Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1849-01-13
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 13 janvier 1849 13 janvier 1849
Description : 1849/01/13 (Numéro 13). 1849/01/13 (Numéro 13).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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SAMEDI 15 JANVIER 1849.
NUMERO 15.
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BUREAUX A PARIS!
tin du 14 févrisr, 10 (ci-devant de Ytloif ).
Oa tfabonnt dstns les 4êp&rtemtna, «ai nattagzrlw «t „
Iftt directions des postes.—A Londres, ch«i MM. r.uvU «v< Q
JU*—A Strasbourg, cùm Attxa*ert, pour l'AUtmesn». w
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■ S'adrcuer franco, pour l»"réd*ctioB, f 7 > \
à M. MERRUAU, cérint. | 3 | ;
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PARIS, 42 JANVIER:
L'Assemblée constituante vient d'émettre
un vote qui l'honore, et qui sera reçu avec
reconnaissance par le pays., A la majorité
dé 404 voix contre 401, elle a pris en con-
jâjJératioii lapre position d» M, futii.jar.ijne
moitié de* l'Àssem5tee a donc proclamé, dès
aujourd'hui, la nécessité de mettre fin à
l'incertitude de la nation, de faire cesser
prochainement la situation anormale et ex
ceptionnelle qui paralyse tous les efforts de
la société, et d'aller se retremper dans le
suffrage universel. Nous croyons que ce vo
te, dont tous les bons citoyens doivent hau
tement s'applaudir, modérera, sans l'arrê
ter, le grand mouvement des esprits auquel
nous assistons.
La question est aujourd'hui tranchée, bon
nombre de représentai ont repoussé la pro
position de M. Râteau, parce qu'ils se réser
vaient d'appuyer celles où d'autres dites
étaient indiquées pour la séparation de l'As
semblée : ceux-là n'hésiteront pas à se ral
lier au vote d'aujourd'hui. La majorité ne
peut donc que s'accroître; et outre les acces
sions naturelles que nous indiquons, ellë se
grossira encore des conversions que le
temps, la réflexion et l'irrésistible influence*
de l'opinion ne manqueront pas de déter
miner.
Ce résultat, presque inespéré, nous conso
le des émotions douloureuses de cette'séan-
ee sans exemple dans nos' souvenirs; le pays
tiendra grand compte à la Constituante de
l'acte qu'elle vient d'accomplir, nous ne
voulons pas être plus rigoureux que lui.
Puisque la victoire si chèrement disputée est
demeurée du côté des hommes d'ordre qui
on t eu l'avantage du cal me et de la modération
comme ils avaient celui de la raison ; puis
que les réclamations du pays ont reçu satis-
faction, et que la voix du devoir et de la
dignité a été entendue, ne nous plaignons
pas que le sacrifice se soit accompli avec
trop de déchiremens.
C'est d'ailleurs le propre des mauvaises
causes de se trahir par l'emploi de la vio
lence. II était plus facile de trouver des pa
roles provocantes ou des insinuations pleines
de malveillance que des argumens à opposer
au discours plein de raison et de solidité'de
M. Desèze. Mettez en regard les sophismes
entassés par M. Dupont (de Bussac), au nom
du comité de législation , et le discours pro
noncé Aujourd'hui par M. Desèze, au nom
dé l'autre moitié du comité, et tout arbitre
impartial n'hésitera point à dire que cela
seul suffirait potir trancher la question.
M. de Montalembert est venu mettre dans
là balance tout le poïds de son esprit et de
«on talent oratoire. M. de Montalembert a
été plein de verve quand il a mis en pré
sence les deux fractions de l'Assemblée dont
TUne veut s'en aller parce qu'elle est sûre
dé revenir, dont l'autre veut rester parce
qu'elle est certaine de ne pas revenir. Il
S 'est élevé à l'éloquence quand il a fait
appel à la dignité de l'Assemblée, et au soin
qu'elle doit prendre de son honneur, afin
de ne pas affaiblir encore aux yeux du pays
ce qui est déjà trop faible en France : le res
pect de l'autorité et le sincère amour de la
liberté.
L'orateur a mêlé dans son discours l'iro
nie au sérieux,et il cédait en cela à l'entraî-
nemeot de la vérité. Quel plus piquant sujet
de satire que ces progrès rapides accomplis
dans l'art des conversions par les hommes
qui ont le plus crié contre la mobilité des
opinions ; que ce spectacle imprévu des dé
tracteurs de la veille transformés en flatteurs
du lendemain; que ce dévoûment effréné
«envers ce qu'on avait combattu; que cet
acharnement à disputer le pouvoir après
avoir prêché l'abnégation et le dépouille
ment des intérêts .personnels ?
■JEt cependant quelle inquiétude plus grave
èt pt^is douloureuse que celle qui préoccupe
depuis quelques johrs tous les gens de bien?
Yoilà-une Assemblée sur qui la France s'est
reposée de se? destinées , qui est arrivée in
vestie de la confiance publique, qui, soumise
à des épreuves difficiles et cruelles, a justi
fié l'attente du pays, qui a achevé une œu
vre imparfaite, mais consciencieuse , et qui
peut, en se retirant après sa tâche accomplie,
ÏEUÎLLETON DU CONSTITUTIONNEL, 15 JANV.
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LES APOTRES DE XUREMREUG.
CHAPITRE XVI.
SUITE DU MANUSCRIT. — l'AVEU.
«L'hospice des Enfans-Trouvés, où Karl avait
été élevé, possède de magnifiques jardins ;
moyennant une petite rétribution donnée au con
cierge de l'établissement, lé public est admis à
Jes visiter.
» Dans son enfance, le poète affectionnait une
fceSte allée de tilleuls, où souvent, s'isolant des
''autres enfans ses camarades, il allait entendre
. le bruit du vent et de la pluie dans le feuillage,
jet prêter l'oreille au chant des oiseaux Plus d'une
fois, dans le temps que Mme de Nesselbourg
avait son entretien pour agréable, il lui avait
parlé de cette chère promenade sur laquelle il
vivait composé des vers délicieux.
