Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1849-01-19
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 19 janvier 1849 19 janvier 1849
Description : 1849/01/19 (Numéro 19). 1849/01/19 (Numéro 19).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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1 BUREAUX A PAÏtIS :
Xva dujtl Février, 10 (oi-doYJmt d» Tàloil).
- Ob l'abonni dam les dépattemens, ani Bcsscgfrlas «ft
fcax directions dM postes.—A. Londres » cliei MM, Ccwiê et
ASf*«->A Strubonrg, çbex ilwoiuirt, pou rÀll«fli*gn*.
; S'adreuer franco, pour la rédiotioaj
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JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
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TROIS MOIS.... : 8 F. il F..
SIX MOIS....., 18 22 38
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Lu abosnunciu djHentda W «( te S» duqiM mois." '
'BUREAUX A PARIS: '«'•»''3
Jtu. du 24 Février, 10 {ci-devant dé Y*loii}. : "
Lu annoncer »ont reçoe», da 11 i 4 kearn, •
ao bnreau da Journal.
' Xo«t« lnjwtlon doit *tr« *gré4« pari» girant. . ;
fagrawer franco, pour radmicutratioa,
i H. BENAJCN, directeur.
7
PARIS, m JANVIER.
>5*
• Là Constitution institue, comme on sait,
vice-Président de la République. L'article
70■détermine le mode de son élection. C'est
TAssemblée nationale qui le, nomme sur la
présentation de trois candidats faite par le
Président dans le mois qui suit son élection.
Le vice-Président prête le môme serment
que le Président.
. Le vice-Présidentne peut être choisi parmi
les parens et alliés du Président; jusqu'au
sixième degré inclusivemen t. ......
En cas d'empêchement du .Président, le
"Vice-Président le remplace.
Si la présidence devient vacante par; dé-
fcès, démission du Président ou autrement,
il est, procédé dans le mois à l'élection d'un
Président.
" Le vice-Président, d'après l'article 71,
doit présider le conseil d'Etat, institué, par
le chapitre YI.de .la Constitution. ? ..
< Un mois ne s'est pas encore écoulé depuis
3e jour ou a eu lieu la proclamation du Pré
sident. Conformément à 'la disposition des
àrticles précisés, le,cabinet a. présjenté> dans
la séance d'aujourd'hui, les trois candidats à
îa vice-présidence. Ces trois candidats sont:
MM. Boulay (de la Meurthe), le général Ba-
raguey d'IIiliiérs et Vivien. Nous hésitons à
mentionner les inconvenantes exclamations
pâr lesquelles les- interrupteurs ordinaires
Mit accueilli la proclamation des deux pre
miers noms. M. le président de la chambre,
nous devons, le: dire, a rappelé les interrop-
leurs au respect de la prérogative présiden-
tîelle. Ces Messieurs de la Montagne s'atten-
daiëpt-ils par hasard à ce que, pour répon
dre & la grande manifestation du IX) décem
bre, l'élu du peuple allait chercher dans
leur parti lés candidats à la vice-présidence?
Après la ju^te admonition qu'ils ont provo
quée, le. nom de M. Vivien a pu être pro- ■
noncé au milieu d'un profond silence.
- Les trois candidats sont des hommes éga
lement honorables. On pense généralement
-que M. . Vivien obtiendra la majorité; Son
expérience de jurisconsulte administratif le
rend très propre à exercer la principale des
attributions de la vice-présidericç, celle de
présider le conseil d'Etat. ,
*■ M. ï Etienne a déposé une proposition ten
dante à faire déterminer le traitement affecté.
5 la yiçe : présidence.avant là nomination, du
vicerprésident. Il demande en même temps
que lesbâtimens du Petit-Luxembourg soient
affectés au logement du vice-présfdent.
; M. Etienne a laissé, en,blanc le chiffre du
traitement. Il sera, délibéré d'urgence sur
cette proposition. La nomination du vice-
ptésident a été remise à samedi prochain.
On avait dit que M. Odilon Barrot devait
Être. porté comme candidat à- la vice-prési
dence; Il est; très vrai que la candidature
■avait été offerte à l'honorable président du
■conseil. M. Odilon Barrot n'a pas voulu
compromettre par sa retraite l'existence du
cabinet actuel. 11 a préféré l'activité polili-.
que et le poste du devoir à un repos illustre.
La France lui saura gré de n'avoir pas remis
en question;: par une crise ministérielle, la
constitution 1 du^pouvoir, et de continuer à
représenter avec son courage et son talent,
dans le Gouvernement, la politique qui a
triomphé dans l'élection .du 10 décembre.
' Encore ,une, séance de nature -S- prouver
que la vie politique se retire de l'Assemblée;
là discussions été sans intérêt et n'a pro
duit aucun/résultat.
''La première délibération sur le projet de
Ipi,' relatif à l'ouvertured'un crédit pour dé
penses effectuées sans crédit régulier, a ame
né M. Flocon à la tribune ; le comité des
finances, , ainsi que nous l'avons dit, avait
constaté que l'emploi d'une somme de
00,000 fr. , portée sous le titre de secours à
des ouvriers et réfugiés étrangers, n'était
justifié que par une déclaration du citoyen
Flocon ; M. Flocon s'est plaint de* ce que le
comité des finances ne l'eût pas fait appeler
pour lui demander les comptes de ces
60,000 fr., et il a ajouté qu'il était prêt à
à lés rendre; M. Deslongrais lui a fait ob
server que le comité des finances n'avait pas
été chargé de demander la justification des
dépenses, mais seulement d'examiner si des
dépenses extraordinaires avaient eu lieu; M.
Creton de 6on côté ainsisté pour qu'il soit bien
entendu qu'il s'agissait d'une loi de simples
crédits, .et non d'une loi àpprobative d'une
partie quelconque de la gestion du Gouver
nement provisoire. Les comptes-généraux
du Gouvernement provisoire ne seront dis
cutés que lorsque l'Assemblée sera appelée
à se prononcer sur le projet apporté il y a
quelques jours par le ministre des finances,
conformément à un décret du 14 octobre
dernier.
,11 a été décidé ensuite que l'Assemblée
passerait à une seconde délibération sur le
projet relatif à la naturalisation de la légion
étrangère, et sur la proposition tendant à
accorder une pension de 3.000 fr., à litre
de récompense nationale, à M. Guénon, au
teur du Traité sur les vaches laitières.
L'Assemblée a repoussé, conformément
aux conclusions du comité de la marine,
une proposition de M. 'Mortimer Ternaux,
relative au cadre d'état-major de la marine
il s'agissait de revenir sur une ordonnance
du Gouvernement provisoire qui a accordé
à 250 capitaines de corvette le titre et le
traitement de capitaines de frégate ; l'As
semblée a trouvé que cette mesure serait
trop rigoureuse pour des droits qu'on devait
considérer comme droite acquis.
A la fin de la séance, M. Flandin est ve
nu déclarer, au nom de la commission
nommée le matin pour,examiner, l'urgence
du projet relatif au renvoi des accusés du
15 mai, devant la haute cour nationale,
qu'elle avait reconnu la, nécessité ,de hâter
les débats de ce projet dans le triple intérêt
i des ; prévenus , dè là société et » de l'ordre
public, mais qu'elle avait été d'avis d'en
différer la discussion Jusqu'à samedi, afin,
que chacun eût le temps d'en étudier les
différentes dispositions; le Gouvernement a*
adhéré à cette proposition^ et les débats au
ront lieu après-demain. : ;s
M. Lagrange a cru l'occasion favorable
pourdemanderque l'Assemblée discutât d'a
bord sa proposition d'amnistie ; il a deman
dé, en conséquence, i qu'on la mît à l'ordre
du jour de demain ; cette demande a été re
poussée après une épreuve douteuse.
■tl •'
L'armement d'un certain: nombre de ba<-
teaux.à vapeur dans le port de Toulon et
plusieurs dispositions militaires ont rappelé
les esprits vers les difficultés de la politique
extérieure. On répété les bruits les plus di
vers : c'est la médiation pour les affaires
d'Italie qui est abandonnée ; le Piémont fait
marcher son armée; Radetzki s'avance sur
Turin et sur Rome ; le. pape va en France,
en Espagne, ou rentre avec les étrangers
dans sà capitale. L'autre jour, MM. Baune
et Ledru-Rollin ne„ reprochaiept T ils pas en
même temps au Gouvernement de n'avoir;
pas facilité la séparation- complète de la Si
cile du royaume de Naples, et de n'avoir pas
fait entrer cette Ile dans l'unité italienne,
unité fabuleuse, rêvée en, tous lieux par les
anarchistes qui n'admettent pas plus les
frontières entre les Etats que les limites en
tre les héritages.
Des trois difficultésitaliennesj ladernière,
la plus délicatej la plus instante, est certai
nement celle de Rome. Sans doute, l'or
gueil du succès peut enivrer les Autrichiens
et les pousser contre le Piémont.. Les;der
nières mesures du maréchal Radetzki an
noncent peu de retenue, pour ne pas se ser
vir d'une expression plus sévère,.,et un dé-,,
dain par trop suprême pour les espérances
de conciliation. D'un autre côté, une nou
velle ardeur guerrière s'est emparée des
Piémontais. Un ministère passionné.a suc
cédé il y a un mois à un ministère plus pru
dent. Mais rien n'autorise à penser que
l'œuvre de la médiation soit abandonnée. !
Ses chances de succès sont restées ce qu'elles
étaient, et cette situation justifie les paroles
prononcées il y a quelques jours à l'Assem
blée par un des organes du Gouvernement :
l'intérêt de la France est le maintien de la
paix, sa politique doit être conciliatrice ;
mais qu'elle se tienne sur ses gardes, et prête
à toute éventualité. .
Un sentiment d'indignation a parcouru
la France; et l'Europe entière, à la nouvelle
des excès dont Rome avait été lé théâtre :
Pie IX, promoteur delà liberté italienne, ce
pape guelfe et libéral, était contraint de fuir
devant un mouvement qui n'avait de popu
laire que le nom, de national que le dra
peau, et qui débutait par un indigne assas
sinat. Le caractère religieux et catholique
du souverain pontife donnait à cette pertur
bation, car nous ne voulons pas l'appeler,
révolution, quelque chose de plus sensible
pour les autres peuples, et nécessitait de
leur part un intérêt plus actif qu'aucun au
tre événement politique. Cette impression,
nous n'avons pas été seuls à.la ressentir, et
les démarches officielles du général Cavai-
gnac lui ont donné un grand retentissement:
11 ne lui a pas suffi de se préparer à agir en
cas de bésoin, il a proclamé son intention !
d'agir. ' r
>î Le fait du départ du pape était très grave
en lui-même, et de nature à créer de consi
dérables embarras. Les manifestations du
Gouvernement,; il y a cinq semaines, ne les
ont pas diminués, et lorsque les divisions
autrichiennes sont groupées vers Plaisance,
quand d'autres Etats peuvent se disposer à
agir; la France doit se tenir prête ' à faire
écouter sa voix, sans oublier les droits des
peuples, et en se souvenant toujours que
Pie IX n'est pas , ne saurait et ne veut
pas être Grégoire XVI;
Souhaitons ardemment que les difficultés
relatives au saint-Siége s'aplanissent par le
seul effort de la raison et du patriotisme
éclairé des Italiens eux-mêmes. Deux faits
nous donnent cette espérance. Tout le monde
a dû remarquer que les mouvemens anar-
chiques italiens ne s'opéraient pas simulta
nément sur/les divers lieux comme le;font
d'ordinaire ces commotions électriques qui
transportent les peuples-vers le but indiqué
par l'instinct'de leur patriotisme. On dirait,
et c'est peut-être la vérité; qu'une bande de
condottieri du désordre s'est promenée de
ville en ville, renversant tout stir son pas
sage» et, n'exerçant qu'une action éphémère
comme l'a été son apparition. Rome; la ville
des étrangers, s'est insurgée, tandis que Bo
logne, le foyer du libéralisme dans les Etats,
pontificaux, opposait de la résistance. Neus'
ignorons encore quel sera le résultat des élec- '
tiôris pour la' constituante ; mais voici le' se
cond fait qui nousa frappés et quiTious permet
d'en appeler à la raison de l'Italie elle-même. .
Le ministère Pinelli, présidé parle brave gé
néral Péroné, a été renversé par le parti de
la guerre immédiate. Les dernières élections
qui ont, eu lieu dans le Piémont viennent
d'amener des candidats modérés, et M. Gio-
berli suit la ligne de conduite de ses prédé--
cesseurs. Arrivé au, pouvoir,^ il a mesuré
l'étendue de sa responsabilité .et senti, le
poids de l'intérêt national. En Toscane, le
même phénomène s'est produit. La première
condition pour que l'Italie, acquière la plé
nitude de sa nationalité, est qu'elle sache
se gouverner. Le droit au respect moral fa
cilite et commande chez les nations amies
les secours, les'efforts désintéressés. Au
milieu des atteintes qui peuvent être por
tées ici à l'ordre, là à la nationalité,
partout à la liberté et aux intérêts euro
péens, à. notre repos ou à opiotré gloire, le
gouvernement ' français ne saurait; demeu- ;
rer impuissant, et l'armement des bateaux
à vapeur de Toulon était aussi indiqué que
le fut la formation de l'armée des Alpes.
: Le marquis Ricci doit arriver incessam
ment à Paris pour se rendre à Bruxelles; en
qualité de plénipotentiaire; sarde dans les
conférences qui yont s'ouvrir dans Cette ca
pitale.- ■
i Le comte d'Antioche, qui remplit dans
ce moment les fonctions de chargé d'affaires
de Sardaigne , accompagnera le marquis
Ricci comme conseillerde légation,
j D'après ce que nous mandé notre corres
pondant de Turin, on s'entretenait dans les
salons diplomatiques de cette capitale d'une
proposition faite pair la reine d'Espagne ,
d'ouvrir, dans une des villes du littoral de
la Méditerranée, des conférences spéciales
pour le règlement des affaires de Rome. Le
cabinet sardè aurait répondu qu'il désirait
s'en rapporter, pour toutes les affaires d'Ita
lie , aux conférences de Bruxelles. En re
poussant cette proposition du cabinet espa
gnol, le gouvernement sarde aurait cru de
voir protester en même temps auprès de tous
les cabinets de l'Europe, contre l'envoi d'u- .
ne flottille [de guerre que l'Espagne avait
l'intention d'expédier dans les eaux de Gaëte;
; Cette manière d'agir du gouvernement
sarde est, du reste, parfaitement conforme
aux convictions du pape lui-même, qui ne '
cesse de rejeter toute idée ; tout projet d'in
tervention étrangère et armée dans les Etats
romains. Pie IX compte plus sur les bons
rapports qui n!ont jamais cessé d'exister en
tre lui et le roi Charles-Albert. La confiance
qu?a l'Italie dans ce dernier prince , ajoute
notre correspondantest en effet un moyen
puissant, entièrement à la disposition de Sa
Sainteté, pour faciliter l'arrangement à in
tervenir entre la papauté et la partie saine
de la population des Etats de l'Eglise. ;
Lorsqu'il s'est agi, dans la séance du 17 jan
vier, de la première lecture du projet de loi re
latif à l'indemnité qui est due aux colons, par
suite de l'affranchissement dès esclaves, un mem
bre a fait observer qu'il fallait connaître avant
tout»- quelles étaient les bases véritables de la loi
mise en délibération. M. Goudcbaux, alors qu'il
.était ministre des finances, avait proposé de faxer
■ l'indemnité k 90 millions, payables en dix an
nuités ; la commission avait pensé qu'il fallait
réduire le capital k verser entre les mains des
colons, k 80 millions, k condition qu'on créerait
en outre, au profit des propriétaires dépossédés,
une rente de 2 millions. L'ancien ministère et
la commission n'étaient donc pas d'accord. Pre
mier embarras. Etait-ce sur leur différend que
l'Assemblée était appelée hier k statuer? Non
pas. La question de l'indemnité, tant ajournée,
tant discutée k l'avance, presque impossible k
résoudre, et dont la solution est cependant indis
pensable, avait pris depuis le premier rapport de
Jacommission un nouvel aspect. M^leministredes
finances et M. lé ministre de la marine qui, tous
deux . connaissent bien les colonies et dont lesatf-
técédens ne peuvent- qu'inspirer la plus grande
confiance à tous les abolitionistes raisonnables,
ont cru que l'indemnité pourrait être plus con
sidérable et que; cependant, il serait plus aisé
de l'acquitter si on en payait la rente au lieu
d'en payer le capital. En conséquence, ils ont
été d'avis de créer k cet effet une rente dé 5 mil
lions, 3 0/0,-avec jouissance au mois de juin pro
chain ; et, en même temps, pour venir en, aide
aux'nécessités du moment, ils ont proposé d'al
louer une" somme de 6 millions en numéraire,
à verser .dans les trente jours, de la promu! ga-
tioh de la loi! ■ " •
■ On avait entendu parler de ces nouvelles dis
positions k ta chambre ; mais on ne les connais
sait pas officiellement lorsque le débat a été
-commencé, le 17 ; en outre, on ignorait absolu-
îîïentce quela commission en pensait. On â appris
aujourd'hui que la commission y adhère com
plètement. La discussion pourra donc avoir lieu
d'après des données certaines. Le nouveau pro
jet a'des inconvéniens. Il y en à beaucoup, par
> exetople, k ce que llndemnité soit saisissable ;
car eilè sera payée, non-seulement comme une
défte,^mais comme un moyen de féconder le sol
colonial ; or, il est k craindre que la plus grande
patt dé cette somme, qui doit aller aux colonies,
ne soit arrêtée en chemin par des créanciers.
Malgré cela, ce projet nous paraît devoir être,
en général, plus avantageux que le précédent
Eour les colonies. M. de -Tracy a résolu,' plus
eureusement que ses devanciers, cette ques
tion si difficile.
Après les vives réclamations des délégués, de
la sucrerie indigène, et sur les instances des
personnes intéressées k la production coloniale,
k l'industrie du raffinage ou des transports ma
ritimes, M. le ministre du commerce et de l'a
griculture avait prescrit'la formation d'une com
mission générale d'enquête, destinée k étudier
k nouveau toutes les questions si importantes
qui se rattachent k l'industrie des sucres
Créée sur des bases très larges et avec un ca
ractère de louable impartialité, cette commis
sion, dans laquelle ont été appelés, des points
principaux du territoire et par voie d'élection,
les hommes les plus compétens, sera miscïnces-
sattment en mesure de commencer son œuvre.
Selon le vœu du ministère, l'Assemblée na-
/ tionale a dû fournir à cette commission trois de
ses membres, appartenant e chacun des comités
compétens, pour connaître des questions à met
tre k l'étude.
Ces trois membres ont été fécemment élus.
M. Ducos, de la Gironde, a été nommé par le
comité de la marine et des colonies ;
M. Jusseraud, du Puy-de-Dôme, par le comi
té de l'agriculture ;
M. Morlot, de la SeineJnférieure, par le co
mité du commerce et de ^industrie.
'On nous écrit de Saint-Denis, île de la Réu
nion, k la date du 48 octobre 1848, ce qui suit:
< « Depuis ma dernière lettre du mois de janvier,
les affaires de la colonie, loin de s'améliorer, n'ont
fait que devenir plus difficiles. Notre récolte de su
cre, principale branche de notre commerce) se trou
ve, par suite de l'intempérie des saisons, réduite
de moitié cette année, et, pour comble d'infortune,
le défaut de confiance et la rareté du numéraire pa
ralysent les ventes. C'est à grand'peine qu'on obtient
vingt francs pour cinquante kilogrammes de sucre,
Vos agitations sont peut-être terminées, mais les nô
tres vont commencer. Le commissaire de la Répu
blique est arrivé le 13 de ce mois, il a trouvé notre
pays fort calme, ce it quoi il ne s'attendait guère,
ayant appris en route les événemens de la Martini
que. C'est demain qu'on promulgue le décret sur
l'émancipation des nôirs, et dans deux mois, ils se
ront entièrement libérés. Il aurait été à désirer que
le commissaire général, avant la promulgation, eût
pris des mesures qui eussent pu assurer l'ordre, le
travail et la tranquillité. Ce qu'il n'a pas fait. Ce
pendant comme l'esprit de nos noirs est générale
ment bon, nous espérons que cette transformation
sociale s'efiectuera sans secousse et que le travail
seul sera interrompu pour longtemps. Le pays et
même les nouveaux affranchis vont se trouver bien
tôt dans la plus affreuse misère ; car, comment, en
supposant qu'on puisse organiser le travail, payer
un salaire quelconque aux travailleurs et acheter la
nourriture qui leur est, nécessaire. » .
Ou a reçu âu ministère de là marine des nou
velles de Taïti du mois dé septembre.
Le gouverneur de Taïti, M. le capitaine de
vaisseau Lavaud, était très satisfait de l'état du
pays. Aucun élément- de trouble ne paraissait
, subsister parmi les naturels. La reine Pomaré
était très contente du sort que lui faisaient les
Français, et avait agréé avec une grande joie les
derniers cadeaux qui lui avaient été envoyés de
France. '
La frégate la Poursuivante était encore k cette
date k Taïti. ;.; w ' ..,
: } ? ' ' ' . . '•
Lesbureaux de l'Assemblée avaient à nommer,
aujourd'hui, trois commissions.
La première, pour examiner la proposition du
Gouvernement, tendant k faire déclarer l'urgen
ce pour le projet de loi ayant pour objet de ren
voyer devant la haute cour de justice les auteurs
et complices de l'attentat du 15 mai. (Cette com
mission a déjà présenté son rapport k l'Assem
blée, qui l'a adopté.)
La deuxième, pour examiner la
relative au privilège des ouvriers.
proposition
La troisième, pour examiner la proposition
relative k la création de banques départemen
tales.
Les débats ont offert en général peu d'intérêt.
La commission chargée de l'examen de la
Suestion d'autorisation ae poursuites contre MM.
. ourboussonetRéynaud-Lagardett'c, s'est réunie
ce matin., M. Waldeck-Rousseau a été. nommé
président, et M. Chauffour. secrétaire..
La disoussion générale,; ayant pour but de ré
sumer l'opinion des bureaux, s'est immédiate
ment ouverte. Elle a été continuée k demain.
Le projet de-loi sur les chambres consulta
tives, présenté par M. Tourret, lorsqu'il était
ministre, et renvoyé au comité d'agriculture
où il a été plusieurs fois l'objet de discussions
approfondies, sérieuses j animées' même, avait
été, une première fois amendé par la commis
sion, présidée par M. Dézeimeris.' Cette commis
sion en avait changé la disposition principale,
celle de l'organisation par arrondissement, qu'elle
avait abanaoHnéepour la porter au département :
Mais le comité, repoussant ce principe, avait de
nouveau renvoyé la loi k l'étude de la commis
sion, en la priant d'apporter un travail conforme
au vœu du comité; La cpmmissionest venue sou-
mettre son nouveau travail au comité qui l'a dis
cuté pendant deux siéances.
Les débats ont été vifs encore, car on revenait
d'une manière détournée au principe du dépar
tement, en disant qne chaqué année les cham 1
bres consultatives des divers arrondissemens se
réuniraient au chef-lieu. ,
Il a été difficile aussi de bien préciser les
conditions qu'il fallait réunir pour être électeur.
La nomenclature des objets k traiter par ces
chambres, a également été discutée soigneuse
ment.
Enfin le projet, contenant 29 articles, a été
définitivement adopté et déposé sur le bureau
de l'Assemblée.
Le Moniteur publie aujourd'hui la loi sur les
sels étrangers; nous la* reproduisons, comme
nous avons reproduit le texte de la loi du 28
décembre :
L'Assemblée nationale a adopté, .
Et le président oe l*A.ïocml >16o prnmnlgiiA la loi
dont la teneur suit :
Art.'<«'•. Adaterdu 1" février 48Î9, les sels étran
gers seront admis en France aux conditions sui
vantes :
Par mer et dans les ports de l'Océan et de la Man
che, en payant par100 kilogr.,
Sous pavillon français . . . . 1 fr. 75 c. ,
Sous pavillon étranger. . . . 2 fr. 25 ,c.
Les sels étrangers raffinés, blancs, égrugés, pul
vérisés et de la qualité dite de table, entreront en
France en payant par 100 kilogrammes :
Par la frontière de Belgique. . . 2 fr. 78 c.
Par mer et par les ports de l'Océan et de la Man
che :
Par navires français. ... . . 2 fr. 75 c. .
Par navires étrangers. . . . . 3 fr. 25 c.
Art. 2. Il sera {ait,"«n»1849, une enquête parle
mentaire sur la production et sur le commerce des
sels en France. ■'
Délibéré en séance publique, à Paris, le 13 janvier
184-9. : ■ ■■ •; -
Nous avons des nouvelles d'Alger du 10 jan
vier.
Le 16* convoi d'émigrans parisiens est arrivé
k Bone le 30 décembre dernier, k neuf heures du
matin. Ce convoi, qui représente une population
de 225 concessionnaires, se compose de 574
hommes et femmes, 234 enfans au-dessous de
douze .ans, et 32 enfans au-dessous de deux ans.
Le débarquemént s'est fait avec facilité ; les co
lons ont été placés dans les casernes, où tout
avait été préparé poùr les recevoir. L'insuffisan
ce du matériel' de transport, dont une partie
était déjk employée au transport des matériaux,
n'a pas permis le débarquement immédiat des
bagages. Le personnel même n'a été dirigé que
successivement de Bone sur Guelma. Les colons
seront répartis en deux centres, sur le territoire
auquel on a donné le nom de Millesimo. On est
content de leur docilité et de la reconnaissance
qu'ils témoignent pour les soins dont ils sont
1 objet.
La situation des colonies antérieurement fon
dées est satisfaisante. À Robertville, 110 fa
milles sont logées dans les baraques, et déjk
un certain nombre de maisons définitives ont
leurs maçonneries commencées. 509 sacs de blé
et 166 d'orge ont été semés. Les colons ont mis
eux-mêmes en terre les pommes de terre qui
leur ont ; été distribuées. Gastonville achève ses
baraquemens. Les terres sont ensemencées ; les
colons font leurs défrichemens et ont aussi semé >
leurs pommes de terre: Jemmapcs a été retardé ,
par le manque de moyens de transports. Les c»* i
Ions y ont été dirigés par petites troupes ét à,
dos de mulets. Les 11 e et 14 e convois- sont coni- ;■
B'ètement installés dans les centres de Mondovi, !
éliopolis et Guelma. Les baraquemens sont k. .
peu près terminés sur tous ces points. On man- :
Îue de renseignemens précis sur les culturèa. .
'état sanitaire est satisftiisant. " > ■ ;
HOU VOIENT ÉLECTORAL.
ardentes , — (Arrondissement de Sedan.)
i Citoyens représentai, . —
Le peuple vous a élus pour fonder la Constitution
de la République. Cette haute mission, vous l'avez ■<
remplie avec dévoûment et patriotisme. La France
conservera pour leséminens services que vous lui
avez rendus une éternelle gratitude. a h
Mais quel que soit notre respect pour l'Assemblée
nationale, nousnepouvonslcdissimiiler, elle n'exisle
plus que de fait ; de droit ses pouvoirs. ont cessé
par la promulgation de la Constitution. Investie
d'une délégation déterminée par le déçrefo du'5jnars.
son mandat spécial est expiré. Elle rie peat le perr ,
péfuer sans commettre une usurpation de la souve
raineté. -
i Citoyens représentai, s nous venons joindre nos i
vœux à ceux qui s'élèvent de tous les points de la .
France, et. vous supplier .de ne ; pas prorc^er ' VOS :
pouvoirs sous le prétexte de décréter les lois organi
ques dont les projets ne sont pas même encore ébau
chés. •' '!
Votre mandat ne peut se légitimer aujoupd'hui:
que par la nécessité la plus àbsolue, et la nécessité
ne réclame plus de vous que la loi électorale protv ?
mise par la Constitution pour l'élection de l'Assem- .
blée législative. ; i ■ i
: Citoyens représentans, l'Assemblée législative élue
comme vous par le .suffrage universel sera digàe de :
sa mission. ' . ,
] Elle saura, n'en doutez pas, carie doute serait une
^njurè, et pour elle, et pour le peuple'qui doit la
nommer , elle saura s'inspirer des l)rihcjpes de - la >
Constitution pour développer et féconderTes institu* 1 •
tions républicaines. Animée des «entimens - de la ; '
France, elle apportera au nouveau Chef que plus de
5 millions de suffrages ont appelé il la magistrature
suprême de la nation, un concours sympathique et
dévoué; elle rétablira entre les pouvoirs l'harmonie
si nécessaire pour ranimer la confiance, source du ■
travail et de la prospérité publique. >
' Citoyens, au nom de la souveraineté du peuple,*- :
au nom de la Constitution, dont l'action se i: trouve
en partie suspendue pendant la durée de votre - ses- ■:
sion, nous vous adjurons de ne pas ajourner la loi
électorale qui doit régir l'élection de l'Assemblée lé-» '
gislative afin que le pays puisse, dans le plus bref »
délai, choisir de nouveau ses mandataires, et, l'As
semblée législative réunie, de prononcer, la-dissolu-
tion immédiate de l'Assemblée nationale.
(Arrondissement de Rocroy.) ,.
- Messieurs, ■ ' s - -, i-. f - ■ •;
Appelés par le vœu national à donner là: la: France !
une.Constitution nouvelle, vousavez, en là lui.don
nant,; rempli.votre mandat; et - là a dû finir votr&vf
mission. En voulant, retenir plus longtemps les pou- r
voirs qui] vous avaient été conférés, vous usurpez|es i
droits de la souveraineté du peuple. La France; qui ;
vous doit la plus grande reconnaissance pour l'avoir : !
arrachée en juin dernier aux horreurs de la guerre
civile, est jalouse " de'ses droits ; elle saura les se.-
vondjquor ot Ias maintenir ..Faites dnnc immédiate' '
ment acte d'abnégation et de dévoûment; obéisset..*;
à sa suprême volonté ; déposez vos démissions ; c'est "
maintenant la seule planche desalut pour tous. La
nation tout entière est fatiguée des désordres san-
glans qui se sont si souvent renouvelés ; elle veut et
saura aujourd'hui énergiquement les réprimer. Elle
ne demande et ne désire que la paix et l'ordre.
Salut et fraternité. ,
' orne .—(Arrondissement d'Argentan.)
Citoyens représentans, . .
En avril dernier, le peuple fut appelé h élire
l'Assemblée nationale qui devait lui donner une
Constitution. Le suffrage universel vous confia ce ;
mandat; vous promîtes de l'accomplir. La révolte
armée tenta d'interrompre votre œuvre. Le peuple
français accourut à votre voix, et la violence ces- •
parlis se perdit dans un immense mouvement na
tional. ■ >
Vous avez voté la Constitution. Le. peuple français
l'a mise en action en élisant à une imposante ma
jorité le président de la République. -
Aujourd'hui, vous paraissez croire que votre mis
sion doit se prolonger encore. - j
La voix du peuple qui vous a élus, le texte de la
Constitution que vous avez votée vous annoncent ce
pendant que cette mission est terminée'. • • r,u- <
Représentans, vous avez fait votre devoir de cous- :
tituans, venez nous demander le mandat du législa
teur. ' ■-.
Vous avez réprimé le désordre matériel qui naît,
de l 'abus de la force. Prévenez le désordre moral ;
qui naîtrait de la confusion des pouvoirs. La France , ;
a dû son salut à votre'énergie; qu'elle doive sa
prospérité k votre modération.
(Arrondissement de Mortagne.) ' '
Messieurs les représentans, . J
Jusqu'ici, vous avez bien mérité de' la patrie^ en *
faisant triompiier.au milieu des Orages déchaînés
contre elle, les principes d'ordre, de vraie liberté; >
eten consolidant la souveraineté nationale. ;
Pour tant de services, aussi pénibles que glorieux,
la société vous doit et vous conserve sa reconnais
sance. ,, "• - *■ !i
Nous venons, Messieurs, faire un dernier appel à !
votre patriotisme et réclamer une preuve éclatante
du respect que vous portez aux grands principes que
vous avez vous-mêmes proclamés-: c'est d'abandon-' i
ner un pouvoir qui, s'il fut le salut du pays-, n'est"'
plus pour lui qu'un juste sujet dé craintes et
larmes, justifié par le désaccord qui semble régner-
entre le pouvoir exécutif et l'Assemblée nationalev *
' ! Vous n'avez rpçu, Messieurs; et nous n'avons eri-~
tèridu vous conférer, que le mandat de préparer et».
FEUILLETON DD CONSTIUÏTIONNEL, 19JANV.
"LE CABINET MOIR.
TROISIÈME PARTIE.
LA GEORGIENNE.
CHAPITRE m.
1E tETOEMAEV.
Le jour survant, Alexis, encore au lit, cher-
ebait k s'expliquer que, lors de leur rencontre
inespérée, Giorgina n'eût pas eu l'air de le con
naître, et il venait de décider que, sous l'œil du
xnattre, craignant apparemment d'être entraînée
à quelque indiscrète révélation de ses sentimens,
elle avait sacrifié k la prudence en se renfermant
dans une rigoureuse réserve qui était peut-être
plus facile, en effet, qu'une demi-intelligence
A ce moment entra dans sa chambre le jeune
Anglais auquel il devait sa position auprès de
Mirza-Babba, et qui lui dit sans autre prépara-
tion :
Toir notre numéro du 18 janvier.
Toute reproduction, même partielle de cet ouvrage,
cit interdite, et ferait poursuivie comme contrefaçon.
— Mais, qu ; avez-vous donc fait hier au su
blime-envoyé ? C'est cé matin un sanglier furieux
qui donne k droite et k gauche des coups de bou
toir : l'ambassade tout entière est dans la ter
reur ; déjk il a fait mutiler deux de ses gens.
— Mutiler ! comment cela?—demanda Alexis
avec épouvante.
—Oh 1—repartit l'Anglais,—la choseestmoins
grave que vous ne pourriez le croire. En Perse,
il y a une espèce de châtiment plus burlesque
que terrible. Quand on ne trouve pas le cas as
sez grave pour empaler, décapiter ou étrangler
un homme, on lui coupe, d'un côté, la mousta
che et la barbe. Outre que les Musulmans, qui
sont fort soucieux de leur poil, tiennent k grand
déshonneur d'en être ainsi dépossédés, vous pou
vez facilement vous représenter la figure que
cette opération peut donner k un homme.
— Mais quels sont donc les pauvres diables
que ce despote a fait traiter de la sorte?
■ — Son médecin d'abord, dont le crinie serait
de l'avoir laissé, empoisonner & ce repas d'hier
soir.
— Empoisonné I il est bien honnête ; c'est -à-
dire que le cher homme s'est grisé à fond avec
du vin de Champagne ; et que pouvait y faire
son docteur, qui d'abord est un âne, et qui
d'ailleurs n'était pas présent ?
— Alors,— dit l'Anglais,—tout est expliqué,
sa hautesse est furieuse d'avoir compromis sa
gravité, et, pour justifier cette profonde atteinte
portée k la dignité , musulmane, elle passe sa
colère sur ce pauvre docteur qui paie ainsi la
fêlure faite k la tête de son auguste client.
— Et l'autre affligé ? — demanda Alexis.
— L'autre affligé, c'est le faiseur de Mille-et-
une-Nuits, le poète qui, dans'.l'exercice de ses
fonctions, a commis, k ce qu'il paraît, une grave
irrévérence.
— Il est vrai qu'hier, il s'est laissé aller k une .
sortie d'amour-propre assez grotesque, et main
tenant qu'elle se trouve si sévèrement punie, je
me reproche de l'avoir, quoique bien involon
tairement, provoquée.
— Pour celui-là., prenez moins de souci; c'est '
un drôle qui vous dressait k petit bruit un guet-
k-pens, dont je venais justement vous aviser.
— Un guet-k-pens, k moi !
— Oui, k vous, et il faut k ce sujet que je
vous fasse une morale. Vous avez vécu en Orient,
et devriez savoir combien les Musulmans sont
chatouilleux sur le chapitre de leurs femmes.
— Sans doute, mais en quoi semblé-je l'avoir
oublié?
— Oh! tenez, — reprit l'Anglais de l'air d'un
homme parfaitement bien informé, — ne jouons
pas au fin. Vos lorgrierics, vos rôderies autour
du harem ont été remarquées et sont connues de
la maison entière, k ce point même que c'est sur
cette imprudence qu'a été bâtie cette méchance
té noire où il y allait peut-être de. votre vie.
—C'est beaucoup dire, je pense,—fepartit
Alexis? qui néanmoins ne put faire autrement
que d'être un peu intrigué.
-—Du tout, vous étiez dans une très mauvaise
voie, car, si vous échappiez au côté sérieux du
danger, vous étiez au moins exposé k un grand
ridicule. . .,
Diable! ceci est plus grave—repartit che-
valeresquement Alexis.
— Yoilk le fait; Ce damné poète ayant re
marqué que vous tourniez autour de la. ber
gerie, s'est entendu avec le chef des eunuques;
on vous a de derrière une persienne jeté des
bouquets, puis ensuite une lettre qu'en sa qua
lité de romancier, l'ordonnateur de toute cette
intrigue avait fabriquée au nom de l'une des
femmes les plus aimées de S. Exc., et vous,
poisson plein d'innocence, vous mordiez fabuleu
sement k l'aimable hameçon.
— Mais ce sont donc des pestes que ces Per
sans?
— Ce sont tout simplement des valets jaloux
d'un favori et qui, le voyant sur une mauvaise
pénte; ont fait ce qu'il fallait pour l'aider k rou-
' 1er jusqu'en bas. Mais, si vous m'en croyez, il y
a moyen de retourner contre eux cette noirceur;
' portez 'J.' Mirza-Babba la lettre que vous avez
reçue, l'écriture ne laissera pas de doute sur son
auteur, et par 1k non seulement vous prévien
drez les soupçons du jaloux si l'on avait l'inten
tion de les éveiller contre vous, mais encore vous
ménagerez une bonne correction k vos ennemis.
— S'il ne s'agissait que de leur faire couper
un côté de la barbe, je n'hésiterais certainement
pas; mais avoir écrit au no» de son esclave ché
rie, l'avoir compromise dans une intrigué d'a
mour, ne voyez-vous pas la colère de Mirza-
Babba en apprenant cette audace, et qu'il est
capable, de faire trancher la tête aux délinquàns?
Alexis avait à peine achevé celte phrase plei
ne de clémence; qu'on vint l'avertir, de la part
de l'ambassadeur, qu'il eût.k se rendre auprès
de lui. .
— Pourvu, — dit l'Anglais, —que ce coquin
de poète ne vous ait pas prévenu par quelque
révélation de sa façon, et que ce ne soit pas de
lai Géorgienne que Mirza-Babba veuille vous par
ler ! J'en ai une crainte horrible avec ce parti
pris surtout qu^il paraît avoir ce matin de vou
loir chercher querelle k toute la maison.
— Nous verrons bien; répondit Alexis, —et
dans tous les cas il n'oserait pas procéder avec
un sujet français comme avec un Persan.
Au moment où Alexis entra chez l'ambassa
deur, qu'il trouva assis sur son divan, où il fu
mait majestueusement, il n'eut presque aucun
doute relativement k la justesse de l'aperçu de son
ami l'anglais : Giorgina qu'il aperçut, ou plutôt
qu'il devina sous son double voile, avait bien l'air
d'avoir été amenée Ik pour une confrontation, et
il se disposa k une rude rencontre: Néanmoins,
faisant btnne contenance, il commença par de
mander avec intérêt k l'ambassadeur des nou
velles de sa santé. ' » *
— Ma santé, répliqua Mirza-Babba, ~-vous :
pensez donc qu'hier soir j'ai été malade? - , »
— Malade? non, mais légèrement indisposé.
— Commentl vous n'avez pas Vd que c'était
une indisposition jouée pour me débarrasser de
la présence de ces femmes, dont le caquelage
avait poussé k bout ma patience?Je vous croyais
plus fort, mon ami.
— J'avoue, — répondit Alexis, qui reconnut
aussitôt un homme occupé de sauver sa dignité,
que je ne m'étais pas avisé de ce tour dè haute
diplomatie. .•
— Décidément, —continua l'ambassadeur en
essayant toujours de lui faire prendre le change, ^
cette relation de la princesse n'était plus soute-
nable ; ce rôle de céleste soupirant qu'il fallait
constamment jouer avec elle, finissait par me fa
tiguer. Hier, elle l'a pris sur un ton qui prêtait
occasion k une rupture. J'ai relevé le gant; et
tout-k-l'heure je viens de lui écrire de façon k
croire que, ni elle, ni personne de son intimité,
ne sera plus curieux de se jouer k moi.
— Ainsi; —dit Alexis; — ce tendre lien se
rait brisé sans retour?
— Oui, — fit négligemment Mirza-Babba, —
dorénavant je m'en tiendrai aux femmes de mon
harem, k ces affreuses Géorgiennes qui ne sont
pas dignes d'être mises en comparaison même
avec les grisettes de Paris.
— — Monseigneur, — repartit Alexis, ■— jé dois
r
VENDÎlfiDI 10 iANVIEn 1040.
•Jli'«.x-J>» Mkc '-rjL^j.ssL'&iiitliL 4....»s 5L £Jti'J&jJMi^r..__1.
FtCMERO 19.
• niZ M VAMRRMUIV ■ -
, départ,
14 F..
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PARIS*.
DÉPARIÉ
. 8 F.
11 F.
16
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TROIS MOIS....
SIX. MOIS* • • • • •
UN AN...».....
' Lu îbcanemeM patent des l* r •!.16 de chaque ntoii
1 BUREAUX A PAÏtIS :
Xva dujtl Février, 10 (oi-doYJmt d» Tàloil).
- Ob l'abonni dam les dépattemens, ani Bcsscgfrlas «ft
fcax directions dM postes.—A. Londres » cliei MM, Ccwiê et
ASf*«->A Strubonrg, çbex ilwoiuirt, pou rÀll«fli*gn*.
; S'adreuer franco, pour la rédiotioaj
! 4 MU hbrrqav , génut."'
lu article» déjoué» d « feront pu rends*.;
ÉT^ÀKQ. '
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
<' MUCK- Ml VJkMOM
■■■•-•■ PARIS. DÉPART. 1
TROIS MOIS.... : 8 F. il F..
SIX MOIS....., 18 22 38
UN AN........ 83 ' 44 ' • 88
Lu abosnunciu djHentda W «( te S» duqiM mois." '
'BUREAUX A PARIS: '«'•»''3
Jtu. du 24 Février, 10 {ci-devant dé Y*loii}. : "
Lu annoncer »ont reçoe», da 11 i 4 kearn, •
ao bnreau da Journal.
' Xo«t« lnjwtlon doit *tr« *gré4« pari» girant. . ;
fagrawer franco, pour radmicutratioa,
i H. BENAJCN, directeur.
7
PARIS, m JANVIER.
>5*
• Là Constitution institue, comme on sait,
vice-Président de la République. L'article
70■détermine le mode de son élection. C'est
TAssemblée nationale qui le, nomme sur la
présentation de trois candidats faite par le
Président dans le mois qui suit son élection.
Le vice-Président prête le môme serment
que le Président.
. Le vice-Présidentne peut être choisi parmi
les parens et alliés du Président; jusqu'au
sixième degré inclusivemen t. ......
En cas d'empêchement du .Président, le
"Vice-Président le remplace.
Si la présidence devient vacante par; dé-
fcès, démission du Président ou autrement,
il est, procédé dans le mois à l'élection d'un
Président.
" Le vice-Président, d'après l'article 71,
doit présider le conseil d'Etat, institué, par
le chapitre YI.de .la Constitution. ? ..
< Un mois ne s'est pas encore écoulé depuis
3e jour ou a eu lieu la proclamation du Pré
sident. Conformément à 'la disposition des
àrticles précisés, le,cabinet a. présjenté> dans
la séance d'aujourd'hui, les trois candidats à
îa vice-présidence. Ces trois candidats sont:
MM. Boulay (de la Meurthe), le général Ba-
raguey d'IIiliiérs et Vivien. Nous hésitons à
mentionner les inconvenantes exclamations
pâr lesquelles les- interrupteurs ordinaires
Mit accueilli la proclamation des deux pre
miers noms. M. le président de la chambre,
nous devons, le: dire, a rappelé les interrop-
leurs au respect de la prérogative présiden-
tîelle. Ces Messieurs de la Montagne s'atten-
daiëpt-ils par hasard à ce que, pour répon
dre & la grande manifestation du IX) décem
bre, l'élu du peuple allait chercher dans
leur parti lés candidats à la vice-présidence?
Après la ju^te admonition qu'ils ont provo
quée, le. nom de M. Vivien a pu être pro- ■
noncé au milieu d'un profond silence.
- Les trois candidats sont des hommes éga
lement honorables. On pense généralement
-que M. . Vivien obtiendra la majorité; Son
expérience de jurisconsulte administratif le
rend très propre à exercer la principale des
attributions de la vice-présidericç, celle de
présider le conseil d'Etat. ,
*■ M. ï Etienne a déposé une proposition ten
dante à faire déterminer le traitement affecté.
5 la yiçe : présidence.avant là nomination, du
vicerprésident. Il demande en même temps
que lesbâtimens du Petit-Luxembourg soient
affectés au logement du vice-présfdent.
; M. Etienne a laissé, en,blanc le chiffre du
traitement. Il sera, délibéré d'urgence sur
cette proposition. La nomination du vice-
ptésident a été remise à samedi prochain.
On avait dit que M. Odilon Barrot devait
Être. porté comme candidat à- la vice-prési
dence; Il est; très vrai que la candidature
■avait été offerte à l'honorable président du
■conseil. M. Odilon Barrot n'a pas voulu
compromettre par sa retraite l'existence du
cabinet actuel. 11 a préféré l'activité polili-.
que et le poste du devoir à un repos illustre.
La France lui saura gré de n'avoir pas remis
en question;: par une crise ministérielle, la
constitution 1 du^pouvoir, et de continuer à
représenter avec son courage et son talent,
dans le Gouvernement, la politique qui a
triomphé dans l'élection .du 10 décembre.
' Encore ,une, séance de nature -S- prouver
que la vie politique se retire de l'Assemblée;
là discussions été sans intérêt et n'a pro
duit aucun/résultat.
''La première délibération sur le projet de
Ipi,' relatif à l'ouvertured'un crédit pour dé
penses effectuées sans crédit régulier, a ame
né M. Flocon à la tribune ; le comité des
finances, , ainsi que nous l'avons dit, avait
constaté que l'emploi d'une somme de
00,000 fr. , portée sous le titre de secours à
des ouvriers et réfugiés étrangers, n'était
justifié que par une déclaration du citoyen
Flocon ; M. Flocon s'est plaint de* ce que le
comité des finances ne l'eût pas fait appeler
pour lui demander les comptes de ces
60,000 fr., et il a ajouté qu'il était prêt à
à lés rendre; M. Deslongrais lui a fait ob
server que le comité des finances n'avait pas
été chargé de demander la justification des
dépenses, mais seulement d'examiner si des
dépenses extraordinaires avaient eu lieu; M.
Creton de 6on côté ainsisté pour qu'il soit bien
entendu qu'il s'agissait d'une loi de simples
crédits, .et non d'une loi àpprobative d'une
partie quelconque de la gestion du Gouver
nement provisoire. Les comptes-généraux
du Gouvernement provisoire ne seront dis
cutés que lorsque l'Assemblée sera appelée
à se prononcer sur le projet apporté il y a
quelques jours par le ministre des finances,
conformément à un décret du 14 octobre
dernier.
,11 a été décidé ensuite que l'Assemblée
passerait à une seconde délibération sur le
projet relatif à la naturalisation de la légion
étrangère, et sur la proposition tendant à
accorder une pension de 3.000 fr., à litre
de récompense nationale, à M. Guénon, au
teur du Traité sur les vaches laitières.
L'Assemblée a repoussé, conformément
aux conclusions du comité de la marine,
une proposition de M. 'Mortimer Ternaux,
relative au cadre d'état-major de la marine
il s'agissait de revenir sur une ordonnance
du Gouvernement provisoire qui a accordé
à 250 capitaines de corvette le titre et le
traitement de capitaines de frégate ; l'As
semblée a trouvé que cette mesure serait
trop rigoureuse pour des droits qu'on devait
considérer comme droite acquis.
A la fin de la séance, M. Flandin est ve
nu déclarer, au nom de la commission
nommée le matin pour,examiner, l'urgence
du projet relatif au renvoi des accusés du
15 mai, devant la haute cour nationale,
qu'elle avait reconnu la, nécessité ,de hâter
les débats de ce projet dans le triple intérêt
i des ; prévenus , dè là société et » de l'ordre
public, mais qu'elle avait été d'avis d'en
différer la discussion Jusqu'à samedi, afin,
que chacun eût le temps d'en étudier les
différentes dispositions; le Gouvernement a*
adhéré à cette proposition^ et les débats au
ront lieu après-demain. : ;s
M. Lagrange a cru l'occasion favorable
pourdemanderque l'Assemblée discutât d'a
bord sa proposition d'amnistie ; il a deman
dé, en conséquence, i qu'on la mît à l'ordre
du jour de demain ; cette demande a été re
poussée après une épreuve douteuse.
■tl •'
L'armement d'un certain: nombre de ba<-
teaux.à vapeur dans le port de Toulon et
plusieurs dispositions militaires ont rappelé
les esprits vers les difficultés de la politique
extérieure. On répété les bruits les plus di
vers : c'est la médiation pour les affaires
d'Italie qui est abandonnée ; le Piémont fait
marcher son armée; Radetzki s'avance sur
Turin et sur Rome ; le. pape va en France,
en Espagne, ou rentre avec les étrangers
dans sà capitale. L'autre jour, MM. Baune
et Ledru-Rollin ne„ reprochaiept T ils pas en
même temps au Gouvernement de n'avoir;
pas facilité la séparation- complète de la Si
cile du royaume de Naples, et de n'avoir pas
fait entrer cette Ile dans l'unité italienne,
unité fabuleuse, rêvée en, tous lieux par les
anarchistes qui n'admettent pas plus les
frontières entre les Etats que les limites en
tre les héritages.
Des trois difficultésitaliennesj ladernière,
la plus délicatej la plus instante, est certai
nement celle de Rome. Sans doute, l'or
gueil du succès peut enivrer les Autrichiens
et les pousser contre le Piémont.. Les;der
nières mesures du maréchal Radetzki an
noncent peu de retenue, pour ne pas se ser
vir d'une expression plus sévère,.,et un dé-,,
dain par trop suprême pour les espérances
de conciliation. D'un autre côté, une nou
velle ardeur guerrière s'est emparée des
Piémontais. Un ministère passionné.a suc
cédé il y a un mois à un ministère plus pru
dent. Mais rien n'autorise à penser que
l'œuvre de la médiation soit abandonnée. !
Ses chances de succès sont restées ce qu'elles
étaient, et cette situation justifie les paroles
prononcées il y a quelques jours à l'Assem
blée par un des organes du Gouvernement :
l'intérêt de la France est le maintien de la
paix, sa politique doit être conciliatrice ;
mais qu'elle se tienne sur ses gardes, et prête
à toute éventualité. .
Un sentiment d'indignation a parcouru
la France; et l'Europe entière, à la nouvelle
des excès dont Rome avait été lé théâtre :
Pie IX, promoteur delà liberté italienne, ce
pape guelfe et libéral, était contraint de fuir
devant un mouvement qui n'avait de popu
laire que le nom, de national que le dra
peau, et qui débutait par un indigne assas
sinat. Le caractère religieux et catholique
du souverain pontife donnait à cette pertur
bation, car nous ne voulons pas l'appeler,
révolution, quelque chose de plus sensible
pour les autres peuples, et nécessitait de
leur part un intérêt plus actif qu'aucun au
tre événement politique. Cette impression,
nous n'avons pas été seuls à.la ressentir, et
les démarches officielles du général Cavai-
gnac lui ont donné un grand retentissement:
11 ne lui a pas suffi de se préparer à agir en
cas de bésoin, il a proclamé son intention !
d'agir. ' r
>î Le fait du départ du pape était très grave
en lui-même, et de nature à créer de consi
dérables embarras. Les manifestations du
Gouvernement,; il y a cinq semaines, ne les
ont pas diminués, et lorsque les divisions
autrichiennes sont groupées vers Plaisance,
quand d'autres Etats peuvent se disposer à
agir; la France doit se tenir prête ' à faire
écouter sa voix, sans oublier les droits des
peuples, et en se souvenant toujours que
Pie IX n'est pas , ne saurait et ne veut
pas être Grégoire XVI;
Souhaitons ardemment que les difficultés
relatives au saint-Siége s'aplanissent par le
seul effort de la raison et du patriotisme
éclairé des Italiens eux-mêmes. Deux faits
nous donnent cette espérance. Tout le monde
a dû remarquer que les mouvemens anar-
chiques italiens ne s'opéraient pas simulta
nément sur/les divers lieux comme le;font
d'ordinaire ces commotions électriques qui
transportent les peuples-vers le but indiqué
par l'instinct'de leur patriotisme. On dirait,
et c'est peut-être la vérité; qu'une bande de
condottieri du désordre s'est promenée de
ville en ville, renversant tout stir son pas
sage» et, n'exerçant qu'une action éphémère
comme l'a été son apparition. Rome; la ville
des étrangers, s'est insurgée, tandis que Bo
logne, le foyer du libéralisme dans les Etats,
pontificaux, opposait de la résistance. Neus'
ignorons encore quel sera le résultat des élec- '
tiôris pour la' constituante ; mais voici le' se
cond fait qui nousa frappés et quiTious permet
d'en appeler à la raison de l'Italie elle-même. .
Le ministère Pinelli, présidé parle brave gé
néral Péroné, a été renversé par le parti de
la guerre immédiate. Les dernières élections
qui ont, eu lieu dans le Piémont viennent
d'amener des candidats modérés, et M. Gio-
berli suit la ligne de conduite de ses prédé--
cesseurs. Arrivé au, pouvoir,^ il a mesuré
l'étendue de sa responsabilité .et senti, le
poids de l'intérêt national. En Toscane, le
même phénomène s'est produit. La première
condition pour que l'Italie, acquière la plé
nitude de sa nationalité, est qu'elle sache
se gouverner. Le droit au respect moral fa
cilite et commande chez les nations amies
les secours, les'efforts désintéressés. Au
milieu des atteintes qui peuvent être por
tées ici à l'ordre, là à la nationalité,
partout à la liberté et aux intérêts euro
péens, à. notre repos ou à opiotré gloire, le
gouvernement ' français ne saurait; demeu- ;
rer impuissant, et l'armement des bateaux
à vapeur de Toulon était aussi indiqué que
le fut la formation de l'armée des Alpes.
: Le marquis Ricci doit arriver incessam
ment à Paris pour se rendre à Bruxelles; en
qualité de plénipotentiaire; sarde dans les
conférences qui yont s'ouvrir dans Cette ca
pitale.- ■
i Le comte d'Antioche, qui remplit dans
ce moment les fonctions de chargé d'affaires
de Sardaigne , accompagnera le marquis
Ricci comme conseillerde légation,
j D'après ce que nous mandé notre corres
pondant de Turin, on s'entretenait dans les
salons diplomatiques de cette capitale d'une
proposition faite pair la reine d'Espagne ,
d'ouvrir, dans une des villes du littoral de
la Méditerranée, des conférences spéciales
pour le règlement des affaires de Rome. Le
cabinet sardè aurait répondu qu'il désirait
s'en rapporter, pour toutes les affaires d'Ita
lie , aux conférences de Bruxelles. En re
poussant cette proposition du cabinet espa
gnol, le gouvernement sarde aurait cru de
voir protester en même temps auprès de tous
les cabinets de l'Europe, contre l'envoi d'u- .
ne flottille [de guerre que l'Espagne avait
l'intention d'expédier dans les eaux de Gaëte;
; Cette manière d'agir du gouvernement
sarde est, du reste, parfaitement conforme
aux convictions du pape lui-même, qui ne '
cesse de rejeter toute idée ; tout projet d'in
tervention étrangère et armée dans les Etats
romains. Pie IX compte plus sur les bons
rapports qui n!ont jamais cessé d'exister en
tre lui et le roi Charles-Albert. La confiance
qu?a l'Italie dans ce dernier prince , ajoute
notre correspondantest en effet un moyen
puissant, entièrement à la disposition de Sa
Sainteté, pour faciliter l'arrangement à in
tervenir entre la papauté et la partie saine
de la population des Etats de l'Eglise. ;
Lorsqu'il s'est agi, dans la séance du 17 jan
vier, de la première lecture du projet de loi re
latif à l'indemnité qui est due aux colons, par
suite de l'affranchissement dès esclaves, un mem
bre a fait observer qu'il fallait connaître avant
tout»- quelles étaient les bases véritables de la loi
mise en délibération. M. Goudcbaux, alors qu'il
.était ministre des finances, avait proposé de faxer
■ l'indemnité k 90 millions, payables en dix an
nuités ; la commission avait pensé qu'il fallait
réduire le capital k verser entre les mains des
colons, k 80 millions, k condition qu'on créerait
en outre, au profit des propriétaires dépossédés,
une rente de 2 millions. L'ancien ministère et
la commission n'étaient donc pas d'accord. Pre
mier embarras. Etait-ce sur leur différend que
l'Assemblée était appelée hier k statuer? Non
pas. La question de l'indemnité, tant ajournée,
tant discutée k l'avance, presque impossible k
résoudre, et dont la solution est cependant indis
pensable, avait pris depuis le premier rapport de
Jacommission un nouvel aspect. M^leministredes
finances et M. lé ministre de la marine qui, tous
deux . connaissent bien les colonies et dont lesatf-
técédens ne peuvent- qu'inspirer la plus grande
confiance à tous les abolitionistes raisonnables,
ont cru que l'indemnité pourrait être plus con
sidérable et que; cependant, il serait plus aisé
de l'acquitter si on en payait la rente au lieu
d'en payer le capital. En conséquence, ils ont
été d'avis de créer k cet effet une rente dé 5 mil
lions, 3 0/0,-avec jouissance au mois de juin pro
chain ; et, en même temps, pour venir en, aide
aux'nécessités du moment, ils ont proposé d'al
louer une" somme de 6 millions en numéraire,
à verser .dans les trente jours, de la promu! ga-
tioh de la loi! ■ " •
■ On avait entendu parler de ces nouvelles dis
positions k ta chambre ; mais on ne les connais
sait pas officiellement lorsque le débat a été
-commencé, le 17 ; en outre, on ignorait absolu-
îîïentce quela commission en pensait. On â appris
aujourd'hui que la commission y adhère com
plètement. La discussion pourra donc avoir lieu
d'après des données certaines. Le nouveau pro
jet a'des inconvéniens. Il y en à beaucoup, par
> exetople, k ce que llndemnité soit saisissable ;
car eilè sera payée, non-seulement comme une
défte,^mais comme un moyen de féconder le sol
colonial ; or, il est k craindre que la plus grande
patt dé cette somme, qui doit aller aux colonies,
ne soit arrêtée en chemin par des créanciers.
Malgré cela, ce projet nous paraît devoir être,
en général, plus avantageux que le précédent
Eour les colonies. M. de -Tracy a résolu,' plus
eureusement que ses devanciers, cette ques
tion si difficile.
Après les vives réclamations des délégués, de
la sucrerie indigène, et sur les instances des
personnes intéressées k la production coloniale,
k l'industrie du raffinage ou des transports ma
ritimes, M. le ministre du commerce et de l'a
griculture avait prescrit'la formation d'une com
mission générale d'enquête, destinée k étudier
k nouveau toutes les questions si importantes
qui se rattachent k l'industrie des sucres
Créée sur des bases très larges et avec un ca
ractère de louable impartialité, cette commis
sion, dans laquelle ont été appelés, des points
principaux du territoire et par voie d'élection,
les hommes les plus compétens, sera miscïnces-
sattment en mesure de commencer son œuvre.
Selon le vœu du ministère, l'Assemblée na-
/ tionale a dû fournir à cette commission trois de
ses membres, appartenant e chacun des comités
compétens, pour connaître des questions à met
tre k l'étude.
Ces trois membres ont été fécemment élus.
M. Ducos, de la Gironde, a été nommé par le
comité de la marine et des colonies ;
M. Jusseraud, du Puy-de-Dôme, par le comi
té de l'agriculture ;
M. Morlot, de la SeineJnférieure, par le co
mité du commerce et de ^industrie.
'On nous écrit de Saint-Denis, île de la Réu
nion, k la date du 48 octobre 1848, ce qui suit:
< « Depuis ma dernière lettre du mois de janvier,
les affaires de la colonie, loin de s'améliorer, n'ont
fait que devenir plus difficiles. Notre récolte de su
cre, principale branche de notre commerce) se trou
ve, par suite de l'intempérie des saisons, réduite
de moitié cette année, et, pour comble d'infortune,
le défaut de confiance et la rareté du numéraire pa
ralysent les ventes. C'est à grand'peine qu'on obtient
vingt francs pour cinquante kilogrammes de sucre,
Vos agitations sont peut-être terminées, mais les nô
tres vont commencer. Le commissaire de la Répu
blique est arrivé le 13 de ce mois, il a trouvé notre
pays fort calme, ce it quoi il ne s'attendait guère,
ayant appris en route les événemens de la Martini
que. C'est demain qu'on promulgue le décret sur
l'émancipation des nôirs, et dans deux mois, ils se
ront entièrement libérés. Il aurait été à désirer que
le commissaire général, avant la promulgation, eût
pris des mesures qui eussent pu assurer l'ordre, le
travail et la tranquillité. Ce qu'il n'a pas fait. Ce
pendant comme l'esprit de nos noirs est générale
ment bon, nous espérons que cette transformation
sociale s'efiectuera sans secousse et que le travail
seul sera interrompu pour longtemps. Le pays et
même les nouveaux affranchis vont se trouver bien
tôt dans la plus affreuse misère ; car, comment, en
supposant qu'on puisse organiser le travail, payer
un salaire quelconque aux travailleurs et acheter la
nourriture qui leur est, nécessaire. » .
Ou a reçu âu ministère de là marine des nou
velles de Taïti du mois dé septembre.
Le gouverneur de Taïti, M. le capitaine de
vaisseau Lavaud, était très satisfait de l'état du
pays. Aucun élément- de trouble ne paraissait
, subsister parmi les naturels. La reine Pomaré
était très contente du sort que lui faisaient les
Français, et avait agréé avec une grande joie les
derniers cadeaux qui lui avaient été envoyés de
France. '
La frégate la Poursuivante était encore k cette
date k Taïti. ;.; w ' ..,
: } ? ' ' ' . . '•
Lesbureaux de l'Assemblée avaient à nommer,
aujourd'hui, trois commissions.
La première, pour examiner la proposition du
Gouvernement, tendant k faire déclarer l'urgen
ce pour le projet de loi ayant pour objet de ren
voyer devant la haute cour de justice les auteurs
et complices de l'attentat du 15 mai. (Cette com
mission a déjà présenté son rapport k l'Assem
blée, qui l'a adopté.)
La deuxième, pour examiner la
relative au privilège des ouvriers.
proposition
La troisième, pour examiner la proposition
relative k la création de banques départemen
tales.
Les débats ont offert en général peu d'intérêt.
La commission chargée de l'examen de la
Suestion d'autorisation ae poursuites contre MM.
. ourboussonetRéynaud-Lagardett'c, s'est réunie
ce matin., M. Waldeck-Rousseau a été. nommé
président, et M. Chauffour. secrétaire..
La disoussion générale,; ayant pour but de ré
sumer l'opinion des bureaux, s'est immédiate
ment ouverte. Elle a été continuée k demain.
Le projet de-loi sur les chambres consulta
tives, présenté par M. Tourret, lorsqu'il était
ministre, et renvoyé au comité d'agriculture
où il a été plusieurs fois l'objet de discussions
approfondies, sérieuses j animées' même, avait
été, une première fois amendé par la commis
sion, présidée par M. Dézeimeris.' Cette commis
sion en avait changé la disposition principale,
celle de l'organisation par arrondissement, qu'elle
avait abanaoHnéepour la porter au département :
Mais le comité, repoussant ce principe, avait de
nouveau renvoyé la loi k l'étude de la commis
sion, en la priant d'apporter un travail conforme
au vœu du comité; La cpmmissionest venue sou-
mettre son nouveau travail au comité qui l'a dis
cuté pendant deux siéances.
Les débats ont été vifs encore, car on revenait
d'une manière détournée au principe du dépar
tement, en disant qne chaqué année les cham 1
bres consultatives des divers arrondissemens se
réuniraient au chef-lieu. ,
Il a été difficile aussi de bien préciser les
conditions qu'il fallait réunir pour être électeur.
La nomenclature des objets k traiter par ces
chambres, a également été discutée soigneuse
ment.
Enfin le projet, contenant 29 articles, a été
définitivement adopté et déposé sur le bureau
de l'Assemblée.
Le Moniteur publie aujourd'hui la loi sur les
sels étrangers; nous la* reproduisons, comme
nous avons reproduit le texte de la loi du 28
décembre :
L'Assemblée nationale a adopté, .
Et le président oe l*A.ïocml >16o prnmnlgiiA la loi
dont la teneur suit :
Art.'<«'•. Adaterdu 1" février 48Î9, les sels étran
gers seront admis en France aux conditions sui
vantes :
Par mer et dans les ports de l'Océan et de la Man
che, en payant par100 kilogr.,
Sous pavillon français . . . . 1 fr. 75 c. ,
Sous pavillon étranger. . . . 2 fr. 25 ,c.
Les sels étrangers raffinés, blancs, égrugés, pul
vérisés et de la qualité dite de table, entreront en
France en payant par 100 kilogrammes :
Par la frontière de Belgique. . . 2 fr. 78 c.
Par mer et par les ports de l'Océan et de la Man
che :
Par navires français. ... . . 2 fr. 75 c. .
Par navires étrangers. . . . . 3 fr. 25 c.
Art. 2. Il sera {ait,"«n»1849, une enquête parle
mentaire sur la production et sur le commerce des
sels en France. ■'
Délibéré en séance publique, à Paris, le 13 janvier
184-9. : ■ ■■ •; -
Nous avons des nouvelles d'Alger du 10 jan
vier.
Le 16* convoi d'émigrans parisiens est arrivé
k Bone le 30 décembre dernier, k neuf heures du
matin. Ce convoi, qui représente une population
de 225 concessionnaires, se compose de 574
hommes et femmes, 234 enfans au-dessous de
douze .ans, et 32 enfans au-dessous de deux ans.
Le débarquemént s'est fait avec facilité ; les co
lons ont été placés dans les casernes, où tout
avait été préparé poùr les recevoir. L'insuffisan
ce du matériel' de transport, dont une partie
était déjk employée au transport des matériaux,
n'a pas permis le débarquement immédiat des
bagages. Le personnel même n'a été dirigé que
successivement de Bone sur Guelma. Les colons
seront répartis en deux centres, sur le territoire
auquel on a donné le nom de Millesimo. On est
content de leur docilité et de la reconnaissance
qu'ils témoignent pour les soins dont ils sont
1 objet.
La situation des colonies antérieurement fon
dées est satisfaisante. À Robertville, 110 fa
milles sont logées dans les baraques, et déjk
un certain nombre de maisons définitives ont
leurs maçonneries commencées. 509 sacs de blé
et 166 d'orge ont été semés. Les colons ont mis
eux-mêmes en terre les pommes de terre qui
leur ont ; été distribuées. Gastonville achève ses
baraquemens. Les terres sont ensemencées ; les
colons font leurs défrichemens et ont aussi semé >
leurs pommes de terre: Jemmapcs a été retardé ,
par le manque de moyens de transports. Les c»* i
Ions y ont été dirigés par petites troupes ét à,
dos de mulets. Les 11 e et 14 e convois- sont coni- ;■
B'ètement installés dans les centres de Mondovi, !
éliopolis et Guelma. Les baraquemens sont k. .
peu près terminés sur tous ces points. On man- :
Îue de renseignemens précis sur les culturèa. .
'état sanitaire est satisftiisant. " > ■ ;
HOU VOIENT ÉLECTORAL.
ardentes , — (Arrondissement de Sedan.)
i Citoyens représentai, . —
Le peuple vous a élus pour fonder la Constitution
de la République. Cette haute mission, vous l'avez ■<
remplie avec dévoûment et patriotisme. La France
conservera pour leséminens services que vous lui
avez rendus une éternelle gratitude. a h
Mais quel que soit notre respect pour l'Assemblée
nationale, nousnepouvonslcdissimiiler, elle n'exisle
plus que de fait ; de droit ses pouvoirs. ont cessé
par la promulgation de la Constitution. Investie
d'une délégation déterminée par le déçrefo du'5jnars.
son mandat spécial est expiré. Elle rie peat le perr ,
péfuer sans commettre une usurpation de la souve
raineté. -
i Citoyens représentai, s nous venons joindre nos i
vœux à ceux qui s'élèvent de tous les points de la .
France, et. vous supplier .de ne ; pas prorc^er ' VOS :
pouvoirs sous le prétexte de décréter les lois organi
ques dont les projets ne sont pas même encore ébau
chés. •' '!
Votre mandat ne peut se légitimer aujoupd'hui:
que par la nécessité la plus àbsolue, et la nécessité
ne réclame plus de vous que la loi électorale protv ?
mise par la Constitution pour l'élection de l'Assem- .
blée législative. ; i ■ i
: Citoyens représentans, l'Assemblée législative élue
comme vous par le .suffrage universel sera digàe de :
sa mission. ' . ,
] Elle saura, n'en doutez pas, carie doute serait une
^njurè, et pour elle, et pour le peuple'qui doit la
nommer , elle saura s'inspirer des l)rihcjpes de - la >
Constitution pour développer et féconderTes institu* 1 •
tions républicaines. Animée des «entimens - de la ; '
France, elle apportera au nouveau Chef que plus de
5 millions de suffrages ont appelé il la magistrature
suprême de la nation, un concours sympathique et
dévoué; elle rétablira entre les pouvoirs l'harmonie
si nécessaire pour ranimer la confiance, source du ■
travail et de la prospérité publique. >
' Citoyens, au nom de la souveraineté du peuple,*- :
au nom de la Constitution, dont l'action se i: trouve
en partie suspendue pendant la durée de votre - ses- ■:
sion, nous vous adjurons de ne pas ajourner la loi
électorale qui doit régir l'élection de l'Assemblée lé-» '
gislative afin que le pays puisse, dans le plus bref »
délai, choisir de nouveau ses mandataires, et, l'As
semblée législative réunie, de prononcer, la-dissolu-
tion immédiate de l'Assemblée nationale.
(Arrondissement de Rocroy.) ,.
- Messieurs, ■ ' s - -, i-. f - ■ •;
Appelés par le vœu national à donner là: la: France !
une.Constitution nouvelle, vousavez, en là lui.don
nant,; rempli.votre mandat; et - là a dû finir votr&vf
mission. En voulant, retenir plus longtemps les pou- r
voirs qui] vous avaient été conférés, vous usurpez|es i
droits de la souveraineté du peuple. La France; qui ;
vous doit la plus grande reconnaissance pour l'avoir : !
arrachée en juin dernier aux horreurs de la guerre
civile, est jalouse " de'ses droits ; elle saura les se.-
vondjquor ot Ias maintenir ..Faites dnnc immédiate' '
ment acte d'abnégation et de dévoûment; obéisset..*;
à sa suprême volonté ; déposez vos démissions ; c'est "
maintenant la seule planche desalut pour tous. La
nation tout entière est fatiguée des désordres san-
glans qui se sont si souvent renouvelés ; elle veut et
saura aujourd'hui énergiquement les réprimer. Elle
ne demande et ne désire que la paix et l'ordre.
Salut et fraternité. ,
' orne .—(Arrondissement d'Argentan.)
Citoyens représentans, . .
En avril dernier, le peuple fut appelé h élire
l'Assemblée nationale qui devait lui donner une
Constitution. Le suffrage universel vous confia ce ;
mandat; vous promîtes de l'accomplir. La révolte
armée tenta d'interrompre votre œuvre. Le peuple
français accourut à votre voix, et la violence ces- •
parlis se perdit dans un immense mouvement na
tional. ■ >
Vous avez voté la Constitution. Le. peuple français
l'a mise en action en élisant à une imposante ma
jorité le président de la République. -
Aujourd'hui, vous paraissez croire que votre mis
sion doit se prolonger encore. - j
La voix du peuple qui vous a élus, le texte de la
Constitution que vous avez votée vous annoncent ce
pendant que cette mission est terminée'. • • r,u- <
Représentans, vous avez fait votre devoir de cous- :
tituans, venez nous demander le mandat du législa
teur. ' ■-.
Vous avez réprimé le désordre matériel qui naît,
de l 'abus de la force. Prévenez le désordre moral ;
qui naîtrait de la confusion des pouvoirs. La France , ;
a dû son salut à votre'énergie; qu'elle doive sa
prospérité k votre modération.
(Arrondissement de Mortagne.) ' '
Messieurs les représentans, . J
Jusqu'ici, vous avez bien mérité de' la patrie^ en *
faisant triompiier.au milieu des Orages déchaînés
contre elle, les principes d'ordre, de vraie liberté; >
eten consolidant la souveraineté nationale. ;
Pour tant de services, aussi pénibles que glorieux,
la société vous doit et vous conserve sa reconnais
sance. ,, "• - *■ !i
Nous venons, Messieurs, faire un dernier appel à !
votre patriotisme et réclamer une preuve éclatante
du respect que vous portez aux grands principes que
vous avez vous-mêmes proclamés-: c'est d'abandon-' i
ner un pouvoir qui, s'il fut le salut du pays-, n'est"'
plus pour lui qu'un juste sujet dé craintes et
larmes, justifié par le désaccord qui semble régner-
entre le pouvoir exécutif et l'Assemblée nationalev *
' ! Vous n'avez rpçu, Messieurs; et nous n'avons eri-~
tèridu vous conférer, que le mandat de préparer et».
FEUILLETON DD CONSTIUÏTIONNEL, 19JANV.
"LE CABINET MOIR.
TROISIÈME PARTIE.
LA GEORGIENNE.
CHAPITRE m.
1E tETOEMAEV.
Le jour survant, Alexis, encore au lit, cher-
ebait k s'expliquer que, lors de leur rencontre
inespérée, Giorgina n'eût pas eu l'air de le con
naître, et il venait de décider que, sous l'œil du
xnattre, craignant apparemment d'être entraînée
à quelque indiscrète révélation de ses sentimens,
elle avait sacrifié k la prudence en se renfermant
dans une rigoureuse réserve qui était peut-être
plus facile, en effet, qu'une demi-intelligence
A ce moment entra dans sa chambre le jeune
Anglais auquel il devait sa position auprès de
Mirza-Babba, et qui lui dit sans autre prépara-
tion :
Toir notre numéro du 18 janvier.
Toute reproduction, même partielle de cet ouvrage,
cit interdite, et ferait poursuivie comme contrefaçon.
— Mais, qu ; avez-vous donc fait hier au su
blime-envoyé ? C'est cé matin un sanglier furieux
qui donne k droite et k gauche des coups de bou
toir : l'ambassade tout entière est dans la ter
reur ; déjk il a fait mutiler deux de ses gens.
— Mutiler ! comment cela?—demanda Alexis
avec épouvante.
—Oh 1—repartit l'Anglais,—la choseestmoins
grave que vous ne pourriez le croire. En Perse,
il y a une espèce de châtiment plus burlesque
que terrible. Quand on ne trouve pas le cas as
sez grave pour empaler, décapiter ou étrangler
un homme, on lui coupe, d'un côté, la mousta
che et la barbe. Outre que les Musulmans, qui
sont fort soucieux de leur poil, tiennent k grand
déshonneur d'en être ainsi dépossédés, vous pou
vez facilement vous représenter la figure que
cette opération peut donner k un homme.
— Mais quels sont donc les pauvres diables
que ce despote a fait traiter de la sorte?
■ — Son médecin d'abord, dont le crinie serait
de l'avoir laissé, empoisonner & ce repas d'hier
soir.
— Empoisonné I il est bien honnête ; c'est -à-
dire que le cher homme s'est grisé à fond avec
du vin de Champagne ; et que pouvait y faire
son docteur, qui d'abord est un âne, et qui
d'ailleurs n'était pas présent ?
— Alors,— dit l'Anglais,—tout est expliqué,
sa hautesse est furieuse d'avoir compromis sa
gravité, et, pour justifier cette profonde atteinte
portée k la dignité , musulmane, elle passe sa
colère sur ce pauvre docteur qui paie ainsi la
fêlure faite k la tête de son auguste client.
— Et l'autre affligé ? — demanda Alexis.
— L'autre affligé, c'est le faiseur de Mille-et-
une-Nuits, le poète qui, dans'.l'exercice de ses
fonctions, a commis, k ce qu'il paraît, une grave
irrévérence.
— Il est vrai qu'hier, il s'est laissé aller k une .
sortie d'amour-propre assez grotesque, et main
tenant qu'elle se trouve si sévèrement punie, je
me reproche de l'avoir, quoique bien involon
tairement, provoquée.
— Pour celui-là., prenez moins de souci; c'est '
un drôle qui vous dressait k petit bruit un guet-
k-pens, dont je venais justement vous aviser.
— Un guet-k-pens, k moi !
— Oui, k vous, et il faut k ce sujet que je
vous fasse une morale. Vous avez vécu en Orient,
et devriez savoir combien les Musulmans sont
chatouilleux sur le chapitre de leurs femmes.
— Sans doute, mais en quoi semblé-je l'avoir
oublié?
— Oh! tenez, — reprit l'Anglais de l'air d'un
homme parfaitement bien informé, — ne jouons
pas au fin. Vos lorgrierics, vos rôderies autour
du harem ont été remarquées et sont connues de
la maison entière, k ce point même que c'est sur
cette imprudence qu'a été bâtie cette méchance
té noire où il y allait peut-être de. votre vie.
—C'est beaucoup dire, je pense,—fepartit
Alexis? qui néanmoins ne put faire autrement
que d'être un peu intrigué.
-—Du tout, vous étiez dans une très mauvaise
voie, car, si vous échappiez au côté sérieux du
danger, vous étiez au moins exposé k un grand
ridicule. . .,
Diable! ceci est plus grave—repartit che-
valeresquement Alexis.
— Yoilk le fait; Ce damné poète ayant re
marqué que vous tourniez autour de la. ber
gerie, s'est entendu avec le chef des eunuques;
on vous a de derrière une persienne jeté des
bouquets, puis ensuite une lettre qu'en sa qua
lité de romancier, l'ordonnateur de toute cette
intrigue avait fabriquée au nom de l'une des
femmes les plus aimées de S. Exc., et vous,
poisson plein d'innocence, vous mordiez fabuleu
sement k l'aimable hameçon.
— Mais ce sont donc des pestes que ces Per
sans?
— Ce sont tout simplement des valets jaloux
d'un favori et qui, le voyant sur une mauvaise
pénte; ont fait ce qu'il fallait pour l'aider k rou-
' 1er jusqu'en bas. Mais, si vous m'en croyez, il y
a moyen de retourner contre eux cette noirceur;
' portez 'J.' Mirza-Babba la lettre que vous avez
reçue, l'écriture ne laissera pas de doute sur son
auteur, et par 1k non seulement vous prévien
drez les soupçons du jaloux si l'on avait l'inten
tion de les éveiller contre vous, mais encore vous
ménagerez une bonne correction k vos ennemis.
— S'il ne s'agissait que de leur faire couper
un côté de la barbe, je n'hésiterais certainement
pas; mais avoir écrit au no» de son esclave ché
rie, l'avoir compromise dans une intrigué d'a
mour, ne voyez-vous pas la colère de Mirza-
Babba en apprenant cette audace, et qu'il est
capable, de faire trancher la tête aux délinquàns?
Alexis avait à peine achevé celte phrase plei
ne de clémence; qu'on vint l'avertir, de la part
de l'ambassadeur, qu'il eût.k se rendre auprès
de lui. .
— Pourvu, — dit l'Anglais, —que ce coquin
de poète ne vous ait pas prévenu par quelque
révélation de sa façon, et que ce ne soit pas de
lai Géorgienne que Mirza-Babba veuille vous par
ler ! J'en ai une crainte horrible avec ce parti
pris surtout qu^il paraît avoir ce matin de vou
loir chercher querelle k toute la maison.
— Nous verrons bien; répondit Alexis, —et
dans tous les cas il n'oserait pas procéder avec
un sujet français comme avec un Persan.
Au moment où Alexis entra chez l'ambassa
deur, qu'il trouva assis sur son divan, où il fu
mait majestueusement, il n'eut presque aucun
doute relativement k la justesse de l'aperçu de son
ami l'anglais : Giorgina qu'il aperçut, ou plutôt
qu'il devina sous son double voile, avait bien l'air
d'avoir été amenée Ik pour une confrontation, et
il se disposa k une rude rencontre: Néanmoins,
faisant btnne contenance, il commença par de
mander avec intérêt k l'ambassadeur des nou
velles de sa santé. ' » *
— Ma santé, répliqua Mirza-Babba, ~-vous :
pensez donc qu'hier soir j'ai été malade? - , »
— Malade? non, mais légèrement indisposé.
— Commentl vous n'avez pas Vd que c'était
une indisposition jouée pour me débarrasser de
la présence de ces femmes, dont le caquelage
avait poussé k bout ma patience?Je vous croyais
plus fort, mon ami.
— J'avoue, — répondit Alexis, qui reconnut
aussitôt un homme occupé de sauver sa dignité,
que je ne m'étais pas avisé de ce tour dè haute
diplomatie. .•
— Décidément, —continua l'ambassadeur en
essayant toujours de lui faire prendre le change, ^
cette relation de la princesse n'était plus soute-
nable ; ce rôle de céleste soupirant qu'il fallait
constamment jouer avec elle, finissait par me fa
tiguer. Hier, elle l'a pris sur un ton qui prêtait
occasion k une rupture. J'ai relevé le gant; et
tout-k-l'heure je viens de lui écrire de façon k
croire que, ni elle, ni personne de son intimité,
ne sera plus curieux de se jouer k moi.
— Ainsi; —dit Alexis; — ce tendre lien se
rait brisé sans retour?
— Oui, — fit négligemment Mirza-Babba, —
dorénavant je m'en tiendrai aux femmes de mon
harem, k ces affreuses Géorgiennes qui ne sont
pas dignes d'être mises en comparaison même
avec les grisettes de Paris.
— — Monseigneur, — repartit Alexis, ■— jé dois
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