Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1849-01-29
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 124053 Nombre total de vues : 124053
Description : 29 janvier 1849 29 janvier 1849
Description : 1849/01/29 (Numéro 29). 1849/01/29 (Numéro 29).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6684652
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
LUNDI S» JANVIER 1849.
I51MER0 23.
wsxiL sas VJU&OBtsezaKsssv ■
PAJRI8.
DÉPART.
8 F.
11 F.
16
' 23
n
44
ïAOIS MOIS.,,..
S.X HOU.......
ON AH i.f (•■.!
l La abonnuMM datant du l" •« 16 dâ ebâqat ■*!>• J
. BUREAUX A PARIS !
M**9n ("aboutit dans Iti dftparwiftfns, ux m«seaLg»ri«#l
la diret/oru âm poste.—A Lonàrts, éhex M&. inris $s
Hii.—À.Strasbourg, tkn Atfwuir*, poa t l'AlUaagiM. &}
■ B'tdrciMr franco, pour 1* réductio»/
^ JV m. heiuujau, gérant.
«ftiit'ai ltii.ii ii i : i*m .->»• 'ô (ti
PARIS.
DÉPARS.
ÉtRAN 'a
1T101S MOIS ....
8 F.
il F.
14 F.
8m. MOIS .....
' 16
22
§8
m AN........
S2 '
*4
M '
9
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
. SLu BÏNOOttaieiM datent de; 1" «t <1!BKREAUX A PARIS S
ftw «Cm 3* février, 10 (ci-dfftfflttt d» Talaù).
Le* annonças «ont reçues, de 11 ï < h#nt»i
an burean da Journal.
I mui lniwtloB dol »grét« par li giiuii |
£^2 'adruMr franco, mur I'aiimraivU *!ioit,
■ à M. DENAW, directeur.
PARIS, 28 JANVIER.
Dans quelle voie entràîne-t-on l'Assem
blée? Tout le monde pensé et dit qu'elle en
tre dans la voie qui conduit aux catastro
phes. Est-il temps encore de conjurer les
hommes les plus sages parmi ceux qui sont
coalisés dans l'opposition systématique diri-
. gée contre le pouvoir exécutif, de réfléchir
aux conséquences de ce périlleux conflit? A:
considérer les causes de cette lutte, les
mpycns extrêmes qu'on y emploie, les effets
désastreux qu'elle peut produire, il semble
évident que, dans cette coalition, l'influence
est aux plus violens ; et quand c'est la queue
des partis qui en mène la tête; on va aux
abîmes.
Il faut d'abord mesurer la question dans
toute sa hauteur. Les habiles.cherchent à la
rapetisser, pour faire croire que rien n'est
pliis simple que dela-résoudre. A les'enten-
drè, c'fist un ministère qui n'a pas la maj'o-
, rité dans une Assemblée. Qu'il se retire, et
tout est dit. . Plût au ciel qu'il en fut ainsi,
les hommes de cœur qui ont accepté la du
re mission de gouverner auraient bientôt ré
signé ce pouvoir qui,.à coup sûr, dans des
temps comme les nôtres, est plus pénible à
prendre qu'à quitter; mais le devoir les obli
ge à le garder, car, ce qu'ils ont en main,
c'est le dépôt de la politique de la France.
Non, l'Assemblée n'est pas simplement en
lutte, contre un cabinet, elle est en lutte con
tre l'élection du 10 décembre, elle est en
lutte i contre le système de gouvernement
que, par cinq million, et demi de suffrages,
la nation souveraine a entendu inaugurer
dans la personne du Président qu'elle a choisi.
Ce système,, vous l'appelez la reaction,
Vous tous, coalisés des républicains de la
veille. Réaction, si vous voulez! Mais est-ce
que le gouvernement de l'honorable général
Cavajgnac .et son parti n'étaient pas aussi
appelés un gouvernement et un parti de
réaction par leurs adversaires montagnards,
devenus aujourd'hui les auxiliaires et les
chefs de l'opposition commune? Cette réac
tion des républicains de la veille a comparu,
comme la nôtre, devant le peuple assemblé
dans les comices, et c'est à . la nôtre que le
peuple a donné la préférence. Et cette po
litique, qu'on appelle réactionnaire, que
nos ennemis Oht tant calomniée, nos amis
et nous, l'avons-nous uû instant désa
vouée, masquée avgnt l'élection? Pas un
seul jour. Que disait notre parti ? La candi
dature de nos adversaires représente là poli
tique -qui fait voter la loi Carnot ; notre
candidat représente la politique qui retire
cette loi. Le candidat de nos adversaires
représente lapoliliquequi maintient lesvlubs;
notre candidat représente la politique qui
les, ferme. Ainsi de toutes les questions prin
cipales; et le candidat de notre parti a triom
phé à une majorité immense, inouïe, qui
. ne s'était jamais vue avant ce grand vote.
Eh bien ! la France était-elle assez avertie
du sens politique de la nomination qu'elle
allàit faire? Et quand le président a choisi
son ministère dans le parti modéré, ne le
choisissait-il pas dans un sens conforme à
l'intention dii pays? Et quand le ministère
retirait la loi Carnot,. ne faisait-il pas un
acte annoncé pour ainsi dire d'avance. au
pays, et que le pays 'avait approuvé d'avan
ce? et quand il demandé la suppression des
clubs, n'exécute-t-il pas en quelque sorte'
line convention arrêtée entre le candidât au
nom duquel cet engagement était pris, et le
peuple souverain qui ratifiait l'engagement
en nommant le candidat? v .
Voilà des faits. Toutes ces choses-là sont
imprimées dans les journaux modérés pu
bliés avant l'élection. On peut donc dire que
quand l'Assemblée est saisie de lois sembla
bles à celles dont nous parlons, elle est en
face de lois sur lesquelles la France a été
consultée. L'Assemblée refuse aujourd'hui
éclarer l'urgence, non pas même de fer
mer les clubs, mais d'examiner la question
de savoir s'il y a lieu de prendre cette me
sure. Mais, en vérité, le 10 décembre, le
peuple a déclaré, autant qu'il le pouvait
faire, l'urgence d'éteindre ces foyers d'anar
chie. , . ,
Que fait donc l'Assemblée en combattant
de tels actes? Elle ne s'oppose pas seulement
à un cabinet, elle s'oppose à quelque chose
que la France a voulu. Et comme la majo
rité qui fait cette guerre semble s'être placée
sous la conduite des Montagnards, comme
elle met des Montagnards dans toutes lès
commissions, comme elle a pour orateurs
des Montagnards, ces étranges chefs de la
coalition ajoutent des actes de démence
à des actes d'opposition. Il ne leur suffit
pas qu'on repousse l'urgence de la loi
sur les clubs, ils déposent un acte d'ac
cusation contre le cabinet qui a présenté
cette loi ; et celui qui dépose cet acte d'accu
sation est. M. Ledru-Rollin^ —M. Ledru-
Rollin qui menaçait dans ses Bulletins de la
République de violer la Constituante, se fait
le vengeur de la Constitution violée. Mais si
proposer la suppress'on des clubs est violer
la Constitution, nous" et tous les écrivains
qui, avant l'élection, ont fait de la sup
pression des clubs, une des conditions de
la candidature, nous avons tous violé la
Constitution; et le peuple .souverain qui, en
nommant le candidat^ a ratifié la condition
de la candidature, le peuple souverain a
aussi"violé la Constitution. Ce n'est pas le
cabinet seulement que M. Lèdru - Roi-
lin'met en accusation, ce sont les cinq,
millions cinq cent mille ^électeurs, qui ont
voté pour Louis Bonaparte ; M. Ledru-Rol-
lin met en accusation la France ! Ah.! que
la France le lui rend bien !
Mais cet acte insensé de la mise en accu
sation n'est pas l'acte le, plus hostile au gou
vernement inauguré par l'élection du lù
décembre. M. Rillault est, plus dangereux
et plus perfidé que M. Ledru-Rollin.' La
proposition Rillault est sous une forme dé
guisée, un pur et simple refus dé voies et
moyens. C'est au fond une suppression des
subsides, un refus du budget masqué sous
une prétention d'économie : l'hypocrisie de
la forme s'ajoute à la violence du moyen.
En définitive, on véut renvoyer le minis
tère," et, pour le faire mourir, on le prend
par la. famine.
Mais, encore une fois, ce n'est pas uu mi
nistère qui est. devant une Assemblée légis
lative. C'est un gouvernement auquel la
France vient de confier un mandat récent,
dans un but désigné d'avancé, et vers lequel
il tend avec conscience, c'est ce Gouverne
ment qui est en face d'une Assemblée dont
le mandat est épuisé ou près de finir. Ce
Gouvernement est fondé à dire àl'Assemblée :
j'ai été nommé pour gouverner dans le sens
où je marche. Vous avez été nommés, vous,
constituans, pour faire une Constitution, et
non pour diriger le gouvernement constitué.
Votre mandat est en réalité fini. C'est par
des subtilités, par des sophismes que vous
rattachez" à la Constitution comme dépen
dance nécessaire , les lois organiques. Les
lois organiques, c'est tout ou rien; il yen
a pour dix ans ou pour huit jours.
L'Assemblée qui viendra peut les faire
aussi bien que vous, puisqu'elle pourrait les
défaire si vous les aviez faites. Il y en a une
tout au plus qui soit nécessaire, la loi élec
torale. 11 y a dissentiment entre nous sur la
politique à suivre. La mienne est conforme
au sentiment du pays : vous prétendez que
c'est l'Assemblée que le pays approuve.
Osez donc recourir au suffrage universel.
