Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-02-28
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 124053 Nombre total de vues : 124053
Description : 28 février 1861 28 février 1861
Description : 1861/02/28 (Numéro 59). 1861/02/28 (Numéro 59).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k672393m
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
46 ANNEE.—N* 59.
ABONPPSS DES JDJTOTEfENjS.
6UREAUX A PARIS i rue de Valois (Palais-Royal), n. 10}
B ; JEUDI 2$ I eviueu i»6i
ABOPEMENS DE PARISi
; 1 trois mws.^.'ïittîïs
• six iicws.Ts;t;7r^îr^
C.t) v"
on AN;^^7r.tv,ï;ïS
*6 FR|
32 FRJ
64 FRJ
' *oui us rm étrangers , voir le table&Q
• publié les 5 et 20 dé chaque mois.
. tttipr. ^ÇONIfACH, t. desBogsrEDfans;il«
Le mode D'ÀpQraiaiwT le plus simple est l'envoi d'un'.bon dè^osTe ou d'un effet
' «urJPans, à 1 ordre de £' ajqkq(istrat£u & du journal,
; If * t $
dèpi .
, rue de ValoU, a* 10.
JOURNAL POLITIQUE; LITTÉRAIRE, UNIVERSEL
trois mois.;rm^:;.-t 13 frî
six M0is ..t:r.7..r ^ï .. 26 frj
* ■■■ . •• 'jT ^
UN AN. 52 FR£
BN NUMÉRO 20, CENTIMES,i /j:
I
Le* lettres ou envois (forgent non imAiiCHis tont refusés i
{Les article* déposé» ne sont pas rendus} ~ a
Les aboimemens datent des l" et 10k\ -jfefc
de chaque mois. ' *
les Annonças sont reçues chez M. P aks , régisseur des 6 grands journaux;
rue Notre^Dame-des-Victoires, n* 40 (place de la Bourse)}
PARIS^ 27 FEVRIER.
r Le Corps-Législatif, en comité secret, a :
entendu-lecture, aujourd'hui, du projet
d 'adresse. Nous nous empressons de pu
blier ce doïnmeift/qui emprunte aux cir
constances présentes une importance ex
ceptionnelle.
Comme celui du Sénat, le projet du Corps
Législatif aborde successivement toutes
lès questions de notre politique, soit inté'
rieure, soit extérieure. Arrivant à la ques
tion romaine vil n'est pas moins net etmoins
ferme, que ne l'était avant-hier le ; projet
du Sénat. Il constate que a les documens
diplomatiques et le dernier envoi de
troupes à Rome ont prouvé au monde
entier que les.co'nstans. efforts du gouver
nement impérial ont assuré à la Papau
té sa sécurité et son indépendance, et
ont sauvegardé sa souveraineté tempo?
relie autant qub l'ont permis la force des
» choses et . la résistance à de sages conseils, »
' Nous connaissons donc aujourd'hui, la
première expression des sentimens des
deux grands, corps de l'Etat.
- L. B oniface.
CORPS LEGISLATIF. ,
L-e Corps Législatif s'est réuni aujour
d'hui, mercredi, en comité secret, sous la
présidence de S. Exc. M. le comte de Mor»
ny, pcitir entendre la lecture dû projet d'à-
dresse dont voici le texte :
« Sire, le Corps Législatif ne saurait user,
pour la première fois, des prérogatives nou
velles et importanles qu'il doit à l'initiative de
Votre Majesté, sans applaudir à la pensée libé
raie et prévoyantequi les a inspirées, et sans
se montrer fier et reconnaissant dé la coniUn
ce dont, elles sont lé témoignage.
» Ces libertés développent les principes de la
Constitution, en appropriant d'une manière
sagement progressive, son mécanisme et son
jeu, à l'état présent de la société.
» Cette Constitutioai fondée en rue des dif-
' Acuités qu'elle devait surmonter et de l'œuvre
de pacification qu'elle devait-produire, a pré
paré et rendu .possibles les développertjcns
qu'elle reçoit. Nous acceptons, avec la réso
lution de la faire tourner, au bien général la
part plus* large qu'elle fait à nos travaux et à
notre responsabilité; témoin de nos !oyaux
efforts pour faire connaître la vérité au pays
comme à vous-même, l'opinion publique
sanctionnera d'autant mieux nos décisions,
et rendra -encore plus efficace notre dévoû-
ment à vdtre personne et à votre dynastie, car
jrién ne saurait contribuer, à, notre popularité
qui-ne s'ajoute à; votre force. - ■,....
. » Ru no us conviant à lui. exposer avec sin
cérité nos -opinions et, nos sentimens ; Votre
Majesté nous en facilite l'expression par un ta
bleau général et annuel des affaires du pays,
'■ i"»» La situation de la France, nous présents
l 'ordre partout maintenu, les lois obéies , la
religion iiôHoréê, les arts'et les lettres encou
ragés, l'instruction répandue, les populations
dévouées et Gonflantes , et il est juste d'ajou
ter que ces bienfaits,. œuvres de votre sagesse
et'frùit dë votre règne, ont. fuit succéder sanè
transition le chaos deâ esprits et la sécurité
dès intérêts au tiimultôet aux anxiétés de'nos
discordes civiles.
" » Sire, le Corps Législatif loue et partage vo-'
tre noble sollicitude pour les .intérêts de l'a
griculture, dé l'industrie et du commerce, qui
goût à la fois le champ où se déploie l'activité
nationale ct.'-la'source où s'alimente la pto&?
pMté, publique.
■ Nou^nous sommes associés avec empres-.
sement aux mesures qui avaient pour but d'a-
m 'élioTer le sort de l'agriculture, ce premier
des intérêts' de la France, en facilitant l'é
coulement clë'ses produits et en abaissant le
prix des objets qu'elle consomme.
" La prospérité des populations agricoles est,
le vœU le plus intelligent des populations in
dustrielles: une étroite solidarité unit tous
les travaux humains et les confond dans une
commune destinée.
• » Nous avons l'espoir que 1 industrie fran
çaise sortira triomphante de l'épreuve qu'elle
va traverser; mais c'est à la condition qu'elle
pourra se procurer les matières.premières à
bon marché et les transports à bas prix. Aussi
*. V§8 efforts seconderontrils les vôtres Sire, pour
hâter l'achèvement et le perfectionnement des
voies.de communication." Enfin, un élément
indispensable à la production agricole, indus
trielle èt commerciale, est la Confia.nce dans;
- l'avenir. Cette confiance ne saurait exister
w^ans une certaine fixité dans la législation
douanière, qui rassure les intérêts et encou
rage les entreprises. •
» Sire, nous apprenons avec satisfaction que
le budget nous sera présenté en équilibre,
sans qu'il ait été nécessaire de recourir au
crédit ou à de nouveaux impôts.
» Les ressources de la France sont inépuisa
bles comme son-activité et son énergie; mais
votre politique, sage ménagère de nos finan
ces, s'assurera des réserves pour les éventua-,
lités de l'avenir, et nous espérons qu'il ne se
présentera pas des circonstances assez impé
rieuses pour que des crédits extraordinaires
et supplémentaires viennent modifier sensi
blement les prévisions du budget.
Pour le maintien et la consolidation de tou-;
tes ces choses, Sire, une condition supérieure
tst nécessaire : c'est la paix !
» Votre Majesté a été l'interprète fidèle du
sentiment unanime et profond de la France,
en'proclamant qu'elle veut sincèrement la
paix.
» Sous votre règne, Sire, la France ne peut
être ni provoquante, ni craintive.
■ » Cette attitude n'interdit ni ne gêne la li
bre action du pays dans les ' affaires où se
trouvent engagées sa puissance et sa dignité.
» Nous espérons que le nouveau régime
établi en Algérie répondra également aux be
soins de la sécurité et aux exigences de là co
lonisation.
» En Savoie et dans le comté de Nice, vous
avez rattaché à l'Empire, pacifiquement et en
ver^u d'un tr-aité ratifié par la volonté popu
laire, des piovinces depuis long-temps amies
et aujourd'hui irrévocablement françaises.
» Vous avez obéi, en cette circonstance à des
nécessités de défense territoriale, suite natu
relle de l'agrandissement notable d'un Etat
voisin, et votre politique aussi ferme que pru
dente a donné satisfaction à la France, sans
porter atteinte aux droits européens.
. » En Syrie, nous avons pris l'initiative dlune
œuvre d'humanité, et nous l'accomplissons en
vertu d'un mandat européen ; nous espérons
que ce mandat nous sera maintenu, que nous
pourrons poursuivre notre but, et que la mis
sion sainte et désintéressée, que nous avons
acceptée, sera remplie.
» En Chine, nos soldats, unis à ceux de la
Grande-Bretagne, ont jeté un lustre nouveau
sur nos armes. Semblables aux phalanges an
tiques par la 'force de leur organisation, ils
ont frappé au cœur le plus vaste et le plus
peuplé des empires. Puissent la France et l'An
gleterre, également loyales dans leurs inten-,
tlons, également sincères dans leur alliance,
marcher toujours,ainsi à côté l'une de l'autre
pour la défense des justes ■ causes et'pour le
triomphe de là civilisation.
j) Sire, l'intérêt national et traditionnel que
nous portons aux destinées de l'Italie, -s'-est
accru par les énergiques et glorieux efforts
que vous ave/ faits à la tête de nos armées en
faveur de sa délivrance. , .
» Le Corps Législatif^ en s'asscciant au res.-
pect que vous avez,montré pour les vœux des
peuples italiens^ approuve la sage réserve qui
a maintenu la France sur le teurain des trai
tés, dû droit des gens et de la justice, et qui,
sans amoindrir, vos sympathies çour les na
tions qui se. relèvent, ne: vous a pas permis
d'associer votre politique à des actes que vous
réprouveriez. '
» Sire, les documens diplomatiques et , le
dernier envoicirconstance critique, ont iprouvé au-monde
entier que vos constans efforts ont assuré à la
papauté sa sécurité et son indépendance, et
ont, sauvegardé sa souveraineté temporelle,
autant que l'ont permis la force des choses et
la résistance à dé sages conseils. En agissant-
ainsij Votre Majesté a fidèlement rempli, les
devoirs de Fils aîné de l'Eglise et répondu au
sentiment religieux comme aux traditions po
litiques de la France. Pour cette grave ques
tion, le Corps Législatif s'en rapporte entière
ment à vptre sagesse, bien persuadé que, dans
les éventualités de l'avenir , Votre. Majesté
s'inspirera toujours des mêmes principes et
des mêmes sentimens, sans se laisser décou
rager par des injustices qui nous affligent. ,
» Sire, depuis bientôt dix ans,que la France
vous a confié sa destinée* les obstacles et les
t luttes n'ont ni déconcerté votre prudence, ni
lassé votre courage. La Providence vous a
couvert de son égide et le pays de ses accla
mations. .
