Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-04-20
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 avril 1861 20 avril 1861
Description : 1861/04/20 (Numéro 110). 1861/04/20 (Numéro 110).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
46 ÀraNEE;--N;'*tQv
œsi.
BUREAUX A PARIS : rue det Valoi» (Paiais-iWyai), a. 10;
y. ■ * .. .i ■ . ;-.-A
ÎMËOl ZQMRil+M&i
AB0NNE3IE!fS DES DÉPARTEMENS.
trois mois.: ;
six mois
UN AN
16 PB;
32 FR.
64 FR.
pour l'es pats étr A nsers , -voir le tableau 1
publié les 5 et 20 de chaque mois.
Impr. L. BÇNtt'ÀGE, r. fles Bohs-Ënlahs, 19.
JOURNAL POLITIQUE,
Le mod*è abonnîmes* îé plus simple est l'envol-d'un bon de poste ou d'un effet
sur Paris, à l^rdrajte tfADjMisTHi'tac* du jojtdïI, rue de Valois, n° 10.'
TTÉRAIREj UNIVERSEL
tROis mois. .r. ...... ; 13 / fr. .
six mois....-7 ; -£26 fr. -
UN AN....-.'.;;;.;;...-; f-S2 _FR?ri
UN KUMRO 'QENT^pèj.; i,,"..
Le? abonnsmens datent des 1<< et !•
■ .. ' 4 e chaque mois.
La Uttresou tnvais d'-• Les articlës. d|pc
ent aon affranchis «ont
sés ne sont jias rendus
t • -
trefusiti i il , Les moacEs sont reçues, ch,ez M., l'ASiSj Wglsseur des 6 grands journaux,'
v ! • , j' ■'> ; rue rfo "
n „ ; . i. . . j .(■)-(' : . ■ . i s . ;
rfotre-Damâ 1 des-Victoir6B, il* 40 (place de la Bourse),
"^rt'àbfes■~€nfans~terribles ,
■ ' «• rk""" les.àpôtrès radicaux de l'aiitcn
LA DÉCENTRALISATION.
■ I. "
Le rapport -qu'adressait à l'Empereur,;
le 12 avril, M. le comte dePersi^ny, a été
accueilli par le pays tout entier avec une
satisfaction incontestable.- Cet acte d'ini" A
tiative ministérielle a eu la rare fortune
de ne rencontrer partout que des appror
Lations. La presse^ à Paris et dans les
départemens , s'est montrée unanime :
tous les journaux , quels que soient
d'ailleurs, leur caractère et leur esprit po
litiques,. ont reconnu avec plus ou moins
de bonne grâce que c'était là une réforme
aussi salutaire que courageuse, et qu'il
était beau de voir un gouvernement, aux
prises avec toutesles difficultés,présentes
de ,1a politique étrangère, attester aihsi
que sa principale sollicitude -re'stait néanf-
inQins appliquée ayx intérêts et _aux be
soins de notre administration intérieure.
Quelques écrivains spéciaux, demeurant
en province, et mieux, placés que nous
peut-être pour se rendre compte i des. ré<-
sultats immédiats et pratiques d'une pa-
reiilé niesure," n'ont pas hésité à dira
qu'elle constituait a une véritable et heu
reuse révolution administrative. » Le mot
n'est point aussi exagéré qu'on pourrait le
croire. C'est, en définitive, un mot de bon
sèns et d'expérience ; nous y reviendrons.
Quelques autres écrivains, tout en ne
refusant pas lemr assentiment à ce qui ve
nait d'être fait, ont ajouté qu'on aurait dû
faire davantage. Il fallait s'y attendre. Le
rapport de M. de Persigny venait de ra
mener à l'ordre du jour une question qui,
depuis vingt ans, a le privilège de passion- ;
.ner à peu près tout le.monde, et le mal-i
heur do n'être pas compHse, dans ses t'or-j
mes .exacts,, par" ceux-là mêmes qui en ;
parlent avec le plus d'affectation. .-,
; La décentralisation i en France, est et ne
peut être; apr^s Richelieu et Louis XIV,
la Convention.ët.Napoléon, qu'une question i
•administrative. 11 n'en faut point faire une
iquesîion politique, encore moins une ques
tion sociale. Il ne s'agit pas, il ne s'agira
jamais parmi nous de détruire l'ocilvre pa
tiente et séculaire de la Royauté, de la
Révolution et de l'Empire. L'unité , qu'on
veuille bien le comprendre, est-plus que
notre force et notre gloire , elle est, en
tant que nation, notre raison d'être. "
Certes; nous sommes, aussi jaloux que
personne de ce que l'on appelle aujour
d'hui «les libertés locales.j> Nous n'avons
jamais rêvé pour notre.pays un régime gou- !
•vememental qui ressemblât au système
muet de la télégraphie électrique : un mot
parti du ministère de l'intérieur doit
trouver dans nos trente-sept mille com
munes, non pas de passifs échos, mais des
voix intelligentes prêtes à le répéter, et à
le commenter ;au besoin. Sejon nous,dans ,
une société, savamment organisée comme
la nôtre, iî est juste de rechercher tous les
moyens qui peuvent simplifier les rouages
administratifs et sauvegarder, sans les
confondre ou les infirmer efi aucune : fa
çon, les .droits bien' distincts du .pouvoii
central, du pouvoir départemental et du
pouvoir municipal. Mais il serait puéril,
s'il n'était téméraire, d'a-Her plus loin.,
Qu'on en juge d'apiès ce qui se-diî et ce
qui se passe aujourd'hui. " •
Les Girondins , d'imprévoyante mémoi
re, se bornaient ;Ypouff»uivre l'autonomie:
provinciale ; M. Odilon Bàrrof, non seule
ment ia-ns son récent ouvrage, mais dès,
avant, la Constituante de 18-48, s'est fait le
champion de nous ne savons au juste
quelle autonomie cantonale déjà jugée et
condamnée deux ou trois lois par iios as-,
semblées législatives ; derrière lui viennent :
des légitimistes quij le dépassant, récla-1
ir.ent à grands cris l'autonomie' absolue
de la commune, et cachent mal que:c'est
lin chemin détourné pour revenir aux
anciennes administrations seigneuriales.
Nous ne parlons pas de ceux qui,.vé-
f^sohf'fôîts
autonomie in
demandent ingénument
àpôfrè;
dividuelle ^ et
qu'on nous ramène îi la condition du pion
nier-américain, un pied tout au plus dans
le monde civilisé, l'autre pied dans le
monde sauvage.
Ce qu'il y a de curieux et d'instructif,
d'ailleurs, dans ces petites plaintes et
ces petites récriminations, c'est que les
piiblicistes, les îêveurs ou les mecon-
tens qui les font entendre sont précisé
ment ceux qui comprennent le mieux, par
tout ailleurs, la force véritable et l'avenir
irrésistible de cette unité centrale qu'ils
combattent en France. Ecoutez-les : les
uns nous'crient chaque matin de prendre
garde aux dangers que nous prépare « la
puissance incalculable » de l'unité italien
ne^ de l'unité allemande; les autres, —
cela dépend du tempérament et de la cou
leur— félicitent* au contraire, ces deux
pays et les encouragent à persévérer dans
une voie; qu'ils jugent salutaire pour au
trui, et que cependant ils voudraient nous :
faire quitter.
-, .Un peu.pUis de -logique;-on en convien- j
d#3, ne sapait, pas inutile à nos honorables
contradicteurs, ne dûF-'élle servir qu'à-dé
guiser mieux les tristes mobiles de critique
quand même qui les poussent et les font
agir.
Revenons au rapport de' M. de Per-si-
gny. Ce n'est pas encore la conclusion,;
mais c'est la suite prudente et raisonnnée
de ce programme du 25 mars 18S2, qui a
toujours été franc> courageux et honn'ête.:
Le ministre dit nettement ce que le gou-;
vernement impérial entend accorder aux'
vœux légitimes des populations e«-qu'il!
a résolu de refuspr''^ux- i impation6.&'irré
fléchies dejquelques-y..ris.aiiibi qu'aux cal
culs égoïstes de quelqufes 'autiv?.
; Occupons-nous , en, commençant, dos
refus et des motifs impérieux qui les ont
dictés. : -i., ■ _■
■ M. de Persigny déclare qu'il' 1 lui paraît
inadmissible d'accorder aux 'préfets « Ja
» f^tul 1$; d'autoriser.les impositions ex-
» tra'of'dïnaires pour dépenses facu'llati-:
» vèsp^iida'nf'Sihq années, et jusqu'à con-
» cucrence de- 20 centimes additionnels-. » i
Ce'premier refus se justifie par des rai-.
SQas.sipéremptoires que toute discussion
serait superflue : il suffit" d'exposer les
faits.
Comment admettre que l'on puisse; co -
fier à un préfet, si honorable et honoré qu'il
soit, un tel pouvoir discrétionnaire ? Nous
ne croyons pas «exagérer en affirmant
qu'une concession semblable équivaudrait
non pas seulement au rétablissement des
gouverneurs de province pour le roi, mais
à un véritable retour au régime féodal. Lu
premier privilège des gra'uds vassaux était
de battre monnaie; les préfet.^ dans cer-:
taine mesure, arrêteraient l'impôt, ce qui
est beaucoup plus simple et beaucoup plus
grave. Et puis, à jour donné, quelle serait
la position du pouvoir suzerain vis à-vis-
<îe ces nouveaux feudataires ? Il aurait tou
jours entre ses mains l'arme redoutable de
la révocation. Bel expédient, de révoquer
quand le mal est fait! La révocation, d'ail
leurs, n'infirmerait pas l'arrêt préfectoral,
et do cette autonomie, ou plutôt de cette
anarchie financière naîtrait, à. coup sûr,
l'étrange résultat que voici : le gouverne
ment.central ne connaîtrait plus au juste
la ricliesse réelle du pays, son industrie et
ses ressources. Il ne saurait plus' ni sur
quoi ni sur qui il peut compter en cas de
besoin, et,-ignorant ce qui l'entoure, il
s'ignorerait lui-même. Est-ce là ce que
l'on veut? .
On objectera, nous ne l'ignorons pa?, ;
que nous mettons les choses au pire -et que
les préfets, investis de ce' nouveau man- ;
dat, n'en useraient que d'une manière fort
discrète, exclusivement conforme air bien
général du pays, et que, en tous les cas,
on pourrait les obliger à des correspon
dances et à des statistiques encore, plus
^bmiSîîqu'ée^* avec 4e£"divers ministères
compétent ,* . ■. ■
C'est ne pas connaître les affaires et en*
core moinslês hommes.Nous ne nions pas
assurément les services de la statistique^
ni même de la bureaucratie préfectoz aie j,
mais il nous sera permis de dire qu'elle
entre déjà dans bien des détails, et qu'il
serait pour le moins imprudent de la
charger.de nouveaux soins. Croit-on. que
les préfets eux-mêmes., parce qu'ils sont
nommés et institués par le gouvernement,
échappent à toute influence locale ? Ce se
rait une singulière erreur. Les préfets, et
nous ledisonsà leurlouange, s'identifient
plus rapidement qu'on ne.le suppose, avec
les intérêts particuliers et rivaux des dépar
temens qu'ils administrent, et souvent op
les rencontre plus actifs et- plus âpres
qu'un maire de village pour Ja défense et
la gloire de son clocher. "Et c'est ,à des ju
ges ainsi prévenus que l'on confierait la-
responsabilité des dépenses départementa
les ! Mais, il n'y en a pas un parmiéuxiqui,
sous certaines impulsions du irfHieu où .
il se trouve, ne serait fort aise de faira dit
chef-lieu de son département un P^A,^-
rig, et.des.chefs-lieux d'arrondissement de
sa préfecture de petits Versailles:^Voit-on
où l'on irait ? . ,
Le danger ne serait, pas moindre si ïe
préfet pouvait jamais avoir «la décision
» des dons et legs lorsque, même en l'ab-
» sence de toute réclamation des familles,
» elles nécessitent l'intervention du poù-
» veir central par suite de leur connexité,
» c'est-à-dire de leur caractère à la fois
» .communal, religieux pu charitable. » '
Sur ce point délicat'on comprendra que,
vu la situation exceptionnelle qui nous a
- été faite récemment, nous nous tenions
dans la plus stricte réserve. Cependant on
ne saurait nous.blâmer dé dire quelques
mots delà position difficile où se trouve la
plupart du temps un préfet vis-à^vis d'un
évêque, quand un cas semblable vient -Ù
se présenter.*. , . • ; r
De deux choses l'une : ou le préfet, pc^r
conviction et par déférence* personnelle,
cède toujours aux demandes.de l'évêché,
od,'-par nécessité et par devoir., il y.résis
te. pans le premier ra?, il peut." com'prô-
metlre l'Etat ; dans le second, f ^ <%-
promet lui-même. ' i
C'est très simple.
Siippos'ez fin préfet qui, dans l'ardeur
"de sa foi' ou de sa complaisance, soit rési
gné à tout accurder et il tout légitimerj:
legs charitables et donations religieuses.
Qu'arrivera-t-il? Nous n'avons pas le tra
ders de « prévoir les malheurs de trop loinj»
mais il. nous, paraît, à peu-près sû'*' qu'en
pareille occurrence les-biens dèrrnain-
morte auront des chaiïces de s'à'coîliître
plus que do raison peut-être dans ce dé
parte.uent. .
Supposez, par contre, un préfet décidé
à s'opposxT résolument à tout envahisse
ment de ce genre. Qu'adviendra t il de sa
résistance? Un. mécontentement d'abord,
un conflit, à la longue : c'est inévitable.
Comment ! un préfet aurài-t eu le droit
de se prononcer , par suite de l'accep- .
tation oO du refus d'un, legs, -sur, la
legs,
fondation et l'oistence d'une commu
nauté religieuse ou d'une, congrégation
charitable , et il aurait refusé ! Que
penser .et que dire de lui? Ce ne se
rait i>lus seulement .l'évêque , ce se*
raient toutes les .amas pieuses, et,peut-
être ..tous-les esprits forts du départe
ment, calculant les; dépenses diurî cloître
comme les dépenses d'une caserne, — au
point de vue de la consommation du pays,
— qui lui jetteraient Ja pierre et proteste
raient contre sa gestion. ;
Avec la juridiction supérieure du pou;
voir central, i'ien.de semblable. On pro
teste rarement contre l'impersonnalité du
ministre, on ne proleste' jamais contre
l'abstraction du conseil d'Etat.
Troisième demande, troisième et dernier
refus. Plusieurs préfets .ontsemblé désirer
qu'il leur. fût .permis « d'approuver les-,.
'» marchéi*'de gré" à grë jusqu'à 20,0.00, aîii
». lieu de 3,000 fr: » .. .
- « Le vœd formel du conseil d'Etat, basé
sur des corisidénflions décisives, » n'a pa(s
permis au ministre d'accueillir cette pro
position plus favorablement que les deux
autres. ; .
A défail^du conseil d'Etat, une volonté
auguste et souyeraine -aurait indiqué à
M. de Persigny la marche qu'il avait à
suivre. « Il connaît trop les intentions daSa
» Majesté pour n'être pas sûr à l'avan-
» .ce qu'elle condamnerait toute mesure
» qui aurait pour effet de restreindre dans
» son application le principe si tutélaire
.» et si moral de l'adjudication. Il irri-
» porté au plus haut degré que l'admi-
.» nistration échappe non-seulement à
» l'abus, mais encore au soupçon. »
f Ge sont là de ribbles et honnêtes paroles,
qui disent tout dans lfeur loyale simpli-
. cité;.il n'y Saut pas sjouteivune syllabe.
• Voilà don© les trois seuls p'oints sur les
quels le gouvernement de l'Empereur a
.cru devoir ^ésipter aj.u demandes d,e l'en
quête de décentralisation-administrative;
que lui-mêmefeavait provoquée. Suivons
maintenant M. de,-, Persigny dans • les
EéfûrSies^râduelles , -et> sages ; quo- son
esprit d'initiative lui a conseillées et
qu'il mènera à bonne fin , nous n'en
doutons pas, parce qu'il a à la fois la
prudence qui va au-devant de toutesles
concessions et la fermeté qui résiste àtous.
les empiéteïnens.
a. GHA .NDGUTLI .0T,
TÉLÉGRAPHIÉ PRIVEE.
Londres, 18 avril. .
Dans la Cbambre des Communes, lord Jolin
.Russell, répondant à M. Gregory, dit que le
gouvernement n'a reçu aucune information
offlcielle sur l'occupation de San-Domingo par
r Espagne ; mais il est doutëux que l'Espagne
.accepte le transfert de.San-Domingo. Lord John
Itiissell, répondant ensuite à M; Griflitlis ,
- ignore si l'Aiùrielie achète les congés des gari
baldiens. L'ambassadeur autrichien a déclaré
ne rien savoir là : dessus. . ■
Londres, le 18 avril.
L'office Reuter a reçu des nouvelles de Cons-
tantinople, du '13 avril. Le gouvernement tuw
" a. annoncé qu'il émettra en tout 1,230 millions;
de piastres ont -nouveaux .csJmes. L'émission;
sera termiaéq'a-y inois de mars de l'année pro-
chaioe, paiv-liàtsioa de 30 mifUoas par mois.;
Une banque di'éGhanyc avec un capital de 375
< millions sera établie. La France demande l'exé
cution ^jlu lialti-hurn-ivoum.
. ( Breslau, 19 avril.
On écrit de Varsovie, îé 17 :
La situation devient, tous les jours plus gra
ve; On craint que Yexaspiration du peuple
n'éclate. Les mesures do rigueur n'ont pasin-
-timidéles esprits., Les îiéyoriations entre le 1
-gouvernement et les Lm m mes du pays ont été
- rompues. Le prince (i n tschakoff a annoncé-
une cnmmunic-ition qui doit leur expliquer le
sèns des concessions .faitès. Aucune obierva-
1ion de leur part r/e iOi'a ad:iiis,e.
Vienne, 17 avril.
■ ' On mande de Prague, le 19 au matin, que, ;
niylgré la protestation de quatre-viuals dépu
tés slaves contre l'élection des députés pour
le conseil de l'empire, la diète a passé outre et
procédé à l'élection des députés.
Prague, 18 avril, 9 h. soir.
- Aujourd'hui, la diète était très orageuse.!
Tous les représentons nationaux, en ni;isse,!
ont protesté contre l'envoi des députés à;
Vienne. .
La dissolution de la Chambre semble pres
que imminente. , .'. ' ■ .. -..
*, l'eàth, 19 avril.
La séance, des députés de la diète a, été ou
verte à midi. Le président' a regretté l'absence
des députés de la Transylvanie et de la Croatie.
Aussi ne se consiJère-t-il appelé, demémeque
les secrétaires de"l'assemblée, à occuper son
poste qu'à litre provisoire, jusqu'à ce que la
.Chambre soit complétéejiar l'arrivée des dépu
tés dont il vient de mentionner l'absence.
Le vice-présidenJ. Tisz.t a const ité ensuite i
les diftii;ultés de la situation et développé
cette pensée qu'il faut que la politique bon- 1
groise soit coUiageuse sans témérité et -pru-
Uintè sans lâcheté, iifiù do ne-pas conipro-
metlre les succès déjà obtenus. La séance con
tinue. . -
Bucliarest, 13 avril. ■ :
■ Une ordonnance -du prince convoque • l*as->i
semblée élective de Vîilachic pour le 22 cou-
i\int. .
Autérieurement à- cette convocation le télé- :
graphe nous à apporté des nouveMes impor
tantes de Jassy. L'assemblée moldave «a adopté,
à la majorité de 34 voix contre 46, une propo-:
sition de il. Jean Gantacussène,- dans lhquel'le >
est exprimé le vœu que le prince-réunissc les
i deux assemblées de Jassy et de Ljucliarest, dans i
uïi môme îienj À- Veiïtt de délibérer ea coni*
liiun sur là- question - das paysans. (Rapports
entre pajssans et' propriétoires.) Voici les ter
mes mêmes decette proposition: . ,
^ Considérant qu',une expérience de plus de
deux ans nous a suffisamment démontré les
obstacles/ les retards^ les entraves qui ■ résul-1
tent du mode suivi |usqtrà' présent dans les !
débats déboutés les!questions d'intérêt com
mun; considérant'non-seulement l'urgence de
résoudre la question des paysans, mais enco
re de la résoudre d'ime manière définitive ;
considérant que nous îie pouvons parvenir à
ce résultait que par- l'union des deux Cham
bres pour délibérer sur cette "question, les
soussignés proposent : « L'assemblée soumet
tra par une adresse à S. A. le prince-régnant
le vœu de là Chambre de convoquer à cet effet ;
les deux assemblées en Un même lieu. »
• Les ministres ont .voté pour la proposition.
L'adresEe au prince, demandant la réunion des
deux assemblées, -a été adoptée dans la séance
du 10 à une grande majorité.
Constantinople, 18 avril. -
La Porte accorde l'union des deux princi
pautés danubiennes sous le gouvernement
d'un prince nommé à vie. Elle derçande, dit-
on, qu'une jcohférence ait lieu,, à Paris, pour :
Îivendie acte de-cette déqision.-On assure que
es représsntansdes puissances, mômes M. de:
I'rokescli, internonce d'Autriche, ne font pas!
•d'opposition à cette mesure. ; j
"••'•i " .Marseille, 19 avril. «; ;
D'après des-lettres de Naples au 16, les bruits
d'exécutions seraient exagérés: quatre indi-;
vidus seulement auraient été fusillés à 1 Na-j
pies. Mais il y. en aurait eu soixante dans la t
^province de Cbieli, à la sifite de scènes terri
bles de réaction;
La prince de Carignan a envoyé une colon
ne dans la Fouille-et la Uasilirate pour pour
suivre 2.000 anciens soldats qui dominaient
le pays et rançonnaient Venosa. " ' •
La tranquillité est rétablie à Foggra. — Cent
individus ont été arrêtés. -
Les nouveaux volontaires garibaldiens, eu-
rôles à Naples, partiront pour'le Nord.
Bordeaux, 10 avril;
La Navarre, des Messageries impériales, ve
nant de Rio-Janeiro, est arrivée à Bordeaux
dans l : i matinée avec les malles du Brésil et
de la Plata.
. Madrid, le 18 avril.
La Correspotidencia dit que le gouvernement
acceptera l'annexion do San-Domingo lors--
qu'il aura vérifié si le vote général: solennel
s est fait tranquillement. Les Dominicains ac
ceptent la législation des colonies. Nulle puis
sance n'a, jusqu'à og jour, réclamé contre l'in
corporation do San-Domingo à l'Espagne.
Turin, 19 avril. '' ;
Naples, 17,-f^Venosa a.été,.délivrée des bour
boniens qui la-saccageaient et qui'y avaient
ihauauré un gouvernement provisoire ;>u nom!
de F-rnnçoiè If. Melfi est aussi au pquloir des
bourboniens.'On y expédie des t.roupcS;
Naples-, 18. — Des tentatives réactionnaires
ayant éclaté dans les- Ca.'abrc?, on y t-xpidie:
des troupes. ' • ' . '■■
' Turin, 18 avril. •
A la Cliarabre des députés..0 iribatdi rsprend
la parole avec modération. Il défend ses com ■
pjgno'ns "d'armes. If tiit que'le décret de for
mation de trois divisions de volontaires est
insufllsant. Lo générai l!i.\io prononce des ph-
; oies très chaleureuses en faveur de la concor
de et (le la conciliation. La Cha'.hbre itpplaudit,
vivement.'
Le comte de Cnvoûr accepte les paroles du
conciliation. Il : déclare oublier l'événement
de 'cette séance. Il donne des explications sur
l'armeDjcntj I.'i comte de Cavour a terminé
son discours en appuyant h prise en considé
ration du projet de (i;"irtli-tIdi. j
. Le général Garibaldi'rectifie quelques faits
énoncés par le.eomt-e do C ivour. Il croit que le
comte de Oavour aime'l'Italie. 11 termine en 1
expliquant son désir aerecoiistituer les volon
taires dans le Midi/ ' |
' ' Plusieurs ordres du jour sont proposés. Lu
discussion continuera demain.
Des bruits relatifs à des manifestations et à-
la démission du .comte de Cavour sont con-
- trouvés. Le: résultat de la séance d'hieivu été
, favorable au gouvernement.. L'attitude- de l'as r
semblée l'a été aussi.,Tous- les. partis politi-l
ques ont applaudi aux paroles de concorde du
général Bixio et du comte de C ivour. Garibaldi
s'est déclaré salisfait, La tranquillité existe.
La Gazette officielle, donne le résumé des non-;
velles relatives,aux provinces napolitaines. Lé
.brigandage trouve.de Ja résistance partout, et
l'on espère: que -l'ordre-sera bientôt rétabli
dans toutes les provinces.
Lit rente-est.-de 74.28 à 74.80. .< . j
Turin, 19 avrilj'4 h. 13 m. du spir.'
Ckamhre des Députés. -— Garibaldi entre pen i
dant la lecture du procès-verbal de la séance
précédente. -Il est reçu par les applaudisse
mens des tribunes publiques, malgré les'coups'
réitérés de la 'sônnelte du président pour ré-
claiirer le silence. ; i ......
♦ M. IV.Itii engo présente quelques observa
tions sur l'exposé du ministre de la guerre lu^
hier. Ces observations ont pour but de défendre*
moi'a.- M. le comté de, Cavour confirme leo dé
clarations de M. Fanti. M. Pettinengti donne des
'explications. .•• • ' . .. . ■ 4
* M. Casareto, membre de là gauche, déïenà
l'armée guribildienne. Son discours,-assez long,
est applaudi par la gauche..
La séance continue, i , s \\■
Turin continue d'être parfaitement calme»
-. ;, ... {ffayqSrÈUllier.)t. ,r
Le Moniteur ajoute le postrscriptum suif-
vant à son Bulletin du jour :
« Une^ dépêche télégraphique de Tuiin^,
jeudi, neuf neurcs du soir, apporte les nou
velles suivantes : . . ,
» La séance de la Chambre des députés a
offert aujourd'hui le spectacle .d'une lutte des
plus violentes. M. Ricasoli ii fait soù interpel
lation, à laquelle le ministre de la guerre a
répondu par de longues explications. 'Le gé
néral Garibaldi n pris la parole pour fe livrer
d'une manière iucohérente à des accusations
excessives contre le ministère. Il à été jusqu'à
lui reprocher d'avoir fomenté une guerre fratri
cide dans l'Italie méridionale. Ces mots ont amé-
né dans l'assemblée un tumulte auquel la
majorité a pris part en protestant par les plus
Vives démonstrations' en faveur du ministère.
- » A la reprise de la séance, le général Bixio,-
quoique siégeant à la ganchç, a fuit un aopel
à la conciliation,qui a été fortement applaudi.
Le comté de Cavour lui a répondu en décla
rant que, bien qu'il fût blessé plus que tout
autre des imputations dirigées contre le mi
nistère; il était prêt à considérer comme non.
avenue la première partie de la séance, pour.
«pTOUvet-Son sincère désir de rétablir la conr
corde. Garibaldi à repris la parole pour deman
der .l'armement de .la. nation à l'exemple de
l'Angletenv. Il a qualifié l'armée française
d'ennemifi, parce qu'elle occupe Rome. Il à en
fin indiqué comme un moyen de réconcilia
tion entre son parti et le parti ministériel la
reconstitulion de l'armée des volontaires e."
son envoi immédiat dans les Deux Sicilespour
réprimer les réactions. La- .discussion conti
nuera demain. »
COURS DE LA BOURSE.
sodss i'B CLOTDB .e.
3 0/0 au compt.
—Fin du mois.
41/-2 au compt.
—Fin du mois. *90.50. »
le 18 le 19 , HAUSSE. BUfSK
67.90 " v 68 2a » 33 » »
67 9Q, 08.20 » 30 »' >
95.40 93 20 » » t 20
Garibaldi a opéré son débarquement...
dans le Parlement italien.. Cet événement
tant attendu n'a été, copame fait parlemen
taire, qu'une suite à quelque's-ùnes dés
dernières séances de la' Chambre de Ta
rin longs discours et violentes récrimi-
, nations. Mais,comme fait politique, il sem-
, ble un peu plus grave, Los, dépêches't'éhj-
, graphiques nous montrent, en effs-t., lê^-
neraL italien avec .toutes' ^os faiblesses ft
touies ses prétentions exagéréos u'iionî-
mè d'Etat.— Décidément, Garibaldi sait
moins se conduire qu'il ne fait conduire
ses soldats.
Peut-être yauraU-v beaucoup à dire sur
cette équipée oratoire du .vainqueur de
Marsala. Nous n'en dirons proâ^ue!r.ien.,f»n
a vu d'ailleurs, par l 'os; comjljjîpk-atiotjs
du Moniteur, les-quelles supplée fit heurou-
quei le géii'i
eût mal administré l'armée. Le ministre de la;
guerre-déclare n'avoir nullement eu la pensi-'e-
de blàuier l'administration de M. de La Slar-
L'éloquence-de -Garibaldi égalé «àna^li-
que militaire : elleestde l'écolo dfeSîfoutjs
de:main. C'est un langage plein d'incohé
rences et de soubresauts ; il y a de .la- vi
gueur et du désordre ; parfois'c'est ' une
mêlée furieuse, dans laquelle l'orateur se
.perd lui-même. Jeudi-; la--mêlée a été si
grando, que la ChaïnbFe .!italien ne a dû.
mettre un moment le fioià ! . - .
; Après une suspension de la séance, Ga
ribaldi est encore venu à l'assaut. Il avait
- attaqué les institutions de «m pays et lés
mifiisirfs; il avait accusé- et menacé; il -u
cherché ailleurs : des en'riéimis. Les Fran
çais lui sonttombés souSlairKihi,.. Pauvres
Français!.;.
■ Nous ne'savoirs'pas au juste tout'ce que
l'orateur de Capwira 1 » p'ù dire de nous. 11
a dû on dire beaucoup de mal ; la éhose
est naturelle. S'il- pouvait en dire davan
tage, la-choto nous paraîtrait plus natu
relle encore. A quoi sert la reconnaissan- •
-ce? la France n'en attend pas de Garibaldi.
Cette brillante séance s'est enfin termi
née- par quelque chose comme un accord
entre l'assaillant et l'assailli*. M. de Cavour
a pu prendre la parole, et : ses'co'nclusioiis'"
-ont été pour une reconstitutiôn'de l'armée
des volontaires, laquelle-irait tenir garni
son dans l'Italie méridionale. . ' f
Quiconque aime ritalie- doit -l'aimer
^beaucoup aujourd'hui.' Plùs ses enfaiïs
•nuiront à son bonheur - inimédial, 'et pi us
■il-faut- la plaifrare et leut-pardoinien Que
Garibaldi traite en « ennemie » l'armée
française qui est à.Rome, et. la France.Ja^;
. feuiiietoa <3a CoasîituïiîJEEel, 20 avril.
IIN AlIOlIR- ' EN LAPOME
XX.
' Près de trois mois se sont écoulés depuis
la,rencontre des hommes du gaard avec le
Lapon. Pour Henrick comme pour Edwina;
ces trois mois n'ont pas eu d'histoire, st.
leurs jonr .-i .se sont écoulés, calmes et mo»
notones, comme le bonheur. Henrick eût
dit volontiers comme notre poète : -
Maudit printemps, reviendras-tu toujours?
èt sa chère Edwina eût répondu :
.C'est 1 hiver que mon cœur implore !
. Mais la neige ne tombait plus : elle fon
dait ; la saison nouvelle approchait, avec
ses pompes, ses splendeurs et ses joies
profondes, qu« nulle part ailleurs la na
ture ne semble ressentir comme dans le
Nord. Il faisait une de ces saisons qui doi
vent inspirer aux amausjun nouvel et plus
vif désir de vivre l'un près de l'autre...
d'être ensemble!,.. Et ceux-ci allaient se
quitter. Le temps .des épreuves n'était
pas fini, et il restait à Henrick.d'impé-
i-if'm devoirs à remplir ; trois mois de dif
ficiles travaux étaient encore nécessaires
au parfait accomplissement de sa mission.
11 devait faire line tournée dans le nord-
ouest de la Norvège ; il devait visiter les
fjords que l'Océan-projette comme de lonjjs
bras dans l'intérieur des terres; il devait
enfin, étudier quelques-unes des moins
connues parmi les îles de la côte.
Edwina le savait : son cœur en souffrait;
mais elle se résignait : c'était Mine nature-
vaillante : elle avait le sentiment du de
voir; loin de détourner Henrick, c'est elle,
au contraire, qui l'aurait encouragé, s'il
tût eu besoin de l'être. ,
Ou fixa le dépait du jeune homme au
jour même - ou les troupeaux devaient
quitter le gaard pour se rendre aux pâtu
rages, depuis si long-temps abandonnés.
Ce jour-là est une véritable solennité
champêtre ; c'est, pour ainsi dire, la fête
rustique du printemps. Déjà,.depuis quel
ques Jours, on ouvrait; tuutes grandes, les
fenêtres de la salle;; pour sentir l'haleine
des vents tiô'des qui pénétraient les der
nières neiges; déjàla sève courait dans les
branches "flétries qui se relevaient, joyeu
sement vers le ciel; déjà les bourgeons ro
ses s'entr'ouvraient et les feuilles se dé
pliaient, comme de petites faveurs vertes,
au .bout des rameaux noirs encorn : la
mouf-se refleurissait ; les cataractes dé-
cbaîuécs sonnaient et retentissaient dans
les bois; les Ijoupcaux mugissaient au
fond des étables inquiètes; il-fallait les reii-
dre au printemps et à l'herbe fraîche.
Tout renaissait dans ia ferme ; l'activité"
régnait partout ; les tra\aux recommen
çaient ; c'était cbmn}e une nouvelle vie
qui ranimait 'le monde... et c'était à ce
moment-là que deux cœurs épris devaient
se séparer.
Leurs adieux furent ce que seront tou
jours les adieux de ceux- qui aiment, —
pleins dé larmes., que l'on essuyait avec
des baisers. . - *
Henrick accompagna- les bergers qui
s'en allaient gagner dans les districts mon
tagneux ces pâturages «tes grands plateaux
que l'on appelle Sœters. i-Ils se. rendaient
préc isément dans une contrée qu'il avait
besoin d'étudier, et la vue d'ensemble qu'il
pourrait obtenir de «es hauts sommets ren
drait sa tâche plus aisée.
Les premiers jours furent -ce qu'ils de
vaient, être : Henrick sentait en lui un
grand abattement et un grand vide; puis
vint cette tristesse rêveuse et douce, qui
suit toujours les scènes d'adieu ; puis en
fin il trouva quelque cha-rme à cotte vie
poétique,qu ? embellissaient pour lui derian-
tes perspectives et les plus aimables espé- 1
rances, 11 n'avait qu'un regret ; c'était d'ê
tre presque entièrement privé de nouvel
les d'Ehvina; car, dans toute cette parlie
do la Norvège, les communications, sont,
toujours assez difficiles, et, si l'on en ex
cepte les côtes,-pendant la saison où les
bateaux à vapeur les desservent, le servicé
de la poste, principalement dans les cane
tons éloignés et intérieurs, ne laisse que
trop à désirer. ■■ ■ > • ■ ■ ■ '
Sous prétexte de faire des études de pay
sage, E'plirgeaviit accompagné son ami,
et tous deux s'étaient, facilement soumis
aux rudes conditions d'existence des pay^
sans au milieu desquels ils.étaient venus
camper. Lartjste pependant pegretlaittout
haut les curieux modèles et, ies charmans
motifs de dessins et dé tableaux qu'il avait
"rencontrés chez les Lapons. Henrick, dé
Son côté,'assez négligé par les bergers nor
végiens, ne pouvait s'empêcher de songer
aux aimable» attentions-et -aux soins dé
licats que Narra lui prodiguait. ■
Au milieu des solitudes inhospitalières
des montagnes, il se rappelait les ingé
nieuses distractions qu'il avait souvent
trouvées, grâce à elle, sous la- tente des"
Rilps. Tout cela" ramenait sa- pensée, trop
souvent peut-être , -vers celle qu'il de
vait maintenant-oublier. Si elleétait ici 1
pensait-il quelquefois.' Quant à sa chère
Edwina, il n'osait même pas se permettre
de souhaiter sa présence en do tels lieux;
il savait bien qu'elle y eût été trop mal
heureuse-. A--cette belle plante un peu frê
le, née'dans un-replis tiède et abrité de
la vie heureuse, il fallait toutes sortes - de,
précautions, de ménagëmens et de recher
ches; elle souffrirait, ne-Tes ayant pas;
et lui souffrirait davantage des privations
qu'elle s'imposerait ; ii lie voulait point,
même en pensée, la ; cohdamiier à partager
ses rudes épreuves.
; N'orra, au contraire, était-un pelit'buis-
sen d'épiues, une mousse de rochers éeloi-
se dans la neige: un coup do vent ne pou
vait lui faire ni peqf ni mal. -ïjlle était
parfois un i quart d'année sans goûter une
bouchée de pain ; elle nè serait donc pas
biec à plaindre pour avoir jeûné un peu
avec lui!... A plaindre !... Ah ! la pauvre,
enfant ne se plaindrait jamais...Elle dirait
merci! Ne savait il plus quelle tendresse il
y avait daqs ce ccpu'r? quelle affection sans
bornes, quel dérvoûment inépuisable, quel
don généreux et toujours renouvelé de
soi-même?..,. Et cependant il était demeu
ré pendant dés mois auprès d'elle sans
-soupçonner la vivacité' ni la profondeur de
son affection pour lui. A quelle torture il
l'avait condamnée 1 Au mépris de sa pure
tendresse, il n'avait pas craint de deman
der sa main pour un autre... - -
Et cependant-, pour le revoir une der
nière fois,-.olln s'était exposée à tous les
périls ; elle avait btavé tous les atïronts ;
«eule et faible, elle était venue au milieu
des implacabres ennemis do sa race... et là
elle avait entendu ses promesses et ses
sermens d'amour! Elle avait dû contem
pler le triomphe, admiror la beauté d'une
rivale préférée. Ah! quels avaient étéypen
dant ces mortelles journées, les déchire-
mens de son cœur!... et pourtant,pas une
parole amère n'était sqrli'e de sa bouche;
elle n'avait pas même voulu, par un soupir
trop fortement exhalé de son sein, troubler
les'félicités de celui qui avait brisé sa vie.
Quelle destinée pour une telle amo, et où
donc f rouver jamais un malheur plus acconv
pb ! Si, souslesveux mémo d'Iid^ina, dans
I Vneba-ntementquo lui cfpu'ait sa présence,
dans l'ivresse do" '0- (wssiou puaagtM, il
avait pQusîâ l'nijustico jusqu'à ne voir
dans ia présence de l'amante dédaignée,
qu'un importun obstacle au.v libres épyri-
chemens do son amour, combien, main
tenant-qu'il-était seul, livré à lui-mênio,
combien il lui: fendait, ùpé autre justice!
Comme il savait mieux roooun dire, par
une sympathie généreuse, et par une im
mense pitié, tout ce qu'il y avait en elle
de bon, d'affectueux et de dévoué! Que
n'éûl-il pas donné* pour la ; voir une seule
minute et lui dire : Va, Norra, pauvre en>-
fant, je rie suis pâs un.méchant cœur! Jo
sais que tu m'aimes, et tu as dans mon af
fection une place que personne ne. t'enlè
vera j^-nais, . . - i>
Et que l'on ne croie- point que de'teh
sentimens fussent undarcirf fait à Edwina.
La part de l'une, restait entière, alors mê
me qu'il donnaii à l'autre. Il no dépouilla?'?,
p-oiut celle-ci pour enrichir celle-là: Les
seutimonsquô.lui inspirait chacun» d'elle^,
n'étaient point de la même nature et fraie
raient pu se nuire. La belle Suédoise',
l'heureuse liaucéo,n'eût pas voulu de èetfe
aùmôno de piiiô qu'il- accordait., à la petite
Laponne, et elle était osseï sûredesonerff.
pire pour permettre qu'Un peu de syitipâ-
tbie innocente s'égarât *oiu d'elle. D'ail-
lpui'ï, elle n'était point là; et dans les lro}>
rares oturasions qu'il puuvait avoir d& lui
écrire, Henriek avait- mieux à faire que de
s'entretenir.de N'orra. ' ,
^-\ous avoiis-laisï é ia pauvre fille en plein
désert, la nuit, par un froid dont nos lati-
tunes ciétuentes n'ont pas'mémo le soup
çon, livrée, à tûmes les toi tures d'un coni.V
déchiré, et emportéo dans îVspace. li'f'.uti.
bien le diro, -i vaillant qny Tût son i (eur,
oile éprouva quelques instans. de
bles angi)i>ses. Tant' qu'elle s'était sû'ntie
en présence des hommes', elle a% - ait l;:tté
courageusement contre elle-même, contré
ses chagrins amers. Une .fois-seule, ce cou
rage fait d'orgueil faiian'lonna -et elle tie
vil. pins qu'une chose au monde, son
amour et son malheur. Et comme, à toute
œsi.
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trefusiti i il , Les moacEs sont reçues, ch,ez M., l'ASiSj Wglsseur des 6 grands journaux,'
v ! • , j' ■'> ; rue rfo "
n „ ; . i. . . j .(■)-(' : . ■ . i s . ;
rfotre-Damâ 1 des-Victoir6B, il* 40 (place de la Bourse),
"^rt'àbfes■~€nfans~terribles ,
■ ' «• rk""" les.àpôtrès radicaux de l'aiitcn
LA DÉCENTRALISATION.
■ I. "
Le rapport -qu'adressait à l'Empereur,;
le 12 avril, M. le comte dePersi^ny, a été
accueilli par le pays tout entier avec une
satisfaction incontestable.- Cet acte d'ini" A
tiative ministérielle a eu la rare fortune
de ne rencontrer partout que des appror
Lations. La presse^ à Paris et dans les
départemens , s'est montrée unanime :
tous les journaux , quels que soient
d'ailleurs, leur caractère et leur esprit po
litiques,. ont reconnu avec plus ou moins
de bonne grâce que c'était là une réforme
aussi salutaire que courageuse, et qu'il
était beau de voir un gouvernement, aux
prises avec toutesles difficultés,présentes
de ,1a politique étrangère, attester aihsi
que sa principale sollicitude -re'stait néanf-
inQins appliquée ayx intérêts et _aux be
soins de notre administration intérieure.
Quelques écrivains spéciaux, demeurant
en province, et mieux, placés que nous
peut-être pour se rendre compte i des. ré<-
sultats immédiats et pratiques d'une pa-
reiilé niesure," n'ont pas hésité à dira
qu'elle constituait a une véritable et heu
reuse révolution administrative. » Le mot
n'est point aussi exagéré qu'on pourrait le
croire. C'est, en définitive, un mot de bon
sèns et d'expérience ; nous y reviendrons.
Quelques autres écrivains, tout en ne
refusant pas lemr assentiment à ce qui ve
nait d'être fait, ont ajouté qu'on aurait dû
faire davantage. Il fallait s'y attendre. Le
rapport de M. de Persigny venait de ra
mener à l'ordre du jour une question qui,
depuis vingt ans, a le privilège de passion- ;
.ner à peu près tout le.monde, et le mal-i
heur do n'être pas compHse, dans ses t'or-j
mes .exacts,, par" ceux-là mêmes qui en ;
parlent avec le plus d'affectation. .-,
; La décentralisation i en France, est et ne
peut être; apr^s Richelieu et Louis XIV,
la Convention.ët.Napoléon, qu'une question i
•administrative. 11 n'en faut point faire une
iquesîion politique, encore moins une ques
tion sociale. Il ne s'agit pas, il ne s'agira
jamais parmi nous de détruire l'ocilvre pa
tiente et séculaire de la Royauté, de la
Révolution et de l'Empire. L'unité , qu'on
veuille bien le comprendre, est-plus que
notre force et notre gloire , elle est, en
tant que nation, notre raison d'être. "
Certes; nous sommes, aussi jaloux que
personne de ce que l'on appelle aujour
d'hui «les libertés locales.j> Nous n'avons
jamais rêvé pour notre.pays un régime gou- !
•vememental qui ressemblât au système
muet de la télégraphie électrique : un mot
parti du ministère de l'intérieur doit
trouver dans nos trente-sept mille com
munes, non pas de passifs échos, mais des
voix intelligentes prêtes à le répéter, et à
le commenter ;au besoin. Sejon nous,dans ,
une société, savamment organisée comme
la nôtre, iî est juste de rechercher tous les
moyens qui peuvent simplifier les rouages
administratifs et sauvegarder, sans les
confondre ou les infirmer efi aucune : fa
çon, les .droits bien' distincts du .pouvoii
central, du pouvoir départemental et du
pouvoir municipal. Mais il serait puéril,
s'il n'était téméraire, d'a-Her plus loin.,
Qu'on en juge d'apiès ce qui se-diî et ce
qui se passe aujourd'hui. " •
Les Girondins , d'imprévoyante mémoi
re, se bornaient ;Ypouff»uivre l'autonomie:
provinciale ; M. Odilon Bàrrof, non seule
ment ia-ns son récent ouvrage, mais dès,
avant, la Constituante de 18-48, s'est fait le
champion de nous ne savons au juste
quelle autonomie cantonale déjà jugée et
condamnée deux ou trois lois par iios as-,
semblées législatives ; derrière lui viennent :
des légitimistes quij le dépassant, récla-1
ir.ent à grands cris l'autonomie' absolue
de la commune, et cachent mal que:c'est
lin chemin détourné pour revenir aux
anciennes administrations seigneuriales.
Nous ne parlons pas de ceux qui,.vé-
f^sohf'fôîts
autonomie in
demandent ingénument
àpôfrè;
dividuelle ^ et
qu'on nous ramène îi la condition du pion
nier-américain, un pied tout au plus dans
le monde civilisé, l'autre pied dans le
monde sauvage.
Ce qu'il y a de curieux et d'instructif,
d'ailleurs, dans ces petites plaintes et
ces petites récriminations, c'est que les
piiblicistes, les îêveurs ou les mecon-
tens qui les font entendre sont précisé
ment ceux qui comprennent le mieux, par
tout ailleurs, la force véritable et l'avenir
irrésistible de cette unité centrale qu'ils
combattent en France. Ecoutez-les : les
uns nous'crient chaque matin de prendre
garde aux dangers que nous prépare « la
puissance incalculable » de l'unité italien
ne^ de l'unité allemande; les autres, —
cela dépend du tempérament et de la cou
leur— félicitent* au contraire, ces deux
pays et les encouragent à persévérer dans
une voie; qu'ils jugent salutaire pour au
trui, et que cependant ils voudraient nous :
faire quitter.
-, .Un peu.pUis de -logique;-on en convien- j
d#3, ne sapait, pas inutile à nos honorables
contradicteurs, ne dûF-'élle servir qu'à-dé
guiser mieux les tristes mobiles de critique
quand même qui les poussent et les font
agir.
Revenons au rapport de' M. de Per-si-
gny. Ce n'est pas encore la conclusion,;
mais c'est la suite prudente et raisonnnée
de ce programme du 25 mars 18S2, qui a
toujours été franc> courageux et honn'ête.:
Le ministre dit nettement ce que le gou-;
vernement impérial entend accorder aux'
vœux légitimes des populations e«-qu'il!
a résolu de refuspr''^ux- i impation6.&'irré
fléchies dejquelques-y..ris.aiiibi qu'aux cal
culs égoïstes de quelqufes 'autiv?.
; Occupons-nous , en, commençant, dos
refus et des motifs impérieux qui les ont
dictés. : -i., ■ _■
■ M. de Persigny déclare qu'il' 1 lui paraît
inadmissible d'accorder aux 'préfets « Ja
» f^tul 1$; d'autoriser.les impositions ex-
» tra'of'dïnaires pour dépenses facu'llati-:
» vèsp^iida'nf'Sihq années, et jusqu'à con-
» cucrence de- 20 centimes additionnels-. » i
Ce'premier refus se justifie par des rai-.
SQas.sipéremptoires que toute discussion
serait superflue : il suffit" d'exposer les
faits.
Comment admettre que l'on puisse; co -
fier à un préfet, si honorable et honoré qu'il
soit, un tel pouvoir discrétionnaire ? Nous
ne croyons pas «exagérer en affirmant
qu'une concession semblable équivaudrait
non pas seulement au rétablissement des
gouverneurs de province pour le roi, mais
à un véritable retour au régime féodal. Lu
premier privilège des gra'uds vassaux était
de battre monnaie; les préfet.^ dans cer-:
taine mesure, arrêteraient l'impôt, ce qui
est beaucoup plus simple et beaucoup plus
grave. Et puis, à jour donné, quelle serait
la position du pouvoir suzerain vis à-vis-
<îe ces nouveaux feudataires ? Il aurait tou
jours entre ses mains l'arme redoutable de
la révocation. Bel expédient, de révoquer
quand le mal est fait! La révocation, d'ail
leurs, n'infirmerait pas l'arrêt préfectoral,
et do cette autonomie, ou plutôt de cette
anarchie financière naîtrait, à. coup sûr,
l'étrange résultat que voici : le gouverne
ment.central ne connaîtrait plus au juste
la ricliesse réelle du pays, son industrie et
ses ressources. Il ne saurait plus' ni sur
quoi ni sur qui il peut compter en cas de
besoin, et,-ignorant ce qui l'entoure, il
s'ignorerait lui-même. Est-ce là ce que
l'on veut? .
On objectera, nous ne l'ignorons pa?, ;
que nous mettons les choses au pire -et que
les préfets, investis de ce' nouveau man- ;
dat, n'en useraient que d'une manière fort
discrète, exclusivement conforme air bien
général du pays, et que, en tous les cas,
on pourrait les obliger à des correspon
dances et à des statistiques encore, plus
^bmiSîîqu'ée^* avec 4e£"divers ministères
compétent ,* . ■. ■
C'est ne pas connaître les affaires et en*
core moinslês hommes.Nous ne nions pas
assurément les services de la statistique^
ni même de la bureaucratie préfectoz aie j,
mais il nous sera permis de dire qu'elle
entre déjà dans bien des détails, et qu'il
serait pour le moins imprudent de la
charger.de nouveaux soins. Croit-on. que
les préfets eux-mêmes., parce qu'ils sont
nommés et institués par le gouvernement,
échappent à toute influence locale ? Ce se
rait une singulière erreur. Les préfets, et
nous ledisonsà leurlouange, s'identifient
plus rapidement qu'on ne.le suppose, avec
les intérêts particuliers et rivaux des dépar
temens qu'ils administrent, et souvent op
les rencontre plus actifs et- plus âpres
qu'un maire de village pour Ja défense et
la gloire de son clocher. "Et c'est ,à des ju
ges ainsi prévenus que l'on confierait la-
responsabilité des dépenses départementa
les ! Mais, il n'y en a pas un parmiéuxiqui,
sous certaines impulsions du irfHieu où .
il se trouve, ne serait fort aise de faira dit
chef-lieu de son département un P^A,^-
rig, et.des.chefs-lieux d'arrondissement de
sa préfecture de petits Versailles:^Voit-on
où l'on irait ? . ,
Le danger ne serait, pas moindre si ïe
préfet pouvait jamais avoir «la décision
» des dons et legs lorsque, même en l'ab-
» sence de toute réclamation des familles,
» elles nécessitent l'intervention du poù-
» veir central par suite de leur connexité,
» c'est-à-dire de leur caractère à la fois
» .communal, religieux pu charitable. » '
Sur ce point délicat'on comprendra que,
vu la situation exceptionnelle qui nous a
- été faite récemment, nous nous tenions
dans la plus stricte réserve. Cependant on
ne saurait nous.blâmer dé dire quelques
mots delà position difficile où se trouve la
plupart du temps un préfet vis-à^vis d'un
évêque, quand un cas semblable vient -Ù
se présenter.*. , . • ; r
De deux choses l'une : ou le préfet, pc^r
conviction et par déférence* personnelle,
cède toujours aux demandes.de l'évêché,
od,'-par nécessité et par devoir., il y.résis
te. pans le premier ra?, il peut." com'prô-
metlre l'Etat ; dans le second, f ^ <%-
promet lui-même. ' i
C'est très simple.
Siippos'ez fin préfet qui, dans l'ardeur
"de sa foi' ou de sa complaisance, soit rési
gné à tout accurder et il tout légitimerj:
legs charitables et donations religieuses.
Qu'arrivera-t-il? Nous n'avons pas le tra
ders de « prévoir les malheurs de trop loinj»
mais il. nous, paraît, à peu-près sû'*' qu'en
pareille occurrence les-biens dèrrnain-
morte auront des chaiïces de s'à'coîliître
plus que do raison peut-être dans ce dé
parte.uent. .
Supposez, par contre, un préfet décidé
à s'opposxT résolument à tout envahisse
ment de ce genre. Qu'adviendra t il de sa
résistance? Un. mécontentement d'abord,
un conflit, à la longue : c'est inévitable.
Comment ! un préfet aurài-t eu le droit
de se prononcer , par suite de l'accep- .
tation oO du refus d'un, legs, -sur, la
legs,
fondation et l'oistence d'une commu
nauté religieuse ou d'une, congrégation
charitable , et il aurait refusé ! Que
penser .et que dire de lui? Ce ne se
rait i>lus seulement .l'évêque , ce se*
raient toutes les .amas pieuses, et,peut-
être ..tous-les esprits forts du départe
ment, calculant les; dépenses diurî cloître
comme les dépenses d'une caserne, — au
point de vue de la consommation du pays,
— qui lui jetteraient Ja pierre et proteste
raient contre sa gestion. ;
Avec la juridiction supérieure du pou;
voir central, i'ien.de semblable. On pro
teste rarement contre l'impersonnalité du
ministre, on ne proleste' jamais contre
l'abstraction du conseil d'Etat.
Troisième demande, troisième et dernier
refus. Plusieurs préfets .ontsemblé désirer
qu'il leur. fût .permis « d'approuver les-,.
'» marchéi*'de gré" à grë jusqu'à 20,0.00, aîii
». lieu de 3,000 fr: » .. .
- « Le vœd formel du conseil d'Etat, basé
sur des corisidénflions décisives, » n'a pa(s
permis au ministre d'accueillir cette pro
position plus favorablement que les deux
autres. ; .
A défail^du conseil d'Etat, une volonté
auguste et souyeraine -aurait indiqué à
M. de Persigny la marche qu'il avait à
suivre. « Il connaît trop les intentions daSa
» Majesté pour n'être pas sûr à l'avan-
» .ce qu'elle condamnerait toute mesure
» qui aurait pour effet de restreindre dans
» son application le principe si tutélaire
.» et si moral de l'adjudication. Il irri-
» porté au plus haut degré que l'admi-
.» nistration échappe non-seulement à
» l'abus, mais encore au soupçon. »
f Ge sont là de ribbles et honnêtes paroles,
qui disent tout dans lfeur loyale simpli-
. cité;.il n'y Saut pas sjouteivune syllabe.
• Voilà don© les trois seuls p'oints sur les
quels le gouvernement de l'Empereur a
.cru devoir ^ésipter aj.u demandes d,e l'en
quête de décentralisation-administrative;
que lui-mêmefeavait provoquée. Suivons
maintenant M. de,-, Persigny dans • les
EéfûrSies^râduelles , -et> sages ; quo- son
esprit d'initiative lui a conseillées et
qu'il mènera à bonne fin , nous n'en
doutons pas, parce qu'il a à la fois la
prudence qui va au-devant de toutesles
concessions et la fermeté qui résiste àtous.
les empiéteïnens.
a. GHA .NDGUTLI .0T,
TÉLÉGRAPHIÉ PRIVEE.
Londres, 18 avril. .
Dans la Cbambre des Communes, lord Jolin
.Russell, répondant à M. Gregory, dit que le
gouvernement n'a reçu aucune information
offlcielle sur l'occupation de San-Domingo par
r Espagne ; mais il est doutëux que l'Espagne
.accepte le transfert de.San-Domingo. Lord John
Itiissell, répondant ensuite à M; Griflitlis ,
- ignore si l'Aiùrielie achète les congés des gari
baldiens. L'ambassadeur autrichien a déclaré
ne rien savoir là : dessus. . ■
Londres, le 18 avril.
L'office Reuter a reçu des nouvelles de Cons-
tantinople, du '13 avril. Le gouvernement tuw
" a. annoncé qu'il émettra en tout 1,230 millions;
de piastres ont -nouveaux .csJmes. L'émission;
sera termiaéq'a-y inois de mars de l'année pro-
chaioe, paiv-liàtsioa de 30 mifUoas par mois.;
Une banque di'éGhanyc avec un capital de 375
< millions sera établie. La France demande l'exé
cution ^jlu lialti-hurn-ivoum.
. ( Breslau, 19 avril.
On écrit de Varsovie, îé 17 :
La situation devient, tous les jours plus gra
ve; On craint que Yexaspiration du peuple
n'éclate. Les mesures do rigueur n'ont pasin-
-timidéles esprits., Les îiéyoriations entre le 1
-gouvernement et les Lm m mes du pays ont été
- rompues. Le prince (i n tschakoff a annoncé-
une cnmmunic-ition qui doit leur expliquer le
sèns des concessions .faitès. Aucune obierva-
1ion de leur part r/e iOi'a ad:iiis,e.
Vienne, 17 avril.
■ ' On mande de Prague, le 19 au matin, que, ;
niylgré la protestation de quatre-viuals dépu
tés slaves contre l'élection des députés pour
le conseil de l'empire, la diète a passé outre et
procédé à l'élection des députés.
Prague, 18 avril, 9 h. soir.
- Aujourd'hui, la diète était très orageuse.!
Tous les représentons nationaux, en ni;isse,!
ont protesté contre l'envoi des députés à;
Vienne. .
La dissolution de la Chambre semble pres
que imminente. , .'. ' ■ .. -..
*, l'eàth, 19 avril.
La séance, des députés de la diète a, été ou
verte à midi. Le président' a regretté l'absence
des députés de la Transylvanie et de la Croatie.
Aussi ne se consiJère-t-il appelé, demémeque
les secrétaires de"l'assemblée, à occuper son
poste qu'à litre provisoire, jusqu'à ce que la
.Chambre soit complétéejiar l'arrivée des dépu
tés dont il vient de mentionner l'absence.
Le vice-présidenJ. Tisz.t a const ité ensuite i
les diftii;ultés de la situation et développé
cette pensée qu'il faut que la politique bon- 1
groise soit coUiageuse sans témérité et -pru-
Uintè sans lâcheté, iifiù do ne-pas conipro-
metlre les succès déjà obtenus. La séance con
tinue. . -
Bucliarest, 13 avril. ■ :
■ Une ordonnance -du prince convoque • l*as->i
semblée élective de Vîilachic pour le 22 cou-
i\int. .
Autérieurement à- cette convocation le télé- :
graphe nous à apporté des nouveMes impor
tantes de Jassy. L'assemblée moldave «a adopté,
à la majorité de 34 voix contre 46, une propo-:
sition de il. Jean Gantacussène,- dans lhquel'le >
est exprimé le vœu que le prince-réunissc les
i deux assemblées de Jassy et de Ljucliarest, dans i
uïi môme îienj À- Veiïtt de délibérer ea coni*
liiun sur là- question - das paysans. (Rapports
entre pajssans et' propriétoires.) Voici les ter
mes mêmes decette proposition: . ,
^ Considérant qu',une expérience de plus de
deux ans nous a suffisamment démontré les
obstacles/ les retards^ les entraves qui ■ résul-1
tent du mode suivi |usqtrà' présent dans les !
débats déboutés les!questions d'intérêt com
mun; considérant'non-seulement l'urgence de
résoudre la question des paysans, mais enco
re de la résoudre d'ime manière définitive ;
considérant que nous îie pouvons parvenir à
ce résultait que par- l'union des deux Cham
bres pour délibérer sur cette "question, les
soussignés proposent : « L'assemblée soumet
tra par une adresse à S. A. le prince-régnant
le vœu de là Chambre de convoquer à cet effet ;
les deux assemblées en Un même lieu. »
• Les ministres ont .voté pour la proposition.
L'adresEe au prince, demandant la réunion des
deux assemblées, -a été adoptée dans la séance
du 10 à une grande majorité.
Constantinople, 18 avril. -
La Porte accorde l'union des deux princi
pautés danubiennes sous le gouvernement
d'un prince nommé à vie. Elle derçande, dit-
on, qu'une jcohférence ait lieu,, à Paris, pour :
Îivendie acte de-cette déqision.-On assure que
es représsntansdes puissances, mômes M. de:
I'rokescli, internonce d'Autriche, ne font pas!
•d'opposition à cette mesure. ; j
"••'•i " .Marseille, 19 avril. «; ;
D'après des-lettres de Naples au 16, les bruits
d'exécutions seraient exagérés: quatre indi-;
vidus seulement auraient été fusillés à 1 Na-j
pies. Mais il y. en aurait eu soixante dans la t
^province de Cbieli, à la sifite de scènes terri
bles de réaction;
La prince de Carignan a envoyé une colon
ne dans la Fouille-et la Uasilirate pour pour
suivre 2.000 anciens soldats qui dominaient
le pays et rançonnaient Venosa. " ' •
La tranquillité est rétablie à Foggra. — Cent
individus ont été arrêtés. -
Les nouveaux volontaires garibaldiens, eu-
rôles à Naples, partiront pour'le Nord.
Bordeaux, 10 avril;
La Navarre, des Messageries impériales, ve
nant de Rio-Janeiro, est arrivée à Bordeaux
dans l : i matinée avec les malles du Brésil et
de la Plata.
. Madrid, le 18 avril.
La Correspotidencia dit que le gouvernement
acceptera l'annexion do San-Domingo lors--
qu'il aura vérifié si le vote général: solennel
s est fait tranquillement. Les Dominicains ac
ceptent la législation des colonies. Nulle puis
sance n'a, jusqu'à og jour, réclamé contre l'in
corporation do San-Domingo à l'Espagne.
Turin, 19 avril. '' ;
Naples, 17,-f^Venosa a.été,.délivrée des bour
boniens qui la-saccageaient et qui'y avaient
ihauauré un gouvernement provisoire ;>u nom!
de F-rnnçoiè If. Melfi est aussi au pquloir des
bourboniens.'On y expédie des t.roupcS;
Naples-, 18. — Des tentatives réactionnaires
ayant éclaté dans les- Ca.'abrc?, on y t-xpidie:
des troupes. ' • ' . '■■
' Turin, 18 avril. •
A la Cliarabre des députés..0 iribatdi rsprend
la parole avec modération. Il défend ses com ■
pjgno'ns "d'armes. If tiit que'le décret de for
mation de trois divisions de volontaires est
insufllsant. Lo générai l!i.\io prononce des ph-
; oies très chaleureuses en faveur de la concor
de et (le la conciliation. La Cha'.hbre itpplaudit,
vivement.'
Le comte de Cnvoûr accepte les paroles du
conciliation. Il : déclare oublier l'événement
de 'cette séance. Il donne des explications sur
l'armeDjcntj I.'i comte de Cavour a terminé
son discours en appuyant h prise en considé
ration du projet de (i;"irtli-tIdi. j
. Le général Garibaldi'rectifie quelques faits
énoncés par le.eomt-e do C ivour. Il croit que le
comte de Oavour aime'l'Italie. 11 termine en 1
expliquant son désir aerecoiistituer les volon
taires dans le Midi/ ' |
' ' Plusieurs ordres du jour sont proposés. Lu
discussion continuera demain.
Des bruits relatifs à des manifestations et à-
la démission du .comte de Cavour sont con-
- trouvés. Le: résultat de la séance d'hieivu été
, favorable au gouvernement.. L'attitude- de l'as r
semblée l'a été aussi.,Tous- les. partis politi-l
ques ont applaudi aux paroles de concorde du
général Bixio et du comte de C ivour. Garibaldi
s'est déclaré salisfait, La tranquillité existe.
La Gazette officielle, donne le résumé des non-;
velles relatives,aux provinces napolitaines. Lé
.brigandage trouve.de Ja résistance partout, et
l'on espère: que -l'ordre-sera bientôt rétabli
dans toutes les provinces.
Lit rente-est.-de 74.28 à 74.80. .< . j
Turin, 19 avrilj'4 h. 13 m. du spir.'
Ckamhre des Députés. -— Garibaldi entre pen i
dant la lecture du procès-verbal de la séance
précédente. -Il est reçu par les applaudisse
mens des tribunes publiques, malgré les'coups'
réitérés de la 'sônnelte du président pour ré-
claiirer le silence. ; i ......
♦ M. IV.Itii engo présente quelques observa
tions sur l'exposé du ministre de la guerre lu^
hier. Ces observations ont pour but de défendre*
moi'a.- M. le comté de, Cavour confirme leo dé
clarations de M. Fanti. M. Pettinengti donne des
'explications. .•• • ' . .. . ■ 4
* M. Casareto, membre de là gauche, déïenà
l'armée guribildienne. Son discours,-assez long,
est applaudi par la gauche..
La séance continue, i , s \\■
Turin continue d'être parfaitement calme»
-. ;, ... {ffayqSrÈUllier.)t. ,r
Le Moniteur ajoute le postrscriptum suif-
vant à son Bulletin du jour :
« Une^ dépêche télégraphique de Tuiin^,
jeudi, neuf neurcs du soir, apporte les nou
velles suivantes : . . ,
» La séance de la Chambre des députés a
offert aujourd'hui le spectacle .d'une lutte des
plus violentes. M. Ricasoli ii fait soù interpel
lation, à laquelle le ministre de la guerre a
répondu par de longues explications. 'Le gé
néral Garibaldi n pris la parole pour fe livrer
d'une manière iucohérente à des accusations
excessives contre le ministère. Il à été jusqu'à
lui reprocher d'avoir fomenté une guerre fratri
cide dans l'Italie méridionale. Ces mots ont amé-
né dans l'assemblée un tumulte auquel la
majorité a pris part en protestant par les plus
Vives démonstrations' en faveur du ministère.
- » A la reprise de la séance, le général Bixio,-
quoique siégeant à la ganchç, a fuit un aopel
à la conciliation,qui a été fortement applaudi.
Le comté de Cavour lui a répondu en décla
rant que, bien qu'il fût blessé plus que tout
autre des imputations dirigées contre le mi
nistère; il était prêt à considérer comme non.
avenue la première partie de la séance, pour.
«pTOUvet-Son sincère désir de rétablir la conr
corde. Garibaldi à repris la parole pour deman
der .l'armement de .la. nation à l'exemple de
l'Angletenv. Il a qualifié l'armée française
d'ennemifi, parce qu'elle occupe Rome. Il à en
fin indiqué comme un moyen de réconcilia
tion entre son parti et le parti ministériel la
reconstitulion de l'armée des volontaires e."
son envoi immédiat dans les Deux Sicilespour
réprimer les réactions. La- .discussion conti
nuera demain. »
COURS DE LA BOURSE.
sodss i'B CLOTDB .e.
3 0/0 au compt.
—Fin du mois.
41/-2 au compt.
—Fin du mois. *90.50. »
le 18 le 19 , HAUSSE. BUfSK
67.90 " v 68 2a » 33 » »
67 9Q, 08.20 » 30 »' >
95.40 93 20 » » t 20
Garibaldi a opéré son débarquement...
dans le Parlement italien.. Cet événement
tant attendu n'a été, copame fait parlemen
taire, qu'une suite à quelque's-ùnes dés
dernières séances de la' Chambre de Ta
rin longs discours et violentes récrimi-
, nations. Mais,comme fait politique, il sem-
, ble un peu plus grave, Los, dépêches't'éhj-
, graphiques nous montrent, en effs-t., lê^-
neraL italien avec .toutes' ^os faiblesses ft
touies ses prétentions exagéréos u'iionî-
mè d'Etat.— Décidément, Garibaldi sait
moins se conduire qu'il ne fait conduire
ses soldats.
Peut-être yauraU-v beaucoup à dire sur
cette équipée oratoire du .vainqueur de
Marsala. Nous n'en dirons proâ^ue!r.ien.,f»n
a vu d'ailleurs, par l 'os; comjljjîpk-atiotjs
du Moniteur, les-quelles supplée fit heurou-
quei le géii'i
eût mal administré l'armée. Le ministre de la;
guerre-déclare n'avoir nullement eu la pensi-'e-
de blàuier l'administration de M. de La Slar-
L'éloquence-de -Garibaldi égalé «àna^li-
que militaire : elleestde l'écolo dfeSîfoutjs
de:main. C'est un langage plein d'incohé
rences et de soubresauts ; il y a de .la- vi
gueur et du désordre ; parfois'c'est ' une
mêlée furieuse, dans laquelle l'orateur se
.perd lui-même. Jeudi-; la--mêlée a été si
grando, que la ChaïnbFe .!italien ne a dû.
mettre un moment le fioià ! . - .
; Après une suspension de la séance, Ga
ribaldi est encore venu à l'assaut. Il avait
- attaqué les institutions de «m pays et lés
mifiisirfs; il avait accusé- et menacé; il -u
cherché ailleurs : des en'riéimis. Les Fran
çais lui sonttombés souSlairKihi,.. Pauvres
Français!.;.
■ Nous ne'savoirs'pas au juste tout'ce que
l'orateur de Capwira 1 » p'ù dire de nous. 11
a dû on dire beaucoup de mal ; la éhose
est naturelle. S'il- pouvait en dire davan
tage, la-choto nous paraîtrait plus natu
relle encore. A quoi sert la reconnaissan- •
-ce? la France n'en attend pas de Garibaldi.
Cette brillante séance s'est enfin termi
née- par quelque chose comme un accord
entre l'assaillant et l'assailli*. M. de Cavour
a pu prendre la parole, et : ses'co'nclusioiis'"
-ont été pour une reconstitutiôn'de l'armée
des volontaires, laquelle-irait tenir garni
son dans l'Italie méridionale. . ' f
Quiconque aime ritalie- doit -l'aimer
^beaucoup aujourd'hui.' Plùs ses enfaiïs
•nuiront à son bonheur - inimédial, 'et pi us
■il-faut- la plaifrare et leut-pardoinien Que
Garibaldi traite en « ennemie » l'armée
française qui est à.Rome, et. la France.Ja^;
. feuiiietoa <3a CoasîituïiîJEEel, 20 avril.
IIN AlIOlIR- ' EN LAPOME
XX.
' Près de trois mois se sont écoulés depuis
la,rencontre des hommes du gaard avec le
Lapon. Pour Henrick comme pour Edwina;
ces trois mois n'ont pas eu d'histoire, st.
leurs jonr .-i .se sont écoulés, calmes et mo»
notones, comme le bonheur. Henrick eût
dit volontiers comme notre poète : -
Maudit printemps, reviendras-tu toujours?
èt sa chère Edwina eût répondu :
.C'est 1 hiver que mon cœur implore !
. Mais la neige ne tombait plus : elle fon
dait ; la saison nouvelle approchait, avec
ses pompes, ses splendeurs et ses joies
profondes, qu« nulle part ailleurs la na
ture ne semble ressentir comme dans le
Nord. Il faisait une de ces saisons qui doi
vent inspirer aux amausjun nouvel et plus
vif désir de vivre l'un près de l'autre...
d'être ensemble!,.. Et ceux-ci allaient se
quitter. Le temps .des épreuves n'était
pas fini, et il restait à Henrick.d'impé-
i-if'm devoirs à remplir ; trois mois de dif
ficiles travaux étaient encore nécessaires
au parfait accomplissement de sa mission.
11 devait faire line tournée dans le nord-
ouest de la Norvège ; il devait visiter les
fjords que l'Océan-projette comme de lonjjs
bras dans l'intérieur des terres; il devait
enfin, étudier quelques-unes des moins
connues parmi les îles de la côte.
Edwina le savait : son cœur en souffrait;
mais elle se résignait : c'était Mine nature-
vaillante : elle avait le sentiment du de
voir; loin de détourner Henrick, c'est elle,
au contraire, qui l'aurait encouragé, s'il
tût eu besoin de l'être. ,
Ou fixa le dépait du jeune homme au
jour même - ou les troupeaux devaient
quitter le gaard pour se rendre aux pâtu
rages, depuis si long-temps abandonnés.
Ce jour-là est une véritable solennité
champêtre ; c'est, pour ainsi dire, la fête
rustique du printemps. Déjà,.depuis quel
ques Jours, on ouvrait; tuutes grandes, les
fenêtres de la salle;; pour sentir l'haleine
des vents tiô'des qui pénétraient les der
nières neiges; déjàla sève courait dans les
branches "flétries qui se relevaient, joyeu
sement vers le ciel; déjà les bourgeons ro
ses s'entr'ouvraient et les feuilles se dé
pliaient, comme de petites faveurs vertes,
au .bout des rameaux noirs encorn : la
mouf-se refleurissait ; les cataractes dé-
cbaîuécs sonnaient et retentissaient dans
les bois; les Ijoupcaux mugissaient au
fond des étables inquiètes; il-fallait les reii-
dre au printemps et à l'herbe fraîche.
Tout renaissait dans ia ferme ; l'activité"
régnait partout ; les tra\aux recommen
çaient ; c'était cbmn}e une nouvelle vie
qui ranimait 'le monde... et c'était à ce
moment-là que deux cœurs épris devaient
se séparer.
Leurs adieux furent ce que seront tou
jours les adieux de ceux- qui aiment, —
pleins dé larmes., que l'on essuyait avec
des baisers. . - *
Henrick accompagna- les bergers qui
s'en allaient gagner dans les districts mon
tagneux ces pâturages «tes grands plateaux
que l'on appelle Sœters. i-Ils se. rendaient
préc isément dans une contrée qu'il avait
besoin d'étudier, et la vue d'ensemble qu'il
pourrait obtenir de «es hauts sommets ren
drait sa tâche plus aisée.
Les premiers jours furent -ce qu'ils de
vaient, être : Henrick sentait en lui un
grand abattement et un grand vide; puis
vint cette tristesse rêveuse et douce, qui
suit toujours les scènes d'adieu ; puis en
fin il trouva quelque cha-rme à cotte vie
poétique,qu ? embellissaient pour lui derian-
tes perspectives et les plus aimables espé- 1
rances, 11 n'avait qu'un regret ; c'était d'ê
tre presque entièrement privé de nouvel
les d'Ehvina; car, dans toute cette parlie
do la Norvège, les communications, sont,
toujours assez difficiles, et, si l'on en ex
cepte les côtes,-pendant la saison où les
bateaux à vapeur les desservent, le servicé
de la poste, principalement dans les cane
tons éloignés et intérieurs, ne laisse que
trop à désirer. ■■ ■ > • ■ ■ ■ '
Sous prétexte de faire des études de pay
sage, E'plirgeaviit accompagné son ami,
et tous deux s'étaient, facilement soumis
aux rudes conditions d'existence des pay^
sans au milieu desquels ils.étaient venus
camper. Lartjste pependant pegretlaittout
haut les curieux modèles et, ies charmans
motifs de dessins et dé tableaux qu'il avait
"rencontrés chez les Lapons. Henrick, dé
Son côté,'assez négligé par les bergers nor
végiens, ne pouvait s'empêcher de songer
aux aimable» attentions-et -aux soins dé
licats que Narra lui prodiguait. ■
Au milieu des solitudes inhospitalières
des montagnes, il se rappelait les ingé
nieuses distractions qu'il avait souvent
trouvées, grâce à elle, sous la- tente des"
Rilps. Tout cela" ramenait sa- pensée, trop
souvent peut-être , -vers celle qu'il de
vait maintenant-oublier. Si elleétait ici 1
pensait-il quelquefois.' Quant à sa chère
Edwina, il n'osait même pas se permettre
de souhaiter sa présence en do tels lieux;
il savait bien qu'elle y eût été trop mal
heureuse-. A--cette belle plante un peu frê
le, née'dans un-replis tiède et abrité de
la vie heureuse, il fallait toutes sortes - de,
précautions, de ménagëmens et de recher
ches; elle souffrirait, ne-Tes ayant pas;
et lui souffrirait davantage des privations
qu'elle s'imposerait ; ii lie voulait point,
même en pensée, la ; cohdamiier à partager
ses rudes épreuves.
; N'orra, au contraire, était-un pelit'buis-
sen d'épiues, une mousse de rochers éeloi-
se dans la neige: un coup do vent ne pou
vait lui faire ni peqf ni mal. -ïjlle était
parfois un i quart d'année sans goûter une
bouchée de pain ; elle nè serait donc pas
biec à plaindre pour avoir jeûné un peu
avec lui!... A plaindre !... Ah ! la pauvre,
enfant ne se plaindrait jamais...Elle dirait
merci! Ne savait il plus quelle tendresse il
y avait daqs ce ccpu'r? quelle affection sans
bornes, quel dérvoûment inépuisable, quel
don généreux et toujours renouvelé de
soi-même?..,. Et cependant il était demeu
ré pendant dés mois auprès d'elle sans
-soupçonner la vivacité' ni la profondeur de
son affection pour lui. A quelle torture il
l'avait condamnée 1 Au mépris de sa pure
tendresse, il n'avait pas craint de deman
der sa main pour un autre... - -
Et cependant-, pour le revoir une der
nière fois,-.olln s'était exposée à tous les
périls ; elle avait btavé tous les atïronts ;
«eule et faible, elle était venue au milieu
des implacabres ennemis do sa race... et là
elle avait entendu ses promesses et ses
sermens d'amour! Elle avait dû contem
pler le triomphe, admiror la beauté d'une
rivale préférée. Ah! quels avaient étéypen
dant ces mortelles journées, les déchire-
mens de son cœur!... et pourtant,pas une
parole amère n'était sqrli'e de sa bouche;
elle n'avait pas même voulu, par un soupir
trop fortement exhalé de son sein, troubler
les'félicités de celui qui avait brisé sa vie.
Quelle destinée pour une telle amo, et où
donc f rouver jamais un malheur plus acconv
pb ! Si, souslesveux mémo d'Iid^ina, dans
I Vneba-ntementquo lui cfpu'ait sa présence,
dans l'ivresse do" '0- (wssiou puaagtM, il
avait pQusîâ l'nijustico jusqu'à ne voir
dans ia présence de l'amante dédaignée,
qu'un importun obstacle au.v libres épyri-
chemens do son amour, combien, main
tenant-qu'il-était seul, livré à lui-mênio,
combien il lui: fendait, ùpé autre justice!
Comme il savait mieux roooun dire, par
une sympathie généreuse, et par une im
mense pitié, tout ce qu'il y avait en elle
de bon, d'affectueux et de dévoué! Que
n'éûl-il pas donné* pour la ; voir une seule
minute et lui dire : Va, Norra, pauvre en>-
fant, je rie suis pâs un.méchant cœur! Jo
sais que tu m'aimes, et tu as dans mon af
fection une place que personne ne. t'enlè
vera j^-nais, . . - i>
Et que l'on ne croie- point que de'teh
sentimens fussent undarcirf fait à Edwina.
La part de l'une, restait entière, alors mê
me qu'il donnaii à l'autre. Il no dépouilla?'?,
p-oiut celle-ci pour enrichir celle-là: Les
seutimonsquô.lui inspirait chacun» d'elle^,
n'étaient point de la même nature et fraie
raient pu se nuire. La belle Suédoise',
l'heureuse liaucéo,n'eût pas voulu de èetfe
aùmôno de piiiô qu'il- accordait., à la petite
Laponne, et elle était osseï sûredesonerff.
pire pour permettre qu'Un peu de syitipâ-
tbie innocente s'égarât *oiu d'elle. D'ail-
lpui'ï, elle n'était point là; et dans les lro}>
rares oturasions qu'il puuvait avoir d& lui
écrire, Henriek avait- mieux à faire que de
s'entretenir.de N'orra. ' ,
^-\ous avoiis-laisï é ia pauvre fille en plein
désert, la nuit, par un froid dont nos lati-
tunes ciétuentes n'ont pas'mémo le soup
çon, livrée, à tûmes les toi tures d'un coni.V
déchiré, et emportéo dans îVspace. li'f'.uti.
bien le diro, -i vaillant qny Tût son i (eur,
oile éprouva quelques instans. de
bles angi)i>ses. Tant' qu'elle s'était sû'ntie
en présence des hommes', elle a% - ait l;:tté
courageusement contre elle-même, contré
ses chagrins amers. Une .fois-seule, ce cou
rage fait d'orgueil faiian'lonna -et elle tie
vil. pins qu'une chose au monde, son
amour et son malheur. Et comme, à toute
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