La vérité est que cette situation n'a pas
d'analogues dans les précédens historiques,
et qu'elle n'en aura pas dans l'avenir. L'As-
sembléé, en se prolongeant et en faisant
obstacle au pouvoir exécutif, crée une situa
tion sans issue, à moins que l'élu du 10 dé
cembre' ne. consente à méconnaître et à lais--
ser trahir le vçéu du pays en sa personne. Il
est certain que. le peuple, dans sa souverai
neté, n'a pas voulu de la politique des répu
blicains de la veille, même représentée par
l'honorable général Cavaignac.
Cependant le parti qui était au pouvoir
avait alors les Montagnards, pour adversai
res. Il les a, comme opposition, il les aurait
comme gouvernement pour alliés. Nous de-
mandons s'il est possible que le Président
inflige au pays qui l'a nommé un gouverne
ment pire que celui dont le pays n'a pas
voulu.
Il n'est pas possible à un pouvoir de man
quera ce point à son origine, quand son
origine est le vœu de cinq millions et demi
de Français. Non, il ne s'est jamais rencon- '
tré de circonstance dans laquelle l'opposi
tion systématique d'une assemblée fût
moins légitime et moins nationale? Que
l'Assemblée donc y réfléchisse. Déférer la
question, au peuple, c'est la solution la plus
pacifique et îa plus républicaine. • -
Le mouvement de reprise., qui.s'était ma
nifesté dans les affaires industrielles et com
merciales à la suite de la nomination du
Président de la République, s'est presque
complètement arrêté ; la confiance,qui com-.
mençait à reparaître, s'est retirée de nou
veau ; les fonds publics ont perdu une gran 7
de partie du terrain qu'ils avaient regagné ;
la décroissance du portefeuille de la Banque
montre que le crédit privé n'est pas dans
une meilleure situation que le crédit public ;
les boutiques se ferment; le nombre des fail
lites, augmenté;. enfin les nouvelles que
nous recevons des centres manufacturiers,
nous apprennent qu'on n'y reçoit plus de
commandes, qu'on n'y voitplus d'acheteurs.
Pourquoi cet arrêt si prompt dans le mou
vement de reprise des affaires? D'où vient
que le commerce cesse d'acheter, quand les
magasins, les mieux approvisionnés jadis,
sont aujourd'hui presque sans approvi
sionnement?; Comment se fait-il _ que la
consommation ne demande pas davantage,
après tant et de si longues privations, et
quand il existe tant de besoins?
Les causes de'ces mécomptes, de ces dé
ceptions, frappent tous les yeux; elles sont
uniquement dans I,à situation politique. Ce
repouvellement- de nos souffrances pro-,
vient de l'attitude prise, par l'Assemblée
nationale vis-à-vis du pouvoir exécutif,
de son obstination à prolongersotf existence,
de la prépondérance qu'elle a clé entraînée
à donner aux républicains rouges, des me*
sures,financières qu'elle n'a pas craint de
voter pour reconquérir une popularité com
promise.
Et, en effet, comment le capitaliste pour
rait-il s'engager dans des opérations de quel
que durée, comment le négociant pourrait-
il songer à remplir ses magasins, comment
le manufacturier pourrait-il fabriquer sans
avoir le placement immédiat~de ses produits,
lorsque chaque jour voit s'envenimer le
conflit qui s'est élevé entre l'Assemblée et le
Présidentde la République,lorsqu'une com
mission vient apporter à la tribune un rap
port aussi violent, aussi agressif que ceM
qui a été lu par M. Grévy, lorsque le pays
se demande comment il sera possible de sor
tir d'une crise aussi périlleuse si l'Assemblée
ne montre pas plus de sagesse et plus de mo
dération? .
Ce qui inquiète surtout le pays dans cette
situation difficile, c'est la fatale condescen
dance à laquelle l'Assemblée se laisse aller
vis-à vis d'un parti qu'elle avai t constamment
contenu jusqu'à ce jour ; on dirait vraiment,
à voir la • composition de certaines commis
sions nommées dans les derniers temps, que
la Montagne a la majorité dans la chambre;
elle semble régner dans les bureaux, et la
réapparition de tous ces noms, plus ou moins
mêlés dans les actes les plus désastreux du
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 29 JANV.
LE CABINET mm.
TROISIEME PARTIE.
" LA GÉORGIENNE. '
CHAPÏTBE XXIX.
LA PARTIE DE TflCTBAC.
(Suite.) . , -
Le lendemain, dans la matinée,' Dubignon
était chez la Géorgienne qui lui parlait nous ne
savons trop de quelle fantaisie & laquelle il ne
voulait pas souscrire, et il était en train de s'é-
cricr :
— Si je laissais faire, on aurait bientôt ache
vé de me mettre au pillage; c'est comme un drôle
qui, hier soir, se proposait de me soutirer une
gomme de vingt mille francs ; mais il faut voir
comme je vous l'ai rabroué I
A cè moment, parait un domestique annon
çant qu'un jeune homme demande audience.
— Et qui est ce jeune homme? — demanda
Dubignon d'un ton brusque.
. — Il dit qu'il est voire professeur de trictrac.
.•— Mon professeur de trictrac? êtes-vous fou?
— Oui, Monsieur, il me l'a répété par deux
fois, ev m'a bien, chargé de le dire à Monsieur..
. — Aiû >ns, encore mon friponeaû d'hier ! —
pensa tout haut Dubignon, et, suivant le domes
tique, il passa dans une pièce voisine où atten
dait Alexis. .
— Savez-vous que la plaisanterie commence à
me lasser ?—dit le financier d'un accent superbe
«t menaçant.—Qu'est-ce que vous prétendez
encore aujourd'hui ? -
— Toujours une lettre à vous communiquer
comme hier.
— Mais je vous ai dit que je ne voulais plus
' Voir nctro numéro du 28 janvier.
Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage,
iKtordiie, «t serait pourrairie comme eonlrefaçon.
parler de ce drôle ni de tes lettres.
— Oui, mais celle-ci n'étant pas de lui et
étant de vous...
■ —Comment! de moi?
— Sans doute, ne m'avez-vous pas dit que
vous lui aviez écrit de bonne encre? Eh bien!
cette lettre, je l'ai lue, et, ayant lu, je trouve,
par ma foi! mon brave homme, que vous êtes
bien imprudent !
— Allons donc, — dit Dubignon en haussant
les épaules, — quand j'ai écrit cc.tle lettre seul
chez moi, que je n'en ai pas fait de brouillon, et
que je l'ai portée moi-même à la poste, vous me
feriez croire que vous lavez lue? '
— Oui, parce que vous êtes jeune, que vous
ne faites pas' attention à ceux qui vous suivent
et qui ramassent lestement les lettres que vous
croyez jeter dans la boîte, quand vous les met
tez à côté. •
— Laissez donc, vous m'auriez bien parlé hier
de cette lettre si vous l'aviez Unue.
— Mais c'est qu|en effet je ne l'avais pas, que
je ne savais pas même devoir la posséder. Vous
ai-je dit que c'était moi qui m'.étais trouvé là
pour profiter de votre bévue?
— Ah çà mais! — dit Dubignon, commençant
de s'épouvanter, — vous êtes donc une bande ?
— Mais oui, — reprit Alexis, — ce pauvre
Desmarets a quelques amis, et, pour lui faire
rendre justice, chacun s'y met un peu.
— Enfin que lui aurais-je donc éérit?
— Parbleu, des choses fort peu encourageantes:
par exemple, qu'à son insu vous étiez parvenu à
faire rentrer dans vos mains celte fameuse preuve
dont il vous menaçait; que d'ailleurs dans quel
ques mois la prescription vous serait acquise, et
qu'en résumé vous vous moquiez de lui.
— Eh bien! si j'avais écrit cela, et que cela
fût vrai?...
— Et bieïi ! mon cher, vous seriez perdu, car
de vos outrecuidances même résulte la preuve
que vous étiez coupable, et, en déposant cette
lettré entre les maijis du procureur impé
rial, vous pouvez voir d'abord ce qui doit arri
ver
— Oui, mais vous ne la déposeriez pas, — re
partit Dubignon, affectant toujours de parler au'
conditionnel, pour avouer du moins qu'il était
possible; —Desmarets a toujours plus d'intérêt
à tirer de moi pied ou aile qu'à me l'aire condam
ner aux galères, car qu'est-ce qui lui en revien
drait?
— D'accord, mais moi qui ne suis pas Des
marets, et qui aurais un vrai plaisir à vous en
voyer là où il a passé cinq des plus belles an
nées de sa vie, je vous proteste que la lettre sera
rémise entre les mains du magistrat avant ce
soir, à moins que vous ne consentiez à faire
tout ce que j'e vous dirai. .
— Ah ça mais ! c'est à n'y plus rien compren
dre ; vous ne venez donc pas de sa part comme
•vous me l'aviez dit? •
— Je viens de la nrenne ; ce sont mes in
térêts dont je m'occupe, et la Providence est
juste ; connaissçz-vous un jeune homme nommé
Alexis Ysthdel, auquel vous avez volé à prix
d'argent une fille nommée Giorgina? —Ce jeune
homme; Monsieur le richard, c'est moi !
— Yôus! alors c'est plus singulier encore;
car il est tout à fait impossible que vous ayez
été déterrer Desmarets dans » les montagnes de
l'Auvergne.
— Il n'est pas nécessaire que -vous compre
niez, — répondit froidement Alexis, — les gens
riches, Monsieur, sont les gens riches, et les
gens d'esprit les gens d'esprit; ils ont leur tour
quelquefois.
