Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-12-28
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 28 décembre 1864 28 décembre 1864
Description : 1864/12/28 (Numéro 363). 1864/12/28 (Numéro 363).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
49* ANNEE.—N. 363
âBONNKMKPiS DES JDÉPARTEMENS
BURMIJX A l'ARtë s ruç# VaJols (Palais-Royal), n! 102
B
MERCREDI 28 DECEMBRE 18(14.
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- :.- - ' 48WîmemsBBPMts;. •'.
TROIS MOIS
SIX MOlS ^.r
UN AN:. •,
fOU* LES FATS ÉTBANGERS, Voir le tableau
publié les 5 et 20 chaque mois.
imp, t. BONIFACE, r. des Bons-Enfans, 19.
TilOIS MOIS.......
SIX MOIS;.........
UN AN
UN NUMÉRO 20
• 13 Ffi.
26 FR.
T 82 FR'.
CENTIMES,
/JOURNAL POLITIQUE. LITTERAIRE, UNIVERSEL.
■j. " - ' . '
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. Les artieles déposés ne sont pas rèndus.
Les Annonces sont reçues chez M. Panis , rne Notre-Dame-des-Victoires, a*
(place de la Bourse).
PAIiïS, 27 DECEMBRE.
Le discours prononcé par la reine, li
bellé, à l'ouverture de la session, a été
généralement considéré comme.paciflflue,
plutôt encore à,, raison de ce qu'il ne dit
pas que de ce qu'il di,t. Dans le silence qu'il
a gardi sur certaines, queâtîons et? datfs. la
' façon assez vague dpnt il s'est exprimé sur
certaines autrès, en a cru voir l'intention
de la. part du gouvernement espagnol de
les résoudre toutes à.l'amiable. Peut-être
aussi le gouvernement a-t : il voui 14 engager
la responsabilité des Gortès en leur laissant
le soin d'examiner et de décider ces affaires
qui touchent à l'bmneur et à la dignité du
peuple espagnol. •
D'après la" Epoen l'un des premiers pro
jets de loi que présenter^, le cabinet sera
relatif aux affaires de Saint-.Domingue,
mais le débat sera-t-il porté d'abord au
Sénat ou devant lé Congrès,? c'est ce qui
n'a pas encore été résolu. Au reste, tant
que l'adresse, en réponse au discours delà
couronne n'aura pas été. vo'té,^, les. Gftaift-
bres ne pourront s'occuper de cette, ques
tion dont la solution çst des plus urgen
te?. ■; ■ w ;■ . ■>,, . :V;. ;
Il est difficile qu'elle soit, vidée :p.ar un
vote législatif ayant la fin de janvier, et,
comme le fait réçnaijqûer la"I?ppp«, il
aurait plus que quatre jnois jusqu'au mois
de mai sila guerre devait continuer, pour
envoyer les renforts réclamés depuis le
printemps, derniers par les autorités militai
res des Antilles. Si les Gortès au contraire
devaient voter l'aba.iidon; il. serait regret
table que, pendant ce laps de. temps, Vin
surrection > presque toujours vaincue, aug
mentât ses forces en rendant ainsi plus
onéreux les sacriû,cçs que l'Espagne s'es.t
déjà imposés.' * ■ •;*>
En présence dp ces difficultés, il n'est
pas étonnant que cçttç question de .Çj^Rt-
- Domingue cause dans. les. régions po
litiques les plus- vives préoccupations.
Si nou-s éû croyons, la Çvmspotfdencià,
dans la première, séance tenue par, la
junte consultative do guerre, le marquis
de Pezucla s'est prononcé pour le main
tien de rânn,cx\qn, ea subordonnant
toutefois son opinion aux considérations
politiques et' économiques que- pourrait
présenter le ministère. Les autres mem-
bres'de la junte ont opiné dans' le sens de
l'abandon. ... -
La Chambre des députés a complété
l'organisation, de.sQn bureau P,ar "la no-
mirjation des vice-présidens et des se
crétaire, qi^i.
si nous ne nous trom
pons, appartiennent presque tous à l'o
pinion ministérielle. Au Sénat j deux-[se
crétaires ministériels ont été nommés, et
les deux autres ont été pris dans l'opposi
tion uniopis^e. ,.. >
C'est au Sénat que le nouveau cabinet
doit s'attendre à rencontrer le plus de ré
sistance. Suivait'la Epoca , voici com
ment les voix se repartiraient, aujour
d'hui dans cettf assemblée, sans compter
les membres qui pourront arriver à Ma
drid avant \e vote de l'adresse et le vote sur
la question dé Saint-Domingue : Majorité
ministérielle^ 104; opposition déclarée, 58;
douteux et extrême droite, 16.
f Dans ia" Cbambre dès députés, o,n cite
comme lés chefs, lés plus marqûans dç
l'opposition le comte de San-Luis et M.
Nocedal ; mais cçs ?ncien^ ministres ne
pourraient compte?, dit .la Correspmknm,
que sur une, vingtaine de, députés. •
- Gette dernière feuille, îaisant allusion "à
l'attitude hostile prise contre le gouver
nement par certains membres etquelques
journaux duparti modéré, publie un ar
ticle qui semble avoir un caractère semi-
oiflciel et dont nous, extrayons les lignes:
suivantes :
« Le gouvernement regrette une pareille
attitude, car son premier désir est d'avan
cer la réorganisation de ce parti dont il'
ne répudiera jamais les doctrines en au
cun,»? occasion. Cependant il continue:
tranquillement sa route parce que l'é,-/
Ioigaement que: lui inspirent certaines
individualités, si hautes qu'elles soient,:
ne le fera jamais abandonner la voie
de sincère c'onstitutionnalité qu'il s'est
tracée. Il serâ modéré ' mais libéfal,
et s'il lui était impossible d'être libé
ral, il cesserait d'être gouvernement. '
s » Les .lois qu'il présentera b.iéntôt au
Parlement et par lesquelles, toutven don
nant, les plus grandes garanties à l'or
dre et à la monarchie, on accorde des
garanties égales 4 .la libre émission de
-la pensée et à la sécurité, individuelle, de
même que les: déclarations formelles que
fera le cabiaet devant les Chambres, prou
veront enfin aux hommes du parti modé
ré qu'ils doivent espérer ,1e triomphe, de
leurs principes, et aux, constitutionnels
qu|il ne sè fait rien "de contraire à la loi
,ni auxprogrçs du siàçlç.V
* Dans la presse allemande,, nous n' avons
guère à signaler aujourd'hui à propos delà
question des duchés, qu'un arlicleassez vif
de VOsl-Deutsche-Posl qui reproche au càbi-
uet de Vienne ses' tâtonnemens, ses len
teurs et sos complaisances pour la Prusse.
«S'il y avait, dit cette feuille, un prix
Montyon institué par los grandes puis
sances européennes, ce serait l'Autriche
qui le remporterait par son abnégation et
sa modestie illimitée..»
Le Sun annonce que la reine \ictoria
fera l'ouverture du Parlement. G'«st< la
première fois depuis la mort du prince Al
bert que Sa Majesté assistera a celte céré
monie.
Lord Lyon s, ex-ministre d'Angleterre
aux Etats-Unis, vient, d'arriver a Londres.
Les journaux anglais attribuent le retour
de cç diplomate au mauvais état de sa
santé que le surcroît des travaux nécessités
par la guerre d'Amérique a gravement
altérée. - ■
Nous trouvons dans le Times, la réponse
adressée par lord Wharncliffle à la, lettre
par laquelle M. Sewarda refusé d'accepter
les 17,000 liv. st. recueillis par souscription
au bazar de Liverpool pour l'amélioration
du sort des prisonniers confédérés. Con
trairement aux assertions du ministre d'E
tat des Etats-Unis, lord Wharncliffle pré
tend , en citant divôrses lettres à .lui
adressées , qu,e le soçt des prisonniers.dp
Sud est des. plus misérables, et que plu
sieurs même sont morts fautë"d'une nour-
jiture suffisant^. Lord "Wh,arncliffle renou
velle la déclaration déjà faite, que la sous*
criptio,n ouverte par les dames de Li-
verpool' n'avait rien de politique, et il
assure que le refus du gouvernement fé-
déral n'âlïectera pas sérieusement la- dis
tribution des secours-aux malheureux pri
sonniers, confédérés.
: Les jouruaux italiens nous ont manqué
aujourd'hui.'
Plusieurs journaux, entre autres l\Indé
pendance belge, dans une de ses correspond
dances parisiennes, ont affirmé, en pair;
lant des affaires du -Mexique,qur.l'-ar-
chevêque de Mexico, Mgr Labastida, qui
était, fort bien portant la-veille même
du jour où l'empereur a fait ^a reafcré« à
Mexico, s'est trouvé subitement indispo
sé, ce jour-là même. ' . .
Nous apprenons-de bonne source que
cette assertion e&t tout à fait- inexacte.
Longtemps avant l'arrivée de l'empereur
Maximilien, l'archevêque était malade, et,
la veille même du retour ds l'empereur, il
n'était pas encore remis de son indispo.-i-
tion. Malgré le mauvais état de sa santé, le
prélat a été présent, au palais, à la récep
tion du 29 octobre; et il a paru le lende
main à la table impériale. (
- JONCiÈRÇS.
TELEGRAPHIE PRIVEE.
, Saint-Pétersbourg, 26 déc8mbre. ;
Un avis de la Banque annonce que la sous
cription pour l'emprunt avee lots a été close
avant-hier et qu'elle a donné cent quinze mil
lions et quart de roubles. _ ,
. Turin,^^ 26 décembre.
On parle de la prochaine publication d'un
décret qui réorganiserait l'administration de
la guerre, réduirait le personnel et réaliserait
iles économies considérables.
Emprunt italien, 65.40. , ; '
Marseille, 27 décembre.'
Les lettres' de Rome, du 24, annoncent le re-
.tour ^u baron de Meyendorir. On .croyait qup
ca diplomate accompagnerait ses, collègues au
Vatican, Iota da la prochaine réception: diplo
matique. .• ••
Le journal la ÇQrrespwpdance -de Rome protes
te contre le nouvel ukase gui décrète, dit-on",
la transportation des Polonais non possesseurs
d'immeubles. 11 hésite à croire à l'exécutioji
d'une pareille mesure, bien que la Russie ait
traité de la même façon les Giroassiens. Il dit
avoir sous les yeux unelettro constatant qu'un
convoi de 2,300 déportés en Sibérie a laissé en
route près de 2,000 victimes.
M. Ilattazzi a été autorisé à venir à Viterbe
pour régler les affaires d'intérêt de Mme llat-
tazzi,-née Iîonaparle-Wysa, et de sa belle -Eceur,
femme du général ïiirr.
•On remarque la présence à Rome de M. Des-
prez, sous-directeur au ministère des affaires
étrangères de France. ' fJIavas-Bullïer.)
Voici les dépêches que nous recevons ce
seir :
Berlin, 27 décembre.
Oa lit dans la GaïcUsife l'Allc'naijne du Nord:
M. de. Ualan çst no tnraé ministre plénipo-
t' K. -de U,e.ydebra,ndt-, .ministre résidept,dé
Prusse \ Weiinar est nommé à Copenhague.
:-;Le cominissaiTO autricliien dans ks^duchds,
M. de Lœ-.ierer, qu'on disait rappelé à Vienne,
n'a reçu aucun avis à ce sujet.''
-, ■:.-■■i , Munich, 27,décembre.
M. de Pfr.elyschner, conseiller* au ministère
des linances,'vient d'être nommé ministro du
commerce =
; ' Saint-Pétersbourg, 27 décembre. '
La Gazette allemande de Saint-Pétersbourg
dit, en parlant des rapports de là ijlussie avec
Rome, qu'en allan,t à Florence, M. de Meyen-
dorff n'a eu pour but que de présenter ses'
hommages au grand-duc héritier, et que le
bruit d'après lequel on lui aurait envoyé ses
passeports est dénué de tout fondement.
La Gazette ajoute qu'il importe ■ trop au Pape
de ne pas rompre les relations avec la Russie,
à cause de l'influence* qye Rame doit tenir à
conserver sur lês sujets catholiques de l'em
pire.- Pour la Russie, au contraire, une ruptu
re aurait beaucoup moins d'importance.
' (Havas-Huilier.)
r.CiCJRS DS I .A' BOU.«Sfe,
CODSI SX CLOT178I
3 0/0 aucompt.
—Findu mois.
4 4/2 au compt.
—Pindumois.
le 28
65.30
65.35
93 80
91,75
le 27
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On nous écrit de Berlin, 24 décembre
1864$ "
La haute cour de justice a rendu hier
son'arrêt dans le procès des Polonais, ac-
ousés de haute trahison.
Conformément' aux conclusions, du mi-.
< nistère public, elle a prononcé^ -la peine
-da.jnoïtfitre les onze c ont umaces dont
..les noms suivent : MM. le comte.Dzialyns-'
ki, Guttry, Wolniewicz, Skoraczewski^ Ra-
' decki,Taczanowski,Zakrzewski,Lutomski,
:Lukaszewski, Juraczewski et Scyfried.. -
■ D'après la loi prussienne, la peine de
mort, ep matière politique , entraîne la
"confiscation des biens.
:■ La cour a admis des circonstances atté-
auantes pour 27 d'entre les accusés pré
sens, et les a condamnés, en- conséquen
ce, à-un simple internement dans une pla
ce forte (Einschliessung).
Leur crime a v cté défini ainsi ; Actes tertr
dant à préparer l'exécution d'un crime de hau
te, trahism.
Parmi les, condamnés de cette catégorie,
je citerai MM. Nieyolewski et Kosinski
(internés pour deux ans), Itusteyko et
Martwell (48 mois), le prince Gzartoryski
et M. Callier (un an).
: La peine de l'internement ne portepoint
atteinte à la fortune des condamnés, et;
■n'entraîne pour aucun d'èux l'obligation
de supporter les frais du procès,, qui* s'élè
vent, dit-on, à près de 1,200,000 fr.
Tous les autres accusés, au nombre de
cent, ont été acquittés.
Sur la demande des défenseurs et malgré
l'opposition du ministère public^ la cour a
ordonné la mise en liberté provisoire dos
■personnes condamnées à l'internementi, à
l'exception de M. Rusteyko et du docteur
Martwell, suj«ts étrangers. I
,.r'Ce-q^Jjcappe, le plus l'opinion, publi
que daiîs l'arrêt de la haute-cour, c'est son ;
-indulgence comparativement aux conclu
sions du procureur-général. Ce dernier
avait en effet, 1°" requis la peine de
mort non - seulement contre les onze
contumaces, mais aussi contre six accu-
■>é>5 présens; 2° la peine delà réclusion
de vingt à deux ans avec assujettissement
subséquent à la surveillance de la haute
police contre G1 prévenus;-3° l'acquitte
ment en faveur de 60 prévenus seulement.
. Dans les considérans de son arrêt, la
haute cour déclare qu'il est établi par les
débats des 86 audiences du procès :
« 1° Qu'en 1861 et 1862, l'émigration
» polonaise et lo parti révolutionnaire
» exi&lant ên Pologne on,t préparé de
» copcert une entreprise tendant à ré-
». tablir une Pologne indépendante -avec
» les frontières dô 1772 et à détacher, par
» conséquent, les deux provinces de la
'» Prusse occidentale (Dantzig) et de Posen
» de la monarchie prussienne;
» 2° Qu'en 1863 et 1864, au début de la
w révolution à Varsovie, le comité et le
» gouvernement nationaux ont suivi les
» mêmes tendances;'
» 3° Qu'à cette époque la. guerre était
'» dirigée exclusivement contre la Russie;"
» qu'il a été, interdit d'engager une lutte
» ' simultanée contre la Prusse et l'Autri-
» che et que l'on s'est, bornâ à demander
» aux anciens territoires polonais un so-
» cours actif qui a été fourni par eux.
. » Le ministère public, dit l'exposé de la
» cour, qualifie ces actes de haute tra-
» hissn ; mais les accusés nient toute pen-
» sée séditieuse contre la Prusse et affir-
» ment avoir voulu t,ont. simplement por-
» ter secours aux habitans du royaume
» de Pologne frappés par les rigueurs dy
» recrutement.
» La cour né peut-pas adopter la ma-
» nière devoir du ministère public ni con-
» sidérer les faits incriminés comme ayant
» eu pour but immédiat de détacher de la
» monarchie prussienne lçg provinces sus-
» mentionnées. La cour ne saurait donc
» pas reconnaître l'existence d'un com-
» plot. Elle .ne voit dans les faits allégués
»
»
»
»
»
que des actes tendant à préparer l'exé
cution du crime de haute trahison, et
elle reconnaît coupables de ce chef tous
ceux qui ont sciemment concouru à ces
actes. -
» Les nombreuses proclamations pro
duites à l'audience démontrent qu'on a
fait appel à la nation tout entière pour
rétablir l'ancien Etat polonais.Biqn que,
» dans un de ces manifestes, le gouverner
9 ment national déclare expressément que,
'•'» la guerre n'est 'point dirigée contre la
» -Prusse, il ajoute cependant que les :
» auxiliaires qu'on réclame pour combat- ;
» tre la Russie doivent concourir à ame-
» ner la renaissance de la Pologae. Il suit
» de là que l'acte de haute trahison
-» n ? était point directement dirigé contre
-j) la Prusse; mais les faits incriminés pré-
.» sentent lé caractère d'acte.s préparatoires
0 à ce crime et la cour déclare qu'une
» partie des accusés est coupable d'avoir
», concouru à des actes de ce genre..
» Des circonstances atténuantes sont
<)• néanmoins admissibles en faveur de ces
*» accusés, vu les raisons suivantes :
» 1° L'effervescence populaire' suscitée
» par lesautoritésrévolutionnaires et leurs
» agens; 2° la terreur inspirée à plusieurs
» accusés ; 3° le fait de l'abandon de la
» cause insurrectionnelle par plusieurs
» d'entr'eux; 4° la dépendance dans la-
» quelle un certain nombre dos inculpé.s
» se trouvent vis-à-vis de leurs co-accu-
» sés ; 5?. enfin l'efficacité des. mesures
» préventives , prises par la police de
» Posen et les autres autorités du royau-.
n me.,
» Dans cet état de choses, la haute cour
» croit devoir prononcer l'acquittement
» du plus grand nombre des prévenus et
» tenir compte aux condamnés de la lon-
v gue durée de l'emprisonnement préventif
a qu'ils ont dû subir. »
" Lés familles des personnes qui ne sont
pas comprises dans la sentence d'acquitte
ment espèrent que le gouvernement s'ins
pirera des considérations relativement in
dulgentes exposées par la haute cour et
qu'une amnistie royale sera bientôt éten
due sur tous les condamnés.
Pour extrait : L. B onifack.
On écrit
octobre :
« Le 22
de Yokohama (Japon), le 31
octobre a été signée, à Yo
kohama, entre les représentaus de la Fran
ce, delà Grande-Bretagne, des Etats-Unis,
de Hollande et de Ilidano- Kaini, membre
du Goragio et plénipotentiaire designé à cet
effet par le taïcoun, une convention qui rè
gle l'indemnité de guerre due pour la récen
te expédition de Simonosaki, et que le gou
vernement japonais consent à garantir.
Cet acte fixe à 18 millions de francs tou
tes les réparations que réclament.actuel
lement ou que pourraient par la suite- ré
clamer les puissances iidont les bâtimens
ont été l'objet d'attaques de la part du
prince de Nagàto ; il laisse en même ternps ?
au gouvernement du taïcoun, la faculté
de se libérer de l'indemnité, en olfrant en
cqmpensation l'ouverture d'un port dans
la. mer intérieure; toutefois le droit est
expressément réservé pour les gouverne-
m'ens étrangers d'accepter cette offre* ou
d 'exiger le paiement dn l'indemnité en ar
gent.
