Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-05-04
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 04 mai 1861 04 mai 1861
Description : 1861/05/04 (Numéro 124). 1861/05/04 (Numéro 124).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
46 ANNEE.—N. 124.
BUREAUX A PARIS : rue de Valois (PalaisJloyal), n' 16.
Ii
SAMEDI 4 MAI 1S61.
AUONMMENS DES DEPARTEMENS.
trois mois.:.. 1 :.
SIX MOIS....
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16 Fa.,
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rue Notre-Dame-des-Victoires, n" 40 (place de la BourseVC- f- y "
" "" * v -
PARIS, 5 MAI.
"Voici la seconde lettr* de Mgr l'archevê
que de Cambrai :
Paris, le 30 avril-1861.
Monsieur le rédacteur,
C'est de Paris que j'àï l'honneur de vous
adresser cette seconde lettre. J'ai dû inter
rompre ma visite pastorale pour venir dé-
fendrejci, autant qu'il est en moi, les in
térêts sacrés, dont la tutelle m'est confiée.
En y venant, j'ai cédé aux supplications
et aux larmes des pauvres ouvriers belges
^ qui réclament les guides spirituels et les
consolateurs dévoués qu'on a éloignés
d'eux; aux instances de mes dignes curés
à qui on impose un surcroît de ministère
auquel leur zèle ne peut suffire; au vœu
d'un grand nombre d'honorables indus
triels de Lille, qui se trouvent indirecte
ment atteints dans leurs intérêts par la
position anormale et dangereuse que fait
aux ouvriers belges qu'ils emploient, l'ex-
. pulsion des Rédemptoristes étrangers. -
Dans votre numéro d'hier, Monsieur le
rédacteur, vous avez fait précéder la bien
veillante inseriion de ma lettre de deux
observations qui ne me paraissent pas de
voir rester sans réplique, et sur lesquelles
je me crois obligé de dire quelques mots.
La première de ces observations, c'est,
dites-vous, Monsieur, « qu'il est acquis au
" » débat que les communautés religieuses
» dissoutes par mesure .administrative,
» n'étaient munies que de l'autorisation
. » canonique, ce qui est quelque chose,
» sans doute; mais ce qui ne suffit pas.
» L'autorisation légale leur manque. »
Il est très vrai, Monsieur, que cette der
nière autorisation leur manquait. Mais
vous-savez, comme tout le monde,"que si,
sous ce rapport,leur position était incom
plète, ce n'est pas à elles qu'on doit s'en
prendre :. depuis longues années, le gou
vernement no croit pas devoir donner à de
nouvelleseommunautésd'homfBesuneexis-
teucu légale. Mais depuis 1830, il avait accor
dé à celles qu'établissaient les évêques, pour'
les besoins religieux des populations, une
tolérance bienveillante, nous pouvons mê-
. me dire une sorte de patronage, dont elles
étaient profondément reconnaissantes et
qu'elles payaient par d'importans services.
En ce qui concerne mon diocèse en par
ticulier , cette existenco de fait, parfaite
ment juf tifide par les nécessités d'une po
sition exceptionnelle, paraissait garan
tie, pour l'avenir. par l'assurance que
voulait bien me donner, il y a eu hier,
un an, S. Exc. M. le ministre de l'ins
truction publique et des cultes que
« l'Empereur avait déclaré ne vouloir con-
» sentir à aucun prix à révoquer l'hospi-
» talité qu'il avait"accordée aux religieux
» étrangers. » ;
Cette,déclaration de Sa Majesté Impé
riale, que j'avais transmise avec bonheur
à mon clergé, était une-généreuse rémi
niscence et unenoble application de l'axiô-
nie qui dit que la stabilité doit, être le ca
ractère propre des bienfaits du prince:
JJecet beneftcium principis esse mansurum.
Mais, dirait-on epcore unefois, il y a eu
des coupables dans les communautés sup
primées ^absolument aucun, Monsieur,
dans l 'une des deux. C'est là, pour- me
servir de vos propres expressions, un
point, acquis au débat. Quant à l'au
tre communauté, il y a eu, je le répè
te, un habitant de la maison, mais non, à
proprement parler, un membre de l'ordre
qu'a frappé la justice.; Mais, le châtiment,
infligé, la justice était .satisfaite, et tout
devait êtré fini.
11 n'y a pas d'association humaine, quel
le qu'en soit la forme et le but, qui puisse
compter sur son avenir, s'il suffit, pour en
traîner sa suppression, qu'un de ses .char
gés d'affaires ou» l'un de ses plus infimes
affiliés subisse une condamnation judi
ciaire. Mais enfin, dans les suppressions
qui affligent mon diocèse, « l'autorité ad-
ù ministrative a, dite3-vous, Monsieur, Ié-
» gitimement exercé ses pouvoirs. »
Je ne veux ni contester la stricte légalité
de la mesure, ni moins encore incriminer
l'intention de l'administration qui l'a pri
se ; mais tout le monde sait que l'usage
du dr6it,-même le'plus certain, s'il est por
té à l'extrême, peut dewnir une extrê
me injustice : Summum jus, summa injuria.
Votre seconde observation, Monsieur le
rédacteur, 'a trait aux témoignages nom
breux de regrets que je dis avoir reçus de
mon clergé depuis l'expulsion des Rédemp
toristes et des Capucins. « Tandis que
» vous croyez, vous, au contraire, et vous
» avez pour cela de nombreuses raisons,
» que si le clergé du Nord a exprimé des
» regrets, c'est alors qu'il était témoin de
» la propagande religieuse des commu-
» nautés dissoutes, et non depuis quel'au-
» torité administrativealégitimernentexer-
» cé ses pouvoirs. »
J'ignore, Monsieur, quels sont vos rap
ports "avec mon diocèse et à quel point
vous êtes à même de connaître lés dispo
sitions de mon clergé ; mais je ne saurais
croire et vous persuaderez, je pense," diffi
cilement à qui que ce soit, que je con
naisse moins que vous ce diocèse que
j'habite depuis bientôt onze ans, et que
j'aijnaintes fois parcouru d'une extrémité
à l'autre, ou que je suis moins sûrement
informé que vous des pensées et des sen
timens de ce clergé avec chaque membre
duquel je suis en relations pour ainsi dire
quotidiennes et intimes. .
. Vous avez, assurez-vous, Monsieur, de
nombreuses raisons de vos convictions
sur ce point: vous les produirez, sans
doute. — En attendant, permettez- moi de
donner ici, à l'appui de mes assertions,
que vous révoquezen doute , seulement
la lettre qui suit. Elle est- souscrite par les
six Curés-doyens de Lille, et je ,1a choisis
entre beaucoup d'autres parce qu'elle
n'exprime pas seulement des. regrets vive
ment sentis, mais qu'elle expose avec une
irréfutable autorité des "raisons pêremp-
toires : ,.
Monseigneur, . . :
Quand les besoins de l'industrie frai çaise eu
rent annexé parmi nous uni nombreuse popula
tion belge-flamande, nous lûmes effrayés de la po
sition où nous nous trouvions. D'un côté, se mon
trait pour nous l'obligation, de donner des secours
spirituels à cette population, et, de l'autre, nous
étions arrêtés par une double impuissance : man
que de temps, entièrement absorbé qu'est le nôtre
par la population native, déjà trop grande, et igno
rance de la part même des prêtres de la Fiaudre
frapçaise, du dialecte de ces étrangers. C'était donc
un besoin, une impérieuse nécessité .d'invoquer le
concours d'auxiliaires étrangers, qui,pussent offrir à
ces populations ce que nous ne pouvions leur don
ner nous-mêmes. Aussi nous benîmës le jout où
Votre Grandeur, répondant à nos vœux, appela au
milieu de nousles Rédemptoristes belges-flamands.
Nous n'eûmes qu'à nous louer de nos rapports avec
ces bons prêtres, et nous pûmes nous reposer sur
leur zèle du soin de ce peuple, qui était venu se
confier à nous pour ses besoin* religieux, et qui
avait bien le droit, de les voir satisfaits. Main
tenant qu'une mesure administrative a éloigné
ces auxiliaires, sans lesquels il ïipus est impossi
ble de remplir la mission que les nécessités nous
confient, dans l'anxiété où se trouve notre cons-,
cience de pasteurs et de prêtres, nous nous tour
nons encore vers vous, Monseigneur, avec la fer
me confiance que le gouvernement, éclairé par
Votre Grandeur suria gra. ité de la situation mo
rale qui ntiui est faite, reviendra air. sa'détertul-
tioc, et né permettra pasque ces nombreux ou
vriers, privés de soins religieux,.se démoralisent,
et deviennent pour la société, sinon une menace,
au moins une grande charge.
Vous espérez, Monsieur, me mettre à
même d'apprécier mes propres erreurs sur
la question que vous avez soulevée et que
vous m'avez obligé à débattre avec vous- ;
J'attends les rectifications que vous ta'an-
noncez, et ; je vous remercie d'avance des
égards avec lesquels vous voulez bien me
promettre de me les adresser.
Recevez, Mou sieur le rédacteur, l'assu
rance de ma considération distinguée.
■Jr R. E., archevêque de Cambrai.
Commençons par remercier profondé
ment Mgr l'archevêque de Cambrai du bon
goût et de la dignité calme qui régnent
dans sa lettre. Pense-t-on que celte ré
ponse, pour être moins violente que celle
de Mgr de Perpignan, ait perdu quelque
chose en forceet en fermeté? Non, assuré
ment; parce que l'on se trouve d'un avis op
posé sur une question morale, politique
ou administrative, ce n'est pas une raison.
pour oublier les plus simples égards que
commande, surtout vis-à-vis d'un adver
saire, cette charité chrétienne qui com
prend à la fpis le respect de soi et le res
pect du prochain.
Nous nous efforcerons, dans le cours de ,
la discussion, de suivre le bel exemple
qui nous est offert par Mgr l'archevêque
de Cambrai. -
Expliquons d'abord comment nous som
mes amené à reprendre la plume dans ce
nouveau débat. A -l'étranger, une feuille
ultramontainedesplusautorisées, ignorant
probablement les conditions d'unité direc
toriale qui conviennent à tout journal véri
tablement sérieux, s'est avisée de dire que.; ;,
notre précédent article sur les Capucins-ét?';'
les Rédemptoristes n'avait été qûîune sur-
prisfe ou tout au plus qu'un caprice indi
viduel. Ici, qu'on le sache bien, noiis som
mes tous solidaires les uns des autres.
Aussi, devant une pareille insinuation, et
la lutte s'agranriissant, *M. Dréolle, no
tre honorable collaborateur et excellent
ami, n'a-t-il pas hésité à nous rendre la
parole.
I.
Il est maintenant bien établi que les Ca
pucins etjes Rédemptoristes d'Hazebrouck
et de Dunkerque s'étaient glissés en Fran
ce sans autorisation légale. On a beau
coup parlé, ces jours derniers, de l'im
possibilité de cette autorisation pour les
communautés d'hommes C est un point
de législation que nous n'examinerons
pas aujourd'hui. On admet que l'admi
nistration n'a fait qu'user de son droit
en prononçant l'expulsion. : cela suffit. IU
nous reste maintenant à faire voir que
jamais'mesure ne fut plus justifiée, plus
morale et plus opportune. Pour cela, bor
nons-nous à opposer dos faits aux asser
tions contraires du vénérable prélat.
Mgr l'archevêque dé Cambrai a plaidé
contre nous la double cause de la moralité
et du désintéressement des Capucins et
des Rédemptoristes expulsés. La première
partie do sa tâche était délicate 1 Nous
comprenons donc parfaitement que le
saint et pieux pontife se soit senti mal à
l'aise sur un pareil terrain, et a'it eu re
cours à cet expédient de PalaCis qui con
siste, lorsque les faits sont irrécusables
et qu'il y a plusieurs prévenus, à rejeter
sur un seul -d'entre eux les crimes de tous.
A entendre notre éminent contradicteur,
Je sieur Vanderbecke a tout fait, lui seul
est coupable. Et qu'était le sieur Vander
becke'; Un Capucin? Non. Une sorte d'in
tendant? Moins que cela; —\in domesti
que. Est-il juste de faire peser sur toute
une communauté les méfaits d'un pareil
homme ?
Pardon, Monseigneur, mais on a surpris
évidemment votre religion. Le sieur Van
derbecke, Belge, condamné en 1,843 parle'
tribunal,de Bruges, et, l'année dernière ,
au mois de décembre, par le tribunal
d'Hazebrouck, pour attentats à la pudeur,
était un homme autrement considérable
que vous ne l«-supposez. Telle était sa po
sition parmi les Capucins, que les testa-
mensse faisaienten sa faveur. Les Pères Ca
pucins n'allaient jamais confesser un mala
de riche sans être suivis du sieur Vander
becke. Celui-ci se chargeait, aussitôt après
la mort du patient, de recouvrer les doijs
et les legs, et, il faut, lui rendre cette jus
tice, qu'il ne reculait devant aucune demar-
cheni devantaucun moyen. Il était brutal et
cynique à l'occasion. On vous .a laissé igno
rer, Monseigneur,-ce qui se passa au lit
de mort de Mme H........ Cette dame ve
nait à peine d'expirer : ses enfans priaient
autour de la dépouille mortelle; Vander
becke entre, lit à haute voix un testament
fait en sa faveur, et, s'adressant aux gens
de la'maison : « Décrochez ce tableau,
mettez sous clé cette.chaîne d'or; tout cela
m'appartient et je vous en rends respon
sables. »
Vanderbecke domestique! Mais on no
l'appelle encore à Hazebrouik que 1 a père
des Capucins. Les Capucin^, du reste, n'ont
pas-été ingrats; ils ont eu envers lui le
courage de la reconnaissance. Même après
sa "dernière condamnation, ils ont mainte
nu dans leur église un tableau'tie Chemin
de la Croix au bas duquel se trouvent
son nom et ses nombreux prénoms écrits
en grosses lettres. Que leur importait
en .définitive une condamnation de plus
ou de moins? Le sieur Damis (père Camil
le, supérieur,) qui est de Bruges; le sieur
Handts (père Pascal) qui est de Loochristy;
le sieur Claresse (père Anselme) qui est de
Thielt; le sieur Janssens (père Ignace) qui
est de Op; le sieur Stevens (frère Albert)
qui est de Deftingue; le sieur Meulemees-
ter (frère Juste), qui est de Zergheghern;
le sieur Pottier (frère Donat) qui est du
même endroit; le sieur Vaiilseghem (frère
Stanislas) qui est de Bruges, n'avaient évi
demment, jamais ignoré le passé judiciaire
de leur compatriote.
( Entre parenthèses, faisons remarquer
que nous sommes loin décompté avec Mgr
l'archevêque de Cambrai, qui estime qu'il
n'y avait que quatre Capucins dans le cou
vent d'Hazebrouck. )
> Et puis Vanderbecke, après tout, n'était-
pas le seul' qui se trouvât dans le même,
cas. Et le sieur "Wincke (le frère cuisinier)
n'a-t-il pas été condamné également pour
attentats à la pudeur? On nous dit que ce
n'était qu'un frère novice qui postulait
pour arriver au rang de père Capucin.
Nous ne savons; mais, à son arrivée au
couvent d'Hazebrouck, le 9 novembre 1857,
la vérité est qu'il s'est fait insciire en qua
lité de Capucin. Etait-il père? n'était-il
que frère? Peu importe! le scandale n'en
a pas été mains grand aux yeux de la foule
qui, en pareil cas, n'admet point ces sub
tiles distinctions.
Nous avons hâte d'en finir avec toutes
ces hontes; autrement nous*rappellerions
! eu caire à Mgr de Cambrai l'aflaire du sii-ur;
Strayband, en août 1 SCO. C'est le premier"
fait, cr63 r oi!s-nQiis, qui ait-éveillé l'atlen-:
tion de la justice sur les Capucins. N'est-
ce pas en sortant de Celebrer la sainte-
messe que ce prétie indigne, on pleines
rues d'Hazebrouck, devant, des femmes et
des enfins, p.e livirit a. des actes'J'impu-
dicité? L'arrêt du 22 septembre -î800 sem
ble le laisser entendre.
Immoraux, lesreligieux expulsés étaient-
ils du moins pauvres et désintéressés? Non,
nous le déclarons de nouveau, avec un res
pectueux regret devant .l'affirmation réc-en-;
-te de Mgr l'archevêque de Cambrai. Nous,
avons les mains pleines de preuves, et l'on ;
nous pardonnera d'être-un peu long : il y
a de ces détails qui sont significatifs parle
temps qui-court.
Les Rédemptoristes arrivent à Dunker
que. Ils n'ont rien, absolument rien. Lo
gés dans une" maison que le zèle de quel
ques personnes leur avait procurée, ils
affectent tellement la pauvreté qu'ils son
nent la cloche deux fois par jour pour se
rappeler à la charité des fidèles qui leur
apportent à manger. — Ils sont trois d'a
bord, puis cinq, puis huit, puis dix, puis
plus encore. Comment vivent-ils ? leur
besoin d'argentest réel, incontestable. C'est
à ce point que l'autorité diocésaine,
pour leur venir en aide, propose,,s'il faut,
encroireles Dunkerquois, l'expédient sui
vant. A la chapelle des Dunes, il y a des
diamans qui représentent une somme
assez forte ; l'archevêché demande qu'on'
les vende au profit des Rédemptoristes et
qu'on les remplace par des diamjans faux
« pour ne pas scandaliser les yeux des
fidèles. » Les administrateurs de la cha
pelle, gens pieux assurément et fervens
catholiques, s'opposent énergiquement à
une semblable mesure et encourent, à ce
propos, de terribles menaces.—« Eh bien !
s'écrie-t-on.à Cambrai, on ne dira plus la
messe à la petite chapelle. » — « Vous ne
» voudriez pas, répond-onàDunkerque, pri-
» ver de la messe des dimanches de paù-
» vres femmes de marins qui ne peuvent
» aller'à l'église paroissiale! Cette messe
» est fondée depuis des siècles et a été
» confirmée par Mgr Belmas..Vous ne le
» voudriez pas. » — De guerre lasse, les
diamans restèrent, quoique, nous assure-
t-on, on soit revenu à 1^ charge lorsque
les Rédemptoristes quittèrent les environs
du port pour s'établir au centre de la ville.
On voulait ménagement dans le nouveau local.
Les pauvres gens I Ils avaient bien be
soin , en "effet, de cette petite subven
tion d'un nouveau genre; En quatre ou
cinq ans ils venaient de trouver le moyen
d'acheter, à l'endroit le plus coûteux de
Dunkerque, un vaste terrain, d'y cons
truire un logement magnifique et une égli-
,se, nous écrit-on a telle que n'en possè
dent pas deux, de nos trois paroisses.»
Terrain et constructions ont coûté plus de
500,000 francs !
Voilà pour les Rédemptoristes; revenons
aux Capucins.
Ils arrivent, au nombre de trois, à Ha-
zebrouck, en janvier 1854. Ils n'ont rien ,
absolument rien, comme les Rédempto
ristes. En 1860, nous les trouvons possé
dant une belle chapelle, un couvent pou
vant recevoir trente-deux pèn?, et un im-
roesse jardin ;-le tout clos de murs et-►le
baies, comprenant 87 ares 90 centiare*
de terre, d'une valeur approximative de'
200,000 fr. Nous ne votions pas parler de'
leurs autres ressources, et pour cause.
Ah! .nous savons bien que l'on essaiera
de contester l'exactitude de nos renseigne-,
mène. On nous - dira que nous ignorons ce
que persoorw. n'ignore, à savoir que les Ca
pucins no peuvent, rien posséder en propre,
et qu'ils ne possèdent rien, en effet. Comé
die que tout eela ! Ii y a. des Règles que
l'on élude toujours! I! ne nous,serait-pus
aussi mpossible, qu'on se l'imagine peut-
être, de publier les noms de eoiuplaisjn.ce
qui figurent"à la' matrice cadastrale* aux
lieu et place des Capucins; de iaireconnai 1
tre comment plusieurs doyens, curés des
environs, ont été amenés à se fuiïe les
fidéi-commissaires de ces gens-là et sous
quelle pression.
En attendant, disons de quelle manière
les sommes fabuleuses dont les Rédemp^
toristes et les Capucins ont disposé, avaient
pu être recueillies. C'est véritablement édi
fiant. Nous avons sous les yeux de ces bons
de messes dont nous parlions, l'autre jour,
et que connaît bien Mgr de Cambrai. On a
battu monnaie avec ces bons; on en a fait
des dépôts dans toutes les maisons des
personnes pieuses. Chacun a été mora
lement forcé d'en prendre ; dans cer
taines sociétés (Saint-Joseph par exemple),
on est allé jusqu'à s'en servir comme fiches
de jeu. Autre trait : ces singulières valeurs
ont été négociées en plein café et l'or, a vu
vendre pour 75 centimes des bons demes.se
de 2 fr. 50 c.
Ce n'est pas tout. Le clergé national a
été taxé pour l'établissement de'ce clergé
parasite. Si les renseïgnehiens qui nous
sont transmis à la hâte sont exacts-, un
doyen donnait 500 francs, un desservant
100 francs, un vicaire 50 francs. C'est d8
cette façon seulement que Mgr de Cam
brai a raison dédire qiie ce"sont, les prê
tres du diocèse qui ont fait les premiers
irais de l'établissement des Capucins. De
plus, les Capucins prélevaient partout la
moitié des dons faits aux différentes pa
roisses: il a fallu, ces jours derniers, un
arrêt de justice pour rétablir au profit ex
clusif du doyen d'Hoz.... un testament dont
les Capucins expulsés réclamaient le bé
néfice principal.
Cela n'a pas encore suffi. Le prix des
messes a été augmenté. Il est vrai que l'on
ajoute que cela a été surtout pour grossir
les recettes du denier de saint Pierre. On
va même jusqu'à prétendre que tous les
prêtres'du diocèse sont tenus, dans le mê*
me but, de céder le quart de leur casuel.
Nous sommes loin de croire à la véraci
té de ces derniers détails-; -mais enfin le
cas mérite d'être examiné, d'autant plus
qu'il nous amène naturellement à recher
cher comment Mgr- de Cambrai a appelé et
introduit parmi nous ces tristes religieux,
quols services ils pouvaient rendre,.« aux
pauvres ouvriers beiges, » et quels étaient
à leur endroit lès véritables sentimens dé
ses prêtres habituels. Ce sera l'objet d'un
second article.
| A. GIliNDGUILLOT.
1» '
lin M
TELEGRAPHIE PRIVEE.
Londres, le 2 mai.
Dans la Chambre des Communes, lord John
Russell, répondant à jtf. Ewart, dit que des bâ-
tiinens anglais ont été envoyés en Amérique
pour protéger les intérêts, de la Grande-Bre
tagne.
Il n'y a point eu de troubles dans les îles
Ioniennes.
Londres, 3 mai.
M. Horsi'all prupoie, srti iioui de l'opposition,
un aiî;en']e:ueiit su budevt, portant que, les
d oits fur it; 1lié feront miuils à un shilling
au lieu d'abolir la. taxe sur le papier. On passe
au vote sur l'amendement. Pour, 28!; contre,
2i>9. Majorité eu faveur du gouvernement, 18.
Vieune,3mai.
Ou mandsi de Belgrade,-à la date du ''""niai,
que 'la Servie continue d'être dans de bons
rapports avec la cour suzeraine-
Marseille, 3 mai.
Hustiuin, ii. couifts uo ira m doit- dit-ou, ar-,
i l î il 1 ( r i nu en Ii w re ! i-d
de .VpH-js a qiiittfcs Luaie j.-iur aller habiter la
■Vill -i a !1 i , i I;0. t.e Joiuii 'l ae Home tfeinecit tes
Liuits îepandus au sujet, de prétenduespropo-
biliniis conc-liamus du Henjout, et il ajoute
quil uït p,H* t,i()ij rue que les spohateuts
veuillent ie»tii(hume pour acnriuder 1 eiumiement des trom
pes traaçaiser.
OnnKHidt: de Nyples -s la date du 30 avril quô
3,000 fiéu;piitai.s lie renfort sont àirivés deQô-
nés Lis opérations continuent dans la Bas;-
heate Lfjury e.-t installé. Une lorte condam
nation a clé prononcée contre laPict/aïn/erna/je
pour attaque contre la religion.
(Tîavas-Huilier.)
OOURS DiS LA BOURSE.
COURS DE CLOTUHÏ. le 2 le 3 HAUSSE. BAISSE
3 0/0au compt. G0 (15 19 15 » 10 » »
—Fia du mois, 69 15 10 13 » » » »
41/2 au coinpt. 03 90 Û6, » » 10 » »
—Pin du mois. 95 35 90 « * 43 « '»
Un décret impérial du 24 avril dernier,
publié au Moniteur de ce jour, fixe aux 15
et 16 juin prochain les élections pour Je
renouvellement partiel des conseils géné
raux et des conseils d'arrondissement.
Le succès financier de M. Gladstone est
cmfirmé. Après avoir, comme nous l'a
vons dit, adopté la fixation de l incame-lax
à 9 pence, la Chambre des Communes a
rejete, pai 299 voix contre 281, ivïi amen-
dement de M. Horsfall, qui proposait do
réduire les droits sur le thé au lieu d'abo-
Fêuillcton du GcffisSiîaticsaeî. i mai.
m MIOUIl M LAPOME
XSB.
Neptocommençait lui-mêmeàs'animer :
ils avaient tous deux du sang et du feu
dans les yeux; leurs bras noueux cher
chaient à s'entrelacer comme des serpens.
Leurs mains frémissantes et crispéesj,tour
mentaient fiévreusement lapoignéede leurs
armes : on entendait du fi vag«le soul'flo dos
poitrines embrasées, haïelaïues...,Encore
quelques secondes et c'en .était lait de la
yie d'un homme 1 .
■ Norra tomba sur ses genoux et pria. ,
Àu même instant, Mickaë.l menaça pa.r
une ieinte hardie, la poitrine de Ne^to, et
déployantenniême temps la longueur de
son bras il essaya de lui .porter par -dessus la
têieun coup dans les épaultiSjCuup toujours
mortel, car il brise les vertèbres, tranche
ïes côtes, et pénètre jusqu'aux organe3 les
pIÙB indispensables de.la vie. — Par .bon-
heurNepio cojnpritl'aUaque; il plia sur ses
ï-,-rets, et s'aplatit, pour ainsi dire, jos-
uu'àteri'P- La pointe seule du couteau l'at
teignit, et gijUSHSur son épaule, où elle tra
ça un sillon léger.
La blessure excita ln Jeune Lapon ; son
sans?, qui coulait tout chaud sur sa peau, lui
causa une sensation étrange : il sentit quela
momentétait venu, ejtrçu il fallait tenter un
pu up suprême.Le Quène ;
contrer à hauteur d'appui un point de'ré-
sistance, et qui n'avait trouvé que le vide,
avait nécessairement perdu l'équilibre; il
chancela s,ur là base de ses larges pieds et
tendit ses deux bras en avant, comme
pùur se retenir à quelque chose.
Nepto rassémbla toutes ses Forces, et
sans même se relever tout à fait, bondis
sant vers le Quène, la tête en avant, il en
fonça dans ses entrailles sa lame tout en
tière, et,au lieu de la ictirer à lui, la pous
sant violemment de gauche à droite, il
accomplit des ravages horribles.
"Mickaôl poussa uu cri de douleur, qui
fit retentir la msntague.Puisil s'affaissa sur
lui-mêine, et sembla couvrir de son vaste
corps la moitié de la plateforme^do ro
chers qui lui avait servi'de champ de ba
taille. Uamocnent ses membres s'agi'èrent
dans les effrayantes convulsions de l'ago
nie. Puis ils se raidirent tout à coup.
Il Voulut parler, mais la v-oix expira dans
sa gorge, et, au lieu de mots,il.neivint àses
lèvres qu'une épaisse et sanglante écume.
Quelques minutes après"il était mort.
Elphège, en le voyant tomber, s'était
hâté d'accourir à lui; toi-t le monde, ex
cepté Norra, avait franchi lepont et s'était
approché du petit groupe pour détacher
l'homme du cadavre.
Mais-Nepto les avait prévenus, et, du
même'fer qui l'avait vengé, il venait de
Couper la ceinture, ne parvenant pas assez
vite à la dénouer. Puis,«.vvant qu'on ne pût
être assez près de lui pour l'en empêcher,
il commença de l'ai re rouler le corpsmorlet
le poussa jusqu'à l'extrémité de la terrasse.
Arrivé au bord qui surplombait l'abî
me, il monta sur son ventre et le foula
aux pieds avec urne sorte'de joie farouche;
et d'exaltation sauvage, et un trépignement
furieux qui le rendaient terrible à voir : sa
petite taille avait, pour ainsi dire, disparu.
— Il paraissait grand sur ce sanglant pié4
deslal de la Victoire, que lui faisait le ca?
davre d'un ennemi, — La passion satis
faite lui donnait une «xpression de.triom
phe et d'orgueil indicible. On eût dit la
statue même de la Vengeance, mais une
statue animée, et dans laquelle respirait
une a'mc! Il fallut que Henrick, nature
plus clémente, le rappelât à des sentimens
humains, en lui disant que la mort expiait
toutes les fautes et que les dettes de Mic-
kaël étaient"payées.
— Ah! s'écria le Lapon en brandissant
sa lame teinte de sarig, que n'ai-je pu le
Itier deux fois, cet assassin des'uiicii-, ce
ravisseur de Norra !
. Il replaça .son couteau dans sa -gaine,
après en Avoir essuyé le 1er dans les che
veux de sa victime, el, comme Achille
traînant le cadavre d'Hector, il prit son
ennemi parles pieds, sans que les assis-
tans, pénétrés d'une secrète liorreur, son.?
geassent à l'en empêcher, et il le précipita
dans le. torrent, ■ en lui disant : Va te
faire manger aux poissons, tu n'<-s pas di
gne de dormir dans la terre des hommes!
Le cadavre bondit et rebondit avec des
heurts et des cahots effrayans, laissant à
toutes les aspérités des rochers les traces
do son sang, les lambeaux de sa chair, les
éclats de sa cervelle. '
Enfin il tomba dans le torrent.
Ou vit alors un spectacle étrange.
On sait qu'en'Norvége cesont les torrens
qui portent à la mer les forêts qu'ils tra :
v.erscnt. On coupe, les sapins de leurs
bords, on. les ébranche, et on les jette à
l'eau, après les avoir marqués, ils s'en
vont, lents ou rapides,selon que le flot est
abondant ou rare. "On est sûr qu'ils arri
veront. Quand arriveront-ils? On n'en sait
rien, et l'on 11e s'en préoccupe pas; la ques
tion de temps, en Norvège, est toujours
indiflérente. Ces grands troncs dépouillés,
blancs, à l'exception de leurs nœuds rou-
geâtres, qui ont l'air de blessures saignan
tes, s'en vont ainsi à la dérive, .tantôt pré
cipités par les cataractes et frangés de
blanche écume, comme de rubans d'ar
gent; tantôt, arrêtés dans les rochers, ou
bien échoués sur quelque écueil à fleur
d'eau.jusqu'à la crue prochaine, qui les dé-
£* i/eetlesemporlo. Quand le torrent traver
se un lac ou son courant de vient.presque
1 .si n^n'e, le? 'apins semblent immola!"-
sur l'onde endormie; ils s'ari.Mcut dar s
toutes les anses, dus petites îles, revien
nent sur eux-mêmes si lovent contrarie leur
marche, et mettent pailois deux jours à
faire une lieue.
Un de ces immenses trains flottait alors
dans le torrent dont les deux bras for-,
niaient l'île qui avait servi de théâtre au
combat. "
Le cadavre de l'homme tomba au milieu
de ces cadavies d'arores.
Englouti un instant 'dans l'abîme, il en
ressortit bientôt, repoussé par les sapins,
et on le vitse dresser à mi-corps, livide, h:w
traits contractés, ses longs.cheveux collés
sur son visage, ses bras tantôt, étendus,
tantôt reployés selon le caprice des va-
gues, disparaissant de nouveau sou,s quel
que remous soudain, et de nouveau repa
raissant, tantôt couché, tantôt debout, le
buste tout entier hors de l'eau, comme s'il
eût chevauché sur les longs trorcs flot-
taiis.
Debou t, sur la pointe du rocher, les spec
tateurs de ce drame terrible suivaient t'a
fuite des yeux avec une émotion mêlée
d'horreur. Enfin, un détour du torrent
l'emporia; la'vision sinistre s'évanouit.
Norra pansa soigneusement la blessure,
d'ailleurs assez légère, de Nepto, et après
avoir pris congé des Norvégiens, qui les
avaient accompagnés jusque-là, et dont le
petit-fils de Peckél avait de nouveau et
généreusement reconnu, les bons offices,
tous nos amis reprirent la route du camp,
où ils furent reçus avec un véritable en
thousiasme.
Le vieux patriarche, en .voyant revenir"'
ensemble ses dejjx pet its-ën fan s , qu'il
avait cru perdus pour- toujours, ne son
geait point, à cacher sa joierNepto et Norra
étaient aimés do touie leur tribu, et cha
cun était'heureux de les retrouver-. Tout
le monde sortait des tentes pour aller re
mercier les deux Suédois de r,e qu'ils
avaient-lait peur la famille de leur "chef.
Familiers et niz-ïfs; les témoignages-de leur
reconnaissance n'en étaient pas moins très
agréable h nos héros, lis consentirent donc
assez volontiers à passer quelques jours
au camp.
On avait espéré que la nouvelle preuve
d'affection.et de dévouement passionnée
donnée à Norra par son cousin aurait
peut-être pour effet de toucher enfin le
coeur de la jeune fille et d'amener chez
elle,une réciprocité depuis si. longtemps
attendue.C'était Ifi ure. complète-erreur. Le
cœur d'une, femme n'a jamais été enchaîné
par la reconnaissance, et ses mouvemens
dont la cause mystérieuse échappe pres
que toujours, même aux plus fins obser
vateurs, sont. ip,dépendaas de ce que les
philo.sftphes appellent les considérations
d'ordre moral. C'est même là,selon les uns,
une preuve derexcellenced-eramour,qu'il
échappe a toutes les lois acceptées et ne
reconnaît, d'autres règles que ses volontés
irresponsables et suprêmes; tandis que
les autres ne voient là qu'une preuve nou
velle de l'infériorité d'une passion sans
frein, qui veut être son but et sa fin à
elle-même et qui, à travers les peines et
U's douleurs d'autrui, ne cherche que ses
satisfactions et ses joies. :
Très reconnaissante envers Nepto, Norra
ne l'en aima pas davantage, tandis que les
sentimens qu'elle nourrissait pour Henrick,
surexcités encore par la prouve chevale
resque de dé*, oûment qu'il lui avait donnée
Udiib des circonfcitincos si bien faAloi pour
impressionner sa jaunie et vivo imagina
tion, avaient pris tout à coup une inten
sité et une ardeul' que l'on o'avait point
observéejusque-li 1 lav Henrick en
éprouvait un sinui* i.^ia il avait fait
pour combattre eut un n ilion fatale tout
ce qu il était Yiauiii:u. ^o.-w-ubte do l'aire.
lUeii n'avait réussi, ou eut uit, au contrai
re, que tout ce qu'il tentait tournait contre*
lui: de guerre lasso, il «mt & eu remettre au
temps et laisser lui eh cuosi Il résolut
feulement de quitici le camp, dos Lapons
plus tôt qu'il no Ciouut, et surtout de n'y
jamais revenir.
Les travaux du jeune officier allaient le
retenir quelque temps encore dans le rtrê-
me district; mais il savait.que les La
pons devaient s'en éloigner pour regagner
les montagnes ; lui, do son côté, devait
pousser jusqu'à l'extrême nord et rejoin
dre, vers le cap, le Trollhalta, dont/Ham-
merfest serait la dernière station. Il était
donc certain do quitter Norra pour tou
jours, et, à la pensée du mal que'lui cau
sait c'nacunedeleurs rencontres, il no pou-
BUREAUX A PARIS : rue de Valois (PalaisJloyal), n' 16.
Ii
SAMEDI 4 MAI 1S61.
AUONMMENS DES DEPARTEMENS.
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sur Paris, à l'ordre de l'administrateur du journal, rtra-d^-Valois ,-n° 10.
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Les lettres ou envois d'argent non affuanoihs sont refusés.
■ Les articles -déposés ne sont pas rendus.
Les abouneinens datemideSïW 1
- de chaque rasas,. . 4i v «s
l
Les annonces soat reçues cùez M. Panis , régisseur des 6 grands raumatOt^V.
rue Notre-Dame-des-Victoires, n" 40 (place de la BourseVC- f- y "
" "" * v -
PARIS, 5 MAI.
"Voici la seconde lettr* de Mgr l'archevê
que de Cambrai :
Paris, le 30 avril-1861.
Monsieur le rédacteur,
C'est de Paris que j'àï l'honneur de vous
adresser cette seconde lettre. J'ai dû inter
rompre ma visite pastorale pour venir dé-
fendrejci, autant qu'il est en moi, les in
térêts sacrés, dont la tutelle m'est confiée.
En y venant, j'ai cédé aux supplications
et aux larmes des pauvres ouvriers belges
^ qui réclament les guides spirituels et les
consolateurs dévoués qu'on a éloignés
d'eux; aux instances de mes dignes curés
à qui on impose un surcroît de ministère
auquel leur zèle ne peut suffire; au vœu
d'un grand nombre d'honorables indus
triels de Lille, qui se trouvent indirecte
ment atteints dans leurs intérêts par la
position anormale et dangereuse que fait
aux ouvriers belges qu'ils emploient, l'ex-
. pulsion des Rédemptoristes étrangers. -
Dans votre numéro d'hier, Monsieur le
rédacteur, vous avez fait précéder la bien
veillante inseriion de ma lettre de deux
observations qui ne me paraissent pas de
voir rester sans réplique, et sur lesquelles
je me crois obligé de dire quelques mots.
La première de ces observations, c'est,
dites-vous, Monsieur, « qu'il est acquis au
" » débat que les communautés religieuses
» dissoutes par mesure .administrative,
» n'étaient munies que de l'autorisation
. » canonique, ce qui est quelque chose,
» sans doute; mais ce qui ne suffit pas.
» L'autorisation légale leur manque. »
Il est très vrai, Monsieur, que cette der
nière autorisation leur manquait. Mais
vous-savez, comme tout le monde,"que si,
sous ce rapport,leur position était incom
plète, ce n'est pas à elles qu'on doit s'en
prendre :. depuis longues années, le gou
vernement no croit pas devoir donner à de
nouvelleseommunautésd'homfBesuneexis-
teucu légale. Mais depuis 1830, il avait accor
dé à celles qu'établissaient les évêques, pour'
les besoins religieux des populations, une
tolérance bienveillante, nous pouvons mê-
. me dire une sorte de patronage, dont elles
étaient profondément reconnaissantes et
qu'elles payaient par d'importans services.
En ce qui concerne mon diocèse en par
ticulier , cette existenco de fait, parfaite
ment juf tifide par les nécessités d'une po
sition exceptionnelle, paraissait garan
tie, pour l'avenir. par l'assurance que
voulait bien me donner, il y a eu hier,
un an, S. Exc. M. le ministre de l'ins
truction publique et des cultes que
« l'Empereur avait déclaré ne vouloir con-
» sentir à aucun prix à révoquer l'hospi-
» talité qu'il avait"accordée aux religieux
» étrangers. » ;
Cette,déclaration de Sa Majesté Impé
riale, que j'avais transmise avec bonheur
à mon clergé, était une-généreuse rémi
niscence et unenoble application de l'axiô-
nie qui dit que la stabilité doit, être le ca
ractère propre des bienfaits du prince:
JJecet beneftcium principis esse mansurum.
Mais, dirait-on epcore unefois, il y a eu
des coupables dans les communautés sup
primées ^absolument aucun, Monsieur,
dans l 'une des deux. C'est là, pour- me
servir de vos propres expressions, un
point, acquis au débat. Quant à l'au
tre communauté, il y a eu, je le répè
te, un habitant de la maison, mais non, à
proprement parler, un membre de l'ordre
qu'a frappé la justice.; Mais, le châtiment,
infligé, la justice était .satisfaite, et tout
devait êtré fini.
11 n'y a pas d'association humaine, quel
le qu'en soit la forme et le but, qui puisse
compter sur son avenir, s'il suffit, pour en
traîner sa suppression, qu'un de ses .char
gés d'affaires ou» l'un de ses plus infimes
affiliés subisse une condamnation judi
ciaire. Mais enfin, dans les suppressions
qui affligent mon diocèse, « l'autorité ad-
ù ministrative a, dite3-vous, Monsieur, Ié-
» gitimement exercé ses pouvoirs. »
Je ne veux ni contester la stricte légalité
de la mesure, ni moins encore incriminer
l'intention de l'administration qui l'a pri
se ; mais tout le monde sait que l'usage
du dr6it,-même le'plus certain, s'il est por
té à l'extrême, peut dewnir une extrê
me injustice : Summum jus, summa injuria.
Votre seconde observation, Monsieur le
rédacteur, 'a trait aux témoignages nom
breux de regrets que je dis avoir reçus de
mon clergé depuis l'expulsion des Rédemp
toristes et des Capucins. « Tandis que
» vous croyez, vous, au contraire, et vous
» avez pour cela de nombreuses raisons,
» que si le clergé du Nord a exprimé des
» regrets, c'est alors qu'il était témoin de
» la propagande religieuse des commu-
» nautés dissoutes, et non depuis quel'au-
» torité administrativealégitimernentexer-
» cé ses pouvoirs. »
J'ignore, Monsieur, quels sont vos rap
ports "avec mon diocèse et à quel point
vous êtes à même de connaître lés dispo
sitions de mon clergé ; mais je ne saurais
croire et vous persuaderez, je pense," diffi
cilement à qui que ce soit, que je con
naisse moins que vous ce diocèse que
j'habite depuis bientôt onze ans, et que
j'aijnaintes fois parcouru d'une extrémité
à l'autre, ou que je suis moins sûrement
informé que vous des pensées et des sen
timens de ce clergé avec chaque membre
duquel je suis en relations pour ainsi dire
quotidiennes et intimes. .
. Vous avez, assurez-vous, Monsieur, de
nombreuses raisons de vos convictions
sur ce point: vous les produirez, sans
doute. — En attendant, permettez- moi de
donner ici, à l'appui de mes assertions,
que vous révoquezen doute , seulement
la lettre qui suit. Elle est- souscrite par les
six Curés-doyens de Lille, et je ,1a choisis
entre beaucoup d'autres parce qu'elle
n'exprime pas seulement des. regrets vive
ment sentis, mais qu'elle expose avec une
irréfutable autorité des "raisons pêremp-
toires : ,.
Monseigneur, . . :
Quand les besoins de l'industrie frai çaise eu
rent annexé parmi nous uni nombreuse popula
tion belge-flamande, nous lûmes effrayés de la po
sition où nous nous trouvions. D'un côté, se mon
trait pour nous l'obligation, de donner des secours
spirituels à cette population, et, de l'autre, nous
étions arrêtés par une double impuissance : man
que de temps, entièrement absorbé qu'est le nôtre
par la population native, déjà trop grande, et igno
rance de la part même des prêtres de la Fiaudre
frapçaise, du dialecte de ces étrangers. C'était donc
un besoin, une impérieuse nécessité .d'invoquer le
concours d'auxiliaires étrangers, qui,pussent offrir à
ces populations ce que nous ne pouvions leur don
ner nous-mêmes. Aussi nous benîmës le jout où
Votre Grandeur, répondant à nos vœux, appela au
milieu de nousles Rédemptoristes belges-flamands.
Nous n'eûmes qu'à nous louer de nos rapports avec
ces bons prêtres, et nous pûmes nous reposer sur
leur zèle du soin de ce peuple, qui était venu se
confier à nous pour ses besoin* religieux, et qui
avait bien le droit, de les voir satisfaits. Main
tenant qu'une mesure administrative a éloigné
ces auxiliaires, sans lesquels il ïipus est impossi
ble de remplir la mission que les nécessités nous
confient, dans l'anxiété où se trouve notre cons-,
cience de pasteurs et de prêtres, nous nous tour
nons encore vers vous, Monseigneur, avec la fer
me confiance que le gouvernement, éclairé par
Votre Grandeur suria gra. ité de la situation mo
rale qui ntiui est faite, reviendra air. sa'détertul-
tioc, et né permettra pasque ces nombreux ou
vriers, privés de soins religieux,.se démoralisent,
et deviennent pour la société, sinon une menace,
au moins une grande charge.
Vous espérez, Monsieur, me mettre à
même d'apprécier mes propres erreurs sur
la question que vous avez soulevée et que
vous m'avez obligé à débattre avec vous- ;
J'attends les rectifications que vous ta'an-
noncez, et ; je vous remercie d'avance des
égards avec lesquels vous voulez bien me
promettre de me les adresser.
Recevez, Mou sieur le rédacteur, l'assu
rance de ma considération distinguée.
■Jr R. E., archevêque de Cambrai.
Commençons par remercier profondé
ment Mgr l'archevêque de Cambrai du bon
goût et de la dignité calme qui régnent
dans sa lettre. Pense-t-on que celte ré
ponse, pour être moins violente que celle
de Mgr de Perpignan, ait perdu quelque
chose en forceet en fermeté? Non, assuré
ment; parce que l'on se trouve d'un avis op
posé sur une question morale, politique
ou administrative, ce n'est pas une raison.
pour oublier les plus simples égards que
commande, surtout vis-à-vis d'un adver
saire, cette charité chrétienne qui com
prend à la fpis le respect de soi et le res
pect du prochain.
Nous nous efforcerons, dans le cours de ,
la discussion, de suivre le bel exemple
qui nous est offert par Mgr l'archevêque
de Cambrai. -
Expliquons d'abord comment nous som
mes amené à reprendre la plume dans ce
nouveau débat. A -l'étranger, une feuille
ultramontainedesplusautorisées, ignorant
probablement les conditions d'unité direc
toriale qui conviennent à tout journal véri
tablement sérieux, s'est avisée de dire que.; ;,
notre précédent article sur les Capucins-ét?';'
les Rédemptoristes n'avait été qûîune sur-
prisfe ou tout au plus qu'un caprice indi
viduel. Ici, qu'on le sache bien, noiis som
mes tous solidaires les uns des autres.
Aussi, devant une pareille insinuation, et
la lutte s'agranriissant, *M. Dréolle, no
tre honorable collaborateur et excellent
ami, n'a-t-il pas hésité à nous rendre la
parole.
I.
Il est maintenant bien établi que les Ca
pucins etjes Rédemptoristes d'Hazebrouck
et de Dunkerque s'étaient glissés en Fran
ce sans autorisation légale. On a beau
coup parlé, ces jours derniers, de l'im
possibilité de cette autorisation pour les
communautés d'hommes C est un point
de législation que nous n'examinerons
pas aujourd'hui. On admet que l'admi
nistration n'a fait qu'user de son droit
en prononçant l'expulsion. : cela suffit. IU
nous reste maintenant à faire voir que
jamais'mesure ne fut plus justifiée, plus
morale et plus opportune. Pour cela, bor
nons-nous à opposer dos faits aux asser
tions contraires du vénérable prélat.
Mgr l'archevêque dé Cambrai a plaidé
contre nous la double cause de la moralité
et du désintéressement des Capucins et
des Rédemptoristes expulsés. La première
partie do sa tâche était délicate 1 Nous
comprenons donc parfaitement que le
saint et pieux pontife se soit senti mal à
l'aise sur un pareil terrain, et a'it eu re
cours à cet expédient de PalaCis qui con
siste, lorsque les faits sont irrécusables
et qu'il y a plusieurs prévenus, à rejeter
sur un seul -d'entre eux les crimes de tous.
A entendre notre éminent contradicteur,
Je sieur Vanderbecke a tout fait, lui seul
est coupable. Et qu'était le sieur Vander
becke'; Un Capucin? Non. Une sorte d'in
tendant? Moins que cela; —\in domesti
que. Est-il juste de faire peser sur toute
une communauté les méfaits d'un pareil
homme ?
Pardon, Monseigneur, mais on a surpris
évidemment votre religion. Le sieur Van
derbecke, Belge, condamné en 1,843 parle'
tribunal,de Bruges, et, l'année dernière ,
au mois de décembre, par le tribunal
d'Hazebrouck, pour attentats à la pudeur,
était un homme autrement considérable
que vous ne l«-supposez. Telle était sa po
sition parmi les Capucins, que les testa-
mensse faisaienten sa faveur. Les Pères Ca
pucins n'allaient jamais confesser un mala
de riche sans être suivis du sieur Vander
becke. Celui-ci se chargeait, aussitôt après
la mort du patient, de recouvrer les doijs
et les legs, et, il faut, lui rendre cette jus
tice, qu'il ne reculait devant aucune demar-
cheni devantaucun moyen. Il était brutal et
cynique à l'occasion. On vous .a laissé igno
rer, Monseigneur,-ce qui se passa au lit
de mort de Mme H........ Cette dame ve
nait à peine d'expirer : ses enfans priaient
autour de la dépouille mortelle; Vander
becke entre, lit à haute voix un testament
fait en sa faveur, et, s'adressant aux gens
de la'maison : « Décrochez ce tableau,
mettez sous clé cette.chaîne d'or; tout cela
m'appartient et je vous en rends respon
sables. »
Vanderbecke domestique! Mais on no
l'appelle encore à Hazebrouik que 1 a père
des Capucins. Les Capucin^, du reste, n'ont
pas-été ingrats; ils ont eu envers lui le
courage de la reconnaissance. Même après
sa "dernière condamnation, ils ont mainte
nu dans leur église un tableau'tie Chemin
de la Croix au bas duquel se trouvent
son nom et ses nombreux prénoms écrits
en grosses lettres. Que leur importait
en .définitive une condamnation de plus
ou de moins? Le sieur Damis (père Camil
le, supérieur,) qui est de Bruges; le sieur
Handts (père Pascal) qui est de Loochristy;
le sieur Claresse (père Anselme) qui est de
Thielt; le sieur Janssens (père Ignace) qui
est de Op; le sieur Stevens (frère Albert)
qui est de Deftingue; le sieur Meulemees-
ter (frère Juste), qui est de Zergheghern;
le sieur Pottier (frère Donat) qui est du
même endroit; le sieur Vaiilseghem (frère
Stanislas) qui est de Bruges, n'avaient évi
demment, jamais ignoré le passé judiciaire
de leur compatriote.
( Entre parenthèses, faisons remarquer
que nous sommes loin décompté avec Mgr
l'archevêque de Cambrai, qui estime qu'il
n'y avait que quatre Capucins dans le cou
vent d'Hazebrouck. )
> Et puis Vanderbecke, après tout, n'était-
pas le seul' qui se trouvât dans le même,
cas. Et le sieur "Wincke (le frère cuisinier)
n'a-t-il pas été condamné également pour
attentats à la pudeur? On nous dit que ce
n'était qu'un frère novice qui postulait
pour arriver au rang de père Capucin.
Nous ne savons; mais, à son arrivée au
couvent d'Hazebrouck, le 9 novembre 1857,
la vérité est qu'il s'est fait insciire en qua
lité de Capucin. Etait-il père? n'était-il
que frère? Peu importe! le scandale n'en
a pas été mains grand aux yeux de la foule
qui, en pareil cas, n'admet point ces sub
tiles distinctions.
Nous avons hâte d'en finir avec toutes
ces hontes; autrement nous*rappellerions
! eu caire à Mgr de Cambrai l'aflaire du sii-ur;
Strayband, en août 1 SCO. C'est le premier"
fait, cr63 r oi!s-nQiis, qui ait-éveillé l'atlen-:
tion de la justice sur les Capucins. N'est-
ce pas en sortant de Celebrer la sainte-
messe que ce prétie indigne, on pleines
rues d'Hazebrouck, devant, des femmes et
des enfins, p.e livirit a. des actes'J'impu-
dicité? L'arrêt du 22 septembre -î800 sem
ble le laisser entendre.
Immoraux, lesreligieux expulsés étaient-
ils du moins pauvres et désintéressés? Non,
nous le déclarons de nouveau, avec un res
pectueux regret devant .l'affirmation réc-en-;
-te de Mgr l'archevêque de Cambrai. Nous,
avons les mains pleines de preuves, et l'on ;
nous pardonnera d'être-un peu long : il y
a de ces détails qui sont significatifs parle
temps qui-court.
Les Rédemptoristes arrivent à Dunker
que. Ils n'ont rien, absolument rien. Lo
gés dans une" maison que le zèle de quel
ques personnes leur avait procurée, ils
affectent tellement la pauvreté qu'ils son
nent la cloche deux fois par jour pour se
rappeler à la charité des fidèles qui leur
apportent à manger. — Ils sont trois d'a
bord, puis cinq, puis huit, puis dix, puis
plus encore. Comment vivent-ils ? leur
besoin d'argentest réel, incontestable. C'est
à ce point que l'autorité diocésaine,
pour leur venir en aide, propose,,s'il faut,
encroireles Dunkerquois, l'expédient sui
vant. A la chapelle des Dunes, il y a des
diamans qui représentent une somme
assez forte ; l'archevêché demande qu'on'
les vende au profit des Rédemptoristes et
qu'on les remplace par des diamjans faux
« pour ne pas scandaliser les yeux des
fidèles. » Les administrateurs de la cha
pelle, gens pieux assurément et fervens
catholiques, s'opposent énergiquement à
une semblable mesure et encourent, à ce
propos, de terribles menaces.—« Eh bien !
s'écrie-t-on.à Cambrai, on ne dira plus la
messe à la petite chapelle. » — « Vous ne
» voudriez pas, répond-onàDunkerque, pri-
» ver de la messe des dimanches de paù-
» vres femmes de marins qui ne peuvent
» aller'à l'église paroissiale! Cette messe
» est fondée depuis des siècles et a été
» confirmée par Mgr Belmas..Vous ne le
» voudriez pas. » — De guerre lasse, les
diamans restèrent, quoique, nous assure-
t-on, on soit revenu à 1^ charge lorsque
les Rédemptoristes quittèrent les environs
du port pour s'établir au centre de la ville.
On voulait
Les pauvres gens I Ils avaient bien be
soin , en "effet, de cette petite subven
tion d'un nouveau genre; En quatre ou
cinq ans ils venaient de trouver le moyen
d'acheter, à l'endroit le plus coûteux de
Dunkerque, un vaste terrain, d'y cons
truire un logement magnifique et une égli-
,se, nous écrit-on a telle que n'en possè
dent pas deux, de nos trois paroisses.»
Terrain et constructions ont coûté plus de
500,000 francs !
Voilà pour les Rédemptoristes; revenons
aux Capucins.
Ils arrivent, au nombre de trois, à Ha-
zebrouck, en janvier 1854. Ils n'ont rien ,
absolument rien, comme les Rédempto
ristes. En 1860, nous les trouvons possé
dant une belle chapelle, un couvent pou
vant recevoir trente-deux pèn?, et un im-
roesse jardin ;-le tout clos de murs et-►le
baies, comprenant 87 ares 90 centiare*
de terre, d'une valeur approximative de'
200,000 fr. Nous ne votions pas parler de'
leurs autres ressources, et pour cause.
Ah! .nous savons bien que l'on essaiera
de contester l'exactitude de nos renseigne-,
mène. On nous - dira que nous ignorons ce
que persoorw. n'ignore, à savoir que les Ca
pucins no peuvent, rien posséder en propre,
et qu'ils ne possèdent rien, en effet. Comé
die que tout eela ! Ii y a. des Règles que
l'on élude toujours! I! ne nous,serait-pus
aussi mpossible, qu'on se l'imagine peut-
être, de publier les noms de eoiuplaisjn.ce
qui figurent"à la' matrice cadastrale* aux
lieu et place des Capucins; de iaireconnai 1
tre comment plusieurs doyens, curés des
environs, ont été amenés à se fuiïe les
fidéi-commissaires de ces gens-là et sous
quelle pression.
En attendant, disons de quelle manière
les sommes fabuleuses dont les Rédemp^
toristes et les Capucins ont disposé, avaient
pu être recueillies. C'est véritablement édi
fiant. Nous avons sous les yeux de ces bons
de messes dont nous parlions, l'autre jour,
et que connaît bien Mgr de Cambrai. On a
battu monnaie avec ces bons; on en a fait
des dépôts dans toutes les maisons des
personnes pieuses. Chacun a été mora
lement forcé d'en prendre ; dans cer
taines sociétés (Saint-Joseph par exemple),
on est allé jusqu'à s'en servir comme fiches
de jeu. Autre trait : ces singulières valeurs
ont été négociées en plein café et l'or, a vu
vendre pour 75 centimes des bons demes.se
de 2 fr. 50 c.
Ce n'est pas tout. Le clergé national a
été taxé pour l'établissement de'ce clergé
parasite. Si les renseïgnehiens qui nous
sont transmis à la hâte sont exacts-, un
doyen donnait 500 francs, un desservant
100 francs, un vicaire 50 francs. C'est d8
cette façon seulement que Mgr de Cam
brai a raison dédire qiie ce"sont, les prê
tres du diocèse qui ont fait les premiers
irais de l'établissement des Capucins. De
plus, les Capucins prélevaient partout la
moitié des dons faits aux différentes pa
roisses: il a fallu, ces jours derniers, un
arrêt de justice pour rétablir au profit ex
clusif du doyen d'Hoz.... un testament dont
les Capucins expulsés réclamaient le bé
néfice principal.
Cela n'a pas encore suffi. Le prix des
messes a été augmenté. Il est vrai que l'on
ajoute que cela a été surtout pour grossir
les recettes du denier de saint Pierre. On
va même jusqu'à prétendre que tous les
prêtres'du diocèse sont tenus, dans le mê*
me but, de céder le quart de leur casuel.
Nous sommes loin de croire à la véraci
té de ces derniers détails-; -mais enfin le
cas mérite d'être examiné, d'autant plus
qu'il nous amène naturellement à recher
cher comment Mgr- de Cambrai a appelé et
introduit parmi nous ces tristes religieux,
quols services ils pouvaient rendre,.« aux
pauvres ouvriers beiges, » et quels étaient
à leur endroit lès véritables sentimens dé
ses prêtres habituels. Ce sera l'objet d'un
second article.
| A. GIliNDGUILLOT.
1» '
lin M
TELEGRAPHIE PRIVEE.
Londres, le 2 mai.
Dans la Chambre des Communes, lord John
Russell, répondant à jtf. Ewart, dit que des bâ-
tiinens anglais ont été envoyés en Amérique
pour protéger les intérêts, de la Grande-Bre
tagne.
Il n'y a point eu de troubles dans les îles
Ioniennes.
Londres, 3 mai.
M. Horsi'all prupoie, srti iioui de l'opposition,
un aiî;en']e:ueiit su budevt, portant que, les
d oits fur it; 1lié feront miuils à un shilling
au lieu d'abolir la. taxe sur le papier. On passe
au vote sur l'amendement. Pour, 28!; contre,
2i>9. Majorité eu faveur du gouvernement, 18.
Vieune,3mai.
Ou mandsi de Belgrade,-à la date du ''""niai,
que 'la Servie continue d'être dans de bons
rapports avec la cour suzeraine-
Marseille, 3 mai.
Hustiuin, ii. couifts uo ira m doit- dit-ou, ar-,
i l î il 1 ( r i nu en Ii w re ! i-d
de .VpH-js a qiiittfcs Luaie j.-iur aller habiter la
■Vill -i a !1 i , i I;0. t.e Joiuii 'l ae Home tfeinecit tes
Liuits îepandus au sujet, de prétenduespropo-
biliniis conc-liamus du Henjout, et il ajoute
quil uït p,H* t,i()ij rue que les spohateuts
veuillent ie»tii(
pes traaçaiser.
OnnKHidt: de Nyples -s la date du 30 avril quô
3,000 fiéu;piitai.s lie renfort sont àirivés deQô-
nés Lis opérations continuent dans la Bas;-
heate Lfjury e.-t installé. Une lorte condam
nation a clé prononcée contre laPict/aïn/erna/je
pour attaque contre la religion.
(Tîavas-Huilier.)
OOURS DiS LA BOURSE.
COURS DE CLOTUHÏ. le 2 le 3 HAUSSE. BAISSE
3 0/0au compt. G0 (15 19 15 » 10 » »
—Fia du mois, 69 15 10 13 » » » »
41/2 au coinpt. 03 90 Û6, » » 10 » »
—Pin du mois. 95 35 90 « * 43 « '»
Un décret impérial du 24 avril dernier,
publié au Moniteur de ce jour, fixe aux 15
et 16 juin prochain les élections pour Je
renouvellement partiel des conseils géné
raux et des conseils d'arrondissement.
Le succès financier de M. Gladstone est
cmfirmé. Après avoir, comme nous l'a
vons dit, adopté la fixation de l incame-lax
à 9 pence, la Chambre des Communes a
rejete, pai 299 voix contre 281, ivïi amen-
dement de M. Horsfall, qui proposait do
réduire les droits sur le thé au lieu d'abo-
Fêuillcton du GcffisSiîaticsaeî. i mai.
m MIOUIl M LAPOME
XSB.
Neptocommençait lui-mêmeàs'animer :
ils avaient tous deux du sang et du feu
dans les yeux; leurs bras noueux cher
chaient à s'entrelacer comme des serpens.
Leurs mains frémissantes et crispéesj,tour
mentaient fiévreusement lapoignéede leurs
armes : on entendait du fi vag«le soul'flo dos
poitrines embrasées, haïelaïues...,Encore
quelques secondes et c'en .était lait de la
yie d'un homme 1 .
■ Norra tomba sur ses genoux et pria. ,
Àu même instant, Mickaë.l menaça pa.r
une ieinte hardie, la poitrine de Ne^to, et
déployantenniême temps la longueur de
son bras il essaya de lui .porter par -dessus la
têieun coup dans les épaultiSjCuup toujours
mortel, car il brise les vertèbres, tranche
ïes côtes, et pénètre jusqu'aux organe3 les
pIÙB indispensables de.la vie. — Par .bon-
heurNepio cojnpritl'aUaque; il plia sur ses
ï-,-rets, et s'aplatit, pour ainsi dire, jos-
uu'àteri'P- La pointe seule du couteau l'at
teignit, et gijUSHSur son épaule, où elle tra
ça un sillon léger.
La blessure excita ln Jeune Lapon ; son
sans?, qui coulait tout chaud sur sa peau, lui
causa une sensation étrange : il sentit quela
momentétait venu, ejtrçu il fallait tenter un
pu up suprême.Le Quène ;
contrer à hauteur d'appui un point de'ré-
sistance, et qui n'avait trouvé que le vide,
avait nécessairement perdu l'équilibre; il
chancela s,ur là base de ses larges pieds et
tendit ses deux bras en avant, comme
pùur se retenir à quelque chose.
Nepto rassémbla toutes ses Forces, et
sans même se relever tout à fait, bondis
sant vers le Quène, la tête en avant, il en
fonça dans ses entrailles sa lame tout en
tière, et,au lieu de la ictirer à lui, la pous
sant violemment de gauche à droite, il
accomplit des ravages horribles.
"Mickaôl poussa uu cri de douleur, qui
fit retentir la msntague.Puisil s'affaissa sur
lui-mêine, et sembla couvrir de son vaste
corps la moitié de la plateforme^do ro
chers qui lui avait servi'de champ de ba
taille. Uamocnent ses membres s'agi'èrent
dans les effrayantes convulsions de l'ago
nie. Puis ils se raidirent tout à coup.
Il Voulut parler, mais la v-oix expira dans
sa gorge, et, au lieu de mots,il.neivint àses
lèvres qu'une épaisse et sanglante écume.
Quelques minutes après"il était mort.
Elphège, en le voyant tomber, s'était
hâté d'accourir à lui; toi-t le monde, ex
cepté Norra, avait franchi lepont et s'était
approché du petit groupe pour détacher
l'homme du cadavre.
Mais-Nepto les avait prévenus, et, du
même'fer qui l'avait vengé, il venait de
Couper la ceinture, ne parvenant pas assez
vite à la dénouer. Puis,«.vvant qu'on ne pût
être assez près de lui pour l'en empêcher,
il commença de l'ai re rouler le corpsmorlet
le poussa jusqu'à l'extrémité de la terrasse.
Arrivé au bord qui surplombait l'abî
me, il monta sur son ventre et le foula
aux pieds avec urne sorte'de joie farouche;
et d'exaltation sauvage, et un trépignement
furieux qui le rendaient terrible à voir : sa
petite taille avait, pour ainsi dire, disparu.
— Il paraissait grand sur ce sanglant pié4
deslal de la Victoire, que lui faisait le ca?
davre d'un ennemi, — La passion satis
faite lui donnait une «xpression de.triom
phe et d'orgueil indicible. On eût dit la
statue même de la Vengeance, mais une
statue animée, et dans laquelle respirait
une a'mc! Il fallut que Henrick, nature
plus clémente, le rappelât à des sentimens
humains, en lui disant que la mort expiait
toutes les fautes et que les dettes de Mic-
kaël étaient"payées.
— Ah! s'écria le Lapon en brandissant
sa lame teinte de sarig, que n'ai-je pu le
Itier deux fois, cet assassin des'uiicii-, ce
ravisseur de Norra !
. Il replaça .son couteau dans sa -gaine,
après en Avoir essuyé le 1er dans les che
veux de sa victime, el, comme Achille
traînant le cadavre d'Hector, il prit son
ennemi parles pieds, sans que les assis-
tans, pénétrés d'une secrète liorreur, son.?
geassent à l'en empêcher, et il le précipita
dans le. torrent, ■ en lui disant : Va te
faire manger aux poissons, tu n'<-s pas di
gne de dormir dans la terre des hommes!
Le cadavre bondit et rebondit avec des
heurts et des cahots effrayans, laissant à
toutes les aspérités des rochers les traces
do son sang, les lambeaux de sa chair, les
éclats de sa cervelle. '
Enfin il tomba dans le torrent.
Ou vit alors un spectacle étrange.
On sait qu'en'Norvége cesont les torrens
qui portent à la mer les forêts qu'ils tra :
v.erscnt. On coupe, les sapins de leurs
bords, on. les ébranche, et on les jette à
l'eau, après les avoir marqués, ils s'en
vont, lents ou rapides,selon que le flot est
abondant ou rare. "On est sûr qu'ils arri
veront. Quand arriveront-ils? On n'en sait
rien, et l'on 11e s'en préoccupe pas; la ques
tion de temps, en Norvège, est toujours
indiflérente. Ces grands troncs dépouillés,
blancs, à l'exception de leurs nœuds rou-
geâtres, qui ont l'air de blessures saignan
tes, s'en vont ainsi à la dérive, .tantôt pré
cipités par les cataractes et frangés de
blanche écume, comme de rubans d'ar
gent; tantôt, arrêtés dans les rochers, ou
bien échoués sur quelque écueil à fleur
d'eau.jusqu'à la crue prochaine, qui les dé-
£* i/eetlesemporlo. Quand le torrent traver
se un lac ou son courant de vient.presque
1 .si n^n'e, le? 'apins semblent immola!"-
sur l'onde endormie; ils s'ari.Mcut dar s
toutes les anses, dus petites îles, revien
nent sur eux-mêmes si lovent contrarie leur
marche, et mettent pailois deux jours à
faire une lieue.
Un de ces immenses trains flottait alors
dans le torrent dont les deux bras for-,
niaient l'île qui avait servi de théâtre au
combat. "
Le cadavre de l'homme tomba au milieu
de ces cadavies d'arores.
Englouti un instant 'dans l'abîme, il en
ressortit bientôt, repoussé par les sapins,
et on le vitse dresser à mi-corps, livide, h:w
traits contractés, ses longs.cheveux collés
sur son visage, ses bras tantôt, étendus,
tantôt reployés selon le caprice des va-
gues, disparaissant de nouveau sou,s quel
que remous soudain, et de nouveau repa
raissant, tantôt couché, tantôt debout, le
buste tout entier hors de l'eau, comme s'il
eût chevauché sur les longs trorcs flot-
taiis.
Debou t, sur la pointe du rocher, les spec
tateurs de ce drame terrible suivaient t'a
fuite des yeux avec une émotion mêlée
d'horreur. Enfin, un détour du torrent
l'emporia; la'vision sinistre s'évanouit.
Norra pansa soigneusement la blessure,
d'ailleurs assez légère, de Nepto, et après
avoir pris congé des Norvégiens, qui les
avaient accompagnés jusque-là, et dont le
petit-fils de Peckél avait de nouveau et
généreusement reconnu, les bons offices,
tous nos amis reprirent la route du camp,
où ils furent reçus avec un véritable en
thousiasme.
Le vieux patriarche, en .voyant revenir"'
ensemble ses dejjx pet its-ën fan s , qu'il
avait cru perdus pour- toujours, ne son
geait point, à cacher sa joierNepto et Norra
étaient aimés do touie leur tribu, et cha
cun était'heureux de les retrouver-. Tout
le monde sortait des tentes pour aller re
mercier les deux Suédois de r,e qu'ils
avaient-lait peur la famille de leur "chef.
Familiers et niz-ïfs; les témoignages-de leur
reconnaissance n'en étaient pas moins très
agréable h nos héros, lis consentirent donc
assez volontiers à passer quelques jours
au camp.
On avait espéré que la nouvelle preuve
d'affection.et de dévouement passionnée
donnée à Norra par son cousin aurait
peut-être pour effet de toucher enfin le
coeur de la jeune fille et d'amener chez
elle,une réciprocité depuis si. longtemps
attendue.C'était Ifi ure. complète-erreur. Le
cœur d'une, femme n'a jamais été enchaîné
par la reconnaissance, et ses mouvemens
dont la cause mystérieuse échappe pres
que toujours, même aux plus fins obser
vateurs, sont. ip,dépendaas de ce que les
philo.sftphes appellent les considérations
d'ordre moral. C'est même là,selon les uns,
une preuve derexcellenced-eramour,qu'il
échappe a toutes les lois acceptées et ne
reconnaît, d'autres règles que ses volontés
irresponsables et suprêmes; tandis que
les autres ne voient là qu'une preuve nou
velle de l'infériorité d'une passion sans
frein, qui veut être son but et sa fin à
elle-même et qui, à travers les peines et
U's douleurs d'autrui, ne cherche que ses
satisfactions et ses joies. :
Très reconnaissante envers Nepto, Norra
ne l'en aima pas davantage, tandis que les
sentimens qu'elle nourrissait pour Henrick,
surexcités encore par la prouve chevale
resque de dé*, oûment qu'il lui avait donnée
Udiib des circonfcitincos si bien faAloi pour
impressionner sa jaunie et vivo imagina
tion, avaient pris tout à coup une inten
sité et une ardeul' que l'on o'avait point
observéejusque-li 1 lav Henrick en
éprouvait un sinui* i.^ia il avait fait
pour combattre eut un n ilion fatale tout
ce qu il était Yiauiii:u. ^o.-w-ubte do l'aire.
lUeii n'avait réussi, ou eut uit, au contrai
re, que tout ce qu'il tentait tournait contre*
lui: de guerre lasso, il «mt & eu remettre au
temps et laisser lui eh cuosi Il résolut
feulement de quitici le camp, dos Lapons
plus tôt qu'il no Ciouut, et surtout de n'y
jamais revenir.
Les travaux du jeune officier allaient le
retenir quelque temps encore dans le rtrê-
me district; mais il savait.que les La
pons devaient s'en éloigner pour regagner
les montagnes ; lui, do son côté, devait
pousser jusqu'à l'extrême nord et rejoin
dre, vers le cap, le Trollhalta, dont/Ham-
merfest serait la dernière station. Il était
donc certain do quitter Norra pour tou
jours, et, à la pensée du mal que'lui cau
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