Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-07-30
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 juillet 1863 30 juillet 1863
Description : 1863/07/30 (Numéro 211). 1863/07/30 (Numéro 211).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
BUREAUX A PARIS? rue de Valois (Palais^Royal); n? 40J
JEUDI 50 JUILLET 1865<
trois mois....;t;
SIX M01S...Î...Î.Ï
UN AN...Ï....V..S
roïïBfLES pats £tbangkbs , voir le tableau
" publié les 5 et 20 delichaque mois.
• ImpA. boniface , r. des Bons-EnfanB, 19.
JOURNAL POLITIQUE, LITTERMIIE^
' ■' - v- ----- '• '-f-r- I -. , ....
Le jmode d'abonnement le plus simple est l'envoi d'un bon de poste oujd'un effet
sur Paris, à l'ordre de l'administbateçr du journal, rue de Valois, n» 10.
Lu lettres ou envois d'argent non AFFBANCtijs' wftrô r«fut$si :
Les articles déposés ne sont pas^éndusi f ; v; .
TROIS M01S...;.V.T 13 FR.
SIX MOIS V 26 FR~
UN AN..... ï. . 52 FR.
UN NUMÉRO CENTIMES.'
« ■ w * * • *
ta s abonneme'ns datent des l« et 16
âe chaque mois.
r s « - • - - . • i .... •. * - \
i ; : Les A nnonces jeçu6S-.chôz M.P anis , rue NOtre-Dame-des-Victoires, n* 40
■■■■<■■ i ( • r ' {Plfttffir'de la;Bourse).
- ■■ . ■ . r——f—
• ■MMï les Actionnaires de là Société des
J&urnaux réunis , le Constitutionnel et le
Bays, sont prévenus qu'ils peuvent tou
cher, de midi à quatré heures, excepté le
dimanche et les jours fériés, à la Caisse
da Constitutionnel, vue de Valois, n° 10, à
valoir sur l'exercice de. 1863., la somme de
12 fr. 50 par action, contre le coupon n° 31..
&■ Ce paiement est indépendant de celui du
dividende de 1862 , coupon n° 30 , dont le
chiffre sera fixé par laprochaine assemblée
générale; d'ici là, MM. les actionnaires
recevront à. domicile un compte-rendu de.
la situation de la Société,
PARIS, 29 JUILLET.
Le Parlement anglais a été prorogé hier
par commission royale.: Le passage- du
Message relatif à la Pologne exprime l'es
poir que la Russie accédera aux proposi
tions formulées par les trois puissances,
et « qu' ainsi une lutte douloureuse pour
» l'humanité et dangereuse pour la tran-
» quillité de l'Europe pourra-être menée à
>! terme. » ...... " ■
Dans la courte séance à la Chambre des
communes qui a précédé la prorogation,
lord" Palmerston, ayanti- répondre à une
interpellation de M*. Ii£ÀSfiS£y, ^
qu 'il n'était pas d'avis, comme l'honorable
membre, que le gouvernement rappelât
son ambassadeur de Saint-Pétersbourg ou
qu'il refusât de reconnaître la souverai
neté de la Russie en Pologne.
■ On sait qu'un meoting en faveur des Po
lonais a eu lieu dernièrement à.Saint-Ja-
3, et que des résolutions analogues ài la
mes,
proposition de M. Hennessy y ont été
adoptées. Il 'avait décidé que ces résolu
tions seraient portées au ministre des af
faires étrangères. En conséquence, le pré^
sident du comité écrivit àu* comte Russell
pour le prier dé vouloir bien désigner le
JoUr où là députation pourrait être reçue.
Le ministre'lui a fait répondre qu'il regret
tait d'être dans la nécessité de ne pas re
cevoir la députation, sans toutefois faire
connaîtrela raison de son refus. Mais cette
raison se trouve suffisamment expliquée
par les discours qu'il a prononcés à la
Chambre des lords.
L'article à, la lois si ferme et si mesuré
àuMorning-Post, que nous avons reproduit
hier, a valu à cette feuille les plus vives at
taques de la part, du Morning-flerald, qui
lui reproche de.provoquer à la guerre tout
en se prononçant: pour' la paix. Le Post
n'en persiste pas moins dans la voie
où il s'est engagé, et le télégraphe
nous apporte l'analyse d'un nouvel article,
où ii déclare que, devant l'attitude-énergi
que de l'Autriche et son union étroite avec
la France et l'Angleterre, la Russie ne
manquerapas très probablement de céder.
Il ajoute que, si lord Palmerston a .dit hau
tement qu'on ne ferait pas la guerre pour
la Pologne, cela ne signifiait pas que les
puissances ne pussent cependant se trou
ver dans le cas, par suite des procédés de
la Russie, de lui imposer leurs demandes
par la forcé.
S'il faut en croire une feuille qui se pu
blie à Vienne sous le titre : les Dernières
Nouvelles, les notes.expédiées aux puissan
ces ne seraient pas l'œuvre exclusive du
prince Gortchakow-. Elles auraientété déli
bérées au sein du Conseil' de l'empire,, en
présence des ministres,:des membres du
Sénat et du synode. On a vu à Saint-
Pétersbourg dans cette assemblée une sor
te de Parlement préparatoire et l'on attend
d'un jour à l'autre les . ukases qui donne
ront à la Russie une représentation na
tionale. Mais ils ne faut pas, disent les
Dernières Nouvelles, concevoir à ce sujet de
trop grandes espérances. Cette représenta
tion du peuple ne sera guère qu'une ex
tension du Gonseil de l'empire, et n'aura
que voix consultative.-•Éïïîë' ne sera d'aile
leurs-composée, en grande majorité, que de
vieux généraux et d'anciens fonctionnaires.
Nous apprenons,par les derniers avis de
iNew-York, que l'ordre a été rétabli dans
cette ville. Les échecs des confédérés sont
confirmés, et le président Lincoln a or
donné un jour de prières, qu'il a fixé au
i2 août, pour remercier Dieu des dernières
victoires,
Les nouvelles de la Vera-Cruz annon-
; cent qu'un Gomité supérieur devant for
mer le pouvoir exécutif provisoire, a été
.élu et installé à Mexico. Le général FoTey
a publié un manifeste pour déclarer que
tous les individus- qui ne déposeront
pas les armes seront poursuivis. De son
côté Juarez a déclaré traîtres à la patrie
tous ceux qui se rallieront au général Fo
rey.: Cette déclaration, qui atteint la gran
de majorité de la population-mexicaine,
n'est aujourd'hui qu'une menace impuis?
santé.
Lord, Normanby vient de mourir dans sa
soixante-septième année. Il avait été am
bassadeur à Paris de 1846 à 1852.
; ft " '
TELEGRAPHIE PRIVEE
Liverpool, 28 juillet.
Le City-of-WasMngt lars,
Londres, 28 juillet.
Le marquis de Normanby est mort ce matin.
Les avis d'Amérique, venus par le City-of-
Washington, confirment la prise do Port-Hud-
son. La garnison était de 7,000 hommes. Les
fédéraux se sont emparés, dans cette place f;
de 35 pièces d'artillerie, 2U gros canons de siège
et 10,000 fusils.
Londres, 28 juillet.
Vera-Cruz, 0 juillet. — Le général Forey a
promulgué une loi sur la presse semblable à
celle qui régit la presse en France.
Une proclamation annonce qu'un comité su
périeur,a été élu; il se compose du général
Almonte, de l'archevêque de Mexico et du gé~,
néral Salas; le comité qui forme le pouvoir
exécutif provisoire, a été solennellement ins
tallé. ,
Un manifeste du général Forey dit que toit*
tes les personnes qui ne mettront pas bas les
armes seront poursuivies.
Juarez, de son côté, déclare traîtres tous
ceux qui se rallieront au général Forey.
Londres, 29 juillet.
Le Tasniantan, venant des Indes-Occidentales,
a apporté 2,573,499 dollars. .
On mande de Saijit-Tljomas, le 14 :
Le général Forey a ordonné que toutes les
marchandises en,destination 4e l'intérieur du,
Mexique fussent placées sous la protection
française. Les populations mexicaines se pro
noncent en faveur des Français.
La ville de Porto-PIata, à Saint-Domingue,
a été détruito par le feu. Deux magasins seu
lement ont été sauvés. Les pertes sont évaluées
à 500,000 dollars.
Le procès contre les conspirateurs d'Haïti est
terminé. Il y a-dix-sept condamnés à mort, y
compris Lagros, chef de la conspiration. Ce der
nier et sept autres condamnés ont été exécutés
immédiatement.
Londres, 29 juillet.
On lit dans le Mominq-Post : : .*•,
« La Russie a échoué dans son pfojét d'em
pêcher l'alliance des tïôis puissances. L'Autri
che a été,tellement froissée par la proposition
■russe de .mettre-également en discussion la
Pologne autrichienne, qu'elle est aujourd'hui
résolue'd'agir constamment d'accord avec la
France et l'Angleterre. L'Autriche, ayant pris
l'initiative des bases pouvant servir à urie con
férence, est obligée de maintenir son attitude.
Sa coopération tiède se changera en une poli
tique énergique. Si, lors de la guerre de Cri
mée, l'Autriche avait adopté une politique
identique à celle de la France et de l'Angle
terre, la Russie n'aurait pas fait la gilerro.
Quand lord Palmerston disait que l'Europe, ne
ferait pas la guerre pour la Pologne, cela ne
voulait pas dire que la conduite de là Russie
ne pût obliger les puissances à imposer à la
Russie leurs demandes par la force, #
New-York, 17 juillet.
Le général Dodge a repoussé les confédérés,
commandés par Forrest, a Bissles, près Corintli.
Le colonel Gilmore a attaqué, le U, le fort
Wagner.(ilo Morris); il avait atteint le parapet
-quand.--il a été obligé de se retirer; mais il a
pris onze, canons aux confédérés. Le colonel
prépare „iuiG".autre attaque. - '
■ Une correspondance échangée entre M. Da
vis et M. Stephens montre que la mission'de
ce dernier à Washington avait pour but do
traiter d'un nouveau cartel pour l'échange des
prisonniers et de diminuer les horreurs de la.
guerre par l'adoption des règles en usage dans
les pays civilisés.
Wool a été remplacé par Dix à New-York.
M. Sevmour et les journaux démocratiques
sont opposés à la conscription comme étant in
constitutionnelle. .
M. Lincoln a ordonné que .le 2 août fût un.
jour de prières pour remercier Dieu des vic-
■ toires éclatantes de ces jours derniers, victoi-
! res qui fournissent des raisons suffisantes pour
que la confiance dans le maintien de l'Union
et de la constitution, et dans le rétablissement
d'une paix durable, soit augmentée.
. Les canonnières fédérales ont quitté Cincin
nati pour aller s'opposer au passage de Mor-.
gan sur la rivière Ohio.
La question de la paix n'a pas été discutée
dans le cabinet ; le ministère pense que la,
continuation vigoureuse de la guerre est la:
meilleure voie pour arriver à la paix.
New-York, 18 juillet.
Lo bruit de la prise de Cliarleston est dé
menti. ' -
L'armée de Lee était hier-.à Front-Royal ; on
assure que le général confédéré se dirige sur»
Richmond.
Le Richmànd-Enquirer considère la prise do'
Wicksburg, la retraite do Bragg 1 et de Lee et,
l'attaque de Cliarleston comme de grands dé
sastres' pour la cause confédérée. ■ «..
Les avis de Cliarleston du 12 signalent la'
*98»' Ç*aq-4tatiaaeaa.'^ia>tcassés - et* -
iffuin^Q canonnières dôVarif lè fort-Suniter.
Le général confédéré Morgan a pillé la ville
de Jackson (Ohio).
La tranquillité est presque rétablie à New-
York. Les journaux républicains voient dans
ces troubles-la main des partisans du Sud. Les
journaux démocratiques n'y voient d'autre
cause que la conscription.
Berlin, 28 juillet.
La Gazette de la Oroix considère comme une
t.iclie urgente de la politique prussienne de
chercher une entente plus intime avec l'Autri
che et surtout avec l'Angleterre, la Russie seu
le n'étant pas une alliée complètement suffi
sante ni complètement sûre. La Gazette de la
Croix demande en môme temps si le représen
tant actuel de la Prusse à Londres est bien
l'homme approprié à la situation.
Varsovie, 28 juillet, H h. 20 matin.-
Officiel.—Un télégrammè de Breslau, repro
duit par les journaux de Paris, a affirmé que
les colonelsMonkhanowet Pomeranzow avaient
organisé un système de terreur dans le gou
vernement de Kaliseh et promis les terres auï
paysans-, que plusieurs châteaux aVâiëiit été
pillés et les propriétaires Prondzynski, Ibyews-f
Ici, Chrujnigowski; ainsi que Mme Rogawska,
fouettés, puis enchaînés et conduits à Varsovie.
Prondzynski a été effectivement arrêté sous
Une forte prévention d'avoir pris part
troubles ; mais on ne lui a fait subir,aucun
mauvais traitement. Tous les autres faits men
tionnés dans le télégramme ne sont que le dé
veloppement; du système de ftiensonge pour
suivi par le Czas de Cracovie.
Cracovie, 28 juillet, 8 h. soir.
Le général Chrustcheft' a demandé des ren
forts à la suite du grave échec qu'il a éprouvé
à Krasnystaw.
Les forces insurrectionnelles augmentent en
Volhynie.
Le palatmatde Lublin est, partout, sîllonnt}
pâf do patils déiacliemens polonais qui coupent
les communications et les transports, et inter
ceptent les dépêches des Russes.*
; En Podlachie, Zielanski a dispersé, le 19,
près de Yanow, deux colonnes russes. Les Rus
ses ont eu 200 hommes tués daps dette affaire*
ta perte des Polonais s'élève à 70 horrihies.
Breslau, 28 juillet, 7 h. soir., 1
On lit dans la Gazette de Breslau :
L'Indépendance (Niepodleglosc),'organe officiel
du gouvernement national polonais, traite
dans un article,de'fond les six points. Il dé
clare Ces six points tout Ô. fait insuffisfins ei
plutôt dirigés côntre la Pologne, puisqu'ils lui
accorderont bien moins encore que le congrès
de Vienne et bien moins môme que le statut
organique, cette œuvre de colère qu'avait pro
clamée Nicolas, le lendemain de la prise de
Varsovie» L'article se tefmine par là remarque
que les efforts de la diplomatie pour la Polo
gne n'ont eu jusqu'à présent d'autre effet que
la nomination de Mpurawieif et le système d'ex
termination qu'il a inauguré en réponse aux
notes des chancelleries.
Dans sa partie officiello , le .même journal
déclare que seuls les agens nommés par le
gouvernement, iiationaî ont le droit de le re
présenter à l'étranger et de parler en son nom;
je prince Czartoryski est son agent principal
à Londres et à Paris.
Lo Niepodleglow annonce que la comtesse
• treies 'menées-'de cette dame.
Turin, 28 juillet.
On mande de Messine, que, par suite denou-
velles mesures prises par le gouvernement,
un nombre considérable de réfractaires se sont
présentés spontanément aux. autorités de tou
tes les parties de la province.
• Emprunt italien, 71.10.
. Milan, 28 juillet.
Une dépêche publiée par l 'Alleanza annonce
que tous les députés hongrois, même ceux que
le gouvernement avait désignés au choix des
■électeurs, ont quitté en masse la Diète de Iler-
ïuanstadt, ■ ( llavas-Bullier.)
Voici les dépêches que nous recevons ca
soir : ,
! Cracovie, 29 juillet,
Les insurgés, ont attaqué, le 18, la garnison
russe de Bozanow (palatinat de Plock) et l'ont
complètement détruite..
L'Invalide russe constate une rencontre à Pé-
tryski, sur les confins de la Courlande. Le rap
port du colonel russe Budberg évalue les for
ces des insurgés dans cette affaires à 800 hom
mes. '
Frangot opère dans le district d'Owanca en
Volhynie.
Le comte Casimir Wadricki, député, a été ar
rêté à Lemberg.
Copenhague, 29 juillet.
Le roi de Grèce, Georges I", quittera Copenà
liague aussitôt après le règlement de la ques
tion des îles Ioniennes. Il passera par Bruxel
les, Paris et Loudres. ■•• ' - : -
lorsqu'elle sera Mjord» "
Constantinople, 27 juillet.
Nubar-Bey doit partir mercredi avec des ins
tructions dè la Porte relatives â la question du
canal de Suez.
D'après les nouvelles les plus récentes de la
Perse, Dost-Mohammed ne serait pas mort, et
Hérat serait en son pouvoir.
(Havas-Bullier,)
COURS DE LA BOURSE.
COURS DE CLOTURE, le 23
3 0/0aucompt.
—Fin du mois.
41/2 au compt.
—Fin du mois.
67.10
66.95
96. »
97.20
le 29
67. lo
67.10
96.23
n , »
hausse, baisse.
05
15
25
»
ILES IONIENNES.
I,
. Au moment où les iles îoiiîeniies sont à
la veille de faire retour à la mère-patrie,
il ne nous paraît pas hors de propos ni
sans intérêt de jeter un coup d'œil rapide
sur leur passé ; historique, sur leur sltufl-r
tion actuelle et sur les avantages tout spé
ciaux que le royaume hellénique est appfr
lé-à, retirer d'u'ne'annexibit qui aurait peut
être eu moins de prix et d'utilité, si. elle
eût élé accomplie plUs tôt et en d'autres
circonstances.
Nous ne remonterons pas jusqu'à la do
mination vénitienne; qu'il nous suffise de
rappeler què cette doniiûation fut ausiî
oppressive que préjudiciable à la prospé
rité matérielle des îles ioniennes. «Tenez
les Grecs humiliés; rognez-leur les griffes;
de l'eau et le bâton, voilà ce qui leur con
vient. « Tels étaient lés conseils que Fra
Paolo Sarpi donnait à ses compatriotes |
tel fut le régime auquel les Ioniens furent
assujettis pendant quatre siècles. Quant
aux' principes d'économie politique qui
prévalaient dans les conseils de l'adminis
tration vénitienne, on peut én juger par
ce seul trait : il était défendu de planter,
à Corfou, le raisin de Corinthe, pour ne
point diminuer le produit de Céphalonie
et de Zante; comme si, en France, on
décrétait la destruction des vignobles
de Bourgogne pour activer et accroître le
commerce des vins de Bordeaux. Cette fa
çon d'économie politique rappelle à la let
tre les doctrines médicales de la Toinétte
de Molière, conseillant à Argan de se faire
crever un œil, afin que l'autre ait plus de,
santé et plus de vigueur. C'est presque in-;
une seule imprimerie à Corfou !
11 était temps qu'une domination aussi
impolitiquemerit, aussi inhumainement
Ombrageuse, aussi étroitement égoïste, eût
un terme, ou les îles Ioniennes étaient
condamnées à une ruine irréparable.
L'occupation française , qui suivit la
chute de Venise, ouvrit une ère nouvelle
aux populations ioniennes. Aussi saluè
rent-elles le drapeau tricolore, apparais
sant parmi elles, avec des transports d'en
thousiasme et des cris d'allégresse.
Cette grande scène est décrite éloquem-
ment dans une lettre adressée par le géné
ral en chef de l'armée d'Italie au Direc
toire. Nous en extrayons ce curieux pas
sage :
« A la tète du peuple était le papa , ou
chef de la religion du pays, homme ins
truit et déjà d'un âge avancé. Il "s'appro
cha du général Gentili, et lui dit : « Fran-
» çais, vous allez trouver dans cette île un
» -peuple ignorant dans les sciences et les
» arts qui illustrent les nations ; mais ne
» le méprisez pas pour cela; il peut deve-
» nir encore ce qu'il a été; apprenez en li-
» sant ce livre à l'estimer. »
n Le général ouvrit avec curiosité le livre
rnero-. D'
il se produisit alors dans les îles Ionien-""
nés un mouvement analogue à celui qui se
produit de nos jours au Mexique, délivré
par nos armes de l'oppression de Juarez.
, Partout éclata fa môme joie et se mani
festa la même confiance en une fortune
meilleure, à Zante, à Céphalonie, à Sainte-
Maure aussi, bien qu'à Corfou. Lè peuple
ionien, rendu â lui-môme, s'organisa en
municipalités libres sous la protection de
la France. Le général Gentili écrivait au
général Bonaparte, en 1797 : « Les munici
palités sont partout établies, et, quoique
peu instruites de la marche qu'elles doi
vent tènir pour régénérer le peuple, je
n'ai pas encore eu lieu d'être mécontent
de leurs opérations ; les membres qui com
posent ce gouvernement provisoire, sont,
pour la majeure partie, bons patriotes,
et témoignent du zèle pour le bien pu
blic.
« Dans chaque municipalité, on a nom
mé des juges de paix et des comités pour
administrer la justice civile et crimi
nelle. »
Ainsi, comme lé remarque avec raison
un historien aussi exact que bien ins
truit (1), dès la première occupation des
îles Ioniennes par les Français, en 1797,
ces îles étaient dotées d'institutions libres
dont les populations n'ont, sans doute, pas
perdu la mémoire.
Ën 1739, les Russes, réunis aux Turcs,
se rendirent maîtres à leur tour des îles
Ioniennes, et une convention , signée à
Constantinople le 21 mars 1800, constitua
les Sept-Iles en une république vassale et
tribtltaife de la Porte. Le traité d'Amiens
(1801) les déclara indépendantes sous le
protectorat de la Russie ; enfin le traité de
Tilsitt les rendit à la France en 1807, qui
reprit son œuvre de civilisation, malheu
reusement interrompue pendant huit anr
néëSi
Les lies Ioniennes changèrent de face.
(1) Cet historien est M. G. Pauthier, qui vient de
nous révéler (le terme n'est pas trop fort.) cette
partie intéressante et glorieuse de notre, histoire
nationale, eri môme temps qu'il nous fait connaî
tre une des plus piir'ësS et des plus nobles physio
nomies militaires du premier Empire, le général
Donzelot. L'ouvrage de M. Pauthier abonde en
particularités curieuses et en documens inédits ;
nous ne saurions trop en recommander la lecture
à l'attention de tous ceux qui prennent intérêt aux
aflairOS de l'Orient. Il a pour titre : les Iles Ionien
nes pendant l'occvpation française, etc. B. Duprat, rue
Fontanes,7.
m
Feuilleton du Constitutionnel, 50 juillet.
EN PROVINCE
i.
— Monsieur, Monsieur! c'est une lettre
de M. Philippe.
— Eh bien 1 Jacinthe, quand ce. serait
une lettre de M, Philippe, vous pourriez,
j'imagine, me laisser rentrer chez moi. S'il
n'était pas si matin, vous ameuteriez tout
le quartier autour de la maison.
— Mais, Monsieur, puisque c'est une
lettre de M. Philippe!
— Si vous continuez, Jacinthe, à vous
tenir ainsi sur le seuil de la porte, comme
elle n'est pas assez large pour nous deux,
ou que nous sommes h nous deux trop lar
ges pour elle, vous rendrez le passage ab
solument impossible. Je voudrais bien ce
pendant me débarrasser de ma douillette
et. de mon bréviaire ! ,
Ettout en parlant ainsi, M. l'abbé du
Genestel, respectable chanoine de la cathé
drale de Coutances, écarta doucement de
la main dame Jacinthe, qui remplissait
près de lui, avec une fidélité éprouvée -de
puis bientôt trente ans, les fonctions déli
cates de gouvernante ordinaire et de cor
don bleu dans les grandes circonstances.
Une fois entré chez, lui, le chanoine, que
cette petite altercation, si bénigne qu'elle
fût, avait sans doute épuisé, se laissa lour
dement tomber dans un fauteuil profond
et confortable, évidemment fabriqué pour
lui et dans lequel s'engloutit son puissant
embonpoint; puis, à deux ou trois repri
ses, il souffla bruyamment.
— Monsieur ne lit donc pas la lettre de
M. Philippe ? reprit dame Jacinthe avec
une obstination- toute féminine, çt qui,
sans doute, eût lassé une patience moins
robuste que celle du digne abbé. Mais un
chanoine n'est pas un zouave, etM-. du
Genestel, malgré la vivacité de deux petits
yeux gris pétillant d'esprit et de malice,
semblait doué d'un calme qu'il n'était pas
au pouvoir de son impétueuse gouvernan
te de.jamais troubler.
11 croisa donc tranquillement ses deux
mains blanches et grasses,— des mains
.qui n'avaient jamais rien fait, — sur un
abdomen proéminent, et fit tourner ses
deux pouces l'un autour de l'autre avec
cette expression de béatitude qui est tout
à la fois l'indice d'une belle âme et d'un
excellent estomac.
Cette lois, Jacinthe n'osa pas revenir à
la charge, mais elle se tint debout devant
son maître, silencieuse et inquiète, tenant
à la main lalettre dont elle examinait l'en
veloppe dans tous les sens.
— Ce garçon-là vous a donc tourne la
tôte, à vous aussi ? fit l'abbé avec un léger
mouvement d'épaules.
— Dam ! le neveu de Monsieur l
— Allons! si vous voulez que je lise,
allez me chercher des lunettes ; j'ai oublie
les miennes à la sacristie.
— Jacinthe courut à la cheminée, posa
elle-môme les besicles sur le nez majes
tueux du chanoine, avec une facilité et
une assurance qui indiquaient assez l'habi-
.tude de cette fonction intime.
— Ah çà, dit le vieux prêtre en déchi
rant l'enveloppe, comment se fait-il que
vous, qui prétendez ne pas savoir lire l'é
criture, vous sachiez si bien reconnaître
les lettres de mon neveu?
— Je les reconnais aux deux bêtes du ca
chet, répondit Jacinthe, en montrant du
doigt une licoyne armée et un lion ram
pant, qui accostaient l'écusson du baron
Philippe de Saint-Wandrîlle.
—Le blason sert donc encore à quelque
chose! murmura le chanoine, tout en com
mençant une lecture que la gouvernante
suivait, pour ainsi parier, sur son visage,
cherchant à retrouver le sens de chaque
ligne dans l'expression dé la physionomie
de son maître. Tout à .coup l'œil du char
noine s'illumina; il y eut sur son' front
comme un rayonnement de plaisir, et sa
joue, naturellement rose, —je n'ai pas dit
rouge, —s'anima d'un vermillon plus vif.
Bonne nouvelle, Monsieur, bonne
nouvelle? demanda, la gouvernante dont
le silence trop prolongé ne f;î!sait pas l'af
faire ; Monsieur a l'air satisfait !
-r- Il arrive! Jacinthe, il arrive ! ! !
•—Ah! doux Jésus! A la lin, c'est bien
heureux! depùis quatre ans qu'on ne l'a
vu ! Mais, sans vous commander, Mon
sieur, quand donc arrive-t-il, et faut-illui
faire à déjeûner?
— C'est inutile; il n'est parti de Paris
qu'hier, après sa lettre; le chemin de for
s'arrête à Carentan ; il y déjeûnera chez sa
cousine, et il ne sera ici que ce soir.
— Alors je vais lui préparer la chambre
bleue (toutes les maisons de province ont
une chambre bleue), c'est celle qu'il pré
fère, parce qu'il voit de là les deux tours
de la cathédrale !
Et Jacinthe, avec une agilité que l'on
n'eût point attendue de sa lourde person
ne, s'engagea dans l'escalier tournant qui
conduisait à la chambre bleue.
— Et mon café? s'écria le chanoine;
parce que mon neveu dîne ici, faut-'il que
je me passe de déjeûner ?
—. Madeleine va le faire votre café,
Monsieur ! répondit Jacinthe avec ces al
lures indépendantes de servante-maîtresse '
que l'on finit toujours par prendre,un peu
plus ou un peu moins, quand on les a con
quises par de longues années de loyauté,
de zèle et de dévoûment chez un céliba
taire, destiné par état à être volé, trompé,
exploité ou gouverné de toutes façons—et
elle continua sa rapide ascension vers la
chambre bleue.
— Il a toujours, ensorcelé les femmes !
murmura l'abbé en hochant la tête de droi
te à gauche ; ma gouvernante comme les
autres!
Mais, tout en se parlant ainsi à lui-mê
me, le bon abbé ne laissait voir sur son vi
sage qu'une indignation fort tempérée par
l'indulgence, et il n'était pas défendu de
supposer que, sans peut-être se l'avoiier à
lui-même, il partageait un peu l'engoù-
ment de Jacinthe pour son neveu.
Pendant que la digne gouvernante ou
vre toutes grandes lés hautes fenêtres de
la chambre bleue, risquons, à notre tour,
■un coup d'aîil sur la lettre de Philippe de
Saint-Wandrillè. N'est-ce point pour cela
que le bon abbé la tient encore tout ou-'
verte entre ses doigts.
Voilà déjà bien long-temps, mon cher
oncle, écrivait Philippe, que vous m'en
gagez à vous aller voir, et voilà bien
long-temps aussi que je le désire, et que
je ne lo fais pas. C'est étrange à dire,
mais c'est encore plus vrai : peu d'hom
mes ont moins de liberté que moi. Je
s il i s emporté dans un tourbillon déplai
sirs qui sont des affaires, et d'affaires
qui ne sont pas des plaisirs. Je vis dans
un coup de vent perpétuel ; je forme mille
projets qui ne se réalisent point, et ce
que je fais est presque toujours le contrai
re de ce que je voudrais faire. Depuis qua
tre ans, je suis allé en Asie, en Afrique
et en Amérique, où rien ne m'attirait, —
et je n'ai pas eu le temps d'aller à Cou
tances où vous êtes et où mon cœur m'ap
pelle".— Dans une de vos dernières lettres,
vous me demandiez, avec votre fine rail
lerie,- si, à force de tant courir, j'avais en
fin trouvé la paix ? Est-ce que votre poè
te n'a pas dit : Il est plus facile de
changer de ciel que de changer d'âme !
Tenez, mon bon oncle, vous savez bien
devant
les dé-
que je ne voudrais pas poser
vous pour les mélancoliques et
sabuses' : je n'ai aucune vocation pour ces
rôles, d'ailleurs assez ridicules ; mais j'é
prouve en ce moment une lassitude pro
fonde , et un besoin de repos que je n'a
vais jamais ressenti. Ce repos, Paris ne
me le donnera point : il ne peut pas me
le donner. Aussi j'éprouve à lo quitter
cent fois plus de bonheur que je n'en
ressentis il y a dix ans à m'élancer
vers ce but de tous les désirs de ma jeu
nesse. Maintenant c'est le calme que je
veux, et ce calme je vais le trouver près
de vous. Vous savez que c'est toujours à
vous que je pense quand je suis un peu
triste. J'y pense souvent. J'aime beaucoup
ma sœur; mais ses quatre garçons font
trop de bruit; je préfère votre maison, où
nous ne serons que nous deux. Ma santé ,
dont vous vousinformez avec trop de sollici
tude, est toujours ce qu'il y a de meilleur
en moi. Rien njji encore pu l'entamer. Les
Sàint-WandriUeîsout bâtis à chaux et à ci-
men-t, et ce n'est pas ma poitrine qui. a be
soin du lait de mai. .<■-
Demain, je pars de Paris;_ je passerai la
nuit à Carentan, chez. Amélie, cette aima
ble coiisins que vous ayez, je crois, voulu
me faire épouser, et qui a, par ma foi ! bien
mieux fait de mettre sa petite main blan
che dans la patte un peu large de ce bra
ve gentilhomme fermier, orgueil du Co-
tentin ; il élève des chevaux à Saint-Cosme,
fait couronner des genisses à Yalognes, et
il donnera peut-être le bœuf-gras au carna
val, de 186i.Quel honneur, mon oncle, pour
tou te la famille ! 11 est bien certain qu'avec
moi, la chère enfant n'aurait pas eu ces
satisfactions ! Elle aussi, il y a quatre ans
que je ne l'ai vue, et que de choses peu
vent tenir en quatre ans! Mais assez par
lé! Il faut que je m'occupe de tout : cet
imbécile de Jean n'est môme pas capable
de faire mes malles! .■■■,■
A demain, mon oncle; à demain et à
Au contact électrique de .la France .et s-
""fëmpfrlsiôn créàtrice-du gtSnie-nap»léoni
de nouvelles et abondantes sources
prospérité jaillirent de toutes parts ; par
tout circula une vie jusqu'alors inconnue.
L'agriculture fut consolée , -par de pré
cieux encouragemens, des dédains inju-'
rieux de la noblesse vénitienne ; ello fut
affranchie des lourdes entraves qui la:
paralysaient; elle fut tirée de la honteuse
routine où elle'languissait depuis des siè
cles, et initiée par des ingénieurs français
aux méthodes modernes; en peu d'années, :
elle quintupla ses rapports.
Les fabriques et les manufactures dû
pays -que le gouvernement de Venise avait:
.: étouffées à dessein, dans l'intérêt mal en
tendu de l'industrie métropolitaine, repri -v
rent courage et se relevèrent ; et, dès 1811,'
c'est-à-dire en moins de quatre ans écou
lés depuis le retour des Français, le pré
sident du Sénat ionien, venu à Paris à la*
tête d'une députation des îles septinsulak
res, résumait ainsi, dans le compte-rendu;
qu'il, adressait au duc de Feltre, l'état do'
subite prospérité qu'avait, comme par mi
racle, improvisé la main de la France : « Il r
résulte, disait le comte Théotoki, quo Cor
fou, par suite , des - améliorations, qui se
sont introduites depuis quatre ans (1807}'
dans la" culture dé soix sol ét dans l'indus-:
tfrè de ses habitans, épargne tous les ans
une -sfômme qu'on ne peut pas estimer à;
moins de deux millions de francs qui pas
saient à l'étranger... »
Le progrès ne fut ni moins rapide ni
moins marqué dans l'ordre intellectuel et
moral. Les écoles se multiplièrent; des aca-,
démies furent fondées, et, comme c'était
surtout par l'éducation des jeunes indi
gènes que l'on pouvait transformer d'une
manière durable et dans une direction
utile les forces actives de la population,
un certain nombre de jeunes Ioniens fu
rent envoyés en France pour se former à
nos mœurs, se pénétrer de nos idées, s'ins-,
truire dans nos arts, afin de devenir dans
cette partie de l'Orient, la veille encore bar
bare, les missionnaires de là civilisation.
Et de si grandes choses, qui étonneraient
déjà au sein d'une paix profonde et assu
rée, s'accomplissaient au milieu des périls
et des alarmes de la guerre, et, pour, ainsi
dire, sous le canon des flottes anglaises,
maîtresses de l'Adriatique !
""Voilà le seul point que nous tenions à
constater aujourd'hui. G'est pour nous un
devoir; de le mettre en lumière, parce qu'il
s'est rencontré des écrivains, assez ignô-
rans de l'histoire ou assez peu soucieux de
la vérité pour oser affirmer que des insti
tutions libres étaient chose inconnue dans
les îles Ioniennes avant le protectorat bri
tannique, et que les Anglais ont été les
premiers et uniques guides des Ioniens
dans le chemin de la civilisation.
C'est là une erreur contre laquelle s'élè
vent des preuves multipliées et convain
cantes, des documens officiels, enfin le té
moignage même des populations ionien
nes. La vérité est que, pendant l'occupa
tion française, la république septinsulairô
était organisée en municipalités indépen
dantes,qu'elle nommait elle-même ses ju
ges, et que la justice était rendue con
formément aux lois du pays.
Nous ne sommes pas de ceux qui, cé
dant à des préventions passionnées, s'irri
tent sans mesure contre le protectorat
britannique et, avant tout examen et toute
discussion, déclarent sans réserve que ce
protectorat a été une calamité et un fléau
pour les îles Ioniennes. Nous croyons
sincèrement que l'influence et l'action
de l'Angleterre ont été efficaces sur ces
rivages; mais, en le reconnaissant sans
hésitation, comme l'équité le veut, nous
toujours !
Votre neveu qui vous aime comme un
ûls,
PHILIPPE PE SAINT-WANDRILLE.
L'abbé dil Genestel referma méthodique
ment cette lettre, en faisant rentrer les
plis les uns dans les autres, puis, après l'a
voir réintégrée dans l'enveloppe, il ren
versa sa tôte blanche sur le dossier de son
fauteuil,—comme pour.mieux rêver.
Quoique vieux, le chanoine n'était pas
égoïste; l'amour de Dieu n'avait point
étouffé: en lui l'amour des siens ; cet apô
tre de la charité commençait tout près de
lui l'application du doux précepte, et quoi
que son zèle embrassât tous les hommes
en général, il avait peut-être, quand il
s'agissait de sa famille, une plus ardente
étreinte. Il avait toujours aimé chèrement
son; neveu Philippe, fils unique d'une
sœur morte fort jeune, et pour laquelle il
avait eu la plus tendre affection. Long
temps il avait pris souci de l'avenir de ce
neveu, et il avail essuyé de le faire heu
reux, grâce à l'un de ces mariages comme
les prêtres seuls savent en ménager à leurs
favoris. Mais, jusqu'ici, M. de Saint-Wan-
■ drille.s'était très énergiquemont défendu,
et il n'avait pas permis à l'abbé du Genes
tel de lui passer au cou ce qu'il ap_pelait,
en riant, le fatal lacet. Le chanoine ne
voulait pa> faire le bonheur des gens mal-.
gré eux ; il respectait donc absolument la
liberté de son neveu, tout en se disant :
« Je l'attends à son premier malheur ! »
Mais ce malheur n'était point encore ar-.
rivé, ou du moins le cher onde ne l'avait*
pas su. Aussi il attendait toujours... Mais
cette fois, l'occasion lui semblait bonne
pour reprendre ses anciens et chers pro
jets.
Philippe accourait de lui-même se livrer.
Pour reconnaître, dans sa lettre les symp
tômes trop évidens d'un découragement
mélancolique, il n'était pas besoin de cette
JEUDI 50 JUILLET 1865<
trois mois....;t;
SIX M01S...Î...Î.Ï
UN AN...Ï....V..S
roïïBfLES pats £tbangkbs , voir le tableau
" publié les 5 et 20 delichaque mois.
• ImpA. boniface , r. des Bons-EnfanB, 19.
JOURNAL POLITIQUE, LITTERMIIE^
' ■' - v- ----- '• '-f-r- I -. , ....
Le jmode d'abonnement le plus simple est l'envoi d'un bon de poste oujd'un effet
sur Paris, à l'ordre de l'administbateçr du journal, rue de Valois, n» 10.
Lu lettres ou envois d'argent non AFFBANCtijs' wftrô r«fut$si :
Les articles déposés ne sont pas^éndusi f ; v; .
TROIS M01S...;.V.T 13 FR.
SIX MOIS V 26 FR~
UN AN..... ï. . 52 FR.
UN NUMÉRO CENTIMES.'
« ■ w * * • *
ta s abonneme'ns datent des l« et 16
âe chaque mois.
r s « - • - - . • i .... •. * - \
i ; : Les A nnonces jeçu6S-.chôz M.P anis , rue NOtre-Dame-des-Victoires, n* 40
■■■■<■■ i ( • r ' {Plfttffir'de la;Bourse).
- ■■ . ■ . r——f—
• ■MMï les Actionnaires de là Société des
J&urnaux réunis , le Constitutionnel et le
Bays, sont prévenus qu'ils peuvent tou
cher, de midi à quatré heures, excepté le
dimanche et les jours fériés, à la Caisse
da Constitutionnel, vue de Valois, n° 10, à
valoir sur l'exercice de. 1863., la somme de
12 fr. 50 par action, contre le coupon n° 31..
&■ Ce paiement est indépendant de celui du
dividende de 1862 , coupon n° 30 , dont le
chiffre sera fixé par laprochaine assemblée
générale; d'ici là, MM. les actionnaires
recevront à. domicile un compte-rendu de.
la situation de la Société,
PARIS, 29 JUILLET.
Le Parlement anglais a été prorogé hier
par commission royale.: Le passage- du
Message relatif à la Pologne exprime l'es
poir que la Russie accédera aux proposi
tions formulées par les trois puissances,
et « qu' ainsi une lutte douloureuse pour
» l'humanité et dangereuse pour la tran-
» quillité de l'Europe pourra-être menée à
>! terme. » ...... " ■
Dans la courte séance à la Chambre des
communes qui a précédé la prorogation,
lord" Palmerston, ayanti- répondre à une
interpellation de M*. Ii£ÀSfiS£y, ^
qu 'il n'était pas d'avis, comme l'honorable
membre, que le gouvernement rappelât
son ambassadeur de Saint-Pétersbourg ou
qu'il refusât de reconnaître la souverai
neté de la Russie en Pologne.
■ On sait qu'un meoting en faveur des Po
lonais a eu lieu dernièrement à.Saint-Ja-
3, et que des résolutions analogues ài la
mes,
proposition de M. Hennessy y ont été
adoptées. Il 'avait décidé que ces résolu
tions seraient portées au ministre des af
faires étrangères. En conséquence, le pré^
sident du comité écrivit àu* comte Russell
pour le prier dé vouloir bien désigner le
JoUr où là députation pourrait être reçue.
Le ministre'lui a fait répondre qu'il regret
tait d'être dans la nécessité de ne pas re
cevoir la députation, sans toutefois faire
connaîtrela raison de son refus. Mais cette
raison se trouve suffisamment expliquée
par les discours qu'il a prononcés à la
Chambre des lords.
L'article à, la lois si ferme et si mesuré
àuMorning-Post, que nous avons reproduit
hier, a valu à cette feuille les plus vives at
taques de la part, du Morning-flerald, qui
lui reproche de.provoquer à la guerre tout
en se prononçant: pour' la paix. Le Post
n'en persiste pas moins dans la voie
où il s'est engagé, et le télégraphe
nous apporte l'analyse d'un nouvel article,
où ii déclare que, devant l'attitude-énergi
que de l'Autriche et son union étroite avec
la France et l'Angleterre, la Russie ne
manquerapas très probablement de céder.
Il ajoute que, si lord Palmerston a .dit hau
tement qu'on ne ferait pas la guerre pour
la Pologne, cela ne signifiait pas que les
puissances ne pussent cependant se trou
ver dans le cas, par suite des procédés de
la Russie, de lui imposer leurs demandes
par la forcé.
S'il faut en croire une feuille qui se pu
blie à Vienne sous le titre : les Dernières
Nouvelles, les notes.expédiées aux puissan
ces ne seraient pas l'œuvre exclusive du
prince Gortchakow-. Elles auraientété déli
bérées au sein du Conseil' de l'empire,, en
présence des ministres,:des membres du
Sénat et du synode. On a vu à Saint-
Pétersbourg dans cette assemblée une sor
te de Parlement préparatoire et l'on attend
d'un jour à l'autre les . ukases qui donne
ront à la Russie une représentation na
tionale. Mais ils ne faut pas, disent les
Dernières Nouvelles, concevoir à ce sujet de
trop grandes espérances. Cette représenta
tion du peuple ne sera guère qu'une ex
tension du Gonseil de l'empire, et n'aura
que voix consultative.-•Éïïîë' ne sera d'aile
leurs-composée, en grande majorité, que de
vieux généraux et d'anciens fonctionnaires.
Nous apprenons,par les derniers avis de
iNew-York, que l'ordre a été rétabli dans
cette ville. Les échecs des confédérés sont
confirmés, et le président Lincoln a or
donné un jour de prières, qu'il a fixé au
i2 août, pour remercier Dieu des dernières
victoires,
Les nouvelles de la Vera-Cruz annon-
; cent qu'un Gomité supérieur devant for
mer le pouvoir exécutif provisoire, a été
.élu et installé à Mexico. Le général FoTey
a publié un manifeste pour déclarer que
tous les individus- qui ne déposeront
pas les armes seront poursuivis. De son
côté Juarez a déclaré traîtres à la patrie
tous ceux qui se rallieront au général Fo
rey.: Cette déclaration, qui atteint la gran
de majorité de la population-mexicaine,
n'est aujourd'hui qu'une menace impuis?
santé.
Lord, Normanby vient de mourir dans sa
soixante-septième année. Il avait été am
bassadeur à Paris de 1846 à 1852.
; ft " '
TELEGRAPHIE PRIVEE
Liverpool, 28 juillet.
Le City-of-WasMngt
Londres, 28 juillet.
Le marquis de Normanby est mort ce matin.
Les avis d'Amérique, venus par le City-of-
Washington, confirment la prise do Port-Hud-
son. La garnison était de 7,000 hommes. Les
fédéraux se sont emparés, dans cette place f;
de 35 pièces d'artillerie, 2U gros canons de siège
et 10,000 fusils.
Londres, 28 juillet.
Vera-Cruz, 0 juillet. — Le général Forey a
promulgué une loi sur la presse semblable à
celle qui régit la presse en France.
Une proclamation annonce qu'un comité su
périeur,a été élu; il se compose du général
Almonte, de l'archevêque de Mexico et du gé~,
néral Salas; le comité qui forme le pouvoir
exécutif provisoire, a été solennellement ins
tallé. ,
Un manifeste du général Forey dit que toit*
tes les personnes qui ne mettront pas bas les
armes seront poursuivies.
Juarez, de son côté, déclare traîtres tous
ceux qui se rallieront au général Forey.
Londres, 29 juillet.
Le Tasniantan, venant des Indes-Occidentales,
a apporté 2,573,499 dollars. .
On mande de Saijit-Tljomas, le 14 :
Le général Forey a ordonné que toutes les
marchandises en,destination 4e l'intérieur du,
Mexique fussent placées sous la protection
française. Les populations mexicaines se pro
noncent en faveur des Français.
La ville de Porto-PIata, à Saint-Domingue,
a été détruito par le feu. Deux magasins seu
lement ont été sauvés. Les pertes sont évaluées
à 500,000 dollars.
Le procès contre les conspirateurs d'Haïti est
terminé. Il y a-dix-sept condamnés à mort, y
compris Lagros, chef de la conspiration. Ce der
nier et sept autres condamnés ont été exécutés
immédiatement.
Londres, 29 juillet.
On lit dans le Mominq-Post : : .*•,
« La Russie a échoué dans son pfojét d'em
pêcher l'alliance des tïôis puissances. L'Autri
che a été,tellement froissée par la proposition
■russe de .mettre-également en discussion la
Pologne autrichienne, qu'elle est aujourd'hui
résolue'd'agir constamment d'accord avec la
France et l'Angleterre. L'Autriche, ayant pris
l'initiative des bases pouvant servir à urie con
férence, est obligée de maintenir son attitude.
Sa coopération tiède se changera en une poli
tique énergique. Si, lors de la guerre de Cri
mée, l'Autriche avait adopté une politique
identique à celle de la France et de l'Angle
terre, la Russie n'aurait pas fait la gilerro.
Quand lord Palmerston disait que l'Europe, ne
ferait pas la guerre pour la Pologne, cela ne
voulait pas dire que la conduite de là Russie
ne pût obliger les puissances à imposer à la
Russie leurs demandes par la force, #
New-York, 17 juillet.
Le général Dodge a repoussé les confédérés,
commandés par Forrest, a Bissles, près Corintli.
Le colonel Gilmore a attaqué, le U, le fort
Wagner.(ilo Morris); il avait atteint le parapet
-quand.--il a été obligé de se retirer; mais il a
pris onze, canons aux confédérés. Le colonel
prépare „iuiG".autre attaque. - '
■ Une correspondance échangée entre M. Da
vis et M. Stephens montre que la mission'de
ce dernier à Washington avait pour but do
traiter d'un nouveau cartel pour l'échange des
prisonniers et de diminuer les horreurs de la.
guerre par l'adoption des règles en usage dans
les pays civilisés.
Wool a été remplacé par Dix à New-York.
M. Sevmour et les journaux démocratiques
sont opposés à la conscription comme étant in
constitutionnelle. .
M. Lincoln a ordonné que .le 2 août fût un.
jour de prières pour remercier Dieu des vic-
■ toires éclatantes de ces jours derniers, victoi-
! res qui fournissent des raisons suffisantes pour
que la confiance dans le maintien de l'Union
et de la constitution, et dans le rétablissement
d'une paix durable, soit augmentée.
. Les canonnières fédérales ont quitté Cincin
nati pour aller s'opposer au passage de Mor-.
gan sur la rivière Ohio.
La question de la paix n'a pas été discutée
dans le cabinet ; le ministère pense que la,
continuation vigoureuse de la guerre est la:
meilleure voie pour arriver à la paix.
New-York, 18 juillet.
Lo bruit de la prise de Cliarleston est dé
menti. ' -
L'armée de Lee était hier-.à Front-Royal ; on
assure que le général confédéré se dirige sur»
Richmond.
Le Richmànd-Enquirer considère la prise do'
Wicksburg, la retraite do Bragg 1 et de Lee et,
l'attaque de Cliarleston comme de grands dé
sastres' pour la cause confédérée. ■ «..
Les avis de Cliarleston du 12 signalent la'
*98»' Ç*aq-4tatiaaeaa.'^ia>tcassés - et* -
iffuin^Q canonnières dôVarif lè fort-Suniter.
Le général confédéré Morgan a pillé la ville
de Jackson (Ohio).
La tranquillité est presque rétablie à New-
York. Les journaux républicains voient dans
ces troubles-la main des partisans du Sud. Les
journaux démocratiques n'y voient d'autre
cause que la conscription.
Berlin, 28 juillet.
La Gazette de la Oroix considère comme une
t.iclie urgente de la politique prussienne de
chercher une entente plus intime avec l'Autri
che et surtout avec l'Angleterre, la Russie seu
le n'étant pas une alliée complètement suffi
sante ni complètement sûre. La Gazette de la
Croix demande en môme temps si le représen
tant actuel de la Prusse à Londres est bien
l'homme approprié à la situation.
Varsovie, 28 juillet, H h. 20 matin.-
Officiel.—Un télégrammè de Breslau, repro
duit par les journaux de Paris, a affirmé que
les colonelsMonkhanowet Pomeranzow avaient
organisé un système de terreur dans le gou
vernement de Kaliseh et promis les terres auï
paysans-, que plusieurs châteaux aVâiëiit été
pillés et les propriétaires Prondzynski, Ibyews-f
Ici, Chrujnigowski; ainsi que Mme Rogawska,
fouettés, puis enchaînés et conduits à Varsovie.
Prondzynski a été effectivement arrêté sous
Une forte prévention d'avoir pris part
troubles ; mais on ne lui a fait subir,aucun
mauvais traitement. Tous les autres faits men
tionnés dans le télégramme ne sont que le dé
veloppement; du système de ftiensonge pour
suivi par le Czas de Cracovie.
Cracovie, 28 juillet, 8 h. soir.
Le général Chrustcheft' a demandé des ren
forts à la suite du grave échec qu'il a éprouvé
à Krasnystaw.
Les forces insurrectionnelles augmentent en
Volhynie.
Le palatmatde Lublin est, partout, sîllonnt}
pâf do patils déiacliemens polonais qui coupent
les communications et les transports, et inter
ceptent les dépêches des Russes.*
; En Podlachie, Zielanski a dispersé, le 19,
près de Yanow, deux colonnes russes. Les Rus
ses ont eu 200 hommes tués daps dette affaire*
ta perte des Polonais s'élève à 70 horrihies.
Breslau, 28 juillet, 7 h. soir., 1
On lit dans la Gazette de Breslau :
L'Indépendance (Niepodleglosc),'organe officiel
du gouvernement national polonais, traite
dans un article,de'fond les six points. Il dé
clare Ces six points tout Ô. fait insuffisfins ei
plutôt dirigés côntre la Pologne, puisqu'ils lui
accorderont bien moins encore que le congrès
de Vienne et bien moins môme que le statut
organique, cette œuvre de colère qu'avait pro
clamée Nicolas, le lendemain de la prise de
Varsovie» L'article se tefmine par là remarque
que les efforts de la diplomatie pour la Polo
gne n'ont eu jusqu'à présent d'autre effet que
la nomination de Mpurawieif et le système d'ex
termination qu'il a inauguré en réponse aux
notes des chancelleries.
Dans sa partie officiello , le .même journal
déclare que seuls les agens nommés par le
gouvernement, iiationaî ont le droit de le re
présenter à l'étranger et de parler en son nom;
je prince Czartoryski est son agent principal
à Londres et à Paris.
Lo Niepodleglow annonce que la comtesse
• treies 'menées-'de cette dame.
Turin, 28 juillet.
On mande de Messine, que, par suite denou-
velles mesures prises par le gouvernement,
un nombre considérable de réfractaires se sont
présentés spontanément aux. autorités de tou
tes les parties de la province.
• Emprunt italien, 71.10.
. Milan, 28 juillet.
Une dépêche publiée par l 'Alleanza annonce
que tous les députés hongrois, même ceux que
le gouvernement avait désignés au choix des
■électeurs, ont quitté en masse la Diète de Iler-
ïuanstadt, ■ ( llavas-Bullier.)
Voici les dépêches que nous recevons ca
soir : ,
! Cracovie, 29 juillet,
Les insurgés, ont attaqué, le 18, la garnison
russe de Bozanow (palatinat de Plock) et l'ont
complètement détruite..
L'Invalide russe constate une rencontre à Pé-
tryski, sur les confins de la Courlande. Le rap
port du colonel russe Budberg évalue les for
ces des insurgés dans cette affaires à 800 hom
mes. '
Frangot opère dans le district d'Owanca en
Volhynie.
Le comte Casimir Wadricki, député, a été ar
rêté à Lemberg.
Copenhague, 29 juillet.
Le roi de Grèce, Georges I", quittera Copenà
liague aussitôt après le règlement de la ques
tion des îles Ioniennes. Il passera par Bruxel
les, Paris et Loudres. ■•• ' - : -
lorsqu'elle sera Mjord» "
Constantinople, 27 juillet.
Nubar-Bey doit partir mercredi avec des ins
tructions dè la Porte relatives â la question du
canal de Suez.
D'après les nouvelles les plus récentes de la
Perse, Dost-Mohammed ne serait pas mort, et
Hérat serait en son pouvoir.
(Havas-Bullier,)
COURS DE LA BOURSE.
COURS DE CLOTURE, le 23
3 0/0aucompt.
—Fin du mois.
41/2 au compt.
—Fin du mois.
67.10
66.95
96. »
97.20
le 29
67. lo
67.10
96.23
n , »
hausse, baisse.
05
15
25
»
ILES IONIENNES.
I,
. Au moment où les iles îoiiîeniies sont à
la veille de faire retour à la mère-patrie,
il ne nous paraît pas hors de propos ni
sans intérêt de jeter un coup d'œil rapide
sur leur passé ; historique, sur leur sltufl-r
tion actuelle et sur les avantages tout spé
ciaux que le royaume hellénique est appfr
lé-à, retirer d'u'ne'annexibit qui aurait peut
être eu moins de prix et d'utilité, si. elle
eût élé accomplie plUs tôt et en d'autres
circonstances.
Nous ne remonterons pas jusqu'à la do
mination vénitienne; qu'il nous suffise de
rappeler què cette doniiûation fut ausiî
oppressive que préjudiciable à la prospé
rité matérielle des îles ioniennes. «Tenez
les Grecs humiliés; rognez-leur les griffes;
de l'eau et le bâton, voilà ce qui leur con
vient. « Tels étaient lés conseils que Fra
Paolo Sarpi donnait à ses compatriotes |
tel fut le régime auquel les Ioniens furent
assujettis pendant quatre siècles. Quant
aux' principes d'économie politique qui
prévalaient dans les conseils de l'adminis
tration vénitienne, on peut én juger par
ce seul trait : il était défendu de planter,
à Corfou, le raisin de Corinthe, pour ne
point diminuer le produit de Céphalonie
et de Zante; comme si, en France, on
décrétait la destruction des vignobles
de Bourgogne pour activer et accroître le
commerce des vins de Bordeaux. Cette fa
çon d'économie politique rappelle à la let
tre les doctrines médicales de la Toinétte
de Molière, conseillant à Argan de se faire
crever un œil, afin que l'autre ait plus de,
santé et plus de vigueur. C'est presque in-;
une seule imprimerie à Corfou !
11 était temps qu'une domination aussi
impolitiquemerit, aussi inhumainement
Ombrageuse, aussi étroitement égoïste, eût
un terme, ou les îles Ioniennes étaient
condamnées à une ruine irréparable.
L'occupation française , qui suivit la
chute de Venise, ouvrit une ère nouvelle
aux populations ioniennes. Aussi saluè
rent-elles le drapeau tricolore, apparais
sant parmi elles, avec des transports d'en
thousiasme et des cris d'allégresse.
Cette grande scène est décrite éloquem-
ment dans une lettre adressée par le géné
ral en chef de l'armée d'Italie au Direc
toire. Nous en extrayons ce curieux pas
sage :
« A la tète du peuple était le papa , ou
chef de la religion du pays, homme ins
truit et déjà d'un âge avancé. Il "s'appro
cha du général Gentili, et lui dit : « Fran-
» çais, vous allez trouver dans cette île un
» -peuple ignorant dans les sciences et les
» arts qui illustrent les nations ; mais ne
» le méprisez pas pour cela; il peut deve-
» nir encore ce qu'il a été; apprenez en li-
» sant ce livre à l'estimer. »
n Le général ouvrit avec curiosité le livre
rnero-. D'
il se produisit alors dans les îles Ionien-""
nés un mouvement analogue à celui qui se
produit de nos jours au Mexique, délivré
par nos armes de l'oppression de Juarez.
, Partout éclata fa môme joie et se mani
festa la même confiance en une fortune
meilleure, à Zante, à Céphalonie, à Sainte-
Maure aussi, bien qu'à Corfou. Lè peuple
ionien, rendu â lui-môme, s'organisa en
municipalités libres sous la protection de
la France. Le général Gentili écrivait au
général Bonaparte, en 1797 : « Les munici
palités sont partout établies, et, quoique
peu instruites de la marche qu'elles doi
vent tènir pour régénérer le peuple, je
n'ai pas encore eu lieu d'être mécontent
de leurs opérations ; les membres qui com
posent ce gouvernement provisoire, sont,
pour la majeure partie, bons patriotes,
et témoignent du zèle pour le bien pu
blic.
« Dans chaque municipalité, on a nom
mé des juges de paix et des comités pour
administrer la justice civile et crimi
nelle. »
Ainsi, comme lé remarque avec raison
un historien aussi exact que bien ins
truit (1), dès la première occupation des
îles Ioniennes par les Français, en 1797,
ces îles étaient dotées d'institutions libres
dont les populations n'ont, sans doute, pas
perdu la mémoire.
Ën 1739, les Russes, réunis aux Turcs,
se rendirent maîtres à leur tour des îles
Ioniennes, et une convention , signée à
Constantinople le 21 mars 1800, constitua
les Sept-Iles en une république vassale et
tribtltaife de la Porte. Le traité d'Amiens
(1801) les déclara indépendantes sous le
protectorat de la Russie ; enfin le traité de
Tilsitt les rendit à la France en 1807, qui
reprit son œuvre de civilisation, malheu
reusement interrompue pendant huit anr
néëSi
Les lies Ioniennes changèrent de face.
(1) Cet historien est M. G. Pauthier, qui vient de
nous révéler (le terme n'est pas trop fort.) cette
partie intéressante et glorieuse de notre, histoire
nationale, eri môme temps qu'il nous fait connaî
tre une des plus piir'ësS et des plus nobles physio
nomies militaires du premier Empire, le général
Donzelot. L'ouvrage de M. Pauthier abonde en
particularités curieuses et en documens inédits ;
nous ne saurions trop en recommander la lecture
à l'attention de tous ceux qui prennent intérêt aux
aflairOS de l'Orient. Il a pour titre : les Iles Ionien
nes pendant l'occvpation française, etc. B. Duprat, rue
Fontanes,7.
m
Feuilleton du Constitutionnel, 50 juillet.
EN PROVINCE
i.
— Monsieur, Monsieur! c'est une lettre
de M. Philippe.
— Eh bien 1 Jacinthe, quand ce. serait
une lettre de M, Philippe, vous pourriez,
j'imagine, me laisser rentrer chez moi. S'il
n'était pas si matin, vous ameuteriez tout
le quartier autour de la maison.
— Mais, Monsieur, puisque c'est une
lettre de M. Philippe!
— Si vous continuez, Jacinthe, à vous
tenir ainsi sur le seuil de la porte, comme
elle n'est pas assez large pour nous deux,
ou que nous sommes h nous deux trop lar
ges pour elle, vous rendrez le passage ab
solument impossible. Je voudrais bien ce
pendant me débarrasser de ma douillette
et. de mon bréviaire ! ,
Ettout en parlant ainsi, M. l'abbé du
Genestel, respectable chanoine de la cathé
drale de Coutances, écarta doucement de
la main dame Jacinthe, qui remplissait
près de lui, avec une fidélité éprouvée -de
puis bientôt trente ans, les fonctions déli
cates de gouvernante ordinaire et de cor
don bleu dans les grandes circonstances.
Une fois entré chez, lui, le chanoine, que
cette petite altercation, si bénigne qu'elle
fût, avait sans doute épuisé, se laissa lour
dement tomber dans un fauteuil profond
et confortable, évidemment fabriqué pour
lui et dans lequel s'engloutit son puissant
embonpoint; puis, à deux ou trois repri
ses, il souffla bruyamment.
— Monsieur ne lit donc pas la lettre de
M. Philippe ? reprit dame Jacinthe avec
une obstination- toute féminine, çt qui,
sans doute, eût lassé une patience moins
robuste que celle du digne abbé. Mais un
chanoine n'est pas un zouave, etM-. du
Genestel, malgré la vivacité de deux petits
yeux gris pétillant d'esprit et de malice,
semblait doué d'un calme qu'il n'était pas
au pouvoir de son impétueuse gouvernan
te de.jamais troubler.
11 croisa donc tranquillement ses deux
mains blanches et grasses,— des mains
.qui n'avaient jamais rien fait, — sur un
abdomen proéminent, et fit tourner ses
deux pouces l'un autour de l'autre avec
cette expression de béatitude qui est tout
à la fois l'indice d'une belle âme et d'un
excellent estomac.
Cette lois, Jacinthe n'osa pas revenir à
la charge, mais elle se tint debout devant
son maître, silencieuse et inquiète, tenant
à la main lalettre dont elle examinait l'en
veloppe dans tous les sens.
— Ce garçon-là vous a donc tourne la
tôte, à vous aussi ? fit l'abbé avec un léger
mouvement d'épaules.
— Dam ! le neveu de Monsieur l
— Allons! si vous voulez que je lise,
allez me chercher des lunettes ; j'ai oublie
les miennes à la sacristie.
— Jacinthe courut à la cheminée, posa
elle-môme les besicles sur le nez majes
tueux du chanoine, avec une facilité et
une assurance qui indiquaient assez l'habi-
.tude de cette fonction intime.
— Ah çà, dit le vieux prêtre en déchi
rant l'enveloppe, comment se fait-il que
vous, qui prétendez ne pas savoir lire l'é
criture, vous sachiez si bien reconnaître
les lettres de mon neveu?
— Je les reconnais aux deux bêtes du ca
chet, répondit Jacinthe, en montrant du
doigt une licoyne armée et un lion ram
pant, qui accostaient l'écusson du baron
Philippe de Saint-Wandrîlle.
—Le blason sert donc encore à quelque
chose! murmura le chanoine, tout en com
mençant une lecture que la gouvernante
suivait, pour ainsi parier, sur son visage,
cherchant à retrouver le sens de chaque
ligne dans l'expression dé la physionomie
de son maître. Tout à .coup l'œil du char
noine s'illumina; il y eut sur son' front
comme un rayonnement de plaisir, et sa
joue, naturellement rose, —je n'ai pas dit
rouge, —s'anima d'un vermillon plus vif.
Bonne nouvelle, Monsieur, bonne
nouvelle? demanda, la gouvernante dont
le silence trop prolongé ne f;î!sait pas l'af
faire ; Monsieur a l'air satisfait !
-r- Il arrive! Jacinthe, il arrive ! ! !
•—Ah! doux Jésus! A la lin, c'est bien
heureux! depùis quatre ans qu'on ne l'a
vu ! Mais, sans vous commander, Mon
sieur, quand donc arrive-t-il, et faut-illui
faire à déjeûner?
— C'est inutile; il n'est parti de Paris
qu'hier, après sa lettre; le chemin de for
s'arrête à Carentan ; il y déjeûnera chez sa
cousine, et il ne sera ici que ce soir.
— Alors je vais lui préparer la chambre
bleue (toutes les maisons de province ont
une chambre bleue), c'est celle qu'il pré
fère, parce qu'il voit de là les deux tours
de la cathédrale !
Et Jacinthe, avec une agilité que l'on
n'eût point attendue de sa lourde person
ne, s'engagea dans l'escalier tournant qui
conduisait à la chambre bleue.
— Et mon café? s'écria le chanoine;
parce que mon neveu dîne ici, faut-'il que
je me passe de déjeûner ?
—. Madeleine va le faire votre café,
Monsieur ! répondit Jacinthe avec ces al
lures indépendantes de servante-maîtresse '
que l'on finit toujours par prendre,un peu
plus ou un peu moins, quand on les a con
quises par de longues années de loyauté,
de zèle et de dévoûment chez un céliba
taire, destiné par état à être volé, trompé,
exploité ou gouverné de toutes façons—et
elle continua sa rapide ascension vers la
chambre bleue.
— Il a toujours, ensorcelé les femmes !
murmura l'abbé en hochant la tête de droi
te à gauche ; ma gouvernante comme les
autres!
Mais, tout en se parlant ainsi à lui-mê
me, le bon abbé ne laissait voir sur son vi
sage qu'une indignation fort tempérée par
l'indulgence, et il n'était pas défendu de
supposer que, sans peut-être se l'avoiier à
lui-même, il partageait un peu l'engoù-
ment de Jacinthe pour son neveu.
Pendant que la digne gouvernante ou
vre toutes grandes lés hautes fenêtres de
la chambre bleue, risquons, à notre tour,
■un coup d'aîil sur la lettre de Philippe de
Saint-Wandrillè. N'est-ce point pour cela
que le bon abbé la tient encore tout ou-'
verte entre ses doigts.
Voilà déjà bien long-temps, mon cher
oncle, écrivait Philippe, que vous m'en
gagez à vous aller voir, et voilà bien
long-temps aussi que je le désire, et que
je ne lo fais pas. C'est étrange à dire,
mais c'est encore plus vrai : peu d'hom
mes ont moins de liberté que moi. Je
s il i s emporté dans un tourbillon déplai
sirs qui sont des affaires, et d'affaires
qui ne sont pas des plaisirs. Je vis dans
un coup de vent perpétuel ; je forme mille
projets qui ne se réalisent point, et ce
que je fais est presque toujours le contrai
re de ce que je voudrais faire. Depuis qua
tre ans, je suis allé en Asie, en Afrique
et en Amérique, où rien ne m'attirait, —
et je n'ai pas eu le temps d'aller à Cou
tances où vous êtes et où mon cœur m'ap
pelle".— Dans une de vos dernières lettres,
vous me demandiez, avec votre fine rail
lerie,- si, à force de tant courir, j'avais en
fin trouvé la paix ? Est-ce que votre poè
te n'a pas dit : Il est plus facile de
changer de ciel que de changer d'âme !
Tenez, mon bon oncle, vous savez bien
devant
les dé-
que je ne voudrais pas poser
vous pour les mélancoliques et
sabuses' : je n'ai aucune vocation pour ces
rôles, d'ailleurs assez ridicules ; mais j'é
prouve en ce moment une lassitude pro
fonde , et un besoin de repos que je n'a
vais jamais ressenti. Ce repos, Paris ne
me le donnera point : il ne peut pas me
le donner. Aussi j'éprouve à lo quitter
cent fois plus de bonheur que je n'en
ressentis il y a dix ans à m'élancer
vers ce but de tous les désirs de ma jeu
nesse. Maintenant c'est le calme que je
veux, et ce calme je vais le trouver près
de vous. Vous savez que c'est toujours à
vous que je pense quand je suis un peu
triste. J'y pense souvent. J'aime beaucoup
ma sœur; mais ses quatre garçons font
trop de bruit; je préfère votre maison, où
nous ne serons que nous deux. Ma santé ,
dont vous vousinformez avec trop de sollici
tude, est toujours ce qu'il y a de meilleur
en moi. Rien njji encore pu l'entamer. Les
Sàint-WandriUeîsout bâtis à chaux et à ci-
men-t, et ce n'est pas ma poitrine qui. a be
soin du lait de mai. .<■-
Demain, je pars de Paris;_ je passerai la
nuit à Carentan, chez. Amélie, cette aima
ble coiisins que vous ayez, je crois, voulu
me faire épouser, et qui a, par ma foi ! bien
mieux fait de mettre sa petite main blan
che dans la patte un peu large de ce bra
ve gentilhomme fermier, orgueil du Co-
tentin ; il élève des chevaux à Saint-Cosme,
fait couronner des genisses à Yalognes, et
il donnera peut-être le bœuf-gras au carna
val, de 186i.Quel honneur, mon oncle, pour
tou te la famille ! 11 est bien certain qu'avec
moi, la chère enfant n'aurait pas eu ces
satisfactions ! Elle aussi, il y a quatre ans
que je ne l'ai vue, et que de choses peu
vent tenir en quatre ans! Mais assez par
lé! Il faut que je m'occupe de tout : cet
imbécile de Jean n'est môme pas capable
de faire mes malles! .■■■,■
A demain, mon oncle; à demain et à
Au contact électrique de .la France .et s-
""fëmpfrlsiôn créàtrice-du gtSnie-nap»léoni
de nouvelles et abondantes sources
prospérité jaillirent de toutes parts ; par
tout circula une vie jusqu'alors inconnue.
L'agriculture fut consolée , -par de pré
cieux encouragemens, des dédains inju-'
rieux de la noblesse vénitienne ; ello fut
affranchie des lourdes entraves qui la:
paralysaient; elle fut tirée de la honteuse
routine où elle'languissait depuis des siè
cles, et initiée par des ingénieurs français
aux méthodes modernes; en peu d'années, :
elle quintupla ses rapports.
Les fabriques et les manufactures dû
pays -que le gouvernement de Venise avait:
.: étouffées à dessein, dans l'intérêt mal en
tendu de l'industrie métropolitaine, repri -v
rent courage et se relevèrent ; et, dès 1811,'
c'est-à-dire en moins de quatre ans écou
lés depuis le retour des Français, le pré
sident du Sénat ionien, venu à Paris à la*
tête d'une députation des îles septinsulak
res, résumait ainsi, dans le compte-rendu;
qu'il, adressait au duc de Feltre, l'état do'
subite prospérité qu'avait, comme par mi
racle, improvisé la main de la France : « Il r
résulte, disait le comte Théotoki, quo Cor
fou, par suite , des - améliorations, qui se
sont introduites depuis quatre ans (1807}'
dans la" culture dé soix sol ét dans l'indus-:
tfrè de ses habitans, épargne tous les ans
une -sfômme qu'on ne peut pas estimer à;
moins de deux millions de francs qui pas
saient à l'étranger... »
Le progrès ne fut ni moins rapide ni
moins marqué dans l'ordre intellectuel et
moral. Les écoles se multiplièrent; des aca-,
démies furent fondées, et, comme c'était
surtout par l'éducation des jeunes indi
gènes que l'on pouvait transformer d'une
manière durable et dans une direction
utile les forces actives de la population,
un certain nombre de jeunes Ioniens fu
rent envoyés en France pour se former à
nos mœurs, se pénétrer de nos idées, s'ins-,
truire dans nos arts, afin de devenir dans
cette partie de l'Orient, la veille encore bar
bare, les missionnaires de là civilisation.
Et de si grandes choses, qui étonneraient
déjà au sein d'une paix profonde et assu
rée, s'accomplissaient au milieu des périls
et des alarmes de la guerre, et, pour, ainsi
dire, sous le canon des flottes anglaises,
maîtresses de l'Adriatique !
""Voilà le seul point que nous tenions à
constater aujourd'hui. G'est pour nous un
devoir; de le mettre en lumière, parce qu'il
s'est rencontré des écrivains, assez ignô-
rans de l'histoire ou assez peu soucieux de
la vérité pour oser affirmer que des insti
tutions libres étaient chose inconnue dans
les îles Ioniennes avant le protectorat bri
tannique, et que les Anglais ont été les
premiers et uniques guides des Ioniens
dans le chemin de la civilisation.
C'est là une erreur contre laquelle s'élè
vent des preuves multipliées et convain
cantes, des documens officiels, enfin le té
moignage même des populations ionien
nes. La vérité est que, pendant l'occupa
tion française, la république septinsulairô
était organisée en municipalités indépen
dantes,qu'elle nommait elle-même ses ju
ges, et que la justice était rendue con
formément aux lois du pays.
Nous ne sommes pas de ceux qui, cé
dant à des préventions passionnées, s'irri
tent sans mesure contre le protectorat
britannique et, avant tout examen et toute
discussion, déclarent sans réserve que ce
protectorat a été une calamité et un fléau
pour les îles Ioniennes. Nous croyons
sincèrement que l'influence et l'action
de l'Angleterre ont été efficaces sur ces
rivages; mais, en le reconnaissant sans
hésitation, comme l'équité le veut, nous
toujours !
Votre neveu qui vous aime comme un
ûls,
PHILIPPE PE SAINT-WANDRILLE.
L'abbé dil Genestel referma méthodique
ment cette lettre, en faisant rentrer les
plis les uns dans les autres, puis, après l'a
voir réintégrée dans l'enveloppe, il ren
versa sa tôte blanche sur le dossier de son
fauteuil,—comme pour.mieux rêver.
Quoique vieux, le chanoine n'était pas
égoïste; l'amour de Dieu n'avait point
étouffé: en lui l'amour des siens ; cet apô
tre de la charité commençait tout près de
lui l'application du doux précepte, et quoi
que son zèle embrassât tous les hommes
en général, il avait peut-être, quand il
s'agissait de sa famille, une plus ardente
étreinte. Il avait toujours aimé chèrement
son; neveu Philippe, fils unique d'une
sœur morte fort jeune, et pour laquelle il
avait eu la plus tendre affection. Long
temps il avait pris souci de l'avenir de ce
neveu, et il avail essuyé de le faire heu
reux, grâce à l'un de ces mariages comme
les prêtres seuls savent en ménager à leurs
favoris. Mais, jusqu'ici, M. de Saint-Wan-
■ drille.s'était très énergiquemont défendu,
et il n'avait pas permis à l'abbé du Genes
tel de lui passer au cou ce qu'il ap_pelait,
en riant, le fatal lacet. Le chanoine ne
voulait pa> faire le bonheur des gens mal-.
gré eux ; il respectait donc absolument la
liberté de son neveu, tout en se disant :
« Je l'attends à son premier malheur ! »
Mais ce malheur n'était point encore ar-.
rivé, ou du moins le cher onde ne l'avait*
pas su. Aussi il attendait toujours... Mais
cette fois, l'occasion lui semblait bonne
pour reprendre ses anciens et chers pro
jets.
Philippe accourait de lui-même se livrer.
Pour reconnaître, dans sa lettre les symp
tômes trop évidens d'un découragement
mélancolique, il n'était pas besoin de cette
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