Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-10-22
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Description : 22 octobre 1857 22 octobre 1857
Description : 1857/10/22 (Numéro 295). 1857/10/22 (Numéro 295).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
42 : AMVÉE. - N'295.
BUREAUX A PARIS i rue de Valois (Palais-Royal), nMO.
JEUDI 22 OCTOBRE 1857*
ÂboBBemens des
trois "mois ." . .. ? 16 fh ;
SIX MOIS.. t. . 32 FR.'
inr an — M râ.
foc* ifs *>>*-■■ éïaïKGKHB, voirie iableau
publié La 5 et S» de chaque mois.
JOUR
Imprimer!-X. BOiOFACB, rwd« Boti»-JKoCB««,i9. r- ; -.V'. v..î ^ . .
'I ■: " : ..-■'■■■■■■■■{ . f } |
Le ijîcCa d*abosnement le plus simple efet l'envoi d'un bon de poste oudîun effet sur t 4 f ■ . 'S-Lesjettres ou envois,d'argent son affranchis sont refusés.
à Tordre de L'A»MisTaAXEBH du journal, rue Yalois, n* 103 -V" ï * ' »
POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
res ou ermik, argent "RCISL AFEBjpicfli# stoit
Les articles déposés ne sont pas rendus.
9
Abtinnemejis de Paris.
TROIS MOIS , i.. ? 13 FR
«six mois; ., ;... 2G fr .
ON AN.. . ... .. S2 FR3
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de chaque mois,! '
Les ajwosces sont reçues chez M. i»àmi8, réçisseur des journaux,
™tTch e z MM. Bigot et C% 8, place de la Bourse.
Nous publions aujourd'hui le deuxième
article sur ïet Galeries publiguesde l'Europe.
L'administration du Conslitutionnel K dési-
rant être agréable à ses souscripteurs, a
traité avec l'éditeur pour' le magnifique vo
lume de la Galerie de Rome, et l'offre en
primé à ses abonnés, au prix réduit de
ti&ntï-th 6, is 'tkàncs . On'sait que le prix de
,çe bel in-folio est de cent cinquante francs.
Pour donner une idée à ïios abonnés de
l'importance de «et ouvrage, nous leur, en
verrons très pro.chaineQientun prospectus
illustré-. '
PARIS, 21 OCTOBRE.
. Nous poursuivons nos études sur l'amé
lioration du régime pénitentiaire, eu pre
nant toujours pour guide ■ te remarquable
compte-rendu de M. Perrot. Nous avons
" parlé des maisons centrales : nous rencon
trons ensuite des établissemens non moins
dignes d'attention. Nousvoulonsparler des
maisons dçcorrection destinées aux;jeunes
'déténus. Ce sujet* doit être familier à nos
lecteurs : nous l'avons traité à plusieurs re
prises avec des développemens sur lesquels
ilseràit inutile de revenir. Qu'il nous suffise
' de rappeler que, t notre' avis, le nombrie
des mineurs de seize ans, condamnés à su-
-bir l'éducation correctionnelle, s'est.aug^
^ùieUté dans, une proportibn exorbitante.,
Les tribunaux, scion nous, se montré rit
peut-être trop prodigués de ces décisions,
qui exerceht' sùr lfa'venir dès enfàns ùne si
.grande influence. La loi, sans doute, pro
nonce l'acquittement parce que le coupat-
'ble n'avait pas le discernement nécéssairé;
mais ce n'en est pas moins uhe détention,
Un séjour dans une prison, une flétrissure,
. Adulte et. condamné pour. vol, pour vaga-
bondage> pour mendicité, le délinquant
eût encouru ùn emprisqnhemënt' de ~ six
' mois, de deux inois,;d'u n Kiois, de quinze
"jours. Mineur de" seize ans, on lui inflige
> une incarcération 'qui doit : durer : dè quatre
à. luiit années. Encore,si pendant ce laps die
temps sa régénération morale était assurée.
Mais, il n'en est rien. f l! sort ïïe là," le plus
Souvent, aussi mauvais .qu'il y, ; était entre.
' Pour les filles surtout, à qui l'éducation de
la famille est indispensable, les coriséqueriV
çe'de cette longue détention .squt i'réifuem-
- ment désastreuses. Ajoutons «que* ces sen
tences Secondent maintes 'fois lés .inten
tions odieusés de parens 'péu.Meçtionnés,
qui cherchent à se débarrasser de leurs en-
fans au préjudice de l'Etat, et qui mérite
raient d'être punis, à la placé des malhou-
*reùx^ qu'ils "abandonnent volbtitàiremeint
aux sévérités de la vindicte publique» • '
; Telle est> en peu'dé mots, notre profes
sion de foi sur la question des^ jcitiies déte
nus. Au reste, i?admiinstfâtfoii est Raccord-';,
avec nous sur le péril qu'offre • l'augmenta
tion de l'effectif, é/ noùs*véiT.ohkq^eile;.n'a
rien épargné pour, y'porter r.çmèdo. ,Én*
1837, il n'y avait -en tout que i>334- jeunes
détenus. Deux, anâ après,~ on ën compiait
A,m ; en 1851, ' S,607;. en ,18o2, 6,443 ; m
4853, 7,715 ; en, 185'4, 9,158; en .'*835,'
0,818. .On voit que la procession était vrai
ment - alarmante. II . est vrai'que, sur, l'es
observations pressantes de l'administration
et d'après les instructions -d'une circulaire
de M". le gàrde-des-scèaux, les tribunaux
ont restreint le nombre des décisions de ce
genre. En 1836 ; la progression s'est, ralen-,
tie : au lieu d'une augmentation, normale
4 ô i ,800, l'accroissement n'a plus été que
*4e 700, C'est un progrès, niais éhcbr.e bien
f insignifiant, à coup sur; ^
Constatons d'ailleurs que l'administration,
s'est efforcée de faire face-a U difficulté eh
■s'occupant'avec zèle de la régénération des :
jeunes détenus. Pour parvenir à ce but,
elle : a donné une extension con^'idéiablf '
aux colonies agricoles. C'était/selon nous,
agir-sagement. Le travail , de. ila, terre, est ;
essentiellement moralièateur. Il élève ram;e
en fortifiant le corps. De plus, il fournit ail
jeune colon des moyens d'existence hono
rables dès qu'il est libéré. Enfin, et c'est
lâ une considération générale.'qui a son'
importance, ce système procure aux campai-1
gnes des bras dont elléS:ont umbesoin ur
gent. 1 Avant 1850, on ne comptait en Francie'
.que 13 établissemens agricoles consacrés;
aux garçons, et que 9 destin^» aux filles, il'
y en a en ,1855, 21 pour les premiers, èt-25*
^iour les secondes. . -
Les quartiers annexes aux maisons cen
trales ont déjà disparu pour lès filles. Es- -
pérons que, dans un avenir prochain, on :
les. supprimera "égalemènt pour .les gar-!|
çons. Une colonie correctionnelle de 500-
jeunes détenus-est sur le point dé fonction-^
ner en Corse. En somme, il y a. quatre Cû-"
lonies agricoles ou quartiers industriels dé
pendant des maisons centrales de Clairvaux,
de Fontevrault', de Loos ,e"t de Gaillon, "diri
gés .par des instituteurs spéciaux; une co
lonie correctionnelle en Corse; 7 maisons
Ou quartiers spéciaux d'éducation correc
tionnelle, dont 2 reçoivent les deux séxes ;
•3 dès garçons seulement, et 2 des filles; 19
colonies agricoles ; 23 maisons religieuses;
et à Parisj un ouvi'oir pour les filles et une
société dè patronage pour les garçons: Cette
énumération indique par. elle-même ' lés
points sur lesquels le progrès doit porter
Au 31 décembre"! 855, -on'-é&ijaptait dans
les divers établissemens d'éducation correc-
tionnclle 9,8l8 déteùus : 7,908 garçons et
l,9l0 filles. On remarque d'abord que, sur
ce uombi'e, la moitié appartient à peu de
chose près à la population des villes, et l'au-
tr.e moitié à cèlle des campagnes. "Il n'en
est pas cle même pour lés adultes : confor
mément aux - lois proportionnelles, de la
.population , lés adultes condaiftnés," d'b-
riginè rurale, sont en nombre presque
double de ceux des ville's. Celte différence
s'explique aisément. Dans les campagnes,^
le concubinage règne moins. Les ènfans île
sont point une charge pour leurs parens.
La population'mêlée des villes -est destinée
surtout à produire le triste contingent des
jeunes détenus. ,
Si l'on consulte la profession antérièure
des jepnes détenus, on arrive à des rësul-;
tats analogues. Ainsi, sur les 9,818 de la fin
de ! 855, 0,817 étaient sans profession avant
leur jugement, 1,965 exerçaient un .état in
dustriel, 1,036 seulement travaillaient à la
terre. Dans le chiffre'si élevé des enfans
sans, profession, 'éclate l'incurie des pa
reils, incurie fatale qui se manifeste dans
toute son étendue, lors de l'abandon du
malheureux en faut aux rigueurs de la.jus
tice. • ■ " • '
Surles9,8t8 détenus de' 1855,8,138étaient
légitimes; 1,680 étaient naturels* 3,368
jetaient privés de : leurs parens; 931 orphe
lins de père et de me-re; 241 enfans trou
vés. A propos de ces' chiffres, no\is insiste
rons sUr une cause qui augmente le. nombre
des comparutions, en police correctionnelle
et; des 'condamnations.. Nous entendons
paVler deâ seconds mariages, qui trop sou-;
vent sont funestes aux enfans du premier
it. Leybeau-père ou la bëllë-mèré prennent
en haine ces infortunés Le père ou'la mère
égitimes,. par faiblesse ou par peur, ces-
sentde les protéger .'On les maltraite, onles
bat, On lés nourrit mal. Les infortunes
désertent ce toit inhospitalier. Ils sont lais
sés.en état de> vagabondage. On les enfer-,
me jusqu'à dix-huit -ou vingt ans;^L'inter
vention opportune d'un commissaire de
policé ou d'un procureur impérial eût pi'é-
venu cé malheur. . .
C mplétons w ces renseignemens, «i pré
cieux à méditer, en- prouvant que le dénû-
mei:t des familles n'-est pas la cause princi
pale qui détermine l'abandon des enf'&n#.