» Persistez, Sire, dans cette politique pru
dente et résolue, libérale et «talte
sous un pouvoir fort des libertés durables et
qui n'a d'autre ambition que l'éclat et l'hon
neur du nom français.
» Votre fils, à l'ombre des travaux, et ' des
vertus qui l'environnent, grandira fortifié par
votre exemple. Il aura appris ainsi à gouver
ner un jour, d'une manière digned'une gran
de nation, maîtresse de ses destinées, trop juste
pour qu'on la craigne, trop loyale pour qu'on
la soupçonne, trop forte pour qu'on l'intimide
ou qu'on l'entraîne. »
TELEGRAPHIE PRIVEE.
Londres, 27 février.
L'agence Reuter publie'les nouvelles- sui
vantes de Washington en date du 14 février.
La conférence pour la paix n'a pas encore pro
duit .de résultats. La convention de la Virgi
nie s'est réunie. Son président a prononcé un
discours dans lequel il insiste pour que la
Virginie fasse de la reconnaissance de ses
droits, la condition de sa non-séparation de
l'Union. Les attaques contre les forts Sumter
et Pickens se préparaient. La convention Mont-
gomerry s'était occupée de la question du
drapeau de la confédération du Sud.
Le change était à New-York de 104 1/4 à 105.
Londres, 27 février.
Les consolidés sont restés lourds de 91 5/8
à 91 3/4. .
L'Etna, de Liverpool, a, emporté 230,000 liv,
sterl. pour l'Amérique. "
• i Vienne, le 27 février.... _
La Gaie t te de Vienne d'aujourd'hui publie le
texte du ..statut de la constitution de l'Empire
et'la loi fondamentale sur la représentation
au pays. '
Il y aura deux Chambies: une Chambre des
seigneurs et une Chambre des députés. La pre
mière sera composée des archiducs, des chefs
des grandes familles de la noblesse de tous les
pays de la monarchie,, et la dignité de pair
sera héréditaire dans ces familles; elle com
prendra, en outre, les archevêques et évêques
de rang princier, et, à titre viager, les hom
mes méntans de l'empire.
Le nombre des députés sera de 343. Parmi
eux la Hongrie sera représentée par 85 mem- '
bres élus par la diète.
Les séances seront publiques dans les deux
Chambres ; elles auront le droit de l'initiative.
Tous les droits primordiaux sont du ressort
de l'assemblée de l'empire. Quand il y a ac
cord des deux Chambres; l'empereur ne peut
pas refuser sa sanction impériale aux lois
votées.
Les affaires qui ressortissent des Chambres
sont: l'établissement des budgets, les lois con
cernant les impôts, les emprunts de l'Etat, le
contrôle des dettes publiques, l'examen des re
cettes et des dépenses de l'Etat, etc.
Le président «t. le vice-président des Cham
bres "deç seigneurs et des députés, sont nom- -
més par l'empereur et pris parmi les mem
bres des deux Chambres.
La représentation de l'empire aura le titre
de : Conseil de l'empire.
Pour la Hongrie, la Transylvanie, la Croatie
et l'Esclavonie, les constitutions rétablies dans
les-limites du décret du mois d'octobre res
tent en vigueur. Quant aux autres provinces)
la constitution contient, à leur égard j des sta
tuts provinciaux. >
Le cens électoral va en décroissant jusqu'à 5
florins dans les villes, et il est encore au-des
sous pour les communes rurales.
Les statuts provinciaux, décrétés à la date
du 20 octobre, pour laStyrie, leTyrol, la Ca-
rinthie, le Salzbourg, sont remplacés par de
nouveaux statuts lioérâux.
Les diètes ont dans leurs attributions l'éla
boration des lois, F autonomie administrative,
ia publicité des discussions, le droit d'initia
tive.
Les affaires concernant la généralité de l'em
pire, se concentrent au conseil de l'empire;
celles, ne regardant que les provinces sont du
ressort des diètes.
Quant au royaume lombardo-vénitîen, le
ministre d'Etat est chargé, par l'empereur, de
lui présenter une constitution basée sur les
mêmes principes.
En attendant , les congrégations " de cette
province auront le droit de se faire représen
ter au conseil de l'empire par un certain nom
bre de députés.'
Le conseil d'Etat renforcé permanent çst
supprimé, et la création d'un nouveau conseil
d'Etat*est ordonnée. _
Viennes 27 février.
Le diplôme impérial octroyant la constitu
tion, n'est pas revêtu du contre-seing du chan
celier hongrois, excusé par une indisposition.
- Berlin, 27 février.
Dans des cercles ordinairement' bien infor
més, on se raconte qu'hier, à l'occasion de
l'anniversaire de la bataille de Grochow, il y
aurait eu à Varsovie des trouble s qui auraient
nécessité l'intervention des forces militaires.
■ ..■• - Berlin, 27 février.
'l La Gazette du Danube du 27 février; contient
la dépêèhe suivante: .
« Mostar, 25 février.
» Les insurgés du district Yenibazar (fron
tière du Monténégro], au nombre de 5,000
j ^H«wte»^par .âs&Jlio»tenegrins>-
on envahi la ville de Bior. Us ont tué 50 ha-
bitans musulmans et plusieurs femmes, en
pillant et incendiant les maisons. »
Agram, 26 février.
Le comitat d'Agram a résolu de prier l'em
pereur d'ouvrir en personne la diète de Croa
tie, Esclavônie et Dalmatie, et de se faire cou
ronner à Agram. v
Madrid, 27 février. :
On croit que M. Pacheco doit débarquer de
main à Cadix.
La Epoca dit que le gouvernement se borne-
L 'Espagne
neur de l'Espagne L une satisfaction complète.
[Havas-Bullier.)
Les nouvelles d'Italie, par les correspon
dances particulières ou par les journaux,
nous font complètement défaut aujour
d'hui.
Le gouvernement autrichien.vient enfin
d'octroyer la nouvelle constitution de
l'empire, depuis si longtemps promise, et
dont les bases principales avaient été in
diquées par la lettre impériale d'octobre
dernier.
Nous n'essaierons pas -de juger aujour
d'hui cette constitution, surtout au point
de vue des besoins politiques qui se sont
révélés en Autriche avec tant de force de
puis quelques mois. Nous pouvons cons
tater seulement qu'elle se rapproche beau-
cottjfrç-par teiaécairisiae adopté,- des cons
titutions généralement adoptées en Euro
pe. Deux chambres son t formées; l'u ne n'es t
autre que le Sénat français ou la Chambre
des Lords d'Angleterre, bu encore la Cham
bre des Seigneurs dePrusbe. C'est cette der
nière dénomination qui a été adoptée à
Vienne. On verra seulement que l'assem-
1 blée aristocratique autrichienne doit re
cevoir dans son sein des membres hé
réditaires et des membres viagers. « La
dignité de pair, dit la constitution, sera
héréditaire dans toutes les grandes fa
milles nobles; elle ne sera conférée qu'à
titre viager aux hommes méritans de l'E
tat. » Quel accueil sera fait à ce privilège
conservé à la noblesse ? Nous le laissons
S prévoir.
La Chambre des députés se composera
de 343 membres. Nous ignorons si ce chif
fre est sufllsant ; nous voyons seulement
que la Hongrie, sur|ces 343membres, comp
tera 80 représentans. -
Les privilèges laissés par la nouvelle
constitution a ces deux Chaiïibres, qui
auront le titre générique de « Conseil de
l'Empire » paraissent assez étendus : le
droit d'initiative, l'établissement des bud
gets, la fixation des impôts, l'approbation
des emprunts de l'Etat, le contrôle des det
tes publiques, l'examen des recettes et dé
penses-sont, en effet, assurés au Parle
ment, qui "embrassera ainsi la généralité
des affaires de l'empire, pour "ne laisser
aux diètes que les affairesj?rovinciales.
On trouvera, du reste, dans une dépêche
devienne, l'énoncé des dispositions prin
cipales de la constitution ncuvellç. Nous ne
ferons encore observer qu'une chose : c'est
la réserve dans laquelle-est demeuré le
gouvernements l'égard dela Vénétie,—que
_les actes officiels continuent à appeler « le
* royaume Lombardo- Vénitien. » La constitu
tion, vovons-nous dans la dépêche, porte
^quele ministre d'Etat sera chargé par l'em
pereur de lui présenter une, constitution
particulière, mais basée sur "les mêmes
principes. En attendant, les congrégations
de la Vénétie auront le droit,de.se faire, re
présenter au conseil de l'empire, ,par :un
certain nombre de députés; • ^ ■
Le comitat d'Agram" vient.de. prendre
une résolution par laquelle l'empereur
est invité à ouvrir en personne la Diète de
Croatie, Esclavônie et" Dalmatie, et de se
faire couronner par ces trois provinces
à Agram.
La Nouvelle Gazette de Prusse annonce le
... . tv ,• T _ n . ' j : ; ..'S- uu uiswuia uo ; , m.' Lix?iv~\jiudépart de Berlin pour Pans[ du inmistrft» -cours N n'était pas achevé au départ d,u
prussien qui avait été accrédité auprès du - ■
roi de Naples. On saU que le comte Per-
poncher se trouvait à Berlin pendant le
siège de Gaëte. *
Des correspondances de Copenhague
parlent de réformes, constitutionnelles
projetées par le cabinet, qui pourraient
bion aider indirectement à une solution
définitive de la question, danoise. On par
ié, en effet,-d'une large exécution des
principes de t }a constitution de 1852, qui
permettrait que les grandes divisions
du royaume ne formassent plus qu'un
seul faisceau, maish à. la-^andîtio» chacune d'elles conserverait .ses institu
tions provinciales et sa diète respective.
Les duchés de^Holstein et de Lauenbourg
pourraient donc ainsi garder leur auto
nomie, et, sans se détacher de la mo
narchie danoise, resserrer leurs rapports
avec la Confédération germanique.
Il paraît qu'à Berlin ces projets ne sont
pas ignorés, et que leur réalisation y est
même espérée, car nous lisons dans une
correspondance que, malgré l'attitude
constamment hostile de la'presse danoise,
on persiste à" douter de plus en plus , en
Prusse, d'un conflit dano-allemand. - . '
Une dépêche télégraphique parle .de
nouvelles scènes de rébellion qui se
seraient produites sur la frontière du
Monténégro. Cinq mille hommes! d'un
district monténégrin auraient pénétré
dans la ville do Bihor, et auraient massa
cré 30 habitans musulmans.