, «Tout ce qui vient d'être conté se passait pré
cisément à. l'époque de la fleur des tilleuls ; le
bonheur est un chemin par lequel volontiers l'i
magination remonte le courant de la vie; dans la
bienheureuse extase où l'avait plongé la décou
verte dè l'intelligence qui était entre son cœur et
celui de jsa belle maîtresse, Karl eut un souvenir
, pour les arbres de son enfance, et/en sortant de
«hez Adam Kraft, il eut l'idée d'aller les visiter.
Voir notre numéro do 12 janvier.
Toute reproduction, même partielle, de cet outrage,
«et interdite, et serait powiume comme contrefaçon.
i- " „
jetourner dans ses foyers avec » '•f 1 me et la
reconnaissance de la nation. Cette Assem
blée, autour de qui la France entière s'était
groupée, seule force restée ' debout sur un
sol couvert de ruines, seul vestige de pouvoir
et d'autorité, va-t-elle céder à un funeste en
traînement 2Va-t-slle à son tour tomber
dans l'aveuglement des gouvernemens qui
l'ont précédée, va-t-elle se mettre en travers
du temps et de l'opinion publique,.va-t-elle
renier son origine et la source de sa force; et
affichant.à tous les yeux le dangereux eni
vrement d'elle-même, et un amour éperdu
du pouvoir et de ses jouissances, va-t-elle
dépenser jour par jour le trésor de sa bon
ne renommée, changer sa considération en
discrédit, et compromettre avec son œuvre
son antorité, seule ressource de la France?
Ce n'était qu'avec effroi et douleur qu'on
pouvait songer qu'un jour arriverait peut-
être Où cette Assemblée, que la garde natio
nale parisienne au 15 mai , qse toutes les
gardes nationales de France au 24 juin, sa
luaient de leurs acclamations enthousiastes,
et dont le nom était le drapeau de tous les
patriotes ne trouverait plus dans le pays
cette estime et ces sympathies.
Il n'en sera point ainsi. L'Assemblée, par
le vote d'aujourd'hui,' n'a pas seulement
donné satisfaction au pays, elle s'est assuré
dans l'histoire une place honorable et res
pectée. Elle a eu raison» de prendre conseil
des besoins de la France et de prendre aussi
conseil de sa répatalion dans l'avenir. Soyons-
en reconhaissans aux citoyens qui ont pris
l'initiative d'une résolution aussi honorable
que patriotique; les annales de notre nation
n'auront pas, comme celles d'Angleterre,
un parlement-croupion ; et s'il s'est- trouvé
dans notre' pay s dès hommes plus jaloux du
pouvoir que de leur dignité qui se seraient,
accommodés de garder un mandat contre le
cri de leur conscience et le vœu de leurs con
citoyens, la voix de l'honneur, "toute-puis
sante en France, a fait avorter leurs intri
gues. Il a suffi, pour déjouer des résistances
intéressées, de faire entendre avec fermeté
le sévère langage de la vérité.
Après M. de Montalembert, l'ordre des
inscriptions donnait la parole à M. Billault.
L'Assemblée entière nous a paru voir, avec
un sentiment pénible, cet orateur monter à
la tribune pour attaquer ses anciens amis,
et pour soutenir, dans une question capitale,
une opinion opposée à la leur. Dans tous
les partis, on aime qu'un homme politique
soit fidèle à ses antécédens et conséquent,
avec lui-même. Le plaisir de voir un ancien
adversa re changer de camp et défendre la
même thèse que vous, ne compense pas, chez
des auditeurs convaincus, la crainte qu'ils
éprouvent de voir l'autorité de leur opinion
affaiblie par la situation équivoque du nou
veau venu qui s'en fait l'organe.
Il n'yaspoint d'ailleurs d'artifice de langa
ge, qui puisse cacher aux yeux la mobilité
de la conduite. Chacun sait dans la cham
bre comme au dehors l'histoire parlemen
taire de M. Billault. Il n'y apas si longtemps
que la monarchie était encore debout, et que
M. Billault travaillait à se détacher de l'op-
•position pour se rapprocher du pouvoir.
C'est, nous avons bonne mémoire, c'est
surtout à propos des mariages espagnols
que M. Billault s'est séparé avec éclat de
l'opposition modérée. Il accusait alors
l'opposition de ne pas avoir assez de zèle
pour les intérêts dynastiques ; il donnait à
l'opposition une leçon de monarchie, et
complimentait la haute habileté des hommes
d'Etat qui venaient de conclure ces fameux
mariages, premier pas, en réalité, du gou
vernement de juillet vers sa décadence et sa
chute. Aujourd'hui, M. Billault s'est encore
séparé avec éclat des modérés ; il les a accu
sés de n'avoir pas assez .de zèle pour les
intérêts républicains; il a donné à M. Odilon
Barrot et à tous ceux qui l'appuient, une le
çon de république ; il a encore choisi, pour
rompre une fois de plus avec ses anciens
amis, une question jugée et une cause perr
due. Ce qui nous frappe le plus, dans ce
rapprochement, ce n'est pas l'étrange con
tradiction qui éclate dans la conduite poli
tique de M. Billault ; il y a malheureu
sement quelque temps déjà qu'il a détruit
nos illusions sur la fermeté de ses con-
» Assis sous leur ombrage, respirant leur douce
senteur, malgré quelques sollicitudes qu'il devait
avoir pour l'avenir, il lui semblait, dans le pré
sent, que sa 1 vie était bénie.
» 11 n'avait point épuisé pourtant toutes les^fa-
veiirs de sou étoile, car, au même lieu, presque
h la même heure, une pensée dont la sympathie
s'expliquera sans peine, amenait Mme de Nes
selbourg.
t> Çe n'est pas dans la connaissance du secret
surpris l u ' ( l ue l'amant heureux puisa l'au
dace de "lui adréù^r Ja parole. Il allait d'abord à
l'intérêt le plus pressant, c elui de pourvoir à sa
sûreté.
