve, disent les minis
tres, et les travaux sont admirables !
Soit, mais la bourse est mal à l'aise,
les impôts sont durs: quelque ménage
ment eût été d'une sage politique. M. le
préfet de. la Seine ne.,1e comprend peut-
etre pas encore : M. .'le ministre d'Etat
commence à l'entrevoir.
Cette affaire du Trocadéro se compli
que d'ailleurs de celle d'un cimetière,
le cimetière de Passy, dont M. de Las-
Cases a pris énergiquement la défense.
La ville de Paris s'est engagée à le res
pecter, disent les commissaires, et per
sonne ne songe à l'attaquer. En fait, une
partie du cimetière est absorbée par la
place de Rome, une autre par une rue
circulaire, une troisième par un boule
vard. Sur 874 concessions à perpétuité,
400 seront expropriées ; et le respect
.que la ville de Paris s'est engagée à
garder ne couvre pas le cimetière.de
Passy, mais s'entend des convenances
à garder dans le déménagement des
iflorts." Le rapporteur de la commission"
et le commissaire du gouvernement ont
bien déclaré que ce déménagement ne
se faisait pas sans le consentement des
familles ; et, sur 400 expropriations à
faire, on a déjà 250 consentements. La
légalité encore est sauve ; mais n'y a-
t-il là qu'une question de légalité? Le
gouvernement de la France, en est-il
venu à ne compter avec aucun autre
sentiment? Le respect des morts n'est-il
pas un des gentiments qui honore le
plus un peuple ? Faut-il que ce soit le
gouvernement qui apprenne à le fouler
aux pieds? Quelle moralité dans ce dé
bat entre l'administration et les famil
les ? Combien te faut-il d'argent pour la
cendre de ton père ? Y a-t-il au monde
quelqu'un pour faire ou pour entendre
une telle proposition? Ce n'est pas là
une question d'argent. Tout le monde
en tombe d'accord. Alors comment se
fait l'expropriation? Gomment sont obte
nus les consentements? Quelle pression
a-t-on exercée sur les meilleurs senti
ments des citoyens pour les amener à
donner les mains à la profanation que la
Ville médite ? Ces deux cent cinquante
consentements acquis désormais à la
-Ville de Paris ne démontrent-ils pas
l'excès de la loi d'expropriation, et l'im
puissance des citoyens isolés devant
l'action publique, contraints et violen
tés de toutes façons, dont on épuise
la bourse, dont on offense les senti
ments religieux et naturels! Ah! qu'el
le est belle et forte la liberté que nous
ont faite quatre-vingts ans de révolu
tion et les immertels principes de 1789!
Tu profaneras la tombe de ton père !
Malgré tout, dans cette discussion, le
Luxembourg passionne la Chambre en
core plus que le Trocadéro. Assurément
le gouvernement en allant de l'avant
dans cette dernière entreprise, en bra
vant l'opinion unanime et en enga
geant les choses de façon à les rendre
irrémédiables, ne s'est pas rendu comp
te de la puissance du sentiment cju'il
froissait. Encore une fois, la légalité est
sauvé, du moins on le croit; et M. Vui-
try, aux applaudissements d'une partie
3e là droite, a démontré, en réponse à
M. Segris, que le changement d'affecta
tion du domaine public relevait légale
ment du pouvoir exécutif. M. Segris
avait fait une distinction entre le do
maine public et ce qu'on pouvait appeler
le domaine national. M. Thiers avait fait
la même distinction, pour ce qu'il appe
lait les monuments nationaux. Il de
mandait si un simple décret était suffi
sant pour changer l'affectation d'un
monument national, commeles Invalides
ou les Tuileries ou le palais de Fontai
nebleau, autrement dit et sans euphé
misme, pour détruire ces édifices, tandis
que la nécessité de l'intervention du
Corps législatif était nécessaire pour
aliéner les terrains, désormais sans
valeur, de' ces monuments détruits.
Cela ne lui paraissait pas raisonnable :
mais M. Vuitry prétend que ce 1 a serait
légal, très légal.
M. le ministre d'Etat a déclaré que
dans les ridicules hypothèses qu'on
posait, il fallait supposer dans le gou
vernement unecomplète insanité d'es
prit.
L'insanité d'esprit s'est-elle montrée
à propos du jardin du Luxembourg?
