4b ANNEE.—N* 87.
7—ii""*"——— M ■!—1WI
4B0NNEIENS DES. DEPMTEMRS.
BUREAUX A PARIS : rue de Valois (Palais -Royal),
trois Mois.:r. : .".7;-.:
SIX MOIS
UN.AI*.
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16
32
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tous lus pats ètbanbebs, voir le tableaii
publié les s et 20 do chaque mois.
tapr. L. BONIPACE, r, de3 Bon*-Eofans, 19.
JEUDI 28 MARS 1861.
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mwwws DE PàRÏSj
13
26
52
TROIS MOIS
SIX MOIS...
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Fit;
JOURNAL POLITIQUE, LITTERAIRE, UNIVERSEL.
ON NUMÉRO 20 CENTIMES;
Les abonnemens datent des 1" et 16
de chaque mois.
Le mode d'abonnement lo plus simple est l'envoi d'un boa de poste oa d'un elTet
sur Paris, à l'ordre de l'ADjcaiSTRAtm du iqurnal, rue de Valoir, n:40», ;
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Les articles déposés ne sont pas rendus.
Lés annonces sont reçues chez M. P anij ,'régisseur des 6 grands journaux,
rue Notre-Dame -des-.Victoires, n° 40 (place de la Bourse),
PARIS, 27 MARS.
Nous publions #-après le discours pro
noncé par M. ,1e comte de Cavour au sujet
de la question romaine. Nous voyons tou
tefois par les dépêçhes privées que cette
réponse n'a pas clos les débats. La Cham
bre a entendu successivement M. le comte
Joachim Pepoli et M. Buoncompagni. Ce
dernier a proposé un ordre du jour moti
vé, ( et les orateurs de la gauche ont de
mandé la proclamation pure et simple de
Rome comme capitale de l'Italie, en priant
l'Empereur des Français de rappeler ses
troupes. Nous ne connaissons pas encore
lé résultat de la discussion.
Les Etats du Holstein se sont ajournés au
4 avril en attendant que le commissaire
royal ait reçu de Copenhague les instruc
tions qu'il a demandées au sujet du vote
du budget.
Le gouvernement danois, sans se dépar
tir de son attitude conciliante, se met en
mesure d'être prêtpour toutes les éven
tualités. Le 7* et le 20* bataillons recevront
prochainement l'ordre dè se mettre en
marche pour Sonderbourget Schleswig. A.
partir du 15 avril, on commencera à dou
bler l'effectif dés bataillons. Une batteriede
canons rayés est prête; trois autres seront
terminées dans le courant du mois pro
chain, d'après le modèle français.
Les nouvelles de Pologne disent que M.
de Mukhanow serait décidément remplacé
par un personnage très aimé, M. le géné-
-ral-major Gecewiez.
L 'Indépendance belge a "reçu de Varsovie,
par la télégraphie privée, une fâcheuse
nouvelle. Le lundi 25, dans la soirée, de
nouveàux désordres auraient eu lieu dans
•-cette ville. La foule se serait livrée à une
manifestation tumultueuse contre le géné
ral Abramowisch, directeur des théâtres
impériaux de Varsovie, et l'un des person
nages qni partageaient au plus haut degré
l'Impopularité de M. de Mukhanow. Les
vitres de l'hôtel du général auraient été
brisées. La troupe n'est pas intervenue.
Cette nouvelle preuve de-modération don
née par les autorités russes, loin d'encou
rager le désordre,doit, ce nous semble,
Inspirer aux citoyens qui ont accepté, la
tâche de maintenir • l'ordre dans ces mo-
mens critiques, un surcroît d'énergie et de
dévoûment. La cause polonaise excite en
Europe un intérêt général, et ce serait avec,
un profond sentiment de tristesse qu'on
la verrait se compromettre .par des dé
monstrations imprudentes autant qu'inu
tiles, et qui auraient pour résultat- inévi
table, d'arrêter l'empereur Alexandre II
dans la voie-de conciliation où il est si no
blement entré. | '
On sait, du reste, que „ des concentra-
tions,de troupes, sur différens points de là
Pologne, ont été ordonnées, ët que la gar
nison de Varsovie va bientôt atteindre le
chiffre de 30,000 hommes.
L'affaire de ,1a constitution hessoise qui
a tant ramuéies passions politiques en Al
lemagne regte statiopnaire. On annonce,
cependant, que le prince électeur de liesse,
après avoir disions }es dernières Cham
bres, s'est décidé à ftpre un nouvel àppél
à -la nation pour procéder à la nomination
d'une autre Chambre. Mais ..il "n'est pas
douteux que les électeurs "ne renvoient les
mêmes députés pour les représenter dans
le Parlement- hessois, et: la . position du
prince régnant s'en trouvera de plus en
plus difficile vi£-à'-v,is de l'association na
tionale, des .différentes Chambres législa
tives et de toutes les populations alleman
des. .
Le rejet du concordat par les députés
de "Wurtemberg a.provoqué une crise mi
nistérielle qui a de la peine à se terminer.
M. Rumelin a donné sa démission, mais il
reste" en fonctions jusqu'à' la nomination
AugdstIe ViTii.:
TÉLÉGRAPHIÉ PRIVEE.
- >■ ' Londres, 27 mars.
Les consolidés sont refctés à 92 demandés.
L'Edimlurg a emporté 102,000 livres sterling
pour l'Amérique.
Londres, 27 mars.
L'office Reuter publie la dépêche suivante :
Washington, 16 mars.—Le gouverneur Hus-
ton refuse de reconnaître la convention du
Texas. Le nouveau tarif du Sud commencera
à fonctionner le l"jnai.
» - Vienne, 26 mars.
On assure que le ban de Croatie, M. Sokce-
vitz, a offert sa démission, mais qu'elle n'a py
encore été acceptée.
Agram, 26 mars.
Les confins militaires ne seront pas repré
sentés dans la diète de Croatie.
, Agram, 26 mars.
Le mouchir Ismaïl-Pacha a concentré' des
troupes autour de Tréblgne ; il y en a d'au
tres a Gacko et Bilesca.
Dans ce moment, on se tient tranquille. Les
insurgés et les Monténégrins arment. Tous les
villages situés au midi de Trébigne et de Gac
ko se soumettent au prince des Monténégrins,
qui a eu dernièrement une entrevue avec les,
consuls européens résidant à Scutari.
Pesth, 26 mars.
On assure que l'empereur d'Autriche assiste
rai à l'ouverture de Ja diète hongroise ; on en
conclut qu'il a accepté toutes les propositions
faites par la chancellerie de la cour.
Berlin, 26 mars.
Hzehoë, 26 mars.— Dans la séance d'aujour
d 'hui de l'assemblée des Etats, le commissaire
du roi à déclaré qu'il,ne pouvait encore ré
pondre à la (fuestion qui lui avait été adressée
Ear la commission des Etats concernant le
udget. Lè gouvernement veut examiner cette
demande avec soin. Il souscrit en conséquen
ce À ce que la durée de la session fixée d'abord
soit prolongée. Des membres de la commission
ont relevé le caractère équivoque de cette dé
claration. L'assemblée s'est ajournée au 4
avril. ■ ' '. V
. Berlin, 26 mars.
On mande des frontières de Pologne que M.
Mukbanoff a été remplacé par le général ma
jor Gecewiez, personnage très aimé en Polo
gne.
■* Breslau, 27 mars. "
La Gazette de Silésie publie, une dépêche té
légraphique de Varsovie contenant les réfor
mes promises pour le royaume de Pologne.
La circonscription universitaire est suppri
mée. Pour le culte et l'instruction publique,
une commission, sera instituée. M. de Wiehx
polski en a été nommé directeur. L's écoles
seront réformées; des écoles supérieures et une
Faculté de droit-seront créées. Le conseil d'E
tat sera composé de prêtres, de hauts digni
taires et d^autres notabilités; il jouira du droit
de pétition. Les conseillers gouvernementaux,
les conseillers «antonnaux ainsi que les.mu-;
nicipalités des grandes villes seront nommés
par l'élection. ,
~ Turin; 26 mars.
Dans la Chambre des député! a eu lieu la
discussion sur les affaires de Rome. Pepoli
(Joachim) proteste contre les accusations "dé
violence émises par des orateurs étrangers^ La
solution de la question de Rome aura lieu par
la restitution au Pape de son autorité morale.
L'orateur applaudit à Napoléon 111, q\ii, dé
gageant le pouvoir spirituel des liens du
temporel, rendra à l'Eglise un service plus
signalé, que ne^le fit Charlemagne par sa
fatale donation. 11 termine ainsi : Confiance
6 Saint-Père ! * confiance dans la liberté
sauvera la loi et la papauté! ; < . «•;
M- Roncompagai, ^'adressant aux accusa
teurs étrangers, constate que le mouvement
italien n'a rien d'offensant,pour le sentiment
religieux, qui est sacré dans toute l'Italie. Au
nom de la majorité, il propose le vote motivé
. suivant : t
« La Chambre ayant entendu la déclaration
du ministère, et ayant la confiance qu'après
avoir assuré la dignité, le décorum et l'indé
pendance du Pape et la liberté entière de l'E
glise, il y aura lieu à l'application du piincipe
de la non-intervention d'accord avec la Fian
ce , et que Rome, capitule acclamé?, par l'opi
nion nationale, sera rendue à l'Italie, passe à
l'ordre du jour; »'
Les orateurs de la gauche poposent une sim
ple proclamation de-Ropae comme capitale, en
priant Napoléon de retirer ses troupes,
M. Ferrari dit que,le seul système politique
est l'alliance avec la.France. 11 soutient que
Rome a toujours été fatale aux rois d'Italie.
Pour y aller et pour v'rester, il faut changer
les idées philosophiques en idées religieuses.
La discussion continue.
Madrid, 26 mars,
lasf Novedadt's assurent que les sénateurs
progressistes sopt décidés a agir de concert
avec'le gouvernement daus la discussion des
lois administratives.
i
qui
Le retard du courrier de la Havane com
mence à inspirer de l'inquiétude.
v {Ilavas-Bullier.)-
COURS
COUR) B1 CLOTCKl.
3 0/0 au compt.
—Fin du mois.
41,2 &u compt.
—Fin du mois.
DE LA BOURSE.
le 26
68.15
68 20
96. »
96. »
le 27
67.90
67.93
85.60
95.70
HADIII. 111(91
• f » ',25.
» » » 25
» » » 40
» » » 30'
Le 5 janvier 1860, l'Empereur adressait
à son ministre d'Etat une lettre qui conte
nait tout un programme économique. Les
points principaux deceprogrammeétaient :
la suppression des droits de douane sur
les matières premières nécessaires à l'in
dustrie, la. réduction de l'impôt sur les
denrées de grande consommation, la sup
pression des prohibitions et leur rempla
cement par des droits protecteurs, enfin
la conclusion de traités de commerce avec
les puissances étrangères. Les actes ont
suivi de près la parole. Avant de repren
dre l'étude suivie des questions qui se rat
tachent aux intérêts généraux du commer
ce etde l'industrie, il ne nous paraît paysans
intérêt de récapituler aujourd'hui ce qui
s'est accompli en treize mois, sous l'initia
tive hardie de l'Empereur, avec le con
cours intelligent et réfléchi des Chambres
législatives.
Le 23 janvier 1860, un traité de commer
ce est signé entre la France et la Grande- ••
Bretagne; les ratifications sont échan
gées à Paris le 4 février; et le traité est pu
blié par décret du 10 mars en même temps
qu'un article additionnel relatif aux al
cools et eaux-de-vie, daté du 25 février, ra
tifié le 28.
Le 22 mars, un décret impérial suppri
me, à partir du 15 avril > les*droits de navi
gation maritime perçus Sl'embouchure des
fleuves. ~
Une loi, promulguée les 5 mal, exécu
toire le surlendemain 7 mai, exempte de
tout droit les laines 1 et cotons, et diverses
autres matières premières (gommes, salse
pareille, curcuma, quercitron, safran,
potasse, nitrates, cochenille, laque, indi
go, pastel, cachou, rocou, etc.)> importés
par navires français, et fixe des droits mo
diques sur les mêmes matières importées
sous pavillon, étranger ou par terre. La
même loi supprime les primes accordées à
l'exportation des fils et tissus de laine et
-de coton, dans un délai qui varie de deux
à cinq mois, à partir de la promulgation
de la loi.
Une loi, promulguée le 23 mal, exécu
toire le lendemain 24, réduit, dans la pro
portion des dèux cinquièmes environ, les
droits sur les sucres, le café, le cacao et le
thé.
Le 31 mai, une décision ministérielle
lève la plupart dos entraves qui arrêtaient
le commerce de transit, savoir : suppression
de tqute formalité pour les marchandises
de transit exemptes de droit à l'entrée et
à la sortie; substitution du passavant à
l'acquit-à-caution et exemption du plomba-.
ge pour les produits affranchis de droits
seulement et passibles.de taxes à la sortie;
suppression du double plombage ou du
prélèvement d'échantillons pour un cer
tain nombre de marchandises; enfin sup
pression du plombage et de la marque
pour les chevaux, bêtes de somme et bes
tiaux. .
: Le I e * juillet, les charbons et le coke an'
glais sont admis en France, conformément
au traité de commerce, moyennant lo droit
de 15 centimes par 100 kilog., plus les 2 dé
cimes, ensemble 18 centimes par 100 ki
logrammes.
Uue lui du 14 juillet permet la fabrica
tion et le-commerce des armes de guerre
tous autorisation ministérielle. .
Une loi du 18 juillet réglemente l'enga
gement et le transport des émigrans.
Une loi du 28,-juillet étend d'une maniè
re libérale les dispositions de la loi du 22
juillet 1851 sur les grandes pêches mariti
mes, et réduit de 7 fr. à 3 fr. parli 0 kil. le
droit à l'importation aux Antilles des mo
rues de pêche étrangère.
Une loi du 1" août autorise le gouver
nement à prêter à l'industrie une somme
de 40 millions de francs pour le renou
vellement ou l'amélioration de son maté
riels. .
i Une autre loi du 1" août règle le rem
boursement des droits perçus ou à perce
voir sur les machines et mécaniques im
portées dejmis le 1" janvier 1860 ou com
mandées avant le 15 du même mois.
Un décret du 1 er août permet l'importa
tion des laines en masse par tous les bu
reaux de douane de l'Empire;
TTn décret du 4 août réglemente lës con
ditions de l'abonnement accordé faculta
tivement aux fabricans de sucre Indigène,
par l'article 4 de la loi du 23 mai 1860.
Un décret du 22 août dispose quejus-
qu'au 30 septembre 1861 les grains qt fa
rines importées par terre, par navires
français eu étrangers, sans distinction
. de provenance ni de pavillon, no seront
soumis qu'au minimum des droits déter
minés par la loi du 15 avril 1832. Ce dé
cret, qui prépare la suppression définitive,
de l'échelle mobile, porte en outre exemp
tion de tous droits de tonnage pour les
navires chargés de graines ou de farines.
Un décret du 8 septembre réduit à 10 fr.
par 100 kil. le droit à l'importation sur le
poisson de mer dit stock-fish, de pèche
étrangère, frais, sec, salé ou fumé.
Un décret du 24 septembre réduit à 6 et
S fr. par 100 kil. le droit d'importation
■ur le sulfate de soude.
Un décret du 29 septembre autorise
l'Importation dans les colonies françaises
machines et mécaniques, objets en
fonte, en fer ou en tôle propres à l'exploi
tation des sucreries et provenant des ma-,
nufactures étrangères, moyénnant le paie
ment des droits auxquels ces objets sont
soumis dans la métropole. ,
Le 1" octobre, en vertu d'un décret du
19 septembre, les fers, fontes, tôles et
aciers d'origine et de manufacture britan
nique, sont admis en .France moyennant
un droit de 7 fr. par 100 kil. pour les fers,
et des droits variant depuis 2.50 jusqu'à
30 fr. pour les autres articles du tarif.
Le 1 er novembre, en vertu d'une conven
tion supplémentaire datée du 12 octobre
précédent, les nouveaux tarifs sont appli-:
qués à divers produits oq marchandises
britanniques, savoir : métaux, ouvrages en
métaux, outils, horlogerie, machines, mé
caniques, pièces détachées de machines,
sucres raffinés, etc.
La même convention du 12 octobre avait
fixé les droits définitifs sur la-carrosserie,
la coutellerie, la tabletterie, les peaux, les
bois, meubles et bâtimens de mer ; mais
la mise en vigueur de ces tarifs n'a eu
lieu que dans la limite indiquée par le trai
té, de commerce lui-même, c'est-à-dire au
31 décembre 1860.
Un décret du 3. novembre, transforme lè
sous-comptoir des métaux fen sous comp
toir du commerce et de l'industrie au ca
pital de 20 millions de francs.
Un décret du 30 novembre promulgue
une deuxième convention supplémentaire
au traité de commerce conclu Je 16 du mê
me mois, qui fixe les droits nouveaux à
percevoir en vertu du traité de commerce'
_-su t les : fils et tissus de lin, de chanvre, de
'jute, de coton, de soie, de laine, etc., sur
les produits chimiques, la verrerie, et cris
tallerie, les poteries, l'alcool, etc., etc. Ces
tarifs, dont l'application pourrait être re-
tirdée à la rigueur jusqu'au 1 er juin 1861
pour les fils et tissus de lin, de chanvre et
dejute, et jusqu'au I" oc lobre suivant pour
les autres articles, nè sont pas encore en
vigueur. .
• Un décret du 5 janvier 1861 complote les
réformes des 5 et 23 mai 1860, en affran
chissant, du droit d'entrée un grand nom
bre de matières premières, telles que les
peaux brutes , fraîches oii sèches , les
crins, les graisses, les dents d'éléphant,les
écailles de tortue, les.fruits ét graines oléa
gineuses,le caoutchouc, lagutta-percha, les
chanvre, lin et jute en tiges brutes, teillés
etétoupes; les minerais, le cuivre, le plomb,
l'éiain, le zinc, le nickel, les os et sabots
de bétail, etc. De légers droits différentiels,
3ui varient selon la capacité de tonnage
e chaque marchandise, subsistent sur ces
catégories de produits lorsqu'ils sont im-
ficrtes par pavillon étranger, excepté sur
es minerais, qui demeurent absolument
exempts. Par le même décret, les primes
sont supprimées dans un délai" de deux
mois sur l'exportation du soufre, des
Îeaux et cuirs, du plomb, ducoivre et du
ai ton. •
Undécret du 12 janvier, rendu sur la
démande de la chambre de commerce de
Lyon, réduit à 100 fr. par 100 kilog. le droit
à l'importation du cuivre doré ou argenté,
filé'sur fil où sursoie. <
Le 16 janvier, un autre décret, ayant
.pour but de compléter, en faveur des con
sommateurs, le bienfait de la réduction
des droits sur les sucres, sopyime ia sur
taxe qui éloignait de l^bnsommaiion in
térieure les sucres - étrf"îgers,
Enfin, pâf décret dui 13 février dernier,
l'introduction temporaire en franchise des
tissus de coton écrus en pièces, destinés a
être imprimés en France pour la réexpor
tation, est autorisée.
A cette rapid« nomenclature, dans la
quelle nous n'avons compris^ ni les che
mins de fer, ni les, mines, si nous ajou
tons que le gouvernement impérial mène
à bonne fin des négociations commerciales
avec la Belgique et le Zollverein, on re-
connaîtia que l'œuvre accomplie dans l'es 1
pace d'une année est immense, et témoi
gne de la plus/énergique activité chez les
hommes d'Etat à qui incombe plus spécia
lement la tâche d'accomplir le programme
économique de l'Empereur. Elle n est pas
complète cependant, puisqu'une notable
partie des nouveaux tarifs établis en vertu
du traité de commerce avec la Grande-Bre-
fagne n'est pas encore exécutoire. D'un au-
tre|côté, la première application des réfor
mes ne date que du 7 mai 1860 pour les co
tons et les laines; que du 24 mai pour les su
cres et les cafés; que du 1 er juillet pour la
houille et le coke ; que du 1" octobre pour
les fontes, fers et aciers ; que du 1 er no
vembre pour les métaux, les outils, les
machines et les sucres raffinés; que du 1"
janvier pour la carrosserie, la tabletterie,
la coutellerie et les bâtimens de mer ; ; et
enfin que du 5 janvier 1861 pour les - fils
de chanvre, de lin, de jute, pour les mi
nerais, les peaux, etc.
Par conséquent, nous f-ommes encore
dans une période transitoire qui ne donne
qu'une idée très-imparfaite des résultats
probables de la grande réforme commer
ciale qui vient de s'accomplir.
A uguste V itd.
Voici le discours prononcé par M. le
comte de Cavour, dans la chambre des
députés de Turfin, en réponse aux inter
pellations de M. Audinot :
L'honorable- préopinant, en -interpellant le
ministère, il exposé parfaitement la question.
Il demande jpourquqi l'dn n'applique pas à
Rome le principe de non intervention, et in
terroge le ministère sur la ligne de conduite
qu'il entend suivre. La question de Rome doit
être . traitée à fond '; je ne répondrai pas seu
lement à l'interpellation du préopinant,
je. dirai pleinement ma pensée sûr ce pro
blème dont la solution intéresse 300 mil
lions de catholiques , et exercera une im
mense" action dans le monde. Il n'y a - pas
lieu ici à des artifices oratoires. Quand celte
question était encore lointaine., qu'elle ne
réclamait pas une solution prochaine, il a été
prudent que le ministère ne la touchât
qu avec reserve: aujourd hui,. bien que d'im
menses difficultés entourent encore celui.qui a
l'tionneur de vous parler, il. s'efforcera de sa-:
tisfaire à votre attente. La première vérité à
pr.-ciamer. c est qu'il est impossible; dè conce
voir une Italie constituée sans Rome pour ca
pitale. Si nous avons le droit, le devoir de
vouloir Rome, g est à cause de cette impossi^
bilite. Le preopinant a très bien dit que cette
véjite était sentie d instinct, proclamée sans
hésitation par quiconque juge avec sincérité
de nos affaires. A la vérité, l'Italie, a beau
coup a faire encore pour s'organiser et pour
résoudre les problèmes de sa formation inté
rieure. pour renverser les obstacles séculaires
élevés dans son sein contre le bon ordre politi
que. l'our v arriver, il faut une union, une
concorde, que Ja question de Rome, tant
qu'elle ne sera pas résolue, empêchera de se
réaliser. ~
Des hommes de valeur, de bonne foi,-peu
vent porter leur. préférence sur telle ou telle
ville; mais il est un fait incontestable, c'est
que si Rome était une fois notre caplt,ale 3 tou
te discussion sur ce point devicadrait impos
sible. Le fait seul entraînerait un accord ab
solu et universel. Je vois donc avec regret des
hommes éminens, des patriotes qui ont rendu
de grands services au p^s et aux cruels l'hono
rable M. Audinot jr fait allusion, attribuer à ce
choix nécessaire-que nous avons dû faire de
notre capitale naturelle des motifs futiles
et- peu sérieux. Ce choix, l'histoire, tous les
élémens de la civilisation d'un peuple l'ont
déterminé. Qu'est-ce que l'histoire "de Rome,
si ce n'est colle d'une capitale, bien plus, d'une
capitale du mande ?' Elle sera aujourd'hui
celle d'une grande nation. Je fais appel au pa
triotisme de tous'les Italiens; Que notre ac
cord montre ,à ftfurope la nécessité que ces
faits nous imposent. Je déclareque.personnel
lement je préfère peut-être aux monumens
anciens et modernes de la ville éternelle,
les iruès simples et sévères. de ma ville
natale. Mais ma résolution, comme celle de
mes compatriotes, est prise; elle est, comme
celle de cette noble ville, résignée, je.le. décla
re ici comme député de Turin, au sacrifice que
la patrie.lui demande. Nous devo.ns aller à
Rome, mais sans que l'indépendance du Pape
eïi souffre, sans que l'Etat étende sadomination
sur l'%llse< Si, ce que je crois impossible, la
Franae se trouvait hors d'état de s'opposer à no-
.tre entrée dans Rome, nous renoncerions à y
entrer en lui faisant violence. N'imitons pas
l'Autriche dans son ingratitude proclamée par
la bouche d'un de ses hommes d'Etat avec
un triste courage. Ce courage, elle n'a cessé ,
de l'avoir. Au congrès de Paris, pas une puis- '
sance ne fut si hostile à la Russie, si tenace
contre la paix que l'Autriche, qui avait été
sauvée par elle peu d'années auparavant. Pour •
nous qulj liés avec la Russie par une amitié
qu'un nuage n'a pu obscurcir que momenta
nément, je l'espère, montrons par notre con
duite envers la France que nous ne ressem
blons point à la puissance que nous avons
combattue avec l'aide des armées françaises.
Quand nous a\onsen i859, demandé
l'appui de la France, l'Empereur ne se dissir
mulait pas les difficultés dc> la situation que
cette guerre lui créerait avec la ceur de Rome.
Nousne pouvons pas, après avoir accéplé le
bienfait, aggraver les embarras qu'il peut ap
porter au bienfaiteur. Si nous arrivons a përsua- -
der aux catholiques quelaréunion de Romeau
reste del'Italiene peut êtrepourl'Eglise unecau-
se de dépendance, la question aura fait un grand
pas. Bien des gens de bonne foi pensent, en
effet, qu'une fois le Parlement à Rome, une
fois le roi au Quirinal, le Pape perdrait beau
coup de son indépendance; qu'il ne serait plus •
que le grand-atfmônier, le chapelain du roi.
Si ce* craintes étaient fondées, je n'hésiterais
pas à dire que. cette réunion serait fatale, non >
Seulement au cathelicisme„ mais aussi à l'Ita
lie. 11 né peut arriver à lia peuple un plus •
grand malheur que la concentration entre les
mains du gouvernement des pouvoirs spiri
tuels et des pouvoirs temporels. Là. où ces
pouvoirs sont réunis la liberté disparait, c'est
le régime des Califés. Jamais il n'en sera ainsi '
en Italie.
Examinons sous toutes ses faces cette ques
tion de l'influence de la réunion de Rome à
l'Italie, sur l'indépendance du pouvoir spi-
rituel. ' -
D'abord le pouvoir temporel rend-il réelle
ment le pontife indépendant? S'il en était ain
si, j'hésiterais à résoudre le problème; mais
personne ne peut le soutenir. Au' temps où les
souverains, appuyés sur le droit divin, regar
daient leur domination comme un droit de pro
priété absolue sur les. hommes et les choses, je
comprends qu'un pouvoir de cette nature fut
une garantie; pour le Pape; sympathique ou
non, l'autorité était subie, sinon acceptée.
Mais, depuis 1789, lés gouvernemens reposent
sur le consentement tacite ou exprès des popu-:
lations.
La France, l'Angleterre , la Prusse procla
ment ce principe, accepté presque. La Russie
S'en rapproche, ou du moins ne le repoûfse
plus, comme faisait l'empereur Nicolas. L'a
pouvoir qui no repose point sur cette base,
qui entrelient même un antagonisme absolu
entre-le-peupie qu'il gouverne et lui n'a pins
de possibilité d'exister. Or, cet antagonisme
apparaît, dès la restauration dans les Etats du
Pape, et apparaît comme un mal sans remède.
J'en appelle au témoignage d'un homme qui
se" dévoua à une tâche impossible à, Rome,
dont la mort fut un des plus grands malheurs
que l'Italie ait éprouvés.
Les peuples épuisés par les luttes de l'Empi
re, supportèrent quelque temps un régime
qué:rendaient d'ailleurs, moins dur 1a bonté
au Pontifu et'' les lumières du cardinal Con-
salvi. Eu 1821, l'antagonisme éclate; 1831,1c
montre plus vif, plus décidé ; de Bologne à
Ancône, il éclate ouvertement. L'étranger in
tervenait, il est ■ vrai, pour. l'étouffer, car ce
fut'une intervention des mieux caractérisées.
• Aujourd'hui, depuis près do deux ans, les
Romagnes sont affranchies, réunies à nous;
elles ont une presse libre, des associations li
bres ; il y. a un journal clérical à Bologne; il
est plus violent que l'Armonia de Turin.
. S'est-il manifesté daus les populations des
regrets quelconques pour l'ancien gouverne
ment? On a critiqué tels ministres, le miriis-^
1ère même ; personne, que je sache, n'a. der
mandé le retour des anciennes autorités. (On
rit.) V
Chose plus remarquable encore, les Marches
et l'Ômbrie ont dû, par des causes-dépendan
tes de circonstances militaires-et politiques,
être évacuées par la force armée; pas un.sol
dat,. n'y. est demeuré; elles sont,restées.con
fiées au patriotisme des gardes nationales;
elles-étaient exposées aux menées d'un paiiïi,
installé tout près de là, à quelques liepes, à
Rome; et la conduite de ces populations a été
Eure .de tout excès, et, admirable de sagesse,
ien qu'elles fussent menacées par des catho
liques travestis en zouaves.
Je ne suis pas le défenseur du pouvoir tem
porel, mais je serai juste pour lui. Je ne tiens
ni le Pape, ni ses ministres pour responsables
des actes atroces auxquels s'est portée sur cer
tains points la réaction. Ces actes 1 prouvent
seulement la déplorable influence exercée sur
les caractères par un tel régime.
Je crois avoir assez établi l'antagonisme qui
règne entre le Saint-Siège et les populations.
S'il en est ainsi, ce pouvoir-n'est pas pour le
Pape une garantie d indépendance.
BB
Feuilleton du Constitutionnel, 28 mars.
M AMOUR EN LAPONIE
■ VI. . . ,
Henrick était beau ; c'était là peut-être
la première de ses vertus ; c'est parfois la
seuld qualité que l'on demande à un hé
ros de roman. Sixième fils d'un industriel
riche, qui avait des capitaux-considérables
engagés dans les mines de fer de la Suède,
millionnaire s'il eût été fils unique* réduit
à la portion,congrue/par la présence de
cinq frèret et de trois sœurs, élevé dans
une aisance que la Suède prend pour du
luxe r il n'avait guère, —conyne la plupart
des jeunes gens de ce siècle, — qu'un seul
but; c'était d'arriver le plus promptement
possible à ; une position large, et indépen
dante. Après avoir servi l'Etat, il comp
tait ne plus servir- bientôt que lui-même,
et, saisissant l'occasion par. son unique
mais > solide' cheveu,, il espérait ; se faire
traîner par'.elle à la fortune. Lé talent
qu'il aurait l'occasion de déployer dans
ses difficiles études eq Laponie, , serait
pour lui la meilleure de toutes les no
tés auprès des grands capitalistes, qui
pourraient par la suite lui confier la
'direction ,de leurs intérêts. Ce program
me sérieusement arrêté dans sa tête, Hen
rick était disposé à le suiyre avec une obs
tination et une fermeté que rien désormais
ne devait détourner du but. Ajoutons que
Henrick avait rehçontré, l'hiver précédent,
une certaine Edwina, à laquelle était adres
sée la lettre qui précède, et dont Je pèrè
possédait deux ou trois gaards dans la
Dalécarlie et une carrière de porphyre
auprès d'Elfsdale : Edwina passait poùt
une des plus jolies filles de Stockholm.
Il l'avait d'autant mieux aimée, que cet
amour était raisonnable, que le mariage
consoliderait sa position, et quo sa fortu
ne etson cœury trouvaient leur compte en
même temps.: 11 ferait un mariage d'incli
nation avec ' une femme riche. N'est-ce
point là le vœu secret des meilleurs d'entre
nous?
Tel était le héros déNorra, tel était son
idéal, tel était l'homme autour duquel al
laient désormais graviter, comme des. satel
lites autour de leur planète, tous les rêves,
toute lapasslon, toute la tendresse delapau-
vre enfant. Cette tendresse demeura long
temps silencieuse, et cette passion muet
te t .'les jeunes ames sont pudiqpes J C'est
à peine si Norra osait s'avouer à elle-même
un secret que sa bouche n'eût jamais tra-'
hi. Mais mille choses parlaient pour elle.
Il y a long-temps qu'on l'a dit : On n'est
bien servi que par les mains qui aiment !
Jamais, despote oriental n'eut d'esclave
plus attentive que notre petite Laponne ;
elle s'ingéniait de mille façons pour ren
dre afmable et doux ,à Jlenrick et à Èl-
phège, car il ne lui était pas possible de
séparer l'un de l'autre, le séjour de son
pays.;Leur petite tente, placée aux limites
mêmçs du campement d'été de,la tribudes
Kilps, au, bord d'un ruisseau et à l'abri
d'un'grand sapin, qui lui servait depilier
central, était pourvue de ces mille objets
qui peuvent.servir à la commodité et à l'a
grément de la vie confortable. Il est vrai
que les jeunes gens les avaient apportés de
Suède avec eux, mais c'étaient les ( maiHS
mignonnes deNorraqui les avaient disposés
avec ce goût vraiment efquis; jamais la ten
te d'un Lapon n'avait eu cet air rianl ? pro
pre et coquet; qui, aux yeux mêmes des
deux Suédois, faisait d'elle le plus agréa
ble séjoiir. Quand ils y rentrèrent, après
une longue course, le lendemain de leur
arrivée, en la trouvant si parfaitement
disposée, chaque chose à sa place, et pré
cisément à la place qui lui convenait;
quand ils firent que l'on avait semé le sol
nu de foulages, et mis des fleurs partout,
ils furent Vraiment touchés de ces aima
bles attentions, et Norra fyt récompensée
de sa peine par le plaisir et la-surprise
qu'elle vit se peindre sur leur visage.
—C'est un palais ici! s'écriaElphège d'un
ton joyeux : un palais dans un désert;
c'est à toi que nous le devons, belle prin
cesse !: ajouta-t-il, en se tournant vers
Norra.
—■ J'ai fait de mon mieux , répondit
simplement la petite-fille de Peckel.
— Eh 1 ton mieux est très bien, répliqua^
Henrick, en prenant le menton deNorra*
par un geste familier.
La jeune fille baissa la tète et devint tou
te pâfe.- . • ■- . - -
—C'est la plus jolie tente que j'aie jamais
vue; continue Henrick, qui n'avait pas
même remarqué son émotion.
— Eh bien 1 lâche de t'y plaire... et d'y
rester longtemps,-ajouta-t-elle plus bas.
—11 faudrait être bien difficile pour ne
pas s'y plaire, dit Elphège à son tour, et je'
suis sûr qu'il n'y axien do pareil de Dron-
theim au cap Nord. Elle a donc des doigts
de fée, cette petite, ajoutâ-t-il en prenant
Norra par la main et en l'amenant jus
qu'au milieu de la tente, devant Henrick
Steinborg, qui, tout ocqupé de ranger ses
livres et ses papiers sur la table du milieu,
ne songeait guère à l'examiner. 11 releva
pourtant la tête et arrêta une seconde fois
ses yeux sur Norra.
On eût été assez embarrassé - poitr, dire
iquel était le sentiment prédominant qui
se peignait en ce moment- sur le visage
jeune Suédois. Etait-ce la surprise ou
l'admiration, le plaisir ou l'étonnement ?
Il .y avait, 1 en tout cas, dans son regard,
une curiosité vive et qu'il ne songeait pas
le moins du monde, à cacher. Il était assez
bon physionomiste pour deviner tout ce
que révélait d'intçlllgence ce front bombé
aux tempes ; toutice que promettait d'éner
gie cette petite bouche aux. lèvres minces;
sans être aussi brune que les autres fem
mes de sa tribu, pour qui venait de Suède,
où les femmes semblent pétries dans la nei
ge, Norra n'était pas une rose blanche. MaiSv
on avait bientôt fait d'oublier la couleur
pour la forme. Elphège, qui'avait fait ses
académies et long-temps étudié la sta-
tuaiïe chez le vieux sculpteur Fogelberg,
déclarait que sesbras étaient de la plus clas-
: siquo élégance; Henrick trouvait lui-même
qu'ello avait des mains d'enfant. Cependant
tout;chez elle annonçait une nature riche
ot généreuse. Son abondante chevelure,
fiartagée d'ordinaire en deux tresses éga-
es qui descendaient jusqu'à ses talons; ses'
hanches accusées comme celles des Espa
gnoles et des Bohèmes; ses reins aussi
hardiment cambrés que -ceux deè plus au
dacieuses bayadères qui aient jamais bon
di sur les mosaïques des palais indiens; le
feu'et l'animation de son regard. Ajoutez
le prestige saisissant de l'étrange té et de
la jeunesse, et vous comprendrez qiie, telle
qu'elle était, Norra dut finir par sembler
à nés deux amis une petite créature tout
à fait à part. Ils n'eussent pas eu besoin de
venir en Laponio pour lui rendre justice :
on l'eût remarquée partout.
11 y a maintenant quatre mois que l'ar
tiste et- l'officier vivent parmi lès Lapons.
Henrick a levé assez de plans pour oc
cuper tout un état-major pendant deux hi
vers; Elphège, de son côté, a rempli ses car
tons de croquis; il no reste point, dans
tons les environs, un arbre, une femme:,
un renne ou un chien qui n'ait posé de
vant lui, et il commence à faire des dour
bles, pendant que Steinborg met au net
ses dernières épures:
llien n'était changé dans la yie d'aucun
de nos personnages : Elphège était toujours
gai,Henrick toujours galant, et Norra, plus
sérieuse encore, s'il est possible„vivait en
elle-même plus que jamai§. Les fossettes
devenaient plus grandes dans ses joues
fermes et rebondies, que l'on voyait pâlir
sous leur légère teinte de bistre. Le corail
des lèvres, du rouge vif, passait au rose'
pâle, et son grand œil, plus souvent voilé
soiis les longs cilSj était presque toujours
abaissé vers la terre. _
Un jour, Elphège, qui était allé prendre
des points de vue dans la montagne, s'at
tarda plus que de coutume; Henrick avait
assidu ment travaillé depuis le matin, et, en
attendant son compagnon, ne sachant que
faire, il sortit pour jouir du calme et de
la beauté d'une soirée incomparable. II
faut avoir passé un'automne dans l'extrê
me Nord pouiv savoir quel peut être le
charme de ces crépuscules radieux qui
prolongent la veille jusqu'au lendemain,
et remplacent les ténèbres de nos nuits
épaisses par des splendeurs qui feraient
pâlir les plus beaux jours".
La pensée du jeune officier retournait
d'elle-même à Stokliolm , où il avait lais
sé sa bien aimée, et c'était sans trop sa-,
voir où ses pieds le portaient qu'il remon
tait le cours d'un petit ruisseau descen
dant d'un lac, dont le lit se creusait à
:mi-côte dans la montagne en face de lui.
Comme le jour où commence cette histoi
re, les troupeaux rentraient du pâturage :
on entendait daus 1a distance les appels
des trompes qui les rassemblaient. Çà et là,
sur les pentes , par-longues files ou par
groupes' pressés , on voyait" descendre les
rennes autour desquels bondissaient de
grands chiens au poil rude. Henrick se
détourna quelque peu du .sentier trop
étroit, et il s'appuya, pour lés voir passer,
contre un jeune bouleau à l'écorce blan
che et lisse, dont les feuilles'tremblaieht
sur sa tête avec.un doux murmure.
Le défilé dura bien huit ou dix minutes;
pendant lesquelles, le jeune homme, si
peu poète que l'eût fait son astre en nais
sant, se laissa cependant entraîner aux
contemplations vagues et rêveuses, dont
il était difficile de se défendre en face de
.cette belle scène de la nature. La Lapo
nie est; en elfet; un des pays du monde où
les lignes du paysage, malgré l'ordinaire
âpreté du climat, ont le plus ,de calme,
de grandeur et de sérénité. Devant lui, la
montagne ondulait mollement, et s'élevait
par vastes étàges superposés, que cou- .
vraient'.de belles forêts, entrecoupées çà et
là de vastes.espaces, tout remplis de mous
ses jaunâtres et de lichens, et dont les es
sences variées ajoutaient à la beauté du
paysage la variété presque infinie da leurs
teintes. •
A moitié perdu dans sa contemplation
et dans son rêve, Henrick attendit patiem
ment.
Le grand troupeau, selon l'usage, était,
séparé en plusieurs bandes.
.Peckel'* dont il semble que nous fi'avtms
point parlé depuis longtemps, venait à la
suite do la dernière.
Nous l'avons dit : le patriarche des
monts Kilpis avait soixante-quinze ans
sonnés et révolus. Mais, quoique ses an-
néés eussent eu chacune six mois d'hiver,
ie vieillard était encore plein de sève etde
verdeur; ses longs cheveux s'échappaient
7—ii""*"——— M ■!—1WI
4B0NNEIENS DES. DEPMTEMRS.
BUREAUX A PARIS : rue de Valois (Palais -Royal),
trois Mois.:r. : .".7;-.:
SIX MOIS
UN.AI*.
1 M I* lit* '
16
32
64
FR.
FR.
FR.
tous lus pats ètbanbebs, voir le tableaii
publié les s et 20 do chaque mois.
tapr. L. BONIPACE, r, de3 Bon*-Eofans, 19.
JEUDI 28 MARS 1861.
' « paaiM
mwwws DE PàRÏSj
13
26
52
TROIS MOIS
SIX MOIS...
ON AN......
FR.
FR.
Fit;
JOURNAL POLITIQUE, LITTERAIRE, UNIVERSEL.
ON NUMÉRO 20 CENTIMES;
Les abonnemens datent des 1" et 16
de chaque mois.
Le mode d'abonnement lo plus simple est l'envoi d'un boa de poste oa d'un elTet
sur Paris, à l'ordre de l'ADjcaiSTRAtm du iqurnal, rue de Valoir, n:40», ;
Les lettres ou envois d'argent nos Af franchis sonQrefusés,
Les articles déposés ne sont pas rendus.
Lés annonces sont reçues chez M. P anij ,'régisseur des 6 grands journaux,
rue Notre-Dame -des-.Victoires, n° 40 (place de la Bourse),
PARIS, 27 MARS.
Nous publions #-après le discours pro
noncé par M. ,1e comte de Cavour au sujet
de la question romaine. Nous voyons tou
tefois par les dépêçhes privées que cette
réponse n'a pas clos les débats. La Cham
bre a entendu successivement M. le comte
Joachim Pepoli et M. Buoncompagni. Ce
dernier a proposé un ordre du jour moti
vé, ( et les orateurs de la gauche ont de
mandé la proclamation pure et simple de
Rome comme capitale de l'Italie, en priant
l'Empereur des Français de rappeler ses
troupes. Nous ne connaissons pas encore
lé résultat de la discussion.
Les Etats du Holstein se sont ajournés au
4 avril en attendant que le commissaire
royal ait reçu de Copenhague les instruc
tions qu'il a demandées au sujet du vote
du budget.
Le gouvernement danois, sans se dépar
tir de son attitude conciliante, se met en
mesure d'être prêtpour toutes les éven
tualités. Le 7* et le 20* bataillons recevront
prochainement l'ordre dè se mettre en
marche pour Sonderbourget Schleswig. A.
partir du 15 avril, on commencera à dou
bler l'effectif dés bataillons. Une batteriede
canons rayés est prête; trois autres seront
terminées dans le courant du mois pro
chain, d'après le modèle français.
Les nouvelles de Pologne disent que M.
de Mukhanow serait décidément remplacé
par un personnage très aimé, M. le géné-
-ral-major Gecewiez.
L 'Indépendance belge a "reçu de Varsovie,
par la télégraphie privée, une fâcheuse
nouvelle. Le lundi 25, dans la soirée, de
nouveàux désordres auraient eu lieu dans
•-cette ville. La foule se serait livrée à une
manifestation tumultueuse contre le géné
ral Abramowisch, directeur des théâtres
impériaux de Varsovie, et l'un des person
nages qni partageaient au plus haut degré
l'Impopularité de M. de Mukhanow. Les
vitres de l'hôtel du général auraient été
brisées. La troupe n'est pas intervenue.
Cette nouvelle preuve de-modération don
née par les autorités russes, loin d'encou
rager le désordre,doit, ce nous semble,
Inspirer aux citoyens qui ont accepté, la
tâche de maintenir • l'ordre dans ces mo-
mens critiques, un surcroît d'énergie et de
dévoûment. La cause polonaise excite en
Europe un intérêt général, et ce serait avec,
un profond sentiment de tristesse qu'on
la verrait se compromettre .par des dé
monstrations imprudentes autant qu'inu
tiles, et qui auraient pour résultat- inévi
table, d'arrêter l'empereur Alexandre II
dans la voie-de conciliation où il est si no
blement entré. | '
On sait, du reste, que „ des concentra-
tions,de troupes, sur différens points de là
Pologne, ont été ordonnées, ët que la gar
nison de Varsovie va bientôt atteindre le
chiffre de 30,000 hommes.
L'affaire de ,1a constitution hessoise qui
a tant ramuéies passions politiques en Al
lemagne regte statiopnaire. On annonce,
cependant, que le prince électeur de liesse,
après avoir disions }es dernières Cham
bres, s'est décidé à ftpre un nouvel àppél
à -la nation pour procéder à la nomination
d'une autre Chambre. Mais ..il "n'est pas
douteux que les électeurs "ne renvoient les
mêmes députés pour les représenter dans
le Parlement- hessois, et: la . position du
prince régnant s'en trouvera de plus en
plus difficile vi£-à'-v,is de l'association na
tionale, des .différentes Chambres législa
tives et de toutes les populations alleman
des. .
Le rejet du concordat par les députés
de "Wurtemberg a.provoqué une crise mi
nistérielle qui a de la peine à se terminer.
M. Rumelin a donné sa démission, mais il
reste" en fonctions jusqu'à' la nomination
AugdstIe ViTii.:
TÉLÉGRAPHIÉ PRIVEE.
- >■ ' Londres, 27 mars.
Les consolidés sont refctés à 92 demandés.
L'Edimlurg a emporté 102,000 livres sterling
pour l'Amérique.
Londres, 27 mars.
L'office Reuter publie la dépêche suivante :
Washington, 16 mars.—Le gouverneur Hus-
ton refuse de reconnaître la convention du
Texas. Le nouveau tarif du Sud commencera
à fonctionner le l"jnai.
» - Vienne, 26 mars.
On assure que le ban de Croatie, M. Sokce-
vitz, a offert sa démission, mais qu'elle n'a py
encore été acceptée.
Agram, 26 mars.
Les confins militaires ne seront pas repré
sentés dans la diète de Croatie.
, Agram, 26 mars.
Le mouchir Ismaïl-Pacha a concentré' des
troupes autour de Tréblgne ; il y en a d'au
tres a Gacko et Bilesca.
Dans ce moment, on se tient tranquille. Les
insurgés et les Monténégrins arment. Tous les
villages situés au midi de Trébigne et de Gac
ko se soumettent au prince des Monténégrins,
qui a eu dernièrement une entrevue avec les,
consuls européens résidant à Scutari.
Pesth, 26 mars.
On assure que l'empereur d'Autriche assiste
rai à l'ouverture de Ja diète hongroise ; on en
conclut qu'il a accepté toutes les propositions
faites par la chancellerie de la cour.
Berlin, 26 mars.
Hzehoë, 26 mars.— Dans la séance d'aujour
d 'hui de l'assemblée des Etats, le commissaire
du roi à déclaré qu'il,ne pouvait encore ré
pondre à la (fuestion qui lui avait été adressée
Ear la commission des Etats concernant le
udget. Lè gouvernement veut examiner cette
demande avec soin. Il souscrit en conséquen
ce À ce que la durée de la session fixée d'abord
soit prolongée. Des membres de la commission
ont relevé le caractère équivoque de cette dé
claration. L'assemblée s'est ajournée au 4
avril. ■ ' '. V
. Berlin, 26 mars.
On mande des frontières de Pologne que M.
Mukbanoff a été remplacé par le général ma
jor Gecewiez, personnage très aimé en Polo
gne.
■* Breslau, 27 mars. "
La Gazette de Silésie publie, une dépêche té
légraphique de Varsovie contenant les réfor
mes promises pour le royaume de Pologne.
La circonscription universitaire est suppri
mée. Pour le culte et l'instruction publique,
une commission, sera instituée. M. de Wiehx
polski en a été nommé directeur. L's écoles
seront réformées; des écoles supérieures et une
Faculté de droit-seront créées. Le conseil d'E
tat sera composé de prêtres, de hauts digni
taires et d^autres notabilités; il jouira du droit
de pétition. Les conseillers gouvernementaux,
les conseillers «antonnaux ainsi que les.mu-;
nicipalités des grandes villes seront nommés
par l'élection. ,
~ Turin; 26 mars.
Dans la Chambre des député! a eu lieu la
discussion sur les affaires de Rome. Pepoli
(Joachim) proteste contre les accusations "dé
violence émises par des orateurs étrangers^ La
solution de la question de Rome aura lieu par
la restitution au Pape de son autorité morale.
L'orateur applaudit à Napoléon 111, q\ii, dé
gageant le pouvoir spirituel des liens du
temporel, rendra à l'Eglise un service plus
signalé, que ne^le fit Charlemagne par sa
fatale donation. 11 termine ainsi : Confiance
6 Saint-Père ! * confiance dans la liberté
sauvera la loi et la papauté! ; < . «•;
M- Roncompagai, ^'adressant aux accusa
teurs étrangers, constate que le mouvement
italien n'a rien d'offensant,pour le sentiment
religieux, qui est sacré dans toute l'Italie. Au
nom de la majorité, il propose le vote motivé
. suivant : t
« La Chambre ayant entendu la déclaration
du ministère, et ayant la confiance qu'après
avoir assuré la dignité, le décorum et l'indé
pendance du Pape et la liberté entière de l'E
glise, il y aura lieu à l'application du piincipe
de la non-intervention d'accord avec la Fian
ce , et que Rome, capitule acclamé?, par l'opi
nion nationale, sera rendue à l'Italie, passe à
l'ordre du jour; »'
Les orateurs de la gauche poposent une sim
ple proclamation de-Ropae comme capitale, en
priant Napoléon de retirer ses troupes,
M. Ferrari dit que,le seul système politique
est l'alliance avec la.France. 11 soutient que
Rome a toujours été fatale aux rois d'Italie.
Pour y aller et pour v'rester, il faut changer
les idées philosophiques en idées religieuses.
La discussion continue.
Madrid, 26 mars,
lasf Novedadt's assurent que les sénateurs
progressistes sopt décidés a agir de concert
avec'le gouvernement daus la discussion des
lois administratives.
i
qui
Le retard du courrier de la Havane com
mence à inspirer de l'inquiétude.
v {Ilavas-Bullier.)-
COURS
COUR) B1 CLOTCKl.
3 0/0 au compt.
—Fin du mois.
41,2 &u compt.
—Fin du mois.
DE LA BOURSE.
le 26
68.15
68 20
96. »
96. »
le 27
67.90
67.93
85.60
95.70
HADIII. 111(91
• f » ',25.
» » » 25
» » » 40
» » » 30'
Le 5 janvier 1860, l'Empereur adressait
à son ministre d'Etat une lettre qui conte
nait tout un programme économique. Les
points principaux deceprogrammeétaient :
la suppression des droits de douane sur
les matières premières nécessaires à l'in
dustrie, la. réduction de l'impôt sur les
denrées de grande consommation, la sup
pression des prohibitions et leur rempla
cement par des droits protecteurs, enfin
la conclusion de traités de commerce avec
les puissances étrangères. Les actes ont
suivi de près la parole. Avant de repren
dre l'étude suivie des questions qui se rat
tachent aux intérêts généraux du commer
ce etde l'industrie, il ne nous paraît paysans
intérêt de récapituler aujourd'hui ce qui
s'est accompli en treize mois, sous l'initia
tive hardie de l'Empereur, avec le con
cours intelligent et réfléchi des Chambres
législatives.
Le 23 janvier 1860, un traité de commer
ce est signé entre la France et la Grande- ••
Bretagne; les ratifications sont échan
gées à Paris le 4 février; et le traité est pu
blié par décret du 10 mars en même temps
qu'un article additionnel relatif aux al
cools et eaux-de-vie, daté du 25 février, ra
tifié le 28.
Le 22 mars, un décret impérial suppri
me, à partir du 15 avril > les*droits de navi
gation maritime perçus Sl'embouchure des
fleuves. ~
Une loi, promulguée les 5 mal, exécu
toire le surlendemain 7 mai, exempte de
tout droit les laines 1 et cotons, et diverses
autres matières premières (gommes, salse
pareille, curcuma, quercitron, safran,
potasse, nitrates, cochenille, laque, indi
go, pastel, cachou, rocou, etc.)> importés
par navires français, et fixe des droits mo
diques sur les mêmes matières importées
sous pavillon, étranger ou par terre. La
même loi supprime les primes accordées à
l'exportation des fils et tissus de laine et
-de coton, dans un délai qui varie de deux
à cinq mois, à partir de la promulgation
de la loi.
Une loi, promulguée le 23 mal, exécu
toire le lendemain 24, réduit, dans la pro
portion des dèux cinquièmes environ, les
droits sur les sucres, le café, le cacao et le
thé.
Le 31 mai, une décision ministérielle
lève la plupart dos entraves qui arrêtaient
le commerce de transit, savoir : suppression
de tqute formalité pour les marchandises
de transit exemptes de droit à l'entrée et
à la sortie; substitution du passavant à
l'acquit-à-caution et exemption du plomba-.
ge pour les produits affranchis de droits
seulement et passibles.de taxes à la sortie;
suppression du double plombage ou du
prélèvement d'échantillons pour un cer
tain nombre de marchandises; enfin sup
pression du plombage et de la marque
pour les chevaux, bêtes de somme et bes
tiaux. .
: Le I e * juillet, les charbons et le coke an'
glais sont admis en France, conformément
au traité de commerce, moyennant lo droit
de 15 centimes par 100 kilog., plus les 2 dé
cimes, ensemble 18 centimes par 100 ki
logrammes.
Uue lui du 14 juillet permet la fabrica
tion et le-commerce des armes de guerre
tous autorisation ministérielle. .
Une loi du 18 juillet réglemente l'enga
gement et le transport des émigrans.
Une loi du 28,-juillet étend d'une maniè
re libérale les dispositions de la loi du 22
juillet 1851 sur les grandes pêches mariti
mes, et réduit de 7 fr. à 3 fr. parli 0 kil. le
droit à l'importation aux Antilles des mo
rues de pêche étrangère.
Une loi du 1" août autorise le gouver
nement à prêter à l'industrie une somme
de 40 millions de francs pour le renou
vellement ou l'amélioration de son maté
riels. .
i Une autre loi du 1" août règle le rem
boursement des droits perçus ou à perce
voir sur les machines et mécaniques im
portées dejmis le 1" janvier 1860 ou com
mandées avant le 15 du même mois.
Un décret du 1 er août permet l'importa
tion des laines en masse par tous les bu
reaux de douane de l'Empire;
TTn décret du 4 août réglemente lës con
ditions de l'abonnement accordé faculta
tivement aux fabricans de sucre Indigène,
par l'article 4 de la loi du 23 mai 1860.
Un décret du 22 août dispose quejus-
qu'au 30 septembre 1861 les grains qt fa
rines importées par terre, par navires
français eu étrangers, sans distinction
. de provenance ni de pavillon, no seront
soumis qu'au minimum des droits déter
minés par la loi du 15 avril 1832. Ce dé
cret, qui prépare la suppression définitive,
de l'échelle mobile, porte en outre exemp
tion de tous droits de tonnage pour les
navires chargés de graines ou de farines.
Un décret du 8 septembre réduit à 10 fr.
par 100 kil. le droit à l'importation sur le
poisson de mer dit stock-fish, de pèche
étrangère, frais, sec, salé ou fumé.
Un décret du 24 septembre réduit à 6 et
S fr. par 100 kil. le droit d'importation
■ur le sulfate de soude.
Un décret du 29 septembre autorise
l'Importation dans les colonies françaises
machines et mécaniques, objets en
fonte, en fer ou en tôle propres à l'exploi
tation des sucreries et provenant des ma-,
nufactures étrangères, moyénnant le paie
ment des droits auxquels ces objets sont
soumis dans la métropole. ,
Le 1" octobre, en vertu d'un décret du
19 septembre, les fers, fontes, tôles et
aciers d'origine et de manufacture britan
nique, sont admis en .France moyennant
un droit de 7 fr. par 100 kil. pour les fers,
et des droits variant depuis 2.50 jusqu'à
30 fr. pour les autres articles du tarif.
Le 1 er novembre, en vertu d'une conven
tion supplémentaire datée du 12 octobre
précédent, les nouveaux tarifs sont appli-:
qués à divers produits oq marchandises
britanniques, savoir : métaux, ouvrages en
métaux, outils, horlogerie, machines, mé
caniques, pièces détachées de machines,
sucres raffinés, etc.
La même convention du 12 octobre avait
fixé les droits définitifs sur la-carrosserie,
la coutellerie, la tabletterie, les peaux, les
bois, meubles et bâtimens de mer ; mais
la mise en vigueur de ces tarifs n'a eu
lieu que dans la limite indiquée par le trai
té, de commerce lui-même, c'est-à-dire au
31 décembre 1860.
Un décret du 3. novembre, transforme lè
sous-comptoir des métaux fen sous comp
toir du commerce et de l'industrie au ca
pital de 20 millions de francs.
Un décret du 30 novembre promulgue
une deuxième convention supplémentaire
au traité de commerce conclu Je 16 du mê
me mois, qui fixe les droits nouveaux à
percevoir en vertu du traité de commerce'
_-su t les : fils et tissus de lin, de chanvre, de
'jute, de coton, de soie, de laine, etc., sur
les produits chimiques, la verrerie, et cris
tallerie, les poteries, l'alcool, etc., etc. Ces
tarifs, dont l'application pourrait être re-
tirdée à la rigueur jusqu'au 1 er juin 1861
pour les fils et tissus de lin, de chanvre et
dejute, et jusqu'au I" oc lobre suivant pour
les autres articles, nè sont pas encore en
vigueur. .
• Un décret du 5 janvier 1861 complote les
réformes des 5 et 23 mai 1860, en affran
chissant, du droit d'entrée un grand nom
bre de matières premières, telles que les
peaux brutes , fraîches oii sèches , les
crins, les graisses, les dents d'éléphant,les
écailles de tortue, les.fruits ét graines oléa
gineuses,le caoutchouc, lagutta-percha, les
chanvre, lin et jute en tiges brutes, teillés
etétoupes; les minerais, le cuivre, le plomb,
l'éiain, le zinc, le nickel, les os et sabots
de bétail, etc. De légers droits différentiels,
3ui varient selon la capacité de tonnage
e chaque marchandise, subsistent sur ces
catégories de produits lorsqu'ils sont im-
ficrtes par pavillon étranger, excepté sur
es minerais, qui demeurent absolument
exempts. Par le même décret, les primes
sont supprimées dans un délai" de deux
mois sur l'exportation du soufre, des
Îeaux et cuirs, du plomb, ducoivre et du
ai ton. •
Undécret du 12 janvier, rendu sur la
démande de la chambre de commerce de
Lyon, réduit à 100 fr. par 100 kilog. le droit
à l'importation du cuivre doré ou argenté,
filé'sur fil où sursoie. <
Le 16 janvier, un autre décret, ayant
.pour but de compléter, en faveur des con
sommateurs, le bienfait de la réduction
des droits sur les sucres, sopyime ia sur
taxe qui éloignait de l^bnsommaiion in
térieure les sucres - étrf"îgers,
Enfin, pâf décret dui 13 février dernier,
l'introduction temporaire en franchise des
tissus de coton écrus en pièces, destinés a
être imprimés en France pour la réexpor
tation, est autorisée.
A cette rapid« nomenclature, dans la
quelle nous n'avons compris^ ni les che
mins de fer, ni les, mines, si nous ajou
tons que le gouvernement impérial mène
à bonne fin des négociations commerciales
avec la Belgique et le Zollverein, on re-
connaîtia que l'œuvre accomplie dans l'es 1
pace d'une année est immense, et témoi
gne de la plus/énergique activité chez les
hommes d'Etat à qui incombe plus spécia
lement la tâche d'accomplir le programme
économique de l'Empereur. Elle n est pas
complète cependant, puisqu'une notable
partie des nouveaux tarifs établis en vertu
du traité de commerce avec la Grande-Bre-
fagne n'est pas encore exécutoire. D'un au-
tre|côté, la première application des réfor
mes ne date que du 7 mai 1860 pour les co
tons et les laines; que du 24 mai pour les su
cres et les cafés; que du 1 er juillet pour la
houille et le coke ; que du 1" octobre pour
les fontes, fers et aciers ; que du 1 er no
vembre pour les métaux, les outils, les
machines et les sucres raffinés; que du 1"
janvier pour la carrosserie, la tabletterie,
la coutellerie et les bâtimens de mer ; ; et
enfin que du 5 janvier 1861 pour les - fils
de chanvre, de lin, de jute, pour les mi
nerais, les peaux, etc.
Par conséquent, nous f-ommes encore
dans une période transitoire qui ne donne
qu'une idée très-imparfaite des résultats
probables de la grande réforme commer
ciale qui vient de s'accomplir.
A uguste V itd.
Voici le discours prononcé par M. le
comte de Cavour, dans la chambre des
députés de Turfin, en réponse aux inter
pellations de M. Audinot :
L'honorable- préopinant, en -interpellant le
ministère, il exposé parfaitement la question.
Il demande jpourquqi l'dn n'applique pas à
Rome le principe de non intervention, et in
terroge le ministère sur la ligne de conduite
qu'il entend suivre. La question de Rome doit
être . traitée à fond '; je ne répondrai pas seu
lement à l'interpellation du préopinant,
je. dirai pleinement ma pensée sûr ce pro
blème dont la solution intéresse 300 mil
lions de catholiques , et exercera une im
mense" action dans le monde. Il n'y a - pas
lieu ici à des artifices oratoires. Quand celte
question était encore lointaine., qu'elle ne
réclamait pas une solution prochaine, il a été
prudent que le ministère ne la touchât
qu avec reserve: aujourd hui,. bien que d'im
menses difficultés entourent encore celui.qui a
l'tionneur de vous parler, il. s'efforcera de sa-:
tisfaire à votre attente. La première vérité à
pr.-ciamer. c est qu'il est impossible; dè conce
voir une Italie constituée sans Rome pour ca
pitale. Si nous avons le droit, le devoir de
vouloir Rome, g est à cause de cette impossi^
bilite. Le preopinant a très bien dit que cette
véjite était sentie d instinct, proclamée sans
hésitation par quiconque juge avec sincérité
de nos affaires. A la vérité, l'Italie, a beau
coup a faire encore pour s'organiser et pour
résoudre les problèmes de sa formation inté
rieure. pour renverser les obstacles séculaires
élevés dans son sein contre le bon ordre politi
que. l'our v arriver, il faut une union, une
concorde, que Ja question de Rome, tant
qu'elle ne sera pas résolue, empêchera de se
réaliser. ~
Des hommes de valeur, de bonne foi,-peu
vent porter leur. préférence sur telle ou telle
ville; mais il est un fait incontestable, c'est
que si Rome était une fois notre caplt,ale 3 tou
te discussion sur ce point devicadrait impos
sible. Le fait seul entraînerait un accord ab
solu et universel. Je vois donc avec regret des
hommes éminens, des patriotes qui ont rendu
de grands services au p^s et aux cruels l'hono
rable M. Audinot jr fait allusion, attribuer à ce
choix nécessaire-que nous avons dû faire de
notre capitale naturelle des motifs futiles
et- peu sérieux. Ce choix, l'histoire, tous les
élémens de la civilisation d'un peuple l'ont
déterminé. Qu'est-ce que l'histoire "de Rome,
si ce n'est colle d'une capitale, bien plus, d'une
capitale du mande ?' Elle sera aujourd'hui
celle d'une grande nation. Je fais appel au pa
triotisme de tous'les Italiens; Que notre ac
cord montre ,à ftfurope la nécessité que ces
faits nous imposent. Je déclareque.personnel
lement je préfère peut-être aux monumens
anciens et modernes de la ville éternelle,
les iruès simples et sévères. de ma ville
natale. Mais ma résolution, comme celle de
mes compatriotes, est prise; elle est, comme
celle de cette noble ville, résignée, je.le. décla
re ici comme député de Turin, au sacrifice que
la patrie.lui demande. Nous devo.ns aller à
Rome, mais sans que l'indépendance du Pape
eïi souffre, sans que l'Etat étende sadomination
sur l'%llse< Si, ce que je crois impossible, la
Franae se trouvait hors d'état de s'opposer à no-
.tre entrée dans Rome, nous renoncerions à y
entrer en lui faisant violence. N'imitons pas
l'Autriche dans son ingratitude proclamée par
la bouche d'un de ses hommes d'Etat avec
un triste courage. Ce courage, elle n'a cessé ,
de l'avoir. Au congrès de Paris, pas une puis- '
sance ne fut si hostile à la Russie, si tenace
contre la paix que l'Autriche, qui avait été
sauvée par elle peu d'années auparavant. Pour •
nous qulj liés avec la Russie par une amitié
qu'un nuage n'a pu obscurcir que momenta
nément, je l'espère, montrons par notre con
duite envers la France que nous ne ressem
blons point à la puissance que nous avons
combattue avec l'aide des armées françaises.
Quand nous a\onsen i859, demandé
l'appui de la France, l'Empereur ne se dissir
mulait pas les difficultés dc> la situation que
cette guerre lui créerait avec la ceur de Rome.
Nousne pouvons pas, après avoir accéplé le
bienfait, aggraver les embarras qu'il peut ap
porter au bienfaiteur. Si nous arrivons a përsua- -
der aux catholiques quelaréunion de Romeau
reste del'Italiene peut êtrepourl'Eglise unecau-
se de dépendance, la question aura fait un grand
pas. Bien des gens de bonne foi pensent, en
effet, qu'une fois le Parlement à Rome, une
fois le roi au Quirinal, le Pape perdrait beau
coup de son indépendance; qu'il ne serait plus •
que le grand-atfmônier, le chapelain du roi.
Si ce* craintes étaient fondées, je n'hésiterais
pas à dire que. cette réunion serait fatale, non >
Seulement au cathelicisme„ mais aussi à l'Ita
lie. 11 né peut arriver à lia peuple un plus •
grand malheur que la concentration entre les
mains du gouvernement des pouvoirs spiri
tuels et des pouvoirs temporels. Là. où ces
pouvoirs sont réunis la liberté disparait, c'est
le régime des Califés. Jamais il n'en sera ainsi '
en Italie.
Examinons sous toutes ses faces cette ques
tion de l'influence de la réunion de Rome à
l'Italie, sur l'indépendance du pouvoir spi-
rituel. ' -
D'abord le pouvoir temporel rend-il réelle
ment le pontife indépendant? S'il en était ain
si, j'hésiterais à résoudre le problème; mais
personne ne peut le soutenir. Au' temps où les
souverains, appuyés sur le droit divin, regar
daient leur domination comme un droit de pro
priété absolue sur les. hommes et les choses, je
comprends qu'un pouvoir de cette nature fut
une garantie; pour le Pape; sympathique ou
non, l'autorité était subie, sinon acceptée.
Mais, depuis 1789, lés gouvernemens reposent
sur le consentement tacite ou exprès des popu-:
lations.
La France, l'Angleterre , la Prusse procla
ment ce principe, accepté presque. La Russie
S'en rapproche, ou du moins ne le repoûfse
plus, comme faisait l'empereur Nicolas. L'a
pouvoir qui no repose point sur cette base,
qui entrelient même un antagonisme absolu
entre-le-peupie qu'il gouverne et lui n'a pins
de possibilité d'exister. Or, cet antagonisme
apparaît, dès la restauration dans les Etats du
Pape, et apparaît comme un mal sans remède.
J'en appelle au témoignage d'un homme qui
se" dévoua à une tâche impossible à, Rome,
dont la mort fut un des plus grands malheurs
que l'Italie ait éprouvés.
Les peuples épuisés par les luttes de l'Empi
re, supportèrent quelque temps un régime
qué:rendaient d'ailleurs, moins dur 1a bonté
au Pontifu et'' les lumières du cardinal Con-
salvi. Eu 1821, l'antagonisme éclate; 1831,1c
montre plus vif, plus décidé ; de Bologne à
Ancône, il éclate ouvertement. L'étranger in
tervenait, il est ■ vrai, pour. l'étouffer, car ce
fut'une intervention des mieux caractérisées.
• Aujourd'hui, depuis près do deux ans, les
Romagnes sont affranchies, réunies à nous;
elles ont une presse libre, des associations li
bres ; il y. a un journal clérical à Bologne; il
est plus violent que l'Armonia de Turin.
. S'est-il manifesté daus les populations des
regrets quelconques pour l'ancien gouverne
ment? On a critiqué tels ministres, le miriis-^
1ère même ; personne, que je sache, n'a. der
mandé le retour des anciennes autorités. (On
rit.) V
Chose plus remarquable encore, les Marches
et l'Ômbrie ont dû, par des causes-dépendan
tes de circonstances militaires-et politiques,
être évacuées par la force armée; pas un.sol
dat,. n'y. est demeuré; elles sont,restées.con
fiées au patriotisme des gardes nationales;
elles-étaient exposées aux menées d'un paiiïi,
installé tout près de là, à quelques liepes, à
Rome; et la conduite de ces populations a été
Eure .de tout excès, et, admirable de sagesse,
ien qu'elles fussent menacées par des catho
liques travestis en zouaves.
Je ne suis pas le défenseur du pouvoir tem
porel, mais je serai juste pour lui. Je ne tiens
ni le Pape, ni ses ministres pour responsables
des actes atroces auxquels s'est portée sur cer
tains points la réaction. Ces actes 1 prouvent
seulement la déplorable influence exercée sur
les caractères par un tel régime.
Je crois avoir assez établi l'antagonisme qui
règne entre le Saint-Siège et les populations.
S'il en est ainsi, ce pouvoir-n'est pas pour le
Pape une garantie d indépendance.
BB
Feuilleton du Constitutionnel, 28 mars.
M AMOUR EN LAPONIE
■ VI. . . ,
Henrick était beau ; c'était là peut-être
la première de ses vertus ; c'est parfois la
seuld qualité que l'on demande à un hé
ros de roman. Sixième fils d'un industriel
riche, qui avait des capitaux-considérables
engagés dans les mines de fer de la Suède,
millionnaire s'il eût été fils unique* réduit
à la portion,congrue/par la présence de
cinq frèret et de trois sœurs, élevé dans
une aisance que la Suède prend pour du
luxe r il n'avait guère, —conyne la plupart
des jeunes gens de ce siècle, — qu'un seul
but; c'était d'arriver le plus promptement
possible à ; une position large, et indépen
dante. Après avoir servi l'Etat, il comp
tait ne plus servir- bientôt que lui-même,
et, saisissant l'occasion par. son unique
mais > solide' cheveu,, il espérait ; se faire
traîner par'.elle à la fortune. Lé talent
qu'il aurait l'occasion de déployer dans
ses difficiles études eq Laponie, , serait
pour lui la meilleure de toutes les no
tés auprès des grands capitalistes, qui
pourraient par la suite lui confier la
'direction ,de leurs intérêts. Ce program
me sérieusement arrêté dans sa tête, Hen
rick était disposé à le suiyre avec une obs
tination et une fermeté que rien désormais
ne devait détourner du but. Ajoutons que
Henrick avait rehçontré, l'hiver précédent,
une certaine Edwina, à laquelle était adres
sée la lettre qui précède, et dont Je pèrè
possédait deux ou trois gaards dans la
Dalécarlie et une carrière de porphyre
auprès d'Elfsdale : Edwina passait poùt
une des plus jolies filles de Stockholm.
Il l'avait d'autant mieux aimée, que cet
amour était raisonnable, que le mariage
consoliderait sa position, et quo sa fortu
ne etson cœury trouvaient leur compte en
même temps.: 11 ferait un mariage d'incli
nation avec ' une femme riche. N'est-ce
point là le vœu secret des meilleurs d'entre
nous?
Tel était le héros déNorra, tel était son
idéal, tel était l'homme autour duquel al
laient désormais graviter, comme des. satel
lites autour de leur planète, tous les rêves,
toute lapasslon, toute la tendresse delapau-
vre enfant. Cette tendresse demeura long
temps silencieuse, et cette passion muet
te t .'les jeunes ames sont pudiqpes J C'est
à peine si Norra osait s'avouer à elle-même
un secret que sa bouche n'eût jamais tra-'
hi. Mais mille choses parlaient pour elle.
Il y a long-temps qu'on l'a dit : On n'est
bien servi que par les mains qui aiment !
Jamais, despote oriental n'eut d'esclave
plus attentive que notre petite Laponne ;
elle s'ingéniait de mille façons pour ren
dre afmable et doux ,à Jlenrick et à Èl-
phège, car il ne lui était pas possible de
séparer l'un de l'autre, le séjour de son
pays.;Leur petite tente, placée aux limites
mêmçs du campement d'été de,la tribudes
Kilps, au, bord d'un ruisseau et à l'abri
d'un'grand sapin, qui lui servait depilier
central, était pourvue de ces mille objets
qui peuvent.servir à la commodité et à l'a
grément de la vie confortable. Il est vrai
que les jeunes gens les avaient apportés de
Suède avec eux, mais c'étaient les ( maiHS
mignonnes deNorraqui les avaient disposés
avec ce goût vraiment efquis; jamais la ten
te d'un Lapon n'avait eu cet air rianl ? pro
pre et coquet; qui, aux yeux mêmes des
deux Suédois, faisait d'elle le plus agréa
ble séjoiir. Quand ils y rentrèrent, après
une longue course, le lendemain de leur
arrivée, en la trouvant si parfaitement
disposée, chaque chose à sa place, et pré
cisément à la place qui lui convenait;
quand ils firent que l'on avait semé le sol
nu de foulages, et mis des fleurs partout,
ils furent Vraiment touchés de ces aima
bles attentions, et Norra fyt récompensée
de sa peine par le plaisir et la-surprise
qu'elle vit se peindre sur leur visage.
—C'est un palais ici! s'écriaElphège d'un
ton joyeux : un palais dans un désert;
c'est à toi que nous le devons, belle prin
cesse !: ajouta-t-il, en se tournant vers
Norra.
—■ J'ai fait de mon mieux , répondit
simplement la petite-fille de Peckel.
— Eh 1 ton mieux est très bien, répliqua^
Henrick, en prenant le menton deNorra*
par un geste familier.
La jeune fille baissa la tète et devint tou
te pâfe.- . • ■- . - -
—C'est la plus jolie tente que j'aie jamais
vue; continue Henrick, qui n'avait pas
même remarqué son émotion.
— Eh bien 1 lâche de t'y plaire... et d'y
rester longtemps,-ajouta-t-elle plus bas.
—11 faudrait être bien difficile pour ne
pas s'y plaire, dit Elphège à son tour, et je'
suis sûr qu'il n'y axien do pareil de Dron-
theim au cap Nord. Elle a donc des doigts
de fée, cette petite, ajoutâ-t-il en prenant
Norra par la main et en l'amenant jus
qu'au milieu de la tente, devant Henrick
Steinborg, qui, tout ocqupé de ranger ses
livres et ses papiers sur la table du milieu,
ne songeait guère à l'examiner. 11 releva
pourtant la tête et arrêta une seconde fois
ses yeux sur Norra.
On eût été assez embarrassé - poitr, dire
iquel était le sentiment prédominant qui
se peignait en ce moment- sur le visage
jeune Suédois. Etait-ce la surprise ou
l'admiration, le plaisir ou l'étonnement ?
Il .y avait, 1 en tout cas, dans son regard,
une curiosité vive et qu'il ne songeait pas
le moins du monde, à cacher. Il était assez
bon physionomiste pour deviner tout ce
que révélait d'intçlllgence ce front bombé
aux tempes ; toutice que promettait d'éner
gie cette petite bouche aux. lèvres minces;
sans être aussi brune que les autres fem
mes de sa tribu, pour qui venait de Suède,
où les femmes semblent pétries dans la nei
ge, Norra n'était pas une rose blanche. MaiSv
on avait bientôt fait d'oublier la couleur
pour la forme. Elphège, qui'avait fait ses
académies et long-temps étudié la sta-
tuaiïe chez le vieux sculpteur Fogelberg,
déclarait que sesbras étaient de la plus clas-
: siquo élégance; Henrick trouvait lui-même
qu'ello avait des mains d'enfant. Cependant
tout;chez elle annonçait une nature riche
ot généreuse. Son abondante chevelure,
fiartagée d'ordinaire en deux tresses éga-
es qui descendaient jusqu'à ses talons; ses'
hanches accusées comme celles des Espa
gnoles et des Bohèmes; ses reins aussi
hardiment cambrés que -ceux deè plus au
dacieuses bayadères qui aient jamais bon
di sur les mosaïques des palais indiens; le
feu'et l'animation de son regard. Ajoutez
le prestige saisissant de l'étrange té et de
la jeunesse, et vous comprendrez qiie, telle
qu'elle était, Norra dut finir par sembler
à nés deux amis une petite créature tout
à fait à part. Ils n'eussent pas eu besoin de
venir en Laponio pour lui rendre justice :
on l'eût remarquée partout.
11 y a maintenant quatre mois que l'ar
tiste et- l'officier vivent parmi lès Lapons.
Henrick a levé assez de plans pour oc
cuper tout un état-major pendant deux hi
vers; Elphège, de son côté, a rempli ses car
tons de croquis; il no reste point, dans
tons les environs, un arbre, une femme:,
un renne ou un chien qui n'ait posé de
vant lui, et il commence à faire des dour
bles, pendant que Steinborg met au net
ses dernières épures:
llien n'était changé dans la yie d'aucun
de nos personnages : Elphège était toujours
gai,Henrick toujours galant, et Norra, plus
sérieuse encore, s'il est possible„vivait en
elle-même plus que jamai§. Les fossettes
devenaient plus grandes dans ses joues
fermes et rebondies, que l'on voyait pâlir
sous leur légère teinte de bistre. Le corail
des lèvres, du rouge vif, passait au rose'
pâle, et son grand œil, plus souvent voilé
soiis les longs cilSj était presque toujours
abaissé vers la terre. _
Un jour, Elphège, qui était allé prendre
des points de vue dans la montagne, s'at
tarda plus que de coutume; Henrick avait
assidu ment travaillé depuis le matin, et, en
attendant son compagnon, ne sachant que
faire, il sortit pour jouir du calme et de
la beauté d'une soirée incomparable. II
faut avoir passé un'automne dans l'extrê
me Nord pouiv savoir quel peut être le
charme de ces crépuscules radieux qui
prolongent la veille jusqu'au lendemain,
et remplacent les ténèbres de nos nuits
épaisses par des splendeurs qui feraient
pâlir les plus beaux jours".
La pensée du jeune officier retournait
d'elle-même à Stokliolm , où il avait lais
sé sa bien aimée, et c'était sans trop sa-,
voir où ses pieds le portaient qu'il remon
tait le cours d'un petit ruisseau descen
dant d'un lac, dont le lit se creusait à
:mi-côte dans la montagne en face de lui.
Comme le jour où commence cette histoi
re, les troupeaux rentraient du pâturage :
on entendait daus 1a distance les appels
des trompes qui les rassemblaient. Çà et là,
sur les pentes , par-longues files ou par
groupes' pressés , on voyait" descendre les
rennes autour desquels bondissaient de
grands chiens au poil rude. Henrick se
détourna quelque peu du .sentier trop
étroit, et il s'appuya, pour lés voir passer,
contre un jeune bouleau à l'écorce blan
che et lisse, dont les feuilles'tremblaieht
sur sa tête avec.un doux murmure.
Le défilé dura bien huit ou dix minutes;
pendant lesquelles, le jeune homme, si
peu poète que l'eût fait son astre en nais
sant, se laissa cependant entraîner aux
contemplations vagues et rêveuses, dont
il était difficile de se défendre en face de
.cette belle scène de la nature. La Lapo
nie est; en elfet; un des pays du monde où
les lignes du paysage, malgré l'ordinaire
âpreté du climat, ont le plus ,de calme,
de grandeur et de sérénité. Devant lui, la
montagne ondulait mollement, et s'élevait
par vastes étàges superposés, que cou- .
vraient'.de belles forêts, entrecoupées çà et
là de vastes.espaces, tout remplis de mous
ses jaunâtres et de lichens, et dont les es
sences variées ajoutaient à la beauté du
paysage la variété presque infinie da leurs
teintes. •
A moitié perdu dans sa contemplation
et dans son rêve, Henrick attendit patiem
ment.
Le grand troupeau, selon l'usage, était,
séparé en plusieurs bandes.
.Peckel'* dont il semble que nous fi'avtms
point parlé depuis longtemps, venait à la
suite do la dernière.
Nous l'avons dit : le patriarche des
monts Kilpis avait soixante-quinze ans
sonnés et révolus. Mais, quoique ses an-
néés eussent eu chacune six mois d'hiver,
ie vieillard était encore plein de sève etde
verdeur; ses longs cheveux s'échappaient
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