— Vous m'excuserez, Madame, — dit-il donc,
— si j'ose vous interrompre dans votre prome
nade, mais M. de Nesselbourg vous cjvjit jjn pen
chant déclaré pour M. de Grundjieim, et il fait
surveiller votre correspondance pour acquérir
une justification de ses soupçons.
— M. de Nesselbourg, — répondit dédai
gneusement -la comtesse, — est d'une jalousie
sotte, et je vous trouve, Monsieur, bien étrange
de vous feirè ici son écho. ;
Yos lettres, Madame, sont plus que sur
veillées, elles sont interceptées et ouvertes, et
les choses que «soutenait la dernière, adressée à
Mmede Waldorf, iim deW.alctorfne les sait pas
seule.
— Et qui donc est l'agent de ces soustrac
tions infâmes ? —demanda Mme de Nesselbourg
dans un émoi que l'on peut se figurer.
— Moi, Madame, — répondit froidement
Karl, — qui, pour vojjs soustraire aux mena-
çans soupçons de votrè mari, me sjuis jfa.it jcfjfpcr
tivement infâme; moi, qui maintenant cours
danger de ma vie, peut-être, pour vous aviser
de n'écrire plus.
• Mais cette lettre! — s'écria la comtesse,
ne s'arrêtant qu'à une seule idée dans tout ce
qu venait de lui être dit, — vous n'oseriez pas
me diie que vous l'avez lue?
vidions politiques ; mais nous sommes
c rpris de le voir Si mal choisir son mo-
ent, comprendre si peu l'esprit public, et
montrer, à côté de tant d'inconsistance, une
si grande maladresse. Les jugemens sévères
qu'on a portés sur M. Billault, et contre.les
quels nous l'avons défendu si long-temps,
seraient-ils donc fondés? Serait-il vrai que
M. Billault se laisse inspirer, par des senti-
mens qui l'aveuglent et l'égarent? N'aurait-
il de l'homme politique qu'une assez triste
ambition, toujours pressée et toujours en
•retard; impatiente de saisir le pouvoir, et
s'adressant, pour y réussir, à des passions
vieillies, à des partis en décadence?
Quoi qu'il en soit, M. Billault a paru re
commencer aujourd'hui la guerre aux por
tefeuilles^ Savez-vous quelle est la cause du
malaise universel et de tous les embarras
politiques? Il në la voit ni dans l'héritage
de dix mois de folies et de malheurs ni
dans la présence simultanée de deux pouvoirs
mal définis, de dates différentes, d'esprit op
posé; elle est toute, à sqn avis, dans les minis
tres, qui n'ont pas présenté à la chambre de
nombreux projets de loi, et qui n'ont pas
encore fait un assez large usage de leur iui-
tiative. Changez "les ministres, que la Répu
blique, à défaut de la monarchie, fasse M.
Billault ministre, et tout est sauvé : le cré
dit reprend courage,. le travail se ranime,
la confiance reparaît, le budget s'égalise, la
chambre est docile, et le pays content ! Co
n'est pas seulement aux -ministres pic ens
que l'orateur fait la guerre; c'est aussi aux
ministres possibles. line comprend pas que
l'on puisse, en dehors du cabinet, prtter
un appui énergique et sincère au cabinet:
tout homme qui pourrait avoir sa part du
pouvoir et qui ne la prend pas est un pne-
nomène inexplicable aux yeux de M.
Billault j assuré, cette l'ois, qu'on ne le
prendra jamais en contradiction avec lui-
même et qu'on ne lui adressera jamais un
semblable reproche.
Après ce discours, l'heure était avancée; ce
pendant M. le président du conseil souffrant
encore d'une indisposition qui l'avait frappé
depuis deux jours, a cru devoirrépondré sur-
le-champ aux attaques de M.Billault, et aux
desseins qu'une partie de l'Assémblée en
tretenait contre le pouvoir, en faisant con
naître la pensée du Gouvernement. Bien
de plus franc, de plus net, de plus cou
rageux que la déclaration de M. Odilon Bar-
rot. Il pense que l'Assemblée constituante
a fini son œuvre principale, et qu« l'opinion
publique appelle une prompte dissolution;
il ajoute à toutes les raisons qui ont été pro
duites en ce sens, àne raison qui lui est pro
pre, et qui a une immense autorité dans sa
bouche : il signale, dans une grande partie'
de l'Assemblée, un mauvais vouloir marqué
contre le pouvoir exécutif, tel qu'il est au
jourd'hui constitué ; il pense que tout
autre ministère, M. Billault en fit-il
partie, ne pourrait appuyer! sur l'Assem
blée actuelle aucun plan de gouvernement ;
il démontre à l'Assemblée, par ses derniers
actes, 1 par l'imprudence de sa conduite dans
l'élection de la présidence, par le vide de ses
séances, par l'obstination de ses interpella
tions sans but, l'impossibilité pour le pou
voir exécutif de vivre long-temps avec elle,
et, pour elle-même, de prolonger sa durée
au-delà d'un terme assez rapproché.
Pendant que le ministre exprimait ainsi,
dans un langage ferme, élevé, éloquent,
respectueux mais d'une merveilleuse fran
chise, ce que pense le pays tout entier, pen
dant qu'appuyé ainsi sur l'opinion publi
que, il disait d'austères vérités à la repré
sentation nationale, et défiait, à front dé
couvert, les attaques, les oppositions et les
intrigues, une partie de l'Assemblée prenait
à tâche d 'ajouter par son attitude, une nou
velle preuve à toutes celles qu'il avait données
de la nécessité d'une prompte dissolution.
. Le tumulte, les cris, les clameurs, les in
terpellations grossières, les apostrophes les
plus inintelligentes et les plus passionnées in
terrompaient chacune des phrases de l'ora
teur; quatre fois le président a dû pronon
cer des rappels à l'ordre; vingt fois, s'il eût
pu dominer le bruit, il aurait dû répriman
der les interrupteurs. M. Barrot, calme
mais inflexible, a bravé jusqu'au bout celte
Je l'ai lue, Madame, et, selon votre bon
plaisir, pour me souvenir de son contenu ou
pour l'oublier. ^
—Et vous croyez l'avoiwcomprise, et vous ne
vous êtes pas aperçu que, d'un bout à l'autre,
elle dit le contraire do ce qu'elle semble dire,
n'étant autre chose qu'un hadinage et une pure
ironie?
— C'est bien vous donner de la peine, 'Ma
dame, pour éviter une fois en votre vie d'être
trouvée bonne et indulgente; dites seulement
que vous ne voulez pas que cette confidence me
soit parvenue, et jamais je n'en ai rien su.
— Dans tous les cas, Monsieur, s'il vous plaît
attacher quelque sens à des paroles, vous ave?
pu voir ce que je sais être avec les présomp
tueux. Vous avez goûté déjà de mes duretés et
de mon indifférence. Vous plaît-il maintenant
jna haine, sj vpus osiez concevoir quelque folle
pensée ? '
— Je ne pense pas, Madame : le bonheur se
sent et ne se réfléchit pas. Permis à vous de
m'accablcr de vos froideurs, de vos mépris; je
puis maintenant attendre, je suis en fonds de pa
tience et de courage pour des années.
— Et aussi en tonds d'impudenee : qser m'a-
vouer que vous avez donné les mains à un pro
cédé si monstrueux !
— Eh ! Madame, si ce n'était moi, c'était un
a$lre, ( et celui-ci eût été dans le sens de M. de
Nesselbourg; i} $2 fallait bien, comprenez-le,
lire cette lettre pour rendre'compie à voti,e ;«a-
ri de ce qu'elle ne contenait pas.
— Enfin, Monsieur, puisque vous êtes si bien
an fait, vous avez dû lire que d'ici à peu de
temjj.s j'aurai nu;lté Hambourg; vous me laisse
rez, je pensé, tojjt entier }e bénéfice de l'absent
ce, et je ne vous verrai pas à Vienne, oii j'aurai,
je vous en avertis, de puissans appuis contre les
insolences et les çempliçités dp mon niari.
— Vous avez mieux que cela,pour Paire exé
cuter vos ordres : la crainte de vous déplaire, le
.tempête et achevé l'expression de sa pensée,
, sans complaisance comme sans colère. Mais
ce ne sont plïis là des discussions, ce sont des
■ luttes ou succomberait bientôt la considéra
tion de l'Assemblée en même temps que les
forcées orateurs.
. .. L'Assembléele comprend; elle sait qu'elle
ne se possède plus elle-même et qu'il faut
'qu'une Assemblée future, mieux assurée d'ê-
tred'accord avec l'opinion' publique, apporte
dans les délibérations publiques le sang-
froid qui résultera pour elle de cette certitude.
Le vole d'aujourd'hui montre clairement
que l'Assemblée va marquer le tèrme de sa
durée. Cette résolution pacifiera, nous l'es
pérons, les séances de la chambre, comme
elle calmera l'opinion extérieure alarmée.
Nous disions hier que le commissaire envoyé
ii l'île de la Réunion par le Gouvernement pro
visoire, pour appliquer à cette colonie les dé
crets tons et mauvais qui ont accompagné, l'a
bolition de l'esclavage, avait dû se trouver, à
son arrivée, dans l'alternative de ne pas exécu
ter sa mission, ou de r> lùsej le concours que les
habitans de la colonie avalent résolu de lui of
frir, à certaines conditions. Des correspondan
ces, apportées par le navire de commerce ÏO-
rixa, qui nous parviennent, prouvent que nous
ne nous étions pas trompés. Seulement M. Sar-
da-Garriga a dépassé nos prévisions. •
Les premiers actes, du citoyen commissaire
: ont été de promulguer les décrets pour la réha-
biiiiaiion des condamnes en matière criminelle et
torruA u indlo 11 f our la célébration d'une léte
du travail. Il a aussi pourvu à Finitiiutiou d'un
corns d gar les et 1 j îtres.
Le''lu t Ve le bureau de l'Assamblée géné
rale dus ddt gu s i I10 sis par la colonie et réu
nis en i^oo uiiou libre, a été admis à lui pré
senter un mémoire rendant à obtenir la convo
cation immédiate d'un conseil colonial provi
soire, dont la mission principale aurait été de
qu'une dictature impuissante ne peut enfanter
que lit désorganisation et l'anarchie.
La réserve métallique de la Banque a encore
augmenté depuis le compte-rendu de la semaine
dernière; elle s'est élevée, tant à Paris que
dans les succursales,- de262 millions à 2G9,
_Le portefeuille est redescendu à Paris de 57
millions à 56, et il est remonté, dans les suc
cursales, de 106 millions à 107.
Le chiffre des effets échus à recouvrer s'est
élevé de 400,000 à 800,000 fr.; celui des effets
en souffrance à la Banque a baissé de 400,000
fr., et reste à 10,500 000 fr.; dans les succur
sales, il est descendu de 5,100,000 francs à
4,900,000 fr.
La circulation des billets, s'est accrue d'uae
manière notable ; celle des billets de la Banque
est montée de 404 millions à 414 ; celle des
billets des succursales demeure au même cliifi're
de 16,millions ; elle est en totalité de 430 mil
lions, ou de 22 millions seulement inférieure au
maximum fixé par le décret du Gouvernement
provisoire.
Le compte-courant créditeur dutréspr est re
monté de 19 millions à . '
Les comptes-coùrans uivers ont baissé , à la
Banque, de82 millions à 76, et, dans les Succur
sales, de 26 millions à 2,3.
qu (
nerait là ses demandes. Le principal était d'ob
tenir cette garantie contre l'abus possible des
pouvoirs discrétionnaires confiés au nouveau
chef de la colonie. M. Sarda-Garriga n'a 'pas
cru pouvoir adhérer au vœu de l'Assemblée. En
conséquence, les'délégués, faisant preuve de sa
gesse, se sont ajournés après avoir adopté, à l'u
nanimité moins six voix, la protestation sui-r
vante :
« L'assemblée générale/les délégués des com
munes de l'île .de la"Réunion déclare que le
commissaire-général de la République, avant re
fusé d'accepter le coucours légal du pays ".qu'elle
lui offraii, elle proteste et se retire sansse dissou
dre, laissant au commissaire la responsabilité
de-tous ses actes. » .
Par suite de cette protestation, M. Sarda-Gar
riga se trouvait entièrement livré à ses propres
inspirations, et sans aucun appui sympathique et
organisé dans un pays qui avait vu sa venue avec
une profonde déliançe. Une, telle situation ne lui
permettait plus de se borner à organiser des fê
tes du travail. Aussi a-t-il rendu, le 24 octobre,
ua'arrèté qui porte que .soute personne; non libre
est invitée à contracter un engagement de tra
vail : chacune d'elles sera tenue à être pourvue
d'un de ces engagemens à l'époque de l'émanci
pation fixée au 20-décembre ; lés tribunaux fe
ront exécuter ces contrats comme conventions
légales.
Cet arrêté est en opposition directe avec l'es
prit des décrets du Gouvernement provisoire.
Ce n'est pas à dire qu'il soit mauvais, au con
traire ; mais il a certainement fait à M. Sarda-
Garriga une singulière situation : celle de mé
contenter la république rouge qui l a porté au
pouvoir, après avoir mécontenté les colons. En
effet, les décrets du Gouvernement provisoire
excluent absolument toute contrainte à. imposer
aux noirs affranchis pour les obliger au travail.
Voilà donc le commissaire placé entre l'hosti
lité passive des colons et le désaveu probable
des partisans, de la-liberté illimitée. Ses devoirs,
déjà si difficiles, ne seront-ils pas devenus im
possibles à remplir? Ceci, du reste, devait être
prévu. M. Saraa-Garriga avait trois mois de
traversée à l'aire avant d'arriver à l île de la
Réunion. Pendant ces trois moisja France de
vait nécessairement entrer dans l'exercice régu
lier de ses droits constitutionnels ; l'autorisé
dictatoriale confiée à ce commissaire ne pouvait
donc manquer d'être une véritable anomalic
quand il arriverait dans un pays où les corres
pondances, qui marchent plus vite que les voya
geurs, auraient depuis long-temps apporte la
nouvelle du rétablissement de l'empire des lois
dans la France continentale. Ainsi la diciaturc
de M Sarda-Garriga était énervee d'avance et
frappée d'impuissance. Or, tout la monde sait
dévoûment jusqu'à la mort, le courage, en un
mot, de tous les sacrifices. J'oserai pourtant in
sister sur un point : M. de Nesselbourg est odieu
sement jaloux; vos écrits, vos actions, vos pen
sées même, sont surveillés, et il y va de votre
vie peut-être si les soupçons du comte trouvaient
encore à s'exalter. Yoilà, Madame, ce que je
voulais vous dire, cela, seul, et autrement je
n'eusse pas essayé de vous arrêter un moment.
— Sur ce pied, Monsieur Karl, je vous re
mercie.
— Et moi aussi; quoique l'avenir soit pour
moi bien triste, j'ai pour vous d'humbles actions
de grâce,
— MonDicp ! qui sait l'avenir? — dit la com
tesse, jetant une bonne parole au moment de se
séparer. • .
— Moi, Madame, je sais le mien; mais je ne
- me plains pas. Un ange, un jour, m'est apparu,
puis il est remonté au ciel.
» Ces derniers mots furent dits avec senti
ment, si vrai, qu'ils allèrent à l'ame de la com
tesse. Cédant in extremis à un bon sentiment,
elle se baissa, cueillit dans le gazon une de ces
humbles pâquerettes qui servent à la supersti
tieuse curiosité des aillons, puis la donnant à
Karl ; '
— Jencz, — dit-elle, — de la part, des an
ges, aux enfans qui leur promettent d'être bien
sages.
» Mme de Nesselbourg ne put voir le bienheu
reux presser la blanche fleur sur ses lèvres,, il
n'était pas encore revenu de son bonheur, que
déjà elle était bien loin. »
B4NQUE Dïï BANQUE.
Situation de la Banque de France et de ses succursa
les, au jeudi 11 janvier 48i9, au malin.
ACT !*.
Argunt raasaiMjé es liugote. .......
^améraiie dac» ta» snccursalos......
S&'.te échus hier, à reconnu ce jour.
î'orUifauiitu d« Paris, dont 15,023.107
Cr. 03 c. proVsSijut daj nncoarnalej.
Portefeuille da* succuriEtau, ei'/cta *ur
pls3«, eie -
4.?aneas car ihiguis: et raonniicn
ÀTcnce* sjir publies ■fritnçsis...
Avances sQjruiïots publics français ilanj
las enccursstBî
A.ranci» à i'KUl »ur bot!» <ïo iréior 1k KiîpiiMiqus
ivanecs i l'état sur l'emprunt do 1E0
millions
Hnttlss à» ld r5snr«?. .... i.........
Ût'/it-n, far;ds
Placement des mourotles nucctirtaloii,
en effet» public»- .... ...........
tJc'.ol ai mobilier I* Sânque.. i...
Immanbln* doi suecursa!e«
Prêt de 10 million» à la ville Se Parij
Intérêt dïii» le oomplotr national <1 m~
cwrjut*
Intérêt dos anciennes bauqiuis dépar
tementale» durit lu comptoirs r .a-_
tioaaux dm Tilles
en sonffmwe h U ïramjin'
tffets en souffrance daa» la» #uccnp-
sstas ..
DéprtVJî» d jiiSraiioe iî; ia liau-
«|uo . .
