Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-02-27
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 27 février 1857 27 février 1857
Description : 1857/02/27 (Numéro 58). 1857/02/27 (Numéro 58).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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Les articles déposes &v ai pas rendus;
Las anKi - - jnt reçues chez î|; P ahiji, régisseur des journaux,
ei Cûflï MA1.8igûl et 0% 8, place delà Bourse,
PARIS, 26 FÉVRIER.
On ne saurait trop encourager les tra
vaux des publicist.es qui consacrent leurs;
veilles à l'examen des nombreuses ques
tions que soulève la colonisation algérien-!
ne. Entretenir â cet égard le mouvement}
dés idées; favoriser l'élan de la sympatliiej
publique vers cette Afrique, française, à la
quelle croient fermement tous ceux qui;
l'ont vte de près; propager des. notions sai
nes et pratiques sur les, conditions, qui y
sont faites à l'agriculture, au commerce:
et à l'industrie, c'est rendrë un signalé ser
vice, non-seulement à cette jeunç colonie,'
mais encore à la métropole, qui, après avoir;
prodigué les sacrifices, doit espérer d'en
recueillir bientôt le fruit. A ce titre, nous,
avons lu avec beaucoup d'intérêt le travail;
remarquàblé que M. Mercier-Lacombë a
publié récemment dans laRéme contempo
raine, et là réponse très péremptoire qu'y,a-
faite, un peu plus tar,d, M. Hippolyte Das-
sert. M. Mercier-Lacombe, actuellement pré
fet du Var, a exeï-cé naguère lç's fonctions-,
de secrétaire général en Algérie. Cette cir
constance donne de l'autqrité. à sa parole.
Bien que nous soyons d'accord avec lui sur;
plusieurspoints,nouscroyons indispensable
de nous expliquer sur,.quelques autres, oui
se sont glissées,, selon nous,.des erreurs ou!
des exagérations que le nom de l'auteuri
jpourràit rendre dangereuses. M-Mercier-La-
. combe a quitté l'Algérie depuis six ou'sept;
années, à ce que nous croyons. Il est facile (
de comprendre dès lors comment ses in
formations ont pu être incomplète# fâutej
d'avoir suffisamment'tenu compte de l'ex
périence de cette dernière période'. Ceci
soit dit en rendant pleine et entière justice,
aux excellentes intentions du publiciste et
aux facultés brillantes de l'administrateur.
Abordant le. problême de la colonisation,
M. Mercier-Lacombe réclame : 1® le can
tonnement-dés indigènës et la constitution
de la propriété individuelle, dans la"tribu;
2° la création de.périmètres de colonisa-;
tiôn par les Européens et la vente des ter
res domaniales, substituée partout au régi
me des concessions. . ' -
D'après cet.-honorable publiciste, l'Etat
ne doit pas essayer de coloniser direçte-
. ment, mais se borner à créer les conditions;
nécessaires au développement de la co I q- J
riisation.il expliqué sa pensée en disant;
que la presque totalité des ressources bud
gétaires doit êtîe employée à ouvrir desj
voies 5 de communication,, des routes' et des,
chemins de fer, de manière à mettre par
tout la terre à la disposition des colons.
Tel est en résumé lé système que préco
nise M. Mercier-Lacombe; Examinons-le,
dans .chacune des, propositions qu'il met en,
avant. Et d'abord remarquons .que ces idées
ne sont pas nouvelles. Dépuis plusieurs an-
néé§ râdministratiori en poursuit l'applica
tion avec une énergique persévérance, .et
si les résultats obtenus ne sont pas plus:
saillans, il faut l'attribuer à diverses causes
qu 'il importe de rappeler.
- En ce qui concerne le cantonnement des
Arabes, les faits que nous avons récem
ment signalés prouvent suffisamment que
depuis long temps on songe à l'accomplir.
A partir de i 850, nous voyons que plusieurs'
instructions ministérielles prescrivent cette
importante mesure et indiquent les règles
à suivre en cette matière. Le corollaire
indispensable de cette opération,-c'était
évidemment de créer des périmètres de
colonisation destinés à fournir des empla-
cemens à l'émigration- européenne. Alais
nous avons vu avec quelles précautions et
moyennant quelles enquêtes préal&blos le
cantonnement des Arabes pouvait avoir
lieu. Nous avons montré.de plus que cette
répartition de la terre ' cultivable entré
l'Etat et. les tribus, s'était effectuée sur
plus d'un point, sans embarras et sans se
cousses. Plusieurs journaux qui ont vive-
ment attaqué le système du cantonnement^
comme s'il s'agissait d'une dépossession
.'brusque etviolente des indigènes, n'ont pas
assez réfléchi peut-être aux exemples que
l'Algérie nous oifre déjà. Ainsi ces jour-
; naux, après avoir critiqué la mesure en,
thèse générale, annoncent avec éloge la;
mise en vente dés terrains de l'Habra, sans
Songer que cès terrains ne sont disponibles:
que-grâce aux opérations du cantonne
ment. Ils blâment ainsi dans, la théorie ce
qu'ils approuvent dans la pratique. '
Quant à la constitution de la propriété.
Individuelle chez les Arabes, nous sommes;
fort disposés, pour, notre part., à,incliner à,
^'opinion de M.' Mercier-Lacombe. Comme
lui,nous croyons que, pour arriver à l'as
similation^ relative qui peut s'opérer en-
'tre les Européens, et les Arabes, il faut
; désorganiser la tribu, qui est l'unité re
ligieuse, politique et militaire, ; et qui sert
de base à toutes les résistances que peut!
"rencontrer notre domination. Or, fonder la
propriété individuelle au lieu de cette pro-,
priété collective qui appartient à la tribu,,
c'est dissoudre, en réalité, ■ cette agglo
mération créés sur le mùdèle de la fa
mille patriarcale. Mais il faut considérer,
après tout, que cette propriété collective-
■ est la forme consacrée par un usage immé-î
morial chez un peuple où la tradition exer
ce un empire si absolu. On ne sait pas>ù- ;
core jusqu'à quel point la propriété, indivi
duelle, telle que la connaissent les sociétés
chrétiennes conviendra à, des homme^
nourris dans d'autres îdé^s. C'estlà en tous^
;cas une transformation délicate qui ne peut
être que l'œuvre du temps. - ' - ;
- On conseille de renoncer au régime des,
concessions pour s'en tenir uniquement à
la vente aux enchères des terres domania
les; nous croyons, que, star ce. point encore,
l'expérience doit servir de guide à l'admi
nistration. Dans ces derniers, temps, plu
sieurs aliénations de ce genre ont été fai
tes, et l'on a pu observer deux faits qui mé
ritent une sérieuse attention. D'une part,
lés lots mis en vente n'ont attiré,au-j
cun acquéreur métropolitain, D'un autre
xôté, quelques-uns des lots ont été. ad
jugés à.des indigènes. "Or, quel doit être!
le but que se propose i'administration? At
tirer en Algérie des bras et des. capitaux
européens, augmentera population efpro{
pager. la. colonisation au moyen des res
sources nouvelles qu'apporte la métropole.;
A cet'égard, la vente des-terrains n'a point
donné tout ce qa'elle promettait, et avant
de renoncer définitivement au régime 1 des
concessions, il faut attendre queies effets
de la nouvelle mesure soient plus décisifs.
M. Mercier-Lacombe soutient qu'en prin-j
cipe l'Etat doit s'abstenir de coloniser. Sans
doute, absolument parlant'et au point de
vue des règles de l'économie politique, l'E?
tat doit s'abstenir de faire cè que les parti
culiers ou des compagnies peuvent, e^écu-'
ter mieux que lui et à meilleur marché. Sa|
mission, dans les eociétés, régulièrement
organisées,' copsiste à seconder le dévelop
pement de la richesse publique et non à là
créer; Mais quand il s'agit, comme en Al
gérie, de constituer une société nouvelle, le
rOle de l'administration est plus compliqué.
Là son .concours actif peut étire commandé
par un grand intérêt public. Ainsi, en
Afrique, quand on a.-songé à coloniser
cette terre conquise par nos armés, il a été
nécessaire de grouper les efforts des Euro
péens qui commençaient à prendre pos
session du sol; il fallait éviter la dissémi
nation des entreprises agricoles afin de les
soustraire aux incursious des indigènes.
Cette pensée a donné naissance aux zônesde
villages qui ont été créées successivement
"autour des villes importantes. On a voulu
en outre pourvoir à la sécurité des princi
pales routes en fondant de distance en dis
tance des centres de population. Ainsi s'ex
plique la participation de l'Etat à l'établisse^ ■
.ment des villages qui; constituent pour.ainsi
^rë^charpente de là civilisation. Mais,en
agissant de cette manière, l'administration
n'a jamais entendu repousser les autres mo-
; des dé colonisation dès qu'ils offraient un ga
ge assuré d'avenir. Tout au contraire, elle
s'est appliquée à encourager la spéculation
honnête et à laciliter les entreprises de l'in
dustrie privée. Si des résultats plus con-
; clùans n'ont pas encore été conquis, il faut
s'en prendre surtout à l'exiguité de ses res
sources quand il a fallu donner yne vive
impulsion aux.travaux publics.
- . ■ ' . HENRY CAUVAIN.
Oirlitdans W-Momttwr:-'
« Une brochure publiée par un ancien pro
fesseur, M. Bersot, et des articles.insérés dans
plusieurs journaux, paraissent avoir excité des
inquiétudes et (tas doutes sur la pensée du
gouvernement au- sujet du nouveau système
-d'enseignement adopté dans l'Université. Ces
inquiétudés et ces doutesn'ont aucun fonde-,
ment. MM. les,membres du conseil impérial,
inspecteurs généraux et recteurs ont entendu,
à diverses reprises, le. ministri de l'instruction
publique expliquer, de la manière la plus éner
gique, son opinion personnelle qui n'a p&s va
rié. II considère CQinmeJ&néraire et mauvaise
toute tentative qui aurait pour objet la ruine
du système actuel, dont l'ensemble répond
parfaitement aux besoins du pays. Une expé
rience de plus de quatre années, en.confirmant
les bases de l'organisation actuelle, a pu, il est
vrai, révéler la convenance; de certaines modi
fications pratiques qui rendront plus facile et
plus fécond le régime de'nos études universi
taires. L'esprit de'conseryation n'est pas enne-
: mi des améliorations. Qu'on se rassure donc :
la ferme intention du gouvernement est.de
maintenir, de respecter ce régime des études
tel qu'il est. institué dans ses élémens essen
tiels, et de' continuer ainsi la juste satisfaction
donnée .à l'indispensable alliance des lettres et
des science;. » , ■
Par décret impérial du 21 de ce mois,
sont nommés membres du comité consul- :
tatif de l'Algérie.pour l'année 1857 :
MM. .• .... . ,
Charon, sénateur, général de division, an
cien gouverneur général de l'Algérie;
Lêtang, sénateur, général de division, an- !
cien commandant supérieur p'cvince !
dX)ran; •
Barbaroux, conseiller -d'Etat ■ (section de la -
gùérre et de la marine), ancien procureur gé
nérai en Algérie; • ;
Marchand, conseiller d'Etat (section du con
tentieux); ■ -rf
Boulatignier, conseiller d'Etat, (section du
contentieux);
Mai'gne, conseiller d'Etat (soction de la guerre :
et de ta marine); , • ,!
De la Ruîi, général de division, ancien di
recteur de3 aftaires de l'A'gérie au ministère ;
delagueirej. r . , >
Lebarbier de Tinan, vice-amiral y ' "
Victor Foucher/'conseiller à la cour de cas-
sation, ancien directeur des aflairts.civiles en
Algérie; .
Fourichou, contreramirai, long-tempo atta
ché.à,la station des côtes de l'Algérie-; • \
Gayant, inspecteur général des ponts-et-
chaussées; ... .. ....
Andôûilié, directeur du mouvement général
des fonds au ministère des.ûnances^ ;
De Chéppe, ancien chef de division des mines •
au ministère des travaux publics. 1 ;
: Un rapport. de .M. le ministre-de l'inté- 1
rieur à l'Empereur expose ainsi les motifs :
qui ont déterminé quelques mutations dans '
la composition de ce conseil ;
■ ■ ■ Sire,' ■■ ■■■!
L'art. 3 du-décret du 17 décembre 18SI dis-,
pose consultatif établi auprès dé mon département ;
pour les affaires dé l'Algérie sont nommés par
un décret. 4
: Je viens proposer à Votre Majesté de pour- 5
voir à la composition de ce comité pour l'an
née 1857. . . • • • -
J'ai eu souvent l'occasion de signaler à TEm-
pereur l'utile concours que m'a prêté le comi- ;
té consultatif ; je saisia-avec empressement cet- ;
;te circonstance pour-en rendre de nouveau 1
itémoignage à Votre Majesté.
La plus grande difficulté que rencontre la.lé
gislation de. l'Algérie provient sans contredit
de la juxtaposition de deux races entièrement .
séparées par la religion, lès mœurs, les lois et '
le langage; - "de là, nécessité de tenir compte,
dans les réglemens à préparer, des conditions
spéciales à ce.double élément de population.
Grâce à l'assistance du comité, aux lumières,
à l'activité de ses membres, choisis parmi les •
hommes qui ont marqué ou qui marquent en- j
FtUlLLETON OU CONSTITUTIONNEL, 27 FEVRIER.
- ' - - ■ - ' • « v i.- r s . »
G1LDA.
- CONTE.
. V •
C'était du temps que les rois épousaient
■ 16S bergères.
Le vieux comte Henreiçh est assis dans
la grande'salle de son manoir de Roddehs-
tein. Il fait froid. Le vent siffle dans les
corridors, la neige enveloppe les tourel
les de ses blancs tourbillons ; les bûches
d'orme et de chêne s'entassent dans la vaste
cheminée, le feu rit et pétille, et la flamme
joyeuse- monte jusqu'au manteau sculpté
dans la pierre brune. Le comte renverse
sa tête sur le dossier de sa chaise sculp
tée,, et regarde les portraits enfumés de
ses aïeux; sa longue épée, bouclée à son
flanc sur - un justaucorps de peau de daim,
s'embarrasse dans ses -jambes maigres;
d'une main, il caresse sa barbe soyeuse ;
l'autre va souvent chercher sur la table un
hannp d'ivoire, cerclé d'argent, où mousse
l'hydromel.
- Une je'une fille est- assise à ses pieds
sur un escabeau. Deux tresses blondes en
cadrent son doux visage, et,s'échappant de
la coiffe étroite ; vont rouler sur son cou.
Ses grands yeux sont tbleus, comme le ciél
par une matinée de printemps; ses joues
font penser à une rose qui viendrait d'é-
clore sur la neige; sa bouche est faite
pour le sourire et le baisèrj et la mélanco
lie rêve sur son front pur.
Elle lisait, dans un livre appuyé aux ge
noux du vieillard, les'grands coups d'épée
des seigneurs barons, et les belles amours
des chevaliers et des nobles dames. Sa
voix résonnait.comme une musique; le
vieux comte posait de temps en temps les
doigts sur ses cheveux blonds, et quand' il
voyait ses petites mains voltiger, comme
des papillons blancs, sur les feuillets de
vélin, enluminés de fines miniatures, il
souriait.
Tout-à-coup on entendit retentir le, son
du cor, les gardés abaissèrent le pont-le-
vis, et deux varlets vinrent annoncer au
comte l'avivée d'un chevalier.
— Qu'il entre! répondit le vieux Hen
reiçh; les hôtes sont toujours les bien-ve-'
nus au manoir de Roddenstein.
La porte s'ouvrit à deux battans, et un
jeune homme parut. Il se tint un moment
immobile sur le seuil, grand, beau.et fier.
Il contempla le tabïsau charmant qui-s'of
frait à sa vue. Ses yeux noirs lançaient
du feù; ils s'adoucissaient en regardant la
jeune fille. Le chevalier portait le costume
des Miûesinger; la veste étroite et le.toquet
de velours ombr-agé d'uneplume de héron,
le sistre au côté, l epée au flanc, et. le cor
de. chasse à la main ; un cor d'ivoire com
me celui du paladin Roland. . -
Le comte de Roddenstein lui- souhaita
,Ja bienvenue'par un geste courtois :
— Salut" à notre hôte ! quel est son nom,
s'il veut bien nous le dire?
— Je suis le chevalier Envin de Frauen-
lob, dit le chevalier en s'avançant.
— Frauenlob (1) ! reprit le vieillard avec
(1) Louange des Femmes. ,
un sourire, le notai est d'heureux augure;
et je suis certain que vous le méritez.
— On fait ce qu on peut, répondit Erwin
en souriant lui-même, et il salua la jetine
fille, qui rougit.
— Voulez-vous boire? reprit .le comte
Henreich ; les voyages altèrent, et l'on ne
se connaît pas avant d'avoir bu ensemble.
, . — Je ne méprisé pas une coupe d'hydro
mel, dit le chevalier de F/àuenlob, mais je
ne bois jamais sans avoir payé ma bien
venue. '
— Avec des chansons ?. . ,
— C'est la monnâie des poètes, reprit-il
en riant.
Il prit le sistre à son côté, essaya les-cor
des, les fit vibrer à l'unisson; puis il jeta sa
toque; ses cheveux bruns flottèrent sur son
cou, et il chanta: Il chanta le printemps et
les désirs qui naissent avec lui dans le sein
troublé des jeunes filles; il dit la robe .d'a
vril, brodée d'émeraudes et semée de roses,
et les corsages "de seize ans, que soulèvent
les battemens du cœur. ♦
Le comte marquait la mesure, avec si
tête chenue, parfois à contre-temps; et sem
blait ravi. La jeune fille avait laissé glis
ser le livre des genoux du vieillard sur les
siens, ,et de ses genoux par terre. Ses bras
retombaient mollement, et ses deux mains
s'étaient jointes; renversée en arrière, sa
jolie tète se penchait,un peu sur une épau
le; ses yeux bleus se noyaient dans l'ex
tase, un souffle ému passait sur çps lèvres
entr'ouvertes. C'est ainsi que la muse chré
tienne, la belle patronne de la musique,
Cécile la bienheureuse, en arrivant dans
iescieux, dut écouter le premier concert
des anges. , > . <
,Sur un signe du vieillard, elle -se leva
toute rougissante, et présenta là coupe au
core dans l'administration et le gouvernement
de notre colonie et de la métropole, mon dé--
partement a pu faire face à la tâche si lourde
tue lui impose le soin de poser de l'autre côté
e la Méditerranée les bases d'une société nou-r
velle. ...
J'ai pensé, Sire, que le meilleur moyen de
mettre le comit é consultatif en mesure dp conti :
nuei- à rendre à mon département d'aussi bons
services, était d'appeler les mêmes membres k
en.faire partie, tout en pourvoyant à certaines
- vacauces que l'éloigné ment, la maladie ou la
retraite acquise à de longs services ont ouver
tes dans le sein du comité.
M. Yaïsse, sénateur, dirige l'administration
du département du Rhône ;
D'im autre côté, M. Bignon, conseiller maître
à la cour des comptes, a .fait connaître que l'é
tat de sa santé ne lui permettait plus de s'as
socier avec assiduité aux travaux du comité ;
Enfin, M. Trotté de Laroche, inspecteur gé
nérai des ponts, et chaussées, vient d'être admis
à l'aire valoir ses droits à la retraite.
J'ai l'honneur de prier Votre Majesté de rem
placer ces Trois fonctionnaires par MM. Maigne,
conseiller d'Etar, anciennement attaché aux
services civils de l'Algérie ; Fourichïm, contre-
amiral, long-temps chargé d'tin commande-;
ment sur les côtes d'Airique ; Gayant, inspec
teur généra!des ponts et chaussées.
Si Votre Majesté daigne approuver ces choix,
je la prie de vouloir bien revêtir de sa signa
ture le projet de décret ci-joint. .
Le maréchal de France ministre secrétaire
d'Etat au département de la guerre,
... VAILLANT,
Correspondance particulière du Constitutionnel.
" Milan, 22 février, 8 heures du>goir.'
J'ai attendu pour vous écrire les dix der>-
. nières minutes qui précèdent le départ
du courrier, espérant toujours voir apparaî
tre la publication du décret impérial si
vivement attendu sur l'organisation de no-
• tre nouveau gouvernement général. Com
me une partie de la population, j'ai vaine
ment questionné d'un œil avide, pendant
toute la journée, les coins de rues affec
tés aux affiches d» l'autorité. Une-seulet
répondait un peu par les promesses de
son titre à l'impatience générale; mais,
en fait de rétablissement dés anciennes
institutions de la vice-royauté Italienne et
des libertés municipales, nous n'avons lu
que le rétablissement de la liberté de jeter
des confetti (dragées de plâtre) pendant les
derniers jours du carnaval.
Je ne satâ pas si le gouvernement a sé
rieusement compté sur i'efTet de cette nou
velle queue.du chien d'Alcibiade pour dé
tourner l'attention générale des choses de
là politique etdes espérancesqui germaient
aujourd'hui dans tous "les esprits. Le gou
vernement se serait alors complètement
ii i mpé, et,son affiche a (ait un fiasco com-
( h:t, style decomé lie. Je puis en dire autant
nde -affiche placardée ce matiii,
avec une certaine am pleur de formes, au coin
de fous les carrefour*,et qui a manqué éga
lement l'èllel que peul-êtic on en attendait. 1
Il s'agissait^de la concession largement ac
cordée à un certain nombre de conscrits de
se racheter moyennant le versement de la'
.somme, au reste assiz ronde, filée par la
loi pour ces sortes de rachat. Tout le mon
de, en lisant celte affiche, ne paraissait
frappé que d'une seule idée, c'est que l'o
pération ne serait pas mauvaise pour le
trésor impérial, puisqu'il est question de;
diminuer les cadres de l'armée active, en
renvoyant au bout de quelques mois de ser
vice, une partie des jeunes soldats dans
. leurs.foyers..
Maintenant, quand paraîtra donc enfin
le bienheureux décret de notre léorganisa-
•tion gouvernementale ? Je vous avoue que!
je crois que-le hasard seul peut répondre,'
pour le moment, à cette question. Quant à
moi, je me garderai bien de me faire ma
ladroitement, je - ne dirai pas le garant,
mais même l'écho des bruits qui circuler
ront encore à ce sujet jusqu'à l'entière éclo-
sion do l'acto attendu.
Tout ce que je pais dire, "c'est que plus
le fait s'e rapprochera de l'époque du
départ de l'empereur., moins il faudra
fonder d'espérances sur le produit réel. En
elïetj il sera évident, dans ce cas, qu'on
aura eu de justes iaisons de se méfier de.
l'expression de la reconnaissance populaire
dont, au contraire, dans le cas'opposé, on
aimerait naturellement à faire le plus long-
temps.postible jouit LL. MM. II.
C'est avec peine déjà que .j'entends dire
qu'il ne sera pas donné suite â.un magnifi
que projet d'illumination dont il était ques
tion ces jours dernier;. Ceci ng serait-il pas
la conséquence de ce qu'on disait hier soir,
dans un de nos grands salons, que la com
position du comeit ad lutus qui devait, conajj
me vous le marquait ma dernière lettre^ ne
compter exclusivement dans son sein que
des. personnes du pays, est, depuis vingt-
quatre heures, modifiée par l'adjonction de
deux conseillers allemands?
Il n'y aurait plus alors que deux'conseil-
lers lombards pour établir le juste équili
bre dès voix, équilibre qui sera toujours,.,
hélas ! un peu dérangé; on doit le crain
dre, par l'immixtion du parti militaire dans
les délibérations du conseil. . R alph..*
. T£t,:@«R&I»E2ÏE! PRIVEE. '
' ' : ' Vienne, 26 février.
Des nouvelles de Bombay, en da!te du 2, an
noncent que M. Murray est arrivé à Bushire.
Les Anglais établissent leur quartier-général à;
Bassora. • ~ '
- Les Chinois bombardent continuellement
les forts anglais. La flotte des rebelles a faitsa;
jonction avec la flotte impériale dans le but
d'attaquer les Anglais. Les jonques chinoises
ont brûlé le vapeur Thistle , aprô3 avoir tué
l'équipage. ' ; !
Les nouvelles de Constantinople sont du 2d
février. La commission, d'organisation de la
gendarmerie turque est nommée. M. de Bou-
tenieff a donné un baC La flotte anglaise* reste
jusqu'au 24 à Buyuk-Déré. Le gouvernement
; turc a acquis le télégraphe anglais de Varna.
M. de Bruck est revenu de son voyage d'I
talie. . ' ( Havas.)
Turin, 26 février 1857.
Le grand-duc Constantin est arrivé, ici, au
jourd'hui:-
Tricste, 26 lévrier 1857.
- Les nouvelles dé Constantinople, én date du
"2.0, annoncent que l'amiral Lyons partira vers
la fin de mars du Bosphore. :
Deux inténdans ont été, arrêtés, pour avoir
commis un ,vol considérable dans le.trésor du
sultan. •
Le Hongrois, Méhémed Bey, aurait accepté le
commandement des Circassiens. Quatre cents
anciens légionnaires polonais se seraient éga-;
lement embarqués pour ,1a Circassie, sur des
bateaux à vapeur anglais-remorquant des na
vires chargés d'armes etf de munitions.
La flottille russe de la mer Caspienne devait
débarquer, à Astrabad, 2,500 irréguliers.
Des dépêches d'Athènes du 21 annoncent
qu'un étudiant grec, armé et caché dans le ca-
-bineifc du roi Othon, a été arrêté, puis déclaré
atteint d'aliénation mentale. '(Ilavas.).
Marseille, 26 féviier
Palerme 21.—Le journal officiel annonce que
Spimizza, second" chef du mouvement EentL-
vegla et d'autres lugilifs ont été arrôfés avec
le concours des .paysans.
Naphfi 23.— La tranquillité règne ; inais. les
sociétés , sec;Êtes travaillent activement. Lo
bruit qui avait, couru que des perquisitions
avaient été faites dwz Filangieri et ficliitella
est démenti. {Ilavas.) I
Madiid, mercredi 25 février.
La Gazitte publie uu décret royal concédant
un crédit de 7 millions au ministre; de la mari
ne pour les besoins urgens du service. .
L'i Espana exprime des doutes touchant l'en
voi de (0,000 hommes .contre le Mexique. L'ex
pédition doit être limitée à l'occupation de la
Verà-Cruz. - ' (Havas.)'
Le limes publie dans sa deuxième édi
tion les- dépêches suivantes de Trièste,
23 février >
« Rien de nouveau dans l'état des affaires de
Chine. Les Chinois ont fait -une tentative in
fructueuse pour reprendre le fort Tea-Tatum.
» Les Européens qui 'étaient. à bord du stea
mer Thistle, en tout onze personnes, ont été
.traîtreusement assassinés par des bravi cachés
sous un déguisement parmi les passagers indi
gènes; Le steamer a été enlevé et abandonné
aprè3 ayoir été désarmé. ,
» Le gouvernement de Ilong-Korig a augmen
té le corps de la police et pris des mesures de.
précaution contre les incendiaires. <
» -Les nouvelles de Bushirè vont jusqu'au 17
janvier, tes troupes n'ont point encore été in
quiétées par l'ennemi. Un détachement de ca-
valefie et d'artillerie à cheval a fait une dé
monstration contre un.dfpôt de provisions et
de munitions appartenant aux Persans, à 22
milles du camp. Cette attaque à réussi, sans
perte du- côté des Anglais. .. .
» L'envoi des renforts a commencé, et la
gouvernement a ouvert un nouvel emprunt à
5 0/0 pour trois lacs da roupies. »
On lit daDS le Pays : -
« Une conespondance particulièie de Macao
du 10 janvier, npus annonce qu'on venait d'ap-
chanteur. . -
, — A la santé du comte de Roddenstein,
dit le chevalier en l'élevant jusqu'à son
front, à la santé du comte et de...?
— DeGilda, dit la jeune fille en s'incli-
iiant. . '
.—Et de la belle Gilda! reprit Erwin. Puis
il ajouta : C'est votre fille, Monseigneur?
' — Presque I répondit le comte, c'est une
amie de ma chère Bertha, Bertha est allée
quérir sa mèfe à la chapelle, car nous som
mes à la fin de l'A vent, et la comtesse brû
le des cierges en l'honneur de Madame la
Vierge Marie. _ ■ . '
Bientôt revinrent de la chapelle la mère
et la fille. Le chevalier fut présenté aux da
mes et retenu à souper. •
— Vous coucherez au château, dit le
cjdinte.
— Volontiers, répondit le chçvalier ; par
une troidenuit de décembre, j'aime mieux
le chant du grillon sur l'àtre que lfe cri du
hibou dans les bois.
A table, on plaça le chevalier entre les
deux jeunes filles. Toutes deux admiraient
sa haute mine, sa fière tournure et sa bon
ne grâce. A la fin du souper Erwin avait
deux amoureuses. Mais l'amour de Bertha
riait et babillait sur ses lèvres ; l'amour de
Gild'a ' soupirait tout bas dans son coeur.
L'une était riche, l'autre était pauvre. Mais
si l'une avait la richesse, l'autre avait la
beauté.,
Eu ce temps-là les poètes né savaient pas
compter, et quand, à. la fin du repas, le
vieux seigneur fit passer au chevalier le
wiedercorme rempli de vin du Rhin,en s'é-
criant : Allons, Messire Frauenlob, une
chanson en l'honneur des daméS.Erwin cé
lébra dans son lied galant les cheveux
blonds, les joues roses et les yeux bleus,
les mains fines et les petits jiieds. Bertha
était brune et pâle : elle avait les yeux
noirs, les mains grosses, et des pieds com
me cet autré Berthe, la reine Berthe oui
filait.
■ " ■■■ ■ • ir. ■ •
Comment trouves-tu Frauenlob? deman
dait le comte de Roddenstein à sa fille Ber
tha, après que l'hôte fut 'conduit dans« sa
chambre parles pages; ,
— Interrogez Gilda, répondit-elle brus
quement, il n'a regardé qu'elle.
— Il l'a beaucoup regardée, fit la mère.
— Je n'aime pas Gilda ! reprit Bertha.
— Elle est- douce comme un agneau, fit
le vieux comte, et simple cômme une co
lombe!
— Oui, dit Bertha; mais avec ses yeux de
colombe, elle vous séduit les cœurs.
— Ses cheveux blonds sont des filets qui
prennent lès hommes, dit la mère.
— Et il ne nous restera pas un mari pour
notre fille I
— Ce sera la faute de mon père. Pourquoi
d'une suivante avoir voulu faire une dame?
— Il faut la renvoyer I
— Non ! la chasser.
— Demain!
—■ Tout de suite !
— Paix, paix, les femmes 1 on n'a jamais
chassé personne de ce manoir, et Gilda, la
pauvre ame,-y restera à son plaisir.
^ Alors, j'en partirai, mon'père !
— Et je suivrai ma fille '."dit la comtesse.
—Oh ! les femmes ! murmura le vieillard,
Ef il sortit et alla gagner sa chambre tout
triste.
Comme il traversait le corridor sombre,
il sentit sur sa main un baiser et une larme!
s —Gilda ! s'écria-t-il d'une voix émue.
prendre rfùe- l'empereur de Chine avait mis en
état de siège les cinq ports de l'empire ouverts
aux Européens. Si. ce 'fait se confirme, il aura
des conséquences très graves pour le commer
ce européen.» . .
Nous ne reviendrons pas aujourd'hui sur
le discours prononcé par le comte de Der
by, avant-hier au soir, dans la chamhre
des lords, et doijt nous avons déjà publié
une analyse suffisante^Nous empruntons au
Times le - compte-rendu du reste de cette
séance, consacrée tout entière à Iadiscus
sion de la,motion du noble lord, relative
au conflit anglo-chinois :
Le comte de Clarendon : J'éprouve une con
fiance égale à cellequ'a expriméelord Derby à
la fia de son discours. J'ai le ferme espoir que
leurs seigneuries mettroat de côté toutes con
sidérations dé parti, et' verront la nécessité de
soutenir les serviteurs de la couronné, quand
ils ont raison, ainsi que,j'en ai l'intime et
profonde conviction. D après Jord Derby, leî
relations entra l'Angleterre et la .Chine avaient
été . amicales avant la dernière rupture. Ce
pendant cela n'est point exact. Les Chinois
avaient depuis long-temps cherché à violer les
droits acquis en vertu du traité, et l'état ac-„
tuel des choses avait paru depuislong-tempsin-
toléra&le à tous les résidens, à Can-ton, n'im
porte à quelle nationilsappartinssent. Quant à
l'affaire ae'i'Armo, il y avait là une question
de principe, et le.i autorités anglaises n'ont pu
agir différemoient. L& -règlement d'après le-.
: quel rArrow avait arboré le pavillon britanni
que; n'est pas celui qu'a cité lord Derby, et il
ne contrevenait à aucune loi anglaise en vi
gueur. L'acte octroyait des autorisations ou
licences aux vaisseaux qui étaient la. pro
priété d'individus non anglais de naissance, ne
se limitait pas a la Chine; il existait à Malte,
à Gibraltar, à Singapore, et nul doute qu'il
ne fût parfaitement légal. L'Arrow n'avait pas
perdu sa licence ; car bien que le temps ait
expiré, le Mtiment se trouvait encore en mer,
et, conséquemment, il avait, selon les t-ermes
et si alors M., PàïÈflss, dont la prudence et là
modération méritent les iflits grands éloges,
n'ayait pas demandé satisfaction, il. eût man
qué à son devoir, et aurait fait croire aux
Chinois qu'ils pouvaient se porter encore
à" de plus graves injures. Le comte'de Cla
rendon compare l'affaire celle d'un navire français ou américain arri
vant de Liverpool ou "des . îles de la Manc"he
dans les mêmes circonstances, et demande ce
qu'on penserait .des autorités anglaises, si
eliès s'étaient comportées comme l'ont fait les'
Chinois dans toute cette affaire. Mais un-tel
événement ne peut arriver pSirmi les mitions,
qui respectent la loi internationale, et parce
que 'les Chinois n'ont pas été guidés par des
considérations de cet ordre élevé, il faut leur
faire connaître la loi delaforce. Lexomtede Cla
rendon est convaincu queies dispositions attri
buées aux habitans de Canton contre.l'àdmission
des étraugers n'ont été qu'un épouvantai!; mais
n'en fût-il pas ainsi, il n'y e,nulle raison pour
que l'autorité ne toit pas requise de maintenir
l'ordre et de prendre sous sa responsabilité
la vie et les biens des sujets anglais. Le no
ble lord raconte ensuite les diverses mesures
prises,vainement pour déterminer les autorités
chinoises à-remplir les engagemens du- traité
et à admettre les sujets anglais à Canton. H dé
clare q'.ela gouvernement de S. M. eût permis
que la question demeuiàt en l'état où l'a
vaient- laissée ses prédécesseurs, si l'affaire de,
t'Arrow s'était arrangée' d'une manière satis
faisante. En u.êtne temps, le gouvernement
reconnaît tout à-fait l'importance de l'aduiis-
sion à Canton, et croit que les officiers de la
reine ont droit de profiter de la querelle re
lative à l'Arrow, pour tâcher démener un ac
complissement partiel du traité. Quant à la
motion, le comte' de Clarendon soutient'que
la troisième résolution; telle qu'elle est- ac
tuellement, ne peut être considérée par les
officiers da S. M, dans toutes les parties du
inonde que comme une interdiction positi
ve de tout acte tendant à s'engager dans
des opérations hostiles. Il déclare qu'une pa
reille interdiction mettrait en danger la vie et
les biens de tous les sujets britanniques
en Chine, qn'elle discréditerait le nom et le
pavillon anglais, et ruinerait le commerce
de 1 Angleterre avec ce pays.
Le comte Grey désire déclarer formellement
que la depéche qu'il avait envoyée à» Hong-
Kong en 1847, s'appliquait, non à cette épo-
que seule ,' mais à toutes les époques. Il lui'
est impossible d'itn.igineraucune doctrine plus
dangereuse que celle-ci, à savoir que des fonc
tionnaires subalternes, qui pourraient n'être
pas d'humeur très facile, auraient la faculté de
recourir à des mesures hostiles sans en référer
au gouvernement .central.
Le duo a'Argyîl justifie la conduite du gou
vernement. , D /
Sur la motion de ïord Carnarvon, le débat
est ajourne a jeudi prochain.
Nous avons sommairement rendu comp
te, ce matin, du commencement de la
—Oui I seigueur, la pauvre. Gilda, qui a
tout entendu et qui vient vous dire adieu.
Demain, ayant le jour, au second chant du
coq, j aurai quitte le manoir de Roddens
tein, et la paix y reviendra; elle vaut mieux-
que moi.
. t Pars, dit le comte, pars, regrettée et
bénie. Que Dieu te- conduise... et il voulut
glisser dans ses mains une bourse d'or.
— Non ! dit Gildà; gardez ! gardez ! vous
auriez l'air de me payer.,, je neveux qu'un
souvenir.
— Oh! que n'est-elle m'a fille! dit le comte
en laissant tomber sa .tête dans ses mains.
Le lendemain, ceux qui se levèrent les
premiers au château, aperçurent dans la
cour d'honneur la trace de deux petits pieds
•sur la neige.
Gilda était partie.
' • • .; JII. "
La voyez-vous qui chemine là-ias, seule
et triste, le long du bois noir? Le pâle sou
rire de 1 aube blanchit le ciel; le vent pleu
re dans les rameaux secoués, et jette sur
sa tête a neige des-arbres, qui tombe en
flocons glacés. De temps en temps elle se
retourne comme pour apercevoir les tou
relles de Roddenstein ; elle songe qu'elle y
vécut long-temps; une larme perle au bord
de ses longs cils, un soupir gonfle son sein.
Mais-elle hate le pas, car la route est lon
gue et la journée est çûurte. "
Elle marchait depuis deux heures, quand
elle entendit au loin les aboiemens sono
res d une meute de limiers et les -fanfares
des trompes, sonnant le lancer du cerf.
A ses noies plus douces; elle reconnut
le cor d ivoire de Frauenlob. Elle mit sa
main sur ses, yeux et s'appuya contre un
VENDUEDI 27 FEVSUËU tSàl.
ïfiois
JOMm|pip:iQlSi
. „• . ' - '/,<\ -'r*- ' '' :i -■M''} y. ■*
Le mode d'abonnement lé plus simple est l'envoi d'un bon de poste ou d'un eflet gûp Paàis, | i ;i- v"
. ...,.^,M'-or4r®4e. dn journal, rue de. Valois, umo. t l. rJ; i:
OUI LU PATS frTKAHQKU, TOiT 18 table&Q
publié les S et 80 de chaque mois,
Imprimaric.t* BONIFACB, rtn dej BoM-Bnfus, 1B.
Lei lettres au envois d'Argent x»N AïfRANCBls sent rtftués.
Les articles déposes &v ai pas rendus;
Las anKi - - jnt reçues chez î|; P ahiji, régisseur des journaux,
ei Cûflï MA1.8igûl et 0% 8, place delà Bourse,
PARIS, 26 FÉVRIER.
On ne saurait trop encourager les tra
vaux des publicist.es qui consacrent leurs;
veilles à l'examen des nombreuses ques
tions que soulève la colonisation algérien-!
ne. Entretenir â cet égard le mouvement}
dés idées; favoriser l'élan de la sympatliiej
publique vers cette Afrique, française, à la
quelle croient fermement tous ceux qui;
l'ont vte de près; propager des. notions sai
nes et pratiques sur les, conditions, qui y
sont faites à l'agriculture, au commerce:
et à l'industrie, c'est rendrë un signalé ser
vice, non-seulement à cette jeunç colonie,'
mais encore à la métropole, qui, après avoir;
prodigué les sacrifices, doit espérer d'en
recueillir bientôt le fruit. A ce titre, nous,
avons lu avec beaucoup d'intérêt le travail;
remarquàblé que M. Mercier-Lacombë a
publié récemment dans laRéme contempo
raine, et là réponse très péremptoire qu'y,a-
faite, un peu plus tar,d, M. Hippolyte Das-
sert. M. Mercier-Lacombe, actuellement pré
fet du Var, a exeï-cé naguère lç's fonctions-,
de secrétaire général en Algérie. Cette cir
constance donne de l'autqrité. à sa parole.
Bien que nous soyons d'accord avec lui sur;
plusieurspoints,nouscroyons indispensable
de nous expliquer sur,.quelques autres, oui
se sont glissées,, selon nous,.des erreurs ou!
des exagérations que le nom de l'auteuri
jpourràit rendre dangereuses. M-Mercier-La-
. combe a quitté l'Algérie depuis six ou'sept;
années, à ce que nous croyons. Il est facile (
de comprendre dès lors comment ses in
formations ont pu être incomplète# fâutej
d'avoir suffisamment'tenu compte de l'ex
périence de cette dernière période'. Ceci
soit dit en rendant pleine et entière justice,
aux excellentes intentions du publiciste et
aux facultés brillantes de l'administrateur.
Abordant le. problême de la colonisation,
M. Mercier-Lacombe réclame : 1® le can
tonnement-dés indigènës et la constitution
de la propriété individuelle, dans la"tribu;
2° la création de.périmètres de colonisa-;
tiôn par les Européens et la vente des ter
res domaniales, substituée partout au régi
me des concessions. . ' -
D'après cet.-honorable publiciste, l'Etat
ne doit pas essayer de coloniser direçte-
. ment, mais se borner à créer les conditions;
nécessaires au développement de la co I q- J
riisation.il expliqué sa pensée en disant;
que la presque totalité des ressources bud
gétaires doit êtîe employée à ouvrir desj
voies 5 de communication,, des routes' et des,
chemins de fer, de manière à mettre par
tout la terre à la disposition des colons.
Tel est en résumé lé système que préco
nise M. Mercier-Lacombe; Examinons-le,
dans .chacune des, propositions qu'il met en,
avant. Et d'abord remarquons .que ces idées
ne sont pas nouvelles. Dépuis plusieurs an-
néé§ râdministratiori en poursuit l'applica
tion avec une énergique persévérance, .et
si les résultats obtenus ne sont pas plus:
saillans, il faut l'attribuer à diverses causes
qu 'il importe de rappeler.
- En ce qui concerne le cantonnement des
Arabes, les faits que nous avons récem
ment signalés prouvent suffisamment que
depuis long temps on songe à l'accomplir.
A partir de i 850, nous voyons que plusieurs'
instructions ministérielles prescrivent cette
importante mesure et indiquent les règles
à suivre en cette matière. Le corollaire
indispensable de cette opération,-c'était
évidemment de créer des périmètres de
colonisation destinés à fournir des empla-
cemens à l'émigration- européenne. Alais
nous avons vu avec quelles précautions et
moyennant quelles enquêtes préal&blos le
cantonnement des Arabes pouvait avoir
lieu. Nous avons montré.de plus que cette
répartition de la terre ' cultivable entré
l'Etat et. les tribus, s'était effectuée sur
plus d'un point, sans embarras et sans se
cousses. Plusieurs journaux qui ont vive-
ment attaqué le système du cantonnement^
comme s'il s'agissait d'une dépossession
.'brusque etviolente des indigènes, n'ont pas
assez réfléchi peut-être aux exemples que
l'Algérie nous oifre déjà. Ainsi ces jour-
; naux, après avoir critiqué la mesure en,
thèse générale, annoncent avec éloge la;
mise en vente dés terrains de l'Habra, sans
Songer que cès terrains ne sont disponibles:
que-grâce aux opérations du cantonne
ment. Ils blâment ainsi dans, la théorie ce
qu'ils approuvent dans la pratique. '
Quant à la constitution de la propriété.
Individuelle chez les Arabes, nous sommes;
fort disposés, pour, notre part., à,incliner à,
^'opinion de M.' Mercier-Lacombe. Comme
lui,nous croyons que, pour arriver à l'as
similation^ relative qui peut s'opérer en-
'tre les Européens, et les Arabes, il faut
; désorganiser la tribu, qui est l'unité re
ligieuse, politique et militaire, ; et qui sert
de base à toutes les résistances que peut!
"rencontrer notre domination. Or, fonder la
propriété individuelle au lieu de cette pro-,
priété collective qui appartient à la tribu,,
c'est dissoudre, en réalité, ■ cette agglo
mération créés sur le mùdèle de la fa
mille patriarcale. Mais il faut considérer,
après tout, que cette propriété collective-
■ est la forme consacrée par un usage immé-î
morial chez un peuple où la tradition exer
ce un empire si absolu. On ne sait pas>ù- ;
core jusqu'à quel point la propriété, indivi
duelle, telle que la connaissent les sociétés
chrétiennes conviendra à, des homme^
nourris dans d'autres îdé^s. C'estlà en tous^
;cas une transformation délicate qui ne peut
être que l'œuvre du temps. - ' - ;
- On conseille de renoncer au régime des,
concessions pour s'en tenir uniquement à
la vente aux enchères des terres domania
les; nous croyons, que, star ce. point encore,
l'expérience doit servir de guide à l'admi
nistration. Dans ces derniers, temps, plu
sieurs aliénations de ce genre ont été fai
tes, et l'on a pu observer deux faits qui mé
ritent une sérieuse attention. D'une part,
lés lots mis en vente n'ont attiré,au-j
cun acquéreur métropolitain, D'un autre
xôté, quelques-uns des lots ont été. ad
jugés à.des indigènes. "Or, quel doit être!
le but que se propose i'administration? At
tirer en Algérie des bras et des. capitaux
européens, augmentera population efpro{
pager. la. colonisation au moyen des res
sources nouvelles qu'apporte la métropole.;
A cet'égard, la vente des-terrains n'a point
donné tout ce qa'elle promettait, et avant
de renoncer définitivement au régime 1 des
concessions, il faut attendre queies effets
de la nouvelle mesure soient plus décisifs.
M. Mercier-Lacombe soutient qu'en prin-j
cipe l'Etat doit s'abstenir de coloniser. Sans
doute, absolument parlant'et au point de
vue des règles de l'économie politique, l'E?
tat doit s'abstenir de faire cè que les parti
culiers ou des compagnies peuvent, e^écu-'
ter mieux que lui et à meilleur marché. Sa|
mission, dans les eociétés, régulièrement
organisées,' copsiste à seconder le dévelop
pement de la richesse publique et non à là
créer; Mais quand il s'agit, comme en Al
gérie, de constituer une société nouvelle, le
rOle de l'administration est plus compliqué.
Là son .concours actif peut étire commandé
par un grand intérêt public. Ainsi, en
Afrique, quand on a.-songé à coloniser
cette terre conquise par nos armés, il a été
nécessaire de grouper les efforts des Euro
péens qui commençaient à prendre pos
session du sol; il fallait éviter la dissémi
nation des entreprises agricoles afin de les
soustraire aux incursious des indigènes.
Cette pensée a donné naissance aux zônesde
villages qui ont été créées successivement
"autour des villes importantes. On a voulu
en outre pourvoir à la sécurité des princi
pales routes en fondant de distance en dis
tance des centres de population. Ainsi s'ex
plique la participation de l'Etat à l'établisse^ ■
.ment des villages qui; constituent pour.ainsi
^rë^charpente de là civilisation. Mais,en
agissant de cette manière, l'administration
n'a jamais entendu repousser les autres mo-
; des dé colonisation dès qu'ils offraient un ga
ge assuré d'avenir. Tout au contraire, elle
s'est appliquée à encourager la spéculation
honnête et à laciliter les entreprises de l'in
dustrie privée. Si des résultats plus con-
; clùans n'ont pas encore été conquis, il faut
s'en prendre surtout à l'exiguité de ses res
sources quand il a fallu donner yne vive
impulsion aux.travaux publics.
- . ■ ' . HENRY CAUVAIN.
Oirlitdans W-Momttwr:-'
« Une brochure publiée par un ancien pro
fesseur, M. Bersot, et des articles.insérés dans
plusieurs journaux, paraissent avoir excité des
inquiétudes et (tas doutes sur la pensée du
gouvernement au- sujet du nouveau système
-d'enseignement adopté dans l'Université. Ces
inquiétudés et ces doutesn'ont aucun fonde-,
ment. MM. les,membres du conseil impérial,
inspecteurs généraux et recteurs ont entendu,
à diverses reprises, le. ministri de l'instruction
publique expliquer, de la manière la plus éner
gique, son opinion personnelle qui n'a p&s va
rié. II considère CQinmeJ&néraire et mauvaise
toute tentative qui aurait pour objet la ruine
du système actuel, dont l'ensemble répond
parfaitement aux besoins du pays. Une expé
rience de plus de quatre années, en.confirmant
les bases de l'organisation actuelle, a pu, il est
vrai, révéler la convenance; de certaines modi
fications pratiques qui rendront plus facile et
plus fécond le régime de'nos études universi
taires. L'esprit de'conseryation n'est pas enne-
: mi des améliorations. Qu'on se rassure donc :
la ferme intention du gouvernement est.de
maintenir, de respecter ce régime des études
tel qu'il est. institué dans ses élémens essen
tiels, et de' continuer ainsi la juste satisfaction
donnée .à l'indispensable alliance des lettres et
des science;. » , ■
Par décret impérial du 21 de ce mois,
sont nommés membres du comité consul- :
tatif de l'Algérie.pour l'année 1857 :
MM. .• .... . ,
Charon, sénateur, général de division, an
cien gouverneur général de l'Algérie;
Lêtang, sénateur, général de division, an- !
cien commandant supérieur p'cvince !
dX)ran; •
Barbaroux, conseiller -d'Etat ■ (section de la -
gùérre et de la marine), ancien procureur gé
nérai en Algérie; • ;
Marchand, conseiller d'Etat (section du con
tentieux); ■ -rf
Boulatignier, conseiller d'Etat, (section du
contentieux);
Mai'gne, conseiller d'Etat (soction de la guerre :
et de ta marine); , • ,!
De la Ruîi, général de division, ancien di
recteur de3 aftaires de l'A'gérie au ministère ;
delagueirej. r . , >
Lebarbier de Tinan, vice-amiral y ' "
Victor Foucher/'conseiller à la cour de cas-
sation, ancien directeur des aflairts.civiles en
Algérie; .
Fourichou, contreramirai, long-tempo atta
ché.à,la station des côtes de l'Algérie-; • \
Gayant, inspecteur général des ponts-et-
chaussées; ... .. ....
Andôûilié, directeur du mouvement général
des fonds au ministère des.ûnances^ ;
De Chéppe, ancien chef de division des mines •
au ministère des travaux publics. 1 ;
: Un rapport. de .M. le ministre-de l'inté- 1
rieur à l'Empereur expose ainsi les motifs :
qui ont déterminé quelques mutations dans '
la composition de ce conseil ;
■ ■ ■ Sire,' ■■ ■■■!
L'art. 3 du-décret du 17 décembre 18SI dis-,
pose
pour les affaires dé l'Algérie sont nommés par
un décret. 4
: Je viens proposer à Votre Majesté de pour- 5
voir à la composition de ce comité pour l'an
née 1857. . . • • • -
J'ai eu souvent l'occasion de signaler à TEm-
pereur l'utile concours que m'a prêté le comi- ;
té consultatif ; je saisia-avec empressement cet- ;
;te circonstance pour-en rendre de nouveau 1
itémoignage à Votre Majesté.
La plus grande difficulté que rencontre la.lé
gislation de. l'Algérie provient sans contredit
de la juxtaposition de deux races entièrement .
séparées par la religion, lès mœurs, les lois et '
le langage; - "de là, nécessité de tenir compte,
dans les réglemens à préparer, des conditions
spéciales à ce.double élément de population.
Grâce à l'assistance du comité, aux lumières,
à l'activité de ses membres, choisis parmi les •
hommes qui ont marqué ou qui marquent en- j
FtUlLLETON OU CONSTITUTIONNEL, 27 FEVRIER.
- ' - - ■ - ' • « v i.- r s . »
G1LDA.
- CONTE.
. V •
C'était du temps que les rois épousaient
■ 16S bergères.
Le vieux comte Henreiçh est assis dans
la grande'salle de son manoir de Roddehs-
tein. Il fait froid. Le vent siffle dans les
corridors, la neige enveloppe les tourel
les de ses blancs tourbillons ; les bûches
d'orme et de chêne s'entassent dans la vaste
cheminée, le feu rit et pétille, et la flamme
joyeuse- monte jusqu'au manteau sculpté
dans la pierre brune. Le comte renverse
sa tête sur le dossier de sa chaise sculp
tée,, et regarde les portraits enfumés de
ses aïeux; sa longue épée, bouclée à son
flanc sur - un justaucorps de peau de daim,
s'embarrasse dans ses -jambes maigres;
d'une main, il caresse sa barbe soyeuse ;
l'autre va souvent chercher sur la table un
hannp d'ivoire, cerclé d'argent, où mousse
l'hydromel.
- Une je'une fille est- assise à ses pieds
sur un escabeau. Deux tresses blondes en
cadrent son doux visage, et,s'échappant de
la coiffe étroite ; vont rouler sur son cou.
Ses grands yeux sont tbleus, comme le ciél
par une matinée de printemps; ses joues
font penser à une rose qui viendrait d'é-
clore sur la neige; sa bouche est faite
pour le sourire et le baisèrj et la mélanco
lie rêve sur son front pur.
Elle lisait, dans un livre appuyé aux ge
noux du vieillard, les'grands coups d'épée
des seigneurs barons, et les belles amours
des chevaliers et des nobles dames. Sa
voix résonnait.comme une musique; le
vieux comte posait de temps en temps les
doigts sur ses cheveux blonds, et quand' il
voyait ses petites mains voltiger, comme
des papillons blancs, sur les feuillets de
vélin, enluminés de fines miniatures, il
souriait.
Tout-à-coup on entendit retentir le, son
du cor, les gardés abaissèrent le pont-le-
vis, et deux varlets vinrent annoncer au
comte l'avivée d'un chevalier.
— Qu'il entre! répondit le vieux Hen
reiçh; les hôtes sont toujours les bien-ve-'
nus au manoir de Roddenstein.
La porte s'ouvrit à deux battans, et un
jeune homme parut. Il se tint un moment
immobile sur le seuil, grand, beau.et fier.
Il contempla le tabïsau charmant qui-s'of
frait à sa vue. Ses yeux noirs lançaient
du feù; ils s'adoucissaient en regardant la
jeune fille. Le chevalier portait le costume
des Miûesinger; la veste étroite et le.toquet
de velours ombr-agé d'uneplume de héron,
le sistre au côté, l epée au flanc, et. le cor
de. chasse à la main ; un cor d'ivoire com
me celui du paladin Roland. . -
Le comte de Roddenstein lui- souhaita
,Ja bienvenue'par un geste courtois :
— Salut" à notre hôte ! quel est son nom,
s'il veut bien nous le dire?
— Je suis le chevalier Envin de Frauen-
lob, dit le chevalier en s'avançant.
— Frauenlob (1) ! reprit le vieillard avec
(1) Louange des Femmes. ,
un sourire, le notai est d'heureux augure;
et je suis certain que vous le méritez.
— On fait ce qu on peut, répondit Erwin
en souriant lui-même, et il salua la jetine
fille, qui rougit.
— Voulez-vous boire? reprit .le comte
Henreich ; les voyages altèrent, et l'on ne
se connaît pas avant d'avoir bu ensemble.
, . — Je ne méprisé pas une coupe d'hydro
mel, dit le chevalier de F/àuenlob, mais je
ne bois jamais sans avoir payé ma bien
venue. '
— Avec des chansons ?. . ,
— C'est la monnâie des poètes, reprit-il
en riant.
Il prit le sistre à son côté, essaya les-cor
des, les fit vibrer à l'unisson; puis il jeta sa
toque; ses cheveux bruns flottèrent sur son
cou, et il chanta: Il chanta le printemps et
les désirs qui naissent avec lui dans le sein
troublé des jeunes filles; il dit la robe .d'a
vril, brodée d'émeraudes et semée de roses,
et les corsages "de seize ans, que soulèvent
les battemens du cœur. ♦
Le comte marquait la mesure, avec si
tête chenue, parfois à contre-temps; et sem
blait ravi. La jeune fille avait laissé glis
ser le livre des genoux du vieillard sur les
siens, ,et de ses genoux par terre. Ses bras
retombaient mollement, et ses deux mains
s'étaient jointes; renversée en arrière, sa
jolie tète se penchait,un peu sur une épau
le; ses yeux bleus se noyaient dans l'ex
tase, un souffle ému passait sur çps lèvres
entr'ouvertes. C'est ainsi que la muse chré
tienne, la belle patronne de la musique,
Cécile la bienheureuse, en arrivant dans
iescieux, dut écouter le premier concert
des anges. , > . <
,Sur un signe du vieillard, elle -se leva
toute rougissante, et présenta là coupe au
core dans l'administration et le gouvernement
de notre colonie et de la métropole, mon dé--
partement a pu faire face à la tâche si lourde
tue lui impose le soin de poser de l'autre côté
e la Méditerranée les bases d'une société nou-r
velle. ...
J'ai pensé, Sire, que le meilleur moyen de
mettre le comit é consultatif en mesure dp conti :
nuei- à rendre à mon département d'aussi bons
services, était d'appeler les mêmes membres k
en.faire partie, tout en pourvoyant à certaines
- vacauces que l'éloigné ment, la maladie ou la
retraite acquise à de longs services ont ouver
tes dans le sein du comité.
M. Yaïsse, sénateur, dirige l'administration
du département du Rhône ;
D'im autre côté, M. Bignon, conseiller maître
à la cour des comptes, a .fait connaître que l'é
tat de sa santé ne lui permettait plus de s'as
socier avec assiduité aux travaux du comité ;
Enfin, M. Trotté de Laroche, inspecteur gé
nérai des ponts, et chaussées, vient d'être admis
à l'aire valoir ses droits à la retraite.
J'ai l'honneur de prier Votre Majesté de rem
placer ces Trois fonctionnaires par MM. Maigne,
conseiller d'Etar, anciennement attaché aux
services civils de l'Algérie ; Fourichïm, contre-
amiral, long-temps chargé d'tin commande-;
ment sur les côtes d'Airique ; Gayant, inspec
teur généra!des ponts et chaussées.
Si Votre Majesté daigne approuver ces choix,
je la prie de vouloir bien revêtir de sa signa
ture le projet de décret ci-joint. .
Le maréchal de France ministre secrétaire
d'Etat au département de la guerre,
... VAILLANT,
Correspondance particulière du Constitutionnel.
" Milan, 22 février, 8 heures du>goir.'
J'ai attendu pour vous écrire les dix der>-
. nières minutes qui précèdent le départ
du courrier, espérant toujours voir apparaî
tre la publication du décret impérial si
vivement attendu sur l'organisation de no-
• tre nouveau gouvernement général. Com
me une partie de la population, j'ai vaine
ment questionné d'un œil avide, pendant
toute la journée, les coins de rues affec
tés aux affiches d» l'autorité. Une-seulet
répondait un peu par les promesses de
son titre à l'impatience générale; mais,
en fait de rétablissement dés anciennes
institutions de la vice-royauté Italienne et
des libertés municipales, nous n'avons lu
que le rétablissement de la liberté de jeter
des confetti (dragées de plâtre) pendant les
derniers jours du carnaval.
Je ne satâ pas si le gouvernement a sé
rieusement compté sur i'efTet de cette nou
velle queue.du chien d'Alcibiade pour dé
tourner l'attention générale des choses de
là politique etdes espérancesqui germaient
aujourd'hui dans tous "les esprits. Le gou
vernement se serait alors complètement
ii i mpé, et,son affiche a (ait un fiasco com-
( h:t, style decomé lie. Je puis en dire autant
avec une certaine am pleur de formes, au coin
de fous les carrefour*,et qui a manqué éga
lement l'èllel que peul-êtic on en attendait. 1
Il s'agissait^de la concession largement ac
cordée à un certain nombre de conscrits de
se racheter moyennant le versement de la'
.somme, au reste assiz ronde, filée par la
loi pour ces sortes de rachat. Tout le mon
de, en lisant celte affiche, ne paraissait
frappé que d'une seule idée, c'est que l'o
pération ne serait pas mauvaise pour le
trésor impérial, puisqu'il est question de;
diminuer les cadres de l'armée active, en
renvoyant au bout de quelques mois de ser
vice, une partie des jeunes soldats dans
. leurs.foyers..
Maintenant, quand paraîtra donc enfin
le bienheureux décret de notre léorganisa-
•tion gouvernementale ? Je vous avoue que!
je crois que-le hasard seul peut répondre,'
pour le moment, à cette question. Quant à
moi, je me garderai bien de me faire ma
ladroitement, je - ne dirai pas le garant,
mais même l'écho des bruits qui circuler
ront encore à ce sujet jusqu'à l'entière éclo-
sion do l'acto attendu.
Tout ce que je pais dire, "c'est que plus
le fait s'e rapprochera de l'époque du
départ de l'empereur., moins il faudra
fonder d'espérances sur le produit réel. En
elïetj il sera évident, dans ce cas, qu'on
aura eu de justes iaisons de se méfier de.
l'expression de la reconnaissance populaire
dont, au contraire, dans le cas'opposé, on
aimerait naturellement à faire le plus long-
temps.postible jouit LL. MM. II.
C'est avec peine déjà que .j'entends dire
qu'il ne sera pas donné suite â.un magnifi
que projet d'illumination dont il était ques
tion ces jours dernier;. Ceci ng serait-il pas
la conséquence de ce qu'on disait hier soir,
dans un de nos grands salons, que la com
position du comeit ad lutus qui devait, conajj
me vous le marquait ma dernière lettre^ ne
compter exclusivement dans son sein que
des. personnes du pays, est, depuis vingt-
quatre heures, modifiée par l'adjonction de
deux conseillers allemands?
Il n'y aurait plus alors que deux'conseil-
lers lombards pour établir le juste équili
bre dès voix, équilibre qui sera toujours,.,
hélas ! un peu dérangé; on doit le crain
dre, par l'immixtion du parti militaire dans
les délibérations du conseil. . R alph..*
. T£t,:@«R&I»E2ÏE! PRIVEE. '
' ' : ' Vienne, 26 février.
Des nouvelles de Bombay, en da!te du 2, an
noncent que M. Murray est arrivé à Bushire.
Les Anglais établissent leur quartier-général à;
Bassora. • ~ '
- Les Chinois bombardent continuellement
les forts anglais. La flotte des rebelles a faitsa;
jonction avec la flotte impériale dans le but
d'attaquer les Anglais. Les jonques chinoises
ont brûlé le vapeur Thistle , aprô3 avoir tué
l'équipage. ' ; !
Les nouvelles de Constantinople sont du 2d
février. La commission, d'organisation de la
gendarmerie turque est nommée. M. de Bou-
tenieff a donné un baC La flotte anglaise* reste
jusqu'au 24 à Buyuk-Déré. Le gouvernement
; turc a acquis le télégraphe anglais de Varna.
M. de Bruck est revenu de son voyage d'I
talie. . ' ( Havas.)
Turin, 26 février 1857.
Le grand-duc Constantin est arrivé, ici, au
jourd'hui:-
Tricste, 26 lévrier 1857.
- Les nouvelles dé Constantinople, én date du
"2.0, annoncent que l'amiral Lyons partira vers
la fin de mars du Bosphore. :
Deux inténdans ont été, arrêtés, pour avoir
commis un ,vol considérable dans le.trésor du
sultan. •
Le Hongrois, Méhémed Bey, aurait accepté le
commandement des Circassiens. Quatre cents
anciens légionnaires polonais se seraient éga-;
lement embarqués pour ,1a Circassie, sur des
bateaux à vapeur anglais-remorquant des na
vires chargés d'armes etf de munitions.
La flottille russe de la mer Caspienne devait
débarquer, à Astrabad, 2,500 irréguliers.
Des dépêches d'Athènes du 21 annoncent
qu'un étudiant grec, armé et caché dans le ca-
-bineifc du roi Othon, a été arrêté, puis déclaré
atteint d'aliénation mentale. '(Ilavas.).
Marseille, 26 féviier
Palerme 21.—Le journal officiel annonce que
Spimizza, second" chef du mouvement EentL-
vegla et d'autres lugilifs ont été arrôfés avec
le concours des .paysans.
Naphfi 23.— La tranquillité règne ; inais. les
sociétés , sec;Êtes travaillent activement. Lo
bruit qui avait, couru que des perquisitions
avaient été faites dwz Filangieri et ficliitella
est démenti. {Ilavas.) I
Madiid, mercredi 25 février.
La Gazitte publie uu décret royal concédant
un crédit de 7 millions au ministre; de la mari
ne pour les besoins urgens du service. .
L'i Espana exprime des doutes touchant l'en
voi de (0,000 hommes .contre le Mexique. L'ex
pédition doit être limitée à l'occupation de la
Verà-Cruz. - ' (Havas.)'
Le limes publie dans sa deuxième édi
tion les- dépêches suivantes de Trièste,
23 février >
« Rien de nouveau dans l'état des affaires de
Chine. Les Chinois ont fait -une tentative in
fructueuse pour reprendre le fort Tea-Tatum.
» Les Européens qui 'étaient. à bord du stea
mer Thistle, en tout onze personnes, ont été
.traîtreusement assassinés par des bravi cachés
sous un déguisement parmi les passagers indi
gènes; Le steamer a été enlevé et abandonné
aprè3 ayoir été désarmé. ,
» Le gouvernement de Ilong-Korig a augmen
té le corps de la police et pris des mesures de.
précaution contre les incendiaires. <
» -Les nouvelles de Bushirè vont jusqu'au 17
janvier, tes troupes n'ont point encore été in
quiétées par l'ennemi. Un détachement de ca-
valefie et d'artillerie à cheval a fait une dé
monstration contre un.dfpôt de provisions et
de munitions appartenant aux Persans, à 22
milles du camp. Cette attaque à réussi, sans
perte du- côté des Anglais. .. .
» L'envoi des renforts a commencé, et la
gouvernement a ouvert un nouvel emprunt à
5 0/0 pour trois lacs da roupies. »
On lit daDS le Pays : -
« Une conespondance particulièie de Macao
du 10 janvier, npus annonce qu'on venait d'ap-
chanteur. . -
, — A la santé du comte de Roddenstein,
dit le chevalier en l'élevant jusqu'à son
front, à la santé du comte et de...?
— DeGilda, dit la jeune fille en s'incli-
iiant. . '
.—Et de la belle Gilda! reprit Erwin. Puis
il ajouta : C'est votre fille, Monseigneur?
' — Presque I répondit le comte, c'est une
amie de ma chère Bertha, Bertha est allée
quérir sa mèfe à la chapelle, car nous som
mes à la fin de l'A vent, et la comtesse brû
le des cierges en l'honneur de Madame la
Vierge Marie. _ ■ . '
Bientôt revinrent de la chapelle la mère
et la fille. Le chevalier fut présenté aux da
mes et retenu à souper. •
— Vous coucherez au château, dit le
cjdinte.
— Volontiers, répondit le chçvalier ; par
une troidenuit de décembre, j'aime mieux
le chant du grillon sur l'àtre que lfe cri du
hibou dans les bois.
A table, on plaça le chevalier entre les
deux jeunes filles. Toutes deux admiraient
sa haute mine, sa fière tournure et sa bon
ne grâce. A la fin du souper Erwin avait
deux amoureuses. Mais l'amour de Bertha
riait et babillait sur ses lèvres ; l'amour de
Gild'a ' soupirait tout bas dans son coeur.
L'une était riche, l'autre était pauvre. Mais
si l'une avait la richesse, l'autre avait la
beauté.,
Eu ce temps-là les poètes né savaient pas
compter, et quand, à. la fin du repas, le
vieux seigneur fit passer au chevalier le
wiedercorme rempli de vin du Rhin,en s'é-
criant : Allons, Messire Frauenlob, une
chanson en l'honneur des daméS.Erwin cé
lébra dans son lied galant les cheveux
blonds, les joues roses et les yeux bleus,
les mains fines et les petits jiieds. Bertha
était brune et pâle : elle avait les yeux
noirs, les mains grosses, et des pieds com
me cet autré Berthe, la reine Berthe oui
filait.
■ " ■■■ ■ • ir. ■ •
Comment trouves-tu Frauenlob? deman
dait le comte de Roddenstein à sa fille Ber
tha, après que l'hôte fut 'conduit dans« sa
chambre parles pages; ,
— Interrogez Gilda, répondit-elle brus
quement, il n'a regardé qu'elle.
— Il l'a beaucoup regardée, fit la mère.
— Je n'aime pas Gilda ! reprit Bertha.
— Elle est- douce comme un agneau, fit
le vieux comte, et simple cômme une co
lombe!
— Oui, dit Bertha; mais avec ses yeux de
colombe, elle vous séduit les cœurs.
— Ses cheveux blonds sont des filets qui
prennent lès hommes, dit la mère.
— Et il ne nous restera pas un mari pour
notre fille I
— Ce sera la faute de mon père. Pourquoi
d'une suivante avoir voulu faire une dame?
— Il faut la renvoyer I
— Non ! la chasser.
— Demain!
—■ Tout de suite !
— Paix, paix, les femmes 1 on n'a jamais
chassé personne de ce manoir, et Gilda, la
pauvre ame,-y restera à son plaisir.
^ Alors, j'en partirai, mon'père !
— Et je suivrai ma fille '."dit la comtesse.
—Oh ! les femmes ! murmura le vieillard,
Ef il sortit et alla gagner sa chambre tout
triste.
Comme il traversait le corridor sombre,
il sentit sur sa main un baiser et une larme!
s —Gilda ! s'écria-t-il d'une voix émue.
prendre rfùe- l'empereur de Chine avait mis en
état de siège les cinq ports de l'empire ouverts
aux Européens. Si. ce 'fait se confirme, il aura
des conséquences très graves pour le commer
ce européen.» . .
Nous ne reviendrons pas aujourd'hui sur
le discours prononcé par le comte de Der
by, avant-hier au soir, dans la chamhre
des lords, et doijt nous avons déjà publié
une analyse suffisante^Nous empruntons au
Times le - compte-rendu du reste de cette
séance, consacrée tout entière à Iadiscus
sion de la,motion du noble lord, relative
au conflit anglo-chinois :
Le comte de Clarendon : J'éprouve une con
fiance égale à cellequ'a expriméelord Derby à
la fia de son discours. J'ai le ferme espoir que
leurs seigneuries mettroat de côté toutes con
sidérations dé parti, et' verront la nécessité de
soutenir les serviteurs de la couronné, quand
ils ont raison, ainsi que,j'en ai l'intime et
profonde conviction. D après Jord Derby, leî
relations entra l'Angleterre et la .Chine avaient
été . amicales avant la dernière rupture. Ce
pendant cela n'est point exact. Les Chinois
avaient depuis long-temps cherché à violer les
droits acquis en vertu du traité, et l'état ac-„
tuel des choses avait paru depuislong-tempsin-
toléra&le à tous les résidens, à Can-ton, n'im
porte à quelle nationilsappartinssent. Quant à
l'affaire ae'i'Armo, il y avait là une question
de principe, et le.i autorités anglaises n'ont pu
agir différemoient. L& -règlement d'après le-.
: quel rArrow avait arboré le pavillon britanni
que; n'est pas celui qu'a cité lord Derby, et il
ne contrevenait à aucune loi anglaise en vi
gueur. L'acte octroyait des autorisations ou
licences aux vaisseaux qui étaient la. pro
priété d'individus non anglais de naissance, ne
se limitait pas a la Chine; il existait à Malte,
à Gibraltar, à Singapore, et nul doute qu'il
ne fût parfaitement légal. L'Arrow n'avait pas
perdu sa licence ; car bien que le temps ait
expiré, le Mtiment se trouvait encore en mer,
et, conséquemment, il avait, selon les t-ermes
et si alors M., PàïÈflss, dont la prudence et là
modération méritent les iflits grands éloges,
n'ayait pas demandé satisfaction, il. eût man
qué à son devoir, et aurait fait croire aux
Chinois qu'ils pouvaient se porter encore
à" de plus graves injures. Le comte'de Cla
rendon compare l'affaire
vant de Liverpool ou "des . îles de la Manc"he
dans les mêmes circonstances, et demande ce
qu'on penserait .des autorités anglaises, si
eliès s'étaient comportées comme l'ont fait les'
Chinois dans toute cette affaire. Mais un-tel
événement ne peut arriver pSirmi les mitions,
qui respectent la loi internationale, et parce
que 'les Chinois n'ont pas été guidés par des
considérations de cet ordre élevé, il faut leur
faire connaître la loi delaforce. Lexomtede Cla
rendon est convaincu queies dispositions attri
buées aux habitans de Canton contre.l'àdmission
des étraugers n'ont été qu'un épouvantai!; mais
n'en fût-il pas ainsi, il n'y e,nulle raison pour
que l'autorité ne toit pas requise de maintenir
l'ordre et de prendre sous sa responsabilité
la vie et les biens des sujets anglais. Le no
ble lord raconte ensuite les diverses mesures
prises,vainement pour déterminer les autorités
chinoises à-remplir les engagemens du- traité
et à admettre les sujets anglais à Canton. H dé
clare q'.ela gouvernement de S. M. eût permis
que la question demeuiàt en l'état où l'a
vaient- laissée ses prédécesseurs, si l'affaire de,
t'Arrow s'était arrangée' d'une manière satis
faisante. En u.êtne temps, le gouvernement
reconnaît tout à-fait l'importance de l'aduiis-
sion à Canton, et croit que les officiers de la
reine ont droit de profiter de la querelle re
lative à l'Arrow, pour tâcher démener un ac
complissement partiel du traité. Quant à la
motion, le comte' de Clarendon soutient'que
la troisième résolution; telle qu'elle est- ac
tuellement, ne peut être considérée par les
officiers da S. M, dans toutes les parties du
inonde que comme une interdiction positi
ve de tout acte tendant à s'engager dans
des opérations hostiles. Il déclare qu'une pa
reille interdiction mettrait en danger la vie et
les biens de tous les sujets britanniques
en Chine, qn'elle discréditerait le nom et le
pavillon anglais, et ruinerait le commerce
de 1 Angleterre avec ce pays.
Le comte Grey désire déclarer formellement
que la depéche qu'il avait envoyée à» Hong-
Kong en 1847, s'appliquait, non à cette épo-
que seule ,' mais à toutes les époques. Il lui'
est impossible d'itn.igineraucune doctrine plus
dangereuse que celle-ci, à savoir que des fonc
tionnaires subalternes, qui pourraient n'être
pas d'humeur très facile, auraient la faculté de
recourir à des mesures hostiles sans en référer
au gouvernement .central.
Le duo a'Argyîl justifie la conduite du gou
vernement. , D /
Sur la motion de ïord Carnarvon, le débat
est ajourne a jeudi prochain.
Nous avons sommairement rendu comp
te, ce matin, du commencement de la
—Oui I seigueur, la pauvre. Gilda, qui a
tout entendu et qui vient vous dire adieu.
Demain, ayant le jour, au second chant du
coq, j aurai quitte le manoir de Roddens
tein, et la paix y reviendra; elle vaut mieux-
que moi.
. t Pars, dit le comte, pars, regrettée et
bénie. Que Dieu te- conduise... et il voulut
glisser dans ses mains une bourse d'or.
— Non ! dit Gildà; gardez ! gardez ! vous
auriez l'air de me payer.,, je neveux qu'un
souvenir.
— Oh! que n'est-elle m'a fille! dit le comte
en laissant tomber sa .tête dans ses mains.
Le lendemain, ceux qui se levèrent les
premiers au château, aperçurent dans la
cour d'honneur la trace de deux petits pieds
•sur la neige.
Gilda était partie.
' • • .; JII. "
La voyez-vous qui chemine là-ias, seule
et triste, le long du bois noir? Le pâle sou
rire de 1 aube blanchit le ciel; le vent pleu
re dans les rameaux secoués, et jette sur
sa tête a neige des-arbres, qui tombe en
flocons glacés. De temps en temps elle se
retourne comme pour apercevoir les tou
relles de Roddenstein ; elle songe qu'elle y
vécut long-temps; une larme perle au bord
de ses longs cils, un soupir gonfle son sein.
Mais-elle hate le pas, car la route est lon
gue et la journée est çûurte. "
Elle marchait depuis deux heures, quand
elle entendit au loin les aboiemens sono
res d une meute de limiers et les -fanfares
des trompes, sonnant le lancer du cerf.
A ses noies plus douces; elle reconnut
le cor d ivoire de Frauenlob. Elle mit sa
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