Telles sont les conditions de ce nou
veau traité que le gouvernement du taï
coun paraît décidé à exécuter. Jamais, en
effet, il n'a montré des dispositions aussi
amicales. Les divers produits continuent
à affluer.sur le marché de -Yokohama, et
les autorités locales montrent un gi#nd
empressement pour la satisfaction des
vœux qui leur sont exprimés comme pour
l'embellissement de cette petife ville qui,
dans un avenir prochain, aura pris un.ac
croissement extraordinaire.
Si l'on se rappelle que Sakaï Hidano
Kami, prince d'Echidgen, de l'Ouest, avait
été éloigné, il y a'quelque temps, du con
seil de Yeddo, pour avoir montré des dis
positions trop bienveillantes envers les
étrangers, on ne peut que. se réjouir de
voir >ce même personnage appelé au
jourd'hui à signer la nouvelle conven
tion. Il y a là. cqmme une image du pro
grès • que nos relations avec le Japon
ont-fait depuis quelques années. Mais ce
n'est pas seulement dans le traitement des
affaires que se manifeste ce progrès. Des
deu ç côtés, on se^rapproche, et ce n'es^ug..
sans uu étonnement, mêlé de satisfa.cfkÀ,", „
qya ia cotiraie européenne a vu Fidancr*^-"'
Kami visiter la frégate de l'amiral Jaurès
ot passer en revue les trouj.js anglaise;;.
Bieii plus, des lianquefs ontplusieurs fois
fait asseoir le plénipotentiaire japonais, 'à
des tables européennes où ia plus, l'ranclto -
cordialité n 'a cessé de régner-.
Pour extrait : t. bohiface. i '
On lit dans le journal espagftol la Epoca :
■Sur la question d'Italie, le discours de la
reine exprime avec vérité la convenance d'en
arriver a une solution définitive.. La nécessité
impérieuse de la réconciliation avec le Saint-
Siège estieconnue par les.principaux hommes
d'Etat de l'Italie et la prudence qu'invoque no-
. tre gouvernement exige|que l'Espagne ne s'isole
pas du mouvement général dé l'Europe, mais
sans diminuer en rien le respect et l'amour
filial qu'elle professe pour le. Saint-Père.
La reconnaissance du royaume d'Italie que
nous ne cessons de demander depuis que le
divorce du roi Victor-Emmarvuel avec le radi
calisme l'a rendue possible pour l'Espagne, 11e
doit pas. tarder plus longtemps. La dernière
convention franco-italienjae adissioé les craiïv
tes les plus persistantes; la translation de 2;i
capitale à Florence fait taire aujourd'hui ai
éteindra demain-les convoitises des unitaires
sur ltome. L Espagne catholique mais libéra
le, ne peut s'empôcher de suivre l'exemple de
presque toutes lea nations dès deux cçntioens,
et elle ne peut ni'në doit,rester dans.un état
d'isolement qui équivaut-à li complète altdif
cation de'son influence eji Europe. j
**saa&!5g3%ssisaB*
On nous écrit de Xiucharest, 4/16 dé
cembre 1864 :
Quelques jours nous séparent encore delà
session législative, et déjà une vie nouvelle
semble circuler dans les rangs de la société,
qui va se trouver encore ranimée par le re
tour de la princesse réglante dans notre ca
pitale.
Cependant li prochaine réunion de la Cham
bre et du Sénat n'a point ralenti îeS t rav 5 iux
du conseil d'Etat qui vient de mettre la del - "
nière main au Code civil, dont la promulga
tion a paru aujourd'hui même au Moniteur.
La réforme de notre, législation civile est
une des œuvres les mieux inspirées du gou
vernement actuel. Je pourrais, pour eu rele
ver l'importance, me borner à vous dire qu'élu
le est presque entièrement calquée sur le Co
de Napoléon, s'i l'introduction dans nos lois
du mariage et du divorce civils n'était par
elle-même une des entreprises les plus radi
cales qui aient été accomplies en Roumanie,!
En effet, par cela même gue le mariage ren- 1
tre dans la juridiction directe de l'Etat, com
me tous les autres actes civils, il revêt un ca
ractère vraiment social, q.u,e*la seule consécra
tion assurer jusqu'ici parmi nous.
Désormais l'Etat ne demeure plus, en quel
que sorte, étranger à ces unions dont la fra
gilité n'était que .trop attestée par leur fré
quente dissolution, et de meme qu .1l en con
sacre l'accomplissement il en garantit le main
tien j en intervenant seul et par sa magistra-r
ture la plus élevée dans les divorces.
Notre clergé ne protestera nn peut en
Cire'sûr, contre une mesure qui lui retire des
mains une juridiction dont il a fait un si fâ
cheux usage, principalement eiï Moldavie.
Nous sommes encore témpàns, des conséqu°. n "
ces déplorables que les divorcées ont produites
au sein de nos familles, et nous ne pouvons
-que bénir une loi qui ferme^ au moins en par
tie, la plus terrible de nos,plaies sociales, fuis
se cette nouvelle législation; être rigoureuse-,
ment appliquée, et notre pays verra la consti
tution réelle dè la famille'marcher d'accord
avec la constitution de la propriété,
La contrainte par corps décrétée, il y a dé
jà quelque temps, a donné lieu à bien des Cri
tiques. On a voulu y voir un sentiment de
ràncuhe contre lçs classes aisées ; mais on a
oublié, aine chose assez; élémentaire ,. c'est
que les classes aisées, n'ont rien à faire avec
,1a contrainte par corps. Les rigueurs de la
loi n'atteignent guèré > que les gens qui sont,
insolvables , ou mauvais payeurs , et leur
nombre est malheureusement assèz grand
ici , grâce à l'impùnitê' dé notre ancien ré
gime, impunité qui Ridait fatalement à nos
moeurs .passablement, désordonnées. Quelle que
pût être la répugnance de nos autorités à im
planter dans le pays le régime de l'empri
sonnement pour dettes, elles . se sont vues,
en quelque sorte, sommées d'opter entre les
réclamations réitérées d'un commerce aux
Feuilleton du Gfinstitutiojiiiel, 28 dee.
LA FORÊT DE BÔNDY
ÉPOQUE DE LA MGENCE.
. Cinquième partie.
I. '
la
En Bretagne o>ù nous conduit mainte
nant la marche de notre récit, vers l'a fin
d'avril l7l9, il n'était, bruit que de Mme
veuve de la'Cocquerie.
Gette douairière n'est pas pour nous un
personnage de tout point ineonnu, et ie
leoteuf ' voudra biçn së rappeler qu'un
jour, à Saint-Gyr,-Visitant Thérèse de Lam-
billy, elle avait risqué le çoupde tête d'in
troduire subrèptîce'ment avec elle le che
valier dé Liliers. lie faisant passer pour
le frère- de celle qui était'seulement sa
cousine, : mais en même'temps aussi sa
fiancée, en dépit' des rigueurs de la règle,
elle avait procuré à ces deux pauvres jeu
nes gens le fugitif bonheur d'une entre-'
vue de contrebande, . , • •
L'esprit résolu et assez mal tourné.à la
subordination dont di^ne dame avait
fait preuve dans la circonstance, elle l'a
vait plus tard manifesté d'une façon au
trement éclatante, à l'occasion-des vio
lent dèm'êlés survends entre la noblesse
bretonne -et le maréchal de Montes ^uioUj
gouverneur de la province. Belle-merê.'de
Ce président de Rochefort, que nous avons
vu mandé à Paris, par lettre de cachet,
pour rendre compte iia sa conduite in
soumise , dans le parlement de Ren
nes, ; elle avait si chaudement pris par-,
ti pour spn gendre #t pour les idées
d'indépendance nationale dont il était
l'énergique représentant, qu'ail sujet ds
son attitude frondeuse, M. de Montes--
quiou avait écrit en cour: , '
« Mme de la Cocquerie tient une maison
ouverte où toutes les impertinences et fo
lies contre l'autorité du roy se tenoient pu
bliquement. "J 'ai cru qu'il était à propos de
lui donner ordre de la part du roy de s'en
aller'àla campagne. Ainsi, cela déconçer-
tera la cabale et leur fera faire réflexion.i »
Cett« mesure de rigueur n'avait rien
déconcerté du tout: Prise contre une fem
me de l'âge de Mme de la Cocquerie, qui
comptait quatre-,vingt-dix-neuf ans révo
lus, elle avait été, au contraire, du plus pi
toyable effet, et voilà, en résumé, au profit
ae son auteur, le bénéfice effectif qui pou-,
vait en être attendu.
A Rennes, où la déportée avait son sa-.
Ion, on icoupait court," il est vrai, à la
guerre des bons mots, des bruits mafveil-
lans et des épigrammes; .mais, dans le
pays de Vannes» au fond de la Basse-Bre
tagne, où était situé son château de ia
Cocquerie, allait aussitôt s'ouvrir, à l ? usage.
des mécontens, un lieu de rendez-vous
qui resterait à peu près, inaccessible aux
vigilances de l'autorité. Et. il n'y avait
pas à se faire illusion sur l'impcnitence fi-
iialeide celle qu'on avait cru éteindre par
un ordre'd'exil. D'une incroyable verdeur
de vieillesse,accorte, marchant sans bâton
et lisant sanslunettcsjMmede la Gocquerie
comme Mme Gornuel et Mme Pilou, ces
deux vieilles Gauloises dont l'histoire a en
registré les fronderies et les bons mots,
avaitau service du caractère le plus dé*
cidé et le plus inflexible, une intarissable
verve de propos. Lors donc que le maré
chal-gouverneur avait cru lui mettre une
sourdine, c'était bien plutôt un ouragan
qu'il avait déchaîné.
. Déjà populaire par son esprit, par la car
rure de sa volonté et de ses idées, et sur
tout par son âge, car les hommes ont la
vié en si grande estime, que jamais à qui
la prolonge un peu au-delà du terme ac
coutumé, ils np refusent une célébrité qui
ne s'accorde pas toujours à la supériorité
des talens et des vertus, Mme de la Coc
querie avait achevé de- se rallier toutes
les sympathiés et'tous les cœurs par la
persécution qui venait de la visiter.
Mais le jour où un siècle plein s'aehe-
va pour elle=, l'enthousiasme ne .connut
plus de bornes ; il s'installa comme un
eulte de la centenaire, et à son château,
de même qu'au sanctuaire de Sainte-
Anne d'Auray, la Bretagne entière se
rua au pèlerinage. De ceux qui ne pu
rent en personne venir la féliciter, elle re
çut un monceau de lettres; les poètes mê
me s'en mêlèrent et la sainte fut célébrée
en français et en bas-breton : ce jour-là,
il lui eût convenu de se faire proclamer
duchesse de Bretagne.qu'on nt sait vrai-
ment eomment M. de Montesquiou s'y se
rait pris pour se mettre en travers de cette
ambition. i
De l'immense concours qui s'était fait
autour d'elle, la châtelaine avait retenu-
plusieurs familles de gentilshommes pour
en peupler, quelques jours durant, la so
litude de sa dèineure où, en tout temps,
elle se piquait d'une noble hospitalité. Or,
comme le choix de ses'invités avait exclu
sivement porté sur les noms les plus en
gagés dans la défense des libertés du pays,
en pénétrant dans son salon ou, le pre-
mier jour du mois de mai de l'annee 1719,
à la suite d'un somptueux dîner, tous ses
hôtes se trouvaient réunis, d'un seul coup
nous allons faire connaissance -avec les
principaux personnages de cette conspi
ration bretonne, à laquelle on se souvient
que, chez maître Pralart, au Moulin-Jani
senlste, l'abbé de Livry avait essayé d'im
primer une direction.
Malgré sa jeunesse (il avait vingt-cinq
ans à peine), l'homme le plus considéra
ble de la réunion était Clément Ghryso-
gône*'de Guer, marquis de Pontcallec, à
qui.sa grand® fortune et son esprit entre
prenant jusqu'à l'audace, valurent le dan
gereux honneur de devenir le chef de l'en
treprise que l'histoire a même fini par es
tampiller de son nom.
Autour de lui se groupaient ses trois
voisins et amis, le chevalier de 'falhouët,
ancien capitaine au régiment de Senne-:
terre ; M. de Montlouis, ayant emporté du
service la réputation d'un des hommes les
plus braves de la Bretagne et M. du Coué-
dic, #x-capitaine aux dragons de Bellâbre.
Ge dernier, à en croire un bruit qui cou-,
rait, aurait, comme le duc de Joyeuse,
quitté pour l'épée qu'il avait d'ailleurs te
nue valeureusement, l'humble froc du ca
pucin.
Ramenés heureusement par le Meneur de
Loups , MM. deBonamour et du Groësquer
étaient égalefment les hôtes dé Mme do la
Gocquerie, parmi lesquels on comptait en
core les deux frères, le comte et le cheva
lier de Rohan-Pouldu, M. Coué de Sala-
run, MM. de Bourgneuf-Trevelec, Legou-
vello de Kerantré et l'abbé du Groësquer,
frère puîné de celui qui vient d'être
nommé. Comme M. du Groësquer l'aîné
passait pour un esprit plus audacieux que
réfléchi, par antiphrase, dans la conspira
tion, où les chefs finirent par se déguiser
sous de» noms de guerre ? il s'appela le
chevalier du Bon-Sens; l'abbe, au contraire ?
était une des fortes têtes de l'Union , et, si
l'on se fût montré plus docile à ses avis,
le succès probablement en eût été diffé
rent.
Pour peu que le lecteur veuille bien se
remettre en mémoire les aperçus, qu'à
une autre époque, la Fillon adressait à
l'abbé Dubois, touchant les femmes de
Bretagne,|il ne s'étonnera pas que, dans le
salon de Mme de la Gocquerie, plusieurs
dames se rencontrassent, toutes initiées
au secret de la rébellion armée qui se pré
parait, et qUelqués-ûnes même dépassant
én exaltation leurs maris et les autres con
jurés et ne se réduisant pas à un rôle de
passive coopération.
" Ainsi, dans le ménage de M. de Mont-
loui-, le conspirateur, sans contredit, le
plus ardent, c'était sa femme.
; Ainsi encore cette association peur la
défense des libertés bretonnes, dont nous
avons dit que l'acte dès longtemps était
colporté et présenté.àla signature des gen
tilshommes de là province, avait pour se
crétaire Mme de Bonamour à qui était
laissé tout le SQin de 3a correspondance.'
.Pour Mmes dé Pçntcallec, de Tàlhouët
et de Bourgneuf-TréveleCj elles se conten
taient de suivre l'impulsion conjugale en
envisageant sans défaillance féminine
les dangers auxquels allait s'exposer le
compagnon- de leur vie; Citons encore
parmi ces femmes fortes, Mme Hervieux
ae Mellac dont le mari, on le verra tout à
l'heure, était absent dans le moment pour
le service de l'Union, et enfin, une conspi
ratrice de dix-sept ans, Mlle de Soursac,
flile noble; mais pauvre, que Mme de la
Cocquerie avait"auprès d'elle comme lec
trice et comme demoiselle de compagnie.
Ainsi qu'on pouvait s'y attendre, à la
Suite d'un dîner où, suivant les habitudes
un peu bachiques du pays, les vins les
plus généreux avaient été chaudement fê
tés, et Gomme c'est d'ailleurs l'ordinaire à
l'aurore de toute entreprise quelque hasar
deuse qu'elle puisse être entrevue, de
rians horizons s'ouvrant à toutes les ima
ginations, pas une parole dans cette réu
nion dont nous venons de dire les élé-
mensj qui ne respirât la Foi et l'Espéran
ce. Quant à la troisième vertu théologale,
la Charité, elle était quelque peu en souf-
france et d'assez amères remarques étaient
en train dô se produire à l'endroit des gen
tilshommes en retard de donner leur ad
hésion.
Non pas cependant que l'on allât jusqu'à
leur appliquer le terrible article de l'acte
d'Union qui déclarait : « Sans foi, sans hom
neur et dégradés dé noblesse ceux qui refuse
raient de le signer, ou qui, l'ayant signé, y con-
treviendroient. »
Mais enfin, les tièdes et les temporiseurs
étaient tenus sur le tapis d'une façon peu
obligeante quand, én leur faveur, vint à se
produire une assez singulière diversion.
' Un domestique du logis entra : il était
porteur d'une lettre et d'un splendide
buissotfde fleurs : l'une et l'autre venaient
d'être apportés à l'adresse de sa maîtresse
entre les mains de qui il les remit.
Après avoir pris pour elle-même con
naissance de la lettre :
— L'envoi est drôlet, dit Mme de la
Gocquerie, mais il vous regarde aussi,
Messieurs. Ecoutez !
Et elle lut :
« Madame,
» Ayant récemment acheté de M- de Ra-
cinoux, conseiller au Parlement de Ren
nes, la métairie de Kerzhero, qui n'est sé
parée du manoir de la Gocquerie que par
la lande,du Ploërou, j'aurais pu abuser
des privilèges du voisinage pour aller de
ma personne vous présenter mes respec
tueuses félicitations, à l'occasion du cen
tième anniversaire de votre naissance.
» Mais vous auriez su bientôt quelle
femme je "suis et vous vous seriez deman
dé comment une ancienne bouquetière du
Palais-Marchand avait pu risquer une dé
marche si peu autorisée.
# Il y avait, Madame, à vous dire en ma
nière d'excuse, que, venue ici afin de me
placer sous la protection de Messieurs du
Parlement, je suis dans le dessein , pour
prix de l'hospitalité qu'ils ont daigné m'ac-
corder, d'employer une grande fortune
dont je dispose, à féconder la terre qui me
donne asile : contre les landes incultes de
la Bretagne, je me dispose'à entamer une
courageuse guérre de défrichement.
» Mais, après ces explications, l'étran-
geté de ma visite vous eût paru encore
moins vénielle; car ce qui se souffre plus
difficilement encore que l'insolence d'un
néant entraîné à se méconnaître, c'est
l'outrecuidance prétentieuse et réfléchie
d'un parvenu.
» Tout considéré, comme on fait avec
Dieu, la Sainte-Vierge et les saints, ce qui
convient le mieux, Madame, c'est que je
vous honore à . distance, et restée, malgré
mes millions, Jeanneton la bouquetière,
j'adresse à la merveille de la Bretagne un
humble échantillon de mon talent.
» Me permettez-vous, Madame, un sur
croît d'audace : celui de vous charger d'u
ne commission ?
» Je sais qu'en ce momènt, à la Gocque- .
rie, s'est faite une réunions nombreuse de
MM. les membres de la noblesse. Vou
driez vous être assez bonne pour les avi
ser que j'ai la mission toute spéciale de
leur assigner un rendez-vous ?
» 11 a été annoncé à MM. de Lambilly,
de Noyant, de Bonamour et du Groës
quer, que, lé 3 de ce mois, jour de l'Inven
tion de la Sainte Croix, un papier intéres
sant l'avenir et la conduite d'importans
projets, leur serait apporté par quelqu'un.
Retenus à Rennes, l'un par son service de
conseiller, l'autre par maladie, MM. de
Lambilly et de Noyant ne sont pas auprès
de vous, Madame; mais, au nombre de -\os
hôtes, vous avez MM. de Bonamour et du
Groësquer.
» Veuillez, j'ose vous en prier, leur faire
connaître que la ferme de Kerzhero est le
lieu choisi pour l'exécution de l'engage- '
ment très sérieux et très positif qui a été
pris avèc eux.
» Un local d'ailleurs aura été disposé,.
assez vaste pour donner place à ceux de*
Messieurs de l'ordre de la noblesse qui
trouveraient convenable d'être également
préseus.
» La ferme est isolée, et, çn s'y rendant,
le soir, entre neuf et dix heures, à travers
la lande si déserte du Ploërou, même
quand on se dispenserait de la précaution
néanmoins-prudente d'un déguisement,
on pourrait, je penser sans aucun danger,
se rendre à mon humble logis.
» Veuillez agréer, Madame, l'assurance
âBONNKMKPiS DES JDÉPARTEMENS
BURMIJX A l'ARtë s ruç# VaJols (Palais-Royal), n! 102
B
MERCREDI 28 DECEMBRE 18(14.
**"• » ' ,
- :.- - ' 48WîmemsBBPMts;. •'.
TROIS MOIS
SIX MOlS ^.r
UN AN:. •,
fOU* LES FATS ÉTBANGERS, Voir le tableau
publié les 5 et 20 chaque mois.
imp, t. BONIFACE, r. des Bons-Enfans, 19.
TilOIS MOIS.......
SIX MOIS;.........
UN AN
UN NUMÉRO 20
• 13 Ffi.
26 FR.
T 82 FR'.
CENTIMES,
/JOURNAL POLITIQUE. LITTERAIRE, UNIVERSEL.
■j. " - ' . '
Les abonnemcns datent des i". et 16
de chaque mois.
Le mode d'abonnement le plus simple est renvoi d'un boihie-feste ou d'un effet
çyr Paris, à l'ordre de l 1 aj>jîinistra,teor du journal, rue de Valois, n° 10.
Les lettres ou envois d'argent NON' AFFRANCHIS sont réfutés,
. Les artieles déposés ne sont pas rèndus.
Les Annonces sont reçues chez M. Panis , rne Notre-Dame-des-Victoires, a*
(place de la Bourse).
PAIiïS, 27 DECEMBRE.
Le discours prononcé par la reine, li
bellé, à l'ouverture de la session, a été
généralement considéré comme.paciflflue,
plutôt encore à,, raison de ce qu'il ne dit
pas que de ce qu'il di,t. Dans le silence qu'il
a gardi sur certaines, queâtîons et? datfs. la
' façon assez vague dpnt il s'est exprimé sur
certaines autrès, en a cru voir l'intention
de la. part du gouvernement espagnol de
les résoudre toutes à.l'amiable. Peut-être
aussi le gouvernement a-t : il voui 14 engager
la responsabilité des Gortès en leur laissant
le soin d'examiner et de décider ces affaires
qui touchent à l'bmneur et à la dignité du
peuple espagnol. •
D'après la" Epoen l'un des premiers pro
jets de loi que présenter^, le cabinet sera
relatif aux affaires de Saint-.Domingue,
mais le débat sera-t-il porté d'abord au
Sénat ou devant lé Congrès,? c'est ce qui
n'a pas encore été résolu. Au reste, tant
que l'adresse, en réponse au discours delà
couronne n'aura pas été. vo'té,^, les. Gftaift-
bres ne pourront s'occuper de cette, ques
tion dont la solution çst des plus urgen
te?. ■; ■ w ;■ . ■>,, . :V;. ;
Il est difficile qu'elle soit, vidée :p.ar un
vote législatif ayant la fin de janvier, et,
comme le fait réçnaijqûer la"I?ppp«, il
aurait plus que quatre jnois jusqu'au mois
de mai sila guerre devait continuer, pour
envoyer les renforts réclamés depuis le
printemps, derniers par les autorités militai
res des Antilles. Si les Gortès au contraire
devaient voter l'aba.iidon; il. serait regret
table que, pendant ce laps de. temps, Vin
surrection > presque toujours vaincue, aug
mentât ses forces en rendant ainsi plus
onéreux les sacriû,cçs que l'Espagne s'es.t
déjà imposés.' * ■ •;*>
En présence dp ces difficultés, il n'est
pas étonnant que cçttç question de .Çj^Rt-
- Domingue cause dans. les. régions po
litiques les plus- vives préoccupations.
Si nou-s éû croyons, la Çvmspotfdencià,
dans la première, séance tenue par, la
junte consultative do guerre, le marquis
de Pezucla s'est prononcé pour le main
tien de rânn,cx\qn, ea subordonnant
toutefois son opinion aux considérations
politiques et' économiques que- pourrait
présenter le ministère. Les autres mem-
bres'de la junte ont opiné dans' le sens de
l'abandon. ... -
La Chambre des députés a complété
l'organisation, de.sQn bureau P,ar "la no-
mirjation des vice-présidens et des se
crétaire, qi^i.
si nous ne nous trom
pons, appartiennent presque tous à l'o
pinion ministérielle. Au Sénat j deux-[se
crétaires ministériels ont été nommés, et
les deux autres ont été pris dans l'opposi
tion uniopis^e. ,.. >
C'est au Sénat que le nouveau cabinet
doit s'attendre à rencontrer le plus de ré
sistance. Suivait'la Epoca , voici com
ment les voix se repartiraient, aujour
d'hui dans cettf assemblée, sans compter
les membres qui pourront arriver à Ma
drid avant \e vote de l'adresse et le vote sur
la question dé Saint-Domingue : Majorité
ministérielle^ 104; opposition déclarée, 58;
douteux et extrême droite, 16.
f Dans ia" Cbambre dès députés, o,n cite
comme lés chefs, lés plus marqûans dç
l'opposition le comte de San-Luis et M.
Nocedal ; mais cçs ?ncien^ ministres ne
pourraient compte?, dit .la Correspmknm,
que sur une, vingtaine de, députés. •
- Gette dernière feuille, îaisant allusion "à
l'attitude hostile prise contre le gouver
nement par certains membres etquelques
journaux duparti modéré, publie un ar
ticle qui semble avoir un caractère semi-
oiflciel et dont nous, extrayons les lignes:
suivantes :
« Le gouvernement regrette une pareille
attitude, car son premier désir est d'avan
cer la réorganisation de ce parti dont il'
ne répudiera jamais les doctrines en au
cun,»? occasion. Cependant il continue:
tranquillement sa route parce que l'é,-/
Ioigaement que: lui inspirent certaines
individualités, si hautes qu'elles soient,:
ne le fera jamais abandonner la voie
de sincère c'onstitutionnalité qu'il s'est
tracée. Il serâ modéré ' mais libéfal,
et s'il lui était impossible d'être libé
ral, il cesserait d'être gouvernement. '
s » Les .lois qu'il présentera b.iéntôt au
Parlement et par lesquelles, toutven don
nant, les plus grandes garanties à l'or
dre et à la monarchie, on accorde des
garanties égales 4 .la libre émission de
-la pensée et à la sécurité, individuelle, de
même que les: déclarations formelles que
fera le cabiaet devant les Chambres, prou
veront enfin aux hommes du parti modé
ré qu'ils doivent espérer ,1e triomphe, de
leurs principes, et aux, constitutionnels
qu|il ne sè fait rien "de contraire à la loi
,ni auxprogrçs du siàçlç.V
* Dans la presse allemande,, nous n' avons
guère à signaler aujourd'hui à propos delà
question des duchés, qu'un arlicleassez vif
de VOsl-Deutsche-Posl qui reproche au càbi-
uet de Vienne ses' tâtonnemens, ses len
teurs et sos complaisances pour la Prusse.
«S'il y avait, dit cette feuille, un prix
Montyon institué par los grandes puis
sances européennes, ce serait l'Autriche
qui le remporterait par son abnégation et
sa modestie illimitée..»
Le Sun annonce que la reine \ictoria
fera l'ouverture du Parlement. G'«st< la
première fois depuis la mort du prince Al
bert que Sa Majesté assistera a celte céré
monie.
Lord Lyon s, ex-ministre d'Angleterre
aux Etats-Unis, vient, d'arriver a Londres.
Les journaux anglais attribuent le retour
de cç diplomate au mauvais état de sa
santé que le surcroît des travaux nécessités
par la guerre d'Amérique a gravement
altérée. - ■
Nous trouvons dans le Times, la réponse
adressée par lord Wharncliffle à la, lettre
par laquelle M. Sewarda refusé d'accepter
les 17,000 liv. st. recueillis par souscription
au bazar de Liverpool pour l'amélioration
du sort des prisonniers confédérés. Con
trairement aux assertions du ministre d'E
tat des Etats-Unis, lord Wharncliffle pré
tend , en citant divôrses lettres à .lui
adressées , qu,e le soçt des prisonniers.dp
Sud est des. plus misérables, et que plu
sieurs même sont morts fautë"d'une nour-
jiture suffisant^. Lord "Wh,arncliffle renou
velle la déclaration déjà faite, que la sous*
criptio,n ouverte par les dames de Li-
verpool' n'avait rien de politique, et il
assure que le refus du gouvernement fé-
déral n'âlïectera pas sérieusement la- dis
tribution des secours-aux malheureux pri
sonniers, confédérés.
: Les jouruaux italiens nous ont manqué
aujourd'hui.'
Plusieurs journaux, entre autres l\Indé
pendance belge, dans une de ses correspond
dances parisiennes, ont affirmé, en pair;
lant des affaires du -Mexique,qur.l'-ar-
chevêque de Mexico, Mgr Labastida, qui
était, fort bien portant la-veille même
du jour où l'empereur a fait ^a reafcré« à
Mexico, s'est trouvé subitement indispo
sé, ce jour-là même. ' . .
Nous apprenons-de bonne source que
cette assertion e&t tout à fait- inexacte.
Longtemps avant l'arrivée de l'empereur
Maximilien, l'archevêque était malade, et,
la veille même du retour ds l'empereur, il
n'était pas encore remis de son indispo.-i-
tion. Malgré le mauvais état de sa santé, le
prélat a été présent, au palais, à la récep
tion du 29 octobre; et il a paru le lende
main à la table impériale. (
- JONCiÈRÇS.
TELEGRAPHIE PRIVEE.
, Saint-Pétersbourg, 26 déc8mbre. ;
Un avis de la Banque annonce que la sous
cription pour l'emprunt avee lots a été close
avant-hier et qu'elle a donné cent quinze mil
lions et quart de roubles. _ ,
. Turin,^^ 26 décembre.
On parle de la prochaine publication d'un
décret qui réorganiserait l'administration de
la guerre, réduirait le personnel et réaliserait
iles économies considérables.
Emprunt italien, 65.40. , ; '
Marseille, 27 décembre.'
Les lettres' de Rome, du 24, annoncent le re-
.tour ^u baron de Meyendorir. On .croyait qup
ca diplomate accompagnerait ses, collègues au
Vatican, Iota da la prochaine réception: diplo
matique. .• ••
Le journal la ÇQrrespwpdance -de Rome protes
te contre le nouvel ukase gui décrète, dit-on",
la transportation des Polonais non possesseurs
d'immeubles. 11 hésite à croire à l'exécutioji
d'une pareille mesure, bien que la Russie ait
traité de la même façon les Giroassiens. Il dit
avoir sous les yeux unelettro constatant qu'un
convoi de 2,300 déportés en Sibérie a laissé en
route près de 2,000 victimes.
M. Ilattazzi a été autorisé à venir à Viterbe
pour régler les affaires d'intérêt de Mme llat-
tazzi,-née Iîonaparle-Wysa, et de sa belle -Eceur,
femme du général ïiirr.
•On remarque la présence à Rome de M. Des-
prez, sous-directeur au ministère des affaires
étrangères de France. ' fJIavas-Bullïer.)
Voici les dépêches que nous recevons ce
seir :
Berlin, 27 décembre.
Oa lit dans la GaïcUsife l'Allc'naijne du Nord:
M. de. Ualan çst no tnraé ministre plénipo-
t
Prusse \ Weiinar est nommé à Copenhague.
:-;Le cominissaiTO autricliien dans ks^duchds,
M. de Lœ-.ierer, qu'on disait rappelé à Vienne,
n'a reçu aucun avis à ce sujet.''
-, ■:.-■■i , Munich, 27,décembre.
M. de Pfr.elyschner, conseiller* au ministère
des linances,'vient d'être nommé ministro du
commerce =
; ' Saint-Pétersbourg, 27 décembre. '
La Gazette allemande de Saint-Pétersbourg
dit, en parlant des rapports de là ijlussie avec
Rome, qu'en allan,t à Florence, M. de Meyen-
dorff n'a eu pour but que de présenter ses'
hommages au grand-duc héritier, et que le
bruit d'après lequel on lui aurait envoyé ses
passeports est dénué de tout fondement.
La Gazette ajoute qu'il importe ■ trop au Pape
de ne pas rompre les relations avec la Russie,
à cause de l'influence* qye Rame doit tenir à
conserver sur lês sujets catholiques de l'em
pire.- Pour la Russie, au contraire, une ruptu
re aurait beaucoup moins d'importance.
' (Havas-Huilier.)
r.CiCJRS DS I .A' BOU.«Sfe,
CODSI SX CLOT178I
3 0/0 aucompt.
—Findu mois.
4 4/2 au compt.
—Pindumois.
le 28
65.30
65.35
93 80
91,75
le 27
65 55
65 55
93.70
m
» r »
BÀVSIt,
■- 25
* 20
» »
n #"
SAIMI
»
»
10
a
On nous écrit de Berlin, 24 décembre
1864$ "
La haute cour de justice a rendu hier
son'arrêt dans le procès des Polonais, ac-
ousés de haute trahison.
Conformément' aux conclusions, du mi-.
< nistère public, elle a prononcé^ -la peine
-da.jnoït
..les noms suivent : MM. le comte.Dzialyns-'
ki, Guttry, Wolniewicz, Skoraczewski^ Ra-
' decki,Taczanowski,Zakrzewski,Lutomski,
:Lukaszewski, Juraczewski et Scyfried.. -
■ D'après la loi prussienne, la peine de
mort, ep matière politique , entraîne la
"confiscation des biens.
:■ La cour a admis des circonstances atté-
auantes pour 27 d'entre les accusés pré
sens, et les a condamnés, en- conséquen
ce, à-un simple internement dans une pla
ce forte (Einschliessung).
Leur crime a v cté défini ainsi ; Actes tertr
dant à préparer l'exécution d'un crime de hau
te, trahism.
Parmi les, condamnés de cette catégorie,
je citerai MM. Nieyolewski et Kosinski
(internés pour deux ans), Itusteyko et
Martwell (48 mois), le prince Gzartoryski
et M. Callier (un an).
: La peine de l'internement ne portepoint
atteinte à la fortune des condamnés, et;
■n'entraîne pour aucun d'èux l'obligation
de supporter les frais du procès,, qui* s'élè
vent, dit-on, à près de 1,200,000 fr.
Tous les autres accusés, au nombre de
cent, ont été acquittés.
Sur la demande des défenseurs et malgré
l'opposition du ministère public^ la cour a
ordonné la mise en liberté provisoire dos
■personnes condamnées à l'internementi, à
l'exception de M. Rusteyko et du docteur
Martwell, suj«ts étrangers. I
,.r'Ce-q^Jjcappe, le plus l'opinion, publi
que daiîs l'arrêt de la haute-cour, c'est son ;
-indulgence comparativement aux conclu
sions du procureur-général. Ce dernier
avait en effet, 1°" requis la peine de
mort non - seulement contre les onze
contumaces, mais aussi contre six accu-
■>é>5 présens; 2° la peine delà réclusion
de vingt à deux ans avec assujettissement
subséquent à la surveillance de la haute
police contre G1 prévenus;-3° l'acquitte
ment en faveur de 60 prévenus seulement.
. Dans les considérans de son arrêt, la
haute cour déclare qu'il est établi par les
débats des 86 audiences du procès :
« 1° Qu'en 1861 et 1862, l'émigration
» polonaise et lo parti révolutionnaire
» exi&lant ên Pologne on,t préparé de
» copcert une entreprise tendant à ré-
». tablir une Pologne indépendante -avec
» les frontières dô 1772 et à détacher, par
» conséquent, les deux provinces de la
'» Prusse occidentale (Dantzig) et de Posen
» de la monarchie prussienne;
» 2° Qu'en 1863 et 1864, au début de la
w révolution à Varsovie, le comité et le
» gouvernement nationaux ont suivi les
» mêmes tendances;'
» 3° Qu'à cette époque la. guerre était
'» dirigée exclusivement contre la Russie;"
» qu'il a été, interdit d'engager une lutte
» ' simultanée contre la Prusse et l'Autri-
» che et que l'on s'est, bornâ à demander
» aux anciens territoires polonais un so-
» cours actif qui a été fourni par eux.
. » Le ministère public, dit l'exposé de la
» cour, qualifie ces actes de haute tra-
» hissn ; mais les accusés nient toute pen-
» sée séditieuse contre la Prusse et affir-
» ment avoir voulu t,ont. simplement por-
» ter secours aux habitans du royaume
» de Pologne frappés par les rigueurs dy
» recrutement.
» La cour né peut-pas adopter la ma-
» nière devoir du ministère public ni con-
» sidérer les faits incriminés comme ayant
» eu pour but immédiat de détacher de la
» monarchie prussienne lçg provinces sus-
» mentionnées. La cour ne saurait donc
» pas reconnaître l'existence d'un com-
» plot. Elle .ne voit dans les faits allégués
»
»
»
»
»
que des actes tendant à préparer l'exé
cution du crime de haute trahison, et
elle reconnaît coupables de ce chef tous
ceux qui ont sciemment concouru à ces
actes. -
» Les nombreuses proclamations pro
duites à l'audience démontrent qu'on a
fait appel à la nation tout entière pour
rétablir l'ancien Etat polonais.Biqn que,
» dans un de ces manifestes, le gouverner
9 ment national déclare expressément que,
'•'» la guerre n'est 'point dirigée contre la
» -Prusse, il ajoute cependant que les :
» auxiliaires qu'on réclame pour combat- ;
» tre la Russie doivent concourir à ame-
» ner la renaissance de la Pologae. Il suit
» de là que l'acte de haute trahison
-» n ? était point directement dirigé contre
-j) la Prusse; mais les faits incriminés pré-
.» sentent lé caractère d'acte.s préparatoires
0 à ce crime et la cour déclare qu'une
» partie des accusés est coupable d'avoir
», concouru à des actes de ce genre..
» Des circonstances atténuantes sont
<)• néanmoins admissibles en faveur de ces
*» accusés, vu les raisons suivantes :
» 1° L'effervescence populaire' suscitée
» par lesautoritésrévolutionnaires et leurs
» agens; 2° la terreur inspirée à plusieurs
» accusés ; 3° le fait de l'abandon de la
» cause insurrectionnelle par plusieurs
» d'entr'eux; 4° la dépendance dans la-
» quelle un certain nombre dos inculpé.s
» se trouvent vis-à-vis de leurs co-accu-
» sés ; 5?. enfin l'efficacité des. mesures
» préventives , prises par la police de
» Posen et les autres autorités du royau-.
n me.,
» Dans cet état de choses, la haute cour
» croit devoir prononcer l'acquittement
» du plus grand nombre des prévenus et
» tenir compte aux condamnés de la lon-
v gue durée de l'emprisonnement préventif
a qu'ils ont dû subir. »
" Lés familles des personnes qui ne sont
pas comprises dans la sentence d'acquitte
ment espèrent que le gouvernement s'ins
pirera des considérations relativement in
dulgentes exposées par la haute cour et
qu'une amnistie royale sera bientôt éten
due sur tous les condamnés.
Pour extrait : L. B onifack.
On écrit
octobre :
« Le 22
de Yokohama (Japon), le 31
octobre a été signée, à Yo
kohama, entre les représentaus de la Fran
ce, delà Grande-Bretagne, des Etats-Unis,
de Hollande et de Ilidano- Kaini, membre
du Goragio et plénipotentiaire designé à cet
effet par le taïcoun, une convention qui rè
gle l'indemnité de guerre due pour la récen
te expédition de Simonosaki, et que le gou
vernement japonais consent à garantir.
Cet acte fixe à 18 millions de francs tou
tes les réparations que réclament.actuel
lement ou que pourraient par la suite- ré
clamer les puissances iidont les bâtimens
ont été l'objet d'attaques de la part du
prince de Nagàto ; il laisse en même ternps ?
au gouvernement du taïcoun, la faculté
de se libérer de l'indemnité, en olfrant en
cqmpensation l'ouverture d'un port dans
la. mer intérieure; toutefois le droit est
expressément réservé pour les gouverne-
m'ens étrangers d'accepter cette offre* ou
d 'exiger le paiement dn l'indemnité en ar
gent.
Telles sont les conditions de ce nou
veau traité que le gouvernement du taï
coun paraît décidé à exécuter. Jamais, en
effet, il n'a montré des dispositions aussi
amicales. Les divers produits continuent
à affluer.sur le marché de -Yokohama, et
les autorités locales montrent un gi#nd
empressement pour la satisfaction des
vœux qui leur sont exprimés comme pour
l'embellissement de cette petife ville qui,
dans un avenir prochain, aura pris un.ac
croissement extraordinaire.
Si l'on se rappelle que Sakaï Hidano
Kami, prince d'Echidgen, de l'Ouest, avait
été éloigné, il y a'quelque temps, du con
seil de Yeddo, pour avoir montré des dis
positions trop bienveillantes envers les
étrangers, on ne peut que. se réjouir de
voir >ce même personnage appelé au
jourd'hui à signer la nouvelle conven
tion. Il y a là. cqmme une image du pro
grès • que nos relations avec le Japon
ont-fait depuis quelques années. Mais ce
n'est pas seulement dans le traitement des
affaires que se manifeste ce progrès. Des
deu ç côtés, on se^rapproche, et ce n'es^ug..
sans uu étonnement, mêlé de satisfa.cfkÀ,", „
qya ia cotiraie européenne a vu Fidancr*^-"'
Kami visiter la frégate de l'amiral Jaurès
ot passer en revue les trouj.js anglaise;;.
Bieii plus, des lianquefs ontplusieurs fois
fait asseoir le plénipotentiaire japonais, 'à
des tables européennes où ia plus, l'ranclto -
cordialité n 'a cessé de régner-.
Pour extrait : t. bohiface. i '
On lit dans le journal espagftol la Epoca :
■Sur la question d'Italie, le discours de la
reine exprime avec vérité la convenance d'en
arriver a une solution définitive.. La nécessité
impérieuse de la réconciliation avec le Saint-
Siège estieconnue par les.principaux hommes
d'Etat de l'Italie et la prudence qu'invoque no-
. tre gouvernement exige|que l'Espagne ne s'isole
pas du mouvement général dé l'Europe, mais
sans diminuer en rien le respect et l'amour
filial qu'elle professe pour le. Saint-Père.
La reconnaissance du royaume d'Italie que
nous ne cessons de demander depuis que le
divorce du roi Victor-Emmarvuel avec le radi
calisme l'a rendue possible pour l'Espagne, 11e
doit pas. tarder plus longtemps. La dernière
convention franco-italienjae adissioé les craiïv
tes les plus persistantes; la translation de 2;i
capitale à Florence fait taire aujourd'hui ai
éteindra demain-les convoitises des unitaires
sur ltome. L Espagne catholique mais libéra
le, ne peut s'empôcher de suivre l'exemple de
presque toutes lea nations dès deux cçntioens,
et elle ne peut ni'në doit,rester dans.un état
d'isolement qui équivaut-à li complète altdif
cation de'son influence eji Europe. j
**saa&!5g3%ssisaB*
On nous écrit de Xiucharest, 4/16 dé
cembre 1864 :
Quelques jours nous séparent encore delà
session législative, et déjà une vie nouvelle
semble circuler dans les rangs de la société,
qui va se trouver encore ranimée par le re
tour de la princesse réglante dans notre ca
pitale.
Cependant li prochaine réunion de la Cham
bre et du Sénat n'a point ralenti îeS t rav 5 iux
du conseil d'Etat qui vient de mettre la del - "
nière main au Code civil, dont la promulga
tion a paru aujourd'hui même au Moniteur.
La réforme de notre, législation civile est
une des œuvres les mieux inspirées du gou
vernement actuel. Je pourrais, pour eu rele
ver l'importance, me borner à vous dire qu'élu
le est presque entièrement calquée sur le Co
de Napoléon, s'i l'introduction dans nos lois
du mariage et du divorce civils n'était par
elle-même une des entreprises les plus radi
cales qui aient été accomplies en Roumanie,!
En effet, par cela même gue le mariage ren- 1
tre dans la juridiction directe de l'Etat, com
me tous les autres actes civils, il revêt un ca
ractère vraiment social, q.u,e*la seule consécra
tion
Désormais l'Etat ne demeure plus, en quel
que sorte, étranger à ces unions dont la fra
gilité n'était que .trop attestée par leur fré
quente dissolution, et de meme qu .1l en con
sacre l'accomplissement il en garantit le main
tien j en intervenant seul et par sa magistra-r
ture la plus élevée dans les divorces.
Notre clergé ne protestera nn peut en
Cire'sûr, contre une mesure qui lui retire des
mains une juridiction dont il a fait un si fâ
cheux usage, principalement eiï Moldavie.
Nous sommes encore témpàns, des conséqu°. n "
ces déplorables que les divorcées ont produites
au sein de nos familles, et nous ne pouvons
-que bénir une loi qui ferme^ au moins en par
tie, la plus terrible de nos,plaies sociales, fuis
se cette nouvelle législation; être rigoureuse-,
ment appliquée, et notre pays verra la consti
tution réelle dè la famille'marcher d'accord
avec la constitution de la propriété,
La contrainte par corps décrétée, il y a dé
jà quelque temps, a donné lieu à bien des Cri
tiques. On a voulu y voir un sentiment de
ràncuhe contre lçs classes aisées ; mais on a
oublié, aine chose assez; élémentaire ,. c'est
que les classes aisées, n'ont rien à faire avec
,1a contrainte par corps. Les rigueurs de la
loi n'atteignent guèré > que les gens qui sont,
insolvables , ou mauvais payeurs , et leur
nombre est malheureusement assèz grand
ici , grâce à l'impùnitê' dé notre ancien ré
gime, impunité qui Ridait fatalement à nos
moeurs .passablement, désordonnées. Quelle que
pût être la répugnance de nos autorités à im
planter dans le pays le régime de l'empri
sonnement pour dettes, elles . se sont vues,
en quelque sorte, sommées d'opter entre les
réclamations réitérées d'un commerce aux
Feuilleton du Gfinstitutiojiiiel, 28 dee.
LA FORÊT DE BÔNDY
ÉPOQUE DE LA MGENCE.
. Cinquième partie.
I. '
la
En Bretagne o>ù nous conduit mainte
nant la marche de notre récit, vers l'a fin
d'avril l7l9, il n'était, bruit que de Mme
veuve de la'Cocquerie.
Gette douairière n'est pas pour nous un
personnage de tout point ineonnu, et ie
leoteuf ' voudra biçn së rappeler qu'un
jour, à Saint-Gyr,-Visitant Thérèse de Lam-
billy, elle avait risqué le çoupde tête d'in
troduire subrèptîce'ment avec elle le che
valier dé Liliers. lie faisant passer pour
le frère- de celle qui était'seulement sa
cousine, : mais en même'temps aussi sa
fiancée, en dépit' des rigueurs de la règle,
elle avait procuré à ces deux pauvres jeu
nes gens le fugitif bonheur d'une entre-'
vue de contrebande, . , • •
L'esprit résolu et assez mal tourné.à la
subordination dont di^ne dame avait
fait preuve dans la circonstance, elle l'a
vait plus tard manifesté d'une façon au
trement éclatante, à l'occasion-des vio
lent dèm'êlés survends entre la noblesse
bretonne -et le maréchal de Montes ^uioUj
gouverneur de la province. Belle-merê.'de
Ce président de Rochefort, que nous avons
vu mandé à Paris, par lettre de cachet,
pour rendre compte iia sa conduite in
soumise , dans le parlement de Ren
nes, ; elle avait si chaudement pris par-,
ti pour spn gendre #t pour les idées
d'indépendance nationale dont il était
l'énergique représentant, qu'ail sujet ds
son attitude frondeuse, M. de Montes--
quiou avait écrit en cour: , '
« Mme de la Cocquerie tient une maison
ouverte où toutes les impertinences et fo
lies contre l'autorité du roy se tenoient pu
bliquement. "J 'ai cru qu'il était à propos de
lui donner ordre de la part du roy de s'en
aller'àla campagne. Ainsi, cela déconçer-
tera la cabale et leur fera faire réflexion.i »
Cett« mesure de rigueur n'avait rien
déconcerté du tout: Prise contre une fem
me de l'âge de Mme de la Cocquerie, qui
comptait quatre-,vingt-dix-neuf ans révo
lus, elle avait été, au contraire, du plus pi
toyable effet, et voilà, en résumé, au profit
ae son auteur, le bénéfice effectif qui pou-,
vait en être attendu.
A Rennes, où la déportée avait son sa-.
Ion, on icoupait court," il est vrai, à la
guerre des bons mots, des bruits mafveil-
lans et des épigrammes; .mais, dans le
pays de Vannes» au fond de la Basse-Bre
tagne, où était situé son château de ia
Cocquerie, allait aussitôt s'ouvrir, à l ? usage.
des mécontens, un lieu de rendez-vous
qui resterait à peu près, inaccessible aux
vigilances de l'autorité. Et. il n'y avait
pas à se faire illusion sur l'impcnitence fi-
iialeide celle qu'on avait cru éteindre par
un ordre'd'exil. D'une incroyable verdeur
de vieillesse,accorte, marchant sans bâton
et lisant sanslunettcsjMmede la Gocquerie
comme Mme Gornuel et Mme Pilou, ces
deux vieilles Gauloises dont l'histoire a en
registré les fronderies et les bons mots,
avaitau service du caractère le plus dé*
cidé et le plus inflexible, une intarissable
verve de propos. Lors donc que le maré
chal-gouverneur avait cru lui mettre une
sourdine, c'était bien plutôt un ouragan
qu'il avait déchaîné.
. Déjà populaire par son esprit, par la car
rure de sa volonté et de ses idées, et sur
tout par son âge, car les hommes ont la
vié en si grande estime, que jamais à qui
la prolonge un peu au-delà du terme ac
coutumé, ils np refusent une célébrité qui
ne s'accorde pas toujours à la supériorité
des talens et des vertus, Mme de la Coc
querie avait achevé de- se rallier toutes
les sympathiés et'tous les cœurs par la
persécution qui venait de la visiter.
Mais le jour où un siècle plein s'aehe-
va pour elle=, l'enthousiasme ne .connut
plus de bornes ; il s'installa comme un
eulte de la centenaire, et à son château,
de même qu'au sanctuaire de Sainte-
Anne d'Auray, la Bretagne entière se
rua au pèlerinage. De ceux qui ne pu
rent en personne venir la féliciter, elle re
çut un monceau de lettres; les poètes mê
me s'en mêlèrent et la sainte fut célébrée
en français et en bas-breton : ce jour-là,
il lui eût convenu de se faire proclamer
duchesse de Bretagne.qu'on nt sait vrai-
ment eomment M. de Montesquiou s'y se
rait pris pour se mettre en travers de cette
ambition. i
De l'immense concours qui s'était fait
autour d'elle, la châtelaine avait retenu-
plusieurs familles de gentilshommes pour
en peupler, quelques jours durant, la so
litude de sa dèineure où, en tout temps,
elle se piquait d'une noble hospitalité. Or,
comme le choix de ses'invités avait exclu
sivement porté sur les noms les plus en
gagés dans la défense des libertés du pays,
en pénétrant dans son salon ou, le pre-
mier jour du mois de mai de l'annee 1719,
à la suite d'un somptueux dîner, tous ses
hôtes se trouvaient réunis, d'un seul coup
nous allons faire connaissance -avec les
principaux personnages de cette conspi
ration bretonne, à laquelle on se souvient
que, chez maître Pralart, au Moulin-Jani
senlste, l'abbé de Livry avait essayé d'im
primer une direction.
Malgré sa jeunesse (il avait vingt-cinq
ans à peine), l'homme le plus considéra
ble de la réunion était Clément Ghryso-
gône*'de Guer, marquis de Pontcallec, à
qui.sa grand® fortune et son esprit entre
prenant jusqu'à l'audace, valurent le dan
gereux honneur de devenir le chef de l'en
treprise que l'histoire a même fini par es
tampiller de son nom.
Autour de lui se groupaient ses trois
voisins et amis, le chevalier de 'falhouët,
ancien capitaine au régiment de Senne-:
terre ; M. de Montlouis, ayant emporté du
service la réputation d'un des hommes les
plus braves de la Bretagne et M. du Coué-
dic, #x-capitaine aux dragons de Bellâbre.
Ge dernier, à en croire un bruit qui cou-,
rait, aurait, comme le duc de Joyeuse,
quitté pour l'épée qu'il avait d'ailleurs te
nue valeureusement, l'humble froc du ca
pucin.
Ramenés heureusement par le Meneur de
Loups , MM. deBonamour et du Groësquer
étaient égalefment les hôtes dé Mme do la
Gocquerie, parmi lesquels on comptait en
core les deux frères, le comte et le cheva
lier de Rohan-Pouldu, M. Coué de Sala-
run, MM. de Bourgneuf-Trevelec, Legou-
vello de Kerantré et l'abbé du Groësquer,
frère puîné de celui qui vient d'être
nommé. Comme M. du Groësquer l'aîné
passait pour un esprit plus audacieux que
réfléchi, par antiphrase, dans la conspira
tion, où les chefs finirent par se déguiser
sous de» noms de guerre ? il s'appela le
chevalier du Bon-Sens; l'abbe, au contraire ?
était une des fortes têtes de l'Union , et, si
l'on se fût montré plus docile à ses avis,
le succès probablement en eût été diffé
rent.
Pour peu que le lecteur veuille bien se
remettre en mémoire les aperçus, qu'à
une autre époque, la Fillon adressait à
l'abbé Dubois, touchant les femmes de
Bretagne,|il ne s'étonnera pas que, dans le
salon de Mme de la Gocquerie, plusieurs
dames se rencontrassent, toutes initiées
au secret de la rébellion armée qui se pré
parait, et qUelqués-ûnes même dépassant
én exaltation leurs maris et les autres con
jurés et ne se réduisant pas à un rôle de
passive coopération.
" Ainsi, dans le ménage de M. de Mont-
loui-, le conspirateur, sans contredit, le
plus ardent, c'était sa femme.
; Ainsi encore cette association peur la
défense des libertés bretonnes, dont nous
avons dit que l'acte dès longtemps était
colporté et présenté.àla signature des gen
tilshommes de là province, avait pour se
crétaire Mme de Bonamour à qui était
laissé tout le SQin de 3a correspondance.'
.Pour Mmes dé Pçntcallec, de Tàlhouët
et de Bourgneuf-TréveleCj elles se conten
taient de suivre l'impulsion conjugale en
envisageant sans défaillance féminine
les dangers auxquels allait s'exposer le
compagnon- de leur vie; Citons encore
parmi ces femmes fortes, Mme Hervieux
ae Mellac dont le mari, on le verra tout à
l'heure, était absent dans le moment pour
le service de l'Union, et enfin, une conspi
ratrice de dix-sept ans, Mlle de Soursac,
flile noble; mais pauvre, que Mme de la
Cocquerie avait"auprès d'elle comme lec
trice et comme demoiselle de compagnie.
Ainsi qu'on pouvait s'y attendre, à la
Suite d'un dîner où, suivant les habitudes
un peu bachiques du pays, les vins les
plus généreux avaient été chaudement fê
tés, et Gomme c'est d'ailleurs l'ordinaire à
l'aurore de toute entreprise quelque hasar
deuse qu'elle puisse être entrevue, de
rians horizons s'ouvrant à toutes les ima
ginations, pas une parole dans cette réu
nion dont nous venons de dire les élé-
mensj qui ne respirât la Foi et l'Espéran
ce. Quant à la troisième vertu théologale,
la Charité, elle était quelque peu en souf-
france et d'assez amères remarques étaient
en train dô se produire à l'endroit des gen
tilshommes en retard de donner leur ad
hésion.
Non pas cependant que l'on allât jusqu'à
leur appliquer le terrible article de l'acte
d'Union qui déclarait : « Sans foi, sans hom
neur et dégradés dé noblesse ceux qui refuse
raient de le signer, ou qui, l'ayant signé, y con-
treviendroient. »
Mais enfin, les tièdes et les temporiseurs
étaient tenus sur le tapis d'une façon peu
obligeante quand, én leur faveur, vint à se
produire une assez singulière diversion.
' Un domestique du logis entra : il était
porteur d'une lettre et d'un splendide
buissotfde fleurs : l'une et l'autre venaient
d'être apportés à l'adresse de sa maîtresse
entre les mains de qui il les remit.
Après avoir pris pour elle-même con
naissance de la lettre :
— L'envoi est drôlet, dit Mme de la
Gocquerie, mais il vous regarde aussi,
Messieurs. Ecoutez !
Et elle lut :
« Madame,
» Ayant récemment acheté de M- de Ra-
cinoux, conseiller au Parlement de Ren
nes, la métairie de Kerzhero, qui n'est sé
parée du manoir de la Gocquerie que par
la lande,du Ploërou, j'aurais pu abuser
des privilèges du voisinage pour aller de
ma personne vous présenter mes respec
tueuses félicitations, à l'occasion du cen
tième anniversaire de votre naissance.
» Mais vous auriez su bientôt quelle
femme je "suis et vous vous seriez deman
dé comment une ancienne bouquetière du
Palais-Marchand avait pu risquer une dé
marche si peu autorisée.
# Il y avait, Madame, à vous dire en ma
nière d'excuse, que, venue ici afin de me
placer sous la protection de Messieurs du
Parlement, je suis dans le dessein , pour
prix de l'hospitalité qu'ils ont daigné m'ac-
corder, d'employer une grande fortune
dont je dispose, à féconder la terre qui me
donne asile : contre les landes incultes de
la Bretagne, je me dispose'à entamer une
courageuse guérre de défrichement.
» Mais, après ces explications, l'étran-
geté de ma visite vous eût paru encore
moins vénielle; car ce qui se souffre plus
difficilement encore que l'insolence d'un
néant entraîné à se méconnaître, c'est
l'outrecuidance prétentieuse et réfléchie
d'un parvenu.
» Tout considéré, comme on fait avec
Dieu, la Sainte-Vierge et les saints, ce qui
convient le mieux, Madame, c'est que je
vous honore à . distance, et restée, malgré
mes millions, Jeanneton la bouquetière,
j'adresse à la merveille de la Bretagne un
humble échantillon de mon talent.
» Me permettez-vous, Madame, un sur
croît d'audace : celui de vous charger d'u
ne commission ?
» Je sais qu'en ce momènt, à la Gocque- .
rie, s'est faite une réunions nombreuse de
MM. les membres de la noblesse. Vou
driez vous être assez bonne pour les avi
ser que j'ai la mission toute spéciale de
leur assigner un rendez-vous ?
» 11 a été annoncé à MM. de Lambilly,
de Noyant, de Bonamour et du Groës
quer, que, lé 3 de ce mois, jour de l'Inven
tion de la Sainte Croix, un papier intéres
sant l'avenir et la conduite d'importans
projets, leur serait apporté par quelqu'un.
Retenus à Rennes, l'un par son service de
conseiller, l'autre par maladie, MM. de
Lambilly et de Noyant ne sont pas auprès
de vous, Madame; mais, au nombre de -\os
hôtes, vous avez MM. de Bonamour et du
Groësquer.
» Veuillez, j'ose vous en prier, leur faire
connaître que la ferme de Kerzhero est le
lieu choisi pour l'exécution de l'engage- '
ment très sérieux et très positif qui a été
pris avèc eux.
» Un local d'ailleurs aura été disposé,.
assez vaste pour donner place à ceux de*
Messieurs de l'ordre de la noblesse qui
trouveraient convenable d'être également
préseus.
» La ferme est isolée, et, çn s'y rendant,
le soir, entre neuf et dix heures, à travers
la lande si déserte du Ploërou, même
quand on se dispenserait de la précaution
néanmoins-prudente d'un déguisement,
on pourrait, je penser sans aucun danger,
se rendre à mon humble logis.
» Veuillez agréer, Madame, l'assurance
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