Cette question peut-elle être discutée,
si celle de la légalité est hors de cause?
Le jardin du Luxembourg n'était pas
seulement un des ornements et une des
gloires delà capitale : c'était le bien des
pauvres, leur campagne et leur lieu de
plaisance. C'est ce que le gouverne
ment n'a pas senti. 11 a cru facile d'em
piéter sur ce bien commun—ne fait-on
pas bonmarché d'un bien commun?—et
la ville de Paris a essayé de battre mon
naie avec l'air, l'espace, la récréation
et la joie des populations. C'est ce qui a
indigné l'esprit public. Quoi ! cette ville
de Paris, si riche, qui s'engage si cava
lièrement dans les travaux du Trocadé
ro, en soutenant que trois millions ne
lui sont de rien! On me les doit, disait-
elle ; si on ne me les paye pas, je m'en
passerai; une personne de ma sorte ne
barguigne pas pour si peu de chose !
Cette ville, d'ailleurs, à qui l'on ne re
fuse rien et que l'on vient de doter de
465 millions, a pu, dans l'espoir d'en
caisser quelques écus, détruire un lieu
unique au monde : car cette pépinière
ravissante, toujours pleine ,d'oiseaux,
de fleurs et d'enfants, cette oasis de
paix et de lumière:, éloignée > de : tout
bruit, où l'on pouvait se croire, la ma
tin surtout, transporté dans la plus fraî
che campagne, formait un ensemble
qu'on ne pourra recréer nulle part,-,et
qu'on s'estimerait heureux de rempla
cer au prix.de milliards. .
C'est un acte de vandalisme. Il est lé
gal, dit le ministre, soit; mais,aussi il
est impolitique et insensé ; plus impo-
litique assurément, plus: insensée que
l'exemple invoqué par M. Segris, com
me une impossibilité absurde : la des
truction de la salle même du Corps lé
gislatif, en vue d'un percement de la
rue de Bourgogne. On trouvera pour
notre Corps législatif des salles de séan
ces tant qu'on en voudra. Les pierres et
les architectes ne manquent pas. On ne
trouvera nulle part, à aucun prix, ce
qu'on a détruit au Luxembourg ! et nous
le répétons : c'était le bien des pauvres,
c'est ce qui fait que la folie est devenue
une iniquité. Le sentiment public ne
s'y est pas trompé,- l'émotion du Corps
législatif n'en est que l'expression.
L éon A ubinea.u.
On lit dans l' Osservatoré romano :
Notre correspondant de Florence nous fait
mention d'un bruit que l'on a fait courir à
Florence avec malignité : et que nous voyons
reproduit par les journaux étrangers. Nous
voulons parler dès rumeurs qui s'obstinent
à vouloir l'extinction de l'astre glorieux qui,
de Rome, éclaire tout le monde, en dépit de
ses implacables ennemis.
Le Saint-Père Pie IX, dont le long et glo
rieux pontificat renferme déjà tant d'événe
ments capables d'immortaliser un siècle, n'a
pas, Dieu merci, terminé sa carrière, et la
divine Providence, qui le réserve encore à de
grandes choses, lui conserve une santé si ro
buste que tout fidèle, à la vue du vénéré
Pontile, se sent ému de la fraîcheur, de la
sérénité et de la sainteté que respirent ses
nobles traits.
Souscription pour le Jubilé
du Saint-l'ère
(18 e liste.) •
Montant des listes précéden
tes 38,178 25
M. le comte de Ségur-Lamoi-
gnon, ancien député 100
Louis, Valentine, Mathilde dê
Ségur-Lamoignott 1 15
Un premier vicaire d'une pa
roisse de Paris 100
Un prêtre, au Mans, pour les
noces du Saint-Père 50
Mlle Marie'Lévesque', au Mo-
nastier (Haute-Loire) 20
M. l'abbé Chaboisseau, pro fes-
seur. Sommes recueil
lies et sa modeste of
frande ; 50
Offrande venant de la Char.- "
treuse de Vauclaire
(Dordogne) 50
Mlle Claire-Isabelle D..., de
Condom (Gers) 50
Une anonyme, ib. 5
M. l'abbé Alguié, aumônier de
l'hôpital, ib. 10
Un enfantdévoué à Pie IX, ib. 1
La conférence Saint-Vincent
de Paul, du petit sémi
naire de Digne ^ 50
Le conseil de l'Adoratipn-Ré-
paratrice. Chapelle des
RR. PP. Maristes, à
Toulon 100
Un enfant dévoué du Pape, à
Cuers (Var) 50
M. et Mme Guillemin, d'Aire-
sur-la-Lys 20
Mlle Laure Guillemin 5
M. et Mme Léon Guillemin 5
Eugène et Berthe Guillemin 2
La filleule d'Arthur Guillemin 3
Arthémise Delva 1
M. Jules Muller, économe des
hospices d' Aire 3
Le collège de Rambervillers
(Vosges) 86
Le supérieur, les professeurs
et les élèves du petit
séminaire d'Agen (Lot-
et-Garonne) 165
MM. Chrétien, curé à Bauro-
gne (Haut-Rhin) 20
Musy, curé de la Tour-de-.
Sçay, et quelques per
sonnes de sa paroisse
très dévouées au Sou
verain Pontife (Doubs) 15
Bonnot, curé de Cazeneu-
ve (Vaucluse), à Pie IX
Qu'envers et contre tous son pou
voir garanti
Rentre dans tous les droits dont le
[Ciel l'a nanti. 5
Quelques professeurs du petit ;
sémin. de Meximieux
(Ain)- . _ 33
MM. Richepanse, curé de Si-
mard (Saône-et-Loire)^ 10
Laurent, aumônier à Nî
mes (Gard) 10
l'abbé Sauret, chanoine
honoraire, archiprêtre
v de Serres (Htes-Alpes) 5
Une malade qui se recomman
de au successeur de ce-
•" , lui dont l'ombre gué
rissait les malades 5
M. l'abbé Jame, chanoine ho
raire, archiprêtre de
Saint-Bonnet (Hautes-
Alpes), ferme croyant à
^l'infaillibilité du Pape
et au Syllabus 10
Sa servante 2
Une famille de Serny (Pas-de-
Calais) , qui demande
fr;
31
16
'.toiica :
Un an.
S|x me
Trois i
Htriîîte libre-penseuse que lui ? Tajley-
Vaiiâ Ifut prêtre, il fut évêque, c'est
"vr$i: Erreur de jeunesse ! Mais à comp-
JeiwL^eé cette rigueur et à se souvenir
ainsi de tout, qui sera trouvé assez pur?
ÀK Sainte-Beuve lui -même n'a-t-il pas rô
dé sur les frontières du pays mystique?
Avant qu 'il fût l'idole du quartier latin,
cette jeunesse qui vénère en lui le pou-
tife le plus offieiànt de l'athéisme, l'a
vait sifflé pour des méfaits césariens.
Il faudrait un peu d'indulgence entre
libres-penseurs. S'ils exigent le$ uns
des autres une constante pratique de
toutes les vertus, leur église périra
On n'est pas libre-pënseur pour se don
ner, lai. discipline sur la chair ni dans
l'âme ; on ne devientpas athée pour mé
riter la vie céleste, ni même le prix
Monthyon! Libre penseur, libre-faiseur,
libre-viveur, voilà, sinon la théorie,-du
moins la pratique,, ou ce ne serait pas
la peine de secouer le joug. A quoi bon
expulser Dieu dès que l'on devrait gar
der ses commandements ?
Talleyrand, Evêque, s'est mfcrié, et il
a fait mauvais ménage. Voilà une répa
ration qui devrait suffire. Certainement
^LSainterBeuye n'a pas .mieux racheté
ses premières tendances pieuses; il ne
compense pas mieux les pentes jan
sénistes , qui compliquent d'un rigo
risme très illogique sa morale sou
vent-assez relâchée. La nature de Tal
leyrand, restée fine., et même, au
fond, fière, lui. interdisait certaines bru
talités. S'il avait institué les dîners gras
du .Vendredi-Saint, s'il avait voulu con
quérir une popularité de cabaret et de
tabagie, au lieu de la popularité d'aça-
démiè et de salon qui amusa ses der
nières années, il pouvait se faire cette
violence,il s'en était fait d'autres, et réa
liser ce bénéfice'. Les suffrages du poète
Barthélémy remplaçaient alors ceux
du. vertueux TsJ. Droz et du candide M.
Mignet. Mais en quoi Talleyrand eût-il
par là davantage justifié les complai
sances du monde? .11 descendait sim
plement vers, une couche sociale plus
basse et plus servile; il commettait
une grossièreté de plus, il n'avait pas
un vice de moins.
Et puis, où est le mal, en libre pen
sée, d'être « orné » dé tous les vices?
M. Sainte-Beuve, si acre devant le
triomphe académique de Talleyrand,
s'irrite contre le propos de Cousin, qui
osa bien, en cette occasion, rappeler
Voltaire. Il trouvé que Cousin faisait in
jure à l'auteur de la Pucelle, en lui com
parant ce renard d'apostat, qui arrivait
enfin à croquer tous les raisins mûrs de
la classe, morale et politique, dont plu
sieurs, demeurent trop verts pour Vol
taire et pour ses petits. Furieux, en vrai
fanatique, il entre incontinent dans l'é-
toge le plus ridicule de Voltaire, consi-
iéré comme bienfaiteur du genre hu
main.. ; ....
C'est la thèse et presque le style du
aon vieux M.,de la Bédollière (il ne ra-
eunit pas celui-là !) : « Voltaire était
x sincère, passionne, ..possédé" jusqu'à
:< son dernier soupir du désir de chan-
i ger, d'améliorer, de perfectionner les
< choses autour de lui... 11 repoussait
x avec horreur ce qui lui semblait faux
< et mensonger... Dans sa noble fièvre
i perpétuelle, il était de ceux qui ont
< le droit de dire :Est Deus in nobis... »
)u propre, du pur, la Bédollière ! il n'y
audrait que 1© mot moraliser. Voltaire
noralisateur ! M. de la Bédollière ne
'eût pas omis ; M. Sainte-Beuve est
noins simple, et.son ivresse voltairien-
îe ne lui fait pas à ce point heurter
es murailles et expectorer ses secrets,
/lais enfin, voyons, en bonne foi, est-il
liable que notre grand et utile Voltaire
itait « orné de tous les vices »? Vices pri-
r és, publics, sociaux, nationaux et in-
ernationaux; est-ce qu'il s'en fallut
['un.seul? Est-ce que l'hypocrisie mè
ne y manque ? Est-ce que cela n'allait
ias jusqu'à la réception des sacre-
nents ? >
Pourquoi donc êtes-vous si dur à ce
iauvre Maurice de Talleyrand-Péri-
ford ? Lui du moins il resta Français; il
Le renia pas, n'insulta pas, ne trahit
ias la patrie.
Au lieu d'une académie de lettrés et
e gens du monde, comme la cmquie-
oe chambre de l'Institut, ou d une sy-
tagogue turbulente et ignare comnle
î public du bon. vieux M. de la Bedol-
ère,"supposons un 1 tribunal véritable,
îgitimement sorti des entrailles de la
'rance, nous ne disons pas de la vieille
'rance catholique, mais de la France
3lle qu'elle est, avec son contingent
'ineredulté, maisavec sa probité. De-
ant cette magistrature, qu'on appelle
es deux hommes, Voltaire et Talley-
and, qu'on fouille bien leur vie, qu'elle
Dit tout entière épluchée, qu'on enten-
e les témoins, qu ! on lise les pièces :
;quel sortirait plus écrasé, plus honni,
éclaré plus bassement, plus ignoble-
îent, plus persévéramment coupable,
lus traître au don de Dieu et de, la
rance,'moins homme de cœur, moins
hrétien, surtout moins Français? Nous
royons, nous, que.Talleyrand rece-
raat un second triomphe. 11 peut avoir
ommis le plus grand crime, puisqu'en-
n il abjura son sacerdoce ; mais iesjyil
t obstiné coquin, le menteur, le souil-"
sur, le haineux, le lâche, c'est Voltai-
j, c'est lui ! * a
Quand M. Sainte-Beuvê dit que Tal-
lyrand était orné de tous les vices, il
e dit pas assez à son gré. 11 lui repro-
lie,' croyons-nous, quelque chose de
lus, une chose à ses yeux qui eondam-
e et damne ce libre penseur, d'ailleurs
consommé et si méritant. Cette cho-
3, ce forfait, c'est une seconde aposta-
e,qui emporte tous les lauriers et tous
!S fruits de la première. Talleyrand
est repenti ou a paru se repentir; il
s'est, sincèrement. ou officiellement ré
concilié avec l'Eglise ; il a, en un mot,
apostasie la libre pensée. Voilà l'irrémis
sible et ce que M. Sainte-Beuve ne peut
pardonner. Il ne le dit pas tout à fait,
mais l'on en juge aisément au soin qu'il
se donne, jusqu'à la minutie, pour éta
blir, que la, conversion ou plutôt la ré
tractation de Talleyrand fut un-dernier
jeu, un dernier mensonge, et qu'il vour
lut simplement épargner à sa famille
l'indécence d'un enterrement civil,
peut-être tumultueux.
Nous ne toucherons < pas ce point.
Assurément, il y a du louche. Mais
Dieu sait ce qui est vrai. Dieu, n'attend
pas la publication des Mémoires de
Talleyrand pour connaître le fond dû
cœur de cet. homme qui a tant trom
pé les hommes, et, suivant l'usage de
ses pareils, s'est encore plus trompé
lui-même. Il nous semble seulement
qu'ici la passion de M. Sainte-Beuve em
piète sur les droits de là libre pensée.
Si M.'de Talleyrand, à sa dernière heure,
n'a pas craint de se jouer de Dieu pour
jouer encore .le monae, il est resté bon
libre-penseur, et M. Sainte-Beuve a tort
de lui refuser les hommages dus à la
persévérance. Est-ce qu'un libre-pen
seur n'est pas libre de choisir son jeu
et de le jouer comme il lui plaît?
Non! ces messieurs ne l'entendit
pas ainsi. Il faut faire acte de foi, Vest-
à-dire d'impiété, et bien visiblement
mourir là-dedans, pour l'édification du
peuple! Quiconque a seulement l'air de
mourir dans l'Eglise catholique, meurt
hors de l'église athée, et l'Evêque pro--
nonce l'anathème. Anathema sit ! On
voit que M.. Sainte-Beuve prend ses
fonctions au .sérieux.
Pauvres hommes ! Et il plaisante en
core sur la devise dèsTalleyrands appen-
due partout aux tentures funèbres : Re
que Dioul c'est-à-dire Rien que Dieu!
ou, suivant la traduction plus hautaine
et non moins chrétienne de la famille :
Roi que Dieu ! Athées, vous auriez d'au
tres réflexions à faire. Traduisez comme
vous voudrez et vivez comme vous vou
drez, c'est la devise de toutes les funé
railles, des vôtres aussi. Rien ne de
meure que "Dieu, nul ne règne que
Dieu,.et toute la gloire, et toute la pom
pe, et tous les festins, et toute la force
de ce monde, tout ce que vous en avez,
ne sont que présents de Dieu, et pré
sents de nul prix.
Louis V edillot.
Nous recevons de M. l'abbé Roy, curé
de Neuilly, la lettre suivante :
Paris, le 13 mars 1869.
Monsieur le directeur, t
Si, dans votre journal d'hier, vous voulez,
par la lettre R, me désigner comme étant
l'auteur de. la divulgation de la lettre du
Saint-Père à Mgr l'Archevêque de Paris, en
date du 26 octobre 18(55, permettez-moi de
compter sur votre loyauté pour rectifier cette
erreur. -
J'ai, il est vrai, et depuis longtemps, entre
les mains une des copies de cette dépêche,qui
m'a été remise sans condition ni réserve
d'aucune sorte.
Mais il est inexact que j'aie jamais tenté
de la faire insérer dans un journal parisien
ni dans aucun autre. ■
Il est également inexact que je l'aie jamais
confiée à qui que ce soit pour en faire cet
usage, ainsi que j'ai eu l'honneur de l'attes
ter spontanément à S. Exc. le Nonce aposto
lique et . à S. Em. le Cardinal secrétaire
d'Etat de Sa Sainteté.
Que si, conformément aux intentions de la
personne de qui - je tiens ce précieux docu
ment, je lui ai emprunté, dans mes mémoi
res ou devant les tribunaux civils, quelques
citations qui avaient h ma cause un trait di
rect, ç'a été uniquement dans l'intérêt de ma
défense, et pour presser l'exécution de la sen
tence pontificale du 29 août 1864,qui, jusqu'à
ce jour, est demeurée lettre morte.
Veuillez agréez, Monsieur le directeur,
l'assurance de ma haute considération.
. P. Rot, curé de Neuilly.
Demeurant provisoirement rue
de Monceau, 90, à Paris.
La ville de Paris, ses cimetières, son
prefet, ses travaux et leur légalité reve
naient aujourd'hui au Corps législatif.
Ne sortirons-nous pas de cette ques
tion? faut-il la voir entrer par toutes
les portes, par celle des interpellations
aussi bien que par celle des proposi
tions?. Cette dernière^'est la plus fré
quentée, et la procession des cfédits se
presse pour y passer. f
II , s'agissait du Luxembourg et du
Trocadéro; comme toujours, ici (et là,
les faits sont engagé^ et accomplis^ il
faut les ratifier par un subside de trois
millions pourrie TrôcadéFO, par un or
dre d'aliénation des parcelles détachées
désormais du jardin du Luxembourg..
•L'éternelle question des prérogatives
du Corps législatif et de la légalité dtes
procédés administratifs était posée.
Pour le Trocadéro, M. le ministre d'Etat
a déclaré que les travaux avaient été
exécutés d'urgence par la ville de Paris,
à ses risques et périls ; elle touchera
l'indemnité de trois millions qu'elle ré
clame si le Corps législatif veut bien la
voter. Elle supportera la perte de cette
somme qui lui est légitimement due si
le Corps législatif la refuse. La Ville, a
dit le ministre, a accepté cette condition
aléatoire. Trois millions de plus, trois
millions de moins ne sont pas pour elle
une affaire. Si le Corps législatif lui re
fuse cette somme,'oùla Ville la preri-
ara-t-elie? Si le Corps législatif, au con
traire, vote "la propos! lion -m i n is 1er i ei 1 e,
où trouvera-t-il les fonds?
Dans l'un ou l'autre cas, le trésorier
n'est-il pas Jacques Bonhomme? et
Jacques Bonhomme n'a-t-il pas le droit
de dire que de toutes manières on l'o
bère et on l'écrase, et qu'il eût mieux
aimé garder 19 millions dans son escar
celle que de jouir.de la place du Troca
déro? Il peut le dire certainement, sans
outrager les travaux de la place du
Roi-de-Rome, ni les avenues qui y abou
tissent, ni les rampes, ni les gradins qui
\ioscendent vers la Seine. Il peut le ai- ;
re, mais il doit payer! Voilà ce qui le
fâche un peu : et vraiment MM. les mi
nistres auraient mauvaise grâce à se
dépiter et à s'affecter de la mauvaise
humeur que témoigne ce pauvre Jac
ques Bonhomme i
La légalité est sauve, disent les minis
tres, et les travaux sont admirables !
Soit, mais la bourse est mal à l'aise,
les impôts sont durs: quelque ménage
ment eût été d'une sage politique. M. le
préfet de. la Seine ne.,1e comprend peut-
etre pas encore : M. .'le ministre d'Etat
commence à l'entrevoir.
Cette affaire du Trocadéro se compli
que d'ailleurs de celle d'un cimetière,
le cimetière de Passy, dont M. de Las-
Cases a pris énergiquement la défense.
La ville de Paris s'est engagée à le res
pecter, disent les commissaires, et per
sonne ne songe à l'attaquer. En fait, une
partie du cimetière est absorbée par la
place de Rome, une autre par une rue
circulaire, une troisième par un boule
vard. Sur 874 concessions à perpétuité,
400 seront expropriées ; et le respect
.que la ville de Paris s'est engagée à
garder ne couvre pas le cimetière.de
Passy, mais s'entend des convenances
à garder dans le déménagement des
iflorts." Le rapporteur de la commission"
et le commissaire du gouvernement ont
bien déclaré que ce déménagement ne
se faisait pas sans le consentement des
familles ; et, sur 400 expropriations à
faire, on a déjà 250 consentements. La
légalité encore est sauve ; mais n'y a-
t-il là qu'une question de légalité? Le
gouvernement de la France, en est-il
venu à ne compter avec aucun autre
sentiment? Le respect des morts n'est-il
pas un des gentiments qui honore le
plus un peuple ? Faut-il que ce soit le
gouvernement qui apprenne à le fouler
aux pieds? Quelle moralité dans ce dé
bat entre l'administration et les famil
les ? Combien te faut-il d'argent pour la
cendre de ton père ? Y a-t-il au monde
quelqu'un pour faire ou pour entendre
une telle proposition? Ce n'est pas là
une question d'argent. Tout le monde
en tombe d'accord. Alors comment se
fait l'expropriation? Gomment sont obte
nus les consentements? Quelle pression
a-t-on exercée sur les meilleurs senti
ments des citoyens pour les amener à
donner les mains à la profanation que la
Ville médite ? Ces deux cent cinquante
consentements acquis désormais à la
-Ville de Paris ne démontrent-ils pas
l'excès de la loi d'expropriation, et l'im
puissance des citoyens isolés devant
l'action publique, contraints et violen
tés de toutes façons, dont on épuise
la bourse, dont on offense les senti
ments religieux et naturels! Ah! qu'el
le est belle et forte la liberté que nous
ont faite quatre-vingts ans de révolu
tion et les immertels principes de 1789!
Tu profaneras la tombe de ton père !
Malgré tout, dans cette discussion, le
Luxembourg passionne la Chambre en
core plus que le Trocadéro. Assurément
le gouvernement en allant de l'avant
dans cette dernière entreprise, en bra
vant l'opinion unanime et en enga
geant les choses de façon à les rendre
irrémédiables, ne s'est pas rendu comp
te de la puissance du sentiment cju'il
froissait. Encore une fois, la légalité est
sauvé, du moins on le croit; et M. Vui-
try, aux applaudissements d'une partie
3e là droite, a démontré, en réponse à
M. Segris, que le changement d'affecta
tion du domaine public relevait légale
ment du pouvoir exécutif. M. Segris
avait fait une distinction entre le do
maine public et ce qu'on pouvait appeler
le domaine national. M. Thiers avait fait
la même distinction, pour ce qu'il appe
lait les monuments nationaux. Il de
mandait si un simple décret était suffi
sant pour changer l'affectation d'un
monument national, commeles Invalides
ou les Tuileries ou le palais de Fontai
nebleau, autrement dit et sans euphé
misme, pour détruire ces édifices, tandis
que la nécessité de l'intervention du
Corps législatif était nécessaire pour
aliéner les terrains, désormais sans
valeur, de' ces monuments détruits.
Cela ne lui paraissait pas raisonnable :
mais M. Vuitry prétend que ce 1 a serait
légal, très légal.
M. le ministre d'Etat a déclaré que
dans les ridicules hypothèses qu'on
posait, il fallait supposer dans le gou
vernement unecomplète insanité d'es
prit.
L'insanité d'esprit s'est-elle montrée
à propos du jardin du Luxembourg?
Cette question peut-elle être discutée,
si celle de la légalité est hors de cause?
Le jardin du Luxembourg n'était pas
seulement un des ornements et une des
gloires delà capitale : c'était le bien des
pauvres, leur campagne et leur lieu de
plaisance. C'est ce que le gouverne
ment n'a pas senti. 11 a cru facile d'em
piéter sur ce bien commun—ne fait-on
pas bonmarché d'un bien commun?—et
la ville de Paris a essayé de battre mon
naie avec l'air, l'espace, la récréation
et la joie des populations. C'est ce qui a
indigné l'esprit public. Quoi ! cette ville
de Paris, si riche, qui s'engage si cava
lièrement dans les travaux du Trocadé
ro, en soutenant que trois millions ne
lui sont de rien! On me les doit, disait-
elle ; si on ne me les paye pas, je m'en
passerai; une personne de ma sorte ne
barguigne pas pour si peu de chose !
Cette ville, d'ailleurs, à qui l'on ne re
fuse rien et que l'on vient de doter de
465 millions, a pu, dans l'espoir d'en
caisser quelques écus, détruire un lieu
unique au monde : car cette pépinière
ravissante, toujours pleine ,d'oiseaux,
de fleurs et d'enfants, cette oasis de
paix et de lumière:, éloignée > de : tout
bruit, où l'on pouvait se croire, la ma
tin surtout, transporté dans la plus fraî
che campagne, formait un ensemble
qu'on ne pourra recréer nulle part,-,et
qu'on s'estimerait heureux de rempla
cer au prix.de milliards. .
C'est un acte de vandalisme. Il est lé
gal, dit le ministre, soit; mais,aussi il
est impolitique et insensé ; plus impo-
litique assurément, plus: insensée que
l'exemple invoqué par M. Segris, com
me une impossibilité absurde : la des
truction de la salle même du Corps lé
gislatif, en vue d'un percement de la
rue de Bourgogne. On trouvera pour
notre Corps législatif des salles de séan
ces tant qu'on en voudra. Les pierres et
les architectes ne manquent pas. On ne
trouvera nulle part, à aucun prix, ce
qu'on a détruit au Luxembourg ! et nous
le répétons : c'était le bien des pauvres,
c'est ce qui fait que la folie est devenue
une iniquité. Le sentiment public ne
s'y est pas trompé,- l'émotion du Corps
législatif n'en est que l'expression.
L éon A ubinea.u.
On lit dans l' Osservatoré romano :
Notre correspondant de Florence nous fait
mention d'un bruit que l'on a fait courir à
Florence avec malignité : et que nous voyons
reproduit par les journaux étrangers. Nous
voulons parler dès rumeurs qui s'obstinent
à vouloir l'extinction de l'astre glorieux qui,
de Rome, éclaire tout le monde, en dépit de
ses implacables ennemis.
Le Saint-Père Pie IX, dont le long et glo
rieux pontificat renferme déjà tant d'événe
ments capables d'immortaliser un siècle, n'a
pas, Dieu merci, terminé sa carrière, et la
divine Providence, qui le réserve encore à de
grandes choses, lui conserve une santé si ro
buste que tout fidèle, à la vue du vénéré
Pontile, se sent ému de la fraîcheur, de la
sérénité et de la sainteté que respirent ses
nobles traits.
Souscription pour le Jubilé
du Saint-l'ère
(18 e liste.) •
Montant des listes précéden
tes 38,178 25
M. le comte de Ségur-Lamoi-
gnon, ancien député 100
Louis, Valentine, Mathilde dê
Ségur-Lamoignott 1 15
Un premier vicaire d'une pa
roisse de Paris 100
Un prêtre, au Mans, pour les
noces du Saint-Père 50
Mlle Marie'Lévesque', au Mo-
nastier (Haute-Loire) 20
M. l'abbé Chaboisseau, pro fes-
seur. Sommes recueil
lies et sa modeste of
frande ; 50
Offrande venant de la Char.- "
treuse de Vauclaire
(Dordogne) 50
Mlle Claire-Isabelle D..., de
Condom (Gers) 50
Une anonyme, ib. 5
M. l'abbé Alguié, aumônier de
l'hôpital, ib. 10
Un enfantdévoué à Pie IX, ib. 1
La conférence Saint-Vincent
de Paul, du petit sémi
naire de Digne ^ 50
Le conseil de l'Adoratipn-Ré-
paratrice. Chapelle des
RR. PP. Maristes, à
Toulon 100
Un enfant dévoué du Pape, à
Cuers (Var) 50
M. et Mme Guillemin, d'Aire-
sur-la-Lys 20
Mlle Laure Guillemin 5
M. et Mme Léon Guillemin 5
Eugène et Berthe Guillemin 2
La filleule d'Arthur Guillemin 3
Arthémise Delva 1
M. Jules Muller, économe des
hospices d' Aire 3
Le collège de Rambervillers
(Vosges) 86
Le supérieur, les professeurs
et les élèves du petit
séminaire d'Agen (Lot-
et-Garonne) 165
MM. Chrétien, curé à Bauro-
gne (Haut-Rhin) 20
Musy, curé de la Tour-de-.
Sçay, et quelques per
sonnes de sa paroisse
très dévouées au Sou
verain Pontife (Doubs) 15
Bonnot, curé de Cazeneu-
ve (Vaucluse), à Pie IX
Qu'envers et contre tous son pou
voir garanti
Rentre dans tous les droits dont le
[Ciel l'a nanti. 5
Quelques professeurs du petit ;
sémin. de Meximieux
(Ain)- . _ 33
MM. Richepanse, curé de Si-
mard (Saône-et-Loire)^ 10
Laurent, aumônier à Nî
mes (Gard) 10
l'abbé Sauret, chanoine
honoraire, archiprêtre
v de Serres (Htes-Alpes) 5
Une malade qui se recomman
de au successeur de ce-
•" , lui dont l'ombre gué
rissait les malades 5
M. l'abbé Jame, chanoine ho
raire, archiprêtre de
Saint-Bonnet (Hautes-
Alpes), ferme croyant à
^l'infaillibilité du Pape
et au Syllabus 10
Sa servante 2
Une famille de Serny (Pas-de-
Calais) , qui demande
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