Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1849-01-21
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Description : 21 janvier 1849 21 janvier 1849
Description : 1849/01/21 (Numéro 21). 1849/01/21 (Numéro 21).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
DIMANCHE SI JANVIER<1849.
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M. Btfalay (de la Meurthe), qui, avait été
porté le premier siir la liste des trois noms
1 présentés aux suffrages de l'Assemblée par le
•Président de "la République, a été élu au
jourd'hui, à, la majorité de 417 voix contre
' 277, données à M. Vivien. Conformément
à ce qui avait été décidé hier dans la réu-
: inion de la rue : de Poitiers, les membres de
cette réunion ont voté pour M. Boulay (de
la Meurtlie). Les voix données à.l'honorable
M. Vivien sont celles des amis qu'il compte
ilâns toutes les opinions, et sans doute aussi
celles des représentons qui s'étaient déclarés
avec le plus d'ardeur les défenseurs et les
appuis de l'administration du général Ca-
vaignac, dont M. Vivien faisait partie.
Nous avons dit ce que nous pensions de
chacun des hommes qui figuraient sur la
. liste présentée à la chambre. À quelque choix
qu'on se fût arrêté, il ne pouvait être que
digne d'approbation. M. Boulay (de la
Meurthe), après avoir prêté serment, en
qualité de vice-président de la République,
a lu un discours plein de respect pour les
institutions républicaines, et de reconnais-
- eance et pour le Président, dont H est l'an-
cienjami, et pour l'Assemblée, qui venait de
le désigner par ses suffrages. Plusieurs pas
sages de ce discours ont été unanimement
; applaudis.
Cet incident terminé, l'Assemblée natio-
; nale a commencé la discussion du projpt de
loi qui convoque la haute cour nationale à
' Bourges, pour y juger les prévenus de l'at
tentat du 15 mai. Après quelques paroles
, de M. Lagrange, toujours inquiet de sa pro
position d'amnistie, M. Eugène Raspail est
monté à la tribune pour lire un long dis
cours contre le projet de loi. M. EugèneRas-
pail conteste à l'Assemblée nationale le droit
i de saisir la haute cour de justice de l'affaire
du 15 mai; les prévenus, malgré les carac
tères particuliers de l'attentat dont ils sont
accusés, ne lui paraissent justiciables que
, du jury, et du jury parisien. Le jury pari-
- Bien, par son intelligence> par ses connais
sances spéciales, lui semble seul enélatd'ap-
' précier la nature et la portée véritable des
' faits, et le Gouvernement, en convoquant la
j haute cour à Bourges, fait à la- fois preuve
-•d'inintelligence, de mauvais vouloir pour
les accusés, et de défiance pour la population
• parisienne. M. Raspail se porte garant de
; la tranquillité de Paris, et avec cette modé-
i talion et cette réserve qui signalent les hom-
,,ines de son parti, il ajoute que Paris donne
I tous les jours la mesura de sa patience en
tolérant la présence au pouvoir des ministres
actuels.' -
M. Bonjean a eu le bon goût de laisser de
- côté toutes les déclamations, aussi violentes
; que froidement rédigées, de M. Eug. Ras-
i pàil, et de s'en tenir à réfuter les arguties
; Juridiques 'sur lesquelles était étayé ce fac-
! tum.M.Bonjeann'a pas eu depeineà démon-
- trer que le projet de loi ne violait aucun
îles principes du droit, qu'il était l'applica
tion de Ja. Constitution, et que, conformé-
1 Suent à la Constitution, l'Assemblée avait le
droit et le devoir de saisir là haute cour de
-justice d'un attentat contre la représentation
nationale.
M. Bonjeau a terminé son discourspar un
argument décisif ; il a rappelé que lors de la
- discussion de la Constitution^ un des orateurs
' fie la Montagne avait présenté un amende
ment portant que la haute cour de justice ne
pourrait connaître que des faits postérieurs
•" à la promulgation de la Constitution, et qu'il
s avait appuyé cet amendement sur le désir de
àè pas enlever les prévenus du 15 mai à la
• juridiction d.u jury. L'Assemblée nationale,
■ en repoussant l'amendement, préjugeait donc
déjà la question qui lui a été soumise au
jourd'hui, et elle la résolvait dans le même
gens que le projet de loi.
Néanmoins M. Ledru-Rollin a cru devoir
iïionter à la tribune pour essayer d'em-
brouiller ce qui était clair pour tout le mon-
- de, et de sa voix caverneuse il a développé
avec lajnonotone solennité qui lui est ha-
bituelle une foule d'arguties et de subtilités
. juridiques à faire envie au plus retors dès
plaideurs manceaux. Mais à légiste, légiste
■ et demi : M. Dupin aîné, avec sa vigueur de
'l'ogique, est allé droit au fond delà question,
et il a fait justice en quelques paroles du
• fragile édifice laborieusement élevé par M.
- Ledru-Roliin.
; Il a suffi à M. Dupin de rappeler la dis-
! iinclion que lui-même avait fait valoir au
; sein de l'Assemblée entre la législation et la
juridiction. Une loi qui met au rang des dé
lits, un fait qui n'était pas ainsi qualifié au
paravant, ne peut atteindre aucun des faits
f Semblables commis avant sa promulgation.
! Voilà le fond du droit ; mais il ne s'ensuit
les lois qui ne touchent qu'aux for-
'iKes de là justice, au caractère des juridic
tions, à la procédure enfin, ne doivent pas,
être exécutées > même quand les faits qui'
motivent la comparution des accusés, sont
antérieurs à la promulgation de ces lois.
Il est. évident que quand un tribunal
prend une nouvelle forme, ou qu'un tri
bunal succède à un autre, c'est le nouveau
tribunal qui devient compétent à la place
de l'ancien. Cela est plus évident encore
quand la loi a changé là procédure pour la
perfectionner et pour ajouter aux garanties
de la défense. Il existe probablement dans
les prisons plus d'un prévenu, accusé de dé
lits qui sont antérieurs à la promulgation
de la nouvelle loi sur le jury ; personne ne
prétendra au nom de là non-rétroactivité
qu'il faille faire comparaître ces prévenus
devant un jury choisi d'après l'ancienne loi.
C'est le caractère du délit qui détermine la
juridiction , et c'est le caractère de l'atten
tat du 15 mai qui rend justiciables de la
haute cour les hommes accusés d'y avoir
pris part.
La Montagne n'a pas tardé à montrer
par son irritation qu'il n'y avait rien à ré
pondre à l'irrésistible argumentation de M.
Dupin. A mesure que les raisons abondaient
plus fortes et plus décisives, elle éclatait en
cris inarticulés, en interruptions injurieu
ses , en murmures bruyans; elle entrepre
nait de couvrir la voix de l'orateur. Ce côté
de l'Assemblée nous a prouvé depuis long
temps que les menaces et les clameurs : lui
sont plus familières et plus faciles que les
raisons : heureusement il n'a point encore
fait voter à litre de loi organique que la
vigueur des poumons serait la mesure des
hommes politiques.
On aura peine à croire que lorsque M.
Dnpin a caractérisé avec une légitime indi
gnation l'attentat du 45 mai, ceux qui s'in
titulent les républicain^ par excellence ont
cru devoir protester contre la sévérité de
ses paroles; et, qu'à en juger par la vivacité
de leursréclamalions, ils paraissaient ne plus
voir qu'une peccadille dans la violation de
la représentation nationale. Cette dernière
palinodie n'est pas la moins digne d'eux.
Après le discours deM. Dupin, nombre de
voix réclamaient la clôture, mais M. Jules
Favre a demandé la continuation de la dis
cussion; et le président alevé la séance sans
consulter l'Assemblée. Le débat recommen
cera donc lundi.
La violence du langage tenu journelle
ment dans certains clubs est extrême. Cela
est constant ; c'est d'ailleurs une de ces cho
ses dont on peut dire ; Je ne le sais pas,
mais je l'affirme. La passion, portée à l'excès^
est la nature même de ces sortes de réunions;
Quand on songe aux scènes tumultueuses
qui se passent qufelquefois au sein des gran
des assemblées qui sont la représentation lé
gale, régulière d'un pays, on juge facilement
de l'abus qui se doit faire de la parole dans
ces parlemens de fantaisie, où des orateurs
sans mandat s'adressent à un auditoire avide
d'émotions, et accouru,'.la plupart du temps,
dans l'unique but de se repaître de scanda
les. Il y a d'habitude émulation de violence
entre les différens clubs démocratiques, le
succès est à l'audace, et celui dans lequel on
ose le plus est le plus suivi. Il a fallu sup
primer les clubs en armes. C'étaient ceux,
on s'en souvient, qui excitaient la curiosité
la plus ardente. Aujourd'huisicene sontplus
les orateurs eux-mêmes qui sont armés en
guerre, ce sont les discours. Fréquemment
ces discours sont déférés aux tribunaux
comme des délits. Fréquemment aussi la jus
tice est impuissante, faute de pouvoir saisir
le corps de ces délits dans des procès-verbaux
nécessairement incomplets. L'opinion publi-?
que s'inquiète, et on se demande s'il ne con-
viendrait^pas de supprimer les clubs.
Cette question a été traitée par plusieurs
journaux. Nous ne nous étonnerions pas
qu'on s'élevât contre la suppression des
clubs, au nom de la liberté, ou plutôt au
nom des idées théoriques de liberté. Mais
que des amis de l'ordre cherchent à prévenir
une telle mesure dans l'intérêt de la tran
quillité publique, et pour le repos de notre
société, voilà ce qui nous semble un dan
gereux paradoxe. Cette thèse a trouvé des
écrivains pour la soutenir, c'est celle que
nous voulons combattre. Si les clubs étaient
supprimés, nous ne croyons pas que la li
berté eût à se plaindre.' Selon nous, la
liberté des clubs est une liberté anârchi-
que de sa nature, qui coûte plus qu'elle ne
rapporte, et qui conduit presqu'infaillible-
ment de la licence à l'arbitraire. Mais sur
quelle raison peut-on se fonder pour pré
tendre que l'ordre, la sûreté du pays au
raient à s'inquiéter, si ces foyers d'agitation
politique étaient éteints.
Voici ce qu'on dit : Supprimez les clubs,
vous faites naître immédiatéinent* les socié
tés secrètes. Si cela était vrai, si, en effet, les
agitateurs chassés des clubs se réfugiaient
inévitablement dans les sociétés secrètes,
resterait à examiner si ces dernières sont en
effet plus, dangereuses que les premiers.
Nous en doutons fort. Nous savons bien
qu'on dit que la liberté des clubs est une
soupape qui laisse échapper le trop plein de
la vapeur révolutionnaire. Nous croyons ,
nous, que c'est plutôt un soufflet qui, en
attisant le feu, augmente l'intensité de cette
vapeur, et lui fait produire des explosions.
On dit aussi que les clubs sont un danger
qui se voit, tandis que les sociétés secrètes
sont un danger qui ne se voit pas, et que
celles-ci sont par conséquent un dangér plus
grand. Tout cela est contestable. Il y a tel
ennemi qui, tout en «l'attaquant à visage
découvert, est plus à craindre qu'un enne
mi qui se cache. Un club, par exemple, qui
prêchera tous les jours la sédition à des ou
vriers irrités par le chômage et la misère,
est assurément plus redoutable que des con
ciliabules occultes, dont l'action, si elle
échappe au Gouvernement, est du moins
très gênée au préjudice des sociétaires. Est-
il vrai d'ailleurs que ces sociétés secrètes
échappent au Gouvernement? On rappel
le qu'elles ont souvent attaqué les anciens
pouvoirs, qu'elles les ont même renversés.
Est-ce donc parce qu'on ignorait leur exis
tence? Non. Le dernier gouvernement, par
exemple, les connaissait, mais il les a trop
dédaignées. Ce n'est pas sa surveillance qui
a été en défaut ; il les a découvertes, il n'a
pas su les réduire à l'impuissance.
Nous ne pousserons pas plus loin ce pa
rallèle. Car il est inutile, car il n'est nulle
ment exact de dire que les sociétés secrètes
ne se forment que quand la liberté des clubs
a cessé d'être. Les clubs et les sociétés se
crètes vont très bien de compagnie. Les agi
tateurs se servent simultanément de ces deux
puissans moyens d'attaque. Loin même que
l'existence des clubs ait pour conséquence la
suppression des sociétés secrètes/ on peut
affirmer que ceux-là sont un excellent
moyen déformation pour celles-ci, et le plus
énergique auxiliaire. On peut presque ad
mettre comme règle générale, que le bu-
reau d'un club est l'état-major d'une société
secrète.
Le club est le lieu de recrutement pour .
ces mystérieuses sociétés. Les auditeurs assi
dus sont bientôt des associés. Est-ce que ce
n'est pas le bureau d'un club qui menaçait
le Gouvernement et la société de la ven
geance dés sections organisées? Il ne faut :
donc pas dire que là où il y a des clubs , il
n'y a pas.de sociétés secrètes ; ces dernières
trouvent au contraire dans les clubs l'avan- •
tage d'avoir une agence publique.
Il no faut donc pas défendre les clubs au
nom des intérêts de l'ordre et de la sécurit é
sociale. Qu'est-ce à vrai dire qu'un club ?
Est-ce un foyer de lumière? Non, sa clarté
ne rayonne pas assez loin pour cela. C'est
un foyer d'incendie; les partis s'en sonttou-
joursserviscomme d'une machine de guerre.
Les clubs servent à détruire, et non à con
solider. Quand il a fallu renverser de vieilles
institutions, les Montagnards de notre pre
mière révolution ont fondé leurs puissans
clubs. Quand ils ont cru la république fon
dée, ils ont fermé les clubs pour la main
tenir ; et c'est un Montagnard qui est venu
triomphalement porter sur la tribune de la
Convention, la clé du club des Jacobins dont
la porte venait d'être fermée.
L'institution de chambres consultatives
de l'agriculture, proposée par M. Tourret,
a été parfaitement accueillie en principe par
le,comité de l'agriculture, qui a vu dans
cette institution la mise à exécution d'une
pensée depuis long-temps en faveur parmi
les cultivateurs éclairés; sur un point seule
ment, ainsi que nous l'avons dit, un dissen
timent profond s'est manifesté dans le sein
du comité, et a survécu à de longues discus
sions qui ont donné lieu successivement à
des votes opposés; la question était de savoir
si les chambres consultatives seraient orga
nisées par arrondissement, comme le portait
le projet ministériel, ou par département,
comme le proposait un certain nombre de
membres; après des débats prolongés durant
plusieurs séances, le comité avait chargé une
commission de sept membres dé faire un
rapport; cette commission avait conclu, à
l'unanimité, en faveur des chambres de dé
partement; mais, à la majorité dé 18 voix
contre 16, le comité abandonna ses décisions
précédentes, repoussa la proposition de la
commission, et revint au projet ministériel,
c'est-à-dire aux chambres d'arrondissement.
Le rapport, qui a été présenté par M. De-r
zeimeris et qui vient d'être distribué, expose
tout au long les argumens qui ont été déve
loppés de part et d'autre.
•:..V Ce qu'ont fait surtout. valoir les partisans
^des chambres par départemens-, c'est qu'il
fallait donner une circonscription étendue à
ces représentations agricoles, afin de consti
tuer quelque chose de fort et de capable
d'exercer une influence décisive sur le déve
loppement de la richesse nationale ; suivant
eux, de modestes réunions de six ou huit
agriculteurs au siège de la sous-préfecture ne
sauraient remplir un but aussi élèvé ; il faut
que les représentans soient placés hors du
cercle de leurs relations habituelles et au
milieu d'une assemblée imposante ; c'est pour
cela que les conseils généraux ont acquis
tant d'importance, tandis que les conseils
d'arrondissement sont morts d'inanition.
Les partisans^ de l'organisation par-arron
dissement, ont'répondu qu'il fallait se pla
cer au point de vue pratique ; que le véri
table agriculteur ne quitterait pas volontiers
son exploitation pour plusieurs jours ; qu'on
ne pourrait l'attirer dans les conseils que
près de chez lui et pour peu de temps ; que
les chambres d'-arrondissement sont les plus
propres à donner de bons renseignemens sta
tistiques ; que les chambres de département
tendraient à devenir des conseils généraux
au petit pied- et à entraver l'administration
en s'occupant de questions qui pouvaient se
toucher par beaucoup de points.
Le résultat final a été l'adoption, par le
comité d'agriculture, d'un système qui or
ganise les chambres consultatives par ar
rondissement, pour leurs travaux ordinai
res et leurs attributions spéciales, et qui les
réunit une fois par année en une assemblée
générale au chef-lieu du département, tant
pour l'élection des membres du conseil gé
néral d'agriculture que pour l'examen des
questions d'économie politique ou de légis
lation agricole sur lesquelles ce conseil de
vra être appelé à délibérer.
La commission chargée d'examiner les comp
tes du Gouvernement provisoire s'est consiituée
aujourd'hui. Au troisième tour de scrutin, M.
Germain Sarrut a été nommé président parle
béaélice de l'âge. M. Ddbets a été nommé se
crétaire.
La commission s'est divisée en trois sous-com
missions. ,
La première a élu M Théodore Ducos prési-r
dent, et M. lîavoux secrétaire. Elle est chargée
d'examiner les comptes des ministères de l*inié4-
rieur, de la justice et de la marine. i
La seconde a élu M. Fould président et M:
Emmery secrétaire. Elle est chargée de l'examen
des ministères des finances, des travaux publicè
et du commerce. i
La troisième a élu M. Comandré président ej;
.M. Delbets secrétaire. Elle doit examiner leà
conîptes des ministères de la guerre, de l'instruc
tion publique et des cuites et des affaires étranf
gères. !
La sous-commission à laquelle appartient la
vérification des comptes de l'intérieur aura unè
tâche laborieuse. Nous ne doutons pas du zèle
qu'elle mettra à l'accomplir. M. Ducos, qui-Ia pré
side, a exprimé dans le 10* bureau l'opinion que
les comptes du Gouvernement provisoire doivent
être examinés avec une attention à la fois im
partiale et sévère : que dans l'intérêt du paysj
de l'Assemblée nationale et surtout des mem
bres du Gouvernement provisoire, il était désir
rable de descendre dans l'examen des moindres
détails, comme cela a déjà été fait pour les fonds
secrets, afin d'établir publiquement que si dè
grandes irrégularités ont été commises, il n'y à
eu du moins aucune espèce de malversations. !
M. Aubry a fait au comité des finances son
rapport sur le crédit supplémentaire demandé
par M. le ministre de la marine pour le paie
ment des créances comprises dans les exercices
clos. Le rapport a été admis par le comité.
F
Le comité des finances a entendu le dévelop
pement de la proposition de M. Chavoix, qui a
jour but de rembourser en rentes 3 et 5 %
'impôt des 45 centimes.
Une vive discussion s'est engagée. Les mem
bres qui ont pris la parole, et M. Fould surtout\
ont combattu tres.vivement cette proposition et
en ont montré les dangers pour l'avenir de nos
finances. Elle aurait pour résultat dé faire bais
ser les fonds et d'apporter dans le pays la plus
grande perturbation ; ce serait un remède pire
que le mal. Plusieurs orateurs étant encore ins
crits, la continuation de la discussion a été ren
voyée à lundi.
La commission chargée de l'examen de la
proposition relative à la création de banques dé
partementales. a constitué son bureau : elle a
nommé M. Goudcliaux pour président et M. Lan-
glois pour rapporteur.
On a distribué aujourd'hui à l'Assemblée na
tionale lejapport présenté par M. Charlemagne,
au nom du comité des finances, sur les proposi
tions relatives au traitement des fonctionnaires
publics" et à l'indemnité des représentans du
peuple ; le comité des finances conclut au rejet
•de toutes ces propositions ; il repousse la retenue
sur les traitemèns comme étant une menace'
incessamment suspendue sur la tête des em
ployés, et comme étant, par cela même, dom-
mageablè au bien du ser vice; il pense aue, pour
effectuer des économies judicieuses, on aoit cher
cher à; réduire les traitemens jugés excessifs et
à supprimer les emplois iniitilès, mais il ajoute
qu'un pareil travail ne petft être qu'un travail
'ensemble, et qu'on ne peut l'entreprendre
qu'en embrassant dans son entier chaque bran
che de l'administration ; quant à ce qui con
cerne l'indemnité des représentans du peuple,
il la soutient en principe, au point de vue de
nos institutions ; il émet l'avis que la prochaine
Assemblée législative aurait tout avantage à. la
convertir en un traitement mensuel, qui satis
ferait mieux aux convenances et qui simplifie
rait la comptabilité; mais il croit que cette ap
plication ne se ferait pas sans difficulté aux As
semblées constituantes, à raison de la durée in
certaine et d'ailleurs fort courte de leur existence.
Une proposition conçue en ces termes a été
déposée le 18 :
« Les représentans ci-dessus ont l'honneiir de dé
poser la proposition suivante :
» Une commission de trente membres sera immé
diatement nommée pour établir le budget des recet
tes et des dépenses de 4849.
» Les soussignés réclament l'urgence pour cette
proposition. »
Les auteurs de la proposition, au nombre de
7b, parmi lesquelsfigurent MM. Baune, Gambon,
Martin-Bernard, F. Pyat, Clément Thomas,
Pierre Bonaparte, Pierre Leroux," Lamennais,
demandent le renvoi aux bureaux.
Les bureaux se sont occupés aujourd'hui de
la nomination des commissaires charges d'exa
miner toutes les propositions relatives à l'impôt
sur les boissons.
Les préoccupations politiques, à l'occasion de
la nomination du vice-président ont privé les
bureaux du concours du plus grand nombre de
leurs membres. Nous nous bornerons à rappor
ter l'opinion émise dans le 14° bureau, par M.
Favart, en faveur de l'ajournement.
M. Favart a reconnu que celte question intéres
sait au plus haut degré la prospérité des départe
mens vinicoles, mais qu'elle devait être examinée
sans précipitation, avec maturité, en prenant en
considération la situation actuelle du trésor. Déjà
l'Assemblee a marché hardiment (hus la voie des
économies et des réductions opérées dans diverses
branches de l'administration ; elle a voté la réforme
postale; elle a voté la réduction de l'impôt sur le
sel. 11 est temps de s'arrêter, sous peine de porter la
désorganisation dans nos finances.
» Il est impossible de supprimer actuel cment cet
impôt, si l'on ne propose des mesures plus équita
bles, qui auront pour résultat certain de remplacer
dans la caisse du trésor le produit des impôts sur
les boissons. Or, les mesuics proposées ne parassent
point devoir aboutir à ce résultat. D'autre part, ces
mesures elles-mêmes réclament des études longues
et approfondies. L'Assemblée nationale, surchargée
de travaux-, ne peut, surtout dans sa situation d'es
prit et en s'approchant du terme de son.mandat,
examiner cette question grave et compliquée avec
toute le maturité désirable.
» Il convient donc d'ajourner à un temps plus op
portun l'examen des propositions/Bien que repré
sentant d'un département vinicole, il ne peut con
sentir à sacrifier les plus grands intérêts publics aux
intérêts de quelques localités. Ainsi, partisan des
économies'et de réductions, il est bien loin de se
prononcer contre les propositions ; seulement il en
demande l'ajournement à une autre législature. »
Voici le résultat de l'élection au grade de co
lonel de la 1 r ° légion.
Nombre des votans. . 6,425
Majorité absolue. . . 8,213
Les voix ont été réparties comme il suit :
MM. Lucien Murât. . . . 1,922
Le général Gourgaud. 1,637
Le général de Fezensac. 1,180
Vievra. . . . . . 609
Clary. ...... 471
Buvignier. .... 350
Le général Castellanne. 162
Voix perdues. . . . 394
Nul des candidats n'ayant obtenu la majorité
absolue, il sera procédé demain à un nouveau
tour de scrutin. Nous recommandons à MM. les
électeurs la plus grande exactitude.
Nous apprenons ee soir que le lieutenant-
colonel Clary et le commandant Yieyra se dé
sistent de leur candidature au grade de colonel
de la 1 r0 légion.
A la suite de l'élection un grand nombre
de gardes nationaux se sont réunis et notamment
ceux qui avaient donné leurs voix à M. Vieyra
Les assistans ont (.écidé à l'unanimité de re
porter leurs suffrages sur M. le général de divi
sion de Fezensac.
Les journaux de Bayonne nous apprennent
l'entrée en Espagne de deux ou trois petites
factions carlistes, de quelques centaines d'hom
mes, et qui s'étaient réunies d'avance à Bayon
ne même et dans d'autres localités de la tron-
lière. 1
Nous déplorons qu'on n'ait pas empêché cette
invasion, qui. ne peut aboutir qu'à faire couler
plus de sang en Espagne; et nous ne nous expli
quons pas comment les autorités de la frontière
permettent que les réfugiés espagnols, abusant
de l'hospitalité qu'on leur accorde, s'organisent
pour aller s'imposer à un pays qui les repousse
et avec lequel nous sommes en bonnes relations
de voisinage. . ' i
Ne serait-il pas prudent d'interdire" aux réfu
giés politiques; le • séjour dans les départemens
limitrophes de leurs pays?
COMMISSION MUNICIPALE DE PARIS.
L'établissement du chemin de Lyon a exigé l'ou
verture du mur d!enceinté entre "lés barrières de
Charenton et de Bercy. Il a été reconnu qu'afln
d'exercer sur ce point une surveillance d'octroi.,
la création de six emplois de commis, dont la dé->
pense doit s'élever à 7,590 fr., était nécessaire.
La commission municipale a ouvert ce crédit sur le
fonds de dépenses imprévues de 1849. Ces six em
ployés seront ultériaurcment compris dans le service
à organiser pour le chemin de fer de Lyon".
La dépense générale des travaux exécutés pour
l'installation des conseils de prud'hommes dans lé
local qu'ils occupent rue de la Douane/demeure dé
finitivement fixée à 20,501 fr. La commission en à
décidé le paiement.
Un crédit supplémentaire de. 4,515 fr. 11c. estî
ouvert au budget de la préfecture de police, destiné
h solder divers travaux d'établissement exécutés en
1817 par l'entrepreneur de l'éclairage ii l'huile des
rues de Paris. Ce crédit sera imputé sur les verie-
mens faits à Ja caisse municipale pour le prix d'éla- _
blissemens d'éclairage au compte des particuliers.
Un projet de restauration du Pont-Neuf, approuvé
par l'autorité supérieure, avec la condition expresse
que la ville de Paris prendrait £i sa charge la moitié
des frais d'amélioration estimés a 1,004,000 fr./a
été présenté à la commission municipale. Les dispo
sitions arrêtées de ce pro et, consistent à faire des
reprises en ciment aux voûtes de la partie établie
sur le petit bras de la Seine, à refaire en pierre de
taille les voûtes du grand bras, en leur donnant
moins d'élévation, ce qui permettra d'adoucir con
sidérablement la pente k franchir pour monter le
pont en arrivant des quais de la rive droite ; à re
faire la corniche, le parapet et les boutiques, ii
améliorer les profils de la chaussée, à faire dis
paraître les marches qui rachètent la différence de
niveau entre le pavé et les trottoirs. Ces trottoirs
devront être rétablis en granit. De Iongspans cou
pés seront établis aux quatre entrées du Pont-Neuf,
pour que la circulation puisse avoir lieu sans em
barras et sans dangers, et en travaux pour la réfec
tion de la galerie uans laquelle passent les conduits
servant à la distribution des eaux. La commission a
adopté ce projet de restauration, en conservant tou
tefois, autant que possible, au pont, son caractère
propre etson style particulier, au point de vue de
l'art, et a décidé qu'il y avait lieu de payer, sur les
fonds de la ville , 502,000 fr. à titre de concours
fixe dans les travaux qui devront être exécutés au>i
frais de l'Etat, kscs risques et périls.
Une somme de 5.200 f. a éU votée pour travaux k
exécuter pour l'amélinration des moyens de clôture
ct.de fermeture su Jvc/e Chnrîemagiie.
Dans la séance d'hier la commission municipa
le, considérant qu'il importe dans l'intérêt de beau
coup de branches de commerce et des nombreux ou
vriers qu'elles alimentent, que des réceptions aient
lieu pendant le reste de l'hiver, dans les
l'Hôtel de-Ville, a alloué une tomme de 50,000 4Ï.
pour ces réceptions.
ALGERIE. — COLONISATION.
Nous devons à l'obligeance de la commission
des colonies agricoles de l'Algérie, communi. a-
tion des lettres suivantes, toutes d'une date ré
cente, et renfermant des renseignemens tout-à-
fait favorables sur les diverses localités "d : où
elles sont écrites :
« Gastonville, le 30 décembre 1818.
» Mon cher père, je m'empresse de vous éerini
cette lettre pour vous donner de nos nouvelles. Je
vous dirai que nous sommes arrivés, après 22 jours
de route, en bonne santé ii Philippeville, où nous
avons débarqué : nous avons eu une très bonne tra
versée. Maintenant nous sommés îi Gastonville, près
Philippeville, lieu de notre résidence. J'ai parlé au
capitaine qui nous commande pour vous faire venir
près de nous ; il nous a répondu qu'il était prêt !i
vous recevoir. Cela nous fera bien plaisir, car nous
nous ennuyons beaucoup loin de vous. Ainsi, si
vous êtes décidé k venir nous rejoindre, vous pou
vez vous adresser à la commission. Vous demanderez
h partir pour rejoindre vos enfans, colons à Gas
tonville, et vous obtiendrez facilement votre pas
sage. Du reste, nous sommes très bien. Le Gouver
nement tient toutes les promesses qu'il a faites.
.Nous avons nos terres et nous commençons à les
faire valoir dès à présent.
» Dans la réponse que vous nous ferez, dites-nous
si vous êtes décidé à venir près de nous. Je vous
ferai passer l'autorisation du cQmmandant dans ma
nouvelle lettre, etc.
» Signé : B..., colon du 5° convoi. »
Colonie de Saint-Cloud, près Arzcu,
province d'Oran, 1" janvier -1849.
Cher père et clièrc mère,
C'est aujourd'hui que nous avons senti combii ti
votre absence nous est pénible. En nous levant, no
tre première visite, habituellement, était pour vous.
Nous avons senti un grand vide dans notre cœur;
notre première pensée s'est portée vers la France,
vers ce Paris qui nous est si cher, vu que vous l'ha
bitez. Alors nous nous sommes dirigés avec B... et sa
femme, vers Arzeu, distant de quatre lieues de notre
colonie (c'est le port de mer où nous sommes débar
qués). Lî>, nous étions, plus près de la France, il
nous semblait que nos vosiix, pour la nouvelle année,
vous arriveraient plus vite, et tous les quatre, de
tout cœur, nous avons, au bord de la mer, envoyé
nos souhaits de bonne santé, de bonheur, de pros
périté pour vous, notre sœur, notre tilleul, et pour
tous ceux qui nous sont chers. Nous, notre sanié
est excellente, Dieu merci! Puisse celte lettre
vous trouver ausn bien portails que nous, et nos
vœux seront à peu près exaucés. Quant à noire posi
tion, elle n'est pas trop malheureuse: nous vivons
un peu mieux, vu que nous travaillons aux maisons
qui ont été données à MM. II..., à L... Ct il P..., et
pour, lesquelles nous sommes associés. (Tous ces
Messieurs vous disent bien des choses.) Du reste,
notre association est h peu près ainsi conçue: ils ga
gnent 5 fr. 50 e. par jour, et moi et B..., 2 fr. 20 c.,
et les bénéfices ù la fin partagés également. Cepen-
FEDILLET0N DU CONSTITUTIONNEL, îi JANV.
-■ LE CABINET NOM.
TROISIÈME PARTIE.
_ LA GÉORGIENNE.
CHAPITRE XXIV.
r . ;i'BAO QUI D011T.
; Les choses ainsi convenues, restait à faire a-
: gréer les dispositions par la principale intéressée.
' Alexis y mît une certaine adresse; il expliqua
à la future pensionnaire, que, pris au dépourvu
et ne pouvant immédiatement; lui arranger une
habitation et une existence convenables, il s'é-
/tait décidé à la placer jusqu'à nouvel ordre dans
une maison où, entourée de soins et d'égards, et
ayant la certitude d'être visitée par lui tous les
jours, mieux que partout ailleurs elle serait for
mée aux mœurs et aux idées du pays dans lequel
elle était destinée à vivre désormais.
Toir noire numéro da 20 janvier.
Tonte reproduction, même partielle, de cet ouvrage,
•il interdits, «t serait pourtnirie comme oontrefiçon,
Soit nonchalance de volonté, soit habitude de
la passive résignation à laquelle elle avait été
rompue par la discipline du harem, Giorgina ne
manifesta aucune opposition k l'arrangement pro'
posé, mais il" faut dire aussi que rien ne révéla
en elle une grande ardeur de gratitude pour le.
dévoùment dont elle avait été l'objet.
: A ce compte nul moyen pour Alexis de se
maintenir dans une idée dont il s'était plu un
instant b, se leurrer. 11 était clair, quand mêmé
Giorginajie le lui eût pas confirmé de sa bouché,
que tout, dans les avances où il s'était si naïve
ment laissé prendre, était bien parti de l'imagina
tion du traître poète. Par aucun tôté lacharmante
fille n'avait donné ouverture à cette comédie, et
antérieurement à leur rencontre, rienen elle n'a
vait accusélegermede quelques tendressentiméns
dont on se serait seulement avisé d'exagérer l'ex
pression; en un mot, déjà fort épris; et 6'étant
donné dès la première vue, le successeur de Mir-
za-Babba avait tout à faire pour obtenir d'être
pavé de retour et pour passer à devenir agréable
d'utile qu'il avait été. '
Du reste, dans la question d'opérer celte dou
ce transformation, de bien grandes commodités
sembjaient.seVencontrer pour lui: indépendam
ment du temps des leçons qu'il passait tête-à-
tête avec sa belle élève, le soir, dans le salon
du pensionnat, à la table de la maîtresse, où il
était fréquemment prié, dans quelques sorties,
que l'institutrice faisait, accompagnée de la Géor
gienne, èt pour lesquelles le bras de l'amoureux
était réclamé, il avait d'incessantes occasions de
voir et d'entretenir sa pupille. De plus, par mille
attentions et mille prévenances, en la comblant
d'une foule de ces riens charmans à l'usage des.
femmes, et que la mode met sans relâche en
circulation dans le commerce parisi.cn, il parais
sait avoir la chance de communiquer quclqu'ar--
deur à ce cœur jtisque ;là si tiède pour lui.
Cependant, après plusieurs mois écoulés, Alexis
n'avait encore fait aucun progrès remarquable,
et, dans le thermomètre de son amour, ne se ma
nifestait qu!une très insensible élévation. Giorgi
na, avec son soupirant, était*, si l'on veut, plus
familière, mais elle n'était pas plus tendre. Ou
tre qu'une certaine indolence de nature-semblait
en elle se défendre même contre la fatigue d'ai-
mer, il faut croire que cette compression et cette
flétrissure, au sein de laquelle elle avait vécu,
avait d'abord eblitéré et ensuite desséché dans
leur fleur toutes .ses qualités affectives. -Inerte,
même dans ses désiré et ses aspirations les mieux
dessinés, elle les laissait évanouir en quelque
sorte par évaporation, au.sfiuflle delà moindre ré
sistance, faute de la plus mince énergie pour les
suivre et leur donner une réalisation. C'est ainsi
qu'après avoir montré pour la liberté et pour le
séjour de Paris une ardeur singulière, n'ayant
fait, à vrai dire, que changer de réclusion, et
soumise à ce régime que Made'on des Précieu
ses ridicules, appelle un jeûne affreux de diver-
tissemens, elle ec se plaignait pas et ne songeait
pas même à animer, par un peu de cet amour
qu'elle: avait sous la main, la désolante mono
tonie de son existence nouvelle. Elle aimait
mieux, si l'on peut ainsi parler, s'aimer elle-mê
me, s'occuper sans relâche des soins à donner à
Ses charmes, dans lesquels elle se mirait avec
complaisance ; puis, après sa toilette dix fois
faite et dix fois à refaire, après l'emploi d'un
nombre merveilleux de cosmétiques, eaùx de
senteur . trésors de beauté, qui finissaient par
constituer pour Alexis une dépense considéra
ble, nonchalamment étendue sur un canapé, elle
laissait tomber uni à un les jours de sa : vie, sans
paraître penser ailleurs et désirer au-delà.
Comme on peut bien le croire, la pétulante
maîtresse du pensionnat de pouvait voir, sans
essayer de réagir, l'éducation qu'elle s'était
donné à diriger, tourner à cette sorte de stagna
tion morale, et, dans son ardent désir de galva
niser une nature de marbre, bien peu s'en serait
fallu quelle-même n'encourageât son jeune pro
fesseur à être le Pygmalion de sa désolante
statue.
Mais rien ne parvenait à rider la surface de
cette belle eau dormante; c'était bien juste si, en
se donnant des soins infinis, Alexis avait obtenu
de ses leçons de français un résultat passable :
par le côté de l'intelligence aussi bien que par
le côté de l'ame, cette admirable forme parais
sait à peu près close et murée.
Disons pourtant qu'à la longue, une influence
s'était révélée par laquelle avait paru pouvoir
être conjuré cet engourdissement de cœur ■et
d'esprit : une de ces douloureuses créatures qui,
moyennant «pnt écus par an , juste le gage de
la cuisinière de la maison, quand elle est chi
chement rétribuée, acceptent, dans un pension
nat, les rudes fonctions de surveillante et de
sous-maîtresse, avait fini par avoir accès dans
l'indifférence de Giorgina.
Yingt-cinq ans, un caractère à la fois insinuant
et hautain, un esprit vif et audacieux, et au mi
lieu de cruelles dévastations exercées par la pe
tite vérole sur son visage et jusque sur sa taille,
certains souvenirs d'une beauté flétrie, telle était
celte, fille quiy dans sa conversation, d'ailleurs
vive et attachante, en revenait peut-être un peu
trop souvent à parler d'une existence heureuse
et même splendide, dont elle aurait été dépos
sédée;; I
Cette liaison, sans qu'Alexis l'eût beaucoup
approuvée, se continuait depuis plusieurs mois,
. de plus en plus fervente, lorsqu'un jour, arri
vant au pensionnat, Alexis fut salué d'une étran
ge nouvelle : dans la matinée, Giorgina et la
sous-maîtresse, son inséparable, étaient ensem
ble disparues de la maison. f .
En voyant récompensé par cette ingratitude,
l'honorable dévoùment dont il avait fait preuve,
le pauvre jeune homme commença par se per
suader qu'il avait, du procédé de cette fille sans
cœur, un extrême ressentiment; mais, en regar-
. dant mieux à l'état de son ame, il s'aperçut qu'il
y-éprouvait encore plus de déplaisir que de co
lère, et qu'au fond, l'amoureux bien plus que le
bienfaiteur méconnu, pâtissait en lui. Alors,
mais un peu tard, il se reprocha la vertueuse
abnégation qui lui tournait si mal et pensa qu'a
vec une créature ramassée au lieu où il l'avait
prise, il avait usé d'une ridicule délicatesse,
qu'elle ne pouvait ni comprendre ni apprécier.
Dès-lors, de son amour-propre blessé; de ses dé
sirs exaltés par un éternel ajournement, de son
indignation contre la conseillère qui évidemment
avait inspiré la détermination de Giorgina, se
forma comme une furieuse passion de retrouver
sa trace, et l'on ne saurait vraiment dire à quelle
folie ou à quelle démarche désespérée, il était
envoie de se'porter, si une servante de la; mai
son ne fût venue à son aide avec un renseigne
ment.
Cette fille se rappela avoir entendu une par
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à M. demain , direoteurj
: PARIS, 20_JAHÏIEK>
! L1 ' 1 " i : . , »
M. Btfalay (de la Meurthe), qui, avait été
porté le premier siir la liste des trois noms
1 présentés aux suffrages de l'Assemblée par le
•Président de "la République, a été élu au
jourd'hui, à, la majorité de 417 voix contre
' 277, données à M. Vivien. Conformément
à ce qui avait été décidé hier dans la réu-
: inion de la rue : de Poitiers, les membres de
cette réunion ont voté pour M. Boulay (de
la Meurtlie). Les voix données à.l'honorable
M. Vivien sont celles des amis qu'il compte
ilâns toutes les opinions, et sans doute aussi
celles des représentons qui s'étaient déclarés
avec le plus d'ardeur les défenseurs et les
appuis de l'administration du général Ca-
vaignac, dont M. Vivien faisait partie.
Nous avons dit ce que nous pensions de
chacun des hommes qui figuraient sur la
. liste présentée à la chambre. À quelque choix
qu'on se fût arrêté, il ne pouvait être que
digne d'approbation. M. Boulay (de la
Meurthe), après avoir prêté serment, en
qualité de vice-président de la République,
a lu un discours plein de respect pour les
institutions républicaines, et de reconnais-
- eance et pour le Président, dont H est l'an-
cienjami, et pour l'Assemblée, qui venait de
le désigner par ses suffrages. Plusieurs pas
sages de ce discours ont été unanimement
; applaudis.
Cet incident terminé, l'Assemblée natio-
; nale a commencé la discussion du projpt de
loi qui convoque la haute cour nationale à
' Bourges, pour y juger les prévenus de l'at
tentat du 15 mai. Après quelques paroles
, de M. Lagrange, toujours inquiet de sa pro
position d'amnistie, M. Eugène Raspail est
monté à la tribune pour lire un long dis
cours contre le projet de loi. M. EugèneRas-
pail conteste à l'Assemblée nationale le droit
i de saisir la haute cour de justice de l'affaire
du 15 mai; les prévenus, malgré les carac
tères particuliers de l'attentat dont ils sont
accusés, ne lui paraissent justiciables que
, du jury, et du jury parisien. Le jury pari-
- Bien, par son intelligence> par ses connais
sances spéciales, lui semble seul enélatd'ap-
' précier la nature et la portée véritable des
' faits, et le Gouvernement, en convoquant la
j haute cour à Bourges, fait à la- fois preuve
-•d'inintelligence, de mauvais vouloir pour
les accusés, et de défiance pour la population
• parisienne. M. Raspail se porte garant de
; la tranquillité de Paris, et avec cette modé-
i talion et cette réserve qui signalent les hom-
,,ines de son parti, il ajoute que Paris donne
I tous les jours la mesura de sa patience en
tolérant la présence au pouvoir des ministres
actuels.' -
M. Bonjean a eu le bon goût de laisser de
- côté toutes les déclamations, aussi violentes
; que froidement rédigées, de M. Eug. Ras-
i pàil, et de s'en tenir à réfuter les arguties
; Juridiques 'sur lesquelles était étayé ce fac-
! tum.M.Bonjeann'a pas eu depeineà démon-
- trer que le projet de loi ne violait aucun
îles principes du droit, qu'il était l'applica
tion de Ja. Constitution, et que, conformé-
1 Suent à la Constitution, l'Assemblée avait le
droit et le devoir de saisir là haute cour de
-justice d'un attentat contre la représentation
nationale.
M. Bonjeau a terminé son discourspar un
argument décisif ; il a rappelé que lors de la
- discussion de la Constitution^ un des orateurs
' fie la Montagne avait présenté un amende
ment portant que la haute cour de justice ne
pourrait connaître que des faits postérieurs
•" à la promulgation de la Constitution, et qu'il
s avait appuyé cet amendement sur le désir de
àè pas enlever les prévenus du 15 mai à la
• juridiction d.u jury. L'Assemblée nationale,
■ en repoussant l'amendement, préjugeait donc
déjà la question qui lui a été soumise au
jourd'hui, et elle la résolvait dans le même
gens que le projet de loi.
Néanmoins M. Ledru-Rollin a cru devoir
iïionter à la tribune pour essayer d'em-
brouiller ce qui était clair pour tout le mon-
- de, et de sa voix caverneuse il a développé
avec lajnonotone solennité qui lui est ha-
bituelle une foule d'arguties et de subtilités
. juridiques à faire envie au plus retors dès
plaideurs manceaux. Mais à légiste, légiste
■ et demi : M. Dupin aîné, avec sa vigueur de
'l'ogique, est allé droit au fond delà question,
et il a fait justice en quelques paroles du
• fragile édifice laborieusement élevé par M.
- Ledru-Roliin.
; Il a suffi à M. Dupin de rappeler la dis-
! iinclion que lui-même avait fait valoir au
; sein de l'Assemblée entre la législation et la
juridiction. Une loi qui met au rang des dé
lits, un fait qui n'était pas ainsi qualifié au
paravant, ne peut atteindre aucun des faits
f Semblables commis avant sa promulgation.
! Voilà le fond du droit ; mais il ne s'ensuit
les lois qui ne touchent qu'aux for-
'iKes de là justice, au caractère des juridic
tions, à la procédure enfin, ne doivent pas,
être exécutées > même quand les faits qui'
motivent la comparution des accusés, sont
antérieurs à la promulgation de ces lois.
Il est. évident que quand un tribunal
prend une nouvelle forme, ou qu'un tri
bunal succède à un autre, c'est le nouveau
tribunal qui devient compétent à la place
de l'ancien. Cela est plus évident encore
quand la loi a changé là procédure pour la
perfectionner et pour ajouter aux garanties
de la défense. Il existe probablement dans
les prisons plus d'un prévenu, accusé de dé
lits qui sont antérieurs à la promulgation
de la nouvelle loi sur le jury ; personne ne
prétendra au nom de là non-rétroactivité
qu'il faille faire comparaître ces prévenus
devant un jury choisi d'après l'ancienne loi.
C'est le caractère du délit qui détermine la
juridiction , et c'est le caractère de l'atten
tat du 15 mai qui rend justiciables de la
haute cour les hommes accusés d'y avoir
pris part.
La Montagne n'a pas tardé à montrer
par son irritation qu'il n'y avait rien à ré
pondre à l'irrésistible argumentation de M.
Dupin. A mesure que les raisons abondaient
plus fortes et plus décisives, elle éclatait en
cris inarticulés, en interruptions injurieu
ses , en murmures bruyans; elle entrepre
nait de couvrir la voix de l'orateur. Ce côté
de l'Assemblée nous a prouvé depuis long
temps que les menaces et les clameurs : lui
sont plus familières et plus faciles que les
raisons : heureusement il n'a point encore
fait voter à litre de loi organique que la
vigueur des poumons serait la mesure des
hommes politiques.
On aura peine à croire que lorsque M.
Dnpin a caractérisé avec une légitime indi
gnation l'attentat du 45 mai, ceux qui s'in
titulent les républicain^ par excellence ont
cru devoir protester contre la sévérité de
ses paroles; et, qu'à en juger par la vivacité
de leursréclamalions, ils paraissaient ne plus
voir qu'une peccadille dans la violation de
la représentation nationale. Cette dernière
palinodie n'est pas la moins digne d'eux.
Après le discours deM. Dupin, nombre de
voix réclamaient la clôture, mais M. Jules
Favre a demandé la continuation de la dis
cussion; et le président alevé la séance sans
consulter l'Assemblée. Le débat recommen
cera donc lundi.
La violence du langage tenu journelle
ment dans certains clubs est extrême. Cela
est constant ; c'est d'ailleurs une de ces cho
ses dont on peut dire ; Je ne le sais pas,
mais je l'affirme. La passion, portée à l'excès^
est la nature même de ces sortes de réunions;
Quand on songe aux scènes tumultueuses
qui se passent qufelquefois au sein des gran
des assemblées qui sont la représentation lé
gale, régulière d'un pays, on juge facilement
de l'abus qui se doit faire de la parole dans
ces parlemens de fantaisie, où des orateurs
sans mandat s'adressent à un auditoire avide
d'émotions, et accouru,'.la plupart du temps,
dans l'unique but de se repaître de scanda
les. Il y a d'habitude émulation de violence
entre les différens clubs démocratiques, le
succès est à l'audace, et celui dans lequel on
ose le plus est le plus suivi. Il a fallu sup
primer les clubs en armes. C'étaient ceux,
on s'en souvient, qui excitaient la curiosité
la plus ardente. Aujourd'huisicene sontplus
les orateurs eux-mêmes qui sont armés en
guerre, ce sont les discours. Fréquemment
ces discours sont déférés aux tribunaux
comme des délits. Fréquemment aussi la jus
tice est impuissante, faute de pouvoir saisir
le corps de ces délits dans des procès-verbaux
nécessairement incomplets. L'opinion publi-?
que s'inquiète, et on se demande s'il ne con-
viendrait^pas de supprimer les clubs.
Cette question a été traitée par plusieurs
journaux. Nous ne nous étonnerions pas
qu'on s'élevât contre la suppression des
clubs, au nom de la liberté, ou plutôt au
nom des idées théoriques de liberté. Mais
que des amis de l'ordre cherchent à prévenir
une telle mesure dans l'intérêt de la tran
quillité publique, et pour le repos de notre
société, voilà ce qui nous semble un dan
gereux paradoxe. Cette thèse a trouvé des
écrivains pour la soutenir, c'est celle que
nous voulons combattre. Si les clubs étaient
supprimés, nous ne croyons pas que la li
berté eût à se plaindre.' Selon nous, la
liberté des clubs est une liberté anârchi-
que de sa nature, qui coûte plus qu'elle ne
rapporte, et qui conduit presqu'infaillible-
ment de la licence à l'arbitraire. Mais sur
quelle raison peut-on se fonder pour pré
tendre que l'ordre, la sûreté du pays au
raient à s'inquiéter, si ces foyers d'agitation
politique étaient éteints.
Voici ce qu'on dit : Supprimez les clubs,
vous faites naître immédiatéinent* les socié
tés secrètes. Si cela était vrai, si, en effet, les
agitateurs chassés des clubs se réfugiaient
inévitablement dans les sociétés secrètes,
resterait à examiner si ces dernières sont en
effet plus, dangereuses que les premiers.
Nous en doutons fort. Nous savons bien
qu'on dit que la liberté des clubs est une
soupape qui laisse échapper le trop plein de
la vapeur révolutionnaire. Nous croyons ,
nous, que c'est plutôt un soufflet qui, en
attisant le feu, augmente l'intensité de cette
vapeur, et lui fait produire des explosions.
On dit aussi que les clubs sont un danger
qui se voit, tandis que les sociétés secrètes
sont un danger qui ne se voit pas, et que
celles-ci sont par conséquent un dangér plus
grand. Tout cela est contestable. Il y a tel
ennemi qui, tout en «l'attaquant à visage
découvert, est plus à craindre qu'un enne
mi qui se cache. Un club, par exemple, qui
prêchera tous les jours la sédition à des ou
vriers irrités par le chômage et la misère,
est assurément plus redoutable que des con
ciliabules occultes, dont l'action, si elle
échappe au Gouvernement, est du moins
très gênée au préjudice des sociétaires. Est-
il vrai d'ailleurs que ces sociétés secrètes
échappent au Gouvernement? On rappel
le qu'elles ont souvent attaqué les anciens
pouvoirs, qu'elles les ont même renversés.
Est-ce donc parce qu'on ignorait leur exis
tence? Non. Le dernier gouvernement, par
exemple, les connaissait, mais il les a trop
dédaignées. Ce n'est pas sa surveillance qui
a été en défaut ; il les a découvertes, il n'a
pas su les réduire à l'impuissance.
Nous ne pousserons pas plus loin ce pa
rallèle. Car il est inutile, car il n'est nulle
ment exact de dire que les sociétés secrètes
ne se forment que quand la liberté des clubs
a cessé d'être. Les clubs et les sociétés se
crètes vont très bien de compagnie. Les agi
tateurs se servent simultanément de ces deux
puissans moyens d'attaque. Loin même que
l'existence des clubs ait pour conséquence la
suppression des sociétés secrètes/ on peut
affirmer que ceux-là sont un excellent
moyen déformation pour celles-ci, et le plus
énergique auxiliaire. On peut presque ad
mettre comme règle générale, que le bu-
reau d'un club est l'état-major d'une société
secrète.
Le club est le lieu de recrutement pour .
ces mystérieuses sociétés. Les auditeurs assi
dus sont bientôt des associés. Est-ce que ce
n'est pas le bureau d'un club qui menaçait
le Gouvernement et la société de la ven
geance dés sections organisées? Il ne faut :
donc pas dire que là où il y a des clubs , il
n'y a pas.de sociétés secrètes ; ces dernières
trouvent au contraire dans les clubs l'avan- •
tage d'avoir une agence publique.
Il no faut donc pas défendre les clubs au
nom des intérêts de l'ordre et de la sécurit é
sociale. Qu'est-ce à vrai dire qu'un club ?
Est-ce un foyer de lumière? Non, sa clarté
ne rayonne pas assez loin pour cela. C'est
un foyer d'incendie; les partis s'en sonttou-
joursserviscomme d'une machine de guerre.
Les clubs servent à détruire, et non à con
solider. Quand il a fallu renverser de vieilles
institutions, les Montagnards de notre pre
mière révolution ont fondé leurs puissans
clubs. Quand ils ont cru la république fon
dée, ils ont fermé les clubs pour la main
tenir ; et c'est un Montagnard qui est venu
triomphalement porter sur la tribune de la
Convention, la clé du club des Jacobins dont
la porte venait d'être fermée.
L'institution de chambres consultatives
de l'agriculture, proposée par M. Tourret,
a été parfaitement accueillie en principe par
le,comité de l'agriculture, qui a vu dans
cette institution la mise à exécution d'une
pensée depuis long-temps en faveur parmi
les cultivateurs éclairés; sur un point seule
ment, ainsi que nous l'avons dit, un dissen
timent profond s'est manifesté dans le sein
du comité, et a survécu à de longues discus
sions qui ont donné lieu successivement à
des votes opposés; la question était de savoir
si les chambres consultatives seraient orga
nisées par arrondissement, comme le portait
le projet ministériel, ou par département,
comme le proposait un certain nombre de
membres; après des débats prolongés durant
plusieurs séances, le comité avait chargé une
commission de sept membres dé faire un
rapport; cette commission avait conclu, à
l'unanimité, en faveur des chambres de dé
partement; mais, à la majorité dé 18 voix
contre 16, le comité abandonna ses décisions
précédentes, repoussa la proposition de la
commission, et revint au projet ministériel,
c'est-à-dire aux chambres d'arrondissement.
Le rapport, qui a été présenté par M. De-r
zeimeris et qui vient d'être distribué, expose
tout au long les argumens qui ont été déve
loppés de part et d'autre.
•:..V Ce qu'ont fait surtout. valoir les partisans
^des chambres par départemens-, c'est qu'il
fallait donner une circonscription étendue à
ces représentations agricoles, afin de consti
tuer quelque chose de fort et de capable
d'exercer une influence décisive sur le déve
loppement de la richesse nationale ; suivant
eux, de modestes réunions de six ou huit
agriculteurs au siège de la sous-préfecture ne
sauraient remplir un but aussi élèvé ; il faut
que les représentans soient placés hors du
cercle de leurs relations habituelles et au
milieu d'une assemblée imposante ; c'est pour
cela que les conseils généraux ont acquis
tant d'importance, tandis que les conseils
d'arrondissement sont morts d'inanition.
Les partisans^ de l'organisation par-arron
dissement, ont'répondu qu'il fallait se pla
cer au point de vue pratique ; que le véri
table agriculteur ne quitterait pas volontiers
son exploitation pour plusieurs jours ; qu'on
ne pourrait l'attirer dans les conseils que
près de chez lui et pour peu de temps ; que
les chambres d'-arrondissement sont les plus
propres à donner de bons renseignemens sta
tistiques ; que les chambres de département
tendraient à devenir des conseils généraux
au petit pied- et à entraver l'administration
en s'occupant de questions qui pouvaient se
toucher par beaucoup de points.
Le résultat final a été l'adoption, par le
comité d'agriculture, d'un système qui or
ganise les chambres consultatives par ar
rondissement, pour leurs travaux ordinai
res et leurs attributions spéciales, et qui les
réunit une fois par année en une assemblée
générale au chef-lieu du département, tant
pour l'élection des membres du conseil gé
néral d'agriculture que pour l'examen des
questions d'économie politique ou de légis
lation agricole sur lesquelles ce conseil de
vra être appelé à délibérer.
La commission chargée d'examiner les comp
tes du Gouvernement provisoire s'est consiituée
aujourd'hui. Au troisième tour de scrutin, M.
Germain Sarrut a été nommé président parle
béaélice de l'âge. M. Ddbets a été nommé se
crétaire.
La commission s'est divisée en trois sous-com
missions. ,
La première a élu M Théodore Ducos prési-r
dent, et M. lîavoux secrétaire. Elle est chargée
d'examiner les comptes des ministères de l*inié4-
rieur, de la justice et de la marine. i
La seconde a élu M. Fould président et M:
Emmery secrétaire. Elle est chargée de l'examen
des ministères des finances, des travaux publicè
et du commerce. i
La troisième a élu M. Comandré président ej;
.M. Delbets secrétaire. Elle doit examiner leà
conîptes des ministères de la guerre, de l'instruc
tion publique et des cuites et des affaires étranf
gères. !
La sous-commission à laquelle appartient la
vérification des comptes de l'intérieur aura unè
tâche laborieuse. Nous ne doutons pas du zèle
qu'elle mettra à l'accomplir. M. Ducos, qui-Ia pré
side, a exprimé dans le 10* bureau l'opinion que
les comptes du Gouvernement provisoire doivent
être examinés avec une attention à la fois im
partiale et sévère : que dans l'intérêt du paysj
de l'Assemblée nationale et surtout des mem
bres du Gouvernement provisoire, il était désir
rable de descendre dans l'examen des moindres
détails, comme cela a déjà été fait pour les fonds
secrets, afin d'établir publiquement que si dè
grandes irrégularités ont été commises, il n'y à
eu du moins aucune espèce de malversations. !
M. Aubry a fait au comité des finances son
rapport sur le crédit supplémentaire demandé
par M. le ministre de la marine pour le paie
ment des créances comprises dans les exercices
clos. Le rapport a été admis par le comité.
F
Le comité des finances a entendu le dévelop
pement de la proposition de M. Chavoix, qui a
jour but de rembourser en rentes 3 et 5 %
'impôt des 45 centimes.
Une vive discussion s'est engagée. Les mem
bres qui ont pris la parole, et M. Fould surtout\
ont combattu tres.vivement cette proposition et
en ont montré les dangers pour l'avenir de nos
finances. Elle aurait pour résultat dé faire bais
ser les fonds et d'apporter dans le pays la plus
grande perturbation ; ce serait un remède pire
que le mal. Plusieurs orateurs étant encore ins
crits, la continuation de la discussion a été ren
voyée à lundi.
La commission chargée de l'examen de la
proposition relative à la création de banques dé
partementales. a constitué son bureau : elle a
nommé M. Goudcliaux pour président et M. Lan-
glois pour rapporteur.
On a distribué aujourd'hui à l'Assemblée na
tionale lejapport présenté par M. Charlemagne,
au nom du comité des finances, sur les proposi
tions relatives au traitement des fonctionnaires
publics" et à l'indemnité des représentans du
peuple ; le comité des finances conclut au rejet
•de toutes ces propositions ; il repousse la retenue
sur les traitemèns comme étant une menace'
incessamment suspendue sur la tête des em
ployés, et comme étant, par cela même, dom-
mageablè au bien du ser vice; il pense aue, pour
effectuer des économies judicieuses, on aoit cher
cher à; réduire les traitemens jugés excessifs et
à supprimer les emplois iniitilès, mais il ajoute
qu'un pareil travail ne petft être qu'un travail
'ensemble, et qu'on ne peut l'entreprendre
qu'en embrassant dans son entier chaque bran
che de l'administration ; quant à ce qui con
cerne l'indemnité des représentans du peuple,
il la soutient en principe, au point de vue de
nos institutions ; il émet l'avis que la prochaine
Assemblée législative aurait tout avantage à. la
convertir en un traitement mensuel, qui satis
ferait mieux aux convenances et qui simplifie
rait la comptabilité; mais il croit que cette ap
plication ne se ferait pas sans difficulté aux As
semblées constituantes, à raison de la durée in
certaine et d'ailleurs fort courte de leur existence.
Une proposition conçue en ces termes a été
déposée le 18 :
« Les représentans ci-dessus ont l'honneiir de dé
poser la proposition suivante :
» Une commission de trente membres sera immé
diatement nommée pour établir le budget des recet
tes et des dépenses de 4849.
» Les soussignés réclament l'urgence pour cette
proposition. »
Les auteurs de la proposition, au nombre de
7b, parmi lesquelsfigurent MM. Baune, Gambon,
Martin-Bernard, F. Pyat, Clément Thomas,
Pierre Bonaparte, Pierre Leroux," Lamennais,
demandent le renvoi aux bureaux.
Les bureaux se sont occupés aujourd'hui de
la nomination des commissaires charges d'exa
miner toutes les propositions relatives à l'impôt
sur les boissons.
Les préoccupations politiques, à l'occasion de
la nomination du vice-président ont privé les
bureaux du concours du plus grand nombre de
leurs membres. Nous nous bornerons à rappor
ter l'opinion émise dans le 14° bureau, par M.
Favart, en faveur de l'ajournement.
M. Favart a reconnu que celte question intéres
sait au plus haut degré la prospérité des départe
mens vinicoles, mais qu'elle devait être examinée
sans précipitation, avec maturité, en prenant en
considération la situation actuelle du trésor. Déjà
l'Assemblee a marché hardiment (hus la voie des
économies et des réductions opérées dans diverses
branches de l'administration ; elle a voté la réforme
postale; elle a voté la réduction de l'impôt sur le
sel. 11 est temps de s'arrêter, sous peine de porter la
désorganisation dans nos finances.
» Il est impossible de supprimer actuel cment cet
impôt, si l'on ne propose des mesures plus équita
bles, qui auront pour résultat certain de remplacer
dans la caisse du trésor le produit des impôts sur
les boissons. Or, les mesuics proposées ne parassent
point devoir aboutir à ce résultat. D'autre part, ces
mesures elles-mêmes réclament des études longues
et approfondies. L'Assemblée nationale, surchargée
de travaux-, ne peut, surtout dans sa situation d'es
prit et en s'approchant du terme de son.mandat,
examiner cette question grave et compliquée avec
toute le maturité désirable.
» Il convient donc d'ajourner à un temps plus op
portun l'examen des propositions/Bien que repré
sentant d'un département vinicole, il ne peut con
sentir à sacrifier les plus grands intérêts publics aux
intérêts de quelques localités. Ainsi, partisan des
économies'et de réductions, il est bien loin de se
prononcer contre les propositions ; seulement il en
demande l'ajournement à une autre législature. »
Voici le résultat de l'élection au grade de co
lonel de la 1 r ° légion.
Nombre des votans. . 6,425
Majorité absolue. . . 8,213
Les voix ont été réparties comme il suit :
MM. Lucien Murât. . . . 1,922
Le général Gourgaud. 1,637
Le général de Fezensac. 1,180
Vievra. . . . . . 609
Clary. ...... 471
Buvignier. .... 350
Le général Castellanne. 162
Voix perdues. . . . 394
Nul des candidats n'ayant obtenu la majorité
absolue, il sera procédé demain à un nouveau
tour de scrutin. Nous recommandons à MM. les
électeurs la plus grande exactitude.
Nous apprenons ee soir que le lieutenant-
colonel Clary et le commandant Yieyra se dé
sistent de leur candidature au grade de colonel
de la 1 r0 légion.
A la suite de l'élection un grand nombre
de gardes nationaux se sont réunis et notamment
ceux qui avaient donné leurs voix à M. Vieyra
Les assistans ont (.écidé à l'unanimité de re
porter leurs suffrages sur M. le général de divi
sion de Fezensac.
Les journaux de Bayonne nous apprennent
l'entrée en Espagne de deux ou trois petites
factions carlistes, de quelques centaines d'hom
mes, et qui s'étaient réunies d'avance à Bayon
ne même et dans d'autres localités de la tron-
lière. 1
Nous déplorons qu'on n'ait pas empêché cette
invasion, qui. ne peut aboutir qu'à faire couler
plus de sang en Espagne; et nous ne nous expli
quons pas comment les autorités de la frontière
permettent que les réfugiés espagnols, abusant
de l'hospitalité qu'on leur accorde, s'organisent
pour aller s'imposer à un pays qui les repousse
et avec lequel nous sommes en bonnes relations
de voisinage. . ' i
Ne serait-il pas prudent d'interdire" aux réfu
giés politiques; le • séjour dans les départemens
limitrophes de leurs pays?
COMMISSION MUNICIPALE DE PARIS.
L'établissement du chemin de Lyon a exigé l'ou
verture du mur d!enceinté entre "lés barrières de
Charenton et de Bercy. Il a été reconnu qu'afln
d'exercer sur ce point une surveillance d'octroi.,
la création de six emplois de commis, dont la dé->
pense doit s'élever à 7,590 fr., était nécessaire.
La commission municipale a ouvert ce crédit sur le
fonds de dépenses imprévues de 1849. Ces six em
ployés seront ultériaurcment compris dans le service
à organiser pour le chemin de fer de Lyon".
La dépense générale des travaux exécutés pour
l'installation des conseils de prud'hommes dans lé
local qu'ils occupent rue de la Douane/demeure dé
finitivement fixée à 20,501 fr. La commission en à
décidé le paiement.
Un crédit supplémentaire de. 4,515 fr. 11c. estî
ouvert au budget de la préfecture de police, destiné
h solder divers travaux d'établissement exécutés en
1817 par l'entrepreneur de l'éclairage ii l'huile des
rues de Paris. Ce crédit sera imputé sur les verie-
mens faits à Ja caisse municipale pour le prix d'éla- _
blissemens d'éclairage au compte des particuliers.
Un projet de restauration du Pont-Neuf, approuvé
par l'autorité supérieure, avec la condition expresse
que la ville de Paris prendrait £i sa charge la moitié
des frais d'amélioration estimés a 1,004,000 fr./a
été présenté à la commission municipale. Les dispo
sitions arrêtées de ce pro et, consistent à faire des
reprises en ciment aux voûtes de la partie établie
sur le petit bras de la Seine, à refaire en pierre de
taille les voûtes du grand bras, en leur donnant
moins d'élévation, ce qui permettra d'adoucir con
sidérablement la pente k franchir pour monter le
pont en arrivant des quais de la rive droite ; à re
faire la corniche, le parapet et les boutiques, ii
améliorer les profils de la chaussée, à faire dis
paraître les marches qui rachètent la différence de
niveau entre le pavé et les trottoirs. Ces trottoirs
devront être rétablis en granit. De Iongspans cou
pés seront établis aux quatre entrées du Pont-Neuf,
pour que la circulation puisse avoir lieu sans em
barras et sans dangers, et en travaux pour la réfec
tion de la galerie uans laquelle passent les conduits
servant à la distribution des eaux. La commission a
adopté ce projet de restauration, en conservant tou
tefois, autant que possible, au pont, son caractère
propre etson style particulier, au point de vue de
l'art, et a décidé qu'il y avait lieu de payer, sur les
fonds de la ville , 502,000 fr. à titre de concours
fixe dans les travaux qui devront être exécutés au>i
frais de l'Etat, kscs risques et périls.
Une somme de 5.200 f. a éU votée pour travaux k
exécuter pour l'amélinration des moyens de clôture
ct.de fermeture su Jvc/e Chnrîemagiie.
Dans la séance d'hier la commission municipa
le, considérant qu'il importe dans l'intérêt de beau
coup de branches de commerce et des nombreux ou
vriers qu'elles alimentent, que des réceptions aient
lieu pendant le reste de l'hiver, dans les
l'Hôtel de-Ville, a alloué une tomme de 50,000 4Ï.
pour ces réceptions.
ALGERIE. — COLONISATION.
Nous devons à l'obligeance de la commission
des colonies agricoles de l'Algérie, communi. a-
tion des lettres suivantes, toutes d'une date ré
cente, et renfermant des renseignemens tout-à-
fait favorables sur les diverses localités "d : où
elles sont écrites :
« Gastonville, le 30 décembre 1818.
» Mon cher père, je m'empresse de vous éerini
cette lettre pour vous donner de nos nouvelles. Je
vous dirai que nous sommes arrivés, après 22 jours
de route, en bonne santé ii Philippeville, où nous
avons débarqué : nous avons eu une très bonne tra
versée. Maintenant nous sommés îi Gastonville, près
Philippeville, lieu de notre résidence. J'ai parlé au
capitaine qui nous commande pour vous faire venir
près de nous ; il nous a répondu qu'il était prêt !i
vous recevoir. Cela nous fera bien plaisir, car nous
nous ennuyons beaucoup loin de vous. Ainsi, si
vous êtes décidé k venir nous rejoindre, vous pou
vez vous adresser à la commission. Vous demanderez
h partir pour rejoindre vos enfans, colons à Gas
tonville, et vous obtiendrez facilement votre pas
sage. Du reste, nous sommes très bien. Le Gouver
nement tient toutes les promesses qu'il a faites.
.Nous avons nos terres et nous commençons à les
faire valoir dès à présent.
» Dans la réponse que vous nous ferez, dites-nous
si vous êtes décidé à venir près de nous. Je vous
ferai passer l'autorisation du cQmmandant dans ma
nouvelle lettre, etc.
» Signé : B..., colon du 5° convoi. »
Colonie de Saint-Cloud, près Arzcu,
province d'Oran, 1" janvier -1849.
Cher père et clièrc mère,
C'est aujourd'hui que nous avons senti combii ti
votre absence nous est pénible. En nous levant, no
tre première visite, habituellement, était pour vous.
Nous avons senti un grand vide dans notre cœur;
notre première pensée s'est portée vers la France,
vers ce Paris qui nous est si cher, vu que vous l'ha
bitez. Alors nous nous sommes dirigés avec B... et sa
femme, vers Arzeu, distant de quatre lieues de notre
colonie (c'est le port de mer où nous sommes débar
qués). Lî>, nous étions, plus près de la France, il
nous semblait que nos vosiix, pour la nouvelle année,
vous arriveraient plus vite, et tous les quatre, de
tout cœur, nous avons, au bord de la mer, envoyé
nos souhaits de bonne santé, de bonheur, de pros
périté pour vous, notre sœur, notre tilleul, et pour
tous ceux qui nous sont chers. Nous, notre sanié
est excellente, Dieu merci! Puisse celte lettre
vous trouver ausn bien portails que nous, et nos
vœux seront à peu près exaucés. Quant à noire posi
tion, elle n'est pas trop malheureuse: nous vivons
un peu mieux, vu que nous travaillons aux maisons
qui ont été données à MM. II..., à L... Ct il P..., et
pour, lesquelles nous sommes associés. (Tous ces
Messieurs vous disent bien des choses.) Du reste,
notre association est h peu près ainsi conçue: ils ga
gnent 5 fr. 50 e. par jour, et moi et B..., 2 fr. 20 c.,
et les bénéfices ù la fin partagés également. Cepen-
FEDILLET0N DU CONSTITUTIONNEL, îi JANV.
-■ LE CABINET NOM.
TROISIÈME PARTIE.
_ LA GÉORGIENNE.
CHAPITRE XXIV.
r . ;i'BAO QUI D011T.
; Les choses ainsi convenues, restait à faire a-
: gréer les dispositions par la principale intéressée.
' Alexis y mît une certaine adresse; il expliqua
à la future pensionnaire, que, pris au dépourvu
et ne pouvant immédiatement; lui arranger une
habitation et une existence convenables, il s'é-
/tait décidé à la placer jusqu'à nouvel ordre dans
une maison où, entourée de soins et d'égards, et
ayant la certitude d'être visitée par lui tous les
jours, mieux que partout ailleurs elle serait for
mée aux mœurs et aux idées du pays dans lequel
elle était destinée à vivre désormais.
Toir noire numéro da 20 janvier.
Tonte reproduction, même partielle, de cet ouvrage,
•il interdits, «t serait pourtnirie comme oontrefiçon,
Soit nonchalance de volonté, soit habitude de
la passive résignation à laquelle elle avait été
rompue par la discipline du harem, Giorgina ne
manifesta aucune opposition k l'arrangement pro'
posé, mais il" faut dire aussi que rien ne révéla
en elle une grande ardeur de gratitude pour le.
dévoùment dont elle avait été l'objet.
: A ce compte nul moyen pour Alexis de se
maintenir dans une idée dont il s'était plu un
instant b, se leurrer. 11 était clair, quand mêmé
Giorginajie le lui eût pas confirmé de sa bouché,
que tout, dans les avances où il s'était si naïve
ment laissé prendre, était bien parti de l'imagina
tion du traître poète. Par aucun tôté lacharmante
fille n'avait donné ouverture à cette comédie, et
antérieurement à leur rencontre, rienen elle n'a
vait accusélegermede quelques tendressentiméns
dont on se serait seulement avisé d'exagérer l'ex
pression; en un mot, déjà fort épris; et 6'étant
donné dès la première vue, le successeur de Mir-
za-Babba avait tout à faire pour obtenir d'être
pavé de retour et pour passer à devenir agréable
d'utile qu'il avait été. '
Du reste, dans la question d'opérer celte dou
ce transformation, de bien grandes commodités
sembjaient.seVencontrer pour lui: indépendam
ment du temps des leçons qu'il passait tête-à-
tête avec sa belle élève, le soir, dans le salon
du pensionnat, à la table de la maîtresse, où il
était fréquemment prié, dans quelques sorties,
que l'institutrice faisait, accompagnée de la Géor
gienne, èt pour lesquelles le bras de l'amoureux
était réclamé, il avait d'incessantes occasions de
voir et d'entretenir sa pupille. De plus, par mille
attentions et mille prévenances, en la comblant
d'une foule de ces riens charmans à l'usage des.
femmes, et que la mode met sans relâche en
circulation dans le commerce parisi.cn, il parais
sait avoir la chance de communiquer quclqu'ar--
deur à ce cœur jtisque ;là si tiède pour lui.
Cependant, après plusieurs mois écoulés, Alexis
n'avait encore fait aucun progrès remarquable,
et, dans le thermomètre de son amour, ne se ma
nifestait qu!une très insensible élévation. Giorgi
na, avec son soupirant, était*, si l'on veut, plus
familière, mais elle n'était pas plus tendre. Ou
tre qu'une certaine indolence de nature-semblait
en elle se défendre même contre la fatigue d'ai-
mer, il faut croire que cette compression et cette
flétrissure, au sein de laquelle elle avait vécu,
avait d'abord eblitéré et ensuite desséché dans
leur fleur toutes .ses qualités affectives. -Inerte,
même dans ses désiré et ses aspirations les mieux
dessinés, elle les laissait évanouir en quelque
sorte par évaporation, au.sfiuflle delà moindre ré
sistance, faute de la plus mince énergie pour les
suivre et leur donner une réalisation. C'est ainsi
qu'après avoir montré pour la liberté et pour le
séjour de Paris une ardeur singulière, n'ayant
fait, à vrai dire, que changer de réclusion, et
soumise à ce régime que Made'on des Précieu
ses ridicules, appelle un jeûne affreux de diver-
tissemens, elle ec se plaignait pas et ne songeait
pas même à animer, par un peu de cet amour
qu'elle: avait sous la main, la désolante mono
tonie de son existence nouvelle. Elle aimait
mieux, si l'on peut ainsi parler, s'aimer elle-mê
me, s'occuper sans relâche des soins à donner à
Ses charmes, dans lesquels elle se mirait avec
complaisance ; puis, après sa toilette dix fois
faite et dix fois à refaire, après l'emploi d'un
nombre merveilleux de cosmétiques, eaùx de
senteur . trésors de beauté, qui finissaient par
constituer pour Alexis une dépense considéra
ble, nonchalamment étendue sur un canapé, elle
laissait tomber uni à un les jours de sa : vie, sans
paraître penser ailleurs et désirer au-delà.
Comme on peut bien le croire, la pétulante
maîtresse du pensionnat de pouvait voir, sans
essayer de réagir, l'éducation qu'elle s'était
donné à diriger, tourner à cette sorte de stagna
tion morale, et, dans son ardent désir de galva
niser une nature de marbre, bien peu s'en serait
fallu quelle-même n'encourageât son jeune pro
fesseur à être le Pygmalion de sa désolante
statue.
Mais rien ne parvenait à rider la surface de
cette belle eau dormante; c'était bien juste si, en
se donnant des soins infinis, Alexis avait obtenu
de ses leçons de français un résultat passable :
par le côté de l'intelligence aussi bien que par
le côté de l'ame, cette admirable forme parais
sait à peu près close et murée.
Disons pourtant qu'à la longue, une influence
s'était révélée par laquelle avait paru pouvoir
être conjuré cet engourdissement de cœur ■et
d'esprit : une de ces douloureuses créatures qui,
moyennant «pnt écus par an , juste le gage de
la cuisinière de la maison, quand elle est chi
chement rétribuée, acceptent, dans un pension
nat, les rudes fonctions de surveillante et de
sous-maîtresse, avait fini par avoir accès dans
l'indifférence de Giorgina.
Yingt-cinq ans, un caractère à la fois insinuant
et hautain, un esprit vif et audacieux, et au mi
lieu de cruelles dévastations exercées par la pe
tite vérole sur son visage et jusque sur sa taille,
certains souvenirs d'une beauté flétrie, telle était
celte, fille quiy dans sa conversation, d'ailleurs
vive et attachante, en revenait peut-être un peu
trop souvent à parler d'une existence heureuse
et même splendide, dont elle aurait été dépos
sédée;; I
Cette liaison, sans qu'Alexis l'eût beaucoup
approuvée, se continuait depuis plusieurs mois,
. de plus en plus fervente, lorsqu'un jour, arri
vant au pensionnat, Alexis fut salué d'une étran
ge nouvelle : dans la matinée, Giorgina et la
sous-maîtresse, son inséparable, étaient ensem
ble disparues de la maison. f .
En voyant récompensé par cette ingratitude,
l'honorable dévoùment dont il avait fait preuve,
le pauvre jeune homme commença par se per
suader qu'il avait, du procédé de cette fille sans
cœur, un extrême ressentiment; mais, en regar-
. dant mieux à l'état de son ame, il s'aperçut qu'il
y-éprouvait encore plus de déplaisir que de co
lère, et qu'au fond, l'amoureux bien plus que le
bienfaiteur méconnu, pâtissait en lui. Alors,
mais un peu tard, il se reprocha la vertueuse
abnégation qui lui tournait si mal et pensa qu'a
vec une créature ramassée au lieu où il l'avait
prise, il avait usé d'une ridicule délicatesse,
qu'elle ne pouvait ni comprendre ni apprécier.
Dès-lors, de son amour-propre blessé; de ses dé
sirs exaltés par un éternel ajournement, de son
indignation contre la conseillère qui évidemment
avait inspiré la détermination de Giorgina, se
forma comme une furieuse passion de retrouver
sa trace, et l'on ne saurait vraiment dire à quelle
folie ou à quelle démarche désespérée, il était
envoie de se'porter, si une servante de la; mai
son ne fût venue à son aide avec un renseigne
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