Sur les 9,818 jeunes détenus de. 1855, 320
appartenaient à des parens dans l'aisance,
5,310 à.des parens qui vivaient de leur tra
vail, 1,963 à, des. parens sans profession,
.■■S!*' -:Vr .
mendiansf prostituése, 1,050 à des parens)
inconnus, disparus où décédés, 1,156 à des}
. repris de justice. Il résulte de ces chiffres
que, pour 4,169 enfans, l'abandon, dan4
une certaine mesui*e, peut s'expliquer par
l'état" civil dés parens; mais que, pour 5,630,1
il ne saurait être expliqué par la situation?
de fortune de la famille. Notons,' au demeu-j
; rànt, que les années précédentes offrent des]
résultats, identiques,
Quelques départemens fournissent unf
nombre énorme de jeunes détenus.'En 1855;
lâSeine en. donne 1,360, le Rhône. 450,' le
Bas-Rhin '400 ; grands centres dé population, "
grands foyers industriels. Six départéméns'
en procurent de 200 à 250, tandis-que cer
tains départemens agricoles n'en présèntent
çue de 5 à 10. Au point de vue de l'âge,!
nous voyons que, parmi les jeunes "détenus!
de 1835, 251 sont âgés de 7 à 9 ans, 802 de j
9 â 11 ans', 1,873 de 11 à.l3ans. On ne peut!
tfop réfléchir sur .ces chiffres,- qui démon-J
trent, ce nous semble, la justesse' de nos
observations sur la' nécessité de rendre!
moins nombreuses les décisions qui or-j
donnent l'incarcération correctionnelle. Si]
nous envisageons Féta^des jeunes détè-|
niis.de 1855 au point de vue de la crimina-S
lité, nous nous apercevons que les attentats]
graves contre les personnes et la propriété,]
tiehn'ent une place infime. Les vols sim-3
pies, et, parmi ces vols, l'expérience" nousî
a appris qùé 'beaucoup se réduisaienrà'desj
actes de gourmandise ou d'espièglerie, le
"vagabondage et la mendicité y figurent pour i
. 89 p. 100, et' ces derniers, les ïnqîns sérieux;'
qu'on puisse reprocher à des enfans> doj- »
vent être comptés pour un tiers. La'.di.sci-;
pline de la famille est. faite pour réprimer j
la plupart de ces peccadilles.
■ • Examiner scrupuleusement ces chiffres, 1
c'est démontrer, h. notre atis, qu'il faut.res- f
freindredans dégustés limftés le droit d'en-],
voyer dans des maisons correctionnelles les i
jeunes, délinquaiis acquittés. ^Cependant' le v
nombre de ces décisions augmente,"et la |
durée des détentions s'accroît. Nous, avaiis;
Constaté l'augmentation d.e Peffeçtif.' Quant
à la durée-des détentions, le travail de M.
■ Perrot nous apprend que la durée moyenne
en est de 5 ans et 3 mois environ. Daus les •
tableaux statistiques qui accompagnent son |
compté-rendu, nous voyons que 2,326 en- [
fans ont été condamnés à subir'de 6 â 8 ans
d'incarcération;-974 de' S à 10 ans; 274 de
10 à 12 ans. Rien ne peut mieux montrer le :
péril *des fictions légales. Voilà des enfans 1
que l'on acquitte ; ils sont dans l'âge où l'on ?
sait à peine ce que l'on fàit. Et pourtant ils ;
sont privés de leur liberté.pendant 8, pen- î
dant 10, pendant 12 années.
Exposons rapidement les moyens.qu'em-
ploie ' l'administration pour améliorer les
jeunes détenus. L'enseignement religieux ;
vient en première ligne; des aumôniers sont V
attachés à tous les établissemens. Les enfans,
qui appartiennent à d'autres cultes sont l'ob- '
jet des mêmes soins.. En 1835, 1,311 -enfans
.ont fait leur première communion, et 3,690 •'
l'ont renouvelée. L'instruction-exerce aussi'
son action utile. En 1855, parmi les illettrés,
1;956 ont appris à lire; 1-,461 à lire et à
écrire; 1,159 à lire, à..écrire et à" compter.
Parmi ceux qui savaient lire, 836 ont appris
à écrire; 523 à écrire et à compter. >876 ont
parcouru le cercle dé l'enseignement. En
résumé, 6,821 ont reçu le bienfait de l'ins-/
traction. .
Vient ensuite'le travail, instrument éner- "
gique de moralisation. Parmi les jeûnes dé
tenus de 1855, 4,528 ont appris la profes-•
sien agricole, 4,537 un métier industriel..
477 sont ■ réstés inoccupés pour des causes
diverses. Le nombre des industriels.a di
minué, mais dans une proportion encore
trop lenle^L'avenir donnera une prépôndé-
rance de plus en plus marquée à l'état agri
cole, .. : • *
• La •discipline parmi les jeunes détenus est
chose délicate. Des punition,s trop.rigoureu- '
ses ne seraient point admissibles, D'un au
tre côté, des enfans oisifs, turbulensj n#-
' ' sont pas faciles à mener. On ; a su combiner -,
l'élément de sévérité et l'élément de rë-
• -«ttuipease. Les chàtimens les plus usités'
sont l'isolement et là mise au pain et A l'eau.
Pour encourager la bonne conduite et Pass;i- T
v duité au travail, on . emploie • les gratificà- *j
tîons pécuniàirei, les jrostes dé confiance,
et, dans lès grandes occasions, lès réduc
tions ou remises de peine. • '
; Le chiffre, des. récidives prouve que ces
•••■•Morts ne sont «pas restés infructueux; ; La
statistique-criminelle nous apprend qu'elle
ne monte qu'à 100/0, tandis que; pour-lés'
adultes, elle s'élève à 33 0/0. En f somme ?
dans 1!espace de quatre années, 5,531 j eunes
gens sont rentrés dans la société;4,801 étaiérit.
dans'un état de vigueur tout-à-fàit saïisfai-,
sant. Un nombre à, peu près'égal avaient
reçu une éducation' religieuse; 5,029
'avaient, à des degrés dilfôrens, .profité - de "
l'enseignement' élémentaire ; 4,256 "étaiérit
en état-de .gagner .leur .vie .par .un état agri
cole ou industriel ; 3,462 avaient.. eu une
- bonne conduite constante ; 4>277 avaient
reçu, à-leur.sortie, des vêtemens.poùr plus-
de 100,000fr., èt '3j713 avaient été munis;
de secbûrs s'élevant à-'48,000 V- . v ! :
■ Maislà ne s'arrête pbint la't^che de'la
société. -Du moment que,.s'y substituant à
la famille, elle prend à. sa charge l'éducà-
ces enfans, il faut- ies suivre au-delà
de là prison et lèur tendre, au m:lieu des
embarras de la vie, une main secoui^ble.
Cette mission doit être remplie par les so
ciétés de patronage. A cet égard', nous,
nous associons de grand cœur aux vœux
qui ? terminent le. rapport de M. Perrot.
' L'Angleterre, en organisant l'Union Rèfor-
matory> nous a donné l'exemple : Sachons
l'imiter. Au reste, le principe du patrona
ge a été déposé dans la loi de 1850. Un; rè
glement d'administration publique , qu'éla
bore le conseil- d'État, piermettra de lui
donner une forme pratique. L'élan des hom-
mes de cœur fera le reste. Nous sommes en
France, et dans notre' généreux pays toutes
lés œuvres de charité sociale peuvent èom'pr
ter sur le succès.
IIENHY CAÙVAIN,. "
. Deux dépêchés télégraphiques nous font
connaître le résultat des délibérations d;i
divan ad hoc réuni à Jassy. : " . '
La première, datée de Vienne, £0 octobre,
est ainsi conçue": 1 .
• Vienne, 20'octobre.
; Le divan d,e Moidaviu a voie hier, à la pres
que unanimité, * l'autonomie de Ja principauté
confo'riâémeat aux traités conclus avec la Por
te, et en reconnaissant les droits de celle-ci ;
• l'union des principautés sous un prince étran
ger d'une dynastie occidentale ; un gouverne
ment représentatif, et la neutralité (Je ï'Etat.
La seconde* qui'nous "est transmise de
Jassy même, le 19, par.nolre correspondant
particulier, nous donne -le.nombre "des dé-
putés qui ont voté en laveur do l'union.
Le principe de la réunion des deux prin
cipautés sous un prince étranger a été adop-
,té par 82 ,députés contre 2. Les deux op-
.posàns - sont l'évêque de Romana 'et M:
Alexandre Balché. . • ,"
A l'issue du voté, nous dit notre corres
pondant, des nouvelles venues de Bûcha*
rest ont fait naître l'espérance au sein de
l'assemblée que les décisions des députés
de Valachie ne . seraient pas moins favora
bles, et que la même unanimité se retrouve
rait .dans les deux divans.
L. B oniface.
.arrêtées à Constantinople entre la Porte-Ottoaiane
.et les autres puissances. signataires dù traité de
Pt^rig, concernant , la convocation des divans ad hoc
qui, aux termes de l'article 24 dudit traité, de
vaient être appelés à exprimer les vœux des popula-,
tions relativement à l'organisation des principau
tés danubiennes. Le flrman dont je vous avais
.communiquéfouveriiement de, S.'-M. '.lë sultan, et les 'membrès ?
e. la' commission spéciale instituée' pàr l'art. 23,'-
'se«6nt rendus.sur les lieux,pour y veiller à son
exécution et'pour se mettre plus" tard én relation
•avec les divans.
» Le peuple de la Valachie et de là Moldavie,,
aujuel Jes puissances européennes, ; d'accord- avec
la Porte, avaient assuré-le,droit,de concourir par
i:expj0ssiôu' de ses" vœux à Ja . révision dè sés-an-'
çiennës .immunités èt. privilèges ; ne pouvait
àu'eti'e vivement pénétré de la haute' impor
tance ! du mandat dont ses' députés allaient : etre
chargés. Les éleetionspourlesdivansdevaientdonc
naturellement préoccuper taus les esprits; et les (
électeurs, en se préparant à user de leurs droits,
"ne pouvaient-pas^ne'point discuter entre eux "les
.grandes questions sur lesquelles leurs mandatai-"
ïes J aurontWse prononcer au nom du pays. Si
dans;un moment aussi solennel l'espoir d;ùn ave
nir .meilleur et un patriotisme ardent-.se sont
, manifestés avec une certaine vivaoitê, l'on ne sau-
raif eependarit refuser aux'Moldo-Valaqués le té- 3
moigïiage'ljûé,jusqu'à présent, ils ont scrupuîéu- -
sçment respecte , l'autorité des lois et les.ordon- •
fiances des'administrations provisoires qui lès ré
gissent en -vertu-du règlement organique. Nulle
part •!» itranquillité publique >n'a été itroublée ; *,
nulle.part,des ^désordres ivont pu faire regretter '
la confiance que l'Europe avait placée dansle bon J
'esgritde'cés'pbpulatioùs." ' , , . ' J
; ;»' Dne des questions les'plus importantes sur la-
qiielle'lès divans auront la faculté -d'émettre un-
•avisj'est'celle de l?union politique des deux prin-
cipautés sous un seul gouvernement solidement
constitué. Cette-question n'est pas-neuve; elle à
.été /4opuis: long-temps, l'objet des .préoccupations
4 hqmmes sérieux^- elle 'sevtrouve''déjà'indiquée
dans ;'Je 'ïégljement. organique ; jalle a été' sou^
mise.en' lf*55 à'la'conférence 'de Viehne, et. c'est ■
ail eongïès de Païis que les représentans de plu-
Riplll>C TkiikcnniVdc; câ . -p^QUOncéS '611
J S .w* Ui4*w * V** M U> n Vliioll"
dre à cet égard, une des - raisons principales pour
lesquelles on s. est décidé à consulter les-'vœux des
populations'et "à charger une commission spécialè
de s enquérii 1 de l'état actuel des principautés, a
été, sans aUcuri'doute, le besoin de rassembler les
élémens -nécessaires a une étude approfondie de
la question de l'union.
