Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-10-30
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 30 octobre 1857 30 octobre 1857
Description : 1857/10/30 (Numéro 303). 1857/10/30 (Numéro 303).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
42 ANNÉE. - N'505.
PUREAUS A PAIIIS ^ï-uo de Valons (Palaiï-Soyal), ^ 10.
VENDREDI 50 OCTOBRE 1857-
POUKLÏ8 païs étrangers , voir Je |tahleau '
v publié .les 5 et'20 dec&açue mois. : t
Imprimerie 1, BOKTFACE, Tue dei Bonj-Bnfani/iîl
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II- -<
I , l^v :T$s lettres ou envois d'argent NON AïFKANCHis sont refusés.
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13 FR}
; 26 m":
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20 CENTIMES
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i de chaque mois. ; <
Les annonces sôM reçues chez M. Pànis ," régisseur des journaux,
, . "et chez$IM. Bigot et C*, 8, place de la Bourse.
. Ï'AIUS, 20 OCTOBRE'.
Nous tcrffli^iia.A^ûurdlbui-jio&i'ecker-. „
cyes sur la réforme des établissemens péni-î
tentiaires,. par l'examen rapide, des ques- ;
tions relatives aux prisons départementales I
et aussi par quelques-considérations sur les *
dépenses, que fait l'Etat pour ce service.
L'appropriation des maisons d'arrêt, de jus- j
tiçe et de correction a leur destination spé- i
ciale, a été lîobjet des soins "constans de t
l'administration, -qui, malgré" tous ses ëf- :
forts, n'est point parvenue encore à. faire ■
face à toutes les difficultés, de sa tâche: Par
. malheur , durant plusieurs années, on[a
perdu un temps précieux à s'occuper du i
système cellulaire, ce rêve du philantrope,
désormais abandonné, avec juste raison. ;
En 1852, la situation des prisons départe
mentales était-loin d'être satisfaisante. 60 >
seulement réalisaient les séparations pres
crites par la loi. Dans 160, ces séparations,
étaient incomplètes; dans 161, sauf celle
dés sexes, la promiscuité étJit entière. Et:
pourtant, la loi exige qu'on isole, par catc-i
"gories, les préyenus et les accusés; les con-;
' damnés à un an-et au-dessus, les" condam
nés à des peines plus sévères, qui attendent .;
leur transfèrement,-les déténus pour det
tes, les jeunes^détenus, les.passagers civils.'
et militaires. - ' - f
Dès 18b2, on s'est mis à l'œuvre afin d'a -i
méliorer cette situation déplorable. Ôn a;
dû prendre en considération les exigences
diverses de ces prisons. Dans cinq seule-,
ment, ia population ordinaire excode 300
individus.; dans 8, 200; dans.39, -elle ne
dépasse pas 100 détenus; 106 renferment,
une moyenne de 5 à 20 personnes. Mais
cèse-hiffres varient d'aprèsles saisons, sui
vant ,lès circonstances. L/approche des as-i
sises amène un encombrement qui> bien;
que passager, entraîne des inconvéniens
sérieux. Alors, dans les maisons disposées,
selon le système cellulaire, on est'reduit à
■entasser plusieurs détenus dans un'e même
cellule, mesure pire que la promiscuité. La
; reconstruction des prisons a été entreprise;
- par le gouvernement sur un plan judicieux
et pratique; Voulant exécuter la séparation
ordonnée4>ar"la loi,-il a adopté .un régime
, mixte, qui destine aux catégories les plus
nombreuses, des quartier distincts; aux
groupes moins nombreux y ' dès chambres
communes ; eténfin des chambres privées'
pour ceux des détenus que la-discipline; le ;
..secretde l'instruction, ou -des motifs impé
rieux enjoiguent d'isoler. 172 projets de re
construction .partielle ont été soumis à|
l'assentiment dè M. le ministre de l'inté
rieur, et 9 millions .ont été votés ; par les.
départemens en 1853, 18b4," 1825 et 1856.
L'effectif des maisons départementales al
.subi des fluctuations curieusesvEn : 1830, il
était de 17,920'individus; en 1832, il s'élè
ve à 19,227 ;* mais il fléchit Iégèrementdana
les années suivantes jusqu'à-1838, où'il
monte à 20,428. A partir de 1840 jusqu'en
184-5, il dépasse 22,000. En 18-47, il s'élève à
24,012, niais il redescend à 21,986 en 1848
En 1850, il atteint 25,735; en 1851-, 32,899;
en 1852, 26,H8; en 1853, 28;942; en 1854,
27,725; et, enfin,- pti 1855,25j802.L'augmen
tation énorme ~de 1S51 s'explique par des
■ circonstances politiques exceptionnelles et
passagères'. La diminution de 1855 n'est
qu'apparente. L'agrandissement dés mai
sons centrales a permis d ? y placer une.
partie des hôtes des prisons' départemen
tales.
Le travail n'a pu être organisé d'une ma
nière suivie dans les prisons départementa
les. Les prévenus etles accusés ne sauraient
'être assujétis aux labeurs assidus et régu
liers auxquels les* condamnés dôivënl se
soumettre. Toutefois, "une portion- Notable
des détenus : est.occupée, On en compte de
7 à 8,000; le prix moyen de . leur journée
est de 25 centimes pour les hommes, et de
18 centimes pour les. femmes. La discipline '
est naturellement différente selon, la situa
tion des-détenus. Les condamnés sont sou
mis à des règles plus rigoureuses. On, leur
interdit le tanac, les boissons fermentées,
la possession de l'argent, l'habitation des.
chambres-réservées. Le travail et le port du
costume pénal sont pour eux obligatoires.
A moins d'autorisation exceptionnelle, leurs
proches seuls peuvent les visiter. On les pu-
• nit en les mettant au pain et àl'eau, en leur
infligeant la cellule ou le cachot, et-, en cas
•de ÀntolenceSi les fers.
En dépit.dè la mauvaise disposition de
ces lieux de .détention , la surveillance y est
fort exacte. En 1855, il n'y a eu que 58 éva
sions, Qu'est-ce que cela, quand on songe
que le roulement des prisons, départemen
tales porte sur un ' personnel de plus 'dè
2o0,00t). individus par an? La surveillance
.est exercée par des femmes laïques ou re
ligieuses pour les détenues. Un aumônier
est attache à chaque prison. Il dit la messe
-les dimanches et fêtes, il fait une instruc
tionreligieuse uné fois par semaine pour le
moins ; il enseigne le l catéchisme aux jeunes
détenus. Il y .a des instituteurs dans toutes
les maisons où la population est , assez con
sidérable pour appeler cétte mesure. Enfin, -;
le régime économique- est calqué sut 1 celui,'
qui est en vigueur dans les maisons cen
trales. '
. Nous arrivons au chapitre des dépenses
nécessitées par le service des établissemens
pénitentiaires. Danslesquatre années qu'em
brasse le rapport de M. Perrot,-ces dépen
ses ont suiyi une progression croissante. On
ne saurait s'en étonner. En thèse générale,!
c'est la conséquence -nécessaire des efforts
qu'a faits l'administration pour améliorer le ;
Régime des prisons. En .outre, cette- aug
mentation, nous le verrons bientôt, s'expli-;
aue surtout par la substitution du -système ;
de la.régie à celui dé l'entreprise. Quoi qu'il:
en soit, les maisons centrales ont coûté à
l'Etat: enl832,6,086,083; en 1853,6,395,963;
en 1854,6,932,260; en 1855,7,482,048. Pour
, les jeunes détenus des établissemens prives,;
la dépense- s'est élevée en 18#>2, à 1,321,407;
en 1853, à 1,395,444 fr.; en 1854, à 1,609,830
fr.; en 1855, à 1,805,340-fr.
Enfin, l'es prisons départementales ont
coûté : en -1852 N 7,514,117 fr.; en 1853',
7,480,519; en 1854-„ 8,306,?74 ; et en 1855,
'8,490,652 fr. En résumé, en 1855, le service
-des établissemens pénitentiaires a grevé le
budget d'une somme totale.de 17,778,040 fr.
La cause dd.cet accroissement dans "les
dépenses est facile à saisir. L'augmentation
de l'effectif des.détenus, la cherté des.sub
sistances, les dépenses exigées par. l'agran
dissement ou l'appropriatipn des prisons,suf
fisent pour en.tendre , raison. De plus, l'ap
plication du système de la régie a entraîné
des sacrifices inattendus.Nous avons vu com
ment l'administration- avait été contrainte
" à adopter ce mode d'exploitation dans seize
; établissemens. Ça été une des conséquences
de l'impéritip des hommes d'Etat* à courte
vue qui, en 1848, ont supprimé le travail
dans les prisons;. Mais cette source de. dé
penses est heureusement tarie. Le . travail,,
jjartoutremis eu honneur,a permis de reins-
. tuller l'entreprise dans les prisons. A- par
tir du 1 er janvier 1856, les mesures ont été
prises par M. le ministre pour remédier au
système onéreux de la régie.
Voilà pour les maisons centrales. Quant
aux prisons départementales, qui ne sont à
la charge de l'Etat que depuis le 1 er janvier
1855, elles.ont été administrées d'après l'an
cien mode./ II. sera intéressant de constater
dans le prochain compte-rendu les résultats,
de cette mesure. L'entreprise doit être-in
troduite da,ns ie.flégime économique de. ces ;
établissemens. Une direction principale pbur
chàque département doit être organisée et
.fonctionner régulièrement. Enfin, l'inspec
tion générale doit être mise en vigueur.
Pendant huit mois, les inspecteurs-géné
raux inspecteront les prisons. ' On peut at
tendre les. meilleurs .effets du- contrôle im
médiat et éclairé de ces fonctionnaires/
Mais quel que soit l'accroissement des
dépenses subies par l'Etat dans l'intérêt du
service des prisons,, nous indiquerons à
'l'administration un progrès à réaliser qui
nécessitera sans doute un nouveau sacrifi
ce, mais qui véritablement ne saurait être,
retardé plus long-temps. Il, s'agit d'ailleurs
d'une, amélioration si judicieuse et si équi
table que le gouvernement impérial né peut
fermer l'oreille à de telles réclamations.
Nous voulons parler, de 1 ? augmentation. du
traitement "des surveillans -préposés à'i la
garde des prisons, notamment a Paris.
* Ces gardiens-surveillans sont presque tous
cPanciens militaires. Tous possèdent- -des
états de service excellens. Nombre, d'entre
eux font partie de l'ordre impérial de là
r.égion-d'Homieur. Leur vie est toute d'ab-.
négation et de dévoûment. Plus prisonniers
que les détenus eux-mêmes, astreints .à
l'attention la plus ; assidue, - aux soins les
plus exacts, ils doivent déployer dans leurs
difficiles fonctions une patience infinie en
vers les hôtes turbulens et çial-intentionnés
dont la surveillance leur appartient. Ajou
tons que souvent ils font preuve du coura
ge le plus-déterminé, soit pour se défendre
eux-mêmes contre des agressions soudai
nes, soit pour protéger un détenu contre
les violences ou contre 4a haine d'un mal-,
faitèur dangereux» Nous connaissons tel
d'entre eux qui, dans ce service obscur, a
montré une résolution et une énergie qui,
sur un champ'. de bataille, lui eût valu une
distinction et .de l'avancement. QnvtCnte
.aveerraison là,moralité,-le zèle, les vertus
militaires du. gendarme : on peut lui com
parer sans injustice le. gardien-surveillant
des prisons.. , ,
Or, la'solde de ces'braves gens çst réélle-
■ ment trop modique. Beaucoup sont mariés
et pères de-famille. Que peuvent-ils faire
avec -un traitement annuel de .1,000 fr., alors
que le renchérissement des denrées ali
mentaires rènd si pénible l'existence des
ménages peii aisés?'Aussi la plupart se con-
damnent-ils* à ^les privations qui ne ca
drent guère,avec les exigences d'un service
■de jour et de nuit. Il faut faire cesser cet
. état de choses. Notoris que cette amélio-
ratioh est , 'ré,cohnùe-juste et nécessaire
par tout le monde. Depuis ' longues an
nées, les dirécteùrs de prisons la si
gnalent à la "sollicitude de l'administra
tion. Depuis longues 'années, l'adminis
tration médite de* l'accomplir. Il ne s'a
git pas là d'ailleurs d'une dépense bien con
sidérable. Qu'il nous soit permis de join
dre notre voix à toutes cellès qui réclament
une prompte mesure. Nous avons l'espoir
que le gouvernement impérial, si soigneux
de tous les intérêts légitimes, accueillera,
cette requête. Ce serait un acte d'humanité
en même temps qu'un-acte de justice.
■ . Henry C acvain. "
Nous croyons utile de rétabliiy à l'aide
des renseigneméns contenus dans les dépê-
. clies télégraphiques dëiLondres et dè Mar
seille déjà publiées, deins les lettres reçues
par les divers journaux anglais et dans nos
correspondances particulières, un récit com
plet de la prise de Delhi. Il est intéressant
de bien connaître les incidens de cet évé
nement militaire. '
C'est le 14 septembre, dans la matinée, :
que l'assaut a été'donné à la ville.par les
troupes anglaises, ^artillerie d» siège, ve
nant de Ferozepoor* était, arrivée le 5, sous
l'escorte du 8" régiment européen et de la ;
moitié d'un bataillon d'indigenes "du Sind. i
Le. génie, qui avait déjà décidé .qu'on com- :
mencerait l'attaque du côté norcl de la pla
ce, entre lé bastion Mora, faisant l'angle
nord-ouest de l'enceinte, et la porte dite de -
Gachemirô, venait de construire unenouvelle i
parallèle en avant des premières défendes. ;
Plusieurs batteries armees de gros' canons ?
furent aussitôt établies à peu de distance
"des murs de la ville, et le 7, ou arma une
batterie légère pour enfiler l'ascarpc. .Des i
renfôrts étant, encore survenus, on fit oc
cuper, dans la -nuit du 7 au 8, -la position de ■ ;
Koudsia-Bagh, à 300 mètres de la place, en
tre les deux bastions de -Mora et de Cache- -
•mire, par des tl'oupes empruntées à ces ren
forts, lesquels se composaient de 200 liom- ;
mes du 60 e régiment européen, de 100 Eu- *
ropéens de Meerut, du. A" d'-infanterie irré-
gulière du Penjâb,et d'e 2,500 Cachemiriens !
ayant avec eux une. batterie' de 6 pièces. I
Puis, on éleva des terrassemens pour rece- :
voir une batterie de .10 pièces, qui fut éta-
■bliè solidement malgré la perte de deux .
officiers et de 50 hommes tues ou- blessés. 1
Le 9 commença te bombardement. L'en
nemi ripo s ta par un feu de mitraille et de
mousqueterie qui coûta peu aux assiégeans, i
tandis que les bastions de Mora-et de Cache- s
-mire souffrirent beaucoup des boulets et des
projectiles creijx des Anglais.
Le 10, de nouvelles batteries plus rappro- '
' chées des remparts furent préparées : l'une,
destinée à battre en breche le bastion de ;
l'Eau, était armée d'obiftiers et dè mortiers !
et.établie à 200-mètres de la place, dans le '
jardin de la Douane ; deux autres furent ■
placées dans les décombres d'une grosse i
"bâtisse où, quelques jours auparavant, a\ait
-eu lieu un engagement à la suite duquel!
les ennemis avaient perdu quatre pièces de •
canon;^enfin, une quatrième batterie- de
mortiers de treize pouces fut établie dans :
le Koudsia-Bagh. L'ennemi fit une sortie, :
mais il fut repoussé, et les pertes des assié- =
geansne s'élevèrent dans cette journée qu'à 1
une cinquantaine de tués et de blessés, en
comptant les victimes des engagemens par
tiels livrés sur les derrières du camp par la
cavalerie indienne qui harcelait sans, cesse
les.Anglais. , "
Dans la journée, du 11, une nouvelle
sortie eut iieu ; mais les nouvelles bat
teries furent défendues avec"-vigueur, et
purent commencer unfeu terrible. Pendant
deux jours, l'artillerie ne cessa de jouer, et,
.le 13, le bastion Cachemire se trouvait dé
moli, la courtine qui le touchait était en
ruines, et le basiionMora tenait à peine. Le
magasin, du bastion 4e l'Eau ayant en outre s
• -sauté, le général Wiison ordonna de re
connaître la brèche, q*ùï fut jugee suflîsam-
•ment -ouverte. Ôn fit al<>rs" les préparatifs do>
; l'assaut. L'ordre en fut ddnné pour la mati
née du lendemain 14-, avec .instruction' aux
troupes de ne faire aucun qùai'tier aux re
belles. Les femmes et les enfaris '^taientex-
.ceptés: ■■
- jL 'attaque»prmcipiale eut lieu vers là gran
de brèche avec un plein succès. Les fr^tte-
-riçs dirigées contre les portes Mora, Cacfet -
mjre et Lahore, sous lp' commandement des"
capitaines Smith, Ward et Doneldson, de
l'armée du Bengale, tiraient en moyenne à
une portée de 60 mètres. Une division-dés
troupes anglaises ayant pénétré dans la
• villë ; parvint à s'y établir avec assez de faci-
cîiite aès le début/mais après avoir éprouvé
une "grande résistance en arrivant dans l'en
ceinte, et des combats partiels durèrent toute
là journée. Moins heureux que lesAnglais,les
Cachemiriens chargés de l'assaut à la porte
do Caboul, face ouest de la ville, avaient dû
, -céder devant" l'ennemi, 'après une'vigou
reuse attaque. Toutefois, le soir, les assié-
geans-étaient maîtres des portes Cachemire,-
Caboul et Mora,; et .occupaient l'église, le
"collège et d'autres grands édifices, dans l'un
desquels le quartier-général fut établi par
le ; général Wilson.
On prépara aussitôt, dans la nuit, de for
tes batteries pour - chasser les" assiégés des
.'.quartiers qu'ils,occupaient encore; les piè-.
. ces prises dans les bastions furent tournées
contre la ville, de manière à enfiler les rues
principales et-à atteindre le palais du roi,
qui est la citadelle de Delhi.
"■ On comprend'que les pertes des Anglais
-dans cette première journée, ont dû, être
- considérables : toutes les : correspondances
s'accordent pour en porter le chiffre à 600
hommes- tués ou blessés, et à 50 officiers
morts ou mis lior3 de'combat. Cependant au
cun officier d'artillerie n'a été tué ni blessé.
Les.listesdesprincipauxofficiersblessés don-
.lient Ks noms dugraérai Nicholfon, du colo-
; nelCampbell. du 62°; dumajor ltccd, du ba-"
taillon de Sirmoor. Quant à l'ennemi, ses-
^ pertes, qu'on n'évalue pas-encore, parais- 7
sent avoir été bien plus considérables.^ La
vigueur de l'attaque ayant jeté la panfque
dans' la ville, dès l'installation du quar-
tier-généi'al, beaucoup d'habitàns étaient
venus demander quartier. Des cipayes s'é-
iaj.ent également présentés, mais on avait
refusé d'écouter leurs prières. La défection
semblait aussi avoir pénétré'dans les rangs
de l'armée ; car, dans la nuit, le corps de
cavalerie ■ avait quitté Delhi, se dirigeant
vers Rewai'ee, et on avait vu une troupe
d'Indiens traverser le pont, sans qu'il fût
possible , malheureusement, de les pour
suivre.
Dans la journée du 15,.le général Wilson
• ordonna de recommencer le • bombarde
ment. Le feu principal fut dirigé contre la
porte de Lalfore et le bastion de Burn,
•pendant que d'autres batteries avaient,
pour points de mire, l'arsenal et lé pa
rlais. Le feu de mousqueterie des assiégés
fut long-temps très nourri; mais dans la
soirée il cessa,>et- l'on s'aperçut encore que
des détachemens quittaient ia ville. A huit
heures du soir, une large-brèche était faite
" à l'arsenal, et l'ordre était donné de remet
tre l'assaut au,lendemain. " '
Le-16, avant" le jour, le 61.°,régiment eu-
les batterie^ du ' .côté gauche du Jomuna.
Dans la-première de ces batteries, les An
glais s'emparèrent de 5 pièces de 18.
Le 17, lesj canons mis en batterie à l'arse
nal firent-feu sur le palais du roi, et des
postes furent organises dans la ville jusqu'à
la porte de Caboul. - »,
Ici, "s'arrêtent les renseigriemens recueil
lis jour par jour par les correspondances.
Du 17, les lettres vont au 20, pour- annon
cer lapçise et l'occupation de la.viile entière,
On pense que, dans les journées du ,18 et du
19, les assiégés, tout en opposant encoreune
certaine résistance, auront successivement
abandonné leurs dernières batteries du côté-
de la rivière, pour se retrancher dans les
maisons, du haut desquelles ils avaient com
mencé à tirer dans la "journée du 17. On
pense également que c'est dans cette jour
née qu'a eu lieu la fuite du roi. Le chef des
rebellée, voyant son palais attaqué par les
batteries de l'arsenal, aura quitté la ville,
avec, ses fils, revêtu, comme on sait, d'ha
bits de femme, pendant que les dames du
harem s'étaient déguisées en hommes,
s • - R obert.
ropéen, le- bataillon belouclii et une forte
. partie d'un régiment "du Penjab étaient for
més en' colonne et se dirigeaient sur l'arse
nal. Ce vaste magasin tombait bientôt, au
pouvoir des assiégeans, et leur livrait 125
pièces dé canon de divers calibres. La perte
des Anglais et de leurà alliés. était insi
gnifiante, et celle des rebelles s'élevait à 40
hommes laissés sur le terrain et à 40 autres,
spahis, trouvés morts dans l'arsenal. Dé
moralisé par.ee nouvel échec qui le privait
de r.essources iinportantes, l'ennemi aban
donna aussitôt la batterie de Kishengonge et
Xfe, 7Vmes, dans sa seconde édition,-publie,
les nouvelles suivantes de IIong-Kong, da
tées du >'0 septembre : ■
. «-Le steaB^er Norma est arrlvé ici le 7 du cou
rant au soir, a.vec la malle ang-laise du 26 juil
let. D'ici nous aS'ons peu de chose à vous comr
muniqupr. '
» Les Gazettes de vont jusqu'au 26 juil
let. On s'y occupe en/l n de la « question de
Canton », et la politique d'Yeh, le vice-roi, pa
raît avoir obtenu rapproïâàtion du gouverne--
ment impérial. Les moyens ^.proposés pour le
ver les fonds nécessaires en VHfeV de couvtir les
dépenses occasionnes par « l'alToih'e des barba
res» ont été sanctionnés. Cette manière de recon
naître publiquement l'existence de jlillérends
entre les étrangers et les Cantonnais aïO^nera-
t-elle le gouvernement chinois à sui vre ur^e. po
litique différente à l'égard des étrangers dsùus
les autres ports? C'est ce qu'il nous reste en-
core A voir. . ' .
» D'après les derniers avis reçus d'Angleterre,
on voit avec plaisir que « la question .de Can
ton » ne sera pas délaissée; quoique les affaires
de l'Inde soient d'un intérêt si capital. Le blocus
;est. rigoureusement maintenu sur la rivière. Plu
sieurs jonques et bateaux essayant d'échapper
aux vaisseaux après des avèrtissemens réitérés
ont été pris et amenés ici, et l'on en a vendu
les cargaisons. ' v . ■■ ■ i
» Un steamer .français et une canonnière
française se sont rendus au goll'e de Tonquin,
par suite des -mauvais . traitemens qu'ont es-
. . Ô"«'> iiy .
à bord un amiral russe, auquel on attribue
une mission diplomatique.
» Le Rortsmoulh, vaisseau des Etats-Unis, est
parti de Shanghaï, le 26 août, pour le Japon.
» La cour martiale, ayant à jûger les officiers
du Transit relativement à la perte du navire, a
sévèrement réprimandé le capitaine 'et le se
cond.- ■■ ■ ■ . * ..
» Tout est.calme à Hong-Kong. Les importa
tions ont été passablement recherchées. Le co
ton est ïerme -et' ii y a peu d'approvisioune-
■mens. » ' > .
Yoici, d'après un'e correspondance de
Hong-Kong, que noiis trouvons dans le Sun,
quelles seraient les dispositions de l'empe
reur de la Chine à l'égard des ambassadeurs
étrangers :
« Il n'est survenu . dernièrement que très peu
d'évèneinens, et nous - attendons avec impa
tience la fin du mois, époque ou nous espé
rons voir lord, Elgin revenir de l'Inde. Nous
attendons pour la même époque l'arrivée de
l'honorable M. Reed des Etats-Unis, et celle du
baron-Gros, venant de France. Les trois diplo
mates partiront probablement alors pour Pe-
lùng. - -
» Ou dit que l'empereur a fait connaître qu'il
savait ce qui se passait, qu'il "ne recevrait au
cune ambassade, qu'il laisserait les barbares
faire ce qu'ils voudraient et qu'il étaitprèt à re
pousser la force, i pai> la force. Il faut espérer
qu'on ne prendra aucune mesure hostile avant
que nous ayons.une force considérable. Pren-,
dre Canton ne serait pas chose difficile; mais si
onïessayait de^conserver la vifle sans upe force
militaire suffisante, on finirait par éprouvei-
quelques désastres ; nous ne devons pas per
dre de "vue Pimmense disproportion", de nos
forces. Si. la mission- de paix de lord Elgin
à Pékin échoue (ce .que tout le monde pen
se et prévoit), il fàudm faire la guerre sur
une larare .échelle. 11. est notoire que. "plu
sieurs officiers russes sont récemment arrivés à
Pékin, sous - prétexte d'une tournée dans la
colonie russe, à l'embouchure de la rivière
Amour. » • . • ~ • ■ !
On lit dans uri journal du soir : , v ;
«^Nous croyous savoir que dgs négociations
officielles se .poursuivent entre la France et
l'Angleterre aù sujet d'un échange de territoire
dan3 lés Indes.'La base, de ces pourparlers'se
rait la cession par la France de nos possessions
de Cliandernàgo'r contre un territoire équiva
lent que l'Angleterre nous céderait autour, de
Pondichéry, le centre de nos colonies indiennes.
»Nous croyons savoir également que -le trans- '
port la Dordogne,e il partance on ce moment à
Toulon pour l'Indo-Ciiine, recevra comme pas
sagers environ 150 soldats d'infanterie de ma
rine, destinés à renforcer la garxpson de Chan-
dérnagor.
. » Du reste, cette mfesure est toute de précau
tion, car, à la date-du- dernier courrier, non-
seulement nos compatriotes dans l'Inde n'a-
vaient pas été inquiétés par les révoltés^ mais
de plus les appréhensions qu'on avait conçues
. d'abord avaient beaucoup diminué." '• •'
» La Durdonne déposera également des soldats"
d'infanterie ae marine au Sénégal, à JMayotte
et à la Réunion. » " -
TÉLÉGRAPHIE PRIVÉE.
- * ■ Londres, 29 octobre.
Le Morning - Post contient un article fou
droyant contre le gouvernement napolitain,
qui retient prisonniers deux Anglais innocens. .
La compagnie des Indes a emprunté un mil-
. lion sterling, à 6 0/0 à deux des Banques de '
l'Angleterre.. , .
Lord Palmerston est, arrivé à Londres.
Marseille; 29'octobre.
Le courrier de Congtantinople, en date d\i 21;
annonce qu'une grande,combinaison financiè
re est projetée par le gouvernement turc avec
la-banque ottomane..Il s'agirait d'un emprunt
de 200 millions de-francs à .10 0/0, destine à li- '
quider les dettes de la liste civile, à retirer une
partie -du papier-monnaie et «à ramener les
changes à un état- normal. . 1 ~-
Dans l'assemblée de Valacliie,'les trois quarts :
de la majorité appartiennent au parti avancé-.
Les commissaires ,dës puissances ont donné à
ce parti des conseils dans le sens de la pru
dence et de i'observation des traités.
Le divan a invité le commerce à ne plus ex
pédier de munition^ la Russie, au contraire,
en dirige en grandeiquantité vers le Caucase.
Lès journaux de 'Malte accusent" le shah de
Perse d- '.encourager les opinions liostilesà l'An
gleterre. ■ '
. Des tempêù°s et des sinistres ont eu lieu sur
le "Danube,-des inondations ont désolé la Géor
gie. : . - 1 ' ' <
Des révoltes sont ttfgnalées enAbyssinie, l'pn-
voyé du pacha d'Egypte a été arrêté. ' (Ilavas.)
i Marseille, 29 octobre.
Athènes, le 23.—Le roj Othon a souscrit.pour '
10,000 fr. en faveur:des vi.ctii.ues de l'insurrec
tion des Indes. La reine csjt-'attendue-le 27 à
Athènes. Le roi est-parti avec /a cour pour l'a-
tras à la rencontre de la reine. J)e,s l'êtes sont
"préparées .et les .principales' ■ famille? do Zunte
ont demandées à y être invitées.
Le cahier des-cliarges relatif au chemiu dé
fer a été "signé par ministre de l'intérleu.!'-
Les chambres grecques sont,convoquées pour
le 12 novémbre. * ' (Idem.}
,- -■> . 'frieste, 29 octobre.
D'après • les nouvelles de Gonsfantinople du-
24 octobre, les négociations:entamées avec là -
France et la Russie po«r le passage oiocturne
des Dardanelles auraient échoué. j)e nouvelles
modifications ministérielles seraient attendues.
On inonde-d'Athenes, le 25 octobre, que les ;
ministres de l'intérieur et.des affaires étrangè
res ont,invité leurs ; Subordonnés à souscrire ;
pour les victimes de l'insurrection îles, ladcs".
. , ■ '' ' .. {Jikm.)
La Gazettc nulionak' de Berliu publie l 'or
dre du jour suivant, adressé par le prince
de Prusse à l'armée : ' '. .
, «'S.' M. lé roi a daigné me transférer,par un
ordre royal daté de, ce, jour, la direction suprê
me des affaires de l'Etat pendant, trois mois. Je
le fais savoir à l'armée,, et lui exprime à celte
occasion la ferme confiance que je n'aurai rien
que de louable à ten rapporter h S. M. lors île
sa convalescence qiji, avec l'aide de Dieu, ne se '
,1'era pas attendre, je l'espère. » -
Nous trouvons ; -dans les correspondances
de Berlin quelques réflexions au.sujet do la
délégation clu 'pouvoir royal. Ainsi , l'on
écrit de cette capitale au Mercure de Souabe :
« On ne parle ici que.de la délégation faite,
au prince de Prusse* De toute .la-rédaction de
l'acte de délégation, il résulte que le mandat
quia été conféré au-prince est assez limité. Les
pouvoirs et par suite la responsabilité sont
moins'élendus.d'iuic régence. Ce,qui le;prouve., c'est que les
rapportsImmédiats au roi et au cabinet doi-*
vent conserver là îiïême, adresse qu'avant. La
position du prince sera yès difficile. » . -
D'un autre côté, on écrit de Beilin, le 2(ij "
FÊUItLEt-OH DO CONSTITUTIONNEL, 30DCT0BRE.
BELLE-LANGUE
. ' ' XI.
' - ! (Suite/. ll '"' _ -
Lé comte marcha vers Ëiigène, lui prit la
main et la lui çerra. '
. — Vous'1'aiiriiez,. mon ami,, ev vous ne
.vous êtes déclaré que dans le malheur,
quand ellé,ne pouvait plus 'vt>uS entendre,
en présencç du ;mçri ;,jeireçonnaîtrai plus
tara un pareil dévoûment.
S.Ccs mots rendirent Eugène plus maître
de lui.
— Vous vous trompez, Monsieur le com
te; si j'armais' votre femme, ce. . n'est pas
comme vous le pensez ; je l'aimais comme
une sœur qu'on Voit ' souffrir, sans ^pouvoir
porter un remède à sa souffrance ; je l'ai
mais parGe que, sans- m'en rendre compte,
je la croyais malheureuse, et. que, tousdeux,
cependant, vous me paraissiez faits pour le
.-bonheur.
— Le bonheur ! murmura tout-à-coup la
vojx stridente de Mme de Graridcourt.
: Et elle fit un soubresaut terrible sur son
lit, et. elle se dressa sur soxi séant. \
Ses cheveux blonds et abondans se dé
nouèrent et tombèrent sur ses épaules l)lan r
cbes qu'ils voilèrent comme d'un crêpe. Ses
yeux étaient fixes et immobiLes. ,
5 — Le bonheur! répétait-elle avec ironie,
le bonheur!... Ah! oui,.fs'ëst vrai... je le
yois! " ,
Et un sourire dou ï, presque enohanteur,
(,a reproduotiorjetla traduction sont interdite;
i$
"éclaira'un'mômerit son visage." • \
—Le bonheur, le voilà... Lé voyez-vous?
le flot l'apporte; attendez..-, il s'approche...
nous allons le saisir... Prenez gârde,, il va
mouiller nos pieds] comme son écume est
blanche !... Ali ! cria-t-élle d'un son de voix
terrible... il s'en va : le flot l'emporte. -
Et elle retomba sans mouvement sur son
lit. Puis à cette crise en succédait un autre.
On la v 'voyait se débattre- dans, les- convul
sions, elle sé-tordait' les bras; elle frappait
avec ses poings la-^muraille; '-elle meurtris
sait ses doigts, sà poitrine; : glle s'arrachait
les cheveux.' ••■>'• • . - •
" — Quel -gouffre !. reprenait-elle... .non...
non, je.ne vaux pas... laissez-moi...
g|Et elle s'enveloppait -dans ses couvertu
res, et-elle se cachait comme si un serpent
•fascinateur'se lut avancé vers elle.
A chaque-parole Eugène, frémissait; il
tremblait qu'un mot ne révélât le sombre
.mystère aux orcilles'du mari; et sous pré
texte qu'un pareil spectacle était fait pour
fendre le coeur, il cherchait à l'entraîner au.
dehors.Maiè,-à chaquesupplicati'ondujeune
homme, M. de Gràndcourt se. bornait à ré
pondre: • ••♦'• •
— C'est à moi de la soigner; mon devoir
: est de ne pas la quitter.
Le médecin vint ; il regarda la malade,
lui priUe pouls, tâta son front brûlant et
ordonna les sinapismes aux pieds, il fit api
porter de» la glace- et recommanda que, de
cinq-minittes en cinq minutés, on lui re
nouvelât des compresses d'eau glacée sur les
tempes.- . •
,— Que faudra-t-il faire encore? demanda
M. de Gràndcourt,
-• ' — Rien... attendre; répondit le docteur,
'd'un air sombre.- " - • " " .'
11 interrogea le mari-sur les causes qui
-avaient pu déterminer, cette congestion cé
rébrale. ■ • ' '« •'
. M.- dè Grandcôurt lui fit part des craintes
qu'il avait depuis quelque temps et des rej-
l'J V ît". / ■'.-v.- Ôî) iiiOlî 01 , i J: ®
marques qu'il avait faites 'depùis la fatale"
rencontre avec Belle-Langue.
■ Tout cela n'expliquait au médecin que
d'une-manière fort incomplète les causes de •
la maladie. • '■. • f
Pendant ce temps, Eugcne, qui allait de
côté-et d'autre, passa derrière, M. de Grand- •
court, et, saisissant ùn moment -où celui-ci 1
ne pouvait le voir, il. approcha son doigt' de :
ses lèvres, comme pour' recommander le ;
silence, et,-à chaque explication du mari, il
: fesait derrière ses épaules un signe de tête
négatif. • . .
Les docteurs sont accoutumés à tout; ce
lui-ci ne laissa voir aucune émotion, mais, :
en s'en allant, il pria Eugène de l'uccompa- -
gner. En deux mots l'avocat le mil au cou-: '
rant du vrai motif de la crise. !
— S'il en est. ainsi, -murmura le docteur,
la secousse- a été trop forte, il n'y a pas de ■
remède.
. — Vous me promettez le secret? dit Eu
gène d'un son de voix solennel, car ce n'est ; -
pas le mien, le hasard m'en a fait pos
sesseur.
— Uu médecin n'exerce-t-il pas une'es
pèce de sacerdoce? Il a, lui aussi, son confes- .
sionnàl qui est sa conscience; tout s'y ense- '
velit comme dans.une tombe.
Vous ferez en sorte de la sauver.
— J'y ferai mon possible, mais je.ne l'es
père pas. Venez toutefois avec moi, je vous ;
donnerai une potion calmante qui détermi- i
liera peut-être. pour la nuit un profond ;
sommeil : si elle dort plusieurs heures, elle ;
-est sauvée. •
— Oh ! merci, docteur, merci.
— Est-ce que vous aussi vous l'aimeriez?
. — Moi, non... Mais, si elle meurt, mon |
frère mourra, '
— Ah ! votre frère !
" — Gui, il a seize sus, c'est un enfant, et -
je ne voudrais pas qu'il meure..... Puis, je ;
vous avoue que je me suis attaché sincère-,
ment à M. de Gràndcourt.
Quand Eugèné revint avec la' potion, il
.trouva le comte et son domestique occupés
à contenir, la pauvre folle. Une crise plus !
' forte s'était déclarée; la malade voulait-sor
tir : elle parlait d'aller à Vierville, et, si on
ne l'eût maintenue de force, elle serait des
cendue en chemise ■ et pieds nus dans lai
rue.
—Il m'attend, dit-elle d'uu air mysté
rieux : la barque est là... Alban, cria-t-elle
tout à coup, etes-vous là?- r .' > ■
— Alban? répéta le-comte; quel est cet
homme?
— Nous y voilà, pensa Eugène. 0 mon
Dieu, pria-t-il, si elle doit mourir, ne la dé-i
shonorez pas, et ne jetez pas dans la vie de
cet homme une amertume éternelle. .
— Alban! Alban! venez,-partons!£la mer
est belle : la barque est-elle prêta? ^
. — Alban, répondit Eugène, qui "eut une
" idée, c'est un pauvre pêcheur de Vierville
qui a conduit Mme de Gràndcourt en mer:
elle est revenue malade de sa course, et ce
pendant il m ? a dit, au retour, que, s'il n'eut
résisté, la comtesse voulait, aller ' en pleine
mer jusqu'à ce qu'elle eût perdu la vue des
côtes. ' . , :
: Cette réponse, faite avec, calme, rasséré
na le front du.comte. * .
— Alban j continua la comtesse, prenez
garde à Belle-Langue... Ramez donc, :ra-
mez donc.,. Ah! Alban est tombé dans-la
mer, et Belle-Langue a pris sa place, je siiià
perdue ! ... - , ■ \
■>—.La malheureuse a le délire, dit Eu
gène., , ^
— Ne me touche pas, assassin !... ta main
est rouge de sang, c'est.le .sang du prince jî
Non, c'est celui.de mon mari..,, Anatole..;.
Anatole..,, mon ami, pourquoi ne l'as-tu
pas. tué? C'est toi que j'aimé. . . . - j
Un ange sans doute, avait, entendu la
prière d'Eugène;"il se tenait probablement
au chevet de la malade^, écartant d'elle lçs
paroles accusatrices, et enveloppant. ses di's-
• if f. ■ i
cours d'un sens caché et mystérièux.
On .atteignit le soir; .,
-Le comte, .Eugène et le domestique firent
prendre de forcé à Mme de Gràndcourt là
potion, i calmante. Quand elle l'eut prise;
Anatole; congédia Eugène et le domestiqué j
et, lorsqu'ils furent partis', il s'agenouilla
au pied du lit de -sa femme, et pria : " . ■
— O.mon Dieu! dit-il, que votre volonté
soit faite ; mon sort est actuellement, entre
vos mains,! -, 1
• Et il attendit ainsi, les yeux fixés sur
ceux de sa femme, appelant le réveil'de
son aine. • , ,
Une heure après, -,l'agitation cessa, une
sorte-dé torpeur appesantit les membres dé
la malade; ses yeux fixes, démesurénient
ouverts, se formèrent peu' à peu ;"à là res
piration de plus en plus, régulière, M. dé
Gràndcourt comprit que sa ferpme - allai},
dormir. "■ : '
Il resta plusieurs heures ainsi, priant tou
jours , espérant lasser Dieu par ses prièr
res. 11 avait enfoncé sa.tête, dans ses maips,
il essuyait s,es larmes aii fur- et à mesure
qu'elles coulaient.
Tout à coup il sentit une main froide et
déjà glacéé sur son front, il releva la'tetè
brusquement. .
Ami, te voilà !, dit une voix douce et.
mélodieuse. » - '
Puis la voix s'arrêta un moment. ,
— Où suis-je? murmuta-t-elle. i
. Les yeux redevinrent hagards , et la ma
lade fit un-mouvement en arrière; puis elle
courba t la tête comme si elle, eût eu- peu>-
d'un coup qu'on allait lui donner. Cétaît
la connaissance qui revenait,'et, àvéc ellej,;
le souvenir,, la honte et le rémords. . " ! *
M. de Gràndcourt se" précipita sur cette '
main glacée, mais là comtesse là lui retira. "
— Anatole, relevez-vous;lui dit-élle" d'u- '
ne voix-ferme; ce n'est pas vous qui devez"
être à mps. pieds,-, c'est moi 'aux vôtyes !
Et elle, rfit un mouvement pour se préciç
ter à ses genouil
Anatole la retint.
' ^- Donné-moi,à boire, j'ai soif; et puis il
me faut dè la force, j'ai à te parler. .
. Quand elle^ut bu :
— Mon cuni, je-vais mourir. ■ '*
, Aiiatole lit un geste,, elle continua :
— Je vais moùriri...je le sens... cela l'af-
fliget.. que tu es'bon!... mais je m'en vou
drais de te donner unie espérance 1 qui né
servirait qu'à te causer une plus grande dé
ception. 1 ' Là- 1 vie est usée en moi... je n'ai
plus qu'un soliffle àréndrë, et je serai mor
te..: Dîèii permet'que j'aie' assèz de force
pour me repentir,
Un' prêtre,, dit-elle tout à coup, envoie
cherchér ùn prêtre. "
... Quand-son mari fut revenu, elle reprit : .
— Avant de demander pardon, à Dieu de
' mes fautes, jfe veuix me presetiter déjà par- -
donnée par toi. - Il ne me repoussera plus
quand tù m'auras bénie.
. J'ai'.été 1 '.bidn mauvaise, pauvre ami, et
tu n'as' pas ,dû souvent en comprendre la
çausej"tu étais si simple ét si bon ! et moi*
j'étais si fausse et si dissimtilée 1 Ah! mon
imagination m'à'perdue, et puis j'ai pris en
grippë 'ta ctilture. Au lieu de me nourrir de
, remplir mes
devoirs, et'tQutce qu'il aurait fallu faire
m'ennuyait, tandis que j'aimais tout ce qui
m'était interdit. '
Ces quelques, mots résument toute mon
existence.;Là révolte d'une ame contre la loi
de Dieu et .des horianïeSj, telle a été ma vie,
vie précieuse que j'ai consumée en inutilités
ou en fautes..
Pendant cë temps, que faisais-tu? Tu te
étais "bbn;;C'festè'peiné.Si à- ; nièfe' folles idées
PUREAUS A PAIIIS ^ï-uo de Valons (Palaiï-Soyal), ^ 10.