Sans douter de l'exactitude de ces ren-
seignemens, nous ferons observer qu'ils
nous parviennent deBerlin,et qu'ils ont été
empruntés à la Gazette du Danube de Vien
ne. . . •
Le gouvernement espagnol, qui est à la
veille de terminer ses différends financiers
avec le Maroc, doit songer maintenant à
tirer d'un conflit si glorieusement terminé
.pour l'Espagne, des.avantages plus dura
bles que le résultat matériel d'une indem
nité de guerre. Il s'agit, en effet, poucluj,
de conquérir dans le Maroc, sur les habi-.
tans do cet empire et sur son gouverne
ment, une influence que justifient ses re
lations de voisinage.
Un des journaux les plus accrédités de
Madrid, \'Epoca, vient précisément de sou
lever cette question, et il nous parait in
téressant de relever ses observations. La
France ne saurait être indifférente aux
projets politiques de l'Espagne, sur un
point aussi important-que le Maroc.
L'iTpoca pense que ce que le gouverne
ment espagnol doit dès à présent sérieu
sement désirer , c'est de substituer son
influence à celle de l'Angleterre ; et, pour
arriver à ce résultat, il indique les moyens
suivans :
0 Multiplions nos relations avec ce pays;
étendons la protection tardive du com
merce sur ces régions. Chie mis rapports ,
surtout, avec.les populations frontières de
viennent, chaque jour de plus en plus in
times. Cultivons le sauvage terrain qui
remplit-l'espace entre nos- limites et
Ceuta. Enfin,' que de toutes nos pdaces
d'Afrique et-du nouveau port dont nous
allons entrer en possession sur -l'Océan,
l'influence de ùotrecolonisationetde notre !
commerce répande de toutes parts de sa- i
lutaires rayons. Préparons ce pays à deve
nir un des grands marchés du monde, et
n'onblioiis pas que nous sommes en posi
tion d'exercer un grand protectorat sur le
Maroc, avec plus de désintéressement que
l'Angleterre, qui avait été, jusqu'à ce jour,
l'unique exploratrice de celte région afri
caine. ». '
- Il nous semble que de tefe conseils doi
vent être entendus du gouvernement espa-
gnbl. Le tem'ps'bù nous vivons est bien le
temps de ces luttes dont parle VEpoca,, dé
ces luttes ,qui ne réclament que,les efforts,
d'un commerce loyal, et repoussent au
contraiie l'emploi des, moyens violons ou
égoïstes, trop longtemps mis en usage
contre le.peuple africain.
La France adonné l'exemple à cet égard,
et l'Espagne', ert renouant des relations
pacifiques _ et suivies avec le Maroc, ne
trouvera pas certainement, en elle une rir
vale, mais une auxiliaire qui a recueilli
touê les fruits d'une longue expérience.
La chambre des "teprésentans belges' a
continué hier -la discussion sur la ; démo-
nétisation de l'or. Nous ne connaissons en
core que la première partie de la séance,
qui a été remplie tout entière. par la suite
du discours de M. Frère-Orban. Ce dis
courrier. Nous nous promettons de re
prendre-l'examen de cette question siim-
'pprta'hté de la'démonétisation de l'or,"les
futurs'arrangemens commerciaux entre
là France et la Belgique rendant plus in
téressantes que jamais pour riôus, les dé
cisions du: Parlement belge, jj < - '
• ' . Ernest Dréolle.
Mgr l'évêque d 'Orléans avait répondu
par une brochure au dernier écrit de
M. de La Guéronnière. Mgr l'évêque de
Poitiers y répond par un mandement;
-Bous en-citerons le début. Sninl-Juvst, la
veille" du * Ô'"thermidor, prononçait, à...
Convention un discours presque ideni
tique *: ' .
GEORGES ZÏMMEK.
■ « Le mystère d'iniquité se poursuit ; que
diriez-vous d'un enfant qui tiendrait publia
quement ce langage à son père :
« Mon père, votre fils aîné vous déclare, à
la face du monde entier, que vous êtes un en
têté, un ingrat, et que, sans le respect inalté
rable dont il est animé envers vous, il vous
abandonnerait demain au triste sort qu'ont
mérité votre obstination et votre aveugle
ment. » Un entêté ! l'entêté n'est-ce pas celui
qui s'obstinerait à remettre éternellement sur
le tapis des combinaisons impossibles, des
plans flétris par la - risée de tous les hommes
politiques?...
» Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais
qu'au contraire les-exigences croissaieht jet
devenaient, plus impérieuses autour de lux,
et comprenant qu'après avoir cédé jusqu'ici à,
toutes les volontés de la multitude, il allait
être .entraîné à un acte de suprême faiblesse^
ordonna qu'on lui apportât de l'eau, il se lava
les mains, et dit :—Je suis innocent du sang dé
ce juste. Cela fait, après avoir flagellé Jésus,
il le livra aux. Juifs, pour ..qu'ils le crucifias
sent. Mais la postérité a-t-eile ratifié l'absolu-
.tion que, se donna Pilate, et le lavement de
ses mains l'a-t-il innocenté devant les âges à
"venir ? Ecoutez : « Or> cet homme marqué du
stigmate déicide, cet homme ainsi cloué au
pilori dé notre symbole, quel est-il donc? Cet
homme,-ce n'est' ni Hérode, ni Gaïphe, ni Ju-
das, xû. aucun des bourreaux juifs ou romain?.
» Cet homme, c'est Ponce-Pilate ; et cela est
jnstice. Hérode, Caïphe, Judas et les .autres
ont eu leur part clans lé crime; mais enfin rien
n'eût abouti sans Pilate. -
» Pilate" pouvait sauver , le Christ, et sans
Pilate on ne pouvait mettro le Christ à mort.
Le signal ne pouvait venir que de lui. Lave
tes mains, ô Pilate ! déclare-toi innocent do
la mort du Christ; pour toute réponse, nous
dirons chaque jour, et ta postérité la'plus r, -
culée dira encore : « Je crois en Jésus-Christ,
qui a enduré mort et -passion sous Ponce-Pilate;. -»
COURS DE LA BOURSE.
COURS ds CLOTURK.
3 O/Oau eomnt.
—Fin du mois.
4 1,2 at. compt.
—Fin du mois.
Je 26
68. »
68 05
97.65
97.95
le 27
67.85
6730
98. k
98. p
BiUSSll, bj l ISIJT
» » » 15
s » s 15
Y* 35 » »
» 05- ». v
\ouvcllcd «le l'Extérlcw.
BELGIQUE.
hrdxeli.es , 20 février. — Le conseil fédéral
de la Suisse avait sollicité près du gouverue-
.ment l'autojisation d'envoyer quelques olli
ciers du génie- à' Anvers pour .y assister aux
constructions des -fortifications. Lu demande a
=6té accueillie par' le%ouverncment-de la ma
nière la plus amicale.
: cuambre des iœpkésentaks belges.
Séance du 26 ■ février._
L'ordre, du jour appelle la suite de la discussion
de lu/proposition relative à la mpnnaîft d'or.-
M., pKère son discours commopoé-: samedi. Il persiste à^eta-
blir que la monnaie d'argent, existe dans le ipaj 1 .»
eu quantité suffisante pour taire i'ace- à tous -les
besoins. La Banque nationale est toujours prète à
rembourser ses no millions de billets en pièces de
5 francs; on peut en l'aire l'expérience^ et la irion-
naie divisionnaire est ! en si giunde abondance
dans .ses* caisses, qu'elle est ob'igée d'en exporter.
Quant ài'or, tout lémôpdé convienl.que> dans l'é
tat actuel de. la démonétisation ide'Cette monnaie,
la pièce d'pr étrangère circule, sans perte.et pour
sa valeur nominale.. Donc il n'y a pas de domma
ge. .(Béclamations. à.droite.) ■ 1
. On me .dit que ; tout le monden'accepte pas cette
valeur nopiinale. Soit. Une personne oflreà une
autre.une pièce do 20 fiv Celle-ci ne peut l'accep
ter que pour l'J fr. 97 c. y u'a> rivera-t-il? SU 'otffant
ne subira aucune perte, ou il la p-lacera au taux
nominal de 20 fr., et il fera.un. bénéfice de 3 c.
Kh-bien!..par-,suite~dQ. la*i«onvention"tacite qui
existe librement, un tel fait. est-presque sans exem
ple dans la circulation. Mais a-t-on bien calculé
quelles seront.vlesT-conséquences dis cours légal
donné à.J'or ? En 1848c l'argent avait disparu; l oe
n.'etait,, pajS .démonétisé.', Qu'arriva-t-il ? Il arriva
d'Angleterre pour, 20 , millions de guinées j la Bel-
gique fut pendant quelque; temps inondée d'or an
glais. Le covvrsdu, cliaage, .permit enfin au gouver
nement ,d'opérer de manière à faire écouler cette
monnaie,étrangère. - ,
Or., en. France, on aifrappé pour.>4 milliards de
pièces dj'or. Cet or a-ivinpiacéiiTargerat monnayé
de. 179^ jusque .nos jours ■ Si nous légalisons le'
cours,, notre pays .sera plus inondé qn'en 1848.
Quant, à frapper nous-mêmes de la monnaie d'or,
nous n'y gagnerions rien.: Cette monnaie est agréa
ble sans doute pour des paiemens forts; mais elle
ne se subdivise pas commodément. Les fractions
delà pièce de 20 fr. sont, tellement menues,-qu'el
les se perdent facilement.
'Feuilleton dn~ Constitutionnel, 28 février.
Il AMOtR EN LAPOME
IL
i Bientôt la, portière ^'entr'ouvrit ; une
tête cornue apparut ; deux grands yeux-
bruns,, intelligeiis .et. doux, ,qui.. bril r
ïajent dans ; fombre , semblaient aller
d'un des jeunes gens à l'autre.;-, puis»,
tout à coup, là tête s'abaissa; les longues
ramures sfinfléchirent, sur les. épaules, et
un beau .renn?»,l)lanc. comme neige,^mar
chant. lentement, et-posant, ses pieds 'avec
précaution Èur ; le -sol,, énti"a, dans la .tàâ.té»
. Ici, Suallal fit le peintre, en étendant sa
main, que le nôuvéLrarrivafOt vint .lécher
avec l'empressement affectueux d'un ani
mal famiUer.,, ,
,,'Le renne jjue,plu§, d'un rôle,«dans'l'é
conomie domestique du,.Lapon. C'est; le
chapneau du Nord. Il est,-même pour.,son
maître plus encore qije le .chameau po^ur
l'Arabe. Il est sa vache, son mouto,n, ^on
cheval j ILnourciÛ'liomaiede.sa, chair et
de son l'ait; il l'habille de sa peau- h il,le
porte ou le traîne ; oA'coud^veç seg ten
dons, comme avec un fil soiiqe; onfaço,nne
avec son .boisiputejs sbrtes,"d^ petita oi)jé.ts
utilesou précieux,.Mais si Jo-Tenne est bon,
ilâ'pst p^ts beau; on né peut pas tout a'voïr.
Il est au cerf de nos pays ce qu'est un
lourd paysan à un homme de race : il a
le corps grôs^'bas et-trapu; ses jambes
sont courtes et massives^ ses pieds larges,
son poil épais, fauve et rude.
Snallat, au contraire, était d'une entière
blancheur; ses formes étaient élégantes,
ses mouvemens gracieux, et il y avait dans
tout son être je ne sais quoi de mignon, de
délicat et-de charmant ; comme tpus leg-
animaux qui, se sentent aimés, choyés,
gâtés, jl, né craignait pas 1 homme avec
lequel il se montrait doux et câlin. Ce
pendant ,. au i; fond, de - sa .douceur mê-,
m^, ron s ,devinait, encore, je, ne sais quoi
de.sauvage et d'effarouché,, comme s'il se
fût toujours souVenu des grands bois dans
lesquels iL était né, et où il avait long
temps vécu.*11 portait à son cou un large,
collieren cuir rouge,, brodé de dessins et
de passe-poils en fil d'étain de diverses
couleurs', et .formant des dessins capricieux;
une. grappe de , clochettes pendait, sur sa
poitrine, et, s'àgitant phaqiie. mouve
ment qu'il faisait, rendait/un soii argentin
et mélodieux. ,. , • ,
Snalla,— c'était le nom du^renBe blanc,
— promena; un 'moment subies deux amis
ses grands yeux calmes, mélancoliques et
rêveurs, qu'on edti dit .humides de larmes
comme des. yeux Humains ; puis., après
quelques secondés de réflexion, ce fut vers
le peintre qu'il se dirigeà. '.
Qui m'aime^ mon renne le sai tl dît én
riant le jeune officier,. "
„ L'artiste haussa les épaules, et/sans'rieri
répandre,,^tira ,d',un,'petit r sac q^l^avait
près de lui r un morceau de sucre gu'd pré
senta à l'intelligent aûimal. Celui-ci le
prît ' délicatement du j bout de ses lèvres
mobiles, , et 1 sortit de ,1a tente à reculons,
coinçae.etyt fait'dans "un cirque un cheval
.dressé^: la voliige et) lièérté. Une fois de-,
hors» il s'él^ça .ds^ réspace avec un
bond joyeux et disparut. ' ,
— Nous avons vu l'ambassadeur, dit
Henrick, nous ne tarderons pas à voir la
princesse. . ■
Il parlait encore, quand une .jeune Tille
parut sur le se.uil,delà ten^e. ,
Il suffisait d'un regard pour reconnaître
dans cette jeune fille l'original du person
nage que l'artiste achevait, de-peindro.
C'est assez dire qu'elle était extrêmement
jolie. A Paris, on l'eût peut-être trouvée
un peu trop brune ; mais ce brun était
mat, velouté, pour ainsi dire, et aussi doux
au regard qu'autoucher; comme chez tous
leis descend ans des Mogols, les yeux se re T
levaient.aux, coin*, par, une oblique trop
sensible; ■ mais ils étaient si grands, si
noirs et si- brillans, et ombragés de si longs
cils, visiblement recourbés à leur extrémi
té , que l'on qubliait l'étrangeié de leur
forme pour.admirer leur éclat ; son, front
n'avait pas sans doute le. développement
que recherche , la phrénologie moderne^
mais il était modelé avec tant d'iritelUgéà-^
ce, qu'il, semblait pétri de. pensées.;.
sourcils, déliés, fins, presque droits,, luj
donnaient tout à la fois-un air de fermeté
et de mutinerie dont l'assemblage ne lais
sait point que d'être assez piquant. Une'dp
ses mainç, petite, mince, étroite, toutp
fluette , „et trouée de légères 'fossettes,,
jouait avec le bout relevé de son . .tablier ?
tandis que l'autre s'enfonçait à " demi
dans sa .poche, garnie d'une, bordure de
plumes aux. vives couleurs.Sa toilette, sans
être tout à fait aussi recherchée que celle
du portrait, n'en. étaï.t pas moins assez
élégante, et, surtout fort pittoresque : la
jeune fille la portait avec une aisance et
Une grâce 'parfaites, quoiqu'au premier
atiord elle parût un peu théâtrale. On eût
dit une artiste pleine de goût qui avait
trouvé le costume le plus propre à faire ya*
loir sa tournure et sa physionomie, et qui
le gardait à, la ■ ville. - ,Mais. cette aimablft
créature n'attirait pas. seulement, elle ( re-'
ténàit. Pour étrange qu'elle fût, sa, beauté
n'en était pas moins sympathique..
En entrant dans la tente, elle fit, aux
deux jeunes g6ns. une révérence un -peu
moqueuse et leur souhaita le bonsoir dans
un suédois assez pur", lûen qu'elle,le par?
lât avec une certaine lenteur, qui ,ne lais
sait pas que de faire contraste, ayec : la; vi
vacité de ses allures et de.sa.-perçonhç.. ;
— Bonsoir , seigneurs,.dit-elj,e. à, nos
amis; prenez patience, on pense à v.oyg.
Et s'approchaiât de la.table, pp femme
qui se sentait che& elle, elle jeta un regard
sur la grande carte é'teucjne devan t Heri-
ri^lv. "f ■ , ,.
—, J'aurai beau faire, dit-elîç avec un
léger mouvement d'épaules, je ne me re-
connaîlrai jamais' dans toutes ces.,lignes
vpriesjrouges «t bleues., ,
■.^.7—,-'Jo m'en doute bien, répliqua l'ofû-
ciér i 1 aussi jé suis sûr que tu préfères des
jolis bonshommes, de mon ami Elphège.
La jeune (ille le regarda fixément, m?ûg
ne répondit rien. .
—Voyons, belle princesse,, continua-1-il
en pinçant, légèrement Je 'bord^napré, de
son oreille rose. et"blanche»,fi demi-cachée
sous ses cheveux , ne te fâche point d'une (
innocente plaisanterie, et surtout, ne me '
condamne point à,mourir dé faim-, parce
que je n'aurais pas xsu, comme mon ami
l'habileté dé reproduire tes jolis traits sur
la ,toile., Mfis qu'importe , petite Norra,,
pourvu qùé je las 'aie gn^'é^ ici -et l^i ?
continuait-il , en* portant , l'index de sa
"màin drofte tour à tour à. sa poitrine et à
son front.
*—TaiS|-toi, langue.doréel réponditlajeu-
ne fille, non, sans quelque vivacité; tu sais
bien que je ne te .crois pas! : Vous autres,
gens au Sud, vous n'êtes point avares de
belles paroles,, et, vous savez mieux pro-
rçettre que tenir. ' >
., : Ce.que tu en dis n'est pas pour moi,
j'imagine, reprit Henrick, car je .ne me
rappeilej.point t'avoif jamais.rièn promis.
— Tu t'enterais bien gardé ! dit Norra.
Et,, dans cette simple réponse, elle mit je
ne sais qiiel accent de fierté, de tristesse et
dejdéfi, qui fit rélever la tête à l'artiste,
toujours penche sur son tableau^ ' , = ,
• Ppndant, que Ilenripk cherchait sa répli-
qae, Norra tira;de la ppclie de son tablier
et; porta'â,^es, lèvres un: petit sifflet de
plomb; puis, retournant au seuil de, Jj.a |
tente, elle fit entendre un son prolongé, 1
qtiAu même instant-, deux ou trois Lapons
parurent, et.déposèrent sur un coin de la.
table deux paniers en branches de bouleau,
tellement, bourrés, de,^provisions, qu'ils
menaçaient de rompre sous leur pqids. Ces
Laponsqui' n'occupaient dans la tribu
qu'une place, tout-à-fait inférieure, s'ap
prochèrent des jeunes Suédois avec .un air
d.e feinte humilité, penchant la,tête de. cô
té, regardant de'coin, timidement, ét glis-
.santji'œilen coulissé. Norra, ,dont.ils sem
blaient attendre les ordres en silence, If^qr
fit un signe de là main,'ét ils se retirèrent;
aussitôt. Les deux aiiiis ne dédaignèrent
point de mettre leur couvert, ce qu'ils
tirent même, assez gaîment,, et la jeune fille
déposa successivement sur la table un rôt
fumant de renne, un énorme, brpchet bouil
li et une pleine jatte de làif^ clôntjles gout
tes épaisses comme do'l'huile et légère
ment bleuâtres, exhalaient unesenteurar»-
matique et parfumée ; deux tiges d'angé-
lique^ dè grosses niûres noires,'-des baiçs
de mptil «t dés airelles sauvages, à-la
fois piquantes et sucrées 1 , renfermées da-^fe
un cofùn de feuilles ariistement enchevêt-
trées lêsqmes dans les'autres j , dêthaîûè'ft
à iormer u'ne • Sorte ; de-corbéille' flexible,
complétè'rent ce -menu- que l'oil cherche
rait, vainement-sût la carte ; du n Oàfé ! Afl-
glaiâ. ■ 1 lin-' ' ' .• '1
i i'^fiRlème.duvdesscirt! ilien ne nows ii'jait-
quëil :S 'écjia?;lfoïÛcier, rien qu'un 1 vbi'ï i fi*ôfe
-boisSonjpotallIe, car sous ce rapppi?t n'bûé '
Jie, sommes' pa&' gâtés, et -ayec-tcii,-noble
souveraine duKilpis, nque.delfeau à boire!''■i'- 1 '
- — C'est ce qui te_ trompe, dit la jeune
fille en > retirant > des profondeurs de son
panier un flacon^au ventre rebondi, et voi
ci une bouteille de -nijod ()) comme .l'a
meilleure hôtesse' d'Upsala n'en a jamais
préparé- pour l'êter le retour de ses étu-
dians. , •• ■
-, ri Alors, i dit Elphège^ nous bôirons le *
premier verre à ta santé. ' ^ '
Et faisant légèrement sauter le bouchon
du breuvage. éçumant> il en remplit un go
belet* de .corne;: cerclé d'argent,; qu'il pré'>-
senta à la jeune Laponne. Celle-ci le porta
à peine à ses lèvres etie replaça sur la ta
ble à côté d'un gâteau chaud et doré, à la
confection duquel il était permis de sup-
-po J sler. q.qe .ises mains habiles- n'étàîetft
ipoint restées étrangères, cal'il dépassait
de beaâicoujKla capacité culinaire- des ài>
tistes de Laponie. . '
' (1) Sorte d'hydromel très en tavour .dans toute
la péninsule Scandinave.
