Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-04-11
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 124053 Nombre total de vues : 124053
Description : 11 avril 1861 11 avril 1861
Description : 1861/04/11 (Numéro 101). 1861/04/11 (Numéro 101).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6724347
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
46 ANNEE.—N. 101
BUREAUX A PAflk le Valois "(Pala&iSoyal)/ n; 103
Éfa«
JEUDI 11 AVRIL 1861.
trois mois.î:.tr:t;;s 16 fr.
six mois. .7rrr?f.7^r,k. 32 fr.
on àn.'.ïïîrintrntrî 64 fr.
pocb les pats ét*ah6hbs , volt lô tableau
publié les S êt-20de chaque mois.
bnpr. L. BQNIFAGe, gr; des Bons-Enfans, 19.
JOURNAL POLITIQUEj IITTERAIRE, UNIVERSEL.
trois mois .7T.T t,.~î 13 fr. 1
six " mois».26 fr:
UN AN.. .7.77... V?Ï7 . 82 frj
UN numéro 20 centimes;
Las abortaemens «latent des 1*' et H
de chaque mois'.
Le mode -d'abonnement le plus àlmplè est l'envol d'un bon de poste ou d'un effet I
sur Paris, àl'ordre de s'ADicwsTRAïSui du Journal," rue de Valois , n° 10. ' J
Lei lettres ou envoit d'argent bon affranchis sont refusai
Les articles déposés ne sont pas rendus.
1
Les arnohces sont reçues chez M. P anis , régisseur des 6 grands journaux,
lue Notre^Dante-des-Vlctoires,'n* 40 (place de la Bourse).
PARIS, 1Q AVRIL.
Un membre du sénat de Turin, M. Vac
ca, avait annoncé depuis plusieurs jours
l'intention d'adresser au gouvernement
des interpellations sur la question romai
ne. La séance du 9 avril a été consacrée à
ces interpellations, que M. de Cavour avait
accueillies comme une seconde occasion
d'exposer sa politique et d'obtenir l'appui
de l'opinion. ^
Ni M. Vàcca, ni le ministre > n'ont pro
duit de nouveaux argUmens. Le sénateur
a paru n'avoir d'autre but que de donner
la réplique, et M. de Cavour s'est borné à
refaire le thème qu'il avait développé .de
vant les députés. Il s'est attaché à cette
idée que le Pape, dégagé des entraves du
pouvoir temporel, recevrait de l'Italie des
garanties-de liberté spirituelles assez éten
dues pour donner toute sécurité auxtfStats
catholiques. Il a d'ailleurs sagement re
poussé toute idée d'agir en vue de faire
aucune violence moraie, bien entendu,
car il ne peut être question d'une autre,
aux intérêts politiques et religieux qui
ont sauvegardé jusqu'à ce jour la sou
veraineté temporelle du Saint-SIège. C'est
une œuvre, de persuasion et de con
ciliation que le gouvernement de Tu
rin déclare poursuivre. Dans ces limites,
personne ne saurait être blessé que M. de
Cavour exprime si haut l'espoir de réus
sir. C'est une conviction personnelle qui
ne change rien aux faits, et que le premier
ministre du roi Victor-Emmairuel est par
faitement libre d'entreténlr.
M. de Cavour a d'ailleurs le droit de di
re qu'en fait de principes religieux, la na
tion italienne ne le cède à aucune autre.
Elle a , aussi, cet avantage, que la plus
grande partie de son clergé sait unir ces
principes avec un patriotisme très recom-
mandable.
Le Sénat a voté, séance tenante, et à la
presque unanimité, un ordre du jour qui
témoigne de sa confiance dans le gouver
nement et qui 'associe cette assemblée à
la politique que M. de Cavour a annoncé
l'intention de poursuivre pour arriver à
faire de Rome la capitale du royaume d'I
talie. . . *,
• La diminution des recettes de l'Etat sur
les exportations et les embarras qui en ré
sultent pour la formation du budget, con
tinuent à agiter les esprits en Angleterre.
On ne s'y dissimule pas d'ailleurs les au
tres difficultés qui résultent de mésintelli
gences persistantes entre les maîtres et les
ouvriers, et d'un temps d?arrèt qui s'est
produit dans toutes les transactions.
Ces nuages se dissiperont promptemént
dans un pays de ressources comme la
Grande-Bretagne ; mais c'est à la condition
que la pajx. sera maintenue. La paix est •
indispensable à l'Angleterre, non-seule- 1
ment pour réndre' aux finances et à.l'in
dustrie -danB l'étendue des trois royaumes
leur prospérité ordinaire; mais, surtout en
ce moment, le maintien de la paix est ur
gent pour la réalisation d'économies qui
permettront d'établir l'équilibre du bud
get. En effet, c'est seulement sur les dé
penses des armemeris "et des préparatifs
militaires que peuvent être opérées des
réformes efficaces.
Le Times 1 le comprend,"mais il ne se
sent pourtant pas le courage de renoncer
même à l'exagération de ces préparatifs.
c 'est lui qui, le premier, les a conseillés
enpropageant des alarmes ridicules; Et au
jourd'hui'que tout', le nionde en-Angleter
re- .est- pénétré, de la conviction qu'elles
n'ont rien, dê fondé et rien de sériehx, lé
. . ■ : r *■ ■ j
Times persiste à vouloir la continuation
des travaux de construction de navires, de
fortification des côtes et d'approvisionne-
mens. Seulement il a la prétention de con
cilier'l'éco'nbmieayec cet élément toujours
croissant de dépenses. Il reconnaît , que
le sixième de la somme totale portéeau
budget des dépenses est consacré à. la ma
rine anglaise. Plus de i2S millions sont af
fectés aux seuls travaux dés arsenaux et au
Salaire des ouvriers. Aussiinsista-t-il pour
qu'on réduise, .cette .dépense au plus tôtj
mais en-même temps il compte bien qu'on
poursuivra 'ies'aïmeffigriSâvec lâ : 'méme
activité,
Accorde qui pourra ces deux élémens de
la question. Èn attendant, il ne paraît pas
que l'administration songe à contrarier "là
politique du Times. En effet, 17,000 hom
mes sont rappelés de l'Inde pour recevoir
du service en Europe. La flotte de Chine va
fournir un vaisseau pour renforcer, de con
cert avec deux autres, la flotte de la Médi
terranée; celle de l'Océan est maintenue.
La logique de cette conduite nous échap
pe. Dans tous les cas, ce n'est pas en y per
sistant qu'on détournera la crise dont sont
menacés .les intérêts du commerce et de
l'industrie en Angleterre.
Les Etats-Unis, qui sont en partie cause
de ces embarras de nos voisins, paraissent
entrer dans une voie d'arrangement paci
fique. Ce serait trop s'avancer sans doute
que de promettre - le maintien de la paix
entre les deux parties de la république.
Mais on doit aux hommes qui les gouver
nent la j usticede direqu'ite montrent main
tenant de la modération et qu'ils ont, des
deux côtés, le désir d'éviter une effusion
dé sang.- Les forts Sumter et Pickens vont
être évacués» - Cette «mesure est devenue
inévitable, puisque les garnisons ont épui
sé leurs approvisionnemens et que, pour
les ravitailler, il eût fallu commencer la
lutte avec les forces du Sud.
L'abandon de ces forts pourra être con
sidéré comme un triomphe de la politique
pacifique, car si le gouvernement de. Was
hington se proposait d'envoyer des forces
dans le Sud, ,il ne commencerait pas par
priver les troupes expéditionnaires des
points d'appui qu'elles pourraient y trou
ver.
On parle plus que jamais, du reste, de
réunir en convention générale des repré
sentai du Nord et du Sud en vue de con
cilier les intérêts opposés. Ce qu'il y aura
de plus difficile à amortir, ce sera les am
bitions, les compétitions de pouvoir, et la
poursuite des emplois à toutes places dont
les Etats Unis, pour être une république,
ne sont pas exempts, bien au contraire.
Les nouveaux renseignemens que nous
fournif la télégraphie au'sujet de la tragé
die ; de Varsovie sont des plus pénibles.La
foule, persistant dans son attitude passive,
aurait, refusé de se disperser. Elle comp
tait, sans doute, sur le sentiment d'humani
té qui arrête le bras d'un homme arm é quand
il ne rencontre pas de. défense. Mais elle
n'avait pas réfléchi aux lois de là discipli
ne qui imposent silence à ce sentiment.
* / PAUL'.* MEIUIU 4.U.
touxi 01 CLOTUU.
—Fin du mois.
41/2 au comçt.
—Fin du mois.
DE LA BQURSE.
le 9.
le, 10 HAUSSE.
BAISSE
67.50
67 65 » 15
9
' »'
67 55
67 "60 » 05
' *
95.20-
93.50 * 30,
S
.»
95.25
95 25 > »
»
Ê
TELEGRAPHIE PRIVEE.
v Londres, 9 avril.
Dans la séance de la Chambre des Lords, le
comte- Ellenborough dit que la réponse donnée
par lerd ;Wodehousç à son interpellation sur
le Holstein a causé,un malentendu. Cette ré
ponse a fait penser què le Danemarck soumet
trait son budget entier aux Etats du Holstein.
Lord Wodenouse répond qu'il est bien aise
défaire cesser ce malentendu. La proposition,
danoise était que les Etats auraient lë privilè
ge dis voter le budget, quant à leur portion
de dépenses. La première proposition du Da
nemarck était que le Holstein commencerait
à Exercer ce droit après l'expiration de la pé
riode'financière de 1862; mais il consentit
après à accorder ce droit pour le budget de
l'année précédente. 1
Londres, 10 avril.
Shançliaï, 21 février.— Aucune nouvelle de
Tien-Tsim Sankolinsin aété battu par les in
surgés. Les affaires reprennent lentement.
Japon, 28. — Le commerce est interrompu.
Java', 2. — Dommages immenses et morts
par suite d'inondations. Détresse incroyable.'
Saïgon. — Les Français et les Espagnols ont
pris cinq foits; Le colonel Tésard est mort.
Nouvelle-Zélande, U. — Les indigènes ont
été battus dans "deux rencontres.
Londres, 10 avril.
Les consolidés sont restés de 92 à 92 1/8 pour
compte de mai. -
Le City-of{Washington a emporté 14,400 livres
sterling. -
- * Vienne, le 10 avril. "
La Gazette de Vienne publie ce matin une pa
tente concernant les protestans des provinces
slaves et allemandes. Cet acte reconnaît aux
protestaus. le droit de régler, 'd'administrer
et de diriger leurs affaires ecclésiastiques
d'une manière tout à fait indépendante.