— Jeune homme, je suis en vérité désolé de
vous avoir causé quelque désagrément, j'igno
rais que cette femme yous tînt au cœur: on est
venu me la jeter à la tête, et par parenthèse elle
me coûte déjà très cher; mais, enfin, que puis-je
faire pour réparer?.. 1 * '
— D'abord, Monsieur, vous allez faire passer
à votre ami de Mauriac les 20,000 livres qu'il
vous demande. •
— Mais, mon cher Monsieur, puisque' cet
horiime n'est pas même de votre connaissance/
quel diable d'intérêt prenez-vousà lui? •
— L'intérêt du droit et du juste. Cet homme,
comme vous l'appelez, a fait assez pour que
vous ne lui marchandiez pas-ce service, et jé lé
trouve, nioi, bien naïf çtjiipn simple dp ne pas
demander plus.
gouvernement provisoire^ contribue singu
lièrement à entretenir l'anxiçté dâns les es
prits.
Ajoutez à cela l'audace croissante qu'on
remarque dans le langage des journaux ré
volutionnaires et des réunions démagogiques,
ces appels aux plus détestables passions, ces
apologies de la guerre civile et ces justifica
tions de l'assassinât ; et si, en présence de
pareils excès, on place le vote par lequel
l'Assemblée vient de repousser l'urgence de
la loi contre les clubs, on ne s'étonnera
"pas, certainement que la-confiance et le tra
vail soient encore une fois paralysés. Les af
faires n'avaient commencé à se ra'nimer qué
parce qu'on avait vu dans la grande élection
du 10 décembre l'avènement d'unfe ère nou
velle, qui.allait nous déliver définitivement
de l'anarchie et nous rendre la sécurité à
tous, en nous replaçant sous un gouverne
ment régulier ; mais où sont aujourd'hui les
garanties de la tranquillité publique, lorsque,
malgré les déclarations formelles du pouvoir
exécutif, on laisse encore subsister ces réu
nions périodiques, écoles de désordre et de.
violence, où une minorité factieuse s'orga
nise et se discipline pour l'insurrection ?
Ce n'est pas tout encore : à ces motifs
d'inquiétude vient se joindre le bon accueil
fait par l'Assemblée à des projets qui doi
vent achever de porter la perturbation dans
nos finances : on a réduit l'impôt du sel des
deux tiers ; l'impôt des boissons est violem
ment attaqué, et la commission appalée à pro
noncer sur son sort, nomme pour président
celui-là même qui propose de l'abolir. Pendant
que chaque jour; amène une attaque contre
les revenus publics, et vient déprécier le gage
sur. lequel repose le crédit de l'Etat, il sur
git, d'un autre côté, des propositions, qui,
sous le prétexte d'opérer des économies ra
dicales dans le budget, tendent à désorga
niser les services et â priver le Gouverne
ment des moyens d'administration ' qui lui
sont nécessaires pour assurer l'honneur et la
sécurité du pays : c'eit-à-dire que nous som
mes menacés de voir-nos ressources subir
encore des réductions nouvelles, la cônfu-
" sion et le désordre -pénétrer dans notre'
organisation administrative et sociale, et le
crédit public disparaître au milieu de la
perturbation qui en résultera dans nos finan
ces ; c'est ce que nous souhaitent, du reste,
les journaux révolutionnaires, qui appellent
à grands cris !a banqueroute géQéraîe coniine
le seul moyen de liquider la vieille soçiété.
Ainsi, on le voit, tout le mal provient de ce
que l'Assemblée, aprèss'êtrefourvoyée dans
l'élection du i 0 décembre, semble oublier au
jourd'hui la mission d'ordre et de réparation
qui est sa mission véritable, et qu'elle avait
si bien commencée. Après avoir constitué
le gouvernement, elle lui fait obstacle, elle
lui refuse son concours et elle crée un
conflit qui reste sans issue, si elle ne veut
pas eu appeler à la souveraineté populaire;
après s'être séparée avec éclat des républi- j
caics^raiges, elle s'appuie sur eux pour
combattre le parti modéré-dans lequel elle ;
cherchait autrefois sa force; après avoirs
agi avec vigueur contre l'anarchie, elle lui
laisse le champ libre dans k:s clubs où l'on
recrute pour l'émeute et où l'on fomente
l'insurrection ; après avoir essayé de réta
blir l'ordre dans nos finances et de rele
ver le crédit en abrogeant là plupart des
décrets 4u Gouvernement provisoire, elle
accueille des projets dont le résultat est
d'amoindrir les sources du revenu et de
porter le désordre dans les services publics.
C'est tout cet ensemble d'hostilités contre le
pouvoir, de funestes tendances, de mau
vaises mesures, de propositions désorganisa-
trices, qui explique l'anxiété générale en
même temps que la reqhute des affaires et
du crédit.
' cérité, à la réalité du Gouvernement repré-
sentàtif, mais comme une violation flagrante
de la souveraineté populaire. Selon ce parti,
le mandataire n'a pas le droit de cacher au*
mandant l'usage qu'il fait du mandat qu'il
a reçu, et les électeurs doivent connaître
jour par jour le vote de ceux qui les repré
sentent. Au début même de la session ac
tuelle, quand on discutait le règlement, nous
avons entendu sur ce thème de fort beaux
discours, et le parti démocratique pur s'est'
levé tout entier pour l'abolition absolue du
scrutin secret.
Cependant, voici que ce scrutin secret, si
honteux, si contraire aux droits du peuple ,
devient tout-à-coup l'arme favorite et la res
source dernière du parti démocratique pur.
Voici qu'au mépris de ses principes, au mé
pris de ses erigagemens, il n'hésite pas à s'en
servir à la veille des élections j c'est-à-dire
quand le peuple a plus que jamais intérêt à
connaître les votes de ses représentans.
A quoi cela tient-il et comment expliquer
cette misérable palinodie? Nous le dirons
franchement : Le parti démocratique pur,
malgré sa jactance, malgré le tapage qu!il
fait, sait-fort bien que l'opinion publique
la vraie opinion publique est contre lui, et
que le suffrage universel est à la veille de le
condamnér. Il sait, en outre, qu'il y a dans
l'Assemblée actuelle une intrigue dont le but
unique est de renverser le ministère "et qui
n'aime pas à se produire au grand jour. Le
parti démocratique pur veut donc fournir
à ses amis et alliés le moyen de voter d'une
façon et de dire qu'ils ont voté de l'autre. Il
veut leur fournir le moyen de concilier ainsi
leur passion et leur intérêt électoral. C'est
une tactique bien digne du parti démocra
tique pur et qui achèvera de le signaler à
l'estime et à la reconnaissance du pâys.
Nous pouvons d'ailleurs annoncer que
des mesurés sont prises pour que, dans la
grave discussion qui doit s'ouvrir demain,
cette tactique soit déjouée. Déjà 310 mem
bres du paiti modéré ont signé une liste
pour demander le scrutin de division. Si,
comme cela paraît certain, le parti démo
cratique pur oppose à cette demande une
demande de scrutin secret, le parti modéré
exigera, comme le règlement l'y autorise,
que ce vote ait lieu par appel nominal, de
manière à co»que les noms des absens W
des abstcD;:;!:» puissent êirc parfuilenienlcon
nus. Quas^t aux 'membres' qui /voteront, i!
sera aisé, soit par leur propre déclaration,
soit autrement, de les classer dans l'une ou
l'autre des catégories. Cela s'est fait ainsi
sous le dernier gouvernement jusqu'à l'épo
que où le scrutin de division a prévalu, et
rien n'empêChera d'employer les mêmes i
moyens.
En définitive, lè parti démocratique pur
ne gagnera donc rien à démentir, à abjurer
misérablement ses principes et ses'paroles.
Quant à l'intrigue, elle aura beau faire, il
faudra qu'on la voie en face et à visage dé
couvert. . ■ ..
but "d'abréger sa durée, en diminuant le
n'ombre des lois "organiques. M. Grévy pré
tend que la dignité de l'Assemblée né lui-
permet pas .de tenir compte des manifesta
tions de l'opinion, publique; elle exige,que
l'Assemblée, en prenant sa décision, ne pa
raisse obéir à aiicune autre influence que
ceile' de Son bon plaisir* Voilà les conseils
que l'on dofiae, le 25 janvier, à l'Assemblée
nationale, aux grasds applaudissemens.de
nos Montagnards. Comment parlait M. Mar-
rast le 9 novembre, dans son rapport sur le.
décret faisant énumération des lois organi
ques?.. •-
M. Marrast rappelait qu'il avait été ques
tion d'énumérer dans la Constitution même
les lois organiques, ce qui eût imposé à l'As
semblée actuelle l'obligation de faire elle-
même toutes les lois comprises dans cette
énumération. Cette considération est préci
sément ce qui fit renvoyer à un décret par
ticulier et révocable l'énumération des lois
organiques; et voici comment M. Marrast
résumait les motifs qui avaient déterminé
la décision de la coiïimission de Constitu
tion, et la décision conforme de l'Assemblée
nationale :
« II nous parut qu'une Assemblée constituante
devait toujours conserver la liberté de son action;
que cette action elle-meine devait fitre subordonnée
aux intérêts du pays; qu'il y aurait'quelque impru
dence à la gêiier par un engagement constitution
nel, de telle sorte qu'elle ne pût ni prolonger, ni
abréger sa. propre durée, suivant que les événe-
mèns, l'état de l'opinion, le sentiment de son devoir
le lui commanderaient. » . ' . _
On sait qu'à toutes lés époques, le parti
de la démocratie pure a flétri le vote secret,
non-seulement comme une atteinte à. lasin-
II faudrait fermer les yeux à la lumière
pour ne pas voir que l'Assemblée nationale
est sous la domination de la fraction ardente
qui, vaincue au 10 décembre, veut ressaisir
par l'intrigue le pouvoir que fa volonté des
électeurs lui a fait perdre. Cette fraction
s'adresse aux susceptibilités de l'Assemblée;
elle fait appel à l'orgueil des uns, aux cal
culs intéressés des autres pour entraîner la
représentation nationale en sens contraire
du mouvement populaire. Si l'on veut se
rendre un compte exact du chemin que l'As
semblée adiéjafait dans cette voie funeste,
il suffit de comparer les deux rapports de
M. Grévy sur la proposition Rateau avec le
rapport de M. Marrast sur le décret relatif
aux lois organiques.