VENDREDI 50 OCTOBRE 1857-
POUKLÏ8 païs étrangers , voir Je |tahleau '
v publié .les 5 et'20 dec&açue mois. : t
Imprimerie 1, BOKTFACE, Tue dei Bonj-Bnfani/iîl
Le mode d'abonnement le plus simple eet l'envoi d'un bon de poste ou d'iuffeffet sûr Paris,"
à 1 ordre de l'admistbatedb du journal, rue Valois, n* 40.
JQDRMÎ^^LITIÛUE, LITTÉBAIRE, UNIVERSEL.
II- -<
I , l^v :T$s lettres ou envois d'argent NON AïFKANCHis sont refusés.
Les articles déposés' ne sont pas-rendus.
13 FR}
; 26 m":
r S2 ni
20 CENTIMES
Les abonnemens datent des l* r et lft
i de chaque mois. ; <
Les annonces sôM reçues chez M. Pànis ," régisseur des journaux,
, . "et chez$IM. Bigot et C*, 8, place de la Bourse.
. Ï'AIUS, 20 OCTOBRE'.
Nous tcrffli^iia.A^ûurdlbui-jio&i'ecker-. „
cyes sur la réforme des établissemens péni-î
tentiaires,. par l'examen rapide, des ques- ;
tions relatives aux prisons départementales I
et aussi par quelques-considérations sur les *
dépenses, que fait l'Etat pour ce service.
L'appropriation des maisons d'arrêt, de jus- j
tiçe et de correction a leur destination spé- i
ciale, a été lîobjet des soins "constans de t
l'administration, -qui, malgré" tous ses ëf- :
forts, n'est point parvenue encore à. faire ■
face à toutes les difficultés, de sa tâche: Par
. malheur , durant plusieurs années, on[a
perdu un temps précieux à s'occuper du i
système cellulaire, ce rêve du philantrope,
désormais abandonné, avec juste raison. ;
En 1852, la situation des prisons départe
mentales était-loin d'être satisfaisante. 60 >
seulement réalisaient les séparations pres
crites par la loi. Dans 160, ces séparations,
étaient incomplètes; dans 161, sauf celle
dés sexes, la promiscuité étJit entière. Et:
pourtant, la loi exige qu'on isole, par catc-i
"gories, les préyenus et les accusés; les con-;
' damnés à un an-et au-dessus, les" condam
nés à des peines plus sévères, qui attendent .;
leur transfèrement,-les déténus pour det
tes, les jeunes^détenus, les.passagers civils.'
et militaires. - ' - f
Dès 18b2, on s'est mis à l'œuvre afin d'a -i
méliorer cette situation déplorable. Ôn a;
dû prendre en considération les exigences
diverses de ces prisons. Dans cinq seule-,
ment, ia population ordinaire excode 300
individus.; dans 8, 200; dans.39, -elle ne
dépasse pas 100 détenus; 106 renferment,
une moyenne de 5 à 20 personnes. Mais
cèse-hiffres varient d'aprèsles saisons, sui
vant ,lès circonstances. L/approche des as-i
sises amène un encombrement qui> bien;
que passager, entraîne des inconvéniens
sérieux. Alors, dans les maisons disposées,
selon le système cellulaire, on est'reduit à
■entasser plusieurs détenus dans un'e même
cellule, mesure pire que la promiscuité. La
; reconstruction des prisons a été entreprise;
- par le gouvernement sur un plan judicieux
et pratique; Voulant exécuter la séparation
ordonnée4>ar"la loi,-il a adopté .un régime
, mixte, qui destine aux catégories les plus
nombreuses, des quartier distincts; aux
groupes moins nombreux y ' dès chambres
communes ; eténfin des chambres privées'
pour ceux des détenus que la-discipline; le ;
..secretde l'instruction, ou -des motifs impé
rieux enjoiguent d'isoler. 172 projets de re
construction .partielle ont été soumis à|
l'assentiment dè M. le ministre de l'inté
rieur, et 9 millions .ont été votés ; par les.
départemens en 1853, 18b4," 1825 et 1856.
L'effectif des maisons départementales al
.subi des fluctuations curieusesvEn : 1830, il
était de 17,920'individus; en 1832, il s'élè
ve à 19,227 ;* mais il fléchit Iégèrementdana
les années suivantes jusqu'à-1838, où'il
monte à 20,428. A partir de 1840 jusqu'en
184-5, il dépasse 22,000. En 18-47, il s'élève à
24,012, niais il redescend à 21,986 en 1848
En 1850, il atteint 25,735; en 1851-, 32,899;
en 1852, 26,H8; en 1853, 28;942; en 1854,
27,725; et, enfin,- pti 1855,25j802.L'augmen
tation énorme ~de 1S51 s'explique par des
■ circonstances politiques exceptionnelles et
passagères'. La diminution de 1855 n'est
qu'apparente. L'agrandissement dés mai
sons centrales a permis d ? y placer une.
partie des hôtes des prisons' départemen
tales.
Le travail n'a pu être organisé d'une ma
nière suivie dans les prisons départementa
les. Les prévenus etles accusés ne sauraient
'être assujétis aux labeurs assidus et régu
liers auxquels les* condamnés dôivënl se
soumettre. Toutefois, "une portion- Notable
des détenus : est.occupée, On en compte de
7 à 8,000; le prix moyen de . leur journée
est de 25 centimes pour les hommes, et de
18 centimes pour les. femmes. La discipline '
est naturellement différente selon, la situa
tion des-détenus. Les condamnés sont sou
mis à des règles plus rigoureuses. On, leur
interdit le tanac, les boissons fermentées,
la possession de l'argent, l'habitation des.
chambres-réservées. Le travail et le port du
costume pénal sont pour eux obligatoires.
A moins d'autorisation exceptionnelle, leurs
proches seuls peuvent les visiter. On les pu-
• nit en les mettant au pain et àl'eau, en leur
infligeant la cellule ou le cachot, et-, en cas
•de ÀntolenceSi les fers.
En dépit.dè la mauvaise disposition de
ces lieux de .détention , la surveillance y est
fort exacte. En 1855, il n'y a eu que 58 éva
sions, Qu'est-ce que cela, quand on songe
que le roulement des prisons, départemen
tales porte sur un ' personnel de plus 'dè
2o0,00t). individus par an? La surveillance
.est exercée par des femmes laïques ou re
ligieuses pour les détenues. Un aumônier
est attache à chaque prison. Il dit la messe
-les dimanches et fêtes, il fait une instruc
tionreligieuse uné fois par semaine pour le
moins ; il enseigne le l catéchisme aux jeunes
détenus. Il y .a des instituteurs dans toutes
les maisons où la population est , assez con
sidérable pour appeler cétte mesure. Enfin, -;
le régime économique- est calqué sut 1 celui,'
qui est en vigueur dans les maisons cen
trales. '
. Nous arrivons au chapitre des dépenses
nécessitées par le service des établissemens
pénitentiaires. Danslesquatre années qu'em
brasse le rapport de M. Perrot,-ces dépen
ses ont suiyi une progression croissante. On
ne saurait s'en étonner. En thèse générale,!
c'est la conséquence -nécessaire des efforts
qu'a faits l'administration pour améliorer le ;
Régime des prisons. En .outre, cette- aug
mentation, nous le verrons bientôt, s'expli-;
aue surtout par la substitution du -système ;
de la.régie à celui dé l'entreprise. Quoi qu'il:
en soit, les maisons centrales ont coûté à
l'Etat: enl832,6,086,083; en 1853,6,395,963;
en 1854,6,932,260; en 1855,7,482,048. Pour
, les jeunes détenus des établissemens prives,;
la dépense- s'est élevée en 18#>2, à 1,321,407;
en 1853, à 1,395,444 fr.; en 1854, à 1,609,830
fr.; en 1855, à 1,805,340-fr.
Enfin, l'es prisons départementales ont
coûté : en -1852 N 7,514,117 fr.; en 1853',
7,480,519; en 1854-„ 8,306,?74 ; et en 1855,
'8,490,652 fr. En résumé, en 1855, le service
-des établissemens pénitentiaires a grevé le
budget d'une somme totale.de 17,778,040 fr.
La cause dd.cet accroissement dans "les
dépenses est facile à saisir. L'augmentation
de l'effectif des.détenus, la cherté des.sub
sistances, les dépenses exigées par. l'agran
dissement ou l'appropriatipn des prisons,suf
fisent pour en.tendre , raison. De plus, l'ap
plication du système de la régie a entraîné
des sacrifices inattendus.Nous avons vu com
ment l'administration- avait été contrainte
" à adopter ce mode d'exploitation dans seize
; établissemens. Ça été une des conséquences
de l'impéritip des hommes d'Etat* à courte
vue qui, en 1848, ont supprimé le travail
dans les prisons;. Mais cette source de. dé
penses est heureusement tarie. Le . travail,,
jjartoutremis eu honneur,a permis de reins-
. tuller l'entreprise dans les prisons. A- par
tir du 1 er janvier 1856, les mesures ont été
prises par M. le ministre pour remédier au
système onéreux de la régie.
Voilà pour les maisons centrales. Quant
aux prisons départementales, qui ne sont à
la charge de l'Etat que depuis le 1 er janvier
1855, elles.ont été administrées d'après l'an
cien mode./ II. sera intéressant de constater
dans le prochain compte-rendu les résultats,
de cette mesure. L'entreprise doit être-in
troduite da,ns ie.flégime économique de. ces ;
établissemens. Une direction principale pbur
chàque département doit être organisée et
.fonctionner régulièrement. Enfin, l'inspec
tion générale doit être mise en vigueur.
Pendant huit mois, les inspecteurs-géné
raux inspecteront les prisons. ' On peut at
tendre les. meilleurs .effets du- contrôle im
médiat et éclairé de ces fonctionnaires/
Mais quel que soit l'accroissement des
dépenses subies par l'Etat dans l'intérêt du
service des prisons,, nous indiquerons à
'l'administration un progrès à réaliser qui
nécessitera sans doute un nouveau sacrifi
ce, mais qui véritablement ne saurait être,
retardé plus long-temps. Il, s'agit d'ailleurs
d'une, amélioration si judicieuse et si équi
table que le gouvernement impérial né peut
fermer l'oreille à de telles réclamations.
Nous voulons parler, de 1 ? augmentation. du
traitement "des surveillans -préposés à'i la
garde des prisons, notamment a Paris.
* Ces gardiens-surveillans sont presque tous
cPanciens militaires. Tous possèdent- -des
états de service excellens. Nombre, d'entre
eux font partie de l'ordre impérial de là
r.égion-d'Homieur. Leur vie est toute d'ab-.
négation et de dévoûment. Plus prisonniers
que les détenus eux-mêmes, astreints .à
l'attention la plus ; assidue, - aux soins les
plus exacts, ils doivent déployer dans leurs
difficiles fonctions une patience infinie en
vers les hôtes turbulens et çial-intentionnés
dont la surveillance leur appartient. Ajou
tons que souvent ils font preuve du coura
ge le plus-déterminé, soit pour se défendre
eux-mêmes contre des agressions soudai
nes, soit pour protéger un détenu contre
les violences ou contre 4a haine d'un mal-,
faitèur dangereux» Nous connaissons tel
d'entre eux qui, dans ce service obscur, a
montré une résolution et une énergie qui,
sur un champ'. de bataille, lui eût valu une
distinction et .de l'avancement. QnvtCnte
.aveerraison là,moralité,-le zèle, les vertus
militaires du. gendarme : on peut lui com
parer sans injustice le. gardien-surveillant
des prisons.. , ,
Or, la'solde de ces'braves gens çst réélle-
■ ment trop modique. Beaucoup sont mariés
et pères de-famille. Que peuvent-ils faire
avec -un traitement annuel de .1,000 fr., alors
que le renchérissement des denrées ali
mentaires rènd si pénible l'existence des
ménages peii aisés?'Aussi la plupart se con-
damnent-ils* à ^les privations qui ne ca
drent guère,avec les exigences d'un service
■de jour et de nuit. Il faut faire cesser cet
. état de choses. Notoris que cette amélio-
ratioh est , 'ré,cohnùe-juste et nécessaire
par tout le monde. Depuis ' longues an
nées, les dirécteùrs de prisons la si
gnalent à la "sollicitude de l'administra
tion. Depuis longues 'années, l'adminis
tration médite de* l'accomplir. Il ne s'a
git pas là d'ailleurs d'une dépense bien con
sidérable. Qu'il nous soit permis de join
dre notre voix à toutes cellès qui réclament
une prompte mesure. Nous avons l'espoir
que le gouvernement impérial, si soigneux
de tous les intérêts légitimes, accueillera,
cette requête. Ce serait un acte d'humanité
en même temps qu'un-acte de justice.
■ . Henry C acvain. "
Nous croyons utile de rétabliiy à l'aide
des renseigneméns contenus dans les dépê-
. clies télégraphiques dëiLondres et dè Mar
seille déjà publiées, deins les lettres reçues
par les divers journaux anglais et dans nos
correspondances particulières, un récit com
plet de la prise de Delhi. Il est intéressant
de bien connaître les incidens de cet évé
nement militaire. '
C'est le 14 septembre, dans la matinée, :
que l'assaut a été'donné à la ville.par les
troupes anglaises, ^artillerie d» siège, ve
nant de Ferozepoor* était, arrivée le 5, sous
l'escorte du 8" régiment européen et de la ;
moitié d'un bataillon d'indigenes "du Sind. i
Le. génie, qui avait déjà décidé .qu'on com- :
mencerait l'attaque du côté norcl de la pla
ce, entre lé bastion Mora, faisant l'angle
nord-ouest de l'enceinte, et la porte dite de -
Gachemirô, venait de construire unenouvelle i
parallèle en avant des premières défendes. ;
Plusieurs batteries armees de gros' canons ?
furent aussitôt établies à peu de distance
"des murs de la ville, et le 7, ou arma une
batterie légère pour enfiler l'ascarpc. .Des i
renfôrts étant, encore survenus, on fit oc
cuper, dans la -nuit du 7 au 8, -la position de ■ ;
Koudsia-Bagh, à 300 mètres de la place, en
tre les deux bastions de -Mora et de Cache- -
•mire, par des tl'oupes empruntées à ces ren
forts, lesquels se composaient de 200 liom- ;
mes du 60 e régiment européen, de 100 Eu- *
ropéens de Meerut, du. A" d'-infanterie irré-
gulière du Penjâb,et d'e 2,500 Cachemiriens !
ayant avec eux une. batterie' de 6 pièces. I
Puis, on éleva des terrassemens pour rece- :
voir une batterie de .10 pièces, qui fut éta-
■bliè solidement malgré la perte de deux .
officiers et de 50 hommes tues ou- blessés. 1
Le 9 commença te bombardement. L'en
nemi ripo s ta par un feu de mitraille et de
mousqueterie qui coûta peu aux assiégeans, i
tandis que les bastions de Mora-et de Cache- s
-mire souffrirent beaucoup des boulets et des
projectiles creijx des Anglais.
Le 10, de nouvelles batteries plus rappro- '
' chées des remparts furent préparées : l'une,
destinée à battre en breche le bastion de ;
l'Eau, était armée d'obiftiers et dè mortiers !
et.établie à 200-mètres de la place, dans le '
jardin de la Douane ; deux autres furent ■
placées dans les décombres d'une grosse i
"bâtisse où, quelques jours auparavant, a\ait
-eu lieu un engagement à la suite duquel!
les ennemis avaient perdu quatre pièces de •
canon;^enfin, une quatrième batterie- de
mortiers de treize pouces fut établie dans :
le Koudsia-Bagh. L'ennemi fit une sortie, :
mais il fut repoussé, et les pertes des assié- =
geansne s'élevèrent dans cette journée qu'à 1
une cinquantaine de tués et de blessés, en
comptant les victimes des engagemens par
tiels livrés sur les derrières du camp par la
cavalerie indienne qui harcelait sans, cesse
les.Anglais. , "
Dans la journée, du 11, une nouvelle
sortie eut iieu ; mais les nouvelles bat
teries furent défendues avec"-vigueur, et
purent commencer unfeu terrible. Pendant
deux jours, l'artillerie ne cessa de jouer, et,
.le 13, le bastion Cachemire se trouvait dé
moli, la courtine qui le touchait était en
ruines, et le basiionMora tenait à peine. Le
magasin, du bastion 4e l'Eau ayant en outre s
• -sauté, le général Wiison ordonna de re
connaître la brèche, q*ùï fut jugee suflîsam-
•ment -ouverte. Ôn fit al<>rs" les préparatifs do>
; l'assaut. L'ordre en fut ddnné pour la mati
née du lendemain 14-, avec .instruction' aux
troupes de ne faire aucun qùai'tier aux re
belles. Les femmes et les enfaris '^taientex-
.ceptés: ■■
- jL 'attaque»prmcipiale eut lieu vers là gran
de brèche avec un plein succès. Les fr^tte-
-riçs dirigées contre les portes Mora, Cacfet -
mjre et Lahore, sous lp' commandement des"
capitaines Smith, Ward et Doneldson, de
l'armée du Bengale, tiraient en moyenne à
une portée de 60 mètres. Une division-dés
troupes anglaises ayant pénétré dans la
• villë ; parvint à s'y établir avec assez de faci-
cîiite aès le début/mais après avoir éprouvé
une "grande résistance en arrivant dans l'en
ceinte, et des combats partiels durèrent toute
là journée. Moins heureux que lesAnglais,les
Cachemiriens chargés de l'assaut à la porte
do Caboul, face ouest de la ville, avaient dû
, -céder devant" l'ennemi, 'après une'vigou
reuse attaque. Toutefois, le soir, les assié-
geans-étaient maîtres des portes Cachemire,-
Caboul et Mora,; et .occupaient l'église, le
"collège et d'autres grands édifices, dans l'un
desquels le quartier-général fut établi par
le ; général Wilson.
On prépara aussitôt, dans la nuit, de for
tes batteries pour - chasser les" assiégés des
.'.quartiers qu'ils,occupaient encore; les piè-.
. ces prises dans les bastions furent tournées
contre la ville, de manière à enfiler les rues
principales et-à atteindre le palais du roi,
qui est la citadelle de Delhi.
"■ On comprend'que les pertes des Anglais
-dans cette première journée, ont dû, être
- considérables : toutes les : correspondances
s'accordent pour en porter le chiffre à 600
hommes- tués ou blessés, et à 50 officiers
morts ou mis lior3 de'combat. Cependant au
cun officier d'artillerie n'a été tué ni blessé.
Les.listesdesprincipauxofficiersblessés don-
.lient Ks noms dugraérai Nicholfon, du colo-
; nelCampbell. du 62°; dumajor ltccd, du ba-"
taillon de Sirmoor. Quant à l'ennemi, ses-
^ pertes, qu'on n'évalue pas-encore, parais- 7
sent avoir été bien plus considérables.^ La
vigueur de l'attaque ayant jeté la panfque
dans' la ville, dès l'installation du quar-
tier-généi'al, beaucoup d'habitàns étaient
venus demander quartier. Des cipayes s'é-
iaj.ent également présentés, mais on avait
refusé d'écouter leurs prières. La défection
semblait aussi avoir pénétré'dans les rangs
de l'armée ; car, dans la nuit, le corps de
cavalerie ■ avait quitté Delhi, se dirigeant
vers Rewai'ee, et on avait vu une troupe
d'Indiens traverser le pont, sans qu'il fût
possible , malheureusement, de les pour
suivre.
Dans la journée du 15,.le général Wilson
• ordonna de recommencer le • bombarde
ment. Le feu principal fut dirigé contre la
porte de Lalfore et le bastion de Burn,
•pendant que d'autres batteries avaient,
pour points de mire, l'arsenal et lé pa
rlais. Le feu de mousqueterie des assiégés
fut long-temps très nourri; mais dans la
soirée il cessa,>et- l'on s'aperçut encore que
des détachemens quittaient ia ville. A huit
heures du soir, une large-brèche était faite
" à l'arsenal, et l'ordre était donné de remet
tre l'assaut au,lendemain. " '
Le-16, avant" le jour, le 61.°,régiment eu-
les batterie^ du ' .côté gauche du Jomuna.
Dans la-première de ces batteries, les An
glais s'emparèrent de 5 pièces de 18.
Le 17, lesj canons mis en batterie à l'arse
nal firent-feu sur le palais du roi, et des
postes furent organises dans la ville jusqu'à
la porte de Caboul. - »,
Ici, "s'arrêtent les renseigriemens recueil
lis jour par jour par les correspondances.
Du 17, les lettres vont au 20, pour- annon
cer lapçise et l'occupation de la.viile entière,
On pense que, dans les journées du ,18 et du
19, les assiégés, tout en opposant encoreune
certaine résistance, auront successivement
abandonné leurs dernières batteries du côté-
de la rivière, pour se retrancher dans les
maisons, du haut desquelles ils avaient com
mencé à tirer dans la "journée du 17. On
pense également que c'est dans cette jour
née qu'a eu lieu la fuite du roi. Le chef des
rebellée, voyant son palais attaqué par les
batteries de l'arsenal, aura quitté la ville,
avec, ses fils, revêtu, comme on sait, d'ha
bits de femme, pendant que les dames du
harem s'étaient déguisées en hommes,
s • - R obert.
ropéen, le- bataillon belouclii et une forte
. partie d'un régiment "du Penjab étaient for
més en' colonne et se dirigeaient sur l'arse
nal. Ce vaste magasin tombait bientôt, au
pouvoir des assiégeans, et leur livrait 125
pièces dé canon de divers calibres. La perte
des Anglais et de leurà alliés. était insi
gnifiante, et celle des rebelles s'élevait à 40
hommes laissés sur le terrain et à 40 autres,
spahis, trouvés morts dans l'arsenal. Dé
moralisé par.ee nouvel échec qui le privait
de r.essources iinportantes, l'ennemi aban
donna aussitôt la batterie de Kishengonge et
Xfe, 7Vmes, dans sa seconde édition,-publie,
les nouvelles suivantes de IIong-Kong, da
tées du >'0 septembre : ■
. «-Le steaB^er Norma est arrlvé ici le 7 du cou
rant au soir, a.vec la malle ang-laise du 26 juil
let. D'ici nous aS'ons peu de chose à vous comr
muniqupr. '
» Les Gazettes de vont jusqu'au 26 juil
let. On s'y occupe en/l n de la « question de
Canton », et la politique d'Yeh, le vice-roi, pa
raît avoir obtenu rapproïâàtion du gouverne--
ment impérial. Les moyens ^.proposés pour le
ver les fonds nécessaires en VHfeV de couvtir les
dépenses occasionnes par « l'alToih'e des barba
res» ont été sanctionnés. Cette manière de recon
naître publiquement l'existence de jlillérends
entre les étrangers et les Cantonnais aïO^nera-
t-elle le gouvernement chinois à sui vre ur^e. po
litique différente à l'égard des étrangers dsùus
les autres ports? C'est ce qu'il nous reste en-
core A voir. . ' .
» D'après les derniers avis reçus d'Angleterre,
on voit avec plaisir que « la question .de Can
ton » ne sera pas délaissée; quoique les affaires
de l'Inde soient d'un intérêt si capital. Le blocus
;est. rigoureusement maintenu sur la rivière. Plu
sieurs jonques et bateaux essayant d'échapper
aux vaisseaux après des avèrtissemens réitérés
ont été pris et amenés ici, et l'on en a vendu
les cargaisons. ' v . ■■ ■ i
» Un steamer .français et une canonnière
française se sont rendus au goll'e de Tonquin,
par suite des -mauvais . traitemens qu'ont es-
. . Ô"«'> iiy .
à bord un amiral russe, auquel on attribue
une mission diplomatique.
» Le Rortsmoulh, vaisseau des Etats-Unis, est
parti de Shanghaï, le 26 août, pour le Japon.
» La cour martiale, ayant à jûger les officiers
du Transit relativement à la perte du navire, a
sévèrement réprimandé le capitaine 'et le se
cond.- ■■ ■ ■ . * ..
» Tout est.calme à Hong-Kong. Les importa
tions ont été passablement recherchées. Le co
ton est ïerme -et' ii y a peu d'approvisioune-
■mens. » ' > .
Yoici, d'après un'e correspondance de
Hong-Kong, que noiis trouvons dans le Sun,
quelles seraient les dispositions de l'empe
reur de la Chine à l'égard des ambassadeurs
étrangers :
« Il n'est survenu . dernièrement que très peu
d'évèneinens, et nous - attendons avec impa
tience la fin du mois, époque ou nous espé
rons voir lord, Elgin revenir de l'Inde. Nous
attendons pour la même époque l'arrivée de
l'honorable M. Reed des Etats-Unis, et celle du
baron-Gros, venant de France. Les trois diplo
mates partiront probablement alors pour Pe-
lùng. - -
» Ou dit que l'empereur a fait connaître qu'il
savait ce qui se passait, qu'il "ne recevrait au
cune ambassade, qu'il laisserait les barbares
faire ce qu'ils voudraient et qu'il étaitprèt à re
pousser la force, i pai> la force. Il faut espérer
qu'on ne prendra aucune mesure hostile avant
que nous ayons.une force considérable. Pren-,
dre Canton ne serait pas chose difficile; mais si
onïessayait de^conserver la vifle sans upe force
militaire suffisante, on finirait par éprouvei-
quelques désastres ; nous ne devons pas per
dre de "vue Pimmense disproportion", de nos
forces. Si. la mission- de paix de lord Elgin
à Pékin échoue (ce .que tout le monde pen
se et prévoit), il fàudm faire la guerre sur
une larare .échelle. 11. est notoire que. "plu
sieurs officiers russes sont récemment arrivés à
Pékin, sous - prétexte d'une tournée dans la
colonie russe, à l'embouchure de la rivière
Amour. » • . • ~ • ■ !
On lit dans uri journal du soir : , v ;
«^Nous croyous savoir que dgs négociations
officielles se .poursuivent entre la France et
l'Angleterre aù sujet d'un échange de territoire
dan3 lés Indes.'La base, de ces pourparlers'se
rait la cession par la France de nos possessions
de Cliandernàgo'r contre un territoire équiva
lent que l'Angleterre nous céderait autour, de
Pondichéry, le centre de nos colonies indiennes.
»Nous croyons savoir également que -le trans- '
port la Dordogne,e il partance on ce moment à
Toulon pour l'Indo-Ciiine, recevra comme pas
sagers environ 150 soldats d'infanterie de ma
rine, destinés à renforcer la garxpson de Chan-
dérnagor.
. » Du reste, cette mfesure est toute de précau
tion, car, à la date-du- dernier courrier, non-
seulement nos compatriotes dans l'Inde n'a-
vaient pas été inquiétés par les révoltés^ mais
de plus les appréhensions qu'on avait conçues
. d'abord avaient beaucoup diminué." '• •'
» La Durdonne déposera également des soldats"
d'infanterie ae marine au Sénégal, à JMayotte
et à la Réunion. » " -
TÉLÉGRAPHIE PRIVÉE.
- * ■ Londres, 29 octobre.
Le Morning - Post contient un article fou
droyant contre le gouvernement napolitain,
qui retient prisonniers deux Anglais innocens. .
La compagnie des Indes a emprunté un mil-
. lion sterling, à 6 0/0 à deux des Banques de '
l'Angleterre.. , .
Lord Palmerston est, arrivé à Londres.
Marseille; 29'octobre.
Le courrier de Congtantinople, en date d\i 21;
annonce qu'une grande,combinaison financiè
re est projetée par le gouvernement turc avec
la-banque ottomane..Il s'agirait d'un emprunt
de 200 millions de-francs à .10 0/0, destine à li- '
quider les dettes de la liste civile, à retirer une
partie -du papier-monnaie et «à ramener les
changes à un état- normal. . 1 ~-
Dans l'assemblée de Valacliie,'les trois quarts :
de la majorité appartiennent au parti avancé-.
Les commissaires ,dës puissances ont donné à
ce parti des conseils dans le sens de la pru
dence et de i'observation des traités.
Le divan a invité le commerce à ne plus ex
pédier de munition^ la Russie, au contraire,
en dirige en grandeiquantité vers le Caucase.
Lès journaux de 'Malte accusent" le shah de
Perse d- '.encourager les opinions liostilesà l'An
gleterre. ■ '
. Des tempêù°s et des sinistres ont eu lieu sur
le "Danube,-des inondations ont désolé la Géor
gie. : . - 1 ' ' <
Des révoltes sont ttfgnalées enAbyssinie, l'pn-
voyé du pacha d'Egypte a été arrêté. ' (Ilavas.)
i Marseille, 29 octobre.
Athènes, le 23.—Le roj Othon a souscrit.pour '
10,000 fr. en faveur:des vi.ctii.ues de l'insurrec
tion des Indes. La reine csjt-'attendue-le 27 à
Athènes. Le roi est-parti avec /a cour pour l'a-
tras à la rencontre de la reine. J)e,s l'êtes sont
"préparées .et les .principales' ■ famille? do Zunte
ont demandées à y être invitées.
Le cahier des-cliarges relatif au chemiu dé
fer a été "signé par ministre de l'intérleu.!'-
Les chambres grecques sont,convoquées pour
le 12 novémbre. * ' (Idem.}
,- -■> . 'frieste, 29 octobre.
D'après • les nouvelles de Gonsfantinople du-
24 octobre, les négociations:entamées avec là -
France et la Russie po«r le passage oiocturne
des Dardanelles auraient échoué. j)e nouvelles
modifications ministérielles seraient attendues.
On inonde-d'Athenes, le 25 octobre, que les ;
ministres de l'intérieur et.des affaires étrangè
res ont,invité leurs ; Subordonnés à souscrire ;
pour les victimes de l'insurrection îles, ladcs".
. , ■ '' ' .. {Jikm.)
La Gazettc nulionak' de Berliu publie l 'or
dre du jour suivant, adressé par le prince
de Prusse à l'armée : ' '. .
, «'S.' M. lé roi a daigné me transférer,par un
ordre royal daté de, ce, jour, la direction suprê
me des affaires de l'Etat pendant, trois mois. Je
le fais savoir à l'armée,, et lui exprime à celte
occasion la ferme confiance que je n'aurai rien
que de louable à ten rapporter h S. M. lors île
sa convalescence qiji, avec l'aide de Dieu, ne se '
,1'era pas attendre, je l'espère. » -
Nous trouvons ; -dans les correspondances
de Berlin quelques réflexions au.sujet do la
délégation clu 'pouvoir royal. Ainsi , l'on
écrit de cette capitale au Mercure de Souabe :
« On ne parle ici que.de la délégation faite,
au prince de Prusse* De toute .la-rédaction de
l'acte de délégation, il résulte que le mandat
quia été conféré au-prince est assez limité. Les
pouvoirs et par suite la responsabilité sont
moins'élendus.
rapportsImmédiats au roi et au cabinet doi-*
vent conserver là îiïême, adresse qu'avant. La
position du prince sera yès difficile. » . -
D'un autre côté, on écrit de Beilin, le 2(ij "
FÊUItLEt-OH DO CONSTITUTIONNEL, 30DCT0BRE.
BELLE-LANGUE
. ' ' XI.
' - ! (Suite/. ll '"' _ -
Lé comte marcha vers Ëiigène, lui prit la
main et la lui çerra. '
. — Vous'1'aiiriiez,. mon ami,, ev vous ne
.vous êtes déclaré que dans le malheur,
quand ellé,ne pouvait plus 'vt>uS entendre,
en présencç du ;mçri ;,jeireçonnaîtrai plus
tara un pareil dévoûment.
S.Ccs mots rendirent Eugène plus maître
de lui.
— Vous vous trompez, Monsieur le com
te; si j'armais' votre femme, ce. . n'est pas
comme vous le pensez ; je l'aimais comme
une sœur qu'on Voit ' souffrir, sans ^pouvoir
porter un remède à sa souffrance ; je l'ai
mais parGe que, sans- m'en rendre compte,
je la croyais malheureuse, et. que, tousdeux,
cependant, vous me paraissiez faits pour le
.-bonheur.
— Le bonheur ! murmura tout-à-coup la
vojx stridente de Mme de Graridcourt.
: Et elle fit un soubresaut terrible sur son
lit, et. elle se dressa sur soxi séant. \
Ses cheveux blonds et abondans se dé
nouèrent et tombèrent sur ses épaules l)lan r
cbes qu'ils voilèrent comme d'un crêpe. Ses
yeux étaient fixes et immobiLes. ,
5 — Le bonheur! répétait-elle avec ironie,
le bonheur!... Ah! oui,.fs'ëst vrai... je le
yois! " ,
Et un sourire dou ï, presque enohanteur,
(,a reproduotiorjetla traduction sont interdite;
i$
"éclaira'un'mômerit son visage." • \
—Le bonheur, le voilà... Lé voyez-vous?
le flot l'apporte; attendez..-, il s'approche...
nous allons le saisir... Prenez gârde,, il va
mouiller nos pieds] comme son écume est
blanche !... Ali ! cria-t-élle d'un son de voix
terrible... il s'en va : le flot l'emporte. -
Et elle retomba sans mouvement sur son
lit. Puis à cette crise en succédait un autre.
On la v 'voyait se débattre- dans, les- convul
sions, elle sé-tordait' les bras; elle frappait
avec ses poings la-^muraille; '-elle meurtris
sait ses doigts, sà poitrine; : glle s'arrachait
les cheveux.' ••■>'• • . - •
" — Quel -gouffre !. reprenait-elle... .non...
non, je.ne vaux pas... laissez-moi...
g|Et elle s'enveloppait -dans ses couvertu
res, et-elle se cachait comme si un serpent
•fascinateur'se lut avancé vers elle.
A chaque-parole Eugène, frémissait; il
tremblait qu'un mot ne révélât le sombre
.mystère aux orcilles'du mari; et sous pré
texte qu'un pareil spectacle était fait pour
fendre le coeur, il cherchait à l'entraîner au.
dehors.Maiè,-à chaquesupplicati'ondujeune
homme, M. de Gràndcourt se. bornait à ré
pondre: • ••♦'• •
— C'est à moi de la soigner; mon devoir
: est de ne pas la quitter.
Le médecin vint ; il regarda la malade,
lui priUe pouls, tâta son front brûlant et
ordonna les sinapismes aux pieds, il fit api
porter de» la glace- et recommanda que, de
cinq-minittes en cinq minutés, on lui re
nouvelât des compresses d'eau glacée sur les
tempes.- . •
,— Que faudra-t-il faire encore? demanda
M. de Gràndcourt,
-• ' — Rien... attendre; répondit le docteur,
'd'un air sombre.- " - • " " .'
11 interrogea le mari-sur les causes qui
-avaient pu déterminer, cette congestion cé
rébrale. ■ • ' '« •'
. M.- dè Grandcôurt lui fit part des craintes
qu'il avait depuis quelque temps et des rej-
l'J V ît". / ■'.-v.- Ôî) iiiOlî 01 , i J: ®
marques qu'il avait faites 'depùis la fatale"
rencontre avec Belle-Langue.
■ Tout cela n'expliquait au médecin que
d'une-manière fort incomplète les causes de •
la maladie. • '■. • f
Pendant ce temps, Eugcne, qui allait de
côté-et d'autre, passa derrière, M. de Grand- •
court, et, saisissant ùn moment -où celui-ci 1
ne pouvait le voir, il. approcha son doigt' de :
ses lèvres, comme pour' recommander le ;
silence, et,-à chaque explication du mari, il
: fesait derrière ses épaules un signe de tête
négatif. • . .
Les docteurs sont accoutumés à tout; ce
lui-ci ne laissa voir aucune émotion, mais, :
en s'en allant, il pria Eugène de l'uccompa- -
gner. En deux mots l'avocat le mil au cou-: '
rant du vrai motif de la crise. !
— S'il en est. ainsi, -murmura le docteur,
la secousse- a été trop forte, il n'y a pas de ■
remède.
. — Vous me promettez le secret? dit Eu
gène d'un son de voix solennel, car ce n'est ; -
pas le mien, le hasard m'en a fait pos
sesseur.
— Uu médecin n'exerce-t-il pas une'es
pèce de sacerdoce? Il a, lui aussi, son confes- .
sionnàl qui est sa conscience; tout s'y ense- '
velit comme dans.une tombe.
Vous ferez en sorte de la sauver.
— J'y ferai mon possible, mais je.ne l'es
père pas. Venez toutefois avec moi, je vous ;
donnerai une potion calmante qui détermi- i
liera peut-être. pour la nuit un profond ;
sommeil : si elle dort plusieurs heures, elle ;
-est sauvée. •
— Oh ! merci, docteur, merci.
— Est-ce que vous aussi vous l'aimeriez?
. — Moi, non... Mais, si elle meurt, mon |
frère mourra, '
— Ah ! votre frère !
" — Gui, il a seize sus, c'est un enfant, et -
je ne voudrais pas qu'il meure..... Puis, je ;
vous avoue que je me suis attaché sincère-,
ment à M. de Gràndcourt.
Quand Eugèné revint avec la' potion, il
.trouva le comte et son domestique occupés
à contenir, la pauvre folle. Une crise plus !
' forte s'était déclarée; la malade voulait-sor
tir : elle parlait d'aller à Vierville, et, si on
ne l'eût maintenue de force, elle serait des
cendue en chemise ■ et pieds nus dans lai
rue.
—Il m'attend, dit-elle d'uu air mysté
rieux : la barque est là... Alban, cria-t-elle
tout à coup, etes-vous là?- r .' > ■
— Alban? répéta le-comte; quel est cet
homme?
— Nous y voilà, pensa Eugène. 0 mon
Dieu, pria-t-il, si elle doit mourir, ne la dé-i
shonorez pas, et ne jetez pas dans la vie de
cet homme une amertume éternelle. .
— Alban! Alban! venez,-partons!£la mer
est belle : la barque est-elle prêta? ^
. — Alban, répondit Eugène, qui "eut une
" idée, c'est un pauvre pêcheur de Vierville
qui a conduit Mme de Gràndcourt en mer:
elle est revenue malade de sa course, et ce
pendant il m ? a dit, au retour, que, s'il n'eut
résisté, la comtesse voulait, aller ' en pleine
mer jusqu'à ce qu'elle eût perdu la vue des
côtes. ' . , :
: Cette réponse, faite avec, calme, rasséré
na le front du.comte. * .
— Alban j continua la comtesse, prenez
garde à Belle-Langue... Ramez donc, :ra-
mez donc.,. Ah! Alban est tombé dans-la
mer, et Belle-Langue a pris sa place, je siiià
perdue ! ... - , ■ \
■>—.La malheureuse a le délire, dit Eu
gène., , ^
— Ne me touche pas, assassin !... ta main
est rouge de sang, c'est.le .sang du prince jî
Non, c'est celui.de mon mari..,, Anatole..;.
Anatole..,, mon ami, pourquoi ne l'as-tu
pas. tué? C'est toi que j'aimé. . . . - j
Un ange sans doute, avait, entendu la
prière d'Eugène;"il se tenait probablement
au chevet de la malade^, écartant d'elle lçs
paroles accusatrices, et enveloppant. ses di's-
• if f. ■ i
cours d'un sens caché et mystérièux.
On .atteignit le soir; .,
-Le comte, .Eugène et le domestique firent
prendre de forcé à Mme de Gràndcourt là
potion, i calmante. Quand elle l'eut prise;
Anatole; congédia Eugène et le domestiqué j
et, lorsqu'ils furent partis', il s'agenouilla
au pied du lit de -sa femme, et pria : " . ■
— O.mon Dieu! dit-il, que votre volonté
soit faite ; mon sort est actuellement, entre
vos mains,! -, 1
• Et il attendit ainsi, les yeux fixés sur
ceux de sa femme, appelant le réveil'de
son aine. • , ,
Une heure après, -,l'agitation cessa, une
sorte-dé torpeur appesantit les membres dé
la malade; ses yeux fixes, démesurénient
ouverts, se formèrent peu' à peu ;"à là res
piration de plus en plus, régulière, M. dé
Gràndcourt comprit que sa ferpme - allai},
dormir. "■ : '
Il resta plusieurs heures ainsi, priant tou
jours , espérant lasser Dieu par ses prièr
res. 11 avait enfoncé sa.tête, dans ses maips,
il essuyait s,es larmes aii fur- et à mesure
qu'elles coulaient.
Tout à coup il sentit une main froide et
déjà glacéé sur son front, il releva la'tetè
brusquement. .
Ami, te voilà !, dit une voix douce et.
mélodieuse. » - '
Puis la voix s'arrêta un moment. ,
— Où suis-je? murmuta-t-elle. i
. Les yeux redevinrent hagards , et la ma
lade fit un-mouvement en arrière; puis elle
courba t la tête comme si elle, eût eu- peu>-
d'un coup qu'on allait lui donner. Cétaît
la connaissance qui revenait,'et, àvéc ellej,;
le souvenir,, la honte et le rémords. . " ! *
M. de Gràndcourt se" précipita sur cette '
main glacée, mais là comtesse là lui retira. "
— Anatole, relevez-vous;lui dit-élle" d'u- '
ne voix-ferme; ce n'est pas vous qui devez"
être à mps. pieds,-, c'est moi 'aux vôtyes !
Et elle, rfit un mouvement pour se préciç
ter à ses genouil
Anatole la retint.
' ^- Donné-moi,à boire, j'ai soif; et puis il
me faut dè la force, j'ai à te parler. .
. Quand elle^ut bu :
— Mon cuni, je-vais mourir. ■ '*
, Aiiatole lit un geste,, elle continua :
— Je vais moùriri...je le sens... cela l'af-
fliget.. que tu es'bon!... mais je m'en vou
drais de te donner unie espérance 1 qui né
servirait qu'à te causer une plus grande dé
ception. 1 ' Là- 1 vie est usée en moi... je n'ai
plus qu'un soliffle àréndrë, et je serai mor
te..: Dîèii permet'que j'aie' assèz de force
pour me repentir,
Un' prêtre,, dit-elle tout à coup, envoie
cherchér ùn prêtre. "
... Quand-son mari fut revenu, elle reprit : .
— Avant de demander pardon, à Dieu de
' mes fautes, jfe veuix me presetiter déjà par- -
donnée par toi. - Il ne me repoussera plus
quand tù m'auras bénie.
. J'ai'.été 1 '.bidn mauvaise, pauvre ami, et
tu n'as' pas ,dû souvent en comprendre la
çausej"tu étais si simple ét si bon ! et moi*
j'étais si fausse et si dissimtilée 1 Ah! mon
imagination m'à'perdue, et puis j'ai pris en
grippë 'ta ctilture. Au lieu de me nourrir de
, remplir mes
devoirs, et'tQutce qu'il aurait fallu faire
m'ennuyait, tandis que j'aimais tout ce qui
m'était interdit. '
Ces quelques, mots résument toute mon
existence.;Là révolte d'une ame contre la loi
de Dieu et .des horianïeSj, telle a été ma vie,
vie précieuse que j'ai consumée en inutilités
ou en fautes..
Pendant cë temps, que faisais-tu? Tu te
étais "bbn;;C'festè'peiné.Si à- ; nièfe' folles idées
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