ABONPPSS DES JDJTOTEfENjS.
6UREAUX A PARIS i rue de Valois (Palais-Royal), n. 10}
B ; JEUDI 2$ I eviueu i»6i
ABOPEMENS DE PARISi
; 1 trois mws.^.'ïittîïs
• six iicws.Ts;t;7r^îr^
C.t) v"
on AN;^^7r.tv,ï;ïS
*6 FR|
32 FRJ
64 FRJ
' *oui us rm étrangers , voir le table&Q
• publié les 5 et 20 dé chaque mois.
. tttipr. ^ÇONIfACH, t. desBogsrEDfans;il«
Le mode D'ÀpQraiaiwT le plus simple est l'envoi d'un'.bon dè^osTe ou d'un effet
' «urJPans, à 1 ordre de £' ajqkq(istrat£u & du journal,
; If * t $
dèpi .
, rue de ValoU, a* 10.
JOURNAL POLITIQUE; LITTÉRAIRE, UNIVERSEL
trois mois.;rm^:;.-t 13 frî
six M0is ..t:r.7..r ^ï .. 26 frj
* ■■■ . •• 'jT ^
UN AN. 52 FR£
BN NUMÉRO 20, CENTIMES,i /j:
I
Le* lettres ou envois (forgent non imAiiCHis tont refusés i
{Les article* déposé» ne sont pas rendus} ~ a
Les aboimemens datent des l" et 10k\ -jfefc
de chaque mois. ' *
les Annonças sont reçues chez M. P aks , régisseur des 6 grands journaux;
rue Notre^Dame-des-Victoires, n* 40 (place de la Bourse)}
PARIS^ 27 FEVRIER.
r Le Corps-Législatif, en comité secret, a :
entendu-lecture, aujourd'hui, du projet
d 'adresse. Nous nous empressons de pu
blier ce doïnmeift/qui emprunte aux cir
constances présentes une importance ex
ceptionnelle.
Comme celui du Sénat, le projet du Corps
Législatif aborde successivement toutes
lès questions de notre politique, soit inté'
rieure, soit extérieure. Arrivant à la ques
tion romaine vil n'est pas moins net etmoins
ferme, que ne l'était avant-hier le ; projet
du Sénat. Il constate que a les documens
diplomatiques et le dernier envoi de
troupes à Rome ont prouvé au monde
entier que les.co'nstans. efforts du gouver
nement impérial ont assuré à la Papau
té sa sécurité et son indépendance, et
ont sauvegardé sa souveraineté tempo?
relie autant qub l'ont permis la force des
» choses et . la résistance à de sages conseils, »
' Nous connaissons donc aujourd'hui, la
première expression des sentimens des
deux grands, corps de l'Etat.
- L. B oniface.
CORPS LEGISLATIF. ,
L-e Corps Législatif s'est réuni aujour
d'hui, mercredi, en comité secret, sous la
présidence de S. Exc. M. le comte de Mor»
ny, pcitir entendre la lecture dû projet d'à-
dresse dont voici le texte :
« Sire, le Corps Législatif ne saurait user,
pour la première fois, des prérogatives nou
velles et importanles qu'il doit à l'initiative de
Votre Majesté, sans applaudir à la pensée libé
raie et prévoyantequi les a inspirées, et sans
se montrer fier et reconnaissant dé la coniUn
ce dont, elles sont lé témoignage.
» Ces libertés développent les principes de la
Constitution, en appropriant d'une manière
sagement progressive, son mécanisme et son
jeu, à l'état présent de la société.
» Cette Constitutioai fondée en rue des dif-
' Acuités qu'elle devait surmonter et de l'œuvre
de pacification qu'elle devait-produire, a pré
paré et rendu .possibles les développertjcns
qu'elle reçoit. Nous acceptons, avec la réso
lution de la faire tourner, au bien général la
part plus* large qu'elle fait à nos travaux et à
notre responsabilité; témoin de nos !oyaux
efforts pour faire connaître la vérité au pays
comme à vous-même, l'opinion publique
sanctionnera d'autant mieux nos décisions,
et rendra -encore plus efficace notre dévoû-
ment à vdtre personne et à votre dynastie, car
jrién ne saurait contribuer, à, notre popularité
qui-ne s'ajoute à; votre force. - ■,....
. » Ru no us conviant à lui. exposer avec sin
cérité nos -opinions et, nos sentimens ; Votre
Majesté nous en facilite l'expression par un ta
bleau général et annuel des affaires du pays,
'■ i"»» La situation de la France, nous présents
l 'ordre partout maintenu, les lois obéies , la
religion iiôHoréê, les arts'et les lettres encou
ragés, l'instruction répandue, les populations
dévouées et Gonflantes , et il est juste d'ajou
ter que ces bienfaits,. œuvres de votre sagesse
et'frùit dë votre règne, ont. fuit succéder sanè
transition le chaos deâ esprits et la sécurité
dès intérêts au tiimultôet aux anxiétés de'nos
discordes civiles.
" » Sire, le Corps Législatif loue et partage vo-'
tre noble sollicitude pour les .intérêts de l'a
griculture, dé l'industrie et du commerce, qui
goût à la fois le champ où se déploie l'activité
nationale ct.'-la'source où s'alimente la pto&?
pMté, publique.
■ Nou^nous sommes associés avec empres-.
sement aux mesures qui avaient pour but d'a-
m 'élioTer le sort de l'agriculture, ce premier
des intérêts' de la France, en facilitant l'é
coulement clë'ses produits et en abaissant le
prix des objets qu'elle consomme.
" La prospérité des populations agricoles est,
le vœU le plus intelligent des populations in
dustrielles: une étroite solidarité unit tous
les travaux humains et les confond dans une
commune destinée.
• » Nous avons l'espoir que 1 industrie fran
çaise sortira triomphante de l'épreuve qu'elle
va traverser; mais c'est à la condition qu'elle
pourra se procurer les matières.premières à
bon marché et les transports à bas prix. Aussi
*. V§8 efforts seconderontrils les vôtres Sire, pour
hâter l'achèvement et le perfectionnement des
voies.de communication." Enfin, un élément
indispensable à la production agricole, indus
trielle èt commerciale, est la Confia.nce dans;
- l'avenir. Cette confiance ne saurait exister
w^ans une certaine fixité dans la législation
douanière, qui rassure les intérêts et encou
rage les entreprises. •
» Sire, nous apprenons avec satisfaction que
le budget nous sera présenté en équilibre,
sans qu'il ait été nécessaire de recourir au
crédit ou à de nouveaux impôts.
» Les ressources de la France sont inépuisa
bles comme son-activité et son énergie; mais
votre politique, sage ménagère de nos finan
ces, s'assurera des réserves pour les éventua-,
lités de l'avenir, et nous espérons qu'il ne se
présentera pas des circonstances assez impé
rieuses pour que des crédits extraordinaires
et supplémentaires viennent modifier sensi
blement les prévisions du budget.
Pour le maintien et la consolidation de tou-;
tes ces choses, Sire, une condition supérieure
tst nécessaire : c'est la paix !
» Votre Majesté a été l'interprète fidèle du
sentiment unanime et profond de la France,
en'proclamant qu'elle veut sincèrement la
paix.
» Sous votre règne, Sire, la France ne peut
être ni provoquante, ni craintive.
■ » Cette attitude n'interdit ni ne gêne la li
bre action du pays dans les ' affaires où se
trouvent engagées sa puissance et sa dignité.
» Nous espérons que le nouveau régime
établi en Algérie répondra également aux be
soins de la sécurité et aux exigences de là co
lonisation.
» En Savoie et dans le comté de Nice, vous
avez rattaché à l'Empire, pacifiquement et en
ver^u d'un tr-aité ratifié par la volonté popu
laire, des piovinces depuis long-temps amies
et aujourd'hui irrévocablement françaises.
» Vous avez obéi, en cette circonstance à des
nécessités de défense territoriale, suite natu
relle de l'agrandissement notable d'un Etat
voisin, et votre politique aussi ferme que pru
dente a donné satisfaction à la France, sans
porter atteinte aux droits européens.
. » En Syrie, nous avons pris l'initiative dlune
œuvre d'humanité, et nous l'accomplissons en
vertu d'un mandat européen ; nous espérons
que ce mandat nous sera maintenu, que nous
pourrons poursuivre notre but, et que la mis
sion sainte et désintéressée, que nous avons
acceptée, sera remplie.
» En Chine, nos soldats, unis à ceux de la
Grande-Bretagne, ont jeté un lustre nouveau
sur nos armes. Semblables aux phalanges an
tiques par la 'force de leur organisation, ils
ont frappé au cœur le plus vaste et le plus
peuplé des empires. Puissent la France et l'An
gleterre, également loyales dans leurs inten-,
tlons, également sincères dans leur alliance,
marcher toujours,ainsi à côté l'une de l'autre
pour la défense des justes ■ causes et'pour le
triomphe de là civilisation.
j) Sire, l'intérêt national et traditionnel que
nous portons aux destinées de l'Italie, -s'-est
accru par les énergiques et glorieux efforts
que vous ave/ faits à la tête de nos armées en
faveur de sa délivrance. , .
» Le Corps Législatif^ en s'asscciant au res.-
pect que vous avez,montré pour les vœux des
peuples italiens^ approuve la sage réserve qui
a maintenu la France sur le teurain des trai
tés, dû droit des gens et de la justice, et qui,
sans amoindrir, vos sympathies çour les na
tions qui se. relèvent, ne: vous a pas permis
d'associer votre politique à des actes que vous
réprouveriez. '
» Sire, les documens diplomatiques et , le
dernier envoi
entier que vos constans efforts ont assuré à la
papauté sa sécurité et son indépendance, et
ont, sauvegardé sa souveraineté temporelle,
autant que l'ont permis la force des choses et
la résistance à dé sages conseils. En agissant-
ainsij Votre Majesté a fidèlement rempli, les
devoirs de Fils aîné de l'Eglise et répondu au
sentiment religieux comme aux traditions po
litiques de la France. Pour cette grave ques
tion, le Corps Législatif s'en rapporte entière
ment à vptre sagesse, bien persuadé que, dans
les éventualités de l'avenir , Votre. Majesté
s'inspirera toujours des mêmes principes et
des mêmes sentimens, sans se laisser décou
rager par des injustices qui nous affligent. ,
» Sire, depuis bientôt dix ans,que la France
vous a confié sa destinée* les obstacles et les
t luttes n'ont ni déconcerté votre prudence, ni
lassé votre courage. La Providence vous a
couvert de son égide et le pays de ses accla
mations. .
» Persistez, Sire, dans cette politique pru
dente et résolue, libérale et «talte
sous un pouvoir fort des libertés durables et
qui n'a d'autre ambition que l'éclat et l'hon
neur du nom français.
» Votre fils, à l'ombre des travaux, et ' des
vertus qui l'environnent, grandira fortifié par
votre exemple. Il aura appris ainsi à gouver
ner un jour, d'une manière digned'une gran
de nation, maîtresse de ses destinées, trop juste
pour qu'on la craigne, trop loyale pour qu'on
la soupçonne, trop forte pour qu'on l'intimide
ou qu'on l'entraîne. »
TELEGRAPHIE PRIVEE.
Londres, 27 février.
L'agence Reuter publie'les nouvelles- sui
vantes de Washington en date du 14 février.
La conférence pour la paix n'a pas encore pro
duit .de résultats. La convention de la Virgi
nie s'est réunie. Son président a prononcé un
discours dans lequel il insiste pour que la
Virginie fasse de la reconnaissance de ses
droits, la condition de sa non-séparation de
l'Union. Les attaques contre les forts Sumter
et Pickens se préparaient. La convention Mont-
gomerry s'était occupée de la question du
drapeau de la confédération du Sud.
Le change était à New-York de 104 1/4 à 105.
Londres, 27 février.
Les consolidés sont restés lourds de 91 5/8
à 91 3/4. .
L'Etna, de Liverpool, a, emporté 230,000 liv,
sterl. pour l'Amérique. "
• i Vienne, le 27 février.... _
La Gaie t te de Vienne d'aujourd'hui publie le
texte du ..statut de la constitution de l'Empire
et'la loi fondamentale sur la représentation
au pays. '
Il y aura deux Chambies: une Chambre des
seigneurs et une Chambre des députés. La pre
mière sera composée des archiducs, des chefs
des grandes familles de la noblesse de tous les
pays de la monarchie,, et la dignité de pair
sera héréditaire dans ces familles; elle com
prendra, en outre, les archevêques et évêques
de rang princier, et, à titre viager, les hom
mes méntans de l'empire.
Le nombre des députés sera de 343. Parmi
eux la Hongrie sera représentée par 85 mem- '
bres élus par la diète.
Les séances seront publiques dans les deux
Chambres ; elles auront le droit de l'initiative.
Tous les droits primordiaux sont du ressort
de l'assemblée de l'empire. Quand il y a ac
cord des deux Chambres; l'empereur ne peut
pas refuser sa sanction impériale aux lois
votées.
Les affaires qui ressortissent des Chambres
sont: l'établissement des budgets, les lois con
cernant les impôts, les emprunts de l'Etat, le
contrôle des dettes publiques, l'examen des re
cettes et des dépenses de l'Etat, etc.
Le président «t. le vice-président des Cham
bres "deç seigneurs et des députés, sont nom- -
més par l'empereur et pris parmi les mem
bres des deux Chambres.
La représentation de l'empire aura le titre
de : Conseil de l'empire.
Pour la Hongrie, la Transylvanie, la Croatie
et l'Esclavonie, les constitutions rétablies dans
les-limites du décret du mois d'octobre res
tent en vigueur. Quant aux autres provinces)
la constitution contient, à leur égard j des sta
tuts provinciaux. >
Le cens électoral va en décroissant jusqu'à 5
florins dans les villes, et il est encore au-des
sous pour les communes rurales.
Les statuts provinciaux, décrétés à la date
du 20 octobre, pour laStyrie, leTyrol, la Ca-
rinthie, le Salzbourg, sont remplacés par de
nouveaux statuts lioérâux.
Les diètes ont dans leurs attributions l'éla
boration des lois, F autonomie administrative,
ia publicité des discussions, le droit d'initia
tive.
Les affaires concernant la généralité de l'em
pire, se concentrent au conseil de l'empire;
celles, ne regardant que les provinces sont du
ressort des diètes.
Quant au royaume lombardo-vénitîen, le
ministre d'Etat est chargé, par l'empereur, de
lui présenter une constitution basée sur les
mêmes principes.
En attendant , les congrégations " de cette
province auront le droit de se faire représen
ter au conseil de l'empire par un certain nom
bre de députés.'
Le conseil d'Etat renforcé permanent çst
supprimé, et la création d'un nouveau conseil
d'Etat*est ordonnée. _
Viennes 27 février.
Le diplôme impérial octroyant la constitu
tion, n'est pas revêtu du contre-seing du chan
celier hongrois, excusé par une indisposition.
- Berlin, 27 février.
Dans des cercles ordinairement' bien infor
més, on se raconte qu'hier, à l'occasion de
l'anniversaire de la bataille de Grochow, il y
aurait eu à Varsovie des trouble s qui auraient
nécessité l'intervention des forces militaires.
■ ..■• - Berlin, 27 février.
'l La Gazette du Danube du 27 février; contient
la dépêèhe suivante: .
« Mostar, 25 février.
» Les insurgés du district Yenibazar (fron
tière du Monténégro], au nombre de 5,000
j ^H«wte»^par .âs&Jlio»tenegrins>-
on envahi la ville de Bior. Us ont tué 50 ha-
bitans musulmans et plusieurs femmes, en
pillant et incendiant les maisons. »
Agram, 26 février.
Le comitat d'Agram a résolu de prier l'em
pereur d'ouvrir en personne la diète de Croa
tie, Esclavônie et Dalmatie, et de se faire cou
ronner à Agram. v
Madrid, 27 février. :
On croit que M. Pacheco doit débarquer de
main à Cadix.
La Epoca dit que le gouvernement se borne-
L 'Espagne
neur de l'Espagne L une satisfaction complète.
[Havas-Bullier.)
Les nouvelles d'Italie, par les correspon
dances particulières ou par les journaux,
nous font complètement défaut aujour
d'hui.
Le gouvernement autrichien.vient enfin
d'octroyer la nouvelle constitution de
l'empire, depuis si longtemps promise, et
dont les bases principales avaient été in
diquées par la lettre impériale d'octobre
dernier.
Nous n'essaierons pas -de juger aujour
d'hui cette constitution, surtout au point
de vue des besoins politiques qui se sont
révélés en Autriche avec tant de force de
puis quelques mois. Nous pouvons cons
tater seulement qu'elle se rapproche beau-
cottjfrç-par teiaécairisiae adopté,- des cons
titutions généralement adoptées en Euro
pe. Deux chambres son t formées; l'u ne n'es t
autre que le Sénat français ou la Chambre
des Lords d'Angleterre, bu encore la Cham
bre des Seigneurs dePrusbe. C'est cette der
nière dénomination qui a été adoptée à
Vienne. On verra seulement que l'assem-
1 blée aristocratique autrichienne doit re
cevoir dans son sein des membres hé
réditaires et des membres viagers. « La
dignité de pair, dit la constitution, sera
héréditaire dans toutes les grandes fa
milles nobles; elle ne sera conférée qu'à
titre viager aux hommes méritans de l'E
tat. » Quel accueil sera fait à ce privilège
conservé à la noblesse ? Nous le laissons
S prévoir.
La Chambre des députés se composera
de 343 membres. Nous ignorons si ce chif
fre est sufllsant ; nous voyons seulement
que la Hongrie, sur|ces 343membres, comp
tera 80 représentans. -
Les privilèges laissés par la nouvelle
constitution a ces deux Chaiïibres, qui
auront le titre générique de « Conseil de
l'Empire » paraissent assez étendus : le
droit d'initiative, l'établissement des bud
gets, la fixation des impôts, l'approbation
des emprunts de l'Etat, le contrôle des det
tes publiques, l'examen des recettes et dé
penses-sont, en effet, assurés au Parle
ment, qui "embrassera ainsi la généralité
des affaires de l'empire, pour "ne laisser
aux diètes que les affairesj?rovinciales.
On trouvera, du reste, dans une dépêche
devienne, l'énoncé des dispositions prin
cipales de la constitution ncuvellç. Nous ne
ferons encore observer qu'une chose : c'est
la réserve dans laquelle-est demeuré le
gouvernements l'égard dela Vénétie,—que
_les actes officiels continuent à appeler « le
* royaume Lombardo- Vénitien. » La constitu
tion, vovons-nous dans la dépêche, porte
^quele ministre d'Etat sera chargé par l'em
pereur de lui présenter une, constitution
particulière, mais basée sur "les mêmes
principes. En attendant, les congrégations
de la Vénétie auront le droit,de.se faire, re
présenter au conseil de l'empire, ,par :un
certain nombre de députés; • ^ ■
Le comitat d'Agram" vient.de. prendre
une résolution par laquelle l'empereur
est invité à ouvrir en personne la Diète de
Croatie, Esclavônie et" Dalmatie, et de se
faire couronner par ces trois provinces
à Agram.
La Nouvelle Gazette de Prusse annonce le
... . tv ,• T _ n . ' j : ; ..'S- uu uiswuia uo ; , m.' Lix?iv~\jiu
prussien qui avait été accrédité auprès du - ■
roi de Naples. On saU que le comte Per-
poncher se trouvait à Berlin pendant le
siège de Gaëte. *
Des correspondances de Copenhague
parlent de réformes, constitutionnelles
projetées par le cabinet, qui pourraient
bion aider indirectement à une solution
définitive de la question, danoise. On par
ié, en effet,-d'une large exécution des
principes de t }a constitution de 1852, qui
permettrait que les grandes divisions
du royaume ne formassent plus qu'un
seul faisceau, maish à. la-^andîtio» chacune d'elles conserverait .ses institu
tions provinciales et sa diète respective.
Les duchés de^Holstein et de Lauenbourg
pourraient donc ainsi garder leur auto
nomie, et, sans se détacher de la mo
narchie danoise, resserrer leurs rapports
avec la Confédération germanique.
Il paraît qu'à Berlin ces projets ne sont
pas ignorés, et que leur réalisation y est
même espérée, car nous lisons dans une
correspondance que, malgré l'attitude
constamment hostile de la'presse danoise,
on persiste à" douter de plus en plus , en
Prusse, d'un conflit dano-allemand. - . '
Une dépêche télégraphique parle .de
nouvelles scènes de rébellion qui se
seraient produites sur la frontière du
Monténégro. Cinq mille hommes! d'un
district monténégrin auraient pénétré
dans la ville do Bihor, et auraient massa
cré 30 habitans musulmans.
Sans douter de l'exactitude de ces ren-
seignemens, nous ferons observer qu'ils
nous parviennent deBerlin,et qu'ils ont été
empruntés à la Gazette du Danube de Vien
ne. . . •
Le gouvernement espagnol, qui est à la
veille de terminer ses différends financiers
avec le Maroc, doit songer maintenant à
tirer d'un conflit si glorieusement terminé
.pour l'Espagne, des.avantages plus dura
bles que le résultat matériel d'une indem
nité de guerre. Il s'agit, en effet, poucluj,
de conquérir dans le Maroc, sur les habi-.
tans do cet empire et sur son gouverne
ment, une influence que justifient ses re
lations de voisinage.
