Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1849-02-08
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 février 1849 08 février 1849
Description : 1849/02/08 (Numéro 39). 1849/02/08 (Numéro 39).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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PABIS, 1 FEVRIER.
' L'AsseMblée nationale n'est pas d'accord
àvec elle-même, disait hier M. de Lamar
tine. Ce qui jsignifiaitque la majorité était
tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre.
L'Assemblée a prouvé/ une fois de plus au
jourd'hui, que Je mat de M. de Lamartine
. 'était vrai. Hier, l'amendement de M. Lan
juinais avait obtenu la priorité. On sait, en
général, ce que sont les.questions de priori
té : elles préjugent, on peut même dire
qu'elles emportent le fond. On se souvient
de ce qui est arrivé pour le fameux ordre du
jour motivé auquel a donné lieu la question
de non-confiance soulevée par le très hono-
rablé M. Perrée.
Il était donc permis d'espérer que la prio
rité accordée à l'amendement Lanjuinais
en entraînerait l'adoption complète. Tout
ce qui s'est passé dans le commencement
de la séance, semblait confirmer cette pré
vision. La chambre avait persisté, malgré
tous les obstacles possibles élevés par l'op
position pour la faire dévier de sa route ,
à ne pas quitter un instant le chemin tracé
par l'amendement Lanjuinais. Elle en avait
même voté avec beaucoup de peine tous
les articles par assis et levé ,*j'à de grandes
ïriajorités. Le scrutin de division,'demandé
sur l'ensemble de l'article 2, avait donné
Î470 voix pour l'adoption et 357 pour le re
jet. L'Assemblée nationale semblait vouloir
rester d'accord avec elle-même.
. Mais, sur l'article 5,'qui restreignait les
lois organiques à faire, à la loi électorale,
à celle sur le conseil d'Etat et à celle sur la
responsabilité, un amendement, proposant
d'ajouter le .budget, a, été adopté au scrutin
-de division, par 445 voix contre 573. Ce
vote est,' selon nous, très illogique et très
regrettable. .
Il ne faut pourtant pas s'abuser sur la
portée qu'il peut avoir en ce qui '.touche la
durée de la Constituante. A considérer l'é
conomie de la proposition qui a prévalu, le
vote du budget ne donne à l'Assemblée ni
un jour de plus, niun jour de moins à vivre.
.Voici, en effet, comment les choses se pas?
'seront. L'Assemblée doit s'occuper immé
diatement de la loi électorale : les deuxième
et troisième lectures auront lieu dans lès
délais fixés par le règlement, Aussitôt après
le vote de cette loi, on formera dans toute
îa France les listes électorales, et les élec
tions auront lieu le premier dimanche qui
suivra la clôture des listes. L'Assemblée lé
gislative se réunira quinze jours après la
.réunion des collèges électoraux.
« ; Ainsi voilà la marche fixée. Les délais
sont connus. La loi électorale ne peut pas
: les prolonger abusivement: on a calculé que
le maximum de la durée de la chambre ac
tuelle ne pouvait pas aller au-delà de deux
mois et demi. C'est pendant la durée des :
'formalités exigées pour la confection des
listes, .que l'Assemblée actuelle votera les
deux lois organiques du conseil d'Etat et de
la responsabilité^ et enfin le budget.
Ainsi, l'Assemblée a marqué, non;par une
date fixe, mais par une date implicite et né
cessaire, le terme de son mandat. En votant
. l'amendement qui lui donne le budget à
faire, elle augmente son travail; .voilà tout.
Maintenait, le devoir qu'elle s'impose, peut-
elle sincèrement, sérieusement l'accomplir?
Nous n'hésitons pas à dire que non. Qui ne
se souvient que, sous la monarchie., les
commissions mettaient cinq mois à exami
ner le budget? Ettm les accusait, on 1rs
accuse surtout aujourd'hui de n'y avoir
jamais apporté que des modifications insi
gnifiantes. Aujourd'hui, outre trois lois or
ganiques et le travail courant, il faudra
.examiner* discuter, voter le budget.. C'est
impossible. Ce sera un budget bâclé. Ce ne
peut pas être ce qu'on appelle pompeuse-'
ment le budget de la République, sans sa
voir d'ailleurs ce qu'il sera. — Ce sera un
^budget comme fut celui de 1832, un budget
en' quelque sorte provisoire. L'examen du
'.budget normal, du budget de la régénéra
tion révolutionnaire d'alors, fut ajourné ; il
'en sera de même aujourd'hui. Mieux, va-
~ lait, nous le répétons, s'en tenir à des dou
zièmes provisoires* -, *
Maintenant, nous disons que ce vote, qui
n'est pas logique, est regrettable. Que MM.
. les représentai nous le pardonnent, mais il ,
y a fort à craindre qu'un certain nombre de
ceux dont les réélections sont compromises
ne cherchent à se sauver du naufrage .élec
toral par la fausse popularité des économies
imprudéntes et désastreuses. Voilà le danger
que nous voyons à soumettre le sort des im
pôts à des constituans qui sont les candidats
de la législative. Nous voulons croire qu'ils
ne justifieront pas de telles craintes. Mais
leurs, votes, de réductions seront suspects,
.malgré l'injustice du soupçon. , > ■
:: Il ne. fallait pas placer la Constituante
et les recettes de la République dans cette
situation compromettante. Ajoutons, en ter
minant sur ce point, que l'Assemblée n'a pas
le temps nécessaire pour faire de bonne be
sogne en matière de. budget. Mais il y a
dans l'avenir quelque chose de rassurant.
C'est que les budgets peuvent se modifier
par des votes* subséquens. Les législateurs à
venir pourront réparer les erreurs de leurs
devanciers.Sous ce rapport, l'Assemblée ac
tuelle n'a pas même l'avantage de garantir
la complète exécution de son système finan
cier, eh supposant qu'elle eût le temps de
6'en faire un suffisamment médité.
La question Rateau, après tout, est enfin
tranchée ; le terme, comme nous l'avons
dit, est fixé. La minorité, qu'elle nous per
mette de le lui dire, n'a pas marqué de
bonne grâce l'heure de sa fin. Elle sem
blait marchander as jours à ceux qui vou
laient déterminer l'époque de sa dissolu
tion. Il n'est pas de procédés ingénieux et
insidieux qu'elle n'ait inventés et mis en
pratique, pour gagner soit une loi de
plus à faire, soit un jour de plus à res
ter. Vainement avait-on écarté les pro
positions les plus dilatoires par des ques
tions de priorité, elles se représentaient
sous une çntre forme, avec le nom d'amen-
( demens ou de sous-amendemens. M. Senard
a pendant plus d'une heure embrouillé, et
surtout alourdi la discussion par des ques
tions insipides de procédure électorale^ Heu
reusement, M. Dufaure est venu rèlever la
question, en lui restituant son caractère po
litique et national, et en écartant les ques
tions ministérielles peu dignes d'intervenir
dans un tel sujet. Il a combattu l'amende
ment de M. Senard qui déterminaitJ'époque
à laquelle on déterminerait la dissolution de
l'Assemblée. C'était ajourner la question au
lieu de la résoudre. Mais cet ajournement
est un bien au lieu d'être un mai ; car, dès
que la chambre connaîtra sa fin, elle sera
finie. C'était l'argument de M. Senard.
Cet argument signifiait que les représen
tants que l'époque des élections serait
fixée, s'occuperaient beaucoup plus d'al
ler organiser leur > réélection que de
faire les lois organiques. Ce n'était pas
une prévision très flatteuse pour l'Assem
blée. On prétendait aussi que dès que
la chambre connaîtrait le jour de sa dis
solution, elle perdrait toute autorité: Est-
ce que les législatives n'ont pas une du-
rée'fixe déterminée par la Constitution? a
demandé M. Dufaure. Est-ce qu'elles se
ront sans autorité? L'orateur a habilement
distingué ce qu'il y avait de révolutionnaire
et ce qu'il y avait de légitime dans les
manifestations demandant à l'Assemblée
nationale dé se dissoudre. Il a reconnu, dans
beaucoup de pétitions, nn vœu naturel, un
désir logique de voir la Constitution, qui
n'est mise en pratique qu'à moitié, fonc
tionner d'une manière complète et définitive.
On craint la réaction, a-t-il dit; mais plus
on attendra, plus il y aura à craindre que
l'Assemblée à venir ne diffère des opinions
et des sentimens de l'Assemblée actuelle. Il
semblait que toutes les petites chicanes dus
sent tomber devant ce . discours. Il a fallu
subir encore vingt propositions ou amende-
mens de tactique.— En définitive, la pro
position Lanjuinais est adoptée dans tous ses
articles ; il ne reste plus qu'à en voter l'en
semble. Nous ne pensons pas que l'Assem
blée défasse dans le scrutin de demain l'oeu
vre accomplie par ses votes d'aujour
d'hui.
L'ouverture du parlement anglais a coïn
cidé avec les graves débats qni viennent
d'occuper l'Assemblée nationale ; l'attention
publique ne pouvait donc se porter sur les
affaires d'un pays étranger. La discussion
de l'adresse dans la chambre des communes
a eu cependant une importance qu'on ne
saurait méconnaître; aussi, croyons-nous
devoir publier le discours prononcé par lord
Palme»ton. Le ministre des affaires étran
gères, eu- répondant à M. d'Israéli, a fait
l'historique des négociations dans lesquelles
l'Angleterre est intervenue cette année ; et,
comme lord Palmerston a presque toujours
agi de concert avec le ministère français, '
les détails dans lesquels il entre, et les faits
qu'il rapporte, sont autant de renseigne-
mens précieux à recueillir pour l'histoire
diplomatique des dix derniers mois.
Quant aux espérances que lord Palmers
ton a exprimées , sur le résultat des confé
rences qui vont s'ouvrir à Bruxelles, nous
aimons à penser qu'elles se réaliseront, èt
que l'Italie pourra échapper aux horreurs
de la guerre. Ce dénoûinent pacifique n'est
point aussi improbable que le donnerait à
penser un journal dont nous avons rapporté
hier l'opinion sans la partager;.
• •• • • « « • • • « > « « • » 1
Je maintiens, contrairement aux députés de l'op
position, que cette chambre et ceux qui ont suivi
avec quelque attention la marche des affaires il l'é
tranger pourraient féliciter S. M. sur l'état de nos
relations extérieures. Quel est le grand objetque no
tre paysà à cœur? C'est d'abord de veiller aux in
térêts de notre pays, et ensuite d'assurer le main
tien de la paix avec le reste du monde ; enfin de pré-'
venir, si c'est possible, la guerre entre les autres
nations.
Avons-nous atteint ce but? Il a été accompli ; et
comme on peut l'attribuer aux efforts du gouverne
ment, il y a bien de quoi sç féliciter. Nos adversai
res. ne contestent pas le succès de nos-efforts ; je
trouve, au contraire, qu'un honorable membre ( M.
Bankes) nous en veut de ce que nous ne sommes
pas en guerre avec quelques-uns de nos alliés: On
nous impute à crime que nous sommes restes en-re
lations amicales avec des gouvernemea® républi
cains? Il y a des personnes qui pensent que le gou
vernement d'une république n'est pas une société
assez bonne pour le gouvernement d'une monar-'
chie. (Applaudissemens et rires.)
On nous a reproché notre empressemelit & en
voyer un ambassadeur à Paris après la révolution.
Or les rapports entre les nations ne peuvent être
entretenus que par les gouvernemens, organes des
nations; et ce n'est que par ces"organes que les na
tions peuvent communiquer entre elles. Mais de quel
droit nous informerions-nous quels sont les organes
qu'une nat'on étrangère veut nous envoyer ? De quel
droit nous informerions-nous si taxation française
désire un monarque, un empereur, un président ou
un consul?
Notre but, comme notre devoir, est de cimenter tes
liens de l'amitié la plus étroite' entre nous et notre
plus proche voisine, une des plus grandes puissan
ces de l'Europe, dont on a dit avec justesse, qu'en
guerre elle serait notre plus redoutable ennemie, en
paix notre plus utile amie. Dans les véritables inté
rêts de l'Angleterre et de la France, il n'y a rien
gui s'oppose il l'amitié la plus cordiale entre les
deux nations. (Approbation.) C'est une justice que je
dois rendre aux hommes d'Etat qui se sont trtnivés à
la tête du gouvernement français depuis le mois de
février deçnier, de dire que leur conduite envers
l'Angleterre a toujours été marquée par la plus par
faite bonne foi, par la plus grande franchise et par
les dispositions les plus amicales,, et qu'ils ont té
moigné non-seulement un vif désir d'être avec
l'Angleterre dans les relations les plus amicales ,
mais encore ils nous ont déclaré invariablement et
sincèrement, à l'égard du reste de l'Europe, les mê
mes seniimens pacifiques. Or, puisquenousattachons
une grande importance au maintien de la paix, ces
sentimens doivent "être la base d'une yéritabla lion^
ne intelligence entré la France et l'Angleterre. '
(Ecoutez 1)
Nous n'avons pas retiré notre ambassadeur de
Paris, lors de la révolution. Il.est vrai que nous n'a
vons pu donner les lettres techniques de créance
qui sont usitées entre gouvernemens établis, parce
qne le premier gouvernement était, de son nom
mêi he, provisoire: mais aussitôt qu'un gouvernement
a été formé ayant un caractère permanent, l'échange
s'est effectué, et depuis ce moment, les rapports
entre les deux pays ont continué de la manière or
dinaire. Cette politique a-t-elle contribué à la paix?
Oui,' certainement. Le Gouvernement français dési-
-rail sincèrement continuer dans toutes ses relations
avec les autres pays de l'Europe une politique de
paix; mais, si l'Angleterre avait refusé toute rela
tion amicale avec la France ; si elle avait repoussé
la République et accordé sa préférence à d'autres
Ïpuissances qui désiraient renverser la forme parlicu-
ière de gouvernement que la France avait adoptée;
si, de cette manière, nous nous étions montrés hos
tiles à la France, je n'oserais pas dire qu'il eût été
possible de maintenir la paix du monde], paix qui
a été pendant cette année d'une importance souve
rain. (Ecoutez!) Je pense qu'en ce que je viens de
dire sur nos rapports avec la France, ce pays trou
vera que nous avons cherché son avantage, quoique
nos adversaires refusent leur approbation.
Qu'était-ce, en d'autres term s,, qu'un encourage
ment à la guerre européenne? (Applaudissemens.)
D'une part, l'Allemagne se précipitait à l'appui
d'une doctrine, par rapport au duché de Sleswig, et,
d'une autre part, le Danemarck, fort de son droit,
le maintenait à l'égard de ce duché. Le Danemarck
était appuyé par la Russie et la France ; la guerre
s'alluma : le Danemarck se mettaiten campagne dal
lait invoquer le secours de la Russie et de la France,
pendant que l'Allemagne accourait déjà dans les
plaines de Sleswig. N'était-ce pas là lè prélude d'une
guerre européenne générale? Et l'on voudrait nous
blâmer pour l'avoir empêchée? (Applaudissemens.)
Je ne crains pas l'opinion que la chambre exprime
ra à cè sujet. (Applaudissemens.)
Ensuite, à quelle occasion avons-nous offert notre
médiation entre l'Autriche ètla Lombard^e? Dans le
-mois de mai, l'Autriche réclama nos bons offices par
l'entremise du baron Colloredo. Ce diplomate pro
posa certaines conditions. Tout^en "acceptant avec
empressement la demande .qu'on nous adressa, nous
•'fitaes observer que, potfr commencer l'oeuvre de^con-
citiâtion avec quelques chances de succès, nous
pensions que : certaines modifications devaient être
introduites, dans ces conditions. Le diplomate au
trichien nous répondit : « Je ne suis pas autorisé à
accepter votre proposition, mais je ne me crois pas
le droit de la rejeter. Je la prendrai ad référendum.
Je demanderai,les ordres de mon gouvernement. »
: Je crois que. la proposition a été faite plus tard
directement par l'Autriche i la Lombardie, mais n'a
pas été acceptée, de sorte que l'affaire en resta là.
JEn dernier lieu, les affaires prirent une tournure
différente. L'armé8 autrichienne, ayant obtenu des
renforts, remporta des avantages considérables.
C'est alors que le gouvernement da Sardaigne ré
clama le secours de la France. Le gouvernement
français, vu les relations de confiance et de bonne
intelligence qui existaient entre nous, nous dit :
«Si vous voulez vous joindre à nous pour opérer une
médiation entre les* deux parties et vous efforcer
avec nous de rétablir la paix, nous agirons de con
cert avec vous;- mais, si vous refusez, nous ne pour
rons empêcher une intervention militaire dans les
affaires d'Italie. (Ecoutez!)
Nous acceptâmes, et c'est là la faute du gouverne
ment anglais. (Applaudissemens.) C'est parce que
nous avons empêché une guerre en Italie, qui aurait
infailliblement conduit à une..guerre en Europe;
c'est parce que, nous unissant à la France, par sui
te de ses offres sincères et pacifiques d'une média
tion amicale, que nous avons prévenu des événemens
qui auraient certainement amené une guerre géné^
raie, que nous sommes maintenant mis en accusa
tion par l'honorable membre de l'opposition. (Ap
plaudissemens.) Voilà notre second crime. Maisje
crois, Monsieur le président, que la chambre nous
absoudra également sous ce rapporr. (Ecoutez!)
_ On dit que nous imposons des conditions à l'Au-
. :triche. Ma esttotalemcnt inexact. Il n'est auciine-
dit pourquoi nous avions cru que certains arrange
ons seraient dans l'intérêt bien entendu de l'Au
triche et conduiraient à un arrangement pacifique.
Mais c'était à l'Autriche de juger si elle voulait y
consentir. J'espère qu'elle le fera. Sinon, elle est
aussi.libre de refuser que nous sommes libres d'of
frir nosQuant à la médiation entre Naples et la Sicile,
elle a été réclamée, à différentes reprises, par le roi
dé Naples. Le gouvernement napolitain envoya à
itome réclamer les bons offices de lord Minto. Lors
que ce diplomate se rendit en Italie, il n'avait pas
d'instructions de passer à Naples, mais le ministre
de Naples à Londres m'exprima le désir de l'y voir
aller,'en m'assurant que s'il le faisait, il serait reçu
de la manière la plus cordiale. Je répliquai que les
instructions de lord Minto ne portaient pas qu'il
devait se rendre à Naples, mais je promis de lui
transmettre sans délai les lettres de créance, et qu'il
se rendrait à son çostS" auprès du gouvernement de
Naples, aussitôt que celui-ci lui ferait connaître di
rectement qu'il désirait sa présence dans ce pays. Il
partit, et fut én communication constante avec le
gouvernement napolitain, d'après le désir formelle
ment exprimé par ce dernier.
On le pria instamment de passer en Sicile pour
se mettre en .communication avec le gouvernement
provisoire, dans le but d'opérer un arrangement à
l'amiable. Mais celte intervention Jie réussit pas
malhéureusement ; car, sur ces entrefaites, arri
vèrent lts nouvelles de la révolution de Paris * qui
changèrent considérablement les dispositions des
Siciliens.
Lord Minto retourna à Rome. A cette occasion, je
puis assurer que lord Minto n'a pas reçu chez lui à
, ,4'ser. il. Sterbini, et qualord Minto est-eftiièreroent
' innocent des -événemens malheureux arrivés à Ro
me un an après ce diner imaginaire. Nous nous
sommes donc retirés de la médiation, tout en con
servant un grand intérêt pour les affaires de Sicile;
■car ceux qui savent quels sont les rapports que le
gouvernement britannique a eus avec l'établissement
de la constitution de <842, en Sicile, l'espèce d'en
gagement contracté alors par nos ministres, qui, ce
pendant, n'était pas une garantie formelle de main
tenir cette constitution, doivent sentir que le gou
vernement anglais ne pouvait manquer de prendre
un vif intérêt aux affaires de ce pays. Eosuite, il s'a
gissait de savoir si l'on devait empêcher ou non
l'expédition que le roi de Naples allait envoyer en
Sicile. Nous ne donnâmes point d'instructions d'en
traver cette expédition. Elle mit à la voile, arriva à
Messine et commença ses opérations.
. On a dit que Messine était le boulevard de l'ar
mée napolitaine. Quel boulevard ! Mais enfin, chas
sés de Palerme, ils purent se maintenir à Messine ;
et lorsqu'ils ne trouvèrent plus de résistance et que
les hostilités avaient cessé, ils continuèrent pen
dant quaralfte-huit heures le plus cruel bombarde
ment, qui détruisit les maisons, palais, églises et
édifices publiés. t
...Ils envoyèrent ènsuite dans la ville un corps de
troupes pour y compléter l'œuvre de destruction
commencée par les bombes, les obus, les canons. Ils
dévastèrent trois milles de faubourgs, pillant, brû
lant et massacrant tout sur leur passage. (Ecoutez !
écoutez !)
Les amiraux, quoique accoutumés aux nécessités
de la guerre, mais de la guerre faite suivant l'usa
ge des nations civilisées ( écoutez ! écoutez I ), en fu
rent révoltés et indignés ( écoutez ! ). lis savaient
•que la «lie de Palerme était destinée à subir le
même sort que celle de Messine, et ils dirent:«Nous
ne devons pas ie permettre, et quoique nous soyons
sans instructions àcetégard.nousdevons cependant,
sous[notre propre responsabilité, mettre un terme à ces
atroces procédés , au moins jusqu'aa moment où
nous recevrons les ordres de. nos gouvernemens
respectifs. » Après avoir- parlé ainsi, ils proclamè
rent une armistice. Que devaient faire en pareille
circonstance les gouvernemens d'Angleterre et de
France? ( Ecoutez! écoutez ! ).
Peut-on supposer que les citoyens ici présens,
étrangers aux horreurs de la guerre, se seraient mon
trés plus impitoyables que les amiraux, accoutumés
à toutes les cruelles nécessités des guerres ordinaires?
Fallait-il laisser parlager par Palerme lesortenduré
par Messine? Ceux mêmes qui cherchent à nous blâ
mer ne-l'auraient pas voulu;-je les estime assez pour
le croire. Je suis persuadé qu'aucun homme d'Etat,
placé dans les mêmes circonstances, n'aurait agi au
trement que nous ne l'avons fait. Il était .de notre de
voir d'atteindre ce but par des négociations. Ces né
gociations se poursuivent, et j'espère qu'elles au
ront un résultat satisfaisant. Si cette œuvre doit
s'accomplir, je ne regretterai nullement que les ami
raux aient pris sur eux la responsabilité d'intervenir
entre les deux parties belligérantes. (Applaudisse
mens )
Mais le temps est d'une grande valeurdans ces cir
constances, comme dans tant d'autres. Si un arran
gement avait été proposé au moment où les cendres
de Messine fumaient encore sous les yenx des Sici
liens, ils auraient pu refuser des conditions qu'ils
accepteront aujourd'hui peut-être sans difficulté.
D'un autre côté, le roi de Naples consentira peut-
être aujourd'hui à un arrangement qu'il aurait re
poussé an moment de sa victoire ou de ce qu'il regar
dait comme son triomphe. (Ecoutez!) Dans tous les
cas, nous avons la satisfaction de penser que la mé
diation de l'Angleterre et de la France a épargné,
dans cette circonstance, de grands malheurs à la Si
cile; et je me flatte que, tandis que cette médiation
lui aura donné le repos et une constitution, elle con
tribuera en même temps à maintenir les couronnes
de Naples et de Sicile sur la tête du même monarque.
L'honorable membre dit que, l'année dernière, le
gouvernement espagnol a fait un affront au gouver
nement anglais. 11 attribue à ses discours beaucoup
plus de valeur que je ne suis disposé à leur en ac
corder, en supposant qu'on doivé leur attribuer l'in
vitation qui a été faite à M. Isturitz de quitter l'An
gleterre, en réponse au renvoi de M. Bulwer De Ma*
drid. Je puis assurer l'honorable membre qu'il est
complètement <15ns l'erreur à ce sujet, et qu'il n'a
eu aucune part quelconque à la décision prise parle
gouvernement dans cette occasion. (Applaudissemens
et rires.)
Mais l'honorable membre ajoutait que plusieurs
mois s'étaient écoulés dépuis l'insulte faite à notre
pays, sans que nous en eussions obtenu satisfaction;
que cet affront avait été enduré par nous avec im
passibilité, et il demandait ce que devenaient la
fierté et la dignité de l'Angleterre. Que signifiaient
ces paroles, si ce n'est que nous aurions dû déclarer
la guerre à l'Espagne par suite de cet affront ? Nous
avons désiré que le ministre d'Espagne quit'ât l'An
gleterre, puisque le ministre anglais avait été prié
de quitter Madrid. Et quoique j'admette que c'était
là un affront, quoique je sente qu'une réparation
nous est due ( écoutez l écoutez l ), et quoique je me
flatte que le gouvernement espagnol, lorsqu'il-aura
réfléchi froidement sur cette affaire, et vu combien
les motifs de sa conduite étaient peu suffisans, se
montrera disposé à nous accorder une réparation,
je ne suis cependant pas disposé à aller aufsi loin
que l'honorable membre , qui pense que nous au
rions dû déclarer la guerre pour nous venger de
cette insulte. (Ecoutez 1 écoutez ! )
On m'a accusé quelquefois de suivre une politi
que qui pourrait provoquer à la guerre. Le parti de
la guerre se trouve aujourd'hui sur les bancs de.
l'opposition. . . .
On nous accuse donc 'du crime énorme d'avoir
maintenu la bonnô" intelligence avec les représen-
tans delà France, et d'avoir ainsi contribué à la con
servation de la paix de l'Europe. On nous accusé
aussi d'avoir mis fin aux hostilités entre le Dane
marck et le Sleswig, hostilités qui auraient pu en
traîner une guerre européenne; d'avoir déterminé
l'Autriche et la Sardaigne à déposer les armes,
quand leurs disputes, pouvaient engager les antres
puissances de l'Europe.
On nous accuse encore d'avoir empêché de gran
des calamités en Sicile ; de nous efforcer de rétablir
des relations amicales entre le roi de Naples et ses
sujets siciliens. Telles sont les accusations sur les
quelles la chambre doit décider, soit en notre fa
veur, soit contre nous. Nous nous présentons devant
,vous comme avocats de la paix, comme les "person
nes qui ont travaillé constamment à empêcher la
guerre , à en restreindre les limites si elle éclatait,
et à la terminer le plus tôt possible. Nous sommes
ici les défenseurs de la paix sous le poids des ac
cusations des avocats de la guerre. C'est à la cham
bre à décider entre nous, et j'attends avec confiance
la sentence qu'elle va prononcer. (Applaudissemens
prolongés.)
S. Exc. M. lé marquis de Normanby a remis
aujourd'hui au Président de la République les
lettres de S. M. la reine du royaume-uni de la
Grande-Bretagne et d'Irlande qui l'aceréditent
en qualité d'ambassadeur extraordinaire ët plé
nipotentiaire auprès de la République, '
On sait que loi*d Normanby n'était jusqu'ici
accrédité auprès de la République que pour une
mission spéciale et temporaire.
C'est une chose bien touchante, en vérité, que
la sollicitude inattendue dont se montrent ani
més les Montagnards pour les intérêts de la
bourgeoisie. Ecoutez les orateurs de ce parti,
lisczsurlout les journaux, et vous serez confondus
des expressions engageantes qu'ils imploient
maintenant en parlant de ce qu'ils appellent la
classe bourgeoise. Les habilans de la campagne,
à qui l'on n'épargnait pas les épithètes outragean
tes lorsque l'on combattait l'élection de Louise
Napoléon, ont aussi part à ces avances. N'est-co
pas dans les clubs socialistes qu'a pris naissan
ce le projet .de restitution des 45 centimes;,
n'est-ce pas le môme parti qui se montre 'disposé^
pour alléger les charges des contribuables,nour-'
geois et cultivateurs, îi sacrifier l'armée, la ma
rne, l'administration tout entière? Il fallait voie '
ces joursâ-derniers, le journal h,Peuple; faire
des avances à la garde nationale , cette armée
du capital. Hier, la République Détendait ap
prendre à M. le maréchal Bugeaîtd, qu'il est boa
d'avoir l'assentiment et l'appui de &_bourgeoi-
sie. Tous ces journaux rouges ont commencé, le
30 janvier un chœur de gémissemens sur ÎC5 .
fatigues et les dérangemens imposés à la milice
citoyenne par le rappel de la veille.
Les hommes modérés de toutes les fortunes et'
de toutes les professions, ne, peuvent qu'être très
sensibles aux douceurs inaccoutumées de la ré-»
publique violente; mais ils ont droit de s'en
étonner et de s'en défier. Ils n'ont pas encore eu:
le temps d'oublier lts accusations d'egoïsme cruel"
et de lâcheté qui ont été si souvent portées con
tre eux dans les journaux rouges comme dans lef
clubs. La garde nationale se souvient qu'on s'est
efforcé de la séparer du peuple en lui donnant
le nom de garde bourgeoise ; les cultivateurs
savent que la domination passagère qu'a exercées
sur la France le parti montagnard, a été préci
sément la clause de l'impôt des 45 centimes; le*
ouvriers honnêtes n'ignorent pas .que les agita-'
tions et les inquiétudes qu'entretiennent, dans
le pays, les partisans de la révolution en perma*
nence, sont la cause de la stagnation des affaires,
de la ruine de l'industrie, et du chômage des
travailleurs. ' :
Trêve d'hypocrisie. On aperçoit le drapeatf
rouge sous le voile dont les clubs et leurs jour
naux essaient de le couvrir. Ce drapeau, c'est
celui de l'annulation de la Constitution, de la
création d'un comité de salut public, de la sup
pression de la liberté de la presse, de la suspen
sion de la liberté individuelle, de l'institution
d'un tribunal révolutionnaire, du rembourse
ment de la dette publique avec le papier-mon
naie, du droit au travail, de la dissolution de 1$
garde nationale, dé la confiscation des biens des
émigrans, du niveau égalitaire, etc. Ce ne sera
jamais le drapeau du peuple honnête.
M. Abbattucci a été nommé président, et M,
Ljineau, secrétaire de la commission chargée de
faire un rapport sur le fond de la proposition
d'enquête. <
Deux membres de la minorité ont soutenu la
nécessité de l'enquête. Toutefois, avant de se
former une opinion définitive, ils ont exprimé le
désir que M le ministre de l'intérieur fût invité
à se rendre au sein de la commission peur y
donner quelques explications.
La commission a chargé son président de s'en
tendre avec M. le ministre, et de Convoquer de
nouveau la commission.
La commission spéciale chargée d'examiner
le budget de 1849 s'est subdiyisée en quatre
sections pour hâter son travail. On assure que la
section présidée par M. Goudchaux, chargée du
budget des recettes, a déjà décidé qu'elle propor
serait à l'Assemblée la réduction dej'impdt sur
le vin, à dater du 1 er janvier 1830 ; _ cequi dimi
nuerait encore les ressources du pays de plus de
50 millions.
On a distribué à l'Assemblée nationale le rap
port de M. Emile Leroux sur le projet dé lor con
cernant le timbre des effets de commerce, des
actions des compagnies industrielles et des polî
mes d'assurances. La commission propose l'adop
tion du projet de loi, en y introduisant de notà-
bles modifications. Elle espère qu'en proscrivant
la fraude et en faisant un acte ae haute morali
té, l'Assemblée. rétablirait dans: le commerce
l'uniformité, et ferait entrer annuellement dans
les caisses du trésor au moins 40 millions dont
il est actuellement privé.
NOUVELLES ÉTRANGÈRES.
AUTRICHE.
Les feuilles ministérielles autrichiennes gar
dent le silence le plus absolu sur la marche des
Hongrois sous le cqpimandement de Perozel,
sur la route de Szolnok à Pesth. Elles veulent
3 ï '
La commission chargée de l'examen du projet
de loi sur les clubs était convoquée pour ce ma
tin. M. Crémieux, son rapporteur, qui devait
donner à ses collègues connaissance de son tra
vail, ne s'est rendu dans son sein que fort tard;
et il s'en est excusé sur ce que, sur l'invitation '
du président de l'Assemblée, il avait dû se ren
dre dans la commission à laquelle est confiée la
préparation de la loi de responsabilité du Prési
dent et des agens du pduvoir, loi à laquelle la
discussion de la proposition Rateau donne un
intérêt d'urgence. .
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 8FÉVR-
LES CHERCHEURS D'OR
,DU SACRAMENTO. . .
(Souvenirs d'an Yoyage en 1848 en Californie.)
' 1
Je débarquai, venant de Vera-Cruz, le 22 du
mois de mai dernier au matin, k la Nouvelle-Or
léans, où j'étais appelé par des affaires commer
ciales. Je m'informai tout aussitôt du Boarding-
house le plus rapproché dji port, et je m 'y us
conduire, suivi de mon bagage. Le Boarding-
house,^ on le sait, est un établissement qui tient
le milieu-entre l'hôtel garni et la maison bour
geoise ; on y trouve souventv presque toujours,
- — sans parler d'un comfort égal, à celui des ad-
■ mirables hôtels américains, —■ un agréable in
térieur de famille.
Une fois mes bagages tant bien que mal ar
rangés dans ma chambre, je descendis au par
loir : le déjeûner était servi, et l'on allait se met-
: tre à table.
Trois personnes, —* parmi ces convives que je
ne connaissais pas encore, attirèrent spéciale
ment mon attention. I--''.
La première, jeune fille de dix-huit à vingt
ans_appartenait, sans contredit, à cette belle et
* forte race américaine que les excès de lacivili-
sation n'ont pas encore eu le temps d'abâtardir.
. tes traits réguliers de son frais visage, ses grands
: yeux bleus, sa magnifique chevelure châtaine,
son teint resplendissant, d'éclat,—quoiqu'un peu
hâlé par le grand air,—formaient un ensemble,
sinon poétique et distingué, du moins très agréa
ble. J'appris, par la suite, qu'elle était l'enfant
de la maîtresse du Boarding-house, et qu'elle se
nommait miss Annette B...
( La- seconde personne était un colossal Am^ri-
« ■:(?-• z* i » " ^ '-<$ i^ &. h j
pain , probablement un Kentuky. Je me trouvais
assis a côté de lui. Son habit et son pantalon
noirs, aussi propres que râpés, sa cravate blan
che, ses favoris coupés au niveau de l'extrémité
inférieure de son oreille, sa figure fraîchement
rasée, son air froid, qu'il désirait évidemment
rendre imposant, le faisaient assez ressembler à
un médecin de village appelé en consultation au
château voisin. Son costume, trop sévère pour le
matin, contrastait aussi d'une façon curieuse
avec les formes athlétiques et les membres énor
mes qu'il recouvrait. A peine assis —et il le fut
avant tout le monde,—mon voisin commença par
faire main-basse, avec une prodigieuse célérité,
sur les plats placés devant lui. Tranches de veau
froid et de rotsbeef, poissons bouillis, œufs cuits
avec du jambon, légume^ fruits et confitures,
s'élvèrent bientôt en forme de pyramide sur sa
seule et même assiette.
.Enfin, la troisième personne qui, avec le
grand Kentuky et la jolie miss Annette, avait le
privilège d'attirer, eomine je l'ai déjà dit, mon at
tention, était placééà l'autre extrémité de la table
presque en face de moi. C'était un homme auquel
une figure bronzée par le soleil, maigre, osseuse
et dénuéede barbe, permettait difficilement d'as
signer un âge précis entre vingt et trente-cinq
ans. Ses bras grêles, ses épaules étroites et voû
tées, sou buste élancé ne dénotaient certes pas
une force corporelle égale à celle de mon voisin
le Kentuky; cependant, je crus deviner en lui
une de ces organisations sèches et nerveuses que
nous autres Espagnols qualifions de aguante (de
résistance), et qui semblables au roseao, sup
portent facilement la tempête, pendant que le
chêne tombe brisé et vaincu. Cet homme , à en
juger par sa toiletté brillante et de mauvais
goût, ne devait appartenir que depuis peu à ce
que l'on est vulgairement convenu d'appeler le
monde. Sa cravate, couleur gorge-pigeon, était
maintenue sur une cheiùise de batiste brodée par
deux grosses émeraudes lourdement enchâssées
dans une riche monture en or, monture parse
mée elle-même de petits rubis et de topazes.Une
énorme chaîne, également en or massif, entou
rait son cou et descendait en serpentant jusqu'à
la poche de son gilet de brocart : cette chaîne
servait à soutenir une montre assez grosse et
passée de mode, dont la boîte était émaillée de
petits diamàns et de pierreries précieuses. Les
doigts de ses mains effilées et admirables de
formes, disparaissaient à moitié sous une couche
de bagues de toutes espèces.
Aussi indifférent au déjeûner servi devant lui
que le Kentuky semblait l'apprécjer, ce singu
lier personnage se tournait de temps en temps
vers le domestique placé derrière lui, pronon
çait, avec son accent étranger, le nom plus ou
moins estropié de quelque vin coûteux d'Euro
pe, effleurait-ensuite dédaigneusement, du bout
des lèvres, le verre qu'on lui offrait, et faisait
servir le reste de la bouteille aux personnes de
la table. Pendant tout le temps du repas, il ne
prit qu'un œuf et qu'une orange. >
En dehors de sa toilette extravagante et de
son aspect bizarre, cet homme eût encore éveil
lé l'attention d'un observateur par la curieuse
expression de son regard. Ses yeux, quoique na
turellement brillans, étaient fixes et semblaient
déceler, an premier abord, une intelligence
moins qu'ordinaire ; quelques éclairs contenus
qu'ils jetaient en se tournant vers la belle miss
Annette, éclairs imperceptibles pour une per
sonne qui n'eût pas été habituée, comme je l'é
tais, k connaître les sauvages peaux-rouges de
la prairie, m'apprirent que l'air d'indifférence
presque idiote de mon vis-à-vis de table était
tout bonnement un masque trompeur que sa for
ce de volonté mettait sur son visage. Je crus
pouvoir dès ce moment lui assigner une nation.
Pendant qu'on nous apportait Te thé, le Ken-
tuki dont l'assiette, après avoir servi de base k
la belle" pyramide déjà décrite, ne présentait
plus depuis long-temps déjà qu'une surface pla
ne et éclatante de blancheur, le Kentuky, dis-
je, après s'être nettoyé avec soin les ongles,
s'occupait alors k lire le journal américain, the
Daily-News. .
Deux oh I oh 1 fortement accentués, et mar
quant un profond étonnement, qui sortirent de
sa vaste poitrine, firent lever toutes les têtes
dès convives.
— Une importante houvelle, sir? lui deman
dé un autre Américain.
Oui, fort importante.
— Pourriez-vous nous l'apprendre?
V - No, répondit le Kentuki après uni moment
. de réflexion.—Cette nouvelle est une bonne af-
. faire, et moins une bonne affaire est connue,
mieux cela vaut:
— Alors vous avez eu tort de marquer votre
surprise... Je vais lire avec soin le Daily-News.
Le Kentuky'réfléchit de nouveau pendant
quelques instans avant de répondre.
.— Oui, j'ai eu tort de crier ohl oh!—dit-il en-
' fin.— Apjès tout, peut-être bien ne la retrouve-
rez-vous pins dans le journal , cette découverte,
-r- Il s agit donc d'une découverte ? .
Le géant américain s'aperçut probablement
qu'un ae ses ongles n'était pas, malgré une pre-
. mière toilette, d'une complète propreté, car il se
. mit , à le gratter avec son couteau de table au
lieu de répondre. ~
.. Le déjeûner terminé, les habitués du Boar
ding-house , sortirent du parloir, à l'exception
toutefois du Kentuky.de l'Américain, qui l'a
vait interrogé avec si peu de succès, et de l'hom
me k la figure bronzée et aux mains chargées de
bagues.
Ce dernier alluma cavalièrement, — et contre
l'usage qui défend, aux Etats-Unis, de fumer
devant des femmes, — une mince cigarette en
papier blanc. — L'Américain questionneur prit
le journal The Daily-News, pour y chercher,
ainsi qu'il l'avait annoncé, la découverte lue
. par le Kentuky, tandis que celui-ci, tirant une
vieille montre d'argent ae son gousset,, disait
^ kla fille de la maison, miss Annette B... : J'ai
cinq minutes dont je ne sais que faire.., Lais
sez-moi les smployer, Miss, k vous peindre
l'amour honnête et 1 estime que vous m'inspirez.
A ce compliment si galamment tourné, miss
Annette rougit de plaisir, tandis que sa mère
sourit d'un air de satisfaction évidente. Quant
au Kentuky, il resta, pendant les cinq minutes,
planté droit devant la jeune fille, l'examinant
avec autant d'attention que de sang-froid ; puis
le terme consacré k ses amours expiré, il prit
son chapeau, le mit sur sa tête et sortit en di
sant k sa fiancée : .
— Miss Annette, comptez toujours sur moi...
I'e vous aime encore... A pfopos, les cotons ont
>aissé d'un dixième et demi pour cent... Au
revoir.
A peine le galant Kentuky venait-il de fer
mer la porte du parloir, que l'Américain, qui
lisait toujours le Daily-Newt, poussa un cri de
surprise en s'écriant :
— Ah ! by God ! si la nouvelle est vraie...
c'est une bien belle chose !..
Comme mistriss B... m'avait présenté, lors de
mon arrivée, à ses pensionnaires, je pus, sans
crainte de passer pour inconvenant, adresser la
. parole à l'Américain.
— Il paraît quevousavez-trouvé?—lui dis-je
eh montrant le journal du dqigt.
---Oh ! c'est merveilleux , — me répondit-il,
—merveilleux !... tellement extraordinaire mê
me, que je suis tenté de croire que c'est un
pufif...
—Alors, voyons le puff. v
— On écrit de Californie au rédacteur du
Daily-News, qu'on vient de découvrir, aux bords
de la rivière du Sacramento, une telle quantité
de poudre d'or, qu'un homme peut en ramasser
facilement une livre par jour... Increvable
n'est-ce pas? Cependant cet article abonde en
détails, et porte un cachet de vérité qui me con
fondent... Lisez... Ce Sacramento, mille fois béni,
enrichirait plus k lui seul les Etats-Unis, si le
Daily-News dit vrai» que ne le ferait la posses
sion de toutes les mines d'argent du Nouveau-
Monde !...
J'allais prendre le journal que "me présentait
1 Américain, lorsque l'homme au teint bronzé
s'élançant, semblable"" à un tigre, du coin de la
cheminée où il était assis, vint tomber d'un
bond en face de moi.
— Que dit-on du Sacramento? — me deman-
da-t-il d'un voix sourde et en espagnol.
Son action m'avait tellement surpris, que je
restai un moment sans lui répondre.
— Mais répondez-moi donc !... répondez-moi
donc! - reprit-il avec rage, — que dit-on du
Sacramento? 4
— On dit que l'on vient d'y découvrir de ri
ches mines d'or!,...
—* Un placer ou des mines d'or ? (1 ).
—Un placer, jpour nous autres Espagnols, des
mines, selon la langue anglaise.
Ma réponse produisit un effet terrible sur
mon interlocuteur; sa pâleur, malgré son teint
bronzé, deyint livide, ses dénts se serrèrent avec
force, ses yeux s'illuminèrent de lueurs sinis
tres ; je crus qu'il allait se trouver mal.
— Quel intérêt s'attache donc pour vous k
cette découverte, caballero ? lui demandai-je.
— Quel intérêt! — répéta-t-il avec un éton
nement mêlé de fureur, — l'intérêt que le pos
sesseur porte k sa propriété.. .Çeotecer m'appar
tenait... -
Je le regardai avec compassion, en pensant
que j'avais affaire à un fou. .
— Oh ! je cçmpren^s le langage de vos yenx,
— reprit-il tristement ; — vous - vous figurez
parler k un insensé. Mon nom va vous rassurer,
je l'espère, tout en vous expliquant mon déses
poir : je me nommé Rafaël Qùirino.
(1) L ïs endroits d'où l'on extrait, «ans travail, i l'é
tat de métal et non en minerai, l'or qui ie troare à
fleur de terre, ie nomment an Mexique placera on
bonanzas, et ne ressemblent en rien aux mines. De*
placerai, tout aussi r.'ches que eelqi du SactamoBlo*
ont déjà été découvert! dans ce riebe pays,
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tu. — A Strmsboorf, ohox Altnanén, pou l AUtiugnfcja
; l'adresse franeç, foarlaréiaetiM,
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c ' JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
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.. si-y
f'adreuw franco, peiur 1'adiniaistratleij
i H. BENAIN,* iTMtrar. <
! . .
PABIS, 1 FEVRIER.
' L'AsseMblée nationale n'est pas d'accord
àvec elle-même, disait hier M. de Lamar
tine. Ce qui jsignifiaitque la majorité était
tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre.
L'Assemblée a prouvé/ une fois de plus au
jourd'hui, que Je mat de M. de Lamartine
. 'était vrai. Hier, l'amendement de M. Lan
juinais avait obtenu la priorité. On sait, en
général, ce que sont les.questions de priori
té : elles préjugent, on peut même dire
qu'elles emportent le fond. On se souvient
de ce qui est arrivé pour le fameux ordre du
jour motivé auquel a donné lieu la question
de non-confiance soulevée par le très hono-
rablé M. Perrée.
Il était donc permis d'espérer que la prio
rité accordée à l'amendement Lanjuinais
en entraînerait l'adoption complète. Tout
ce qui s'est passé dans le commencement
de la séance, semblait confirmer cette pré
vision. La chambre avait persisté, malgré
tous les obstacles possibles élevés par l'op
position pour la faire dévier de sa route ,
à ne pas quitter un instant le chemin tracé
par l'amendement Lanjuinais. Elle en avait
même voté avec beaucoup de peine tous
les articles par assis et levé ,*j'à de grandes
ïriajorités. Le scrutin de division,'demandé
sur l'ensemble de l'article 2, avait donné
Î470 voix pour l'adoption et 357 pour le re
jet. L'Assemblée nationale semblait vouloir
rester d'accord avec elle-même.
. Mais, sur l'article 5,'qui restreignait les
lois organiques à faire, à la loi électorale,
à celle sur le conseil d'Etat et à celle sur la
responsabilité, un amendement, proposant
d'ajouter le .budget, a, été adopté au scrutin
-de division, par 445 voix contre 573. Ce
vote est,' selon nous, très illogique et très
regrettable. .
Il ne faut pourtant pas s'abuser sur la
portée qu'il peut avoir en ce qui '.touche la
durée de la Constituante. A considérer l'é
conomie de la proposition qui a prévalu, le
vote du budget ne donne à l'Assemblée ni
un jour de plus, niun jour de moins à vivre.
.Voici, en effet, comment les choses se pas?
'seront. L'Assemblée doit s'occuper immé
diatement de la loi électorale : les deuxième
et troisième lectures auront lieu dans lès
délais fixés par le règlement, Aussitôt après
le vote de cette loi, on formera dans toute
îa France les listes électorales, et les élec
tions auront lieu le premier dimanche qui
suivra la clôture des listes. L'Assemblée lé
gislative se réunira quinze jours après la
.réunion des collèges électoraux.
« ; Ainsi voilà la marche fixée. Les délais
sont connus. La loi électorale ne peut pas
: les prolonger abusivement: on a calculé que
le maximum de la durée de la chambre ac
tuelle ne pouvait pas aller au-delà de deux
mois et demi. C'est pendant la durée des :
'formalités exigées pour la confection des
listes, .que l'Assemblée actuelle votera les
deux lois organiques du conseil d'Etat et de
la responsabilité^ et enfin le budget.
Ainsi, l'Assemblée a marqué, non;par une
date fixe, mais par une date implicite et né
cessaire, le terme de son mandat. En votant
. l'amendement qui lui donne le budget à
faire, elle augmente son travail; .voilà tout.
Maintenait, le devoir qu'elle s'impose, peut-
elle sincèrement, sérieusement l'accomplir?
Nous n'hésitons pas à dire que non. Qui ne
se souvient que, sous la monarchie., les
commissions mettaient cinq mois à exami
ner le budget? Ettm les accusait, on 1rs
accuse surtout aujourd'hui de n'y avoir
jamais apporté que des modifications insi
gnifiantes. Aujourd'hui, outre trois lois or
ganiques et le travail courant, il faudra
.examiner* discuter, voter le budget.. C'est
impossible. Ce sera un budget bâclé. Ce ne
peut pas être ce qu'on appelle pompeuse-'
ment le budget de la République, sans sa
voir d'ailleurs ce qu'il sera. — Ce sera un
^budget comme fut celui de 1832, un budget
en' quelque sorte provisoire. L'examen du
'.budget normal, du budget de la régénéra
tion révolutionnaire d'alors, fut ajourné ; il
'en sera de même aujourd'hui. Mieux, va-
~ lait, nous le répétons, s'en tenir à des dou
zièmes provisoires* -, *
Maintenant, nous disons que ce vote, qui
n'est pas logique, est regrettable. Que MM.
. les représentai nous le pardonnent, mais il ,
y a fort à craindre qu'un certain nombre de
ceux dont les réélections sont compromises
ne cherchent à se sauver du naufrage .élec
toral par la fausse popularité des économies
imprudéntes et désastreuses. Voilà le danger
que nous voyons à soumettre le sort des im
pôts à des constituans qui sont les candidats
de la législative. Nous voulons croire qu'ils
ne justifieront pas de telles craintes. Mais
leurs, votes, de réductions seront suspects,
.malgré l'injustice du soupçon. , > ■
:: Il ne. fallait pas placer la Constituante
et les recettes de la République dans cette
situation compromettante. Ajoutons, en ter
minant sur ce point, que l'Assemblée n'a pas
le temps nécessaire pour faire de bonne be
sogne en matière de. budget. Mais il y a
dans l'avenir quelque chose de rassurant.
C'est que les budgets peuvent se modifier
par des votes* subséquens. Les législateurs à
venir pourront réparer les erreurs de leurs
devanciers.Sous ce rapport, l'Assemblée ac
tuelle n'a pas même l'avantage de garantir
la complète exécution de son système finan
cier, eh supposant qu'elle eût le temps de
6'en faire un suffisamment médité.
La question Rateau, après tout, est enfin
tranchée ; le terme, comme nous l'avons
dit, est fixé. La minorité, qu'elle nous per
mette de le lui dire, n'a pas marqué de
bonne grâce l'heure de sa fin. Elle sem
blait marchander as jours à ceux qui vou
laient déterminer l'époque de sa dissolu
tion. Il n'est pas de procédés ingénieux et
insidieux qu'elle n'ait inventés et mis en
pratique, pour gagner soit une loi de
plus à faire, soit un jour de plus à res
ter. Vainement avait-on écarté les pro
positions les plus dilatoires par des ques
tions de priorité, elles se représentaient
sous une çntre forme, avec le nom d'amen-
( demens ou de sous-amendemens. M. Senard
a pendant plus d'une heure embrouillé, et
surtout alourdi la discussion par des ques
tions insipides de procédure électorale^ Heu
reusement, M. Dufaure est venu rèlever la
question, en lui restituant son caractère po
litique et national, et en écartant les ques
tions ministérielles peu dignes d'intervenir
dans un tel sujet. Il a combattu l'amende
ment de M. Senard qui déterminaitJ'époque
à laquelle on déterminerait la dissolution de
l'Assemblée. C'était ajourner la question au
lieu de la résoudre. Mais cet ajournement
est un bien au lieu d'être un mai ; car, dès
que la chambre connaîtra sa fin, elle sera
finie. C'était l'argument de M. Senard.
Cet argument signifiait que les représen
tants que l'époque des élections serait
fixée, s'occuperaient beaucoup plus d'al
ler organiser leur > réélection que de
faire les lois organiques. Ce n'était pas
une prévision très flatteuse pour l'Assem
blée. On prétendait aussi que dès que
la chambre connaîtrait le jour de sa dis
solution, elle perdrait toute autorité: Est-
ce que les législatives n'ont pas une du-
rée'fixe déterminée par la Constitution? a
demandé M. Dufaure. Est-ce qu'elles se
ront sans autorité? L'orateur a habilement
distingué ce qu'il y avait de révolutionnaire
et ce qu'il y avait de légitime dans les
manifestations demandant à l'Assemblée
nationale dé se dissoudre. Il a reconnu, dans
beaucoup de pétitions, nn vœu naturel, un
désir logique de voir la Constitution, qui
n'est mise en pratique qu'à moitié, fonc
tionner d'une manière complète et définitive.
On craint la réaction, a-t-il dit; mais plus
on attendra, plus il y aura à craindre que
l'Assemblée à venir ne diffère des opinions
et des sentimens de l'Assemblée actuelle. Il
semblait que toutes les petites chicanes dus
sent tomber devant ce . discours. Il a fallu
subir encore vingt propositions ou amende-
mens de tactique.— En définitive, la pro
position Lanjuinais est adoptée dans tous ses
articles ; il ne reste plus qu'à en voter l'en
semble. Nous ne pensons pas que l'Assem
blée défasse dans le scrutin de demain l'oeu
vre accomplie par ses votes d'aujour
d'hui.
L'ouverture du parlement anglais a coïn
cidé avec les graves débats qni viennent
d'occuper l'Assemblée nationale ; l'attention
publique ne pouvait donc se porter sur les
affaires d'un pays étranger. La discussion
de l'adresse dans la chambre des communes
a eu cependant une importance qu'on ne
saurait méconnaître; aussi, croyons-nous
devoir publier le discours prononcé par lord
Palme»ton. Le ministre des affaires étran
gères, eu- répondant à M. d'Israéli, a fait
l'historique des négociations dans lesquelles
l'Angleterre est intervenue cette année ; et,
comme lord Palmerston a presque toujours
agi de concert avec le ministère français, '
les détails dans lesquels il entre, et les faits
qu'il rapporte, sont autant de renseigne-
mens précieux à recueillir pour l'histoire
diplomatique des dix derniers mois.
Quant aux espérances que lord Palmers
ton a exprimées , sur le résultat des confé
rences qui vont s'ouvrir à Bruxelles, nous
aimons à penser qu'elles se réaliseront, èt
que l'Italie pourra échapper aux horreurs
de la guerre. Ce dénoûinent pacifique n'est
point aussi improbable que le donnerait à
penser un journal dont nous avons rapporté
hier l'opinion sans la partager;.
• •• • • « « • • • « > « « • » 1
Je maintiens, contrairement aux députés de l'op
position, que cette chambre et ceux qui ont suivi
avec quelque attention la marche des affaires il l'é
tranger pourraient féliciter S. M. sur l'état de nos
relations extérieures. Quel est le grand objetque no
tre paysà à cœur? C'est d'abord de veiller aux in
térêts de notre pays, et ensuite d'assurer le main
tien de la paix avec le reste du monde ; enfin de pré-'
venir, si c'est possible, la guerre entre les autres
nations.
Avons-nous atteint ce but? Il a été accompli ; et
comme on peut l'attribuer aux efforts du gouverne
ment, il y a bien de quoi sç féliciter. Nos adversai
res. ne contestent pas le succès de nos-efforts ; je
trouve, au contraire, qu'un honorable membre ( M.
Bankes) nous en veut de ce que nous ne sommes
pas en guerre avec quelques-uns de nos alliés: On
nous impute à crime que nous sommes restes en-re
lations amicales avec des gouvernemea® républi
cains? Il y a des personnes qui pensent que le gou
vernement d'une république n'est pas une société
assez bonne pour le gouvernement d'une monar-'
chie. (Applaudissemens et rires.)
On nous a reproché notre empressemelit & en
voyer un ambassadeur à Paris après la révolution.
Or les rapports entre les nations ne peuvent être
entretenus que par les gouvernemens, organes des
nations; et ce n'est que par ces"organes que les na
tions peuvent communiquer entre elles. Mais de quel
droit nous informerions-nous quels sont les organes
qu'une nat'on étrangère veut nous envoyer ? De quel
droit nous informerions-nous si taxation française
désire un monarque, un empereur, un président ou
un consul?
Notre but, comme notre devoir, est de cimenter tes
liens de l'amitié la plus étroite' entre nous et notre
plus proche voisine, une des plus grandes puissan
ces de l'Europe, dont on a dit avec justesse, qu'en
guerre elle serait notre plus redoutable ennemie, en
paix notre plus utile amie. Dans les véritables inté
rêts de l'Angleterre et de la France, il n'y a rien
gui s'oppose il l'amitié la plus cordiale entre les
deux nations. (Approbation.) C'est une justice que je
dois rendre aux hommes d'Etat qui se sont trtnivés à
la tête du gouvernement français depuis le mois de
février deçnier, de dire que leur conduite envers
l'Angleterre a toujours été marquée par la plus par
faite bonne foi, par la plus grande franchise et par
les dispositions les plus amicales,, et qu'ils ont té
moigné non-seulement un vif désir d'être avec
l'Angleterre dans les relations les plus amicales ,
mais encore ils nous ont déclaré invariablement et
sincèrement, à l'égard du reste de l'Europe, les mê
mes seniimens pacifiques. Or, puisquenousattachons
une grande importance au maintien de la paix, ces
sentimens doivent "être la base d'une yéritabla lion^
ne intelligence entré la France et l'Angleterre. '
(Ecoutez 1)
Nous n'avons pas retiré notre ambassadeur de
Paris, lors de la révolution. Il.est vrai que nous n'a
vons pu donner les lettres techniques de créance
qui sont usitées entre gouvernemens établis, parce
qne le premier gouvernement était, de son nom
mêi he, provisoire: mais aussitôt qu'un gouvernement
a été formé ayant un caractère permanent, l'échange
s'est effectué, et depuis ce moment, les rapports
entre les deux pays ont continué de la manière or
dinaire. Cette politique a-t-elle contribué à la paix?
Oui,' certainement. Le Gouvernement français dési-
-rail sincèrement continuer dans toutes ses relations
avec les autres pays de l'Europe une politique de
paix; mais, si l'Angleterre avait refusé toute rela
tion amicale avec la France ; si elle avait repoussé
la République et accordé sa préférence à d'autres
Ïpuissances qui désiraient renverser la forme parlicu-
ière de gouvernement que la France avait adoptée;
si, de cette manière, nous nous étions montrés hos
tiles à la France, je n'oserais pas dire qu'il eût été
possible de maintenir la paix du monde], paix qui
a été pendant cette année d'une importance souve
rain. (Ecoutez!) Je pense qu'en ce que je viens de
dire sur nos rapports avec la France, ce pays trou
vera que nous avons cherché son avantage, quoique
nos adversaires refusent leur approbation.
Qu'était-ce, en d'autres term s,, qu'un encourage
ment à la guerre européenne? (Applaudissemens.)
D'une part, l'Allemagne se précipitait à l'appui
d'une doctrine, par rapport au duché de Sleswig, et,
d'une autre part, le Danemarck, fort de son droit,
le maintenait à l'égard de ce duché. Le Danemarck
était appuyé par la Russie et la France ; la guerre
s'alluma : le Danemarck se mettaiten campagne dal
lait invoquer le secours de la Russie et de la France,
pendant que l'Allemagne accourait déjà dans les
plaines de Sleswig. N'était-ce pas là lè prélude d'une
guerre européenne générale? Et l'on voudrait nous
blâmer pour l'avoir empêchée? (Applaudissemens.)
Je ne crains pas l'opinion que la chambre exprime
ra à cè sujet. (Applaudissemens.)
Ensuite, à quelle occasion avons-nous offert notre
médiation entre l'Autriche ètla Lombard^e? Dans le
-mois de mai, l'Autriche réclama nos bons offices par
l'entremise du baron Colloredo. Ce diplomate pro
posa certaines conditions. Tout^en "acceptant avec
empressement la demande .qu'on nous adressa, nous
•'fitaes observer que, potfr commencer l'oeuvre de^con-
citiâtion avec quelques chances de succès, nous
pensions que : certaines modifications devaient être
introduites, dans ces conditions. Le diplomate au
trichien nous répondit : « Je ne suis pas autorisé à
accepter votre proposition, mais je ne me crois pas
le droit de la rejeter. Je la prendrai ad référendum.
Je demanderai,les ordres de mon gouvernement. »
: Je crois que. la proposition a été faite plus tard
directement par l'Autriche i la Lombardie, mais n'a
pas été acceptée, de sorte que l'affaire en resta là.
JEn dernier lieu, les affaires prirent une tournure
différente. L'armé8 autrichienne, ayant obtenu des
renforts, remporta des avantages considérables.
C'est alors que le gouvernement da Sardaigne ré
clama le secours de la France. Le gouvernement
français, vu les relations de confiance et de bonne
intelligence qui existaient entre nous, nous dit :
«Si vous voulez vous joindre à nous pour opérer une
médiation entre les* deux parties et vous efforcer
avec nous de rétablir la paix, nous agirons de con
cert avec vous;- mais, si vous refusez, nous ne pour
rons empêcher une intervention militaire dans les
affaires d'Italie. (Ecoutez!)
Nous acceptâmes, et c'est là la faute du gouverne
ment anglais. (Applaudissemens.) C'est parce que
nous avons empêché une guerre en Italie, qui aurait
infailliblement conduit à une..guerre en Europe;
c'est parce que, nous unissant à la France, par sui
te de ses offres sincères et pacifiques d'une média
tion amicale, que nous avons prévenu des événemens
qui auraient certainement amené une guerre géné^
raie, que nous sommes maintenant mis en accusa
tion par l'honorable membre de l'opposition. (Ap
plaudissemens.) Voilà notre second crime. Maisje
crois, Monsieur le président, que la chambre nous
absoudra également sous ce rapporr. (Ecoutez!)
_ On dit que nous imposons des conditions à l'Au-
. :triche. Ma esttotalemcnt inexact. Il n'est auciine-
ons seraient dans l'intérêt bien entendu de l'Au
triche et conduiraient à un arrangement pacifique.
Mais c'était à l'Autriche de juger si elle voulait y
consentir. J'espère qu'elle le fera. Sinon, elle est
aussi.libre de refuser que nous sommes libres d'of
frir nos
elle a été réclamée, à différentes reprises, par le roi
dé Naples. Le gouvernement napolitain envoya à
itome réclamer les bons offices de lord Minto. Lors
que ce diplomate se rendit en Italie, il n'avait pas
d'instructions de passer à Naples, mais le ministre
de Naples à Londres m'exprima le désir de l'y voir
aller,'en m'assurant que s'il le faisait, il serait reçu
de la manière la plus cordiale. Je répliquai que les
instructions de lord Minto ne portaient pas qu'il
devait se rendre à Naples, mais je promis de lui
transmettre sans délai les lettres de créance, et qu'il
se rendrait à son çostS" auprès du gouvernement de
Naples, aussitôt que celui-ci lui ferait connaître di
rectement qu'il désirait sa présence dans ce pays. Il
partit, et fut én communication constante avec le
gouvernement napolitain, d'après le désir formelle
ment exprimé par ce dernier.
On le pria instamment de passer en Sicile pour
se mettre en .communication avec le gouvernement
provisoire, dans le but d'opérer un arrangement à
l'amiable. Mais celte intervention Jie réussit pas
malhéureusement ; car, sur ces entrefaites, arri
vèrent lts nouvelles de la révolution de Paris * qui
changèrent considérablement les dispositions des
Siciliens.
Lord Minto retourna à Rome. A cette occasion, je
puis assurer que lord Minto n'a pas reçu chez lui à
, ,4'ser. il. Sterbini, et qualord Minto est-eftiièreroent
' innocent des -événemens malheureux arrivés à Ro
me un an après ce diner imaginaire. Nous nous
sommes donc retirés de la médiation, tout en con
servant un grand intérêt pour les affaires de Sicile;
■car ceux qui savent quels sont les rapports que le
gouvernement britannique a eus avec l'établissement
de la constitution de <842, en Sicile, l'espèce d'en
gagement contracté alors par nos ministres, qui, ce
pendant, n'était pas une garantie formelle de main
tenir cette constitution, doivent sentir que le gou
vernement anglais ne pouvait manquer de prendre
un vif intérêt aux affaires de ce pays. Eosuite, il s'a
gissait de savoir si l'on devait empêcher ou non
l'expédition que le roi de Naples allait envoyer en
Sicile. Nous ne donnâmes point d'instructions d'en
traver cette expédition. Elle mit à la voile, arriva à
Messine et commença ses opérations.
. On a dit que Messine était le boulevard de l'ar
mée napolitaine. Quel boulevard ! Mais enfin, chas
sés de Palerme, ils purent se maintenir à Messine ;
et lorsqu'ils ne trouvèrent plus de résistance et que
les hostilités avaient cessé, ils continuèrent pen
dant quaralfte-huit heures le plus cruel bombarde
ment, qui détruisit les maisons, palais, églises et
édifices publiés. t
...Ils envoyèrent ènsuite dans la ville un corps de
troupes pour y compléter l'œuvre de destruction
commencée par les bombes, les obus, les canons. Ils
dévastèrent trois milles de faubourgs, pillant, brû
lant et massacrant tout sur leur passage. (Ecoutez !
écoutez !)
Les amiraux, quoique accoutumés aux nécessités
de la guerre, mais de la guerre faite suivant l'usa
ge des nations civilisées ( écoutez ! écoutez I ), en fu
rent révoltés et indignés ( écoutez ! ). lis savaient
•que la «lie de Palerme était destinée à subir le
même sort que celle de Messine, et ils dirent:«Nous
ne devons pas ie permettre, et quoique nous soyons
sans instructions àcetégard.nousdevons cependant,
sous[notre propre responsabilité, mettre un terme à ces
atroces procédés , au moins jusqu'aa moment où
nous recevrons les ordres de. nos gouvernemens
respectifs. » Après avoir- parlé ainsi, ils proclamè
rent une armistice. Que devaient faire en pareille
circonstance les gouvernemens d'Angleterre et de
France? ( Ecoutez! écoutez ! ).
Peut-on supposer que les citoyens ici présens,
étrangers aux horreurs de la guerre, se seraient mon
trés plus impitoyables que les amiraux, accoutumés
à toutes les cruelles nécessités des guerres ordinaires?
Fallait-il laisser parlager par Palerme lesortenduré
par Messine? Ceux mêmes qui cherchent à nous blâ
mer ne-l'auraient pas voulu;-je les estime assez pour
le croire. Je suis persuadé qu'aucun homme d'Etat,
placé dans les mêmes circonstances, n'aurait agi au
trement que nous ne l'avons fait. Il était .de notre de
voir d'atteindre ce but par des négociations. Ces né
gociations se poursuivent, et j'espère qu'elles au
ront un résultat satisfaisant. Si cette œuvre doit
s'accomplir, je ne regretterai nullement que les ami
raux aient pris sur eux la responsabilité d'intervenir
entre les deux parties belligérantes. (Applaudisse
mens )
Mais le temps est d'une grande valeurdans ces cir
constances, comme dans tant d'autres. Si un arran
gement avait été proposé au moment où les cendres
de Messine fumaient encore sous les yenx des Sici
liens, ils auraient pu refuser des conditions qu'ils
accepteront aujourd'hui peut-être sans difficulté.
D'un autre côté, le roi de Naples consentira peut-
être aujourd'hui à un arrangement qu'il aurait re
poussé an moment de sa victoire ou de ce qu'il regar
dait comme son triomphe. (Ecoutez!) Dans tous les
cas, nous avons la satisfaction de penser que la mé
diation de l'Angleterre et de la France a épargné,
dans cette circonstance, de grands malheurs à la Si
cile; et je me flatte que, tandis que cette médiation
lui aura donné le repos et une constitution, elle con
tribuera en même temps à maintenir les couronnes
de Naples et de Sicile sur la tête du même monarque.
L'honorable membre dit que, l'année dernière, le
gouvernement espagnol a fait un affront au gouver
nement anglais. 11 attribue à ses discours beaucoup
plus de valeur que je ne suis disposé à leur en ac
corder, en supposant qu'on doivé leur attribuer l'in
vitation qui a été faite à M. Isturitz de quitter l'An
gleterre, en réponse au renvoi de M. Bulwer De Ma*
drid. Je puis assurer l'honorable membre qu'il est
complètement <15ns l'erreur à ce sujet, et qu'il n'a
eu aucune part quelconque à la décision prise parle
gouvernement dans cette occasion. (Applaudissemens
et rires.)
Mais l'honorable membre ajoutait que plusieurs
mois s'étaient écoulés dépuis l'insulte faite à notre
pays, sans que nous en eussions obtenu satisfaction;
que cet affront avait été enduré par nous avec im
passibilité, et il demandait ce que devenaient la
fierté et la dignité de l'Angleterre. Que signifiaient
ces paroles, si ce n'est que nous aurions dû déclarer
la guerre à l'Espagne par suite de cet affront ? Nous
avons désiré que le ministre d'Espagne quit'ât l'An
gleterre, puisque le ministre anglais avait été prié
de quitter Madrid. Et quoique j'admette que c'était
là un affront, quoique je sente qu'une réparation
nous est due ( écoutez l écoutez l ), et quoique je me
flatte que le gouvernement espagnol, lorsqu'il-aura
réfléchi froidement sur cette affaire, et vu combien
les motifs de sa conduite étaient peu suffisans, se
montrera disposé à nous accorder une réparation,
je ne suis cependant pas disposé à aller aufsi loin
que l'honorable membre , qui pense que nous au
rions dû déclarer la guerre pour nous venger de
cette insulte. (Ecoutez 1 écoutez ! )
On m'a accusé quelquefois de suivre une politi
que qui pourrait provoquer à la guerre. Le parti de
la guerre se trouve aujourd'hui sur les bancs de.
l'opposition. . . .
On nous accuse donc 'du crime énorme d'avoir
maintenu la bonnô" intelligence avec les représen-
tans delà France, et d'avoir ainsi contribué à la con
servation de la paix de l'Europe. On nous accusé
aussi d'avoir mis fin aux hostilités entre le Dane
marck et le Sleswig, hostilités qui auraient pu en
traîner une guerre européenne; d'avoir déterminé
l'Autriche et la Sardaigne à déposer les armes,
quand leurs disputes, pouvaient engager les antres
puissances de l'Europe.
On nous accuse encore d'avoir empêché de gran
des calamités en Sicile ; de nous efforcer de rétablir
des relations amicales entre le roi de Naples et ses
sujets siciliens. Telles sont les accusations sur les
quelles la chambre doit décider, soit en notre fa
veur, soit contre nous. Nous nous présentons devant
,vous comme avocats de la paix, comme les "person
nes qui ont travaillé constamment à empêcher la
guerre , à en restreindre les limites si elle éclatait,
et à la terminer le plus tôt possible. Nous sommes
ici les défenseurs de la paix sous le poids des ac
cusations des avocats de la guerre. C'est à la cham
bre à décider entre nous, et j'attends avec confiance
la sentence qu'elle va prononcer. (Applaudissemens
prolongés.)
S. Exc. M. lé marquis de Normanby a remis
aujourd'hui au Président de la République les
lettres de S. M. la reine du royaume-uni de la
Grande-Bretagne et d'Irlande qui l'aceréditent
en qualité d'ambassadeur extraordinaire ët plé
nipotentiaire auprès de la République, '
On sait que loi*d Normanby n'était jusqu'ici
accrédité auprès de la République que pour une
mission spéciale et temporaire.
C'est une chose bien touchante, en vérité, que
la sollicitude inattendue dont se montrent ani
més les Montagnards pour les intérêts de la
bourgeoisie. Ecoutez les orateurs de ce parti,
lisczsurlout les journaux, et vous serez confondus
des expressions engageantes qu'ils imploient
maintenant en parlant de ce qu'ils appellent la
classe bourgeoise. Les habilans de la campagne,
à qui l'on n'épargnait pas les épithètes outragean
tes lorsque l'on combattait l'élection de Louise
Napoléon, ont aussi part à ces avances. N'est-co
pas dans les clubs socialistes qu'a pris naissan
ce le projet .de restitution des 45 centimes;,
n'est-ce pas le môme parti qui se montre 'disposé^
pour alléger les charges des contribuables,nour-'
geois et cultivateurs, îi sacrifier l'armée, la ma
rne, l'administration tout entière? Il fallait voie '
ces joursâ-derniers, le journal h,Peuple; faire
des avances à la garde nationale , cette armée
du capital. Hier, la République Détendait ap
prendre à M. le maréchal Bugeaîtd, qu'il est boa
d'avoir l'assentiment et l'appui de &_bourgeoi-
sie. Tous ces journaux rouges ont commencé, le
30 janvier un chœur de gémissemens sur ÎC5 .
fatigues et les dérangemens imposés à la milice
citoyenne par le rappel de la veille.
Les hommes modérés de toutes les fortunes et'
de toutes les professions, ne, peuvent qu'être très
sensibles aux douceurs inaccoutumées de la ré-»
publique violente; mais ils ont droit de s'en
étonner et de s'en défier. Ils n'ont pas encore eu:
le temps d'oublier lts accusations d'egoïsme cruel"
et de lâcheté qui ont été si souvent portées con
tre eux dans les journaux rouges comme dans lef
clubs. La garde nationale se souvient qu'on s'est
efforcé de la séparer du peuple en lui donnant
le nom de garde bourgeoise ; les cultivateurs
savent que la domination passagère qu'a exercées
sur la France le parti montagnard, a été préci
sément la clause de l'impôt des 45 centimes; le*
ouvriers honnêtes n'ignorent pas .que les agita-'
tions et les inquiétudes qu'entretiennent, dans
le pays, les partisans de la révolution en perma*
nence, sont la cause de la stagnation des affaires,
de la ruine de l'industrie, et du chômage des
travailleurs. ' :
Trêve d'hypocrisie. On aperçoit le drapeatf
rouge sous le voile dont les clubs et leurs jour
naux essaient de le couvrir. Ce drapeau, c'est
celui de l'annulation de la Constitution, de la
création d'un comité de salut public, de la sup
pression de la liberté de la presse, de la suspen
sion de la liberté individuelle, de l'institution
d'un tribunal révolutionnaire, du rembourse
ment de la dette publique avec le papier-mon
naie, du droit au travail, de la dissolution de 1$
garde nationale, dé la confiscation des biens des
émigrans, du niveau égalitaire, etc. Ce ne sera
jamais le drapeau du peuple honnête.
M. Abbattucci a été nommé président, et M,
Ljineau, secrétaire de la commission chargée de
faire un rapport sur le fond de la proposition
d'enquête. <
Deux membres de la minorité ont soutenu la
nécessité de l'enquête. Toutefois, avant de se
former une opinion définitive, ils ont exprimé le
désir que M le ministre de l'intérieur fût invité
à se rendre au sein de la commission peur y
donner quelques explications.
La commission a chargé son président de s'en
tendre avec M. le ministre, et de Convoquer de
nouveau la commission.
La commission spéciale chargée d'examiner
le budget de 1849 s'est subdiyisée en quatre
sections pour hâter son travail. On assure que la
section présidée par M. Goudchaux, chargée du
budget des recettes, a déjà décidé qu'elle propor
serait à l'Assemblée la réduction dej'impdt sur
le vin, à dater du 1 er janvier 1830 ; _ cequi dimi
nuerait encore les ressources du pays de plus de
50 millions.
On a distribué à l'Assemblée nationale le rap
port de M. Emile Leroux sur le projet dé lor con
cernant le timbre des effets de commerce, des
actions des compagnies industrielles et des polî
mes d'assurances. La commission propose l'adop
tion du projet de loi, en y introduisant de notà-
bles modifications. Elle espère qu'en proscrivant
la fraude et en faisant un acte ae haute morali
té, l'Assemblée. rétablirait dans: le commerce
l'uniformité, et ferait entrer annuellement dans
les caisses du trésor au moins 40 millions dont
il est actuellement privé.
NOUVELLES ÉTRANGÈRES.
AUTRICHE.
Les feuilles ministérielles autrichiennes gar
dent le silence le plus absolu sur la marche des
Hongrois sous le cqpimandement de Perozel,
sur la route de Szolnok à Pesth. Elles veulent
3 ï '
La commission chargée de l'examen du projet
de loi sur les clubs était convoquée pour ce ma
tin. M. Crémieux, son rapporteur, qui devait
donner à ses collègues connaissance de son tra
vail, ne s'est rendu dans son sein que fort tard;
et il s'en est excusé sur ce que, sur l'invitation '
du président de l'Assemblée, il avait dû se ren
dre dans la commission à laquelle est confiée la
préparation de la loi de responsabilité du Prési
dent et des agens du pduvoir, loi à laquelle la
discussion de la proposition Rateau donne un
intérêt d'urgence. .
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 8FÉVR-
LES CHERCHEURS D'OR
,DU SACRAMENTO. . .
(Souvenirs d'an Yoyage en 1848 en Californie.)
' 1
Je débarquai, venant de Vera-Cruz, le 22 du
mois de mai dernier au matin, k la Nouvelle-Or
léans, où j'étais appelé par des affaires commer
ciales. Je m'informai tout aussitôt du Boarding-
house le plus rapproché dji port, et je m 'y us
conduire, suivi de mon bagage. Le Boarding-
house,^ on le sait, est un établissement qui tient
le milieu-entre l'hôtel garni et la maison bour
geoise ; on y trouve souventv presque toujours,
- — sans parler d'un comfort égal, à celui des ad-
■ mirables hôtels américains, —■ un agréable in
térieur de famille.
Une fois mes bagages tant bien que mal ar
rangés dans ma chambre, je descendis au par
loir : le déjeûner était servi, et l'on allait se met-
: tre à table.
Trois personnes, —* parmi ces convives que je
ne connaissais pas encore, attirèrent spéciale
ment mon attention. I--''.
La première, jeune fille de dix-huit à vingt
ans_appartenait, sans contredit, à cette belle et
* forte race américaine que les excès de lacivili-
sation n'ont pas encore eu le temps d'abâtardir.
. tes traits réguliers de son frais visage, ses grands
: yeux bleus, sa magnifique chevelure châtaine,
son teint resplendissant, d'éclat,—quoiqu'un peu
hâlé par le grand air,—formaient un ensemble,
sinon poétique et distingué, du moins très agréa
ble. J'appris, par la suite, qu'elle était l'enfant
de la maîtresse du Boarding-house, et qu'elle se
nommait miss Annette B...
( La- seconde personne était un colossal Am^ri-
« ■:(?-• z* i » " ^ '-<$ i^ &. h j
pain , probablement un Kentuky. Je me trouvais
assis a côté de lui. Son habit et son pantalon
noirs, aussi propres que râpés, sa cravate blan
che, ses favoris coupés au niveau de l'extrémité
inférieure de son oreille, sa figure fraîchement
rasée, son air froid, qu'il désirait évidemment
rendre imposant, le faisaient assez ressembler à
un médecin de village appelé en consultation au
château voisin. Son costume, trop sévère pour le
matin, contrastait aussi d'une façon curieuse
avec les formes athlétiques et les membres énor
mes qu'il recouvrait. A peine assis —et il le fut
avant tout le monde,—mon voisin commença par
faire main-basse, avec une prodigieuse célérité,
sur les plats placés devant lui. Tranches de veau
froid et de rotsbeef, poissons bouillis, œufs cuits
avec du jambon, légume^ fruits et confitures,
s'élvèrent bientôt en forme de pyramide sur sa
seule et même assiette.
.Enfin, la troisième personne qui, avec le
grand Kentuky et la jolie miss Annette, avait le
privilège d'attirer, eomine je l'ai déjà dit, mon at
tention, était placééà l'autre extrémité de la table
presque en face de moi. C'était un homme auquel
une figure bronzée par le soleil, maigre, osseuse
et dénuéede barbe, permettait difficilement d'as
signer un âge précis entre vingt et trente-cinq
ans. Ses bras grêles, ses épaules étroites et voû
tées, sou buste élancé ne dénotaient certes pas
une force corporelle égale à celle de mon voisin
le Kentuky; cependant, je crus deviner en lui
une de ces organisations sèches et nerveuses que
nous autres Espagnols qualifions de aguante (de
résistance), et qui semblables au roseao, sup
portent facilement la tempête, pendant que le
chêne tombe brisé et vaincu. Cet homme , à en
juger par sa toiletté brillante et de mauvais
goût, ne devait appartenir que depuis peu à ce
que l'on est vulgairement convenu d'appeler le
monde. Sa cravate, couleur gorge-pigeon, était
maintenue sur une cheiùise de batiste brodée par
deux grosses émeraudes lourdement enchâssées
dans une riche monture en or, monture parse
mée elle-même de petits rubis et de topazes.Une
énorme chaîne, également en or massif, entou
rait son cou et descendait en serpentant jusqu'à
la poche de son gilet de brocart : cette chaîne
servait à soutenir une montre assez grosse et
passée de mode, dont la boîte était émaillée de
petits diamàns et de pierreries précieuses. Les
doigts de ses mains effilées et admirables de
formes, disparaissaient à moitié sous une couche
de bagues de toutes espèces.
Aussi indifférent au déjeûner servi devant lui
que le Kentuky semblait l'apprécjer, ce singu
lier personnage se tournait de temps en temps
vers le domestique placé derrière lui, pronon
çait, avec son accent étranger, le nom plus ou
moins estropié de quelque vin coûteux d'Euro
pe, effleurait-ensuite dédaigneusement, du bout
des lèvres, le verre qu'on lui offrait, et faisait
servir le reste de la bouteille aux personnes de
la table. Pendant tout le temps du repas, il ne
prit qu'un œuf et qu'une orange. >
En dehors de sa toilette extravagante et de
son aspect bizarre, cet homme eût encore éveil
lé l'attention d'un observateur par la curieuse
expression de son regard. Ses yeux, quoique na
turellement brillans, étaient fixes et semblaient
déceler, an premier abord, une intelligence
moins qu'ordinaire ; quelques éclairs contenus
qu'ils jetaient en se tournant vers la belle miss
Annette, éclairs imperceptibles pour une per
sonne qui n'eût pas été habituée, comme je l'é
tais, k connaître les sauvages peaux-rouges de
la prairie, m'apprirent que l'air d'indifférence
presque idiote de mon vis-à-vis de table était
tout bonnement un masque trompeur que sa for
ce de volonté mettait sur son visage. Je crus
pouvoir dès ce moment lui assigner une nation.
Pendant qu'on nous apportait Te thé, le Ken-
tuki dont l'assiette, après avoir servi de base k
la belle" pyramide déjà décrite, ne présentait
plus depuis long-temps déjà qu'une surface pla
ne et éclatante de blancheur, le Kentuky, dis-
je, après s'être nettoyé avec soin les ongles,
s'occupait alors k lire le journal américain, the
Daily-News. .
Deux oh I oh 1 fortement accentués, et mar
quant un profond étonnement, qui sortirent de
sa vaste poitrine, firent lever toutes les têtes
dès convives.
— Une importante houvelle, sir? lui deman
dé un autre Américain.
Oui, fort importante.
— Pourriez-vous nous l'apprendre?
V - No, répondit le Kentuki après uni moment
. de réflexion.—Cette nouvelle est une bonne af-
. faire, et moins une bonne affaire est connue,
mieux cela vaut:
— Alors vous avez eu tort de marquer votre
surprise... Je vais lire avec soin le Daily-News.
Le Kentuky'réfléchit de nouveau pendant
quelques instans avant de répondre.
.— Oui, j'ai eu tort de crier ohl oh!—dit-il en-
' fin.— Apjès tout, peut-être bien ne la retrouve-
rez-vous pins dans le journal , cette découverte,
-r- Il s agit donc d'une découverte ? .
Le géant américain s'aperçut probablement
qu'un ae ses ongles n'était pas, malgré une pre-
. mière toilette, d'une complète propreté, car il se
. mit , à le gratter avec son couteau de table au
lieu de répondre. ~
.. Le déjeûner terminé, les habitués du Boar
ding-house , sortirent du parloir, à l'exception
toutefois du Kentuky.de l'Américain, qui l'a
vait interrogé avec si peu de succès, et de l'hom
me k la figure bronzée et aux mains chargées de
bagues.
Ce dernier alluma cavalièrement, — et contre
l'usage qui défend, aux Etats-Unis, de fumer
devant des femmes, — une mince cigarette en
papier blanc. — L'Américain questionneur prit
le journal The Daily-News, pour y chercher,
ainsi qu'il l'avait annoncé, la découverte lue
. par le Kentuky, tandis que celui-ci, tirant une
vieille montre d'argent ae son gousset,, disait
^ kla fille de la maison, miss Annette B... : J'ai
cinq minutes dont je ne sais que faire.., Lais
sez-moi les smployer, Miss, k vous peindre
l'amour honnête et 1 estime que vous m'inspirez.
A ce compliment si galamment tourné, miss
Annette rougit de plaisir, tandis que sa mère
sourit d'un air de satisfaction évidente. Quant
au Kentuky, il resta, pendant les cinq minutes,
planté droit devant la jeune fille, l'examinant
avec autant d'attention que de sang-froid ; puis
le terme consacré k ses amours expiré, il prit
son chapeau, le mit sur sa tête et sortit en di
sant k sa fiancée : .
— Miss Annette, comptez toujours sur moi...
I'e vous aime encore... A pfopos, les cotons ont
>aissé d'un dixième et demi pour cent... Au
revoir.
A peine le galant Kentuky venait-il de fer
mer la porte du parloir, que l'Américain, qui
lisait toujours le Daily-Newt, poussa un cri de
surprise en s'écriant :
— Ah ! by God ! si la nouvelle est vraie...
c'est une bien belle chose !..
Comme mistriss B... m'avait présenté, lors de
mon arrivée, à ses pensionnaires, je pus, sans
crainte de passer pour inconvenant, adresser la
. parole à l'Américain.
— Il paraît quevousavez-trouvé?—lui dis-je
eh montrant le journal du dqigt.
---Oh ! c'est merveilleux , — me répondit-il,
—merveilleux !... tellement extraordinaire mê
me, que je suis tenté de croire que c'est un
pufif...
—Alors, voyons le puff. v
— On écrit de Californie au rédacteur du
Daily-News, qu'on vient de découvrir, aux bords
de la rivière du Sacramento, une telle quantité
de poudre d'or, qu'un homme peut en ramasser
facilement une livre par jour... Increvable
n'est-ce pas? Cependant cet article abonde en
détails, et porte un cachet de vérité qui me con
fondent... Lisez... Ce Sacramento, mille fois béni,
enrichirait plus k lui seul les Etats-Unis, si le
Daily-News dit vrai» que ne le ferait la posses
sion de toutes les mines d'argent du Nouveau-
Monde !...
J'allais prendre le journal que "me présentait
1 Américain, lorsque l'homme au teint bronzé
s'élançant, semblable"" à un tigre, du coin de la
cheminée où il était assis, vint tomber d'un
bond en face de moi.
— Que dit-on du Sacramento? — me deman-
da-t-il d'un voix sourde et en espagnol.
Son action m'avait tellement surpris, que je
restai un moment sans lui répondre.
— Mais répondez-moi donc !... répondez-moi
donc! - reprit-il avec rage, — que dit-on du
Sacramento? 4
— On dit que l'on vient d'y découvrir de ri
ches mines d'or!,...
—* Un placer ou des mines d'or ? (1 ).
—Un placer, jpour nous autres Espagnols, des
mines, selon la langue anglaise.
Ma réponse produisit un effet terrible sur
mon interlocuteur; sa pâleur, malgré son teint
bronzé, deyint livide, ses dénts se serrèrent avec
force, ses yeux s'illuminèrent de lueurs sinis
tres ; je crus qu'il allait se trouver mal.
— Quel intérêt s'attache donc pour vous k
cette découverte, caballero ? lui demandai-je.
— Quel intérêt! — répéta-t-il avec un éton
nement mêlé de fureur, — l'intérêt que le pos
sesseur porte k sa propriété.. .Çeotecer m'appar
tenait... -
Je le regardai avec compassion, en pensant
que j'avais affaire à un fou. .
— Oh ! je cçmpren^s le langage de vos yenx,
— reprit-il tristement ; — vous - vous figurez
parler k un insensé. Mon nom va vous rassurer,
je l'espère, tout en vous expliquant mon déses
poir : je me nommé Rafaël Qùirino.
(1) L ïs endroits d'où l'on extrait, «ans travail, i l'é
tat de métal et non en minerai, l'or qui ie troare à
fleur de terre, ie nomment an Mexique placera on
bonanzas, et ne ressemblent en rien aux mines. De*
placerai, tout aussi r.'ches que eelqi du SactamoBlo*
ont déjà été découvert! dans ce riebe pays,
/
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