» Ï..AS vftï.iiY-HflS •Hfrrnnft fnrm#vnnnf/nn /In nûcvÀlA.
■Un de nos correspondans nous, commu
nique, dit l'Indépendance-, la dépêche confi
dentielle suivante', que lë gouvernement
prussien, , dans .la question de l'union des
principautés, a adressée, le 28 mai dernier,
a ses agens à l'étranger, domine nos lecteurs
vorlt en juger, cette pièce conserve de l'in
térêt, puisqu'elle fait connaître la.position
de la Prusse danscette question, La dépêche
est ainsi conçue ; ...
« Berlin, 28 mal 1857.
-«Monsieur, , " . ,. : ; i
« Par ma dépêche du 30'janvier, ainsi que pai-
■le mémoire .explicatif qui y était annexé; 3e vous
ai fait connaître les dispositions qui avaient été
«WQ|>*VK uu JV lUUlUUOJi UU 1 Ul.
dre sans lequel'les droits et les libertés des peu
ples s'ont illusoires, voici' autant d'tiutres élémens
qui fturont tout' le poids inhérent à leur impor
tance "dams les délibérations du futur congrès eu
ropéen, 'auquel il appartiendra de fixer l'organi
sation définitive des principautés.
; » Pour ce qui.concerne l'union,'nous nous som-
riiBs toujours ' expressément réservé notre vote
pour le' moment où la commission spéciale auifi>
conformémènt à l'art. 23 du' traité de Paris, trans-
tnis feu «iége des conférences- le résultat de son
propre travail.'Jamais ni le représentant du roi à
Constantinople,: ni son commissaire à. Bucharest
il'.ont pris une attitude ni tenu un langage qui 11e
fussent pas strictement d'accord avec cette réserve. '
' ,» J'appuie sur ce fait,, parce que la malveillance
a pris-a tâche de suspecter.les intentions du'cabi
net du roi et • les procédés de ,sos organes/ Notre
commissaire a conseillé à toutle monde le calme,
le resgect.des lois, la fidélité envers la. puissance
suzeraine. - •■•.>■ ■' .■■■
» C'est dans le même sens qu'il s'est constam
ment appliqué à agir, sur; les administrations lo
cales, tant à Bucjiarest qu'à .Jassy. ,Sa conduite a
été non-seulement conforme, à l'esprit du ; traité
de Paris, mais elle est aussi de ' nature à écàr-
térledangerd'une trop grande agitation politique,
qui. pourrait! être provoquéepaiv une aotion violente
et arbitraire des caïmacans. Nous espérons que'
tous les. -prinqipès de légalité et de conciliation, afin : que
îa coxnmission, sans aescendte dans l'arène des
partis,'mais aussi saris déroger à sa dignité,par
une fausse Indifférence et : unlaisser-faire poussé
trop loin, puisse .suffire àJ.a. tâche...ardue qui lui
est dévolue par la confiance des gouveynemens..
wJe me réservei:M .,i ,:de vous faire part en sqn
temps du développement-ultérieur des questions
qui se'rattachent a la situation des principautés
danubiennes. ; - -
, » La présente communication n'est destinée qu'à
votre information personnelle, afin que vous puis
siez réglèr votre langage d'une înaniôre conforme
à la manière de voir du cabinet du foi;
J'abandonne, toutefois, à votre tact de faire de
cette dépêche' l'usage confidentiel oui tous sem
blera convenable. ■ t
n.Ueceveïi eto„ :
V> Signé,. MAN'TKCFFKL. »
; Nous avons emprunté hier à là Gazette de
la BoUrse une lettre de Vienne, dans la
quelle lé correspondant .de ce journal croit
pouvoir protester contre; les allégations de
certaines feuilles étrangères qui ont préten
du qUe l'Autriche cherchait à embarrasser
les travaux de là commission réunie à Ga-
latz, pour l'étude de la libre navigation du
Danube.
Hlné tiovivelle rectifiteatiolv est publiée au
jourd'hui par \'Osl-/)mtsche-I J os(, jju sujet
d'un refus de la. part de l'Autriche de com
muniquer à la commission de Galatz les"
cartes du Danube. Ce rçfus ne pi'oviendrait
pas , comme il a .été dit, des autorités
autrichiennes, mais de, la compagnie "com
merciale de navigation. Cette Compagnie,qui
se voit menacée par l'ouverture du Danube
ii tous les pavillons étrangers, •: avait natu
rellement . le droit de refuser dés docu-
mens qui sont sa propriété ; «lie a donc ré
pondu aux comtàisaaires qu'elle ne pouvait
satisfaire à leurs désirs, et la commission,
a dû aviser, à se.procurer ailleùrs ; les : cartes
,et les plans qui lui étaient nécessaires; 1 par
ticulièrement pour; l'étude» de la'partie du
fleuve' au-dessus d'Orsowa. • ; . • •
* Nous -n'apltréciérons pas la conduite de la
jiGompagnié autrichienne de-navigation, pas
plus que nous me chercherons sa savoir si
son refus a été complètement libre ; nous
nous bornerons à enregistrer "les . décla
rations . des ' deux feùilles ' - allemandes ,
au sujet des intentions nouvelles de" l'Au
triche, intentions: qui sont miëur indi-
quées-encore dans le dernier numéro' -du
dour.nal.de Francfort, L'orgàne avoué du ca
binet autrichien reconnaît aujourd'hui'hau
tement, à propos .de la récente entrée dans
le Danube-de deux vapeurs française rus
se. la Meurtrière et .Vôrdinaivs, que -lè Da
nube «doit être libre » t et que^a c^est là un.
» grandit glorieux progrès dans la ques-
» tion des communications internationales,
» ainsi que-dans le développement du droit
«-européen,» . ..
.Une reconnaissance, faite ,en termes si
clairs et si solennels, du principé de là com-
Slèté liberté du..Danube, mérite r âssurément
'être enregistrée, et nous' nihésitons pas â
en faire è.onneur au cabinet-âutrichien. *
' ' " :' E rnest- D kéolle.
X:;:' ?ii.É«iûpiîîE:ï > ^ni3E.'-
■•:•■■"-.■.f-Londres, 20 octobre.
Dans fa Cité on considère comme temporaire
l'élévation, .du taux de l'escompte.'; , f.
L'argent étaiit plus abondant aujourd'hui ,et
les consolidés sont restés. très fermes de 88 <5/8
à 88 3/4. Il s'est oj/éré pour compte de la
culatto'n à la baisse des rachats importans. ■
Le nouveau différé d'Espagne est coté' de 2a
3/8 à 2a 6/8. . , • (Havas.) i
• Londres, 21 octobre.
Les nouvelles de New-York, du Ô octobre; di-
sent-que la park-bank, à New-York,- était as
siégée par .la-foule, et qu'elle payait bien: Les
'fonds étaient' en baisse. L'argent est rare et très
demandé: Le change étfdt flottant fet ûômijiâl, '
J ■„ '(idem.) ,
Berlin," 20; octobre. > "
Le roi a pu passer, "hier, sans trop de fatigue»
une heure entière hors de son lit.,; ' - r;.
Pendant lu, nuit, S.-M. a reposé péndant huit,'""
heures d'un sommeil tranquille, i s > (Idim.)
Berlin, 20 octobres ^ ,
On mande de Saint-Pétersbourg, ,à,la date du-
19, que lé gouvernement russe" vient de publier
une déclaration officielle portait „q\i& seule
ment Anapa, Suk\im-Kaleh, Rodo *utrKaleb, sur
la côte asiatique de la' mer Noire, ; seront ou
verts aux navires éjrangers. Un visa russe y se«
ra nécessaire. * -. (Ide»n.) "
. .Madrid, 20 octobre.. .
Lfe joumâi ôfflcièrannonce que la rèine est
arrivée, au neuvième mois de sa grossesse. ,
• Rien de enangé dans la situation.!.
Dais tous les ministères, excepté : ceux de la-,
guerre et de l'intérieuri l'expédition des affai- „
res continue d'être faite par les sous-secrétalrfes
d'Etat. •• .{Idem.)
(Correspondance particulière duConsJiîttftpnne/.)
, - Civita-Vecchiav 13 octobre.
Sa' Sainteté ayant daigné accepter l'inyi-
tation qui lui avait été adressée par la ville
de.Civita-Vecchia, avait'fâjt annoncer son
arrivée pour le mardi 13. Cette nouvelle
n'était pas'plutôt connue ," que tous les
préparatifs se trouvaient déjà organisés. *
Sa Sainteté a quitté le palais du Vatican à
dix heures du matin, au ipilieu d'une foule
immense, venue pour la saluer âu départ
Le-nom du saint pontife a été acclame par*
déchaleureux vivats. . .
La-route que suivait le.cortège-présentait
surtout un coup-d'œil admirable. -De dis
tance en distance s'élevaient d'élégans arcs
de triomphe ; les bannières et lés oi i flam
mes aux armes du pape s'agitaient dans
l'air; le sol de la route, était lUtéralemént,
jonché de fleurs. c •
Des deux côtés du chemin," sur tout le
parcours, était rangée» une foule: émo.fe et
sympathique, accourue en toute bite des
campagnes voisines pour apercevoir l'au
guste voyageur et recevoir ,sa bénédiction
' ■ - -
IFEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 22 OCTOBRF.
BELLE-LANGUE:
" " Vf.. " . ,
Revoir Alban ! '" ' :
Telle est depuis le bal de là-^réfecture la
préoccupation constante de Mme de Grand-
court. . .
•Il faut qU 'élle instruise Alban' de là dé
couverte de leur secret, qu'élIe sache par
-If. Ix _ "«'ilnAmnlnnnAr ïï nul on
a à redouter de leur part* eti Tes moyens à
employer pour paralyser les efl'ëts d'une in-
ni«crétion. ' • • ' ■ ' •
Fllë sait qu^e penser; et cependant, au
dé sftii trouble, elle sent-instinctive-
meni^u'AibahVètirpeùl empêcher_Eugène
et Ravmohd de panèr. Hlle a dans son
adresse et dans son. énergie ; 'de^quelque
manière qu'il s'y prenne, il saura bien leur .
imposer silence, ' ' '
Mais Alban, où est-Il cette heure .et
comment le retrouver? Ellelui, f l ^ t . e I ï ' dl î
toute tentative de rapprochement, et il esj
troc chevaleresque pour manquer a "sa pa
role. Bi, du moins, elle pouvait lui écrire;
jnais eÛe ignore le'lieû de sa-résidence;
egt-elle sùrë seulement qu'il Rappelle Al
ban-? et, quant à tjtre de pyjpçe que le
hasard lui a fait connaître , îf ne- p^it luf
d'aucun secours pour 1 aider a decou-
srîF La retraite de. son amant.
