Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-09-11
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 11 septembre 1864 11 septembre 1864
Description : 1864/09/11 (Numéro 255). 1864/09/11 (Numéro 255).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
49' ANNÉE.— M. 255.
BUREAUX A PARIS ! ro<>
B
DIMANCHE 11 SEPTEMBRE 1864.
ABOM'JttMS DES DÉPARTEMENS.
V =H - (
TROIS MOIS i^f.^ïîl 16 FR.
SIX MOIS.-.ïïîï^r.a 32 FR.
UN AN....7T.t.7..,r 64 FR.
vouk les pats ÉTRANQEBs, voir le tableau
publié tes 5 et 20 de chaque mois,
imp. L. BONIFACE, r. dos Bons-Enfans, 19,
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-""""A la demande d'un grand nombre d'a
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du român dé m. C harles rabou , lia.
FSÎÏÏET IÏI2 ;
MM. ;>les abonnés nouveaux peuvent
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les feuilles ; contenant les parties de 1A
FORET DIS BOWDY, publiées avant
la date de leur abonnement, et se mettre
ainsi au courant de cette œuvre si drama
tique dans son ensemble et si attachante
dans ses détails. * • ,
PARIS, 10 SEPTEMBRE
• "Les négociations de paix à Viennè pa
raissent être entrées 'dans une phase qui
fait prévoir une solution pacifique. Sans
cloute, l'arrangement des questions finan
cières exigera encore du temps. L'Autriche
s'efforcerait, à ce qu'on dit, de concilier
les exigences de là Prusse , et du Dane
mark, en ce qui concerne le partage de
l'actif entre les duchés et le royaume danois.
.. Le partage se bornerait principalement
aux créances provenant du rachat du péa
ge du Sund. D'après le traité conclu, le!4
mars 1857, à Copenhague, la somme fixée
pour le rachat est en tout de 30,476,325
rixdalers, que les Etats intéressés doivent
acquitter en 40 termes de six mois.chacun,
Sur les 4,440,027 rixdalers qui font la part
de la Prusse dans le total, il reste à payer
par cette puissance une somme assez con
sidérable.» C'est cette somme qu'on attri
buerait aux duchés pour les indemniser
de la part qui leur revient dans l'indemnité
du péage du Sund. , ■ ■
Telle est la proposition de l'Autriche,
qui a été soumise aux cabinets de Berlin
et de Copenhague. •
On assure, en outre, que les parties bel
ligérantes sont convenues de déclarer que
l'armistice durerait jusqu'à la conclusion
de la paix. Ainsi disparaîtrait la clause des
préliminaires qui permet de dénoncer l'ar
mistice à partir du 15 septembre. -, ■>
Plusieurs journaux avaient, dit qu'après
3a conclusion de la paix la Prusse occupe
rait seule les duchés! Lés feuilles de Vien
ne démentent-oeJ;te. nouvelle en disant que
l'Autriche/et la Prusse .se chargeraient en
commun de cette occupation.
,. Le parti national en Allemagne prépare
tins nouvelle démonstration dans l'affai
re des- duchés.-Une assemblée générale se
réunira prochainement dans uno dessilles -
de'la'Thùringe, et en même temps'aura
lieu.une réunion des,députes de toutes les
Chambres allemandes pour, proclamer les
droits du duc d'Augustenbourg. : ■ ■
La Gazette autrichienne, donne lés'rensei-
gnemens suivans sûr la i; situation finan^-
cière de l'Autriche. Le minière a terminé
l'élaboration de'son budget pourl865 gui
présentera,' après solde de : tous les, pâie>
mansà effectuer, un déficit de40 millions de
'florins, que l'on espère réduire à environ
30 millions) au moyen d 'économies à rear '
ïiser dans le budget du ministère, de là
guerre. Çe ; déficit - sera couvert par une
augmentation de la dette flottante et non ■
par un empjunt», ■ ,
•' *-S. i . * ' S • ' S' ; ' ' */ * v ;
* Le public à Londres s'occupe plus que 1
jamais des moyens de fairé'-cessôf la guer- '
re en Amérique. Une. société, .qui -s'éét'
formée dans ce-1.buty recueille dé. tous cô-'
tés - des signattlres 1 pou* une'adresse -au 1
peuple américain dés'Étàtà"du Nordique*
l'on supplie de faire enfin la paix,avec le'
Sud. Dans les districts manufacturiers, lé
peuple vient en masse signer cette adres
se, et dans les rues de Londres les signa
tures sont recueillies par des agens spé
ciaux. Dès qu'on aura réuni deux millions
de signatures, l'adresse sera remise à M.
-Adam?, ministre des Etats-Unis à Londres.
Les journaux de Madrid ne sont plus
aussi conflans dans un prochain arran
gement avec le Chili. L 'Epoca, entre au
tres, recommande l'envoi d'une forte es
cadre dans les eaux du Pacifique.
E douard S imon.
Le sort des nègres n'est pas la seu
le question de race 'qui reste à résou
dra sur ce vaste continent de l'Amé
rique du Nord, désolé depuis quatre
ans bientôt par la guerre. Il est à remar
quer que, malgré toutes les excitations qui
leur sont venues jdu côté des fédéraux,
les quatre millions d'esclaves des ; Etats
du Sud ne se sont pas soulevés contra
leurs anciens maîtres et ont épargné au
inonde les horreurs d'une révolte servile,
ta*dis queles habitans primitifs, les In
diens,- ont recommencé leurs hostilités
contre les blancs.
Nous n'avons pas à montrer les causes
de cette différence d'attitude chez deux racés
qui n'ont eu à se louer,.ni l'une ni l'autre,
du traitement qu'elles ont reçu des. Amé
ricains. Mais ce que nous avons aujour
d'hui à constater, c'est la politique vrai
ment regrettable qu'ont adoptée les Etats-
Unis à l'égard des malheureuses tribus in
diennes refoulées ou- même anéanties par
l'invasion des Européens.
Les journaux de New-York viennent de
jpublier un long rapport du général Pope
sur la situation de ces Indiens dans
l'extrême oûest. Ce document les divise en
deux classes : ceux qui se trouvent cernés
parles établissemens des blancs, et ceux
qui, poussés de plus en plus vers l'ouest,
s'adonnent encore à la vie nomade et sau
vage que menaient leurs ancêtres..
L«£ premiers, loin de devenir l'objet de
la sollicitude de léiirs voisins plus'civi
lisés, sont abandonnés ,• par calcul, à
la misère, au vagabondage, aux' ..vices:
de toutes sortes, et bientôt disparaissent ;
lës seconds, 'repoussés'par l'émigration
blanche, obligés de dire adieu- aux tom
beaux de leurs pères, gardent au cœur une
haine qui cherche constamment les occa
sion de se manifester. , - .
: Legbuvernenrent de Washington a bien 1
institué, en faveur de ces indigènes; un'
système' de' a réserves r;'c'est-à-dire" de
■ territoires dont on leur assurait la posses
sion et où on leur promettait de les lais
ser vivre en paix.
: Mais 1 , le plus souvent j qu'arrive-t-il ?-On ;
. ne tarde pas à-leur; ravir jusqu'à ces dkl- :
les en leur imposant des. indemnités dé
risoires: Le général Pope propose de met-
' tre fin ',à c'é systèmè 1 et v de' forcer tous les <
•Indiens à entrer dans le cercle deis établis
semens blancs.' Ils seraient- ainsi- plus |
'facilement' surveillés et. ils ne tarderaient i
pas à; disparaître complètement. Un pa-:
reil projet, comme le fait remarquer
Xé Cotirrier des Etats-Unis, n'est pas préci-
Iséfnèrit iiispiré par la philanthropie-. Bt ce
journal ajoute : « On trouve des abolition-
nistes qui gémissent sûr lè sort des- nè-;
!gres,' mais-ces mêriïès hommes deviennent ■
^presque .féroces' quand : il, s'agit dés In- :
:diens. » ■■ s ■ •
Telle n'était point la politique que. Was^
hiBgton avait recommandé' de suivre en
vers lés indigènes: VNoussbmmes, avait-
il dit, plus éclairés et plus puissans qUe
les nations indiennes]» il est de notre hon
neur de les traiter avec bonté et générosi
té/» Sur ce point, comme'sur tant d'au*
très, les traditions, de Washington sont
bien oubliées.
H.-M arie M artin,
TELEGRAPHIE PRIVEE.
" Londres, 9 septembre:
La Gazette officielle publie line notification
portant qu'à l'avenir aucun bâtiment de guer
re, appartenant à l'un des deux belligérans
américains, ne sera admis dans un port an
glais pour être désarmé ou vendu.
Londres, 10 septembre.
Le Morning-Post blâme la conduite de la Prus
se qui n'a aucun droit à réclamer pour les du
chés ni une part de l'indemnité du Sund ni
une partie de la flotte danoise.
Stockholm, 9 septembre.
Le prince et la princesse de Galles sont at
tendus ici à la fia du mois. Le roi de Suède
leur a adressé une invitation. Un navire de
guerre ira à la rencontre de LL. AA. RR.
' Turin, 10 septembre.
La Banqué nationale a élevé le taux de l'es-
compte à 8 0/0.
.Voici la seule dépêche qui nous arrive
ce soir,: :
Londres; 10 septembre, i h. 30 m;-'
i L& Lloyd a reçu l'information qu'un navire
de guerre confédéré, construit à Bordeaux et
commandé par le capitaine Semmes, était ar
rivé à Bremerhaven.
Consolidés : 88 3/16 à 5/16, fermeté. '
(Havas-Bullier.)
COURS DE LA BOURSE.
COURS DB CLOTCRB le 9 le 10 HAUSSE. bà1ssb
3 0/0aucompt. 66.50 66.50 > » » »
—Fin du mois. 66.70 66.70 » # » »
41/2aucompt. 92.70 92.70 » » n »
—Fin du mois. 93 60 » . a a n s a
CHRONIQUE DU STOCK-EXCIIAXGE.
Londres, 9 septembre 1864.
Le taux de l'escompte qui depuis le 4
août dernier se tenait au chiffre respecta
ble de 8 0/0; la Banque d'Angleterre l'a
porté hier jeudi à 9, sous prétexte que sa
réserve ne s'était pas suffisamment ac
crue, et qu'en;présence des dividendes du
trimestrê d'o'ctobre elle pourrait éprouver
des embarras. - •
C'est prévoir. léf malheur d'un peu loiii.
-Quelle situation était donc: la niôtre 0 ^
vendredi 2- septëtobr'e ? L'encaisse de la
Banque se chiffrait là semaine -dérnière
par 42j980,033 livres sterling, (près de 325
millions de francs);-sa réserve aecusait un
excédant de 411,694 livres sur son chiffre
.réglementaire.* Les importations' de* mé 5 -
taux précieux!'s'étaient élevées en sept
jours à 1,786,500 livres. En déduisant les"
413,950 livres exportées à l'Indo-Chine, il
-restait dans la circulation un surplus- de
1,354^000 livres; soit près de 35: millions
deVoyons maintenant .ceque le numéraire
a gagné ou perdu dans la semaine qui ex
pire aujourd'hui;-Nous-avons reçU 'd'Aus-
traliey des Etats-Unis et de Russie, un j to- .
! tal de 270,000 livres' sterling; nous avon*s
expédié' à l'extrême Orient et' ail Brésil,
ensemble 259,400 livres, ce qui laisse une
balance à notre' avantage. Mais, au bilan
d'hier, la Banque a vu ses notion s'accroître de 71,765 livres et son en
caisse diminuer de'9,586 livres; Ainsi c'est
pour une misérable déperdition de 81,000
livres sterling' ou 2,025,000* francs que
l'institution royale a eu recours une fois
de plus à une désastreuse.. et injustifiable
mesure.^
Est-ce à la baisse persistante des consoli
dés qtfil faut attribuer la 1 surélévation-du
taux-offteto}'?' Me9si«iiF8<--d«''Gomlt6-diFect-
téur ne« peuvent méconnaître les causes
:réelles 'qûi foht ( rétrograder- le principal
fonds .'angles. Menacé-de plus-en pins'par
les dividendes considérables que les éta-
blîâsemôns financiers rivaux ^"distribuent^"
leurs â'ctioniiairësj cë fonds a trduvé une
concurrence nouvelle dans l'autorisation
accordée à la cour de chancellerie et aux
trustées des mineurs de placer dans la ren
te indienne .les sommes mises temporai
rement en interdit. Or, cette rente garan
tie par l'Etat, est un 5 0/0 qui s'élève rare
ment au-'dessus du pair. On comprend
dès lors que chancellerie et tuteurs don
nent la préférence à cette dernière, puis
qu'ils gagnent à leurs pupilles une diffé
rence d'environ 2 0/0.
Dira-t-on que c'est le ïesserfeihent des
capitaux dans les.maisons de banque et
d'escompte qui a provoqué la dernière ré
solution du comité dirigeant? Mais il sau
te aux yeux que la prévoyance excessive
de ces maisons^ et l'accaparement de nu
méraire auquel elles se livrent provient
uniquement de Fappréhension que leur
inspire le déplorable système adopté par
la Banque d'Angleterre depuis bientôt un
an. L'argent raréfié de la sorte vaut d'ail
leurs d'assez beaux profits à ces maisons.
La Banque royale y trouve aussi son comp
te, s'il est vrai que son prochain dividende
semestriel soit de 3 3/4 0/0; ou il 1/2
pour l'année entière. Au mois dé septem- :
bre 1863, le dividende annuel n'avait été^
que de 9 1/2.; Cette année, les rigueurs de
la Banque d'Angleterre auront conséquem-
ment-valu à ses actionnaires une augmen
tation d'intérêt de 2 0/0 et porté le cours
des actions de 236 à 244 1. st.
Ainsi, c'est en pleine prospérité com
merciale, alors que la plus indispensable
des substances alimentaires est tombée à
.un prix inconnu dans le cours du XIX"j
•siècle, alors qu'aucun nuage ne voilel'ho-
rizon politique ; c'est au milieu d'une pro
duction aurifère et argentifère constatée
chaque semaine par l'excédant des entrées
sur les sorties, qu'une crise financière'sur
git et prend les plus inquiétantes propor
tions. Elle couvrirait de désastres l'Euro
pe industrielle et- commerciale, si les Ban-
. ques d'Etat des autres pays suivaient les
erremens malheureux et les instincts
égoïstes de la nôtre.
_ Les thuriféraires, les louangers systé
matiques de notre première institution de
crédit ne manquent pas d'argumens pour
justifier sa dernière mesure. Le taux de
l'escompte serait porté à 20 0/0 qu'ils ap-
puyeraient encore de raisons plausibles
une telle énormité. . '
Quelques-uns de ces Messieurs assignent,
aux rumeurs d'un arrangement pacifique
entre les belligérans' américains là vive'
émotion ressentie par le,, marché "anglais
dans les journées de lundi et mardi, et la
baisse' relativement énorme des consolidés.
Suivant eux ? l'ouverture' des ports confé
dérés aurait pour conséquence immédiate
des envois de coton sur la plus,large échel
le! Le prix du textile-tomberait tout à coup
de-200 0/0. La spéculation opérant sur des •
masses,-.nous aurions- des remises de nu- ■
méraire sùr ; l.B chiffre-'le pins vaste à faire 1
aux planteurs du Sud.. Et tandis que nos
réservés en" espèces s'épuiseraient et que
cet épuisement. compliquerait encoret la i
crise financière les détenteurs de Eiverpool ■
se trouveraient littéralement ruinés. .
Pour'démontrer la-fausseté de^cétte ar
gumentation , il snfflt' de revenir etf arriè
re et ! d'établir lé bilan cotonnier des Etats ;
séparatistes; d'après des documens recon
nus authentiques.
La récolte de 1861 fut de 3,500,000 bail.
l. — • 1862 ■ 800,000 —
1863 A,000,000 —
— - 1864 1,00(5,000 —
< . Total général 6,300,000 bail.
^ On évalue à 600,000 bal
les par an, le coton mis-,
en œuvre ou détruit par
les confédérés ; "ou captur
ré. par les croiseurs fédé
raux. Pour les quatre an
nées ce-serait donc. - 2,400,000 —
Le coton exporté par les • •
fédéraux de la Nouvelle-
Orléans à New-York, 1 ou'-' -* -
ayant forcé-le blocus,- ou-,- ~ ,
étant sorti par Matamo-
moras, est' évalué, pour
les quatre années, à
1,000,000
■ 3,400,000 bi
, quij déduites du premier
total ci-dessusj le réduis • <
sent à • $,-000,000 —
Silr cette dernière quantité on peut rai- 1
sonnablement retrancher 50 0/0 de coton
avarié par la pluie, le soleil dt un mauvais;
' conditionnement justifiéparl'étatd# guer^:
re» Il ne , resterait donc de disponibles et
propres à l'expédition, que quatorze ou
■ quinze cent mille balles. • . ( ;
Remarquons encore que «e dernier chif
fre n'est pas intact, puisque 600,000 balles
servent de garantie a l'emprunt de 3 mil
lions sterling contracté en Angleterre par
le gouvernement séparatiste. Ces 600,000
balles nous appartiennent dûment et se ■
trouvent payées. Le commerce ànglais-
n'aurait donc rien à débourser en en pre
nant livraison. ,
Ainsi, il ne resterait qu'un stock dispo
nible de huit à neuf cent mille balles de
, coton. Allons jusqu'à un million, ce qui
représenterait une somme'de trente à
trente-deux millions sterling à partager
entre l'Angleterre, la France, la Belgique,
; l'Allemagne, etc., etc. - Cette ■ perspective
n'a rien d'effrayant.
Envisageons la' question pacifique-sous
son autre aspect.
Pour lutter Contre leufs' redoutables
adversaires.les confédérés ont recouru aux
plus étonnantes comme-aux plus énergi-
'ques mesuras. La nation tout entière s'est
condamnée à d'effroyables privations. Ses
ports et ses frontières ont été fermés non-
seulement aux objets de luxe, si chers à la
vie créole, mais encore aux subsistances
d'importation étrangère. Au thé,-au sucre,
au vin, au café, on a substitué le régime
alimentaire-des esclaves, le maïs, les végé
taux et les salaisons du crû. La loi a pros
crit les bijoux j les soieries, les cristaux;
les modes, les mille objets de la vie élé
gante pour encourager l'introduction des
draps, des chaussures, des tissus corn*-
muns, des armes, de la poudre, des mu
nitions et des équipement de guerre. Ce'
que la contrebande ne lui donnait pas en
quantité suffisante, la sécession le créait'
surdon propre territoire; renouvelant les
prodiges industriels de la terrible Conven
tion française. s -
Mais cette- situation extrême , hors na
ture, . cesserait avec- la paix. Il y 'aifrait 5 ■
millions de blancs ïvêt'iret'â, équiper én- :
tièrem#nt; il y .aurait iês.magasins/des'■
cités "à remplir d'un stock épuisé , et tou
tes les; habitations particulières - à ■ four
nir d'un mobilier détruit. L'approvision
nement'de : denrées coloniales absorbe-'
;rait "des somftrés' considérables , ét la mise
en. état .'des ' chetoins-. de fer- tels qu'ils i
.existaient avaiit la gùérre provoquerait!
• une importation, immédiate-, dé .100 à !
-150,000 tonnes de rails, et un nombre pro- :
portionnel d'engins de traction» En-moins
d'une année la reprise des -relations avec i
'l'Europe amèherait vraisemblablement!
•une importation de produits anglais, fràn- i
.çais et'allemands , sinon sUpèrieurè, au
'moins -égale à lâ valeur des exportations i
du textile. ' " .
: Mais les;deux"partis - sontrils - arrivés àj
cette période de lassitude et d'épuisement !
qui fait'une obligation de la paix? Un ar- :
misticè conviendrait peut-être aux fédé- i
rauxi M. Lincoln y trouverait un.fépit fâ-i
: vorable à ses- projets de réélection et à i
icette fantastique levée de 5Ô0 ; 000 hommes i
:contre : laquellë ; les intéresses. protestent !
de toute leur .force.' Quant laux-confédérés i
ils Repousseront certainement Tine combi
naison mixte-et indécise dont leurs-adver
saires tireraient tout le profit. :
' ' Suivant toute probabilité, nos capit^ux
n'auront pas encore de longtemps à se dé
verser sur lé territoire v àécessionnîste' en
échange de son coton,-^et- nos -spécula-
teurs aer Liverpooi -continueront pendant
bien des mois a s'approvisionner sur les
marckés de.l'Asie-Mineure, d»?l'Egypte et,
%
ide^
de I'Indo-Chine. D'aillëurs, les bruits d'un
armistice- n'ont pas exercé beaucoHip dîin-
fl.uence sur le marché cotonnier, ^eiïls^
les baissiers de Londres ont maniîesté^in^-;'
était parfaitement feinte. ■- \
, ,, En présence de la nouvelle fras
-la Banque d'Angleterre, les banquiers _
ticuliers et les Joint-stock-banks n'ont
montré ni surprise ni émotion. Le taux
i d'intérêt acco,rdé afra:. dépositaires de'fonds
;en comptes courans n'a-pas varié. C'est la
meilleure preuve que le public financiér
ne croit point à la durée de l'intérêt offi
ciel au taux usuraire et ridicule de 9 0/0.
J ohn W ilks.
HonvelleA de rUxtérleor.
ALLEMAGNE.
Là Gazétte de Kiel publie la déclaration sul-
!vànte, votée dans l'assemblée de Kiel du 3 sep
tembre par les propriétaires fonciers qui n'ap
partiennent pas àl ofdre équestre.
: Xea soussignés propriétaires de biens nobiliaire»
dans les deux duchés considèrent comme leur, da»
.voir d'exprimer . leur gratitude profonde au*
puissances allemandes qui, par de brillàns fait»
d'armes et des négociations heureuses;\ont effec-
tué-l'éiiiandipatlon et la séparation complète des
•duchés de Sles^lg-Holsteln du Danemarki _
. Les faits mémorables et ^glorieux accomplis par
-les puissances allemandes snous donnent le droit,
en exprimant- notre gratitudej de manifester . nos
espérances et nos demandes respectueuses, . dont
nous ôïoyons pouvoir attendre! accomplissement
immédiat..
" Nous espérons fermement que le'Sleswlg-Holg»
tein,--libre et uni comme Etat indépendant, de
viendra une vérité; que-notre duc légitime Fré
déric viii serg, reconnu le plus tôt possible; que
l'Etat du Sleswig-Holstein, selon-la volonté de
notre duc et avec la coopération dës Etats légale
ment existans,entrera danslaConfédération germa
nique, et qu'il s'allieraàlaPrusse pour les rapport»
diplomatiques, militaires et maritimes. Biontôt,
nous l'espérons, les duchés, sous leur duc légiti
me,-se développeront d'une manière profitable à
l'Allemagne tout entière ; comme membres-de là
Confédération germanique et unis à un Etat alle
mand • puissant, ils prouveront toujours- et avec
empressement leur reconnaissance^ l'Allemagne.
Nous attendons de la sagesse des puissances
allemandes que les questions pendantes entre le
Danemark et les duchés, financières et autres^
seront réglées d'une - manière -équitable pour le»
duchés et que. pôUr atteindre ce but, on fera parr
tlciper aux négociations des hommes capables et
jouissant de là confiance du pays.
Si, contre notre aitente, les puissances alle
mandes croient nécessaire d'établir, avant l'avè
nement de notre, duG légitime, un gouvernement
commun* des duchés,, nous demandons et nous
■nous-croyons- en'droit -d 'attendre -que ce gouver
nement" commun sera composé d'h'olûmes qui
connaissent les affaires des (duchés, et iqui aient: la
confiance du pays nous demasdons en outre que
les Etats-dep duchés soient appelés à coopérer à
l'organisation du nouvel état de choses,
DANEMARK.
On nous écrit de fcôpenhagiio, le' 6 sep
tembre **V '
Une adressé; - revêtue de plusieurs milliers
de signatures, a ; été présentée : au * 'roii il y a
"quelques 'jours, 5 par une : députâtioâ composée
de notables -habitans de Copenhague. •
Cetter-adresse exprime cette intime- convitv
-tion qu'il.était nécessaire de suivre une autre
ligne; de. conduite.que celle .adoptée par le car
binet Eider-Danôis .et qui a,vait attiré sur ce
pays de .si grandes 'calamités. « Le choix des
taouVéatix' cbns'éillers 'de--la- couronne', «jou
te l'adresse, nous'gâràntit que les efforts ten
tés-pour ' nous- rendre, les • prospérités de la
paix,- atteindront ' leur but. Les signataires,
animés d'un-sincère patriotisme ^et pénétrés
dé la gravité des--- circonstances,' se déclarent
prêts,; d'aillèursy à tous • les' sacrifices quo i la
délivrance de'ila -patrie pourrait encore exi
ger.-»•' ■
- -« Je r Vôus rômerciei ; Messieurs,' a Tépondu le
joi, des sentimBns de"-confiaince et de dévoû-
•ment que Vous m'exprimez ; votre langagè me
•vâ droit au oœur, caF il me prouve l'opportu-
nlté^dés mesures que j'ai dû prendre,-de cont-
cert ^avec mes ministres,- pour i nous ramener
•la pâix. » - . ;
Le roi a retenu à dîner, au château, les
iffembres^ de -la'députationj:auxquels il a:ex-
'primé'd& noUVe'ân ek à diversësnreprises «onu-
bien'ilsétait tôuché de leur démarche. •= i ?
■ Cette-adresse -fait' un- énergique • contraste
ivec-certainéS'torrespondaBces et avec les ars-
ticles-'de fond -de t quelques-journaux danois
tfu parti-extrêma ; mais-elle! ne^ fait que re
produire les sentimens dont la population
.est animée en grande majorité. En effet»
Feuilleton du Constitutioanel, 11 sept.
LA FORÊT DE BONDY
EPOQUE DE LA : RÉGENCE.
Deuxième partie.
-- .IX'.-- r '
• /passé minuit.
" On à vu que, le soir de l'incendie, Mlle
de Lambilly s'était proposé de traiter avec
le dernier naépris l'usurpateur qui, insen
siblement, envahissait dans son cœur la
place de son-cousin.-, /
En conséquence, avec cette admirable
logique qui est particulière aux amou-
teux, elle avait eu soin de choisir dans sa
garderobe ce qu'elle avait de plus riche et
dé plus coquet, à savoir une robe de gros
de Tours,bleu céleste^ de cette.soie que les
/ femmes appellent à pleine main. ^
' Pour une recherche furtive dans 1 une
des poches de ce vêtement, rien de moins
commode que l'épaisse consistance de son
tissu. Il ne pouvait être touché sans un
bruissement criard et révélateur, et il fal
lait, 1 pour le manier, des précautions infi
nies. Ce fut vraiment par un miracle de
dextérité que Thérèse parvint à opérer* son
exploration sans avoir attiré l'attention de
la dormeuse-dont elle entendait s® cacher.
Heureusement achevée, cette exploration
n'avait pas dû être également heureuse
•dans son résultat, car sur le visage de la
chercheuse parut un grand trouble etj ses
investigations terminées,-«lie les recom
mença plus vives et moins discrètes.
On sait la bêtise humaine qui jamais du-
premier coup ne prend son parti d'admet
tre qu'un objet qui ne se trouve pas, puis
se être un objet perdu. . •
Par suite de l'inutilité de cette insistan
ce, l'émoi de Mlle de Lambilly s'étant con
sidérablement aocru, à une troisième ten-
. r' • ' 7 ' " . , / "i'1- S ..
tative ;çlle mit une aption si nerveiuse et si
,peu mesurée/ que da : cg farfouillement
continu, et perdant peu à peu toùfe pru
dence, arriva ce gui dçvait arriver., ;.. ,
Mme Duplessis avait lèVspmmeil .léger
et tous les sens d'une e?"quise, delicatesse.
Réveillée'en sursaut^ à la, lueur dé la veil
leuse qui éclairait imparfaitement lâ cham
bre,-elle vit devant elle' .une figure plan
che, sa leva vivement, et suivant son tem-
pératnent résolu, alla droit à l'apparition,
—^C'est, moi ! lui. dit alors Thérèse à
voix basse, n'ayez pas peur, je ne suis pas
un-fantôme. ■ -
— Mais quelle idée, fit sèchement Jean-
neton, de quitter votre lit et de courir, nu-
pieds sur ce carreau glacial ; il vous,plaît
donc vous rendre tout à fait malade? -
_ je voulais, dit Mlle de Lambilly on se
rejetant dans son lit, voir si quelque cho
se qui devait se trouver dans une des po
ches de ma robe n'en était pas par ha
sard tombé pendant le transport do ma
sotte personne. '
'—Est-ce un petit registre en- peau de
chagrin, à fermoirs d'argent ? demanda
Mme Duplessis.
— Ah ! vous l'avez ? s'écria Thérèse.
. — Non, dit Jeanneton; je l'ai ramassé...
— Eh bien ?..
— Et aussitôt remis à Monsieur votre
père. -
— Pourquoi pas à moi? fit aigrement la
jeune fille.
— Comment, à vous ? quand vous étiez
sans connaissance !
— Une chose tombe d'un endroit, on l'y
replace. .
— Pour qu'elle s'en échappe encore, dit
Mme Duplessis commençant à s'étonner
de cette sotte querelle; il me semble,
qu'entre vos mains, ou dans celle de Mon
sieur votre père, c'est tout un. • .. .
— Sans doute, dit Thérèse, en se radou
cissant . beaucoup , cependant j'aurais
mieux aimé que ce livret ne passât pas
sous ses yeux, parce que dans lés .choses
de religion nous ne nous entendons pas
toujours.
; —Les choses de religion ? répéta Mme
Duplessis avec une surprise un peu incrér
dule. - . > s
— Vous ne savez sans doute pas,, chère
.Madame, continua -Thérèse, ce que c'est
qpp le'jansénism^? ... , , ~ ;
A.n imon Dieu, dît",Jeanneton,au P,a^
■lais, on en a la- tête cassée; on ne parlé
que dé1 énregistremènt'. " • ;
— Etf biénl mon père aussi est contré là
Bulléj il est"janséniste, tandis qu'à Saint-
C^r on de tout autres idéès"; alors,, avec
lui, c'est, des, discussions sans fin.ét s'il
! venait' à ljrè mes réflexions il serait' dans
une colère 1 .,... .. . . , .
, — Mais, objecta Mme Duplessis', vous ne
'savie^-pas vo,tre-registre an T la possession
de Monsiédr votre pôre, ce n^est donc pas.
la crainte de cette querelle qulvoys a fait
ainsi lever aurmilieu. de la nuit. :
! Mon pèrey ou un autre, répliqua
Thérèse, c'est toujours très désagréable de
savoir aux mains du premier venu des
choses qu'on n'â écrites que pour soi.
— Des choses sur la religion, dit .fine-
rement Jeanneton, ne sauraient jamais
être bien ' compromettantes; vous n'êtes
pas fille à écrire des impiétés.
— Enfin, vous' ne voulez pas compren
dre, chère Madame, dit. Thérèse en se
contenant, qu'une jeune personne, sur
toute sorte de sujets, fait des remarques
qui, étant lues par des personnes plus
âgées, peuvent paraître très ridicules.
— Ce qui occupe surtout les jeunes filr
lés, remarqua malicieusement Mme Du;
plessis, ce sont leurs affaires de cœur; pour
vous, vous n'avez rien à cacher, vous êtes
parfaitement autorisée à aimer votre cou
sin et à le dire, puisque votre mariage est
arrangé d'enfance.
Sans qu'elle sût au juste où elle les
adressait, chacun des coups de Jeanneton
frappait droit au but, carie lecteur l'a "cer
tainement compris : ce qui mettait Thérèse
hors d'elle, c'était l'idée que le progrès de
son entraînement pour le jeune Galoppe
pourrait être révélé à son père par la lec
ture de son journal. 11 s'était trouvé sut
elle au moment de,son évanouissement x
parce qu'un instant avant, elle l'avait ainsi
dérobé aux regards da "Véronique, lors
que celle-ci était venue la surprendre dans
la cellule où elle s'était retirée., •
Se sentant aux trois quarts devinée par
sa dangereuse adversaire, Mlle do Lam-
bfllyi ejit. ,1a ' ressource:des faibles, c la du-
plicité^et, en cé sens, même avec les natu
res les plus naïves,, on sait si l'amour a
besoin . de beaucoup de *temps. pour faire :
line éducation. '
- , — Chère Madame, dit donc Thérèse d'un
?etit ton enlâpant, comment pouvez-vous
tre en même temps pour moi si bonne et
si rancuneuse ? • \
7- En.quoi rancuneuse ? dëmandà Mme
Duplessis assez étonnée. ^ "
oh ! oui, je le vois bièri, à la nianière
dont vO'us jouissez de mon -inquiétude.;
vous ne m'avez pas pardonné- notre petit !
débat sur Mme de Maintenon, et vous
m'en voulez toujours de ce que j'ai boudé
la. jolie collation que vous noua aviez
setviév r
— Comment pouvez-vous croire-, dit
Jeanneton parfaitement dupe de- ce naïf
examen de conscience, que j'aie gardé le
moindre souvenir de pareils enfantillages?
-r- Enfantillage, c'est, en effet le mot, car
je me suis conduite lit comme une vraie
pensionnaire; mais j'en ai eu bien du re
gret quand mon père m'a eu fait sentir
combien j'avais été hors de raison.
Mme Duplessis désarmait de moment
en moment.
-— Laissons cela , dit-elle affectueuse
ment, il s'agit maintenant de penser à. vo
tre chèrer santé et de dormir; le docteur
vous l'a recommandé.
— Gomment voulez-vous que je dorme
quand demain je m'attends à être tant
grondée par mon père? Je suis sûre, au
contraire, de ne pas fermer l'œil de la'
nuit. -
— Mais M. votre père n'est pas un hom
me si terrible. '
-r-11 est très sévère, sur de certaines
choses, et, s'il vient à lire ce que, d'après
Mme de Maintenon, j'ai écrit sur ses amis
de Port-Royal, il se passera bien da temps
avant qu'il me le pardonne. •
— Je suis vraiment désolée, dit Jeanne-
totf, de lui avoir remis ce registre; j'au
rais dû .le garder par devers moi pour
vous le rendre; mais qu'y faire-?
— Ah ! certainement, en vos mains je ne
m'en serais pas inquiétée, parce que mes
autres réflexions sur toute sorte de choses
'qui m'ont passé par la tête, une femme dé
votre âge, ènccire.si près du-mien, les#ù-
Taifc -certainemènt ^comprises. Mais voyons,
-voulez-vous - être tout à-fait ' bonne pour
moi? Laissez-moi -'lever,- «t peut T être par-
viendrai-je à rattraper ce vilain registre^
avant que - mon père ait' eu lè temps d'y
jeter les yeux.- -•
— Cela, je-ne le permettrai pas ; -je-suis ■
constituée votre, garde-malade $ le docteur i
vous oTdonne le-plus grand «aime «t vous
ne quitterez pas votre lit. - - : - •■■■ -î•
- —'Gomma vous -voudrez,' maison ou s al- -
Ions passer une nuit affreuse: moi à me:
'tourmenter} • vous À ne -pas dormir^pour i
me faire prendre cette tisane ; tandis qu'a
vec la' BïOindre Gonïplâisaôce tout pourrait 1
s'arranger. .:><.! " ... i
*•— Mais quelia^omplaieance?'
Vous comprenez, dit Jin«ment Thé 1 -
rèse, ne pouvant y aller moi-mêmeu. > ;!.n
—r Oh ! oui,< dit en riant Mme Duplessis,
me charger moi-même du-larciU. *
•—Reprendre quelque chose qui est-bien
^ moi,'cela f n'est pas là un vol. Oh ! es
sayez, je vous en supplie, chèr« madame,
qu'au moins je sois sûre que la bonne-Ma
dame Duplessis a enfin pardonné à la mé-
chanto élève de l'austère Mme de Mainte
non.
— Voyons! je vais tâcher, dit-Mme Du
plessis, que le souvenir d'une des rares du
retés auxquelles elle avait pu se laisser en
traîner dans sa -vie décida à la complicité
qui lui était demandée. :
Elle oi?v'rit avec précaution la porte qui
séparait les-deux chambres ; mais tout d'a
bord elle- entrevit le mal irréparable : au
lieu de dormir, comme il s'y était cepen
dant disposé - en se débarrassant de sa cra
vate et en détachant ses boucles de jarre
tières. M. deLambiliy avait en main le fatal
journal qui sans doute l'avait tenu éveillé,
et, le dos tourné à la tentative dont il était
l'objet, il lisait avec-assez d'attention pour
ne s|être aperçu de rien.
•Tout à coup, pendant que Jeanneton se
demandait si elle devait ou: non dire à
Thérèse toute la vérité, un violent- coup
de sonnette retentit dans l'appartement.
Mme Duplessis. eut l'idée du:jeune Ga-
loppe, impatient d'avoir-dës nouvelles de
la malade, et osant revenir à une heure in*
due ; inutile de dire la-façon dont elle se
-proposait de>le.recevôir.: Quant 'à M.- de
Lambilly/, aussitôt sur pied et à portée
d'6uvrirj. il n'en'fit rien -pourtant, avant
de savoir ce- que déciderait la maîtresse
de la maison. •
Celle-ci.n'avait pas-encore eu ,1e temps
d'aiyiver à la pôrte- que la. sonnette s'était
fait entendre par redoublement, do sorte
que--M.;de Lambilly..lui dit'T' : :
— A deux heures du matin , «'est- être
.'bien pt'esséb «c b ,« .. - . .
Qui est-là'? demanda Jeanneton. l'o
reille àia'porte.' :
—. —MoLdoncy ma belle!
— Mats quifvous?: ■. , v ..
' -Eh'-blen"donc, ton époux, Duplessis-
Hl'Antraguesj-Tépondit une voix avinée. >
— Je n'ouvre pas, fit vivement Jeanne-r
-ton,, ii-n^st pas'heure de me faire visite,
dans-l'état ou vous êtes - , surtout. . . <
: ' Gomment mon 'état! biais .ma char-
■mante,trépondit le' soldat , c'est l'état mit-
litaire ; ainsi ouVrez à petit mari, ou in
sensiblement je flche la porte en- dedans.
Jeanneton ne- répondit ■ pas y ; et elle
resta en placer faisant signe à'M; de Lam-
biliy. de se taire et-de ne point bouger;
Un monlent 'de calme suivit', mais bier-
-tôt après commença un tintement continu
dé la sonnette auquel des coups de poing
et voire môme d'épaule dirigés par inter*
valles'contre la'porte, formaient comme
des notes de basée.: , ?
Il était- évident ;que l'on avait affair® à
une idée fixe d'ivrogne s'étant mis dans la
tête d'àvoir accès; • .
• ©endant quelque temps, Mme Duplessis
soutint patiemment l'assaut, mais chacun
l'a éprouvé, à moins d'avoir des nerfs de
fer, nul ne résiste à l'agacement excité
-par 1 Une'sonnerie qui ne prend pas haleine.
• D'ailleurs, du mouvement commençait
à se :faire chez les voisins; des portes et
dés- fenêtres s'étaiont ouvertes et une voix
avait.crié : Queljest donc le brutal qui fait
tout.ee tapage?. • • .
Jeanneton- vit que' la scène allait tour
ner au scandale, elle prit en main de flam
beau qui éclairait la chambre; dit à M. de
Lambilly d'aller rassurer Thérèse, puis,
ouvr ant ; résolument,, .elle présenta .la lu
mière à la face de ..l'assaillant en lui di
sant:
BUREAUX A PARIS ! ro<>
B
DIMANCHE 11 SEPTEMBRE 1864.
ABOM'JttMS DES DÉPARTEMENS.
V =H - (
TROIS MOIS i^f.^ïîl 16 FR.
SIX MOIS.-.ïïîï^r.a 32 FR.
UN AN....7T.t.7..,r 64 FR.
vouk les pats ÉTRANQEBs, voir le tableau
publié tes 5 et 20 de chaque mois,
imp. L. BONIFACE, r. dos Bons-Enfans, 19,
ABOMEMENS DE PARIS»
trois mois...13 fr.
six| uoisiii *vtv*t»i 26 fr.
un an. . .r;ï.7. .~.ï S2 fr.
UN NUMÉRO 20 CENTIMES.
Les abonnémens datent des 1" et is
de;oliaqu9 jnolsr.
JOURNAL POLITIQUE, LITTERAIRE, UNIVERSEL.
Leiniode d'abonnement le plus simple est l'envol d'un bonWposte ou d'un eflet i Lti lettres ou envoi» ctarqent non affbanchis sont réfutés, I Les A nnonces sont reçues chez M. P anjs , rueNotre-Dame-des-Yictoires, n* 40
gsur Paris, à 1 ordre de l'administrâtes du journal, rue de Valois, n'iO, j Les articles déposés ne sont pâs rendus. I . • '' " ' ~ v
(place de la Bourse).
-""""A la demande d'un grand nombre d'a
bonnés nouveaux, nous venons de faire
réimprimer tout cë qui a paru jusqu'ici
du român dé m. C harles rabou , lia.
FSÎÏÏET IÏI2 ;
MM. ;>les abonnés nouveaux peuvent
faire retirer dans les hnra ^n^ jmirr.ni
les feuilles ; contenant les parties de 1A
FORET DIS BOWDY, publiées avant
la date de leur abonnement, et se mettre
ainsi au courant de cette œuvre si drama
tique dans son ensemble et si attachante
dans ses détails. * • ,
PARIS, 10 SEPTEMBRE
• "Les négociations de paix à Viennè pa
raissent être entrées 'dans une phase qui
fait prévoir une solution pacifique. Sans
cloute, l'arrangement des questions finan
cières exigera encore du temps. L'Autriche
s'efforcerait, à ce qu'on dit, de concilier
les exigences de là Prusse , et du Dane
mark, en ce qui concerne le partage de
l'actif entre les duchés et le royaume danois.
.. Le partage se bornerait principalement
aux créances provenant du rachat du péa
ge du Sund. D'après le traité conclu, le!4
mars 1857, à Copenhague, la somme fixée
pour le rachat est en tout de 30,476,325
rixdalers, que les Etats intéressés doivent
acquitter en 40 termes de six mois.chacun,
Sur les 4,440,027 rixdalers qui font la part
de la Prusse dans le total, il reste à payer
par cette puissance une somme assez con
sidérable.» C'est cette somme qu'on attri
buerait aux duchés pour les indemniser
de la part qui leur revient dans l'indemnité
du péage du Sund. , ■ ■
Telle est la proposition de l'Autriche,
qui a été soumise aux cabinets de Berlin
et de Copenhague. •
On assure, en outre, que les parties bel
ligérantes sont convenues de déclarer que
l'armistice durerait jusqu'à la conclusion
de la paix. Ainsi disparaîtrait la clause des
préliminaires qui permet de dénoncer l'ar
mistice à partir du 15 septembre. -, ■>
Plusieurs journaux avaient, dit qu'après
3a conclusion de la paix la Prusse occupe
rait seule les duchés! Lés feuilles de Vien
ne démentent-oeJ;te. nouvelle en disant que
l'Autriche/et la Prusse .se chargeraient en
commun de cette occupation.
,. Le parti national en Allemagne prépare
tins nouvelle démonstration dans l'affai
re des- duchés.-Une assemblée générale se
réunira prochainement dans uno dessilles -
de'la'Thùringe, et en même temps'aura
lieu.une réunion des,députes de toutes les
Chambres allemandes pour, proclamer les
droits du duc d'Augustenbourg. : ■ ■
La Gazette autrichienne, donne lés'rensei-
gnemens suivans sûr la i; situation finan^-
cière de l'Autriche. Le minière a terminé
l'élaboration de'son budget pourl865 gui
présentera,' après solde de : tous les, pâie>
mansà effectuer, un déficit de40 millions de
'florins, que l'on espère réduire à environ
30 millions) au moyen d 'économies à rear '
ïiser dans le budget du ministère, de là
guerre. Çe ; déficit - sera couvert par une
augmentation de la dette flottante et non ■
par un empjunt», ■ ,
•' *-S. i . * ' S • ' S' ; ' ' */ * v ;
* Le public à Londres s'occupe plus que 1
jamais des moyens de fairé'-cessôf la guer- '
re en Amérique. Une. société, .qui -s'éét'
formée dans ce-1.buty recueille dé. tous cô-'
tés - des signattlres 1 pou* une'adresse -au 1
peuple américain dés'Étàtà"du Nordique*
l'on supplie de faire enfin la paix,avec le'
Sud. Dans les districts manufacturiers, lé
peuple vient en masse signer cette adres
se, et dans les rues de Londres les signa
tures sont recueillies par des agens spé
ciaux. Dès qu'on aura réuni deux millions
de signatures, l'adresse sera remise à M.
-Adam?, ministre des Etats-Unis à Londres.
Les journaux de Madrid ne sont plus
aussi conflans dans un prochain arran
gement avec le Chili. L 'Epoca, entre au
tres, recommande l'envoi d'une forte es
cadre dans les eaux du Pacifique.
E douard S imon.
Le sort des nègres n'est pas la seu
le question de race 'qui reste à résou
dra sur ce vaste continent de l'Amé
rique du Nord, désolé depuis quatre
ans bientôt par la guerre. Il est à remar
quer que, malgré toutes les excitations qui
leur sont venues jdu côté des fédéraux,
les quatre millions d'esclaves des ; Etats
du Sud ne se sont pas soulevés contra
leurs anciens maîtres et ont épargné au
inonde les horreurs d'une révolte servile,
ta*dis queles habitans primitifs, les In
diens,- ont recommencé leurs hostilités
contre les blancs.
Nous n'avons pas à montrer les causes
de cette différence d'attitude chez deux racés
qui n'ont eu à se louer,.ni l'une ni l'autre,
du traitement qu'elles ont reçu des. Amé
ricains. Mais ce que nous avons aujour
d'hui à constater, c'est la politique vrai
ment regrettable qu'ont adoptée les Etats-
Unis à l'égard des malheureuses tribus in
diennes refoulées ou- même anéanties par
l'invasion des Européens.
Les journaux de New-York viennent de
jpublier un long rapport du général Pope
sur la situation de ces Indiens dans
l'extrême oûest. Ce document les divise en
deux classes : ceux qui se trouvent cernés
parles établissemens des blancs, et ceux
qui, poussés de plus en plus vers l'ouest,
s'adonnent encore à la vie nomade et sau
vage que menaient leurs ancêtres..
L«£ premiers, loin de devenir l'objet de
la sollicitude de léiirs voisins plus'civi
lisés, sont abandonnés ,• par calcul, à
la misère, au vagabondage, aux' ..vices:
de toutes sortes, et bientôt disparaissent ;
lës seconds, 'repoussés'par l'émigration
blanche, obligés de dire adieu- aux tom
beaux de leurs pères, gardent au cœur une
haine qui cherche constamment les occa
sion de se manifester. , - .
: Legbuvernenrent de Washington a bien 1
institué, en faveur de ces indigènes; un'
système' de' a réserves r;'c'est-à-dire" de
■ territoires dont on leur assurait la posses
sion et où on leur promettait de les lais
ser vivre en paix.
: Mais 1 , le plus souvent j qu'arrive-t-il ?-On ;
. ne tarde pas à-leur; ravir jusqu'à ces dkl- :
les en leur imposant des. indemnités dé
risoires: Le général Pope propose de met-
' tre fin ',à c'é systèmè 1 et v de' forcer tous les <
•Indiens à entrer dans le cercle deis établis
semens blancs.' Ils seraient- ainsi- plus |
'facilement' surveillés et. ils ne tarderaient i
pas à; disparaître complètement. Un pa-:
reil projet, comme le fait remarquer
Xé Cotirrier des Etats-Unis, n'est pas préci-
Iséfnèrit iiispiré par la philanthropie-. Bt ce
journal ajoute : « On trouve des abolition-
nistes qui gémissent sûr lè sort des- nè-;
!gres,' mais-ces mêriïès hommes deviennent ■
^presque .féroces' quand : il, s'agit dés In- :
:diens. » ■■ s ■ •
Telle n'était point la politique que. Was^
hiBgton avait recommandé' de suivre en
vers lés indigènes: VNoussbmmes, avait-
il dit, plus éclairés et plus puissans qUe
les nations indiennes]» il est de notre hon
neur de les traiter avec bonté et générosi
té/» Sur ce point, comme'sur tant d'au*
très, les traditions, de Washington sont
bien oubliées.
H.-M arie M artin,
TELEGRAPHIE PRIVEE.
" Londres, 9 septembre:
La Gazette officielle publie line notification
portant qu'à l'avenir aucun bâtiment de guer
re, appartenant à l'un des deux belligérans
américains, ne sera admis dans un port an
glais pour être désarmé ou vendu.
Londres, 10 septembre.
Le Morning-Post blâme la conduite de la Prus
se qui n'a aucun droit à réclamer pour les du
chés ni une part de l'indemnité du Sund ni
une partie de la flotte danoise.
Stockholm, 9 septembre.
Le prince et la princesse de Galles sont at
tendus ici à la fia du mois. Le roi de Suède
leur a adressé une invitation. Un navire de
guerre ira à la rencontre de LL. AA. RR.
' Turin, 10 septembre.
La Banqué nationale a élevé le taux de l'es-
compte à 8 0/0.
.Voici la seule dépêche qui nous arrive
ce soir,: :
Londres; 10 septembre, i h. 30 m;-'
i L& Lloyd a reçu l'information qu'un navire
de guerre confédéré, construit à Bordeaux et
commandé par le capitaine Semmes, était ar
rivé à Bremerhaven.
Consolidés : 88 3/16 à 5/16, fermeté. '
(Havas-Bullier.)
COURS DE LA BOURSE.
COURS DB CLOTCRB le 9 le 10 HAUSSE. bà1ssb
3 0/0aucompt. 66.50 66.50 > » » »
—Fin du mois. 66.70 66.70 » # » »
41/2aucompt. 92.70 92.70 » » n »
—Fin du mois. 93 60 » . a a n s a
CHRONIQUE DU STOCK-EXCIIAXGE.
Londres, 9 septembre 1864.
Le taux de l'escompte qui depuis le 4
août dernier se tenait au chiffre respecta
ble de 8 0/0; la Banque d'Angleterre l'a
porté hier jeudi à 9, sous prétexte que sa
réserve ne s'était pas suffisamment ac
crue, et qu'en;présence des dividendes du
trimestrê d'o'ctobre elle pourrait éprouver
des embarras. - •
C'est prévoir. léf malheur d'un peu loiii.
-Quelle situation était donc: la niôtre 0 ^
vendredi 2- septëtobr'e ? L'encaisse de la
Banque se chiffrait là semaine -dérnière
par 42j980,033 livres sterling, (près de 325
millions de francs);-sa réserve aecusait un
excédant de 411,694 livres sur son chiffre
.réglementaire.* Les importations' de* mé 5 -
taux précieux!'s'étaient élevées en sept
jours à 1,786,500 livres. En déduisant les"
413,950 livres exportées à l'Indo-Chine, il
-restait dans la circulation un surplus- de
1,354^000 livres; soit près de 35: millions
de
a gagné ou perdu dans la semaine qui ex
pire aujourd'hui;-Nous-avons reçU 'd'Aus-
traliey des Etats-Unis et de Russie, un j to- .
! tal de 270,000 livres' sterling; nous avon*s
expédié' à l'extrême Orient et' ail Brésil,
ensemble 259,400 livres, ce qui laisse une
balance à notre' avantage. Mais, au bilan
d'hier, la Banque a vu ses no
caisse diminuer de'9,586 livres; Ainsi c'est
pour une misérable déperdition de 81,000
livres sterling' ou 2,025,000* francs que
l'institution royale a eu recours une fois
de plus à une désastreuse.. et injustifiable
mesure.^
Est-ce à la baisse persistante des consoli
dés qtfil faut attribuer la 1 surélévation-du
taux-offteto}'?' Me9si«iiF8<--d«''Gomlt6-diFect-
téur ne« peuvent méconnaître les causes
:réelles 'qûi foht ( rétrograder- le principal
fonds .'angles. Menacé-de plus-en pins'par
les dividendes considérables que les éta-
blîâsemôns financiers rivaux ^"distribuent^"
leurs â'ctioniiairësj cë fonds a trduvé une
concurrence nouvelle dans l'autorisation
accordée à la cour de chancellerie et aux
trustées des mineurs de placer dans la ren
te indienne .les sommes mises temporai
rement en interdit. Or, cette rente garan
tie par l'Etat, est un 5 0/0 qui s'élève rare
ment au-'dessus du pair. On comprend
dès lors que chancellerie et tuteurs don
nent la préférence à cette dernière, puis
qu'ils gagnent à leurs pupilles une diffé
rence d'environ 2 0/0.
Dira-t-on que c'est le ïesserfeihent des
capitaux dans les.maisons de banque et
d'escompte qui a provoqué la dernière ré
solution du comité dirigeant? Mais il sau
te aux yeux que la prévoyance excessive
de ces maisons^ et l'accaparement de nu
méraire auquel elles se livrent provient
uniquement de Fappréhension que leur
inspire le déplorable système adopté par
la Banque d'Angleterre depuis bientôt un
an. L'argent raréfié de la sorte vaut d'ail
leurs d'assez beaux profits à ces maisons.
La Banque royale y trouve aussi son comp
te, s'il est vrai que son prochain dividende
semestriel soit de 3 3/4 0/0; ou il 1/2
pour l'année entière. Au mois dé septem- :
bre 1863, le dividende annuel n'avait été^
que de 9 1/2.; Cette année, les rigueurs de
la Banque d'Angleterre auront conséquem-
ment-valu à ses actionnaires une augmen
tation d'intérêt de 2 0/0 et porté le cours
des actions de 236 à 244 1. st.
Ainsi, c'est en pleine prospérité com
merciale, alors que la plus indispensable
des substances alimentaires est tombée à
.un prix inconnu dans le cours du XIX"j
•siècle, alors qu'aucun nuage ne voilel'ho-
rizon politique ; c'est au milieu d'une pro
duction aurifère et argentifère constatée
chaque semaine par l'excédant des entrées
sur les sorties, qu'une crise financière'sur
git et prend les plus inquiétantes propor
tions. Elle couvrirait de désastres l'Euro
pe industrielle et- commerciale, si les Ban-
. ques d'Etat des autres pays suivaient les
erremens malheureux et les instincts
égoïstes de la nôtre.
_ Les thuriféraires, les louangers systé
matiques de notre première institution de
crédit ne manquent pas d'argumens pour
justifier sa dernière mesure. Le taux de
l'escompte serait porté à 20 0/0 qu'ils ap-
puyeraient encore de raisons plausibles
une telle énormité. . '
Quelques-uns de ces Messieurs assignent,
aux rumeurs d'un arrangement pacifique
entre les belligérans' américains là vive'
émotion ressentie par le,, marché "anglais
dans les journées de lundi et mardi, et la
baisse' relativement énorme des consolidés.
Suivant eux ? l'ouverture' des ports confé
dérés aurait pour conséquence immédiate
des envois de coton sur la plus,large échel
le! Le prix du textile-tomberait tout à coup
de-200 0/0. La spéculation opérant sur des •
masses,-.nous aurions- des remises de nu- ■
méraire sùr ; l.B chiffre-'le pins vaste à faire 1
aux planteurs du Sud.. Et tandis que nos
réservés en" espèces s'épuiseraient et que
cet épuisement. compliquerait encoret la i
crise financière les détenteurs de Eiverpool ■
se trouveraient littéralement ruinés. .
Pour'démontrer la-fausseté de^cétte ar
gumentation , il snfflt' de revenir etf arriè
re et ! d'établir lé bilan cotonnier des Etats ;
séparatistes; d'après des documens recon
nus authentiques.
La récolte de 1861 fut de 3,500,000 bail.
l. — • 1862 ■ 800,000 —
1863 A,000,000 —
— - 1864 1,00(5,000 —
< . Total général 6,300,000 bail.
^ On évalue à 600,000 bal
les par an, le coton mis-,
en œuvre ou détruit par
les confédérés ; "ou captur
ré. par les croiseurs fédé
raux. Pour les quatre an
nées ce-serait donc. - 2,400,000 —
Le coton exporté par les • •
fédéraux de la Nouvelle-
Orléans à New-York, 1 ou'-' -* -
ayant forcé-le blocus,- ou-,- ~ ,
étant sorti par Matamo-
moras, est' évalué, pour
les quatre années, à
1,000,000
■ 3,400,000 bi
, quij déduites du premier
total ci-dessusj le réduis • <
sent à • $,-000,000 —
Silr cette dernière quantité on peut rai- 1
sonnablement retrancher 50 0/0 de coton
avarié par la pluie, le soleil dt un mauvais;
' conditionnement justifiéparl'étatd# guer^:
re» Il ne , resterait donc de disponibles et
propres à l'expédition, que quatorze ou
■ quinze cent mille balles. • . ( ;
Remarquons encore que «e dernier chif
fre n'est pas intact, puisque 600,000 balles
servent de garantie a l'emprunt de 3 mil
lions sterling contracté en Angleterre par
le gouvernement séparatiste. Ces 600,000
balles nous appartiennent dûment et se ■
trouvent payées. Le commerce ànglais-
n'aurait donc rien à débourser en en pre
nant livraison. ,
Ainsi, il ne resterait qu'un stock dispo
nible de huit à neuf cent mille balles de
, coton. Allons jusqu'à un million, ce qui
représenterait une somme'de trente à
trente-deux millions sterling à partager
entre l'Angleterre, la France, la Belgique,
; l'Allemagne, etc., etc. - Cette ■ perspective
n'a rien d'effrayant.
Envisageons la' question pacifique-sous
son autre aspect.
Pour lutter Contre leufs' redoutables
adversaires.les confédérés ont recouru aux
plus étonnantes comme-aux plus énergi-
'ques mesuras. La nation tout entière s'est
condamnée à d'effroyables privations. Ses
ports et ses frontières ont été fermés non-
seulement aux objets de luxe, si chers à la
vie créole, mais encore aux subsistances
d'importation étrangère. Au thé,-au sucre,
au vin, au café, on a substitué le régime
alimentaire-des esclaves, le maïs, les végé
taux et les salaisons du crû. La loi a pros
crit les bijoux j les soieries, les cristaux;
les modes, les mille objets de la vie élé
gante pour encourager l'introduction des
draps, des chaussures, des tissus corn*-
muns, des armes, de la poudre, des mu
nitions et des équipement de guerre. Ce'
que la contrebande ne lui donnait pas en
quantité suffisante, la sécession le créait'
surdon propre territoire; renouvelant les
prodiges industriels de la terrible Conven
tion française. s -
Mais cette- situation extrême , hors na
ture, . cesserait avec- la paix. Il y 'aifrait 5 ■
millions de blancs ïvêt'iret'â, équiper én- :
tièrem#nt; il y .aurait iês.magasins/des'■
cités "à remplir d'un stock épuisé , et tou
tes les; habitations particulières - à ■ four
nir d'un mobilier détruit. L'approvision
nement'de : denrées coloniales absorbe-'
;rait "des somftrés' considérables , ét la mise
en. état .'des ' chetoins-. de fer- tels qu'ils i
.existaient avaiit la gùérre provoquerait!
• une importation, immédiate-, dé .100 à !
-150,000 tonnes de rails, et un nombre pro- :
portionnel d'engins de traction» En-moins
d'une année la reprise des -relations avec i
'l'Europe amèherait vraisemblablement!
•une importation de produits anglais, fràn- i
.çais et'allemands , sinon sUpèrieurè, au
'moins -égale à lâ valeur des exportations i
du textile. ' " .
: Mais les;deux"partis - sontrils - arrivés àj
cette période de lassitude et d'épuisement !
qui fait'une obligation de la paix? Un ar- :
misticè conviendrait peut-être aux fédé- i
rauxi M. Lincoln y trouverait un.fépit fâ-i
: vorable à ses- projets de réélection et à i
icette fantastique levée de 5Ô0 ; 000 hommes i
:contre : laquellë ; les intéresses. protestent !
de toute leur .force.' Quant laux-confédérés i
ils Repousseront certainement Tine combi
naison mixte-et indécise dont leurs-adver
saires tireraient tout le profit. :
' ' Suivant toute probabilité, nos capit^ux
n'auront pas encore de longtemps à se dé
verser sur lé territoire v àécessionnîste' en
échange de son coton,-^et- nos -spécula-
teurs aer Liverpooi -continueront pendant
bien des mois a s'approvisionner sur les
marckés de.l'Asie-Mineure, d»?l'Egypte et,
%
ide^
de I'Indo-Chine. D'aillëurs, les bruits d'un
armistice- n'ont pas exercé beaucoHip dîin-
fl.uence sur le marché cotonnier, ^eiïls^
les baissiers de Londres ont maniîesté^in^-;'
était parfaitement feinte. ■- \
, ,, En présence de la nouvelle fras
-la Banque d'Angleterre, les banquiers _
ticuliers et les Joint-stock-banks n'ont
montré ni surprise ni émotion. Le taux
i d'intérêt acco,rdé afra:. dépositaires de'fonds
;en comptes courans n'a-pas varié. C'est la
meilleure preuve que le public financiér
ne croit point à la durée de l'intérêt offi
ciel au taux usuraire et ridicule de 9 0/0.
J ohn W ilks.
HonvelleA de rUxtérleor.
ALLEMAGNE.
Là Gazétte de Kiel publie la déclaration sul-
!vànte, votée dans l'assemblée de Kiel du 3 sep
tembre par les propriétaires fonciers qui n'ap
partiennent pas àl ofdre équestre.
: Xea soussignés propriétaires de biens nobiliaire»
dans les deux duchés considèrent comme leur, da»
.voir d'exprimer . leur gratitude profonde au*
puissances allemandes qui, par de brillàns fait»
d'armes et des négociations heureuses;\ont effec-
tué-l'éiiiandipatlon et la séparation complète des
•duchés de Sles^lg-Holsteln du Danemarki _
. Les faits mémorables et ^glorieux accomplis par
-les puissances allemandes snous donnent le droit,
en exprimant- notre gratitudej de manifester . nos
espérances et nos demandes respectueuses, . dont
nous ôïoyons pouvoir attendre! accomplissement
immédiat..
" Nous espérons fermement que le'Sleswlg-Holg»
tein,--libre et uni comme Etat indépendant, de
viendra une vérité; que-notre duc légitime Fré
déric viii serg, reconnu le plus tôt possible; que
l'Etat du Sleswig-Holstein, selon-la volonté de
notre duc et avec la coopération dës Etats légale
ment existans,entrera danslaConfédération germa
nique, et qu'il s'allieraàlaPrusse pour les rapport»
diplomatiques, militaires et maritimes. Biontôt,
nous l'espérons, les duchés, sous leur duc légiti
me,-se développeront d'une manière profitable à
l'Allemagne tout entière ; comme membres-de là
Confédération germanique et unis à un Etat alle
mand • puissant, ils prouveront toujours- et avec
empressement leur reconnaissance^ l'Allemagne.
Nous attendons de la sagesse des puissances
allemandes que les questions pendantes entre le
Danemark et les duchés, financières et autres^
seront réglées d'une - manière -équitable pour le»
duchés et que. pôUr atteindre ce but, on fera parr
tlciper aux négociations des hommes capables et
jouissant de là confiance du pays.
Si, contre notre aitente, les puissances alle
mandes croient nécessaire d'établir, avant l'avè
nement de notre, duG légitime, un gouvernement
commun* des duchés,, nous demandons et nous
■nous-croyons- en'droit -d 'attendre -que ce gouver
nement" commun sera composé d'h'olûmes qui
connaissent les affaires des (duchés, et iqui aient: la
confiance du pays nous demasdons en outre que
les Etats-dep duchés soient appelés à coopérer à
l'organisation du nouvel état de choses,
DANEMARK.
On nous écrit de fcôpenhagiio, le' 6 sep
tembre **V '
Une adressé; - revêtue de plusieurs milliers
de signatures, a ; été présentée : au * 'roii il y a
"quelques 'jours, 5 par une : députâtioâ composée
de notables -habitans de Copenhague. •
Cetter-adresse exprime cette intime- convitv
-tion qu'il.était nécessaire de suivre une autre
ligne; de. conduite.que celle .adoptée par le car
binet Eider-Danôis .et qui a,vait attiré sur ce
pays de .si grandes 'calamités. « Le choix des
taouVéatix' cbns'éillers 'de--la- couronne', «jou
te l'adresse, nous'gâràntit que les efforts ten
tés-pour ' nous- rendre, les • prospérités de la
paix,- atteindront ' leur but. Les signataires,
animés d'un-sincère patriotisme ^et pénétrés
dé la gravité des--- circonstances,' se déclarent
prêts,; d'aillèursy à tous • les' sacrifices quo i la
délivrance de'ila -patrie pourrait encore exi
ger.-»•' ■
- -« Je r Vôus rômerciei ; Messieurs,' a Tépondu le
joi, des sentimBns de"-confiaince et de dévoû-
•ment que Vous m'exprimez ; votre langagè me
•vâ droit au oœur, caF il me prouve l'opportu-
nlté^dés mesures que j'ai dû prendre,-de cont-
cert ^avec mes ministres,- pour i nous ramener
•la pâix. » - . ;
Le roi a retenu à dîner, au château, les
iffembres^ de -la'députationj:auxquels il a:ex-
'primé'd& noUVe'ân ek à diversësnreprises «onu-
bien'ilsétait tôuché de leur démarche. •= i ?
■ Cette-adresse -fait' un- énergique • contraste
ivec-certainéS'torrespondaBces et avec les ars-
ticles-'de fond -de t quelques-journaux danois
tfu parti-extrêma ; mais-elle! ne^ fait que re
produire les sentimens dont la population
.est animée en grande majorité. En effet»
Feuilleton du Constitutioanel, 11 sept.
LA FORÊT DE BONDY
EPOQUE DE LA : RÉGENCE.
Deuxième partie.
-- .IX'.-- r '
• /passé minuit.
" On à vu que, le soir de l'incendie, Mlle
de Lambilly s'était proposé de traiter avec
le dernier naépris l'usurpateur qui, insen
siblement, envahissait dans son cœur la
place de son-cousin.-, /
En conséquence, avec cette admirable
logique qui est particulière aux amou-
teux, elle avait eu soin de choisir dans sa
garderobe ce qu'elle avait de plus riche et
dé plus coquet, à savoir une robe de gros
de Tours,bleu céleste^ de cette.soie que les
/ femmes appellent à pleine main. ^
' Pour une recherche furtive dans 1 une
des poches de ce vêtement, rien de moins
commode que l'épaisse consistance de son
tissu. Il ne pouvait être touché sans un
bruissement criard et révélateur, et il fal
lait, 1 pour le manier, des précautions infi
nies. Ce fut vraiment par un miracle de
dextérité que Thérèse parvint à opérer* son
exploration sans avoir attiré l'attention de
la dormeuse-dont elle entendait s® cacher.
Heureusement achevée, cette exploration
n'avait pas dû être également heureuse
•dans son résultat, car sur le visage de la
chercheuse parut un grand trouble etj ses
investigations terminées,-«lie les recom
mença plus vives et moins discrètes.
On sait la bêtise humaine qui jamais du-
premier coup ne prend son parti d'admet
tre qu'un objet qui ne se trouve pas, puis
se être un objet perdu. . •
Par suite de l'inutilité de cette insistan
ce, l'émoi de Mlle de Lambilly s'étant con
sidérablement aocru, à une troisième ten-
. r' • ' 7 ' " . , / "i'1- S ..
tative ;çlle mit une aption si nerveiuse et si
,peu mesurée/ que da : cg farfouillement
continu, et perdant peu à peu toùfe pru
dence, arriva ce gui dçvait arriver., ;.. ,
Mme Duplessis avait lèVspmmeil .léger
et tous les sens d'une e?"quise, delicatesse.
Réveillée'en sursaut^ à la, lueur dé la veil
leuse qui éclairait imparfaitement lâ cham
bre,-elle vit devant elle' .une figure plan
che, sa leva vivement, et suivant son tem-
pératnent résolu, alla droit à l'apparition,
—^C'est, moi ! lui. dit alors Thérèse à
voix basse, n'ayez pas peur, je ne suis pas
un-fantôme. ■ -
— Mais quelle idée, fit sèchement Jean-
neton, de quitter votre lit et de courir, nu-
pieds sur ce carreau glacial ; il vous,plaît
donc vous rendre tout à fait malade? -
_ je voulais, dit Mlle de Lambilly on se
rejetant dans son lit, voir si quelque cho
se qui devait se trouver dans une des po
ches de ma robe n'en était pas par ha
sard tombé pendant le transport do ma
sotte personne. '
'—Est-ce un petit registre en- peau de
chagrin, à fermoirs d'argent ? demanda
Mme Duplessis.
— Ah ! vous l'avez ? s'écria Thérèse.
. — Non, dit Jeanneton; je l'ai ramassé...
— Eh bien ?..
— Et aussitôt remis à Monsieur votre
père. -
— Pourquoi pas à moi? fit aigrement la
jeune fille.
— Comment, à vous ? quand vous étiez
sans connaissance !
— Une chose tombe d'un endroit, on l'y
replace. .
— Pour qu'elle s'en échappe encore, dit
Mme Duplessis commençant à s'étonner
de cette sotte querelle; il me semble,
qu'entre vos mains, ou dans celle de Mon
sieur votre père, c'est tout un. • .. .
— Sans doute, dit Thérèse, en se radou
cissant . beaucoup , cependant j'aurais
mieux aimé que ce livret ne passât pas
sous ses yeux, parce que dans lés .choses
de religion nous ne nous entendons pas
toujours.
; —Les choses de religion ? répéta Mme
Duplessis avec une surprise un peu incrér
dule. - . > s
— Vous ne savez sans doute pas,, chère
.Madame, continua -Thérèse, ce que c'est
qpp le'jansénism^? ... , , ~ ;
A.n imon Dieu, dît",Jeanneton,au P,a^
■lais, on en a la- tête cassée; on ne parlé
que dé
— Etf biénl mon père aussi est contré là
Bulléj il est"janséniste, tandis qu'à Saint-
C^r on de tout autres idéès"; alors,, avec
lui, c'est, des, discussions sans fin.ét s'il
! venait' à ljrè mes réflexions il serait' dans
une colère 1 .,... .. . . , .
, — Mais, objecta Mme Duplessis', vous ne
'savie^-pas vo,tre-registre an T la possession
de Monsiédr votre pôre, ce n^est donc pas.
la crainte de cette querelle qulvoys a fait
ainsi lever aurmilieu. de la nuit. :
! Mon pèrey ou un autre, répliqua
Thérèse, c'est toujours très désagréable de
savoir aux mains du premier venu des
choses qu'on n'â écrites que pour soi.
— Des choses sur la religion, dit .fine-
rement Jeanneton, ne sauraient jamais
être bien ' compromettantes; vous n'êtes
pas fille à écrire des impiétés.
— Enfin, vous' ne voulez pas compren
dre, chère Madame, dit. Thérèse en se
contenant, qu'une jeune personne, sur
toute sorte de sujets, fait des remarques
qui, étant lues par des personnes plus
âgées, peuvent paraître très ridicules.
— Ce qui occupe surtout les jeunes filr
lés, remarqua malicieusement Mme Du;
plessis, ce sont leurs affaires de cœur; pour
vous, vous n'avez rien à cacher, vous êtes
parfaitement autorisée à aimer votre cou
sin et à le dire, puisque votre mariage est
arrangé d'enfance.
Sans qu'elle sût au juste où elle les
adressait, chacun des coups de Jeanneton
frappait droit au but, carie lecteur l'a "cer
tainement compris : ce qui mettait Thérèse
hors d'elle, c'était l'idée que le progrès de
son entraînement pour le jeune Galoppe
pourrait être révélé à son père par la lec
ture de son journal. 11 s'était trouvé sut
elle au moment de,son évanouissement x
parce qu'un instant avant, elle l'avait ainsi
dérobé aux regards da "Véronique, lors
que celle-ci était venue la surprendre dans
la cellule où elle s'était retirée., •
Se sentant aux trois quarts devinée par
sa dangereuse adversaire, Mlle do Lam-
bfllyi ejit. ,1a ' ressource:des faibles, c la du-
plicité^et, en cé sens, même avec les natu
res les plus naïves,, on sait si l'amour a
besoin . de beaucoup de *temps. pour faire :
line éducation. '
- , — Chère Madame, dit donc Thérèse d'un
?etit ton enlâpant, comment pouvez-vous
tre en même temps pour moi si bonne et
si rancuneuse ? • \
7- En.quoi rancuneuse ? dëmandà Mme
Duplessis assez étonnée. ^ "
oh ! oui, je le vois bièri, à la nianière
dont vO'us jouissez de mon -inquiétude.;
vous ne m'avez pas pardonné- notre petit !
débat sur Mme de Maintenon, et vous
m'en voulez toujours de ce que j'ai boudé
la. jolie collation que vous noua aviez
setviév r
— Comment pouvez-vous croire-, dit
Jeanneton parfaitement dupe de- ce naïf
examen de conscience, que j'aie gardé le
moindre souvenir de pareils enfantillages?
-r- Enfantillage, c'est, en effet le mot, car
je me suis conduite lit comme une vraie
pensionnaire; mais j'en ai eu bien du re
gret quand mon père m'a eu fait sentir
combien j'avais été hors de raison.
Mme Duplessis désarmait de moment
en moment.
-— Laissons cela , dit-elle affectueuse
ment, il s'agit maintenant de penser à. vo
tre chèrer santé et de dormir; le docteur
vous l'a recommandé.
— Gomment voulez-vous que je dorme
quand demain je m'attends à être tant
grondée par mon père? Je suis sûre, au
contraire, de ne pas fermer l'œil de la'
nuit. -
— Mais M. votre père n'est pas un hom
me si terrible. '
-r-11 est très sévère, sur de certaines
choses, et, s'il vient à lire ce que, d'après
Mme de Maintenon, j'ai écrit sur ses amis
de Port-Royal, il se passera bien da temps
avant qu'il me le pardonne. •
— Je suis vraiment désolée, dit Jeanne-
totf, de lui avoir remis ce registre; j'au
rais dû .le garder par devers moi pour
vous le rendre; mais qu'y faire-?
— Ah ! certainement, en vos mains je ne
m'en serais pas inquiétée, parce que mes
autres réflexions sur toute sorte de choses
'qui m'ont passé par la tête, une femme dé
votre âge, ènccire.si près du-mien, les#ù-
Taifc -certainemènt ^comprises. Mais voyons,
-voulez-vous - être tout à-fait ' bonne pour
moi? Laissez-moi -'lever,- «t peut T être par-
viendrai-je à rattraper ce vilain registre^
avant que - mon père ait' eu lè temps d'y
jeter les yeux.- -•
— Cela, je-ne le permettrai pas ; -je-suis ■
constituée votre, garde-malade $ le docteur i
vous oTdonne le-plus grand «aime «t vous
ne quitterez pas votre lit. - - : - •■■■ -î•
- —'Gomma vous -voudrez,' maison ou s al- -
Ions passer une nuit affreuse: moi à me:
'tourmenter} • vous À ne -pas dormir^pour i
me faire prendre cette tisane ; tandis qu'a
vec la' BïOindre Gonïplâisaôce tout pourrait 1
s'arranger. .:><.! " ... i
*•— Mais quelia^omplaieance?'
Vous comprenez, dit Jin«ment Thé 1 -
rèse, ne pouvant y aller moi-mêmeu. > ;!.n
—r Oh ! oui,< dit en riant Mme Duplessis,
me charger moi-même du-larciU. *
•—Reprendre quelque chose qui est-bien
^ moi,'cela f n'est pas là un vol. Oh ! es
sayez, je vous en supplie, chèr« madame,
qu'au moins je sois sûre que la bonne-Ma
dame Duplessis a enfin pardonné à la mé-
chanto élève de l'austère Mme de Mainte
non.
— Voyons! je vais tâcher, dit-Mme Du
plessis, que le souvenir d'une des rares du
retés auxquelles elle avait pu se laisser en
traîner dans sa -vie décida à la complicité
qui lui était demandée. :
Elle oi?v'rit avec précaution la porte qui
séparait les-deux chambres ; mais tout d'a
bord elle- entrevit le mal irréparable : au
lieu de dormir, comme il s'y était cepen
dant disposé - en se débarrassant de sa cra
vate et en détachant ses boucles de jarre
tières. M. deLambiliy avait en main le fatal
journal qui sans doute l'avait tenu éveillé,
et, le dos tourné à la tentative dont il était
l'objet, il lisait avec-assez d'attention pour
ne s|être aperçu de rien.
•Tout à coup, pendant que Jeanneton se
demandait si elle devait ou: non dire à
Thérèse toute la vérité, un violent- coup
de sonnette retentit dans l'appartement.
Mme Duplessis. eut l'idée du:jeune Ga-
loppe, impatient d'avoir-dës nouvelles de
la malade, et osant revenir à une heure in*
due ; inutile de dire la-façon dont elle se
-proposait de>le.recevôir.: Quant 'à M.- de
Lambilly/, aussitôt sur pied et à portée
d'6uvrirj. il n'en'fit rien -pourtant, avant
de savoir ce- que déciderait la maîtresse
de la maison. •
Celle-ci.n'avait pas-encore eu ,1e temps
d'aiyiver à la pôrte- que la. sonnette s'était
fait entendre par redoublement, do sorte
que--M.;de Lambilly..lui dit'T' : :
— A deux heures du matin , «'est- être
.'bien pt'esséb «c b ,« .. - . .
Qui est-là'? demanda Jeanneton. l'o
reille àia'porte.' :
—. —MoLdoncy ma belle!
— Mats quifvous?: ■. , v ..
' -Eh'-blen"donc, ton époux, Duplessis-
Hl'Antraguesj-Tépondit une voix avinée. >
— Je n'ouvre pas, fit vivement Jeanne-r
-ton,, ii-n^st pas'heure de me faire visite,
dans-l'état ou vous êtes - , surtout. . . <
: ' Gomment mon 'état! biais .ma char-
■mante,trépondit le' soldat , c'est l'état mit-
litaire ; ainsi ouVrez à petit mari, ou in
sensiblement je flche la porte en- dedans.
Jeanneton ne- répondit ■ pas y ; et elle
resta en placer faisant signe à'M; de Lam-
biliy. de se taire et-de ne point bouger;
Un monlent 'de calme suivit', mais bier-
-tôt après commença un tintement continu
dé la sonnette auquel des coups de poing
et voire môme d'épaule dirigés par inter*
valles'contre la'porte, formaient comme
des notes de basée.: , ?
Il était- évident ;que l'on avait affair® à
une idée fixe d'ivrogne s'étant mis dans la
tête d'àvoir accès; • .
• ©endant quelque temps, Mme Duplessis
soutint patiemment l'assaut, mais chacun
l'a éprouvé, à moins d'avoir des nerfs de
fer, nul ne résiste à l'agacement excité
-par 1 Une'sonnerie qui ne prend pas haleine.
• D'ailleurs, du mouvement commençait
à se :faire chez les voisins; des portes et
dés- fenêtres s'étaiont ouvertes et une voix
avait.crié : Queljest donc le brutal qui fait
tout.ee tapage?. • • .
Jeanneton- vit que' la scène allait tour
ner au scandale, elle prit en main de flam
beau qui éclairait la chambre; dit à M. de
Lambilly d'aller rassurer Thérèse, puis,
ouvr ant ; résolument,, .elle présenta .la lu
mière à la face de ..l'assaillant en lui di
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