Dépeints j'a.'mBijtrîtioii des itîCCEir-
saîss
OrtBïi. ■....«
149 007,838 00
120 0ii7.(lil „
HUi 389 71
55.3ÎJ9 £08 02
i*7,3W,Kr»6 87
.29,531, 1*3 »
31 032 423 OS
1,433-838 »
20îO3O,10,000,000 s
42 022 313-13
Î2,'}CKl,74l 29
AyïiWtMfà* »
?.S73,fi;;8 »
7,000,000 »
îo--;,coo >
PASïW. *
CspiU) d» 1* BaRGspiUl de> nouvelle» ' «uccursale* ..
Uésïrvede ls Kanque
M. des nouvelle» «nrcorsiles ....
■ïéserr® immobilière de la Banque .,
aiiluiî au pbfisar no oJoaittiou:d* la
(Saaqne ....
B.ilets) au fortau- oci circulation de»
snccuraales i. ......
Billets k'orâm
Compte onuront âa tréror, créditeur
Compte» coorsnt
Cotantes coursas dans !es sucourtale»
Récépissés payable» i rus
Récépissés payables i vne dans le»
succGrsnhu
Traite» des suooursale» 1 poyar par la
Rani]Ti9 . .
Traite» de la Banque i payer par le»
succursale»
Oivi<î«ndei, à payer .......
Liquidation du comptoir d 'Alger....
Kiocmpics, intérêts divera ut dépen
ses précomptées ;
Escomptes, intérêts divers dan» le»
succursales
Réescompte du dernier semestre... .
Réescompte du dernier »emc»tre dan»
les succursales
OiYtsr»
ïlS.rtO'» »
10,490 5)10 93
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16,318,128 »
«86,727 33
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23,853.621 .
3,857,3 iO »
784.P37 »
5,651.001 E3
2,845,2(0 >
1,8K0.870 33
£Ot,374 04
493.946 43
312,024 »
2116.051 il
4fi0,fi03 »
163,814 11
(-82,912 823 61
Certifié conforme aux écritures : ' -
Le gouverneur co la Banque de France,
- i/awcout.
ÇH4FITEE XVII,
•* $
SUITE BU MANUSCRIT. — tp ÎUÎVF.I^.
» Suivant l'ordre d'avance arrangé entre les as
sociés, Karl arrivait le. dernier au lieu des réu
nions,
Ou ne met sous nos "yeux Qu'aujourd'hui une
caricature due au crayon spirituel de Chain, et
que le Charivari a publiée il y a peu de jours.
Ce dessin, qui nous a fait beaucoup rire, repré
sente une scène de rupture eatie M. Thiers cl
Aga-Yèrort. On ne peut, l'aire, qu'un reproche à
celte caricaturé, et ce n'eu est pas tin pour uue
plaisanterie, c'est qu'elle pourrait faire croire &
un l'ait qui n'existe pas. Jama's les hommes émii
nens du parti modéré et le journal lit ConsèiPu^
tionuel n'ont été plus fortement unis pour la
» Le soir du jour qu'il n'aurait pas hésilé à ap
peler le plus beau de sa vie, en entrant dans la
salle où déjà étaient rassemblés ses collègues, il
fut étonné de ne pas voir les travaux en activité,
ni aucune aonarence nue l'on dût y vaquer ce
jour-là !
»Le silence, rarement io\eïyornpu, qu ^d'ordi
naire, n^nait ou tu ks sombres travailleurs,
seînt)laii avoir pris un caraclère singulier de so
lennité; il était évident que quelque chose d'ex
traordinaire et d inaccoutumé allait se "passer.
» Aussitôt que Karj se fut assis, le maître des
travaux prit la\parole :
— Frères, — dit-il,— l'association est en pé
ril. Ce soir; les trois coups d'alarme ont été
frappés à ma porte. Un profane sait le secret
de l'ordre ; le nom d'un de «çs membres lui a
a été révélé-
— Qu'il meure ! -*• s eerièrent d'un seul cri
tous jes £tpéttres, Karl pourtant excepté.
— Je dénonce donc la mort à Adam Kraft, le
musicien,—dit le maître des travaux; puis, s'a
dressant à Karl : — Jqdas, tu fais ici les œuvres
services ; l'ordre te charge de clouer la bouche à
ce profane; - tu as trois jours ; adresse et force
soient à ton bras ! . .
— Pourquoi, — répondit Karl, — ia mort à
Adam Kraft, s'il n'a pas cherché ce secret et
qu'il lui soit venu ?
— Et d'où sais-tu cela? — dirent à la fois les
apôtres.
— Et vous, d'où savçï-vons le contraire?
N'est-pe pa§ u$e chose à connaître avant tout?
— C'est bien, Judas, —dit le maître des tra
vaux, —j'aime en toi cet esprit de justice; mais
alors un traître a parlé musicien : ce traître,
le connais-tu?
— C'est à vous et non à moi de le connaître,
les trois coups d'alarme n'ont pas été frappés à
ma porte. Je ne suis pas le maître dès travaux.
— Judas ! Judas ! prends-y bien garde, — dit
le haut dignitaire, — tu t'appelles Judas 1
défense de la société.
Que nous serions heureux, si toutes les haines
politiques, si toutes les violences des partis ne
dépassaient jamais les limites de gaies bouffon-
.neries, dussions-nous même eu faire les /rais!
KCKSTKI&BiS ETOiMffllSS. ;
AUTRICHE.
On lit dans le Moniteur prussien, sous la
date de Vienne, le 7 janvier :
« Le général Welden vient de publier le bulletin
suivant :
« S. A. le prince Windischgraetz est enlré le 5
courant, à midi, à la tête des troupes impériales,
dans Bude et Peslh. • Les détails de cet événement
scrtfnt donnés ultérieurement.
» Vienne, 7 janvier.
,» Le gouverneur civil et militaire, tveldeiv. »
. Ainsi donc l'occupation de la capitale de la
Hongrie par les troupes impériales autrichien
nes est un fait accompli. Les détails officiels
sur cet événement masquent encore; mais
quelques correspondances arrivées aujourd'hui
l'expliquent de la manière suivante. La garnison
de Budé et Pcsth, forte d'environ vingt mille
hommes était sortie pour combattre contre le
corps commandé par le lieuienant feld-maréchal
Sehlick, qui s'avançait du nord de la Hongrie
par la route de Miskolcz.f Averti de ce mouve
ment, que les chefs hongrois n'ont pas su déro
ber à la connaissance de l'ennemi, le maréchal
Windisgraetz et le ban «fellachich se sont ap
prochés de Bude à marcher forcées.
Dégarnie de troupes, avec une garde natio
nale désarmée (les fusils des gardes nationaux
ont été remis aux soldats de nouvelle levée), la
ville'a voulu parlementer; - le maréchal exigea
qu'elle se rendit à discrétion. Yovant toute ré-
sistànce inutile, la ville ouvrit ses portes! Une
fois Bude occupée, Pesth, située sur la rire op
posée du Danube, ne pouvait offrir aucune résis- •
lance, car l'hiver rigoureux a rendu la glace qui
couvre le lleuve assez "forte pour peiSacttro le '
passage de la grosse artillerie. On dit que les
forces hongroises et le comité de défense se sont
retirés sur Debieczin, ville située à l'est de la
Hongrie. C'est là qu'ils espèrent opérer la jonc-
lion des troitprs hongroises envoyées contre le
général Schliek, avec celles qui combattent con
tre les Serbes. En cas de défaite totale, les chefs
militaires hongrois méditent, dit-on,une retraite
en Turquie.
La diète de Kremsier a discuté dans la séan
ce du 4, les droits fondamentaux de la constitu
tion. L'art. I" du projet portait que tous les
pouvoirs émanent du peuple. Le comt» Siadiou
a lu à ce sujet une déclarai ion écrite, dans la
quelle il repousse cet article au nom du minis
tère. comme contraire aux bases du gouverne
ment constitutionnel. L'assemblée a renvové au
8 de ce mois la dheussion sur cet article. '
AiXEMAGIVE. •
, uitci tetexle de la propesition concernai
1 abolition des jeux, adoptée par l'assemblée de.
Francfort, dans sa séance du 8 janvier :
« Art. unique. — A dater du l«r mai 1S4S tes
maison*- de jeux sont supprimées,at les contrats nou'e
a ferme des jeux devront itre résiliés d ai>s tome
l'Allemagne. _ v
» L'assemblée a ensuite ado;>ié hs proposi
tions-suivantes de Ma-(onmissicm : 1° Les lote
ries-par classes pourront être conservées provisoire"
ment, avec les reformes proposées en 1813 par un *
commission de la diète ; cependant le pouvoir cj>n
tral est chargé de réaliser autant que possible w
suppression dans les Etals particuliers 2» ( ^
ries particulières ne seront tolérées qu 'avéc l'auto
risation des gouvernemens, et uniquement noiir
des entreprises d'utilité publique. 3« Rétablissement
de nouvelles loteries par classe* est interdit T» t i
suppression de la loterie dans les Etats où elle exist.-
est décrétée. Cette décision sera mise à exécution'
dans le plus bref délai possible par le pouvoir cen-
tral. d» Pour ce qui est de la suppression des jeux
de hasard, l'assemblée, de l'avis de la commissi ,
passe à l'ordre du jour motivé.» '
Le Franckfurter-Jourml annonce qu'il «Vsf
pas vrai que le ministère de l'empire ait, ouvr-,
des négociations avec le cabinet de La v-
pour la suppression réciproque da ^èage du
La Gazette allemande annonce que M Camn-
hausen, plénipotentiaire prussien à Francfort
est part, de celte ville pour Berlin, le 8 S
au matin pour fatre arrêter les poursuites^pub
liques en 1W. On attendait aussi, à Vr
M. Bunsen, qui devait être consulté, ainsi ime
de l erjqfire USCn ' S " 1 13 ëiaDlle ( l MOStion du chef
m ~n lravaux , Ju !a foWque de machines de
J . Borsig ont ete suspeadus, le 6, par suite du
manque de commandes, de sorte qu'un -Vand
nombtç ^ ^vr-iers be trouvent saiis travail 0
POLOGAF, '
On écrit de Cracovie, 30 déceml.re — On.
annonce que le prince raskexviisT-h; " gonvc'.-
— Nom de hasard, — répondit ICarl
T } l * ls aussi «îc malheur. Je' f a «» (tse
moi, d être le irsîlre. Nies-lu,ou avoucs-tu?
— Qui aeeuse, a des preuves produisez-les
--lu connais -Chrisliana, la. 011e d'Adam
Kraft ?
— Je la connais,. , ,
pu n4tFes devait être le mari de cette
fille. Ce mariage, qui a voulu le rompre ?
— Moi, —repartit courageusement le poète
— je l'ai voulu.
— Et qu'as-tu dit au père, pour qu 'il l e
lut aussi?
Vous devez le savovr ; vous savez, tout.
Et- qu'a dit le pére à sa fille?
— Est-ce que j'ai, moi, l'œil e) l'oreille dans
les lamilles, pour être instruit de ce qu'un père
et une fille peuvent, se dire entr'eux ?
, — Et qu'a dit la fille à notre vigilant, qui co
sçir a frappé'trois coups à nia porte?
— Christiana n'est pas une femme à dénoncer
personne; je vous l'ai dit, je la connais.
— C'est pourtant elle qui t'accuse; encore ua
coup, tu avoues ou tu nies.
— Et si je nie, qu'en sera-t-il?
—11 y a près d'ici tin crucifix, ta vas jurer
dessus. *
— » Acculé à un serment qu'il ne pouvait pas fai-
*e, Karl voulut du moins finir avec courage.
Promenant sur 1 assemblée un regard de dé
dain :
— C'est ma vie qu'il vous faut, — dit -ii, —
prenez-la donc. Après tout, mourir pour yous,
vaut mieux peut-être que de vivre avee vous.
