Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-04-24
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 avril 1861 24 avril 1861
Description : 1861/04/24 (Numéro 114). 1861/04/24 (Numéro 114).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
46 ANNEE.—N. 114,
ABONNEMEKS DES DÉPMTEMENS.
TROIS MOIS.:.
SIX MOIS
UN AN........
poov ibs pa*s tthansebs, voir le tabl eau
publié les 5 et 20 de ohaque mois.
Impr. L. BONIFACE, r. dès Bons-Enfans, 19.
SURE^^' Â PARIS. : rué d'à ViSxAi ^àl^Royal), nî 10,
MERCREDI 24 AVIÎÎL 1861.
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TROIS MOIS..;
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r fbbanlaie4s aateOT jet ip*/,el ii ;• i
• " •' de chaque inoiâ; r
' ' Leï Àflâô jçis sooi remues ' ."' nié Natrê-Dâme^'des-Victoires^ n* 40 (place delà Bourse)» .o ;>•.'■ f" , '
■ 1iU . J-.'.r., u-. ; ; ' X:J
Le mode d ' abonnement lé plus simple est l'envol d'un boirde^crsfe ou d'un effet f | >
sur Pa'ris, à rôrdre da i'ADEisàsTaAMDR du journal, ■■---••
vi/mv,
àa -ptrsii
, rue de Valois, n° 10.
Lit itiires ou envois i'argevit non aïîîiàkc3ls . sont refutkl
Les articles, déposés ne sont pas rendus. -
PARIS, 25 AVRIL.
v On a pu juger à l'étranger le discours
prononcé par Garibaldi au Parlement dé
Turin,-comme une violente boutade, ré
sultat périodique de l 'exaltation perma
nente dans làqttelleses àmis entretiennent
le général italien. Mais ce qui n'était pour
n»us qu'une erreur bien vite oubliée^ a
*été, en Italie, pour les Mommes qui aiment
leur patrie, une faute et presque un cri
me. On n'a plus voulu voir seulement l 'o
rateur emporté; dont les insultes n'attei
gnent pas ; sa .popularité lui Commandant
aujourtf hubplus dp réserve que jamais; la
voix publique 1 s'élève et le condamne.
.Cette révolte,diijSentiment patriotique
est trop respectable pour ne pas être com
prise. Garibaldi'a été d'ailleurs mieux en
tendu de l'Italie que de l'Europe. Nous
signalerons doiic lés reproches qui lui sont
adressés , et que nous trouvons formulés
dans une lettre écrite par le général Cial
dini. j • ; -
Cette lettre est publiée dans la Gazette de
Turin. On eri trouyéra l'analyse aux dépê
ches. Le général Cialdini déclare brisés les
liens d'amitié qui l'unissaient à Garibaldi.
Il fuit ce despotisme dangereux que sem
ble vouloir exercer le vainqueur de Marsa-
la ; il condamne la mise-en scène presque
grotesque de la séance du Parlémént; il
fait entendre de dures vérités à eelui qui
croyait pouvoir en dire.
« Je connais les ordres que vous et les
vôtres aviez donnés au colenel Tripoti
pour nous recevoir dans les Abruzzes à
coups do fusil! » dit entre autres le géné
ral Cialdini. Et ce souvenir du passé en
traîne le général piémontais à faire la
juste part'qui revient à Garibaldi des
opérations militaires dans les provinces
napolitaines.
Nous aimons cette revendication, (J$la
part du général Cialdini. Ne prouverait-
elle, une fois de plus, qu'une poignée de
volontaires n'a pas eu raison de l'armée
napolitaine tout entière, '-qu'elle serait en
core très louable. L'Italie méridionale est.
mieux défendue «t plus honorée par cette
déclaration de l'assiégeant de Gaëte et de
Messine que par les prétentions exagé
rées des soldats de Garibaldi. Naples
doit avoir à cœur de dire que tant
que le drapeau de son roi est resté debout,
ce drapeau a eu des soldats pour le dé
fendre. Seulement, aujourd'hui que ce dra
peau est tombé, il y aurait un crime a tai-
. re succéder une guerre civile à une défen
se héroïque.
■ La lettre du général Cialdini finit par
des mots bien vifs.X est du o dégoût »' et
de « la douleur » qu'ont inspirés, dit-il, à
l'armée les menaces et les accusations di
rigées'par Garibaldi contre le gouverne
ment italien'. — Ces seiilimens doivent
être vrais. Quand nous disions que ceux
.qui aiment l'Italie, devaient l'aimer beau
coup aujourd 'hui, "noiis pensions, en effet,
que ûî mal que venait de lui faire Garibaldi,
par des paroles inconsidérées, avait été
profond. Cependant ce mal n'est pas telle
ment terrible qu'il né puisse être réparé.
La lettre dû général Cialdini vient montrer
que le peuple italien songe à en finir avec
cette existence révolutionnaire qui a duré
trop longtemps, et cependant que son Par
lement, régulièrement constitué au nom
de la nation, ne doit plus s'ouvrir aux
chemises rouges des volontaires garibal
diens.
Le "Parlement a pris en considération,
dans sa séance de mardi, le projet de' loi
de Garibafldi pour l'armement. Cette prise
én considération est une simple formalité
parlementaire qui n'engage en rien l'a
venir. * -
•On a dit que Garibaldi avait quitté Turin ;
mais, d'après ïa Monarchia nationale, il
. n'en serait rien.
• • ■ ■ * i
La haute Chambre du conseil de 1 em
pire, dont un décret impérial vient de dé
signer les membre?, sera placée, écrit-on
de Vienne, sôus la présidence de l'archi
duc Maximilien. Ce choix paraît satisfaire
l'opinion. Le prince Maximilien a toujours
été 'considéré comme l'un des esprits les
plus éclairés et lèi*plus libéraux de l'em
pire. En s'associant aux dernières réfor
mes accomplies, il s'était efforcé de con
tribuer à la régénération politique de l'em-
"pire par de sages concessions aux idées
nouvelles.#
Une dépêche de Vienne apprend jjue les
électeurs de Fiume, qui fut, il y a peu de
temps, le théâtre d'évènemens graves, ont
refusé, à la majorité de 840 voix contre 30,
d'envoyer des députés à la Diète de Croatie.
Rien ne paraît encore décidé quant à la
Diète d'Istrio.Unjournal de Vienne disque
cette même,'province, qui refuse aujour
d'hui d'élire des députés en exécution des
réglemens autrichiens, fut la première, en
1848, à faire une double élection pour l'as
semblée nationale de Vienne et pour lé Par
lement de Francfort* Le zèle électoral des
Istriens s'est donc beaucoup refroidi; mais
la Presse de Vienne n'y voit qu'une preu
ve des progrès de la a propagande piémon-
taise. »
La Chambre des Députés deHongrie.s'est
constituée le l'9 à Pesth. Dans cette première
séance, lé président a prononcé une cour
te allocution, dans laquelle se' trouvent les
paroles suivantes : « La Hongrie est au-
® jourd'hui semblable à. un navire ba~tt,u
par la tempête; mais, malgré les tour
mentes qu'elle a subies, elle est capable
encore d'affronter de nouveaux orages
et d'arriver au port grâce à la constance
et à là fidélité dé ses citoyens. »
X3n annonce de Rome que, dans une cé
rémonie qui à eu lieu à la chapelle Sixti-
ne, le PâpÔ a conféré solennellement à
l'archimandrite de Bulgarie le titre d'ar-
chevêque-vicaire apostolique des Bulgares.
Nous avons dit. à quels vœux satisfait cette
décision pontificale, et quelles conséquen
ce peut avoir pour le rétablissement de
l'ordre en Bulgarie l'affranchissement de
l'Eglise bulgare du patriarchât de Cons-
tantinople.*
Quand il y a une iïiiuvàise cause à dé
fendre, il est rare que l'Union no s'en ctui r-
ge pas. La feuille lég timiste \ie-nt donc da
tfbc«nstUuerl'aVoeatdeslléd' , rapt6rL4esde
Douai et des Capucins d'IIazebrouck. Elle
ne connaît, désormais ni lois ni autorité;
elle met de côté tous les principes monar
chiques, pour adopter ceux des religieux
belges- et en désirer le triomphe. Un peu
plus, et l'Union préférerait les Rédempto-
ristes de Douai et les Capucins d'Hàze-
brouck à tout le clergé français, à cette
; pléiade de bons prêtres, de saints minis
tres qui ne savent que remplir leurs de--
voirs- et n'oni rien de commun avec le
syndic, des capucins Vanderbecke, de ju
diciaire'mémoire. "
L'Union nous a habitués à de pareilles
étrangetés. Ce sont Ki ses traits d'esprit.. Aus
si ne feit-il pas bon de défendre sans elle et
avant elle là morale et la reUgion! Pour
peu qu'on s'y hasarde, aussitôt ta plume
se hérisse, et il n'est de horions qu'on ne
reçoive de ce palàdin tout enfiévré !
Nous n'en voudrons pas, cependant, à
l'Union de sa plaidoirie malséante. Nous lui
aba»donnerons Capucins ët Rédemptoris-
tes. Qu'elle continue h faire ses cliens de
ces hommes que l'autorité laïque avait le
droit d'expulser au nom de la morale pu
blique, et que l'autorité cléricale réprou
vait depuis long-temps au nom de la reli
gion ! Les feuilles religieuses n'qnt point
osé faire ce qu'a fait l'Union. Cela se con
çoit. Il faut avoir toute l'indépendance de
la feuille légitimiste pô*ur se soucier ainsi
des lois et des réglemens, pour f;iire fi dé
la protection due par l-'autorité à toutes
les faiblesses contre là duplicité et la spé
culation 1 -
L'Union prétend que nous avons com
mis des erreurs; non, ce ne sont que des
oublis. Nous avions plus à dire que nous
n'avons dit, et un journal qui a tant de
, prétentions à la sagesse et à la môrale,
avait mieux à faire vraiment qu'à par
ler. La prudence, pour no pas dire la pu
deur, lui commandait de se taire.
JP* & ( tyrie, dépêche, gui nous arrive un
peu lardj nous fait connaître une réponse
adressée jat.Garih^ldi au général Giâldl-
di. Le chef des volontaires italiens se dé
fend par une série de dénégations, et met
son premier droit à s'habiller « comme il
lui plàira dans un pays libre. »• En ter
minant, il se déclare prêt à répondre à
qui lui demandera satisfaction.
E rnest D réolle.
Les évèneméns de. Varsovie ont été una
nimement appréciés par la presse française
avec les sentimens de sympathie tradi»
dilionnelle que la. Pologne a toujours
éveillés dans l'occident de l'Europe. Ces
témoignages d'intérêt, cependant, servi
raient mal te cause à laquelle ils s'adres
sent, s'ils avaient pour elfet d'égarer l'opi
nion publiqqp en laissant supposer que le
gouvernement de l'empereur encourage
des espérantes qu'il ne pourrait satisfaire.
Les. idées généreuses dont l'empereur
Alexandre n'a céssé de se montrer animé
depuis son avènement au trône et qu'at
teste si hautement la grande mesure de
l'émancipation des paysans, sont un gage
certain de son désir de réaliser aussi les
améliorations que comporte l'état " de la
Pologne, et il faut faire des vœux pour quoi
n'en soit pas empêché par des manifesta
tions de nature à mettre la dignité et les
intérêts politiques de l'empire fusse en an
tagonisme avec les dispositions de son sou-
verain. . (Moniteur.)
couits
COTaS'It» OLOTUBE.
3 0/0 au compt.
—Fin du mois.
4 1/-2 au compt.
—Fin du mois.
DE LA BOURSE.
le 22
68 55
68.50
95 3S
95 50
ie 23
68.50
68 50
95.45
> . >
HAUSSE. BAISSE
* » S 05
» » » »
» 10 » »
t » » »
^ÉLEGBAPMÏE PRTVTEK.
Londres, 2Î avril.
Le Times dit que l'on assure dans les cercles
officiels qu'un traité de commerce entre la Bel
gique et la France a étésigiié hier.
. Vienne, 23 avril.
Omer-Pacha s'est émbarijué pour l'Herzego-
wine. .. .
Les électeurs de la ville_.de Piume ont refusé
d'envoyer des députîs à la diète de Croatie, à
la majoiité de 840 voix contre 30. •
Fiume, mardi.
lier devaient a\oir lieu les élections direc
tes pour lu diète croate; 1rs électeurs Inscrits
éfaient au nombre de 1 /222. Trente-seulement
ont voté. 840 billets portaient le mot: Per
sonne. La municipalité enverra une pétition
demandant la réunion immédiate à la Hon
grie.
Turin, lé 22 avril.
La Gazette de Turin publie la lettre que le gé
néral Cialdini a écrite à Turin, le 21 av^i, à
Garibaldi.
Cialdini rappelle l'amitié qu'il a toujours
eue t>our Garilbadi.
« J'ai toujours applaudi à. vos triomphes,
dit-il., j'ai admiré votre puissante initiative
militaire,' j'ai toujours témoigné partout de
nia très haute estime pour vous, je me fuis
d tel are incap-able d'essayer ce que vous avez si
habilement accompli a M irsala. M.i confiance
en vous était telle, que lorsque Sirtori pro
nonça de funestes paroles dans le Parlement,
,j étais sûr que vous sentiriez le besoin et que
vous trouveriez la manière de les démentir.
Lorsque j'appris votre arrivée à Turin, j'ai
cru que c'était pour cela. Votre iéponse.à l'a
dresse des ouvriers, vos paroles dans la Cham
bre m'ont très péniblement, mais complète
ment désabusé. ' " - ■ •
» Vous n'êtes pas l'homme que je croyais;
vous n'êtes pas l'homine que j'aimais. L'af-
fi-'ctjon qui me liait à vous a disparu avec
i'enchan'eintnt. Je ne suis plus votre ami, et,
franchement,' ouvertement, je passe dans les
rangs de yys adversaires politiques. Vous osez
vous mettre au niveau du roi en parlant avec
la familiarité affectée d'un camarade.
» Vous entendez vous placer au-dessus d,es
usages en vous présentant à la Chambre dan%
un costume très étrange, au-dessus du gou
vernement en appelant traîtres les ministres,
parce qu'ils ne vous sont pas dévoués; au-
dessus du Parlement, en couvrant d'injures
les députés, parce qu'ils ne pensent pas com
me vous; au-dessus .du pays, en le voulant
pousser où et comme il vous plait. Il y a- des
hommes qui ne sont pas disposés à supporter
tout cela, *;t je suis avec eux.
» Ennemi de toute tyrannie, je combaltrai à •
outrance, môme la vôtre. Je connais les ordres
que vous et les vôtres aviez donnés au colo
nel Tripo'.i pour nous recévoir daas les Abruz
zes à coups de fusil;, je connais les paroles de
Sirlori et les vôtres,prononcées dans le Rarle-.
ment, et, sur ces traces successives, je marche'
sûrement, et j'arrive à connaître l'Intime pen-
sée de votre parti. Il veut se rendre maître du
pays et de l'armée; nous menaçant., en cas
contraire, d'une guerre civile. J'jguore ce que
le pays pense ; mais je vous assure que l'ar
mée ne craint pas vos menaces, elle craint
seulement votre gouvernement.
» Vous avez raiseii. de;vous 1 v.ante^{lelai
grande et merveilleuse' entreprise qué vptisj
avez aoiûpplie avec vos volontairesrMais voris!
'jrvez tort en en exagérant les "Véritables résul
tats. Lorsque nous arrivâmes,"vous" étiez sur
le Volturnè dans dê mauvaises conditions.:
Càpoue, Gaête, Messine, Civitella_, në 'sont' pas
tombées par votre œuvre. Cinquante-six nulle
bourboniens ont été battus, dispersé^, faits
prisonniers, non par v t ous, mais par nous. Il
'est donc inexact de dire que le royaume des
Deux-Siciles a été tout entier délivré par vos
; armes. ■ .' ■■■ ' . •
Dans votre, orgueil légitime n'oubliez pas
-4ue notre armée et notre tlotte y prirent quel
que part, en détruisant beaucoup plus que la
moitié de l'armée .napolitaine , et en prenant
quatre forteressesien état complet de défense.
• Je ne prétends pas vous parler au nom de l'ar
mée; mais je crois la connaître lassez pour êire
sûr qu'elle partagera le sentimftnt de :dé^oùt et
de douleur que vos intempérances et celles de
. votre parti ont soulevé" dans mon ame. » -
Turin, lé 22 avril.
> L'Italie annonce que le bruit court que'>Ga-
ribaldij qui devait aller à Crémone, a modi-
■lié son projet. V " '
■ D'après le même journal, on prétend à Mar
seille que la compagnie péninsulaire et orien
tale aurait l'intention de se transférer à An-
^cône. Le service des dépêches anglaises se fe
rait par la veie d'Ancône, Alexandrie et l'E
gypte, en abandonnant aux messageries^ im
périales le service des dépêches françaises par
■la voie d'Alexandrie et'Marseille.
Turin, 22 avril,
- Le bruit court que Garibaldi quitte. Turin
dans la spirée. Le député Tecchio remplace M.
ttattazzi, qui est malade. La Chambre a pris i
■en considération, à une grande majorité, le >
projet de'Garibuldi pour l yrrftement. Lfe .mi
nistère a adhéré. Garibaldi était absent de la
Chambre.
Turin, 23 avril.
Les journaux publient la réponse de Garibal
di à Cialdini. Garibaldi, fort de sa conscience
de soldat-cit oyen italien, ne veut pas descendre
Jusqu'àse justifierdes accusations d'avoir man
qué de respectau roi et alarmée. Garibaldi s'ha-
fillera comme il lui plaira dans un pays libre,
ignore, dit-il, les paroles de Tripoti.' J'avais
donné l'ordre de recevoir comme des frères les
soldatsitaliensderarmécdunord, tandis qu'on
savait que cette armée venait pour combattre
la révolution personnifiée en .Garibaldi, ains ( i
"que Farini l'aurait déclaré ù l v Emperear Napo
léon. Comme député, je crois avoir expose à
la Chambre une très petite partie des torts ^ue
l'armée du Midi a à reprocher au ministère.
Je crois en avoir le droit. L'armée italienne
trouvera dans ses rangs un spldat de plus
lorsqu'il s'agira de combattre les ennemis de
l'Italie ; vous n'ignorez pas cela. ,
Toute autre chose qu'on a pu dire de moi
envers l'armee est une calomnie. Il est irftxact
que nous fussions sur le Volturnè dans de très
mauvaises conditions. D'après ce que je sais, "
l'armée a applaudi aux paroles libres et mo
dérées d'un soldat député pour qui l'houneur
italien a été le culte de sa vie entière. Si quel
qu'un se trouve offensé de la manière dont
j'ai agi en parlant en mon nom personnel,
j'attends tranquillement qu'on me demande
satisfaction de mes paroles. . . .
La Monarekio nationale dit qu'il est inexact
que Garibaldi doive quitter Turin.
' Turin, 23 avril.
La Gaiette de Turin rectifie une erreur typo
graphique commise dans ia reproduction de Ja
lettre du général Cialdini relativement au
passage suivant qy'on doit lire ainsi :
« Je connais Jes ordres donnés,par vous ou
» par les vôtres au colopel TripotL »
Une lettre adressée par le. général Sirtori à
la Gazette de Turin exprime lp regret de la pur
blication de la lettre du général Cialdini et
signale les explications données relativement
aux paroles que lui, Sirlori, a prononcées dans
le Parlement. La môme" lettre exprime le dé
sir que la concorde, en Italie; se personnifie
dàhs les pouvoirs du Parlement et du rof.
Lé 5 0/0 piémontais est à 74.40.
Marseille, 23 avril.
Les correspondances de Naples du 21 confir
ment la nouvelle que les. Piémontais ont réoc
cupé Veuosa et marchent sur Melfi, en ralliant
les gardes nationales. Les journaux deman
dent tous que les soldats bourboniens soient
déportés dans l'Ile: de Sardaigne. .
Un mouvement démocratique a éclaté à Co-
senza, en Ctriabre. La municipalité a axpulsé
le, préfet suspect de sympathies réactionnai
res; 186 accusés comparaîtront pour cette af
faire le 5 mai à Naples.
La municipalité de Naples a conclu un em
prunt pour des travaux publics.
On mande de Jtome que treize étudians ont
été expulsés pour avoir refusé d'illuminer. II.
y a eu une nouvelle protestation ét lé drapeau
tricolore a été arboré à l'Université.
Les obsèques solennelles du comte belge de
Liminghe ont eu lieu en présence des autori
tés (t). ,
Le comte de Trani^ra partir pour la Bavière
où il doit se' marier.
Madrid, 22 avril.
On attend à Cadix l'impératriche d'Autri
che.
Le gouvernement, répondant à des interpel
lations dans les cortès, a déclaré qu'il n'avait
pas permis de publier la brochure du duc
" (1) Une dépêche télégraphique publiée par un
journal belge a annoncé que le comte de Limin-
ghe, volontaire pontifical, avait été assassiné, il y
a quelques jours, dans les ruçs de Rome.
ESPAGNE.
M adrid , 19avril.—Lescorrespondances.deRio-
^aueiro annoncent que le changement' de mi
nistère qui vient dé s'opérer dans le Brésil,
-il'a modifié en rien la politique do l'intérieur"
et' de l'extérieur du cabinet dé missionnaire. ■
Après avoir faît faire les élections généràlés
avec la plus grande impartialité, et en présen
ce d'une nouvelle Chambre, le ministère Fçr-
raz a cru devoir présenter sa démission qui a
.été acceptée. ; < , (Correspondencia.)
EMPIRE D'AUTRICHE.
vienne, 20 avril..— ,àg n'est pas sans peine
qu'on estparvenù à faite àgréer à un certain
nombre de magnats hongrois .leur nomination
à la première Chambre de l'eiûpire, et le gou
vernement, pour ne' pa^ se trouver exposé à
un refus, a aù procéder avec la plus grande
circonspection.
Il parait positif que l'archiduc Maximilien
a été choisi pari l'empereur François-loseph
pour présider le'conseil suprême de l'empîre.
Le parti vraiment national et constitution
nel en Hongrie se trouve toujours aux prises
avec la. démocratie, qui continue de rendre
les populations ; dés villes et des campagnes
hostiles au développement des institutions, re
présentatives assurées-à la Hongrie. Les évè-
neineris dont la Pologpe vient d'êt-e si mal
heureusement le théâtre, n'ont., pas été sans;
jlvoir legr contre -GÔup parmi les Madgyars.
J " {Havas.)
"— Le total des billets représentant la mon
naie de billon en circulation à la fin de mars
1861, s'élevait à 7,715,093 florins.- •
{Gazette de Vienne.)
ALLEMAGNE.
berlin , 21 avril.—La Gaiette prussienne con-
sacre un nouvel article à la dernière session
des- Etats du Holstein. Elle raconte longue
ment les faits, ,el en conclut que le ministère
danois n'a jamais eu l'intention de présenter
un véritable budget aux Etats,"et qu'il ne s'a
gissait que de tromper les puissances étran
gères par une manœuvre équivoque.
Pour les nouvelles extérieures : l. sonipace.
d'Aumale, pour rester en bons termes avec des
gouvernement nmls. ? 1
Le duc de Montpensier a renoncé à son voya
ge en Ahgle! erre. ' ( ffavas-Bullier.)
Nouvelles de l'Extérieur.
On lit dans le Moniteur ^
« Diverses mesures qui intéressent nos mu
sées vi'enrient d'être prises, par ordre de l'Em
pereur , sur la proposition du ministre d'Etat.
Des circonstances exceptionnelles ont fait en
trer dans quelques-uns de ces riches dépôts
des objets très précieux, mais qu'aucun lien
ne rattache aux collections qui les entourent,
et qui, isolés au milieu de monumens d'une
nature différente, ne présentent, a la pla
ce qu'ils occupent, qu'un intérêt secondai
re. Dans sa haute sollicitude pour les grands
établissement de l'Etat, Sa Majesté a voulu
que ces objets fussent réunis aux collec
tions dans lesquelles leur spécialité -les .ap
pelle et où ils reprendront, rapprochés désor
mais de leurs analogû'és, toute leur importan
ce et toute leur utilité pour le public.
» Parmi les quatre départemens qui la com
posent dàns sou vaste ensemble; la Bibliothè
que impériale compte, comme on le sait, le
département des médailles, pierres gravées et
antiques. C'est le cabinet le plus riche dn
monde sn collections de monnaies, : de camées,
d'intailles,de vases précieux et do' figurines de
bronze, parties inséparables d'un touthomog>:-
ne à l'aide duquel le savant et l'artiste trouvent
rassemblés sur un même point tous le» élé-
mens nécessaires à l'étude de l'antiquité.
A différentes époques de la Résolution et du
premier-Empire, ce département' avaitdrecu un
certain nombre d'armures modernes et d'armes
orientales que le gouvernement lui avait adres
sées. Rien, il faut le dire,n'autorîsait. la ré union
de ces armes aux collections de ce département.
Aussi, en exécution d'uù .xiécret en daté
du 16 février dernier, l'administrateur géné
ral de la Bibliothèque ,inipéria(è. remettait, le
22 mars suivant, les armes.et armures moder
nes et orientales du cabinet des médaillés,
pierres gravées et antiques,'entre les mains du
conservateur du Musée d'artillerie, pour être
transférées dans collection^ de la place
Saint «Thomas- d'Aquim Parmi ces objets ,
dont le nombre se montait a quatre-vingts, il
faut citer l'armure de Sully, en bronze floren
tin; celle de Philippe de 'Montmorency; une
armuie d'enfant du règne de Louis XIV, ayant
appartenu au duc de Bourgogne; mais, enpre-»
mière ligne, la magnifique armure connue
improprement sous le nom d armure de Fran-
ç«w P r , avec son casque, "Bon bouclier, et sa
i poignée d'épée couverts d'ornemens en fer ci-
; selé. ec repousse sur fond d'or, merveilleux
j ouvrage de l'art de l'armurerie en Italie au
' XVI e siècle ; nous ne ferons que mentionner de
: très belles poignées d'épées du temps de Hen
ri 11 et de Charles IX, des casques^ des armets,
des rondelles à main', de riches armures cir-
cassiennes et chinoises^ qui maintenant font
partie du Musée d'artillerie. „
, » A l'époque de la fondation du Musée des
Souverains, le département des médailles,
pierres gravées et antiques, avait aussi appor
té un large contingent aux richesses de ce
musée. Avec le fauteuil du roi Dagobert, la
couronne de Hunald, le sceau de la reine Cons
tance, le portrait du roi Jean, les médailliers
ces, perdues jusqu'à
pour l'étude, ren-
4rent nujourd'hui dans les médailliers de la Bi
bliothèque impériale, dont elles viennent com
bler les lacunes que déploraient les hommes
d et'ude. »
Eri prenaht, la plume pour parler dp
l'Algérie, nou§ ûe.nous gommes point dis
simulé certaines parties ingrates de riotjfe
mission, et ceci surtout que, malgré tren
te-deux ans d'occupation, notre colonie est
encore assez peu connue de la métropole,
qui lui aplus facilerrientaccordé son argent
qu'une attention sympathique et soutenue. •
L'aide matérielle n'a point fait défaut, mais
peut-être eût-il été désirable que la Fran
ce ne s'en fût pas tenue là.et que l'Al
gérie prît dans là pensée générale la
place que lui assignaient naturellement
son importance dans le présent et sa va-
leurjilus grande encore dans l'avenir. C'est
à combler cette lacune que doit tendre 4a
presse en France, ot nous ne faillirons
point, pour nôtre compte, à celte lâche.
C'est pourquoiij jious sera permis de faire
quelquefois des.retours sur un passé, mal
apprécié souVent jjàrçe qu'on l'ignore,, et-
qu'il convient de^aiipelpr^.né ( fût-ce que
pour compi'èncfr'e'le.s làifs"' actuels, et les
points de départfcuci essiTs des événement
et dés phases par lesqticlles passe notre
jaune colonie. ' . "v .
• Dans une réunion ,olficielle^dontcejoiir-
jial àtQut'i'écémment rendu compte, le di
recteur-général des services civils en Algé
rie, M, M'ércièr .Lacombe, a très nettement,
et très heureu'seiiient précisé le mandat de
radminjstrationnouvelle, il ne s'agit, nous
l'avons'dit, mai? nous sommes heureux de
l'entendre répéter avec tant d'autorité,- il
ne s'agit, il ne.peut s'agir pour l'Algérie, de
reculer dans / la voie civile et progressive où
elle est entieo. «Prompte solution îles ques
tions, unité de vues. » Tel a été le but
de l'organisation dernière. « Quant à être
s militaire, il n'est pas pqssible qu'un pou-
» voir lbpal'. soit entraîné à être militaire.
» Les intérêts )ui tracent trop évidemment
» sa voie. » Sulrto'us les points, l'honorable
addtiihistràxeu'r s'est exprimé sans réserves,
sans ambages, aveç- la netteté d'une volonté
ferme et' d'une conviction faite. Son dis-,
cours a été jiistementapplaudi. C'est mieux
"qu'un pfog'rà'mrhe, c'est un acte; c'est,
déplus, un démenti donné à des appré
hensions vraies ou simulées, qui n ont
pas leur raison d'être, et que rien, à coup
sûr, ne justifiera. Si elles o»t pu, jus-r
qu'à un certain point, se produire, la faute
en est précisément à cette ignorance pres
que générale de l'état des choses en Algé
rie, ignorance à laquelle il importe tant de
remédier.
Peu de personnes, par exemple, en Fran
ce, même en plein 1861, savent au juste
ce qu'était ce gouvernement général qu'on
vient de rétablir. L'Algérie n'a pas eu son
historien, et la curiosité publique i/a pas
réclamé contre cette lacune. — Voici ra-
etîmr"
jde Louis JÇlVj etc., i la '.Bibliothèque; avaït' Gfi-
Vjoyé au.Couvre la splpndidô jsrjaupejdf Hen
ri li; damasquinée ail' agemim, celles dpr-Herç-
ri IV et de Louis XIII, qui,. transportées du
Garde-Meuble, avaient êtf remises, le 8 floréal
ail V (27 avril 1797) au cabinet des médailles.
» Sa Majesté a égalemént désiré que 'le Ca
lice; de gaiitt Bemi, envoyé en 1796 au , dé
partement des médailles, fût, en raison de
son caractère sacré, 'déposé dans.la cathédra
le de KéimSj où* pendant plus de 600 ans,- iba
servi au culte. Cetté précieuse eoupê byzanti
ne du JÇII* siècle, en or massif, ènrfcl^ié de
pierreries : ëp cabochons et de: perles^.avait,
suivant -itoie' tradition erronée; apto^rteriu- à
saint Reml, dniit elle portait-le nom :4ongtemps
f elle Qvaittetéfeoasidérée comme une reliqiie
me 'quic'onqpej/porterait une main sacrilège
sur cet-àbjfet Sacré. • ... /
» M^Tévéifued'Adras, délégué par S. Em. ~
le grandràûmènlér de-France, s est rendu,
par erdre 8e l^mpereur; à Reims, le 18 mars,
accompâgnédb M: l'abbé Allai il, chanoine ho
noraire de Saint^pen is, i de là chupella .impérià -
le, et a remiSjra.vec le. cérémjOniAl ca
lice de saint' Remi a S. Em. Jîgr 1$ cardinal
Gousset, qui l'a Éiït déposer, aux termes de
L'article 3 du décret du" 16 féyr-|er„ daris. fjyér
sor de la cathédrale, en présence de ses vicài- '
ree généraux, desjnîteiriljres dii^hàpitre de la
métropole, du conseil de fabrique-ét du maire
de la ville; . ■; -i-> h., •• " '
» Mais si, par ces divci^çs mesures, le dépar- -•
tement des médailles a perdu ces importans
objels qu'il â .Possédés pendant p|us d'un de
mi-siècle, d'après ce sage éepi'it ffe'répartition,
fil voit s'augmenter un des' fonds naturels de
ses-collections. Aux ternies de l'article 1" du
même décr#t, -le muséelidonétaire existant à
l'hôtel .des monnaies de Paris est transféré à la
Bibliothèque impériale^ Ce musée se montait à
six mille pièces environ.-, • — Près Ae deux
mille pièces, parmi ljjsqu^lMion compte des
monnaies de . fà, plus 4 krâMe rareté > -et de
la plus haute importpnce^'représenteht dans
cette collection la série des rhonnaies françai
ses. Eloignées de leur véritable centre," ces riiè-
JL-i.
Feuilletoa da GoustitaUoaoel ; 24 avril.
IÎN 1M01R E\ LIPOME
XXII.
Quand les Lapons vivent seuls dans un
canton, ils y sont d'ordinaire assez paisi
bles : leur naturel est'généralement inof
fensif; les seuls sujets de querelle qu'ils
pourraient avoir entre eux seraient «relatifs
au choix des. pâturages ou à l'emplacement
des tentes. Mais la Laponie est si vaste, et
si'abondant ses pâturages, que tout le
monde a plus de nourriture et d'espace
qu'il no lui en faut. D'ailleurs, toutes ces
questions sont réglées par des usages qui
ont force do loi : les Lapons obéissent à
leurs traditions comme à des décrets sou
verains. ,
Mais il n'en est plus ainsi, dès que les
Lapons se trouvent mis en oontaot avec
les autres races qui se rencontrent sur
leurs frontières. Presque toujours, dans
c8s circonstatfees, on voit éeiater sous les
plus futiles prétextes les haines'profondes
et séculaires qui divisent ces populations.
Les- Lapons peuvent être accidentelle
ment mêlés aux Russes, aux Norvégiens
aux Suédois et aux Quènes.
Sans être affectueuse?, leurs relations
avec les Russes n'offrent du moins aucun
caractère d'hostilité. On cherche à se trom
per réciproquement, ainsi, du reste, que
font trop souvent les négocians de tous les
pays; mais les-choses ne vont jamais plus
loin. La finesse d -s uns lutte sans trop de
àésavantage avec l'astuce des autres ; rtiais
il est à. peu près hors d'exemple que l'on
passe de l'injure aux coups. Il n'en est
pas toujours de même avec les Norvégiens
ot les Suédois : ici l'état de guerre sem
ble être la condition normale; la paix n'est
guère connue que comme exception, et
encore c'est, la. paix armée. Le soupçon ré
ciproque est à l'ordre du jour. Quand
quelque larcin a été commis dans un
gaard,
i
On ne va poiuts'en prendre aux gens du voisinage!
C'est un Lapon qui a fout. fait.
Si, de son côté, un Lapon revient à ses
teitt.es, le bras en écharpe, traînant la
jambe, les reins à demi-cassés, le nez en
capilotade, l'œil noir, ou une oreille de
moins, on ne va point se plaindre au ma
gistrat, qui prétendrait sans doute que ce
ne sont point là ses affaires, et peut-être
même que le plaignant a eu tort.... mais
on ne doute point que la pauvre victime
ne sorte des mains jpar trop lourdes de
quelque Norvégien.
Avec les Quènes, la position, pour par
ler le langage des diplomates, ost"encore
)lus tendue, les rapports plus difficiles et
es scènes de violence plus fréquentes. Ir
F,
régulièrement répandus dans toute la
partie nord-ouest de la péninsule Scandi
nave, les Quènes, malgré leur inimitié
héréditaire contre les Lapons, se trouvent
assez souvent mêlés 11 eux, à peu près
comme les Druses et les Maronites dans
les villages mixtes du Liban.
Tout près du petit golfe sur les bords
duquel les Lapons, nos amis, avaient planté
leurs tentes,il se trouvait précisément unè
tribu de Quènes. Ceux-ci, c'est une justi
ce que je me plais à leur rendre, ne virent
point d'un bon cail l'arrivée de Peckel et
des siens, et s'il n'eût fallu qii'un coup de
maiu pour lès renvoyer dans leurs motita-
gnes ite eussent courti le risque de ne pas
prendre trop long-temps le frais sur le ri
vage. Cependant ils se continrent tout d's-
bord, suivant en cela l'ancienne maiime
qui veut que l'on souffre ce que l'on ne
saurait empêcher.
Il est, en effet, reconnu comme de droit
public dans cette partie de la Norvège que
la terre, par cela même qu'elle n'est à
personne, appartient, au contraire, à tout
le monde, et que chacun, tant qu'il occu
pe, est le maître de ce qu'il occupe. Il ne
fallait donc point songer à déposséder nos
Lapons. Mais, avec un peu de bonne vo
lonté, les questions de limites fournissent
toujours autant d'occasions de disputes
que péuvent en désirer des voisins bien
intentionnés. Où commence le territoire
d'une tribu, où finit celui d'une autre?
C 'est ce qu'il est toujours pusaible de dis
cuter à coups de poing et de décider à
coups de fusil.
Il n'y avait pas encore huit jours que les
rennes des Lapons se baignaient dans les
eaux du fjord, que déjà'de sourdes ru
meurs circulaient d'une tribu à l'autre.
Les Quènes prétendaient que les femmes
des Lapons allaiont, pendant la nuit, trai
re 1e lait de leurs vaches; Les Lapons, qui ■
ne voulaient point être en reste, prétendi
rent, de leur côté,que les chasseurs què
nes prenaient volontiers les rennes privés
pour des rennes sauvages, et que depuis
quelque temps leurs troupèaux se trou
vaient régulièrement'décimés. Quand les
choses en sont là, entre gens qui se détes
tent et qui ne demandent qu'une occasion
pour se le prouver les uns aux autres, l'oc
casion né saurait longtemps se faire at
tendre.
Des rixes partielles avaient déjà ensan
glanté les rivages du fjord; si l'on n'avait
point eu encore de victimes ni d'un côté
ni de .l'autre; si, jusqu'ici, la vie humaine
avait été respectée, ce n'était peut-être
point aux parties belligérantes qu'il en
fallait savoir gré, car, en tous cas, ce n'é
tait ni la bonne volonté ni l'envie de mal
faire qui leur manquaient.
Nefpto, dans toutes ces querelles, jouait
un rôle à part et qui ne manquait certai
nement ni de grandeur ni d'habileté. Il se
posait comme parfaitement indifférent
pour son propre compte à tous le's sujets,
de querelles qui pouvaient éclater entïe
ceux-ci ou ceux-là. On le savait assez riche
pour ne pas se soucier beaucoup, d'un
renne de plus'ou dé moins date ses trou
peaux. II était bien certain'qu'il lui en res
terait toujours plus qu'il n'en aurait jamais
besoin, pour son graiîd-pèrc, pour Norra,
pour lui-même. Quant aux pâturages, il
pensait, et il le disait assez haut, que per
sonne n'aurait lé mauvais goût de venir
chasser ses troupeaux delà place qu'il au
rait choisie; et, en véritéj le reste lui im
portait peu ! Ce qui lui importait davan
tage , c'est qu'en aucun cas on ne fît
tort aux gens de sa tribu; c'est que l'on
ne commît point de violences contre les
personnes. Il regardait comme son devoir,
comme sa charge de chef de tribu, et n'é
tait-il point le fils de celui qui, depuis
près de soixante ans, dirigeait les Kilps,
de faire en sorte que les siens n'éprouvas
sent sous ses yeux ni injure ni domma
ge? Partout ou un Lapon avait une que
relle avec un Quène, on pouvait être sûr
de le voir arriver. On ne lui pouvait pas
reprocher d'avoir jamais donné le premier
coup : il était rare que le second ne fût
appliqué de sa main. Une telle conduite
avait le double avantage de 'donner un li
bre cours à une énergie qu'il contenait de
puis trop long-temps, et de le poser par
mi l«s siens comme le défenseur présent,
comme le chef futur de sa tribu. Ces com
bats, que l'on s'efforçait de cacher au vieuS
Peckel, prenaient depuisquelquetempsune
fâcheuse importance : ils se renouvelaient
beaucoup plus souvent^ et, plusieurs fois
déjà, il s'étaient terminés par des morts
d'homme. Une de ces affaires avait été-as
sez cruelle. Les Lapons, sans leur nombre
supérieur, eussent pu subip un rude échec;
mais, quoique.plusieurs d'entre eux fus
sent restés siir le terrain,lesQuènes avaient
été cependant forcés dèleur céder le champ-
de bataille. Ils ne se. retirèrent point, on
le comprend du reste, sans éprouver line
violente irritation de leur échec; ils pro
férèrent en se retirant les plus horribles
menaces et jurèrent de se,venger.
Pendant quelques jours, les Lapons as
tinrent sur îeurs gardes, et'comme ils sa
vaient bien que la justice du pays ne leur
était'pas favorable, ils songèrent assez sé
rieusement à regagner les hauteurs, sans
tenter de nouveau les chances si Cruelle
ment éprouvées de la bataille. Ce parti, s'il
n'était pas le plus courageux, était, du
moins, le plus prudent. Mais comme ilavait
le tort de combattre les idées belliqueu
ses de Nepto, comme le triste amoureux
préférait cette vie d'aventures", qui faisait
parler de lui sous les tentes, à l'oisiveté
sans gloire à la^uélle il était condamné
dans les pâtures, il résista avec une tenace
opiniâtreté, et s'opposa avec une rare éner- '
gie aux mesures dictées par une politique
trop prudente. Cette fois encore-, le parti
le plus sage ne fut pas celui que l'on choi
sit, et la tribu écouta la voix de la passion
avec plus de complaisance que celle de la
raison. - ,
Une sorte de trêve, grosse d'évènemens
et pleine do menaces, suivit cette action
meurtrière. Chacuu s'obs erviîit, se tenait
sur ses gardes et surveiWait ses adversai-
ABONNEMEKS DES DÉPMTEMENS.
TROIS MOIS.:.
SIX MOIS
UN AN........
poov ibs pa*s tthansebs, voir le tabl eau
publié les 5 et 20 de ohaque mois.
Impr. L. BONIFACE, r. dès Bons-Enfans, 19.
SURE^^' Â PARIS. : rué d'à ViSxAi ^àl^Royal), nî 10,
MERCREDI 24 AVIÎÎL 1861.
.0
r*4
iv - r .jj.zuy
TROIS MOIS..;
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'IU j HIX* ^ > • Ï
(UÎ^ * • «. .d • • * m *«'•
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• "i ; 1 ofli
• ,.t, i tf -f »,h fp„s-wy-!».eq «j-'X» swnUnte-»
r fbbanlaie4s aateOT jet ip*/,el ii ;• i
• " •' de chaque inoiâ; r
' ' Leï Àflâô jçis sooi remues
■ 1iU . J-.'.r., u-. ; ; ' X:J
Le mode d ' abonnement lé plus simple est l'envol d'un boirde^crsfe ou d'un effet f | >
sur Pa'ris, à rôrdre da i'ADEisàsTaAMDR du journal, ■■---••
vi/mv,
àa -ptrsii
, rue de Valois, n° 10.
Lit itiires ou envois i'argevit non aïîîiàkc3ls . sont refutkl
Les articles, déposés ne sont pas rendus. -
PARIS, 25 AVRIL.
v On a pu juger à l'étranger le discours
prononcé par Garibaldi au Parlement dé
Turin,-comme une violente boutade, ré
sultat périodique de l 'exaltation perma
nente dans làqttelleses àmis entretiennent
le général italien. Mais ce qui n'était pour
n»us qu'une erreur bien vite oubliée^ a
*été, en Italie, pour les Mommes qui aiment
leur patrie, une faute et presque un cri
me. On n'a plus voulu voir seulement l 'o
rateur emporté; dont les insultes n'attei
gnent pas ; sa .popularité lui Commandant
aujourtf hubplus dp réserve que jamais; la
voix publique 1 s'élève et le condamne.
.Cette révolte,diijSentiment patriotique
est trop respectable pour ne pas être com
prise. Garibaldi'a été d'ailleurs mieux en
tendu de l'Italie que de l'Europe. Nous
signalerons doiic lés reproches qui lui sont
adressés , et que nous trouvons formulés
dans une lettre écrite par le général Cial
dini. j • ; -
Cette lettre est publiée dans la Gazette de
Turin. On eri trouyéra l'analyse aux dépê
ches. Le général Cialdini déclare brisés les
liens d'amitié qui l'unissaient à Garibaldi.
Il fuit ce despotisme dangereux que sem
ble vouloir exercer le vainqueur de Marsa-
la ; il condamne la mise-en scène presque
grotesque de la séance du Parlémént; il
fait entendre de dures vérités à eelui qui
croyait pouvoir en dire.
« Je connais les ordres que vous et les
vôtres aviez donnés au colenel Tripoti
pour nous recevoir dans les Abruzzes à
coups do fusil! » dit entre autres le géné
ral Cialdini. Et ce souvenir du passé en
traîne le général piémontais à faire la
juste part'qui revient à Garibaldi des
opérations militaires dans les provinces
napolitaines.
Nous aimons cette revendication, (J$la
part du général Cialdini. Ne prouverait-
elle, une fois de plus, qu'une poignée de
volontaires n'a pas eu raison de l'armée
napolitaine tout entière, '-qu'elle serait en
core très louable. L'Italie méridionale est.
mieux défendue «t plus honorée par cette
déclaration de l'assiégeant de Gaëte et de
Messine que par les prétentions exagé
rées des soldats de Garibaldi. Naples
doit avoir à cœur de dire que tant
que le drapeau de son roi est resté debout,
ce drapeau a eu des soldats pour le dé
fendre. Seulement, aujourd'hui que ce dra
peau est tombé, il y aurait un crime a tai-
. re succéder une guerre civile à une défen
se héroïque.
■ La lettre du général Cialdini finit par
des mots bien vifs.X est du o dégoût »' et
de « la douleur » qu'ont inspirés, dit-il, à
l'armée les menaces et les accusations di
rigées'par Garibaldi contre le gouverne
ment italien'. — Ces seiilimens doivent
être vrais. Quand nous disions que ceux
.qui aiment l'Italie, devaient l'aimer beau
coup aujourd 'hui, "noiis pensions, en effet,
que ûî mal que venait de lui faire Garibaldi,
par des paroles inconsidérées, avait été
profond. Cependant ce mal n'est pas telle
ment terrible qu'il né puisse être réparé.
La lettre dû général Cialdini vient montrer
que le peuple italien songe à en finir avec
cette existence révolutionnaire qui a duré
trop longtemps, et cependant que son Par
lement, régulièrement constitué au nom
de la nation, ne doit plus s'ouvrir aux
chemises rouges des volontaires garibal
diens.
Le "Parlement a pris en considération,
dans sa séance de mardi, le projet de' loi
de Garibafldi pour l'armement. Cette prise
én considération est une simple formalité
parlementaire qui n'engage en rien l'a
venir. * -
•On a dit que Garibaldi avait quitté Turin ;
mais, d'après ïa Monarchia nationale, il
. n'en serait rien.
• • ■ ■ * i
La haute Chambre du conseil de 1 em
pire, dont un décret impérial vient de dé
signer les membre?, sera placée, écrit-on
de Vienne, sôus la présidence de l'archi
duc Maximilien. Ce choix paraît satisfaire
l'opinion. Le prince Maximilien a toujours
été 'considéré comme l'un des esprits les
plus éclairés et lèi*plus libéraux de l'em
pire. En s'associant aux dernières réfor
mes accomplies, il s'était efforcé de con
tribuer à la régénération politique de l'em-
"pire par de sages concessions aux idées
nouvelles.#
Une dépêche de Vienne apprend jjue les
électeurs de Fiume, qui fut, il y a peu de
temps, le théâtre d'évènemens graves, ont
refusé, à la majorité de 840 voix contre 30,
d'envoyer des députés à la Diète de Croatie.
Rien ne paraît encore décidé quant à la
Diète d'Istrio.Unjournal de Vienne disque
cette même,'province, qui refuse aujour
d'hui d'élire des députés en exécution des
réglemens autrichiens, fut la première, en
1848, à faire une double élection pour l'as
semblée nationale de Vienne et pour lé Par
lement de Francfort* Le zèle électoral des
Istriens s'est donc beaucoup refroidi; mais
la Presse de Vienne n'y voit qu'une preu
ve des progrès de la a propagande piémon-
taise. »
La Chambre des Députés deHongrie.s'est
constituée le l'9 à Pesth. Dans cette première
séance, lé président a prononcé une cour
te allocution, dans laquelle se' trouvent les
paroles suivantes : « La Hongrie est au-
® jourd'hui semblable à. un navire ba~tt,u
par la tempête; mais, malgré les tour
mentes qu'elle a subies, elle est capable
encore d'affronter de nouveaux orages
et d'arriver au port grâce à la constance
et à là fidélité dé ses citoyens. »
X3n annonce de Rome que, dans une cé
rémonie qui à eu lieu à la chapelle Sixti-
ne, le PâpÔ a conféré solennellement à
l'archimandrite de Bulgarie le titre d'ar-
chevêque-vicaire apostolique des Bulgares.
Nous avons dit. à quels vœux satisfait cette
décision pontificale, et quelles conséquen
ce peut avoir pour le rétablissement de
l'ordre en Bulgarie l'affranchissement de
l'Eglise bulgare du patriarchât de Cons-
tantinople.*
Quand il y a une iïiiuvàise cause à dé
fendre, il est rare que l'Union no s'en ctui r-
ge pas. La feuille lég timiste \ie-nt donc da
tfbc«nstUuerl'aVoeatdeslléd' , rapt6rL4esde
Douai et des Capucins d'IIazebrouck. Elle
ne connaît, désormais ni lois ni autorité;
elle met de côté tous les principes monar
chiques, pour adopter ceux des religieux
belges- et en désirer le triomphe. Un peu
plus, et l'Union préférerait les Rédempto-
ristes de Douai et les Capucins d'Hàze-
brouck à tout le clergé français, à cette
; pléiade de bons prêtres, de saints minis
tres qui ne savent que remplir leurs de--
voirs- et n'oni rien de commun avec le
syndic, des capucins Vanderbecke, de ju
diciaire'mémoire. "
L'Union nous a habitués à de pareilles
étrangetés. Ce sont Ki ses traits d'esprit.. Aus
si ne feit-il pas bon de défendre sans elle et
avant elle là morale et la reUgion! Pour
peu qu'on s'y hasarde, aussitôt ta plume
se hérisse, et il n'est de horions qu'on ne
reçoive de ce palàdin tout enfiévré !
Nous n'en voudrons pas, cependant, à
l'Union de sa plaidoirie malséante. Nous lui
aba»donnerons Capucins ët Rédemptoris-
tes. Qu'elle continue h faire ses cliens de
ces hommes que l'autorité laïque avait le
droit d'expulser au nom de la morale pu
blique, et que l'autorité cléricale réprou
vait depuis long-temps au nom de la reli
gion ! Les feuilles religieuses n'qnt point
osé faire ce qu'a fait l'Union. Cela se con
çoit. Il faut avoir toute l'indépendance de
la feuille légitimiste pô*ur se soucier ainsi
des lois et des réglemens, pour f;iire fi dé
la protection due par l-'autorité à toutes
les faiblesses contre là duplicité et la spé
culation 1 -
L'Union prétend que nous avons com
mis des erreurs; non, ce ne sont que des
oublis. Nous avions plus à dire que nous
n'avons dit, et un journal qui a tant de
, prétentions à la sagesse et à la môrale,
avait mieux à faire vraiment qu'à par
ler. La prudence, pour no pas dire la pu
deur, lui commandait de se taire.
JP* & ( tyrie, dépêche, gui nous arrive un
peu lardj nous fait connaître une réponse
adressée jat.Garih^ldi au général Giâldl-
di. Le chef des volontaires italiens se dé
fend par une série de dénégations, et met
son premier droit à s'habiller « comme il
lui plàira dans un pays libre. »• En ter
minant, il se déclare prêt à répondre à
qui lui demandera satisfaction.
E rnest D réolle.
Les évèneméns de. Varsovie ont été una
nimement appréciés par la presse française
avec les sentimens de sympathie tradi»
dilionnelle que la. Pologne a toujours
éveillés dans l'occident de l'Europe. Ces
témoignages d'intérêt, cependant, servi
raient mal te cause à laquelle ils s'adres
sent, s'ils avaient pour elfet d'égarer l'opi
nion publiqqp en laissant supposer que le
gouvernement de l'empereur encourage
des espérantes qu'il ne pourrait satisfaire.
Les. idées généreuses dont l'empereur
Alexandre n'a céssé de se montrer animé
depuis son avènement au trône et qu'at
teste si hautement la grande mesure de
l'émancipation des paysans, sont un gage
certain de son désir de réaliser aussi les
améliorations que comporte l'état " de la
Pologne, et il faut faire des vœux pour quoi
n'en soit pas empêché par des manifesta
tions de nature à mettre la dignité et les
intérêts politiques de l'empire fusse en an
tagonisme avec les dispositions de son sou-
verain. . (Moniteur.)
couits
COTaS'It» OLOTUBE.
3 0/0 au compt.
—Fin du mois.
4 1/-2 au compt.
—Fin du mois.
DE LA BOURSE.
le 22
68 55
68.50
95 3S
95 50
ie 23
68.50
68 50
95.45
> . >
HAUSSE. BAISSE
* » S 05
» » » »
» 10 » »
t » » »
^ÉLEGBAPMÏE PRTVTEK.
Londres, 2Î avril.
Le Times dit que l'on assure dans les cercles
officiels qu'un traité de commerce entre la Bel
gique et la France a étésigiié hier.
. Vienne, 23 avril.
Omer-Pacha s'est émbarijué pour l'Herzego-
wine. .. .
Les électeurs de la ville_.de Piume ont refusé
d'envoyer des députîs à la diète de Croatie, à
la majoiité de 840 voix contre 30. •
Fiume, mardi.
lier devaient a\oir lieu les élections direc
tes pour lu diète croate; 1rs électeurs Inscrits
éfaient au nombre de 1 /222. Trente-seulement
ont voté. 840 billets portaient le mot: Per
sonne. La municipalité enverra une pétition
demandant la réunion immédiate à la Hon
grie.
Turin, lé 22 avril.
La Gazette de Turin publie la lettre que le gé
néral Cialdini a écrite à Turin, le 21 av^i, à
Garibaldi.
Cialdini rappelle l'amitié qu'il a toujours
eue t>our Garilbadi.
« J'ai toujours applaudi à. vos triomphes,
dit-il., j'ai admiré votre puissante initiative
militaire,' j'ai toujours témoigné partout de
nia très haute estime pour vous, je me fuis
d tel are incap-able d'essayer ce que vous avez si
habilement accompli a M irsala. M.i confiance
en vous était telle, que lorsque Sirtori pro
nonça de funestes paroles dans le Parlement,
,j étais sûr que vous sentiriez le besoin et que
vous trouveriez la manière de les démentir.
Lorsque j'appris votre arrivée à Turin, j'ai
cru que c'était pour cela. Votre iéponse.à l'a
dresse des ouvriers, vos paroles dans la Cham
bre m'ont très péniblement, mais complète
ment désabusé. ' " - ■ •
» Vous n'êtes pas l'homme que je croyais;
vous n'êtes pas l'homine que j'aimais. L'af-
fi-'ctjon qui me liait à vous a disparu avec
i'enchan'eintnt. Je ne suis plus votre ami, et,
franchement,' ouvertement, je passe dans les
rangs de yys adversaires politiques. Vous osez
vous mettre au niveau du roi en parlant avec
la familiarité affectée d'un camarade.
» Vous entendez vous placer au-dessus d,es
usages en vous présentant à la Chambre dan%
un costume très étrange, au-dessus du gou
vernement en appelant traîtres les ministres,
parce qu'ils ne vous sont pas dévoués; au-
dessus du Parlement, en couvrant d'injures
les députés, parce qu'ils ne pensent pas com
me vous; au-dessus .du pays, en le voulant
pousser où et comme il vous plait. Il y a- des
hommes qui ne sont pas disposés à supporter
tout cela, *;t je suis avec eux.
» Ennemi de toute tyrannie, je combaltrai à •
outrance, môme la vôtre. Je connais les ordres
que vous et les vôtres aviez donnés au colo
nel Tripo'.i pour nous recévoir daas les Abruz
zes à coups de fusil;, je connais les paroles de
Sirlori et les vôtres,prononcées dans le Rarle-.
ment, et, sur ces traces successives, je marche'
sûrement, et j'arrive à connaître l'Intime pen-
sée de votre parti. Il veut se rendre maître du
pays et de l'armée; nous menaçant., en cas
contraire, d'une guerre civile. J'jguore ce que
le pays pense ; mais je vous assure que l'ar
mée ne craint pas vos menaces, elle craint
seulement votre gouvernement.
» Vous avez raiseii. de;vous 1 v.ante^{lelai
grande et merveilleuse' entreprise qué vptisj
avez aoiûpplie avec vos volontairesrMais voris!
'jrvez tort en en exagérant les "Véritables résul
tats. Lorsque nous arrivâmes,"vous" étiez sur
le Volturnè dans dê mauvaises conditions.:
Càpoue, Gaête, Messine, Civitella_, në 'sont' pas
tombées par votre œuvre. Cinquante-six nulle
bourboniens ont été battus, dispersé^, faits
prisonniers, non par v t ous, mais par nous. Il
'est donc inexact de dire que le royaume des
Deux-Siciles a été tout entier délivré par vos
; armes. ■ .' ■■■ ' . •
Dans votre, orgueil légitime n'oubliez pas
-4ue notre armée et notre tlotte y prirent quel
que part, en détruisant beaucoup plus que la
moitié de l'armée .napolitaine , et en prenant
quatre forteressesien état complet de défense.
• Je ne prétends pas vous parler au nom de l'ar
mée; mais je crois la connaître lassez pour êire
sûr qu'elle partagera le sentimftnt de :dé^oùt et
de douleur que vos intempérances et celles de
. votre parti ont soulevé" dans mon ame. » -
Turin, lé 22 avril.
> L'Italie annonce que le bruit court que'>Ga-
ribaldij qui devait aller à Crémone, a modi-
■lié son projet. V " '
■ D'après le même journal, on prétend à Mar
seille que la compagnie péninsulaire et orien
tale aurait l'intention de se transférer à An-
^cône. Le service des dépêches anglaises se fe
rait par la veie d'Ancône, Alexandrie et l'E
gypte, en abandonnant aux messageries^ im
périales le service des dépêches françaises par
■la voie d'Alexandrie et'Marseille.
Turin, 22 avril,
- Le bruit court que Garibaldi quitte. Turin
dans la spirée. Le député Tecchio remplace M.
ttattazzi, qui est malade. La Chambre a pris i
■en considération, à une grande majorité, le >
projet de'Garibuldi pour l yrrftement. Lfe .mi
nistère a adhéré. Garibaldi était absent de la
Chambre.
Turin, 23 avril.
Les journaux publient la réponse de Garibal
di à Cialdini. Garibaldi, fort de sa conscience
de soldat-cit oyen italien, ne veut pas descendre
Jusqu'àse justifierdes accusations d'avoir man
qué de respectau roi et alarmée. Garibaldi s'ha-
fillera comme il lui plaira dans un pays libre,
ignore, dit-il, les paroles de Tripoti.' J'avais
donné l'ordre de recevoir comme des frères les
soldatsitaliensderarmécdunord, tandis qu'on
savait que cette armée venait pour combattre
la révolution personnifiée en .Garibaldi, ains ( i
"que Farini l'aurait déclaré ù l v Emperear Napo
léon. Comme député, je crois avoir expose à
la Chambre une très petite partie des torts ^ue
l'armée du Midi a à reprocher au ministère.
Je crois en avoir le droit. L'armée italienne
trouvera dans ses rangs un spldat de plus
lorsqu'il s'agira de combattre les ennemis de
l'Italie ; vous n'ignorez pas cela. ,
Toute autre chose qu'on a pu dire de moi
envers l'armee est une calomnie. Il est irftxact
que nous fussions sur le Volturnè dans de très
mauvaises conditions. D'après ce que je sais, "
l'armée a applaudi aux paroles libres et mo
dérées d'un soldat député pour qui l'houneur
italien a été le culte de sa vie entière. Si quel
qu'un se trouve offensé de la manière dont
j'ai agi en parlant en mon nom personnel,
j'attends tranquillement qu'on me demande
satisfaction de mes paroles. . . .
La Monarekio nationale dit qu'il est inexact
que Garibaldi doive quitter Turin.
' Turin, 23 avril.
La Gaiette de Turin rectifie une erreur typo
graphique commise dans ia reproduction de Ja
lettre du général Cialdini relativement au
passage suivant qy'on doit lire ainsi :
« Je connais Jes ordres donnés,par vous ou
» par les vôtres au colopel TripotL »
Une lettre adressée par le. général Sirtori à
la Gazette de Turin exprime lp regret de la pur
blication de la lettre du général Cialdini et
signale les explications données relativement
aux paroles que lui, Sirlori, a prononcées dans
le Parlement. La môme" lettre exprime le dé
sir que la concorde, en Italie; se personnifie
dàhs les pouvoirs du Parlement et du rof.
Lé 5 0/0 piémontais est à 74.40.
Marseille, 23 avril.
Les correspondances de Naples du 21 confir
ment la nouvelle que les. Piémontais ont réoc
cupé Veuosa et marchent sur Melfi, en ralliant
les gardes nationales. Les journaux deman
dent tous que les soldats bourboniens soient
déportés dans l'Ile: de Sardaigne. .
Un mouvement démocratique a éclaté à Co-
senza, en Ctriabre. La municipalité a axpulsé
le, préfet suspect de sympathies réactionnai
res; 186 accusés comparaîtront pour cette af
faire le 5 mai à Naples.
La municipalité de Naples a conclu un em
prunt pour des travaux publics.
On mande de Jtome que treize étudians ont
été expulsés pour avoir refusé d'illuminer. II.
y a eu une nouvelle protestation ét lé drapeau
tricolore a été arboré à l'Université.
Les obsèques solennelles du comte belge de
Liminghe ont eu lieu en présence des autori
tés (t). ,
Le comte de Trani^ra partir pour la Bavière
où il doit se' marier.
Madrid, 22 avril.
On attend à Cadix l'impératriche d'Autri
che.
Le gouvernement, répondant à des interpel
lations dans les cortès, a déclaré qu'il n'avait
pas permis de publier la brochure du duc
" (1) Une dépêche télégraphique publiée par un
journal belge a annoncé que le comte de Limin-
ghe, volontaire pontifical, avait été assassiné, il y
a quelques jours, dans les ruçs de Rome.
ESPAGNE.
M adrid , 19avril.—Lescorrespondances.deRio-
^aueiro annoncent que le changement' de mi
nistère qui vient dé s'opérer dans le Brésil,
-il'a modifié en rien la politique do l'intérieur"
et' de l'extérieur du cabinet dé missionnaire. ■
Après avoir faît faire les élections généràlés
avec la plus grande impartialité, et en présen
ce d'une nouvelle Chambre, le ministère Fçr-
raz a cru devoir présenter sa démission qui a
.été acceptée. ; < , (Correspondencia.)
EMPIRE D'AUTRICHE.
vienne, 20 avril..— ,àg n'est pas sans peine
qu'on estparvenù à faite àgréer à un certain
nombre de magnats hongrois .leur nomination
à la première Chambre de l'eiûpire, et le gou
vernement, pour ne' pa^ se trouver exposé à
un refus, a aù procéder avec la plus grande
circonspection.
Il parait positif que l'archiduc Maximilien
a été choisi pari l'empereur François-loseph
pour présider le'conseil suprême de l'empîre.
Le parti vraiment national et constitution
nel en Hongrie se trouve toujours aux prises
avec la. démocratie, qui continue de rendre
les populations ; dés villes et des campagnes
hostiles au développement des institutions, re
présentatives assurées-à la Hongrie. Les évè-
neineris dont la Pologpe vient d'êt-e si mal
heureusement le théâtre, n'ont., pas été sans;
jlvoir legr contre -GÔup parmi les Madgyars.
J " {Havas.)
"— Le total des billets représentant la mon
naie de billon en circulation à la fin de mars
1861, s'élevait à 7,715,093 florins.- •
{Gazette de Vienne.)
ALLEMAGNE.
berlin , 21 avril.—La Gaiette prussienne con-
sacre un nouvel article à la dernière session
des- Etats du Holstein. Elle raconte longue
ment les faits, ,el en conclut que le ministère
danois n'a jamais eu l'intention de présenter
un véritable budget aux Etats,"et qu'il ne s'a
gissait que de tromper les puissances étran
gères par une manœuvre équivoque.
Pour les nouvelles extérieures : l. sonipace.
d'Aumale, pour rester en bons termes avec des
gouvernement nmls. ? 1
Le duc de Montpensier a renoncé à son voya
ge en Ahgle! erre. ' ( ffavas-Bullier.)
Nouvelles de l'Extérieur.
On lit dans le Moniteur ^
« Diverses mesures qui intéressent nos mu
sées vi'enrient d'être prises, par ordre de l'Em
pereur , sur la proposition du ministre d'Etat.
Des circonstances exceptionnelles ont fait en
trer dans quelques-uns de ces riches dépôts
des objets très précieux, mais qu'aucun lien
ne rattache aux collections qui les entourent,
et qui, isolés au milieu de monumens d'une
nature différente, ne présentent, a la pla
ce qu'ils occupent, qu'un intérêt secondai
re. Dans sa haute sollicitude pour les grands
établissement de l'Etat, Sa Majesté a voulu
que ces objets fussent réunis aux collec
tions dans lesquelles leur spécialité -les .ap
pelle et où ils reprendront, rapprochés désor
mais de leurs analogû'és, toute leur importan
ce et toute leur utilité pour le public.
» Parmi les quatre départemens qui la com
posent dàns sou vaste ensemble; la Bibliothè
que impériale compte, comme on le sait, le
département des médailles, pierres gravées et
antiques. C'est le cabinet le plus riche dn
monde sn collections de monnaies, : de camées,
d'intailles,de vases précieux et do' figurines de
bronze, parties inséparables d'un touthomog>:-
ne à l'aide duquel le savant et l'artiste trouvent
rassemblés sur un même point tous le» élé-
mens nécessaires à l'étude de l'antiquité.
A différentes époques de la Résolution et du
premier-Empire, ce département' avaitdrecu un
certain nombre d'armures modernes et d'armes
orientales que le gouvernement lui avait adres
sées. Rien, il faut le dire,n'autorîsait. la ré union
de ces armes aux collections de ce département.
Aussi, en exécution d'uù .xiécret en daté
du 16 février dernier, l'administrateur géné
ral de la Bibliothèque ,inipéria(è. remettait, le
22 mars suivant, les armes.et armures moder
nes et orientales du cabinet des médaillés,
pierres gravées et antiques,'entre les mains du
conservateur du Musée d'artillerie, pour être
transférées dans collection^ de la place
Saint «Thomas- d'Aquim Parmi ces objets ,
dont le nombre se montait a quatre-vingts, il
faut citer l'armure de Sully, en bronze floren
tin; celle de Philippe de 'Montmorency; une
armuie d'enfant du règne de Louis XIV, ayant
appartenu au duc de Bourgogne; mais, enpre-»
mière ligne, la magnifique armure connue
improprement sous le nom d armure de Fran-
ç«w P r , avec son casque, "Bon bouclier, et sa
i poignée d'épée couverts d'ornemens en fer ci-
; selé. ec repousse sur fond d'or, merveilleux
j ouvrage de l'art de l'armurerie en Italie au
' XVI e siècle ; nous ne ferons que mentionner de
: très belles poignées d'épées du temps de Hen
ri 11 et de Charles IX, des casques^ des armets,
des rondelles à main', de riches armures cir-
cassiennes et chinoises^ qui maintenant font
partie du Musée d'artillerie. „
, » A l'époque de la fondation du Musée des
Souverains, le département des médailles,
pierres gravées et antiques, avait aussi appor
té un large contingent aux richesses de ce
musée. Avec le fauteuil du roi Dagobert, la
couronne de Hunald, le sceau de la reine Cons
tance, le portrait du roi Jean, les médailliers
ces, perdues jusqu'à
pour l'étude, ren-
4rent nujourd'hui dans les médailliers de la Bi
bliothèque impériale, dont elles viennent com
bler les lacunes que déploraient les hommes
d et'ude. »
Eri prenaht, la plume pour parler dp
l'Algérie, nou§ ûe.nous gommes point dis
simulé certaines parties ingrates de riotjfe
mission, et ceci surtout que, malgré tren
te-deux ans d'occupation, notre colonie est
encore assez peu connue de la métropole,
qui lui aplus facilerrientaccordé son argent
qu'une attention sympathique et soutenue. •
L'aide matérielle n'a point fait défaut, mais
peut-être eût-il été désirable que la Fran
ce ne s'en fût pas tenue là.et que l'Al
gérie prît dans là pensée générale la
place que lui assignaient naturellement
son importance dans le présent et sa va-
leurjilus grande encore dans l'avenir. C'est
à combler cette lacune que doit tendre 4a
presse en France, ot nous ne faillirons
point, pour nôtre compte, à celte lâche.
C'est pourquoiij jious sera permis de faire
quelquefois des.retours sur un passé, mal
apprécié souVent jjàrçe qu'on l'ignore,, et-
qu'il convient de^aiipelpr^.né ( fût-ce que
pour compi'èncfr'e'le.s làifs"' actuels, et les
points de départfcuci essiTs des événement
et dés phases par lesqticlles passe notre
jaune colonie. ' . "v .
• Dans une réunion ,olficielle^dontcejoiir-
jial àtQut'i'écémment rendu compte, le di
recteur-général des services civils en Algé
rie, M, M'ércièr .Lacombe, a très nettement,
et très heureu'seiiient précisé le mandat de
radminjstrationnouvelle, il ne s'agit, nous
l'avons'dit, mai? nous sommes heureux de
l'entendre répéter avec tant d'autorité,- il
ne s'agit, il ne.peut s'agir pour l'Algérie, de
reculer dans / la voie civile et progressive où
elle est entieo. «Prompte solution îles ques
tions, unité de vues. » Tel a été le but
de l'organisation dernière. « Quant à être
s militaire, il n'est pas pqssible qu'un pou-
» voir lbpal'. soit entraîné à être militaire.
» Les intérêts )ui tracent trop évidemment
» sa voie. » Sulrto'us les points, l'honorable
addtiihistràxeu'r s'est exprimé sans réserves,
sans ambages, aveç- la netteté d'une volonté
ferme et' d'une conviction faite. Son dis-,
cours a été jiistementapplaudi. C'est mieux
"qu'un pfog'rà'mrhe, c'est un acte; c'est,
déplus, un démenti donné à des appré
hensions vraies ou simulées, qui n ont
pas leur raison d'être, et que rien, à coup
sûr, ne justifiera. Si elles o»t pu, jus-r
qu'à un certain point, se produire, la faute
en est précisément à cette ignorance pres
que générale de l'état des choses en Algé
rie, ignorance à laquelle il importe tant de
remédier.
Peu de personnes, par exemple, en Fran
ce, même en plein 1861, savent au juste
ce qu'était ce gouvernement général qu'on
vient de rétablir. L'Algérie n'a pas eu son
historien, et la curiosité publique i/a pas
réclamé contre cette lacune. — Voici ra-
etîmr"
jde Louis JÇlVj etc., i la '.Bibliothèque; avaït' Gfi-
Vjoyé au.Couvre la splpndidô jsrjaupejdf Hen
ri li; damasquinée ail' agemim, celles dpr-Herç-
ri IV et de Louis XIII, qui,. transportées du
Garde-Meuble, avaient êtf remises, le 8 floréal
ail V (27 avril 1797) au cabinet des médailles.
» Sa Majesté a égalemént désiré que 'le Ca
lice; de gaiitt Bemi, envoyé en 1796 au , dé
partement des médailles, fût, en raison de
son caractère sacré, 'déposé dans.la cathédra
le de KéimSj où* pendant plus de 600 ans,- iba
servi au culte. Cetté précieuse eoupê byzanti
ne du JÇII* siècle, en or massif, ènrfcl^ié de
pierreries : ëp cabochons et de: perles^.avait,
suivant -itoie' tradition erronée; apto^rteriu- à
saint Reml, dniit elle portait-le nom :4ongtemps
f elle Qvaittetéfeoasidérée comme une reliqiie
me 'quic'onqpej/porterait une main sacrilège
sur cet-àbjfet Sacré. • ... /
» M^Tévéifued'Adras, délégué par S. Em. ~
le grandràûmènlér de-France, s est rendu,
par erdre 8e l^mpereur; à Reims, le 18 mars,
accompâgnédb M: l'abbé Allai il, chanoine ho
noraire de Saint^pen is, i de là chupella .impérià -
le, et a remiSjra.vec le. cérémjOniAl ca
lice de saint' Remi a S. Em. Jîgr 1$ cardinal
Gousset, qui l'a Éiït déposer, aux termes de
L'article 3 du décret du" 16 féyr-|er„ daris. fjyér
sor de la cathédrale, en présence de ses vicài- '
ree généraux, desjnîteiriljres dii^hàpitre de la
métropole, du conseil de fabrique-ét du maire
de la ville; . ■; -i-> h., •• " '
» Mais si, par ces divci^çs mesures, le dépar- -•
tement des médailles a perdu ces importans
objels qu'il â .Possédés pendant p|us d'un de
mi-siècle, d'après ce sage éepi'it ffe'répartition,
fil voit s'augmenter un des' fonds naturels de
ses-collections. Aux ternies de l'article 1" du
même décr#t, -le muséelidonétaire existant à
l'hôtel .des monnaies de Paris est transféré à la
Bibliothèque impériale^ Ce musée se montait à
six mille pièces environ.-, • — Près Ae deux
mille pièces, parmi ljjsqu^lMion compte des
monnaies de . fà, plus 4 krâMe rareté > -et de
la plus haute importpnce^'représenteht dans
cette collection la série des rhonnaies françai
ses. Eloignées de leur véritable centre," ces riiè-
JL-i.
Feuilletoa da GoustitaUoaoel ; 24 avril.
IÎN 1M01R E\ LIPOME
XXII.
Quand les Lapons vivent seuls dans un
canton, ils y sont d'ordinaire assez paisi
bles : leur naturel est'généralement inof
fensif; les seuls sujets de querelle qu'ils
pourraient avoir entre eux seraient «relatifs
au choix des. pâturages ou à l'emplacement
des tentes. Mais la Laponie est si vaste, et
si'abondant ses pâturages, que tout le
monde a plus de nourriture et d'espace
qu'il no lui en faut. D'ailleurs, toutes ces
questions sont réglées par des usages qui
ont force do loi : les Lapons obéissent à
leurs traditions comme à des décrets sou
verains. ,
Mais il n'en est plus ainsi, dès que les
Lapons se trouvent mis en oontaot avec
les autres races qui se rencontrent sur
leurs frontières. Presque toujours, dans
c8s circonstatfees, on voit éeiater sous les
plus futiles prétextes les haines'profondes
et séculaires qui divisent ces populations.
Les- Lapons peuvent être accidentelle
ment mêlés aux Russes, aux Norvégiens
aux Suédois et aux Quènes.
Sans être affectueuse?, leurs relations
avec les Russes n'offrent du moins aucun
caractère d'hostilité. On cherche à se trom
per réciproquement, ainsi, du reste, que
font trop souvent les négocians de tous les
pays; mais les-choses ne vont jamais plus
loin. La finesse d -s uns lutte sans trop de
àésavantage avec l'astuce des autres ; rtiais
il est à. peu près hors d'exemple que l'on
passe de l'injure aux coups. Il n'en est
pas toujours de même avec les Norvégiens
ot les Suédois : ici l'état de guerre sem
ble être la condition normale; la paix n'est
guère connue que comme exception, et
encore c'est, la. paix armée. Le soupçon ré
ciproque est à l'ordre du jour. Quand
quelque larcin a été commis dans un
gaard,
i
On ne va poiuts'en prendre aux gens du voisinage!
C'est un Lapon qui a fout. fait.
Si, de son côté, un Lapon revient à ses
teitt.es, le bras en écharpe, traînant la
jambe, les reins à demi-cassés, le nez en
capilotade, l'œil noir, ou une oreille de
moins, on ne va point se plaindre au ma
gistrat, qui prétendrait sans doute que ce
ne sont point là ses affaires, et peut-être
même que le plaignant a eu tort.... mais
on ne doute point que la pauvre victime
ne sorte des mains jpar trop lourdes de
quelque Norvégien.
Avec les Quènes, la position, pour par
ler le langage des diplomates, ost"encore
)lus tendue, les rapports plus difficiles et
es scènes de violence plus fréquentes. Ir
F,
régulièrement répandus dans toute la
partie nord-ouest de la péninsule Scandi
nave, les Quènes, malgré leur inimitié
héréditaire contre les Lapons, se trouvent
assez souvent mêlés 11 eux, à peu près
comme les Druses et les Maronites dans
les villages mixtes du Liban.
Tout près du petit golfe sur les bords
duquel les Lapons, nos amis, avaient planté
leurs tentes,il se trouvait précisément unè
tribu de Quènes. Ceux-ci, c'est une justi
ce que je me plais à leur rendre, ne virent
point d'un bon cail l'arrivée de Peckel et
des siens, et s'il n'eût fallu qii'un coup de
maiu pour lès renvoyer dans leurs motita-
gnes ite eussent courti le risque de ne pas
prendre trop long-temps le frais sur le ri
vage. Cependant ils se continrent tout d's-
bord, suivant en cela l'ancienne maiime
qui veut que l'on souffre ce que l'on ne
saurait empêcher.
Il est, en effet, reconnu comme de droit
public dans cette partie de la Norvège que
la terre, par cela même qu'elle n'est à
personne, appartient, au contraire, à tout
le monde, et que chacun, tant qu'il occu
pe, est le maître de ce qu'il occupe. Il ne
fallait donc point songer à déposséder nos
Lapons. Mais, avec un peu de bonne vo
lonté, les questions de limites fournissent
toujours autant d'occasions de disputes
que péuvent en désirer des voisins bien
intentionnés. Où commence le territoire
d'une tribu, où finit celui d'une autre?
C 'est ce qu'il est toujours pusaible de dis
cuter à coups de poing et de décider à
coups de fusil.
Il n'y avait pas encore huit jours que les
rennes des Lapons se baignaient dans les
eaux du fjord, que déjà'de sourdes ru
meurs circulaient d'une tribu à l'autre.
Les Quènes prétendaient que les femmes
des Lapons allaiont, pendant la nuit, trai
re 1e lait de leurs vaches; Les Lapons, qui ■
ne voulaient point être en reste, prétendi
rent, de leur côté,que les chasseurs què
nes prenaient volontiers les rennes privés
pour des rennes sauvages, et que depuis
quelque temps leurs troupèaux se trou
vaient régulièrement'décimés. Quand les
choses en sont là, entre gens qui se détes
tent et qui ne demandent qu'une occasion
pour se le prouver les uns aux autres, l'oc
casion né saurait longtemps se faire at
tendre.
Des rixes partielles avaient déjà ensan
glanté les rivages du fjord; si l'on n'avait
point eu encore de victimes ni d'un côté
ni de .l'autre; si, jusqu'ici, la vie humaine
avait été respectée, ce n'était peut-être
point aux parties belligérantes qu'il en
fallait savoir gré, car, en tous cas, ce n'é
tait ni la bonne volonté ni l'envie de mal
faire qui leur manquaient.
Nefpto, dans toutes ces querelles, jouait
un rôle à part et qui ne manquait certai
nement ni de grandeur ni d'habileté. Il se
posait comme parfaitement indifférent
pour son propre compte à tous le's sujets,
de querelles qui pouvaient éclater entïe
ceux-ci ou ceux-là. On le savait assez riche
pour ne pas se soucier beaucoup, d'un
renne de plus'ou dé moins date ses trou
peaux. II était bien certain'qu'il lui en res
terait toujours plus qu'il n'en aurait jamais
besoin, pour son graiîd-pèrc, pour Norra,
pour lui-même. Quant aux pâturages, il
pensait, et il le disait assez haut, que per
sonne n'aurait lé mauvais goût de venir
chasser ses troupeaux delà place qu'il au
rait choisie; et, en véritéj le reste lui im
portait peu ! Ce qui lui importait davan
tage , c'est qu'en aucun cas on ne fît
tort aux gens de sa tribu; c'est que l'on
ne commît point de violences contre les
personnes. Il regardait comme son devoir,
comme sa charge de chef de tribu, et n'é
tait-il point le fils de celui qui, depuis
près de soixante ans, dirigeait les Kilps,
de faire en sorte que les siens n'éprouvas
sent sous ses yeux ni injure ni domma
ge? Partout ou un Lapon avait une que
relle avec un Quène, on pouvait être sûr
de le voir arriver. On ne lui pouvait pas
reprocher d'avoir jamais donné le premier
coup : il était rare que le second ne fût
appliqué de sa main. Une telle conduite
avait le double avantage de 'donner un li
bre cours à une énergie qu'il contenait de
puis trop long-temps, et de le poser par
mi l«s siens comme le défenseur présent,
comme le chef futur de sa tribu. Ces com
bats, que l'on s'efforçait de cacher au vieuS
Peckel, prenaient depuisquelquetempsune
fâcheuse importance : ils se renouvelaient
beaucoup plus souvent^ et, plusieurs fois
déjà, il s'étaient terminés par des morts
d'homme. Une de ces affaires avait été-as
sez cruelle. Les Lapons, sans leur nombre
supérieur, eussent pu subip un rude échec;
mais, quoique.plusieurs d'entre eux fus
sent restés siir le terrain,lesQuènes avaient
été cependant forcés dèleur céder le champ-
de bataille. Ils ne se. retirèrent point, on
le comprend du reste, sans éprouver line
violente irritation de leur échec; ils pro
férèrent en se retirant les plus horribles
menaces et jurèrent de se,venger.
Pendant quelques jours, les Lapons as
tinrent sur îeurs gardes, et'comme ils sa
vaient bien que la justice du pays ne leur
était'pas favorable, ils songèrent assez sé
rieusement à regagner les hauteurs, sans
tenter de nouveau les chances si Cruelle
ment éprouvées de la bataille. Ce parti, s'il
n'était pas le plus courageux, était, du
moins, le plus prudent. Mais comme ilavait
le tort de combattre les idées belliqueu
ses de Nepto, comme le triste amoureux
préférait cette vie d'aventures", qui faisait
parler de lui sous les tentes, à l'oisiveté
sans gloire à la^uélle il était condamné
dans les pâtures, il résista avec une tenace
opiniâtreté, et s'opposa avec une rare éner- '
gie aux mesures dictées par une politique
trop prudente. Cette fois encore-, le parti
le plus sage ne fut pas celui que l'on choi
sit, et la tribu écouta la voix de la passion
avec plus de complaisance que celle de la
raison. - ,
Une sorte de trêve, grosse d'évènemens
et pleine do menaces, suivit cette action
meurtrière. Chacuu s'obs erviîit, se tenait
sur ses gardes et surveiWait ses adversai-
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