Il leur garantit la liberté la plus complète des
confessions. Toutes les anciennes restrictions
so.nt supprimées. La représentation et l'admi
nistration des églhes offre quatre degrés : les
paroisses, les seniorats, les superintendan-
ces et le conseil ecclésiastique supérieur avec .
le synode général. L'empereur nomme "les
memhres du conseil ecclésiastique supérieur.
Dans les questions de mariaae, ce sera le Code
civil qui fera loi. Une division dés affaires pro
testantes est créée dans le ministère des cultes.
Vienne, le 10 avril 1861.
Hier, il y a eu une grande émotion à Cra-
covie au sujet des événemens de Varsovie.
Varsovie, 9 avril.
-Des rassembTemens populaires ont eu lieiu
hier. La troupe .a fait usage de ses armes. Il y
a eu beaucoup de morts et de blessés. Aujour
d'hui la ville est occupée militairement. r> ;
Cracovie, 10avril, 9 h.S m. matin.
Lundi soir, à cinq heures, a eu lieûà Varsovie
une grande démonstration populaire devantlo
château du prince-lleutènant, pour demander
le retrait du décret qui supprime là Société
Agricole. Le peuple était, sans armes , trois
charges de-cavalerie n 'oDt pas pu le faire re
culer. L'infanterie a tiré à plusieurs reprises.
Plus'de 100 tués et blessés. , -
* ta joUrnée dliier a été tranquille*." Jusqu'à'
présent, l'état de siège n'a pas été proclamé.
Le marquis Wielopolski est appelé à la di
rection de la justice, en sus des cultes et de
l'instruction.
Bfeslau. 9 avril.
C'est à tort qu'on a attribué a un ukase im
périal la dissolution de la Société Agiicole.
Cette dissolution a été prononcée par un arrê
té du conseil d'administration du royaume que
publient les journaux de Varsovie.
Saint-Pétersbourg, 10 avril.
On lit dans le Journal de Varsovie , du 8 :
« Une foulé nombreuse qui s'était portée •
devant le château, a été dispersée par la force.
Le conflit s'est renouvelé à plusieurs repri
ses. Dix personnes ont été tuées, dix autres
ont été blessées et quarante-cinq ont-été arrê
tées. Cinq soldats ont été tués. »
Turin, 9 avril.
Au sénat, M. Vacca adresse des interpella
tions au comte.de Cavour relativement à Ro
me. Il y a, dit M. Vacea, deux partis extrêmes :
les ultramontains et les libéraux exagérés,
qui empêchent la solution. Il propose une so
lution : c'est de revendiquer Rome pour les
Italiens et de rendre à l'Eglise l'indépendance
et la liberté moyennant l'abolition totale du
pouvoir temporel. Relativement à Naples,- M.
Vacca constate que, pour pacifier les- provin
ces napolitaines, il faut 'éteindre le foyer de
la conspiration qui est à Reme.
Répondant à AT. Vacca, le comte de Cavour
déclare que/ dans la question romaine, le gou
vernement ne peut employer que "des moyens r-
moraux ; le gouvernement né peut pas agir
contre Rome en conquérant. M. de Cavour
convient que-la question romaine se lie à la
question napolitaine et que. la solution de la
première amène celle de la seconde. 11 con
vient qu'il est nécessaire pour la tranquillité
des provinces"du Midi, que l'antagonisme en
tre l'Eglise et l'Etat cesse le plus tôt possi
ble. Le gouvernement emploiera des moygns
énergiques pour réprimer les 'désordres" à
Naples; cependant le comtode Cavour avoue
que le moyen le plus efficace serait la so-'
lution de • la : question romaine. Il' ajou
te que le? espérances exprimées à ce sujet
dans l'autre Chambre n'ont pas diminué. Lts
principes émis sur l'abolition du pouvoir tem
porel et la séparation de l'Eglise et de l'Etat
ont été accueillis favorablement partout ; mais
il a la persuasion que . la sqciété. catholique
n'est point encore arrivée au point nécessaire
pour que l'on puisse obtenir la solution dési
rée.-.
Le comte de Cavour parle assez longuement
des efforts de pl usieurs champions de la liber
té de l'Eglise, tels que Lamennais, le P. La-
cordaire^.. M, de. Montalembert. Il démontre
que les idées de liberté se sont introduites aussi
dans là liberté! catholique; cela fait espérer
que l'Eglise sera un jour persuadée que la sé
paration des deux pouvoirs est'favorable à
son indépendance et à sa ,liberté. U prouve
que lés Italiens sont" libéraux et catholiques;
autant que les Français'et les Belges ; il cite
Manzoni, Gioberti, Rosminii 11 dit que, si le
Sénat voté en conformité des idées cTU minis
tère sur cette question, ce vote aura une in
fluence très favorable à la solution du pro
blème-. • ' - • ■■■■■■■• ■ ■
M. Matteucci propose l'ordre du jcrnr suivant,
qui est adopté presqu'à l'unanimité :
« Le Sénat, ayant confiance que les uécla-
» rations du gouvernement du roi sur la
» pleine et loyale application du principe- de
» la liberté -religieuse assureront à la France
» et au monde catholique entier que l'union
» à l'Italie de Rome, sa capitale naturelle;
» doit s'accomplir, tout en garantissant la.
» grandeur et l'indépendance"de l'Eglise et de
» son chef, passe à l'ordre du jour. »
M. Musio, sénateur sarde, interpelle M. de
Cavour sur les bruits de cession de l'Ile de
Sardaignë à la France.
M. de Cavour est étonné que ces bruits aient
y leoura et les dément formellement;
' , ' Turin, 10 avril. '.
Dans la Chambre des députés, M. Brofferio
interpelle le gouvernement relativement aux
perquisitions faites àGênes au comité garibal
dien. M. Minghetti prouve la légalité des per
quisitions motivées par des indices d'enrôle-
mens illicites que le gouvernement veiit ab
solument prévenir," empêcher. M. Broffério
propose un ordre du jour qui est repoussé
après une loDgue discussion à laquelle pren
nent part MM. MacchijMari et d'autres députés.
Relativement aux armemens, M. Cavour dé
clare que le ministère accepte la discussion,
mais qu'il désire qu'elle soit provoquée régu 1
lièrement et d'une manière large et complète.
M. Ricasoli propose d'interpeller le gouverne
ment sur ses intentions relativement à l'ar
mée méridionale et à son chef. Ces interpella
tions auront lieu lundi prochain. On croit que
Garibaldi assistera; à ,1a séance et donnera des
explications relativement au discours qu'on
lui attribue dans le journal l'Italie.
La santé du Pape n'est pas satisfaisante.
Naples, 9 avril.
Les dernières tentatiyes réactionnaires sont
l'objet d'une enquête s^jtère. De semblables
tentatives out eu lieu dans plusieurs provin
ces, mais elles ont été aisément réprimées, les
populations n'y ayant pas participé. 900 fusils
ont été saisis et 43 individus ont été arrêtés
devant la station de Çaserte.
A Castiglione, les insurgés ont commis tou
te espèce d'atrocités. Le bruit court que l'on a
envoyé des colonnes mobiles pour désarmer le
pays. „< ■ ■ •
. Plusieurs individus arrêtésportaient sur eux
• $&$&pi'ers~ importanè. Les conspirateurs, di
visés en bandes, avaient des chefs et recevaient
une solde.
La garde nationale napolitaine a été, dans
cette circonstance, l'objet des éloges du gou
vernement.
Les populations sont indignées, mais tran
quilles.
A Naples, il y a eu une petite manifestation
en faveur de Murât, mais le résultat a été le
ridicule. «
Barcelone, 9 avril.
Epouvantable incendie. —Le,fameux théâtre du
Lycée, de Barcelone, le plus grand des théâ
tres de l'Europe, après la Scala de Milan, est
entièrement consumé. Plusieurs maisons at
tenantes sont actuellement la proie des flam
mes. A demain les détails.
Barcelone, le ltt avril 1861.
L'ineendie a duré toute la nuit. Le théâtre,
le'lycée sont détruits, mais les maisons atte
nantes ont été sauvées. On n'a eu à déplorer
aucun accident. La perte est évaluée a trois
millions.
Madrid, le 9 avril 1861.
Le sénateur marquis Ogavan interpelle le
gouvernement sur les moyens qu'il pense de
voir adopter pour réprimer la traite des nè
gres. Le gouvernement répond qu'il accomplit
rigoureusement le traité avec l'Angleterre^ et
qu'il adoptera de nouvelles mesures répres
sives. ■ ■ - .'■■ • ■>'- ■' ■ V' ' ■ • , V
Dans le Portugal, il y a de l'agitation élec
torale^ . [HavasrBullier.)
Correspondance particulière du Constitutionnel.
Turin, 8 avril.
Depuis deux joues, de grandes nou
velles nous arrivent de Naples. Il s'agirait'
.de complots et de conspirations légitimis
tes organisées sur une vaste échelle et
dans lesquelles tremperaient, non-seule
ment d'anciens courtisans dé François U,
mais aussi dé nombreux membres du
clergé, et les restes de l'arméé bourbor
nienne. Jusqu'à, présent on manque de dé
tails et l'on sait seulement que des- arres
tations nombreuses ont eu lieu et que;
parmi les arrêtés, il y a plusieurs curés
de la ville même de Naples, et le duc de
Cajanello, le même . qui avait été envoyé
l'été dernier à Paris, pour faire des condo
léances et dès excuses à propos dé l'atten
tat commis contre: le baron Brenier;'
Jusqu ? à -présent on ne voit pas quelle
valeur l'on peut accorder à ces alarmantes
nouvelles. Le caractère napolitiin est.por-
té ; naturèlleménf à l'exagération, et les
gens qui entourent le prince' "de Carignan
etM. Nigra ne sont pas entièrement exempts
de ce défaut. Plusieurs faits plus ou mains
récens nous en ont foumi la preuve. Aus
si le gouvernement a-t il accueilli avec la
plus grande réserve les graves nouvelles
de conspiration qu'on^ui ,envoie du Midi,
etll serait à dé'SiréV q ! ue lé public ' les ac
cueillit'avec la même mesure.
Cependant le gouvernement'a pensé
d'envoyer à Naples. le- comte de Castella-
monte, secrétaire général du ministère de
la justice. La mission dé M. Castellamonte
est d'aider M. Mancini dans la réorganisa
tion de l'administration j udiciaire de Na-
plés, et én même temps de rendre coitnp-
té au gouvern'éiiient central du véritable
état de cette ville et." des provinces 'qui
l'environnent. Le gouvernement ne peut
pas absolument compter sur les rapports
qu'il reçoit par les Napolitains. Le même
jour, deux hommes également éminens,
partis de Naples à la même heure, arrivent
ici avec tes impressions les'plus contradic
toires: L'un «ssiws quo le prince dé Gar-ir
gnan est impopulaire au dernier degré, et
M, Nigra incapable ; l'autre parle avec trans
port de la popularité dont jouit S, A. R.,
et avec admiration des t'alens et de la sym
pathie qu'inspire à tout le monde M. Nigra !
Ces faits, quelque étrangés qu'ils puissent
paraître, n'en sont pas moins historiques,
et cé qu'il y a de nlus extraordinaire c'est
qu'ils se renouvellent tous les jours.
M. de Castellamonte, plus froid et-plus
calme, et qui a longtemps appartenu au
corps judiciaire, pourra se rendre compte
par lui-même de la véritable situation de
Naples et adresser au gouvernement un
rapport fidèle, auquel on pourra ajouter
une confiance sans bornes. •
M. de Castellamonte partira avant la fin
de la semaine courante.
Nous connaissons le résultat de quel
ques élections supplémentaires.
Comme je vous le faisais pressentir hier,
il y a un peu de réaction contre l'esprit
qui a dominé dans les élections générales.
Ainsi l'on compte à peu près autant d'é
lections ministérielles que de celles de
l'opposition, du moins parmi,les résultats
connus jusqu'ici: M." Guerrazzi n'est pas
nommé encore, mais il a sur son concur
rent l'avantage de 150 voix; M. Avesani.
également. M. de Boni, mazzinien et ré
dacteur en chef du journal le Popote d'I-
tàlia h Naples, a été nommé dans je ne sais
quel collège du Midi.
A Naples, on a aussi nommé M. An-
gui ssola ? ce commandant de. corvette gui
a passé a Garibaldi avec son navire quel
ques jours avant le débarquement à Reg-
gio. M. Rusconi, ancien ministre des affai
res étrangères à Rome, au temps du trium
virat de Mazzini, est en ballotage à Imola
et il a beaucoup plus de voix que son con
current. M. Liborio Romano, dont on a
tant de fois annoncé 6t démenti l'arrivée
à Turin, se trouve définitivement dans no
tre ville; je'l'ai vu de mes yeux.
Garibaidi va mieux, tout en gardant
toujours le lit, U continue à recevoir
des visites nombreuses; mais son entoura
ge de prédilection est toujours formé par
Bertani, Crispi et les'autres mauvais con
seillers qui lé.poussent à la discorde et aux
partis extrêmes. On m'assure qu'il a re
noncé à l'idée de faire des interpellations
et qu'il va, au contraire, soumettre à la
Chambre un projet de loi dans le but de
réorganiser son armée et de prendre des
mesures d'armement impossibles*.
Le nombre des volontaires qui viennent
se grouper autour de leur ancien général
augmente tous les jours.
• ; - Pour extrait : x. boniface.
Steuvèlles. de . ft'ËIxâérftesscv
SUISSE.
berne, 8 avril.—Voici le texte de Icunotifica-
tion faite au conseil fédéral par le gouverne
ment sarde, pour la constitution du royaume
d'Italie ^ -
« Le parlement Dational a rendu une lo 1 , sanc
tionnée aussi çar S. m;- le- roi - de Sardaignë, en
vettu de laquelle: Vlctor-JSmniAnuel. U . prend pour
lui et ses successeurs le litre do roi d'Italie. Par là
est consacré' solennellement et suivant les formes
constitutionnelles, le nouvel ordre de choses qui
va être reconnu maintenant-comme.tel par l'Eu
rope. ; , .
» Jouissant des'sympathies des peuples les plus
éclairés, l'Italie prend rang désormais parmi les
puissances, avec la conflauce qu'elle formera un -
élément d'ordre et de sûreté générale de plus.
Le soussigné, envoyé extraordinaire et ministre
plénipotentiaire do S. M.,' en s'acquittant au nom
de son gouvernement de l'agréable devoir de noti
fier cet important événemerit à S. Eic. le président
du conseil; fédéral, M. Knusel, est heureux de pou
voir exprimer la conflance que les mômes Sons
sentimens régnent au sein du conseil fédéral, que
dans-le-gouvernement du roi. /
» C'est ce,que-lui garantissent, aussi, outre les
nombreux intérêts communs qui lient les deux
pays'dans le présent et pour 1 avenir, les senti
mens généreux du peuple suisse, quHient si ferme
au principe de l'indépendance, ce principe sur le
quel se fonde légalement le gouvernement du roi.
.» Le soiissigne profite de cette occasion, etc. »
Le conseil fédéral a répondu par la note sui
vante adressée au ministre extraordinaire dp
la confédération helvétique à Turin :
«.Par une jiote du 23.de cemois, M. le comman
deur Jocteau notifia que le parlement national a
rendu un* loi fanctionnée aussi par S. M. le roi
de Sardaignë, ea vertu de laquelle-Victor Emma
nuel U prend pour lui et ses successeurs le, titre
« de roi d'Italie. » En vous envoyant ci-jointê copie
de cette note, nous vous chargeons; de-remercier
pour nous le gouvernement du roi Victor-Emma- -
nuel de cette bienveillante communication, et d'ex
primer en méqie temps notre satisfaction des senti
mens amicaux que le gouvernement de S. M. ama-
nifestés àcette occasion à l'égard-de-la Suisse. Cel
le-ci ne manquera pas, de A son côté, de contribuer
avec loyauté a tout ce. qui pourra maintenir les
anciennes bonnes relations des deux pays voisins
et à les ail'ermir de plus-en plus.
» Agréez, etc. » ( Bund.)
ESPAGNE.
; Madrid, 6 avril.—Nous considérons comme
controuvees toutes les nouvelles portant que
l'Espagne aurait décoré- François II, en raison
de sa jwble conduite, jejadan^ie siège de Gaë- ,
te., de la croix de ïauriers de San-Fernando.
l 'Espagne, restée neutre dans toutes les .luttes ■
de l'Italie, ne pouvait, quelles que. fussent se» -■
sympathies pour une grande- infortune, ac
complir un acte de cette nature. • " [Epoca.) -
■ — L'époque de cl&ture de la session n'est k
pas encore flKée. On a parlé de la seconde
quinzaine d'avril ; mais le gouvernement tient, •
à ce qu'il paraît, à ne rien décider avant, le >.
vote dé la loi sur la presse, en ce moment ,
soumise à l'examen du congrès. Or, ce projet
devra donner lieu à des débats prolongés. j
Le cdnfiit avec le Mexique est toujours le
sujet de sérieuses préoccupations. On attend
avec impatience les éclaircissemens qui doi
vent être donnés aux cortès; on attend sur
tout les explications de M. Pacheco, dans le
sein du sénat: S'il faut du reste s en rapporter
à des bruits fort accrédités, et qui ont produit :
le meilleur effet, l'entente existerait entre la
France etTEspagne sur cette , question-mexi
caine. Les journaux dé .Cadix annoncent, de
leur côté, que l'ex-présidcut., Miramon. est at-
tendu dans cette ville, où il 5.ur a tt résolu de
fixer sa résidence. [Correspondancâp art1 ' ca '' iere -)
ANGLETERBE.
chambre des lords. — Séance du 9 avril.
Le comte d'Elleubornugh ii adressé .il y .a
trois semaines au ministère une question re- r
lative au Holstein. LordWodehousea donné une
réponse parfaitement satisfaisante - , mais.une -,
pirtic de cette réponse a été mal comprise .
par-plusieurs personnes.- . ; . ;
: Le noble lord a' dit que le gouvernement du
Danemarck sur l'avis du gouvernement de ce
pays et d'autres, avait fait des concessions et
s'était décidé à soumettre tout le budget aux
Chambres du Holstein. L'orateur pense que le
poblé lord a voulu parler du budget relatif au
Holstein, mais qu'il a été mal compris.
Lord Wodehouse est heureux de saisir cette
occasion d'expliquer la partie de son discours
qui a donné lieu à un malentendu. Lorsqu'il
a dit que le budget serait soumis au Holstein,
il a voulu parler de la portion du budget que
doit supporter lé Holstein. Comme dans tout
son discours il avait parlé de cette portion,
il l'a désignée brièvement sous T le nom de
budget, mais il n'a en aucune façon voulu par
ler de tout le budget du Danemarck. Il regret
te que ses paroles aient été mal comprises, il *
ne pense pas cependant avoir commis l'erreur
qui lui est reprochée.
Le comte Ellenborough insiste sur la nécessité
impérieuse de maintenir l'indépendance et
l'intégrité du Holstein pour la sauvegarde de
la paix de l'Europe. _ (Su ri.)
- ALLEMAGNE.
berlin, 8 avril. — Des journaux de Vienne
mettent en avaht un nouveau projet de réfor
me fédérale. La Confédération garantirait, les
possessions non fédérales de la Prusse et de
l'Autriche, Sicile croyait ces. possessions utiles
à sa propre sécurité. On créerait une mari
ne fédérale dont le commandement alterne
rait entre la Prusse et l'Autriche. La Prusse et
les petits Etats allemands foimeraient une ar
mée commune et auraient une représentation
diplomatique commune. La Confédération
n'aurait pas à se mêler des affaires intérieures
des divers Etats. On constituerait un tribunal
fédéral dont l°s membres seraientnommés moi
tié par les gouvernemens, moitié parla popu
lation, et qui aurait à juger les contestations
des Etats fédéraux entre eux. Enfin, dans cer
taines circonstances, on'adjoindrait à la diè
te-une commission 1 nommée par les parle-
mens des divers Etats. Ce projet certainement
n'est.pas parfait, et il -y aurait-bien des objoc- .
tions à y faire. Mais la* Gaictte.du: Danube elle- .
même en a parlé, et le gouvernement ne pa
rait pas être étranger à ces propositions. Cela
prouve qu'un nouvel esprit anime .l'Autriche
et qu'on est prêt à y prendre l'initiative en '
toutes choses, tandis que chez nous on ne sait
que se tenir sur la réserve, pour conserver
toujours la liberté de ses actions. (Bavas.)
— La nouvelle que le comte de Reicliberg ■
aurait présenté» ici une note, par laquelle le
cabinet de Vienne fajt des propositions for-
melles pour s'entendre au sujet de la recon
naissance du nouveau royaume d'Italie, doit
être rectifiée, en tant que la note autrichienne .
n'est pas entièrement nouvelle et qu'elle ne
renferme point une invitation au.cabinet prus
sien. Pour le moment, du reste, la question -x
été écartée, par suite de la déclaration donnée
par la Sardaignë, qu'elle n'insistait point sur
la reconnaissance au royaume d'Italie.
•: (Gazette du Veser.)
Francfort , 7 avril. — Le :omité militaire,
formé;-comme: on sait, d'officiers supérieurs
des divers Etats, allemands, ainsi que la com
mission- -institué? dans la diète, rivalisent
d'activité dans toutes l-es branches qui se rat
tachent à la défense du territoire de la Confé
dération. Quoique les protocoles des dernières
séances diétales n'aient point- encore été offi
ciellement publiés > on assure que la haute
assemblée a voté- récemment - une, somme de
I million de florins ( plus de 2 millions de
de francs), pour l'achat ,de . canons ; rayés qui
vont être employés à renouveler l'armement
des. forteresses fe"dérales. U est probable que
Ci!s nouvelles bouches à feu seront tirée6 des
arsenaux prussiens, leur supériorité ayant v
été constatée à tçl point que la plupart des
Etats fédéraux ont cru devoir en adopter le
modèle, pour leur artillerie. (Id.<).
On assure qheie Hanovte a fait à la-diète
la proposition que 1« 10 e corps d'armée, outre
Feuilleton du Gonstitutiomel, 11 avril.
I .\ AMOI'R EN LAPOXIE
XIV.
Elphège et Norra, que sans doute le lec
teur a déjà dévinés; ne comprirent rien tout
d'abord à la course éperdue dé Snalla.
C'était bien l'animal le plus calme, le plus
doujc et le plus complètement privé qui
fût était parti h. la suite de Norra (et, pour la
rejoindre, il avait ti-ompé la surveillance
de ses gardiens êtfraricbii'en clos do camp),
il ne s'était jamais éloigné d'elle de plus de
quinze ou vingt pas, restant ainsi toujours
à "portée de l'œil, de - la voix, ot presque de
la'main de sa jeune maltresse. A chaque
halte,.il venait recevoir d'elle sa part de
mbusôe, d'herbe et de lichen. Ni la petite
Laponne, ni son compagnon ne-purent
donc'rien comprendre à cet accès de* ver
tige, qui venait de s'emparer de 1 animal,
et qui le poussait ainsi dans lesJhasards
d'une course folle; ils craignirent, un mo-
ment qu'il ne voulût gagner les bois, com
ice font parfois les rennes apprivoisés, qui
se permettent de temps en temps une petite
débauche de liberté. Elle arrêta, non sans
peine, au milieu de leur plus fougueux
élan, les quatre vigoureux animaux qu'elle
conduisait ; elle tira alors de sa poitrine
un petit sifflet d'argent; et fit entendre à
deux ou trois reprises un sifflement pro
longé', strident/modulé d'une certaine fa
çon et que Snalla reconnut aussitôt, car il
releva la tête; un peu à la façon du chien
que son maître rappelle, et qui, Voyant un
ami de celui-ci s'en séparer, va dé l'un à
l'autre, ne sachant ni .léquel suivre, ni 16;
quel abandonner. Le pauvre Snalla tour
nait le museau, tantôt d'iin côté, tantôt de
l'autre,^regardant tour à tour et Henrick
et Norr* se demandant sans doute, dans
sa modeste intelligence de bête, comment
il se faisait ' que cetix qu'il avait vùs jadis
ensemble se trouvassent si tristement dé
sunis. Enfin, comme s'il se fût dit qu'il
avait été depuis quelque temps assez sou
vent avec la jeune'fille, tandis que Hen
rick paraissait presque abandonné, il lais
sa sa maîtresse tirer à plusieurs reprises
des sons sur-aigus de son petit instru
ment, et il resta aux pieds du jeurte
homme. ' ; , '
— Que faire? demandait Norrâ à son
compagnon; le voilà qui reste sur la li-,
sière du bois, car il n'y est pas entré, j'i
magine. ;
Non, je le vois coucbé sur la neige,
aux pieas de deux -personnes. Ce sont
peut-etre d,es bergers qui lui ont passé le
lazzo. ' • "
— Oh 1 il n'y a pas un voieiir dans
toute la Norvège.
— Alors, ^ue fait mon renne?
— Allons a lui, nous verrons bien.
Norra, extrêmement timide quand elle
n'était pas,^ comme on ditj sur son ter
rain , n'osâit guère prendre cet 'auda
cieux parti; Elphège, cependant, l'y déci
da, en lui montrant que c'était le seul.
moyen de ne pas perdré son favori. Elle
obliqua donc à gauche en tirant sur les
eordes passées aux cornes de ce côté.'Les
rennes s'inclinèrent, imprimant au - traî
neau une nouvelle direction dans laquelle
ils se lancèrent bientôt avec la même im
pétuosité. Quànd elle fut à cinquante pas
du groupe formé par Snalla, Edwina et
Henrick, — qui'en ce moment tournait le
dos aux nouveaux arrivahs, comme «'il
eût voulu éviter'leurs regards, — Snalla
laissa échapper un petit brâmement plain
tif.'- '
Henrick fit un demi-tour, et se trouva
presque face Vface avec les gens du traî
neau, qui s'était encore avancé quelque
peu. ■ '■ " - ■ : • '
Le clair regard de Norra tomba sur le
visage du Suédois, qu'elle reconnut aus
sitôt. ---
— Ciel! murmura-t-elle en fermant les
yeux, qui l'eût dit? Henrick, Henrick ici !
Et moi qui viens àlui...que va-t-il penser?:..
Partons ! ajouta-t-elle en' se tournant vers
la place, où tout à l'heure encore se trou-
vaii Elphège : oh ! de grâcri, partons!
Mais Elphège n'était plus à ses côtés ; il
avait bonai par-dessus l'appui assez bas
du traîneau, et il était déjà au-«ou de Hen
rick, et l'embrassait sur les deux joues,
après toutefois avoir galamment baisé la
main d'Edwina.
— Tù sais, lui dit-il à l'oreille, que c'est
Norra qui est dans ce traîneau?
— Hélas!
Il n'y avait pas à reculer; il s'avança
vers .elle, en disant à son ami : - - • -.
—^ Occupe-toi d'Edwina, et laisse-moi
faire ; lié dis rien maintenant; tu m'expli
queras tout plus tard.'
Il s'avança vers la jeune fille et lui ten
dit la main.
JVo'rra toucha cette ; main légèrement, et
bégaya (Quelques mots inintelligibles ; mais
sa pâleur, le tremblément dé ses membres
et le trouble de toute sa personne disaient
assez ce qu'elle souffrait et ce qui devait
se passer en elle. ■ - .
— Ne crains rien, pauvre enfant ! lui dit
Henrick, de sa voix la plus allectueuse et
la pliis tendre ; tu es chez des amis, dont
tu n'as rien à redouter.
— Ce n'est pas des autres que j'ai peur,
répondit fièrement la fille du ■ patriarche
des Rilps.
— Alors, n'aie peur .de personne, ni de
rien, .fit le jeune homme en accompagnant
sa phrase d'un de cesregards soijj lesquels
Norra autrefois rougissait avec tant de
bonheur. * ' 1 "
Puté, sans lui donner le temps de ré
pondre, il la -prit dans ses bras, et tout
enveloppée qu'elle était dans ses fourru
res, avec les mains emmaillotées dans une
1 paire de gants, qui, au lieu de se bouton
ner' au poignet, se rattachaient derrière
les épaules, enferhiant ainsi le bras tout
entier, il l'enleva :du traîneau, et quoi
qu'elle se défendît et répétât avec une cer
taine énergie : — Nonj non ; je ne veux
pas; laisse-moi, je t'en prie, laisse-moi !
il la porta eornme il eût fait d'un enfant,
et la déposa avec toute les précautions
imaginables aux pieds d'Edwina.
Les deux' femmes se regardèrent et se
jugèrent du premier coup-d'ceil.
Ëdwina,belle et superbe, dernier rejeton
d'une excellente'famille, riche depuis deux
ou trois «iècles, et en- qui se résumaient,
potir ainsi dire, les plus exquises qualités
de huit ou dix'générations ayant toujours
vécu dans l'abondance de la vie facile, Edwi
na a vaU j e ne sais quoi d'aristocratique dan s
la beauté, dont la petite Laponne se sen
tit comme éblouie. La Suédoise, de son
côté, comprit bieny malgré les excentrici
tés au costume de la jeune Laponnej tout
ce qu'il y avait de vifj de piquant, d'intel
ligent et de naïvement gracieux dans sa
petite personne.
— Ma chère Edwina 1 , dit Henrick en
prenant l'étrangère, toute tremblante, par
la main, je te présente l'aimable et bonne
Norra : son grand-père est le chef de la
tribu chez laquelle j'ai passé toute la
saison dernière. Norra est aussi aimable
qu'elle est jolie; elle aété pour moi com
me' pour Elphège d'une obligeance par-»
faite ; lu me feras plaisir en la traitant
comme une amie.
Edwina, malgré un assez grand usage
du monde , fût tout d'abord un peu sur
prise de-cette présentation à laquelle elle
était loin de s'attendre. Elle se remit ce
pendant sur le champ, et salua Norra
avec une grâce dont la pauvre fille des •
déserts n'avait pas mêmfe le sotpçon.
— Elle parle suédois? dit-elle à demi-
voix en s'adressant à Henrick.
•—Comme toi et moi !
—Mademoiselle, dit-elle alors à Norra,
je vous remercie de tout ce que vous avez
fait pour mes amis; nous tâcherons de
vous en prouver nôtre reconnaissance;
soyez la bien venue parmi nous.
Norra répondit, en balbutiant les pre
miers mots, et avec un trouble dont eijg
ne put se rendre maîtresse, qu'elle .n'avait
fait que son devoir en rendant le séjour
de son hsrrible pays le moins désagréable
qu'elle avait pu à des étrangers, du mérite
d'Elphège (telle le nomma le premier) et de
Henrick, et elle-ajouta, en saluant à 3a
manière, qu'elle en était maintenant bien
récompensée, en voyant qui elle avait
obligé.
— Mais, sais-tu qu'elle est très bien, ta
petite sauvagel murmura la jeune fille en
français, langue qu'elle parlait fort bieh,
comme presque toutes les Suédoises.
—C'est sur-tout la meilleure .créature du
bon Dieu* continua Henrick, et, je t'en
prie, sois-lui indulgente et douce.
Les rennes du traîneau, qu'Elphège
avait peine à contenir, secouaient leur
maigre harnais et grattaient la neige, im-
BUREAUX A PAflk le Valois "(Pala&iSoyal)/ n; 103
Éfa«
JEUDI 11 AVRIL 1861.
trois mois.î:.tr:t;;s 16 fr.
six mois. .7rrr?f.7^r,k. 32 fr.
on àn.'.ïïîrintrntrî 64 fr.
pocb les pats ét*ah6hbs , volt lô tableau
publié les S êt-20de chaque mois.
bnpr. L. BQNIFAGe, gr; des Bons-Enfans, 19.
JOURNAL POLITIQUEj IITTERAIRE, UNIVERSEL.
trois mois .7T.T t,.~î 13 fr. 1
six " mois».26 fr:
UN AN.. .7.77... V?Ï7 . 82 frj
UN numéro 20 centimes;
Las abortaemens «latent des 1*' et H
de chaque mois'.
Le mode -d'abonnement le plus àlmplè est l'envol d'un bon de poste ou d'un effet I
sur Paris, àl'ordre de s'ADicwsTRAïSui du Journal," rue de Valois , n° 10. ' J
Lei lettres ou envoit d'argent bon affranchis sont refusai
Les articles déposés ne sont pas rendus.
1
Les arnohces sont reçues chez M. P anis , régisseur des 6 grands journaux,
lue Notre^Dante-des-Vlctoires,'n* 40 (place de la Bourse).
PARIS, 1Q AVRIL.
Un membre du sénat de Turin, M. Vac
ca, avait annoncé depuis plusieurs jours
l'intention d'adresser au gouvernement
des interpellations sur la question romai
ne. La séance du 9 avril a été consacrée à
ces interpellations, que M. de Cavour avait
accueillies comme une seconde occasion
d'exposer sa politique et d'obtenir l'appui
de l'opinion. ^
Ni M. Vàcca, ni le ministre > n'ont pro
duit de nouveaux argUmens. Le sénateur
a paru n'avoir d'autre but que de donner
la réplique, et M. de Cavour s'est borné à
refaire le thème qu'il avait développé .de
vant les députés. Il s'est attaché à cette
idée que le Pape, dégagé des entraves du
pouvoir temporel, recevrait de l'Italie des
garanties-de liberté spirituelles assez éten
dues pour donner toute sécurité auxtfStats
catholiques. Il a d'ailleurs sagement re
poussé toute idée d'agir en vue de faire
aucune violence moraie, bien entendu,
car il ne peut être question d'une autre,
aux intérêts politiques et religieux qui
ont sauvegardé jusqu'à ce jour la sou
veraineté temporelle du Saint-SIège. C'est
une œuvre, de persuasion et de con
ciliation que le gouvernement de Tu
rin déclare poursuivre. Dans ces limites,
personne ne saurait être blessé que M. de
Cavour exprime si haut l'espoir de réus
sir. C'est une conviction personnelle qui
ne change rien aux faits, et que le premier
ministre du roi Victor-Emmairuel est par
faitement libre d'entreténlr.
M. de Cavour a d'ailleurs le droit de di
re qu'en fait de principes religieux, la na
tion italienne ne le cède à aucune autre.
Elle a , aussi, cet avantage, que la plus
grande partie de son clergé sait unir ces
principes avec un patriotisme très recom-
mandable.
Le Sénat a voté, séance tenante, et à la
presque unanimité, un ordre du jour qui
témoigne de sa confiance dans le gouver
nement et qui 'associe cette assemblée à
la politique que M. de Cavour a annoncé
l'intention de poursuivre pour arriver à
faire de Rome la capitale du royaume d'I
talie. . . *,
• La diminution des recettes de l'Etat sur
les exportations et les embarras qui en ré
sultent pour la formation du budget, con
tinuent à agiter les esprits en Angleterre.
On ne s'y dissimule pas d'ailleurs les au
tres difficultés qui résultent de mésintelli
gences persistantes entre les maîtres et les
ouvriers, et d'un temps d?arrèt qui s'est
produit dans toutes les transactions.
Ces nuages se dissiperont promptemént
dans un pays de ressources comme la
Grande-Bretagne ; mais c'est à la condition
que la pajx. sera maintenue. La paix est •
indispensable à l'Angleterre, non-seule- 1
ment pour réndre' aux finances et à.l'in
dustrie -danB l'étendue des trois royaumes
leur prospérité ordinaire; mais, surtout en
ce moment, le maintien de la paix est ur
gent pour la réalisation d'économies qui
permettront d'établir l'équilibre du bud
get. En effet, c'est seulement sur les dé
penses des armemeris "et des préparatifs
militaires que peuvent être opérées des
réformes efficaces.
Le Times 1 le comprend,"mais il ne se
sent pourtant pas le courage de renoncer
même à l'exagération de ces préparatifs.
c 'est lui qui, le premier, les a conseillés
enpropageant des alarmes ridicules; Et au
jourd'hui'que tout', le nionde en-Angleter
re- .est- pénétré, de la conviction qu'elles
n'ont rien, dê fondé et rien de sériehx, lé
. . ■ : r *■ ■ j
Times persiste à vouloir la continuation
des travaux de construction de navires, de
fortification des côtes et d'approvisionne-
mens. Seulement il a la prétention de con
cilier'l'éco'nbmieayec cet élément toujours
croissant de dépenses. Il reconnaît , que
le sixième de la somme totale portéeau
budget des dépenses est consacré à. la ma
rine anglaise. Plus de i2S millions sont af
fectés aux seuls travaux dés arsenaux et au
Salaire des ouvriers. Aussiinsista-t-il pour
qu'on réduise, .cette .dépense au plus tôtj
mais en-même temps il compte bien qu'on
poursuivra 'ies'aïmeffigriSâvec lâ : 'méme
activité,
Accorde qui pourra ces deux élémens de
la question. Èn attendant, il ne paraît pas
que l'administration songe à contrarier "là
politique du Times. En effet, 17,000 hom
mes sont rappelés de l'Inde pour recevoir
du service en Europe. La flotte de Chine va
fournir un vaisseau pour renforcer, de con
cert avec deux autres, la flotte de la Médi
terranée; celle de l'Océan est maintenue.
La logique de cette conduite nous échap
pe. Dans tous les cas, ce n'est pas en y per
sistant qu'on détournera la crise dont sont
menacés .les intérêts du commerce et de
l'industrie en Angleterre.
Les Etats-Unis, qui sont en partie cause
de ces embarras de nos voisins, paraissent
entrer dans une voie d'arrangement paci
fique. Ce serait trop s'avancer sans doute
que de promettre - le maintien de la paix
entre les deux parties de la république.
Mais on doit aux hommes qui les gouver
nent la j usticede direqu'ite montrent main
tenant de la modération et qu'ils ont, des
deux côtés, le désir d'éviter une effusion
dé sang.- Les forts Sumter et Pickens vont
être évacués» - Cette «mesure est devenue
inévitable, puisque les garnisons ont épui
sé leurs approvisionnemens et que, pour
les ravitailler, il eût fallu commencer la
lutte avec les forces du Sud.
L'abandon de ces forts pourra être con
sidéré comme un triomphe de la politique
pacifique, car si le gouvernement de. Was
hington se proposait d'envoyer des forces
dans le Sud, ,il ne commencerait pas par
priver les troupes expéditionnaires des
points d'appui qu'elles pourraient y trou
ver.
On parle plus que jamais, du reste, de
réunir en convention générale des repré
sentai du Nord et du Sud en vue de con
cilier les intérêts opposés. Ce qu'il y aura
de plus difficile à amortir, ce sera les am
bitions, les compétitions de pouvoir, et la
poursuite des emplois à toutes places dont
les Etats Unis, pour être une république,
ne sont pas exempts, bien au contraire.
Les nouveaux renseignemens que nous
fournif la télégraphie au'sujet de la tragé
die ; de Varsovie sont des plus pénibles.La
foule, persistant dans son attitude passive,
aurait, refusé de se disperser. Elle comp
tait, sans doute, sur le sentiment d'humani
té qui arrête le bras d'un homme arm é quand
il ne rencontre pas de. défense. Mais elle
n'avait pas réfléchi aux lois de là discipli
ne qui imposent silence à ce sentiment.
* / PAUL'.* MEIUIU 4.U.
touxi 01 CLOTUU.
—Fin du mois.
41/2 au comçt.
—Fin du mois.
DE LA BQURSE.
le 9.
le, 10 HAUSSE.
BAISSE
67.50
67 65 » 15
9
' »'
67 55
67 "60 » 05
' *
95.20-
93.50 * 30,
S
.»
95.25
95 25 > »
»
Ê
TELEGRAPHIE PRIVEE.
v Londres, 9 avril.
Dans la séance de la Chambre des Lords, le
comte- Ellenborough dit que la réponse donnée
par lerd ;Wodehousç à son interpellation sur
le Holstein a causé,un malentendu. Cette ré
ponse a fait penser què le Danemarck soumet
trait son budget entier aux Etats du Holstein.
Lord Wodenouse répond qu'il est bien aise
défaire cesser ce malentendu. La proposition,
danoise était que les Etats auraient lë privilè
ge dis voter le budget, quant à leur portion
de dépenses. La première proposition du Da
nemarck était que le Holstein commencerait
à Exercer ce droit après l'expiration de la pé
riode'financière de 1862; mais il consentit
après à accorder ce droit pour le budget de
l'année précédente. 1
Londres, 10 avril.
Shançliaï, 21 février.— Aucune nouvelle de
Tien-Tsim Sankolinsin aété battu par les in
surgés. Les affaires reprennent lentement.
Japon, 28. — Le commerce est interrompu.
Java', 2. — Dommages immenses et morts
par suite d'inondations. Détresse incroyable.'
Saïgon. — Les Français et les Espagnols ont
pris cinq foits; Le colonel Tésard est mort.
Nouvelle-Zélande, U. — Les indigènes ont
été battus dans "deux rencontres.
Londres, 10 avril.
Les consolidés sont restés de 92 à 92 1/8 pour
compte de mai. -
Le City-of{Washington a emporté 14,400 livres
sterling. -
- * Vienne, le 10 avril. "
La Gazette de Vienne publie ce matin une pa
tente concernant les protestans des provinces
slaves et allemandes. Cet acte reconnaît aux
protestaus. le droit de régler, 'd'administrer
et de diriger leurs affaires ecclésiastiques
d'une manière tout à fait indépendante.
Il leur garantit la liberté la plus complète des
confessions. Toutes les anciennes restrictions
so.nt supprimées. La représentation et l'admi
nistration des églhes offre quatre degrés : les
paroisses, les seniorats, les superintendan-
ces et le conseil ecclésiastique supérieur avec .
le synode général. L'empereur nomme "les
memhres du conseil ecclésiastique supérieur.
Dans les questions de mariaae, ce sera le Code
civil qui fera loi. Une division dés affaires pro
testantes est créée dans le ministère des cultes.
Vienne, le 10 avril 1861.
Hier, il y a eu une grande émotion à Cra-
covie au sujet des événemens de Varsovie.
Varsovie, 9 avril.
-Des rassembTemens populaires ont eu lieiu
hier. La troupe .a fait usage de ses armes. Il y
a eu beaucoup de morts et de blessés. Aujour
d'hui la ville est occupée militairement. r> ;
Cracovie, 10avril, 9 h.S m. matin.
Lundi soir, à cinq heures, a eu lieûà Varsovie
une grande démonstration populaire devantlo
château du prince-lleutènant, pour demander
le retrait du décret qui supprime là Société
Agricole. Le peuple était, sans armes , trois
charges de-cavalerie n 'oDt pas pu le faire re
culer. L'infanterie a tiré à plusieurs reprises.
Plus'de 100 tués et blessés. , -
* ta joUrnée dliier a été tranquille*." Jusqu'à'
présent, l'état de siège n'a pas été proclamé.
Le marquis Wielopolski est appelé à la di
rection de la justice, en sus des cultes et de
l'instruction.
Bfeslau. 9 avril.
C'est à tort qu'on a attribué a un ukase im
périal la dissolution de la Société Agiicole.
Cette dissolution a été prononcée par un arrê
té du conseil d'administration du royaume que
publient les journaux de Varsovie.
Saint-Pétersbourg, 10 avril.
On lit dans le Journal de Varsovie , du 8 :
« Une foulé nombreuse qui s'était portée •
devant le château, a été dispersée par la force.
Le conflit s'est renouvelé à plusieurs repri
ses. Dix personnes ont été tuées, dix autres
ont été blessées et quarante-cinq ont-été arrê
tées. Cinq soldats ont été tués. »
Turin, 9 avril.
Au sénat, M. Vacca adresse des interpella
tions au comte.de Cavour relativement à Ro
me. Il y a, dit M. Vacea, deux partis extrêmes :
les ultramontains et les libéraux exagérés,
qui empêchent la solution. Il propose une so
lution : c'est de revendiquer Rome pour les
Italiens et de rendre à l'Eglise l'indépendance
et la liberté moyennant l'abolition totale du
pouvoir temporel. Relativement à Naples,- M.
Vacca constate que, pour pacifier les- provin
ces napolitaines, il faut 'éteindre le foyer de
la conspiration qui est à Reme.
Répondant à AT. Vacca, le comte de Cavour
déclare que/ dans la question romaine, le gou
vernement ne peut employer que "des moyens r-
moraux ; le gouvernement né peut pas agir
contre Rome en conquérant. M. de Cavour
convient que-la question romaine se lie à la
question napolitaine et que. la solution de la
première amène celle de la seconde. 11 con
vient qu'il est nécessaire pour la tranquillité
des provinces"du Midi, que l'antagonisme en
tre l'Eglise et l'Etat cesse le plus tôt possi
ble. Le gouvernement emploiera des moygns
énergiques pour réprimer les 'désordres" à
Naples; cependant le comtode Cavour avoue
que le moyen le plus efficace serait la so-'
lution de • la : question romaine. Il' ajou
te que le? espérances exprimées à ce sujet
dans l'autre Chambre n'ont pas diminué. Lts
principes émis sur l'abolition du pouvoir tem
porel et la séparation de l'Eglise et de l'Etat
ont été accueillis favorablement partout ; mais
il a la persuasion que . la sqciété. catholique
n'est point encore arrivée au point nécessaire
pour que l'on puisse obtenir la solution dési
rée.-.
Le comte de Cavour parle assez longuement
des efforts de pl usieurs champions de la liber
té de l'Eglise, tels que Lamennais, le P. La-
cordaire^.. M, de. Montalembert. Il démontre
que les idées de liberté se sont introduites aussi
dans là liberté! catholique; cela fait espérer
que l'Eglise sera un jour persuadée que la sé
paration des deux pouvoirs est'favorable à
son indépendance et à sa ,liberté. U prouve
que lés Italiens sont" libéraux et catholiques;
autant que les Français'et les Belges ; il cite
Manzoni, Gioberti, Rosminii 11 dit que, si le
Sénat voté en conformité des idées cTU minis
tère sur cette question, ce vote aura une in
fluence très favorable à la solution du pro
blème-. • ' - • ■■■■■■■• ■ ■
M. Matteucci propose l'ordre du jcrnr suivant,
qui est adopté presqu'à l'unanimité :
« Le Sénat, ayant confiance que les uécla-
» rations du gouvernement du roi sur la
» pleine et loyale application du principe- de
» la liberté -religieuse assureront à la France
» et au monde catholique entier que l'union
» à l'Italie de Rome, sa capitale naturelle;
» doit s'accomplir, tout en garantissant la.
» grandeur et l'indépendance"de l'Eglise et de
» son chef, passe à l'ordre du jour. »
M. Musio, sénateur sarde, interpelle M. de
Cavour sur les bruits de cession de l'Ile de
Sardaignë à la France.
M. de Cavour est étonné que ces bruits aient
y leoura et les dément formellement;
' , ' Turin, 10 avril. '.
Dans la Chambre des députés, M. Brofferio
interpelle le gouvernement relativement aux
perquisitions faites àGênes au comité garibal
dien. M. Minghetti prouve la légalité des per
quisitions motivées par des indices d'enrôle-
mens illicites que le gouvernement veiit ab
solument prévenir," empêcher. M. Broffério
propose un ordre du jour qui est repoussé
après une loDgue discussion à laquelle pren
nent part MM. MacchijMari et d'autres députés.
Relativement aux armemens, M. Cavour dé
clare que le ministère accepte la discussion,
mais qu'il désire qu'elle soit provoquée régu 1
lièrement et d'une manière large et complète.
M. Ricasoli propose d'interpeller le gouverne
ment sur ses intentions relativement à l'ar
mée méridionale et à son chef. Ces interpella
tions auront lieu lundi prochain. On croit que
Garibaldi assistera; à ,1a séance et donnera des
explications relativement au discours qu'on
lui attribue dans le journal l'Italie.
La santé du Pape n'est pas satisfaisante.
Naples, 9 avril.
Les dernières tentatiyes réactionnaires sont
l'objet d'une enquête s^jtère. De semblables
tentatives out eu lieu dans plusieurs provin
ces, mais elles ont été aisément réprimées, les
populations n'y ayant pas participé. 900 fusils
ont été saisis et 43 individus ont été arrêtés
devant la station de Çaserte.
A Castiglione, les insurgés ont commis tou
te espèce d'atrocités. Le bruit court que l'on a
envoyé des colonnes mobiles pour désarmer le
pays. „< ■ ■ •
. Plusieurs individus arrêtésportaient sur eux
• $&$&pi'ers~ importanè. Les conspirateurs, di
visés en bandes, avaient des chefs et recevaient
une solde.
La garde nationale napolitaine a été, dans
cette circonstance, l'objet des éloges du gou
vernement.
Les populations sont indignées, mais tran
quilles.
A Naples, il y a eu une petite manifestation
en faveur de Murât, mais le résultat a été le
ridicule. «
Barcelone, 9 avril.
Epouvantable incendie. —Le,fameux théâtre du
Lycée, de Barcelone, le plus grand des théâ
tres de l'Europe, après la Scala de Milan, est
entièrement consumé. Plusieurs maisons at
tenantes sont actuellement la proie des flam
mes. A demain les détails.
Barcelone, le ltt avril 1861.
L'ineendie a duré toute la nuit. Le théâtre,
le'lycée sont détruits, mais les maisons atte
nantes ont été sauvées. On n'a eu à déplorer
aucun accident. La perte est évaluée a trois
millions.
Madrid, le 9 avril 1861.
Le sénateur marquis Ogavan interpelle le
gouvernement sur les moyens qu'il pense de
voir adopter pour réprimer la traite des nè
gres. Le gouvernement répond qu'il accomplit
rigoureusement le traité avec l'Angleterre^ et
qu'il adoptera de nouvelles mesures répres
sives. ■ ■ - .'■■ • ■>'- ■' ■ V' ' ■ • , V
Dans le Portugal, il y a de l'agitation élec
torale^ . [HavasrBullier.)
Correspondance particulière du Constitutionnel.
Turin, 8 avril.
Depuis deux joues, de grandes nou
velles nous arrivent de Naples. Il s'agirait'
.de complots et de conspirations légitimis
tes organisées sur une vaste échelle et
dans lesquelles tremperaient, non-seule
ment d'anciens courtisans dé François U,
mais aussi dé nombreux membres du
clergé, et les restes de l'arméé bourbor
nienne. Jusqu'à, présent on manque de dé
tails et l'on sait seulement que des- arres
tations nombreuses ont eu lieu et que;
parmi les arrêtés, il y a plusieurs curés
de la ville même de Naples, et le duc de
Cajanello, le même . qui avait été envoyé
l'été dernier à Paris, pour faire des condo
léances et dès excuses à propos dé l'atten
tat commis contre: le baron Brenier;'
Jusqu ? à -présent on ne voit pas quelle
valeur l'on peut accorder à ces alarmantes
nouvelles. Le caractère napolitiin est.por-
té ; naturèlleménf à l'exagération, et les
gens qui entourent le prince' "de Carignan
etM. Nigra ne sont pas entièrement exempts
de ce défaut. Plusieurs faits plus ou mains
récens nous en ont foumi la preuve. Aus
si le gouvernement a-t il accueilli avec la
plus grande réserve les graves nouvelles
de conspiration qu'on^ui ,envoie du Midi,
etll serait à dé'SiréV q ! ue lé public ' les ac
cueillit'avec la même mesure.
Cependant le gouvernement'a pensé
d'envoyer à Naples. le- comte de Castella-
monte, secrétaire général du ministère de
la justice. La mission dé M. Castellamonte
est d'aider M. Mancini dans la réorganisa
tion de l'administration j udiciaire de Na-
plés, et én même temps de rendre coitnp-
té au gouvern'éiiient central du véritable
état de cette ville et." des provinces 'qui
l'environnent. Le gouvernement ne peut
pas absolument compter sur les rapports
qu'il reçoit par les Napolitains. Le même
jour, deux hommes également éminens,
partis de Naples à la même heure, arrivent
ici avec tes impressions les'plus contradic
toires: L'un «ssiws quo le prince dé Gar-ir
gnan est impopulaire au dernier degré, et
M, Nigra incapable ; l'autre parle avec trans
port de la popularité dont jouit S, A. R.,
et avec admiration des t'alens et de la sym
pathie qu'inspire à tout le monde M. Nigra !
Ces faits, quelque étrangés qu'ils puissent
paraître, n'en sont pas moins historiques,
et cé qu'il y a de nlus extraordinaire c'est
qu'ils se renouvellent tous les jours.
M. de Castellamonte, plus froid et-plus
calme, et qui a longtemps appartenu au
corps judiciaire, pourra se rendre compte
par lui-même de la véritable situation de
Naples et adresser au gouvernement un
rapport fidèle, auquel on pourra ajouter
une confiance sans bornes. •
M. de Castellamonte partira avant la fin
de la semaine courante.
Nous connaissons le résultat de quel
ques élections supplémentaires.
Comme je vous le faisais pressentir hier,
il y a un peu de réaction contre l'esprit
qui a dominé dans les élections générales.
Ainsi l'on compte à peu près autant d'é
lections ministérielles que de celles de
l'opposition, du moins parmi,les résultats
connus jusqu'ici: M." Guerrazzi n'est pas
nommé encore, mais il a sur son concur
rent l'avantage de 150 voix; M. Avesani.
également. M. de Boni, mazzinien et ré
dacteur en chef du journal le Popote d'I-
tàlia h Naples, a été nommé dans je ne sais
quel collège du Midi.
A Naples, on a aussi nommé M. An-
gui ssola ? ce commandant de. corvette gui
a passé a Garibaldi avec son navire quel
ques jours avant le débarquement à Reg-
gio. M. Rusconi, ancien ministre des affai
res étrangères à Rome, au temps du trium
virat de Mazzini, est en ballotage à Imola
et il a beaucoup plus de voix que son con
current. M. Liborio Romano, dont on a
tant de fois annoncé 6t démenti l'arrivée
à Turin, se trouve définitivement dans no
tre ville; je'l'ai vu de mes yeux.
Garibaidi va mieux, tout en gardant
toujours le lit, U continue à recevoir
des visites nombreuses; mais son entoura
ge de prédilection est toujours formé par
Bertani, Crispi et les'autres mauvais con
seillers qui lé.poussent à la discorde et aux
partis extrêmes. On m'assure qu'il a re
noncé à l'idée de faire des interpellations
et qu'il va, au contraire, soumettre à la
Chambre un projet de loi dans le but de
réorganiser son armée et de prendre des
mesures d'armement impossibles*.
Le nombre des volontaires qui viennent
se grouper autour de leur ancien général
augmente tous les jours.
• ; - Pour extrait : x. boniface.
Steuvèlles. de . ft'ËIxâérftesscv
SUISSE.
berne, 8 avril.—Voici le texte de Icunotifica-
tion faite au conseil fédéral par le gouverne
ment sarde, pour la constitution du royaume
d'Italie ^ -
« Le parlement Dational a rendu une lo 1 , sanc
tionnée aussi çar S. m;- le- roi - de Sardaignë, en
vettu de laquelle: Vlctor-JSmniAnuel. U . prend pour
lui et ses successeurs le litre do roi d'Italie. Par là
est consacré' solennellement et suivant les formes
constitutionnelles, le nouvel ordre de choses qui
va être reconnu maintenant-comme.tel par l'Eu
rope. ; , .
» Jouissant des'sympathies des peuples les plus
éclairés, l'Italie prend rang désormais parmi les
puissances, avec la conflauce qu'elle formera un -
élément d'ordre et de sûreté générale de plus.
Le soussigné, envoyé extraordinaire et ministre
plénipotentiaire do S. M.,' en s'acquittant au nom
de son gouvernement de l'agréable devoir de noti
fier cet important événemerit à S. Eic. le président
du conseil; fédéral, M. Knusel, est heureux de pou
voir exprimer la conflance que les mômes Sons
sentimens régnent au sein du conseil fédéral, que
dans-le-gouvernement du roi. /
» C'est ce,que-lui garantissent, aussi, outre les
nombreux intérêts communs qui lient les deux
pays'dans le présent et pour 1 avenir, les senti
mens généreux du peuple suisse, quHient si ferme
au principe de l'indépendance, ce principe sur le
quel se fonde légalement le gouvernement du roi.
.» Le soiissigne profite de cette occasion, etc. »
Le conseil fédéral a répondu par la note sui
vante adressée au ministre extraordinaire dp
la confédération helvétique à Turin :
«.Par une jiote du 23.de cemois, M. le comman
deur Jocteau notifia que le parlement national a
rendu un* loi fanctionnée aussi par S. M. le roi
de Sardaignë, ea vertu de laquelle-Victor Emma
nuel U prend pour lui et ses successeurs le, titre
« de roi d'Italie. » En vous envoyant ci-jointê copie
de cette note, nous vous chargeons; de-remercier
pour nous le gouvernement du roi Victor-Emma- -
nuel de cette bienveillante communication, et d'ex
primer en méqie temps notre satisfaction des senti
mens amicaux que le gouvernement de S. M. ama-
nifestés àcette occasion à l'égard-de-la Suisse. Cel
le-ci ne manquera pas, de A son côté, de contribuer
avec loyauté a tout ce. qui pourra maintenir les
anciennes bonnes relations des deux pays voisins
et à les ail'ermir de plus-en plus.
» Agréez, etc. » ( Bund.)
ESPAGNE.
; Madrid, 6 avril.—Nous considérons comme
controuvees toutes les nouvelles portant que
l'Espagne aurait décoré- François II, en raison
de sa jwble conduite, jejadan^ie siège de Gaë- ,
te., de la croix de ïauriers de San-Fernando.
l 'Espagne, restée neutre dans toutes les .luttes ■
de l'Italie, ne pouvait, quelles que. fussent se» -■
sympathies pour une grande- infortune, ac
complir un acte de cette nature. • " [Epoca.) -
■ — L'époque de cl&ture de la session n'est k
pas encore flKée. On a parlé de la seconde
quinzaine d'avril ; mais le gouvernement tient, •
à ce qu'il paraît, à ne rien décider avant, le >.
vote dé la loi sur la presse, en ce moment ,
soumise à l'examen du congrès. Or, ce projet
devra donner lieu à des débats prolongés. j
Le cdnfiit avec le Mexique est toujours le
sujet de sérieuses préoccupations. On attend
avec impatience les éclaircissemens qui doi
vent être donnés aux cortès; on attend sur
tout les explications de M. Pacheco, dans le
sein du sénat: S'il faut du reste s en rapporter
à des bruits fort accrédités, et qui ont produit :
le meilleur effet, l'entente existerait entre la
France etTEspagne sur cette , question-mexi
caine. Les journaux dé .Cadix annoncent, de
leur côté, que l'ex-présidcut., Miramon. est at-
tendu dans cette ville, où il 5.ur a tt résolu de
fixer sa résidence. [Correspondancâp art1 ' ca '' iere -)
ANGLETERBE.
chambre des lords. — Séance du 9 avril.
Le comte d'Elleubornugh ii adressé .il y .a
trois semaines au ministère une question re- r
lative au Holstein. LordWodehousea donné une
réponse parfaitement satisfaisante - , mais.une -,
pirtic de cette réponse a été mal comprise .
par-plusieurs personnes.- . ; . ;
: Le noble lord a' dit que le gouvernement du
Danemarck sur l'avis du gouvernement de ce
pays et d'autres, avait fait des concessions et
s'était décidé à soumettre tout le budget aux
Chambres du Holstein. L'orateur pense que le
poblé lord a voulu parler du budget relatif au
Holstein, mais qu'il a été mal compris.
Lord Wodehouse est heureux de saisir cette
occasion d'expliquer la partie de son discours
qui a donné lieu à un malentendu. Lorsqu'il
a dit que le budget serait soumis au Holstein,
il a voulu parler de la portion du budget que
doit supporter lé Holstein. Comme dans tout
son discours il avait parlé de cette portion,
il l'a désignée brièvement sous T le nom de
budget, mais il n'a en aucune façon voulu par
ler de tout le budget du Danemarck. Il regret
te que ses paroles aient été mal comprises, il *
ne pense pas cependant avoir commis l'erreur
qui lui est reprochée.
Le comte Ellenborough insiste sur la nécessité
impérieuse de maintenir l'indépendance et
l'intégrité du Holstein pour la sauvegarde de
la paix de l'Europe. _ (Su ri.)
- ALLEMAGNE.
berlin, 8 avril. — Des journaux de Vienne
mettent en avaht un nouveau projet de réfor
me fédérale. La Confédération garantirait, les
possessions non fédérales de la Prusse et de
l'Autriche, Sicile croyait ces. possessions utiles
à sa propre sécurité. On créerait une mari
ne fédérale dont le commandement alterne
rait entre la Prusse et l'Autriche. La Prusse et
les petits Etats allemands foimeraient une ar
mée commune et auraient une représentation
diplomatique commune. La Confédération
n'aurait pas à se mêler des affaires intérieures
des divers Etats. On constituerait un tribunal
fédéral dont l°s membres seraientnommés moi
tié par les gouvernemens, moitié parla popu
lation, et qui aurait à juger les contestations
des Etats fédéraux entre eux. Enfin, dans cer
taines circonstances, on'adjoindrait à la diè
te-une commission 1 nommée par les parle-
mens des divers Etats. Ce projet certainement
n'est.pas parfait, et il -y aurait-bien des objoc- .
tions à y faire. Mais la* Gaictte.du: Danube elle- .
même en a parlé, et le gouvernement ne pa
rait pas être étranger à ces propositions. Cela
prouve qu'un nouvel esprit anime .l'Autriche
et qu'on est prêt à y prendre l'initiative en '
toutes choses, tandis que chez nous on ne sait
que se tenir sur la réserve, pour conserver
toujours la liberté de ses actions. (Bavas.)
— La nouvelle que le comte de Reicliberg ■
aurait présenté» ici une note, par laquelle le
cabinet de Vienne fajt des propositions for-
melles pour s'entendre au sujet de la recon
naissance du nouveau royaume d'Italie, doit
être rectifiée, en tant que la note autrichienne .
n'est pas entièrement nouvelle et qu'elle ne
renferme point une invitation au.cabinet prus
sien. Pour le moment, du reste, la question -x
été écartée, par suite de la déclaration donnée
par la Sardaignë, qu'elle n'insistait point sur
la reconnaissance au royaume d'Italie.
•: (Gazette du Veser.)
Francfort , 7 avril. — Le :omité militaire,
formé;-comme: on sait, d'officiers supérieurs
des divers Etats, allemands, ainsi que la com
mission- -institué? dans la diète, rivalisent
d'activité dans toutes l-es branches qui se rat
tachent à la défense du territoire de la Confé
dération. Quoique les protocoles des dernières
séances diétales n'aient point- encore été offi
ciellement publiés > on assure que la haute
assemblée a voté- récemment - une, somme de
I million de florins ( plus de 2 millions de
de francs), pour l'achat ,de . canons ; rayés qui
vont être employés à renouveler l'armement
des. forteresses fe"dérales. U est probable que
Ci!s nouvelles bouches à feu seront tirée6 des
arsenaux prussiens, leur supériorité ayant v
été constatée à tçl point que la plupart des
Etats fédéraux ont cru devoir en adopter le
modèle, pour leur artillerie. (Id.<).
On assure qheie Hanovte a fait à la-diète
la proposition que 1« 10 e corps d'armée, outre
Feuilleton du Gonstitutiomel, 11 avril.
I .\ AMOI'R EN LAPOXIE
XIV.
Elphège et Norra, que sans doute le lec
teur a déjà dévinés; ne comprirent rien tout
d'abord à la course éperdue dé Snalla.
C'était bien l'animal le plus calme, le plus
doujc et le plus complètement privé qui
fût
rejoindre, il avait ti-ompé la surveillance
de ses gardiens êtfraricbii'en clos do camp),
il ne s'était jamais éloigné d'elle de plus de
quinze ou vingt pas, restant ainsi toujours
à "portée de l'œil, de - la voix, ot presque de
la'main de sa jeune maltresse. A chaque
halte,.il venait recevoir d'elle sa part de
mbusôe, d'herbe et de lichen. Ni la petite
Laponne, ni son compagnon ne-purent
donc'rien comprendre à cet accès de* ver
tige, qui venait de s'emparer de 1 animal,
et qui le poussait ainsi dans lesJhasards
d'une course folle; ils craignirent, un mo-
ment qu'il ne voulût gagner les bois, com
ice font parfois les rennes apprivoisés, qui
se permettent de temps en temps une petite
débauche de liberté. Elle arrêta, non sans
peine, au milieu de leur plus fougueux
élan, les quatre vigoureux animaux qu'elle
conduisait ; elle tira alors de sa poitrine
un petit sifflet d'argent; et fit entendre à
deux ou trois reprises un sifflement pro
longé', strident/modulé d'une certaine fa
çon et que Snalla reconnut aussitôt, car il
releva la tête; un peu à la façon du chien
que son maître rappelle, et qui, Voyant un
ami de celui-ci s'en séparer, va dé l'un à
l'autre, ne sachant ni .léquel suivre, ni 16;
quel abandonner. Le pauvre Snalla tour
nait le museau, tantôt d'iin côté, tantôt de
l'autre,^regardant tour à tour et Henrick
et Norr* se demandant sans doute, dans
sa modeste intelligence de bête, comment
il se faisait ' que cetix qu'il avait vùs jadis
ensemble se trouvassent si tristement dé
sunis. Enfin, comme s'il se fût dit qu'il
avait été depuis quelque temps assez sou
vent avec la jeune'fille, tandis que Hen
rick paraissait presque abandonné, il lais
sa sa maîtresse tirer à plusieurs reprises
des sons sur-aigus de son petit instru
ment, et il resta aux pieds du jeurte
homme. ' ; , '
— Que faire? demandait Norrâ à son
compagnon; le voilà qui reste sur la li-,
sière du bois, car il n'y est pas entré, j'i
magine. ;
Non, je le vois coucbé sur la neige,
aux pieas de deux -personnes. Ce sont
peut-etre d,es bergers qui lui ont passé le
lazzo. ' • "
— Oh 1 il n'y a pas un voieiir dans
toute la Norvège.
— Alors, ^ue fait mon renne?
— Allons a lui, nous verrons bien.
Norra, extrêmement timide quand elle
n'était pas,^ comme on ditj sur son ter
rain , n'osâit guère prendre cet 'auda
cieux parti; Elphège, cependant, l'y déci
da, en lui montrant que c'était le seul.
moyen de ne pas perdré son favori. Elle
obliqua donc à gauche en tirant sur les
eordes passées aux cornes de ce côté.'Les
rennes s'inclinèrent, imprimant au - traî
neau une nouvelle direction dans laquelle
ils se lancèrent bientôt avec la même im
pétuosité. Quànd elle fut à cinquante pas
du groupe formé par Snalla, Edwina et
Henrick, — qui'en ce moment tournait le
dos aux nouveaux arrivahs, comme «'il
eût voulu éviter'leurs regards, — Snalla
laissa échapper un petit brâmement plain
tif.'- '
Henrick fit un demi-tour, et se trouva
presque face Vface avec les gens du traî
neau, qui s'était encore avancé quelque
peu. ■ '■ " - ■ : • '
Le clair regard de Norra tomba sur le
visage du Suédois, qu'elle reconnut aus
sitôt. ---
— Ciel! murmura-t-elle en fermant les
yeux, qui l'eût dit? Henrick, Henrick ici !
Et moi qui viens àlui...que va-t-il penser?:..
Partons ! ajouta-t-elle en' se tournant vers
la place, où tout à l'heure encore se trou-
vaii Elphège : oh ! de grâcri, partons!
Mais Elphège n'était plus à ses côtés ; il
avait bonai par-dessus l'appui assez bas
du traîneau, et il était déjà au-«ou de Hen
rick, et l'embrassait sur les deux joues,
après toutefois avoir galamment baisé la
main d'Edwina.
— Tù sais, lui dit-il à l'oreille, que c'est
Norra qui est dans ce traîneau?
— Hélas!
Il n'y avait pas à reculer; il s'avança
vers .elle, en disant à son ami : - - • -.
—^ Occupe-toi d'Edwina, et laisse-moi
faire ; lié dis rien maintenant; tu m'expli
queras tout plus tard.'
Il s'avança vers la jeune fille et lui ten
dit la main.
JVo'rra toucha cette ; main légèrement, et
bégaya (Quelques mots inintelligibles ; mais
sa pâleur, le tremblément dé ses membres
et le trouble de toute sa personne disaient
assez ce qu'elle souffrait et ce qui devait
se passer en elle. ■ - .
— Ne crains rien, pauvre enfant ! lui dit
Henrick, de sa voix la plus allectueuse et
la pliis tendre ; tu es chez des amis, dont
tu n'as rien à redouter.
— Ce n'est pas des autres que j'ai peur,
répondit fièrement la fille du ■ patriarche
des Rilps.
— Alors, n'aie peur .de personne, ni de
rien, .fit le jeune homme en accompagnant
sa phrase d'un de cesregards soijj lesquels
Norra autrefois rougissait avec tant de
bonheur. * ' 1 "
Puté, sans lui donner le temps de ré
pondre, il la -prit dans ses bras, et tout
enveloppée qu'elle était dans ses fourru
res, avec les mains emmaillotées dans une
1 paire de gants, qui, au lieu de se bouton
ner' au poignet, se rattachaient derrière
les épaules, enferhiant ainsi le bras tout
entier, il l'enleva :du traîneau, et quoi
qu'elle se défendît et répétât avec une cer
taine énergie : — Nonj non ; je ne veux
pas; laisse-moi, je t'en prie, laisse-moi !
il la porta eornme il eût fait d'un enfant,
et la déposa avec toute les précautions
imaginables aux pieds d'Edwina.
Les deux' femmes se regardèrent et se
jugèrent du premier coup-d'ceil.
Ëdwina,belle et superbe, dernier rejeton
d'une excellente'famille, riche depuis deux
ou trois «iècles, et en- qui se résumaient,
potir ainsi dire, les plus exquises qualités
de huit ou dix'générations ayant toujours
vécu dans l'abondance de la vie facile, Edwi
na a vaU j e ne sais quoi d'aristocratique dan s
la beauté, dont la petite Laponne se sen
tit comme éblouie. La Suédoise, de son
côté, comprit bieny malgré les excentrici
tés au costume de la jeune Laponnej tout
ce qu'il y avait de vifj de piquant, d'intel
ligent et de naïvement gracieux dans sa
petite personne.
— Ma chère Edwina 1 , dit Henrick en
prenant l'étrangère, toute tremblante, par
la main, je te présente l'aimable et bonne
Norra : son grand-père est le chef de la
tribu chez laquelle j'ai passé toute la
saison dernière. Norra est aussi aimable
qu'elle est jolie; elle aété pour moi com
me' pour Elphège d'une obligeance par-»
faite ; lu me feras plaisir en la traitant
comme une amie.
Edwina, malgré un assez grand usage
du monde , fût tout d'abord un peu sur
prise de-cette présentation à laquelle elle
était loin de s'attendre. Elle se remit ce
pendant sur le champ, et salua Norra
avec une grâce dont la pauvre fille des •
déserts n'avait pas mêmfe le sotpçon.
— Elle parle suédois? dit-elle à demi-
voix en s'adressant à Henrick.
•—Comme toi et moi !
—Mademoiselle, dit-elle alors à Norra,
je vous remercie de tout ce que vous avez
fait pour mes amis; nous tâcherons de
vous en prouver nôtre reconnaissance;
soyez la bien venue parmi nous.
Norra répondit, en balbutiant les pre
miers mots, et avec un trouble dont eijg
ne put se rendre maîtresse, qu'elle .n'avait
fait que son devoir en rendant le séjour
de son hsrrible pays le moins désagréable
qu'elle avait pu à des étrangers, du mérite
d'Elphège (telle le nomma le premier) et de
Henrick, et elle-ajouta, en saluant à 3a
manière, qu'elle en était maintenant bien
récompensée, en voyant qui elle avait
obligé.
— Mais, sais-tu qu'elle est très bien, ta
petite sauvagel murmura la jeune fille en
français, langue qu'elle parlait fort bieh,
comme presque toutes les Suédoises.
—C'est sur-tout la meilleure .créature du
bon Dieu* continua Henrick, et, je t'en
prie, sois-lui indulgente et douce.
Les rennes du traîneau, qu'Elphège
avait peine à contenir, secouaient leur
maigre harnais et grattaient la neige, im-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.13%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.13%.
- Collections numériques similaires La Grande Collecte La Grande Collecte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "GCGen1"
- Auteurs similaires Véron Louis Véron Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Véron Louis" or dc.contributor adj "Véron Louis")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6724347/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6724347/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6724347/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6724347/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6724347
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6724347
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6724347/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest