Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-02-28
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Description : 28 février 1857 28 février 1857
Description : 1857/02/28 (Numéro 59). 1857/02/28 (Numéro 59).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
42 AWlÉfi.= M' 5,9.
Àboimemens des déparfômens.
BUREAUX A PARIS : ira» ds Valois (P*Ws-Royal); nî 105
SAMEDI 28 FEVRIER 1857.
Y&OIS KOB^TV^. 16 ». v
»ii Eoiï.ï.r.ï.Tï'rTr. 32 nu
.w Air^ï.S.jrivr;';/;;. Gi n,
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eimus rm fcnumxu, voir la table&n ■
publié les ft et so de chaque mois. », •■
ImprtmerUX.B8NIFACE,nude»Boni-Bnfuu, l*j ■'■'■■■ï.ît ' p ..:■■•■ r:v. r ■ -vu.:;';.: ■;:> ,y v
. . ' . . . ..' : ,r * ' • .1 ... • .
Le.mode d'abonnïmknt le plus Bimple est l'envoi d'un bon de poste ou dun effet surParis;
à l'ordre de L'4wtiN»Tiutetm du journal, rue de Valois, n*-10;,/ h , i -V»
JOUÏUVAL POLITIQUE, XITTÉRAIBE, UNIVERSEL,
Î'^À Ziei fctfra ou envois d'argent non A ïhunchis sont refusés. • {
; • Les articles déposés ne sont pas rendusJ 1
Lu ftbonaemens datent des '
de phaqos mol», ^ ; r
ohe* Mî Piaw ; régisseur des Journaux;
et ochez .MM« Bigot èt Ç*,"8, place 'dela'Bourse.' -
=*.
PARIS, 27 FÉVRIER.
Le parlement britannique offre, en ce
moment, Ira spectacle qui, peur n'être pas
nouveau dans les annales de l'Angleterre,
n'en estpas moins instructifàdiyerspoints
de vue. Ce spectacle, au: surplus^ rappelle
assez exactement ce que nous avons tu
naguères en France, à l'époque où les par
tis les plus hostiles les uns aux -autres se
coalisèrent Contre ië cabinet du 45 avril,
queprésidait le comité.Molé,, -
C'est/ea . effet, ; avec : des difficultés de
même ,nafure , que le ministère dont lord
Palraérston est Je - chef se trouve actuelle
ment aux prises. Il est, sinon menacé dans
son'existence, du moins vivement attaqué
dans sa politique, par une coalitipn formée
de» tories qui votent avec lord Derby et M.
Disraeli, par uné'.fraction deswhigs, dé-
d'échàpper, au dedans, aux embarras par-.,
lementaires que ceux qui aspirent à sa suc
cession vont lui susciter, dans le -cours de
la session actuelle. Ainsi, nous croyons qu'il
sera le , premier à- profiter de l'aplanisse- 1
ment des dernières difficultés qui avaient
un..instant retardé l'exécution du traité du
30 mars, et que tout ce qui tendra à accélé-
rer l'application [régulière des principes qui
s'y trouvent. énoncés, viendra fortifier sa
situation. Sôn intérêt-est donc aujourd'hui
d'aider de ! tout sbn pouvoir à l'entière et
pleine pacification du monde: car tel est
le but caractéristique dé l'alliance anglo-
française;, et, U faut bien le reconnaître,
c'est cette alliance qui, depuis long-temps
déjà, fait une grande partie de sa force. 1
. - 1 A médée de C esena. .
îregrettablé/ et ce n'«st pas sans raison qu e i pas'qué tout se marchandé en Angleterre
4es Anglais s'en plaignent comme d'une ta- ; { et se troque .contre de l'or, y compris l'hon-
'«faet-poUr Je caractère national. Elle pré- j neur-et les femmes. «Non < nous trecoanaî-
sente surtout un vice j radical dont les ré^ 1- tronsaucontraireque,nuHepartjjeut-être,•
sultats que'nous' venons de signaler nft.^*Mes liens du mariage ne sont plus générale- :
'•* ment respectés, que les mœurs de la fa-*
; mUle
peuvent ternir 3
. l'î^ujjeju?
«eut nous dirofis jqu'eù,ce pays qui p^sse- Il
%.ttant 4s belles,tet!^ati4 e % ! ;institufions^ la t
moralité publique îest cependantj, sur»hêau- *
5 ;®oup di ^inte|^upérieurô àl ai fHorâlitéidp 4
ï s ^ ^ CHÉDIEUr t
ta réforn^e dés lois est à l'ordre du jour
juisraeu, > pw uuc .ii«u UVU , ««• «v ; , en Angleterre; lois civilesy lois criminelles,
vouée à lord John Russèll, . et par un dé- l°is : de procédure, organisation judiciaire,
, * r . i owetomo mSnituiit.fflirfii rtfiS'rflfilamations s é»
membrement
JOOn Kusseu, ei uar uu uc- —^ r --- T -- -,,, - „ ■ . . .
do l 'ancien, parti des peelites f? stei f e Pénitentiaire, desreclamations s'é-
^ ^ lèvent sur : tous ies^ çwn^^ ; quox^uy
obéissant aux inspirations de M. Gladstone,
en même temps que par les; radicaux de
Manchester. Quel que puisse être le résul
tat définitif et lointain rans de cette coalition des partis contre
lord Palmerston^ il est du moins évident
n'existe/aucuu projet deicodifi^càtMnigérié
raie/ oïi peut raisonnablement éspé^erlque
quelqueS|unes aù mojns* dearéfornies réclaR
mées finiront par être accueilIiçs^Dernièïer
méût,àpi©p6s4ubill relatif aux cours eeeléf
siastiquespropo'sé au parlement, et dont l'a-i I
de ces embarras qui entravent .toujours la
marche des affaires ^publiques d'une , nisre fâcheuse, et que l'on peut considérer
comme l'une dés conséquences les plus re
grettables de la prédominance absolue des
assemblées délibérantes
Le. premier ^ébat de quelque importan
ce dans -lequeH'alÛançe-des. ennemis du
ministère britannique, s'est ouvertement
manifestée au sein de la chambre des com+
munes, est celui qui a eu lieu sur la mo
tion de M. Disraeli, relative au projet de
budget présenté par Jle chancelier de l'é--
chiquier. La- lutte : a été vive ,èt sériêu-
Jercettelloijisoit ,^ua .ces cours conservas^
pentfteuffeàtttib.utjojas enqiiellei les perdissient# «a abolît- moins
le ; mdde; jde> procédure acfupllement en fi4
gueur^ dans les easidèjcnipimaî conversation.
»,ll ^'est .personne ,qnËii'all..ët6]fràijppéj'ie
l'immense retentissement que produisent de
temps en temps ces grands prôeès en^adult
tèrej:a^.xquëls. les journaux.: de ila ^Gran
de-Bretagne ;£Q»sacrèrit Mi çomplaisanï-i
%ent leurs colonnes^ G'.est déjàunpreînfer
mal:, que r «ettepublicité, iet; oiàlhéui'eusel
inlnt ca n'est pas le seul :qti'wi; eXàxnenJatf
itentif 1aous":révèlé| le$ : Anglais euxtbiêmèé
cmquier. ^ mue « trouvent io'jû'îte, honteuse et dégradant«|
se. Lord Palmçrstdn en est cependant la procédure de la loi anglaise et ce. qu'ils
sorti «ite MS: MWjMM ■^SSSv'trimSSS^m:SS^k
posante,' puisque, sur 492. votans, il suffit d'une simple : comparaisoniavec là
obtenu 80 voix de majorité. Mais il est loi, française ; qui .réprime, et punit, l'a-
bon de remarquer que, dans ce vote> lor^ • dultère-a? En France;, sur= la , plainte du
John Russell, qui fait pourtant partie, de la« mari,'la femme coupable est .traduite seule
" Coalition-/ s'en est détaché afin dVppuyer ■ a y. ec son complice devant tin 'tribunal
« sieurs wlugs 1 ont imité j beaucoup de con» quelques témoins^ constatent-; le - délit»
: servateUrè ont égalemient sùiyi eet'éxe'm- et une peine: d'emprisonneinenty.qui peut
_' plé,.et së sont séparés de M. Disraeli., .. . varier.de trois mois il deux ans, est applit
îcL lé; triomphe de lord "Palmerston-à .quée aux coupables,..Le mari est toujours
; donc été-phis matérielquè mofali puisque! battre d'arrêté les poursuites, en répre t
• " , ...j 1 _■ .,, ' !,, \:.nant sa : femme.. D après, ftisage .oresoué
d ap^s ce^u oniécr^t de Lon^rpi) 1^: $oit universellement auivi/les ti-ibunaux ne prof
en partie 4 la défiance que ,M;.DisraeIi msr noncent pa? d e dommages-inlérêts au pro*
* pire à .unë fraction dès tories et en partie à. fit du mari centre Ifamaqt de «a femma;.ii
l'adhésion •ÈôndiU6BnéUié^M'4?iiâîfiéù;^fiie'f est juste aussi dç dire qu'on ne voit presque
- * . iamais c* 1 J
que ...
sont que .la conséquence. Lu teùxps àe
Cromw^ll,: l'adultère était un crime, et ilai
des -whigs. Le imiùistère britannique,r>en
; T$satàèi n'a . eu^ franchement ,contre t lui|
1 sup fie jt^rràin spiécial du budgetque
les radicaux et les peèlifes. Mais, ên ; sera : tr
"i il'de.Jnêiae.suRi 1$$,- questions extérieures \
"• Çeliàiet doiitéùx;' Dans les débats-que «es
^ questions^p'ôùrrônt-s'àiiï^ver,;^^
- çnons jqU'Ù >ne se" joriiie aisément .çontrè
'•> iord Pàlmerston une 1 minorité forxnidabîCf
I",. A l'heure où"nous écrivons nous n'ayons
v encoré ; qùè1e 4ébui de. là discussion* qui
; Tient de s'ouvrir dans la chambre des
; ionimuçes"sur;lës affairés de Chine. Pro.-
.. voquée par une rnôtibn de M. CoBden, cette
v «lisôussion a déjà présenté un fait nouveau,
|e seul qui .nous soit signaléîpar la télégra-
_ pbie pnyée; ce fait, c'est que, cette fois,
- lord John Russell S parlé contre la politique
du cabinet. Lord Derby s'étant aussi pro
noncé contre^ cette politique dans la cham-
hra des pairs, ileérà supposer,que les.
jamais chez nous des maris deman.derja ré
paration pécuniaire d'un outrage; que ,1'arf
gent rie répare pas; Les plus .hautes consi
dérations'de moralité justifient la sage ré
servé, des tribunaux français,' ,qui:. ne : péri
mettent pas "qu'un procès en adultère puis
se devenir l'objet, d'une ignominieuse. spér
culation. Ainsi, jugées après une simple en
quête, et de très courts débats, ces ttistes
affaires finissent sans bruit. t ; -
Il n'en est pas de même par delà le dé*
troit. Les Anglais, qui ont tant d'usages
étranges, ' ■ s ; .v
Toto divisos ortie'Britmnos, ■ < '
n'ont pas de loi qui présenté de plus singu
lières anomalies qué celle dont nous parlons.
D'abord ce n'est pas contre sa femme que
le mari dirige les poursuites.'Chosé inouïe I
C'est la faute de la femme qu'il s'agit' dé
révéler au public et de prouver au jury
avec toutesles solennités de la )ustice: C'est
la femme elle4nême, dont la réputation,
là moralité, l'honneur sont enjeuj et-ce
pendant elle ne figure "même pas au pro ;
cès qui se juge sàns elle eï contre elle. L<
. ; înembrés de la coalition "se retrouveront,' 1 P es 1°* se J u » c oau . s <= v wu » v „ v
dans le vote de la chambre des communes, ' C0O5 P^ c . e 4®.}'^ultère seul répond ^ l'action
plus complètement groupés autour; des '
- chefs de l'opposition que îqrs du debat re-
latif à la question financière.: On pourra
donc juger, par.ee vote/ des forces réelles
> de cette coalition. * ' 1 ^ ; : J 7 '
y ;i)aus tous les càg, il est évident que moins
le gouvernement anglais rencontrera au
: dehérs de complications diplomatiques se- |
' rieuses, plus il sera facile à lord Palmerston '
du mari. S'il èst déclaré coupable, quelle
condamnation subira-t-il 1 II sera' condam
né à des dommages et intérêts proportion
nés  sa fortune!' Si, par malheur, ùa
mari dépravé conspire avec quelque coquin
la ruine de sa femme innocente, toute
défense, est"refusée à celle-ci, et la con
damnation de-son complice supposé fera
prononcer ensuite contre elle le divorce
devant une autre juridiction.
' Assurément une pareille législation est
donné. lieu qu'à dès réparations-
n'est pas même jugée par des tribunaux cri-1*
minels. bans les procès qu'elle fait naître, ;
d'abominables questions peuventétre soûle- ;
vées ! Le mari-évalue le plus cherpossible le 1
préjudice qu'il.afsouffcrt: «On m a volé ma
femme; dit-il, \cpinbieri me dohnëre^vous \
pour cela ?,L àutpûr deirnà honte est riche: ;
cela vaut bien cént mille fràncs..>? Et il ■
ënumàre toutes les turpitudes qui ont souil- '
lé Je foyer domestique^, les grossit et les '
exagère jusqu'àce qu'il ait trouvé pour cent i
mille francs de scandale et d'infamie. La loi -,,
l'oblige à taire paradé de sa honte et ^e :
son xhagrin-, comme . un mëndiant qui :
montre ses blessurèâ.pour exciter la com- :
passion des passans. -
/ ' Quant à son adversaire/ son langage est '
différent. A l'entendre, il n'a causé au. mari i
tqu'un fâiblè préjudice; peut-être même ne ;
lui en a.4t-il pas causé du tOuUv Etil prouve, j
par de nombreux témoins, que, long-temps
avant lui, le pauvre mari, avait été trompé, ;
que ; sa femme était 4éjâ pér^u^ ^
pu compromettre un honneur qui n'ejis-.
tmt .pas et que> par conséquent, il n'est
tenu d'aucune indemnités NOus le ré-'i
pétons ■: la femme--qui sert d'enjeu k ■ ces j
scandaleux débâts n'a pas même le droit
d'y intervenir: Cependant si - l'honnête
défense que nous venons de, résumer, et
que la loi autorise, ne réussit pas, :1e sé
ducteur est condamné à des dommages- 7
intérêts dont le chiffre (Varie suivant les cir- ;
constances èt l'humeur du jury; iLpaie âu
mari le prix de l'ignominie; et/commercia
lement parlant, il est.parfaitement quitte. ;
Lôrd 'LyndhUrst, devant le parlement i
d'Angleterre; a fait énergiquemerit ressor- :
tir les vices dé cette partie de la législation 1
anglaise. « Il èst scandaleux, a-t-il dit, et
tout à lait contraire à la dignité du. carac
tère,national, qu'un homme soitJorcéde {
chercher une satisfaction aux lois de l'hon- :
neur dans des procès de cette nature. » Et 1
iLa ajouté que', quand viendra la discusîion
du biil relatil au divorce il demandera
l'abolition, de cette honteuse procédure.
Lord Brougham a donné son assentiment à >
ces paroles èt annojîcé la même détermi- i
^nàtioiLj.":^'^'^ ;;;L/ ?
. tes'meilleurs écrits en'Angletérré de- ?:
mandent donc aujourd'hui ce que,.malgré i-
de nombreuses tèntatives, on n'a*pu obte-
nir depuis le temps idff Crom-well,,que l'a
dultère soit placé, comme chez nous, au •
rang des délits, qu'il'soit réprimé àutre-
inènt'que par une simple réparation pécu-
niairé et que. les tribunaux prononcent la i
peine de l'emprisonnement contré "lés cou-.
pables/^quel que soit leur rang. - ' ï
Ce n'est pas seulement au point de vue
abstràitde l'amélioration de la loi anglaise ^
que ces réformes sont indispensables : c'est :
aussi dans,un intérêt, de. bonne renommée. ■;
On ne peut se dissimuler/en effet; qu'àd'é- ;
tranger oa jugeitrop souvent-la nation an- i
glaise tout'entière d'après l'excentritsité
de quelques-unes ,de ses vieilles eputumès,
de ces usages que l'on .croit être ùnfyersels :
et qui,au bruit .qu'ils font; finissant par §tre '
pris pour le signe caractéristique,des.mœurs i
britanniques. ;On ne, voit l'Angleterre,que î
sous des. couleurs 'romanesques \ c'est lé !
pays des ^ séductions et des enlèvenaens,
des mariages fantastiques, des jeunes filles •
2ui font la chasse, aux maris et, se font |
pouser par. autorité: de justice ;- c'est le l'
pays des divorces scandaleux- et.des: cn'mt-
natconversations.. Est-il nécessaire de dire <
que, dans tous ces jugemens, l'Angleterre <
v porte la peine du vi.ee de ses lois? Ainsi
'l'extrême facilité avec laquelle les maria
ges y sont célébrés, sans aucune de ces
formalités si sagement prescrites par le lé
gislateur français, provoque .les enlève-,
mens ; les jeunes filles délaissées trouvent
ensuite dans la loi des complaisances abu<
sives, pour plaider contre leurs ravisseurs; ;
enfin, quand le mariage a eu lieu; sUà foi
conjugale est violée, viennent les lois que !
nous signalons en matière de divorce" et •
d'adultère," avec leurs déplorables consé-1
quences. '■ ■ •
Mais, quels que soient les vices de ces i
lois et les abus des procès qu'elles ffutori-
sent, nous nous garderons, bien d'en parler
avec autant d'amertume que la presse an- i
glaise elle-même ; .nous n'en conclurons ;
,. L» chambré des lords à repris dans sa
séance d'hier, les. débats sur la motion de
lord Derby, relative à la question de la Chi-1
ne. Le comte de Carrtarvon dit qu'après lès'
- discours fort Jiabiles prononcés dans cette ■
chambre, à la séance précédente, il lui pa
raît excessivement difficile défaire jaillir des
. lumierés nouvelles-s'Ur.la question relative
,-|TJa.i^éi^tâveji'K^Qe;>U' ; 9bûtient quej
< inêmfe d'.apr.ès les ipièc.es justificatives dé-
; posées :sur le bureau ■ :est impossible d'admettre - que^ la lorcha
>FArrow fût "un bâtiment chinois: ;
; Les mesures -adoptées par-les" Anglais j
pétaient,.,-doncv illégales.: ^.tnoble .cpmte' 11
"'déclare que "tous les .actçs; de sir .John
. jBowring sont injustifiables. Tàntôt, il
" écrit en Angleterre que' 'la-lorcha n'avait^
vpas'Ie droit dejiorter : ie pavillon anglais,"
parce que son inscription ,est ; expirée le %1 -
aeptembre; tantôt^il écrit et <âéqlâr&., qjie 4
- lit lorcha était; un bâtiment anglais,'et
'avait droit de porter le pavillon anglais. "
- C'est un fait singulier que,- dans tous les
discours prononcés par les .membres du -!
t gouvernement de S. M, il n'ait pas été parlé ;
'de cette contradiction,, et que même, en.
iréàlité, on ait soigneusement-évité défaire
allusion. : ,; V V' ..' ■ : ■
Au départ du courrier la séance conti
nuait. î ■ : ■' ... ■ .]
Hier au ; soir/ la chambre 'des communes
" a entamé à son touj une discussion impor- •
tante, sur les affaires de la Chine. Le débat
i a (été provoqué par M. Cobden.:La.chambre
.."était au complet. ' ! . - .
"r' i r ; M. Cobden jje lève pour présenter la résolu-
. tion'suivante r « Que cette chambre a appris
'avec inquiétude.la lutte qui avait eu lieu enr
tre les.autorités anglaises et chinois,e8 sur la,
-aivière' dô Canton'/ et'saris-éxçrimer une opi-,
nion sur la part que peut avoir le gouverner
ment de la Chine dans les motifs de plainte que
l'Angleterre peut avoir à élever, relativement
à l'mexéciitipç du traité r de 1842, cette clxambre
' considère que -les aocumens qui pnt été 2 aépdr
sés sur, le bureau/n'e. justifient pas sufflsamr !
, ment les jrieéulre.s yMentes employéés : à, Çanr '
tondàns l'affairé de J'Arrote , récemment. sûr- ,
; vente ; et qu'une, commission 'soit nommée
ipotiE faire une enquête sur l'étât de nos relar
'lions commerciales avoc la Chine. » \ . -■
,. Je ne poursuis, a dit l'orateur, aucun but
personnel; je ne cède ' à aucun, sentiment de
^çaiti.- Je serais plutôt disposé, jiâ contraire; à
aoniief mon appiii au gouvernement actuel, et
si je ne consultais que mes sentimens particu
liers, je me déclarerais également en faveur
de sir. Johp Bo-wring, ministre britannique à
Hong-Kong, que Je connais depuis plus de vingt
ans. En faisant- cette motion, je n'ai en vuè
que l'honneur du pays, et, èn abordant cette
question, je n'entends pas remuer leti sentfj
mens de la Chambre ou faire appel à'son z hu-
n.âQité> mds simplement lui demander si, àq
point de vue de la polnique nationale;i'attaqu^
contreCauton peut être justrilee. Je^désireque la
Chambre^ considère. 1 cette question comme si la
querelle s'était élevée avec une puissance forte
; comme laFrartée ou les E^ats-lluis, et non avec
; une ùation faiblecommelaetxine'. J'ai remarqué
• qu aujourd'hui il y a une tendance " a suivrej
deux, lignes différentes de politique suivant
qu'on a affaire à des nations fortes ou à des na--
: tions faibles. 11 a été beaucoup trop de mode
de se courber devant les unes et de se montrer
arrogant envers les autres. Mais ce n'est point
là 1 ancienne politique de 'l'Angleterre. Jusr
qu'en ces derniers temps, l'Angleterre .-s'ër
tait présentée, la tête baute, vis-àsvis des
forts aussi bien que vis-à-.vis des faibles quand
elle avait pour elle le droit et la justice, et
i c'est & ce système que j'invite le ministère à
i revenir. (Cette déclaration est accueillie par dé
bruyans applaudissemens sur les bancs.de l'op ;
: poSitioni) ; '■ i ; -
,, Après avoir ainsi constaté que je n'agis sous
i l'empire d'aucun sentiment nostile à l'égard
, du gouvernement ni d'aucune fausse sentimenr
.. talité à l'égard des Chinois en raison de leur
faiblesse; après avoir ainsi ^déterminé le prin
cipe qui doit servir de base à la discussion,- jè
vais démontrer que " l'attaque contre Canton
ne -peut se justifier ni au point de vue dudroit
ni au point de vue de la politique. ' !
En examinant l'historique de cette affaire,
on peut remarquer qu'elle a surgi à l'occa
sion d'une infraction au traité. Il aurait été
préférable, que le consul, M. Parkes^ eût sou
mis la-question au gouvernement avant.de
recourir 4 de3. mesures -hostiles.«IIy aurait
présomption, de ma part, à exposer mon'opM
nion après qu'elle a été présentée ailleurs par' 1
lord Lyndhurst, st après que ce docte lord a*
déclare que la marche adoptée par M. lé'coa-I
sul Parkçs était une infraction directe' aux !
lois internationales; cette ^lorchà n'était pas;
sous, pavillon anglais, sou autorisation- étaitt'
expirée'. . - - '
Je m'en réfère à là correspondance de sir !
John Bowring et dé M. le consul Parkes, et,
quant, à ce qu'a dit sir J. Bowring sur ce
que les Chinois ignoraient que l'autorisation lût a (
expirée , c'est 1 argument le plus abominable £
tue j'aie jamais entendu. -M. le cènsul Parkes a -
it que lorsque la lorcha fut abordée, le eapi-
tainp, qui est sujet anglais, était à bord et que
le pavillon anglais était arboré, mais le ca
pitaine a dit qu'il ne se trouvait pas à bord à
ce moment. 11 y a donc - une triple Illégalité '
dans cette affaire : l* celle d'une infractionà la,
loi, comme l'a démontré lord LjadhUrst; 2 o ; |
d'assertion de.sir John Bo"wringy xeiative à l'au
torisation; 3°, cette circonstance quelle ,gouver
nement dé Hong-Kong n'a pas le pouvoir ;de Vio
ler la loi dés statuts de l'Angleterre en don
nant une autorisation. On a (ht que la marche,
adoptée par les Chinois l'avait. été dansle but
4e commettre,une.insulte ; mais leiftit est .que
le consul a cherché une. malheureuse, que
relle aux Chinois, et j'ai lu uçe lettre d'un
gentleman américain, nommé ,Cook, ..qui a
occupé: . une -position officielle à Whampoa
pendant les quatre dernières années, dans la-
queila il Jait connaître' en détail l'emploi illé-.
gai qu'on a fait de notre pavillon pour favoriser
la contrebande. M. Cobden parle aussi,' ayee dé
tails, de la marche adoptée relativement & l 'au-
torisatiàn, et dit .que le sujet, anglais qu'on
appelait un capitaine anglais, était un appren
ti déserteur qui avait été. rais en ayant pour*
masquer Je commerce illégal sous pavillon
anglais, et il considère tout cela.comme une
chose fâcheuse pour son pays. L'orateur con
damne l'arrogante et présomptueuse conduite
de v M. .le consul Parkes vis -àrvis du. gouver
neur Yeh,. et -.il fait contraster cette conduite
avec l'attitude conciliante de Yeh avant èt
après les hostilités. Yeh a déclaré, à diverses
reprises, que VArrow n'était pas un navire
anglais, et- qu'un Chinois, en. achetant, une
autorisation ne pourrait pas fair# d'un navire
chinois un navire anglais, et certainement le
consul Parkes avait le projet préconçu de pro
voquer une querelle! o ; v o 'v i "
L'orateur continuait au départ.du courrier.
Une dépêche télégraphique de l'agence
Havas nous annonce que, dans la chambre
des lords, les débats ont été cles/iet que
146 membres ont voté pour le ministère et
i 10 contre.—Majorité ministérielle 36 voix
Dans la chambre des communes,,1a dis
cussion de la motion de! M^ColDden/relati-
ve à la Chine, a été ajournée. :V
Dans cette .discussion, .lord J; Russell a
pàrjé contre le ministère.
• On lit dsàs le Payt": ' ;
a Nos correspondahces particulières de Chi-
nénous apprennent qu'un grand conseil-avait
été tenu à. Hong-Kong,, le. 14 janvier, ches sir
John Bowring, .chargé d'affaires d'Aogletefré(.
L'amiral Seyinour ;et plusieurs officiers supé
rieurs de son escadre y assistaient.
» On assure qu'il a été décidé dans cette réu
nion que,,, jusqu'à l'arrivée des dernières insr
tructions du gouvernement anglais, on n'en
treprendrait .aucune opération nouvelle . et
qu'on se tiendrait susune énergique défensive.
» On.,venait.d'apprepdre, à la daïedesdérr
nières.nouvelle?,.. que le ■conseil iBupérieur de
la r.ompagnie^des ludes, dans sa dernière séan^
ce tenue a Calcutta, avait déclaré que l'attar
que de Canton par l'amiral Seyinoùr avait été,
par ses conséquences, très préjudiciable' aux
intérêts de.-là compagnie. < \ • : i
» Les dernières nouvelles du golfe Pérsiqué
assurent qu'un.-armistice de trçis mois a, été
conclu entre,1e commandant en chef des trou-
pes anglaises et le gouvernement persan;.Cet
armirti^e commencera le lV-mars iStlT. !»,"
(Correspondoncé particulière v dù Constitatioxinél^
; Milan, le 24 février'18K7.
Monsieur, ■ ■ '
Voici en deux mots le résumé des npu-
velles et bruitsayant'cours et croyance, au
jourd'hui/ parmi les personnes tes mieux
infôrméés de Milan. Ces nouvelles' sont
assez mauvaises et donnent plus que rai
son aux tristes pronostics de ma dernière
lettre. -
Ce serait dimanche "prochain, 1 M mars,
c'est-à-dire après les fêtes du carnaval mila
nais et la veille du .départ de l'empereur
(remarquez cette double circonstance),
que serait publié le décret sur le nou
veau gouvernement . général. Ce décret
serait loin de donner, comme oh l'espérai!
tant naguères,- satisfaction aux intérêts na
tionaux de ce pays. Là Lombardie et la Vés
nétie se trouveraient en effet englobées,de
nom et de fait, dans un, dès quatre grands ■
domain^- (sic)/dont se composerait désor
mais f empire' d'Autriche, àla façon, passez-
nioi tè terme, qui Explique mieux ma pen
sée,d'une orange divisée en quatre quartiers
égaux. De plus, l'autorité de l'archiduc
Maximilien, gouverneur-général- de ce do-
maine, serait décidément réduite aux plus
minces proportions. *.
,Le prinçe, après avoir long-temps lut- ,
té contre ;lés ,conditions mauvaises du.
rôle qu'on lui prépare dans le pays, au
rait fini par ^ sè soumettre, imitant en cela
la résiguation de l'empereur, son frère, et
en se consolant par l'idée que ses fonctions
maritimes lui laisseront toujours la faculté
de résider plus souvent à-Trieste qu'à Milan.' ■
Comme je l'ai ditplus haut,^lfbmpéreur par
tira avec l'impératrice le 2, âpi ès la céré
monie.funèbre célébréfe en mémbire de feu
l'empereur François I er , avançant ainsi ce
départ de .deux, jours sur l'époque, précé
demment arrêtée. ; - V
Dans k soirée de qe mïme lundi 2, les
théâtres impériaux- ne donneront pas-de
représentation ,à (îause de la cérémonie de
deuil qui aura eu lieu le matin. Ceci pa
rjura une ; chose-toute ^naturelle ; mais/ce :
qui, je. sera b.eaucoup moins, le jour .sui
vant, mardi, sera la fermeture, pour -le
reste de la saison, du grand théâtre de la
Scala. Mesure arrêtée déjàr, on> m'en donne
la certitude > par l'autorité, spus le pré
texte que l'entreprise ne fournit que de
.très mauvais«pectacles cette année; mais
par là véritable raisen que beau'coup de da
mes de la noblesse milanaise comptaient,
ce jour-lji, aller en pompeuse toilette oc
cuper leurs logés demeurées vides de
leur présence -pendant le séjour de LL. MM.
à Milan". .* . v .'
Depuis trois jours, l'empereur paraît •>
beaucoup moins en.public et porte un /ront
soucieux. Chacun ici's'en aperçoit dans la
population. ;
Tout le monde se rend parfaitement
compte des efforts de toute espèce qui au
ront "d]J, être tentés par le parti militaire
pour.se cramponner à un pouvoir qui sem-i>
blait prêt à lui échapper.
C'est ainsi'qu'on a su qu'on avait très vi
vement exploité la circonstance d'une bou
teille incendiaire lancée; il y a quinze jours,
par une main inconnue, dans une cave du
palais. Circonstance/ .qui n'avait pas mê-.
me alors* quoique connue de bien des >
gens, fixé la préoccupation publique' et
dont, pour ma part, je n'avais pas cru de
voir vous dire un :seul mot., . r
Parmi les derniers ennuis de son séjour
à Milan, l'empereur pourra également
compter certains embarras, que je .vous
avais signalés comme devant l'attendre à
Milan > relativement à l'application du
concordat. .. .
, Je ne sais, si M. Je baron de Bach,,
qui s'occupe, dit-on, de cette matière épi- -
neuse en, ce moment,pourra s'en tirer, pour
le quart-d'heure, sans trop se piquer les
doigts: : ce qu'il y a de oertain, c'est <
3* ue les difficultés, quoique fasse rhabilèt^.
u ministre, ne pourront être- qu'ajour- .
nées. De la maniéré dont l'affaire a été en
gagée dans,le principe, il doit forcément
résulter,un jour, ou l'autre,des luttes déplo
rables entre le pouvoirxivil et l'autorité re
ligieuse*.. •
Le saint-siège seul pourrait peut-être,
avec un peu de généreuse abnégation,pour
ses propres droits, intervenir .dans cette af
faire assez.activement pour en arrêter, les
conséqùencesJàcheuses.. l .
A .propos : de nouvelles religieuses, je
.sais que M. le comte de Romilly/ archevê
que de Milan, doit, d'après les démàrches
laites par la cour- d'Autriche, abandon- "
'ner ce -siège pour être nommé cardinal en
résidence.à'Rome; ; "
Cette mesure n'a, au reste, aucune autre
cause qu'une question d'intérêt personnel
où se trouve engagé le vénjérable-prélat. Il
n'y a donc dans cette affaire d'intéressant
au point de rue politique et'religieux que
le choix qui sera fait d'un successeur ; au
comte de Rdmilly. , . * • :
Dans les circonstances actuelles d'une
lutte.pendante entre le pouvoir civil et le
pouvoir religieux, ce choix est naturelle
ment d'unegrande importance.
L'affaire de l'Union douanière ivec les du
chés italiens, dont je vous touchais un mot
dans une dé mes dernièïes lettres, va de
plus mal en plus mal.
On assurait ce soir que tout était rompu;
Des bruits d'une nature plus grave avaient
même circulé dans le public. On disait que
le but du voyage de M. Buol à'Parme avait
été d'empêcher la duchesse régnante de se
placer, comme c'était son intention, sous
ÏEÙIÙ.EJOM DU CdkSTiTUTUDHNÊL. 28 FfVRIÇR-
GILD1.
CONTÏ.
vf.
'• GILDA. •. .
— Dépêchons, dit'la vieille en frisson
nant sou9 sa cape, il tait froid; on gèle, et
je n'ai plus vos quinze ans! < ; -, i
Les trois jeunes filles, s'encourageant du
p?ard et se tenant toujours par la main,
£
Elfes s'arrêtèrent toutes trois.
— A toC Marie, tu es l'aînée.
— A toi, Gilda, tu es la jeune.
— Allons ! je me sacrifie, dit Jeanne, et
«lie s'avança vers l'étang. ■ - ...
—A genoux 1 lui cria Gertrude.
Jeanne s'agenouilla dans la neige, et se
çeticha vers l'étang. " ,
__ Q Ue vois-tu î lui crièrent les deux au
tres. ' : : ,
, -r- Rien... une petite vapeur.... la glace
esi trouble... ; v .
— C'est un nuage qui passe sur la lune,
dit Gertrude ; regarde-encore.
— Ah,! je crois voir une maison...- peu à
neu la lumière se fait... je distingue,., ç est
fa maison d'IJermann, voilà le grand ldas
à côté de la perte... il est fleuri... là bas,
sur le chemin poudreux, ciel! lui-même,
Hermann... Je reconnais sa. veste verte à
boutons d'argent.... son chapeau tou
jours sur l'oreille.... Il porte un bou-
quet» au côté... Sainte patronne ! Le
bouquet que je lui ai donné à notre der
nière valse... Il me sourit.,, il me tend la
main... Ah! encorè cette maudite vapeur,!..
Plus rien ! je ne vois plus rien! . .
— C'est assez pour une foisj: à toi Marie!
Jeanne se releva d'un bond, le cœur bat
f^nf, l'ame dans le ciel, dans le ciel bleu,
là-haut, ^larjg à son tour s'agenouilla-.
— Que vois-iji? lui demanda Jeanne,
tout-heureuse : aussi top flan^è, n'pst-ce
pas? *. . , .
— Non, dit Marie/ de chaque côte de 1 e-
tang je vois des flûtes et des violons : on
chante, on danse, on rit, la gatté brille-..,
mais de fiancé, pas la moindre apparence.
-r- C'est que tu as mal filé ta quenouille,
dit Gertrude : tu iras à deux noces, mais
pas à la tienne. --, ,
Marie se releva, la tête basse, les bras
sur là poitrine, le sein gonflé, des , larmes _
dans les yeux. Elle aimait Walter, le.franc-
tireur; et l'image 4 e Walter ne luj avait
point souri à'travers la glace transparente.
Gilda cependant, assise sur un trope de
sapin, restait immobile, un coude sur ses
genoux, sbn petit menton dans sa main :
, —Va donc ! dit Gertrude, '
—A quoi f>on t reprit Qilda-,
— Tu n'aimes donc pas? fit 1% vieille..
.—Quand je veux lé savoir, dit Gilda, c'est,
en moi que je regarde. "
Ses deux sœiirs la prirent par le bras, et
de force l'entraînèrent vers l'étang. ■ .
L'étang brillait comme une Jamç 4.acier r ,
que l'on fait miroiter au. Les jeunes
filles-furent obligées 1 de mettre un instant !
leurs mains devant leurs yeux. Enfin, elles ;
se penchent toutes : trois, et toutes trois i
poussent un cri;
— C'est toi, Gilda! fit Marie à sa sœur.
— Gilda, ce n'est pas toi ! reprit Jeanne.
— Notre sœur est moins belle.
7 Elle est plus belle, mais elle a de
moips ; riches atourg.
— Ce n'est pas afnsi qu'elle porte ses
cheveux 1 ,. ■ , • ,
— Non ! mais ce sont ses cheveux,blonds
comme l'or et fins comme la soie ! .
— Et ce long voile, le lui vis tu jamais?
— Non plus que ce beau manteau"bleu;
mais il irait bien sur ses épaules. .
—Et ce bouquet au côté, ce sont des
fleurs de diamans ! ' '
- — Les arbres en ont d'aussi beaux...
— Oui, quand il gèle !
— Cependant, se glissant à pas de loup,
Gertrude s'approcha de l'étang à son tour •
et regarda par dessus leurs épaules. Qu'a- s
perçut-elle î Une belle jeune fille qui mar- :
chait sur des fleurs ; elle était mise comme ,
une noble dame ; rien n'égalait son air de ?
douceur et deTnajegté ; les étoiles qui se .
mir aient en tremblant dans la glace, s'ar
rangeaient d'elles-mêmes autour de sa tê-
te, Comme ppur la couronner d'un diadè
me de rayons
Gertrude était muette d'étonnement. ;
— C'est toi, dit-elle enfin, c'est toi, Gilda, ;
et ce n'est p^s tpi! 4e te reçonnais et tu pe j
te ressembles pas. iEh mais ! dit-elle tout|
à coup en se frappant "le front, c'est préci
sément cela, et j'y suis maintenant: c'est^
toi avec les habits de sainte Catherine,dans|
le grand tableau de notre, église,, àu-dessus j
Oefaute}. . -
' — Cela veut dire, reprit en riant la belle 1
Jeanne, cela veut dire que tù coifferas la
patronne des filles : aussi bien puisque tu
n'as pas d'amoureux, què t'importe ?
—: Je savais tout cela, dit Gilda en se
couant la tête, et ce n'était pas hien la peine
de m'amener ici pour me le dire..; Et pour
tant elle fut heureuse de se trouver belle,
et elle 'jse disait tout bas : si seulement il
était là! Son œil fixe ne quittait plus l'étang;
on eût dit que son regard voulait percer l'a
venir et voir plus loin, voir encore. Mais la
glace se troubla peu à peu; et son imagé
pâlit et s'effaça. Puis le miroir s'éclaircit
de nouveau, et entré les atgiies du fond,
elle vit pointer les naseaux frémi»sans d'un
.cheval noir et briller son Œil ardent : déjà
le cou nerveux se montrait sous la crinière
flottante, - " • . .
Gilda devint blanche comme là neige
que foulaient ses petits pieds.
N'était-ce point un cheval noir, qu'Er-
win montait la veille î
- Mais tout à coup l'on entendit le son du
cor et un bruit de pas dans la forêt. Les
lueurs rouges des torebes .sèu promenaient
entre les arbres.
— Vite ! partons ! dit GertrUdé. ;
Et les deux jeunes filles entraînèrent leur
soeur; et toutes trois disparurent, comme
s'enfuit-un vol de iiolambes-. .
Gertrude, traînant sà jambe', les rejoignit
bientôt sous lés hauts taillis, • ; _
H.'; ;
- Gertrude n'étaitpas seule à savoir les mys
térieuses vertus de l'étang glacé. ia vieille
nourrice de Bertha les connaissait aussi,
et pour compatir aux peines cachées cle
jeûne.maîtresse, secrètement touchée d'a
mour pour Erwin, elle résolut de les amener
tous deux sur ses bords, espérant que,! s'ils
se regardaient ensemble,la glace offrirait à
chacun l'image dé l'autre, et qu'ils s'aime
raient en se persuadant qu'ils devaient s'ai
mer. ■ "' " '■ .
Ils partirent donc, à la nuit tombante, ac
compagnés de la nourrice et suivis de leurs
serviteurs, et. chevauchèrent joyeusement
dans les bois, devisant de miïle choses, et
abrégeant.la-route longue par. de gais pro-1
•DOS.- :a " l ' ; ' «••w-î.---:.. , «
Parfois, cependant, Erwin'tombait tout
à coup en des silences mélancoliques. J
C'était quand la pensée de Gilda lui rever «
nait à l'ame; il lui semblait voir encore la i
jeune fille assise aux pieds du comte / ij
entrait et l'apercevait, belle r . rougissante :
comme la jeune Pudeur; elle'sè levait pouf
lui offrir le hanap d'hydromel ; plus tard,
elle sortait de là salle du souper, le sein
gonflé et l'œil triste/plus tard encore, elle
passait voilée dans les rêves de sa nuit.
Puis il se rappelait uné forme incertaine,
vaguèment entrevue à travers les buissons
pendant lâ chasse du matin. Il sé deman
dait ce que Gilda était devenue/ et ne lé
sachant pas, il r se taisait et il rêvait; Et si
Bertha le regardait, inquiète, pour n'avoir
pas à lui donner^-déraisons/il préôait son.
cor et'soufflait. C'était une réponse comme
unçi autre, \ '
vin.
Tous deux arrivèrent au bord de l'étang.
Frauenlob, le premieii, se pencha pour voir,;
et, muet de surprise, il joignit ses ^mains
tfadmirst; v ■
•- La même gracieuse, image qui déjà deux
fois était apparue à Gertrude et aux trois-
jeunes filles, se montrait également à ses
yeUx.. C'était Gilda, mais cent fois plus
belle, la- riche parure rehaussant encore
sa* beauté/le doux sourire voltigeait sur sa
bouche, le bonheur timide brillait dans ses
yeux à demi-clos^ comme x derrière un
nuage là lune nouvelle .qui se cache; 1s
voile de fiancée, retenu par une .couronne]
couvrait sa tête hlonde, et descendait suc
ses épaules avee ses -longs cheveux flottansj
Elle était assise parmi les . f}purs, au milieu
des roseaux,étendant sa main ouverte au
chevalier. ! .
Approchez donc, dit à Bertha la notir-
; rice, qui voyait Frauenlob sourire à la dou-
ce image.- u. : .
En deux bonds' elle fut près du chevalier,
- et; reconnaissant Gilda, parée «omme une
reine, ellè recula d'un pas, arracha un
caillou du sol, et, de toute sa force, le jota
contre la glace. ••
La. glace étoilée craqua et se rompit.
Tout disparut, mais parle trou que la pierre
-avait fait, deux petits, feux^follets, bleu ét
rouge, s'élancèrent, et sur la*neige où ils
laissaient , leur trace phosphorescent», ils
tournaient l'un autour de-l'autre comme
deux danseurs Slans le cercle d'une valse
sans fin; la bise qui soupirait dansles
feuilles sèches leur marquait* le rhyth-
me, comme un orchestre invisible. Peu à
peu, d'un mouvement égal, les deux feux
s'éfevèrent, et, entre ciel et terre, au-des
sus de l'étang, légers,-Us continuèrent k
tracer leurs cereles étincelans, puis-ils
montèrent, encore et encore, et finirent
par se. perdre dans la cime des grands bois»
- -.Quand Bertha se retourna pour regardes;
Àboimemens des déparfômens.
BUREAUX A PARIS : ira» ds Valois (P*Ws-Royal); nî 105
SAMEDI 28 FEVRIER 1857.
Y&OIS KOB^TV^. 16 ». v
»ii Eoiï.ï.r.ï.Tï'rTr. 32 nu
.w Air^ï.S.jrivr;';/;;. Gi n,
: «on
. ta• ko» ^£7. ; f.7«>w"n| r .
VU HWtBO 2*0
eimus rm fcnumxu, voir la table&n ■
publié les ft et so de chaque mois. », •■
ImprtmerUX.B8NIFACE,nude»Boni-Bnfuu, l*j ■'■'■■■ï.ît ' p ..:■■•■ r:v. r ■ -vu.:;';.: ■;:> ,y v
. . ' . . . ..' : ,r * ' • .1 ... • .
Le.mode d'abonnïmknt le plus Bimple est l'envoi d'un bon de poste ou dun effet surParis;
à l'ordre de L'4wtiN»Tiutetm du journal, rue de Valois, n*-10;,/ h , i -V»
JOUÏUVAL POLITIQUE, XITTÉRAIBE, UNIVERSEL,
Î'^À Ziei fctfra ou envois d'argent non A ïhunchis sont refusés. • {
; • Les articles déposés ne sont pas rendusJ 1
Lu ftbonaemens datent des '
de phaqos mol», ^ ; r
ohe* Mî Piaw ; régisseur des Journaux;
et ochez .MM« Bigot èt Ç*,"8, place 'dela'Bourse.' -
=*.
PARIS, 27 FÉVRIER.
Le parlement britannique offre, en ce
moment, Ira spectacle qui, peur n'être pas
nouveau dans les annales de l'Angleterre,
n'en estpas moins instructifàdiyerspoints
de vue. Ce spectacle, au: surplus^ rappelle
assez exactement ce que nous avons tu
naguères en France, à l'époque où les par
tis les plus hostiles les uns aux -autres se
coalisèrent Contre ië cabinet du 45 avril,
queprésidait le comité.Molé,, -
C'est/ea . effet, ; avec : des difficultés de
même ,nafure , que le ministère dont lord
Palraérston est Je - chef se trouve actuelle
ment aux prises. Il est, sinon menacé dans
son'existence, du moins vivement attaqué
dans sa politique, par une coalitipn formée
de» tories qui votent avec lord Derby et M.
Disraeli, par uné'.fraction deswhigs, dé-
d'échàpper, au dedans, aux embarras par-.,
lementaires que ceux qui aspirent à sa suc
cession vont lui susciter, dans le -cours de
la session actuelle. Ainsi, nous croyons qu'il
sera le , premier à- profiter de l'aplanisse- 1
ment des dernières difficultés qui avaient
un..instant retardé l'exécution du traité du
30 mars, et que tout ce qui tendra à accélé-
rer l'application [régulière des principes qui
s'y trouvent. énoncés, viendra fortifier sa
situation. Sôn intérêt-est donc aujourd'hui
d'aider de ! tout sbn pouvoir à l'entière et
pleine pacification du monde: car tel est
le but caractéristique dé l'alliance anglo-
française;, et, U faut bien le reconnaître,
c'est cette alliance qui, depuis long-temps
déjà, fait une grande partie de sa force. 1
. - 1 A médée de C esena. .
îregrettablé/ et ce n'«st pas sans raison qu e i pas'qué tout se marchandé en Angleterre
4es Anglais s'en plaignent comme d'une ta- ; { et se troque .contre de l'or, y compris l'hon-
'«faet-poUr Je caractère national. Elle pré- j neur-et les femmes. «Non < nous trecoanaî-
sente surtout un vice j radical dont les ré^ 1- tronsaucontraireque,nuHepartjjeut-être,•
sultats que'nous' venons de signaler nft.^*Mes liens du mariage ne sont plus générale- :
'•* ment respectés, que les mœurs de la fa-*
; mUle
peuvent ternir 3
. l'î^ujjeju?
«eut nous dirofis jqu'eù,ce pays qui p^sse- Il
%.ttant 4s belles,tet!^ati4 e % ! ;institufions^ la t
moralité publique îest cependantj, sur»hêau- *
5 ;®oup di ^inte|^upérieurô àl ai fHorâlitéidp 4
ï s ^ ^ CHÉDIEUr t
ta réforn^e dés lois est à l'ordre du jour
juisraeu, > pw uuc .ii«u UVU , ««• «v ; , en Angleterre; lois civilesy lois criminelles,
vouée à lord John Russèll, . et par un dé- l°is : de procédure, organisation judiciaire,
, * r . i owetomo mSnituiit.fflirfii rtfiS'rflfilamations s é»
membrement
JOOn Kusseu, ei uar uu uc- —^ r --- T -- -,,, - „ ■ . . .
do l 'ancien, parti des peelites f? stei f e Pénitentiaire, desreclamations s'é-
^ ^ lèvent sur : tous ies^ çwn^^ ; quox^uy
obéissant aux inspirations de M. Gladstone,
en même temps que par les; radicaux de
Manchester. Quel que puisse être le résul
tat définitif et lointain
lord Palmerston^ il est du moins évident
n'existe/aucuu projet deicodifi^càtMnigérié
raie/ oïi peut raisonnablement éspé^erlque
quelqueS|unes aù mojns* dearéfornies réclaR
mées finiront par être accueilIiçs^Dernièïer
méût,àpi©p6s4ubill relatif aux cours eeeléf
siastiquespropo'sé au parlement, et dont l'a-i I
de ces embarras qui entravent .toujours la
marche des affaires ^publiques d'une ,
comme l'une dés conséquences les plus re
grettables de la prédominance absolue des
assemblées délibérantes
Le. premier ^ébat de quelque importan
ce dans -lequeH'alÛançe-des. ennemis du
ministère britannique, s'est ouvertement
manifestée au sein de la chambre des com+
munes, est celui qui a eu lieu sur la mo
tion de M. Disraeli, relative au projet de
budget présenté par Jle chancelier de l'é--
chiquier. La- lutte : a été vive ,èt sériêu-
Jercettelloijisoit ,^ua .ces cours conservas^
pentfteuffeàtttib.utjojas enqiiellei les perdissient# «a abolît- moins
le ; mdde; jde> procédure acfupllement en fi4
gueur^ dans les easidèjcnipimaî conversation.
»,ll ^'est .personne ,qnËii'all..ët6]fràijppéj'ie
l'immense retentissement que produisent de
temps en temps ces grands prôeès en^adult
tèrej:a^.xquëls. les journaux.: de ila ^Gran
de-Bretagne ;£Q»sacrèrit Mi çomplaisanï-i
%ent leurs colonnes^ G'.est déjàunpreînfer
mal:, que r «ettepublicité, iet; oiàlhéui'eusel
inlnt ca n'est pas le seul :qti'wi; eXàxnenJatf
itentif 1aous":révèlé| le$ : Anglais euxtbiêmèé
cmquier. ^ mue « trouvent io'jû'îte, honteuse et dégradant«|
se. Lord Palmçrstdn en est cependant la procédure de la loi anglaise et ce. qu'ils
sorti «ite MS: MWjMM ■^SSSv'trimSSS^m:SS^k
posante,' puisque, sur 492. votans, il suffit d'une simple : comparaisoniavec là
obtenu 80 voix de majorité. Mais il est loi, française ; qui .réprime, et punit, l'a-
bon de remarquer que, dans ce vote> lor^ • dultère-a? En France;, sur= la , plainte du
John Russell, qui fait pourtant partie, de la« mari,'la femme coupable est .traduite seule
" Coalition-/ s'en est détaché afin dVppuyer ■ a y. ec son complice devant tin 'tribunal
« sieurs wlugs 1 ont imité j beaucoup de con» quelques témoins^ constatent-; le - délit»
: servateUrè ont égalemient sùiyi eet'éxe'm- et une peine: d'emprisonneinenty.qui peut
_' plé,.et së sont séparés de M. Disraeli., .. . varier.de trois mois il deux ans, est applit
îcL lé; triomphe de lord "Palmerston-à .quée aux coupables,..Le mari est toujours
; donc été-phis matérielquè mofali puisque! battre d'arrêté les poursuites, en répre t
• " , ...j 1 _■ .,, ' !,, \:.nant sa : femme.. D après, ftisage .oresoué
d ap^s ce^u oniécr^t de Lon^rpi) 1^: $oit universellement auivi/les ti-ibunaux ne prof
en partie 4 la défiance que ,M;.DisraeIi msr noncent pa? d e dommages-inlérêts au pro*
* pire à .unë fraction dès tories et en partie à. fit du mari centre Ifamaqt de «a femma;.ii
l'adhésion •ÈôndiU6BnéUié^M'4?iiâîfiéù;^fiie'f est juste aussi dç dire qu'on ne voit presque
- * . iamais c* 1 J
que ...
sont que .la conséquence. Lu teùxps àe
Cromw^ll,: l'adultère était un crime, et ilai
des -whigs. Le imiùistère britannique,r>en
; T$satàèi n'a . eu^ franchement ,contre t lui|
1 sup fie jt^rràin spiécial du budgetque
les radicaux et les peèlifes. Mais, ên ; sera : tr
"i il'de.Jnêiae.suRi 1$$,- questions extérieures \
"• Çeliàiet doiitéùx;' Dans les débats-que «es
^ questions^p'ôùrrônt-s'àiiï^ver,;^^
- çnons jqU'Ù >ne se" joriiie aisément .çontrè
'•> iord Pàlmerston une 1 minorité forxnidabîCf
I",. A l'heure où"nous écrivons nous n'ayons
v encoré ; qùè1e 4ébui de. là discussion* qui
; Tient de s'ouvrir dans la chambre des
; ionimuçes"sur;lës affairés de Chine. Pro.-
.. voquée par une rnôtibn de M. CoBden, cette
v «lisôussion a déjà présenté un fait nouveau,
|e seul qui .nous soit signaléîpar la télégra-
_ pbie pnyée; ce fait, c'est que, cette fois,
- lord John Russell S parlé contre la politique
du cabinet. Lord Derby s'étant aussi pro
noncé contre^ cette politique dans la cham-
hra des pairs, ileérà supposer,que les.
jamais chez nous des maris deman.derja ré
paration pécuniaire d'un outrage; que ,1'arf
gent rie répare pas; Les plus .hautes consi
dérations'de moralité justifient la sage ré
servé, des tribunaux français,' ,qui:. ne : péri
mettent pas "qu'un procès en adultère puis
se devenir l'objet, d'une ignominieuse. spér
culation. Ainsi, jugées après une simple en
quête, et de très courts débats, ces ttistes
affaires finissent sans bruit. t ; -
Il n'en est pas de même par delà le dé*
troit. Les Anglais, qui ont tant d'usages
étranges, ' ■ s ; .v
Toto divisos ortie'Britmnos, ■ < '
n'ont pas de loi qui présenté de plus singu
lières anomalies qué celle dont nous parlons.
D'abord ce n'est pas contre sa femme que
le mari dirige les poursuites.'Chosé inouïe I
C'est la faute de la femme qu'il s'agit' dé
révéler au public et de prouver au jury
avec toutesles solennités de la )ustice: C'est
la femme elle4nême, dont la réputation,
là moralité, l'honneur sont enjeuj et-ce
pendant elle ne figure "même pas au pro ;
cès qui se juge sàns elle eï contre elle. L<
. ; înembrés de la coalition "se retrouveront,' 1 P es 1°* se J u » c oau . s <= v wu » v „ v
dans le vote de la chambre des communes, ' C0O5 P^ c . e 4®.}'^ultère seul répond ^ l'action
plus complètement groupés autour; des '
- chefs de l'opposition que îqrs du debat re-
latif à la question financière.: On pourra
donc juger, par.ee vote/ des forces réelles
> de cette coalition. * ' 1 ^ ; : J 7 '
y ;i)aus tous les càg, il est évident que moins
le gouvernement anglais rencontrera au
: dehérs de complications diplomatiques se- |
' rieuses, plus il sera facile à lord Palmerston '
du mari. S'il èst déclaré coupable, quelle
condamnation subira-t-il 1 II sera' condam
né à des dommages et intérêts proportion
nés  sa fortune!' Si, par malheur, ùa
mari dépravé conspire avec quelque coquin
la ruine de sa femme innocente, toute
défense, est"refusée à celle-ci, et la con
damnation de-son complice supposé fera
prononcer ensuite contre elle le divorce
devant une autre juridiction.
' Assurément une pareille législation est
donné. lieu qu'à dès réparations-
n'est pas même jugée par des tribunaux cri-1*
minels. bans les procès qu'elle fait naître, ;
d'abominables questions peuventétre soûle- ;
vées ! Le mari-évalue le plus cherpossible le 1
préjudice qu'il.afsouffcrt: «On m a volé ma
femme; dit-il, \cpinbieri me dohnëre^vous \
pour cela ?,L àutpûr deirnà honte est riche: ;
cela vaut bien cént mille fràncs..>? Et il ■
ënumàre toutes les turpitudes qui ont souil- '
lé Je foyer domestique^, les grossit et les '
exagère jusqu'àce qu'il ait trouvé pour cent i
mille francs de scandale et d'infamie. La loi -,,
l'oblige à taire paradé de sa honte et ^e :
son xhagrin-, comme . un mëndiant qui :
montre ses blessurèâ.pour exciter la com- :
passion des passans. -
/ ' Quant à son adversaire/ son langage est '
différent. A l'entendre, il n'a causé au. mari i
tqu'un fâiblè préjudice; peut-être même ne ;
lui en a.4t-il pas causé du tOuUv Etil prouve, j
par de nombreux témoins, que, long-temps
avant lui, le pauvre mari, avait été trompé, ;
que ; sa femme était 4éjâ pér^u^ ^
pu compromettre un honneur qui n'ejis-.
tmt .pas et que> par conséquent, il n'est
tenu d'aucune indemnités NOus le ré-'i
pétons ■: la femme--qui sert d'enjeu k ■ ces j
scandaleux débâts n'a pas même le droit
d'y intervenir: Cependant si - l'honnête
défense que nous venons de, résumer, et
que la loi autorise, ne réussit pas, :1e sé
ducteur est condamné à des dommages- 7
intérêts dont le chiffre (Varie suivant les cir- ;
constances èt l'humeur du jury; iLpaie âu
mari le prix de l'ignominie; et/commercia
lement parlant, il est.parfaitement quitte. ;
Lôrd 'LyndhUrst, devant le parlement i
d'Angleterre; a fait énergiquemerit ressor- :
tir les vices dé cette partie de la législation 1
anglaise. « Il èst scandaleux, a-t-il dit, et
tout à lait contraire à la dignité du. carac
tère,national, qu'un homme soitJorcéde {
chercher une satisfaction aux lois de l'hon- :
neur dans des procès de cette nature. » Et 1
iLa ajouté que', quand viendra la discusîion
du biil relatil au divorce il demandera
l'abolition, de cette honteuse procédure.
Lord Brougham a donné son assentiment à >
ces paroles èt annojîcé la même détermi- i
^nàtioiLj.":^'^'^ ;;;L/ ?
. tes'meilleurs écrits en'Angletérré de- ?:
mandent donc aujourd'hui ce que,.malgré i-
de nombreuses tèntatives, on n'a*pu obte-
nir depuis le temps idff Crom-well,,que l'a
dultère soit placé, comme chez nous, au •
rang des délits, qu'il'soit réprimé àutre-
inènt'que par une simple réparation pécu-
niairé et que. les tribunaux prononcent la i
peine de l'emprisonnement contré "lés cou-.
pables/^quel que soit leur rang. - ' ï
Ce n'est pas seulement au point de vue
abstràitde l'amélioration de la loi anglaise ^
que ces réformes sont indispensables : c'est :
aussi dans,un intérêt, de. bonne renommée. ■;
On ne peut se dissimuler/en effet; qu'àd'é- ;
tranger oa jugeitrop souvent-la nation an- i
glaise tout'entière d'après l'excentritsité
de quelques-unes ,de ses vieilles eputumès,
de ces usages que l'on .croit être ùnfyersels :
et qui,au bruit .qu'ils font; finissant par §tre '
pris pour le signe caractéristique,des.mœurs i
britanniques. ;On ne, voit l'Angleterre,que î
sous des. couleurs 'romanesques \ c'est lé !
pays des ^ séductions et des enlèvenaens,
des mariages fantastiques, des jeunes filles •
2ui font la chasse, aux maris et, se font |
pouser par. autorité: de justice ;- c'est le l'
pays des divorces scandaleux- et.des: cn'mt-
natconversations.. Est-il nécessaire de dire <
que, dans tous ces jugemens, l'Angleterre <
v porte la peine du vi.ee de ses lois? Ainsi
'l'extrême facilité avec laquelle les maria
ges y sont célébrés, sans aucune de ces
formalités si sagement prescrites par le lé
gislateur français, provoque .les enlève-,
mens ; les jeunes filles délaissées trouvent
ensuite dans la loi des complaisances abu<
sives, pour plaider contre leurs ravisseurs; ;
enfin, quand le mariage a eu lieu; sUà foi
conjugale est violée, viennent les lois que !
nous signalons en matière de divorce" et •
d'adultère," avec leurs déplorables consé-1
quences. '■ ■ •
Mais, quels que soient les vices de ces i
lois et les abus des procès qu'elles ffutori-
sent, nous nous garderons, bien d'en parler
avec autant d'amertume que la presse an- i
glaise elle-même ; .nous n'en conclurons ;
,. L» chambré des lords à repris dans sa
séance d'hier, les. débats sur la motion de
lord Derby, relative à la question de la Chi-1
ne. Le comte de Carrtarvon dit qu'après lès'
- discours fort Jiabiles prononcés dans cette ■
chambre, à la séance précédente, il lui pa
raît excessivement difficile défaire jaillir des
. lumierés nouvelles-s'Ur.la question relative
,-|TJa.i^éi^tâveji'K^Qe;>U' ; 9bûtient quej
< inêmfe d'.apr.ès les ipièc.es justificatives dé-
; posées :sur le bureau
>FArrow fût "un bâtiment chinois: ;
; Les mesures -adoptées par-les" Anglais j
pétaient,.,-doncv illégales.: ^.tnoble .cpmte' 11
"'déclare que "tous les .actçs; de sir .John
. jBowring sont injustifiables. Tàntôt, il
" écrit en Angleterre que' 'la-lorcha n'avait^
vpas'Ie droit dejiorter : ie pavillon anglais,"
parce que son inscription ,est ; expirée le %1 -
aeptembre; tantôt^il écrit et <âéqlâr&., qjie 4
- lit lorcha était; un bâtiment anglais,'et
'avait droit de porter le pavillon anglais. "
- C'est un fait singulier que,- dans tous les
discours prononcés par les .membres du -!
t gouvernement de S. M, il n'ait pas été parlé ;
'de cette contradiction,, et que même, en.
iréàlité, on ait soigneusement-évité défaire
allusion. : ,; V V' ..' ■ : ■
Au départ du courrier la séance conti
nuait. î ■ : ■' ... ■ .]
Hier au ; soir/ la chambre 'des communes
" a entamé à son touj une discussion impor- •
tante, sur les affaires de la Chine. Le débat
i a (été provoqué par M. Cobden.:La.chambre
.."était au complet. ' ! . - .
"r' i r ; M. Cobden jje lève pour présenter la résolu-
. tion'suivante r « Que cette chambre a appris
'avec inquiétude.la lutte qui avait eu lieu enr
tre les.autorités anglaises et chinois,e8 sur la,
-aivière' dô Canton'/ et'saris-éxçrimer une opi-,
nion sur la part que peut avoir le gouverner
ment de la Chine dans les motifs de plainte que
l'Angleterre peut avoir à élever, relativement
à l'mexéciitipç du traité r de 1842, cette clxambre
' considère que -les aocumens qui pnt été 2 aépdr
sés sur, le bureau/n'e. justifient pas sufflsamr !
, ment les jrieéulre.s yMentes employéés : à, Çanr '
tondàns l'affairé de J'Arrote , récemment. sûr- ,
; vente ; et qu'une, commission 'soit nommée
ipotiE faire une enquête sur l'étât de nos relar
'lions commerciales avoc la Chine. » \ . -■
,. Je ne poursuis, a dit l'orateur, aucun but
personnel; je ne cède ' à aucun, sentiment de
^çaiti.- Je serais plutôt disposé, jiâ contraire; à
aoniief mon appiii au gouvernement actuel, et
si je ne consultais que mes sentimens particu
liers, je me déclarerais également en faveur
de sir. Johp Bo-wring, ministre britannique à
Hong-Kong, que Je connais depuis plus de vingt
ans. En faisant- cette motion, je n'ai en vuè
que l'honneur du pays, et, èn abordant cette
question, je n'entends pas remuer leti sentfj
mens de la Chambre ou faire appel à'son z hu-
n.âQité> mds simplement lui demander si, àq
point de vue de la polnique nationale;i'attaqu^
contreCauton peut être justrilee. Je^désireque la
Chambre^ considère. 1 cette question comme si la
querelle s'était élevée avec une puissance forte
; comme laFrartée ou les E^ats-lluis, et non avec
; une ùation faiblecommelaetxine'. J'ai remarqué
• qu aujourd'hui il y a une tendance " a suivrej
deux, lignes différentes de politique suivant
qu'on a affaire à des nations fortes ou à des na--
: tions faibles. 11 a été beaucoup trop de mode
de se courber devant les unes et de se montrer
arrogant envers les autres. Mais ce n'est point
là 1 ancienne politique de 'l'Angleterre. Jusr
qu'en ces derniers temps, l'Angleterre .-s'ër
tait présentée, la tête baute, vis-àsvis des
forts aussi bien que vis-à-.vis des faibles quand
elle avait pour elle le droit et la justice, et
i c'est & ce système que j'invite le ministère à
i revenir. (Cette déclaration est accueillie par dé
bruyans applaudissemens sur les bancs.de l'op ;
: poSitioni) ; '■ i ; -
,, Après avoir ainsi constaté que je n'agis sous
i l'empire d'aucun sentiment nostile à l'égard
, du gouvernement ni d'aucune fausse sentimenr
.. talité à l'égard des Chinois en raison de leur
faiblesse; après avoir ainsi ^déterminé le prin
cipe qui doit servir de base à la discussion,- jè
vais démontrer que " l'attaque contre Canton
ne -peut se justifier ni au point de vue dudroit
ni au point de vue de la politique. ' !
En examinant l'historique de cette affaire,
on peut remarquer qu'elle a surgi à l'occa
sion d'une infraction au traité. Il aurait été
préférable, que le consul, M. Parkes^ eût sou
mis la-question au gouvernement avant.de
recourir 4 de3. mesures -hostiles.«IIy aurait
présomption, de ma part, à exposer mon'opM
nion après qu'elle a été présentée ailleurs par' 1
lord Lyndhurst, st après que ce docte lord a*
déclare que la marche adoptée par M. lé'coa-I
sul Parkçs était une infraction directe' aux !
lois internationales; cette ^lorchà n'était pas;
sous, pavillon anglais, sou autorisation- étaitt'
expirée'. . - - '
Je m'en réfère à là correspondance de sir !
John Bowring et dé M. le consul Parkes, et,
quant, à ce qu'a dit sir J. Bowring sur ce
que les Chinois ignoraient que l'autorisation lût a (
expirée , c'est 1 argument le plus abominable £
tue j'aie jamais entendu. -M. le cènsul Parkes a -
it que lorsque la lorcha fut abordée, le eapi-
tainp, qui est sujet anglais, était à bord et que
le pavillon anglais était arboré, mais le ca
pitaine a dit qu'il ne se trouvait pas à bord à
ce moment. 11 y a donc - une triple Illégalité '
dans cette affaire : l* celle d'une infractionà la,
loi, comme l'a démontré lord LjadhUrst; 2 o ; |
d'assertion de.sir John Bo"wringy xeiative à l'au
torisation; 3°, cette circonstance quelle ,gouver
nement dé Hong-Kong n'a pas le pouvoir ;de Vio
ler la loi dés statuts de l'Angleterre en don
nant une autorisation. On a (ht que la marche,
adoptée par les Chinois l'avait. été dansle but
4e commettre,une.insulte ; mais leiftit est .que
le consul a cherché une. malheureuse, que
relle aux Chinois, et j'ai lu uçe lettre d'un
gentleman américain, nommé ,Cook, ..qui a
occupé: . une -position officielle à Whampoa
pendant les quatre dernières années, dans la-
queila il Jait connaître' en détail l'emploi illé-.
gai qu'on a fait de notre pavillon pour favoriser
la contrebande. M. Cobden parle aussi,' ayee dé
tails, de la marche adoptée relativement & l 'au-
torisatiàn, et dit .que le sujet, anglais qu'on
appelait un capitaine anglais, était un appren
ti déserteur qui avait été. rais en ayant pour*
masquer Je commerce illégal sous pavillon
anglais, et il considère tout cela.comme une
chose fâcheuse pour son pays. L'orateur con
damne l'arrogante et présomptueuse conduite
de v M. .le consul Parkes vis -àrvis du. gouver
neur Yeh,. et -.il fait contraster cette conduite
avec l'attitude conciliante de Yeh avant èt
après les hostilités. Yeh a déclaré, à diverses
reprises, que VArrow n'était pas un navire
anglais, et- qu'un Chinois, en. achetant, une
autorisation ne pourrait pas fair# d'un navire
chinois un navire anglais, et certainement le
consul Parkes avait le projet préconçu de pro
voquer une querelle! o ; v o 'v i "
L'orateur continuait au départ.du courrier.
Une dépêche télégraphique de l'agence
Havas nous annonce que, dans la chambre
des lords, les débats ont été cles/iet que
146 membres ont voté pour le ministère et
i 10 contre.—Majorité ministérielle 36 voix
Dans la chambre des communes,,1a dis
cussion de la motion de! M^ColDden/relati-
ve à la Chine, a été ajournée. :V
Dans cette .discussion, .lord J; Russell a
pàrjé contre le ministère.
• On lit dsàs le Payt": ' ;
a Nos correspondahces particulières de Chi-
nénous apprennent qu'un grand conseil-avait
été tenu à. Hong-Kong,, le. 14 janvier, ches sir
John Bowring, .chargé d'affaires d'Aogletefré(.
L'amiral Seyinour ;et plusieurs officiers supé
rieurs de son escadre y assistaient.
» On assure qu'il a été décidé dans cette réu
nion que,,, jusqu'à l'arrivée des dernières insr
tructions du gouvernement anglais, on n'en
treprendrait .aucune opération nouvelle . et
qu'on se tiendrait susune énergique défensive.
» On.,venait.d'apprepdre, à la daïedesdérr
nières.nouvelle?,.. que le ■conseil iBupérieur de
la r.ompagnie^des ludes, dans sa dernière séan^
ce tenue a Calcutta, avait déclaré que l'attar
que de Canton par l'amiral Seyinoùr avait été,
par ses conséquences, très préjudiciable' aux
intérêts de.-là compagnie. < \ • : i
» Les dernières nouvelles du golfe Pérsiqué
assurent qu'un.-armistice de trçis mois a, été
conclu entre,1e commandant en chef des trou-
pes anglaises et le gouvernement persan;.Cet
armirti^e commencera le lV-mars iStlT. !»,"
(Correspondoncé particulière v dù Constitatioxinél^
; Milan, le 24 février'18K7.
Monsieur, ■ ■ '
Voici en deux mots le résumé des npu-
velles et bruitsayant'cours et croyance, au
jourd'hui/ parmi les personnes tes mieux
infôrméés de Milan. Ces nouvelles' sont
assez mauvaises et donnent plus que rai
son aux tristes pronostics de ma dernière
lettre. -
Ce serait dimanche "prochain, 1 M mars,
c'est-à-dire après les fêtes du carnaval mila
nais et la veille du .départ de l'empereur
(remarquez cette double circonstance),
que serait publié le décret sur le nou
veau gouvernement . général. Ce décret
serait loin de donner, comme oh l'espérai!
tant naguères,- satisfaction aux intérêts na
tionaux de ce pays. Là Lombardie et la Vés
nétie se trouveraient en effet englobées,de
nom et de fait, dans un, dès quatre grands ■
domain^- (sic)/dont se composerait désor
mais f empire' d'Autriche, àla façon, passez-
nioi tè terme, qui Explique mieux ma pen
sée,d'une orange divisée en quatre quartiers
égaux. De plus, l'autorité de l'archiduc
Maximilien, gouverneur-général- de ce do-
maine, serait décidément réduite aux plus
minces proportions. *.
,Le prinçe, après avoir long-temps lut- ,
té contre ;lés ,conditions mauvaises du.
rôle qu'on lui prépare dans le pays, au
rait fini par ^ sè soumettre, imitant en cela
la résiguation de l'empereur, son frère, et
en se consolant par l'idée que ses fonctions
maritimes lui laisseront toujours la faculté
de résider plus souvent à-Trieste qu'à Milan.' ■
Comme je l'ai ditplus haut,^lfbmpéreur par
tira avec l'impératrice le 2, âpi ès la céré
monie.funèbre célébréfe en mémbire de feu
l'empereur François I er , avançant ainsi ce
départ de .deux, jours sur l'époque, précé
demment arrêtée. ; - V
Dans k soirée de qe mïme lundi 2, les
théâtres impériaux- ne donneront pas-de
représentation ,à (îause de la cérémonie de
deuil qui aura eu lieu le matin. Ceci pa
rjura une ; chose-toute ^naturelle ; mais/ce :
qui, je. sera b.eaucoup moins, le jour .sui
vant, mardi, sera la fermeture, pour -le
reste de la saison, du grand théâtre de la
Scala. Mesure arrêtée déjàr, on> m'en donne
la certitude > par l'autorité, spus le pré
texte que l'entreprise ne fournit que de
.très mauvais«pectacles cette année; mais
par là véritable raisen que beau'coup de da
mes de la noblesse milanaise comptaient,
ce jour-lji, aller en pompeuse toilette oc
cuper leurs logés demeurées vides de
leur présence -pendant le séjour de LL. MM.
à Milan". .* . v .'
Depuis trois jours, l'empereur paraît •>
beaucoup moins en.public et porte un /ront
soucieux. Chacun ici's'en aperçoit dans la
population. ;
Tout le monde se rend parfaitement
compte des efforts de toute espèce qui au
ront "d]J, être tentés par le parti militaire
pour.se cramponner à un pouvoir qui sem-i>
blait prêt à lui échapper.
C'est ainsi'qu'on a su qu'on avait très vi
vement exploité la circonstance d'une bou
teille incendiaire lancée; il y a quinze jours,
par une main inconnue, dans une cave du
palais. Circonstance/ .qui n'avait pas mê-.
me alors* quoique connue de bien des >
gens, fixé la préoccupation publique' et
dont, pour ma part, je n'avais pas cru de
voir vous dire un :seul mot., . r
Parmi les derniers ennuis de son séjour
à Milan, l'empereur pourra également
compter certains embarras, que je .vous
avais signalés comme devant l'attendre à
Milan > relativement à l'application du
concordat. .. .
, Je ne sais, si M. Je baron de Bach,,
qui s'occupe, dit-on, de cette matière épi- -
neuse en, ce moment,pourra s'en tirer, pour
le quart-d'heure, sans trop se piquer les
doigts: : ce qu'il y a de oertain, c'est <
3* ue les difficultés, quoique fasse rhabilèt^.
u ministre, ne pourront être- qu'ajour- .
nées. De la maniéré dont l'affaire a été en
gagée dans,le principe, il doit forcément
résulter,un jour, ou l'autre,des luttes déplo
rables entre le pouvoirxivil et l'autorité re
ligieuse*.. •
Le saint-siège seul pourrait peut-être,
avec un peu de généreuse abnégation,pour
ses propres droits, intervenir .dans cette af
faire assez.activement pour en arrêter, les
conséqùencesJàcheuses.. l .
A .propos : de nouvelles religieuses, je
.sais que M. le comte de Romilly/ archevê
que de Milan, doit, d'après les démàrches
laites par la cour- d'Autriche, abandon- "
'ner ce -siège pour être nommé cardinal en
résidence.à'Rome; ; "
Cette mesure n'a, au reste, aucune autre
cause qu'une question d'intérêt personnel
où se trouve engagé le vénjérable-prélat. Il
n'y a donc dans cette affaire d'intéressant
au point de rue politique et'religieux que
le choix qui sera fait d'un successeur ; au
comte de Rdmilly. , . * • :
Dans les circonstances actuelles d'une
lutte.pendante entre le pouvoir civil et le
pouvoir religieux, ce choix est naturelle
ment d'unegrande importance.
L'affaire de l'Union douanière ivec les du
chés italiens, dont je vous touchais un mot
dans une dé mes dernièïes lettres, va de
plus mal en plus mal.
On assurait ce soir que tout était rompu;
Des bruits d'une nature plus grave avaient
même circulé dans le public. On disait que
le but du voyage de M. Buol à'Parme avait
été d'empêcher la duchesse régnante de se
placer, comme c'était son intention, sous
ÏEÙIÙ.EJOM DU CdkSTiTUTUDHNÊL. 28 FfVRIÇR-
GILD1.
CONTÏ.
vf.
'• GILDA. •. .
— Dépêchons, dit'la vieille en frisson
nant sou9 sa cape, il tait froid; on gèle, et
je n'ai plus vos quinze ans! < ; -, i
Les trois jeunes filles, s'encourageant du
p?ard et se tenant toujours par la main,
£
Elfes s'arrêtèrent toutes trois.
— A toC Marie, tu es l'aînée.
— A toi, Gilda, tu es la jeune.
— Allons ! je me sacrifie, dit Jeanne, et
«lie s'avança vers l'étang. ■ - ...
—A genoux 1 lui cria Gertrude.
Jeanne s'agenouilla dans la neige, et se
çeticha vers l'étang. " ,
__ Q Ue vois-tu î lui crièrent les deux au
tres. ' : : ,
, -r- Rien... une petite vapeur.... la glace
esi trouble... ; v .
— C'est un nuage qui passe sur la lune,
dit Gertrude ; regarde-encore.
— Ah,! je crois voir une maison...- peu à
neu la lumière se fait... je distingue,., ç est
fa maison d'IJermann, voilà le grand ldas
à côté de la perte... il est fleuri... là bas,
sur le chemin poudreux, ciel! lui-même,
Hermann... Je reconnais sa. veste verte à
boutons d'argent.... son chapeau tou
jours sur l'oreille.... Il porte un bou-
quet» au côté... Sainte patronne ! Le
bouquet que je lui ai donné à notre der
nière valse... Il me sourit.,, il me tend la
main... Ah! encorè cette maudite vapeur,!..
Plus rien ! je ne vois plus rien! . .
— C'est assez pour une foisj: à toi Marie!
Jeanne se releva d'un bond, le cœur bat
f^nf, l'ame dans le ciel, dans le ciel bleu,
là-haut, ^larjg à son tour s'agenouilla-.
— Que vois-iji? lui demanda Jeanne,
tout-heureuse : aussi top flan^è, n'pst-ce
pas? *. . , .
— Non, dit Marie/ de chaque côte de 1 e-
tang je vois des flûtes et des violons : on
chante, on danse, on rit, la gatté brille-..,
mais de fiancé, pas la moindre apparence.
-r- C'est que tu as mal filé ta quenouille,
dit Gertrude : tu iras à deux noces, mais
pas à la tienne. --, ,
Marie se releva, la tête basse, les bras
sur là poitrine, le sein gonflé, des , larmes _
dans les yeux. Elle aimait Walter, le.franc-
tireur; et l'image 4 e Walter ne luj avait
point souri à'travers la glace transparente.
Gilda cependant, assise sur un trope de
sapin, restait immobile, un coude sur ses
genoux, sbn petit menton dans sa main :
, —Va donc ! dit Gertrude, '
—A quoi f>on t reprit Qilda-,
— Tu n'aimes donc pas? fit 1% vieille..
.—Quand je veux lé savoir, dit Gilda, c'est,
en moi que je regarde. "
Ses deux sœiirs la prirent par le bras, et
de force l'entraînèrent vers l'étang. ■ .
L'étang brillait comme une Jamç 4.acier r ,
que l'on fait miroiter au. Les jeunes
filles-furent obligées 1 de mettre un instant !
leurs mains devant leurs yeux. Enfin, elles ;
se penchent toutes : trois, et toutes trois i
poussent un cri;
— C'est toi, Gilda! fit Marie à sa sœur.
— Gilda, ce n'est pas toi ! reprit Jeanne.
— Notre sœur est moins belle.
7 Elle est plus belle, mais elle a de
moips ; riches atourg.
— Ce n'est pas afnsi qu'elle porte ses
cheveux 1 ,. ■ , • ,
— Non ! mais ce sont ses cheveux,blonds
comme l'or et fins comme la soie ! .
— Et ce long voile, le lui vis tu jamais?
— Non plus que ce beau manteau"bleu;
mais il irait bien sur ses épaules. .
—Et ce bouquet au côté, ce sont des
fleurs de diamans ! ' '
- — Les arbres en ont d'aussi beaux...
— Oui, quand il gèle !
— Cependant, se glissant à pas de loup,
Gertrude s'approcha de l'étang à son tour •
et regarda par dessus leurs épaules. Qu'a- s
perçut-elle î Une belle jeune fille qui mar- :
chait sur des fleurs ; elle était mise comme ,
une noble dame ; rien n'égalait son air de ?
douceur et deTnajegté ; les étoiles qui se .
mir aient en tremblant dans la glace, s'ar
rangeaient d'elles-mêmes autour de sa tê-
te, Comme ppur la couronner d'un diadè
me de rayons
Gertrude était muette d'étonnement. ;
— C'est toi, dit-elle enfin, c'est toi, Gilda, ;
et ce n'est p^s tpi! 4e te reçonnais et tu pe j
te ressembles pas. iEh mais ! dit-elle tout|
à coup en se frappant "le front, c'est préci
sément cela, et j'y suis maintenant: c'est^
toi avec les habits de sainte Catherine,dans|
le grand tableau de notre, église,, àu-dessus j
Oefaute}. . -
' — Cela veut dire, reprit en riant la belle 1
Jeanne, cela veut dire que tù coifferas la
patronne des filles : aussi bien puisque tu
n'as pas d'amoureux, què t'importe ?
—: Je savais tout cela, dit Gilda en se
couant la tête, et ce n'était pas hien la peine
de m'amener ici pour me le dire..; Et pour
tant elle fut heureuse de se trouver belle,
et elle 'jse disait tout bas : si seulement il
était là! Son œil fixe ne quittait plus l'étang;
on eût dit que son regard voulait percer l'a
venir et voir plus loin, voir encore. Mais la
glace se troubla peu à peu; et son imagé
pâlit et s'effaça. Puis le miroir s'éclaircit
de nouveau, et entré les atgiies du fond,
elle vit pointer les naseaux frémi»sans d'un
.cheval noir et briller son Œil ardent : déjà
le cou nerveux se montrait sous la crinière
flottante, - " • . .
Gilda devint blanche comme là neige
que foulaient ses petits pieds.
N'était-ce point un cheval noir, qu'Er-
win montait la veille î
- Mais tout à coup l'on entendit le son du
cor et un bruit de pas dans la forêt. Les
lueurs rouges des torebes .sèu promenaient
entre les arbres.
— Vite ! partons ! dit GertrUdé. ;
Et les deux jeunes filles entraînèrent leur
soeur; et toutes trois disparurent, comme
s'enfuit-un vol de iiolambes-. .
Gertrude, traînant sà jambe', les rejoignit
bientôt sous lés hauts taillis, • ; _
H.'; ;
- Gertrude n'étaitpas seule à savoir les mys
térieuses vertus de l'étang glacé. ia vieille
nourrice de Bertha les connaissait aussi,
et pour compatir aux peines cachées cle
jeûne.maîtresse, secrètement touchée d'a
mour pour Erwin, elle résolut de les amener
tous deux sur ses bords, espérant que,! s'ils
se regardaient ensemble,la glace offrirait à
chacun l'image dé l'autre, et qu'ils s'aime
raient en se persuadant qu'ils devaient s'ai
mer. ■ "' " '■ .
Ils partirent donc, à la nuit tombante, ac
compagnés de la nourrice et suivis de leurs
serviteurs, et. chevauchèrent joyeusement
dans les bois, devisant de miïle choses, et
abrégeant.la-route longue par. de gais pro-1
•DOS.- :a " l ' ; ' «••w-î.---:.. , «
Parfois, cependant, Erwin'tombait tout
à coup en des silences mélancoliques. J
C'était quand la pensée de Gilda lui rever «
nait à l'ame; il lui semblait voir encore la i
jeune fille assise aux pieds du comte / ij
entrait et l'apercevait, belle r . rougissante :
comme la jeune Pudeur; elle'sè levait pouf
lui offrir le hanap d'hydromel ; plus tard,
elle sortait de là salle du souper, le sein
gonflé et l'œil triste/plus tard encore, elle
passait voilée dans les rêves de sa nuit.
Puis il se rappelait uné forme incertaine,
vaguèment entrevue à travers les buissons
pendant lâ chasse du matin. Il sé deman
dait ce que Gilda était devenue/ et ne lé
sachant pas, il r se taisait et il rêvait; Et si
Bertha le regardait, inquiète, pour n'avoir
pas à lui donner^-déraisons/il préôait son.
cor et'soufflait. C'était une réponse comme
unçi autre, \ '
vin.
Tous deux arrivèrent au bord de l'étang.
Frauenlob, le premieii, se pencha pour voir,;
et, muet de surprise, il joignit ses ^mains
tfadmirst; v ■
•- La même gracieuse, image qui déjà deux
fois était apparue à Gertrude et aux trois-
jeunes filles, se montrait également à ses
yeUx.. C'était Gilda, mais cent fois plus
belle, la- riche parure rehaussant encore
sa* beauté/le doux sourire voltigeait sur sa
bouche, le bonheur timide brillait dans ses
yeux à demi-clos^ comme x derrière un
nuage là lune nouvelle .qui se cache; 1s
voile de fiancée, retenu par une .couronne]
couvrait sa tête hlonde, et descendait suc
ses épaules avee ses -longs cheveux flottansj
Elle était assise parmi les . f}purs, au milieu
des roseaux,étendant sa main ouverte au
chevalier. ! .
Approchez donc, dit à Bertha la notir-
; rice, qui voyait Frauenlob sourire à la dou-
ce image.- u. : .
En deux bonds' elle fut près du chevalier,
- et; reconnaissant Gilda, parée «omme une
reine, ellè recula d'un pas, arracha un
caillou du sol, et, de toute sa force, le jota
contre la glace. ••
La. glace étoilée craqua et se rompit.
Tout disparut, mais parle trou que la pierre
-avait fait, deux petits, feux^follets, bleu ét
rouge, s'élancèrent, et sur la*neige où ils
laissaient , leur trace phosphorescent», ils
tournaient l'un autour de-l'autre comme
deux danseurs Slans le cercle d'une valse
sans fin; la bise qui soupirait dansles
feuilles sèches leur marquait* le rhyth-
me, comme un orchestre invisible. Peu à
peu, d'un mouvement égal, les deux feux
s'éfevèrent, et, entre ciel et terre, au-des
sus de l'étang, légers,-Us continuèrent k
tracer leurs cereles étincelans, puis-ils
montèrent, encore et encore, et finirent
par se. perdre dans la cime des grands bois»
- -.Quand Bertha se retourna pour regardes;
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