Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1865-01-08
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 janvier 1865 08 janvier 1865
Description : 1865/01/08 (Numéro 8). 1865/01/08 (Numéro 8).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
50* AXXKE.—X* 8
BUHEAUX A PARIS ? ru» de Vilols (ralals-lloyil), n 1 10i
DIMANCHE 8 JANVIER 1863,
TKOIS MOIS...
3ix uois..;...
ON AN. . V- ..
rouit les pays êthangbk S ) voir le tableau
publié les r, ot 20 de chaque mois.
. BON1PACB, t. des Bons-Enfans, 19.
./■
•■ff *'•!.'
*>5
JOURNAL POtlTÏQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL
TROIS MOIS 13 FR.
SIX MOIS <26 FR.
UN AN.. 52 FR,
UN NUMÉRO 20 CENTIMES.
■Les abonnemenB datent des 1" et t8
de chaque mois.
Les Annonces sont reçues chez M. Panis , rue Notre-Damé-des-Victoires, n* 40
(place de la Bourse).
MM. les actionnaires de la Société des
journaux réunis, le Constitutionnel et .le
l'ays, sont prévenus qu'ils pourront tou
cher, à partir du lundi 1) janvier, tous lés-
jours non fériés, de H heures à 3 heures,
fi la caisse du Constitutionnel , 10, rue de
Valois, le coupon n" 33 échu lé i" janyier
1865, soit 12 fr. 50" c. par action, sans au
cune retenue.
PARIS, 7 JANVIER»
• - j.
Le Congrès espagnol s'est constitué ; M.
Alexandre de Castro est nommé président
de la Chambre des députés.
Le comité consultatif de la guerre pro
pose, à la majorité, l'évacuation totale de
l'île de Saint -Domingue; la minorité, com
posée des généraux Infante, Fej-raz et E.,
O'Donneli, demande, au contraire, la con
servation totale de cette possession comme
partie intégrante de la monarchie espa
gnole. '■■■"■ :
Les nouvelles du Pérou avaient été fort
ex&gévéos; il est vrai que la Chambré des
députés péruviens a adopté une proposi
tion d 'hostilité. contre l'Espagne, mais on'
espère que cette proposition sera rejetéé
par le Sénat; la lipooa annonce qu'en tous
ca#, le président du Pérou, s'appuyantë
sur le Congrès américain en ce mbifnent
réuni à Lima, rtsfuserait sa sanction à des
mesures de violence.
L'agence llavas nous transmet le texte
d'une adressa envoyée directement, à LL.
MM. l 'empereur d'Autriche et le roi de
Prusse, par un certain nombre d'habitans
du IIolsLein , 1 qui protestent contre ra-"
dresse de l'Ordre équestre, et déclarent
que jamais «au grand jamais » ils ne re
connaîtront d'autre souverain que « le
n prince héréditaire Frédéric, de la mai-
» sou do Sleswig-lIolstein-Sonderbourg-
» Augustenbourg, souverain légitime de;
» ce pays, b
On avait projeté uno .assemblée générale
des membres de la Diète de Sleswig et de
Holstein; mais ella a été contremandég.
Ce fait est interprété d'une manière tout à
fait opposée à Kiel et à IieTlin. Les parti
sans du dut; Frédéric soutiennent que
deux tiers des membres de ces ■ Diètes
avaient eu l'intention de se prononcer
pour le maintien de la souveraineté abso
lue du duc, qui aurait été de l'avis qu'une
manifestation pareille pourraitexercer une
influence nuisible sur les sentimens d« lai
cour de Berlin. A Berlin, au contraire, qa
prétend que la majorité des membres des
Diètes des duchés était convaincue de la
nécessité de faire des concessions fort
larges h la Prusse, et que c'est pour
cela que les amis du duc Frédéric ont
empêché la réunion projetée.
La Nouve'U Presse libre reprend pour son
compte les informations de la Presse de
Vienne, et affirme que la Prusse consent i la
proclamation du prince d'Augustenbourg
comme duc de Holstein, sous la condition
d'une union diplomatique , militaire et
maritime, qui feraient du duc do Sleswig-
llolstein une sorto de vice-roi prussien.
l 'ensemble des informations fournies par
les autres jo«rnaux ne permet pas d'atta
cher une grande importance à ces asser
tions qui sont pour le moins prématurées,
Il est évident qu'aucune proposition ne
sera formulée p&r la Prusse avant que les
syndics de la couronne aient donné leur
avis. Après avoir adopté cette procédure,
après l'avoir notifiée aux puissances alle
mandes, le cabinet prussien ne peut y re
noncer jusqu'à ce qu'elle ait donné les con
clusions qu'il en attend.
AUâUSTB VlTU.
Feuilleton «lu Constitutionnel, 8 janvier.
TÉLÉGRAPHIE PRIVÉE;
. Turin, 6 janvier.
Eu vertu d'une convention passée hier en
tre la société italienne pour la vente des biens
domaniaux et MM. Laing et Alaclcensie, de Lon
dres, 1 k société »e charge d'avancer IliO mil
lions. La souscription des obligations sera ou
verte avant le lu courant sur les principales
placés de l'Europe.
Madrid, 5 janvier, soir.
Alexandre de Castro est nommé prési
dent définitif de la Chambre des députés.
Le comité de la guerre a adopté, par 13 voix
contre 4, une résolution conseillant l'abandon
de Santo-Domingo par l'Espagne.
(Hauas-Bu'hèr.)
Voici les dépêches que nous recevons ce
soir :
New-York,28 déc. matin (par le Cuba.)
Savannah est occupé par les fédéraux. L'ar
mée confédérée sous les ordres de llardee s'est
échappée.
Les fédéraux ont vivement attaqué par ter
re et par mer le fort Fisher'à Wilmington;
ils ont été repoussés par terre, mais l'attaque
du côté de la mer se poursuit.
; Or, 210 3/k Change sur Londres, 238 ; co
ton, ils ; Bonds, 108 1/2.
Now-York, 28 décembre.
(Par le Cuba, voie do Crookhaven.)
Sherman s'est .emparé, à Savannalï, de TaO
canons et de -30,0Ôl> balles de coton. Il a fait
&00 prisonniers. Vingt mille habitans sont res
tas dans la ville.
Le général confédéré llardee a fait savoir à
Beauregard qu'un corps fédéral s'avançait de
Say«nnah> vers la rivière Altanah et qu'il pre
nait des dispositions pour lui barrer le pas
sage. ; .. ■
L'attaque des fédéraux contre le fort Fisher
a été très vivo et très prolongée.
Dans le Tennessee, le général Thomas conti
nue à poursuivre vigoureusement llood.
. Lo bruit court que Ureelcemiflge a fait es
suyer plusieurs échecs successifs aux fédé
raux dans la Virginie occidentale.
Une division de l'armée de I.ce est entrée
dans la vallée ée la Shenandoab.
Les journaux de Richmoud déclarent que la
cause du Sud doit être maintenue, quoi qu'il
arrive.
Cinq des incurslonistes de la frontière cana
dienne, qui avaient été relîlcliéà, ont été arrê
tés de nouveau et enfermés dans la prison de
Montréal.
New-York, 28 décembre, soir.
Une dépêche,' annonçant lo retour de l'expé
dition (le< Porter, -avait -été publiée, lille a été
supprimée par ordre du gouvernement. Le
bombardement continuait le 2(1. .
New-York, 28 décembre, soir.
L'or s'est élevé ù 220 1/8 -sur K> bruit du re
tour de l'expédition fé 1 Cirait! de Wilmington à
la fui'teresso,Moriivë. (llavas-Vu/lier.)
COURS DE LA BOURSE.
CO !!i# UB CLOTURS
3 0/0 aucompt.
■Fin du mois.
41/2 aucompt.
■Fin du mois.
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Si la discussion soulevée contre la Ban
que de France avec uno recrudescence de
vivacité depuis plus d'un au a pris un ca
ractère de gravité qu'elle n'avait jamais eu
auparavant, personne n'en a été surpris,
i.en raison des circonstances dans lesquel
les elle s'est réveillée. On aurait tort éga
lement , à notre avis, de l'attribuer exclu
sivement à do mcisquines rancunes per
sonnelles.
L'esprit public sait, en' effet, parfaite
ment reconnaître les tendances de ce gen
re, et, grâce à !a conscience qu'il en a eue
jusqu'ici, la Banque de France a conservé
daus l'organisme financier la place qu'elle
devait occuper ; elle a conservé dans l'é
chelle du crédit le rang auquel elle avait
droit.
Aujourd'hui, pour la première fois,nous
voyons le commerce lui-môme, agité par
un malaise dont les causes ne sont pas
suffisamment connues, intervenir dans la
discussion. Sommes-nous donc à la veille
d'une révolution dans le système des Ban
ques? Il n'y a pas lieu de le penser ; jamais,
dans aucun ordre d'idées, un perfectionne
ment n'a été l'occaSion d'une révolution.»
Tout au plus en a-t-en conclu à là néces
sité d'un perfectionnement symétrique
dans les diverses ramifications de l'orga
nisme intéressé. j
Mais quelles que soient les perspectives
ouvertes dans cette direction , l'essentiel
est de ne traiter une question de cet ordre
qu'avec la plus entière impartialité et sur-■
tout avec la plus exacte connaissance des
faits., ■
La Banque de France a été injustement
attaquée ; et l'on a trop oublié que, par
ses actes même, elle a prouvé qu'elle était
perfectible. L'énumération des faits qui
va suivre est toute à. l'honneur de la Ban
que et de ceux qui l'ont dirigée, à l'hon
neur des gouvernémens qui successive
ment l'ont autorisée à prendre la place
qu'elle occupe, à l'honneur du commerce
français, qui, avec ce seul auxiliaire, a
pu faire de si grandes choses.
Le capital de la Banque est fixé à 40,000
actions de 1,000 fr. chacune par la loi du
14 avril'1803. La moindre coupure des
billets est de 50Q francs.
Le 22 avril 1806, lo capital est porté à
90,000 actions de 1,000 francs.
Le 18 mai 1808, la Banque est autorisée
à fonder des comptoirs. •
Le 3 septembre 1B08, elle est autorisée
à recevoir des dépôts.
La loi du 17 mai 1834 permet les avan
ces sur effets publics français, même à
échéance indéterminée.
Le 30 juin 1840, le privilège est prorogé
sans conditions remarquables.
Le 10.juin 1847, la limite des coupures
des billets de Banque est abaissée fi 200 fr.
Elle avait déjà été mise-à 250 fr. par l'or
donnance du 25 mars 1841.
Le 10 aéï'fjmbre 1847, une ordonnance
royale permit à la Banque d'émettre un
capital spécial de 10 millions pour la Ban
que d'Alger. Cette ordonnance n'a pas été
mise en vigueur ; la date l'explique.
Le 13 mars 1848, le gouvernement pro
visoire décrète le cours forcé des billets
de la Banque de France, eten môme temps
des banques départementales, limitant à
350 puis à 452 millions le chiffre de la cir
culation totale, et crée les coupures de
100 francs. "
. Le 26 mars, les récépissés sur dépôts de
marchandises sont admis à l'escompte,eu
remplacement de' la troisième signature.
; Le 27 avril, un décrettàu gouvernement
provisoire réunit à la" Banque de France
les Banques départementales de Rouen,
de Lyon, du Havre, de Lille, de Toulouse*
d'Orléans et de Marseille, il est émis à cet
effet 19,200 actions nouvelles, portant le
capital à 85,100 actions de 1,900 fr. (1).
Le 2 mai, sont à leur tour réunies les
Banques de Nantes bt de Bordeaux, moyen
nant 6,150 actions, ce qui porte le capital
à 91,250 actions. Les Comptoirs et les Ban
ques annexées prennent le titre de succur
sales. "
- Le 22 décembre 1849,1e maximum d'é
mission, limité à 452 millions par les dé
crets qui autorisaient le cours forcé, est
porté à 525 millions.
Le 9 août 1850, une loi fait cesser le
cours forcé des billets.
Le 3 mars 1852, les avances sur fonds
publics sont étendues aux actions et obli
gations, puis, le 28 mars, aux obligations
de la ville de Paris.
Le 9 juin 1857, le privilège est prorogé.
Le capital est porté de 91,250 à 182,500 ac
tions. La faculté d'avancer est étendue aux
obligations du Crédit foncier; la Banque
(i) 11 û'yavait à cette époque en circulation que
67,900 actions. .
LA FORÊT DE BONDY
EPOQUE DE LA RÉGENCE.
Ciiiquicnir parti»'.
IX.
gkakdk liquidation.
Aussitôt qu'on se fut rendu maître de
l'amiable incendie queJoanneton,au moyen
d'une, mèche salpétrée, avait organisé à
l'usage du sir de llacinoux, l'assemblée s'é-
taut reconstituée,
— Nous reprenons, Messieurs, dit avec
autorité lo baron do Liliers en ayant.l'air
do s'emparer de la présidence. ^
C'était un homme aux environs de là
cinquantaine, d'une grande raine, ne pa r
raissânt point emprunté dans l'habit de
gentilhomme qu'il venait d'échanger con
tre la défroque du Meneur de Loups , et
doué,- comme le fils qu'il allait présenter à
la réunion, d'un remarquable talent de pa
role. , ■ 1
On comprend toutefois que nous ne re
produisions pas textuellement la suite de
son allocution à Messieurs de la noblesse.
Parlant devant un auditoirequi no savait
rien de sou nébuleux passé, il devait, pour
être compris, entrer dans raille minutieux
détails que la marche du drame a déjà lais
sé connaître au lecteur, sans compter ceux
que sa perspicacité lui a fait deviner. Dès
lors,pour éviter le plus possible les redites,
force nous est de prendre à notre compte
les explications qui vent suivre. Elles ne
sauraient manquer au reste d'être les bien
venues, puisqu'elles vont en finir avec le
reste des obscurités calculées qui, à partir
du prologue, n'ont cessé de planer sur no-î
tre récit.
A l'époque où il faisait à l'Université de
Nantes les études médicales par lesquelles
il espérait réparer la perte de son patri
moine, le baron de Liliars avait formé
avec le jeune La Raye, fils d'un petit bour
geois de Vitré, et comme lui éleve en mé
decine, une de ces solides amitiés qui,
commencées sirles bancs de l'école, re
tentissent ensuite dans le reste.de la vie.
Ardens tous deux de cœur et d'eSprit,
ces jeunes gens avaient dans le domaine
de la science des aspirations d'une éteu-
due singulière, et comme ce grand zèle des
conquêtes intellectuelles, maintenant leur
vie à un grand état de pureté, avait pen
dant longtemps ajourné chez eux les ex
plosions de l'adolescence, il devait arriver
que la première étincelle de passioh s'al-
lumantdans leur âme déterminerait un
violent embrasement,
Parti lo premier pour Paris, Antoine La
Raye n'avait pas tardé à devenir l'aide de
Félix, le premier chirurgien du roi, et dans
les entoura de la cour où ses fonctions
lui ménageaient quelqu'acoès subalterne, ;
ayant remarqué la fille dô Daigremoat,
une créature alors remarquablement bel-î
le qui était employée à lu chambre des fil
les d'honneur de Madame, il s'était épris
pour elle d'un fol amour. Cet amour, au
lieu de se dénouer dans le mariage rêvé
par sa modeste ambition, avait^ pour lui,
abouti à un cloître et à cette secrète et
implacable hostilité nous le savons en
gagé avec le Régent.
C'était avee la même naïveté d'entraîne
ment juveuil que dans les conditions ra
contées par le sieur Le Hou&dec, le baron
de Liliers avait, peu après, accepté la main;
de Mlle de Lambilly, sœur du conseiller.
Mais courtes avaient été les joies 4e cette
union. A peine retourné en Bretagne avec
sa jeune femme, M. de Liliers avait inter
cepté une lettre apportée à celle-ci par un
Uomme trui ? avec des allures jouées de
est autorisée à élever le taux de l'escompte
au-dessus de 6 0/0, en portant les bénéfi
ces qui en résulteront en addition au ca
pital. La coupure de 50 fr. est autorisée.
- • ^çilà, au point de vue légal, les modifi
cations subies par la Banque. Au point de
vue administratif, cette histoire serait bien
plus longue; mais nous pouvons au moins
rappeler que depuis deux ans la Banque;,
pour mettre plus complètement ses fes-.
sources à la disposition du commerce, a
réduit ses avances sur rentes et valeurs de
200 et 250 millions à 70 millions ; qu'elle
vient,par une simple élévation du taux des
avances sur lingots, de produire un abais
sement considérable dans le prix du mé
tal argent. •
Quant à la mobilité du tauxdel'escomp-
te, il convient de remarquer qu'en 1864 la
diminution a été plus rapide que l'augmen
tation; qu'en 1864, pour la première fois,
la Banque de France a soutenu un écart de
2 0/0 avec la Banque d'Angleterre.
'Ces faits paraîtront certainement suffl-
sans à tout le monde. En dehors du prin
cipe acquis, de la non-immutabilité de la
Banque, nous pensons qu'ils donneront à
réfléchir aux esprits en traînés, et que ceux-
ci comprendront que la moindre réforme
mûrie et pesée, accomplie par la Banque,
a des résultats bien plus féconds que les
tîiéories nouvelles. > ■ ■
Usprouveront en outre, qu'avec lesnom-
bretfses sources d'informations dont la
Banque dispose, elle estmieux àméme que
personne desavoir quelle modification doit
être introduite dans le cycle délicat de la
circulation des capitaux, etpeut produire,
par un simple eliangement d'installation,
inaperçu le plus souvent, des.effets immé
diats qu'on attendrait en vain de l'idéolo
gie 1 qui paraît dominer maintenant.
Cette simple idée que la Banque n'a ja
mais eu dessein de s'immobilisèr au milieu
des progrès incessans du siècle, nous sein
ble de nature à calmer toute effervescence,
à rendre à une discussion aussi importante
le calme indispensable. Prétendons^nous
par là dire qu'en ce moment, cédant à une
pression organisée, la Banque entrera dans
la voie de l'expérimentation ? Nullement,
nous voulons simplement conclure des
laits passés que la Banque ne manque pas
à sa.mission, qu'elle .(Cherche à la vérité la
sécurité du commerce plutôt que les élo
ges,mais qu'elle a sans cesse modifié sa
constitution de manière à satisfaire à tou
tes les exigences légitimes.
Nous allons voir maintenant comment
sa conduite dans les circonstances actaçl-
" les a toujours été d'accord avec les idées
fondamentales du crédit.
Lo journal la France, àr l'occasion de la
pétition du commerce lyonnais, vient de
publier sur la Banque de France un arti
cle véritablement étr.ange. En défendant
le système préconisé récemment, l'auteur
prétend que studoctrine est «fondée sur
la calme observation des faits, sur l'his
toire financière de notre pays et sur les
saines notions de la-circulation et du cré
dit. »
Examinons un peu si c est bien en effet
sur ces bases que l'écrivain appuie son rai
sonnement : « Le commerce &v; it cru jus
qu'à présent que le vrai moyen de lui ren
dre service, c'était de lui fournir à bon
marché"les ressources qui lui sont indis
pensables, et de tenir toujours libérale
ment ouvert le réservoir d 'ESPÈcia ou il
vient puiser chaque jour. »
Voilà une saine notion de la circulation
et du crédit. Il nous faut des espèces, n'en
fût-il plus au monde, et il nous en faut à
bon ; marché, dùt-on les payer cher. Ne
dites plus que l'or est une marchandise;
un cadeau à la bonne heure. Lçs plus am
bitieux s'étaient bornés jusqu'ici à de
mander à la Banque des billets ën abon
dance et à bon marché. Cela revenait au
même; mfltis au moins, au premier abord,
cela paraissait moins absurde.
■ « Le commerce croyait que, dans les
momens de criso , s'il y avait des pertes à
subir,, c'était la Banque qui devait s'en
charger sur les énorme s bénéfices que son
monopole lui assure, et non le commeree,
qui ne saurait être responsable des em
barras et des diminutions de l'encaisse. »
Voilà sans doute pour la calme observa
tion des faits. Il nous semble entendre un
frileux reprocher au thermomètre de ne
pas marquer 25 degrés quand il fait froid.
Le commerce n'est pas responsable des
embarras de l'encaisse ! Sans doute, pas
plus que personne n'est responsable de
l'hiver, qui oblige cependant à brûler plus
de bois. Et encore qui donc use l'encaisse,
le disperse, l'éparpillé, si ce n'est le. com
merce? On ne le reijd pas responsable;
mais, quand il a tout pris, n'est-il pas per
mis de lui montrer que la marchandise
est plus chère?
Mais nous avons hâte de montrer avec
quelle exactitude procède le journal, la
France quand il s'agit de « Chiffres carac-
tôristiqaes de nature à. compléter l'ins
truction ». du public commercial. ■ 1
Le dividende de 1864 est, dit-il, de 235
francs. Il compte un dividende extraordi
naire de 35 fr. payé le 10 octobre. Ces 35
francs provenaient de retenues faites suc
cessivement sur les bénéfices des premier
et deuxième semestres de 1861 et du pre
mier semestre de 1862 ; retenues motivées
sur les craintes inspirées à la Banque par
certains sinistres de Marseille; ces sinis- j
très ayant été depuis compensés par les
paiemens des débiteurs, on a rendu aux !
actionnaires la part de bénéfices qu'on ne
leur avait pas distribuée àl'époque voulue.
La France ajoute qu'on n'a pas fait figu
rer dans ce chiffre les bénéfices réalisés
par l'élévation du taux de l'escompte au-
dessus de 6 0/0. Il est vrai qu'elle dit elle-
riiéme que ces sommes sont portées ^au
compte capital. C'est vrai; mais ce quil'est
moins, c'est l'appréciation qu'elle en tire,
quand elle ajoute qu'on peut évaluerà250
fr. par action le bénéfice réalisé en 1864.
Lé chapitré bénéfices en addition au ca
pital s'élevait, au 26 déçembrë 1863, à
2,810,234 fr. 96 c. Il est, au 24 décembre,
de 6,916,123 fr. 71 c. Donc, en 1864, il
s'est accru de 4,075,888 fr. 73 c. Quel bé
néfice donnent aux actionnaires ou à la
Banque des sommes qui sont réservées
pour accroître le capital, et qui forment
par conséquent dès à présent une sorte de
capital neutre," augmentant les garanties
et les moyens d'action de la Banque sans
pouvoir ètro compté comme partie pre
nante, sans pouvoir être distribué 7
Mais, en voulant bien renoncer à comp
ter ces sommes comme bénéfices, l'auteur
en revient aux 235 fr,, et compare l'année
« prospère» 1863 à l'année 1864. En 1863,
la Banque n'a distribué que 165 fr. Nous
avons vu que la différence n'est pas de
165 à 235, mais de 165 à 200 seulement.
Donc 35 francs d'augmentation, pas da
vantage. Or, ce que l'habile observateur
des faits ne sait pas, c'est que le chiffre
des escomptes de 1864 est de 900 millions
environ plus fort que celui de 1863, « an
née où le commerce était prospère. * De
sorte que l'augmentation de bénéfices de
1864 sur 1863 représente 860 millions es
comptés à 0,70 c, pour cent environ.
Nous arrivons à des raisonnemens plus
sérieusement inexacts.
Les trois cents notables de Paris et les
quatre cents notables de Lyon, qui font à
eux seuls plus d'un milliard d'affaires,
ont payé, au lieu de 3 ou 4 0/0, 7 à 8 0/0,
plus les commissions - de Banque. C'est
un accroissement do charges de 4 0/0 au
moins,- d'après la France, qui, toutefois,
veut bien admettre 2 0/0 seulement, en !
supposant que la durée moyenne des opé-.
rations n'est que de six mois. Nous avons
cru jusqu'ici qu'en pareil cas c'était la
durée des échéances qui faisait loi, et nous
ne connaissons pas beaucoup dé bon pa
pier au-delà de trois mois. Le papier à'
long terme ne se fait pas /comme on sait,
quand l'escompte est à 7 ou 8 0/0, du
moins tant que le négociant qui l'émet
est sain d'esprit. On réduit même en pa-'
reil cas les échéances à deux mois , et
même quarante-cinq jours, sauf à renou
veler.
Toutefois, si nous admettons, comme la
France, les 2 pour cent, nous voyons que
les 700 notables commerçans ont payé en
trop 20 millions . Ce qui donne la som-'
me de 28,570 fr. pour chacun. Mais si
nous revenons au chiffre plus raison
nable que nous avons donné, et qui ré
duit à 1/2 pour cent à peu près la diffé
rence présumée, nous avons 5 millions en
tre 700 notables, soit pour chacun 7,150 fr.
C'est à ce prix qu'ils ont évité la crise de.
.1864 , pendant laquelle l'Angleterre a dû
liquider dans uno seule semaine pour
75 millions de papier de complaisance,
pendant laquelle la place de Rio de Janei
ro chiffrait le passif de ses faillites par 200
millions..
Nous pensons que les notables, qui
croyaient, d'après la France , avoir perdu
des sommes fabuleuses, vont se rassurer
un peu.
Pour couronner l'œu vre, et prouver sans
doute avec quelle sérénité il observe les
faits, l'écrivain de la France veut établir
que la Banque a rendu moins de services
qu'en 1863,
Voici la démonstration :
En janvier 1864, le porte
feuille s'élevait à 752 millions.
Les avances sur titres à.. 115
Total.. . 867 millions.
En décembre 1864, le por
tefeuille est réduit à.. 562 millions.
Les avances sur titres à.. 66
Total... 628millions.
La diminution est donc de 239 millions.
Sans doute cette démonstration brille
par la simplicité ; quel dommage qu'elle
soit complètement inexacte !
D'abord, il est assez maladroit de mon
trer que les avances sur titres ont dimi
nué, car cela prouve que la Banquè res
treint cette nature d'opérations , et par
suite conserve plus de ressources dispo
nibles pour le commerce.
Ensuite; pour savoir si la Banque a res
treint ou augmenté ses opérations d'es
compte, il faut prendre le chiffre des bil
lets qui sont entrés'dans son portefeuille
et non le solde de ce portefeuille, solde es
sentiellement mobile et toujours plus éle
vé la veille d'une fin de mois qu^ le len
demain. r
Or, en 1863, la Banque " 4
a escompté.. 5.688,234.000f,
En 1864 6.550.735.300
mystère, portait ostensiblement, la livrée
de.M. le duc d'Orléans. Rapproché de son
contenu, l'espèce de certificat d'origine
qu'on avait eu soin de donner à cette com
promettante épître accusait dans son au
teur un dépit amoureux emporté hors de
toute mesure.
Le prince, au nom de prétendues bon
tés dont l'ancienne fille d'honneur de sa
mère l'aurait brusquement dépossédé par
son mariage, réclamait la restitution d'u
ne bague, précieux souvenir de famille,
qui, dans un rendez-vous nocturne, aurait
été prise à son doigt sans qu'il eût. jamais
pu avoir l'intention do s'en séparer d'une
façon définitive.
Montrée à celle qu'elle flHrissait, cette
lettre aurait amené une explication.
L'inculpée avait mille choses à dire
pour sa défense.
Elle aurait raconté une démarche à la
quelle elle s'était résolue auprès de Ma
dame duchesse d'Orléans pour se plaindre
des obsossions que son fils avait fini par
pousser, avec elle, jusqu'au dernier degré
de l'insolence. Nature un peu cynique ,
Madame avait traité plus que légèrement
les griots, de la jeune fille, en lui disant :
« Que son coq était lâché et que c'était
» aux poules à savoir se garer. » Mais, ce
souvenir invoqué , comme cette mère fa
cile était au foud un c^r&ptère droit, et vé-
ridique, «lie eût témoigné de la réalité de
ce recours fait à son autorité, ce qui cer
tainement devait être compté poar un
commencement de justification. :
Mme de Liliers eût pu dire encore que,
ne trouvant pas du cqté de Madame la pro
tection qu'elle était en droit d'attendre,
elle s'était adressée à Mme de Maintonon,
laquelle n'avait si vivement mené son ma
riage que pour la soustraire à la poursuite
dont on osait dire qu'elle n'avait pas su se
défendre. ? Or, si quelque chose eût été à
repsocUer dans sa conduite, Mme de Main-
tenon, dont., après tout, elle n'avait pas
l'honneur d'être la parente, était-elle ferfi-
me ? avec cette rigidité de principes qu'on
lui connaissait, à s'employer pour trom
per un gentilhomme et pour faire sciem
ment de lui, l'endosseur d'un ignoble
passé?
Enfin, en approfondissant le procédé du
duc d'Orléans, on eût su que, caprice pour
lui d'un moment, la Daigremont avait en
suite été sa messagère d'amour, et, d'iiiduo-
tion en induction, comme 1 instinct de
Jeanneton le lui fit entrevoir plus tard, on
serait peut-être arrivé à découvrir l'in
fâme substitutisn dont le prince avait été
la dupe et Mme de Liliers la victime.
Mais, jaloux furieux, n'ayant consulté,
et seulement par correspondance, que son
ami La Raye, qui, encore tout meurtri de
sa propre déconvenue, lui avait dopné
toutes les femmes pour des abîmçs de du
plicité, M. de Liliers avait jugé qu'avec la
preuve tombée dans ses mains aucune
recherche de la vérité n'était nécpssaire.
Tout au plus il avait donné quelqu'at-
tention à la manière d'être de sa fpmme
avee lui, et de ce c$té ne lui était venue
aucune consolante lumière. L'ayant épour
se au pied levé, presque sans le connaître,
sa femme n'avait pu immédiatement mon
ter sa tendresse conjugale à la tempéra
ture qu'aurait pu "désirer l'homme qui,
épris d'ell^ à première vue, s'était mis à
l'aimer avec-toute la jeunesse de soncfcsur
et de s»s sans. '
Prise alors pour un reliquat d'ancien
attachement, cette froideur relative avait
exaspéré la conviction que tout d'abord le
visionnaire s'était faite d'une possession
ayant devancé la sienne. Concentrant en
lui-même ses tort14r .es et, Sous une appa
rence de tranquille ignorance, cloué dans
une continuelle et poignante contempla
tion au sentiment jdef son déshonneur, ce
malheureux n'avait plus vécu que pour
une idée, celle de cette expiation froide
ment-cruelle dont une jmqginatioîi natu
rellement tournée aii sombre et au roma
nesque avait été pour lui la fatale inspira
trice. Lui-même, au chapitre précédent,
nous disait l'exécution de cet infernal jjirp,-
jet de vengeance, mais plus d'un impor
tant détail avait dû "être omis dans son
récit, qui, fait en présence de l'espion de
Dubois, était condamné à des précautions
et à des réticences.
L 'abbé de Livry était- entré plus profon
dément que.ne l'avait ditM.deLilieFS,dans
la complicité de sa coupable violence.
Avant tout, fidèle aux devoirs de l'amitié,
il avait d ; autantplus facilement épousé les
colères de l'implacable épouxyque sa hai
ne personnelle contre le duc d'Orléans lui
laissait moins comprendre et pardonner
qu'on pût avoir une faiblesse contre oe
qu'il appelait un pareil mi&érahh,
Après quelques objections tièdes contre
le noir projet auquel on lui demandait de
s'associer, bien qu'à voir la prévenue il
n'eût pu s'empêcher de reconnaître en elle
de ces airs de candeur vraie qui absol vent,
il avait fini par permettre que sa sainte
maison devint le théâtre du guet-apens
conjugal qui se préparait, et même il
avait fait plus.
En correspondance scientifique avec
Jean Kunckel, célèbre chimiste allemand,
qui venait de lui communiquer la décote
verte encore toute récente dtt phosphore,
c'était lui qui avait enseigné à M. de Li
liers à ge servir de cet agent chimique
pour donner à son invasion dans la cham
bre du l'accouchée une apparence surna,-
turelle; mais, à ce moment, voilai ce qui
s'était passé.
Quoique, sous aon habit de religieux ot
sous son masque flamboyant, 1e ravisseur
' n'eût pas été reconnu par sa femme, celle-
ci, avec le courage d'une lionne à laquelle
on velit enlever ses petits, avait résisté si
énergiquement au fantôme, que ses on
gles avaient imprimé u.po traoe ineffaçable
sur le bras par lequel elle essayait de re
tenir son enfant. Ainsi s'explique la mar
que sanglante signalée par la Vassivière,
au moment où Colingry lui avait yenils le
nourrisson qu'il rapportait de son excur
sion dans 1$ forêt \ ainsi enoore, à toutes
-ipb'.^r-euves'^tabHssant la filiation de I ' oq -
D'oùaugmentationenl864 852.501.300 f.
Jugeons donc les conclusions de l'arti
cle de la France :
«Un accroissement de bénéfices "d'au
moins 15 millions pour la Banque. »
C'est inexact, puisqu'elle ne donne par
action que 3$ francs de plus, soit 6 mil
lions.!/2.
fant perdu et retrouvé, avait pu s'ajouter
comme dernier élément d'évidence le stig
mate gravé dans sa chair par le désespoir
maternel.
Du reste, un châtiment cruellement ap
proprié à la monstrueuse action qu'il ve
nait de commettre j n'avait pas tardé à at
teindre M. de Liliers.
Comme il rentrait à l'abbaye après avoir
abandonné sonfils aux mains de Colingry :
— Mon ami, luiditl'abbé, la Providence
se déclare en favèur de votre femme ; trop
légèrement peut-être nous l'avons- tenue
pour coupable; pendant votre absence
elle vient de mettre un second enfant au
monde, et celui-là, je ne permettrai pas
qu'il lui soit enlevé.
A la nouvelle de ce caprice de la nature,
qui faisait son crime perdu, telle avait été
l'émotion éprouvée par le coupable qu'un
violent afflux de saag vers la tête était ve
nu mettre sa vie en péril. Ayant vainement
employé toutes les ressources de son art
pour combattre cet accident apoplectique,
l'abbé était occupé à administrer au mou
rant les derniers secours spirituels, quand,
arrivant par le souterrain qu'il avait dé
couvert dans la forêt, Colingry était venu
les surprendre. Mais un orage dans le
çioment éclatait sur l'abbaye, la foudre
otait tombée avec fracas, et la révulsion
rebelle à tous les autres moyéns employés
pour la provoquer, la commotion électri
que 'Pavait, opérée; ainsi, contre toute at
tente, le bourreau de son propre bonheur
avait survécu.
Mais c'était pour continuer à se tortu
rer, .
Sans être complètement revenu sur le
compte -do Mme de Liliers, l'abbé, à son
égard, était entré dans la voie du doute.
D'ailleurs, il était son hôte, et, eût-elle été
la dernière des misérables, comme méde
cin, il lui devait ses soins. Il s'arrangea
donc pour que la terrible émotion subie
Sar la pauvre femme au moment où cet
omme de feu était venu lui enlever un de
ses n? se compliqué pas du coup qui
BUHEAUX A PARIS ? ru» de Vilols (ralals-lloyil), n 1 10i
DIMANCHE 8 JANVIER 1863,
TKOIS MOIS...
3ix uois..;...
ON AN. . V- ..
rouit les pays êthangbk S ) voir le tableau
publié les r, ot 20 de chaque mois.
. BON1PACB, t. des Bons-Enfans, 19.
./■
•■ff *'•!.'
*>5
JOURNAL POtlTÏQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL
TROIS MOIS 13 FR.
SIX MOIS <26 FR.
UN AN.. 52 FR,
UN NUMÉRO 20 CENTIMES.
■Les abonnemenB datent des 1" et t8
de chaque mois.
Les Annonces sont reçues chez M. Panis , rue Notre-Damé-des-Victoires, n* 40
(place de la Bourse).
MM. les actionnaires de la Société des
journaux réunis, le Constitutionnel et .le
l'ays, sont prévenus qu'ils pourront tou
cher, à partir du lundi 1) janvier, tous lés-
jours non fériés, de H heures à 3 heures,
fi la caisse du Constitutionnel , 10, rue de
Valois, le coupon n" 33 échu lé i" janyier
1865, soit 12 fr. 50" c. par action, sans au
cune retenue.
PARIS, 7 JANVIER»
• - j.
Le Congrès espagnol s'est constitué ; M.
Alexandre de Castro est nommé président
de la Chambre des députés.
Le comité consultatif de la guerre pro
pose, à la majorité, l'évacuation totale de
l'île de Saint -Domingue; la minorité, com
posée des généraux Infante, Fej-raz et E.,
O'Donneli, demande, au contraire, la con
servation totale de cette possession comme
partie intégrante de la monarchie espa
gnole. '■■■"■ :
Les nouvelles du Pérou avaient été fort
ex&gévéos; il est vrai que la Chambré des
députés péruviens a adopté une proposi
tion d 'hostilité. contre l'Espagne, mais on'
espère que cette proposition sera rejetéé
par le Sénat; la lipooa annonce qu'en tous
ca#, le président du Pérou, s'appuyantë
sur le Congrès américain en ce mbifnent
réuni à Lima, rtsfuserait sa sanction à des
mesures de violence.
L'agence llavas nous transmet le texte
d'une adressa envoyée directement, à LL.
MM. l 'empereur d'Autriche et le roi de
Prusse, par un certain nombre d'habitans
du IIolsLein , 1 qui protestent contre ra-"
dresse de l'Ordre équestre, et déclarent
que jamais «au grand jamais » ils ne re
connaîtront d'autre souverain que « le
n prince héréditaire Frédéric, de la mai-
» sou do Sleswig-lIolstein-Sonderbourg-
» Augustenbourg, souverain légitime de;
» ce pays, b
On avait projeté uno .assemblée générale
des membres de la Diète de Sleswig et de
Holstein; mais ella a été contremandég.
Ce fait est interprété d'une manière tout à
fait opposée à Kiel et à IieTlin. Les parti
sans du dut; Frédéric soutiennent que
deux tiers des membres de ces ■ Diètes
avaient eu l'intention de se prononcer
pour le maintien de la souveraineté abso
lue du duc, qui aurait été de l'avis qu'une
manifestation pareille pourraitexercer une
influence nuisible sur les sentimens d« lai
cour de Berlin. A Berlin, au contraire, qa
prétend que la majorité des membres des
Diètes des duchés était convaincue de la
nécessité de faire des concessions fort
larges h la Prusse, et que c'est pour
cela que les amis du duc Frédéric ont
empêché la réunion projetée.
La Nouve'U Presse libre reprend pour son
compte les informations de la Presse de
Vienne, et affirme que la Prusse consent i la
proclamation du prince d'Augustenbourg
comme duc de Holstein, sous la condition
d'une union diplomatique , militaire et
maritime, qui feraient du duc do Sleswig-
llolstein une sorto de vice-roi prussien.
l 'ensemble des informations fournies par
les autres jo«rnaux ne permet pas d'atta
cher une grande importance à ces asser
tions qui sont pour le moins prématurées,
Il est évident qu'aucune proposition ne
sera formulée p&r la Prusse avant que les
syndics de la couronne aient donné leur
avis. Après avoir adopté cette procédure,
après l'avoir notifiée aux puissances alle
mandes, le cabinet prussien ne peut y re
noncer jusqu'à ce qu'elle ait donné les con
clusions qu'il en attend.
AUâUSTB VlTU.
Feuilleton «lu Constitutionnel, 8 janvier.
TÉLÉGRAPHIE PRIVÉE;
. Turin, 6 janvier.
Eu vertu d'une convention passée hier en
tre la société italienne pour la vente des biens
domaniaux et MM. Laing et Alaclcensie, de Lon
dres, 1 k société »e charge d'avancer IliO mil
lions. La souscription des obligations sera ou
verte avant le lu courant sur les principales
placés de l'Europe.
Madrid, 5 janvier, soir.
Alexandre de Castro est nommé prési
dent définitif de la Chambre des députés.
Le comité de la guerre a adopté, par 13 voix
contre 4, une résolution conseillant l'abandon
de Santo-Domingo par l'Espagne.
(Hauas-Bu'hèr.)
Voici les dépêches que nous recevons ce
soir :
New-York,28 déc. matin (par le Cuba.)
Savannah est occupé par les fédéraux. L'ar
mée confédérée sous les ordres de llardee s'est
échappée.
Les fédéraux ont vivement attaqué par ter
re et par mer le fort Fisher'à Wilmington;
ils ont été repoussés par terre, mais l'attaque
du côté de la mer se poursuit.
; Or, 210 3/k Change sur Londres, 238 ; co
ton, ils ; Bonds, 108 1/2.
Now-York, 28 décembre.
(Par le Cuba, voie do Crookhaven.)
Sherman s'est .emparé, à Savannalï, de TaO
canons et de -30,0Ôl> balles de coton. Il a fait
&00 prisonniers. Vingt mille habitans sont res
tas dans la ville.
Le général confédéré llardee a fait savoir à
Beauregard qu'un corps fédéral s'avançait de
Say«nnah> vers la rivière Altanah et qu'il pre
nait des dispositions pour lui barrer le pas
sage. ; .. ■
L'attaque des fédéraux contre le fort Fisher
a été très vivo et très prolongée.
Dans le Tennessee, le général Thomas conti
nue à poursuivre vigoureusement llood.
. Lo bruit court que Ureelcemiflge a fait es
suyer plusieurs échecs successifs aux fédé
raux dans la Virginie occidentale.
Une division de l'armée de I.ce est entrée
dans la vallée ée la Shenandoab.
Les journaux de Richmoud déclarent que la
cause du Sud doit être maintenue, quoi qu'il
arrive.
Cinq des incurslonistes de la frontière cana
dienne, qui avaient été relîlcliéà, ont été arrê
tés de nouveau et enfermés dans la prison de
Montréal.
New-York, 28 décembre, soir.
Une dépêche,' annonçant lo retour de l'expé
dition (le< Porter, -avait -été publiée, lille a été
supprimée par ordre du gouvernement. Le
bombardement continuait le 2(1. .
New-York, 28 décembre, soir.
L'or s'est élevé ù 220 1/8 -sur K> bruit du re
tour de l'expédition fé 1 Cirait! de Wilmington à
la fui'teresso,Moriivë. (llavas-Vu/lier.)
COURS DE LA BOURSE.
CO !!i# UB CLOTURS
3 0/0 aucompt.
■Fin du mois.
41/2 aucompt.
■Fin du mois.
lo G
G6 80
66 85
94 80
91 75
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Si la discussion soulevée contre la Ban
que de France avec uno recrudescence de
vivacité depuis plus d'un au a pris un ca
ractère de gravité qu'elle n'avait jamais eu
auparavant, personne n'en a été surpris,
i.en raison des circonstances dans lesquel
les elle s'est réveillée. On aurait tort éga
lement , à notre avis, de l'attribuer exclu
sivement à do mcisquines rancunes per
sonnelles.
L'esprit public sait, en' effet, parfaite
ment reconnaître les tendances de ce gen
re, et, grâce à !a conscience qu'il en a eue
jusqu'ici, la Banque de France a conservé
daus l'organisme financier la place qu'elle
devait occuper ; elle a conservé dans l'é
chelle du crédit le rang auquel elle avait
droit.
Aujourd'hui, pour la première fois,nous
voyons le commerce lui-môme, agité par
un malaise dont les causes ne sont pas
suffisamment connues, intervenir dans la
discussion. Sommes-nous donc à la veille
d'une révolution dans le système des Ban
ques? Il n'y a pas lieu de le penser ; jamais,
dans aucun ordre d'idées, un perfectionne
ment n'a été l'occaSion d'une révolution.»
Tout au plus en a-t-en conclu à là néces
sité d'un perfectionnement symétrique
dans les diverses ramifications de l'orga
nisme intéressé. j
Mais quelles que soient les perspectives
ouvertes dans cette direction , l'essentiel
est de ne traiter une question de cet ordre
qu'avec la plus entière impartialité et sur-■
tout avec la plus exacte connaissance des
faits., ■
La Banque de France a été injustement
attaquée ; et l'on a trop oublié que, par
ses actes même, elle a prouvé qu'elle était
perfectible. L'énumération des faits qui
va suivre est toute à. l'honneur de la Ban
que et de ceux qui l'ont dirigée, à l'hon
neur des gouvernémens qui successive
ment l'ont autorisée à prendre la place
qu'elle occupe, à l'honneur du commerce
français, qui, avec ce seul auxiliaire, a
pu faire de si grandes choses.
Le capital de la Banque est fixé à 40,000
actions de 1,000 fr. chacune par la loi du
14 avril'1803. La moindre coupure des
billets est de 50Q francs.
Le 22 avril 1806, lo capital est porté à
90,000 actions de 1,000 francs.
Le 18 mai 1808, la Banque est autorisée
à fonder des comptoirs. •
Le 3 septembre 1B08, elle est autorisée
à recevoir des dépôts.
La loi du 17 mai 1834 permet les avan
ces sur effets publics français, même à
échéance indéterminée.
Le 30 juin 1840, le privilège est prorogé
sans conditions remarquables.
Le 10.juin 1847, la limite des coupures
des billets de Banque est abaissée fi 200 fr.
Elle avait déjà été mise-à 250 fr. par l'or
donnance du 25 mars 1841.
Le 10 aéï'fjmbre 1847, une ordonnance
royale permit à la Banque d'émettre un
capital spécial de 10 millions pour la Ban
que d'Alger. Cette ordonnance n'a pas été
mise en vigueur ; la date l'explique.
Le 13 mars 1848, le gouvernement pro
visoire décrète le cours forcé des billets
de la Banque de France, eten môme temps
des banques départementales, limitant à
350 puis à 452 millions le chiffre de la cir
culation totale, et crée les coupures de
100 francs. "
. Le 26 mars, les récépissés sur dépôts de
marchandises sont admis à l'escompte,eu
remplacement de' la troisième signature.
; Le 27 avril, un décrettàu gouvernement
provisoire réunit à la" Banque de France
les Banques départementales de Rouen,
de Lyon, du Havre, de Lille, de Toulouse*
d'Orléans et de Marseille, il est émis à cet
effet 19,200 actions nouvelles, portant le
capital à 85,100 actions de 1,900 fr. (1).
Le 2 mai, sont à leur tour réunies les
Banques de Nantes bt de Bordeaux, moyen
nant 6,150 actions, ce qui porte le capital
à 91,250 actions. Les Comptoirs et les Ban
ques annexées prennent le titre de succur
sales. "
- Le 22 décembre 1849,1e maximum d'é
mission, limité à 452 millions par les dé
crets qui autorisaient le cours forcé, est
porté à 525 millions.
Le 9 août 1850, une loi fait cesser le
cours forcé des billets.
Le 3 mars 1852, les avances sur fonds
publics sont étendues aux actions et obli
gations, puis, le 28 mars, aux obligations
de la ville de Paris.
Le 9 juin 1857, le privilège est prorogé.
Le capital est porté de 91,250 à 182,500 ac
tions. La faculté d'avancer est étendue aux
obligations du Crédit foncier; la Banque
(i) 11 û'yavait à cette époque en circulation que
67,900 actions. .
LA FORÊT DE BONDY
EPOQUE DE LA RÉGENCE.
Ciiiquicnir parti»'.
IX.
gkakdk liquidation.
Aussitôt qu'on se fut rendu maître de
l'amiable incendie queJoanneton,au moyen
d'une, mèche salpétrée, avait organisé à
l'usage du sir de llacinoux, l'assemblée s'é-
taut reconstituée,
— Nous reprenons, Messieurs, dit avec
autorité lo baron do Liliers en ayant.l'air
do s'emparer de la présidence. ^
C'était un homme aux environs de là
cinquantaine, d'une grande raine, ne pa r
raissânt point emprunté dans l'habit de
gentilhomme qu'il venait d'échanger con
tre la défroque du Meneur de Loups , et
doué,- comme le fils qu'il allait présenter à
la réunion, d'un remarquable talent de pa
role. , ■ 1
On comprend toutefois que nous ne re
produisions pas textuellement la suite de
son allocution à Messieurs de la noblesse.
Parlant devant un auditoirequi no savait
rien de sou nébuleux passé, il devait, pour
être compris, entrer dans raille minutieux
détails que la marche du drame a déjà lais
sé connaître au lecteur, sans compter ceux
que sa perspicacité lui a fait deviner. Dès
lors,pour éviter le plus possible les redites,
force nous est de prendre à notre compte
les explications qui vent suivre. Elles ne
sauraient manquer au reste d'être les bien
venues, puisqu'elles vont en finir avec le
reste des obscurités calculées qui, à partir
du prologue, n'ont cessé de planer sur no-î
tre récit.
A l'époque où il faisait à l'Université de
Nantes les études médicales par lesquelles
il espérait réparer la perte de son patri
moine, le baron de Liliars avait formé
avec le jeune La Raye, fils d'un petit bour
geois de Vitré, et comme lui éleve en mé
decine, une de ces solides amitiés qui,
commencées sirles bancs de l'école, re
tentissent ensuite dans le reste.de la vie.
Ardens tous deux de cœur et d'eSprit,
ces jeunes gens avaient dans le domaine
de la science des aspirations d'une éteu-
due singulière, et comme ce grand zèle des
conquêtes intellectuelles, maintenant leur
vie à un grand état de pureté, avait pen
dant longtemps ajourné chez eux les ex
plosions de l'adolescence, il devait arriver
que la première étincelle de passioh s'al-
lumantdans leur âme déterminerait un
violent embrasement,
Parti lo premier pour Paris, Antoine La
Raye n'avait pas tardé à devenir l'aide de
Félix, le premier chirurgien du roi, et dans
les entoura de la cour où ses fonctions
lui ménageaient quelqu'acoès subalterne, ;
ayant remarqué la fille dô Daigremoat,
une créature alors remarquablement bel-î
le qui était employée à lu chambre des fil
les d'honneur de Madame, il s'était épris
pour elle d'un fol amour. Cet amour, au
lieu de se dénouer dans le mariage rêvé
par sa modeste ambition, avait^ pour lui,
abouti à un cloître et à cette secrète et
implacable hostilité nous le savons en
gagé avec le Régent.
C'était avee la même naïveté d'entraîne
ment juveuil que dans les conditions ra
contées par le sieur Le Hou&dec, le baron
de Liliers avait, peu après, accepté la main;
de Mlle de Lambilly, sœur du conseiller.
Mais courtes avaient été les joies 4e cette
union. A peine retourné en Bretagne avec
sa jeune femme, M. de Liliers avait inter
cepté une lettre apportée à celle-ci par un
Uomme trui ? avec des allures jouées de
est autorisée à élever le taux de l'escompte
au-dessus de 6 0/0, en portant les bénéfi
ces qui en résulteront en addition au ca
pital. La coupure de 50 fr. est autorisée.
- • ^çilà, au point de vue légal, les modifi
cations subies par la Banque. Au point de
vue administratif, cette histoire serait bien
plus longue; mais nous pouvons au moins
rappeler que depuis deux ans la Banque;,
pour mettre plus complètement ses fes-.
sources à la disposition du commerce, a
réduit ses avances sur rentes et valeurs de
200 et 250 millions à 70 millions ; qu'elle
vient,par une simple élévation du taux des
avances sur lingots, de produire un abais
sement considérable dans le prix du mé
tal argent. •
Quant à la mobilité du tauxdel'escomp-
te, il convient de remarquer qu'en 1864 la
diminution a été plus rapide que l'augmen
tation; qu'en 1864, pour la première fois,
la Banque de France a soutenu un écart de
2 0/0 avec la Banque d'Angleterre.
'Ces faits paraîtront certainement suffl-
sans à tout le monde. En dehors du prin
cipe acquis, de la non-immutabilité de la
Banque, nous pensons qu'ils donneront à
réfléchir aux esprits en traînés, et que ceux-
ci comprendront que la moindre réforme
mûrie et pesée, accomplie par la Banque,
a des résultats bien plus féconds que les
tîiéories nouvelles. > ■ ■
Usprouveront en outre, qu'avec lesnom-
bretfses sources d'informations dont la
Banque dispose, elle estmieux àméme que
personne desavoir quelle modification doit
être introduite dans le cycle délicat de la
circulation des capitaux, etpeut produire,
par un simple eliangement d'installation,
inaperçu le plus souvent, des.effets immé
diats qu'on attendrait en vain de l'idéolo
gie 1 qui paraît dominer maintenant.
Cette simple idée que la Banque n'a ja
mais eu dessein de s'immobilisèr au milieu
des progrès incessans du siècle, nous sein
ble de nature à calmer toute effervescence,
à rendre à une discussion aussi importante
le calme indispensable. Prétendons^nous
par là dire qu'en ce moment, cédant à une
pression organisée, la Banque entrera dans
la voie de l'expérimentation ? Nullement,
nous voulons simplement conclure des
laits passés que la Banque ne manque pas
à sa.mission, qu'elle .(Cherche à la vérité la
sécurité du commerce plutôt que les élo
ges,mais qu'elle a sans cesse modifié sa
constitution de manière à satisfaire à tou
tes les exigences légitimes.
Nous allons voir maintenant comment
sa conduite dans les circonstances actaçl-
" les a toujours été d'accord avec les idées
fondamentales du crédit.
Lo journal la France, àr l'occasion de la
pétition du commerce lyonnais, vient de
publier sur la Banque de France un arti
cle véritablement étr.ange. En défendant
le système préconisé récemment, l'auteur
prétend que studoctrine est «fondée sur
la calme observation des faits, sur l'his
toire financière de notre pays et sur les
saines notions de la-circulation et du cré
dit. »
Examinons un peu si c est bien en effet
sur ces bases que l'écrivain appuie son rai
sonnement : « Le commerce &v; it cru jus
qu'à présent que le vrai moyen de lui ren
dre service, c'était de lui fournir à bon
marché"les ressources qui lui sont indis
pensables, et de tenir toujours libérale
ment ouvert le réservoir d 'ESPÈcia ou il
vient puiser chaque jour. »
Voilà une saine notion de la circulation
et du crédit. Il nous faut des espèces, n'en
fût-il plus au monde, et il nous en faut à
bon ; marché, dùt-on les payer cher. Ne
dites plus que l'or est une marchandise;
un cadeau à la bonne heure. Lçs plus am
bitieux s'étaient bornés jusqu'ici à de
mander à la Banque des billets ën abon
dance et à bon marché. Cela revenait au
même; mfltis au moins, au premier abord,
cela paraissait moins absurde.
■ « Le commerce croyait que, dans les
momens de criso , s'il y avait des pertes à
subir,, c'était la Banque qui devait s'en
charger sur les énorme s bénéfices que son
monopole lui assure, et non le commeree,
qui ne saurait être responsable des em
barras et des diminutions de l'encaisse. »
Voilà sans doute pour la calme observa
tion des faits. Il nous semble entendre un
frileux reprocher au thermomètre de ne
pas marquer 25 degrés quand il fait froid.
Le commerce n'est pas responsable des
embarras de l'encaisse ! Sans doute, pas
plus que personne n'est responsable de
l'hiver, qui oblige cependant à brûler plus
de bois. Et encore qui donc use l'encaisse,
le disperse, l'éparpillé, si ce n'est le. com
merce? On ne le reijd pas responsable;
mais, quand il a tout pris, n'est-il pas per
mis de lui montrer que la marchandise
est plus chère?
Mais nous avons hâte de montrer avec
quelle exactitude procède le journal, la
France quand il s'agit de « Chiffres carac-
tôristiqaes de nature à. compléter l'ins
truction ». du public commercial. ■ 1
Le dividende de 1864 est, dit-il, de 235
francs. Il compte un dividende extraordi
naire de 35 fr. payé le 10 octobre. Ces 35
francs provenaient de retenues faites suc
cessivement sur les bénéfices des premier
et deuxième semestres de 1861 et du pre
mier semestre de 1862 ; retenues motivées
sur les craintes inspirées à la Banque par
certains sinistres de Marseille; ces sinis- j
très ayant été depuis compensés par les
paiemens des débiteurs, on a rendu aux !
actionnaires la part de bénéfices qu'on ne
leur avait pas distribuée àl'époque voulue.
La France ajoute qu'on n'a pas fait figu
rer dans ce chiffre les bénéfices réalisés
par l'élévation du taux de l'escompte au-
dessus de 6 0/0. Il est vrai qu'elle dit elle-
riiéme que ces sommes sont portées ^au
compte capital. C'est vrai; mais ce quil'est
moins, c'est l'appréciation qu'elle en tire,
quand elle ajoute qu'on peut évaluerà250
fr. par action le bénéfice réalisé en 1864.
Lé chapitré bénéfices en addition au ca
pital s'élevait, au 26 déçembrë 1863, à
2,810,234 fr. 96 c. Il est, au 24 décembre,
de 6,916,123 fr. 71 c. Donc, en 1864, il
s'est accru de 4,075,888 fr. 73 c. Quel bé
néfice donnent aux actionnaires ou à la
Banque des sommes qui sont réservées
pour accroître le capital, et qui forment
par conséquent dès à présent une sorte de
capital neutre," augmentant les garanties
et les moyens d'action de la Banque sans
pouvoir ètro compté comme partie pre
nante, sans pouvoir être distribué 7
Mais, en voulant bien renoncer à comp
ter ces sommes comme bénéfices, l'auteur
en revient aux 235 fr,, et compare l'année
« prospère» 1863 à l'année 1864. En 1863,
la Banque n'a distribué que 165 fr. Nous
avons vu que la différence n'est pas de
165 à 235, mais de 165 à 200 seulement.
Donc 35 francs d'augmentation, pas da
vantage. Or, ce que l'habile observateur
des faits ne sait pas, c'est que le chiffre
des escomptes de 1864 est de 900 millions
environ plus fort que celui de 1863, « an
née où le commerce était prospère. * De
sorte que l'augmentation de bénéfices de
1864 sur 1863 représente 860 millions es
comptés à 0,70 c, pour cent environ.
Nous arrivons à des raisonnemens plus
sérieusement inexacts.
Les trois cents notables de Paris et les
quatre cents notables de Lyon, qui font à
eux seuls plus d'un milliard d'affaires,
ont payé, au lieu de 3 ou 4 0/0, 7 à 8 0/0,
plus les commissions - de Banque. C'est
un accroissement do charges de 4 0/0 au
moins,- d'après la France, qui, toutefois,
veut bien admettre 2 0/0 seulement, en !
supposant que la durée moyenne des opé-.
rations n'est que de six mois. Nous avons
cru jusqu'ici qu'en pareil cas c'était la
durée des échéances qui faisait loi, et nous
ne connaissons pas beaucoup dé bon pa
pier au-delà de trois mois. Le papier à'
long terme ne se fait pas /comme on sait,
quand l'escompte est à 7 ou 8 0/0, du
moins tant que le négociant qui l'émet
est sain d'esprit. On réduit même en pa-'
reil cas les échéances à deux mois , et
même quarante-cinq jours, sauf à renou
veler.
Toutefois, si nous admettons, comme la
France, les 2 pour cent, nous voyons que
les 700 notables commerçans ont payé en
trop 20 millions . Ce qui donne la som-'
me de 28,570 fr. pour chacun. Mais si
nous revenons au chiffre plus raison
nable que nous avons donné, et qui ré
duit à 1/2 pour cent à peu près la diffé
rence présumée, nous avons 5 millions en
tre 700 notables, soit pour chacun 7,150 fr.
C'est à ce prix qu'ils ont évité la crise de.
.1864 , pendant laquelle l'Angleterre a dû
liquider dans uno seule semaine pour
75 millions de papier de complaisance,
pendant laquelle la place de Rio de Janei
ro chiffrait le passif de ses faillites par 200
millions..
Nous pensons que les notables, qui
croyaient, d'après la France , avoir perdu
des sommes fabuleuses, vont se rassurer
un peu.
Pour couronner l'œu vre, et prouver sans
doute avec quelle sérénité il observe les
faits, l'écrivain de la France veut établir
que la Banque a rendu moins de services
qu'en 1863,
Voici la démonstration :
En janvier 1864, le porte
feuille s'élevait à 752 millions.
Les avances sur titres à.. 115
Total.. . 867 millions.
En décembre 1864, le por
tefeuille est réduit à.. 562 millions.
Les avances sur titres à.. 66
Total... 628millions.
La diminution est donc de 239 millions.
Sans doute cette démonstration brille
par la simplicité ; quel dommage qu'elle
soit complètement inexacte !
D'abord, il est assez maladroit de mon
trer que les avances sur titres ont dimi
nué, car cela prouve que la Banquè res
treint cette nature d'opérations , et par
suite conserve plus de ressources dispo
nibles pour le commerce.
Ensuite; pour savoir si la Banque a res
treint ou augmenté ses opérations d'es
compte, il faut prendre le chiffre des bil
lets qui sont entrés'dans son portefeuille
et non le solde de ce portefeuille, solde es
sentiellement mobile et toujours plus éle
vé la veille d'une fin de mois qu^ le len
demain. r
Or, en 1863, la Banque " 4
a escompté.. 5.688,234.000f,
En 1864 6.550.735.300
mystère, portait ostensiblement, la livrée
de.M. le duc d'Orléans. Rapproché de son
contenu, l'espèce de certificat d'origine
qu'on avait eu soin de donner à cette com
promettante épître accusait dans son au
teur un dépit amoureux emporté hors de
toute mesure.
Le prince, au nom de prétendues bon
tés dont l'ancienne fille d'honneur de sa
mère l'aurait brusquement dépossédé par
son mariage, réclamait la restitution d'u
ne bague, précieux souvenir de famille,
qui, dans un rendez-vous nocturne, aurait
été prise à son doigt sans qu'il eût. jamais
pu avoir l'intention do s'en séparer d'une
façon définitive.
Montrée à celle qu'elle flHrissait, cette
lettre aurait amené une explication.
L'inculpée avait mille choses à dire
pour sa défense.
Elle aurait raconté une démarche à la
quelle elle s'était résolue auprès de Ma
dame duchesse d'Orléans pour se plaindre
des obsossions que son fils avait fini par
pousser, avec elle, jusqu'au dernier degré
de l'insolence. Nature un peu cynique ,
Madame avait traité plus que légèrement
les griots, de la jeune fille, en lui disant :
« Que son coq était lâché et que c'était
» aux poules à savoir se garer. » Mais, ce
souvenir invoqué , comme cette mère fa
cile était au foud un c^r&ptère droit, et vé-
ridique, «lie eût témoigné de la réalité de
ce recours fait à son autorité, ce qui cer
tainement devait être compté poar un
commencement de justification. :
Mme de Liliers eût pu dire encore que,
ne trouvant pas du cqté de Madame la pro
tection qu'elle était en droit d'attendre,
elle s'était adressée à Mme de Maintonon,
laquelle n'avait si vivement mené son ma
riage que pour la soustraire à la poursuite
dont on osait dire qu'elle n'avait pas su se
défendre. ? Or, si quelque chose eût été à
repsocUer dans sa conduite, Mme de Main-
tenon, dont., après tout, elle n'avait pas
l'honneur d'être la parente, était-elle ferfi-
me ? avec cette rigidité de principes qu'on
lui connaissait, à s'employer pour trom
per un gentilhomme et pour faire sciem
ment de lui, l'endosseur d'un ignoble
passé?
Enfin, en approfondissant le procédé du
duc d'Orléans, on eût su que, caprice pour
lui d'un moment, la Daigremont avait en
suite été sa messagère d'amour, et, d'iiiduo-
tion en induction, comme 1 instinct de
Jeanneton le lui fit entrevoir plus tard, on
serait peut-être arrivé à découvrir l'in
fâme substitutisn dont le prince avait été
la dupe et Mme de Liliers la victime.
Mais, jaloux furieux, n'ayant consulté,
et seulement par correspondance, que son
ami La Raye, qui, encore tout meurtri de
sa propre déconvenue, lui avait dopné
toutes les femmes pour des abîmçs de du
plicité, M. de Liliers avait jugé qu'avec la
preuve tombée dans ses mains aucune
recherche de la vérité n'était nécpssaire.
Tout au plus il avait donné quelqu'at-
tention à la manière d'être de sa fpmme
avee lui, et de ce c$té ne lui était venue
aucune consolante lumière. L'ayant épour
se au pied levé, presque sans le connaître,
sa femme n'avait pu immédiatement mon
ter sa tendresse conjugale à la tempéra
ture qu'aurait pu "désirer l'homme qui,
épris d'ell^ à première vue, s'était mis à
l'aimer avec-toute la jeunesse de soncfcsur
et de s»s sans. '
Prise alors pour un reliquat d'ancien
attachement, cette froideur relative avait
exaspéré la conviction que tout d'abord le
visionnaire s'était faite d'une possession
ayant devancé la sienne. Concentrant en
lui-même ses tort14r .es et, Sous une appa
rence de tranquille ignorance, cloué dans
une continuelle et poignante contempla
tion au sentiment jdef son déshonneur, ce
malheureux n'avait plus vécu que pour
une idée, celle de cette expiation froide
ment-cruelle dont une jmqginatioîi natu
rellement tournée aii sombre et au roma
nesque avait été pour lui la fatale inspira
trice. Lui-même, au chapitre précédent,
nous disait l'exécution de cet infernal jjirp,-
jet de vengeance, mais plus d'un impor
tant détail avait dû "être omis dans son
récit, qui, fait en présence de l'espion de
Dubois, était condamné à des précautions
et à des réticences.
L 'abbé de Livry était- entré plus profon
dément que.ne l'avait ditM.deLilieFS,dans
la complicité de sa coupable violence.
Avant tout, fidèle aux devoirs de l'amitié,
il avait d ; autantplus facilement épousé les
colères de l'implacable épouxyque sa hai
ne personnelle contre le duc d'Orléans lui
laissait moins comprendre et pardonner
qu'on pût avoir une faiblesse contre oe
qu'il appelait un pareil mi&érahh,
Après quelques objections tièdes contre
le noir projet auquel on lui demandait de
s'associer, bien qu'à voir la prévenue il
n'eût pu s'empêcher de reconnaître en elle
de ces airs de candeur vraie qui absol vent,
il avait fini par permettre que sa sainte
maison devint le théâtre du guet-apens
conjugal qui se préparait, et même il
avait fait plus.
En correspondance scientifique avec
Jean Kunckel, célèbre chimiste allemand,
qui venait de lui communiquer la décote
verte encore toute récente dtt phosphore,
c'était lui qui avait enseigné à M. de Li
liers à ge servir de cet agent chimique
pour donner à son invasion dans la cham
bre du l'accouchée une apparence surna,-
turelle; mais, à ce moment, voilai ce qui
s'était passé.
Quoique, sous aon habit de religieux ot
sous son masque flamboyant, 1e ravisseur
' n'eût pas été reconnu par sa femme, celle-
ci, avec le courage d'une lionne à laquelle
on velit enlever ses petits, avait résisté si
énergiquement au fantôme, que ses on
gles avaient imprimé u.po traoe ineffaçable
sur le bras par lequel elle essayait de re
tenir son enfant. Ainsi s'explique la mar
que sanglante signalée par la Vassivière,
au moment où Colingry lui avait yenils le
nourrisson qu'il rapportait de son excur
sion dans 1$ forêt \ ainsi enoore, à toutes
-ipb'.^r-euves'^tabHssant la filiation de I ' oq -
D'oùaugmentationenl864 852.501.300 f.
Jugeons donc les conclusions de l'arti
cle de la France :
«Un accroissement de bénéfices "d'au
moins 15 millions pour la Banque. »
C'est inexact, puisqu'elle ne donne par
action que 3$ francs de plus, soit 6 mil
lions.!/2.
fant perdu et retrouvé, avait pu s'ajouter
comme dernier élément d'évidence le stig
mate gravé dans sa chair par le désespoir
maternel.
Du reste, un châtiment cruellement ap
proprié à la monstrueuse action qu'il ve
nait de commettre j n'avait pas tardé à at
teindre M. de Liliers.
Comme il rentrait à l'abbaye après avoir
abandonné sonfils aux mains de Colingry :
— Mon ami, luiditl'abbé, la Providence
se déclare en favèur de votre femme ; trop
légèrement peut-être nous l'avons- tenue
pour coupable; pendant votre absence
elle vient de mettre un second enfant au
monde, et celui-là, je ne permettrai pas
qu'il lui soit enlevé.
A la nouvelle de ce caprice de la nature,
qui faisait son crime perdu, telle avait été
l'émotion éprouvée par le coupable qu'un
violent afflux de saag vers la tête était ve
nu mettre sa vie en péril. Ayant vainement
employé toutes les ressources de son art
pour combattre cet accident apoplectique,
l'abbé était occupé à administrer au mou
rant les derniers secours spirituels, quand,
arrivant par le souterrain qu'il avait dé
couvert dans la forêt, Colingry était venu
les surprendre. Mais un orage dans le
çioment éclatait sur l'abbaye, la foudre
otait tombée avec fracas, et la révulsion
rebelle à tous les autres moyéns employés
pour la provoquer, la commotion électri
que 'Pavait, opérée; ainsi, contre toute at
tente, le bourreau de son propre bonheur
avait survécu.
Mais c'était pour continuer à se tortu
rer, .
Sans être complètement revenu sur le
compte -do Mme de Liliers, l'abbé, à son
égard, était entré dans la voie du doute.
D'ailleurs, il était son hôte, et, eût-elle été
la dernière des misérables, comme méde
cin, il lui devait ses soins. Il s'arrangea
donc pour que la terrible émotion subie
Sar la pauvre femme au moment où cet
omme de feu était venu lui enlever un de
ses n? se compliqué pas du coup qui
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