Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-04-03
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 124053 Nombre total de vues : 124053
Description : 03 avril 1861 03 avril 1861
Description : 1861/04/03 (Numéro 93). 1861/04/03 (Numéro 93).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k672426n
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
46 ANNEE*—JV* 95.
liUKMLIX A FAMS : rue de Valois (Palais-Royal), n, 10.
-Il
MEli^llEOl 5 ÂVltlL lôtfl.
àBONNEOT DÉS DEPABTEMENS.
—-W
•A
TROIS M0IS.7T.T.Ï7
six mois. »•••••••••• • f
UN AN ••»•••#• I.I « * ^ 11 >
1.6. ra.
32 FR.
64. FR.
vocn lEs pats ét*ansebs , voir le tableau
publié les 5 et se de chaque mois.
finpï. L. BONIFAGE, r. des BoÈs-Enfais, 19.
JOURNAL POIITItjIIE ? IITTERAIRE, UNIVERSEL.
Le mode d'abonkemeot le plus simple est l'envoi d'un bon de poste ou d'un effet -
»ur Paris, à l'ordre de l'iDirausiRmo* du journal, rue de Valol*|, a* iOijj
, OÔMEâENS DE PàRISi
trois l^ois.. . .7 13 fr.'
six mois.... 77 : 26 fr:
UN AN................ 52 FRJ
UN NUMÉRO 20 CENTIMES,'
.Les abonnemens daf£nt,des l« et 16
de chaque' moîï.
Lcï l'eifres ou envbîs d'argent~KOïi AïTRAscrfis sont refusés,
(Les articles déposés nè, soiit'peis rendus; '-
Les annonces sont reçues chez m. panis , régisseur des 6 grands journaux/
me Notre-Dame-des-Victoires, n° 40 (place de Ja Bourse).
PARIS. 2 AVRIL»
D ôoïrl S ès ul1ï\àmontaikes.
bâtis son dernier discours au Corps Lé
gislatif, M,. Billaultne dissimulait pas que-,
à l'occasion du pouvoir temporel, ii s'était
formé, parmi nous, unB Boîte de parti
« petit) il es,t vrai, mais très énergique,
très actif, très agressif. » Ét l'honorable
ministre avait le regret < d'en trouver les
traces principales dans des «locuinens re
ligieux, » dans les mandemens de quel
ques -uns de nos ëvêques.
Pour notre compte, nous nous étions
borné jusqu'à présent à ne pas reproduire
ces pages éphémères, pleines de colère
-politique bien plus que de charité chré
tienne. Mais, puisque l'on persiste; puisque
la lettre pastorale succède au mandement)
la brochure clandestine à la lettre pasto
rale, il nous faut bien discuter, ces tristes
documens et en signaler les tendances in
finiment regrettables.;
Nous le ferons avec tout le respect que
nous professons hautement pour le carac
tère épiscopàl, mais aussi avec toute la
fermeté que commandent les périlleuses
doctrines que l'on nous oppose.
I.
Et d'abord, que penser etque dirq de la
forme littéraire' de la plupart de ce$
écrits ? La violence y paraît dans toute sa
brutalité; ét l'injure s'y déguise à peine.
Nous parlions, l'autre jour, de Mgr l'évê-
que de Poitiers et de son fameux parallèle
avec Ponce-Pilâte. Mgr l'évéque de Laval a
trouvé mieux : il est allé jusqu'à Caïphe.
Ce n'e«t rien, en vérité, il faut entendre
Mgr l'évêque de Perpignan. -
" Mgr de Perpignan débute en ces termes :
« Lés sornottes vont mal au bord d'un abî
me! » De quoi s'agit-il? * quelles sont ces
sornettes? Rien, moins que rien : les dé
pêches diplomatiques de notre ambassa
deur à' Romé. Voici ce qu'en dit l'iras
cible prélat : « Quand on se tient dans un
» vague artificieux parce que, d'une part,
n on voudrait insinuer que ces propos hos-
» tiles sont le fait du gouvernement ro-
p main, et que, d'autre part, on ne pourrait
» l'articuler nettement sans s'exposer à un
s "démenti irréfutable ; quand, en un mot,
» ori ramasse de misérables cancans dé police
» sur quelques individus , pour dénigrer la
» politique d'un gouvernement qui n'a pas
» recours, il fa,ut encphvènir, à des pror
- » cédés du mêmegenre, c'est là de la faus-
» soléi » Tèl n'est pas l'avis, On le sait
déjà, du cardinal Antonèlli,tiHe-à-tête, avec une bonne grâce toute dir
ploraatique, dit au contraire : « C'est
parfaitement vrai ! »
Continuons. Mgr de Perpignan vient de
prendre à partie le roi Victor-Emmanuel.
Il ne le compare ni à Caïphe ni a Pilate,
pas même à Mandrin, comme l'a. l'ait un
très noblo duc, il le compare à Chilpériç,
■ le Néron français, » et ouvertement, il
appelle sur sa tête le couteau d'un nou
veau Landry. Il faut citer :
o Si nous venions à passer, dit l'auteur
x> do mandement, sous les murs de ce pa-
» lais, pendant qu'une royauté sacrilège
i> y prendrait.ses ébats,.nous nous rappé-
» lerions un trait rapporté par. Grégoire
» de Tours. Il s'entretenait avec un prélat
9 de sos amis, nommé Salviqs, à 1 entrée
» d$ la villa do B raine, habitée par, le roi -
»' Chilpério de sinistre mémoire. « N'àp'er-
» cevéz vous rien, lui dit son interlocu-
i> teur, sur le toit'de cette jnaison? — Je
i> n'y vois, lui réporïdit Grégoire deTours,
» qu|une espèce de seédnde.toiture que le
» roi y a fait poser Récemment, -r Vous
f n'y découvrez pas autre chose ? — Non.,
i> et vous, qu'y voyez-vous donc,? » Sal-
viuSj avec, un profond soupir, lui dit :
a — Je vois le glaive de la colère di-
» vine tiré' du fourreau" èt " suspendu,
s» sur ctettje maison. 'Ce Salvius devait
» Être ïjùeique fanatique du VI 0 siècle,
» qui avait la tète montée par lés passions
» des vieux partis de ce temps-là. Toutefois*
» sa vision fut bientôt de l'histoire. Nom
» croyons qu'il y. a aujourd'hui m bon norti-
» btlt. de fanatiques coikmkliii. fr
Ëst-cé clair? On ne devait pas parler
d'une autre façon pour armer le bras d'un
Jacques Clément ou . d'un éavaillac.- Ét
c'èst pourtant après celte incroyable page
que le bon évêque ajoute négligemment
« Les catholiques ont exprimé leurs sen
» timens dans un langage plein de cette
» dignité que la foi inspire ia douleur;
» Mais ils ne s'agitent pas, ils ne hurlent pas,
» ils ne font pas dètapage, àlamanière desdema-
» gogues. Ils traitent leurs affaires avec les
» administrations civiles j sahs leur parier
» du Vatican à propos d'un, mur mitoyen
» ou d'une fontaine communal &. Ils ne
» font pas du sentiment avec le juge de pait
» ou le percepteur ; ils en font encore moins
» aveû les gendarmes. Ils ont, en certains
» cas,, de fort bonnes raisons poiir ne pas
» laisser échapper des mots trop vifs. Lei
6 commissaires de police peuvent donc écrire
» dans leurs rapports que l'agitation reste
» tranquille»."
Quel style et quelle doctrine! Est-ce là,
nous le demandons à la bonne fol et à la
conscience de chàcuii, le langage qui con
vient à un évêque de Perpignan, dé ce siè
ge épiscop'al si riche en gloires èt ea vertus
chrétiennes? Passons, passons vite, et arri
vons à une discussion plus sérieuse.
Ce qui frappe, dans l'ensemble des quel
ques mandemens que nous avons sous les
yeux, c'est moins la violence que la simi
litude et l'unité de certaines idées. L'épis-
copat français, du moins dans &es princi
paux membres, n'est guère plus gallican; il
est yltrambntain. Ce n'est pas un péril,
comme le prétendent quelques-uns, mais
c'est un avertissement.
On a beaucoup parlé, dans ces derniers
temps, du Concordat de l'Empire,. On l'a
cité! à tout propos comme une concession
magnanime du Saint-Siège au .Premier
Consul. A. beaucoup de points de vtfe, c'e&t
le contraire qui est la vérité. Expliquons-
nous : ' , .
Certes, nous n'avons pas oublié les cir
constances exceptionnelles où se discu
ta cet acte de réconciliation religieuse ,
et l'histoire n'est que juste lorsqu'elle
en fait un titre de suprême, honneur
pour le chef de la dynastie napoléonien-
né; Cependant «et acte ; à part d'heureu
ses réformes dè. détail et quelques me
sures transitoires, constituait un double
triomphe pour la cour de Rome, un dou
blé échec pour la politique traditionnelle
de la monarchie -française. - Au fond, di
sons-le hardiment; -il sacrifiait les hom
mes et les principes de 1682.
Ét pourquoi? Pour obtenir que le Pape
prît sur lui de modilierles circpnscriptions
diocésaines, de demander leur démission
aux anciens titulaires • de nos évêchés, et,
en cas do refus, de passer outre. Le cardi
nal Corisàlyi, malgré ses résistances appa
rentes, dut .s'en réjouir tout bas : cette-
mission délicate n'élablissait-élle point que
le Pape était non plus seulement de pre
mier, mars le chcl de ,tous les évêques et
le maître absolu de tous lôa-éVêcliés ? Nous
nous sommes soi-vent demandé comment
le Premier Consul avait pu attacher tant
d'importance- à cette intervention pon
tificale. Quelques vieux prélats émigrés
personnifiaient, il «st vrai„l' incien régimç
et étaient ouv.ert'énjent iiostiles au nouvel
état de ch.osés. Mais le gouvernement avait
pour lui les lois et les précédons de l'an
cienne monar laie, et.il pouvait, à l'excim-
pie de Louis ^IV, écarter de leurs sièges
les récalcitrans. Il n'eût pas fallu, comme
sous le grand roi, jusqu'à "trente-trois let
tres de cachet. -
Quant aùx circonscriptions diocésaines,
les Homaies les plus corapétens en matiè-,
res politiques et religieuses en. sont enco
re à se dema.nder s'il n'eût pas été plus sa
ge d'augmenter que de. diminuer le nom
bre des siègeê épisdopauxi i.>
Bu reste; le Pi-eriiier Consul fut le pre-
irlier â s'apercevoir de là fauté compiisey
et, avec l'activité et le bon sens du génie,
il se mit immédiatement à l'œuvre pour la
répàrer. De là lès lois organiques que Mgr
de Poitiers ne veut pas reconnaître au
jourd'hui^ qui ne sont toutefois que l'at
ténuation des règles suivies par l'ancienne
royauté ; de là les mesures prudentes
prises successivement contre les préten-i
lions ultraiïiontaines. C'était toute une œu
vre de reconstruction patiente que les évè-
nemèns liiilitaires në liii permirent péts
d'achever*
Vint la Restauration. Sa tâche semblait
facile vis-à-vis la cour de Rome; Elle n'a
vait qu'à se souveuir, puisqu'elle ne Vou
lait pas oublier; elle n'avait qu'à repousser
le Concordat de Napoléon pour en revenir
simplement et absolument aux traditions
de Louis XIV; fti l'utl, ni l'autre. Ëlle se li
vra pieds et poings" liés, ét « donna tout
quand elle pouvait tout demander, » a dit
M. de Chateaubriand.
La monarchie de juillet alla d'un extrê
me à l'autre, et ne fut guère plus ha
bile., Une réaction religieuse venait dë
se produire, elle ne sut pas en tirer parti.
Elle commit la faute la plus grave que
puisse commettre un gouvernement : elle
s'abstint. Elle laissa faire et laissa dire,
permit le sac de l'archevêché et encouragea
là fondation du journal l'Univers. C'est de
cette époque, én définitive, que date la si
tuation difficile et compliquée dont nous
recueillons aujourd'hui les résultats. MM.
Villemain ét Cousin, par une conversion in
attendue, oilt beau se faire aujourd'hui les
champions et'les apôtres de l'Eglise, ce
sont eux, leurs doctrines et leurs disci
ples qui l'ont amenée à l'état où elle
est ; — ce .sont eux qui, en France ,
avâiont réduit le clergé à la condition de
paria politique, le> chassant successive-
men^ des assemblées délibérantes , des
urnes électorales et "même de nos collèges
ei de nos écoles. Qui ne se souvient que,
pour être admis aux épreuves du " bacca
lauréat, un séminariste était obligé de
présenter de faux certificats et de cacher
sa soutane !
Il y avait là évidemment plus qu'une in
justice, il y avait une persécution. L'injus
tice devait répugner à un noble, cœur, la
persécution à un gouvernement "véritable
ment national. Le premier soin de l'Em
pereur'Napoléon III fut de mettre un
tern?e à l'une et de faire cesser l'autre.
Sous lui, lé clergé a recouvré i\on seule-
merit; tous les droits, mais tous les hon
neurs du citoyen. Ses écoles et ses élèves
jouissent de la loi commune et parfois de
certains privilèges,exceptionnels; tous ses
prêtres sont électeurs et ses membres les
plus illustres siègent de droit au Sénat.
«Rien de mieux, ,a-t-on dit; jusque-là
tout est prudent, équitable et profondé-
ment'politiq'ue. .Mais (pourquoi ne l'avoue
riez-vpuâ pas? M. Billault l'a bien avoué
par rapport au vicariat des Romagnes).
le gouvernement de l'Empereur, tout
entier, au désir. d'opérer entre l'Eglise
et l'Etat une réconciliation complète et
définitive, es;t. allé trop loin : il a fait plus
d.e concessions qn'il ne le devait pe.u't-ctre.
C'est ainsi qu'il a permis, sous le ministè
re de M. Fortoul, que la coqr de Rome lit
prêcher librement en France des doctrines
anti-gallicanes; qu'elle intervînt dans des
qu'estions de discipline et .de liturgie, et
que, se faisant j'ugeentre,un journal ctlren-
tè-sept évêques, elle donnât tort à ces der
niers. Remarquez* le," évêques blâmés
alors s'ont aujourd'hui les plus' fougueux
ultramontainç : ils prennent leur revan
che. Ahl sans doute, si cette revanchp
s'exerçait, en temps ordinaire, dans de cer
taines iiiîîitîss, bien coprtoisës et bien ba-
hale^ vous, aufiez le droit d'èri rii-e et de
passer. Malheureusement, les circonstan
ces -^lit délicates et difficiles^ et la rancu-
neYeo'fflme la conviction, ne s'arrête ja
mais en chemin. Elle jse frapperait plutôt
elle-même que.de ne'pas frapper. Or, voilà
a'ijourd'hui exactement où tous en êtes. »
Cette explication est-elle sérieuse? Ce
serait donner une bien petite- cause'à un
bien grand parti-pris, èt, en tout cas, ne
justifier nullement les doctrines mons
trueuses qui viennent de se produire par
mi nous, sut-cette terre de France, terre
de liberté, d'égalité, de etiarité, et.surtout
de bon sens;
a-. grandguillot.
telegraphie privee: .
- Londres, "2.avril. .
Le limes croit que, quelque menaçantes que
soient les apparences, en Ce. qui' touche les af
faires générales, c'est la question du Holstoin
qui est M* plus dangereuse pour le maintien
de la paix. .
Les consolidés ont fermé • de 91 1/2 à 91 5/8.
Vienne, 1 CI avril.
• La Gazette d'Agram contient des nouvelles du
théâtre. de la, gueri-e de l'Herzegowlne. Des
combats ont eu lieu le 22 et le 23, à Ellatovayj
près de Bibec» Mahmoud-Paella a repoussé l'at-
tague de front, : grâce à l'appui qu'il a reçu de
Derwisch-Pacha. ■ ■■ ' ■ • ■
■ La garnison turque de Neksik est toujours
enfermée. L armée turque, compte 18,000 hom^
meg f mais elle est mal nourrie et mal entre--
tenue. On craint que les bachi-bouzouks ne se
révoltent. .
Le muschir Ismaël-Paclia «st parti pour Ba-
lisca.
Vienne, 2 avril.
La crise ministérielle continue. On dit M.
de Schmerling chancelant;
Pesth, 1 er avril.
On apprend que l'approbation de la résolu^
lion âujudex curiœ est de nouveau misé en
question.
' L'ouverture de la diète aura probablement
lieu samedi prochain.
. _• . Pesth, 2 avril.
Dans des conférences particulières, tenues
par les députés présens dans notre ville, on a,
jusqu'à présent, décidé de ne pas ouvrir.la
diète à Bude. Du reste,; cette résolution pour
ra être modifiée d'ans la conférence générale.
: Le comte-Apponyi est arrivé ici.
L'ouverturedes: séances curiales, qui devait
avoir lieu demain, est "mise en question par
suite do la crise ministérielle.
Agram , l tr avril au soir.
Ce soir, il y a.eu-une émeute. Ou a brisé
les Fenêtres dans l'hôtel de la police et on.-y a
arraché les aigles ; dans d'autres édifices pu-
blics,- les mêmes scènes ont eu lieu ; il y a eu
des blessés. ' *
Berlin. 2 aviïl.
On mande des frontières polonaises à la date
du 1 er . Hier, line émeute a eu lieu à Kalisch.
3,000 personnes ont fait Un charivari hu pré-'
posô du;c.ercle;;on a brisé les fenêtres de.sa
maison, et le préposé, pour échapper aux in
sultes, a été obligé dese réfugier dans la mai
son des cadets. L'adjudaiit-substitut a été éga-.
lement insulté. Plus tard, on a fait des chari
varis au président du tribunal et b l'inspec
teur des école?. L'ordre a dû être rétabli par
les troupes. .
Bieslau; 2 avril.
On mande deVai sovié, le 31 mars :
M. Platonofî,' adjoint au ministre secrétaire
d'Etat; est attendu à Varsovie; il est envoyé
par l'empereur en qualité de commissaire im
périal, chargé de mettre à exécution les réfor
mes qui viennent d'être concédées au royau
me' de Pulogae.
M. Kanke, administrateur de la principau
té de Lowicz^i été nommé directeur des théâ
tres, en remplacement du général Abr.imo-
wiez.
■Les daines "de-Varsovie, pour donner à la
classe ouvrièro un témoignage de reconnais^
saocé pour Son-patriotisme et pour sa noble
et sâj.'e conduite, ont organisé pour le jour de
■ Pâques, des repas qu'elles leur ont offerts.
Dans chaque: principale n^ais'on, vingt-cinq
ouvriers ont trouvé utic généreuse hospitalité.
On comptait plus de quatre mille invités.
> Varsovie, 2 ayril.
•. Il a été publié une deuxième proclamation
de la4ieutenaûce générale. Le prinoe-lio;;ts-
chafeoff y dit que.la gravité des circonstances
Je, force île nouveau d'eûappeier à la raison de
la pcpulation. . ..
/,« Le? institutions,, prpmisqs .garantissent
dil-il,-l« intérêts, les plus chers:du pays : Jâ
religion, la nationalité; et les promesses*faites
serout loyalement exécutées...»'
Par conséquent, il engage la population d'é
viter toute occasion de troubles que. le gouver
nement ne tolérerait pas, et qui lie" pourraient
que compromettre le sort de toutes les con
cessions à venir.
Saint-Pétersbourg, 2.ayril. '
On lit dans une circulaire, adressée le 20
mars par le prince Gortschakoff aux diverses
légations lusses à l'étranger : -
l'empereur, iieii loin d'écarter les rétormes,
en prend l'initiàtive et qu'il les poursuit av ec
persévérance.. L'empereur veut que ce quu
accordé soit une vérité, en mettaRt la Poiogue
dans la voie d'un-progrès régulier, rf
f . Gênes, 'lavri 1 ; r
Garibaldi a quitté, le 31 mars au soir,
prera et, 11 est arrivé à Gênes. On croit qu'il se
rend à Turin.
Turin, 2 avril.
L'-Opinione annonce que MM. Spaventa, Maci-
ni, linbrlâni et Sact-lii, sont nommés secrétai
res -généraux à. Naples auprès de la lieute-
nance.
Le général de La Marmora a retiré sa démis
sion; .
Turin 2 avril.
Dans son interpellation, M. Massari a dit que
les Napolitains aiment la, patrie italienne et
haïssent l'autonomie, parce que, en dehors de
l'unité, il n'y a pas de sàlttt pour l'Italie. La
réaction n'existe-pas. Cependant, à Naples, il
n'y a pas de bou gouvernement, et dans les
provinces il n'y à pas de sûreté, publique,
parce que l'ancien système bourbonien existe
encore,
. La séance continue. .
La rente est à 75.50.
Marseille, 2 avril.
" D'après des lettres de Naples,du 30 mars,
l'autorité, à la suite d'un rassemblement de
prétendus garibaldiens, aurait interdit les che
mises rouges que la plupart dos garibaldiens
continuent à porter.
Une démonstration était annoncée pour le 3 i.
. I)es soldats et des gardes nationaux avaient
désarmé des camorristi malgré leur résis
tance,. . -v , . ' .
Le typhus sévissait dans les hôpitaux, ou la
plupart des sœurs de charité françaises étaient
tombées malades.
On mande de Rome le 30 mars que 80 four
gons piémontais étaient'arrivésdans la demi ere
nuit aux portes de Rome et que le chef pié
montais avait assuré que c'était par suite, d'u
ne erreur involontaire de direction. M._de
Gôyon avait fait reprendre au convoi le che
min de Terni. Le gouvernement pontifical se
serait émU de cet incident.
Madrid, i e1 avril- '.
On attend impatiemment dans le congrès
les débats touchant la politique extérieure.
Ils s'ouvriront probablement la semaine pro
chaine.
La question du Mexique sera largement trai
tée dans le Sénat. ( Havas-Bullier.)
Nous avons reproduit, à titre de docu
ment, la lettre de S. A. le prince Murât
sur. les affaires de Naples. Cotte publica
tion pouvant donner lieu à de fausses in
terprétations, houç devons déclarer qu'elle
est toute spontanée de notre part, et, com
me, tout ce que nous publions, elle impli
que notre seulè responsabilité.
On, comprendra ; que nous n'ayons pas
cru devoir soustraire de la publicité une
pièce qui pouvait offrir à nos lecteurs quel
que intérêt de curiosité.
Nous sommes autorisés d'ailleurs à ajou
ter que. ce • 'document tout "individuel" ne
saurait engager en rien la politique du
gouvernement, car.-il.est évidemment con
traire à cette politique. l. boniface.
COURS '
8 >08S DM CLOTVliM.
3 0/Oaucomot:
—Fin du 0.0^».
11,2 aa compt.
—Pm dû mois.
DE
le 1 er
67 90
61 93
93.75
95 G0
LA BOURSE
' le 2
67 55
61 70
93.45
95.50
■â0«sb.
I »
U»M
» 35
25
30
10
Le Journal des Débats publie ce malin un
article qu'on aurait pu intituler : Les an-
ciens parlementaires jugés et condamnés par
eux-mêmes. Cet article, signé par le secré
taire de la-rédaction, exprime le sentiment
pénible qu'éprouve, la rédaction tout en
tière à se voir infliger l'épithète .de révo
lutionnaire par ses amis d'autrefois, qu'el
le ne-nomme pas, mais qu'elle désigne
suffisamment. Le ton du Journal des Débats
est douloureux. I] se drape dans son man
teau, norl sans qùeiquo dignité, comme Cé
sar, al dit à çes vieux ingrats qui le frap
pent,: Tu quoque.
Mais le chagrin, dans ce journal, ne sau
rait complètement étouffer, n ême pour un
jour, l'esprit du vrai polémiste. Et les amis
du Journal des Débats , qui se tournent en
ce moment contre lui, à propos des affai
res d'Italie, reçoivent., il faut le dire, une
assez verte leçon^
Après avoir très nettementeonstaté qu'il
y a deux espèces de révolution : la bonne
et la mauvaise; après avoir établi les ca
ractères qui distinguent l'une de l'aut;
le Journal des Débats explique fort bfl
pourquoi, n'étant pas révolutionnaire
France, il est révolutionnaire en Itali
* où tous ces souverains, dont les trônes
» viennent do s'écrouler les' ains sur les
» autres, sous le poids de leur impopula-
» rité, non-seulement étaient absolus en
» principe et avaient recours, pour soute-
» nir leur pouvoir^ auxplus odieux moyens
»• du despotisme, mais repoussaiént systé-
maliquement toute réforme sociale. »
DatJb ^ e telles conditions, le Journal des
n r-n^nrend pas pourquoi ceux de
ses anciens amis lai reprochent sa po
litique dans la question" italienne ne sont
pas révolutionnaires avec iu.\- . etl
effet fondé à compter sur leur au." esi ® n »
alors que ces hommes « ont été les apoi^?7
» gîstcs et les historiens de la Révolution'
» française, s Alors que «par leurs écrits;
» par leurs leçons, par leurs discours, ils
» ont préparé la révolution de I880> ils y
» ont applaudi et en ont été les plus cons-
» tans et les plus êloquens défenseurs. »
Le Journal des Débats parle d'or. Mais si
son chagrin nous occupe en cette circons
tance ; si nous applaudissons à ses reHioiH
trances qui nous paraissent fort justes^
nous ne partageons nullement sa surprise,'
Les hommes de l'ancien parti parlement
taire n'ont pas changé. Ils apportent dans
leur conduite politique le principe d'op?
position de parti-pris qu'ils montraient
autrefois dans la lutte des portefeuilles-
Orateurs souples autant qu'éloquens, les
phrases ne leur manquent jamais pour
expliquer ieurs, contradictions.: Ils excel
lent à passionner leurs auditeurs sur des
questions qui les laissent eux-mêmes très
froids et très indifférens. Aujourd'hui ;
c'est le pouvoir temporel du Pape qui fait
l'objet de leur exercice d'esprit. Voltai--
riens , philosophes, hérétiques de-la veille,,
les voici devenusle lendemain plus papistes
que le Pape. Libéraux, républicains d'hier/
ils se montrent aujourd'hui plus absolutis
tes etplus rétrogrades que lecardirial Anto-
helli. Dévotion *le sceptiques, absolutisme
de révolutionnaires, quoiqu'ils en. disent, cè
g^nt là jeux d'esprit doiit il ést loisible au
Journal des Débats de s'émouvoir, mais que
la France fefe5 r 4 e a T ec une .curiosité in
différente, et qui, Pi eu merci ! ne peuvent
plus renverser les gon."® raemens ' ■
Les nouvelles qui nous parviC.! 1 ^® 111 d (î ,
Varsovie sont vagUes et incompleî»?^- ^
est impossible de dire, avec quelque degri»
de certitude, si les concession» laites par
l'empereur de Russie ont ramené le cal
me dans les-esprits. Il y a quelques jours
on annonçait que les organes de la popu
lation polonaise avaient manifesté une
certaine satisfaction subordonnée toute-'
fois, à la maniéré dont seraient comprises
et appliquées les réformes accordées, à
Saint-Pétersbourg. Laj télégraphie privée
nous a fait connaître hier qu'un rescrit,
expliquant et complétant ces concessions,
avait été publie. Comment cette communi
cation a-t-elle été reçue par l'opinion pu
blique? C'est 'ce que nous ne savons pas
encore.
Les Polonais ont agi avec beaucoup de di-,
gnité et defpatriotisme en donnant àUeurs
réclamations des allures toutes pacifiques.;
Mais il serait injuste de méconnaître les
tendances libérales et généreuses dont a
fait preuve le souverain le plus absolu de
l'Europe, en sacrifiant spontanément une
partie de son pouvoir sans limites pour apai
ser les plaintes de ses sujets. Qu'on se re
porte. par la pensée, au règne de l'empe-
reur Nicolas, et, qu'on se figure quel accueil
auraient obtenu de lui les manifestations et
l'expose des griefs,des Polonais. Ce qu'on
doit espérer, c'est que le gouvernement de
l'empereur Alexandre et les populations
polonaises persisteront dans une voie de
modération et de conciliation.
S'il était nécessaire de prémunir les Po
lonais contre le péril d'oxigences crois
santes,'quelque justes qu'elles pussent être
d'ailleui'i, il suffirait de leur signaler la
joie avec laquelle tous les fournaux abso
lutistes; et particulièrement les journaux
. autrichiens, ont accueilli l'espoir d'un sou
lèvement en Pologne. Ils y cherchent un
moyen infaillible de faire pencher l'in
fluence russe dircôlé des défenseurs du
pouvoir absolu, et de la rallier à la poli
tique autrichienne. Nous ne voyons pas
ce que ia Pologne y gagnerait.
D'après les journaux de Vienne, le gou
vernement de. François- Joseph vient de.
prendre une mesure'qui tendrait à confir-
. Feuilleton du Goastitutionnel, 5 avc|l.
I\ AMOUR M LAPONIE
is. ;
. Henrick fit lé plus maussadasoijp.çf dui
monde, en maudissant de tqu't son. cœur
la cuisiné laponne, à laquelle ponrlânt.U
s'était montré jusqu'ici assez indifférent',
disant gaîmeni .qu'il mangçajt pour vivre
et qu'il ne'vivait pas poûr'mânger;. lé mot
ne serait pas nouveau en France^ mais en
Laponie il paraissait piquant,.La. taïde se
trouvai bientôt desservie. ob ' mange vite
quand on mângeseul, HenriçK,quipe savait
trop que faire dans sa tenté déserte, alla
s'asseoir à quelque distance sur un monti
cule, d'où il dominait tout. le. campement
de la tribu. Parmi ces tîntes barioléçs,
rayées dé couleurs bizarres, il se (|eman-
dait laquelle habitait 1 jS T orra,.o s t, une fois,
sur cette pente, sâ pensée, njs ,s'arrêtait
point qu'elle n'eût touché lé b^t.-li voulait
savoir ce gu'elle faisait à .pètte heuçs,,
quels étaient ses seiïtimens; si ellesoulfrait
beaucoup^ et combien de temps'méttrait à se
ci catrfser la blessure saignante desoheoeur.
Par momens, Iesmau'vaisinstincts de nptré.
nature égoïste l'emportaient, et. il ne lui
déplaisait pas spngcr. que cetté ame qér-
Ucate, exquise production de la nature,
que les hommes n'av-aient p^s .encore eu
le temps de gâter, lui oflrirait âi'nïi, com
me un sacrifice agréable à sa vanité mascu
line, rhoœfliàg #,de. ses sentimens les plug
délicatSi et ,les-,plus,purs,. C 'est, là une
bonne :fortuqe ,que les plu j. favorisé'^ d'en
tre les hommes n 'ont pas bien des fois
daps leur vie. Disons - le cependant :
Henri et.: ne; s'arrêtait pas, longtemps sur
qes pensées .égoïstes : .bientôt au, con
traire il révenait àj des sentimens plus
généreux et,, se rappelant ce qu'il y
avait île bon,. de" loyal et, d'affectueux
datjs.céite belle et jeuno^ame-, un peu
sauvage peut-être, mais", si ardente et si
sinc&re, il ne: souhaitait,plus que-son bon
heur.,. quand même, ce bon lieu/ eût dû'
se payerd'^n.complet r oubli de luiimême.;
DisonVle tout de s,uite. : chez .l^enrick,
dé'tels sentimens né prouvaient point une
générosité qui sentît, de , tro'p^ loin, son
héros de roman. Ilçnrick aimait ailleurs.
Si la touchante, cérémonie des fiançailles,
•qui lie les. destinées de,,.deux jeunes
• ames, et leur dpnne un. avant-goût.^des
joies," du.mariage , .n'avait pas encore
4té Jiccomplie entre lui et la belle
Édwina, ils ne s'en regardaient pas moins
comme assurés d'une union,prochaine.
. Dans do telles circonstances, _et avec la
Sûreté d,e mœurs que l'on rencontre d'or-
inaire chez les hommes du Nqrd, iîcnriclç,
! s qui le inariage n'était^ pas possible ayçc
Nor^aj se fût rendu coupable d^uh vérjtà-
f ble cripieien tentant Fœ,uvrUdâinnable de
' Ta séduction'. Jl en était vraiment incâpa-
! y,e.. l'I en arriva donc, après quelque per r
i plexité étu^phéurp delutte avéc son coeur, .
— car de,vant .là passion, épiouvée gi vio-
lémmént et si, naïvement exprimée par
' Norra, .sa. jeunesse n'avait pu se 4éfendre
1 d'un certain trouble,—il pn arriva, disops-
, çpus, ; à pehs j e)- qu'après tout Pepkql avait
p'eût-èt'r^, raison,' et -qu'un i mariage, avec
Nèpto était eheorê ?a plus heureuse chàn-
ce. II souhaita donc finalement que le cou
sin fj't le bonheur de sa cousine, et, à^par-
tir dà ce moment, il se regarda comme le
plus'vprtueux des hommejs.
Sans doute le ciel v'oulat le récompen
ser de son effort, càr il retrouva a'tssitôt un
soulagement inattenduetun contentement
inférieurauquel il n'était plus.accoutumé.
Bientôt aussi la gracieuse image d'Edwina,
Uu moment obscurcie dans son aine, et
pour ainsi dire cliassee loin de lui par les-
préoccupations et les émotions de cette
soirée où sa pensée^ du moins, avait été
presque infidèle, roparut dans tout le sua
ve éclat do sa beauté,, et avec elfe les rian- "
tes idées d'avenir qui; d'ordinaire, lui lé
saient cortège.
. Cependant la triste,Norra, retirée>au, fond
de la tente de son grand-père, faisait, seule
et triste, la veillée des larmes. ,
- Ah! tous tan» que nous sommes, eu-
fans de la douleur, nous l'avons connue r
au moins une fois, dans notre vie, cette
veillée funèbre pendant laquelle on ense
velit à jamais dans l'oubli ce que l'on avait
le plus saintemènt et le plus ardemment
aimé!
Les premières gouttes d'une rosée froide
et péhétrante'âveftirent Henrick de rega
gner sà tente ; 11 y rentra plus, calme qu'il,
n 'en était sorti-, parce qu'il venait de pren
dre une résolution*qui |ui semblait tout à
là.fois honnête, prudente ét sage, et aqssi
paLrce que, après, tout, spn cœur à lui n'é
tait point engagé, et que, si bonsque nous
; soyons, les peines des'autre.s ne nous at
tristent jamais bien longtemps. ,
i , PeçkeVqui l'ayàvt jattendil. long-temps,, :
i é^ait reparti sans Pa ,voir vu.'ïleprick, dont'
fa conscience n'était pas trop rassurée sur
la manière dont il,avait rempli sa missiop,-
ne tenait pas précisément à le reiiçontrer.
Elpliège resta absent trois ou quatre
jours iàe plus qu'il n'avait cru. L'oflicier,
ne.lui pafla point de ce'qui s'était passé.
Pendant tout, le temps que Henrick res
ta seul, Norra rie parut point sous la tente 1 .
Elle y revint eu même temps que l'artiste.
Je n'ai pas besoin de dire si elle y l'ut là,
bienvenue. Steinborg s'était fait une chère
habitude de la voir:'elfe lui manquait • ia
raison avait bien pu, un moment, l'enga
ger à s'éloigner d'elle ; mais, maititenant
qu'il .croyait avoir réglé pour toujouts
leur avepir à tous deux ;. maintenant
I qu'il sMmaginaU que tout danger était
i prévenu ,et r sûrement évité , san's ,scru-
■ pule, sans remords ét sans crainte, il se
' livrait-à l'a j'oie de la revoir ; il' voulait,
; comme autrefois, s'abandqniiêr à la douce
: et charmante affection qu'il sentait grkn-
; dir en lui do jour en jour pour cette aima-
i blefiU'fe. , . , ,
Elpiiège, qui n'eût pas demandé mieux
i que de l'aimer, mais qui . avait compris
i tout de suite que cette affection ne serait
i jamais payée de retouç, avait brdvenicnt
i pris spn part?, èt Je, travail lui avait rendu
i d'abord la paix, avec laquelle étaient bien-
; tôt ; revenues la verve et la bonne humeur,
i Quant à Norra, elle était vraiment chan-
i gée. Sans doute elle était toujours aussi
i prévenante, aussi attentive pour les deux
j aipls ; elle paraissait toujours aussi em-
j pressée à les servir; mais elle /l 'avait plus,
j comme autrefois, cette' gaîté communica-
^ tive qui, pour togs ceux qui la'voyaient,
j faisait comme une fête de sa seule présen-
| ce; autrefois, chaque petit service rendu
S était pour elle un vrai bopheur ; son zèle,
; à présent, ne' se ralentissait' point , mais
il était plus calme. Elle accomplissait un
devoir; mais, comme autrefois, ce devoir
n'était plus un plaisir; on ne l'entendait
plus chanter ces mélopées laponnes.,un peu
langoureuses, mais pleines d'accent, aux.-
quelle? les, deux jeunes Suédois trouvaient
jadis un singulier charme. Elle avait ap
porté d'abord dans fout,ce qui regardait
ses hôtes u,ns sorte de passion, comme au
rait pu faire auprès d'un jeune sultan quel
que belle esclave amoureuse; maintenant
elle s'acquittait correctement de ,son offi
ce de maîtresse de maison , — si une pa
reille expression peut s'employer sans
trop d'impropriété dans la contrée" où
nous avons placé la scène ..de ce récit
— mais c'était tout. Ce changement fut,
tout à la l'ois , trop soudain et trop
complet pour qu'il pût passer inaperçu,
Henrick en connaissait trop, bien la cause
pour s'en 'mon,tier étonné ou pour-s'en
plaindre. Elphège, au contraire, suppor
tait impatiemment ces nouvelles façons ;
il regrettait l'aimable familiarité et le com
merce facile des premiers jours. Sans con
naître toute la vérité, il en soupçonnait du
moins une partie.
,Mais comme son ami, plus réservé que
d'habitude, n'av.ait pas jugé à propos de
s'en ouvrir à lui, il nç crut pas.dev.oir sol
liciter des cpnfidences qu'an ne lui faisait
pas ^ il interpréta mômç ce silepce coutre
celui q,ui le gardait; si obstinément, et,
parce qu'on.lui cachait ce qui é,tait, il crut
davantage. Bieptôt.les deux amis vécurent
l'urf près de l'autre dans un,e sorte de.con-
t-pain'te et de froideur pénible. Le jour squs
leq uel l'ar tiste voyait laLa.ponie s'assombritj
et si lé dessin d,e ses tableaux resta le même,
leurs'coloris'prit une, nuance,moins gaie.
Les travaux d'imaginatipii, qui sont com
me la lleur même de l'ame, ont besoin d"°
toute la puissance, de toute la sève, d fi
toute la santé de cette ame qui les pro
duit : comme les autres fleurs, auxquelles
nohs les comparons, elles ne jettent tou*
leur éclat que si elles naissent, sur un sol
riclie et vigoureux. Che? les hommes
qui sentent vivement, les dispositions in
térieures ont toujours de vives réactions
et de brusques contre-coups dans leurs
œuvres, et l'on peut juger, presque in
failliblement, des unes par les autres.
Rien, du reste, ne trahissait au-dehors ces
vicissitudes profondes et inattendues,: pour
tout ce petit monde, la vie recommença
de couler, comme autrefois, paisible, éga
le, calme, en apparence; pareille à ces
grands fleuves, dont la nappe bleue et sans
rides cache des' abîmes avec des cada
vres au fond.
Nepto, de. son Côté, n'était point resté
spectateur inintelligent de tous ces évèhe-
mens ; aussi avait il singulièrement modi
fié sa ligne de conduite; il ne sortait plus,
guère du camp ; son fusil se rouillait au *
clou,etses filets étaient si teesqu'on eûtdit
qu'ils n'avaieqt jamais trempé dans l'eau
des torrens : plus de chasse, plus de pê
che, les renards, et les écureuils avaient
beau jeu, et les truites et les brochets pou
vaient impunément, s'ébattre dans les ri
vières qui bondissent sur les lianes du
Kilpis ;" ils n'avaient plus à redouter les
embûches dejeur terrible ennemi. Nepto
vivait beaucoup auprès de son grand-père;
non pas pour l'entourer de soins et d'é
gards, ce qui n'était guère dans ses habi
tudes ; mais -il s'entretenait souvent et
longuement avec lui. Sans doute le su?,
jet de leur conversation les intéressait
beaucoup l'un et l'autre, car les Lapbns
liUKMLIX A FAMS : rue de Valois (Palais-Royal), n, 10.
-Il
MEli^llEOl 5 ÂVltlL lôtfl.
àBONNEOT DÉS DEPABTEMENS.
—-W
•A
TROIS M0IS.7T.T.Ï7
six mois. »•••••••••• • f
UN AN ••»•••#• I.I « * ^ 11 >
1.6. ra.
32 FR.
64. FR.
vocn lEs pats ét*ansebs , voir le tableau
publié les 5 et se de chaque mois.
finpï. L. BONIFAGE, r. des BoÈs-Enfais, 19.
JOURNAL POIITItjIIE ? IITTERAIRE, UNIVERSEL.
Le mode d'abonkemeot le plus simple est l'envoi d'un bon de poste ou d'un effet -
»ur Paris, à l'ordre de l'iDirausiRmo* du journal, rue de Valol*|, a* iOijj
, OÔMEâENS DE PàRISi
trois l^ois.. . .7 13 fr.'
six mois.... 77 : 26 fr:
UN AN................ 52 FRJ
UN NUMÉRO 20 CENTIMES,'
.Les abonnemens daf£nt,des l« et 16
de chaque' moîï.
Lcï l'eifres ou envbîs d'argent~KOïi AïTRAscrfis sont refusés,
(Les articles déposés nè, soiit'peis rendus; '-
Les annonces sont reçues chez m. panis , régisseur des 6 grands journaux/
me Notre-Dame-des-Victoires, n° 40 (place de Ja Bourse).
PARIS. 2 AVRIL»
D ôoïrl S ès ul1ï\àmontaikes.
bâtis son dernier discours au Corps Lé
gislatif, M,. Billaultne dissimulait pas que-,
à l'occasion du pouvoir temporel, ii s'était
formé, parmi nous, unB Boîte de parti
« petit) il es,t vrai, mais très énergique,
très actif, très agressif. » Ét l'honorable
ministre avait le regret < d'en trouver les
traces principales dans des «locuinens re
ligieux, » dans les mandemens de quel
ques -uns de nos ëvêques.
Pour notre compte, nous nous étions
borné jusqu'à présent à ne pas reproduire
ces pages éphémères, pleines de colère
-politique bien plus que de charité chré
tienne. Mais, puisque l'on persiste; puisque
la lettre pastorale succède au mandement)
la brochure clandestine à la lettre pasto
rale, il nous faut bien discuter, ces tristes
documens et en signaler les tendances in
finiment regrettables.;
Nous le ferons avec tout le respect que
nous professons hautement pour le carac
tère épiscopàl, mais aussi avec toute la
fermeté que commandent les périlleuses
doctrines que l'on nous oppose.
I.
Et d'abord, que penser etque dirq de la
forme littéraire' de la plupart de ce$
écrits ? La violence y paraît dans toute sa
brutalité; ét l'injure s'y déguise à peine.
Nous parlions, l'autre jour, de Mgr l'évê-
que de Poitiers et de son fameux parallèle
avec Ponce-Pilâte. Mgr l'évéque de Laval a
trouvé mieux : il est allé jusqu'à Caïphe.
Ce n'e«t rien, en vérité, il faut entendre
Mgr l'évêque de Perpignan. -
" Mgr de Perpignan débute en ces termes :
« Lés sornottes vont mal au bord d'un abî
me! » De quoi s'agit-il? * quelles sont ces
sornettes? Rien, moins que rien : les dé
pêches diplomatiques de notre ambassa
deur à' Romé. Voici ce qu'en dit l'iras
cible prélat : « Quand on se tient dans un
» vague artificieux parce que, d'une part,
n on voudrait insinuer que ces propos hos-
» tiles sont le fait du gouvernement ro-
p main, et que, d'autre part, on ne pourrait
» l'articuler nettement sans s'exposer à un
s "démenti irréfutable ; quand, en un mot,
» ori ramasse de misérables cancans dé police
» sur quelques individus , pour dénigrer la
» politique d'un gouvernement qui n'a pas
» recours, il fa,ut encphvènir, à des pror
- » cédés du mêmegenre, c'est là de la faus-
» soléi » Tèl n'est pas l'avis, On le sait
déjà, du cardinal Antonèlli,
ploraatique, dit au contraire : « C'est
parfaitement vrai ! »
Continuons. Mgr de Perpignan vient de
prendre à partie le roi Victor-Emmanuel.
Il ne le compare ni à Caïphe ni a Pilate,
pas même à Mandrin, comme l'a. l'ait un
très noblo duc, il le compare à Chilpériç,
■ le Néron français, » et ouvertement, il
appelle sur sa tête le couteau d'un nou
veau Landry. Il faut citer :
o Si nous venions à passer, dit l'auteur
x> do mandement, sous les murs de ce pa-
» lais, pendant qu'une royauté sacrilège
i> y prendrait.ses ébats,.nous nous rappé-
» lerions un trait rapporté par. Grégoire
» de Tours. Il s'entretenait avec un prélat
9 de sos amis, nommé Salviqs, à 1 entrée
» d$ la villa do B raine, habitée par, le roi -
»' Chilpério de sinistre mémoire. « N'àp'er-
» cevéz vous rien, lui dit son interlocu-
i> teur, sur le toit'de cette jnaison? — Je
i> n'y vois, lui réporïdit Grégoire deTours,
» qu|une espèce de seédnde.toiture que le
» roi y a fait poser Récemment, -r Vous
f n'y découvrez pas autre chose ? — Non.,
i> et vous, qu'y voyez-vous donc,? » Sal-
viuSj avec, un profond soupir, lui dit :
a — Je vois le glaive de la colère di-
» vine tiré' du fourreau" èt " suspendu,
s» sur ctettje maison. 'Ce Salvius devait
» Être ïjùeique fanatique du VI 0 siècle,
» qui avait la tète montée par lés passions
» des vieux partis de ce temps-là. Toutefois*
» sa vision fut bientôt de l'histoire. Nom
» croyons qu'il y. a aujourd'hui m bon norti-
» btlt. de fanatiques coikmkliii. fr
Ëst-cé clair? On ne devait pas parler
d'une autre façon pour armer le bras d'un
Jacques Clément ou . d'un éavaillac.- Ét
c'èst pourtant après celte incroyable page
que le bon évêque ajoute négligemment
« Les catholiques ont exprimé leurs sen
» timens dans un langage plein de cette
» dignité que la foi inspire ia douleur;
» Mais ils ne s'agitent pas, ils ne hurlent pas,
» ils ne font pas dètapage, àlamanière desdema-
» gogues. Ils traitent leurs affaires avec les
» administrations civiles j sahs leur parier
» du Vatican à propos d'un, mur mitoyen
» ou d'une fontaine communal &. Ils ne
» font pas du sentiment avec le juge de pait
» ou le percepteur ; ils en font encore moins
» aveû les gendarmes. Ils ont, en certains
» cas,, de fort bonnes raisons poiir ne pas
» laisser échapper des mots trop vifs. Lei
6 commissaires de police peuvent donc écrire
» dans leurs rapports que l'agitation reste
» tranquille»."
Quel style et quelle doctrine! Est-ce là,
nous le demandons à la bonne fol et à la
conscience de chàcuii, le langage qui con
vient à un évêque de Perpignan, dé ce siè
ge épiscop'al si riche en gloires èt ea vertus
chrétiennes? Passons, passons vite, et arri
vons à une discussion plus sérieuse.
Ce qui frappe, dans l'ensemble des quel
ques mandemens que nous avons sous les
yeux, c'est moins la violence que la simi
litude et l'unité de certaines idées. L'épis-
copat français, du moins dans &es princi
paux membres, n'est guère plus gallican; il
est yltrambntain. Ce n'est pas un péril,
comme le prétendent quelques-uns, mais
c'est un avertissement.
On a beaucoup parlé, dans ces derniers
temps, du Concordat de l'Empire,. On l'a
cité! à tout propos comme une concession
magnanime du Saint-Siège au .Premier
Consul. A. beaucoup de points de vtfe, c'e&t
le contraire qui est la vérité. Expliquons-
nous : ' , .
Certes, nous n'avons pas oublié les cir
constances exceptionnelles où se discu
ta cet acte de réconciliation religieuse ,
et l'histoire n'est que juste lorsqu'elle
en fait un titre de suprême, honneur
pour le chef de la dynastie napoléonien-
né; Cependant «et acte ; à part d'heureu
ses réformes dè. détail et quelques me
sures transitoires, constituait un double
triomphe pour la cour de Rome, un dou
blé échec pour la politique traditionnelle
de la monarchie -française. - Au fond, di
sons-le hardiment; -il sacrifiait les hom
mes et les principes de 1682.
Ét pourquoi? Pour obtenir que le Pape
prît sur lui de modilierles circpnscriptions
diocésaines, de demander leur démission
aux anciens titulaires • de nos évêchés, et,
en cas do refus, de passer outre. Le cardi
nal Corisàlyi, malgré ses résistances appa
rentes, dut .s'en réjouir tout bas : cette-
mission délicate n'élablissait-élle point que
le Pape était non plus seulement de pre
mier, mars le chcl de ,tous les évêques et
le maître absolu de tous lôa-éVêcliés ? Nous
nous sommes soi-vent demandé comment
le Premier Consul avait pu attacher tant
d'importance- à cette intervention pon
tificale. Quelques vieux prélats émigrés
personnifiaient, il «st vrai„l' incien régimç
et étaient ouv.ert'énjent iiostiles au nouvel
état de ch.osés. Mais le gouvernement avait
pour lui les lois et les précédons de l'an
cienne monar laie, et.il pouvait, à l'excim-
pie de Louis ^IV, écarter de leurs sièges
les récalcitrans. Il n'eût pas fallu, comme
sous le grand roi, jusqu'à "trente-trois let
tres de cachet. -
Quant aùx circonscriptions diocésaines,
les Homaies les plus corapétens en matiè-,
res politiques et religieuses en. sont enco
re à se dema.nder s'il n'eût pas été plus sa
ge d'augmenter que de. diminuer le nom
bre des siègeê épisdopauxi i.>
Bu reste; le Pi-eriiier Consul fut le pre-
irlier â s'apercevoir de là fauté compiisey
et, avec l'activité et le bon sens du génie,
il se mit immédiatement à l'œuvre pour la
répàrer. De là lès lois organiques que Mgr
de Poitiers ne veut pas reconnaître au
jourd'hui^ qui ne sont toutefois que l'at
ténuation des règles suivies par l'ancienne
royauté ; de là les mesures prudentes
prises successivement contre les préten-i
lions ultraiïiontaines. C'était toute une œu
vre de reconstruction patiente que les évè-
nemèns liiilitaires në liii permirent péts
d'achever*
Vint la Restauration. Sa tâche semblait
facile vis-à-vis la cour de Rome; Elle n'a
vait qu'à se souveuir, puisqu'elle ne Vou
lait pas oublier; elle n'avait qu'à repousser
le Concordat de Napoléon pour en revenir
simplement et absolument aux traditions
de Louis XIV; fti l'utl, ni l'autre. Ëlle se li
vra pieds et poings" liés, ét « donna tout
quand elle pouvait tout demander, » a dit
M. de Chateaubriand.
La monarchie de juillet alla d'un extrê
me à l'autre, et ne fut guère plus ha
bile., Une réaction religieuse venait dë
se produire, elle ne sut pas en tirer parti.
Elle commit la faute la plus grave que
puisse commettre un gouvernement : elle
s'abstint. Elle laissa faire et laissa dire,
permit le sac de l'archevêché et encouragea
là fondation du journal l'Univers. C'est de
cette époque, én définitive, que date la si
tuation difficile et compliquée dont nous
recueillons aujourd'hui les résultats. MM.
Villemain ét Cousin, par une conversion in
attendue, oilt beau se faire aujourd'hui les
champions et'les apôtres de l'Eglise, ce
sont eux, leurs doctrines et leurs disci
ples qui l'ont amenée à l'état où elle
est ; — ce .sont eux qui, en France ,
avâiont réduit le clergé à la condition de
paria politique, le> chassant successive-
men^ des assemblées délibérantes , des
urnes électorales et "même de nos collèges
ei de nos écoles. Qui ne se souvient que,
pour être admis aux épreuves du " bacca
lauréat, un séminariste était obligé de
présenter de faux certificats et de cacher
sa soutane !
Il y avait là évidemment plus qu'une in
justice, il y avait une persécution. L'injus
tice devait répugner à un noble, cœur, la
persécution à un gouvernement "véritable
ment national. Le premier soin de l'Em
pereur'Napoléon III fut de mettre un
tern?e à l'une et de faire cesser l'autre.
Sous lui, lé clergé a recouvré i\on seule-
merit; tous les droits, mais tous les hon
neurs du citoyen. Ses écoles et ses élèves
jouissent de la loi commune et parfois de
certains privilèges,exceptionnels; tous ses
prêtres sont électeurs et ses membres les
plus illustres siègent de droit au Sénat.
«Rien de mieux, ,a-t-on dit; jusque-là
tout est prudent, équitable et profondé-
ment'politiq'ue. .Mais (pourquoi ne l'avoue
riez-vpuâ pas? M. Billault l'a bien avoué
par rapport au vicariat des Romagnes).
le gouvernement de l'Empereur, tout
entier, au désir. d'opérer entre l'Eglise
et l'Etat une réconciliation complète et
définitive, es;t. allé trop loin : il a fait plus
d.e concessions qn'il ne le devait pe.u't-ctre.
C'est ainsi qu'il a permis, sous le ministè
re de M. Fortoul, que la coqr de Rome lit
prêcher librement en France des doctrines
anti-gallicanes; qu'elle intervînt dans des
qu'estions de discipline et .de liturgie, et
que, se faisant j'ugeentre,un journal ctlren-
tè-sept évêques, elle donnât tort à ces der
niers. Remarquez* le," évêques blâmés
alors s'ont aujourd'hui les plus' fougueux
ultramontainç : ils prennent leur revan
che. Ahl sans doute, si cette revanchp
s'exerçait, en temps ordinaire, dans de cer
taines iiiîîitîss, bien coprtoisës et bien ba-
hale^ vous, aufiez le droit d'èri rii-e et de
passer. Malheureusement, les circonstan
ces -^lit délicates et difficiles^ et la rancu-
neYeo'fflme la conviction, ne s'arrête ja
mais en chemin. Elle jse frapperait plutôt
elle-même que.de ne'pas frapper. Or, voilà
a'ijourd'hui exactement où tous en êtes. »
Cette explication est-elle sérieuse? Ce
serait donner une bien petite- cause'à un
bien grand parti-pris, èt, en tout cas, ne
justifier nullement les doctrines mons
trueuses qui viennent de se produire par
mi nous, sut-cette terre de France, terre
de liberté, d'égalité, de etiarité, et.surtout
de bon sens;
a-. grandguillot.
telegraphie privee: .
- Londres, "2.avril. .
Le limes croit que, quelque menaçantes que
soient les apparences, en Ce. qui' touche les af
faires générales, c'est la question du Holstoin
qui est M* plus dangereuse pour le maintien
de la paix. .
Les consolidés ont fermé • de 91 1/2 à 91 5/8.
Vienne, 1 CI avril.
• La Gazette d'Agram contient des nouvelles du
théâtre. de la, gueri-e de l'Herzegowlne. Des
combats ont eu lieu le 22 et le 23, à Ellatovayj
près de Bibec» Mahmoud-Paella a repoussé l'at-
tague de front, : grâce à l'appui qu'il a reçu de
Derwisch-Pacha. ■ ■■ ' ■ • ■
■ La garnison turque de Neksik est toujours
enfermée. L armée turque, compte 18,000 hom^
meg f mais elle est mal nourrie et mal entre--
tenue. On craint que les bachi-bouzouks ne se
révoltent. .
Le muschir Ismaël-Paclia «st parti pour Ba-
lisca.
Vienne, 2 avril.
La crise ministérielle continue. On dit M.
de Schmerling chancelant;
Pesth, 1 er avril.
On apprend que l'approbation de la résolu^
lion âujudex curiœ est de nouveau misé en
question.
' L'ouverture de la diète aura probablement
lieu samedi prochain.
. _• . Pesth, 2 avril.
Dans des conférences particulières, tenues
par les députés présens dans notre ville, on a,
jusqu'à présent, décidé de ne pas ouvrir.la
diète à Bude. Du reste,; cette résolution pour
ra être modifiée d'ans la conférence générale.
: Le comte-Apponyi est arrivé ici.
L'ouverturedes: séances curiales, qui devait
avoir lieu demain, est "mise en question par
suite do la crise ministérielle.
Agram , l tr avril au soir.
Ce soir, il y a.eu-une émeute. Ou a brisé
les Fenêtres dans l'hôtel de la police et on.-y a
arraché les aigles ; dans d'autres édifices pu-
blics,- les mêmes scènes ont eu lieu ; il y a eu
des blessés. ' *
Berlin. 2 aviïl.
On mande des frontières polonaises à la date
du 1 er . Hier, line émeute a eu lieu à Kalisch.
3,000 personnes ont fait Un charivari hu pré-'
posô du;c.ercle;;on a brisé les fenêtres de.sa
maison, et le préposé, pour échapper aux in
sultes, a été obligé dese réfugier dans la mai
son des cadets. L'adjudaiit-substitut a été éga-.
lement insulté. Plus tard, on a fait des chari
varis au président du tribunal et b l'inspec
teur des école?. L'ordre a dû être rétabli par
les troupes. .
Bieslau; 2 avril.
On mande deVai sovié, le 31 mars :
M. Platonofî,' adjoint au ministre secrétaire
d'Etat; est attendu à Varsovie; il est envoyé
par l'empereur en qualité de commissaire im
périal, chargé de mettre à exécution les réfor
mes qui viennent d'être concédées au royau
me' de Pulogae.
M. Kanke, administrateur de la principau
té de Lowicz^i été nommé directeur des théâ
tres, en remplacement du général Abr.imo-
wiez.
■Les daines "de-Varsovie, pour donner à la
classe ouvrièro un témoignage de reconnais^
saocé pour Son-patriotisme et pour sa noble
et sâj.'e conduite, ont organisé pour le jour de
■ Pâques, des repas qu'elles leur ont offerts.
Dans chaque: principale n^ais'on, vingt-cinq
ouvriers ont trouvé utic généreuse hospitalité.
On comptait plus de quatre mille invités.
> Varsovie, 2 ayril.
•. Il a été publié une deuxième proclamation
de la4ieutenaûce générale. Le prinoe-lio;;ts-
chafeoff y dit que.la gravité des circonstances
Je, force île nouveau d'eûappeier à la raison de
la pcpulation. . ..
/,« Le? institutions,, prpmisqs .garantissent
dil-il,-l« intérêts, les plus chers:du pays : Jâ
religion, la nationalité; et les promesses*faites
serout loyalement exécutées...»'
Par conséquent, il engage la population d'é
viter toute occasion de troubles que. le gouver
nement ne tolérerait pas, et qui lie" pourraient
que compromettre le sort de toutes les con
cessions à venir.
Saint-Pétersbourg, 2.ayril. '
On lit dans une circulaire, adressée le 20
mars par le prince Gortschakoff aux diverses
légations lusses à l'étranger : -
l'empereur, iieii loin d'écarter les rétormes,
en prend l'initiàtive et qu'il les poursuit av ec
persévérance.. L'empereur veut que ce quu
accordé soit une vérité, en mettaRt la Poiogue
dans la voie d'un-progrès régulier, rf
f . Gênes, 'lavri 1 ; r
Garibaldi a quitté, le 31 mars au soir,
prera et, 11 est arrivé à Gênes. On croit qu'il se
rend à Turin.
Turin, 2 avril.
L'-Opinione annonce que MM. Spaventa, Maci-
ni, linbrlâni et Sact-lii, sont nommés secrétai
res -généraux à. Naples auprès de la lieute-
nance.
Le général de La Marmora a retiré sa démis
sion; .
Turin 2 avril.
Dans son interpellation, M. Massari a dit que
les Napolitains aiment la, patrie italienne et
haïssent l'autonomie, parce que, en dehors de
l'unité, il n'y a pas de sàlttt pour l'Italie. La
réaction n'existe-pas. Cependant, à Naples, il
n'y a pas de bou gouvernement, et dans les
provinces il n'y à pas de sûreté, publique,
parce que l'ancien système bourbonien existe
encore,
. La séance continue. .
La rente est à 75.50.
Marseille, 2 avril.
" D'après des lettres de Naples,du 30 mars,
l'autorité, à la suite d'un rassemblement de
prétendus garibaldiens, aurait interdit les che
mises rouges que la plupart dos garibaldiens
continuent à porter.
Une démonstration était annoncée pour le 3 i.
. I)es soldats et des gardes nationaux avaient
désarmé des camorristi malgré leur résis
tance,. . -v , . ' .
Le typhus sévissait dans les hôpitaux, ou la
plupart des sœurs de charité françaises étaient
tombées malades.
On mande de Rome le 30 mars que 80 four
gons piémontais étaient'arrivésdans la demi ere
nuit aux portes de Rome et que le chef pié
montais avait assuré que c'était par suite, d'u
ne erreur involontaire de direction. M._de
Gôyon avait fait reprendre au convoi le che
min de Terni. Le gouvernement pontifical se
serait émU de cet incident.
Madrid, i e1 avril- '.
On attend impatiemment dans le congrès
les débats touchant la politique extérieure.
Ils s'ouvriront probablement la semaine pro
chaine.
La question du Mexique sera largement trai
tée dans le Sénat. ( Havas-Bullier.)
Nous avons reproduit, à titre de docu
ment, la lettre de S. A. le prince Murât
sur. les affaires de Naples. Cotte publica
tion pouvant donner lieu à de fausses in
terprétations, houç devons déclarer qu'elle
est toute spontanée de notre part, et, com
me, tout ce que nous publions, elle impli
que notre seulè responsabilité.
On, comprendra ; que nous n'ayons pas
cru devoir soustraire de la publicité une
pièce qui pouvait offrir à nos lecteurs quel
que intérêt de curiosité.
Nous sommes autorisés d'ailleurs à ajou
ter que. ce • 'document tout "individuel" ne
saurait engager en rien la politique du
gouvernement, car.-il.est évidemment con
traire à cette politique. l. boniface.
COURS '
8 >08S DM CLOTVliM.
3 0/Oaucomot:
—Fin du 0.0^».
11,2 aa compt.
—Pm dû mois.
DE
le 1 er
67 90
61 93
93.75
95 G0
LA BOURSE
' le 2
67 55
61 70
93.45
95.50
■â0«sb.
I »
U»M
» 35
25
30
10
Le Journal des Débats publie ce malin un
article qu'on aurait pu intituler : Les an-
ciens parlementaires jugés et condamnés par
eux-mêmes. Cet article, signé par le secré
taire de la-rédaction, exprime le sentiment
pénible qu'éprouve, la rédaction tout en
tière à se voir infliger l'épithète .de révo
lutionnaire par ses amis d'autrefois, qu'el
le ne-nomme pas, mais qu'elle désigne
suffisamment. Le ton du Journal des Débats
est douloureux. I] se drape dans son man
teau, norl sans qùeiquo dignité, comme Cé
sar, al dit à çes vieux ingrats qui le frap
pent,: Tu quoque.
Mais le chagrin, dans ce journal, ne sau
rait complètement étouffer, n ême pour un
jour, l'esprit du vrai polémiste. Et les amis
du Journal des Débats , qui se tournent en
ce moment contre lui, à propos des affai
res d'Italie, reçoivent., il faut le dire, une
assez verte leçon^
Après avoir très nettementeonstaté qu'il
y a deux espèces de révolution : la bonne
et la mauvaise; après avoir établi les ca
ractères qui distinguent l'une de l'aut;
le Journal des Débats explique fort bfl
pourquoi, n'étant pas révolutionnaire
France, il est révolutionnaire en Itali
* où tous ces souverains, dont les trônes
» viennent do s'écrouler les' ains sur les
» autres, sous le poids de leur impopula-
» rité, non-seulement étaient absolus en
» principe et avaient recours, pour soute-
» nir leur pouvoir^ auxplus odieux moyens
»• du despotisme, mais repoussaiént systé-
maliquement toute réforme sociale. »
DatJb ^ e telles conditions, le Journal des
n r-n^nrend pas pourquoi ceux de
ses anciens amis lai reprochent sa po
litique dans la question" italienne ne sont
pas révolutionnaires avec iu.\- . etl
effet fondé à compter sur leur au." esi ® n »
alors que ces hommes « ont été les apoi^?7
» gîstcs et les historiens de la Révolution'
» française, s Alors que «par leurs écrits;
» par leurs leçons, par leurs discours, ils
» ont préparé la révolution de I880> ils y
» ont applaudi et en ont été les plus cons-
» tans et les plus êloquens défenseurs. »
Le Journal des Débats parle d'or. Mais si
son chagrin nous occupe en cette circons
tance ; si nous applaudissons à ses reHioiH
trances qui nous paraissent fort justes^
nous ne partageons nullement sa surprise,'
Les hommes de l'ancien parti parlement
taire n'ont pas changé. Ils apportent dans
leur conduite politique le principe d'op?
position de parti-pris qu'ils montraient
autrefois dans la lutte des portefeuilles-
Orateurs souples autant qu'éloquens, les
phrases ne leur manquent jamais pour
expliquer ieurs, contradictions.: Ils excel
lent à passionner leurs auditeurs sur des
questions qui les laissent eux-mêmes très
froids et très indifférens. Aujourd'hui ;
c'est le pouvoir temporel du Pape qui fait
l'objet de leur exercice d'esprit. Voltai--
riens , philosophes, hérétiques de-la veille,,
les voici devenusle lendemain plus papistes
que le Pape. Libéraux, républicains d'hier/
ils se montrent aujourd'hui plus absolutis
tes etplus rétrogrades que lecardirial Anto-
helli. Dévotion *le sceptiques, absolutisme
de révolutionnaires, quoiqu'ils en. disent, cè
g^nt là jeux d'esprit doiit il ést loisible au
Journal des Débats de s'émouvoir, mais que
la France fefe5 r 4 e a T ec une .curiosité in
différente, et qui, Pi eu merci ! ne peuvent
plus renverser les gon."® raemens ' ■
Les nouvelles qui nous parviC.! 1 ^® 111 d (î ,
Varsovie sont vagUes et incompleî»?^- ^
est impossible de dire, avec quelque degri»
de certitude, si les concession» laites par
l'empereur de Russie ont ramené le cal
me dans les-esprits. Il y a quelques jours
on annonçait que les organes de la popu
lation polonaise avaient manifesté une
certaine satisfaction subordonnée toute-'
fois, à la maniéré dont seraient comprises
et appliquées les réformes accordées, à
Saint-Pétersbourg. Laj télégraphie privée
nous a fait connaître hier qu'un rescrit,
expliquant et complétant ces concessions,
avait été publie. Comment cette communi
cation a-t-elle été reçue par l'opinion pu
blique? C'est 'ce que nous ne savons pas
encore.
Les Polonais ont agi avec beaucoup de di-,
gnité et defpatriotisme en donnant àUeurs
réclamations des allures toutes pacifiques.;
Mais il serait injuste de méconnaître les
tendances libérales et généreuses dont a
fait preuve le souverain le plus absolu de
l'Europe, en sacrifiant spontanément une
partie de son pouvoir sans limites pour apai
ser les plaintes de ses sujets. Qu'on se re
porte. par la pensée, au règne de l'empe-
reur Nicolas, et, qu'on se figure quel accueil
auraient obtenu de lui les manifestations et
l'expose des griefs,des Polonais. Ce qu'on
doit espérer, c'est que le gouvernement de
l'empereur Alexandre et les populations
polonaises persisteront dans une voie de
modération et de conciliation.
S'il était nécessaire de prémunir les Po
lonais contre le péril d'oxigences crois
santes,'quelque justes qu'elles pussent être
d'ailleui'i, il suffirait de leur signaler la
joie avec laquelle tous les fournaux abso
lutistes; et particulièrement les journaux
. autrichiens, ont accueilli l'espoir d'un sou
lèvement en Pologne. Ils y cherchent un
moyen infaillible de faire pencher l'in
fluence russe dircôlé des défenseurs du
pouvoir absolu, et de la rallier à la poli
tique autrichienne. Nous ne voyons pas
ce que ia Pologne y gagnerait.
D'après les journaux de Vienne, le gou
vernement de. François- Joseph vient de.
prendre une mesure'qui tendrait à confir-
. Feuilleton du Goastitutionnel, 5 avc|l.
I\ AMOUR M LAPONIE
is. ;
. Henrick fit lé plus maussadasoijp.çf dui
monde, en maudissant de tqu't son. cœur
la cuisiné laponne, à laquelle ponrlânt.U
s'était montré jusqu'ici assez indifférent',
disant gaîmeni .qu'il mangçajt pour vivre
et qu'il ne'vivait pas poûr'mânger;. lé mot
ne serait pas nouveau en France^ mais en
Laponie il paraissait piquant,.La. taïde se
trouvai bientôt desservie. ob ' mange vite
quand on mângeseul, HenriçK,quipe savait
trop que faire dans sa tenté déserte, alla
s'asseoir à quelque distance sur un monti
cule, d'où il dominait tout. le. campement
de la tribu. Parmi ces tîntes barioléçs,
rayées dé couleurs bizarres, il se (|eman-
dait laquelle habitait 1 jS T orra,.o s t, une fois,
sur cette pente, sâ pensée, njs ,s'arrêtait
point qu'elle n'eût touché lé b^t.-li voulait
savoir ce gu'elle faisait à .pètte heuçs,,
quels étaient ses seiïtimens; si ellesoulfrait
beaucoup^ et combien de temps'méttrait à se
ci catrfser la blessure saignante desoheoeur.
Par momens, Iesmau'vaisinstincts de nptré.
nature égoïste l'emportaient, et. il ne lui
déplaisait pas spngcr. que cetté ame qér-
Ucate, exquise production de la nature,
que les hommes n'av-aient p^s .encore eu
le temps de gâter, lui oflrirait âi'nïi, com
me un sacrifice agréable à sa vanité mascu
line, rhoœfliàg #,de. ses sentimens les plug
délicatSi et ,les-,plus,purs,. C 'est, là une
bonne :fortuqe ,que les plu j. favorisé'^ d'en
tre les hommes n 'ont pas bien des fois
daps leur vie. Disons - le cependant :
Henri et.: ne; s'arrêtait pas, longtemps sur
qes pensées .égoïstes : .bientôt au, con
traire il révenait àj des sentimens plus
généreux et,, se rappelant ce qu'il y
avait île bon,. de" loyal et, d'affectueux
datjs.céite belle et jeuno^ame-, un peu
sauvage peut-être, mais", si ardente et si
sinc&re, il ne: souhaitait,plus que-son bon
heur.,. quand même, ce bon lieu/ eût dû'
se payerd'^n.complet r oubli de luiimême.;
DisonVle tout de s,uite. : chez .l^enrick,
dé'tels sentimens né prouvaient point une
générosité qui sentît, de , tro'p^ loin, son
héros de roman. Ilçnrick aimait ailleurs.
Si la touchante, cérémonie des fiançailles,
•qui lie les. destinées de,,.deux jeunes
• ames, et leur dpnne un. avant-goût.^des
joies," du.mariage , .n'avait pas encore
4té Jiccomplie entre lui et la belle
Édwina, ils ne s'en regardaient pas moins
comme assurés d'une union,prochaine.
. Dans do telles circonstances, _et avec la
Sûreté d,e mœurs que l'on rencontre d'or-
inaire chez les hommes du Nqrd, iîcnriclç,
! s qui le inariage n'était^ pas possible ayçc
Nor^aj se fût rendu coupable d^uh vérjtà-
f ble cripieien tentant Fœ,uvrUdâinnable de
' Ta séduction'. Jl en était vraiment incâpa-
! y,e.. l'I en arriva donc, après quelque per r
i plexité étu^phéurp delutte avéc son coeur, .
— car de,vant .là passion, épiouvée gi vio-
lémmént et si, naïvement exprimée par
' Norra, .sa. jeunesse n'avait pu se 4éfendre
1 d'un certain trouble,—il pn arriva, disops-
, çpus, ; à pehs j e)- qu'après tout Pepkql avait
p'eût-èt'r^, raison,' et -qu'un i mariage, avec
Nèpto était eheorê ?a plus heureuse chàn-
ce. II souhaita donc finalement que le cou
sin fj't le bonheur de sa cousine, et, à^par-
tir dà ce moment, il se regarda comme le
plus'vprtueux des hommejs.
Sans doute le ciel v'oulat le récompen
ser de son effort, càr il retrouva a'tssitôt un
soulagement inattenduetun contentement
inférieurauquel il n'était plus.accoutumé.
Bientôt aussi la gracieuse image d'Edwina,
Uu moment obscurcie dans son aine, et
pour ainsi dire cliassee loin de lui par les-
préoccupations et les émotions de cette
soirée où sa pensée^ du moins, avait été
presque infidèle, roparut dans tout le sua
ve éclat do sa beauté,, et avec elfe les rian- "
tes idées d'avenir qui; d'ordinaire, lui lé
saient cortège.
. Cependant la triste,Norra, retirée>au, fond
de la tente de son grand-père, faisait, seule
et triste, la veillée des larmes. ,
- Ah! tous tan» que nous sommes, eu-
fans de la douleur, nous l'avons connue r
au moins une fois, dans notre vie, cette
veillée funèbre pendant laquelle on ense
velit à jamais dans l'oubli ce que l'on avait
le plus saintemènt et le plus ardemment
aimé!
Les premières gouttes d'une rosée froide
et péhétrante'âveftirent Henrick de rega
gner sà tente ; 11 y rentra plus, calme qu'il,
n 'en était sorti-, parce qu'il venait de pren
dre une résolution*qui |ui semblait tout à
là.fois honnête, prudente ét sage, et aqssi
paLrce que, après, tout, spn cœur à lui n'é
tait point engagé, et que, si bonsque nous
; soyons, les peines des'autre.s ne nous at
tristent jamais bien longtemps. ,
i , PeçkeVqui l'ayàvt jattendil. long-temps,, :
i é^ait reparti sans Pa ,voir vu.'ïleprick, dont'
fa conscience n'était pas trop rassurée sur
la manière dont il,avait rempli sa missiop,-
ne tenait pas précisément à le reiiçontrer.
Elpliège resta absent trois ou quatre
jours iàe plus qu'il n'avait cru. L'oflicier,
ne.lui pafla point de ce'qui s'était passé.
Pendant tout, le temps que Henrick res
ta seul, Norra rie parut point sous la tente 1 .
Elle y revint eu même temps que l'artiste.
Je n'ai pas besoin de dire si elle y l'ut là,
bienvenue. Steinborg s'était fait une chère
habitude de la voir:'elfe lui manquait • ia
raison avait bien pu, un moment, l'enga
ger à s'éloigner d'elle ; mais, maititenant
qu'il .croyait avoir réglé pour toujouts
leur avepir à tous deux ;. maintenant
I qu'il sMmaginaU que tout danger était
i prévenu ,et r sûrement évité , san's ,scru-
■ pule, sans remords ét sans crainte, il se
' livrait-à l'a j'oie de la revoir ; il' voulait,
; comme autrefois, s'abandqniiêr à la douce
: et charmante affection qu'il sentait grkn-
; dir en lui do jour en jour pour cette aima-
i blefiU'fe. , . , ,
Elpiiège, qui n'eût pas demandé mieux
i que de l'aimer, mais qui . avait compris
i tout de suite que cette affection ne serait
i jamais payée de retouç, avait brdvenicnt
i pris spn part?, èt Je, travail lui avait rendu
i d'abord la paix, avec laquelle étaient bien-
; tôt ; revenues la verve et la bonne humeur,
i Quant à Norra, elle était vraiment chan-
i gée. Sans doute elle était toujours aussi
i prévenante, aussi attentive pour les deux
j aipls ; elle paraissait toujours aussi em-
j pressée à les servir; mais elle /l 'avait plus,
j comme autrefois, cette' gaîté communica-
^ tive qui, pour togs ceux qui la'voyaient,
j faisait comme une fête de sa seule présen-
| ce; autrefois, chaque petit service rendu
S était pour elle un vrai bopheur ; son zèle,
; à présent, ne' se ralentissait' point , mais
il était plus calme. Elle accomplissait un
devoir; mais, comme autrefois, ce devoir
n'était plus un plaisir; on ne l'entendait
plus chanter ces mélopées laponnes.,un peu
langoureuses, mais pleines d'accent, aux.-
quelle? les, deux jeunes Suédois trouvaient
jadis un singulier charme. Elle avait ap
porté d'abord dans fout,ce qui regardait
ses hôtes u,ns sorte de passion, comme au
rait pu faire auprès d'un jeune sultan quel
que belle esclave amoureuse; maintenant
elle s'acquittait correctement de ,son offi
ce de maîtresse de maison , — si une pa
reille expression peut s'employer sans
trop d'impropriété dans la contrée" où
nous avons placé la scène ..de ce récit
— mais c'était tout. Ce changement fut,
tout à la l'ois , trop soudain et trop
complet pour qu'il pût passer inaperçu,
Henrick en connaissait trop, bien la cause
pour s'en 'mon,tier étonné ou pour-s'en
plaindre. Elphège, au contraire, suppor
tait impatiemment ces nouvelles façons ;
il regrettait l'aimable familiarité et le com
merce facile des premiers jours. Sans con
naître toute la vérité, il en soupçonnait du
moins une partie.
,Mais comme son ami, plus réservé que
d'habitude, n'av.ait pas jugé à propos de
s'en ouvrir à lui, il nç crut pas.dev.oir sol
liciter des cpnfidences qu'an ne lui faisait
pas ^ il interpréta mômç ce silepce coutre
celui q,ui le gardait; si obstinément, et,
parce qu'on.lui cachait ce qui é,tait, il crut
davantage. Bieptôt.les deux amis vécurent
l'urf près de l'autre dans un,e sorte de.con-
t-pain'te et de froideur pénible. Le jour squs
leq uel l'ar tiste voyait laLa.ponie s'assombritj
et si lé dessin d,e ses tableaux resta le même,
leurs'coloris'prit une, nuance,moins gaie.
Les travaux d'imaginatipii, qui sont com
me la lleur même de l'ame, ont besoin d"°
toute la puissance, de toute la sève, d fi
toute la santé de cette ame qui les pro
duit : comme les autres fleurs, auxquelles
nohs les comparons, elles ne jettent tou*
leur éclat que si elles naissent, sur un sol
riclie et vigoureux. Che? les hommes
qui sentent vivement, les dispositions in
térieures ont toujours de vives réactions
et de brusques contre-coups dans leurs
œuvres, et l'on peut juger, presque in
failliblement, des unes par les autres.
Rien, du reste, ne trahissait au-dehors ces
vicissitudes profondes et inattendues,: pour
tout ce petit monde, la vie recommença
de couler, comme autrefois, paisible, éga
le, calme, en apparence; pareille à ces
grands fleuves, dont la nappe bleue et sans
rides cache des' abîmes avec des cada
vres au fond.
Nepto, de. son Côté, n'était point resté
spectateur inintelligent de tous ces évèhe-
mens ; aussi avait il singulièrement modi
fié sa ligne de conduite; il ne sortait plus,
guère du camp ; son fusil se rouillait au *
clou,etses filets étaient si teesqu'on eûtdit
qu'ils n'avaieqt jamais trempé dans l'eau
des torrens : plus de chasse, plus de pê
che, les renards, et les écureuils avaient
beau jeu, et les truites et les brochets pou
vaient impunément, s'ébattre dans les ri
vières qui bondissent sur les lianes du
Kilpis ;" ils n'avaient plus à redouter les
embûches dejeur terrible ennemi. Nepto
vivait beaucoup auprès de son grand-père;
non pas pour l'entourer de soins et d'é
gards, ce qui n'était guère dans ses habi
tudes ; mais -il s'entretenait souvent et
longuement avec lui. Sans doute le su?,
jet de leur conversation les intéressait
beaucoup l'un et l'autre, car les Lapbns
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 84.36%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 84.36%.
- Collections numériques similaires Lettres Lettres /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettres "Audren de Kerdrel Dom Maur Audren de Kerdrel Dom Maur /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Audren de Kerdrel Dom Maur " Clémencet Dom Charles Clémencet Dom Charles /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Clémencet Dom Charles " Lettre Lettre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettre "
- Auteurs similaires Lettres Lettres /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettres "Audren de Kerdrel Dom Maur Audren de Kerdrel Dom Maur /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Audren de Kerdrel Dom Maur " Clémencet Dom Charles Clémencet Dom Charles /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Clémencet Dom Charles " Lettre Lettre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettre "
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k672426n/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k672426n/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k672426n/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k672426n/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k672426n
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k672426n
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k672426n/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest