Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-03-24
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 mars 1861 24 mars 1861
Description : 1861/03/24 (Numéro 83). 1861/03/24 (Numéro 83).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
4b 85.
tfUvtAlÀ A l'Àliib Vaioi» ^i'uiaiiyik.ujfaij,. a. 10.
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AB05NEKENS DES DEPAKTEHMS.
trois moisit.:;:-.".? 16 f*r.
six mois....! 32 f®.
un an. . .7.?.; 64 fr.
poor lhs pats frnuiwtts, vojr le tableau
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PA1US, 25 MARS.
I \ IMH1T1QCE BOMÀINE BLA3IÉE.
Hier, au moment où l'on allait procéder
au Scrutin sur la sftppffôsloirdes derniers
mots du paragraphe 25 de l'Adresse, M. le
comte de Flavigny a cru devoir préciser la
pensée de ceux qui demandaient cette sup
pression : a Nous désirons tous, a-t-il dit,
» rendre hommage à l'Empereur, mais
» nous voulons que cet hommage ne soit
» pas. un blâme pour le Pape. "Remercier
» l'Empereur, ne pas blâmer le Pape, voilà
» notre pensée. »
Ainsi la question était nettement posée
au Corps Législatif. Le parti qui se prétend
exclusivement catholique lui déclarait que
s'il adoptait la rédaction primitive de l'A
dresse, non-seulement il donnerait raison
au gouvernement de la France, mais que,
de plus, il donnerait tort au gouvernement
du Saint-Siège. Ce n'est pas tout. Des chré
tiens, des fidèles, des fils respectueux ne
craignaient pas de découvrir la personne
auguste de leur Pontife et de leur Père, et
ils venaient dire à nos députés : o Prenez,
garde, Messieurs, si vous ne rayez pas
jHeux ou trois mots, votre vote ira'frapper
le Pape lui-môme. »
Par quel entraînement, par quel faux cal
cul M. de Flavignyet «es honorables amis en
étaient-ils arrivés.àcedéplorableexpédient,
le dernier des expédiens parlementaires?
Comment se fait-il qu'ils n'aient pas com
pris que, pour vouloir échapper à une dé
faite relative, ils s'exposaient-à une dé
faite plus grave? Des hommes véritable
ment politiques ne risquent pas d'ordi
naire de pareils enjeux.'-
Au fond, qu'avait donc de si terrible le
membre de phrase dont on exigeait si im
périeusement et si maladroitement la sup
pression? Certes, en l'écrivant, les honora
bles commissaires de l'Adresse ne pré
voyaient guère qu'il serait si gros de tem
pêtes, ni qu'on lui donnerait une sembla
ble importance. A la dernière heure en
core, M. le comte de Morny s'efforçait
loyalement de lui restituer sa seule et vé
ritable signification :
a Je demande, déclarait-il, s'il se trouve
» un catholique fervent qui oserait dire à
» la Chambre et au pays qu'il né serait
B pas heureux de voir ie gouvernement jlu
» Pàpe accorder à son peuple des conces-
» sions libérales, un gouvernement lal-
b que et des institutions en harmonie
» avec nos idées actuelles, avec notre ci-
» vilisation. Éh bien! cette portion, du
• .paragraphe.ne signifie pas autre chose;
» elle n'a rien d'offensant pour le Saint-
»~Père; elle répond aux idées libérales de
» là France, si profondément libérale. »
' Vains Efforts,! M. ,1e comte do Latour
s'écriait : « Nous^ protestons contre les. ex
pressions de l'Adresse. »
M. le président du conseil d'Etat ne se
décourageait pas. Dominant le bruit et
l'émotion de la Chambre, il répétait, à son
tour : « Mais ce n'est pas un blâme, c'est
» la constatation d'un fait... »
■ Non 1 non f criaient quelques intrépides
Interrupteurs.
. Comment, non? Mais ce fait est connu
du monde entier : l'Europe le,constate et
la France le déplore. Le Corps Législatif
a eu sous les yeux les documens diplo
matiques les plus clairs et les plus con-
cluans. Il sait maintenant, à n'en pouvoir
"douter, que le gouvernement'de l'Empe
reur a employé inutilement à "tous lies
moyens de persuasion. Ce ne sontpas seu
lement l'Angleterre, la Prusse et la Russie
qui attestent et qui condamnent l'obstina
tion de la cour de Rome; c'est l'Espagne,"
li catholique Espagne, qui reconnaît l'op
portunité de nos conseils et qui ne se fait
point illusion sur I* danger de la résis
tance qu'on n'a cessé de-leur opposer.
Vovis niez systématiquement ? Mais le car
dinal Antonelli est plus franc que vous !
Le secrétaire. d'Etat du Saint-Siège l'a
pris de haut, dans sa réponse à la brochu
re qui a tant ému la cour de Rome, parce
qu'elle était pleine .de vérités. U a con
testé l'une après l'autre toutes ses asser
tions; il a prétendu que le gouvernement
pontifical n'était point l'ennemi des réfor
mes, qu'il ne manquait ni de mémoire ni
de reconnaissance, et que jamais, au grand
jamais, il n'avait bon point favorisé, mais
toléré seulement la plus petite manoeuvre
contre le gouvernement impérial de la
France. Dangereuse comédie quetoutcela;
déclarations solennelles qui peuventabu-
ser un moment l'univers catholique, mais
dont le cardinal Antonelli connaît mieux
que personne la valeur et;ia sincérité I Son
Eminence est moins affirmative et plus
juste quand elle parla,, non plus à la foule,
mais dans l'intimité diplomatique. Alors
elle déplore volontiers « cette ardeur
» de parti qui cherche à envelopper la
» cause du Pape dans des Intrigues et
» des ressentimens politiques ; » elle
ne conteste plus « l'exactitude » de ce
qu'écrit notre ambassadeur, et « se bor-
» ne'-à dire ce qu'elle a toujours dit,
» savoir que le gouvernement pontifical
» officiel , c'est-à-dire la secrétairerie d'E-
i tat, n'encourage pas ces menées, et qu'il en
» comprend tout le fâcheux effet. » A la
bonne heure 1 cet aveu nous suffit, car ce
n'est point à nous à établir des distinctions
presqueimpossiblesentrel^e gouvernement
pontifical officiel et celui qui ne l'est pas,
à ce qu'il paraît.
Il-nous suffit qu'il soit avoué par le car
dinal Antonelli lui-même, qu'il y aà Rome
une faction anti-française, hostile à notre
influence, et résolue d'avance à repousser
tous nos conseils. « Mais, disait hier M. le
» comte de Flavigny, quand même ce se-
» -ratt vrai, cela ne devrait pas être mis
» dans l'Adresse. L'Empereur n'a rien dit
» de pareil dans son discours. Pourquoi
» le Corps Législatif serait-il moins obser-
o vateur des hautes convenances et mon-
» trerait-il moins de tact politique que le
» Souverain lui-même? »
il y avait là, évidemment, une confusion
gui s'expliquait à peine. L'Empereur, s'a-
dressànt aux grands corps de l'Etat, n'a
vait pu que leur annoncer que son gou
vernement déposerait tous les documens
nécessaires à l'étude de notre situation po
litique. C'était au Sénat et au Corps Légis
latif à en prendre connaissance et à expri
mer ensuite leur avis dans la plénitude de
leur liberté. Si le souverain était allé plus
loin, s'il s'était prononcé dès l'abord sur
le caractère et la valeur des pièces soumi
ses à l'examen des Chambres, il était clair
que le droit de conseil n'eût plus été qu'un
droit illusoire, et le déerst du 24 novem
bre qu'une lettre morte.
Les Chambres avaient donc le devoir de
se prononcer précisément sur les points
où l'Empereur s'était renfermé dans la
plus discrète réserve, et M. le président
du conseil d'Etat avait pleinement raison
quand il Insistait pour obtenir une ré
ponse catégorique.
Cette réponse était devenue d'autant
plus nécessaire, que, dans l'ardeur de 1&
polémique et de la discussion, on n'avait
pas craint de fermer les yeux à l'évidente
et d'infirmer jusqu'à la parole de nos am
bassadeurs.
Dès lors il y avait là pour la France
une question d'honneur et de dignité. On
avait poussé les choses si loin que ^alter
native était celle-ci : ou le gouvernement
du Souverain Pontife n'avait jamais résis
té à nos sages conseils, et le gouvernement
de l'Empereur avait surpris," à ce sujet,
la bonne foi du pays ; ou, au contraire,
le gouvernement de l'Empereur avait dit
vrai et le gouvernement du Souverain Pon
tife avait seul à se reprocher les difficultés
de la çrise actuelle.
Il fallait que le Corps Législatif se pro
nonçât. Il s'est prononcé. On sait dans
quel sens et avec quelle majorité écra
sante.
Maintenant, est-ce à dire que nous ayons
vu sani regret la portée inattendue que
venait de prendre le vote ?
Non sans doute. Mais à qui la faute ? Les
défenseurs quand même de la cour de
Rome sont imprudens et téméraires com
me elle; à cette cour la responsabilité ab
solue des derniers événemens, à ses avo
cats la responsabilité du vote d'hier.
« a. Grandguillot.
TELEGRAPHIE PRIVEE.
Londres, 23 mars.
L'agence Reuter publie la dépêche suivante :
Washington, 13.—M. Lincoln arefusé d'entrer
en négociations avec les commissaires du Sud.
La Géorgie annonce la mise en vente des ba
teaux à vapeur de New-York qui ont été
saisis. Les conventions de la >Virginie et du
Missouri n'ont.encore rien fait de décisif. La
convention des Etats confédérés du Sud, qui
a été publiée, prive les étrangers du droit de
voter aux élections. Les fonctionnaires, le
président, ainsi que les vi«e-présidens, sont
élus pour six ans.
Le change à New-York était de B 1/2 à 6.
M. Cassius Kclaiz est nommé -minisire des
Etats-Unis en Espagne.
L'America a emporté 80,700 li.v. st. pour
New-York.
Vienne, 23 mars.
La Gazette de Vienne d'aujourd'hui publie le
décret par lequel S. M. l'empereur autorise la
réunion du congrès national serbe pour le 28
de ce mois. ,
Ce congrès sera composé des évôques grecs
non unis, de vingt-cinq prêtres et de cinquante '
députés laïques. L'évêque P/ajacic a.été auto-,
risé à procéder.aux élections, suivant le règle
ment électoral qu'il a proposé.
Vienne, 23 mars.
. D'après, la Gazette autrichienne, l'ambassadeur
russe à Vienne a reçu l'ordre de déclarer offi
ciellement que le gouvernement russe a ren
du personnellement responsable le prince de
Monténégro de toute participation des Monté
négrins aux troubles dans l'Herzegowine.
Une note très énergique a été expédiée à cet
effet de Saint-Pétersbourg au prince de Monté
négro.
Berlip; le 22 mars.
m. de Muchanow , ministre de l'intérieur,
de l'instruction publique et des cultes de Po
logne a, sur sa demande , été seulement dé
chargé du département de l'instruction publi
que après les derniers événèmens de'Varsovie;
mais il a conservé ses autres attributions dont
il n'est pas question qu'il se démette.
Berlin, 23 mars.
On mande de Varsovie que l'empereur a ap
prouvé la demande dé la délégation polonaise
relative au retrait du décret Muchanoff, et que
la démission de M. Muchanoff a été acceptée.
Cette nouvelle a été accueillie par la popula
tion avec des manifestations de joie.
- Breslau, 23 mars.
D'après les nouvelles de Varsovie, publiées
par les journaux, la délégation des bourgeois
aurait délibéré sur l'ordonnance dé.M. Mu
chanoff. Par suite de ees délibérations, on
a demandé au princ-e, Gortschakoff des me
sures propres à calmer l'opinion publique. Le
général Kotzebue et d'autres notabilités se
sont émus, afin de faire retirer ledit décret.
Jusqu'à présent, le prince Gortschakoff n'a
pas cédé. On assure que, si on retirait le" dé-
t^ret, M. Muchanoff se démettrait de ses fonc-,
tions.
Les corps .de métiers ont décidé l'admission
sans restriction dos j uifs. -
• - , Varsovie, le 22 mars,.. •
- S|. Muchanoff,. qui'avait publié une circu
lai!»; dans le but d'exciter les paysans contre
les propriétaires, vient, à la demande du cp-
mité national, de recevoir sa démission dès
fonctions de'directeur de l'intérieur et des
cultes; Il est remplacé par M. Luchtchewski,
directeur de l'industrie au même départe
ment.
De toutes les villes du royaume de Pologne
arrivent de? signatures et des adhésions à l'a
dresse que les habitans de Varsovie ont pré
sentée a l'empereur Alexandre. Le gouverne
ment, qui voulait considérer cette adresse com-
me émanant de quelques 'individus, a fini
Ear y voir l'expression des vœux universels.
es signatures sont déposées chez le prince"
Gortschakoff.
Turin, 23 mars.
Une convention préliminaire a été. signée
hier entre lé ministre des travaux publics et
M. Adami, pour la construction de chemins de
fer dvns l'Italie méridionale.
Turin, 23 mars.
Le Sénat s'est occupé du projet de loi relatif
à l'intitulé des actes publics. Ce projet de loi
a été voté par 74 yoix contre 1. Dans la séance,
le sénateur Sforza a formellement demandé
au gouvernement qu'il fasse des démarches
pour engager la France à retirer ses troupes
de Rome.
Constantinople, 20 mars.
La Porte a accepté la prolongation de l'occu
pation française en Syrie jusqu'au 5 juin.
La commission internationale demande la
prompte exécution des condamnés de Bey
routh.
Vély-Pachjt, le nouvel ambassadeur de Tur
quie, partira le 27 de ce mois pour Marseille.
Belgrade, 23 mars
Hier, les réfugiés chrétiens du pachqlik de
Nissa ont entendu la lecture de 1 amnistie qui
leur est accordée par Je commissaire turc ;
mais tous ont déclaré ne pas oser en profiter.
Ils ont adressé une supplique au sultan. La
Servie est calme; il y a seulement de l'agita
tion dans le voisinage des frontières du Sud.
Madrid, 22 mars.
M. Barrot a remis aujourd'hui à la reine
des lettres de l'Empereur.
Des lettres de Lisbonne assurent que les
commissaires du meeting du 10 ( la reunion
populaire qui a eu lieu le 10) ont parlé au
maréchal Saldanha en faveur de l'union ibé
rique. 1
Saldanha leur a répondu qu'il avait été
toujours l'ardent partisan de l'union péninsu
laire. " ( Havas-Bullier.)
COURS DE LA BOURSE.
CODXS DR CI.OTU**.'
3 0/0 au compt
—Fin du mois.
4 1/2 &c, compt,
—Fin du mois.
le 22 le 23 fUDSst. siiiat
68 13 68.20 » 05 » " »
68 la 68 20 » OS B B
£6 » 96. » » » » ' »
95.65 95.93 » 30 » »
La discussion de l'adresse est terminée ;
mais ce gravé débat retentira long-temps
dans le pays. La politique de l'Émpereur
en Italie, principalement en ce qui tou
che à la question romaine, a été dis-
ucuijîf sojjs tous les points de vue, exami
née sous' ses faces les plus diverses, et en
fïassarit par le feu croisé dès controverses
es plus vives, dès critiques les plus acer
bes, disons même, et le mot n'etSt pas trop
fort, de l'injure et de là calomnie, elle en
est sortie plus nette et plus brillante, plus
sûre d'elle-même s'il est possible, et plus'
forte devant le pays.
Le Corps Législatif avait, il faut bien lui
„ rendre cette justice, largement compris sa
' mission, et d'éloquens discours, pronon
cés en des sens bien divers,ont marqué sa
placé, et non pas lit moins élevée, dans
fes annales des Assemblées délibérantes.
Pour nous en tenir à la question ro
maine, il est certain que la tribune fran-
„ çaise peut s'enorgueillir de discours tels
que celui* do M. Jules Favrè, dont nous
n'admettons pas les conclusions, car elles
àuràient enchaîné les résolutions du gou
vernement," mais dont nous admirons la
fprme véritablement oratoire, l'argumen
tation ample, et par-dessus tout le senti
ment de justice qui a permis à l-'ancien
tribun de l'extrême gauche de compren
dre et même de défendre la politique
vraiment libérale et vraiment française du
gouvernement impérial; tels que celui de
M. Granier- de. Cassagnaè, qui, à un point
de vue bien différent, mais non moins éle-
- vé , a recherché, en catholique sincère,
les moyens d'une transaction possible
entre le pouvoir temporel de la Papauté
et la nationalité italienne; enfin tels que
celui de M. Billault., ministre sans porte
feuille, et de M. > comto de Morny, di
gne couronnement, de cette lutte , qui
s'est terminé &rpàr le triomphe du bon sens
et de la vérit^ sur les chimères et les em
bûches de Fesprlt'de parti.
S. Exc. M. Billault peut revendiquer sa
part légitime dans cette victoirè : ce no
Serait pas assez de dire qu'il a été élo
quent ; il a été convaincant, résultat ad
mirable et rare que n'atteignent pas tou
jours les plus illustres orateurs. Chaque
coup de cette parole grave et puissante
faisait une brèche profonde dans la mu
raille des amendemens, et l'engagement
s'est terminé par une véritable capitula
tion. ,
Nous avons sous les yeux 1« rapport de
la commission des Etats du Holstein sur
les propositions du gouvernement danois.
Lalùngueur dece document en surpasse de
beaucoup l'intérêt; il nous suffit d'indi-
Juerqu'en résumé,la commission deman-
e le rejet des projets du gouvërnement,
mais que cependant elle propose aux Etats,
pour le cas où un règlement provisoire des
rapports du Holstem avec le reste de la
monarchie, conforme à la résolution fédé
rale du 8 mars 1860, serait prochaine
ment mis en vigueur, d'adopter, sous mo
dification et à titre provisoire, le projet de
constitution formulé par le gouvernement
danois.
Lord J. Russell a exprimé dans la séan
ce d'hier de la Chambre des Communes
l'espérance que d'ici à l'expiration du dé
lai fixé pour l'occupation française en Sy
rie, un arrangement ^erapris pour le gou
vernement futur du Liban,afin, du moins-
c'est ce que l'analyse télégraphique fait dire
à lord J. Russell, de prévenir les dangers
qu'oflrirait l'occupation permanente de la
Syrie. Nous ne savons trop quels sont les
dangers dont paraît se préoccuper lord J.
Russell; jusqu'à présent l'occupation fran
çaise n'a été dangereuse que pour les as
sassins des chrétiens d'Orient et pour les
agens infidèles du gouvernement turc.
Un nouvel incident vient d'émouvoir
profondément la Pologne, et de mettre en
relief la force de la pression que l'opinion
publique exerce dans les circonstances ac
tuelles sur le gouvernement de l'empe
reur Alexandre.
M. de Muchanow, qui paraît avoir assu-*
mé en Pologne la haine universelle, et qui,
après sa démission de directeur de Ins
truction publique, conservait les fonctions
de directeurde l'intérieur,avait adressé ces
jours-ci aux gouverneurs civils une circu
laire dont nous ne connaissons pas le texte
authentique, mais dans laquelle on a cru
voir l'intention d'exciter les paysans contre
les propriétaires et les seigneurs. L'émo
tion a été générale, et le comité national
de Varsov ie a supplié le prirtee Gortschakoff
d'annuler l'acte de M. de Muchanow. Après
une longue résistance, le prince Gorts
chakoff s'est rendu au vœu de la popula
tion, et M. de Muchanow a résigné ses fonc
tions. •
Une dépêche annonce que le prince a
également cédé sur un autre point, en
consentant, contrairement à son intention
précédemment énoncée, à recevoir de nou
velles adhésions venues de toutes les villes
du royaume à l'adresse présentée par la
ville de Varsovie.
A uguste V itd.
fttouvcllçs de l'Extérieur.
ANGLETERRE.
chahbkb des Lords.— Séanee du 22 mars.
Lord Strattford de Redclifje adresse une interpel
lation relative à la Syrie."i.a conférence de Paris a
eu dernièrement à délibérer sur un très grave
sujet. Ëllq a décidé qu'il fallait que lqs troupes
françaises continuassent d'occuper la Syrie. Cetto
décision èst de' la' plus haute importance et ne sa
tisfait pas les vœux de l'Angleterre. Elle ne pe»t
guère non plus ôtro agréable au gouvernement
turc. I» noble lord demande si le gouvernement
n'a auoune difficulté à communiquer au Parlement
les pièces qui ont trait à la conférence.
Lord Wodehou-se répond qu'il est parfaitement
exact qu'une convention a été signée portant q"Ue
les troupes françaises occuperont la Syrie jusqu au
5 juin. Les pièces en qu'esUon seront communi
quées au Parlerasnt le premier jour de sa réunion
après Pâques.
Le comte il'Ellenborouyh demande si le gouverne
ment a reçu d'autres avis que ceux du télégramme
de mardi dernier, annonçant qne le Holstein avait
rejeté Ja proposition du roi de Danemarck.
Lord Wedehouse répond que le dernier télégram
me était bien tel que l'avait dit le noble comte,
mais qu'il croit que les Etats ont institué un comi
té pour examiner les propositions, et qu'il lui avait
été conseillé de les rejeter. Le noble comte i*ense
que la question s'agite encore dans les Etats, et il
lui paraît probable que le rapport du comité sera
adopté. ■ f£:
chambre des. communes. — Séance du 22 mars
Loi'd jOwri/j trésorier de la maison de la reine, pj(?
raît à. la porte de la Chambre ; il apporte la rèpo"-
se de S. M-à l'adresse qui lui a été présentée s
l'occasion la mert de $. A. R. la duchesse de
Kent. Voifiî cette réponse : «Je vous remercie de
votre bonne et respectueuse adresse et de vos com-
plimens de condoléance à l'occasion de la mort de
ma bien-aimée mère, ainsi que de la part que vous
prenez àtout ce qui m'intéresse moi et ma famille.
J'en suis bien reconnaissante. »
M. Duneombe. — Je voudrais savoir comment sir
Richard Mayne s'est trouvé en possession du billet
Kossutli, lithographie par M. Day, et qui lui a tra
duit ce billet f Etait-ce ce même billet qui, plus
tard,-a été exhibé par le comte Apponyl à la cour
de chancellerie?
Sir G. C. Lewis. — Rien de nouveau n'est sur
venu entre sir Richard Mayne et Mr Day, posté
rieurement à l'exposé que j'ai fait à la Chambre.
Un de ces billets fut remis à sir Richard. Mayne
par un policeman, et je désire dire très positive
ment, en prenant à témoin sir Richard Mayne,
que-jamais it n'a employé des policemen ou autres
agens pour surveiller la conduite de Kossuth, et
qu'il ne savait rien de ces billets jusqu'à ce que la
question lui fut soumise. Un'y avait personne dans
les bureaux de sir Richard Mayne qui pût traduire
le hongrois, et le billet fut porté au ministère des
affaires étrangères où il fut traduit. A l'une des en
trevues entre M. Day et sirR. Mayne, celui-ci déclara
qu'il avait agi d'après un avis légal, et je l'ai
déchargé de tout blâme. Le gouvernement a pen-
sé qu'il devait soumettre le billet au gouverne- ■
ment autrichien , et il en référa à l'autorité de
lord Lyndhurst et d'autres lords instruits sur la
question de culpabilité. Il s'est donc vu obligé de
consulter les conseillers légaux de la cou onne
qui considèrent la publication de ces billets com
me illégale, mais ils n'en feront pas l'objet d.Hne
accusation. .
(Par voie télégraphique.)
Londres, 23 mars, 12 h. 80 m.
Lord John Russell- a dit, dans la Chambre
des communes, que la population de Varsovie
avait fait preuve d'une grande modération,
sous l'empire de circonstances provocatrices.
La politique anglaise se propose de prévenir
les dangers qu'offrirait l'occupation perma
nente de Syrie. Le cabinet espère qu'avant la
cessation de l'occupation, un arrangement
sera pris pour le gouvernement futur du Li
ban. ( Havas-Bullier.)
EMPIRE D'AUTRICHE.
vienne , 20 mars. — D'après la Gazette'autri-
chienne, du 21 mars, on est en négociation au
sujet du rétablissement de la garde du corps
hongroise. Une partie doit en être organisée
pour l'ouverture de la diète et accompagner
l'empereur à Bude.
L'arrondissement électoral de Vienne (la
ville), qui compte 2,135 électeurs,a élu député
de la diète pro\inciale de la Basse-Autriche
M. de Schmerling, ministre d'Etat, avec 2,093
voix. * (Ost-Deutsche-Post.)
pesth , 20 mars. — Le Eirnoch contient une
lettre de Vienne, qui donne des détails sur les _
conférences dont les affaires liongrones sont
l'objet au sein du ministère.
Les homme» d'Etat allemands tiennent tou
jours opiniâtrement au principe de centra
lisation, tandis que les Hongrois défendent
avec énergie l'art. 10 des lois de 1700 et cher
chent à le faire prévaloir.
Il paraît décidé aujourd'hui que l'indépen
dance du gouvernement hôngrois.vis-â-vis du
miUistèé autrichien sera déclarée d'une ma
nière positive et définitive, et il y a lieu d'et-
perer que S. M. proclamera ouvertement et
sans réservé cette indépendance dans le dis
cours du trône. qu'elle prononcera à l'ouver
ture de la-diete.
Il est probable aussi qu'immédiatement
après le discours du trône la diète sera trans
férée de Bijde a Pesth, si les. rèprésentans le
préfèrent., t. est le prince primat qui aurait
obtenu ce dernier point.
' venise . 18 mars. — Il se confirme que notre
podestat, le comte Bembo, qui est à la tè-
te de la députation qui s'est rendue à Vien
ne, a fait des rapports très favorables sur
le résultat de sa mission. Il parait que le but,
principal de la députation sera atteint, c'est-à-
dire que les taxes supplémentaires que les com
munes avaient à payer pour les émigrés "tenus
au recrutement , seront supprimées, et qu'en
outre, le comte Bëmbo a reçu des assurances
très satisfaisantes concernant notre pays.
[Presse de Vienne.)
ALLEMAGNE.
bérlin , 21 mars. Le ministre des finan
ces, M. de Patow, 'a déclaré aujourd'hui à la
Chambre de3 seigneurs que le gouvernement
ne pouvait donner suite à la proposition du
comte Arnim tendante à augmenter l'impôt
sût' le revenu. Cette déclaration a de l'impor
tance au point de vue de la crise ministériel -
lp, parce qu'elle,a été faite, sur l'ordre exprès
du roi, qui n'a pas voulu entendre parler de
la démission offerte par SI. de l'atow.
Dans les cercles ministériels, on prétend que
la Chambre des seigneurs s'est amendée, et
qu'elle est-décidée à voter la loi sur la péré
quation de l'impôt foncier. Cette nouvelle est
peu croyable.
Les petits Etats de l'Allemagne méridionale
qui cultivent la vigne, font une opposition
assez vive aux dispositions du traité de com
merce entre la France et leZollvereln, relati
ves à la réduction des droits d'entrée sur les
ÉEB
m
a»
Feuilleton du ConsUtutionael, 24 mars.
UN AMOllt EN LAP0NIE
ÏV.
L'arrivée des deux jeunes Suédois au
camp de son grand-père donna un accès
d'humeur à Nepto. Il avait du sang mogol
dans les veines, et il ne voyait point sans
une secrète et amère irritation l'influence
toujours croissante sur sa nation de celui
qu'il appelait i assez dédaigneusement le
roi de Stockholm. Nepto était le dernier
des patriotes lapons. Il s'indignait de la
présence des deux étrangors dans la tri
bu; ils n'y pouvaient venir, pensait-il,
qu'avec des intentions mauvaises ; jamais
un Suédois ne s'était approché d'eux sans
qu'il en résultat aussitôt quelque mal-'
heur. Que leur voulait-on encore? TSl'é-
taient-ils done point assez esclaves ? pour
quoi celte surveillance continue? A quoi
bon ces nouveaux plans que l'on se met
tait en peine de dresser? Qui donc avait
besoin d'une carte deLaponie? Les La
pons la connaissaient assez, et les autres
n'avaient point besoin de la connaître :
il faudrait bientôt numéroter les arbres
de leurs forêts et compter les têtes de leurs
rennes ! '
Mais, au milieu.de CBSjannuis, Nepto
avait du moins le bonheur de n'être pas
jaloux des Bouveaux venus. Il savait trop
quelles haiflfcs, des haines de races, profon
des, séparent lçs Suédois et les Lapons. Il
connaissait trop cos antipathies séculaires,
que rien n'a calmées, pour ne peint re
garder comme une impossibilité mons
trueuse toute union de l'une avec l'autre,
dette conviction, si sûre d'elle - même
qu'elle pût être, ne le dispensait point®
d'ailleurs, d'une active surveillance : a Qui
bien se garde, bien se trouve !... » c'est là
un proverbe à l'usage des amoureux de
tous les pays.
Pendant les premiers temps, Nepto n'a
vait donc rien observé de suspect. Elphè-
ge s'occupait autant des rennes que des
femmes, et il était facile de voir que La
pons et Laponnes n'étaient pour lui rien
autre chose que des modèles. D'aiileùrs, ce
garçon jovial et laid ne semblait point avoir
en lui l'étoffe d'un amoureux. Depuis qu'il
était triste, Nepto avait un profond mépris
pour les gens trop gais; il ne s'imaginait
pas qu'un homme qui riait toujours pût
jamais être un rival dangereux; il regar
dait la passion comme chose plus sérieuse
que ne le font d'oidinaire les hommes de
son âge et de soh pays , et il ne pouvait
point, sous son apparente légèreté , devi
ner l'ame de l'artiste.
Quant à Henrick, l'orgueil qu'il laissait
voir,- le sentiment de sa propre supériorité,
qu'il ne prenait même pas la peine de ca
cher soh dédain pour la race si souvent hu
miliée des Lapons, ne lui semblaient point
des xùoyens particulièrement propres à
gagner au jeune officier le cœur d'une fil-
lé aussi fiere que Norra. Le naïf enfant
des déserts qui n'avait étudié le monde
que dans la tente de son grand père où
sous les huttes de Kautokeino, cette capi
tulé desLapons, dont les palais sont eh ar-
gile, ne savait point- que les difficultés
attirent souvent l'amour ; qu'il aime les
contrastes, et que les obstacles, par l'espé
rance qu'il a^e les vaincre, ne font qu'ir
riter et enflammer son ardeur. Nous de
vons cependant convenir que, même aux
yeux les plus observateurs et les plus pré
venus, rien ne pouvait faire supposer chez
Henrick la moindre arrière-pensée dont
Norra fût l'objet. C'est à. peine si dans les
premiers temps il avait seulement pris gar
de à elle; si plus tard, il s'était montré en
vers la jeune fille poli, prévenant, pres
que affectueux, ces attentions n'avaient
rien de compromettant; Nepto , d'ailleurs,
n'en avait pasété le témoin, îil était vis-à-vis
d'elle absolument ce qu'il eût été pour une
jolie'enfantoupour unbel animal, gracieux
favori de son maître. 11 n'y avait là rien
qui fût de nature à troubler les plus déli
cates susceptibilités d'un rival éconduit.
D'ailleurs, Nepto, qui avait pour principe
que tout était de bonne guerre en amour,
ne s'était pas privé du plaisir de jeter un
coup-d'œil plus ou moins discret dans les
cartons de l'officier, et il y avait décou
vert, non sans un secret plaisir, un por
trait de femme, ne ressemblant en rien à
celui que l'ami Elpliègo faisait en ce mo- '
ment de l'aimable Norra. Cette femme, ou
plutôteette jeune fille étaitaussi blonde que i
Nor ra é tait bru ne ; N orra avait des yeux noirs
rayés de petites fibrilles d'or qui lui don
naient un éclat superbe; l'autre au contrai-'
re avait les prunelles de ce bleu délicat qui
semble refléter l'azur pdli des cieux - du
Nord. Nepto, en rôdant autour de la tente
des étrangers, avait plus d'une fois aperçu
Henrick qui jetait à la'dérobée sur ce por
trait un regard à l'expression duquel un ■
amoureux ne pouvait pas se méprendre.
C'en était assez pour le rassurer complè- :
r
tement.
Cependant, il ne tarda point à remar
quer dans Norra un changement bien fait
pour le surprendre. La jeune fille perdit
tout à coup sa gaîté, cette gaîté d'oiseau
qui se communiquait si aisément aux au
tres, qu'elle semait, pour ainsi dire, au
tour d'elle, et qui faisait retentir le voisi
nage comme les échos d'une chanson
joyeuse. Je no dirai point qu'elle fût triste,
la tristesse n'est pas le propre du caractè
re lapon, quoiqu'une incurable mélanco
lie. naisse parfois dans l'ame de ceux qui
contemplent incessamment le spectacle
austère des grandes scènes du Nord. Elite
n'en était point, d'ailleurs, arrivée à .cette
phase de la passion qui produit la tris
tesse dans les jeunes ames; mais elle était
singulièrement préoccupée, et cette pré
occupation était visible, même pour Un
homms moins attentif et moins clairvoyant
que Nepto. Seulement, il eût été difficile
au jeune Lapon de savoir quel eii était le
véritable objet.
Les chagrins de Norra parlaient peu,:
elle avait la doùleur discrète.
Elle ne voyaitguère les deux Suédois ; si
par hasard elle les rencontrait, presque tou
jours ils se trouvaientensemhie. Elle ne leur
adressait jamais, laparole; eux, de leur cô
té, r.e lui parlaient pas beaucoup, et il n'y
avait dans leurs façons rien qui pût révé
ler chez l'un ou chez l'autre Une secrète
préférence pour la jeune fille.
Il faut bien l'avouer, cependant les
rapports entre eux n'étaient plus les mê
mes qu'aux premiers jours : à l'indifféren
ce, railleuse chez l'un, hautaine chez l'au
tre, avait succédé chfez tous deux une bien
veillance aimable et douce. Peu de gens
dans la tribu «onnaissaietit-la langue sué
doise ; personne ne laparlaitaussi bien que
Norra. Les-lettres du gouvernement qu'ils
avaient remises à Peckel lui enjoignaiqnt
de les traiter avec toute sorte d'égardâ et-
d'obéir à leurs réquisitions. Le vieux pa-;
triarclie des Kilps était un politique : saris
aimer les gens de Stockholm, il tenait du
moins à ne les point mécontenter trop ou
vertement ; il avait cru ne pouvoir être plus
agréable aux jeunes gehs qu'en leur don
nant sa petite-fille pour interprète. C'était
Norra qu'il avait chargée de toutes les com
munications officielles entre les étrangers
et lairibu : c'était elle qui veillait à tousleurs
besoins, et qui transmettait leursordresaux
serviteurs attachés h leurs personnes-, elle
s'était acquittée de ces soins avec un zèle
extrême et un empressement joyeux. Les
deux amis n'avaient eu qu'à se iouér de sa
diligence et de son zèle. Norra, de son cô
té, semblait prendre un vif intérêt à la tâ
che qu'on lui confiait. On eut dit que cette
activité nerveuse, un peu fébrile, .qu'elle
rte savait à quoi dépenser, avait enfin trou
vé l'aliment qui lui convenait et qu'elle
éprouvait une sorte de soulagement dans
l'emploi même de ses facultés trop long
temps-oisives. Les Suédois, à, leur tour,
se montrèrent reconnaissans moins encore
de ce qu'elle faisait pour eux que de la mu-
" nière dont 6lle le faisait ; c'est moins le don
3ni vaut que la manière de donner.Chacun
'eux lui en témoigna comme il put sa re
connaissance. Elphège, en la traitant avec
la camaraderie familière et bon enfant d'un
artiste; Henrick, au contraire, en lui té
moignant une bienveillance affectueuse et
douce, presque paternelle, qui pouvait
paraître singulière venant d un homme
aussi-jeune et s'adressant à une créature
aussi jolie; Norra se montra sensible à ces
égards au moins autant qu'elle le devait;
elle se plaisait sous la tonte de cetu qu'elle
appelait, ses hôtes ; elle songeait à tout
pour qu'ils n'eussent à s'oècupér de rien ;
jamais ils n'avaient été entourés de plus
de prévenances et d'attentions. Ncrra, près
d'eux, se croyait en Suède: il lui semblait
avoir tout à coup retrouvé, cette bonne vie
de Stockholm, qu'elle ne cessait de re-.
gretter tout bas. Bien plus facilement que
les hommes, et bien plus promptement
aussi, les femmes, s'habituent à de certai
nes façons qu'elles veulent ensuite retrou
ver toujours autour d'elles, "qu'elles cher
chent quand elles ne les ont plus, et dont
1^ perte les fait souffrir. La gaîté, l'entrain, 1
la franchise et la belle humeur d'Elphè^e
plurent beaucoup sans doute à la petite La
ponne; mais la courtoisie, la réserve et les
délicates prévenances de Henrick la lou
chèrent, et si elle se montrait plus con
fiante et plus abandonnée avec l'un, la ré
serve contenue qu'elle montrait à l'autre
n'était pas la preuve d'un intérêt moins
sincère et moins vif. Les deux jeunes gens
s'y trompèrent-ils? C'est ce que, jusqu'ici, *
rien dans leur conduite ni dans leurs pa
roles n'était venu confirmer ni "démentir.
Mais rien n'est changeant comme le
cœur d'une femme 1 A l'empressement., à
l'activité,Ma jdie des premiers jours, sue-
céda bientôt je' ne sais quelle vague in
quiétude; puis ce furent des tristesses
passagères, et des abattemens soudains.
C'était bien l'état où elle s'él/iit trocivée,
quelques années auparavant, au moment
de son retour d.e Suede.
Nepto avait trop d'intérêt à observer sa
consine pour ne point se rendre compte
d'un pareil changement. Seulemeni, il n'èn
put pénétrer-l'a cause, que Norra no b'A.-
tfUvtAlÀ A l'Àliib Vaioi» ^i'uiaiiyik.ujfaij,. a. 10.
i>JMANtili£ AlAità 16t>l
mffmimrmip 11
AB05NEKENS DES DEPAKTEHMS.
trois moisit.:;:-.".? 16 f*r.
six mois....! 32 f®.
un an. . .7.?.; 64 fr.
poor lhs pats frnuiwtts, vojr le tableau
publié les s'et 20 de chaque .mois.
tapr. L. BONIFÀCE, r, des Bons-Enlans, 19.
JOURNAL POLITIQUE, LITTERAIRE, UNIVERSEL,
Le.mode d'abonnement le plus simple est l'envoi d'un Boà^feigte ou d'un effet *
«ur Paris, àlordre de i'iuwiiHsTjuwuR du journal, rue de Valoli', n* 10.
ABONNES» DE PARIS/
TROIS MOIS ;:T.T7...7 13 FR:
SIX MOIS. V 26 FR.
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de chaque mois.
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Les articles déposés ne sont pas rendus;
Les annonces sont r eçues uiez M. Panis ,"régisseur des 6 grands journaux,'
rue Notre-'Dan ~-des-Victoires, n° 40 (place de la Bourse).
PA1US, 25 MARS.
I \ IMH1T1QCE BOMÀINE BLA3IÉE.
Hier, au moment où l'on allait procéder
au Scrutin sur la sftppffôsloirdes derniers
mots du paragraphe 25 de l'Adresse, M. le
comte de Flavigny a cru devoir préciser la
pensée de ceux qui demandaient cette sup
pression : a Nous désirons tous, a-t-il dit,
» rendre hommage à l'Empereur, mais
» nous voulons que cet hommage ne soit
» pas. un blâme pour le Pape. "Remercier
» l'Empereur, ne pas blâmer le Pape, voilà
» notre pensée. »
Ainsi la question était nettement posée
au Corps Législatif. Le parti qui se prétend
exclusivement catholique lui déclarait que
s'il adoptait la rédaction primitive de l'A
dresse, non-seulement il donnerait raison
au gouvernement de la France, mais que,
de plus, il donnerait tort au gouvernement
du Saint-Siège. Ce n'est pas tout. Des chré
tiens, des fidèles, des fils respectueux ne
craignaient pas de découvrir la personne
auguste de leur Pontife et de leur Père, et
ils venaient dire à nos députés : o Prenez,
garde, Messieurs, si vous ne rayez pas
jHeux ou trois mots, votre vote ira'frapper
le Pape lui-môme. »
Par quel entraînement, par quel faux cal
cul M. de Flavignyet «es honorables amis en
étaient-ils arrivés.àcedéplorableexpédient,
le dernier des expédiens parlementaires?
Comment se fait-il qu'ils n'aient pas com
pris que, pour vouloir échapper à une dé
faite relative, ils s'exposaient-à une dé
faite plus grave? Des hommes véritable
ment politiques ne risquent pas d'ordi
naire de pareils enjeux.'-
Au fond, qu'avait donc de si terrible le
membre de phrase dont on exigeait si im
périeusement et si maladroitement la sup
pression? Certes, en l'écrivant, les honora
bles commissaires de l'Adresse ne pré
voyaient guère qu'il serait si gros de tem
pêtes, ni qu'on lui donnerait une sembla
ble importance. A la dernière heure en
core, M. le comte de Morny s'efforçait
loyalement de lui restituer sa seule et vé
ritable signification :
a Je demande, déclarait-il, s'il se trouve
» un catholique fervent qui oserait dire à
» la Chambre et au pays qu'il né serait
B pas heureux de voir ie gouvernement jlu
» Pàpe accorder à son peuple des conces-
» sions libérales, un gouvernement lal-
b que et des institutions en harmonie
» avec nos idées actuelles, avec notre ci-
» vilisation. Éh bien! cette portion, du
• .paragraphe.ne signifie pas autre chose;
» elle n'a rien d'offensant pour le Saint-
»~Père; elle répond aux idées libérales de
» là France, si profondément libérale. »
' Vains Efforts,! M. ,1e comte do Latour
s'écriait : « Nous^ protestons contre les. ex
pressions de l'Adresse. »
M. le président du conseil d'Etat ne se
décourageait pas. Dominant le bruit et
l'émotion de la Chambre, il répétait, à son
tour : « Mais ce n'est pas un blâme, c'est
» la constatation d'un fait... »
■ Non 1 non f criaient quelques intrépides
Interrupteurs.
. Comment, non? Mais ce fait est connu
du monde entier : l'Europe le,constate et
la France le déplore. Le Corps Législatif
a eu sous les yeux les documens diplo
matiques les plus clairs et les plus con-
cluans. Il sait maintenant, à n'en pouvoir
"douter, que le gouvernement'de l'Empe
reur a employé inutilement à "tous lies
moyens de persuasion. Ce ne sontpas seu
lement l'Angleterre, la Prusse et la Russie
qui attestent et qui condamnent l'obstina
tion de la cour de Rome; c'est l'Espagne,"
li catholique Espagne, qui reconnaît l'op
portunité de nos conseils et qui ne se fait
point illusion sur I* danger de la résis
tance qu'on n'a cessé de-leur opposer.
Vovis niez systématiquement ? Mais le car
dinal Antonelli est plus franc que vous !
Le secrétaire. d'Etat du Saint-Siège l'a
pris de haut, dans sa réponse à la brochu
re qui a tant ému la cour de Rome, parce
qu'elle était pleine .de vérités. U a con
testé l'une après l'autre toutes ses asser
tions; il a prétendu que le gouvernement
pontifical n'était point l'ennemi des réfor
mes, qu'il ne manquait ni de mémoire ni
de reconnaissance, et que jamais, au grand
jamais, il n'avait bon point favorisé, mais
toléré seulement la plus petite manoeuvre
contre le gouvernement impérial de la
France. Dangereuse comédie quetoutcela;
déclarations solennelles qui peuventabu-
ser un moment l'univers catholique, mais
dont le cardinal Antonelli connaît mieux
que personne la valeur et;ia sincérité I Son
Eminence est moins affirmative et plus
juste quand elle parla,, non plus à la foule,
mais dans l'intimité diplomatique. Alors
elle déplore volontiers « cette ardeur
» de parti qui cherche à envelopper la
» cause du Pape dans des Intrigues et
» des ressentimens politiques ; » elle
ne conteste plus « l'exactitude » de ce
qu'écrit notre ambassadeur, et « se bor-
» ne'-à dire ce qu'elle a toujours dit,
» savoir que le gouvernement pontifical
» officiel , c'est-à-dire la secrétairerie d'E-
i tat, n'encourage pas ces menées, et qu'il en
» comprend tout le fâcheux effet. » A la
bonne heure 1 cet aveu nous suffit, car ce
n'est point à nous à établir des distinctions
presqueimpossiblesentrel^e gouvernement
pontifical officiel et celui qui ne l'est pas,
à ce qu'il paraît.
Il-nous suffit qu'il soit avoué par le car
dinal Antonelli lui-même, qu'il y aà Rome
une faction anti-française, hostile à notre
influence, et résolue d'avance à repousser
tous nos conseils. « Mais, disait hier M. le
» comte de Flavigny, quand même ce se-
» -ratt vrai, cela ne devrait pas être mis
» dans l'Adresse. L'Empereur n'a rien dit
» de pareil dans son discours. Pourquoi
» le Corps Législatif serait-il moins obser-
o vateur des hautes convenances et mon-
» trerait-il moins de tact politique que le
» Souverain lui-même? »
il y avait là, évidemment, une confusion
gui s'expliquait à peine. L'Empereur, s'a-
dressànt aux grands corps de l'Etat, n'a
vait pu que leur annoncer que son gou
vernement déposerait tous les documens
nécessaires à l'étude de notre situation po
litique. C'était au Sénat et au Corps Légis
latif à en prendre connaissance et à expri
mer ensuite leur avis dans la plénitude de
leur liberté. Si le souverain était allé plus
loin, s'il s'était prononcé dès l'abord sur
le caractère et la valeur des pièces soumi
ses à l'examen des Chambres, il était clair
que le droit de conseil n'eût plus été qu'un
droit illusoire, et le déerst du 24 novem
bre qu'une lettre morte.
Les Chambres avaient donc le devoir de
se prononcer précisément sur les points
où l'Empereur s'était renfermé dans la
plus discrète réserve, et M. le président
du conseil d'Etat avait pleinement raison
quand il Insistait pour obtenir une ré
ponse catégorique.
Cette réponse était devenue d'autant
plus nécessaire, que, dans l'ardeur de 1&
polémique et de la discussion, on n'avait
pas craint de fermer les yeux à l'évidente
et d'infirmer jusqu'à la parole de nos am
bassadeurs.
Dès lors il y avait là pour la France
une question d'honneur et de dignité. On
avait poussé les choses si loin que ^alter
native était celle-ci : ou le gouvernement
du Souverain Pontife n'avait jamais résis
té à nos sages conseils, et le gouvernement
de l'Empereur avait surpris," à ce sujet,
la bonne foi du pays ; ou, au contraire,
le gouvernement de l'Empereur avait dit
vrai et le gouvernement du Souverain Pon
tife avait seul à se reprocher les difficultés
de la çrise actuelle.
Il fallait que le Corps Législatif se pro
nonçât. Il s'est prononcé. On sait dans
quel sens et avec quelle majorité écra
sante.
Maintenant, est-ce à dire que nous ayons
vu sani regret la portée inattendue que
venait de prendre le vote ?
Non sans doute. Mais à qui la faute ? Les
défenseurs quand même de la cour de
Rome sont imprudens et téméraires com
me elle; à cette cour la responsabilité ab
solue des derniers événemens, à ses avo
cats la responsabilité du vote d'hier.
« a. Grandguillot.
TELEGRAPHIE PRIVEE.
Londres, 23 mars.
L'agence Reuter publie la dépêche suivante :
Washington, 13.—M. Lincoln arefusé d'entrer
en négociations avec les commissaires du Sud.
La Géorgie annonce la mise en vente des ba
teaux à vapeur de New-York qui ont été
saisis. Les conventions de la >Virginie et du
Missouri n'ont.encore rien fait de décisif. La
convention des Etats confédérés du Sud, qui
a été publiée, prive les étrangers du droit de
voter aux élections. Les fonctionnaires, le
président, ainsi que les vi«e-présidens, sont
élus pour six ans.
Le change à New-York était de B 1/2 à 6.
M. Cassius Kclaiz est nommé -minisire des
Etats-Unis en Espagne.
L'America a emporté 80,700 li.v. st. pour
New-York.
Vienne, 23 mars.
La Gazette de Vienne d'aujourd'hui publie le
décret par lequel S. M. l'empereur autorise la
réunion du congrès national serbe pour le 28
de ce mois. ,
Ce congrès sera composé des évôques grecs
non unis, de vingt-cinq prêtres et de cinquante '
députés laïques. L'évêque P/ajacic a.été auto-,
risé à procéder.aux élections, suivant le règle
ment électoral qu'il a proposé.
Vienne, 23 mars.
. D'après, la Gazette autrichienne, l'ambassadeur
russe à Vienne a reçu l'ordre de déclarer offi
ciellement que le gouvernement russe a ren
du personnellement responsable le prince de
Monténégro de toute participation des Monté
négrins aux troubles dans l'Herzegowine.
Une note très énergique a été expédiée à cet
effet de Saint-Pétersbourg au prince de Monté
négro.
Berlip; le 22 mars.
m. de Muchanow , ministre de l'intérieur,
de l'instruction publique et des cultes de Po
logne a, sur sa demande , été seulement dé
chargé du département de l'instruction publi
que après les derniers événèmens de'Varsovie;
mais il a conservé ses autres attributions dont
il n'est pas question qu'il se démette.
Berlin, 23 mars.
On mande de Varsovie que l'empereur a ap
prouvé la demande dé la délégation polonaise
relative au retrait du décret Muchanoff, et que
la démission de M. Muchanoff a été acceptée.
Cette nouvelle a été accueillie par la popula
tion avec des manifestations de joie.
- Breslau, 23 mars.
D'après les nouvelles de Varsovie, publiées
par les journaux, la délégation des bourgeois
aurait délibéré sur l'ordonnance dé.M. Mu
chanoff. Par suite de ees délibérations, on
a demandé au princ-e, Gortschakoff des me
sures propres à calmer l'opinion publique. Le
général Kotzebue et d'autres notabilités se
sont émus, afin de faire retirer ledit décret.
Jusqu'à présent, le prince Gortschakoff n'a
pas cédé. On assure que, si on retirait le" dé-
t^ret, M. Muchanoff se démettrait de ses fonc-,
tions.
Les corps .de métiers ont décidé l'admission
sans restriction dos j uifs. -
• - , Varsovie, le 22 mars,.. •
- S|. Muchanoff,. qui'avait publié une circu
lai!»; dans le but d'exciter les paysans contre
les propriétaires, vient, à la demande du cp-
mité national, de recevoir sa démission dès
fonctions de'directeur de l'intérieur et des
cultes; Il est remplacé par M. Luchtchewski,
directeur de l'industrie au même départe
ment.
De toutes les villes du royaume de Pologne
arrivent de? signatures et des adhésions à l'a
dresse que les habitans de Varsovie ont pré
sentée a l'empereur Alexandre. Le gouverne
ment, qui voulait considérer cette adresse com-
me émanant de quelques 'individus, a fini
Ear y voir l'expression des vœux universels.
es signatures sont déposées chez le prince"
Gortschakoff.
Turin, 23 mars.
Une convention préliminaire a été. signée
hier entre lé ministre des travaux publics et
M. Adami, pour la construction de chemins de
fer dvns l'Italie méridionale.
Turin, 23 mars.
Le Sénat s'est occupé du projet de loi relatif
à l'intitulé des actes publics. Ce projet de loi
a été voté par 74 yoix contre 1. Dans la séance,
le sénateur Sforza a formellement demandé
au gouvernement qu'il fasse des démarches
pour engager la France à retirer ses troupes
de Rome.
Constantinople, 20 mars.
La Porte a accepté la prolongation de l'occu
pation française en Syrie jusqu'au 5 juin.
La commission internationale demande la
prompte exécution des condamnés de Bey
routh.
Vély-Pachjt, le nouvel ambassadeur de Tur
quie, partira le 27 de ce mois pour Marseille.
Belgrade, 23 mars
Hier, les réfugiés chrétiens du pachqlik de
Nissa ont entendu la lecture de 1 amnistie qui
leur est accordée par Je commissaire turc ;
mais tous ont déclaré ne pas oser en profiter.
Ils ont adressé une supplique au sultan. La
Servie est calme; il y a seulement de l'agita
tion dans le voisinage des frontières du Sud.
Madrid, 22 mars.
M. Barrot a remis aujourd'hui à la reine
des lettres de l'Empereur.
Des lettres de Lisbonne assurent que les
commissaires du meeting du 10 ( la reunion
populaire qui a eu lieu le 10) ont parlé au
maréchal Saldanha en faveur de l'union ibé
rique. 1
Saldanha leur a répondu qu'il avait été
toujours l'ardent partisan de l'union péninsu
laire. " ( Havas-Bullier.)
COURS DE LA BOURSE.
CODXS DR CI.OTU**.'
3 0/0 au compt
—Fin du mois.
4 1/2 &c, compt,
—Fin du mois.
le 22 le 23 fUDSst. siiiat
68 13 68.20 » 05 » " »
68 la 68 20 » OS B B
£6 » 96. » » » » ' »
95.65 95.93 » 30 » »
La discussion de l'adresse est terminée ;
mais ce gravé débat retentira long-temps
dans le pays. La politique de l'Émpereur
en Italie, principalement en ce qui tou
che à la question romaine, a été dis-
ucuijîf sojjs tous les points de vue, exami
née sous' ses faces les plus diverses, et en
fïassarit par le feu croisé dès controverses
es plus vives, dès critiques les plus acer
bes, disons même, et le mot n'etSt pas trop
fort, de l'injure et de là calomnie, elle en
est sortie plus nette et plus brillante, plus
sûre d'elle-même s'il est possible, et plus'
forte devant le pays.
Le Corps Législatif avait, il faut bien lui
„ rendre cette justice, largement compris sa
' mission, et d'éloquens discours, pronon
cés en des sens bien divers,ont marqué sa
placé, et non pas lit moins élevée, dans
fes annales des Assemblées délibérantes.
Pour nous en tenir à la question ro
maine, il est certain que la tribune fran-
„ çaise peut s'enorgueillir de discours tels
que celui* do M. Jules Favrè, dont nous
n'admettons pas les conclusions, car elles
àuràient enchaîné les résolutions du gou
vernement," mais dont nous admirons la
fprme véritablement oratoire, l'argumen
tation ample, et par-dessus tout le senti
ment de justice qui a permis à l-'ancien
tribun de l'extrême gauche de compren
dre et même de défendre la politique
vraiment libérale et vraiment française du
gouvernement impérial; tels que celui de
M. Granier- de. Cassagnaè, qui, à un point
de vue bien différent, mais non moins éle-
- vé , a recherché, en catholique sincère,
les moyens d'une transaction possible
entre le pouvoir temporel de la Papauté
et la nationalité italienne; enfin tels que
celui de M. Billault., ministre sans porte
feuille, et de M. > comto de Morny, di
gne couronnement, de cette lutte , qui
s'est terminé &rpàr le triomphe du bon sens
et de la vérit^ sur les chimères et les em
bûches de Fesprlt'de parti.
S. Exc. M. Billault peut revendiquer sa
part légitime dans cette victoirè : ce no
Serait pas assez de dire qu'il a été élo
quent ; il a été convaincant, résultat ad
mirable et rare que n'atteignent pas tou
jours les plus illustres orateurs. Chaque
coup de cette parole grave et puissante
faisait une brèche profonde dans la mu
raille des amendemens, et l'engagement
s'est terminé par une véritable capitula
tion. ,
Nous avons sous les yeux 1« rapport de
la commission des Etats du Holstein sur
les propositions du gouvernement danois.
Lalùngueur dece document en surpasse de
beaucoup l'intérêt; il nous suffit d'indi-
Juerqu'en résumé,la commission deman-
e le rejet des projets du gouvërnement,
mais que cependant elle propose aux Etats,
pour le cas où un règlement provisoire des
rapports du Holstem avec le reste de la
monarchie, conforme à la résolution fédé
rale du 8 mars 1860, serait prochaine
ment mis en vigueur, d'adopter, sous mo
dification et à titre provisoire, le projet de
constitution formulé par le gouvernement
danois.
Lord J. Russell a exprimé dans la séan
ce d'hier de la Chambre des Communes
l'espérance que d'ici à l'expiration du dé
lai fixé pour l'occupation française en Sy
rie, un arrangement ^erapris pour le gou
vernement futur du Liban,afin, du moins-
c'est ce que l'analyse télégraphique fait dire
à lord J. Russell, de prévenir les dangers
qu'oflrirait l'occupation permanente de la
Syrie. Nous ne savons trop quels sont les
dangers dont paraît se préoccuper lord J.
Russell; jusqu'à présent l'occupation fran
çaise n'a été dangereuse que pour les as
sassins des chrétiens d'Orient et pour les
agens infidèles du gouvernement turc.
Un nouvel incident vient d'émouvoir
profondément la Pologne, et de mettre en
relief la force de la pression que l'opinion
publique exerce dans les circonstances ac
tuelles sur le gouvernement de l'empe
reur Alexandre.
M. de Muchanow, qui paraît avoir assu-*
mé en Pologne la haine universelle, et qui,
après sa démission de directeur de Ins
truction publique, conservait les fonctions
de directeurde l'intérieur,avait adressé ces
jours-ci aux gouverneurs civils une circu
laire dont nous ne connaissons pas le texte
authentique, mais dans laquelle on a cru
voir l'intention d'exciter les paysans contre
les propriétaires et les seigneurs. L'émo
tion a été générale, et le comité national
de Varsov ie a supplié le prirtee Gortschakoff
d'annuler l'acte de M. de Muchanow. Après
une longue résistance, le prince Gorts
chakoff s'est rendu au vœu de la popula
tion, et M. de Muchanow a résigné ses fonc
tions. •
Une dépêche annonce que le prince a
également cédé sur un autre point, en
consentant, contrairement à son intention
précédemment énoncée, à recevoir de nou
velles adhésions venues de toutes les villes
du royaume à l'adresse présentée par la
ville de Varsovie.
A uguste V itd.
fttouvcllçs de l'Extérieur.
ANGLETERRE.
chahbkb des Lords.— Séanee du 22 mars.
Lord Strattford de Redclifje adresse une interpel
lation relative à la Syrie."i.a conférence de Paris a
eu dernièrement à délibérer sur un très grave
sujet. Ëllq a décidé qu'il fallait que lqs troupes
françaises continuassent d'occuper la Syrie. Cetto
décision èst de' la' plus haute importance et ne sa
tisfait pas les vœux de l'Angleterre. Elle ne pe»t
guère non plus ôtro agréable au gouvernement
turc. I» noble lord demande si le gouvernement
n'a auoune difficulté à communiquer au Parlement
les pièces qui ont trait à la conférence.
Lord Wodehou-se répond qu'il est parfaitement
exact qu'une convention a été signée portant q"Ue
les troupes françaises occuperont la Syrie jusqu au
5 juin. Les pièces en qu'esUon seront communi
quées au Parlerasnt le premier jour de sa réunion
après Pâques.
Le comte il'Ellenborouyh demande si le gouverne
ment a reçu d'autres avis que ceux du télégramme
de mardi dernier, annonçant qne le Holstein avait
rejeté Ja proposition du roi de Danemarck.
Lord Wedehouse répond que le dernier télégram
me était bien tel que l'avait dit le noble comte,
mais qu'il croit que les Etats ont institué un comi
té pour examiner les propositions, et qu'il lui avait
été conseillé de les rejeter. Le noble comte i*ense
que la question s'agite encore dans les Etats, et il
lui paraît probable que le rapport du comité sera
adopté. ■ f£:
chambre des. communes. — Séance du 22 mars
Loi'd jOwri/j trésorier de la maison de la reine, pj(?
raît à. la porte de la Chambre ; il apporte la rèpo"-
se de S. M-à l'adresse qui lui a été présentée s
l'occasion la mert de $. A. R. la duchesse de
Kent. Voifiî cette réponse : «Je vous remercie de
votre bonne et respectueuse adresse et de vos com-
plimens de condoléance à l'occasion de la mort de
ma bien-aimée mère, ainsi que de la part que vous
prenez àtout ce qui m'intéresse moi et ma famille.
J'en suis bien reconnaissante. »
M. Duneombe. — Je voudrais savoir comment sir
Richard Mayne s'est trouvé en possession du billet
Kossutli, lithographie par M. Day, et qui lui a tra
duit ce billet f Etait-ce ce même billet qui, plus
tard,-a été exhibé par le comte Apponyl à la cour
de chancellerie?
Sir G. C. Lewis. — Rien de nouveau n'est sur
venu entre sir Richard Mayne et Mr Day, posté
rieurement à l'exposé que j'ai fait à la Chambre.
Un de ces billets fut remis à sir Richard. Mayne
par un policeman, et je désire dire très positive
ment, en prenant à témoin sir Richard Mayne,
que-jamais it n'a employé des policemen ou autres
agens pour surveiller la conduite de Kossuth, et
qu'il ne savait rien de ces billets jusqu'à ce que la
question lui fut soumise. Un'y avait personne dans
les bureaux de sir Richard Mayne qui pût traduire
le hongrois, et le billet fut porté au ministère des
affaires étrangères où il fut traduit. A l'une des en
trevues entre M. Day et sirR. Mayne, celui-ci déclara
qu'il avait agi d'après un avis légal, et je l'ai
déchargé de tout blâme. Le gouvernement a pen-
sé qu'il devait soumettre le billet au gouverne- ■
ment autrichien , et il en référa à l'autorité de
lord Lyndhurst et d'autres lords instruits sur la
question de culpabilité. Il s'est donc vu obligé de
consulter les conseillers légaux de la cou onne
qui considèrent la publication de ces billets com
me illégale, mais ils n'en feront pas l'objet d.Hne
accusation. .
(Par voie télégraphique.)
Londres, 23 mars, 12 h. 80 m.
Lord John Russell- a dit, dans la Chambre
des communes, que la population de Varsovie
avait fait preuve d'une grande modération,
sous l'empire de circonstances provocatrices.
La politique anglaise se propose de prévenir
les dangers qu'offrirait l'occupation perma
nente de Syrie. Le cabinet espère qu'avant la
cessation de l'occupation, un arrangement
sera pris pour le gouvernement futur du Li
ban. ( Havas-Bullier.)
EMPIRE D'AUTRICHE.
vienne , 20 mars. — D'après la Gazette'autri-
chienne, du 21 mars, on est en négociation au
sujet du rétablissement de la garde du corps
hongroise. Une partie doit en être organisée
pour l'ouverture de la diète et accompagner
l'empereur à Bude.
L'arrondissement électoral de Vienne (la
ville), qui compte 2,135 électeurs,a élu député
de la diète pro\inciale de la Basse-Autriche
M. de Schmerling, ministre d'Etat, avec 2,093
voix. * (Ost-Deutsche-Post.)
pesth , 20 mars. — Le Eirnoch contient une
lettre de Vienne, qui donne des détails sur les _
conférences dont les affaires liongrones sont
l'objet au sein du ministère.
Les homme» d'Etat allemands tiennent tou
jours opiniâtrement au principe de centra
lisation, tandis que les Hongrois défendent
avec énergie l'art. 10 des lois de 1700 et cher
chent à le faire prévaloir.
Il paraît décidé aujourd'hui que l'indépen
dance du gouvernement hôngrois.vis-â-vis du
miUistèé autrichien sera déclarée d'une ma
nière positive et définitive, et il y a lieu d'et-
perer que S. M. proclamera ouvertement et
sans réservé cette indépendance dans le dis
cours du trône. qu'elle prononcera à l'ouver
ture de la-diete.
Il est probable aussi qu'immédiatement
après le discours du trône la diète sera trans
férée de Bijde a Pesth, si les. rèprésentans le
préfèrent., t. est le prince primat qui aurait
obtenu ce dernier point.
' venise . 18 mars. — Il se confirme que notre
podestat, le comte Bembo, qui est à la tè-
te de la députation qui s'est rendue à Vien
ne, a fait des rapports très favorables sur
le résultat de sa mission. Il parait que le but,
principal de la députation sera atteint, c'est-à-
dire que les taxes supplémentaires que les com
munes avaient à payer pour les émigrés "tenus
au recrutement , seront supprimées, et qu'en
outre, le comte Bëmbo a reçu des assurances
très satisfaisantes concernant notre pays.
[Presse de Vienne.)
ALLEMAGNE.
bérlin , 21 mars. Le ministre des finan
ces, M. de Patow, 'a déclaré aujourd'hui à la
Chambre de3 seigneurs que le gouvernement
ne pouvait donner suite à la proposition du
comte Arnim tendante à augmenter l'impôt
sût' le revenu. Cette déclaration a de l'impor
tance au point de vue de la crise ministériel -
lp, parce qu'elle,a été faite, sur l'ordre exprès
du roi, qui n'a pas voulu entendre parler de
la démission offerte par SI. de l'atow.
Dans les cercles ministériels, on prétend que
la Chambre des seigneurs s'est amendée, et
qu'elle est-décidée à voter la loi sur la péré
quation de l'impôt foncier. Cette nouvelle est
peu croyable.
Les petits Etats de l'Allemagne méridionale
qui cultivent la vigne, font une opposition
assez vive aux dispositions du traité de com
merce entre la France et leZollvereln, relati
ves à la réduction des droits d'entrée sur les
ÉEB
m
a»
Feuilleton du ConsUtutionael, 24 mars.
UN AMOllt EN LAP0NIE
ÏV.
L'arrivée des deux jeunes Suédois au
camp de son grand-père donna un accès
d'humeur à Nepto. Il avait du sang mogol
dans les veines, et il ne voyait point sans
une secrète et amère irritation l'influence
toujours croissante sur sa nation de celui
qu'il appelait i assez dédaigneusement le
roi de Stockholm. Nepto était le dernier
des patriotes lapons. Il s'indignait de la
présence des deux étrangors dans la tri
bu; ils n'y pouvaient venir, pensait-il,
qu'avec des intentions mauvaises ; jamais
un Suédois ne s'était approché d'eux sans
qu'il en résultat aussitôt quelque mal-'
heur. Que leur voulait-on encore? TSl'é-
taient-ils done point assez esclaves ? pour
quoi celte surveillance continue? A quoi
bon ces nouveaux plans que l'on se met
tait en peine de dresser? Qui donc avait
besoin d'une carte deLaponie? Les La
pons la connaissaient assez, et les autres
n'avaient point besoin de la connaître :
il faudrait bientôt numéroter les arbres
de leurs forêts et compter les têtes de leurs
rennes ! '
Mais, au milieu.de CBSjannuis, Nepto
avait du moins le bonheur de n'être pas
jaloux des Bouveaux venus. Il savait trop
quelles haiflfcs, des haines de races, profon
des, séparent lçs Suédois et les Lapons. Il
connaissait trop cos antipathies séculaires,
que rien n'a calmées, pour ne peint re
garder comme une impossibilité mons
trueuse toute union de l'une avec l'autre,
dette conviction, si sûre d'elle - même
qu'elle pût être, ne le dispensait point®
d'ailleurs, d'une active surveillance : a Qui
bien se garde, bien se trouve !... » c'est là
un proverbe à l'usage des amoureux de
tous les pays.
Pendant les premiers temps, Nepto n'a
vait donc rien observé de suspect. Elphè-
ge s'occupait autant des rennes que des
femmes, et il était facile de voir que La
pons et Laponnes n'étaient pour lui rien
autre chose que des modèles. D'aiileùrs, ce
garçon jovial et laid ne semblait point avoir
en lui l'étoffe d'un amoureux. Depuis qu'il
était triste, Nepto avait un profond mépris
pour les gens trop gais; il ne s'imaginait
pas qu'un homme qui riait toujours pût
jamais être un rival dangereux; il regar
dait la passion comme chose plus sérieuse
que ne le font d'oidinaire les hommes de
son âge et de soh pays , et il ne pouvait
point, sous son apparente légèreté , devi
ner l'ame de l'artiste.
Quant à Henrick, l'orgueil qu'il laissait
voir,- le sentiment de sa propre supériorité,
qu'il ne prenait même pas la peine de ca
cher soh dédain pour la race si souvent hu
miliée des Lapons, ne lui semblaient point
des xùoyens particulièrement propres à
gagner au jeune officier le cœur d'une fil-
lé aussi fiere que Norra. Le naïf enfant
des déserts qui n'avait étudié le monde
que dans la tente de son grand père où
sous les huttes de Kautokeino, cette capi
tulé desLapons, dont les palais sont eh ar-
gile, ne savait point- que les difficultés
attirent souvent l'amour ; qu'il aime les
contrastes, et que les obstacles, par l'espé
rance qu'il a^e les vaincre, ne font qu'ir
riter et enflammer son ardeur. Nous de
vons cependant convenir que, même aux
yeux les plus observateurs et les plus pré
venus, rien ne pouvait faire supposer chez
Henrick la moindre arrière-pensée dont
Norra fût l'objet. C'est à. peine si dans les
premiers temps il avait seulement pris gar
de à elle; si plus tard, il s'était montré en
vers la jeune fille poli, prévenant, pres
que affectueux, ces attentions n'avaient
rien de compromettant; Nepto , d'ailleurs,
n'en avait pasété le témoin, îil était vis-à-vis
d'elle absolument ce qu'il eût été pour une
jolie'enfantoupour unbel animal, gracieux
favori de son maître. 11 n'y avait là rien
qui fût de nature à troubler les plus déli
cates susceptibilités d'un rival éconduit.
D'ailleurs, Nepto, qui avait pour principe
que tout était de bonne guerre en amour,
ne s'était pas privé du plaisir de jeter un
coup-d'œil plus ou moins discret dans les
cartons de l'officier, et il y avait décou
vert, non sans un secret plaisir, un por
trait de femme, ne ressemblant en rien à
celui que l'ami Elpliègo faisait en ce mo- '
ment de l'aimable Norra. Cette femme, ou
plutôteette jeune fille étaitaussi blonde que i
Nor ra é tait bru ne ; N orra avait des yeux noirs
rayés de petites fibrilles d'or qui lui don
naient un éclat superbe; l'autre au contrai-'
re avait les prunelles de ce bleu délicat qui
semble refléter l'azur pdli des cieux - du
Nord. Nepto, en rôdant autour de la tente
des étrangers, avait plus d'une fois aperçu
Henrick qui jetait à la'dérobée sur ce por
trait un regard à l'expression duquel un ■
amoureux ne pouvait pas se méprendre.
C'en était assez pour le rassurer complè- :
r
tement.
Cependant, il ne tarda point à remar
quer dans Norra un changement bien fait
pour le surprendre. La jeune fille perdit
tout à coup sa gaîté, cette gaîté d'oiseau
qui se communiquait si aisément aux au
tres, qu'elle semait, pour ainsi dire, au
tour d'elle, et qui faisait retentir le voisi
nage comme les échos d'une chanson
joyeuse. Je no dirai point qu'elle fût triste,
la tristesse n'est pas le propre du caractè
re lapon, quoiqu'une incurable mélanco
lie. naisse parfois dans l'ame de ceux qui
contemplent incessamment le spectacle
austère des grandes scènes du Nord. Elite
n'en était point, d'ailleurs, arrivée à .cette
phase de la passion qui produit la tris
tesse dans les jeunes ames; mais elle était
singulièrement préoccupée, et cette pré
occupation était visible, même pour Un
homms moins attentif et moins clairvoyant
que Nepto. Seulement, il eût été difficile
au jeune Lapon de savoir quel eii était le
véritable objet.
Les chagrins de Norra parlaient peu,:
elle avait la doùleur discrète.
Elle ne voyaitguère les deux Suédois ; si
par hasard elle les rencontrait, presque tou
jours ils se trouvaientensemhie. Elle ne leur
adressait jamais, laparole; eux, de leur cô
té, r.e lui parlaient pas beaucoup, et il n'y
avait dans leurs façons rien qui pût révé
ler chez l'un ou chez l'autre Une secrète
préférence pour la jeune fille.
Il faut bien l'avouer, cependant les
rapports entre eux n'étaient plus les mê
mes qu'aux premiers jours : à l'indifféren
ce, railleuse chez l'un, hautaine chez l'au
tre, avait succédé chfez tous deux une bien
veillance aimable et douce. Peu de gens
dans la tribu «onnaissaietit-la langue sué
doise ; personne ne laparlaitaussi bien que
Norra. Les-lettres du gouvernement qu'ils
avaient remises à Peckel lui enjoignaiqnt
de les traiter avec toute sorte d'égardâ et-
d'obéir à leurs réquisitions. Le vieux pa-;
triarclie des Kilps était un politique : saris
aimer les gens de Stockholm, il tenait du
moins à ne les point mécontenter trop ou
vertement ; il avait cru ne pouvoir être plus
agréable aux jeunes gehs qu'en leur don
nant sa petite-fille pour interprète. C'était
Norra qu'il avait chargée de toutes les com
munications officielles entre les étrangers
et lairibu : c'était elle qui veillait à tousleurs
besoins, et qui transmettait leursordresaux
serviteurs attachés h leurs personnes-, elle
s'était acquittée de ces soins avec un zèle
extrême et un empressement joyeux. Les
deux amis n'avaient eu qu'à se iouér de sa
diligence et de son zèle. Norra, de son cô
té, semblait prendre un vif intérêt à la tâ
che qu'on lui confiait. On eut dit que cette
activité nerveuse, un peu fébrile, .qu'elle
rte savait à quoi dépenser, avait enfin trou
vé l'aliment qui lui convenait et qu'elle
éprouvait une sorte de soulagement dans
l'emploi même de ses facultés trop long
temps-oisives. Les Suédois, à, leur tour,
se montrèrent reconnaissans moins encore
de ce qu'elle faisait pour eux que de la mu-
" nière dont 6lle le faisait ; c'est moins le don
3ni vaut que la manière de donner.Chacun
'eux lui en témoigna comme il put sa re
connaissance. Elphège, en la traitant avec
la camaraderie familière et bon enfant d'un
artiste; Henrick, au contraire, en lui té
moignant une bienveillance affectueuse et
douce, presque paternelle, qui pouvait
paraître singulière venant d un homme
aussi-jeune et s'adressant à une créature
aussi jolie; Norra se montra sensible à ces
égards au moins autant qu'elle le devait;
elle se plaisait sous la tonte de cetu qu'elle
appelait, ses hôtes ; elle songeait à tout
pour qu'ils n'eussent à s'oècupér de rien ;
jamais ils n'avaient été entourés de plus
de prévenances et d'attentions. Ncrra, près
d'eux, se croyait en Suède: il lui semblait
avoir tout à coup retrouvé, cette bonne vie
de Stockholm, qu'elle ne cessait de re-.
gretter tout bas. Bien plus facilement que
les hommes, et bien plus promptement
aussi, les femmes, s'habituent à de certai
nes façons qu'elles veulent ensuite retrou
ver toujours autour d'elles, "qu'elles cher
chent quand elles ne les ont plus, et dont
1^ perte les fait souffrir. La gaîté, l'entrain, 1
la franchise et la belle humeur d'Elphè^e
plurent beaucoup sans doute à la petite La
ponne; mais la courtoisie, la réserve et les
délicates prévenances de Henrick la lou
chèrent, et si elle se montrait plus con
fiante et plus abandonnée avec l'un, la ré
serve contenue qu'elle montrait à l'autre
n'était pas la preuve d'un intérêt moins
sincère et moins vif. Les deux jeunes gens
s'y trompèrent-ils? C'est ce que, jusqu'ici, *
rien dans leur conduite ni dans leurs pa
roles n'était venu confirmer ni "démentir.
Mais rien n'est changeant comme le
cœur d'une femme 1 A l'empressement., à
l'activité,Ma jdie des premiers jours, sue-
céda bientôt je' ne sais quelle vague in
quiétude; puis ce furent des tristesses
passagères, et des abattemens soudains.
C'était bien l'état où elle s'él/iit trocivée,
quelques années auparavant, au moment
de son retour d.e Suede.
Nepto avait trop d'intérêt à observer sa
consine pour ne point se rendre compte
d'un pareil changement. Seulemeni, il n'èn
put pénétrer-l'a cause, que Norra no b'A.-
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