M. Grévy conclut, non-seulement à ce
que l'Assemblée ne détermine point à l'avan
ce l'époque de sa séparation, mais à ce qu'el-
le repousse toute proposition qui aurait pour
Aiasi le 9 novembre on posait en principe
que l'Assemblée devait réserver là liberté
de' son action de manière à n'être point con- '
trainte à accomplir une tâche que les cir
constances rendraient inopportune. Aujour
d'hui on vient dire à l'Assemblée qu elle- est
liée par le décret du 12 décembre, et qu'elle
est dans l'obligation absolue de faire les dix
lois organiques. Le 9 novembre il paraissait
à l'Assemblée qu'il y aurait imprudence à
gêner son action par un engagement consti
tutionnel qui ne lui permettrait pas d'abré- '
ger ses travaux conformément aux intérêts
du pays : aujourd'hui on allume à l'Assem
blée qu'elle, a commis sciemment cette im
prudence contre laquelle son boa.sens s'était
révolté. Au 1) novembre, la. commission de
Constitution disait, et l'Assemhléç admeU.iit
qu'on devait tenir compte des evenemens-, au
jourd'hui, on vient dire que l'élection du .10
décembre, et l'antagonisme des préférences
du pays avec les préférences de la majorité
de l'Assemblée, ne sont point des élémens
qui doivent en rien entrer dafls la décision
de l'Assemblée sur Sa propre durée. Au 9
novembre, on subordonnait la durée de .
l'Assemblée aux intérêts du pays xst'à l'o
pinion publique, aujourd'hui on vient
dire aux. représentans de fermer l'oreil- «
le à la voix des électeurs, de traiter com
me des actes de rébellion toutes les ma
nifestations des sentimens populaires, et les
é'ecteurs sont assimilés à des factieux.
On peut juger, par la différence des lan
gages, le chemin que l'on a fait faire à la
Constituante dans les deux mois qui vien
nent de s'écouler. Lés représentans ont mar
ché en sens inverse de l'opinion publique, et
la situation s'est empirée à mesure que cette
dissidence est devenue plus profonde et plus
manifeste. L'Assemblée nationale est entre
deux conseils. Lequel va-t-elle suivre, de ce
lui que lui donnait la commission de Consti
tution dans des jours de calme, et en de
hors des querelles de partis, ou de celui que
lui donne aujourd'hui,-au milieu des agita
tions et des luttes, une commission, organe
des violences et des colères d'un parti vaincu
et désireux de prendre à tout prix une re
vanche?
Le conseil des ministres s'est réuni aujour
d'hui à l'Elysée National. .
Sur le compte , que les ministres lui ont
rendu des incidens de la séance d'hier, M. le
—Peste! il paraît qu'il ne ferait pas bon avoir,
avec vous, des affaires. Yous jouez-serre. Enfin,
passons ; 20,000 livres pour Desmarets. Après?
; — Après, vous me conduirez chez votre maî
tresse, et, moi présent., vous lui signifierezqu'el-
le ait immédiatement à quitter votre hôtel et à
ne plus compter sur aucune espèce de relations
avec vous.
—Par ma foi, vous ne pouviez rien me deman
der de plus faisable. Cette fille est ruineuse, cl
il y a déjà long-temps que je songeais à m'en
dépêtrer.
— Vous voyez, cela se trouve à merveille
seulement, cette expédition faite, pour en finir
convenablement avec elle, vous lui constituerez
une rente viagère de deux mille écus.
— Deux mille écus ! y pensez-vous! un capi
tal-dé 120,000. fr. !
—Mais qui vous reviendra à ]a mort de la do
nataire. ' .
— A'sa mort! J'ai soixante-cinq ans, et elle
en a vingt à peine.
—Eh bienl ce sera pour vos héritiers. Du res
te, 120,000 fr. d'une part et 20,000 fiv de l'au
tre, cela ne fait encore que 140,000 fr.
— Que cela? vraiment ! On voit bien, jeune
hoinmé, que c'est avec la bourse des autres que
vous faites vos générosités.
■ — Ah ! — dit Alexis négligemment, — il y a.
encore un petit article : vous avez auprès de
Giorgina, en qualité de dame de compagnie, une
personne qui va se trouver sans position, : je lui
porte quelque intérêt.
Qui? Ilerminic Daliron, une coquine qui a
mené toute l'affaire de l'enlèvement de votre
maîtresse, qui est cause que j'ai eu un tort en
vers un homme de votre valeur ? Avoir quelque
souci d'une créature pareille ! vous n'y pensez
pas.
— Oui ; mais faites attention que vous n'êtes
pas sans quelques torts vis-à-vis d'elle. Après
avoir abusé de sa jeunesse, vous l'avez, un peu
lestement, il faut en convenir, envoyée mourir à
l'hôpital. Or, puisque je vous liquide, il faut bien
aussi tenir compte de ce procédé, et il me sein
])le qu'une pension viagère de 3,00Q livres. ^
— Alors , mon cher, dites tout de suite que
vous voulez me ruinelf
— Mais non , — ne nous passionnons donc
pas comme ça: 440 et 60, cela fait tout juste
200,000 livres, et vraiment, pour un homme
comme vous, c'est ùne hagatellc.
— 200,000 fr. une bagatelle ! et puis votre
part encore,' dont vous ne m'avez pas parlé.
— Moi, je ne vous demande rien.
— Quoi vraiment?
— Sans doute, et croyez-vous que le plaisir
de voir répandre autour de vous tant de bien
faits, ne me sera pas une bien douce récompense?
Seulement il faut" que nous convenions bien de
nos faits : vous allez d'abord mettre Giorgina
hors de chez vous.
— C'est entendu.
— Ensuite, vous prendrez sur la poste un
mandai de 20,000 francs, qu'en ma présence
vous expédierez à Desmarets.'De plus, vous fe
rez disposer chez le notaire les deux contrats de
rente viagère dont nous venons de convenir, et
vous mè les remettrez.
— Et vous, en échange de touteeque/aî/raw
fait là?
— Je vous restituerai la dangereuse lettre, et
vous promettrai sur l'honneur la plus.inviolable
discrétion. Seulement, je vous en préviens, si je
venais à apprendre que, de près ou de loin, vous
fissiez la moindre démarche pour revoir Gior
gina, alors la guerre recommencerait, et vous
voyez si je Buis un ennemi à mépriser, d'autant
que rien ne m'empêcherait de me mettre en
rapport avec votre ami de Mauriac, qui, aidé de
mes" conseils et de mon assistance, me paraît un
personnage à vous faire voir du pays.
— Enfin,—dit plaisamment Dubignon, qui ne
marchandait pas avec le sacrifice où il n'y avait
rien à débourser; — nous pouvons toujours
commencer par vous donner satisfaction et aller
mettre dehors cette volage qui vous a trompé.
— Non, — répondit Alexis, — c'est un plan
tout entier que j'ai cii l'honneur de vous sou
mettre et je ne veux pas opérer isolément : de
main' matin, à pareille heure, j'aurai le plaisir
de vous revoir, yous aurej; tout fait disposer, et
alors rien ne nous empêchera de terminer.
—Ecoutez-moi j jeune homme,— dit Dubignon
en voyant Alexis prêt à sortir, — vous cédez ici
à un sentiment chevaleresque, vous voulez me
forcer à gaspiller mon argent pour une foule
d'êtres peu intéressans et ne songez pas à vous,'
dans tout cela. Faisons mieux; laissons de côté
toute celte vile engeance, et, de vous à moi, ac
ceptez 50,000 livres que je m'offre à vous comp
ter séance tenant. 50,000 francs, c'est un joli
denier !
t-— Oui, — répondit, en riant, Alexis, — c'est
justement le quart de 200,000 livres ; mais, ré
flexion faite, je m'en tiens à mon premier .dire;
ainsi c'est entendu ; à demain.
— A demain, soit, — repartit Dubignon, et
en lui-même il ajouta : — vingt-quatre heures,
c'est encore long, et, sans qu'il y paraisse, on a
le temps de se retourner.,
CHAPITRE lOvX,
SARDANAPALE.
Quelquo chose pourra donner une idée du bel
ordre et de l'habile direction qui présidaient en
ce temps là à l'administration du Cabinet noir.
Tout en s'ingéniant, pour deviner la manière
dont son persécuteur s'était emparé de ses lettres,
Dubignon ne se douta pas qu'un procédé d'ordre
public pût lui expliquer cette soustraction. Le
fait est qu'à cette époque, très peu de- gens a-
vaient seulement soupçon de ce rouage de gou
vernement. Le bruit du canon et celûi de là
gloire éteignaient tous les autres ; d'ailleurs il ea
est ainsi de toutes les machines bien construi
tes et bien manœuvrées, elles fonctionnent placi
dement et sans fracas; aujourd'lni, deux roues s.
aubes et. une simple machine à vapeur font sileo- *.
cieusement plus de travail, que les quatorze
roues, les vingt-huit manivelles, les cent trente
six pompes foulantes et aspirantes, constituant
autrefois l'étourdissant appareil de feu 1^ machi
ne de Marly. '
Il en était tout autrement de h police propre
ment dite. Par la grande 'réputation que s'était
créée Fouché dansi celle partie , tout en faisant
peu de besogne, témoin l'affaire de Malet, où
elle avait joué un rôlç si ridicule, la police im-
I51MER0 23.
wsxiL sas VJU&OBtsezaKsssv ■
PAJRI8.
DÉPART.
8 F.
11 F.
16
' 23
n
44
ïAOIS MOIS.,,..
S.X HOU.......
ON AH i.f (•■.!
l La abonnuMM datant du l" •« 16 dâ ebâqat ■*!>• J
. BUREAUX A PARIS !
M*
la diret/oru âm poste.—A Lonàrts, éhex M&. inris $s
Hii.—À.Strasbourg, tkn Atfwuir*, poa t l'AlUaagiM. &}
■ B'tdrciMr franco, pour 1* réductio»/
^ JV m. heiuujau, gérant.
«ftiit'ai ltii.ii ii i : i*m .->»• 'ô (ti
PARIS.
DÉPARS.
ÉtRAN 'a
1T101S MOIS ....
8 F.
il F.
14 F.
8m. MOIS .....
' 16
22
§8
m AN........
S2 '
*4
M '
9
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
. SLu BÏNOOttaieiM datent de; 1" «t <1!
ftw «Cm 3* février, 10 (ci-dfftfflttt d» Talaù).
Le* annonças «ont reçues, de 11 ï < h#nt»i
an burean da Journal.
I mui lniwtloB dol »grét« par li giiuii |
£^2 'adruMr franco, mur I'aiimraivU *!ioit,
■ à M. DENAW, directeur.
PARIS, 28 JANVIER.
Dans quelle voie entràîne-t-on l'Assem
blée? Tout le monde pensé et dit qu'elle en
tre dans la voie qui conduit aux catastro
phes. Est-il temps encore de conjurer les
hommes les plus sages parmi ceux qui sont
coalisés dans l'opposition systématique diri-
. gée contre le pouvoir exécutif, de réfléchir
aux conséquences de ce périlleux conflit? A:
considérer les causes de cette lutte, les
mpycns extrêmes qu'on y emploie, les effets
désastreux qu'elle peut produire, il semble
évident que, dans cette coalition, l'influence
est aux plus violens ; et quand c'est la queue
des partis qui en mène la tête; on va aux
abîmes.
Il faut d'abord mesurer la question dans
toute sa hauteur. Les habiles.cherchent à la
rapetisser, pour faire croire que rien n'est
pliis simple que dela-résoudre. A les'enten-
drè, c'fist un ministère qui n'a pas la maj'o-
, rité dans une Assemblée. Qu'il se retire, et
tout est dit. . Plût au ciel qu'il en fut ainsi,
les hommes de cœur qui ont accepté la du
re mission de gouverner auraient bientôt ré
signé ce pouvoir qui,.à coup sûr, dans des
temps comme les nôtres, est plus pénible à
prendre qu'à quitter; mais le devoir les obli
ge à le garder, car, ce qu'ils ont en main,
c'est le dépôt de la politique de la France.
Non, l'Assemblée n'est pas simplement en
lutte, contre un cabinet, elle est en lutte con
tre l'élection du 10 décembre, elle est en
lutte i contre le système de gouvernement
que, par cinq million, et demi de suffrages,
la nation souveraine a entendu inaugurer
dans la personne du Président qu'elle a choisi.
Ce système,, vous l'appelez la reaction,
Vous tous, coalisés des républicains de la
veille. Réaction, si vous voulez! Mais est-ce
que le gouvernement de l'honorable général
Cavajgnac .et son parti n'étaient pas aussi
appelés un gouvernement et un parti de
réaction par leurs adversaires montagnards,
devenus aujourd'hui les auxiliaires et les
chefs de l'opposition commune? Cette réac
tion des républicains de la veille a comparu,
comme la nôtre, devant le peuple assemblé
dans les comices, et c'est à . la nôtre que le
peuple a donné la préférence. Et cette po
litique, qu'on appelle réactionnaire, que
nos ennemis Oht tant calomniée, nos amis
et nous, l'avons-nous uû instant désa
vouée, masquée avgnt l'élection? Pas un
seul jour. Que disait notre parti ? La candi
dature de nos adversaires représente là poli
tique -qui fait voter la loi Carnot ; notre
candidat représente la politique qui retire
cette loi. Le candidat de nos adversaires
représente lapoliliquequi maintient lesvlubs;
notre candidat représente la politique qui
les, ferme. Ainsi de toutes les questions prin
cipales; et le candidat de notre parti a triom
phé à une majorité immense, inouïe, qui
. ne s'était jamais vue avant ce grand vote.
Eh bien ! la France était-elle assez avertie
du sens politique de la nomination qu'elle
allàit faire? Et quand le président a choisi
son ministère dans le parti modéré, ne le
choisissait-il pas dans un sens conforme à
l'intention dii pays? Et quand le ministère
retirait la loi Carnot,. ne faisait-il pas un
acte annoncé pour ainsi dire d'avance. au
pays, et que le pays 'avait approuvé d'avan
ce? et quand il demandé la suppression des
clubs, n'exécute-t-il pas en quelque sorte'
line convention arrêtée entre le candidât au
nom duquel cet engagement était pris, et le
peuple souverain qui ratifiait l'engagement
en nommant le candidat? v .
Voilà des faits. Toutes ces choses-là sont
imprimées dans les journaux modérés pu
bliés avant l'élection. On peut donc dire que
quand l'Assemblée est saisie de lois sembla
bles à celles dont nous parlons, elle est en
face de lois sur lesquelles la France a été
consultée. L'Assemblée refuse aujourd'hui
éclarer l'urgence, non pas même de fer
mer les clubs, mais d'examiner la question
de savoir s'il y a lieu de prendre cette me
sure. Mais, en vérité, le 10 décembre, le
peuple a déclaré, autant qu'il le pouvait
faire, l'urgence d'éteindre ces foyers d'anar
chie. , . ,
Que fait donc l'Assemblée en combattant
de tels actes? Elle ne s'oppose pas seulement
à un cabinet, elle s'oppose à quelque chose
que la France a voulu. Et comme la majo
rité qui fait cette guerre semble s'être placée
sous la conduite des Montagnards, comme
elle met des Montagnards dans toutes lès
commissions, comme elle a pour orateurs
des Montagnards, ces étranges chefs de la
coalition ajoutent des actes de démence
à des actes d'opposition. Il ne leur suffit
pas qu'on repousse l'urgence de la loi
sur les clubs, ils déposent un acte d'ac
cusation contre le cabinet qui a présenté
cette loi ; et celui qui dépose cet acte d'accu
sation est. M. Ledru-Rollin^ —M. Ledru-
Rollin qui menaçait dans ses Bulletins de la
République de violer la Constituante, se fait
le vengeur de la Constitution violée. Mais si
proposer la suppress'on des clubs est violer
la Constitution, nous" et tous les écrivains
qui, avant l'élection, ont fait de la sup
pression des clubs, une des conditions de
la candidature, nous avons tous violé la
Constitution; et le peuple .souverain qui, en
nommant le candidat^ a ratifié la condition
de la candidature, le peuple souverain a
aussi"violé la Constitution. Ce n'est pas le
cabinet seulement que M. Lèdru - Roi-
lin'met en accusation, ce sont les cinq,
millions cinq cent mille ^électeurs, qui ont
voté pour Louis Bonaparte ; M. Ledru-Rol-
lin met en accusation la France ! Ah.! que
la France le lui rend bien !
Mais cet acte insensé de la mise en accu
sation n'est pas l'acte le, plus hostile au gou
vernement inauguré par l'élection du lù
décembre. M. Rillault est, plus dangereux
et plus perfidé que M. Ledru-Rollin.' La
proposition Rillault est sous une forme dé
guisée, un pur et simple refus dé voies et
moyens. C'est au fond une suppression des
subsides, un refus du budget masqué sous
une prétention d'économie : l'hypocrisie de
la forme s'ajoute à la violence du moyen.
En définitive, on véut renvoyer le minis
tère," et, pour le faire mourir, on le prend
par la. famine.
Mais, encore une fois, ce n'est pas uu mi
nistère qui est. devant une Assemblée légis
lative. C'est un gouvernement auquel la
France vient de confier un mandat récent,
dans un but désigné d'avancé, et vers lequel
il tend avec conscience, c'est ce Gouverne
ment qui est en face d'une Assemblée dont
le mandat est épuisé ou près de finir. Ce
Gouvernement est fondé à dire àl'Assemblée :
j'ai été nommé pour gouverner dans le sens
où je marche. Vous avez été nommés, vous,
constituans, pour faire une Constitution, et
non pour diriger le gouvernement constitué.
Votre mandat est en réalité fini. C'est par
des subtilités, par des sophismes que vous
rattachez" à la Constitution comme dépen
dance nécessaire , les lois organiques. Les
lois organiques, c'est tout ou rien; il yen
a pour dix ans ou pour huit jours.
L'Assemblée qui viendra peut les faire
aussi bien que vous, puisqu'elle pourrait les
défaire si vous les aviez faites. Il y en a une
tout au plus qui soit nécessaire, la loi élec
torale. 11 y a dissentiment entre nous sur la
politique à suivre. La mienne est conforme
au sentiment du pays : vous prétendez que
c'est l'Assemblée que le pays approuve.
Osez donc recourir au suffrage universel.
La vérité est que cette situation n'a pas
d'analogues dans les précédens historiques,
et qu'elle n'en aura pas dans l'avenir. L'As-
sembléé, en se prolongeant et en faisant
obstacle au pouvoir exécutif, crée une situa
tion sans issue, à moins que l'élu du 10 dé
cembre' ne. consente à méconnaître et à lais--
ser trahir le vçéu du pays en sa personne. Il
est certain que. le peuple, dans sa souverai
neté, n'a pas voulu de la politique des répu
blicains de la veille, même représentée par
l'honorable général Cavaignac.
Cependant le parti qui était au pouvoir
avait alors les Montagnards, pour adversai
res. Il les a, comme opposition, il les aurait
comme gouvernement pour alliés. Nous de-
mandons s'il est possible que le Président
inflige au pays qui l'a nommé un gouverne
ment pire que celui dont le pays n'a pas
voulu.
Il n'est pas possible à un pouvoir de man
quera ce point à son origine, quand son
origine est le vœu de cinq millions et demi
de Français. Non, il ne s'est jamais rencon- '
tré de circonstance dans laquelle l'opposi
tion systématique d'une assemblée fût
moins légitime et moins nationale? Que
l'Assemblée donc y réfléchisse. Déférer la
question, au peuple, c'est la solution la plus
pacifique et îa plus républicaine. • -
Le mouvement de reprise., qui.s'était ma
nifesté dans les affaires industrielles et com
merciales à la suite de la nomination du
Président de la République, s'est presque
complètement arrêté ; la confiance,qui com-.
mençait à reparaître, s'est retirée de nou
veau ; les fonds publics ont perdu une gran 7
de partie du terrain qu'ils avaient regagné ;
la décroissance du portefeuille de la Banque
montre que le crédit privé n'est pas dans
une meilleure situation que le crédit public ;
les boutiques se ferment; le nombre des fail
lites, augmenté;. enfin les nouvelles que
nous recevons des centres manufacturiers,
nous apprennent qu'on n'y reçoit plus de
commandes, qu'on n'y voitplus d'acheteurs.
Pourquoi cet arrêt si prompt dans le mou
vement de reprise des affaires? D'où vient
que le commerce cesse d'acheter, quand les
magasins, les mieux approvisionnés jadis,
sont aujourd'hui presque sans approvi
sionnement?; Comment se fait-il _ que la
consommation ne demande pas davantage,
après tant et de si longues privations, et
quand il existe tant de besoins?
Les causes de'ces mécomptes, de ces dé
ceptions, frappent tous les yeux; elles sont
uniquement dans I,à situation politique. Ce
repouvellement- de nos souffrances pro-,
vient de l'attitude prise, par l'Assemblée
nationale vis-à-vis du pouvoir exécutif,
de son obstination à prolongersotf existence,
de la prépondérance qu'elle a clé entraînée
à donner aux républicains rouges, des me*
sures,financières qu'elle n'a pas craint de
voter pour reconquérir une popularité com
promise.
Et, en effet, comment le capitaliste pour
rait-il s'engager dans des opérations de quel
que durée, comment le négociant pourrait-
il songer à remplir ses magasins, comment
le manufacturier pourrait-il fabriquer sans
avoir le placement immédiat~de ses produits,
lorsque chaque jour voit s'envenimer le
conflit qui s'est élevé entre l'Assemblée et le
Présidentde la République,lorsqu'une com
mission vient apporter à la tribune un rap
port aussi violent, aussi agressif que ceM
qui a été lu par M. Grévy, lorsque le pays
se demande comment il sera possible de sor
tir d'une crise aussi périlleuse si l'Assemblée
ne montre pas plus de sagesse et plus de mo
dération? .
Ce qui inquiète surtout le pays dans cette
situation difficile, c'est la fatale condescen
dance à laquelle l'Assemblée se laisse aller
vis-à vis d'un parti qu'elle avai t constamment
contenu jusqu'à ce jour ; on dirait vraiment,
à voir la • composition de certaines commis
sions nommées dans les derniers temps, que
la Montagne a la majorité dans la chambre;
elle semble régner dans les bureaux, et la
réapparition de tous ces noms, plus ou moins
mêlés dans les actes les plus désastreux du
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 29 JANV.
LE CABINET mm.
TROISIEME PARTIE.
" LA GÉORGIENNE. '
CHAPÏTBE XXIX.
LA PARTIE DE TflCTBAC.
(Suite.) . , -
Le lendemain, dans la matinée,' Dubignon
était chez la Géorgienne qui lui parlait nous ne
savons trop de quelle fantaisie & laquelle il ne
voulait pas souscrire, et il était en train de s'é-
cricr :
— Si je laissais faire, on aurait bientôt ache
vé de me mettre au pillage; c'est comme un drôle
qui, hier soir, se proposait de me soutirer une
gomme de vingt mille francs ; mais il faut voir
comme je vous l'ai rabroué I
A cè moment, parait un domestique annon
çant qu'un jeune homme demande audience.
— Et qui est ce jeune homme? — demanda
Dubignon d'un ton brusque.
. — Il dit qu'il est voire professeur de trictrac.
.•— Mon professeur de trictrac? êtes-vous fou?
— Oui, Monsieur, il me l'a répété par deux
fois, ev m'a bien, chargé de le dire à Monsieur..
. — Aiû >ns, encore mon friponeaû d'hier ! —
pensa tout haut Dubignon, et, suivant le domes
tique, il passa dans une pièce voisine où atten
dait Alexis. .
— Savez-vous que la plaisanterie commence à
me lasser ?—dit le financier d'un accent superbe
«t menaçant.—Qu'est-ce que vous prétendez
encore aujourd'hui ? -
— Toujours une lettre à vous communiquer
comme hier.
— Mais je vous ai dit que je ne voulais plus
' Voir nctro numéro du 28 janvier.
Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage,
iKtordiie, «t serait pourrairie comme eonlrefaçon.
parler de ce drôle ni de tes lettres.
— Oui, mais celle-ci n'étant pas de lui et
étant de vous...
■ —Comment! de moi?
— Sans doute, ne m'avez-vous pas dit que
vous lui aviez écrit de bonne encre? Eh bien!
cette lettre, je l'ai lue, et, ayant lu, je trouve,
par ma foi! mon brave homme, que vous êtes
bien imprudent !
— Allons donc, — dit Dubignon en haussant
les épaules, — quand j'ai écrit cc.tle lettre seul
chez moi, que je n'en ai pas fait de brouillon, et
que je l'ai portée moi-même à la poste, vous me
feriez croire que vous lavez lue? '
— Oui, parce que vous êtes jeune, que vous
ne faites pas' attention à ceux qui vous suivent
et qui ramassent lestement les lettres que vous
croyez jeter dans la boîte, quand vous les met
tez à côté. •
— Laissez donc, vous m'auriez bien parlé hier
de cette lettre si vous l'aviez Unue.
— Mais c'est qu|en effet je ne l'avais pas, que
je ne savais pas même devoir la posséder. Vous
ai-je dit que c'était moi qui m'.étais trouvé là
pour profiter de votre bévue?
— Ah çà mais! — dit Dubignon, commençant
de s'épouvanter, — vous êtes donc une bande ?
— Mais oui, — reprit Alexis, — ce pauvre
Desmarets a quelques amis, et, pour lui faire
rendre justice, chacun s'y met un peu.
— Enfin que lui aurais-je donc éérit?
— Parbleu, des choses fort peu encourageantes:
par exemple, qu'à son insu vous étiez parvenu à
faire rentrer dans vos mains celte fameuse preuve
dont il vous menaçait; que d'ailleurs dans quel
ques mois la prescription vous serait acquise, et
qu'en résumé vous vous moquiez de lui.
— Eh bien! si j'avais écrit cela, et que cela
fût vrai?...
— Et bieïi ! mon cher, vous seriez perdu, car
de vos outrecuidances même résulte la preuve
que vous étiez coupable, et, en déposant cette
lettré entre les maijis du procureur impé
rial, vous pouvez voir d'abord ce qui doit arri
ver
— Oui, mais vous ne la déposeriez pas, — re
partit Dubignon, affectant toujours de parler au'
conditionnel, pour avouer du moins qu'il était
possible; —Desmarets a toujours plus d'intérêt
à tirer de moi pied ou aile qu'à me l'aire condam
ner aux galères, car qu'est-ce qui lui en revien
drait?
— D'accord, mais moi qui ne suis pas Des
marets, et qui aurais un vrai plaisir à vous en
voyer là où il a passé cinq des plus belles an
nées de sa vie, je vous proteste que la lettre sera
rémise entre les mains du magistrat avant ce
soir, à moins que vous ne consentiez à faire
tout ce que j'e vous dirai. .
— Ah ça mais ! c'est à n'y plus rien compren
dre ; vous ne venez donc pas de sa part comme
•vous me l'aviez dit? •
— Je viens de la nrenne ; ce sont mes in
térêts dont je m'occupe, et la Providence est
juste ; connaissçz-vous un jeune homme nommé
Alexis Ysthdel, auquel vous avez volé à prix
d'argent une fille nommée Giorgina? —Ce jeune
homme; Monsieur le richard, c'est moi !
— Yôus! alors c'est plus singulier encore;
car il est tout à fait impossible que vous ayez
été déterrer Desmarets dans » les montagnes de
l'Auvergne.
— Il n'est pas nécessaire que -vous compre
niez, — répondit froidement Alexis, — les gens
riches, Monsieur, sont les gens riches, et les
gens d'esprit les gens d'esprit; ils ont leur tour
quelquefois.
— Jeune homme, je suis en vérité désolé de
vous avoir causé quelque désagrément, j'igno
rais que cette femme yous tînt au cœur: on est
venu me la jeter à la tête, et par parenthèse elle
me coûte déjà très cher; mais, enfin, que puis-je
faire pour réparer?.. 1 * '
— D'abord, Monsieur, vous allez faire passer
à votre ami de Mauriac les 20,000 livres qu'il
vous demande. •
— Mais, mon cher Monsieur, puisque' cet
horiime n'est pas même de votre connaissance/
quel diable d'intérêt prenez-vousà lui? •
— L'intérêt du droit et du juste. Cet homme,
comme vous l'appelez, a fait assez pour que
vous ne lui marchandiez pas-ce service, et jé lé
trouve, nioi, bien naïf çtjiipn simple dp ne pas
demander plus.
gouvernement provisoire^ contribue singu
lièrement à entretenir l'anxiçté dâns les es
prits.
Ajoutez à cela l'audace croissante qu'on
remarque dans le langage des journaux ré
volutionnaires et des réunions démagogiques,
ces appels aux plus détestables passions, ces
apologies de la guerre civile et ces justifica
tions de l'assassinât ; et si, en présence de
pareils excès, on place le vote par lequel
l'Assemblée vient de repousser l'urgence de
la loi contre les clubs, on ne s'étonnera
"pas, certainement que la-confiance et le tra
vail soient encore une fois paralysés. Les af
faires n'avaient commencé à se ra'nimer qué
parce qu'on avait vu dans la grande élection
du 10 décembre l'avènement d'unfe ère nou
velle, qui.allait nous déliver définitivement
de l'anarchie et nous rendre la sécurité à
tous, en nous replaçant sous un gouverne
ment régulier ; mais où sont aujourd'hui les
garanties de la tranquillité publique, lorsque,
malgré les déclarations formelles du pouvoir
exécutif, on laisse encore subsister ces réu
nions périodiques, écoles de désordre et de.
violence, où une minorité factieuse s'orga
nise et se discipline pour l'insurrection ?
Ce n'est pas tout encore : à ces motifs
d'inquiétude vient se joindre le bon accueil
fait par l'Assemblée à des projets qui doi
vent achever de porter la perturbation dans
nos finances : on a réduit l'impôt du sel des
deux tiers ; l'impôt des boissons est violem
ment attaqué, et la commission appalée à pro
noncer sur son sort, nomme pour président
celui-là même qui propose de l'abolir. Pendant
que chaque jour; amène une attaque contre
les revenus publics, et vient déprécier le gage
sur. lequel repose le crédit de l'Etat, il sur
git, d'un autre côté, des propositions, qui,
sous le prétexte d'opérer des économies ra
dicales dans le budget, tendent à désorga
niser les services et â priver le Gouverne
ment des moyens d'administration ' qui lui
sont nécessaires pour assurer l'honneur et la
sécurité du pays : c'eit-à-dire que nous som
mes menacés de voir-nos ressources subir
encore des réductions nouvelles, la cônfu-
" sion et le désordre -pénétrer dans notre'
organisation administrative et sociale, et le
crédit public disparaître au milieu de la
perturbation qui en résultera dans nos finan
ces ; c'est ce que nous souhaitent, du reste,
les journaux révolutionnaires, qui appellent
à grands cris !a banqueroute géQéraîe coniine
le seul moyen de liquider la vieille soçiété.
Ainsi, on le voit, tout le mal provient de ce
que l'Assemblée, aprèss'êtrefourvoyée dans
l'élection du i 0 décembre, semble oublier au
jourd'hui la mission d'ordre et de réparation
qui est sa mission véritable, et qu'elle avait
si bien commencée. Après avoir constitué
le gouvernement, elle lui fait obstacle, elle
lui refuse son concours et elle crée un
conflit qui reste sans issue, si elle ne veut
pas eu appeler à la souveraineté populaire;
après s'être séparée avec éclat des républi- j
caics^raiges, elle s'appuie sur eux pour
combattre le parti modéré-dans lequel elle ;
cherchait autrefois sa force; après avoirs
agi avec vigueur contre l'anarchie, elle lui
laisse le champ libre dans k:s clubs où l'on
recrute pour l'émeute et où l'on fomente
l'insurrection ; après avoir essayé de réta
blir l'ordre dans nos finances et de rele
ver le crédit en abrogeant là plupart des
décrets 4u Gouvernement provisoire, elle
accueille des projets dont le résultat est
d'amoindrir les sources du revenu et de
porter le désordre dans les services publics.
C'est tout cet ensemble d'hostilités contre le
pouvoir, de funestes tendances, de mau
vaises mesures, de propositions désorganisa-
trices, qui explique l'anxiété générale en
même temps que la reqhute des affaires et
du crédit.
' cérité, à la réalité du Gouvernement repré-
sentàtif, mais comme une violation flagrante
de la souveraineté populaire. Selon ce parti,
le mandataire n'a pas le droit de cacher au*
mandant l'usage qu'il fait du mandat qu'il
a reçu, et les électeurs doivent connaître
jour par jour le vote de ceux qui les repré
sentent. Au début même de la session ac
tuelle, quand on discutait le règlement, nous
avons entendu sur ce thème de fort beaux
discours, et le parti démocratique pur s'est'
levé tout entier pour l'abolition absolue du
scrutin secret.
Cependant, voici que ce scrutin secret, si
honteux, si contraire aux droits du peuple ,
devient tout-à-coup l'arme favorite et la res
source dernière du parti démocratique pur.
Voici qu'au mépris de ses principes, au mé
pris de ses erigagemens, il n'hésite pas à s'en
servir à la veille des élections j c'est-à-dire
quand le peuple a plus que jamais intérêt à
connaître les votes de ses représentans.
A quoi cela tient-il et comment expliquer
cette misérable palinodie? Nous le dirons
franchement : Le parti démocratique pur,
malgré sa jactance, malgré le tapage qu!il
fait, sait-fort bien que l'opinion publique
la vraie opinion publique est contre lui, et
que le suffrage universel est à la veille de le
condamnér. Il sait, en outre, qu'il y a dans
l'Assemblée actuelle une intrigue dont le but
unique est de renverser le ministère "et qui
n'aime pas à se produire au grand jour. Le
parti démocratique pur veut donc fournir
à ses amis et alliés le moyen de voter d'une
façon et de dire qu'ils ont voté de l'autre. Il
veut leur fournir le moyen de concilier ainsi
leur passion et leur intérêt électoral. C'est
une tactique bien digne du parti démocra
tique pur et qui achèvera de le signaler à
l'estime et à la reconnaissance du pâys.
Nous pouvons d'ailleurs annoncer que
des mesurés sont prises pour que, dans la
grave discussion qui doit s'ouvrir demain,
cette tactique soit déjouée. Déjà 310 mem
bres du paiti modéré ont signé une liste
pour demander le scrutin de division. Si,
comme cela paraît certain, le parti démo
cratique pur oppose à cette demande une
demande de scrutin secret, le parti modéré
exigera, comme le règlement l'y autorise,
que ce vote ait lieu par appel nominal, de
manière à co»que les noms des absens W
des abstcD;:;!:» puissent êirc parfuilenienlcon
nus. Quas^t aux 'membres' qui /voteront, i!
sera aisé, soit par leur propre déclaration,
soit autrement, de les classer dans l'une ou
l'autre des catégories. Cela s'est fait ainsi
sous le dernier gouvernement jusqu'à l'épo
que où le scrutin de division a prévalu, et
rien n'empêChera d'employer les mêmes i
moyens.
En définitive, lè parti démocratique pur
ne gagnera donc rien à démentir, à abjurer
misérablement ses principes et ses'paroles.
Quant à l'intrigue, elle aura beau faire, il
faudra qu'on la voie en face et à visage dé
couvert. . ■ ..
but "d'abréger sa durée, en diminuant le
n'ombre des lois "organiques. M. Grévy pré
tend que la dignité de l'Assemblée né lui-
permet pas .de tenir compte des manifesta
tions de l'opinion, publique; elle exige,que
l'Assemblée, en prenant sa décision, ne pa
raisse obéir à aiicune autre influence que
ceile' de Son bon plaisir* Voilà les conseils
que l'on dofiae, le 25 janvier, à l'Assemblée
nationale, aux grasds applaudissemens.de
nos Montagnards. Comment parlait M. Mar-
rast le 9 novembre, dans son rapport sur le.
décret faisant énumération des lois organi
ques?.. •-
M. Marrast rappelait qu'il avait été ques
tion d'énumérer dans la Constitution même
les lois organiques, ce qui eût imposé à l'As
semblée actuelle l'obligation de faire elle-
même toutes les lois comprises dans cette
énumération. Cette considération est préci
sément ce qui fit renvoyer à un décret par
ticulier et révocable l'énumération des lois
organiques; et voici comment M. Marrast
résumait les motifs qui avaient déterminé
la décision de la coiïimission de Constitu
tion, et la décision conforme de l'Assemblée
nationale :
« II nous parut qu'une Assemblée constituante
devait toujours conserver la liberté de son action;
que cette action elle-meine devait fitre subordonnée
aux intérêts du pays; qu'il y aurait'quelque impru
dence à la gêiier par un engagement constitution
nel, de telle sorte qu'elle ne pût ni prolonger, ni
abréger sa. propre durée, suivant que les événe-
mèns, l'état de l'opinion, le sentiment de son devoir
le lui commanderaient. » . ' . _
On sait qu'à toutes lés époques, le parti
de la démocratie pure a flétri le vote secret,
non-seulement comme une atteinte à. lasin-
II faudrait fermer les yeux à la lumière
pour ne pas voir que l'Assemblée nationale
est sous la domination de la fraction ardente
qui, vaincue au 10 décembre, veut ressaisir
par l'intrigue le pouvoir que fa volonté des
électeurs lui a fait perdre. Cette fraction
s'adresse aux susceptibilités de l'Assemblée;
elle fait appel à l'orgueil des uns, aux cal
culs intéressés des autres pour entraîner la
représentation nationale en sens contraire
du mouvement populaire. Si l'on veut se
rendre un compte exact du chemin que l'As
semblée adiéjafait dans cette voie funeste,
il suffit de comparer les deux rapports de
M. Grévy sur la proposition Rateau avec le
rapport de M. Marrast sur le décret relatif
aux lois organiques.
M. Grévy conclut, non-seulement à ce
que l'Assemblée ne détermine point à l'avan
ce l'époque de sa séparation, mais à ce qu'el-
le repousse toute proposition qui aurait pour
Aiasi le 9 novembre on posait en principe
que l'Assemblée devait réserver là liberté
de' son action de manière à n'être point con- '
trainte à accomplir une tâche que les cir
constances rendraient inopportune. Aujour
d'hui on vient dire à l'Assemblée qu elle- est
liée par le décret du 12 décembre, et qu'elle
est dans l'obligation absolue de faire les dix
lois organiques. Le 9 novembre il paraissait
à l'Assemblée qu'il y aurait imprudence à
gêner son action par un engagement consti
tutionnel qui ne lui permettrait pas d'abré- '
ger ses travaux conformément aux intérêts
du pays : aujourd'hui on allume à l'Assem
blée qu'elle, a commis sciemment cette im
prudence contre laquelle son boa.sens s'était
révolté. Au 1) novembre, la. commission de
Constitution disait, et l'Assemhléç admeU.iit
qu'on devait tenir compte des evenemens-, au
jourd'hui, on vient dire que l'élection du .10
décembre, et l'antagonisme des préférences
du pays avec les préférences de la majorité
de l'Assemblée, ne sont point des élémens
qui doivent en rien entrer dafls la décision
de l'Assemblée sur Sa propre durée. Au 9
novembre, on subordonnait la durée de .
l'Assemblée aux intérêts du pays xst'à l'o
pinion publique, aujourd'hui on vient
dire aux. représentans de fermer l'oreil- «
le à la voix des électeurs, de traiter com
me des actes de rébellion toutes les ma
nifestations des sentimens populaires, et les
é'ecteurs sont assimilés à des factieux.
On peut juger, par la différence des lan
gages, le chemin que l'on a fait faire à la
Constituante dans les deux mois qui vien
nent de s'écouler. Lés représentans ont mar
ché en sens inverse de l'opinion publique, et
la situation s'est empirée à mesure que cette
dissidence est devenue plus profonde et plus
manifeste. L'Assemblée nationale est entre
deux conseils. Lequel va-t-elle suivre, de ce
lui que lui donnait la commission de Consti
tution dans des jours de calme, et en de
hors des querelles de partis, ou de celui que
lui donne aujourd'hui,-au milieu des agita
tions et des luttes, une commission, organe
des violences et des colères d'un parti vaincu
et désireux de prendre à tout prix une re
vanche?
Le conseil des ministres s'est réuni aujour
d'hui à l'Elysée National. .
Sur le compte , que les ministres lui ont
rendu des incidens de la séance d'hier, M. le
—Peste! il paraît qu'il ne ferait pas bon avoir,
avec vous, des affaires. Yous jouez-serre. Enfin,
passons ; 20,000 livres pour Desmarets. Après?
; — Après, vous me conduirez chez votre maî
tresse, et, moi présent., vous lui signifierezqu'el-
le ait immédiatement à quitter votre hôtel et à
ne plus compter sur aucune espèce de relations
avec vous.
—Par ma foi, vous ne pouviez rien me deman
der de plus faisable. Cette fille est ruineuse, cl
il y a déjà long-temps que je songeais à m'en
dépêtrer.
— Vous voyez, cela se trouve à merveille
seulement, cette expédition faite, pour en finir
convenablement avec elle, vous lui constituerez
une rente viagère de deux mille écus.
— Deux mille écus ! y pensez-vous! un capi
tal-dé 120,000. fr. !
—Mais qui vous reviendra à ]a mort de la do
nataire. ' .
— A'sa mort! J'ai soixante-cinq ans, et elle
en a vingt à peine.
—Eh bienl ce sera pour vos héritiers. Du res
te, 120,000 fr. d'une part et 20,000 fiv de l'au
tre, cela ne fait encore que 140,000 fr.
— Que cela? vraiment ! On voit bien, jeune
hoinmé, que c'est avec la bourse des autres que
vous faites vos générosités.
■ — Ah ! — dit Alexis négligemment, — il y a.
encore un petit article : vous avez auprès de
Giorgina, en qualité de dame de compagnie, une
personne qui va se trouver sans position, : je lui
porte quelque intérêt.
Qui? Ilerminic Daliron, une coquine qui a
mené toute l'affaire de l'enlèvement de votre
maîtresse, qui est cause que j'ai eu un tort en
vers un homme de votre valeur ? Avoir quelque
souci d'une créature pareille ! vous n'y pensez
pas.
— Oui ; mais faites attention que vous n'êtes
pas sans quelques torts vis-à-vis d'elle. Après
avoir abusé de sa jeunesse, vous l'avez, un peu
lestement, il faut en convenir, envoyée mourir à
l'hôpital. Or, puisque je vous liquide, il faut bien
aussi tenir compte de ce procédé, et il me sein
])le qu'une pension viagère de 3,00Q livres. ^
— Alors , mon cher, dites tout de suite que
vous voulez me ruinelf
— Mais non , — ne nous passionnons donc
pas comme ça: 440 et 60, cela fait tout juste
200,000 livres, et vraiment, pour un homme
comme vous, c'est ùne hagatellc.
— 200,000 fr. une bagatelle ! et puis votre
part encore,' dont vous ne m'avez pas parlé.
— Moi, je ne vous demande rien.
— Quoi vraiment?
— Sans doute, et croyez-vous que le plaisir
de voir répandre autour de vous tant de bien
faits, ne me sera pas une bien douce récompense?
Seulement il faut" que nous convenions bien de
nos faits : vous allez d'abord mettre Giorgina
hors de chez vous.
— C'est entendu.
— Ensuite, vous prendrez sur la poste un
mandai de 20,000 francs, qu'en ma présence
vous expédierez à Desmarets.'De plus, vous fe
rez disposer chez le notaire les deux contrats de
rente viagère dont nous venons de convenir, et
vous mè les remettrez.
— Et vous, en échange de touteeque/aî/raw
fait là?
— Je vous restituerai la dangereuse lettre, et
vous promettrai sur l'honneur la plus.inviolable
discrétion. Seulement, je vous en préviens, si je
venais à apprendre que, de près ou de loin, vous
fissiez la moindre démarche pour revoir Gior
gina, alors la guerre recommencerait, et vous
voyez si je Buis un ennemi à mépriser, d'autant
que rien ne m'empêcherait de me mettre en
rapport avec votre ami de Mauriac, qui, aidé de
mes" conseils et de mon assistance, me paraît un
personnage à vous faire voir du pays.
— Enfin,—dit plaisamment Dubignon, qui ne
marchandait pas avec le sacrifice où il n'y avait
rien à débourser; — nous pouvons toujours
commencer par vous donner satisfaction et aller
mettre dehors cette volage qui vous a trompé.
— Non, — répondit Alexis, — c'est un plan
tout entier que j'ai cii l'honneur de vous sou
mettre et je ne veux pas opérer isolément : de
main' matin, à pareille heure, j'aurai le plaisir
de vous revoir, yous aurej; tout fait disposer, et
alors rien ne nous empêchera de terminer.
—Ecoutez-moi j jeune homme,— dit Dubignon
en voyant Alexis prêt à sortir, — vous cédez ici
à un sentiment chevaleresque, vous voulez me
forcer à gaspiller mon argent pour une foule
d'êtres peu intéressans et ne songez pas à vous,'
dans tout cela. Faisons mieux; laissons de côté
toute celte vile engeance, et, de vous à moi, ac
ceptez 50,000 livres que je m'offre à vous comp
ter séance tenant. 50,000 francs, c'est un joli
denier !
t-— Oui, — répondit, en riant, Alexis, — c'est
justement le quart de 200,000 livres ; mais, ré
flexion faite, je m'en tiens à mon premier .dire;
ainsi c'est entendu ; à demain.
— A demain, soit, — repartit Dubignon, et
en lui-même il ajouta : — vingt-quatre heures,
c'est encore long, et, sans qu'il y paraisse, on a
le temps de se retourner.,
CHAPITRE lOvX,
SARDANAPALE.
Quelquo chose pourra donner une idée du bel
ordre et de l'habile direction qui présidaient en
ce temps là à l'administration du Cabinet noir.
Tout en s'ingéniant, pour deviner la manière
dont son persécuteur s'était emparé de ses lettres,
Dubignon ne se douta pas qu'un procédé d'ordre
public pût lui expliquer cette soustraction. Le
fait est qu'à cette époque, très peu de- gens a-
vaient seulement soupçon de ce rouage de gou
vernement. Le bruit du canon et celûi de là
gloire éteignaient tous les autres ; d'ailleurs il ea
est ainsi de toutes les machines bien construi
tes et bien manœuvrées, elles fonctionnent placi
dement et sans fracas; aujourd'lni, deux roues s.
aubes et. une simple machine à vapeur font sileo- *.
cieusement plus de travail, que les quatorze
roues, les vingt-huit manivelles, les cent trente
six pompes foulantes et aspirantes, constituant
autrefois l'étourdissant appareil de feu 1^ machi
ne de Marly. '
Il en était tout autrement de h police propre
ment dite. Par la grande 'réputation que s'était
créée Fouché dansi celle partie , tout en faisant
peu de besogne, témoin l'affaire de Malet, où
elle avait joué un rôlç si ridicule, la police im-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 85.24%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 85.24%.
- Collections numériques similaires Bixio Jacques Alexandre Bixio Jacques Alexandre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Bixio Jacques Alexandre" or dc.contributor adj "Bixio Jacques Alexandre")Beaussire Ludovic Beaussire Ludovic /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Beaussire Ludovic" or dc.contributor adj "Beaussire Ludovic")
- Auteurs similaires Bixio Jacques Alexandre Bixio Jacques Alexandre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Bixio Jacques Alexandre" or dc.contributor adj "Bixio Jacques Alexandre")Beaussire Ludovic Beaussire Ludovic /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Beaussire Ludovic" or dc.contributor adj "Beaussire Ludovic")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6684652/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6684652/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6684652/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6684652/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6684652
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6684652
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6684652/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest