Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-04-17
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 avril 1861 17 avril 1861
Description : 1861/04/17 (Numéro 107). 1861/04/17 (Numéro 107).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
46 AJME-E.---1V, 107. ; . .
BUREAUX A fAJUS : rue de, Valois (Palais-Koyal), a. lu.
U
UEUClUiDl M AVRIL 1801
lâBOMEMWS DES ÏÉPAIirEBESS.
/ TRQlé-H01S..... 16 FR.
six mois v \,....,...... 32 fr.
- . UN AN 64 FR.
pour, les Hta fenàiWBBt, Velr le tableau
i publié les. & et SO de chaque mois.
' ïdipi. L. BQKfPÀpBi r. des Bons-Enfans, 1#.
.
MOMEMENS DEPA&IS...
t" 18 'FR.
trois mois..,..,.
six mois,i.......
26 FR.
52 FR.
JOUBNÂL POLITIQUE)).
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* ■ ' * ' * -F âm ' iMttihm» n.l' 'mÎ.'a.'Â .ï'nMnkMl
, UNIVERSEL.
Le ïnôdé i'X^oitNisBÈSNT le plus slmpleest l'envol d'urt bflïrde poste"ou d'ûn effôt I " v LétUltret ouenvoi$,d' sur Pajris, à l'ordre de du jourBli; ru» de Vailois, n° 10; ' - | Les articles dépoiésîna sqnt pas'rendus.
tlN AN............««.i
-Sis;
un numéro 20 centimes!
Les;âbonneraenB datent des i<» et il
de chaque mois.
Les akhohgks sont reçues 1 cheï M; Unis , régisseur des 6 grands journaux,"
rue Notre^Dame-des-VictoireSj n' 40 (place de la Bourse),
PAHIS, 16 AVRIL.
Nous avons déjà fait «egsortiç J'iatérêy
des dèrnîèï'es réformes introduites par ie
ministre de l'intérieur Sans notre organi
sation administrative. Le rapport de M. de
Bersigny a eu aussi un mérite tout parti
culier, celui de venir fort à propos trou
bler la polémique entamée par plusieurs
journaux au sujet d'un récent travail de
M. Odilon Barrot sur la décentralisation.
* Nous ne jugerons pas ici ce travail.Mais
ceux-là même qui se sont hâtés de l'en
censer reconnaîtront que leurs lamenta
tions en faveur de la décentralisation
étaient bienJnutiles. Vingt-quatre heures
encore, et ils recevaient la preuve que, sur
la délicate question de la répartition des
pouvoirs administratifs, le gouvernement
■ n'est pas si éloigné qu'on essaie de le dire,
des vues larges et libérales qui sont cha
que jour exposées.
Il y a seulement,- entre les réformes in
troduites successivement et celles que l'on
sollicite, cette différence, que les premiè
res sont le fruit d'une longue étude prati
qué,, tandis que les secondes, concertées
dans le silence dû cabinet, pourraient bien
pour la plupart' amener des désordres et
causer des embarras dont les théoriciens
n'ont pas la moindre idée.
Rien n'est plus aisé que d'écrife, com
me le font certains publicistes, les mots
« libertés locales » en épigraphe sur leurs
brochures; de demander,la reconnaissan-
cè et le rétablissement de ces libertés , de
,1a liberté provinciale, départementale et
municipale; d'offrir, comme on dit, « des
». satisfactions à l'initiative et à l'indépen-
» dance des villes et des Communes ; » de
parler en liloc d'institutions qui.spermet-
». traient au pays de s'administrer par lui-
» même.»Tout cela-est très facile à deman
der; on faitbeaucoup de lignes pompeuses
sur ce suje t aussi vaste que vague.Mais en
core faudrait-il se bien pénétrer de l'esprit
des communes, des nécessités que com
manda l'exercice du pouvoir central, de
^e pouvoir qu'on représente toujours com
me absorbant la vie communale, et qui,
pourelle, est le.plus.souvent un guide pré
cieux, indispensable, ■. , .,
■ Qu'on essaie, d'ailleurs, avant de parler
Ainsi, dé formuler un peu le moindre des
projets; qu'on examine de près les exi
gences de la vie communale en môme
tèmps que les difficultés innombrables que
créent les luttes locales, et en verra corn-
iàen de.déceptions sont préparées àrcfetrr
qui rôv.ent ainsi tout haut do décentrali
sation complète et de liberté absolue!
î Le gouvernement marche lentement,
$oit; niais il marche sûrement. Il procède
par détails ; cela est vrai; mais encore ces
détails jouent-ils un grand rôle. Si nous
jouîmes de ceux qui déplorent l'abus de
la■■bureaucratie administrative, nous ne
pouvons encore admettre cependant que
cette bureaucratie s'imposa elle-même et
■qu'elle ne fût jamais constituée par la for-
icp des choses. Il est pénible, sans doute,
fl'ayouer que l'ignorance, en matière ad
ministrative, domine., dans les régions
communales ; mais encore faut-il se faire
-cet aveu, pour arriver à la combattre, i la
•détruire pet: à p#ù. Eh bien! la bureau
cratie ne s'est pas toujours imposée; elle
â.éiijîmpusée, en quelque sorte, par ceux
qui «i souffrent aujourd'hui.
' Eji simplifiant davantage les rouages
administratifs, le gouvernement constate
les progrès réalises ; il détruit cerqui est
inutile. Ceux qui voudraient tout détruire,
.sont ils bien sûys qu'ils ne renverseraient
Ipas précisément ce qui peut assurer un
jour, dans un temps donné, le triomphe
jeurs idtoà ultrà libérales ? : Cela est
gi vrai que les décentralisateurs les plus
décidé* se voient contraints de reconnaî
tre la sage prudence avec laquelle In mi-
nistré de l'intérieur, dans son dernier"rap
port,^ laissé encore au pouvoir central'
des attributions qui, en apparence, sem--
bîeraient devoir rester uniquement , aux
^'êfèfsV-
/.TelleSi sont celles "qui ont \rait à l'exa
men des demandes d'emprunts ou d'im
pôts ^ftceptionnels. On applaudit à la pru?
dence du ministre, parce qu'on redoute
les tendances « des préfets» à encourager
ces emprunts ou ces impôts. Mais ce ne sont
pas les préfets, à vrai di£e,-qui ont ces
tendances ; ce'sont les autorités coœtmu-
nales elles-mêmes, et les préfets ne iont
que subir leur influence. Aussi est-il-bûn
que tout projet, toute demande, viennent
jusqu'à Paris, débarrassés des considéra
tions secondaires dont les enveloppent les.
autorités communales, pour y être exami
nés, jugés et résolus librement, au seul
point de vue de l'intérêt général ou loeal.
—11 en est ainsi'de bien d'autres questions,
qui auront longtemps besoin, sinon tou
jours", d'être étudiées par le pouvoir cen
tral, afin que leur solution ne soit pas la
source de difficultés, d'embarras, de dan
gers mêmes, dont on rend ensuite le gou
vernement responsable. ... ï
Le décret de 1852 est ie progçamme du
gouvernement. Ce programme est suivi à
la lettre ; le ministre de. l'intérieur y obéit,
mais il y obéit'-prudemment, et il ne faut
que l'en lonajc. Kous:mêmes^ut^.%oBâ^6is
gnalé bien des abus ou bien des erreurs
dans notre organisation administrative,
nous ne pouvons que reconnaître que ce8
abus, pour être détruits; que ces erreurs,
pour être réparées, ont besoin d'êtremûre-
ment examinés. L'édifice administratif a be
soin, pour être réformé, d'unemain délica
te, car telle de ses parties qui semble indé
pendante, tient aux autres parties par des
attaches qu'on ne peut briser sans risquer
de.tout renverser et de tout détruire. Est-
ce là ce que voudraient les décentralisa
teurs théoriciens ? »
Nos correspondans de Turin nous font
connaître les dispositions principales du
projet de loi présenté par Garibaldi dans
sa lettre au président duParlement. Gari
baldi propose de former une garde .natio
nale. composée de tous les individus de
18 à 55 ans ;uno!partiedecette garde natio
nale serait mobilisée, et recevrait les hom
mes de 18 à 35 ans; l'autre partie resterait
stationnaire,. quoique soumise à tous les
exercices des divisions mobiles. Un crédit
de trente millions serait ouvert pour faire
face aux dépenses nécessitées par cette or
ganisation. .
Le projet de loHendant à offrir un don
national à Garibaldi, a été retiré par son
auteur.
D'après les journaux italiens , les élec
tions des députés dans la Vénétie n'ont
pu avoir lieu faute d'électeurs-conseillers.
Les côrrespondances de Naples confia
nuent à nous entretenir d'arrestations, de
saisies d'armes et decomplotf.
Les dépêches (Jo Breslau et' de Berlin
donnent de meilleures nouvelles de Var
sovie. Un nouveau ministre de l'intérieur,
M.-Lewinski, appelé à remplacer M. Mucha-
noff, vient de soumettre au gouvernement
des propositions qui, si elles sont accep--
lées , permettront d'améliorer provisoire
ment la situation. M. Lewinski demande la
présidence du conseil d'Etat pour M. Za
moïski, dont la popularité s'est encore
augmentée dans les derniers événement ;
il réclame en outre le rétablissement des
constables et, la rentrée des troupes dans
la citadelle et les casernes.
La diète de Gallicie a tenu lundi sa pre
mière séance à Lemberg. Le projet d'adres
se soumis à l'a;semblée demande à l'em
pereur l'autonomie pour cette partie de
la Pologne.
Le budget anglais a été_ présenté à la
Chambre des fiommunes. Lès dépenses s'é
lèvent à 69,90O,O(fo liv. st. : , et les recettes à/
71,823,000'liv. §t, Deux', jçhé.surés financiè- r
.res Importantes sont- cohèignées dànsi'ex*
"posé de Mrtïladstohè. L'une est la réduc
tion de l'impôt sur le revenu ; l'autre l'a- >
bolition de l'impôt sûr le papier. D'autres
réductions réalisées sur le chapitre des re
cettes donnent avec l'abolition de l'impôt
sur le papier un total de 1,515,030 liv. st.
Ernest Dréolle.
TÉLÉGRAPHIÉ PRIVEE.
Londres, le 15 avril.
Dans la Chambre des Communes, M. Glads
tone expose le budget. Les dépenses s'élèvent à
69,900,000 liv. st.; le revenu a 71,823,000 liv.
st.; kisîant un excédent dç recettes de 1,923,000
liv. st. L'impôt du re.venu.sera réduit de 10
pence à 9 pencej sur les revenus excédant 450
livres; les revenus de 100 livres auront à payes
6 pence par livre. L'impôt sur le papier Bera
aboli. Il, y a plusieurs autres réductions moins
importantes à faire,.qui ensemble, l'impôt sur
le papier y .compris, absorberont 1,515,000 liv. ;
donc il restera un excédant de 408,000 liv. st.
Cet exposé a été reçu avec enthousiasme.
Vienne, mardi 16 avril. N
On a essayé dimanche de donner un chari
vari au dépùté Berger ;.cett et eu tative a. été re
nouvelée sur une plus' grande échelle lundi.
La garde de police et les troupes ont dissipé,
sans employer la force, de grandes masses ,Ûe
curieux.
Vienne, 16 avril.'
Peslhj lundi, -r- La question de. savoir si la ■
diète Notera une adresse au roi, sera débattue
en séaneé'publique; le parti favorable à l'a- .
dresse espère réussir, grâce à M. Deak: La con
férence des magnats considère l'ordre du jour
du général Benedeck comme une offense, et est
décidée à lui répondre par une épitre ouverte.
Vienne, 10 avril.
On a affiché à Vienne un avertissement de
la police relatif aux attroupemens; cet aver
tissement est motive par la grande démons
tration qui a eu lieu en faveur du député libé
ral, M. Sehuselka.
Ferik-Alustapha-Pacha, qui commande en
Bosnie, remplacera Ismaïl-Pacha, commandant
de l'HcrzegoVvine, et-qui a été blèssé.
Lemberg, 15 avril, 7 h. du soir.
La diète de Gallicie a été ouverte aujour-
hui, sous la présidence du prince Léon Sapieha.
L'adresse de la diète à l'empereur Français- -
ioseph demande l'autonomie pour cette partie
ae la Pologne.
Breslau, le 16 avril.
Les nouvelles de Varsovie vont jusqu'au 13.
D ins tous les districts du pays, ort signe
une adresse de remerciineut et de confiance à <
M. Ar\dr6 Zamoïbld. ~
M. Lewinski, appelé aux fonctions de mi
nistre de l'intérieur, a posé trois conditions :
Résidence du conseil d'Etat pour M; Zamoïski,
Entrée des troupes dans la citadelle et lés.ca
sernes, rétablissement des constables. . • • ;
Les dames refusent de quitter le deuil et or
ganisent entre elles un pèlerinage à Notrer
■ Damc-de-Czenstochowa. i
Les employés russes ayant quitté Lublin,
l'autorité y est exercée par, la .municipalité,
^ ûus la présidence de l'Avéque .
( Chrouleff est en marche vers Lublin.
Cracovie, 16 avril.
Le gouvernement vient de défendre aux Is
raélites de Cracovie de célébrer un service fu
nèbre en l'honneur dç leurs «oréligionnaires
tués à Varsovie. •
Berlin, 1.6 ayljl: ; J '
A la suite d'un service funèbre po6fies"yic.
tim.es de Varsovie, des troubfés; 'ont, éclaté à
Kiew, capitale do l'Ukraine, Conflit sa;iglant
entre les habitims et les troupes rurtçs.'Beau
coup de morts et de blessés. - • ; ■ 1
-, Berlin, 16 avril."
On mande de la frontière de Pologne : On
vieijt d'ordonner à tous les armuriers de dé
poser à la citadelle toutes les armes en leur
possession. Le comAe Zamoïski ne veut ac
cepter la vice-présidence du conseil d'Etat,
que le gouvernement lui a offerte, qu'à la con
dition que les troupes rentrent dans la cita
delle et les casernes, et que la garde nationale
soit rétablie dans tout le pays. On ne doute
pas que le gouvernement ne refuse ces con
ditions.
Berlin, le 15 avril.
On mande de la frontière de Pologne, le la :
Le bruit couit quo l'on va appeler à de hau
tes fonctions deux Polonais qui jouissent d'une
grande'popularité, le comte Zamovski, qui
serait nommé membre - du. conseil d'Efat, et
M. Michel Lewinski, qui remplacerait M. Mu-
chanoff.
Turin, le 15 avril.
A la Chambre des députés, M. Musolino a
retiré le projet de loi d'un don national à Ga
ribaldi, d'après la fertne volonté de Garibaldi
lui-même.
* Turin,,16 avril.
Le Corriere mercantile dénient l'arrivée du
maréchal Niel à Gênss.
. L'Opùuone dit- qu'attendu le manque du
nombïe-iégal de conseillers dans les réunions
des conseils communaux de Venise , de Véro
ne et de Vicen'ce, les élections des députés n'ont
pu avoirlieu. A Padoue, aucun conseiller n'est
.^Xenu à ia réunion. La' conseil communal d'U-,
-ttiiie àuràît proposé poa?dépntéBtrei»dtoYens
se trouvant aujourd'hui prisonniers dans la
forteresse. d'Olmùtz.
L 'Opinione publie; en outre, une pièce offi
cielle, laquelle, d'après ce journal, constaterait
l'immixtion du gouvernement autrichien
dans les élections des députés vénitiens.
La santé du général Garibaldi continue à
aller mieux.
Marseille, 16 avril.
On mande de Naples à la date du 12 avril,
que quarante personnes venant d§ Rome au
raient été emprisonnées. On aurait trouvé sur
elles des papiers très compromettans, et par
suite découvert des dépôts d'armes. La police
a été informée du débarquement de 20,000 fu
sils près dé Pausilippe, mais elle n'a pas trou
vé traces de ce débarquement. M. Pajanello
est au secret; on instruit son procès.
,On mande de Rome le 13 avril : L'anniver
saire du retour du pape à Rome a été fêté,
malgré les efforts du parti libéral pour empê
cher cette solennité.
Lisbonne, 15 avril.
Le paquebot transatlantique des Messageries
impériales, la Navarre, est arri\é à deux heu
res avec 265 passagers. ' L'état sanitaire était
bon. Il apporte des nouvelles du Brésil du 25
mars. . ,
. A Rio, le change sur Paris était à 365; sur
Londres à 26 1/4.—Café 6,000.reis.
Le paquebot anglais Tyne était arrivé à Per-
namlîuco le 29 mars. , (H avas-Bullier.)
COURS DE LA BOURSE,
conns & b clotom . le 15 le 16 hausse, baissb
3 0/0au compt. 67.65 67.7510 »' »
—Fin du mois." 67,60' 67,75 » 15 » »
41/2 au compt. 95.40 95.40 # 7 » » »
—Fin du mois. 95,45 95.40 » » » 05
L'agitation politique qui règne dans la
-Turquie d'Europe se complique depuis
quelque temps d'une agitation religieuse,
qui, sans être née précisément delà pre
mière, peut, à un jour donné, se confon
dre avec elle et lui faire prendre de plus
vastes proportions. ,
Les populations soumises à la suzerai
neté'de la Porte cherchent aujourd'hui à
reconquérir leur indépendance politique;;
eu même temps, la plupart des enfans dé
l'Eglise grecqu^jéagissent avec résolution
contre la suprématie du patriarchat de
Gonstantinopie. La lutte est presque ia
même : c'est unè lutte d'affranchisse
ment. Demain, tous ceux qui y prennent
part peuvent se réunir, — et les principes
politiques, aidés des convictions religieu
ses, assureront leur triomphe commun.
Ce côté de la question d'Orient — le côté
religieux — qui se révèle presque simulta
nément dans les provinces européennes
et en Asie, n'est pas et ne saurait être sans
préoccuper vivement l'attention des gou-
vernemens de l'Occident. Il vient élargir le
.. teuain deiajjitte ; il fournit; aux conflits
danubiens de nouveaux et puissans élé-
mens de gravité; —il,a surtout pour con
séquence première de donner aux récla
mations d'un peuple ému et soulevé l'é
cho retentissant d'une plainte arrachée S
des consciences chrétiennes.
Quel soin auraient à prendre les puis
sances occidentales pour arrêter ce déve
loppement presque inattendu de la ques
tion d'Orient? — Il nous semble qu'il n'en
est aucun. Si on limite à son gré tes pro
portions d'un conflit politique, on n'élève
pas aisénfent une barrière aux envahisse-
rnens de l'idée religieuse.
Telle est la difficulté, qui s'élève aujour
d'hui dans les provinces continentales de
la Turouie. Et ce qui rend cette difficulté
plus grande, c'est q,ue l'hfstoire est là qui
rappelle que les luttes religieuses ont tou
jours été suivies ou précédées, quand
elles n'ont pas été accompagnées, dans ees
provinces, de luttes politiques. L'indépen
dance nationale", a eu comme corollaire
nécessaire l'indépendance religieuse Une
tendance instinctive a fait rechercher aus
sitôt l'une pour assurer l'autre.
Déjà, on le sait, la. Moldavie et la Vala-
chie ont rétabli le culte national d'origine
latine -, la Servie, de son côté, a recouvré
un clergé indigène et la langue slave li
turgique; les mêmes conquêtes sont am
bitionnées maintenant' par la Bulgarie et
la Bosnie. Il est à remarquer, seulement,
que, dans ces deux dernières provinces,les
prétentions religieuses précèdent les pré
tentions politiques.
On pourrait admettre, il est vrai, qu'en
luttant aujourd'hui, comice ils le'font,
pou-r une rupture avec le patmrclîat de
Constantinople, les Bulgares ^tT-les Bos
niaques ne procèdent qu'à.l'appr^ation la
çlus large, mais, en même temjps lh plus
régulière du Batt-i-humayoun de Ï856V
Cette pleine et entière liberté , laissée à
l'exercice de chaque culte par la charte
ottomane, ils la sollicitent au ; nom de la
liberté de conscience, assurée aussi par»
Fédit impérial. Ils ne mêlént, en un mot,
à leurs réclamations ni affranchissement
politique, ni suppression d'impôts ou de
redevances.
Rien n'est plus vrai. Mais, encore une
fois, il est difficile^ avec le souvenir du
passé, de dégager entièrement un pareil
mouvement de tout calcul politique ulté
rieur;— d'autant plus, avouons-le, que, si
l'un existe ouvertement^ l'autre, pour ne
se poursuivre encore, que dans l'ombre,
n'en est pas moins connu et déjà dénoncé.
Quel intérêt, d'ailleurs, l'Europe aurait-
elle à ne pas tenir compte des leçons de
l'expérience? Pourquoi né se montrerait-
elle pas plus clairvoyante qu'elle n'aurait
à la rigueur le droit de l'être, en-obéissant
strictement aux conseils de l'histoire?
Le plus sage n'est-il pas toujours- de pré
voir même au-delà de ce qu'il tst ample-
ment permis d'attendre? On ne saurait
donc nier que, dans les circonstances ac
tuelles, le drapeau de l'indépendance-re-
ligieuse agitée par les Bosniaques et les
Bulgares cache dans ses plis la restaura
tion politique des deux provinces.
L'étude pure et simple des prétentions
religieuses de ces peuplespeut sulfire^néàn-
moins, à justifier l'intérêt'que-lès gouver-
riemens d'Occident portent à la question
si vaste et si complexe de la domination
turque en Europe. Il y aurait, du reste,
pour la France à l'égard des Bulgares, un
curieux rapprochement historique à faire,
qui légitimerait davantage encore , s'il
était besoin* la sollicitude de notre gou
vernement. Les Bulgares, désireux aujour
d'hui de reconstituer leur Eglise autono
me,n'ont pasj en effet, une-situation autre
que celle qui leur fut faite lors du conflit
sy-rla juridiction en Bulgarie, en 807 (1).
L'Eglise de France fut alors invitée par le
Pape Nicolas I" à décider de l'indépendan
ce de d'Eglise Bulgare, et l'on vit, chose
curieuse! le roi de France, Charles-le-
ChauVe, établir, pour venir en aide, à cette
Eglise naissante, une dîme sur le clergé
français !
Ce souvenir historique est-il perdu en
Bulgarie? Les correspondances disent le
contraire, mais il n'ést invoqué : toutefois
que somme précédent. On comprend trop
bien que les circonstances présentes diffé
rent de celles que nous rappelons, en ce
qu'elles montrent une agglomération re
ligieuse assez puissante pour vivre par
elle-même; assez ancienne pour invoquer
ses droits. ......
Tout concours étranger est d'ailleurs inu
tile. 11 n'est pas sollicité et il deviendrait
peut-être dangereux, au moins quant à pré
sent. Les Bulgares ont pour eux, avec le-
hatt-i-humayoun de 1856 qui est leur loi
écrite, des précédens tour à tour consignés
à Rome et à Comstantinople. Les succes
seurs de Photius n'ignorent pas, en effet,
que l'Eglise bulgare a été successivement
soumise à l'évêque dé'Romeet au patriar
che de Constantinople. Le dernier change
ment opéré n'a pas un siècle encore. Il a
amené, il est vrai, la suppression des Egli
ses bulgares, mais il a entraîné un chan
gement plus grand encore dont les^Consé
quences devaient forcément se révéler tôt
•ou tard. A'.partir de la suppression, on vit
le haut clergé de la Bulgarie exclusive
ment choisi parmi des Grec&ignorans de
la langue slave, qui avait étéÇaoptée par
les chrétiens d'Ochrida et de Ternovo, et la
liturgie slavonne complètement abolie. Au
froissement des consciences s'ajouta ain
si le mépris de la fierté nationale.
Les Bulgares ne demandent donc aujour
d'hui que ce qu'ils jont eu jadis : des liens
avec le Saint-Siège. Ce qu'ils réprouvent,
c'est cequi leur a été imposé; ce qu'ils com
battent, c'est l'envahissement hellénique.
Est-ce à dire, cependant, que dé telles
évolutions peuvent librement s'accomplir?
L'Orient chrétien n'a-t-il rien à perdre à
ces scissions successives qui ont réduit à
rien l'ancienne hégémonie religieuse de la 4
.Grèce? ■<—Aujourd'hui, il eat trop tard
(^) Voir pour ces évènemèiis historiques un re
marquable travail, récemment publié par un écri
vain diplomate, la Bnhjnrit chrétienne. 1 volume,
chez Becjamin Duprat.
pour poser ces questions. Les divisions
s'opèrent pas, elles sont consommées. Le
consciences ont réalisé en même tem
que lqs. esprits de,grands progrès. La v
tableTeligion dominé, celle qui permet'
-sentir et déjuger, et les Bulgares, j âges d
clergé grec, énumèrënt contre "lui \tous
leurs griefs: •
On relit, en ce moment, à Constantino
ple le dernier manileste bulgare, et l'on
doit y être convaincu, par là nature des
plaintes formulées, que le clergé grec a
cessé de remplir utilement pour les popu
lations une mission apostolique en Bulga
rie. L'autorité Suzeraine de la Porte n'a
dope plus - qu'à s'exercer dans le sens de
ces réclamations.
Ici, il est vrai, se présente de nouveau
la question politique proprement dite.
L'indépendance de l'Eglise bulgare, c'est
le premier triomphe dd l'indépendance
nationale. Mais, par cela même que les
deux questions sont connexes, -le gou
vernement de la Porté a un intérêt d'ave
nir à ne pas laisser les tentatives religieu
ses sans issue.'Que celles-ci soient étouf
fées un moment, et les autres reprendront
avec d'autant plus de vivacité. Alors la
question bulgare se compliquera à son
tour de toutes les difficultés de la ques
tion d'Orient, proprement dite. Sur le ter
rain jonché des ruines du passé, s'engage
ront deux influences rivales qu'il n'est pas
besoin de nommer : la politique seule con
seillera l'une; la politique et la religion
conseilleront l'autre. La première viendra
de Saint-Pétersbourg, la seconde arrivora
d'Athènes. •
Cette, dernière pensée, — qui est parta
gée en Orient par tous les esprits éclairés,
— nous ne pouvons mieux l'exprimer que
ne l'a fait l'auteur de la Bulgarie chrétien
ne « A deux reprises, la Bulgarie s'est
laissé entraîner par des considérations
politiques à se rattacher au patriarchat de
Constantinople, et, à deux reprises, cette
défection a eu pour résultat une absorption
si complète de l'Eglise bulgare, que les
écrivains grecs nient aujourd'hui qu'elle
ait jamais existé.
» Ladestinéereligieuse de laBulgarie est
donc écrite dans son histoire. Si elle ne
redevieiat pas catholique-unie, elle finira
bientôt, sous quelque titre pompeux qu'el
le se laisse couvrir, par être absorbée dans
l'Eglise grecque,—et si ce n'est dans l'Egli
se grecque, ce sera dans l'Eglise russe !... »
Ernest Dréolle.
Correspondance particulière du Constitutionnel.
Turin, U avril.
Vous avez dû remarquer-que, dans la
séance où a été lue la lettre de Garibaldi, le
président s'est abstenu de donner connais
sance du projet de loi que "Garibaldi avait
joint à sa lettre en le priant d'en donner
lecture à la Chambre. Le règlement de la
Chambre des députés exige que le député
qui propose un projet de loi se fasse préa-
lablement autoriser lui-même à en donner
lecture et à le développer devant ses col
lègues. Le président s'est tenu strictement
aux formes légales t .0Rt en prévenant l'ex-
dictateur de' cet obstacle de forme ei en
l'engageant à se rendre lui-même au Par
lement dès que sa santé le lui permettra,
s'il persistait à présenter son projet de loi;
Il m'a été donné de lire ce projet de loi
qui est l'affaire la plus grave peut -être
dont le Parlement sera saisi pendant cette
session. Il renferme l'application de ce
projet qui forme le rêve de Garibaldi de
puis deux ans : la nation armée . Voici sur
quelle base il voudrait organiser son ar
mement; -
l°La garde nationale se compose de tous
les individus do 18 à 55 ans ;
2° Elle se divise en mobile et station
naire ;
3° La ^drde mobile est composée de tous
les individus de 18 à 35 ans qui devront
être organisés comme l'armée'régulière,
percevoir la même solde etavoir la même
instruction.
4° La garde stationnaire reste dans ses
foyers, tout en étant obligée rigoureuse
ment à l'exercice et aux manœuvres, ainsi
qu'au tir à la oàrabine qui serait institué
dans toutes les communes.
5» On ouvre un erédit de trente millions
au ministre de l'intérieur sur le budget
de 1861 pour les dépenses nécessaires.
Il est inutile que je vous fasse ressortir
toute l'importance de cet acte. La Chambre
en autoiisera certainement la lecture et
(feuilleton
KV AMOUR EN LAPONIE
XVJ1I.
" Il n'est pas do bolles fiançailles sans feâ-
iin.
. L'oncle d'Edwina, sur ce point comme
sur tarit d'autres; so montra fidèle aux tra
ditions hospitalières dé son pays. It avait
fait royaliîtfuiul -les choses, et, depuis un
siècle, on n'avait rien vu dans le district
du Drontheim qui pût se comparer à ce
■que l'on vit ce jour-là, chez le Gamache de
lia Norvège : c'étaient dds entassemeng de
gabier et de poisson, des montagnes de gâ-
tmatux, des ruisseaux de vin et des lorrens
de liqueurs. l'arioutrégnait le plaisir avec
l'abondance, et des toasts nombreux et re-
.tçntissans portaient à chaque minute la
isanlé des époux,
Cette partie de la fêle avait, aux yeux de
Wus, une si trieuse importance, qu'Kl-
mîiôge lui-même, dont les a'tlentioris et les
soins pour Norra ne c'étaient point jusque
là démentis, ne s'aperçut,qu'au second
serviefl qu'elle n'efait point encore à table :
il en conçut quelque crairlte et il se leva
jpour la chercher. " .
En passant eue lo perron du gaard, 11
entendit comme un bruit de grelots et il
vit un certain jaouvement d'hommes et
d'anitnaux dans labour-; 1À-renne blanc
allait et venait,.flairant partout le long
corps de logis principal. *
— Où donc pourrait-elle bien être? pen
sa Elphège. ■
11 descendit dans la cour. '
Norra, en costume de voyage, avait jeté
sa pelisse do fourrure sur la neige, et elle
montrait à deux paysans, plus habitués
aux chevaux qu'aux rennes, comment on
attelait les coursiers de Laponie,
— Eh bien! s'éf-ria l'artisto en lui. pre
nant les deux mains, que veux-tu donc
faire?
— Partir.
— Mais tu es lollc?■■
— Au contraire, c'est si je ne parlais
point que je serais follet J'ai voulu voir,
j'ai vu} maintenant, laisse-moi. Adieu.
— Je cours avertir Uenrick.
— Tu lui rendrais un mérhant service;
il n'a plus besoin de moi.
— Attends du moins à demain; ne l'en
va pas la.nuit, comme si tu te sauvais.
je me sauve, en effet.
—<■ ïutie gopges donc pas aux périls dos
ténèbres dans ces stfgions inconnues?
— Dieu m'éclairera ! fit elle ftvec un ges
te prophétique. Vois plutôl!
Tout en parlant, elle étendit la main
ver? l'es}, du côté de la Suède, par-dessus
les bàtUnens du gaard.
Une de ces aurorps boréales, si fréquen
tes dans le Nord , dont elles consolent les
trop longues nuits, commençait d'écjajrpr
le ciel.
On connaît l'incomparable beauté de ce
phénomène sous les latitudes élevées.
.Nulle part la nature ne semble déployer
d'i'telles" p.ompes et un "plus magnifi
que appareil : es gQQt des , splendeurs
à éblouir l'œil- de l'hôbme : 4es bandes
d'ardentes couleurs, des nuances tranchées
et vives se rapprochant -sans s'unir, se
juxtaposant sans so confondre, allument
dans toute une moitié de l'horizon un de
w$ incendies célestes dont les flammes, qui
ne brûlent point, éclaireront, dit-on, au
dernier jour, les suprêmes convulsions du
monde. Le spectacle était tout à la fois gran
diose et terrible; ces jets de lumière se
succédaient avec une telle rapidité, qu'on
eût dit le ciel tout entier dans un état d'a
gitation violente : une couronne enflam
mée rayonnait au zénith; de largos grou
pes de rayons, qui tantôt s'approchaiont,
tantôt s'éloignaient les uns des autres,
laissaient tomber comme une pluie de lu*
mière argentée ; çà et là, avec la netteté
du spectre solaire, les couleurs du prisme
s'étalaient dans des arcs en-ciel éblouis-*
sans, . .
— Oui, Pieu m'éplaire, répéta la jeune
fille, et la route que je vais suivre, c'est
lui qui m« la montre.
Elphège , Stupéfait, ne savait plus que
lai répondre.
Illuminée par celte lueur étrange , qui
donnait à son visage comme à toute sa
personne une apparence plus voisine du
monde fantastique quo'de la réalité^elle ap
parut aux yeux.de 1 artiste toute transfigu
rée. 11 lui semblait qu'une vision , comme
en rêvent les poètes , passait devant son
visage; il se demandait si t'était bien
cette petite Norra qu'il connaissait depuis
dix mois, qu'il avait reçue tant de fois sou*
sa tente, pi dflijt*le ma*in même il avait
vu couler les larmes, pTétait-c'a point pUi-
tôt quelque vain songe de sonimagination
qui venait tout-à-coup de prendre une for
me pour l'abuser? ' v
La main de Norra posée sur son bras, et
sa voix si doueequi lui disait : « Adieu, bon
Elphpge 3 adieu et merci ! » le rappela à luir
même, a la regarda fixément, "et ce senti
ment, artistique, que rien ne peut vaincre
dans de certaines ames, l'emportant en
ce moment surtout autre :
— Oh! Norra, s'écria-t-il,' que tu es belle!
Pour toute réponse, elle le regarda, prit
les guides que lui tendait le paysan nor
végien, et sans ajouter une parole, ren-
.dant la main, sortit immédiatement de la
cour.
Immobile à la place qu'elle venait de
quitter, Elphège stupéfait la regardait fuir
en murmurant : Etrange créature! étrange
destinée!
Cependant les lueurs do l'aurore horéale v
avaient pénétré jusque dans la salle du"
festin, dont les fenêtres étaient sans vo
lets.
Les convives en furent tous frappés, et
conUno lee Norvégiens sont assez curieux de
ces grands sppct{icles, ils sortiront presque
touspouren jouir. Aumoment. où Henrick,
conduisant sa fiancée, apparut sur le per
ron du gaard, il aperçut dans la distance,
sùr i i colline qui faisait face à la ; maison,
le long attelage qui fuyait vers les déserts
du Nord. L'ardente réverbération de la
neige et la radieqso lumière que versait
l'aurore sur «ette partie de l'horizon, tan-' 1
dis que l'autre restait plongée dans une de
mi-obscurité , permettait de saisir jus
qu'aux moindres détails du tabb au.
, La jeune fille avait, malgré le froid pi
quant de la nuit, rejeté sur ses 'épaules sa
pelisse de fourrure ; elle se tenait debout
à l'avant du ir3Îneau,-penphée sur les fou
gueux animaux qui l'emportaient, et du
fouet les excitant encore. On eût dit qu'ils
prenaient des ailes : ils ne couraient
point, ils volaient ; à leur su'te, le traî
neau bondissait. Sous leurs légers sa
bots, une fine poussière de neige se sou
levait, et, rendue lumineuse parles rayons
qui la traversaient, enveloppait par mo-
mens et la ieune fille, et les rennes, et le
traîneau, d une sorte de .vapeur transpa
rente, dont, un peu plus loin, et parinter-
valies, ressortait le groupe mouvant.
;— Par ma foi ! dit un des convives, qui
avait fait honneur.à tous les toasts, voilà
1e bouquet de la fête! Après le souper, le
spectacle. Je n'ai vu l'opéra qu'une fois à
Stockholm. Il y avait unè lumière pareille
à celïe-là, pas '^si ' helle, pourtant, — et
une fée qui s'enfuyait comme cette pe
tite sorcière sur la cime des monlagnes
blanches et bleues^C'était charmant, mais
pas plus beau qu'ici. Vivent les fiancés
d'Harald-Gaard !
•Un formidable chorus renvoya ce vivat
aux échos.
1 La main de Henrick, appuyée sur la ram
pe du balcon, se crispa violemment, mais
il no répondit rien.
Tous les yeux étaient fixés -sur la jen-
-ne Laponne : personne nè s'oooupa^plus
.des fiancés, . >
Arrjvée aii sommet dé la colline, Norra,
qui' avait line longue route devant elle, ra
lentit quelque peu sou allure. P^ut-etre
au fond de l'aine éprouvait--elle une plus
vive douleur en songeant qu'elle allait
quitter pour jamais la terre où il était,
changer d'horizon, et mettre entr'eux l'es
pace infini. Elle parut mêtnei hésiter un
instant,
S.nalla, sans avoir d'aussi graves sujets
de' réflexion, mais regrettant peut-être lé
bon gîte et l'abondante pâture, avant de
descendre la rampe opposée, s'arrêta un
instant et retourna la tète vers le gaard,
Chacun se demandait si Np/i'î} en ' ferait
autant, et les ieqiiçs gens se préparaient
déjà à la saluer par une décharge de fusils
en son honneur. Mais Norra ne se retour
na point; elle était fermement résolue à
ne plus regarder en arrière... ni sur sa
route, ni dans la vie. Elle essuva donc
d'une main furtive, comme si elle eût
voulu se les cacher à elle-même, deux lar
mes que la nuit eût gelées dans ses paupiè
res... Mais elle eut du moins le courage «te
ne pas chercher à revoir les lieux où sa
destinée venait de, s'accomplir, et où elio
laissait le, meilleur de son cœur,
- Après une seconde d'hésitation, elle tou
cha légèrement ses rennes qui repartirent
en bondissant.
Déjà l'ardent phénomène s'éteignait dans
le ciel qui redevenait sombre ; plus de pris
mes aux couleurs vives et tranchées; plus
de rayons vibrans ; plus de ces flèches de
feu, dardant leur pointe comme les éclairs
mais seulement une teinte pâle, blanchâ
tre et douce oirame' celle de la voie lactée
—une voie lactée qui aurait occupé toute
une moitié du ciel.- Comme il arrive sou
vent lorsqu'à une vive lumière succèdent
tout à coup des lueurs incertaines une sorte
de mélancolie s'empara de la plupart des
témoins de cette grande scène et remplaça
leur première admiration.
Cependant un pli de terrain venait de
dérober là fugitive à tous les yeux". Elle
semhlait ainsi rentrer dans l'ombre et dis
paraître de la vie de Henrick avec la lu
mière.
— Pauvre créature ! elle aura froid cet
te nuit! murmura la belle Edwina, eq se
serrant tendrement contre son fiancé,
— Elle aura froid toute sa vie! pensa
Henrick.
Pendant que ces graves évènemens s'ac
complissaient dans l'enceinte de Harald-
Gaard, une certaine émotion régnait dans
Ig. U'ibu des Kilps; qui venait d'àbandon-
BUREAUX A fAJUS : rue de, Valois (Palais-Koyal), a. lu.
U
UEUClUiDl M AVRIL 1801
lâBOMEMWS DES ÏÉPAIirEBESS.
/ TRQlé-H01S..... 16 FR.
six mois v \,....,...... 32 fr.
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pour, les Hta fenàiWBBt, Velr le tableau
i publié les. & et SO de chaque mois.
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JOUBNÂL POLITIQUE)).
- . î .. ..IS.jf... ..... ... - .. ...t '• 'll'l - I. ;
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* ■ ' * ' * -F âm ' iMttihm» n.l' 'mÎ.'a.'Â .ï'nMnkMl
, UNIVERSEL.
Le ïnôdé i'X^oitNisBÈSNT le plus slmpleest l'envol d'urt bflïrde poste"ou d'ûn effôt I " v LétUltret ouenvoi$,d'
tlN AN............««.i
-Sis;
un numéro 20 centimes!
Les;âbonneraenB datent des i<» et il
de chaque mois.
Les akhohgks sont reçues 1 cheï M; Unis , régisseur des 6 grands journaux,"
rue Notre^Dame-des-VictoireSj n' 40 (place de la Bourse),
PAHIS, 16 AVRIL.
Nous avons déjà fait «egsortiç J'iatérêy
des dèrnîèï'es réformes introduites par ie
ministre de l'intérieur Sans notre organi
sation administrative. Le rapport de M. de
Bersigny a eu aussi un mérite tout parti
culier, celui de venir fort à propos trou
bler la polémique entamée par plusieurs
journaux au sujet d'un récent travail de
M. Odilon Barrot sur la décentralisation.
* Nous ne jugerons pas ici ce travail.Mais
ceux-là même qui se sont hâtés de l'en
censer reconnaîtront que leurs lamenta
tions en faveur de la décentralisation
étaient bienJnutiles. Vingt-quatre heures
encore, et ils recevaient la preuve que, sur
la délicate question de la répartition des
pouvoirs administratifs, le gouvernement
■ n'est pas si éloigné qu'on essaie de le dire,
des vues larges et libérales qui sont cha
que jour exposées.
Il y a seulement,- entre les réformes in
troduites successivement et celles que l'on
sollicite, cette différence, que les premiè
res sont le fruit d'une longue étude prati
qué,, tandis que les secondes, concertées
dans le silence dû cabinet, pourraient bien
pour la plupart' amener des désordres et
causer des embarras dont les théoriciens
n'ont pas la moindre idée.
Rien n'est plus aisé que d'écrife, com
me le font certains publicistes, les mots
« libertés locales » en épigraphe sur leurs
brochures; de demander,la reconnaissan-
cè et le rétablissement de ces libertés , de
,1a liberté provinciale, départementale et
municipale; d'offrir, comme on dit, « des
». satisfactions à l'initiative et à l'indépen-
» dance des villes et des Communes ; » de
parler en liloc d'institutions qui.spermet-
». traient au pays de s'administrer par lui-
» même.»Tout cela-est très facile à deman
der; on faitbeaucoup de lignes pompeuses
sur ce suje t aussi vaste que vague.Mais en
core faudrait-il se bien pénétrer de l'esprit
des communes, des nécessités que com
manda l'exercice du pouvoir central, de
^e pouvoir qu'on représente toujours com
me absorbant la vie communale, et qui,
pourelle, est le.plus.souvent un guide pré
cieux, indispensable, ■. , .,
■ Qu'on essaie, d'ailleurs, avant de parler
Ainsi, dé formuler un peu le moindre des
projets; qu'on examine de près les exi
gences de la vie communale en môme
tèmps que les difficultés innombrables que
créent les luttes locales, et en verra corn-
iàen de.déceptions sont préparées àrcfetrr
qui rôv.ent ainsi tout haut do décentrali
sation complète et de liberté absolue!
î Le gouvernement marche lentement,
$oit; niais il marche sûrement. Il procède
par détails ; cela est vrai; mais encore ces
détails jouent-ils un grand rôle. Si nous
jouîmes de ceux qui déplorent l'abus de
la■■bureaucratie administrative, nous ne
pouvons encore admettre cependant que
cette bureaucratie s'imposa elle-même et
■qu'elle ne fût jamais constituée par la for-
icp des choses. Il est pénible, sans doute,
fl'ayouer que l'ignorance, en matière ad
ministrative, domine., dans les régions
communales ; mais encore faut-il se faire
-cet aveu, pour arriver à la combattre, i la
•détruire pet: à p#ù. Eh bien! la bureau
cratie ne s'est pas toujours imposée; elle
â.éiijîmpusée, en quelque sorte, par ceux
qui «i souffrent aujourd'hui.
' Eji simplifiant davantage les rouages
administratifs, le gouvernement constate
les progrès réalises ; il détruit cerqui est
inutile. Ceux qui voudraient tout détruire,
.sont ils bien sûys qu'ils ne renverseraient
Ipas précisément ce qui peut assurer un
jour, dans un temps donné, le triomphe
jeurs idtoà ultrà libérales ? : Cela est
gi vrai que les décentralisateurs les plus
décidé* se voient contraints de reconnaî
tre la sage prudence avec laquelle In mi-
nistré de l'intérieur, dans son dernier"rap
port,^ laissé encore au pouvoir central'
des attributions qui, en apparence, sem--
bîeraient devoir rester uniquement , aux
^'êfèfsV-
/.TelleSi sont celles "qui ont \rait à l'exa
men des demandes d'emprunts ou d'im
pôts ^ftceptionnels. On applaudit à la pru?
dence du ministre, parce qu'on redoute
les tendances « des préfets» à encourager
ces emprunts ou ces impôts. Mais ce ne sont
pas les préfets, à vrai di£e,-qui ont ces
tendances ; ce'sont les autorités coœtmu-
nales elles-mêmes, et les préfets ne iont
que subir leur influence. Aussi est-il-bûn
que tout projet, toute demande, viennent
jusqu'à Paris, débarrassés des considéra
tions secondaires dont les enveloppent les.
autorités communales, pour y être exami
nés, jugés et résolus librement, au seul
point de vue de l'intérêt général ou loeal.
—11 en est ainsi'de bien d'autres questions,
qui auront longtemps besoin, sinon tou
jours", d'être étudiées par le pouvoir cen
tral, afin que leur solution ne soit pas la
source de difficultés, d'embarras, de dan
gers mêmes, dont on rend ensuite le gou
vernement responsable. ... ï
Le décret de 1852 est ie progçamme du
gouvernement. Ce programme est suivi à
la lettre ; le ministre de. l'intérieur y obéit,
mais il y obéit'-prudemment, et il ne faut
que l'en lonajc. Kous:mêmes^ut^.%oBâ^6is
gnalé bien des abus ou bien des erreurs
dans notre organisation administrative,
nous ne pouvons que reconnaître que ce8
abus, pour être détruits; que ces erreurs,
pour être réparées, ont besoin d'êtremûre-
ment examinés. L'édifice administratif a be
soin, pour être réformé, d'unemain délica
te, car telle de ses parties qui semble indé
pendante, tient aux autres parties par des
attaches qu'on ne peut briser sans risquer
de.tout renverser et de tout détruire. Est-
ce là ce que voudraient les décentralisa
teurs théoriciens ? »
Nos correspondans de Turin nous font
connaître les dispositions principales du
projet de loi présenté par Garibaldi dans
sa lettre au président duParlement. Gari
baldi propose de former une garde .natio
nale. composée de tous les individus de
18 à 55 ans ;uno!partiedecette garde natio
nale serait mobilisée, et recevrait les hom
mes de 18 à 35 ans; l'autre partie resterait
stationnaire,. quoique soumise à tous les
exercices des divisions mobiles. Un crédit
de trente millions serait ouvert pour faire
face aux dépenses nécessitées par cette or
ganisation. .
Le projet de loHendant à offrir un don
national à Garibaldi, a été retiré par son
auteur.
D'après les journaux italiens , les élec
tions des députés dans la Vénétie n'ont
pu avoir lieu faute d'électeurs-conseillers.
Les côrrespondances de Naples confia
nuent à nous entretenir d'arrestations, de
saisies d'armes et decomplotf.
Les dépêches (Jo Breslau et' de Berlin
donnent de meilleures nouvelles de Var
sovie. Un nouveau ministre de l'intérieur,
M.-Lewinski, appelé à remplacer M. Mucha-
noff, vient de soumettre au gouvernement
des propositions qui, si elles sont accep--
lées , permettront d'améliorer provisoire
ment la situation. M. Lewinski demande la
présidence du conseil d'Etat pour M. Za
moïski, dont la popularité s'est encore
augmentée dans les derniers événement ;
il réclame en outre le rétablissement des
constables et, la rentrée des troupes dans
la citadelle et les casernes.
La diète de Gallicie a tenu lundi sa pre
mière séance à Lemberg. Le projet d'adres
se soumis à l'a;semblée demande à l'em
pereur l'autonomie pour cette partie de
la Pologne.
Le budget anglais a été_ présenté à la
Chambre des fiommunes. Lès dépenses s'é
lèvent à 69,90O,O(fo liv. st. : , et les recettes à/
71,823,000'liv. §t, Deux', jçhé.surés financiè- r
.res Importantes sont- cohèignées dànsi'ex*
"posé de Mrtïladstohè. L'une est la réduc
tion de l'impôt sur le revenu ; l'autre l'a- >
bolition de l'impôt sûr le papier. D'autres
réductions réalisées sur le chapitre des re
cettes donnent avec l'abolition de l'impôt
sur le papier un total de 1,515,030 liv. st.
Ernest Dréolle.
TÉLÉGRAPHIÉ PRIVEE.
Londres, le 15 avril.
Dans la Chambre des Communes, M. Glads
tone expose le budget. Les dépenses s'élèvent à
69,900,000 liv. st.; le revenu a 71,823,000 liv.
st.; kisîant un excédent dç recettes de 1,923,000
liv. st. L'impôt du re.venu.sera réduit de 10
pence à 9 pencej sur les revenus excédant 450
livres; les revenus de 100 livres auront à payes
6 pence par livre. L'impôt sur le papier Bera
aboli. Il, y a plusieurs autres réductions moins
importantes à faire,.qui ensemble, l'impôt sur
le papier y .compris, absorberont 1,515,000 liv. ;
donc il restera un excédant de 408,000 liv. st.
Cet exposé a été reçu avec enthousiasme.
Vienne, mardi 16 avril. N
On a essayé dimanche de donner un chari
vari au dépùté Berger ;.cett et eu tative a. été re
nouvelée sur une plus' grande échelle lundi.
La garde de police et les troupes ont dissipé,
sans employer la force, de grandes masses ,Ûe
curieux.
Vienne, 16 avril.'
Peslhj lundi, -r- La question de. savoir si la ■
diète Notera une adresse au roi, sera débattue
en séaneé'publique; le parti favorable à l'a- .
dresse espère réussir, grâce à M. Deak: La con
férence des magnats considère l'ordre du jour
du général Benedeck comme une offense, et est
décidée à lui répondre par une épitre ouverte.
Vienne, 10 avril.
On a affiché à Vienne un avertissement de
la police relatif aux attroupemens; cet aver
tissement est motive par la grande démons
tration qui a eu lieu en faveur du député libé
ral, M. Sehuselka.
Ferik-Alustapha-Pacha, qui commande en
Bosnie, remplacera Ismaïl-Pacha, commandant
de l'HcrzegoVvine, et-qui a été blèssé.
Lemberg, 15 avril, 7 h. du soir.
La diète de Gallicie a été ouverte aujour-
hui, sous la présidence du prince Léon Sapieha.
L'adresse de la diète à l'empereur Français- -
ioseph demande l'autonomie pour cette partie
ae la Pologne.
Breslau, le 16 avril.
Les nouvelles de Varsovie vont jusqu'au 13.
D ins tous les districts du pays, ort signe
une adresse de remerciineut et de confiance à <
M. Ar\dr6 Zamoïbld. ~
M. Lewinski, appelé aux fonctions de mi
nistre de l'intérieur, a posé trois conditions :
Résidence du conseil d'Etat pour M; Zamoïski,
Entrée des troupes dans la citadelle et lés.ca
sernes, rétablissement des constables. . • • ;
Les dames refusent de quitter le deuil et or
ganisent entre elles un pèlerinage à Notrer
■ Damc-de-Czenstochowa. i
Les employés russes ayant quitté Lublin,
l'autorité y est exercée par, la .municipalité,
^ ûus la présidence de l'Avéque .
( Chrouleff est en marche vers Lublin.
Cracovie, 16 avril.
Le gouvernement vient de défendre aux Is
raélites de Cracovie de célébrer un service fu
nèbre en l'honneur dç leurs «oréligionnaires
tués à Varsovie. •
Berlin, 1.6 ayljl: ; J '
A la suite d'un service funèbre po6fies"yic.
tim.es de Varsovie, des troubfés; 'ont, éclaté à
Kiew, capitale do l'Ukraine, Conflit sa;iglant
entre les habitims et les troupes rurtçs.'Beau
coup de morts et de blessés. - • ; ■ 1
-, Berlin, 16 avril."
On mande de la frontière de Pologne : On
vieijt d'ordonner à tous les armuriers de dé
poser à la citadelle toutes les armes en leur
possession. Le comAe Zamoïski ne veut ac
cepter la vice-présidence du conseil d'Etat,
que le gouvernement lui a offerte, qu'à la con
dition que les troupes rentrent dans la cita
delle et les casernes, et que la garde nationale
soit rétablie dans tout le pays. On ne doute
pas que le gouvernement ne refuse ces con
ditions.
Berlin, le 15 avril.
On mande de la frontière de Pologne, le la :
Le bruit couit quo l'on va appeler à de hau
tes fonctions deux Polonais qui jouissent d'une
grande'popularité, le comte Zamovski, qui
serait nommé membre - du. conseil d'Efat, et
M. Michel Lewinski, qui remplacerait M. Mu-
chanoff.
Turin, le 15 avril.
A la Chambre des députés, M. Musolino a
retiré le projet de loi d'un don national à Ga
ribaldi, d'après la fertne volonté de Garibaldi
lui-même.
* Turin,,16 avril.
Le Corriere mercantile dénient l'arrivée du
maréchal Niel à Gênss.
. L'Opùuone dit- qu'attendu le manque du
nombïe-iégal de conseillers dans les réunions
des conseils communaux de Venise , de Véro
ne et de Vicen'ce, les élections des députés n'ont
pu avoirlieu. A Padoue, aucun conseiller n'est
.^Xenu à ia réunion. La' conseil communal d'U-,
-ttiiie àuràît proposé poa?dépntéBtrei»dtoYens
se trouvant aujourd'hui prisonniers dans la
forteresse. d'Olmùtz.
L 'Opinione publie; en outre, une pièce offi
cielle, laquelle, d'après ce journal, constaterait
l'immixtion du gouvernement autrichien
dans les élections des députés vénitiens.
La santé du général Garibaldi continue à
aller mieux.
Marseille, 16 avril.
On mande de Naples à la date du 12 avril,
que quarante personnes venant d§ Rome au
raient été emprisonnées. On aurait trouvé sur
elles des papiers très compromettans, et par
suite découvert des dépôts d'armes. La police
a été informée du débarquement de 20,000 fu
sils près dé Pausilippe, mais elle n'a pas trou
vé traces de ce débarquement. M. Pajanello
est au secret; on instruit son procès.
,On mande de Rome le 13 avril : L'anniver
saire du retour du pape à Rome a été fêté,
malgré les efforts du parti libéral pour empê
cher cette solennité.
Lisbonne, 15 avril.
Le paquebot transatlantique des Messageries
impériales, la Navarre, est arri\é à deux heu
res avec 265 passagers. ' L'état sanitaire était
bon. Il apporte des nouvelles du Brésil du 25
mars. . ,
. A Rio, le change sur Paris était à 365; sur
Londres à 26 1/4.—Café 6,000.reis.
Le paquebot anglais Tyne était arrivé à Per-
namlîuco le 29 mars. , (H avas-Bullier.)
COURS DE LA BOURSE,
conns & b clotom . le 15 le 16 hausse, baissb
3 0/0au compt. 67.65 67.7510 »' »
—Fin du mois." 67,60' 67,75 » 15 » »
41/2 au compt. 95.40 95.40 # 7 » » »
—Fin du mois. 95,45 95.40 » » » 05
L'agitation politique qui règne dans la
-Turquie d'Europe se complique depuis
quelque temps d'une agitation religieuse,
qui, sans être née précisément delà pre
mière, peut, à un jour donné, se confon
dre avec elle et lui faire prendre de plus
vastes proportions. ,
Les populations soumises à la suzerai
neté'de la Porte cherchent aujourd'hui à
reconquérir leur indépendance politique;;
eu même temps, la plupart des enfans dé
l'Eglise grecqu^jéagissent avec résolution
contre la suprématie du patriarchat de
Gonstantinopie. La lutte est presque ia
même : c'est unè lutte d'affranchisse
ment. Demain, tous ceux qui y prennent
part peuvent se réunir, — et les principes
politiques, aidés des convictions religieu
ses, assureront leur triomphe commun.
Ce côté de la question d'Orient — le côté
religieux — qui se révèle presque simulta
nément dans les provinces européennes
et en Asie, n'est pas et ne saurait être sans
préoccuper vivement l'attention des gou-
vernemens de l'Occident. Il vient élargir le
.. teuain deiajjitte ; il fournit; aux conflits
danubiens de nouveaux et puissans élé-
mens de gravité; —il,a surtout pour con
séquence première de donner aux récla
mations d'un peuple ému et soulevé l'é
cho retentissant d'une plainte arrachée S
des consciences chrétiennes.
Quel soin auraient à prendre les puis
sances occidentales pour arrêter ce déve
loppement presque inattendu de la ques
tion d'Orient? — Il nous semble qu'il n'en
est aucun. Si on limite à son gré tes pro
portions d'un conflit politique, on n'élève
pas aisénfent une barrière aux envahisse-
rnens de l'idée religieuse.
Telle est la difficulté, qui s'élève aujour
d'hui dans les provinces continentales de
la Turouie. Et ce qui rend cette difficulté
plus grande, c'est q,ue l'hfstoire est là qui
rappelle que les luttes religieuses ont tou
jours été suivies ou précédées, quand
elles n'ont pas été accompagnées, dans ees
provinces, de luttes politiques. L'indépen
dance nationale", a eu comme corollaire
nécessaire l'indépendance religieuse Une
tendance instinctive a fait rechercher aus
sitôt l'une pour assurer l'autre.
Déjà, on le sait, la. Moldavie et la Vala-
chie ont rétabli le culte national d'origine
latine -, la Servie, de son côté, a recouvré
un clergé indigène et la langue slave li
turgique; les mêmes conquêtes sont am
bitionnées maintenant' par la Bulgarie et
la Bosnie. Il est à remarquer, seulement,
que, dans ces deux dernières provinces,les
prétentions religieuses précèdent les pré
tentions politiques.
On pourrait admettre, il est vrai, qu'en
luttant aujourd'hui, comice ils le'font,
pou-r une rupture avec le patmrclîat de
Constantinople, les Bulgares ^tT-les Bos
niaques ne procèdent qu'à.l'appr^ation la
çlus large, mais, en même temjps lh plus
régulière du Batt-i-humayoun de Ï856V
Cette pleine et entière liberté , laissée à
l'exercice de chaque culte par la charte
ottomane, ils la sollicitent au ; nom de la
liberté de conscience, assurée aussi par»
Fédit impérial. Ils ne mêlént, en un mot,
à leurs réclamations ni affranchissement
politique, ni suppression d'impôts ou de
redevances.
Rien n'est plus vrai. Mais, encore une
fois, il est difficile^ avec le souvenir du
passé, de dégager entièrement un pareil
mouvement de tout calcul politique ulté
rieur;— d'autant plus, avouons-le, que, si
l'un existe ouvertement^ l'autre, pour ne
se poursuivre encore, que dans l'ombre,
n'en est pas moins connu et déjà dénoncé.
Quel intérêt, d'ailleurs, l'Europe aurait-
elle à ne pas tenir compte des leçons de
l'expérience? Pourquoi né se montrerait-
elle pas plus clairvoyante qu'elle n'aurait
à la rigueur le droit de l'être, en-obéissant
strictement aux conseils de l'histoire?
Le plus sage n'est-il pas toujours- de pré
voir même au-delà de ce qu'il tst ample-
ment permis d'attendre? On ne saurait
donc nier que, dans les circonstances ac
tuelles, le drapeau de l'indépendance-re-
ligieuse agitée par les Bosniaques et les
Bulgares cache dans ses plis la restaura
tion politique des deux provinces.
L'étude pure et simple des prétentions
religieuses de ces peuplespeut sulfire^néàn-
moins, à justifier l'intérêt'que-lès gouver-
riemens d'Occident portent à la question
si vaste et si complexe de la domination
turque en Europe. Il y aurait, du reste,
pour la France à l'égard des Bulgares, un
curieux rapprochement historique à faire,
qui légitimerait davantage encore , s'il
était besoin* la sollicitude de notre gou
vernement. Les Bulgares, désireux aujour
d'hui de reconstituer leur Eglise autono
me,n'ont pasj en effet, une-situation autre
que celle qui leur fut faite lors du conflit
sy-rla juridiction en Bulgarie, en 807 (1).
L'Eglise de France fut alors invitée par le
Pape Nicolas I" à décider de l'indépendan
ce de d'Eglise Bulgare, et l'on vit, chose
curieuse! le roi de France, Charles-le-
ChauVe, établir, pour venir en aide, à cette
Eglise naissante, une dîme sur le clergé
français !
Ce souvenir historique est-il perdu en
Bulgarie? Les correspondances disent le
contraire, mais il n'ést invoqué : toutefois
que somme précédent. On comprend trop
bien que les circonstances présentes diffé
rent de celles que nous rappelons, en ce
qu'elles montrent une agglomération re
ligieuse assez puissante pour vivre par
elle-même; assez ancienne pour invoquer
ses droits. ......
Tout concours étranger est d'ailleurs inu
tile. 11 n'est pas sollicité et il deviendrait
peut-être dangereux, au moins quant à pré
sent. Les Bulgares ont pour eux, avec le-
hatt-i-humayoun de 1856 qui est leur loi
écrite, des précédens tour à tour consignés
à Rome et à Comstantinople. Les succes
seurs de Photius n'ignorent pas, en effet,
que l'Eglise bulgare a été successivement
soumise à l'évêque dé'Romeet au patriar
che de Constantinople. Le dernier change
ment opéré n'a pas un siècle encore. Il a
amené, il est vrai, la suppression des Egli
ses bulgares, mais il a entraîné un chan
gement plus grand encore dont les^Consé
quences devaient forcément se révéler tôt
•ou tard. A'.partir de la suppression, on vit
le haut clergé de la Bulgarie exclusive
ment choisi parmi des Grec&ignorans de
la langue slave, qui avait étéÇaoptée par
les chrétiens d'Ochrida et de Ternovo, et la
liturgie slavonne complètement abolie. Au
froissement des consciences s'ajouta ain
si le mépris de la fierté nationale.
Les Bulgares ne demandent donc aujour
d'hui que ce qu'ils jont eu jadis : des liens
avec le Saint-Siège. Ce qu'ils réprouvent,
c'est cequi leur a été imposé; ce qu'ils com
battent, c'est l'envahissement hellénique.
Est-ce à dire, cependant, que dé telles
évolutions peuvent librement s'accomplir?
L'Orient chrétien n'a-t-il rien à perdre à
ces scissions successives qui ont réduit à
rien l'ancienne hégémonie religieuse de la 4
.Grèce? ■<—Aujourd'hui, il eat trop tard
(^) Voir pour ces évènemèiis historiques un re
marquable travail, récemment publié par un écri
vain diplomate, la Bnhjnrit chrétienne. 1 volume,
chez Becjamin Duprat.
pour poser ces questions. Les divisions
s'opèrent pas, elles sont consommées. Le
consciences ont réalisé en même tem
que lqs. esprits de,grands progrès. La v
tableTeligion dominé, celle qui permet'
-sentir et déjuger, et les Bulgares, j âges d
clergé grec, énumèrënt contre "lui \tous
leurs griefs: •
On relit, en ce moment, à Constantino
ple le dernier manileste bulgare, et l'on
doit y être convaincu, par là nature des
plaintes formulées, que le clergé grec a
cessé de remplir utilement pour les popu
lations une mission apostolique en Bulga
rie. L'autorité Suzeraine de la Porte n'a
dope plus - qu'à s'exercer dans le sens de
ces réclamations.
Ici, il est vrai, se présente de nouveau
la question politique proprement dite.
L'indépendance de l'Eglise bulgare, c'est
le premier triomphe dd l'indépendance
nationale. Mais, par cela même que les
deux questions sont connexes, -le gou
vernement de la Porté a un intérêt d'ave
nir à ne pas laisser les tentatives religieu
ses sans issue.'Que celles-ci soient étouf
fées un moment, et les autres reprendront
avec d'autant plus de vivacité. Alors la
question bulgare se compliquera à son
tour de toutes les difficultés de la ques
tion d'Orient, proprement dite. Sur le ter
rain jonché des ruines du passé, s'engage
ront deux influences rivales qu'il n'est pas
besoin de nommer : la politique seule con
seillera l'une; la politique et la religion
conseilleront l'autre. La première viendra
de Saint-Pétersbourg, la seconde arrivora
d'Athènes. •
Cette, dernière pensée, — qui est parta
gée en Orient par tous les esprits éclairés,
— nous ne pouvons mieux l'exprimer que
ne l'a fait l'auteur de la Bulgarie chrétien
ne « A deux reprises, la Bulgarie s'est
laissé entraîner par des considérations
politiques à se rattacher au patriarchat de
Constantinople, et, à deux reprises, cette
défection a eu pour résultat une absorption
si complète de l'Eglise bulgare, que les
écrivains grecs nient aujourd'hui qu'elle
ait jamais existé.
» Ladestinéereligieuse de laBulgarie est
donc écrite dans son histoire. Si elle ne
redevieiat pas catholique-unie, elle finira
bientôt, sous quelque titre pompeux qu'el
le se laisse couvrir, par être absorbée dans
l'Eglise grecque,—et si ce n'est dans l'Egli
se grecque, ce sera dans l'Eglise russe !... »
Ernest Dréolle.
Correspondance particulière du Constitutionnel.
Turin, U avril.
Vous avez dû remarquer-que, dans la
séance où a été lue la lettre de Garibaldi, le
président s'est abstenu de donner connais
sance du projet de loi que "Garibaldi avait
joint à sa lettre en le priant d'en donner
lecture à la Chambre. Le règlement de la
Chambre des députés exige que le député
qui propose un projet de loi se fasse préa-
lablement autoriser lui-même à en donner
lecture et à le développer devant ses col
lègues. Le président s'est tenu strictement
aux formes légales t .0Rt en prévenant l'ex-
dictateur de' cet obstacle de forme ei en
l'engageant à se rendre lui-même au Par
lement dès que sa santé le lui permettra,
s'il persistait à présenter son projet de loi;
Il m'a été donné de lire ce projet de loi
qui est l'affaire la plus grave peut -être
dont le Parlement sera saisi pendant cette
session. Il renferme l'application de ce
projet qui forme le rêve de Garibaldi de
puis deux ans : la nation armée . Voici sur
quelle base il voudrait organiser son ar
mement; -
l°La garde nationale se compose de tous
les individus do 18 à 55 ans ;
2° Elle se divise en mobile et station
naire ;
3° La ^drde mobile est composée de tous
les individus de 18 à 35 ans qui devront
être organisés comme l'armée'régulière,
percevoir la même solde etavoir la même
instruction.
4° La garde stationnaire reste dans ses
foyers, tout en étant obligée rigoureuse
ment à l'exercice et aux manœuvres, ainsi
qu'au tir à la oàrabine qui serait institué
dans toutes les communes.
5» On ouvre un erédit de trente millions
au ministre de l'intérieur sur le budget
de 1861 pour les dépenses nécessaires.
Il est inutile que je vous fasse ressortir
toute l'importance de cet acte. La Chambre
en autoiisera certainement la lecture et
(feuilleton
KV AMOUR EN LAPONIE
XVJ1I.
" Il n'est pas do bolles fiançailles sans feâ-
iin.
. L'oncle d'Edwina, sur ce point comme
sur tarit d'autres; so montra fidèle aux tra
ditions hospitalières dé son pays. It avait
fait royaliîtfuiul -les choses, et, depuis un
siècle, on n'avait rien vu dans le district
du Drontheim qui pût se comparer à ce
■que l'on vit ce jour-là, chez le Gamache de
lia Norvège : c'étaient dds entassemeng de
gabier et de poisson, des montagnes de gâ-
tmatux, des ruisseaux de vin et des lorrens
de liqueurs. l'arioutrégnait le plaisir avec
l'abondance, et des toasts nombreux et re-
.tçntissans portaient à chaque minute la
isanlé des époux,
Cette partie de la fêle avait, aux yeux de
Wus, une si trieuse importance, qu'Kl-
mîiôge lui-même, dont les a'tlentioris et les
soins pour Norra ne c'étaient point jusque
là démentis, ne s'aperçut,qu'au second
serviefl qu'elle n'efait point encore à table :
il en conçut quelque crairlte et il se leva
jpour la chercher. " .
En passant eue lo perron du gaard, 11
entendit comme un bruit de grelots et il
vit un certain jaouvement d'hommes et
d'anitnaux dans labour-; 1À-renne blanc
allait et venait,.flairant partout le long
corps de logis principal. *
— Où donc pourrait-elle bien être? pen
sa Elphège. ■
11 descendit dans la cour. '
Norra, en costume de voyage, avait jeté
sa pelisse do fourrure sur la neige, et elle
montrait à deux paysans, plus habitués
aux chevaux qu'aux rennes, comment on
attelait les coursiers de Laponie,
— Eh bien! s'éf-ria l'artisto en lui. pre
nant les deux mains, que veux-tu donc
faire?
— Partir.
— Mais tu es lollc?■■
— Au contraire, c'est si je ne parlais
point que je serais follet J'ai voulu voir,
j'ai vu} maintenant, laisse-moi. Adieu.
— Je cours avertir Uenrick.
— Tu lui rendrais un mérhant service;
il n'a plus besoin de moi.
— Attends du moins à demain; ne l'en
va pas la.nuit, comme si tu te sauvais.
je me sauve, en effet.
—<■ ïutie gopges donc pas aux périls dos
ténèbres dans ces stfgions inconnues?
— Dieu m'éclairera ! fit elle ftvec un ges
te prophétique. Vois plutôl!
Tout en parlant, elle étendit la main
ver? l'es}, du côté de la Suède, par-dessus
les bàtUnens du gaard.
Une de ces aurorps boréales, si fréquen
tes dans le Nord , dont elles consolent les
trop longues nuits, commençait d'écjajrpr
le ciel.
On connaît l'incomparable beauté de ce
phénomène sous les latitudes élevées.
.Nulle part la nature ne semble déployer
d'i'telles" p.ompes et un "plus magnifi
que appareil : es gQQt des , splendeurs
à éblouir l'œil- de l'hôbme : 4es bandes
d'ardentes couleurs, des nuances tranchées
et vives se rapprochant -sans s'unir, se
juxtaposant sans so confondre, allument
dans toute une moitié de l'horizon un de
w$ incendies célestes dont les flammes, qui
ne brûlent point, éclaireront, dit-on, au
dernier jour, les suprêmes convulsions du
monde. Le spectacle était tout à la fois gran
diose et terrible; ces jets de lumière se
succédaient avec une telle rapidité, qu'on
eût dit le ciel tout entier dans un état d'a
gitation violente : une couronne enflam
mée rayonnait au zénith; de largos grou
pes de rayons, qui tantôt s'approchaiont,
tantôt s'éloignaient les uns des autres,
laissaient tomber comme une pluie de lu*
mière argentée ; çà et là, avec la netteté
du spectre solaire, les couleurs du prisme
s'étalaient dans des arcs en-ciel éblouis-*
sans, . .
— Oui, Pieu m'éplaire, répéta la jeune
fille, et la route que je vais suivre, c'est
lui qui m« la montre.
Elphège , Stupéfait, ne savait plus que
lai répondre.
Illuminée par celte lueur étrange , qui
donnait à son visage comme à toute sa
personne une apparence plus voisine du
monde fantastique quo'de la réalité^elle ap
parut aux yeux.de 1 artiste toute transfigu
rée. 11 lui semblait qu'une vision , comme
en rêvent les poètes , passait devant son
visage; il se demandait si t'était bien
cette petite Norra qu'il connaissait depuis
dix mois, qu'il avait reçue tant de fois sou*
sa tente, pi dflijt*le ma*in même il avait
vu couler les larmes, pTétait-c'a point pUi-
tôt quelque vain songe de sonimagination
qui venait tout-à-coup de prendre une for
me pour l'abuser? ' v
La main de Norra posée sur son bras, et
sa voix si doueequi lui disait : « Adieu, bon
Elphpge 3 adieu et merci ! » le rappela à luir
même, a la regarda fixément, "et ce senti
ment, artistique, que rien ne peut vaincre
dans de certaines ames, l'emportant en
ce moment surtout autre :
— Oh! Norra, s'écria-t-il,' que tu es belle!
Pour toute réponse, elle le regarda, prit
les guides que lui tendait le paysan nor
végien, et sans ajouter une parole, ren-
.dant la main, sortit immédiatement de la
cour.
Immobile à la place qu'elle venait de
quitter, Elphège stupéfait la regardait fuir
en murmurant : Etrange créature! étrange
destinée!
Cependant les lueurs do l'aurore horéale v
avaient pénétré jusque dans la salle du"
festin, dont les fenêtres étaient sans vo
lets.
Les convives en furent tous frappés, et
conUno lee Norvégiens sont assez curieux de
ces grands sppct{icles, ils sortiront presque
touspouren jouir. Aumoment. où Henrick,
conduisant sa fiancée, apparut sur le per
ron du gaard, il aperçut dans la distance,
sùr i i colline qui faisait face à la ; maison,
le long attelage qui fuyait vers les déserts
du Nord. L'ardente réverbération de la
neige et la radieqso lumière que versait
l'aurore sur «ette partie de l'horizon, tan-' 1
dis que l'autre restait plongée dans une de
mi-obscurité , permettait de saisir jus
qu'aux moindres détails du tabb au.
, La jeune fille avait, malgré le froid pi
quant de la nuit, rejeté sur ses 'épaules sa
pelisse de fourrure ; elle se tenait debout
à l'avant du ir3Îneau,-penphée sur les fou
gueux animaux qui l'emportaient, et du
fouet les excitant encore. On eût dit qu'ils
prenaient des ailes : ils ne couraient
point, ils volaient ; à leur su'te, le traî
neau bondissait. Sous leurs légers sa
bots, une fine poussière de neige se sou
levait, et, rendue lumineuse parles rayons
qui la traversaient, enveloppait par mo-
mens et la ieune fille, et les rennes, et le
traîneau, d une sorte de .vapeur transpa
rente, dont, un peu plus loin, et parinter-
valies, ressortait le groupe mouvant.
;— Par ma foi ! dit un des convives, qui
avait fait honneur.à tous les toasts, voilà
1e bouquet de la fête! Après le souper, le
spectacle. Je n'ai vu l'opéra qu'une fois à
Stockholm. Il y avait unè lumière pareille
à celïe-là, pas '^si ' helle, pourtant, — et
une fée qui s'enfuyait comme cette pe
tite sorcière sur la cime des monlagnes
blanches et bleues^C'était charmant, mais
pas plus beau qu'ici. Vivent les fiancés
d'Harald-Gaard !
•Un formidable chorus renvoya ce vivat
aux échos.
1 La main de Henrick, appuyée sur la ram
pe du balcon, se crispa violemment, mais
il no répondit rien.
Tous les yeux étaient fixés -sur la jen-
-ne Laponne : personne nè s'oooupa^plus
.des fiancés, . >
Arrjvée aii sommet dé la colline, Norra,
qui' avait line longue route devant elle, ra
lentit quelque peu sou allure. P^ut-etre
au fond de l'aine éprouvait--elle une plus
vive douleur en songeant qu'elle allait
quitter pour jamais la terre où il était,
changer d'horizon, et mettre entr'eux l'es
pace infini. Elle parut mêtnei hésiter un
instant,
S.nalla, sans avoir d'aussi graves sujets
de' réflexion, mais regrettant peut-être lé
bon gîte et l'abondante pâture, avant de
descendre la rampe opposée, s'arrêta un
instant et retourna la tète vers le gaard,
Chacun se demandait si Np/i'î} en ' ferait
autant, et les ieqiiçs gens se préparaient
déjà à la saluer par une décharge de fusils
en son honneur. Mais Norra ne se retour
na point; elle était fermement résolue à
ne plus regarder en arrière... ni sur sa
route, ni dans la vie. Elle essuva donc
d'une main furtive, comme si elle eût
voulu se les cacher à elle-même, deux lar
mes que la nuit eût gelées dans ses paupiè
res... Mais elle eut du moins le courage «te
ne pas chercher à revoir les lieux où sa
destinée venait de, s'accomplir, et où elio
laissait le, meilleur de son cœur,
- Après une seconde d'hésitation, elle tou
cha légèrement ses rennes qui repartirent
en bondissant.
Déjà l'ardent phénomène s'éteignait dans
le ciel qui redevenait sombre ; plus de pris
mes aux couleurs vives et tranchées; plus
de rayons vibrans ; plus de ces flèches de
feu, dardant leur pointe comme les éclairs
mais seulement une teinte pâle, blanchâ
tre et douce oirame' celle de la voie lactée
—une voie lactée qui aurait occupé toute
une moitié du ciel.- Comme il arrive sou
vent lorsqu'à une vive lumière succèdent
tout à coup des lueurs incertaines une sorte
de mélancolie s'empara de la plupart des
témoins de cette grande scène et remplaça
leur première admiration.
Cependant un pli de terrain venait de
dérober là fugitive à tous les yeux". Elle
semhlait ainsi rentrer dans l'ombre et dis
paraître de la vie de Henrick avec la lu
mière.
— Pauvre créature ! elle aura froid cet
te nuit! murmura la belle Edwina, eq se
serrant tendrement contre son fiancé,
— Elle aura froid toute sa vie! pensa
Henrick.
Pendant que ces graves évènemens s'ac
complissaient dans l'enceinte de Harald-
Gaard, une certaine émotion régnait dans
Ig. U'ibu des Kilps; qui venait d'àbandon-
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