P'un.autre côté, l'époque du rendez-vous
n'est pais encore arrivée ; ' il & écoulera un.
mois avant que Camille jmijsge espérer le re-
ia reproduction et la ^aduolioji wot U>ter4îîfi s ;
trouver a Vierville.' Un mois, dans la posi
tion où elle se trouve, c'est un siècle.
Non qu'elle 'soit toujours à son égard dans
les mêmes sentimens ! Les derniers événe-
mens, en lui révélant toute lâ noblesse ca
chée du caractère de son mari, sa bonté, sa
complaisance, son amour, lui ont donné
.singulièrement à penser sur la gravité des
torts qu'elle avait envers,lui; elle comprend
la nécessité d'être .désormais tout entière à
la réalité et au devoir. Elle veut seulement
se mettre sous la protection de l'homme;
qui peut la défendre ; et, cela fait, sa réso
lution est prise., elle rompra avec lui.
En attendant c.e moment" auquel elle as
pire, elle a décidé qu'elle.'.n'irait plus dans
le monde; ce sera le moyen le plus assuré
de garder la paix de son âme et de ne plus
exposer ainsi les jourg précieux- de son
époux, * •
Aussi, le lendemain de cette soirée où M.
dé Grandcourt avait si noblement confessé
ses torts en public, Valentine fit prier son
mari de. passer .chez elle. -
(Quand M, de Grandcourt fyt' entré, elle
lui tendit affectueusement la main ét lui.
dit :
— Je crois, mon ami, avoir fait preuve
suffisante d'obéissance à vos désire; je viens
VfijîS redemander la liberté. Vous aviez exi-
gé'que j'allasse. $ux bals de I4 préfecture,
parce que vous vous étiez imaginé que le
monde m'était cher; je ne l'aime pas, je
vous assuré,. Autrefois j'ai pu; désirer ar
demment ces distractions, mais les temps
sont changés et vous m'avez convertie ; je
chéris ma sqljtude de. Grandcourt.. Exiger:
une vie plus mondaine, c'est vous pondam-
ner à l'ennui,- car vous n-allpï que pour moi
dans les salons où je ne trouye nlus de plai
sir. Merci de vos attentions, dont je vous
sais un gré infini. Je vous demande la per
mission de ne ©H* accepter un sacrifice
inutile. .
— Comment ! dit M. de Grandcourt, stupé
fait, vous voulez renoncer -au monde. à vo- i
tre âge, après l'avoir tant désiré, quand vo- ■
tre jeunesse et votre beauté vous y assi- '
gnent une place choisie ?
— Oui, cela vous étonne j mais c'est ain- s
si. Que voulezrvous? En devenant vieux, le :
diable se fait ermite... J'aurais dû plus tôt
prendre ce parti; J'ai découvert, pourquoi
ne l'ai-je pas. découvért plus, tôt? qu'il y-
beaucoup a faire ici. Pendant que vous aïhé-
liorerexivos terres, j'emhellirai votre inté- r
rieur; j'ai quelques idées sur des modifica- ■
tions à introduire au château etdansle parc; à
je vous les soumettrai ; nous unirons nos "
deux-intelligences pour la plus grande gloire"
de la terre de vos aïeux. Ces changemens
nous demanderont le reste de la saison et
l'année prochaine : pour ne pas nous con
damner a l'isolement le plus complet, nous '
pourrons,, ainsi que vous me l'avez proposé
naguère, recevoir quelques intimes des en
virons, mais seulement des intimes, enten
dez-vous? ' -
—Très.' volontiers, dit M. de Grandcourt,
qui rie revenait pas: d'une pareille résolu
tion. Vous accomplissez le plus ardent de ;
mes désirs; c'était là l'existence que je rê
vais pour vous au commencement de ncjtre
mariage j n^lheureusement, à 'cette épo- ■
que, nous: n'aVions pas les mêines idées.
~ Ne parlons pas du passé, reprit Mme
de Grandcourt, j'aurais trop à faire oublier; :
j'ai été folle, je le confesse,-j'ai voulu'Cher
cher bien loin un bonheur que-j'avais sous
la main, Dieu m'en a punje en m'avèuglant;
je vous f|eii$nde parçfpn, mon ami, de tou
tes mès inégalités d'humeur, de mes biïar- i
reries. Je o'etais, il fapt bienle dire, qu'une •
petite pensionnaire pleine de caprice^ qui ?
croyait que tout le monde, devait lui obéir.
: Vous m'aviez gâtée, et les quatre semaines
passées à Paris, én m'éblouissant, m'avaient
rendue exigeante. Au lieu d'être légère,
; dissipatrice et coquette, je ..me contenterai
tout simplement d'être bonne épousé, et;
avec votre • aide, je ne désespère pas d'y
parvenir.
M.-de Grandcourt- écoutait en extase; sa
- femme se révélait à lui sous un jour nou
veau, il ne l'avait jamais vue avec ce teint
animé, ses yeux si beaux et si limpides, cet
air de franchise et d'amitié. '' -
Dans les premiers temps du mariage, Vatr
lentine était maussade, -mécontente et irri
tée, et rien n'enlaidit comme la mauvais
humeur.
Après le voyage d'ingouvilley Cette sorte
d'irritation sourde s'était peu à peu adou
cie; mais elle s'était changée en une mélan
colie profonde que l'on voyait .percer dans
la plupart de ses paroles ou de ses actes,
maigre le soin qu'apportait Mme dte Grand-
court à la dissimuler. Anatole ne s'y- itait
pas mépris: c'était la résignation de rennui
impuissant à sortir du cercle dè fer qu'on a
tracé autour de lui, mais c'était aussi un
progrès de caractère qui demandait en ér
change quelques concessions, et il y avait
répondu immédiatement en -lui ouvrant les
• saÏQnsi du ohefclieu, et en faisant briller à
ses yeux la perspective d'un nouveau voya
ge à Paris. - . -
•Aujourd'hui sa femme entrait dans la
troisième phase de son exis'tence, elle : ac
ceptait* non plus ën murmurant, nba plus
avec résignation; niais ayeo joie,les néces
sités de la yi$ conjugale. M. de Grandcourt
se sentit l'$me inondée d'une douce ivresse •
il s'avança vers la comtesse, lui prit la
main, et déposa sur cette main un baiser
humide de larmes. ' '
Mme de Grandcourt en fut émuçs.
C'était pourtant cet homme si bç# qu'elle
avait odieusement trahi. " 4
En- ce moment, il s'en fallut de bien peu
que la réco'nciliation ne fût complète entre :
les deux époux; mais cètte conversation, -qui
semblait devoir les rapprocher, avait un in
visible témoin :
- Dieu !
• Dieu qui ne permet ]iâs toujours ain»" à
la femme> adultère de ; n'avoir qu*^ l re
pentir poui' être heureuse. f'Â c Pr n"it vrif
ESrf ITOP ïî mm,îi « ; tee fiiS
nité ' P s ' heureuse dans l'éteiv
^.ut choisir ! ,
. Spn choix était ' fait ;., cette femme avait
enéwe-pesé, quelque poids.dans la balance
• de la miséricorde.
M. ,de Grandcourt ajouta d'un ton dégagé :
.. -r, Voyons, chère Valentine, puisque je te
retrouve telle que je t'ai toujours souhaitée
que, tous deux, nous semblons vouloir
inaugurer une autre vie. de bonheur dans
notre ménage, il faut que notre position soit
nette a tous deux. ,TU t'es accusée de fau-
tesrbiiin légères et je n'ai rien, répondu; ie
dois, à naon tour, faire ma confession.
Je'n'ai pas.été toujours complaisant-i. '
' — Oh ! nè'parlons pas de cela. •
, .-—-.Soit! mais j'ai quelque chose de.plus
grave a me faire pardonner; je ne yeux pas
surpèndre iftie affèction : que 1 je ne mérite
pas, et j'âibèsoin de tout te dire,
w'M Qn'a»-fu : 'Aphc% interrompit Mme de
Grandcourt^ étbhnéedel'accent de sou mari
qui; d'enjoué, était devènu, peuàpeu' grave
etsëverè. ■
- J—je t'ai soupçonnée, àjouta Anatole:....
mais sérieusement soupçonnée..
*'. T" yraimént! 'dit en pâlissant et d'une'
Vbix étranglée ft^me de Grandcourt,
lrr -! av< ? ue à ma honte ; ton voyage
d Ingouy^lle-m'a fait naître des doutes ab-
surdes QW j'ai promptément repousses..
•;^Ri^i»Q$t'ti''.prése>jt,''Compléteiïient
disparus? • . . v -
. " — Non.
— Ah!- « • 1.
iriTtr de ^injustice, je me le dis ,cbih-
^ .oi ; .mais, que veux-tu? on ne.raisonne
^as ces choses-là; elles reviéiihènt voiis
tourmenter a-votre insu; on a' beau les
chasser,, elles reparaissent.''L'amour pur
1 amotir légitimé, demande une confiance
sansbornes : il aime à promener sa lumière
jusque dans les coins les' plus" secrets dé
laipe ; il ne veut rien d'obsciir. N'as-tu pas;
quelque chose à me dire sur ce voyage? Ouï
t'oblige a te taire? Ce secret, m'as ^fu décla-
ré, n est pas le tien ; mais deàx 'époux ont-
1 s des-secrets 'un pour l'autre? neformenï
ils pas un seul corps et une seule ame? Je
serais bien heureux, ma chère Valentine
de ne plus sentir cc secret èntre nous
Mme de Grandcourt était pâle efimW.
bile elle-avait baissé la tête pour nTÏÏs
voir devant elle, entre son fauteuil et son
mari, le spectre d'Alban, qui s'était dressé
a l'évocation du coihte. ■ t
Mais elle se remit bientôt; l^ 'femmM
rSfté 6 0mmeS ° ette ^nse™
dit " eI ' ë tristement, je vous
1 ai déclaré jadis, ce secret n'est pas'seule-
SnT e n - SeCretî C ' eSt celui
vi fatncS cS e r 1WeStÇlle '
— Anatole, vous n'êtes pas généreux
— Non, car je souffre.
„ ~"V Eh . Wen ! mon ami, dit i&ne de Granrt-
court, Si cela peut contribuer à'chasser ce<;
. nuages qui s'interposent entre tous miMl'
TOUssufllss de woitqéVeite&S-
Çonnais je ne lui ai parlé qu.'-a-
jainaï,'. - W U reverrai rfaWeméiu
quoi, dit tout'à couple comte, m.
BUREAUX A PARIS i rue de Valois (Palais-Royal), nMO.
JEUDI 22 OCTOBRE 1857*
ÂboBBemens des
trois "mois ." . .. ? 16 fh ;
SIX MOIS.. t. . 32 FR.'
inr an — M râ.
foc* ifs *>>*-■■ éïaïKGKHB, voirie iableau
publié La 5 et S» de chaque mois.
JOUR
Imprimer!-X. BOiOFACB, rwd« Boti»-JKoCB««,i9. r- ; -.V'. v..î ^ . .
'I ■: " : ..-■'■■■■■■■■{ . f } |
Le ijîcCa d*abosnement le plus simple efet l'envoi d'un bon de poste oudîun effet sur t 4 f ■ . 'S-Lesjettres ou envois,d'argent son affranchis sont refusés.
à Tordre de L'A»MisTaAXEBH du journal, rue Yalois, n* 103 -V" ï * ' »
POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
res ou ermik, argent "RCISL AFEBjpicfli# stoit
Les articles déposés ne sont pas rendus.
9
Abtinnemejis de Paris.
TROIS MOIS , i.. ? 13 FR
«six mois; ., ;... 2G fr .
ON AN.. . ... .. S2 FR3
UN NUMÉRO m CENTUtES.
Les abonnemens datent des l«let 16
de chaque mois,! '
Les ajwosces sont reçues chez M. i»àmi8, réçisseur des journaux,
™tTch e z MM. Bigot et C% 8, place de la Bourse.
Nous publions aujourd'hui le deuxième
article sur ïet Galeries publiguesde l'Europe.
L'administration du Conslitutionnel K dési-
rant être agréable à ses souscripteurs, a
traité avec l'éditeur pour' le magnifique vo
lume de la Galerie de Rome, et l'offre en
primé à ses abonnés, au prix réduit de
ti&ntï-th 6, is 'tkàncs . On'sait que le prix de
,çe bel in-folio est de cent cinquante francs.
Pour donner une idée à ïios abonnés de
l'importance de «et ouvrage, nous leur, en
verrons très pro.chaineQientun prospectus
illustré-. '
PARIS, 21 OCTOBRE.
. Nous poursuivons nos études sur l'amé
lioration du régime pénitentiaire, eu pre
nant toujours pour guide ■ te remarquable
compte-rendu de M. Perrot. Nous avons
" parlé des maisons centrales : nous rencon
trons ensuite des établissemens non moins
dignes d'attention. Nousvoulonsparler des
maisons dçcorrection destinées aux;jeunes
'déténus. Ce sujet* doit être familier à nos
lecteurs : nous l'avons traité à plusieurs re
prises avec des développemens sur lesquels
ilseràit inutile de revenir. Qu'il nous suffise
' de rappeler que, t notre' avis, le nombrie
des mineurs de seize ans, condamnés à su-
-bir l'éducation correctionnelle, s'est.aug^
^ùieUté dans, une proportibn exorbitante.,
Les tribunaux, scion nous, se montré rit
peut-être trop prodigués de ces décisions,
qui exerceht' sùr lfa'venir dès enfàns ùne si
.grande influence. La loi, sans doute, pro
nonce l'acquittement parce que le coupat-
'ble n'avait pas le discernement nécéssairé;
mais ce n'en est pas moins uhe détention,
Un séjour dans une prison, une flétrissure,
. Adulte et. condamné pour. vol, pour vaga-
bondage> pour mendicité, le délinquant
eût encouru ùn emprisqnhemënt' de ~ six
' mois, de deux inois,;d'u n Kiois, de quinze
"jours. Mineur de" seize ans, on lui inflige
> une incarcération 'qui doit : durer : dè quatre
à. luiit années. Encore,si pendant ce laps die
temps sa régénération morale était assurée.
Mais, il n'en est rien. f l! sort ïïe là," le plus
Souvent, aussi mauvais .qu'il y, ; était entre.
' Pour les filles surtout, à qui l'éducation de
la famille est indispensable, les coriséqueriV
çe'de cette longue détention .squt i'réifuem-
- ment désastreuses. Ajoutons «que* ces sen
tences Secondent maintes 'fois lés .inten
tions odieusés de parens 'péu.Meçtionnés,
qui cherchent à se débarrasser de leurs en-
fans au préjudice de l'Etat, et qui mérite
raient d'être punis, à la placé des malhou-
*reùx^ qu'ils "abandonnent volbtitàiremeint
aux sévérités de la vindicte publique» • '
; Telle est> en peu'dé mots, notre profes
sion de foi sur la question des^ jcitiies déte
nus. Au reste, i?admiinstfâtfoii est Raccord-';,
avec nous sur le péril qu'offre • l'augmenta
tion de l'effectif, é/ noùs*véiT.ohkq^eile;.n'a
rien épargné pour, y'porter r.çmèdo. ,Én*
1837, il n'y avait -en tout que i>334- jeunes
détenus. Deux, anâ après,~ on ën compiait
A,m ; en 1851, ' S,607;. en ,18o2, 6,443 ; m
4853, 7,715 ; en, 185'4, 9,158; en .'*835,'
0,818. .On voit que la procession était vrai
ment - alarmante. II . est vrai'que, sur, l'es
observations pressantes de l'administration
et d'après les instructions -d'une circulaire
de M". le gàrde-des-scèaux, les tribunaux
ont restreint le nombre des décisions de ce
genre. En 1836 ; la progression s'est, ralen-,
tie : au lieu d'une augmentation, normale
4 ô i ,800, l'accroissement n'a plus été que
*4e 700, C'est un progrès, niais éhcbr.e bien
f insignifiant, à coup sur; ^
Constatons d'ailleurs que l'administration,
s'est efforcée de faire face-a U difficulté eh
■s'occupant'avec zèle de la régénération des :
jeunes détenus. Pour parvenir à ce but,
elle : a donné une extension con^'idéiablf '
aux colonies agricoles. C'était/selon nous,
agir-sagement. Le travail , de. ila, terre, est ;
essentiellement moralièateur. Il élève ram;e
en fortifiant le corps. De plus, il fournit ail
jeune colon des moyens d'existence hono
rables dès qu'il est libéré. Enfin, et c'est
lâ une considération générale.'qui a son'
importance, ce système procure aux campai-1
gnes des bras dont elléS:ont umbesoin ur
gent. 1 Avant 1850, on ne comptait en Francie'
.que 13 établissemens agricoles consacrés;
aux garçons, et que 9 destin^» aux filles, il'
y en a en ,1855, 21 pour les premiers, èt-25*
^iour les secondes. . -
Les quartiers annexes aux maisons cen
trales ont déjà disparu pour lès filles. Es- -
pérons que, dans un avenir prochain, on :
les. supprimera "égalemènt pour .les gar-!|
çons. Une colonie correctionnelle de 500-
jeunes détenus-est sur le point dé fonction-^
ner en Corse. En somme, il y a. quatre Cû-"
lonies agricoles ou quartiers industriels dé
pendant des maisons centrales de Clairvaux,
de Fontevrault', de Loos ,e"t de Gaillon, "diri
gés .par des instituteurs spéciaux; une co
lonie correctionnelle en Corse; 7 maisons
Ou quartiers spéciaux d'éducation correc
tionnelle, dont 2 reçoivent les deux séxes ;
•3 dès garçons seulement, et 2 des filles; 19
colonies agricoles ; 23 maisons religieuses;
et à Parisj un ouvi'oir pour les filles et une
société dè patronage pour les garçons: Cette
énumération indique par. elle-même ' lés
points sur lesquels le progrès doit porter
Au 31 décembre"! 855, -on'-é&ijaptait dans
les divers établissemens d'éducation correc-
tionnclle 9,8l8 déteùus : 7,908 garçons et
l,9l0 filles. On remarque d'abord que, sur
ce uombi'e, la moitié appartient à peu de
chose près à la population des villes, et l'au-
tr.e moitié à cèlle des campagnes. "Il n'en
est pas cle même pour lés adultes : confor
mément aux - lois proportionnelles, de la
.population , lés adultes condaiftnés," d'b-
riginè rurale, sont en nombre presque
double de ceux des ville's. Celte différence
s'explique aisément. Dans les campagnes,^
le concubinage règne moins. Les ènfans île
sont point une charge pour leurs parens.
La population'mêlée des villes -est destinée
surtout à produire le triste contingent des
jeunes détenus. ,
Si l'on consulte la profession antérièure
des jepnes détenus, on arrive à des rësul-;
tats analogues. Ainsi, sur les 9,818 de la fin
de ! 855, 0,817 étaient sans profession avant
leur jugement, 1,965 exerçaient un .état in
dustriel, 1,036 seulement travaillaient à la
terre. Dans le chiffre'si élevé des enfans
sans, profession, 'éclate l'incurie des pa
reils, incurie fatale qui se manifeste dans
toute son étendue, lors de l'abandon du
malheureux en faut aux rigueurs de la.jus
tice. • ■ " • '
Surles9,8t8 détenus de' 1855,8,138étaient
légitimes; 1,680 étaient naturels* 3,368
jetaient privés de : leurs parens; 931 orphe
lins de père et de me-re; 241 enfans trou
vés. A propos de ces' chiffres, no\is insiste
rons sUr une cause qui augmente le. nombre
des comparutions, en police correctionnelle
et; des 'condamnations.. Nous entendons
paVler deâ seconds mariages, qui trop sou-;
vent sont funestes aux enfans du premier
it. Leybeau-père ou la bëllë-mèré prennent
en haine ces infortunés Le père ou'la mère
égitimes,. par faiblesse ou par peur, ces-
sentde les protéger .'On les maltraite, onles
bat, On lés nourrit mal. Les infortunes
désertent ce toit inhospitalier. Ils sont lais
sés.en état de> vagabondage. On les enfer-,
me jusqu'à dix-huit -ou vingt ans;^L'inter
vention opportune d'un commissaire de
policé ou d'un procureur impérial eût pi'é-
venu cé malheur. . .
C mplétons w ces renseignemens, «i pré
cieux à méditer, en- prouvant que le dénû-
mei:t des familles n'-est pas la cause princi
pale qui détermine l'abandon des enf'&n#.
Sur les 9,818 jeunes détenus de. 1855, 320
appartenaient à des parens dans l'aisance,
5,310 à.des parens qui vivaient de leur tra
vail, 1,963 à, des. parens sans profession,
.■■S!*' -:Vr .
mendiansf prostituése, 1,050 à des parens)
inconnus, disparus où décédés, 1,156 à des}
. repris de justice. Il résulte de ces chiffres
que, pour 4,169 enfans, l'abandon, dan4
une certaine mesui*e, peut s'expliquer par
l'état" civil dés parens; mais que, pour 5,630,1
il ne saurait être expliqué par la situation?
de fortune de la famille. Notons,' au demeu-j
; rànt, que les années précédentes offrent des]
résultats, identiques,
Quelques départemens fournissent unf
nombre énorme de jeunes détenus.'En 1855;
lâSeine en. donne 1,360, le Rhône. 450,' le
Bas-Rhin '400 ; grands centres dé population, "
grands foyers industriels. Six départéméns'
en procurent de 200 à 250, tandis-que cer
tains départemens agricoles n'en présèntent
çue de 5 à 10. Au point de vue de l'âge,!
nous voyons que, parmi les jeunes "détenus!
de 1835, 251 sont âgés de 7 à 9 ans, 802 de j
9 â 11 ans', 1,873 de 11 à.l3ans. On ne peut!
tfop réfléchir sur .ces chiffres,- qui démon-J
trent, ce nous semble, la justesse' de nos
observations sur la' nécessité de rendre!
moins nombreuses les décisions qui or-j
donnent l'incarcération correctionnelle. Si]
nous envisageons Féta^des jeunes détè-|
niis.de 1855 au point de vue de la crimina-S
lité, nous nous apercevons que les attentats]
graves contre les personnes et la propriété,]
tiehn'ent une place infime. Les vols sim-3
pies, et, parmi ces vols, l'expérience" nousî
a appris qùé 'beaucoup se réduisaienrà'desj
actes de gourmandise ou d'espièglerie, le
"vagabondage et la mendicité y figurent pour i
. 89 p. 100, et' ces derniers, les ïnqîns sérieux;'
qu'on puisse reprocher à des enfans> doj- »
vent être comptés pour un tiers. La'.di.sci-;
pline de la famille est. faite pour réprimer j
la plupart de ces peccadilles.
■ • Examiner scrupuleusement ces chiffres, 1
c'est démontrer, h. notre atis, qu'il faut.res- f
freindredans dégustés limftés le droit d'en-],
voyer dans des maisons correctionnelles les i
jeunes, délinquaiis acquittés. ^Cependant' le v
nombre de ces décisions augmente,"et la |
durée des détentions s'accroît. Nous, avaiis;
Constaté l'augmentation d.e Peffeçtif.' Quant
à la durée-des détentions, le travail de M.
■ Perrot nous apprend que la durée moyenne
en est de 5 ans et 3 mois environ. Daus les •
tableaux statistiques qui accompagnent son |
compté-rendu, nous voyons que 2,326 en- [
fans ont été condamnés à subir'de 6 â 8 ans
d'incarcération;-974 de' S à 10 ans; 274 de
10 à 12 ans. Rien ne peut mieux montrer le :
péril *des fictions légales. Voilà des enfans 1
que l'on acquitte ; ils sont dans l'âge où l'on ?
sait à peine ce que l'on fàit. Et pourtant ils ;
sont privés de leur liberté.pendant 8, pen- î
dant 10, pendant 12 années.
Exposons rapidement les moyens.qu'em-
ploie ' l'administration pour améliorer les
jeunes détenus. L'enseignement religieux ;
vient en première ligne; des aumôniers sont V
attachés à tous les établissemens. Les enfans,
qui appartiennent à d'autres cultes sont l'ob- '
jet des mêmes soins.. En 1835, 1,311 -enfans
.ont fait leur première communion, et 3,690 •'
l'ont renouvelée. L'instruction-exerce aussi'
son action utile. En 1855, parmi les illettrés,
1;956 ont appris à lire; 1-,461 à lire et à
écrire; 1,159 à lire, à..écrire et à" compter.
Parmi ceux qui savaient lire, 836 ont appris
à écrire; 523 à écrire et à compter. >876 ont
parcouru le cercle dé l'enseignement. En
résumé, 6,821 ont reçu le bienfait de l'ins-/
traction. .
Vient ensuite'le travail, instrument éner- "
gique de moralisation. Parmi les jeûnes dé
tenus de 1855, 4,528 ont appris la profes-•
sien agricole, 4,537 un métier industriel..
477 sont ■ réstés inoccupés pour des causes
diverses. Le nombre des industriels.a di
minué, mais dans une proportion encore
trop lenle^L'avenir donnera une prépôndé-
rance de plus en plus marquée à l'état agri
cole, .. : • *
• La •discipline parmi les jeunes détenus est
chose délicate. Des punition,s trop.rigoureu- '
ses ne seraient point admissibles, D'un au
tre côté, des enfans oisifs, turbulensj n#-
' ' sont pas faciles à mener. On ; a su combiner -,
l'élément de sévérité et l'élément de rë-
• -«ttuipease. Les chàtimens les plus usités'
sont l'isolement et là mise au pain et A l'eau.
Pour encourager la bonne conduite et Pass;i- T
v duité au travail, on . emploie • les gratificà- *j
tîons pécuniàirei, les jrostes dé confiance,
et, dans lès grandes occasions, lès réduc
tions ou remises de peine. • '
; Le chiffre, des. récidives prouve que ces
•••■•Morts ne sont «pas restés infructueux; ; La
statistique-criminelle nous apprend qu'elle
ne monte qu'à 100/0, tandis que; pour-lés'
adultes, elle s'élève à 33 0/0. En f somme ?
dans 1!espace de quatre années, 5,531 j eunes
gens sont rentrés dans la société;4,801 étaiérit.
dans'un état de vigueur tout-à-fàit saïisfai-,
sant. Un nombre à, peu près'égal avaient
reçu une éducation' religieuse; 5,029
'avaient, à des degrés dilfôrens, .profité - de "
l'enseignement' élémentaire ; 4,256 "étaiérit
en état-de .gagner .leur .vie .par .un état agri
cole ou industriel ; 3,462 avaient.. eu une
- bonne conduite constante ; 4>277 avaient
reçu, à-leur.sortie, des vêtemens.poùr plus-
de 100,000fr., èt '3j713 avaient été munis;
de secbûrs s'élevant à-'48,000 V- . v ! :
■ Maislà ne s'arrête pbint la't^che de'la
société. -Du moment que,.s'y substituant à
la famille, elle prend à. sa charge l'éducà-
ces enfans, il faut- ies suivre au-delà
de là prison et lèur tendre, au m:lieu des
embarras de la vie, une main secoui^ble.
Cette mission doit être remplie par les so
ciétés de patronage. A cet égard', nous,
nous associons de grand cœur aux vœux
qui ? terminent le. rapport de M. Perrot.
' L'Angleterre, en organisant l'Union Rèfor-
matory> nous a donné l'exemple : Sachons
l'imiter. Au reste, le principe du patrona
ge a été déposé dans la loi de 1850. Un; rè
glement d'administration publique , qu'éla
bore le conseil- d'État, piermettra de lui
donner une forme pratique. L'élan des hom-
mes de cœur fera le reste. Nous sommes en
France, et dans notre' généreux pays toutes
lés œuvres de charité sociale peuvent èom'pr
ter sur le succès.
IIENHY CAÙVAIN,. "
. Deux dépêchés télégraphiques nous font
connaître le résultat des délibérations d;i
divan ad hoc réuni à Jassy. : " . '
La première, datée de Vienne, £0 octobre,
est ainsi conçue": 1 .
• Vienne, 20'octobre.
; Le divan d,e Moidaviu a voie hier, à la pres
que unanimité, * l'autonomie de Ja principauté
confo'riâémeat aux traités conclus avec la Por
te, et en reconnaissant les droits de celle-ci ;
• l'union des principautés sous un prince étran
ger d'une dynastie occidentale ; un gouverne
ment représentatif, et la neutralité (Je ï'Etat.
La seconde* qui'nous "est transmise de
Jassy même, le 19, par.nolre correspondant
particulier, nous donne -le.nombre "des dé-
putés qui ont voté en laveur do l'union.
Le principe de la réunion des deux prin
cipautés sous un prince étranger a été adop-
,té par 82 ,députés contre 2. Les deux op-
.posàns - sont l'évêque de Romana 'et M:
Alexandre Balché. . • ,"
A l'issue du voté, nous dit notre corres
pondant, des nouvelles venues de Bûcha*
rest ont fait naître l'espérance au sein de
l'assemblée que les décisions des députés
de Valachie ne . seraient pas moins favora
bles, et que la même unanimité se retrouve
rait .dans les deux divans.
L. B oniface.
.arrêtées à Constantinople entre la Porte-Ottoaiane
.et les autres puissances. signataires dù traité de
Pt^rig, concernant , la convocation des divans ad hoc
qui, aux termes de l'article 24 dudit traité, de
vaient être appelés à exprimer les vœux des popula-,
tions relativement à l'organisation des principau
tés danubiennes. Le flrman dont je vous avais
.communiqué
e. la' commission spéciale instituée' pàr l'art. 23,'-
'se«6nt rendus.sur les lieux,pour y veiller à son
exécution et'pour se mettre plus" tard én relation
•avec les divans.
» Le peuple de la Valachie et de là Moldavie,,
aujuel Jes puissances européennes, ; d'accord- avec
la Porte, avaient assuré-le,droit,de concourir par
i:expj0ssiôu' de ses" vœux à Ja . révision dè sés-an-'
çiennës .immunités èt. privilèges ; ne pouvait
àu'eti'e vivement pénétré de la haute' impor
tance ! du mandat dont ses' députés allaient : etre
chargés. Les éleetionspourlesdivansdevaientdonc
naturellement préoccuper taus les esprits; et les (
électeurs, en se préparant à user de leurs droits,
"ne pouvaient-pas^ne'point discuter entre eux "les
.grandes questions sur lesquelles leurs mandatai-"
ïes J aurontWse prononcer au nom du pays. Si
dans;un moment aussi solennel l'espoir d;ùn ave
nir .meilleur et un patriotisme ardent-.se sont
, manifestés avec une certaine vivaoitê, l'on ne sau-
raif eependarit refuser aux'Moldo-Valaqués le té- 3
moigïiage'ljûé,jusqu'à présent, ils ont scrupuîéu- -
sçment respecte , l'autorité des lois et les.ordon- •
fiances des'administrations provisoires qui lès ré
gissent en -vertu-du règlement organique. Nulle
part •!» itranquillité publique >n'a été itroublée ; *,
nulle.part,des ^désordres ivont pu faire regretter '
la confiance que l'Europe avait placée dansle bon J
'esgritde'cés'pbpulatioùs." ' , , . ' J
; ;»' Dne des questions les'plus importantes sur la-
qiielle'lès divans auront la faculté -d'émettre un-
•avisj'est'celle de l?union politique des deux prin-
cipautés sous un seul gouvernement solidement
constitué. Cette-question n'est pas-neuve; elle à
.été /4opuis: long-temps, l'objet des .préoccupations
4 hqmmes sérieux^- elle 'sevtrouve''déjà'indiquée
dans ;'Je 'ïégljement. organique ; jalle a été' sou^
mise.en' lf*55 à'la'conférence 'de Viehne, et. c'est ■
ail eongïès de Païis que les représentans de plu-
Riplll>C TkiikcnniVdc; câ . -p^QUOncéS '611
J S .w* Ui4*w * V** M U> n Vliioll"
dre à cet égard, une des - raisons principales pour
lesquelles on s. est décidé à consulter les-'vœux des
populations'et "à charger une commission spécialè
de s enquérii 1 de l'état actuel des principautés, a
été, sans aUcuri'doute, le besoin de rassembler les
élémens -nécessaires a une étude approfondie de
la question de l'union.
» Ï..AS vftï.iiY-HflS •Hfrrnnft fnrm#vnnnf/nn /In nûcvÀlA.
■Un de nos correspondans nous, commu
nique, dit l'Indépendance-, la dépêche confi
dentielle suivante', que lë gouvernement
prussien, , dans .la question de l'union des
principautés, a adressée, le 28 mai dernier,
a ses agens à l'étranger, domine nos lecteurs
vorlt en juger, cette pièce conserve de l'in
térêt, puisqu'elle fait connaître la.position
de la Prusse danscette question, La dépêche
est ainsi conçue ; ...
« Berlin, 28 mal 1857.
-«Monsieur, , " . ,. : ; i
« Par ma dépêche du 30'janvier, ainsi que pai-
■le mémoire .explicatif qui y était annexé; 3e vous
ai fait connaître les dispositions qui avaient été
«WQ|>*VK uu JV lUUlUUOJi UU 1 Ul.
dre sans lequel'les droits et les libertés des peu
ples s'ont illusoires, voici' autant d'tiutres élémens
qui fturont tout' le poids inhérent à leur impor
tance "dams les délibérations du futur congrès eu
ropéen, 'auquel il appartiendra de fixer l'organi
sation définitive des principautés.
; » Pour ce qui.concerne l'union,'nous nous som-
riiBs toujours ' expressément réservé notre vote
pour le' moment où la commission spéciale auifi>
conformémènt à l'art. 23 du' traité de Paris, trans-
tnis feu «iége des conférences- le résultat de son
propre travail.'Jamais ni le représentant du roi à
Constantinople,: ni son commissaire à. Bucharest
il'.ont pris une attitude ni tenu un langage qui 11e
fussent pas strictement d'accord avec cette réserve. '
' ,» J'appuie sur ce fait,, parce que la malveillance
a pris-a tâche de suspecter.les intentions du'cabi
net du roi et • les procédés de ,sos organes/ Notre
commissaire a conseillé à toutle monde le calme,
le resgect.des lois, la fidélité envers la. puissance
suzeraine. - •■•.>■ ■' .■■■
» C'est dans le même sens qu'il s'est constam
ment appliqué à agir, sur; les administrations lo
cales, tant à Bucjiarest qu'à .Jassy. ,Sa conduite a
été non-seulement conforme, à l'esprit du ; traité
de Paris, mais elle est aussi de ' nature à écàr-
térledangerd'une trop grande agitation politique,
qui. pourrait! être provoquéepaiv une aotion violente
et arbitraire des caïmacans. Nous espérons que'
tous les.
îa coxnmission, sans aescendte dans l'arène des
partis,'mais aussi saris déroger à sa dignité,par
une fausse Indifférence et : unlaisser-faire poussé
trop loin, puisse .suffire àJ.a. tâche...ardue qui lui
est dévolue par la confiance des gouveynemens..
wJe me réservei:M .,i ,:de vous faire part en sqn
temps du développement-ultérieur des questions
qui se'rattachent a la situation des principautés
danubiennes. ; - -
, » La présente communication n'est destinée qu'à
votre information personnelle, afin que vous puis
siez réglèr votre langage d'une înaniôre conforme
à la manière de voir du cabinet du foi;
J'abandonne, toutefois, à votre tact de faire de
cette dépêche' l'usage confidentiel oui tous sem
blera convenable. ■ t
n.Ueceveïi eto„ :
V> Signé,. MAN'TKCFFKL. »
; Nous avons emprunté hier à là Gazette de
la BoUrse une lettre de Vienne, dans la
quelle lé correspondant .de ce journal croit
pouvoir protester contre; les allégations de
certaines feuilles étrangères qui ont préten
du qUe l'Autriche cherchait à embarrasser
les travaux de là commission réunie à Ga-
latz, pour l'étude de la libre navigation du
Danube.
Hlné tiovivelle rectifiteatiolv est publiée au
jourd'hui par \'Osl-/)mtsche-I J os(, jju sujet
d'un refus de la. part de l'Autriche de com
muniquer à la commission de Galatz les"
cartes du Danube. Ce rçfus ne pi'oviendrait
pas , comme il a .été dit, des autorités
autrichiennes, mais de, la compagnie "com
merciale de navigation. Cette Compagnie,qui
se voit menacée par l'ouverture du Danube
ii tous les pavillons étrangers, •: avait natu
rellement . le droit de refuser dés docu-
mens qui sont sa propriété ; «lie a donc ré
pondu aux comtàisaaires qu'elle ne pouvait
satisfaire à leurs désirs, et la commission,
a dû aviser, à se.procurer ailleùrs ; les : cartes
,et les plans qui lui étaient nécessaires; 1 par
ticulièrement pour; l'étude» de la'partie du
fleuve' au-dessus d'Orsowa. • ; . • •
* Nous -n'apltréciérons pas la conduite de la
jiGompagnié autrichienne de-navigation, pas
plus que nous me chercherons sa savoir si
son refus a été complètement libre ; nous
nous bornerons à enregistrer "les . décla
rations . des ' deux feùilles ' - allemandes ,
au sujet des intentions nouvelles de" l'Au
triche, intentions: qui sont miëur indi-
quées-encore dans le dernier numéro' -du
dour.nal.de Francfort, L'orgàne avoué du ca
binet autrichien reconnaît aujourd'hui'hau
tement, à propos .de la récente entrée dans
le Danube-de deux vapeurs française rus
se. la Meurtrière et .Vôrdinaivs, que -lè Da
nube «doit être libre » t et que^a c^est là un.
» grandit glorieux progrès dans la ques-
» tion des communications internationales,
» ainsi que-dans le développement du droit
«-européen,» . ..
.Une reconnaissance, faite ,en termes si
clairs et si solennels, du principé de là com-
Slèté liberté du..Danube, mérite r âssurément
'être enregistrée, et nous' nihésitons pas â
en faire è.onneur au cabinet-âutrichien. *
' ' " :' E rnest- D kéolle.
X:;:' ?ii.É«iûpiîîE:ï > ^ni3E.'-
■•:•■■"-.■.f-Londres, 20 octobre.
Dans fa Cité on considère comme temporaire
l'élévation, .du taux de l'escompte.'; , f.
L'argent étaiit plus abondant aujourd'hui ,et
les consolidés sont restés. très fermes de 88 <5/8
à 88 3/4. Il s'est oj/éré pour compte de la
culatto'n à la baisse des rachats importans. ■
Le nouveau différé d'Espagne est coté' de 2a
3/8 à 2a 6/8. . , • (Havas.) i
• Londres, 21 octobre.
Les nouvelles de New-York, du Ô octobre; di-
sent-que la park-bank, à New-York,- était as
siégée par .la-foule, et qu'elle payait bien: Les
'fonds étaient' en baisse. L'argent est rare et très
demandé: Le change étfdt flottant fet ûômijiâl, '
J ■„ '(idem.) ,
Berlin," 20; octobre. > "
Le roi a pu passer, "hier, sans trop de fatigue»
une heure entière hors de son lit.,; ' - r;.
Pendant lu, nuit, S.-M. a reposé péndant huit,'""
heures d'un sommeil tranquille, i s > (Idim.)
Berlin, 20 octobres ^ ,
On mande de Saint-Pétersbourg, ,à,la date du-
19, que lé gouvernement russe" vient de publier
une déclaration officielle portait „q\i& seule
ment Anapa, Suk\im-Kaleh, Rodo *utrKaleb, sur
la côte asiatique de la' mer Noire, ; seront ou
verts aux navires éjrangers. Un visa russe y se«
ra nécessaire. * -. (Ide»n.) "
. .Madrid, 20 octobre.. .
Lfe joumâi ôfflcièrannonce que la rèine est
arrivée, au neuvième mois de sa grossesse. ,
• Rien de enangé dans la situation.!.
Dais tous les ministères, excepté : ceux de la-,
guerre et de l'intérieuri l'expédition des affai- „
res continue d'être faite par les sous-secrétalrfes
d'Etat. •• .{Idem.)
(Correspondance particulière duConsJiîttftpnne/.)
, - Civita-Vecchiav 13 octobre.
Sa' Sainteté ayant daigné accepter l'inyi-
tation qui lui avait été adressée par la ville
de.Civita-Vecchia, avait'fâjt annoncer son
arrivée pour le mardi 13. Cette nouvelle
n'était pas'plutôt connue ," que tous les
préparatifs se trouvaient déjà organisés. *
Sa Sainteté a quitté le palais du Vatican à
dix heures du matin, au ipilieu d'une foule
immense, venue pour la saluer âu départ
Le-nom du saint pontife a été acclame par*
déchaleureux vivats. . .
La-route que suivait le.cortège-présentait
surtout un coup-d'œil admirable. -De dis
tance en distance s'élevaient d'élégans arcs
de triomphe ; les bannières et lés oi i flam
mes aux armes du pape s'agitaient dans
l'air; le sol de la route, était lUtéralemént,
jonché de fleurs. c •
Des deux côtés du chemin," sur tout le
parcours, était rangée» une foule: émo.fe et
sympathique, accourue en toute bite des
campagnes voisines pour apercevoir l'au
guste voyageur et recevoir ,sa bénédiction
' ■ - -
IFEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 22 OCTOBRF.
BELLE-LANGUE:
" " Vf.. " . ,
Revoir Alban ! '" ' :
Telle est depuis le bal de là-^réfecture la
préoccupation constante de Mme de Grand-
court. . .
•Il faut qU 'élle instruise Alban' de là dé
couverte de leur secret, qu'élIe sache par
-If. Ix _ "«'ilnAmnlnnnAr ïï nul on
a à redouter de leur part* eti Tes moyens à
employer pour paralyser les efl'ëts d'une in-
ni«crétion. ' • • ' ■ ' •
Fllë sait qu^e penser; et cependant, au
dé sftii trouble, elle sent-instinctive-
meni^u'AibahVètirpeùl empêcher_Eugène
et Ravmohd de panèr. Hlle a dans son
adresse et dans son. énergie ; 'de^quelque
manière qu'il s'y prenne, il saura bien leur .
imposer silence, ' ' '
Mais Alban, où est-Il cette heure .et
comment le retrouver? Ellelui, f l ^ t . e I ï ' dl î
toute tentative de rapprochement, et il esj
troc chevaleresque pour manquer a "sa pa
role. Bi, du moins, elle pouvait lui écrire;
jnais eÛe ignore le'lieû de sa-résidence;
egt-elle sùrë seulement qu'il Rappelle Al
ban-? et, quant à tjtre de pyjpçe que le
hasard lui a fait connaître , îf ne- p^it luf
d'aucun secours pour 1 aider a decou-
srîF La retraite de. son amant.
P'un.autre côté, l'époque du rendez-vous
n'est pais encore arrivée ; ' il & écoulera un.
mois avant que Camille jmijsge espérer le re-
ia reproduction et la ^aduolioji wot U>ter4îîfi s ;
trouver a Vierville.' Un mois, dans la posi
tion où elle se trouve, c'est un siècle.
Non qu'elle 'soit toujours à son égard dans
les mêmes sentimens ! Les derniers événe-
mens, en lui révélant toute lâ noblesse ca
chée du caractère de son mari, sa bonté, sa
complaisance, son amour, lui ont donné
.singulièrement à penser sur la gravité des
torts qu'elle avait envers,lui; elle comprend
la nécessité d'être .désormais tout entière à
la réalité et au devoir. Elle veut seulement
se mettre sous la protection de l'homme;
qui peut la défendre ; et, cela fait, sa réso
lution est prise., elle rompra avec lui.
En attendant c.e moment" auquel elle as
pire, elle a décidé qu'elle.'.n'irait plus dans
le monde; ce sera le moyen le plus assuré
de garder la paix de son âme et de ne plus
exposer ainsi les jourg précieux- de son
époux, * •
Aussi, le lendemain de cette soirée où M.
dé Grandcourt avait si noblement confessé
ses torts en public, Valentine fit prier son
mari de. passer .chez elle. -
(Quand M, de Grandcourt fyt' entré, elle
lui tendit affectueusement la main ét lui.
dit :
— Je crois, mon ami, avoir fait preuve
suffisante d'obéissance à vos désire; je viens
VfijîS redemander la liberté. Vous aviez exi-
gé'que j'allasse. $ux bals de I4 préfecture,
parce que vous vous étiez imaginé que le
monde m'était cher; je ne l'aime pas, je
vous assuré,. Autrefois j'ai pu; désirer ar
demment ces distractions, mais les temps
sont changés et vous m'avez convertie ; je
chéris ma sqljtude de. Grandcourt.. Exiger:
une vie plus mondaine, c'est vous pondam-
ner à l'ennui,- car vous n-allpï que pour moi
dans les salons où je ne trouye nlus de plai
sir. Merci de vos attentions, dont je vous
sais un gré infini. Je vous demande la per
mission de ne ©H* accepter un sacrifice
inutile. .
— Comment ! dit M. de Grandcourt, stupé
fait, vous voulez renoncer -au monde. à vo- i
tre âge, après l'avoir tant désiré, quand vo- ■
tre jeunesse et votre beauté vous y assi- '
gnent une place choisie ?
— Oui, cela vous étonne j mais c'est ain- s
si. Que voulezrvous? En devenant vieux, le :
diable se fait ermite... J'aurais dû plus tôt
prendre ce parti; J'ai découvert, pourquoi
ne l'ai-je pas. découvért plus, tôt? qu'il y-
beaucoup a faire ici. Pendant que vous aïhé-
liorerexivos terres, j'emhellirai votre inté- r
rieur; j'ai quelques idées sur des modifica- ■
tions à introduire au château etdansle parc; à
je vous les soumettrai ; nous unirons nos "
deux-intelligences pour la plus grande gloire"
de la terre de vos aïeux. Ces changemens
nous demanderont le reste de la saison et
l'année prochaine : pour ne pas nous con
damner a l'isolement le plus complet, nous '
pourrons,, ainsi que vous me l'avez proposé
naguère, recevoir quelques intimes des en
virons, mais seulement des intimes, enten
dez-vous? ' -
—Très.' volontiers, dit M. de Grandcourt,
qui rie revenait pas: d'une pareille résolu
tion. Vous accomplissez le plus ardent de ;
mes désirs; c'était là l'existence que je rê
vais pour vous au commencement de ncjtre
mariage j n^lheureusement, à 'cette épo- ■
que, nous: n'aVions pas les mêines idées.
~ Ne parlons pas du passé, reprit Mme
de Grandcourt, j'aurais trop à faire oublier; :
j'ai été folle, je le confesse,-j'ai voulu'Cher
cher bien loin un bonheur que-j'avais sous
la main, Dieu m'en a punje en m'avèuglant;
je vous f|eii$nde parçfpn, mon ami, de tou
tes mès inégalités d'humeur, de mes biïar- i
reries. Je o'etais, il fapt bienle dire, qu'une •
petite pensionnaire pleine de caprice^ qui ?
croyait que tout le monde, devait lui obéir.
: Vous m'aviez gâtée, et les quatre semaines
passées à Paris, én m'éblouissant, m'avaient
rendue exigeante. Au lieu d'être légère,
; dissipatrice et coquette, je ..me contenterai
tout simplement d'être bonne épousé, et;
avec votre • aide, je ne désespère pas d'y
parvenir.
M.-de Grandcourt- écoutait en extase; sa
- femme se révélait à lui sous un jour nou
veau, il ne l'avait jamais vue avec ce teint
animé, ses yeux si beaux et si limpides, cet
air de franchise et d'amitié. '' -
Dans les premiers temps du mariage, Vatr
lentine était maussade, -mécontente et irri
tée, et rien n'enlaidit comme la mauvais
humeur.
Après le voyage d'ingouvilley Cette sorte
d'irritation sourde s'était peu à peu adou
cie; mais elle s'était changée en une mélan
colie profonde que l'on voyait .percer dans
la plupart de ses paroles ou de ses actes,
maigre le soin qu'apportait Mme dte Grand-
court à la dissimuler. Anatole ne s'y- itait
pas mépris: c'était la résignation de rennui
impuissant à sortir du cercle dè fer qu'on a
tracé autour de lui, mais c'était aussi un
progrès de caractère qui demandait en ér
change quelques concessions, et il y avait
répondu immédiatement en -lui ouvrant les
• saÏQnsi du ohefclieu, et en faisant briller à
ses yeux la perspective d'un nouveau voya
ge à Paris. - . -
•Aujourd'hui sa femme entrait dans la
troisième phase de son exis'tence, elle : ac
ceptait* non plus ën murmurant, nba plus
avec résignation; niais ayeo joie,les néces
sités de la yi$ conjugale. M. de Grandcourt
se sentit l'$me inondée d'une douce ivresse •
il s'avança vers la comtesse, lui prit la
main, et déposa sur cette main un baiser
humide de larmes. ' '
Mme de Grandcourt en fut émuçs.
C'était pourtant cet homme si bç# qu'elle
avait odieusement trahi. " 4
En- ce moment, il s'en fallut de bien peu
que la réco'nciliation ne fût complète entre :
les deux époux; mais cètte conversation, -qui
semblait devoir les rapprocher, avait un in
visible témoin :
- Dieu !
• Dieu qui ne permet ]iâs toujours ain»" à
la femme> adultère de ; n'avoir qu*^ l re
pentir poui' être heureuse. f'Â c Pr n"it vrif
ESrf ITOP ïî mm,îi « ; tee fiiS
nité ' P s ' heureuse dans l'éteiv
^.ut choisir ! ,
. Spn choix était ' fait ;., cette femme avait
enéwe-pesé, quelque poids.dans la balance
• de la miséricorde.
M. ,de Grandcourt ajouta d'un ton dégagé :
.. -r, Voyons, chère Valentine, puisque je te
retrouve telle que je t'ai toujours souhaitée
que, tous deux, nous semblons vouloir
inaugurer une autre vie. de bonheur dans
notre ménage, il faut que notre position soit
nette a tous deux. ,TU t'es accusée de fau-
tesrbiiin légères et je n'ai rien, répondu; ie
dois, à naon tour, faire ma confession.
Je'n'ai pas.été toujours complaisant-i. '
' — Oh ! nè'parlons pas de cela. •
, .-—-.Soit! mais j'ai quelque chose de.plus
grave a me faire pardonner; je ne yeux pas
surpèndre iftie affèction : que 1 je ne mérite
pas, et j'âibèsoin de tout te dire,
w'M Qn'a»-fu : 'Aphc% interrompit Mme de
Grandcourt^ étbhnéedel'accent de sou mari
qui; d'enjoué, était devènu, peuàpeu' grave
etsëverè. ■
- J—je t'ai soupçonnée, àjouta Anatole:....
mais sérieusement soupçonnée..
*'. T" yraimént! 'dit en pâlissant et d'une'
Vbix étranglée ft^me de Grandcourt,
lrr -! av< ? ue à ma honte ; ton voyage
d Ingouy^lle-m'a fait naître des doutes ab-
surdes QW j'ai promptément repousses..
•;^Ri^i»Q$t'ti''.prése>jt,''Compléteiïient
disparus? • . . v -
. " — Non.
— Ah!- « • 1.
iriTtr de ^injustice, je me le dis ,cbih-
^ .oi ; .mais, que veux-tu? on ne.raisonne
^as ces choses-là; elles reviéiihènt voiis
tourmenter a-votre insu; on a' beau les
chasser,, elles reparaissent.''L'amour pur
1 amotir légitimé, demande une confiance
sansbornes : il aime à promener sa lumière
jusque dans les coins les' plus" secrets dé
laipe ; il ne veut rien d'obsciir. N'as-tu pas;
quelque chose à me dire sur ce voyage? Ouï
t'oblige a te taire? Ce secret, m'as ^fu décla-
ré, n est pas le tien ; mais deàx 'époux ont-
1 s des-secrets 'un pour l'autre? neformenï
ils pas un seul corps et une seule ame? Je
serais bien heureux, ma chère Valentine
de ne plus sentir cc secret èntre nous
Mme de Grandcourt était pâle efimW.
bile elle-avait baissé la tête pour nTÏÏs
voir devant elle, entre son fauteuil et son
mari, le spectre d'Alban, qui s'était dressé
a l'évocation du coihte. ■ t
Mais elle se remit bientôt; l^ 'femmM
rSfté 6 0mmeS ° ette ^nse™
dit " eI ' ë tristement, je vous
1 ai déclaré jadis, ce secret n'est pas'seule-
SnT e n - SeCretî C ' eSt celui
vi fatncS cS e r 1WeStÇlle '
— Anatole, vous n'êtes pas généreux
— Non, car je souffre.
„ ~"V Eh . Wen ! mon ami, dit i&ne de Granrt-
court, Si cela peut contribuer à'chasser ce<;
. nuages qui s'interposent entre tous miMl'
TOUssufllss de woitqéVeite&S-
Çonnais je ne lui ai parlé qu.'-a-
jainaï,'. - W U reverrai rfaWeméiu
quoi, dit tout'à couple comte, m.
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