Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-11-12
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 12 novembre 1864 12 novembre 1864
Description : 1864/11/12 (Numéro 317). 1864/11/12 (Numéro 317).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
49* ANNEE.—N. 517.
4B0SNEÏESS DES DÉPARTEMENT
TROIS MOIS. trrvvttt 16 FR.
SIX MOIS......" .T. . 7 32 FR.
un an ....;......,;; 64 fr
I POUR LUI *ATI "ÉT&AH6KM, voir la Ubïean
s Tubllé l«s S et 30 d6 chaque mois,
r Imp. L. BONIFACB, r. des Bons-EnfaHa, 19,
} , U' 7* t ^
' " " i .-4 • ' \ ' N,-' 1 '
Le mode tfABOSNÉMÉNT le plas simple est l'envol d'un bon de trôste ou d'an effet
sur Paris, à l'ordre de L'ADMnasxàAtBTO du Journal, rue de Valois, n* 10.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
IIm lettre» ou envois d'argent KO» affrakchis sont refusis. I
Les articles déposé» na sont pas rendus, |
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o _ un numéro 20 centimes,'
Les abonnemens datent des l or e y
da eliaqna mois.
Les ÂtraoKCBS sont reçues chez M. Paris, rue Notre-Dame-des-Victoires, n
(place de la Bourse),
PARIS, 11 (NOVEMBRE.
' La Chambre des- députés, de Turin a
"continué hier la discussion du projet de
loi sur le transfert de la capitale. Aucun
incident remarquable n'a signalé ce débat.
! Gn croit, à Berlin, que la ratification
du traité de paix avec le Danemark aura
lieu avant l'expiration du délai dé trois
semaines, stipulé dans l'art. 24 du traité
de Vienne.
Les feuilles de Vienne tiennent toujours
un langage très hostile envers la Prusse,
et elles engagent le comte Mensdorff-Pouil-
ly à se rapprocher des Etats secondaires,
surtout dans la question des duchés. A ce
propos, VOst-Deutscke-Post rappelle que M.
de Beust a contesté au roi, Christian IX le
droit de céder les duchés à la Prusse et à
l'Autriche ; la feuille viennoise exprime
l'espoir que le comte de Mensdorff admet
tra l'argumentation du ministre saxon
avec les conséquences qui en découlent
et qui seraient contraires aux projets sup
posés de M. de Bismark.
Les journaux allemands ont beaucoup
-parlé, ces derniers temps, du revirement
qui se serait opéré à Saint-Pétersbpurg, à
l'égard des prétentions du grand-duc d'OI-
■ denbourg sur le trône du Sleswig-Holstsin.
Les feuilles d'outre Rhin cherchent main
tenant à expliquer ce changement de vues
de la part de la cour de Russie, en rappe
lant que le parti scaadinave à Copenhague
essaye de faire prévaloir cette théorie que,
le protocole de Londres ayant été. abrogé,
de fait,par suite de là cession des duchés à
l 'Allemagne,le roi Christian IX aurait per
du en même temps ses titres au trône de Da
nemark, titres qu'il ne tenait que du pro
tocole de Londres. Or, en maintenant la
renonciation de ses droits qu'il a faite à
Kissingen au profit du grand-duc d'Ol
denbourg, l'empereur de Russie abandon
nerait définitivement le protocole de Lon
dres et il priverait ainsi le roi Christian
d'un titre international qui pourrait servir
ce souverain dans sa lutte contre le parti
anti - dynastique de Copenhague. Les
journaux allemands pensent que le czar
qui va marier son fils à la princesse Dag-
mar, ne veut pas compromettre la cou
ronne du roi Christian et. voilà pourquoi
-il montrerait aujourd'hui une grande froi
deur à l'égard des prétentions du grand-
duc d'Oldenbourg.; .
Le commerce , en Prusse , manifeste
une certaine impatience au sujet des for
malités qui restent, encore à accomplir
avant la mise en vigueur du traité de com
merce franco-allemand. De tous côtésj le
'gouvernement-prussien est sollicité ; de
hâter l'époque dé l'exécution de ce traité.
L'opinion à Madrid juge assez sévère
ment la brochure dans laquelle M. Bravo
Murillo professe de si étranges doctrines
-sur la manière de satistaire les créanciers
de l'Espagne.
h'Epoca, qui se rend l'organe, en cette
circonstance jdu sentiment public, dit avec
raison que « ne pas payer peut revenir
plus cher que payer. » Des sentimens pa
reils honorent la presse espagnole et font
oublier les conseils imprudens de M. Bra
vo Murillo.
Nous publions plus loin la Note par la
quelle le gouverneur de Bahia annonce
l'interruption des relations entre le gou
vernement brésilien et le consulat des
Etats-Unis.
En Angleterre, le monde commercial 1
attend avec impatience les nouvelles de
New-York au sujet de l'attitude que le ca
binet de Washington prendra dansl'affaire
de la Florida. Le Times 'menace les Etats-'
Unis des représailles les plus sévères de la
partdes puissances maritimes, dans le cas
où M. Lincoln chercherait à pallier ou ap
prouverait l'acte audacieux de Bahia.
E douard S imon.
La Revue des Deux-Mondes , dans une de
ses dernières livraisons, contenait un de
ces articles spirituels où M. de Rémusat
trouve moyen d'être à la fois content et
mécontent de tous et de chacun, d'ap
plaudir et de blâmer en même temps;
en un mot, de ne jamais faire un éloge
qui ne soit suivi d'une critique ef une cri
tique qui ne soit suivie d'un compliment.
Nous avons voulu parler de cet article
dès qu'il a paru : lé temps nous a manqué
alors, et nous arrivons peut-être bien tard.
11 est cependant une question dans l'étude
générale de M. de Rémusat, qui préoccupe
toujours l'opinion publique et qui est en
core à l'ordre du jour des affaires euro
péennes. - •
Il s'agit de la question du Sleswig-Hols-
tein.
Pour tout le monde, et en particulier
pour les hommes d'État qui ont l'honneur
de diriger les affaires de l'Europe, cette
question présentait des difficultés sérieu
ses. Pour M. de Rémusat elle paraît ne
présenter aucune difficulté. Chose bonne
à signaler en passant ! Ces politiques qui
trouvaient tout difficile autrefois quand
ils étaient au pouvoir, ne voient plus
d'obstacle nulle part et-n'ont qu'à pren
dre la plume pour trancher toutes les
questions. Il est vrai qu'en écrivant, ils
'arrangent Fhistoiré à leur gré, et font bon
marché des dates, peur se livrer sans en
traves à leur diplomatie de fantaisie.
Selon M. de Rémusat, le Sleswig-Hols-
tein n'a jamais été politiquement et admi
nistrai! vement uni/C'est'le contraire qui
est vrai, puisque les conventions de 1851-52
ont supprimé cette union. On ne supprime
pas çe qui n'existait point.
Selon M. de Rémusat, la France et l'An
gleterre auraient garanti, en 1727, l'in
corporation du Sleswig à la couronne da
noise. C'est là une thèse, prise toute faite
dans les livres, mais qui, dans la politi
que pratique, a été toujours l'objet de dou
tes et de controverses. Il est singulier
que M. de Rémusat, si connu par son
scepticisme à l'égard des choses acceptées
par l'opinion générale, admette comme
un article de foi ce qui est contesté par
les hommes d'Etat les plus sérieux.
Ce n'est pas tout, et les erreurs de M.
de Rémusat ne se bornent pas au XVIII e .
siècle. Il ne respecte pas plus l'histoire
d'il y a dix ans. Ainsi, il rappelle la fa-r
meuse « assemblée des Etats-Généraux »,
voulant sans doute parler du conseil su
prême de la monarchie danoise, et il en
parle comme d'une institution de 1848 :
c'est 1852 qu'il veut dire. En 1848, les du
chés ne se sont pas insurgés contre une
constitution qui n'existait pas ; ils se sont
insurgés contre un acte d'incorporation
qui supprimait leur nationalité et qui de
vait être la cause de la guerre à laquelle
nous venons d'assister.
M. de Rémusat trouve mauvais que les
puissances neutres ne soient pas interve
nues ; mais, un instant après, « il com-
» prend les raisons et les avantages de la
» non-intervention. »
Pour la France, suivant M. de Rému
sat, l'intervention n'était point comman
dée, mais elle eût été excellente au point
de vue de notre intérêt et du droit. Un peu
plus loin, M. de Rémusat justifie la non-
intervention parce que l'opinion, en Fran
ce, ne voulait point de guerre générale à
propos du Danemark. Ici; il Semble res
pecter l'opinion; mais, aussitôt après, il la
condamne comme asservie « à l'indus
trialisme économique ». •
• L'écrivain de la Revue des deux Mondes
croit que la guerre contre l'Allemagne
ne pouvait être entreprise que par la Fran
ce et l'Angleterre d'accord, et il blâme
l'Angleterre de ne pas avoir entrepris
cette guerre, ce qui peut être logique. Ce
qui l'est moins, ce qui ne l'est pas . du
tout, c'est de blâmer la France de ne pas
avoir "fait la guerre sans l'Angleterre.
En un mot, il n'y a rien de solide dans
cette longue argumentation de la Revue
des Deux-Mondes, et si les lecteurs de ce re
cueil ne cbrinaissaiènt la question des du
chés que par de tels caprices de plume et
d'imagination, ils seraient à peu près aussi
bien informés que s'ils avaient lu un petit
roman sur ce sujet.
Tâchons maintenant, d'oublier M. de
Rémusat,et voyons^a question telle qu'elle
est en ce moment.
La paix est signée à Vienne. Le doulou
reux conflit qui a coûté un sang si pré
cieux à l'Allemagne et au Danemark, se
termine par la séparation des deux natio-
halités.dont l'antagonisme avait défié tou
tes les tentatives de conciliation.
Sèrait-il vrai, comme on l'affirme de
plusieurs côtés, que le traité de Vienne,
en mettant fin à la guerre entre le Dane-
marck et l'Allemagne, prépare des luttes
entre les puissances allemandes elles-mê
mes? Serait-il vrai que l'Autriche et la
Prusse, ne tenant pas compte de leurs dé
clarations les plus solennelles devant l'Eu
rope, ni de leurs engagemens envers la
Confédération germanique, ne voulussent
Méconnaître à l'égard des duchés d'autre
règle^que celle de la conquête? Nous ne
croyons pas que ces rumeurs soient fon
dées; elles ont leur origine naturelle dans
les inquiétudes des habitans des duchés
qu'on laisse incertains du sort qui les
attend. En se plaçant sur le terrain des
faits matériels , comment pourrait-on
revendiquer au profit de l'Autriche et de
la Prusse les droits du conquérant? Com
ment admettre qu'un Etat allemand puisse
conquérir un autre Etat allemand sans
porter atteinte, par un tel acte, aux traités
qui régissent la Confédération ?
Parle traité de paix, le roi de Dane
mark cède l'es duchés aux deux grandes
puissances allemandes. Or, on sait que la
Diète germanique a toujours contesté
l'ordre de succession établi en 1853 dans
les duchés et réclamé le droit de ré
gler les rapports constitutionnels de ces
pays. Aux yeux de la confédération, germa
nique, le roi Christian IX, qu'elle n'a pas
reconnu comme souverain des duchés,
n'avait pas qualité pour céder ces duchés.
Et si, par suite de la guerre, les gouverne-
méns d'Autriche et de Prusse sont deve
nus momentanément maîtres du Sleswig-
Holstein, ils se trouveat, pour ce qui con
cerne l'organisation politique des duchés,
vis-à-vis de la Diète fédérale, dans la mê
me situation que le roi Christian IX avant
la guerre. Ces deux puissances, qui ont vo
té à Francfort, toutes les résolutions
impliquant le concours de la Diète au
règlement de la question , des duchés,
ne pourraient guère repousser aujour
d'hui ce concours sans justifier les soup
çons de ceux qui s'obstinent,—à tort,
selon nous,—à regarder comme calcu
lées les lenteurs des chancelleries de
Berlin et de Vienne. C'est dans ce sens,
pour ne citer qu'un exemple, qu'a été in
terprété le projet, attribué à la Prusse, de
déférer 1e question de succession à une
conférence de jurisconsultes'dont le ver
dict ne serait même pas décisif, mais qui
fournirait les élémens à l'arbitrage des
grandes puissances allemandes. L'opinton,
au-delà du Rhin, s'est demandé tout
naturellement quel pouvait être le but
pratique d'une pareille procédure ? Le
point de droit a été exposé à satiété
dans d'innombrables mémoires juridiques,
et la grande majorité des Facultés de droit
de l'Allemagne s'est formellement pronon
cée en faveur du duc Frédéric d'Augus-
tenbourg. En appeler de nouveau aux lu
mières des juristes, qui depuis longtemps
ont jugé la question, c'est prolonger une
situation qui commence à irriter et à trou
bler les esprits.
Les vieux parchemins, certes, ne sont
pas tout., s'ils se trouvent en désaccord
avec les faits nouveaux et surtout avec les
désirs des populations ; mais si le vieux
droit est consacré par l'opinion populaire,
il y a là tous les élémens d'une bonne so
lution, qu'il ne serait pas prudent de dé
daigner.
Encore une fois, dans cet interminable
conflit, la jurisprudence a dit son dernier
mot. En outre, les vœux populaires se sont
manifestés; mais, puisqu'à Berlin et à
Vienne on semble encore éprouver des
doutes, pourquoi ne pas procéder à une
dernière et décisive épreuve et consulter
régulièrement les populations ?
Tel est l'état des choses. Ni les théories
d'une politique ambitieuse, soutenue par
certains journaux allemands, ni les criti
ques d'une politique de fantaisie, comme
celle de M. de Rémusat, ne réussiront à
faire prendre le change.
PAULIN UMAYRAC.
TELEGRAPHIE PRIVEE.
Londres, 40 novembre, soir.
Le bilan hebdomadaire de la Banque d'An
gleterre donne les résultats suivans :
Augmentation : — Encaisse métallique,
333,829 livres sterling ; comptes particuliers,
590,022 livres sterling; compte du Trésor,
782,898 livres sterling; réserve des billets,
1,007,605 livres sterling. '
Diminution ; fe- Portefeuille, 193,163 livres
sterling.
New-York, 28 octobre.
(Par le Scotia, voie de Crookhaven.)
Pendant la dernière reconnaissance opérée
par le général Grant, les confédérés ont char
gé le 2° corps fédéral qui a perdu 1,500 hom
mes.
Dans le mouvement de Butler, Weitzel don
na l'assaut aux positions confédérées, sur la
route de Williamsburg, mais il fut rejeté avec
une perte que Ton évalue presque à deux bri
gades.
Grant a repris son ancienne position.
Le meeting des négocians et banquiers de
New-York s'est prononcé en faveur de la can
didature du général Mac-Clellan, en déclarant
qu'un changement d'administration était né
cessaire aux intérêts financiers et commer
ciaux.
Le président Lincoln a proclamé le territoire
de Nevada un des Etats de l'Union.
Le commandant de la milice de Nsw-York a
publié, comme le gouverneur du Kentucky,
une proclamation dans laquelle il déclare qu'il
s'opposera à toute-intervention militaire dans
l'élection.
La dette fédérale s'élevait, au commence
ment d'octobre, à 2,017 millions de do'.'ars
(plus de 10 milliards de francs).
Or, 248 1/2.—Change sur Londres, 264. — Co
ton 125. " •
, Turin, 10 novembre.
Chambre des députés. — La discussion sur le
transfert de' la capitale continus.
- M. Sazzaro combat le projet de loi.
. M. Brofferio donne quelques explications sur
le piémontéisme.
Le professeur Ferrari croit que Rome capita
le est une chimère, et que l'Italie ne peut pas
y entrer au moins pour le moment. Nous de
vons, dit-il, choisir une autre ville; par exem
ple, Florence. Eir acceptant le traité avec le
transfert de la capitale, l'orateur croit agir li
brement et conformément à la dignité et aux
intérêts de l'Italie. Chacun interprétera le trai
té à sa manière. M. Ferrari est d'avis qu'on
pourra itttèrvenir à Rome. Il fait des vœux ar-
dens pour l'alliance avec la France qui a don
né des exemples généreux à t»utesles nations.
' M. Coppino parlo contre la convention.
Madrid,. 10 novembre.
L'Epoca pense, contrairement aux conseils
de M. Bravo-Murillo, qu'il serait peut-être
plus avantageux de satisfaire les détenteurs
des amortissables que de repousser leurs ré
clamations. .La feuille madrilène fait observer
que ne pas payer peut revenir plus cher que
payer.
âuj ourd'hui a eu lieu l'adj u dication du che
min de fer des Asturies. ( Uavas-Bulher.)
Voici les dépêches que nous recevons ce
soir :
Copenhague, H novembre.
Le Landsthing a donné son adhésion au
traité de paix par 55 voix contre 4.
Le Flyveposten dit que les ratifications seront
probablement échangées dimanche prochain.
Lemberg, H novembre.
Un avis du gouverneur de la Gallicie or
donne que les crimes et . délits qui depuis l'é
tat de siège étalent jugés par les conseils de
guerre, soient jugés de nouveau, à partir d'au
jourd'hui, par les tribunaux civils. Les crimes
de haute trahison et de perturbation de l'ordre
public continueront cependant à être du res
sort des conseils de guerre. ( Havas-Bullier.)
COURS DE LA. BOURSE.
COURS DE CLOTDBE le 10! le 11 HAÏÏSSB. BAISSE
30/Qaucompt. 64.80 65 10 s 30 » »
—Fin dtî .mois. 64.90 65.15 » 25 » a
41/2 aucompt. 91.SOr 92, » » 20 » »
—Fin du mois. 91.75 », » » » » »
Voici l'acte par lequel a été notifiée l'inter
ruption des relations du Brésil avec le consul
américain.
Palais du gouvernement à Bahia,
ce 7 octobre, x
Monsieur, considérant le grave outrage par le
quel le steamer Wachussetts, des Etats-Uû's de
^Amérique du Nord, a violé la neutralité fie
l'empire et méprisé son pouvoir, en capturant
traîtreusement, à . la faveur de la nuit, et dans
le port même de cette capitale, le steamer Florida,
des Etats confédérés; considérant que. en de
hors des lois les plus sacrées qui règlent les rap
ports des peuples civilisés.et prohibent des actes
aussi repréhensibles, le soussigné a regardé com
me un gage de respect pour la neutralité du
Brésil, la parole d'honneur de M. T.-F. Wil-
son, consul des Etats-Unis de l'Amérique du Nord,
qui s'était engagé dans les termes les plus for
mels 4 obtenir du capitaine du Wachussetts une
exécution de son devoir en s'abstenant de tout
acte d'hostilité dans les eaux de l'empire , et
en respectant son territoire ; le soussigné doit
protester solennellement et énergiquement con
tre un tel outrage, d'autant plus qu'il con
sidère le consul lui- même comme engagé dans
cette affaire, en ce qu'il n'a offert-aucune explica
tion pour diminuer sa responsabilité, ne tenant
aucun eompte de sa promesse formelle. — Et
comme, dans cette occasion , le silence gardé
jusqu'à présent à ce sujet par le consul des
Etats - Unis prouve évidemment que le sous
signé ne peut désormais avoir confiance dans
ce consul pour faire respecter la neutralité et
la souveraineté de l'empire par les vaisseaux
belligérans des Etats-Unis, le soussigné a ré
solu de cesser tous rapports officiels avec le
consul, jusqu'à ce que le gouvernement impérial,
informé de cet événement, aussi inattendu que
déplorable , en ait délibéré en pleine connais
sance de cause et dans sa haute sagesse. Le
consul est, en mCme temps , informé que des
ordres nositifs ont été expédiés aujourd'hui aux
auto rites de la province pour faire refuser au
Wachussetts l'entrée de tous les ports. Les moyens
les plus énergiques et les plus sévères seront
déployés, selon les instructions du ministre
dès affaires étrangères du 23 juin de l'année
dernière, si ce vaisseau les rend nécessaires par
son refus ët son obstination coupable de ne pas
se conformer aux ordres qui lui seront transmis,
continuant à mépriser les devoirs que lui impo
sent les lois internationales ainsi que l'honneur
et la dignité de son drapeau,
Signé : Antoiiio-Joaquim da Silva Gomez.
° (Index)
Nouvelles diverses.
PARIS, Il NOVEMBRE.
M; le baron de Montour, nommé préfet du
département de laDrôme par décret du 5 no
vembre, a prêté serment hier entre les mains
da Sa Majesté l'Empereur, . au palais de Com-
plègne, èn présence de LL. Exc. le ministre
d'Etat et le ministre de l'intérieur.
— Par décret en date du 10 novembre, ren
du sur la proposition du ministre d'Etat, M. le
baron de Montour, préfet de la Drôme, a été
nommé maître des requêtes en service extraor
dinaire.
— Par un décret en date du _ 5 novembre,
rendu sur la proposition du ministre de l'a
griculture, du commerce et des travaux pu
blics, M. Ferdinand Barrot, sénateur, est nom
mé membre du conseil supérieur du com-
Feuilleton da Goristitulioanel, 12 nov.
LA FORÊT DE B0NDY
EPOQUE DE LA REGENCE.
Quatrième partie.
XI.
LE TEMPS GAGKK.
Avant de subir la formalité du,bandeau
et pendant que la Sallé chargeait Jack
Sheppard de ses remercimens pour ces
Messieurs de Londres , Antoinette Néron s'ap-
precha de Cartouche et lui dit :
— Eh bien ! mon lapin écorché, au mo
ment de la quitter, tu n'embrasses pas ta
grosse ? ' -' .
— Si fait, répondit le voleur, qui, en
présence d'un étranger, trouva ces façons
conjugales d'assez mauvais goût.
Et il donna à la quémandeuse un baiser
négligé. /
— Mieux que ça, donc, Monsieur ! dit-
elle en insistant; quand on se sépare; sait-
on si l'on se reverra ; dans la vie on voit
tant de choses !
— Tiens ! t'es bien philosophique ce
soir, dit Cartouche,
Puis, voyant qu'après, l'avoir tenu long
temps embrassé, sa maîtresse lé quittait la
larme à l'œil :
—Ah çà ! t'es donc malade tout de bop?
demanda-t-il.
—Les nerfs ! lui dit tout bas Sheppard ;
l'odeur des fleurs, comme il y en a beau
coup ici, produit chez les femmes de ces
effeis-là. . ; -
— Voyons, Grutbus, procède au punch,
puisque tu prétends t'y entendre, cria
l'amphitryon, après que l'ermite fut sorti
donnant le bras aux deux femmes et em
menant par la même occasion les deux
aveugles ; c'est drôle, ■ ajouta-t-il, comme,
avec ses adieux pour deux heures, cette
pieureuse m'a interloqué !
— Ah dame! remarqua l'Anglais, à s'a
coquiner aven les femmes, voilà ce qui ar
rive: on devient comme une cloche de-
cristal, qu'elles font résonner avec une chi
quenaude. .
Gruthus Duchâtelet était un - vantard
tout à fait.inhabile à la besogne., dont il
s'était chargé. Le punch, boisson aujour
d'hui si populaire, était alors à peine con
nu en France, où, selon Legrand d'Aussy,
dans sa Vie privée des Français, il ne devint
d'un usage courant que vers d781. Pour
qup Cartouche se lût avisé d'en faire fête
à son hôte,, il avait fallu que l'idée lui en
fût donnée par un ancien matelot qui ser
vait dans sa troupe. Cet homme avait ap
pris dans l'Inde, d'où il est originaire, la
recette du pantsch, ainsi qu'on commença
par prononcer. De l'Inde, il était passé
dans les mœurs anglaises, depuis une ving
taine d'années environ.
Voyant l'inexpérience de Duchâtelet,
Sheppard s'en mêla, et bientôt, à. la grande
joie de la réunion, 'pittoresquement gros
sie de tous les. acteurs de l'intermède qui
avaient conservé leur costume, un vaste
cratère fit éruption en détachant les reflets
de son cône à la flamme bleuâtre sur le
somptueux éclairage du souterrain.
Si déjà l'histoire que'nous avons entre
pris de raconter n'atteignait dés propor
tions énormes, et si la mode était encore
au procédé des grands maîtres, Cervantes,
Lesage et autres , qui ne marchandaient
pas à, suspendre l'intérêt par l'introduc
tion d'épisodes et de nouvelles parasites,
ce serait bien le moment, que, le Verre à
la main, chacun des honorables personna
ges qui se trouvent là rassemblés entreprît
de raconter l'histoire, de ea vie. Faite en
manière de passe-temps, évidemment cet
te confession générale formerait., dans le
genre picaresque , un curieux Dècaméron.
Mais nous n'avons pas le temps de cueillir
ainsi des bouquets le long du chemin. En
core un coup, le testament de Louis XIV
frémit et s'impatiente de sa longue et igno
ble demeurance aux mains de Cartouche.
Voyons donc sans en rien nous laisser dis
traire , les derniers elTorts qui vont être
faits dans le sens de sa difficile libé
ration.
Cartouche, cela ne se peut nier, manquait
de monde. Il ne comprit pas qu'il était de
mauvais goût de revenir sur l'espèce de
mystification faite à son hôte, tant agréa
ble qu'elle eût été. .
— Hein! fit-il donc maladroitement,
elle était bonne, la farce, et cette manière
de vous servir la Sallé, convenez-en, c'est
original? fc-
— Le tour est du dernier galant, répon
dit Jack Sheppard, et quand je le conterai
à mes confrères de Londres, il les ravira
d'admiration..
§—C'est drôle, continua l'artiste lran-
çais, vous n'avez pas paru aussi content
de ma grande pêche aux soixante millions;
là, pourtant, il avait fallu bien d'autres
combinaisons.
— Le succès d'abord y a manqué, re
partit l'Anglais, ce qui est un grand point;
j'ajoute même que, pour vous, ce succès
eût été un malheur. Un pareil coup de fi
let mettait sur pied toutes les forces dont
dispose le gouvernement. L'argent vous
eût été repris et peut-être on vous happait
de compagnie. Notre puissance, il faut se
le dire, a ses limites, et l'on ne doit ja
mais agacer la police ; on en fait une bète
dangereuse quand on la jette hors de son
tran-tran.
— Avec de pareilles idées, fit Car touché
en haussant les épaules, personne ne ten
terait rien.
— Oh ! je sais, dit Sheppard que mon
cher confrère ne manque pas de foi en
lui-même, témoin notre «luel : quand je
vous ai signifié que demain au plus tard
j]aurais mis la main sur votre trésor, vous
m'avez ri au naz.
— Un trésor, répétèrent plusieurs des
assistans.
Le.mot effectivement était de nature à
leur faire dresser l'oreille.
— Eh bien ! qu'est-ce ? fit Cartouche en
promenant autour de lui un regard impé
rieux et menaçant. C'était dans sa troupe
un despote absolu auprès de qui le parle
mentarisme n'aurait pas eu le moindre
succès.
— Ah! pas en argent., Messieurs, s'em
pressa d'ajouter Jack Sheppard, j'appelle
son trésor des chiffons de papier auxquels
votre capitaine a la folie de tenir. Je lui
ai déjà prédit quelesfemmes le perdraient.
Figurez-vous que, pour lui faire rendre les
lettres d'une grande dame anglaise qui' a
eu pour lui des bontés, je suis venu-de
Londres lui offrir des sommes 'fabuleuses
et il aime mieux me'reduire à la ridicule
nécessité de le voler, ce qui aura lieu pas
plus tard que demain, je ne crains pas
d'en renouveler devant vous l'engagement.
— Ah ! voilà le mystère des coffrets ex
pliqué, se dirent à voix basse les deux
lieutenans, E veille-Chien et Balagny.
^ Eh bien! maître, dit de son "côté Car
touche, d'un ton goguenard, où en som
mes-nous de la msfnigance? Depuis hier
vous avez dû marcher.
— Mais oui, je crois uéjà à peu près sa^
voir où peut être l'objet,
Ïtt Et. où donc ? confrère. A moi vous
pouvez me dire ça.
— Ici tout près, mon cher ; car n'ayant
plus dans Paris une seule cachette....
— Quand vous diriez vrai, interrompit
vivement Cartouche, je ne vois pas trop
pour vous le grand avantage ! Dans ce liéù
nous ne sommes pas seuls, et vous ne me
voleriez toujours pas sous mon nez àu mi
lieu de l'élite de ma troupe.
— Ça, c'est mon affaire, dit l'Anglais ;
mais, d'abord, il faut vérifier la valeur de
mon pressentiment, et,comme nous jouons
cartes sur table, vous me permettrez, je
pense, en votre présence, de procéder à
une petite opération.
— Vérifiez, mon cher, vérifiez, repartit
dêdaigneusèment Cartouche pensant «lue
son adversaire. comme on dit vulgaire
ment, prêchait le faux pour savoir le vrai.
Sheppard tira alors de sa poche une pe
tite boîte plato, en acajou; il l'ouvrit et se
mit à en considérer le contenu :
— Qu'est-ce que c'est que ce joujou-là?
demanda Cartouche.
— Ça, c'est la fortune et la gloire de
l'Angleterre. •• . . . .
— Elles tiennent pas de trop- de pla
ce, dit le Parisien avec une pointe d'inso
lence.
— Tenez ! poursuivit l'Anglais, sans re
lever l'impertinence adressée à son hon-
- neur national, voyez cette petite aiguille
qui tremblotte sur son pivot'et qui, dans
quelque sens que je tourne la boite, in
cline toujours du même côté! ce côté,
c'est le nord.
— Eh bien! fit Cartouche.
— Eh bien! quand on sait où est le nord
on n'est pas loin de savoir le midi qui est
en face; le levant qui est à sa gauche et le
couchant à sa droite.
—j'entends cela, mais qu'est-ce que ça
peut faire à l'Angleterre ?
Ça lui fait qu'envoyant seg ^isseaux
dftns tous les coins du monde poWèn rap--
porter sans cesse dés richesses nouvelles,
avec ce petit instrument qu'on appelle
une boussole, elle peut 'les conduire sur
la mer où il n'y a pas de chemins tra
cés. ' ' , - , "
— C'est nouveau, Monsieur ? cet instru
ment? demanda l'oncle Tanton,, ça pour
rait , il me semble, servir dans les éva
sions.
-v Non, répondit Jack Sheppard, il est
connu depuis longtemps;■ mais, comme
vous dites, il peut également être employé
à se diriger sur terre et rnêrae dans les
souterrains. Ainsi, je vois par la manière
dont penche l'aiguille que votre cher ne
veu s'est- moqué de moi, en me faisant
croire qu'il me conduisait dans les «ar
rières Montmartre, qui sont situées ait ■
nord de Paris. Ici nous sommes bien plus
a l'est et c'est â l'est, m'a-t-on dit, que se
trouve lafameuse forêt de Bondy.
— Supposons que nous y sommes, dans
cette respectable forêt, dit Cartouche en
rompant les "chiens, ça empêcherait-il le
punch d'être bon ?
— Au contraire, je le trouve excellent ;
màis c'est une raison de plus, pendant
qu'il me laissé encore toute rha tête, pour
que je fasse mes petites observations.
—Vous nous astiquez des emblèmes, l'a
mi, dit;Cartouche, avec votre, mécanique,
et si vous n'avez que ça pour me rincer,
faudra vous lever diablement matin.
— Ah! c'est^ mon bon, répliqua Shep
pard, que vous ne savéz pas toutes les fi
nesses de mon bijou. Outre l'habitude de
se tourner .vers le nord, il a encore la ver
tu de se déranger quand il sent du fer dans
son voisinage. Tenez:! continua-t-il en
prenant sur la table un couteau et en l'ap
puyant sur la vitrine qui abritait l'aiguille
aimantée, voyez l'effet de l'acier sur la
machine, elle a aussitôt changé de posi
tion.
— Je vois cela, dit Cartouche, avec un
commencément d'anxiété, mais il faut que
l'acier soit dessus.
— Oui, parce que c'est une lame de mé
tal très mince, mais ayez-ën un morpeau
plus compact, votre coffret, par exemple ,
à bien plus grande distance, le même ef
fet sera produit.
— Toutes ces expériences , mon cher
confrère, dit le voleur parisien de plus en
plus inquiété, commencent, je vous l'a
vouerai, à devenir fastidieuses. Nous avons
vraiment l'air de Messieurs du CMtelet en
traia de se livrer à une information.
Qu'est-ce que nous sommes venus faire
ici? Boire, n'est-ce pas, et rigoler. Eh bien!
buvons donc et rigolons, et comme dit le
Régent à ses roués et à ses princesses : A
demain les affaires!
— Rien qu'un moment encore, dit l'An
glais, et j'ai fjni.
Comme il était mime excellent, conti
nuant d'interroger la boussole, il étala
d'abord sur son visage l'expression de l'at
tention la plus animée. Un peu après, un
froncement de sourcils laissa entrevoir
comme une nuance de mécompte qui, à
la façon d'un nuage orageux, envahissant
lentement sa physionomie, bientôt éclata
en désappointement et en dépit. Enfin, par
une vive exclamation, le voilà qui s'am
nistie du reproche que lui taisait ptuitcàlre
in petto le lecteur, de mal jouer le jeu' en
inquiétant son adveysaire sur l'infaillibili
té'de.sa :cachette...
r— .Je suis fumé! s'écria-t-il.
Par ce mot de mauvaise compagnie pris
en dehors de son vocabulaire habituel, il
entendait marquer l'émoi d'un homme
qu'une, désagréable découverte vient de
jeter en dehors de lui-même , et dès lors
on a cemprio qu'entrant adroitement dans
la prescription de Colingry qui était de
longer la situation, s'il a semblé vouloir
inquiéter l'ennemi, c'était en définitive
pour mieux le rassurer.
Afin de couronner chaudement la scène
il fit comme l'enfant qui brise sa montre
de deux sous parce qu'elle lui marque tou
jours midi ; il jura un goddam ! furieux, je
ta violemment à terre sa boussole, l'é
crasa sous son pied , et saisissant son
verre....
— Buvons, Messieurs, dit-il d'un accent
fiévreux, et à la santé du capitaine Car
touche, ijui décidément, est un homme'
bien autreinaht fort"que je ne l'avais cru.
Cartouche faillit encore au bon goût :
au lieu d'accueillir avec modestie l'aveu
que son adversaire faisait de sa défaite et
le toast qui lui était porté, ramassant
la boussole d'un air de pasquinade :
— Oh! mon cher confrère, dit-il, ce jolî
petit instrument, dans quel état vous l'a
vez mis! La plus belle fille du inonde ne
peut donner que ce qu'elle a, et il ne pou
vait pas vous annoncer caché ici ce que je
me serais bien gardé d'y mettre quand j'a
vais l'intention de vous y amener.
— Que voulez-vous? j'ai été mal rensei
gné, dit l'Anglais ; il faudrait tout faire
par soi-même.
Cartouche attèignit les dernières limites
de la malséance :
— Allons ! dit-il, jouant là bonhomie,
il ne faut pas vous désoler. C'est désa
gréable, je le conçois ; on vous a fait per
dre du temps. Vous deviez me voler de
main, et voilà un. jour dépassé en prépa
ratifs inutiles. Màis, écoutez, je suis bon
enfant ; vous faut-il du crédit ? je ne de
mande pas mieux, et si ça vous arrange,
ne me volez qu'après-demain.
Comme il lâchait cette gasconnade, en
tra l'ermite, qui ne devait pas être si.tôt
attendu.
Charles
[La mite à demain, i
4B0SNEÏESS DES DÉPARTEMENT
TROIS MOIS. trrvvttt 16 FR.
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I POUR LUI *ATI "ÉT&AH6KM, voir la Ubïean
s Tubllé l«s S et 30 d6 chaque mois,
r Imp. L. BONIFACB, r. des Bons-EnfaHa, 19,
} , U' 7* t ^
' " " i .-4 • ' \ ' N,-' 1 '
Le mode tfABOSNÉMÉNT le plas simple est l'envol d'un bon de trôste ou d'an effet
sur Paris, à l'ordre de L'ADMnasxàAtBTO du Journal, rue de Valois, n* 10.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
IIm lettre» ou envois d'argent KO» affrakchis sont refusis. I
Les articles déposé» na sont pas rendus, |
trois mois ....V .v. 13 fr,
six mois. . .Yr.^.-; 26 fr.
un an ;...-.7r ...v .ï 52 fr;
o _ un numéro 20 centimes,'
Les abonnemens datent des l or e y
da eliaqna mois.
Les ÂtraoKCBS sont reçues chez M. Paris, rue Notre-Dame-des-Victoires, n
(place de la Bourse),
PARIS, 11 (NOVEMBRE.
' La Chambre des- députés, de Turin a
"continué hier la discussion du projet de
loi sur le transfert de la capitale. Aucun
incident remarquable n'a signalé ce débat.
! Gn croit, à Berlin, que la ratification
du traité de paix avec le Danemark aura
lieu avant l'expiration du délai dé trois
semaines, stipulé dans l'art. 24 du traité
de Vienne.
Les feuilles de Vienne tiennent toujours
un langage très hostile envers la Prusse,
et elles engagent le comte Mensdorff-Pouil-
ly à se rapprocher des Etats secondaires,
surtout dans la question des duchés. A ce
propos, VOst-Deutscke-Post rappelle que M.
de Beust a contesté au roi, Christian IX le
droit de céder les duchés à la Prusse et à
l'Autriche ; la feuille viennoise exprime
l'espoir que le comte de Mensdorff admet
tra l'argumentation du ministre saxon
avec les conséquences qui en découlent
et qui seraient contraires aux projets sup
posés de M. de Bismark.
Les journaux allemands ont beaucoup
-parlé, ces derniers temps, du revirement
qui se serait opéré à Saint-Pétersbpurg, à
l'égard des prétentions du grand-duc d'OI-
■ denbourg sur le trône du Sleswig-Holstsin.
Les feuilles d'outre Rhin cherchent main
tenant à expliquer ce changement de vues
de la part de la cour de Russie, en rappe
lant que le parti scaadinave à Copenhague
essaye de faire prévaloir cette théorie que,
le protocole de Londres ayant été. abrogé,
de fait,par suite de là cession des duchés à
l 'Allemagne,le roi Christian IX aurait per
du en même temps ses titres au trône de Da
nemark, titres qu'il ne tenait que du pro
tocole de Londres. Or, en maintenant la
renonciation de ses droits qu'il a faite à
Kissingen au profit du grand-duc d'Ol
denbourg, l'empereur de Russie abandon
nerait définitivement le protocole de Lon
dres et il priverait ainsi le roi Christian
d'un titre international qui pourrait servir
ce souverain dans sa lutte contre le parti
anti - dynastique de Copenhague. Les
journaux allemands pensent que le czar
qui va marier son fils à la princesse Dag-
mar, ne veut pas compromettre la cou
ronne du roi Christian et. voilà pourquoi
-il montrerait aujourd'hui une grande froi
deur à l'égard des prétentions du grand-
duc d'Oldenbourg.; .
Le commerce , en Prusse , manifeste
une certaine impatience au sujet des for
malités qui restent, encore à accomplir
avant la mise en vigueur du traité de com
merce franco-allemand. De tous côtésj le
'gouvernement-prussien est sollicité ; de
hâter l'époque dé l'exécution de ce traité.
L'opinion à Madrid juge assez sévère
ment la brochure dans laquelle M. Bravo
Murillo professe de si étranges doctrines
-sur la manière de satistaire les créanciers
de l'Espagne.
h'Epoca, qui se rend l'organe, en cette
circonstance jdu sentiment public, dit avec
raison que « ne pas payer peut revenir
plus cher que payer. » Des sentimens pa
reils honorent la presse espagnole et font
oublier les conseils imprudens de M. Bra
vo Murillo.
Nous publions plus loin la Note par la
quelle le gouverneur de Bahia annonce
l'interruption des relations entre le gou
vernement brésilien et le consulat des
Etats-Unis.
En Angleterre, le monde commercial 1
attend avec impatience les nouvelles de
New-York au sujet de l'attitude que le ca
binet de Washington prendra dansl'affaire
de la Florida. Le Times 'menace les Etats-'
Unis des représailles les plus sévères de la
partdes puissances maritimes, dans le cas
où M. Lincoln chercherait à pallier ou ap
prouverait l'acte audacieux de Bahia.
E douard S imon.
La Revue des Deux-Mondes , dans une de
ses dernières livraisons, contenait un de
ces articles spirituels où M. de Rémusat
trouve moyen d'être à la fois content et
mécontent de tous et de chacun, d'ap
plaudir et de blâmer en même temps;
en un mot, de ne jamais faire un éloge
qui ne soit suivi d'une critique ef une cri
tique qui ne soit suivie d'un compliment.
Nous avons voulu parler de cet article
dès qu'il a paru : lé temps nous a manqué
alors, et nous arrivons peut-être bien tard.
11 est cependant une question dans l'étude
générale de M. de Rémusat, qui préoccupe
toujours l'opinion publique et qui est en
core à l'ordre du jour des affaires euro
péennes. - •
Il s'agit de la question du Sleswig-Hols-
tein.
Pour tout le monde, et en particulier
pour les hommes d'État qui ont l'honneur
de diriger les affaires de l'Europe, cette
question présentait des difficultés sérieu
ses. Pour M. de Rémusat elle paraît ne
présenter aucune difficulté. Chose bonne
à signaler en passant ! Ces politiques qui
trouvaient tout difficile autrefois quand
ils étaient au pouvoir, ne voient plus
d'obstacle nulle part et-n'ont qu'à pren
dre la plume pour trancher toutes les
questions. Il est vrai qu'en écrivant, ils
'arrangent Fhistoiré à leur gré, et font bon
marché des dates, peur se livrer sans en
traves à leur diplomatie de fantaisie.
Selon M. de Rémusat, le Sleswig-Hols-
tein n'a jamais été politiquement et admi
nistrai! vement uni/C'est'le contraire qui
est vrai, puisque les conventions de 1851-52
ont supprimé cette union. On ne supprime
pas çe qui n'existait point.
Selon M. de Rémusat, la France et l'An
gleterre auraient garanti, en 1727, l'in
corporation du Sleswig à la couronne da
noise. C'est là une thèse, prise toute faite
dans les livres, mais qui, dans la politi
que pratique, a été toujours l'objet de dou
tes et de controverses. Il est singulier
que M. de Rémusat, si connu par son
scepticisme à l'égard des choses acceptées
par l'opinion générale, admette comme
un article de foi ce qui est contesté par
les hommes d'Etat les plus sérieux.
Ce n'est pas tout, et les erreurs de M.
de Rémusat ne se bornent pas au XVIII e .
siècle. Il ne respecte pas plus l'histoire
d'il y a dix ans. Ainsi, il rappelle la fa-r
meuse « assemblée des Etats-Généraux »,
voulant sans doute parler du conseil su
prême de la monarchie danoise, et il en
parle comme d'une institution de 1848 :
c'est 1852 qu'il veut dire. En 1848, les du
chés ne se sont pas insurgés contre une
constitution qui n'existait pas ; ils se sont
insurgés contre un acte d'incorporation
qui supprimait leur nationalité et qui de
vait être la cause de la guerre à laquelle
nous venons d'assister.
M. de Rémusat trouve mauvais que les
puissances neutres ne soient pas interve
nues ; mais, un instant après, « il com-
» prend les raisons et les avantages de la
» non-intervention. »
Pour la France, suivant M. de Rému
sat, l'intervention n'était point comman
dée, mais elle eût été excellente au point
de vue de notre intérêt et du droit. Un peu
plus loin, M. de Rémusat justifie la non-
intervention parce que l'opinion, en Fran
ce, ne voulait point de guerre générale à
propos du Danemark. Ici; il Semble res
pecter l'opinion; mais, aussitôt après, il la
condamne comme asservie « à l'indus
trialisme économique ». •
• L'écrivain de la Revue des deux Mondes
croit que la guerre contre l'Allemagne
ne pouvait être entreprise que par la Fran
ce et l'Angleterre d'accord, et il blâme
l'Angleterre de ne pas avoir entrepris
cette guerre, ce qui peut être logique. Ce
qui l'est moins, ce qui ne l'est pas . du
tout, c'est de blâmer la France de ne pas
avoir "fait la guerre sans l'Angleterre.
En un mot, il n'y a rien de solide dans
cette longue argumentation de la Revue
des Deux-Mondes, et si les lecteurs de ce re
cueil ne cbrinaissaiènt la question des du
chés que par de tels caprices de plume et
d'imagination, ils seraient à peu près aussi
bien informés que s'ils avaient lu un petit
roman sur ce sujet.
Tâchons maintenant, d'oublier M. de
Rémusat,et voyons^a question telle qu'elle
est en ce moment.
La paix est signée à Vienne. Le doulou
reux conflit qui a coûté un sang si pré
cieux à l'Allemagne et au Danemark, se
termine par la séparation des deux natio-
halités.dont l'antagonisme avait défié tou
tes les tentatives de conciliation.
Sèrait-il vrai, comme on l'affirme de
plusieurs côtés, que le traité de Vienne,
en mettant fin à la guerre entre le Dane-
marck et l'Allemagne, prépare des luttes
entre les puissances allemandes elles-mê
mes? Serait-il vrai que l'Autriche et la
Prusse, ne tenant pas compte de leurs dé
clarations les plus solennelles devant l'Eu
rope, ni de leurs engagemens envers la
Confédération germanique, ne voulussent
Méconnaître à l'égard des duchés d'autre
règle^que celle de la conquête? Nous ne
croyons pas que ces rumeurs soient fon
dées; elles ont leur origine naturelle dans
les inquiétudes des habitans des duchés
qu'on laisse incertains du sort qui les
attend. En se plaçant sur le terrain des
faits matériels , comment pourrait-on
revendiquer au profit de l'Autriche et de
la Prusse les droits du conquérant? Com
ment admettre qu'un Etat allemand puisse
conquérir un autre Etat allemand sans
porter atteinte, par un tel acte, aux traités
qui régissent la Confédération ?
Parle traité de paix, le roi de Dane
mark cède l'es duchés aux deux grandes
puissances allemandes. Or, on sait que la
Diète germanique a toujours contesté
l'ordre de succession établi en 1853 dans
les duchés et réclamé le droit de ré
gler les rapports constitutionnels de ces
pays. Aux yeux de la confédération, germa
nique, le roi Christian IX, qu'elle n'a pas
reconnu comme souverain des duchés,
n'avait pas qualité pour céder ces duchés.
Et si, par suite de la guerre, les gouverne-
méns d'Autriche et de Prusse sont deve
nus momentanément maîtres du Sleswig-
Holstein, ils se trouveat, pour ce qui con
cerne l'organisation politique des duchés,
vis-à-vis de la Diète fédérale, dans la mê
me situation que le roi Christian IX avant
la guerre. Ces deux puissances, qui ont vo
té à Francfort, toutes les résolutions
impliquant le concours de la Diète au
règlement de la question , des duchés,
ne pourraient guère repousser aujour
d'hui ce concours sans justifier les soup
çons de ceux qui s'obstinent,—à tort,
selon nous,—à regarder comme calcu
lées les lenteurs des chancelleries de
Berlin et de Vienne. C'est dans ce sens,
pour ne citer qu'un exemple, qu'a été in
terprété le projet, attribué à la Prusse, de
déférer 1e question de succession à une
conférence de jurisconsultes'dont le ver
dict ne serait même pas décisif, mais qui
fournirait les élémens à l'arbitrage des
grandes puissances allemandes. L'opinton,
au-delà du Rhin, s'est demandé tout
naturellement quel pouvait être le but
pratique d'une pareille procédure ? Le
point de droit a été exposé à satiété
dans d'innombrables mémoires juridiques,
et la grande majorité des Facultés de droit
de l'Allemagne s'est formellement pronon
cée en faveur du duc Frédéric d'Augus-
tenbourg. En appeler de nouveau aux lu
mières des juristes, qui depuis longtemps
ont jugé la question, c'est prolonger une
situation qui commence à irriter et à trou
bler les esprits.
Les vieux parchemins, certes, ne sont
pas tout., s'ils se trouvent en désaccord
avec les faits nouveaux et surtout avec les
désirs des populations ; mais si le vieux
droit est consacré par l'opinion populaire,
il y a là tous les élémens d'une bonne so
lution, qu'il ne serait pas prudent de dé
daigner.
Encore une fois, dans cet interminable
conflit, la jurisprudence a dit son dernier
mot. En outre, les vœux populaires se sont
manifestés; mais, puisqu'à Berlin et à
Vienne on semble encore éprouver des
doutes, pourquoi ne pas procéder à une
dernière et décisive épreuve et consulter
régulièrement les populations ?
Tel est l'état des choses. Ni les théories
d'une politique ambitieuse, soutenue par
certains journaux allemands, ni les criti
ques d'une politique de fantaisie, comme
celle de M. de Rémusat, ne réussiront à
faire prendre le change.
PAULIN UMAYRAC.
TELEGRAPHIE PRIVEE.
Londres, 40 novembre, soir.
Le bilan hebdomadaire de la Banque d'An
gleterre donne les résultats suivans :
Augmentation : — Encaisse métallique,
333,829 livres sterling ; comptes particuliers,
590,022 livres sterling; compte du Trésor,
782,898 livres sterling; réserve des billets,
1,007,605 livres sterling. '
Diminution ; fe- Portefeuille, 193,163 livres
sterling.
New-York, 28 octobre.
(Par le Scotia, voie de Crookhaven.)
Pendant la dernière reconnaissance opérée
par le général Grant, les confédérés ont char
gé le 2° corps fédéral qui a perdu 1,500 hom
mes.
Dans le mouvement de Butler, Weitzel don
na l'assaut aux positions confédérées, sur la
route de Williamsburg, mais il fut rejeté avec
une perte que Ton évalue presque à deux bri
gades.
Grant a repris son ancienne position.
Le meeting des négocians et banquiers de
New-York s'est prononcé en faveur de la can
didature du général Mac-Clellan, en déclarant
qu'un changement d'administration était né
cessaire aux intérêts financiers et commer
ciaux.
Le président Lincoln a proclamé le territoire
de Nevada un des Etats de l'Union.
Le commandant de la milice de Nsw-York a
publié, comme le gouverneur du Kentucky,
une proclamation dans laquelle il déclare qu'il
s'opposera à toute-intervention militaire dans
l'élection.
La dette fédérale s'élevait, au commence
ment d'octobre, à 2,017 millions de do'.'ars
(plus de 10 milliards de francs).
Or, 248 1/2.—Change sur Londres, 264. — Co
ton 125. " •
, Turin, 10 novembre.
Chambre des députés. — La discussion sur le
transfert de' la capitale continus.
- M. Sazzaro combat le projet de loi.
. M. Brofferio donne quelques explications sur
le piémontéisme.
Le professeur Ferrari croit que Rome capita
le est une chimère, et que l'Italie ne peut pas
y entrer au moins pour le moment. Nous de
vons, dit-il, choisir une autre ville; par exem
ple, Florence. Eir acceptant le traité avec le
transfert de la capitale, l'orateur croit agir li
brement et conformément à la dignité et aux
intérêts de l'Italie. Chacun interprétera le trai
té à sa manière. M. Ferrari est d'avis qu'on
pourra itttèrvenir à Rome. Il fait des vœux ar-
dens pour l'alliance avec la France qui a don
né des exemples généreux à t»utesles nations.
' M. Coppino parlo contre la convention.
Madrid,. 10 novembre.
L'Epoca pense, contrairement aux conseils
de M. Bravo-Murillo, qu'il serait peut-être
plus avantageux de satisfaire les détenteurs
des amortissables que de repousser leurs ré
clamations. .La feuille madrilène fait observer
que ne pas payer peut revenir plus cher que
payer.
âuj ourd'hui a eu lieu l'adj u dication du che
min de fer des Asturies. ( Uavas-Bulher.)
Voici les dépêches que nous recevons ce
soir :
Copenhague, H novembre.
Le Landsthing a donné son adhésion au
traité de paix par 55 voix contre 4.
Le Flyveposten dit que les ratifications seront
probablement échangées dimanche prochain.
Lemberg, H novembre.
Un avis du gouverneur de la Gallicie or
donne que les crimes et . délits qui depuis l'é
tat de siège étalent jugés par les conseils de
guerre, soient jugés de nouveau, à partir d'au
jourd'hui, par les tribunaux civils. Les crimes
de haute trahison et de perturbation de l'ordre
public continueront cependant à être du res
sort des conseils de guerre. ( Havas-Bullier.)
COURS DE LA. BOURSE.
COURS DE CLOTDBE le 10! le 11 HAÏÏSSB. BAISSE
30/Qaucompt. 64.80 65 10 s 30 » »
—Fin dtî .mois. 64.90 65.15 » 25 » a
41/2 aucompt. 91.SOr 92, » » 20 » »
—Fin du mois. 91.75 », » » » » »
Voici l'acte par lequel a été notifiée l'inter
ruption des relations du Brésil avec le consul
américain.
Palais du gouvernement à Bahia,
ce 7 octobre, x
Monsieur, considérant le grave outrage par le
quel le steamer Wachussetts, des Etats-Uû's de
^Amérique du Nord, a violé la neutralité fie
l'empire et méprisé son pouvoir, en capturant
traîtreusement, à . la faveur de la nuit, et dans
le port même de cette capitale, le steamer Florida,
des Etats confédérés; considérant que. en de
hors des lois les plus sacrées qui règlent les rap
ports des peuples civilisés.et prohibent des actes
aussi repréhensibles, le soussigné a regardé com
me un gage de respect pour la neutralité du
Brésil, la parole d'honneur de M. T.-F. Wil-
son, consul des Etats-Unis de l'Amérique du Nord,
qui s'était engagé dans les termes les plus for
mels 4 obtenir du capitaine du Wachussetts une
exécution de son devoir en s'abstenant de tout
acte d'hostilité dans les eaux de l'empire , et
en respectant son territoire ; le soussigné doit
protester solennellement et énergiquement con
tre un tel outrage, d'autant plus qu'il con
sidère le consul lui- même comme engagé dans
cette affaire, en ce qu'il n'a offert-aucune explica
tion pour diminuer sa responsabilité, ne tenant
aucun eompte de sa promesse formelle. — Et
comme, dans cette occasion , le silence gardé
jusqu'à présent à ce sujet par le consul des
Etats - Unis prouve évidemment que le sous
signé ne peut désormais avoir confiance dans
ce consul pour faire respecter la neutralité et
la souveraineté de l'empire par les vaisseaux
belligérans des Etats-Unis, le soussigné a ré
solu de cesser tous rapports officiels avec le
consul, jusqu'à ce que le gouvernement impérial,
informé de cet événement, aussi inattendu que
déplorable , en ait délibéré en pleine connais
sance de cause et dans sa haute sagesse. Le
consul est, en mCme temps , informé que des
ordres nositifs ont été expédiés aujourd'hui aux
auto rites de la province pour faire refuser au
Wachussetts l'entrée de tous les ports. Les moyens
les plus énergiques et les plus sévères seront
déployés, selon les instructions du ministre
dès affaires étrangères du 23 juin de l'année
dernière, si ce vaisseau les rend nécessaires par
son refus ët son obstination coupable de ne pas
se conformer aux ordres qui lui seront transmis,
continuant à mépriser les devoirs que lui impo
sent les lois internationales ainsi que l'honneur
et la dignité de son drapeau,
Signé : Antoiiio-Joaquim da Silva Gomez.
° (Index)
Nouvelles diverses.
PARIS, Il NOVEMBRE.
M; le baron de Montour, nommé préfet du
département de laDrôme par décret du 5 no
vembre, a prêté serment hier entre les mains
da Sa Majesté l'Empereur, . au palais de Com-
plègne, èn présence de LL. Exc. le ministre
d'Etat et le ministre de l'intérieur.
— Par décret en date du 10 novembre, ren
du sur la proposition du ministre d'Etat, M. le
baron de Montour, préfet de la Drôme, a été
nommé maître des requêtes en service extraor
dinaire.
— Par un décret en date du _ 5 novembre,
rendu sur la proposition du ministre de l'a
griculture, du commerce et des travaux pu
blics, M. Ferdinand Barrot, sénateur, est nom
mé membre du conseil supérieur du com-
Feuilleton da Goristitulioanel, 12 nov.
LA FORÊT DE B0NDY
EPOQUE DE LA REGENCE.
Quatrième partie.
XI.
LE TEMPS GAGKK.
Avant de subir la formalité du,bandeau
et pendant que la Sallé chargeait Jack
Sheppard de ses remercimens pour ces
Messieurs de Londres , Antoinette Néron s'ap-
precha de Cartouche et lui dit :
— Eh bien ! mon lapin écorché, au mo
ment de la quitter, tu n'embrasses pas ta
grosse ? ' -' .
— Si fait, répondit le voleur, qui, en
présence d'un étranger, trouva ces façons
conjugales d'assez mauvais goût.
Et il donna à la quémandeuse un baiser
négligé. /
— Mieux que ça, donc, Monsieur ! dit-
elle en insistant; quand on se sépare; sait-
on si l'on se reverra ; dans la vie on voit
tant de choses !
— Tiens ! t'es bien philosophique ce
soir, dit Cartouche,
Puis, voyant qu'après, l'avoir tenu long
temps embrassé, sa maîtresse lé quittait la
larme à l'œil :
—Ah çà ! t'es donc malade tout de bop?
demanda-t-il.
—Les nerfs ! lui dit tout bas Sheppard ;
l'odeur des fleurs, comme il y en a beau
coup ici, produit chez les femmes de ces
effeis-là. . ; -
— Voyons, Grutbus, procède au punch,
puisque tu prétends t'y entendre, cria
l'amphitryon, après que l'ermite fut sorti
donnant le bras aux deux femmes et em
menant par la même occasion les deux
aveugles ; c'est drôle, ■ ajouta-t-il, comme,
avec ses adieux pour deux heures, cette
pieureuse m'a interloqué !
— Ah dame! remarqua l'Anglais, à s'a
coquiner aven les femmes, voilà ce qui ar
rive: on devient comme une cloche de-
cristal, qu'elles font résonner avec une chi
quenaude. .
Gruthus Duchâtelet était un - vantard
tout à fait.inhabile à la besogne., dont il
s'était chargé. Le punch, boisson aujour
d'hui si populaire, était alors à peine con
nu en France, où, selon Legrand d'Aussy,
dans sa Vie privée des Français, il ne devint
d'un usage courant que vers d781. Pour
qup Cartouche se lût avisé d'en faire fête
à son hôte,, il avait fallu que l'idée lui en
fût donnée par un ancien matelot qui ser
vait dans sa troupe. Cet homme avait ap
pris dans l'Inde, d'où il est originaire, la
recette du pantsch, ainsi qu'on commença
par prononcer. De l'Inde, il était passé
dans les mœurs anglaises, depuis une ving
taine d'années environ.
Voyant l'inexpérience de Duchâtelet,
Sheppard s'en mêla, et bientôt, à. la grande
joie de la réunion, 'pittoresquement gros
sie de tous les. acteurs de l'intermède qui
avaient conservé leur costume, un vaste
cratère fit éruption en détachant les reflets
de son cône à la flamme bleuâtre sur le
somptueux éclairage du souterrain.
Si déjà l'histoire que'nous avons entre
pris de raconter n'atteignait dés propor
tions énormes, et si la mode était encore
au procédé des grands maîtres, Cervantes,
Lesage et autres , qui ne marchandaient
pas à, suspendre l'intérêt par l'introduc
tion d'épisodes et de nouvelles parasites,
ce serait bien le moment, que, le Verre à
la main, chacun des honorables personna
ges qui se trouvent là rassemblés entreprît
de raconter l'histoire, de ea vie. Faite en
manière de passe-temps, évidemment cet
te confession générale formerait., dans le
genre picaresque , un curieux Dècaméron.
Mais nous n'avons pas le temps de cueillir
ainsi des bouquets le long du chemin. En
core un coup, le testament de Louis XIV
frémit et s'impatiente de sa longue et igno
ble demeurance aux mains de Cartouche.
Voyons donc sans en rien nous laisser dis
traire , les derniers elTorts qui vont être
faits dans le sens de sa difficile libé
ration.
Cartouche, cela ne se peut nier, manquait
de monde. Il ne comprit pas qu'il était de
mauvais goût de revenir sur l'espèce de
mystification faite à son hôte, tant agréa
ble qu'elle eût été. .
— Hein! fit-il donc maladroitement,
elle était bonne, la farce, et cette manière
de vous servir la Sallé, convenez-en, c'est
original? fc-
— Le tour est du dernier galant, répon
dit Jack Sheppard, et quand je le conterai
à mes confrères de Londres, il les ravira
d'admiration..
§—C'est drôle, continua l'artiste lran-
çais, vous n'avez pas paru aussi content
de ma grande pêche aux soixante millions;
là, pourtant, il avait fallu bien d'autres
combinaisons.
— Le succès d'abord y a manqué, re
partit l'Anglais, ce qui est un grand point;
j'ajoute même que, pour vous, ce succès
eût été un malheur. Un pareil coup de fi
let mettait sur pied toutes les forces dont
dispose le gouvernement. L'argent vous
eût été repris et peut-être on vous happait
de compagnie. Notre puissance, il faut se
le dire, a ses limites, et l'on ne doit ja
mais agacer la police ; on en fait une bète
dangereuse quand on la jette hors de son
tran-tran.
— Avec de pareilles idées, fit Car touché
en haussant les épaules, personne ne ten
terait rien.
— Oh ! je sais, dit Sheppard que mon
cher confrère ne manque pas de foi en
lui-même, témoin notre «luel : quand je
vous ai signifié que demain au plus tard
j]aurais mis la main sur votre trésor, vous
m'avez ri au naz.
— Un trésor, répétèrent plusieurs des
assistans.
Le.mot effectivement était de nature à
leur faire dresser l'oreille.
— Eh bien ! qu'est-ce ? fit Cartouche en
promenant autour de lui un regard impé
rieux et menaçant. C'était dans sa troupe
un despote absolu auprès de qui le parle
mentarisme n'aurait pas eu le moindre
succès.
— Ah! pas en argent., Messieurs, s'em
pressa d'ajouter Jack Sheppard, j'appelle
son trésor des chiffons de papier auxquels
votre capitaine a la folie de tenir. Je lui
ai déjà prédit quelesfemmes le perdraient.
Figurez-vous que, pour lui faire rendre les
lettres d'une grande dame anglaise qui' a
eu pour lui des bontés, je suis venu-de
Londres lui offrir des sommes 'fabuleuses
et il aime mieux me'reduire à la ridicule
nécessité de le voler, ce qui aura lieu pas
plus tard que demain, je ne crains pas
d'en renouveler devant vous l'engagement.
— Ah ! voilà le mystère des coffrets ex
pliqué, se dirent à voix basse les deux
lieutenans, E veille-Chien et Balagny.
^ Eh bien! maître, dit de son "côté Car
touche, d'un ton goguenard, où en som
mes-nous de la msfnigance? Depuis hier
vous avez dû marcher.
— Mais oui, je crois uéjà à peu près sa^
voir où peut être l'objet,
Ïtt Et. où donc ? confrère. A moi vous
pouvez me dire ça.
— Ici tout près, mon cher ; car n'ayant
plus dans Paris une seule cachette....
— Quand vous diriez vrai, interrompit
vivement Cartouche, je ne vois pas trop
pour vous le grand avantage ! Dans ce liéù
nous ne sommes pas seuls, et vous ne me
voleriez toujours pas sous mon nez àu mi
lieu de l'élite de ma troupe.
— Ça, c'est mon affaire, dit l'Anglais ;
mais, d'abord, il faut vérifier la valeur de
mon pressentiment, et,comme nous jouons
cartes sur table, vous me permettrez, je
pense, en votre présence, de procéder à
une petite opération.
— Vérifiez, mon cher, vérifiez, repartit
dêdaigneusèment Cartouche pensant «lue
son adversaire. comme on dit vulgaire
ment, prêchait le faux pour savoir le vrai.
Sheppard tira alors de sa poche une pe
tite boîte plato, en acajou; il l'ouvrit et se
mit à en considérer le contenu :
— Qu'est-ce que c'est que ce joujou-là?
demanda Cartouche.
— Ça, c'est la fortune et la gloire de
l'Angleterre. •• . . . .
— Elles tiennent pas de trop- de pla
ce, dit le Parisien avec une pointe d'inso
lence.
— Tenez ! poursuivit l'Anglais, sans re
lever l'impertinence adressée à son hon-
- neur national, voyez cette petite aiguille
qui tremblotte sur son pivot'et qui, dans
quelque sens que je tourne la boite, in
cline toujours du même côté! ce côté,
c'est le nord.
— Eh bien! fit Cartouche.
— Eh bien! quand on sait où est le nord
on n'est pas loin de savoir le midi qui est
en face; le levant qui est à sa gauche et le
couchant à sa droite.
—j'entends cela, mais qu'est-ce que ça
peut faire à l'Angleterre ?
Ça lui fait qu'envoyant seg ^isseaux
dftns tous les coins du monde poWèn rap--
porter sans cesse dés richesses nouvelles,
avec ce petit instrument qu'on appelle
une boussole, elle peut 'les conduire sur
la mer où il n'y a pas de chemins tra
cés. ' ' , - , "
— C'est nouveau, Monsieur ? cet instru
ment? demanda l'oncle Tanton,, ça pour
rait , il me semble, servir dans les éva
sions.
-v Non, répondit Jack Sheppard, il est
connu depuis longtemps;■ mais, comme
vous dites, il peut également être employé
à se diriger sur terre et rnêrae dans les
souterrains. Ainsi, je vois par la manière
dont penche l'aiguille que votre cher ne
veu s'est- moqué de moi, en me faisant
croire qu'il me conduisait dans les «ar
rières Montmartre, qui sont situées ait ■
nord de Paris. Ici nous sommes bien plus
a l'est et c'est â l'est, m'a-t-on dit, que se
trouve lafameuse forêt de Bondy.
— Supposons que nous y sommes, dans
cette respectable forêt, dit Cartouche en
rompant les "chiens, ça empêcherait-il le
punch d'être bon ?
— Au contraire, je le trouve excellent ;
màis c'est une raison de plus, pendant
qu'il me laissé encore toute rha tête, pour
que je fasse mes petites observations.
—Vous nous astiquez des emblèmes, l'a
mi, dit;Cartouche, avec votre, mécanique,
et si vous n'avez que ça pour me rincer,
faudra vous lever diablement matin.
— Ah! c'est^ mon bon, répliqua Shep
pard, que vous ne savéz pas toutes les fi
nesses de mon bijou. Outre l'habitude de
se tourner .vers le nord, il a encore la ver
tu de se déranger quand il sent du fer dans
son voisinage. Tenez:! continua-t-il en
prenant sur la table un couteau et en l'ap
puyant sur la vitrine qui abritait l'aiguille
aimantée, voyez l'effet de l'acier sur la
machine, elle a aussitôt changé de posi
tion.
— Je vois cela, dit Cartouche, avec un
commencément d'anxiété, mais il faut que
l'acier soit dessus.
— Oui, parce que c'est une lame de mé
tal très mince, mais ayez-ën un morpeau
plus compact, votre coffret, par exemple ,
à bien plus grande distance, le même ef
fet sera produit.
— Toutes ces expériences , mon cher
confrère, dit le voleur parisien de plus en
plus inquiété, commencent, je vous l'a
vouerai, à devenir fastidieuses. Nous avons
vraiment l'air de Messieurs du CMtelet en
traia de se livrer à une information.
Qu'est-ce que nous sommes venus faire
ici? Boire, n'est-ce pas, et rigoler. Eh bien!
buvons donc et rigolons, et comme dit le
Régent à ses roués et à ses princesses : A
demain les affaires!
— Rien qu'un moment encore, dit l'An
glais, et j'ai fjni.
Comme il était mime excellent, conti
nuant d'interroger la boussole, il étala
d'abord sur son visage l'expression de l'at
tention la plus animée. Un peu après, un
froncement de sourcils laissa entrevoir
comme une nuance de mécompte qui, à
la façon d'un nuage orageux, envahissant
lentement sa physionomie, bientôt éclata
en désappointement et en dépit. Enfin, par
une vive exclamation, le voilà qui s'am
nistie du reproche que lui taisait ptuitcàlre
in petto le lecteur, de mal jouer le jeu' en
inquiétant son adveysaire sur l'infaillibili
té'de.sa :cachette...
r— .Je suis fumé! s'écria-t-il.
Par ce mot de mauvaise compagnie pris
en dehors de son vocabulaire habituel, il
entendait marquer l'émoi d'un homme
qu'une, désagréable découverte vient de
jeter en dehors de lui-même , et dès lors
on a cemprio qu'entrant adroitement dans
la prescription de Colingry qui était de
longer la situation, s'il a semblé vouloir
inquiéter l'ennemi, c'était en définitive
pour mieux le rassurer.
Afin de couronner chaudement la scène
il fit comme l'enfant qui brise sa montre
de deux sous parce qu'elle lui marque tou
jours midi ; il jura un goddam ! furieux, je
ta violemment à terre sa boussole, l'é
crasa sous son pied , et saisissant son
verre....
— Buvons, Messieurs, dit-il d'un accent
fiévreux, et à la santé du capitaine Car
touche, ijui décidément, est un homme'
bien autreinaht fort"que je ne l'avais cru.
Cartouche faillit encore au bon goût :
au lieu d'accueillir avec modestie l'aveu
que son adversaire faisait de sa défaite et
le toast qui lui était porté, ramassant
la boussole d'un air de pasquinade :
— Oh! mon cher confrère, dit-il, ce jolî
petit instrument, dans quel état vous l'a
vez mis! La plus belle fille du inonde ne
peut donner que ce qu'elle a, et il ne pou
vait pas vous annoncer caché ici ce que je
me serais bien gardé d'y mettre quand j'a
vais l'intention de vous y amener.
— Que voulez-vous? j'ai été mal rensei
gné, dit l'Anglais ; il faudrait tout faire
par soi-même.
Cartouche attèignit les dernières limites
de la malséance :
— Allons ! dit-il, jouant là bonhomie,
il ne faut pas vous désoler. C'est désa
gréable, je le conçois ; on vous a fait per
dre du temps. Vous deviez me voler de
main, et voilà un. jour dépassé en prépa
ratifs inutiles. Màis, écoutez, je suis bon
enfant ; vous faut-il du crédit ? je ne de
mande pas mieux, et si ça vous arrange,
ne me volez qu'après-demain.
Comme il lâchait cette gasconnade, en
tra l'ermite, qui ne devait pas être si.tôt
attendu.
Charles
[La mite à demain, i
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