Un des journaux les plus accrédités de
Madrid, \'Epoca, vient précisément de sou
lever cette question, et il nous parait in
téressant de relever ses observations. La
France ne saurait être indifférente aux
projets politiques de l'Espagne, sur un
point aussi important-que le Maroc.
L'iTpoca pense que ce que le gouverne
ment espagnol doit dès à présent sérieu
sement désirer , c'est de substituer son
influence à celle de l'Angleterre ; et, pour
arriver à ce résultat, il indique les moyens
suivans :
0 Multiplions nos relations avec ce pays;
étendons la protection tardive du com
merce sur ces régions. Chie mis rapports ,
surtout, avec.les populations frontières de
viennent, chaque jour de plus en plus in
times. Cultivons le sauvage terrain qui
remplit-l'espace entre nos- limites et
Ceuta. Enfin,' que de toutes nos pdaces
d'Afrique et-du nouveau port dont nous
allons entrer en possession sur -l'Océan,
l'influence de ùotrecolonisationetde notre !
commerce répande de toutes parts de sa- i
lutaires rayons. Préparons ce pays à deve
nir un des grands marchés du monde, et
n'onblioiis pas que nous sommes en posi
tion d'exercer un grand protectorat sur le
Maroc, avec plus de désintéressement que
l'Angleterre, qui avait été, jusqu'à ce jour,
l'unique exploratrice de celte région afri
caine. ». '
- Il nous semble que de tefe conseils doi
vent être entendus du gouvernement espa-
gnbl. Le tem'ps'bù nous vivons est bien le
temps de ces luttes dont parle VEpoca,, dé
ces luttes ,qui ne réclament que,les efforts,
d'un commerce loyal, et repoussent au
contraiie l'emploi des, moyens violons ou
égoïstes, trop longtemps mis en usage
contre le.peuple africain.
La France adonné l'exemple à cet égard,
et l'Espagne', ert renouant des relations
pacifiques _ et suivies avec le Maroc, ne
trouvera pas certainement, en elle une rir
vale, mais une auxiliaire qui a recueilli
touê les fruits d'une longue expérience.
La chambre des "teprésentans belges' a
continué hier -la discussion sur la ; démo-
nétisation de l'or. Nous ne connaissons en
core que la première partie de la séance,
qui a été remplie tout entière. par la suite
du discours de M. Frère-Orban. Ce dis
courrier. Nous nous promettons de re
prendre-l'examen de cette question siim-
'pprta'hté de la'démonétisation de l'or,"les
futurs'arrangemens commerciaux entre
là France et la Belgique rendant plus in
téressantes que jamais pour riôus, les dé
cisions du: Parlement belge, jj < - '
• ' . Ernest Dréolle.
Mgr l'évêque d 'Orléans avait répondu
par une brochure au dernier écrit de
M. de La Guéronnière. Mgr l'évêque de
Poitiers y répond par un mandement;
-Bous en-citerons le début. Sninl-Juvst, la
veille" du * Ô'"thermidor, prononçait, à...
Convention un discours presque ideni
tique *: ' .
GEORGES ZÏMMEK.
■ « Le mystère d'iniquité se poursuit ; que
diriez-vous d'un enfant qui tiendrait publia
quement ce langage à son père :
« Mon père, votre fils aîné vous déclare, à
la face du monde entier, que vous êtes un en
têté, un ingrat, et que, sans le respect inalté
rable dont il est animé envers vous, il vous
abandonnerait demain au triste sort qu'ont
mérité votre obstination et votre aveugle
ment. » Un entêté ! l'entêté n'est-ce pas celui
qui s'obstinerait à remettre éternellement sur
le tapis des combinaisons impossibles, des
plans flétris par la - risée de tous les hommes
politiques?...
» Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais
qu'au contraire les-exigences croissaieht jet
devenaient, plus impérieuses autour de lux,
et comprenant qu'après avoir cédé jusqu'ici à,
toutes les volontés de la multitude, il allait
être .entraîné à un acte de suprême faiblesse^
ordonna qu'on lui apportât de l'eau, il se lava
les mains, et dit :—Je suis innocent du sang dé
ce juste. Cela fait, après avoir flagellé Jésus,
il le livra aux. Juifs, pour ..qu'ils le crucifias
sent. Mais la postérité a-t-eile ratifié l'absolu-
.tion que, se donna Pilate, et le lavement de
ses mains l'a-t-il innocenté devant les âges à
"venir ? Ecoutez : « Or> cet homme marqué du
stigmate déicide, cet homme ainsi cloué au
pilori dé notre symbole, quel est-il donc? Cet
homme,-ce n'est' ni Hérode, ni Gaïphe, ni Ju-
das, xû. aucun des bourreaux juifs ou romain?.
» Cet homme, c'est Ponce-Pilate ; et cela est
jnstice. Hérode, Caïphe, Judas et les .autres
ont eu leur part clans lé crime; mais enfin rien
n'eût abouti sans Pilate. -
» Pilate" pouvait sauver , le Christ, et sans
Pilate on ne pouvait mettro le Christ à mort.
Le signal ne pouvait venir que de lui. Lave
tes mains, ô Pilate ! déclare-toi innocent do
la mort du Christ; pour toute réponse, nous
dirons chaque jour, et ta postérité la'plus r, -
culée dira encore : « Je crois en Jésus-Christ,
qui a enduré mort et -passion sous Ponce-Pilate;. -»
COURS DE LA BOURSE.
COURS ds CLOTURK.
3 O/Oau eomnt.
—Fin du mois.
4 1,2 at. compt.
—Fin du mois.
Je 26
68. »
68 05
97.65
97.95
le 27
67.85
6730
98. k
98. p
BiUSSll, bj l ISIJT
» » » 15
s » s 15
Y* 35 » »
» 05- ». v
\ouvcllcd «le l'Extérlcw.
BELGIQUE.
hrdxeli.es , 20 février. — Le conseil fédéral
de la Suisse avait sollicité près du gouverue-
.ment l'autojisation d'envoyer quelques olli
ciers du génie- à' Anvers pour .y assister aux
constructions des -fortifications. Lu demande a
=6té accueillie par' le%ouverncment-de la ma
nière la plus amicale.
: cuambre des iœpkésentaks belges.
Séance du 26 ■ février._
L'ordre, du jour appelle la suite de la discussion
de lu/proposition relative à la mpnnaîft d'or.-
M., pKère
blir que la monnaie d'argent, existe dans le ipaj 1 .»
eu quantité suffisante pour taire i'ace- à tous -les
besoins. La Banque nationale est toujours prète à
rembourser ses no millions de billets en pièces de
5 francs; on peut en l'aire l'expérience^ et la irion-
naie divisionnaire est ! en si giunde abondance
dans .ses* caisses, qu'elle est ob'igée d'en exporter.
Quant ài'or, tout lémôpdé convienl.que> dans l'é
tat actuel de. la démonétisation ide'Cette monnaie,
la pièce d'pr étrangère circule, sans perte.et pour
sa valeur nominale.. Donc il n'y a pas de domma
ge. .(Béclamations. à.droite.) ■ 1
. On me .dit que ; tout le monden'accepte pas cette
valeur nopiinale. Soit. Une personne oflreà une
autre.une pièce do 20 fiv Celle-ci ne peut l'accep
ter que pour l'J fr. 97 c. y u'a> rivera-t-il? SU 'otffant
ne subira aucune perte, ou il la p-lacera au taux
nominal de 20 fr., et il fera.un. bénéfice de 3 c.
Kh-bien!..par-,suite~dQ. la*i«onvention"tacite qui
existe librement, un tel fait. est-presque sans exem
ple dans la circulation. Mais a-t-on bien calculé
quelles seront.vlesT-conséquences dis cours légal
donné à.J'or ? En 1848c l'argent avait disparu; l oe
n.'etait,, pajS .démonétisé.', Qu'arriva-t-il ? Il arriva
d'Angleterre pour, 20 , millions de guinées j la Bel-
gique fut pendant quelque; temps inondée d'or an
glais. Le covvrsdu, cliaage, .permit enfin au gouver
nement ,d'opérer de manière à faire écouler cette
monnaie,étrangère. - ,
Or., en. France, on aifrappé pour.>4 milliards de
pièces dj'or. Cet or a-ivinpiacéiiTargerat monnayé
de. 179^ jusque .nos jours ■ Si nous légalisons le'
cours,, notre pays .sera plus inondé qn'en 1848.
Quant, à frapper nous-mêmes de la monnaie d'or,
nous n'y gagnerions rien.: Cette monnaie est agréa
ble sans doute pour des paiemens forts; mais elle
ne se subdivise pas commodément. Les fractions
delà pièce de 20 fr. sont, tellement menues,-qu'el
les se perdent facilement.
'Feuilleton dn~ Constitutionnel, 28 février.
Il AMOtR EN LAPOME
IL
i Bientôt la, portière ^'entr'ouvrit ; une
tête cornue apparut ; deux grands yeux-
bruns,, intelligeiis .et. doux, ,qui.. bril r
ïajent dans ; fombre , semblaient aller
d'un des jeunes gens à l'autre.;-, puis»,
tout à coup, là tête s'abaissa; les longues
ramures sfinfléchirent, sur les. épaules, et
un beau .renn?»,l)lanc. comme neige,^mar
chant. lentement, et-posant, ses pieds 'avec
précaution Èur ; le -sol,, énti"a, dans la .tàâ.té»
. Ici, Suallal fit le peintre, en étendant sa
main, que le nôuvéLrarrivafOt vint .lécher
avec l'empressement affectueux d'un ani
mal famiUer.,, ,
,,'Le renne jjue,plu§, d'un rôle,«dans'l'é
conomie domestique du,.Lapon. C'est; le
chapneau du Nord. Il est,-même pour.,son
maître plus encore qije le .chameau po^ur
l'Arabe. Il est sa vache, son mouto,n, ^on
cheval j ILnourciÛ'liomaiede.sa, chair et
de son l'ait; il l'habille de sa peau- h il,le
porte ou le traîne ; oA'coud^veç seg ten
dons, comme avec un fil soiiqe; onfaço,nne
avec son .boisiputejs sbrtes,"d^ petita oi)jé.ts
utilesou précieux,.Mais si Jo-Tenne est bon,
ilâ'pst p^ts beau; on né peut pas tout a'voïr.
Il est au cerf de nos pays ce qu'est un
lourd paysan à un homme de race : il a
le corps grôs^'bas et-trapu; ses jambes
sont courtes et massives^ ses pieds larges,
son poil épais, fauve et rude.
Snallat, au contraire, était d'une entière
blancheur; ses formes étaient élégantes,
ses mouvemens gracieux, et il y avait dans
tout son être je ne sais quoi de mignon, de
délicat et-de charmant ; comme tpus leg-
animaux qui, se sentent aimés, choyés,
gâtés, jl, né craignait pas 1 homme avec
lequel il se montrait doux et câlin. Ce
pendant ,. au i; fond, de - sa .douceur mê-,
m^, ron s ,devinait, encore, je, ne sais quoi
de.sauvage et d'effarouché,, comme s'il se
fût toujours souVenu des grands bois dans
lesquels iL était né, et où il avait long
temps vécu.*11 portait à son cou un large,
collieren cuir rouge,, brodé de dessins et
de passe-poils en fil d'étain de diverses
couleurs', et .formant des dessins capricieux;
une. grappe de , clochettes pendait, sur sa
poitrine, et, s'àgitant phaqiie. mouve
ment qu'il faisait, rendait/un soii argentin
et mélodieux. ,. , • ,
Snalla,— c'était le nom du^renBe blanc,
— promena; un 'moment subies deux amis
ses grands yeux calmes, mélancoliques et
rêveurs, qu'on edti dit .humides de larmes
comme des. yeux Humains ; puis., après
quelques secondés de réflexion, ce fut vers
le peintre qu'il se dirigeà. '.
Qui m'aime^ mon renne le sai tl dît én
riant le jeune officier,. "
„ L'artiste haussa les épaules, et/sans'rieri
répandre,,^tira ,d',un,'petit r sac q^l^avait
près de lui r un morceau de sucre gu'd pré
senta à l'intelligent aûimal. Celui-ci le
prît ' délicatement du j bout de ses lèvres
mobiles, , et 1 sortit de ,1a tente à reculons,
coinçae.etyt fait'dans "un cirque un cheval
.dressé^: la voliige et) lièérté. Une fois de-,
hors» il s'él^ça .ds^ réspace avec un
bond joyeux et disparut. ' ,
— Nous avons vu l'ambassadeur, dit
Henrick, nous ne tarderons pas à voir la
princesse. . ■
Il parlait encore, quand une .jeune Tille
parut sur le se.uil,delà ten^e. ,
Il suffisait d'un regard pour reconnaître
dans cette jeune fille l'original du person
nage que l'artiste achevait, de-peindro.
C'est assez dire qu'elle était extrêmement
jolie. A Paris, on l'eût peut-être trouvée
un peu trop brune ; mais ce brun était
mat, velouté, pour ainsi dire, et aussi doux
au regard qu'autoucher; comme chez tous
leis descend ans des Mogols, les yeux se re T
levaient.aux, coin*, par, une oblique trop
sensible; ■ mais ils étaient si grands, si
noirs et si- brillans, et ombragés de si longs
cils, visiblement recourbés à leur extrémi
té , que l'on qubliait l'étrangeié de leur
forme pour.admirer leur éclat ; son, front
n'avait pas sans doute le. développement
que recherche , la phrénologie moderne^
mais il était modelé avec tant d'iritelUgéà-^
ce, qu'il, semblait pétri de. pensées.;.
sourcils, déliés, fins, presque droits,, luj
donnaient tout à la fois-un air de fermeté
et de mutinerie dont l'assemblage ne lais
sait point que d'être assez piquant. Une'dp
ses mainç, petite, mince, étroite, toutp
fluette , „et trouée de légères 'fossettes,,
jouait avec le bout relevé de son . .tablier ?
tandis que l'autre s'enfonçait à " demi
dans sa .poche, garnie d'une, bordure de
plumes aux. vives couleurs.Sa toilette, sans
être tout à fait aussi recherchée que celle
du portrait, n'en. étaï.t pas moins assez
élégante, et, surtout fort pittoresque : la
jeune fille la portait avec une aisance et
Une grâce 'parfaites, quoiqu'au premier
atiord elle parût un peu théâtrale. On eût
dit une artiste pleine de goût qui avait
trouvé le costume le plus propre à faire ya*
loir sa tournure et sa physionomie, et qui
le gardait à, la ■ ville. - ,Mais. cette aimablft
créature n'attirait pas. seulement, elle ( re-'
ténàit. Pour étrange qu'elle fût, sa, beauté
n'en était pas moins sympathique..
En entrant dans la tente, elle fit, aux
deux jeunes g6ns. une révérence un -peu
moqueuse et leur souhaita le bonsoir dans
un suédois assez pur", lûen qu'elle,le par?
lât avec une certaine lenteur, qui ,ne lais
sait pas que de faire contraste, ayec : la; vi
vacité de ses allures et de.sa.-perçonhç.. ;
— Bonsoir , seigneurs,.dit-elj,e. à, nos
amis; prenez patience, on pense à v.oyg.
Et s'approchaiât de la.table, pp femme
qui se sentait che& elle, elle jeta un regard
sur la grande carte é'teucjne devan t Heri-
ri^lv. "f ■ , ,.
—, J'aurai beau faire, dit-elîç avec un
léger mouvement d'épaules, je ne me re-
connaîlrai jamais' dans toutes ces.,lignes
vpriesjrouges «t bleues., ,
■.^.7—,-'Jo m'en doute bien, répliqua l'ofû-
ciér i 1 aussi jé suis sûr que tu préfères des
jolis bonshommes, de mon ami Elphège.
La jeune (ille le regarda fixément, m?ûg
ne répondit rien. .
—Voyons, belle princesse,, continua-1-il
en pinçant, légèrement Je 'bord^napré, de
son oreille rose. et"blanche»,fi demi-cachée
sous ses cheveux , ne te fâche point d'une (
innocente plaisanterie, et surtout, ne me '
condamne point à,mourir dé faim-, parce
que je n'aurais pas xsu, comme mon ami
l'habileté dé reproduire tes jolis traits sur
la ,toile., Mfis qu'importe , petite Norra,,
pourvu qùé je las 'aie gn^'é^ ici -et l^i ?
continuait-il , en* portant , l'index de sa
"màin drofte tour à tour à. sa poitrine et à
son front.
*—TaiS|-toi, langue.doréel réponditlajeu-
ne fille, non, sans quelque vivacité; tu sais
bien que je ne te .crois pas! : Vous autres,
gens au Sud, vous n'êtes point avares de
belles paroles,, et, vous savez mieux pro-
rçettre que tenir. ' >
., : Ce.que tu en dis n'est pas pour moi,
j'imagine, reprit Henrick, car je .ne me
rappeilej.point t'avoif jamais.rièn promis.
— Tu t'enterais bien gardé ! dit Norra.
Et,, dans cette simple réponse, elle mit je
ne sais qiiel accent de fierté, de tristesse et
dejdéfi, qui fit rélever la tête à l'artiste,
toujours penche sur son tableau^ ' , = ,
• Ppndant, que Ilenripk cherchait sa répli-
qae, Norra tira;de la ppclie de son tablier
et; porta'â,^es, lèvres un: petit sifflet de
plomb; puis, retournant au seuil de, Jj.a |
tente, elle fit entendre un son prolongé, 1
qti
parurent, et.déposèrent sur un coin de la.
table deux paniers en branches de bouleau,
tellement, bourrés, de,^provisions, qu'ils
menaçaient de rompre sous leur pqids. Ces
Laponsqui' n'occupaient dans la tribu
qu'une place, tout-à-fait inférieure, s'ap
prochèrent des jeunes Suédois avec .un air
d.e feinte humilité, penchant la,tête de. cô
té, regardant de'coin, timidement, ét glis-
.santji'œilen coulissé. Norra, ,dont.ils sem
blaient attendre les ordres en silence, If^qr
fit un signe de là main,'ét ils se retirèrent;
aussitôt. Les deux aiiiis ne dédaignèrent
point de mettre leur couvert, ce qu'ils
tirent même, assez gaîment,, et la jeune fille
déposa successivement sur la table un rôt
fumant de renne, un énorme, brpchet bouil
li et une pleine jatte de làif^ clôntjles gout
tes épaisses comme do'l'huile et légère
ment bleuâtres, exhalaient unesenteurar»-
matique et parfumée ; deux tiges d'angé-
lique^ dè grosses niûres noires,'-des baiçs
de mptil «t dés airelles sauvages, à-la
fois piquantes et sucrées 1 , renfermées da-^fe
un cofùn de feuilles ariistement enchevêt-
trées lêsqmes dans les'autres j , dêthaîûè'ft
à iormer u'ne • Sorte ; de-corbéille' flexible,
complétè'rent ce -menu- que l'oil cherche
rait, vainement-sût la carte ; du n Oàfé ! Afl-
glaiâ. ■ 1 lin-' ' ' .• '1
i i'^fiRlème.duvdesscirt! ilien ne nows ii'jait-
quëil :S 'écjia?;lfoïÛcier, rien qu'un 1 vbi'ï i fi*ôfe
-boisSonjpotallIe, car sous ce rapppi?t n'bûé '
Jie, sommes' pa&' gâtés, et -ayec-tcii,-noble
souveraine duKilpis, n
- — C'est ce qui te_ trompe, dit la jeune
fille en > retirant > des profondeurs de son
panier un flacon^au ventre rebondi, et voi
ci une bouteille de -nijod ()) comme .l'a
meilleure hôtesse' d'Upsala n'en a jamais
préparé- pour l'êter le retour de ses étu-
dians. , •• ■
-, ri Alors, i dit Elphège^ nous bôirons le *
premier verre à ta santé. ' ^ '
Et faisant légèrement sauter le bouchon
du breuvage. éçumant> il en remplit un go
belet* de .corne;: cerclé d'argent,; qu'il pré'>-
senta à la jeune Laponne. Celle-ci le porta
à peine à ses lèvres etie replaça sur la ta
ble à côté d'un gâteau chaud et doré, à la
confection duquel il était permis de sup-
-po J sler. q.qe .ises mains habiles- n'étàîetft
ipoint restées étrangères, cal'il dépassait
de beaâicoujKla capacité culinaire- des ài>
tistes de Laponie. . '
' (1) Sorte d'hydromel très en tavour .dans toute
la péninsule Scandinave.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 82.46%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 82.46%.
- Collections numériques similaires Raquez Alfred Raquez Alfred /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Raquez Alfred" or dc.contributor adj "Raquez Alfred")
- Auteurs similaires Raquez Alfred Raquez Alfred /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Raquez Alfred" or dc.contributor adj "Raquez Alfred")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k672393m/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k672393m/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k672393m/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k672393m/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k672393m
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k672393m
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k672393m/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest