Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-05-11
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 11 mai 1861 11 mai 1861
Description : 1861/05/11 (Numéro 131). 1861/05/11 (Numéro 131).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
46 AMWÈE.—N. 151.
ABONNEMENS DES DÉPARTEMËNS.
TROIS MOIS.Ï..Ç....T: 16 FR.
SIX MOIS. . .. 32 FR.
ON AN....7.......;r;s 64 FR.
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tapi. L. BONIFACK, r. des Bons-Enfans, 19.
BUREAUX A PARIS : rue de Valois (Palais-Royal), n* 10.
B
yrOUBNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
SAMEDI 11 MAI 1861.
ABONNEMENS DE PARIS.
trois mois..'13 fr:
six Mois.Tssg.Tîïr;? 26 fr.*
UN AN.,-;?rî^rrî777571; 82. FR.'
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rué Notre-Damo-des-Victolres, n* 40 (place de la Bourse), IJ
PARIS, 10 MAI.
Les journaux allemands contiennent au
jourd'hui divers projets de transaction
entre l'Autriche et la Hongrie; ces projets
conçus dans les meilleures intentions di
monde, n'ont malheureusement aucune
authenticité ; et cependant il suffit de leur
simple énoncé pour exciter là colère des
feuilles dévouées à l'idée de l'unité impé
rialPÏ
L'Ost-Deutsche-Post indiquait, d'après
une correspondance de Pesth, une combi
naison aux termes de laquelle les diètes
des diverses provinces de la monarchie
enverraient des députés à un comité de
l'empire, qui aurait à fixer le budget
et à assigner à chacuna de ces provin
ces sa quote-part. Il y aurait un comi
té analogue pour l'administration mili
taire et pour le commerce ; un ministre
hongrois, résidant à Vienne, serait l'in
termédiaire du roi et de la nation, et re
présenterait la Hongrie dans le ministère
autrichien; enfin la Hongrie aurait un mi
nistère national et responsable.
Ce projet, qui reste bien en deçà des
prétentions hongroises, a mis la Gazette du
Danube dans une, véritable fureur. « Si
» l'Autriche, s'écrie-t-elle, pouvait jamais
» accéder à une combinaison aussi mons-
» trueuse, les conséquences en seraient
» que les deux moitiés de l'empire, bien-
» tôt-lasses de relations aussi stériles, fini-
» raient par se tourner le dos. » La Gazette
du Danube ajoute que cette dangereuse
proposition renferme un af pel insidieux à
des tendances fédéralistes et vise à aug
menter l'importance des diètes provincia
les au détriment du conseil de l'empire,
- et elle Unit par en appeler à la vigilance
des amis de l'unité, ainsi que de la liberté
de l'empire. .
' Lesjournàuxde Madrid annoncent, d'une
manière formelle, que l'esclavage ne sera
pas introduit dans l'ancienne république
■ Dominicaine, et qu'elle sera régie par les
lois en vigueur dans les Antilles espa-
: gnoles.
Dans la Chambre des Communes, lord
Palmerston, en réponse à une question qui
lui était faite sur là. situation du commerce
avec l 'Amérique, et spécialement des co
tons, a déclaré qu'il n'y avait pas lieu de
concevoir des inquiétudes à cet égard.
Le cabinet a déclaré, en réponse à une
autre interpellation, que les sujets de
S. M. B. ne devaient prendre aucune part
au,conflit engagé entra le Nord èt le Sud
de l'Amérique, suivant la règle accoutu
mée qui. leur interdit de devenir belligé-
rans contre une puissance avec laquelle
l'Angleterre entretient des rapports d'a
mitié.
Auguste V ITU.
TÉLEGRAPHSE PRIVEE.
Tienne, 10 mai.
Demain commence la discussion de l'adresse
dans la Chambre des Députés.
Vienne, 10 mai.
Tous les Vénitiens qui ont été nommés dé
putés au Reichsrath ont refusé, parce qu'ils
ne sauraient reconnaître l'expression de l'opi
nion du pays dans les élections faites par
quelques communes seulement.
• : ; . ,< • Turin, 10 mai.
Dans un article relatif a la reconnaissance
du royaume d Italie. 1 Opmtone, signalant la
protestation de M. Meyer, ancien consul nar
politain à Bordeaux, énumèra les raisons
qui, ont empêche jusqu ici la. France de re
connaître le nouveau royaume d'une ma
nière officielle: Toutefois, ie même journal
dit qu'une adhésion morale se suffit pos,
et il croit que le temps ett venu où la France
acceptera explicitement 'et officiellement, le
nouvel ordre de choses. « Cette mesure, dit-il,
ôterai't tout prétexta aux ennemis du royaume
d'Italie qui en combattent, aujourd'hui la re-
c&imàissance, et les ennemis do la France ne
pourraient plus dire que sa politique est équi
voque. »
5 0/0 piémontais, 73.70 à 73.75.
Marseillej 10 mai.
LiJournal officiel (1> j N.iplc.», en date du 7,
annonce qu'une bande d'Insurgés venant des
Etats Romains; a été dispersée ou fusillée à
MontiCelli. Une lettre ajouta qu'une collision
a éclaté dans la ville de Fondi entre les réac
tionnaires et les Piémontais. Les premiers se
g ont réfugiés dans les montagnes; trois, briga
des ont été dirigées de Naples e.t de Gaëte sur
les provinces de Fondi et.d'Aquila. L'armée
serait portée à cinquante raille hommes pour
en finir avec l'insurrection.
On écrit de Rome que le prince Clitai^ non
ce du Saint Siège à Munich, serait nommé à
Paris. On l'aurait déjà agréé. Le tirage de la
loterie pontificale était fixé au 9 mai. Des trou
pes françaises et pontificalus ont répousfé des
réfugiés napolitains revenant dans lés Abruz-
zes, sous le commandement de Chiavone; mais
ils ont pénétré vers Fondi.
Madrid, 9 mai.
La Correspondencia assure que l'Espagne n'a
vait aucun engagement préalable pour l'an
nexion ; de la république Dominicaine. L'escla
vage n'y sera pas introduit. Les lois qui régis
sent les Antilles régiront cette colonie.
- CEavas-Bullier.)
COURS DE LA BOURSE.
COCAS DE CLOTURE. le 8 le iO HAUSSE. BAISSE
3 0/0aHCompt. 69 2.Ï 69 35 » 1Q » »
—Fin du mois. 69 20 69 35- » 13 » »
41/2 au compt. 96.25 96 10 » » » 15
—Fin du mois. 96 30 96 20 » » » 10
LE BUDGET DE 1862.
v;
Nous avons suivi la marche des services
civils, de 1847 à 1862. Les services géné
raux de la défense du pays, marine et
guerre, présentent des accroissemens re
lativement plus forts, sans qu'on puisse
cependant les considérer comme exagé
rés, eu égard aux nécessités impérieuses
auxquelles il a fallu pourvoir et dont nous
indiquerons tout-à-l'heure la nature.
Comparons d'abord les chiffres prévus
pour 1847 et pour 1862.
En 1847, homm. chev.
L'effectif fixé à 339 765 81 670
eoûtait fr 32S 603.957
Sa 1862....; 400.000 85.705 ; 372.972.421
Eu plus.......'T.. 60 235 4.035 47.368 464
A déduire pour les trois nouveaux
départemens .. 8C4.231
Reste.../.... 46.S64.233
Cette augmentation tient à des casses
dont quelques-unes ont un caractère' poli
tique et affectent la sûreté générale de
l'Empire et l'organisation de l'armée : tel
les que l'élévation du . chiffre de l'effectif
général et eu particulier celui de l'artille
rie et du train des équipages, par suite de
la réorganisation de ces deux corps, et la
présence des jeunes soldats de la deuxième
portion du contingent dans les dépôts
d'instruction. Les autres causes de l'aug
mentation signalée sont tout à fait indépen
dantes de la volonté du gouvernement et
correspondent àdes nécessités qu'il a subies
sans pouvoir les modifier; ainsi le supplé
ment de 3 cent,, attribué depuis 1857 à l'or-
dinairerdes troupes à raison de l'élévation
croissante du prix des denrées alimentai
res, après avoir été long-temps l'objet* de
crédits extraordinaires renouvelés chaque
année, a pris forcément place dans les dé
penses permanentes du budget; l'aug
mentation permanente du prix des four
rages, des étoffes propres à la confection
des effets d'habillement, etc., a produit
une élévation correspendante dans le bud
get de la guerre et de la marine.
Le budget de la marine et des celonies
présente les points de comparaison sui-
vans :
Marine. Colonies. Total
1862.... 126.015.419 23.322.400 149.337.819
1847.... 103.820.914 22.382.740 126.203.654
En plus.. 22.194.SOS 939.660 23.134.165
Si l'on se rappelle que le budget du ma
tériel de la marine est établi, depuis le 1» T
janvier 1857, de manière à comprendra
une somme de 16 ou 17 n? illions par an
en accroissement de valeur pour la flotte
et les ports, on voit que. l'augmentation
réelle du budget de la marine ne dépasse
pas 6 millions, y compris 1 million pour
les colonies, malgré l'accroissement de no
tre effectif maritime. Ces chiffres prouvent
qu'une sévère,économie préside à l'admi
nistration de cette partie si importante de
notre puissance nationale.
Prises en bloc, la guerre, la marine et les
colonies présentent, relativement aux pré
visions du budget de 1847, une augmenta-'
tion de 69.700,000 fr. Nous n'insisterons
pas sur les considérations sommaires que
nous avons déjà fait valoir pour expliquer
la plus grande partie de cet accroissement
de nos dépenses. En pareille matière-la
question des finances s'efface, pour ainsi
dire, derrière une question de patriotis
me et d'honneur. Le fait est que la Fran
ce a été, en ces dix années, replacée au
premier rang d?s nations, et que le gou
vernement impérial, sans exagérer les
forces militaires et maritimes du pays,
l'a mis à la hauteur de son rôle et
de ses destinées. L'armée et la flotte,
plus nombreuses, mieux payées, mieux
nourries, mieux vêtues, mieux apprç-
visionnées, sont l'armée et la flotte de
l'Aima, d'inkermann, de Traktir, de Sé-
bastopol, de Bomarsund, de Kinbuxn,
de Magenta, de Solferino, du Peïho et de
Pékin. Ne regrettons pas une augmenta
tion de 70 millions pour elles. C'est bien
peu d'argent pour tant de gloire.
Un seul mot encore, sans aucune ré
flexion: l'armée et la marine réunies sont
inscrites au budget de 1862 pour 539 mil
lions, y compris les 17 millions du gou
vernement général de l'Algérie; ces mê
mes services ont coûté 569 millions en
1848. .
Arrivons à la dette publique. Le chiffre
total de la dette inscrite et de la do
tation de l'amortissement, S'élève, pour
1862, à fr, - 4S9.550.923"
Ce même total était pour
1847 de fr. 288.325.017
D'où ressort une augmen
tation apparente de fr. 171.225.906
Mais, en déduisant du
ichiifre de 459.550.923
1° Le» rentes
appartenant à la
caisse d'amortis
sement » 43.332.881^
2° Lu,dotation ( ,
annuelle de l'a- ( 142.928.909
imortissement... 99.596.028; —
Il reste comme renfes actives,
c'est-à-dire dues à des tiers, fr. 316.622.014
i En 1847, les rentes inscrites
's'élevaient à fr.. 239.438.4S2
A déduire les
rentes apparte
nant à la caisse
d'amortissement- 61.390.115
Restait comme —
dettes actives : 175.048,337 175.048.337
Augmentation en 1862, fr... 141.573.677 ,
Cette somme de 141,573,677 fr. repré
sente l'augmentation réelle de la dette pu
blique depuis 1847, car, ainsi que l'a très
justement fait remarquer M. Casimir Pé-
rier dans un récent écrit, les dettes actives,
c'est-à-dire celles que l'État doit à des tiers,
constituent seules la véritable dette de
l'Etat.
Au 1" mars 185.2, les rentes actives s'é
levaient à frs 230.768.863
Elles' notaient au 1 er
mars 1848 que de 176.845.367
; L'augmentation de 1848
à 1852, sous le gouverne
ment de la république, a
donc été de 53.923.496
Si de l'augmentation des rentes actives
de 1847 à 1862, soit fr. 141.573.677
On retranche l'augmen
tation produite, de 1847 à
1852 - S3.923.496
Il reste une somme, an-:
nuelle de rentes dé 87.650.181
Cette somme de 87,650,181 fr. de rente
annuelle représente la' dette créée par le
gouvernement impérial^ et se compose des
intérêts du capital de 2 milliards successi
vement emprunté pour la guerre de Cri
mée et la guerre d'Italie, plus des rentes
inscrites pour consolidation des réserves
de la caisse de dotation de l'armée et pour
quelques autres: ressources spéciales très
restreintes.
; 11 nous paraît inutile de discuter cette
augmentation. Ici encore, la question n'est
pas financière; elle est purement politi
que, et se. réduit à savoir si 1© gouverne-
rut,rit. impérial a eu tort en 1854 de défen
dre l'équilibre européen -rnenàcé par* la
prépondérance de la Russie en Orient, en
4859 de défendre l'influence française me
nacée par la prépondérance de l'Autriche
en Italie. Mais cette question n'en est plus
une : car le pays a manifesté sous toutes
les formes son entière adhésion à cette
politique hardie et prévoyante.
Pour ne rien omettre, il faut citer les
trois autres sections de la dette publique.
Et voici le tableau comparatif :
1847. 1862.
-^Emprunts spéciaux
pour canaux et trav.
divers... 9.957.790 9.486.726
Intérêts de capitaux
remboursables à divers
titres (dette flottante,
etc.) 25.000.000 37.059.832
Dette viagère (pen
sions militaires et ci
viles, etc.) 55.172.816 72.767.981
90.130.612 119.314.539
Mais il est facile de reconnaître, par l'exa
men des deux budgets^ que déduction, faite
sur la section de la dette viagère montant
pour 1862 à 72.767.981
des recettes d'ordre appli
cables aux pensions militai-
taires et civiles 15.177.000
Il ne reste pour cotte
section qu'une somme dë 57.590.981
sensiblement égale à celle qui était por
tée pour le même objet au budget de 1847.
Cette égalité finale, à 2 millions près,
s'explique en ce que les pensions civiles,
qui étaient autrefois servies par des caisses
particulières, figurent maintenant au bud
get général, auquel elles ont apporté en
même temps des xegsources correspon
dantes. Il faut donc, du total des trois
sections ci-dessus de la dette publique,
montant à fr. 119.314.539
Déduire l'es recettes d'ordre ;
soit, fr. 15.177.000
Et il reste une somme de fr. 104.137.539
Les services correspondans
coûtaient en 1847, fr. 90.130.612
Et l'augmentation pourl862
ressort à 14.006.927
Cette augmentation appartient pour 2
millions environ aux pensions, pour 6
millions au service des intérêts de la dette
flottante,pour5 millions au service des in
térêts du prêt de 75 millions fait parla
Banquede France, pour 800,000 fr. au ser
vice des intérêts des cautionnemehs et
pour 200,000 fr. au rachat des péages du
Sund et des Belts. :
Enfin, la deuxième partie du budget des
finances, comprenant la dotation et les dé
penses des grands pouvoirs, comporte une
augmentation de 29 millions, résultant de
dispositions constitutionnelles et placées,
par conséquent, hors du cercle de la dis
cussion. Dans cette somme est compris
un supplément de près de 8 millions à la
dotation de la Légion-d'Honneur.
Ainsi, sans prétendre établir une synthè-
serigoureuse que ne comportent pas les élé-
mens très complexés dont nous nous som
mes servis pour des comparaisons spécia
les, on peut estimer que les augmenta
tions relatives de 1862 sur 1847 se résu
ment ainsi :
Services civils, en nombres
ronds 25 millions.
Guerre et marine 69.5
Dette publique 141.5
Dette flottante et viagère 14 »
Dotations, etc. 29 »
279 millions.
Ce chiffre, pris en bloc, dépasse d'envi
ron 37 millions le chiffre rond de 242 mil
lions que nous avons déduit de nos com
paraisons générales comme représentant
le véritable accroissement dés dépenses
publiques comparativement à 1847. Ce dé
saccord provient d'un fait très simple :
efest qu'il nous était absolument impos
sible, dans les comparaisons de détail, de
faire abstraction des dépenses d'ordre, à
moins de rendre notre travail encore plus
aride par des calculs justificatifs multi
pliés et minutieux. Ainsi pour ne citer
qu'un exemple, nous avons comparé pure
ment et simplement le budget de l'instruc-
fion publique de 1862 avec- le même bud
get pour 1847 et nous avons trouvé qu'il
présentait une augmentation de 4,341,000
francs. Si nous avions tenu compte des
dépenses d'ordre, nous aurions dû faire
remarquer que les dépenses de l'instruc
tion primaire sur ressources spéciales
•comprises pour ordre dans le budget de
1862, et s'élevantàfr. 6,210.000
N'étaient comprises au budget
de 1847 que pour 4.815.500
Différence fr. 1.394.500
dont nous aurions dû dégrever le budget'
de 1862, ce qui eût fait descendre de
4,341,000 à 2,946,500 -fr. l'augmentatio»
du budget de l'instruction publique, com
parativement à 1847. Mais comme ce tra
vail de déduction eût été nécessaire non-
seulement pour chaque budget particulier,
mais encore pour chaque chapitre, il était
évidemment impraticable dans le cadre
d'un ^journal. Ajoutons que les dépenses
d'ordre ne sont pas toujours faciles à discer
ner, du moins quant aux détails, dans les
budgets antérieurs au budget de 1853, et
c'était là une difficulté sans remède.
D'ailleurs , nbus croyons avoir pénétré
assez profondément au cœur de notre édi
fice financier pour en donner une idée
nette et conforme à là vérité des choses.
Si l'on nous a suivis avec quelque atten
tion , on sera convaincu , nous l'espé
rons , que les finances de l'Empire ne
méritent aucune des critiques amères et
passionnées dont elles ont été tout récem
ment l'objet.L'augmentation du chiffre de
la population, tant par des causés naturel
les que par l'heureuse et pacifique exten
sion du territoire national, l'accroissement
normal du revenu public entraînant com
me conséquence l'accroissement des frais
généraux de l'Etat, renchérissement pro
gressif des matières premières et des den
rées entraînant également, comme consé
quence, l'accroissement des frais d'entre
tien, da nourriture et de matériel de l'ar
mée, ainsi que l'élévation du traitement
des employés dans un pays démocrate
que où les fonctions publiques doivent
rester accessibles à tous ; enfin, les évène-
mens politiques qui ont forcé l'Etat à re
courir au crédit: telles sont les causes
multiples de la marche ascendante de nos
budgets.
On y trouve à chaque ligne les traces
d'une pensée prévoyante, juste et libérale;
nous délions qu'on y trouve une preuve
d'incurie et de prodigalité.
1 . A uguste V itu.
Correspondance particulière du Constitutionnel
Turin, 8 mai.
LeS partisans des princes italiens dépos
sédés ont presque réussi à établir une en
tente et à concerter uïi ensemble d'opéra
tions contre le gouvernement italien, leur
enrièmi commun à tous.* C'est ainsi que
les tentatives des' brigands napolitains
marchent dé concert avec de sourdes cons
pirations dans l'ancien duché do Modène,
qui est le seul des anciens Etats du centre
de l'Italie, où le souvi r iin d :chu ait conser
vé des adliérens. Le duché de Modène est
limitrophe des possessions autrichiennes
en Italie; la petite armée modénâise forme
toujours l'avaut-gardo do la grande armée
du feld-maréchal Bened(?ck, et le général
Saccozzi, ainsi que les officiers qui l'enp
tourent, ne cachent pas leurs projets, qui
consisteraient à se jeter dans les anciens
Etats de leur duc, François V, sitôt que
les troubles qu'ils espèrent auraient éclaté
d'une manière assez violente pour leur
fournir un prétexte. Tel paraît être le pro
jet de la Réaction et de l'Autriche"pour
amener une lutté à laquelle l'armée de la
Vénétieest toute préparée èt dont le choc
serait insoutenable pour l'armée d'Italie
dans les circonstances actuelles.
Le gouvernementitalien, quoique sûr des
populations de l'ancien duché de Modène;
ne croit pas qu'un excès de prudence soit
dangereux pour déjouer toutes ces intri
gues et pour se tenirprêtà tout événement.
A cet eff«t,. le corps d'armée commandé
par le général de Sonnaz, qui était jusqu'à
présent dans les provinces napolitaines,
vient d'être rappelé par le ministre de la
■guerre, qui lui a fixé pour quartier-général
la ville de Ferrare, qui domine également
le duché do Modène elle cours du Pô des
provinces vénitiennes, où l'Autriche a ras
semblé la plus grande partie de ses forces
fet celle dont les mouvemens sont les plus
menaçans.
Les armeméns sont devenus depuis quel
ques jours l'objet principal de l'activité du
gouvernement. Presque tous les officiers
supérieurs du corps des volontaires ita
liens sont nommés, et leurs brevets seront
soumis demain ou dimanche prochain à
la signature du roi. La levée de 18,000
hommes qui devait se faire dans les pro
vinces napolitaines, a été portée^par .la
Chambre des députés au chiffre de 3&fQ(}D
hommes. Hier le ministre de la guerre erT
a présenté le projet au Sénat et l'a fait dé
clarer d'urgence. Quant au matériel, le?
vides occasionés par les- campagnes de
l'Ombrie, des Marches, et de Gaëte sont
presque entièrement comblés, et de gran
des commandes sont données tous les
jours en Suède, en Angleterre, en France
et en Belgique pour fournitures d'armes
et matériel de guerre de toute nature. ;
Le ministre Minghetti a offert sa démis
sion au dernier conseil des ministres qui
s'est tenu sous la présidence du roi.' Ses
collègues ont été assez étonnés de cet acte
inattendu du ministre de l'intérieur, qui
l'a motivé .sur ce que la Chambre n'avait
pas montré une grande faveur pour ses
projets de réorganisation administrative
ae l'Italie, et sur ce que ses collègues
non-seulement n'auraient pas cru devoir
faire une question de cabinet de l'adoption
de ces propositions, mais ne les avaient
pas même aidées de toute leur puissants
influence! M. de Cavour a répondu que,
depuis l'époque de la présentation de ce
projet aù Parlement, "il était convenu que
l'on n'en ferait pas une question ministé
rielle ; que, quant à l'appui moral récla
mé par M. Minghetti, il était prêt à l'ac
corder, et qu'il ne tarderait pas à faire un
appel à la Chambre, pour qu 'elle sou
mette à un examen sérieux les proposi
tions de M. Minghetti. En effet, aujour
d'hui , M. de Cavour a déclaré en plein
Parlement que la première chose dont
le ministère engage la Chambre à s'oc
cuper, c'est le projet de réforme ad
ministrative qu'il est indispensable de fai
re passer avant les projets de réformes
financières; car, pour l'application de ces
dernières, il faut que le gouvernement sa
che à quoi s'en tenir sur les appréciations
des corps moraux administratifs qui vont
être constitués et qui devront être im
posés en masse dans certaines contri
butions.
Le projet d'emprunt et l'exposé de mo
tifs qui raccompagne ne sont pas encore
distribués à la Chambre. M. de Cavour a
annoncé aujourd'hui qu'il faut encore
présenter un supplément au budget de
Naples et de la Sicile, car il paraît que le
déficit de ces deux provinces n'a pas été
entièrement ni exactement calculé.
; Ensuite, il y a une question politique* à
réseudre relativement au cours légal qu'au
ront à la Bourse de Paris les titres de la
dette publique du rovaume cl It.-ilie. Cette
question est dans ce ino oen 1 objet de
négociations spéciales entre le gouverne
ment impérial et 1b gouvernement du roi
Victor-Emmanuel.
M. Louis de Callegno. un des chefs du
parti elérical dans notre Sénat, a voulu
imiter l'exemple de M. de Brignole, et il a
envoyé sa démission de sénateur par suite
de la proclamation du royaume d'Italie;
Ces deux exemples n'auront pas d'autres
imitateurs dans notre Chambre viagère.
M; de San-Ma rtino est occupé à choisir le
personnel qui doit l'accompagner à Naples,
où il se rendra la sè mai ne-prci chai ne.
.' -l 'owr -BXtïait : t. ««RCAf» ;
—raoranESEE
LETTRES IIONGKOaSES.
I.
. . Pesth, le 2 mai 186F.
Monsieur,
L'importance capitale de notre mouve
ment n'a certes pas besoin d'être démon
trée; de la solution à laquelle il aboutira,
dépend en grande partie le prochain ave
nir de l'Europe. La Hongrie plus ou moins
satisfaite et réorganisée sur des bases
stables, c'est l'Autriche sauvée d'une rui
ne autrement presque inévitable ; c'est
consolider le repos intérieur-dans les con
trées d'eiitre' Danube et Theiss, c'est as
surer à l'Europe le temps nécessaire
pour tenter de conjurer par des voies
pacifiques 'les orages qui' grondent de
tant de côtés et menacent d'éclater en
guerre-Supposez, par contre, la Hongrie
poussée à chercher son salut dans la vail
lance de ses fils, et l'Italie, et la Turquie,
et la Pologne,—sans parler d'autres foyers
d'agitation,—résisteraient à peine à la con
tagion du choc révolutionnaire ; peut-être
serait-ce une conflagration européenne.
La Hongrie en a parfaitement conscien
ce ; elle sent l'immense responsabilité qui
s'attache aujourd'hui à ses pas. Ce senti
ment ne l'enorgueillit pas; mais elle y
puise un motif de plus pour ne rien préci
piter, pour mûrement peser chacun de ses
actes, chacune de ses paroles. Ça pourrait
bien être une des raisons principales do la
lenteuraveclaquellela diète,ouverte depuis
un mois environ,avance dansses travaux,de
l'hésitation manifeste qu'elle trahit à abor
der ces. graves questions politiques que
l'opinion s'était attendue à voir mises à
l'ordre du jour dès le lendemain de no-
PèwNçîon du GosstUïiM.oniîeS, 11 mai.
m AMOUR EN LAPONIE
XXXIII.
—Vous n'avez pas de temps à perdre!
murmura le missionnaire, qui ne savait
trop quelle contenance garder devant ces
témoignages à la fois chastes. et passien-
Hés d'un sentiment qu'il était forcé de
condamner, et qu'il eût voulu bénir. Veus
n'avez pas-ae temps à perdre : les Quènes
peuvent arriver d'un instant à l'autre ; ils
sont peut-être sur nos traces; il faut que
neus quittions le pays avant qu'ils n'aient
eu le temps de découvrir la retraite de
Henrick et de lui couper tout chemin de
retour-vers, les siens.
A ces lointaines extrémités du royau
me, l'action du pouvoir central n'a plus
guère la farce de se faire sentir. Une gran
de part est laissée à l'énergie individuelle ;
là-où l'Etat est peu de. chose , l'individu
doit être beaucoup, et chacun, en se sen
tant si peu protégé, comprend le besoin de
se défendre.soi-même.
— Où veux-tu aller? demanda la petite
Laponne, qui,savait bien que Henrick de
vait rejoindre Edwina, mais qui ne voulait
point prononcer le nom de sa rivale.
— J'aurais besoin, répondit l'officier,
d'être au cap Nord pour le 15 juillet.
—*■ Le chemin est long ot le temps êst
court, fit Norra; nous partirons demain.
Par bonheur, ee chemin, la tribu des
Rilps l'avait plus d'une fois parcouru. La
jeune fille fut donc pour les deux Suédois
un guide vraiment précieux au milieu de
tous ces périls des marais de la Laponie,
si dangereux et si perfides pour le voya
geur qui ne les connaît pas. Olaf se sen
tait de plus en plus, détourné de sa mis-
siea; mais c'était ,.un homme de sens
droit, un esprit pratique : il savait faire
la part des circonstances ; ses devoirs n'é
taient pas strictement déterminés comme
ceux d'un curé de village;» on laissait
beaucoup à son intelligence et à sasponta-
néité. Il comprenait qu'il ne devait pas
quitter cas jeunes gens; pout-être sa pré
sence serait-elle utile à Henrick ; plus sû
rement encore elle serait nécessaire à
Norra. Si honnête que fût le caractère du
jeune, homme, si pures que fussent les
intentions de la jeune fille, rr'y avait-il
point des dangers dans cette liberté de la
solitude qui rapprochait ainsi une créature
passionnément éprise d'un sage de vingt-
huit ans, qui, dans un moment d'oubli,
pourrait se faire illusion à lui-même, et
prendre sta reconnaissance pour de l'a
mour. Le bon prêtre résolut donc d'ac
compagner nos deux héros jusqu'au terme
de leur voyage, et de ne les quitter qu'au
moment où ils se sépareraient.
Ils marchèrent sans incident pendant
quelques jours, logeant tantôt chez les. :
paysans, dont la maison s'ouvre toujours
généreusement pour l'étranger; tantôt,
chez les prêtres de la,-côte, heureux d'ac
cueillir un confrère en pèlerinage ; parfois
chez les fonctionnaires publics, auxquels
le titre de Henrick imposait un respect et
commandait des égards dont ses deux com
pagnons profitaient comme lui. Mais, dans
ces parages lointains,lesgaards des paysans,
les maisons desfonctionnaires, les presbytè
res des curés sont assez clairsemés, et plus
d'une fois nos amis, qui n'attaquaient
qu'à regret leurs maigres provisions, fu
rent obligés de se contenter de.quelque'
caverne dans les rochers, de quelque hutte
abandonnée par des bergers errans. Sou
vent même ils n'eurent d'autre couche que
la terre nue, d'autre abri que li 1 voûte
bleue là-haut. Ils se dirigeaient toujours
vers le point de la côte ou Henrick savait
qu'il trouverait des barques de pêcheurs
pour passer lé détroit et aborder dans l'île
qui porte le cap Nord. Par maîheur, les
fjords innsmbrables qui pénètrent parfois
si avant dans l'intérieur de la Norvège, et
qu'aucun service de bâtiment ne traverse,
ne leur permettaient point de suivre la li
gné des côtes, et les condamnaient souvent
à des détsurs aussi longs que pénibles. Ces'
caprices de la route n'avaient pas seule
ment l'incpnvénieût de les retarder beau
coup : ils les exposaient encore à rencon
trer quelcjuô^ villages ennemis. Les tribus
quènes s'etendent en effet assez loin dans
la tflrectipn du nord-ouest, et Norra, au
fait de léurs usages, ne douta point qu'ils
n'eussent été prévenus du chemin qu'ils
avaient pris. Leur rencontre en ce cas de
vait être singulièrement' dahgeieuse, et il
fallait, l'éviter à tout prix. Norra, qui les
connaissait mieux, était aussi celle qui les
redoutait davantage. On comprendra dès
lors avec quel effroi elle s'aperçut, la véille
même du jour où elle croyait avpir atteint
le terme de leur voyage, qu'ils se trou
vaient précisément sur les limites du ter
ritoire de leurs ennemis. Des espions, dé
tachés à quelque distance en avant, se re
plièrent sur le village pour donner l'evpil,
et nos t rois fugitifs ne doutèrent plus qu'ils
allaient être poursuivis. 11 n'y avait point
, de quartier à espérer si la rencontre avait
lieu. Quant à la résistance, il n'y fallait
pas même songer. Que pouvaient faire
deux hommes et une jeune fille contre une
troupe? Norra, une fois de plus, fut la
providence d6 nos-amis. Elle se rappela
qu'elle était venue dans les mêmes para
ges avec sa tribu, et que le vieux Peckel
lui avait montré un passage à travers -la
montagne, fréquenté jadis par les Lapons,
inconnu peut-êtra aux QuèneSj et qui les
mettrait, en quelques heures, hors de tou
te atteinte. L'entrée de ce passage se trou
vait derrière de grands rochers, dans un
bois de bqjileaux, à quelques centaines de
pas de la route. Déjà les Quènes en armes
se montraient à l'entrée de leur village,
quand Norra et ses compagnons disparu
rent dans l'épais fourré.
Après quelques instans de recherches,
la jeune Laponne eut le bonheur de re
trouver l'entrée du passage. Tous trois s'y
engagèrent résolument, «t, une heure
après, ils débouchaient dans une vallée
qui appartenait au terjitoire norvégien;
ils étaient sauvés. Johansen se jeta à terre
sur ses genoux. Henftck et Norra l'imi
tèrent, et tous trois rendirent grâces à
Dieu.
lisse trouvaient à l'entrée d'une des
plus belles vallées de toute la Norvège.
Nulle part Henrick ne se rappelait avoir
vu ni de plus grands rochers, ni de plus
nobles arbres, ni des eaux plus abondan
tes. Au milieu de la vallée, un petit lac
limpide, calme à force d'être profond, re
flétait la scèae charmante qui l'environ
nait, comme pour permettre au regàrd
ravi de la contempler deux fois, et, infidè
le comme un poète, en la reproduisant il
l'embellissait encore.
A l'extrémité de cette vallée, qui s'éten
dait jusqu'à la mer, s'ouvrait la baie pro
fonde où s'abritaient l'es pêcheurs qui de
vaient prendre Henrick le lendemain pour
le conduire aù cap ! Norra était donc arri
vée au but de son voyage; elle avait ho- •
blement accompli sa tâche ; elle avait con
duit Henrick là même où il voulait aller,
sans qu'il y laissât un cheveu de sa tête;
élle l'avait fait passer à travers les mille
dangers de la route... et, maintenant c'é
tait a peine .si -quelques heures les sépa
raient encore l'un et l'autre de l'éternel
adieu 1
Pour Norra, cette perspective depuis si
long-temps présente à sa pensée, mais
qu'elle écartait toujours, ae s'était jamais
présentée avec tant de force à son esprit,
et si généreuse, si peu égoïste qu'elle fût,
elle se défendait mal contre une secrète
,et involontaire amertume. Sans peut-être
se l'avouer à elle-même, elle en arrivait
à regretter j usqu'aux dangers qu'ils avaient
courus ensemble ; elle eût voulu avoir à
recommencer avec lui cette vie d'épreuves,
où, sans doute, ils avaienttout à craindre,
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TROIS MOIS.Ï..Ç....T: 16 FR.
SIX MOIS. . .. 32 FR.
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tora les fats étrangebs, voir le tableau
publié les B et 20 de chaque mois.
tapi. L. BONIFACK, r. des Bons-Enfans, 19.
BUREAUX A PARIS : rue de Valois (Palais-Royal), n* 10.
B
yrOUBNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
SAMEDI 11 MAI 1861.
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tes &bonnei»9ns datent des t« et 16^
de chaque mois. .
Le mode d'abonnement le plus simple est l'envoi d'un bon de posty otï/Tun
sur Paris, à l'ordre de l'administrateur du journal, rn ^ vslvûa ^ri' io,
effet
Les lettres ou envois d'argent non affranchis sont refusés,
Les articles déposés-ne sont pas rendw. .
Les annonces sont reçues chez M. P ank , régisseur des 6 grands journaut/, < '
rué Notre-Damo-des-Victolres, n* 40 (place de la Bourse), IJ
PARIS, 10 MAI.
Les journaux allemands contiennent au
jourd'hui divers projets de transaction
entre l'Autriche et la Hongrie; ces projets
conçus dans les meilleures intentions di
monde, n'ont malheureusement aucune
authenticité ; et cependant il suffit de leur
simple énoncé pour exciter là colère des
feuilles dévouées à l'idée de l'unité impé
rialPÏ
L'Ost-Deutsche-Post indiquait, d'après
une correspondance de Pesth, une combi
naison aux termes de laquelle les diètes
des diverses provinces de la monarchie
enverraient des députés à un comité de
l'empire, qui aurait à fixer le budget
et à assigner à chacuna de ces provin
ces sa quote-part. Il y aurait un comi
té analogue pour l'administration mili
taire et pour le commerce ; un ministre
hongrois, résidant à Vienne, serait l'in
termédiaire du roi et de la nation, et re
présenterait la Hongrie dans le ministère
autrichien; enfin la Hongrie aurait un mi
nistère national et responsable.
Ce projet, qui reste bien en deçà des
prétentions hongroises, a mis la Gazette du
Danube dans une, véritable fureur. « Si
» l'Autriche, s'écrie-t-elle, pouvait jamais
» accéder à une combinaison aussi mons-
» trueuse, les conséquences en seraient
» que les deux moitiés de l'empire, bien-
» tôt-lasses de relations aussi stériles, fini-
» raient par se tourner le dos. » La Gazette
du Danube ajoute que cette dangereuse
proposition renferme un af pel insidieux à
des tendances fédéralistes et vise à aug
menter l'importance des diètes provincia
les au détriment du conseil de l'empire,
- et elle Unit par en appeler à la vigilance
des amis de l'unité, ainsi que de la liberté
de l'empire. .
' Lesjournàuxde Madrid annoncent, d'une
manière formelle, que l'esclavage ne sera
pas introduit dans l'ancienne république
■ Dominicaine, et qu'elle sera régie par les
lois en vigueur dans les Antilles espa-
: gnoles.
Dans la Chambre des Communes, lord
Palmerston, en réponse à une question qui
lui était faite sur là. situation du commerce
avec l 'Amérique, et spécialement des co
tons, a déclaré qu'il n'y avait pas lieu de
concevoir des inquiétudes à cet égard.
Le cabinet a déclaré, en réponse à une
autre interpellation, que les sujets de
S. M. B. ne devaient prendre aucune part
au,conflit engagé entra le Nord èt le Sud
de l'Amérique, suivant la règle accoutu
mée qui. leur interdit de devenir belligé-
rans contre une puissance avec laquelle
l'Angleterre entretient des rapports d'a
mitié.
Auguste V ITU.
TÉLEGRAPHSE PRIVEE.
Tienne, 10 mai.
Demain commence la discussion de l'adresse
dans la Chambre des Députés.
Vienne, 10 mai.
Tous les Vénitiens qui ont été nommés dé
putés au Reichsrath ont refusé, parce qu'ils
ne sauraient reconnaître l'expression de l'opi
nion du pays dans les élections faites par
quelques communes seulement.
• : ; . ,< • Turin, 10 mai.
Dans un article relatif a la reconnaissance
du royaume d Italie. 1 Opmtone, signalant la
protestation de M. Meyer, ancien consul nar
politain à Bordeaux, énumèra les raisons
qui, ont empêche jusqu ici la. France de re
connaître le nouveau royaume d'une ma
nière officielle: Toutefois, ie même journal
dit qu'une adhésion morale se suffit pos,
et il croit que le temps ett venu où la France
acceptera explicitement 'et officiellement, le
nouvel ordre de choses. « Cette mesure, dit-il,
ôterai't tout prétexta aux ennemis du royaume
d'Italie qui en combattent, aujourd'hui la re-
c&imàissance, et les ennemis do la France ne
pourraient plus dire que sa politique est équi
voque. »
5 0/0 piémontais, 73.70 à 73.75.
Marseillej 10 mai.
LiJournal officiel (1> j N.iplc.», en date du 7,
annonce qu'une bande d'Insurgés venant des
Etats Romains; a été dispersée ou fusillée à
MontiCelli. Une lettre ajouta qu'une collision
a éclaté dans la ville de Fondi entre les réac
tionnaires et les Piémontais. Les premiers se
g ont réfugiés dans les montagnes; trois, briga
des ont été dirigées de Naples e.t de Gaëte sur
les provinces de Fondi et.d'Aquila. L'armée
serait portée à cinquante raille hommes pour
en finir avec l'insurrection.
On écrit de Rome que le prince Clitai^ non
ce du Saint Siège à Munich, serait nommé à
Paris. On l'aurait déjà agréé. Le tirage de la
loterie pontificale était fixé au 9 mai. Des trou
pes françaises et pontificalus ont répousfé des
réfugiés napolitains revenant dans lés Abruz-
zes, sous le commandement de Chiavone; mais
ils ont pénétré vers Fondi.
Madrid, 9 mai.
La Correspondencia assure que l'Espagne n'a
vait aucun engagement préalable pour l'an
nexion ; de la république Dominicaine. L'escla
vage n'y sera pas introduit. Les lois qui régis
sent les Antilles régiront cette colonie.
- CEavas-Bullier.)
COURS DE LA BOURSE.
COCAS DE CLOTURE. le 8 le iO HAUSSE. BAISSE
3 0/0aHCompt. 69 2.Ï 69 35 » 1Q » »
—Fin du mois. 69 20 69 35- » 13 » »
41/2 au compt. 96.25 96 10 » » » 15
—Fin du mois. 96 30 96 20 » » » 10
LE BUDGET DE 1862.
v;
Nous avons suivi la marche des services
civils, de 1847 à 1862. Les services géné
raux de la défense du pays, marine et
guerre, présentent des accroissemens re
lativement plus forts, sans qu'on puisse
cependant les considérer comme exagé
rés, eu égard aux nécessités impérieuses
auxquelles il a fallu pourvoir et dont nous
indiquerons tout-à-l'heure la nature.
Comparons d'abord les chiffres prévus
pour 1847 et pour 1862.
En 1847, homm. chev.
L'effectif fixé à 339 765 81 670
eoûtait fr 32S 603.957
Sa 1862....; 400.000 85.705 ; 372.972.421
Eu plus.......'T.. 60 235 4.035 47.368 464
A déduire pour les trois nouveaux
départemens .. 8C4.231
Reste.../.... 46.S64.233
Cette augmentation tient à des casses
dont quelques-unes ont un caractère' poli
tique et affectent la sûreté générale de
l'Empire et l'organisation de l'armée : tel
les que l'élévation du . chiffre de l'effectif
général et eu particulier celui de l'artille
rie et du train des équipages, par suite de
la réorganisation de ces deux corps, et la
présence des jeunes soldats de la deuxième
portion du contingent dans les dépôts
d'instruction. Les autres causes de l'aug
mentation signalée sont tout à fait indépen
dantes de la volonté du gouvernement et
correspondent àdes nécessités qu'il a subies
sans pouvoir les modifier; ainsi le supplé
ment de 3 cent,, attribué depuis 1857 à l'or-
dinairerdes troupes à raison de l'élévation
croissante du prix des denrées alimentai
res, après avoir été long-temps l'objet* de
crédits extraordinaires renouvelés chaque
année, a pris forcément place dans les dé
penses permanentes du budget; l'aug
mentation permanente du prix des four
rages, des étoffes propres à la confection
des effets d'habillement, etc., a produit
une élévation correspendante dans le bud
get de la guerre et de la marine.
Le budget de la marine et des celonies
présente les points de comparaison sui-
vans :
Marine. Colonies. Total
1862.... 126.015.419 23.322.400 149.337.819
1847.... 103.820.914 22.382.740 126.203.654
En plus.. 22.194.SOS 939.660 23.134.165
Si l'on se rappelle que le budget du ma
tériel de la marine est établi, depuis le 1» T
janvier 1857, de manière à comprendra
une somme de 16 ou 17 n? illions par an
en accroissement de valeur pour la flotte
et les ports, on voit que. l'augmentation
réelle du budget de la marine ne dépasse
pas 6 millions, y compris 1 million pour
les colonies, malgré l'accroissement de no
tre effectif maritime. Ces chiffres prouvent
qu'une sévère,économie préside à l'admi
nistration de cette partie si importante de
notre puissance nationale.
Prises en bloc, la guerre, la marine et les
colonies présentent, relativement aux pré
visions du budget de 1847, une augmenta-'
tion de 69.700,000 fr. Nous n'insisterons
pas sur les considérations sommaires que
nous avons déjà fait valoir pour expliquer
la plus grande partie de cet accroissement
de nos dépenses. En pareille matière-la
question des finances s'efface, pour ainsi
dire, derrière une question de patriotis
me et d'honneur. Le fait est que la Fran
ce a été, en ces dix années, replacée au
premier rang d?s nations, et que le gou
vernement impérial, sans exagérer les
forces militaires et maritimes du pays,
l'a mis à la hauteur de son rôle et
de ses destinées. L'armée et la flotte,
plus nombreuses, mieux payées, mieux
nourries, mieux vêtues, mieux apprç-
visionnées, sont l'armée et la flotte de
l'Aima, d'inkermann, de Traktir, de Sé-
bastopol, de Bomarsund, de Kinbuxn,
de Magenta, de Solferino, du Peïho et de
Pékin. Ne regrettons pas une augmenta
tion de 70 millions pour elles. C'est bien
peu d'argent pour tant de gloire.
Un seul mot encore, sans aucune ré
flexion: l'armée et la marine réunies sont
inscrites au budget de 1862 pour 539 mil
lions, y compris les 17 millions du gou
vernement général de l'Algérie; ces mê
mes services ont coûté 569 millions en
1848. .
Arrivons à la dette publique. Le chiffre
total de la dette inscrite et de la do
tation de l'amortissement, S'élève, pour
1862, à fr, - 4S9.550.923"
Ce même total était pour
1847 de fr. 288.325.017
D'où ressort une augmen
tation apparente de fr. 171.225.906
Mais, en déduisant du
ichiifre de 459.550.923
1° Le» rentes
appartenant à la
caisse d'amortis
sement » 43.332.881^
2° Lu,dotation ( ,
annuelle de l'a- ( 142.928.909
imortissement... 99.596.028; —
Il reste comme renfes actives,
c'est-à-dire dues à des tiers, fr. 316.622.014
i En 1847, les rentes inscrites
's'élevaient à fr.. 239.438.4S2
A déduire les
rentes apparte
nant à la caisse
d'amortissement- 61.390.115
Restait comme —
dettes actives : 175.048,337 175.048.337
Augmentation en 1862, fr... 141.573.677 ,
Cette somme de 141,573,677 fr. repré
sente l'augmentation réelle de la dette pu
blique depuis 1847, car, ainsi que l'a très
justement fait remarquer M. Casimir Pé-
rier dans un récent écrit, les dettes actives,
c'est-à-dire celles que l'État doit à des tiers,
constituent seules la véritable dette de
l'Etat.
Au 1" mars 185.2, les rentes actives s'é
levaient à frs 230.768.863
Elles' notaient au 1 er
mars 1848 que de 176.845.367
; L'augmentation de 1848
à 1852, sous le gouverne
ment de la république, a
donc été de 53.923.496
Si de l'augmentation des rentes actives
de 1847 à 1862, soit fr. 141.573.677
On retranche l'augmen
tation produite, de 1847 à
1852 - S3.923.496
Il reste une somme, an-:
nuelle de rentes dé 87.650.181
Cette somme de 87,650,181 fr. de rente
annuelle représente la' dette créée par le
gouvernement impérial^ et se compose des
intérêts du capital de 2 milliards successi
vement emprunté pour la guerre de Cri
mée et la guerre d'Italie, plus des rentes
inscrites pour consolidation des réserves
de la caisse de dotation de l'armée et pour
quelques autres: ressources spéciales très
restreintes.
; 11 nous paraît inutile de discuter cette
augmentation. Ici encore, la question n'est
pas financière; elle est purement politi
que, et se. réduit à savoir si 1© gouverne-
rut,rit. impérial a eu tort en 1854 de défen
dre l'équilibre européen -rnenàcé par* la
prépondérance de la Russie en Orient, en
4859 de défendre l'influence française me
nacée par la prépondérance de l'Autriche
en Italie. Mais cette question n'en est plus
une : car le pays a manifesté sous toutes
les formes son entière adhésion à cette
politique hardie et prévoyante.
Pour ne rien omettre, il faut citer les
trois autres sections de la dette publique.
Et voici le tableau comparatif :
1847. 1862.
-^Emprunts spéciaux
pour canaux et trav.
divers... 9.957.790 9.486.726
Intérêts de capitaux
remboursables à divers
titres (dette flottante,
etc.) 25.000.000 37.059.832
Dette viagère (pen
sions militaires et ci
viles, etc.) 55.172.816 72.767.981
90.130.612 119.314.539
Mais il est facile de reconnaître, par l'exa
men des deux budgets^ que déduction, faite
sur la section de la dette viagère montant
pour 1862 à 72.767.981
des recettes d'ordre appli
cables aux pensions militai-
taires et civiles 15.177.000
Il ne reste pour cotte
section qu'une somme dë 57.590.981
sensiblement égale à celle qui était por
tée pour le même objet au budget de 1847.
Cette égalité finale, à 2 millions près,
s'explique en ce que les pensions civiles,
qui étaient autrefois servies par des caisses
particulières, figurent maintenant au bud
get général, auquel elles ont apporté en
même temps des xegsources correspon
dantes. Il faut donc, du total des trois
sections ci-dessus de la dette publique,
montant à fr. 119.314.539
Déduire l'es recettes d'ordre ;
soit, fr. 15.177.000
Et il reste une somme de fr. 104.137.539
Les services correspondans
coûtaient en 1847, fr. 90.130.612
Et l'augmentation pourl862
ressort à 14.006.927
Cette augmentation appartient pour 2
millions environ aux pensions, pour 6
millions au service des intérêts de la dette
flottante,pour5 millions au service des in
térêts du prêt de 75 millions fait parla
Banquede France, pour 800,000 fr. au ser
vice des intérêts des cautionnemehs et
pour 200,000 fr. au rachat des péages du
Sund et des Belts. :
Enfin, la deuxième partie du budget des
finances, comprenant la dotation et les dé
penses des grands pouvoirs, comporte une
augmentation de 29 millions, résultant de
dispositions constitutionnelles et placées,
par conséquent, hors du cercle de la dis
cussion. Dans cette somme est compris
un supplément de près de 8 millions à la
dotation de la Légion-d'Honneur.
Ainsi, sans prétendre établir une synthè-
serigoureuse que ne comportent pas les élé-
mens très complexés dont nous nous som
mes servis pour des comparaisons spécia
les, on peut estimer que les augmenta
tions relatives de 1862 sur 1847 se résu
ment ainsi :
Services civils, en nombres
ronds 25 millions.
Guerre et marine 69.5
Dette publique 141.5
Dette flottante et viagère 14 »
Dotations, etc. 29 »
279 millions.
Ce chiffre, pris en bloc, dépasse d'envi
ron 37 millions le chiffre rond de 242 mil
lions que nous avons déduit de nos com
paraisons générales comme représentant
le véritable accroissement dés dépenses
publiques comparativement à 1847. Ce dé
saccord provient d'un fait très simple :
efest qu'il nous était absolument impos
sible, dans les comparaisons de détail, de
faire abstraction des dépenses d'ordre, à
moins de rendre notre travail encore plus
aride par des calculs justificatifs multi
pliés et minutieux. Ainsi pour ne citer
qu'un exemple, nous avons comparé pure
ment et simplement le budget de l'instruc-
fion publique de 1862 avec- le même bud
get pour 1847 et nous avons trouvé qu'il
présentait une augmentation de 4,341,000
francs. Si nous avions tenu compte des
dépenses d'ordre, nous aurions dû faire
remarquer que les dépenses de l'instruc
tion primaire sur ressources spéciales
•comprises pour ordre dans le budget de
1862, et s'élevantàfr. 6,210.000
N'étaient comprises au budget
de 1847 que pour 4.815.500
Différence fr. 1.394.500
dont nous aurions dû dégrever le budget'
de 1862, ce qui eût fait descendre de
4,341,000 à 2,946,500 -fr. l'augmentatio»
du budget de l'instruction publique, com
parativement à 1847. Mais comme ce tra
vail de déduction eût été nécessaire non-
seulement pour chaque budget particulier,
mais encore pour chaque chapitre, il était
évidemment impraticable dans le cadre
d'un ^journal. Ajoutons que les dépenses
d'ordre ne sont pas toujours faciles à discer
ner, du moins quant aux détails, dans les
budgets antérieurs au budget de 1853, et
c'était là une difficulté sans remède.
D'ailleurs , nbus croyons avoir pénétré
assez profondément au cœur de notre édi
fice financier pour en donner une idée
nette et conforme à là vérité des choses.
Si l'on nous a suivis avec quelque atten
tion , on sera convaincu , nous l'espé
rons , que les finances de l'Empire ne
méritent aucune des critiques amères et
passionnées dont elles ont été tout récem
ment l'objet.L'augmentation du chiffre de
la population, tant par des causés naturel
les que par l'heureuse et pacifique exten
sion du territoire national, l'accroissement
normal du revenu public entraînant com
me conséquence l'accroissement des frais
généraux de l'Etat, renchérissement pro
gressif des matières premières et des den
rées entraînant également, comme consé
quence, l'accroissement des frais d'entre
tien, da nourriture et de matériel de l'ar
mée, ainsi que l'élévation du traitement
des employés dans un pays démocrate
que où les fonctions publiques doivent
rester accessibles à tous ; enfin, les évène-
mens politiques qui ont forcé l'Etat à re
courir au crédit: telles sont les causes
multiples de la marche ascendante de nos
budgets.
On y trouve à chaque ligne les traces
d'une pensée prévoyante, juste et libérale;
nous délions qu'on y trouve une preuve
d'incurie et de prodigalité.
1 . A uguste V itu.
Correspondance particulière du Constitutionnel
Turin, 8 mai.
LeS partisans des princes italiens dépos
sédés ont presque réussi à établir une en
tente et à concerter uïi ensemble d'opéra
tions contre le gouvernement italien, leur
enrièmi commun à tous.* C'est ainsi que
les tentatives des' brigands napolitains
marchent dé concert avec de sourdes cons
pirations dans l'ancien duché do Modène,
qui est le seul des anciens Etats du centre
de l'Italie, où le souvi r iin d :chu ait conser
vé des adliérens. Le duché de Modène est
limitrophe des possessions autrichiennes
en Italie; la petite armée modénâise forme
toujours l'avaut-gardo do la grande armée
du feld-maréchal Bened(?ck, et le général
Saccozzi, ainsi que les officiers qui l'enp
tourent, ne cachent pas leurs projets, qui
consisteraient à se jeter dans les anciens
Etats de leur duc, François V, sitôt que
les troubles qu'ils espèrent auraient éclaté
d'une manière assez violente pour leur
fournir un prétexte. Tel paraît être le pro
jet de la Réaction et de l'Autriche"pour
amener une lutté à laquelle l'armée de la
Vénétieest toute préparée èt dont le choc
serait insoutenable pour l'armée d'Italie
dans les circonstances actuelles.
Le gouvernementitalien, quoique sûr des
populations de l'ancien duché de Modène;
ne croit pas qu'un excès de prudence soit
dangereux pour déjouer toutes ces intri
gues et pour se tenirprêtà tout événement.
A cet eff«t,. le corps d'armée commandé
par le général de Sonnaz, qui était jusqu'à
présent dans les provinces napolitaines,
vient d'être rappelé par le ministre de la
■guerre, qui lui a fixé pour quartier-général
la ville de Ferrare, qui domine également
le duché do Modène elle cours du Pô des
provinces vénitiennes, où l'Autriche a ras
semblé la plus grande partie de ses forces
fet celle dont les mouvemens sont les plus
menaçans.
Les armeméns sont devenus depuis quel
ques jours l'objet principal de l'activité du
gouvernement. Presque tous les officiers
supérieurs du corps des volontaires ita
liens sont nommés, et leurs brevets seront
soumis demain ou dimanche prochain à
la signature du roi. La levée de 18,000
hommes qui devait se faire dans les pro
vinces napolitaines, a été portée^par .la
Chambre des députés au chiffre de 3&fQ(}D
hommes. Hier le ministre de la guerre erT
a présenté le projet au Sénat et l'a fait dé
clarer d'urgence. Quant au matériel, le?
vides occasionés par les- campagnes de
l'Ombrie, des Marches, et de Gaëte sont
presque entièrement comblés, et de gran
des commandes sont données tous les
jours en Suède, en Angleterre, en France
et en Belgique pour fournitures d'armes
et matériel de guerre de toute nature. ;
Le ministre Minghetti a offert sa démis
sion au dernier conseil des ministres qui
s'est tenu sous la présidence du roi.' Ses
collègues ont été assez étonnés de cet acte
inattendu du ministre de l'intérieur, qui
l'a motivé .sur ce que la Chambre n'avait
pas montré une grande faveur pour ses
projets de réorganisation administrative
ae l'Italie, et sur ce que ses collègues
non-seulement n'auraient pas cru devoir
faire une question de cabinet de l'adoption
de ces propositions, mais ne les avaient
pas même aidées de toute leur puissants
influence! M. de Cavour a répondu que,
depuis l'époque de la présentation de ce
projet aù Parlement, "il était convenu que
l'on n'en ferait pas une question ministé
rielle ; que, quant à l'appui moral récla
mé par M. Minghetti, il était prêt à l'ac
corder, et qu'il ne tarderait pas à faire un
appel à la Chambre, pour qu 'elle sou
mette à un examen sérieux les proposi
tions de M. Minghetti. En effet, aujour
d'hui , M. de Cavour a déclaré en plein
Parlement que la première chose dont
le ministère engage la Chambre à s'oc
cuper, c'est le projet de réforme ad
ministrative qu'il est indispensable de fai
re passer avant les projets de réformes
financières; car, pour l'application de ces
dernières, il faut que le gouvernement sa
che à quoi s'en tenir sur les appréciations
des corps moraux administratifs qui vont
être constitués et qui devront être im
posés en masse dans certaines contri
butions.
Le projet d'emprunt et l'exposé de mo
tifs qui raccompagne ne sont pas encore
distribués à la Chambre. M. de Cavour a
annoncé aujourd'hui qu'il faut encore
présenter un supplément au budget de
Naples et de la Sicile, car il paraît que le
déficit de ces deux provinces n'a pas été
entièrement ni exactement calculé.
; Ensuite, il y a une question politique* à
réseudre relativement au cours légal qu'au
ront à la Bourse de Paris les titres de la
dette publique du rovaume cl It.-ilie. Cette
question est dans ce ino oen 1 objet de
négociations spéciales entre le gouverne
ment impérial et 1b gouvernement du roi
Victor-Emmanuel.
M. Louis de Callegno. un des chefs du
parti elérical dans notre Sénat, a voulu
imiter l'exemple de M. de Brignole, et il a
envoyé sa démission de sénateur par suite
de la proclamation du royaume d'Italie;
Ces deux exemples n'auront pas d'autres
imitateurs dans notre Chambre viagère.
M; de San-Ma rtino est occupé à choisir le
personnel qui doit l'accompagner à Naples,
où il se rendra la sè mai ne-prci chai ne.
.' -l 'owr -BXtïait : t. ««RCAf» ;
—raoranESEE
LETTRES IIONGKOaSES.
I.
. . Pesth, le 2 mai 186F.
Monsieur,
L'importance capitale de notre mouve
ment n'a certes pas besoin d'être démon
trée; de la solution à laquelle il aboutira,
dépend en grande partie le prochain ave
nir de l'Europe. La Hongrie plus ou moins
satisfaite et réorganisée sur des bases
stables, c'est l'Autriche sauvée d'une rui
ne autrement presque inévitable ; c'est
consolider le repos intérieur-dans les con
trées d'eiitre' Danube et Theiss, c'est as
surer à l'Europe le temps nécessaire
pour tenter de conjurer par des voies
pacifiques 'les orages qui' grondent de
tant de côtés et menacent d'éclater en
guerre-Supposez, par contre, la Hongrie
poussée à chercher son salut dans la vail
lance de ses fils, et l'Italie, et la Turquie,
et la Pologne,—sans parler d'autres foyers
d'agitation,—résisteraient à peine à la con
tagion du choc révolutionnaire ; peut-être
serait-ce une conflagration européenne.
La Hongrie en a parfaitement conscien
ce ; elle sent l'immense responsabilité qui
s'attache aujourd'hui à ses pas. Ce senti
ment ne l'enorgueillit pas; mais elle y
puise un motif de plus pour ne rien préci
piter, pour mûrement peser chacun de ses
actes, chacune de ses paroles. Ça pourrait
bien être une des raisons principales do la
lenteuraveclaquellela diète,ouverte depuis
un mois environ,avance dansses travaux,de
l'hésitation manifeste qu'elle trahit à abor
der ces. graves questions politiques que
l'opinion s'était attendue à voir mises à
l'ordre du jour dès le lendemain de no-
PèwNçîon du GosstUïiM.oniîeS, 11 mai.
m AMOUR EN LAPONIE
XXXIII.
—Vous n'avez pas de temps à perdre!
murmura le missionnaire, qui ne savait
trop quelle contenance garder devant ces
témoignages à la fois chastes. et passien-
Hés d'un sentiment qu'il était forcé de
condamner, et qu'il eût voulu bénir. Veus
n'avez pas-ae temps à perdre : les Quènes
peuvent arriver d'un instant à l'autre ; ils
sont peut-être sur nos traces; il faut que
neus quittions le pays avant qu'ils n'aient
eu le temps de découvrir la retraite de
Henrick et de lui couper tout chemin de
retour-vers, les siens.
A ces lointaines extrémités du royau
me, l'action du pouvoir central n'a plus
guère la farce de se faire sentir. Une gran
de part est laissée à l'énergie individuelle ;
là-où l'Etat est peu de. chose , l'individu
doit être beaucoup, et chacun, en se sen
tant si peu protégé, comprend le besoin de
se défendre.soi-même.
— Où veux-tu aller? demanda la petite
Laponne, qui,savait bien que Henrick de
vait rejoindre Edwina, mais qui ne voulait
point prononcer le nom de sa rivale.
— J'aurais besoin, répondit l'officier,
d'être au cap Nord pour le 15 juillet.
—*■ Le chemin est long ot le temps êst
court, fit Norra; nous partirons demain.
Par bonheur, ee chemin, la tribu des
Rilps l'avait plus d'une fois parcouru. La
jeune fille fut donc pour les deux Suédois
un guide vraiment précieux au milieu de
tous ces périls des marais de la Laponie,
si dangereux et si perfides pour le voya
geur qui ne les connaît pas. Olaf se sen
tait de plus en plus, détourné de sa mis-
siea; mais c'était ,.un homme de sens
droit, un esprit pratique : il savait faire
la part des circonstances ; ses devoirs n'é
taient pas strictement déterminés comme
ceux d'un curé de village;» on laissait
beaucoup à son intelligence et à sasponta-
néité. Il comprenait qu'il ne devait pas
quitter cas jeunes gens; pout-être sa pré
sence serait-elle utile à Henrick ; plus sû
rement encore elle serait nécessaire à
Norra. Si honnête que fût le caractère du
jeune, homme, si pures que fussent les
intentions de la jeune fille, rr'y avait-il
point des dangers dans cette liberté de la
solitude qui rapprochait ainsi une créature
passionnément éprise d'un sage de vingt-
huit ans, qui, dans un moment d'oubli,
pourrait se faire illusion à lui-même, et
prendre sta reconnaissance pour de l'a
mour. Le bon prêtre résolut donc d'ac
compagner nos deux héros jusqu'au terme
de leur voyage, et de ne les quitter qu'au
moment où ils se sépareraient.
Ils marchèrent sans incident pendant
quelques jours, logeant tantôt chez les. :
paysans, dont la maison s'ouvre toujours
généreusement pour l'étranger; tantôt,
chez les prêtres de la,-côte, heureux d'ac
cueillir un confrère en pèlerinage ; parfois
chez les fonctionnaires publics, auxquels
le titre de Henrick imposait un respect et
commandait des égards dont ses deux com
pagnons profitaient comme lui. Mais, dans
ces parages lointains,lesgaards des paysans,
les maisons desfonctionnaires, les presbytè
res des curés sont assez clairsemés, et plus
d'une fois nos amis, qui n'attaquaient
qu'à regret leurs maigres provisions, fu
rent obligés de se contenter de.quelque'
caverne dans les rochers, de quelque hutte
abandonnée par des bergers errans. Sou
vent même ils n'eurent d'autre couche que
la terre nue, d'autre abri que li 1 voûte
bleue là-haut. Ils se dirigeaient toujours
vers le point de la côte ou Henrick savait
qu'il trouverait des barques de pêcheurs
pour passer lé détroit et aborder dans l'île
qui porte le cap Nord. Par maîheur, les
fjords innsmbrables qui pénètrent parfois
si avant dans l'intérieur de la Norvège, et
qu'aucun service de bâtiment ne traverse,
ne leur permettaient point de suivre la li
gné des côtes, et les condamnaient souvent
à des détsurs aussi longs que pénibles. Ces'
caprices de la route n'avaient pas seule
ment l'incpnvénieût de les retarder beau
coup : ils les exposaient encore à rencon
trer quelcjuô^ villages ennemis. Les tribus
quènes s'etendent en effet assez loin dans
la tflrectipn du nord-ouest, et Norra, au
fait de léurs usages, ne douta point qu'ils
n'eussent été prévenus du chemin qu'ils
avaient pris. Leur rencontre en ce cas de
vait être singulièrement' dahgeieuse, et il
fallait, l'éviter à tout prix. Norra, qui les
connaissait mieux, était aussi celle qui les
redoutait davantage. On comprendra dès
lors avec quel effroi elle s'aperçut, la véille
même du jour où elle croyait avpir atteint
le terme de leur voyage, qu'ils se trou
vaient précisément sur les limites du ter
ritoire de leurs ennemis. Des espions, dé
tachés à quelque distance en avant, se re
plièrent sur le village pour donner l'evpil,
et nos t rois fugitifs ne doutèrent plus qu'ils
allaient être poursuivis. 11 n'y avait point
, de quartier à espérer si la rencontre avait
lieu. Quant à la résistance, il n'y fallait
pas même songer. Que pouvaient faire
deux hommes et une jeune fille contre une
troupe? Norra, une fois de plus, fut la
providence d6 nos-amis. Elle se rappela
qu'elle était venue dans les mêmes para
ges avec sa tribu, et que le vieux Peckel
lui avait montré un passage à travers -la
montagne, fréquenté jadis par les Lapons,
inconnu peut-êtra aux QuèneSj et qui les
mettrait, en quelques heures, hors de tou
te atteinte. L'entrée de ce passage se trou
vait derrière de grands rochers, dans un
bois de bqjileaux, à quelques centaines de
pas de la route. Déjà les Quènes en armes
se montraient à l'entrée de leur village,
quand Norra et ses compagnons disparu
rent dans l'épais fourré.
Après quelques instans de recherches,
la jeune Laponne eut le bonheur de re
trouver l'entrée du passage. Tous trois s'y
engagèrent résolument, «t, une heure
après, ils débouchaient dans une vallée
qui appartenait au terjitoire norvégien;
ils étaient sauvés. Johansen se jeta à terre
sur ses genoux. Henftck et Norra l'imi
tèrent, et tous trois rendirent grâces à
Dieu.
lisse trouvaient à l'entrée d'une des
plus belles vallées de toute la Norvège.
Nulle part Henrick ne se rappelait avoir
vu ni de plus grands rochers, ni de plus
nobles arbres, ni des eaux plus abondan
tes. Au milieu de la vallée, un petit lac
limpide, calme à force d'être profond, re
flétait la scèae charmante qui l'environ
nait, comme pour permettre au regàrd
ravi de la contempler deux fois, et, infidè
le comme un poète, en la reproduisant il
l'embellissait encore.
A l'extrémité de cette vallée, qui s'éten
dait jusqu'à la mer, s'ouvrait la baie pro
fonde où s'abritaient l'es pêcheurs qui de
vaient prendre Henrick le lendemain pour
le conduire aù cap ! Norra était donc arri
vée au but de son voyage; elle avait ho- •
blement accompli sa tâche ; elle avait con
duit Henrick là même où il voulait aller,
sans qu'il y laissât un cheveu de sa tête;
élle l'avait fait passer à travers les mille
dangers de la route... et, maintenant c'é
tait a peine .si -quelques heures les sépa
raient encore l'un et l'autre de l'éternel
adieu 1
Pour Norra, cette perspective depuis si
long-temps présente à sa pensée, mais
qu'elle écartait toujours, ae s'était jamais
présentée avec tant de force à son esprit,
et si généreuse, si peu égoïste qu'elle fût,
elle se défendait mal contre une secrète
,et involontaire amertume. Sans peut-être
se l'avouer à elle-même, elle en arrivait
à regretter j usqu'aux dangers qu'ils avaient
courus ensemble ; elle eût voulu avoir à
recommencer avec lui cette vie d'épreuves,
où, sans doute, ils avaienttout à craindre,
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