» Dans une autre réunion, cette insulte eût
Soulevé une tempête. Ici tout le monde resta
calme et un silence de mort répondit seul h
l'audacieux. -
— Voilà te serment que tu as prêté avant
d'entrer dans l'ordre, — dit froidement le maî
tre des travaux en prenant un parchemin noir
sur lequel la formule était gravée en lettres
*
SAMEDI 15 JANVIER 1849.
NUMERO 15.
vaxat es x ' abcscïssksh » ■
PARIS; ■ DÉPART. 1
DÉPART.
ÏBOIS MOIS,...
8 F.
ilp.
. -14 F.
six mois......
ts.
>. sa-
38
orô AN
sa
44
U
Im tboBDtiiMiu datent des 1*' «t 46 de chaque moi».
BUREAUX A PARIS!
tin du 14 févrisr, 10 (ci-devant de Ytloif ).
Oa tfabonnt dstns les 4êp&rtemtna, «ai nattagzrlw «t „
Iftt directions des postes.—A Londres, ch«i MM. r.uvU «v< Q
JU*—A Strasbourg, cùm Attxa*ert, pour l'AUtmesn». w
' ' ^
■ S'adrcuer franco, pour l»"réd*ctioB, f 7 > \
à M. MERRUAU, cérint. | 3 | ;
I» ( t M.>». ••» l?llf I t : I'.. TUT ( *'. \ C
PARIS, 42 JANVIER:
L'Assemblée constituante vient d'émettre
un vote qui l'honore, et qui sera reçu avec
reconnaissance par le pays., A la majorité
dé 404 voix contre 401, elle a pris en con-
jâjJératioii lapre position d» M, futii.jar.ijne
moitié de* l'Àssem5tee a donc proclamé, dès
aujourd'hui, la nécessité de mettre fin à
l'incertitude de la nation, de faire cesser
prochainement la situation anormale et ex
ceptionnelle qui paralyse tous les efforts de
la société, et d'aller se retremper dans le
suffrage universel. Nous croyons que ce vo
te, dont tous les bons citoyens doivent hau
tement s'applaudir, modérera, sans l'arrê
ter, le grand mouvement des esprits auquel
nous assistons.
La question est aujourd'hui tranchée, bon
nombre de représentai ont repoussé la pro
position de M. Râteau, parce qu'ils se réser
vaient d'appuyer celles où d'autres dites
étaient indiquées pour la séparation de l'As
semblée : ceux-là n'hésiteront pas à se ral
lier au vote d'aujourd'hui. La majorité ne
peut donc que s'accroître; et outre les acces
sions naturelles que nous indiquons, ellë se
grossira encore des conversions que le
temps, la réflexion et l'irrésistible influence*
de l'opinion ne manqueront pas de déter
miner.
Ce résultat, presque inespéré, nous conso
le des émotions douloureuses de cette'séan-
ee sans exemple dans nos' souvenirs; le pays
tiendra grand compte à la Constituante de
l'acte qu'elle vient d'accomplir, nous ne
voulons pas être plus rigoureux que lui.
Puisque la victoire si chèrement disputée est
demeurée du côté des hommes d'ordre qui
on t eu l'avantage du cal me et de la modération
comme ils avaient celui de la raison ; puis
que les réclamations du pays ont reçu satis-
faction, et que la voix du devoir et de la
dignité a été entendue, ne nous plaignons
pas que le sacrifice se soit accompli avec
trop de déchiremens.
C'est d'ailleurs le propre des mauvaises
causes de se trahir par l'emploi de la vio
lence. II était plus facile de trouver des pa
roles provocantes ou des insinuations pleines
de malveillance que des argumens à opposer
au discours plein de raison et de solidité'de
M. Desèze. Mettez en regard les sophismes
entassés par M. Dupont (de Bussac), au nom
du comité de législation , et le discours pro
noncé Aujourd'hui par M. Desèze, au nom
dé l'autre moitié du comité, et tout arbitre
impartial n'hésitera point à dire que cela
seul suffirait potir trancher la question.
M. de Montalembert est venu mettre dans
là balance tout le poïds de son esprit et de
«on talent oratoire. M. de Montalembert a
été plein de verve quand il a mis en pré
sence les deux fractions de l'Assemblée dont
TUne veut s'en aller parce qu'elle est sûre
dé revenir, dont l'autre veut rester parce
qu'elle est certaine de ne pas revenir. Il
S 'est élevé à l'éloquence quand il a fait
appel à la dignité de l'Assemblée, et au soin
qu'elle doit prendre de son honneur, afin
de ne pas affaiblir encore aux yeux du pays
ce qui est déjà trop faible en France : le res
pect de l'autorité et le sincère amour de la
liberté.
L'orateur a mêlé dans son discours l'iro
nie au sérieux,et il cédait en cela à l'entraî-
nemeot de la vérité. Quel plus piquant sujet
de satire que ces progrès rapides accomplis
dans l'art des conversions par les hommes
qui ont le plus crié contre la mobilité des
opinions ; que ce spectacle imprévu des dé
tracteurs de la veille transformés en flatteurs
du lendemain; que ce dévoûment effréné
«envers ce qu'on avait combattu; que cet
acharnement à disputer le pouvoir après
avoir prêché l'abnégation et le dépouille
ment des intérêts .personnels ?
■JEt cependant quelle inquiétude plus grave
èt pt^is douloureuse que celle qui préoccupe
depuis quelques johrs tous les gens de bien?
Yoilà-une Assemblée sur qui la France s'est
reposée de se? destinées , qui est arrivée in
vestie de la confiance publique, qui, soumise
à des épreuves difficiles et cruelles, a justi
fié l'attente du pays, qui a achevé une œu
vre imparfaite, mais consciencieuse , et qui
peut, en se retirant après sa tâche accomplie,
ÏEUÎLLETON DU CONSTITUTIONNEL, 15 JANV.
J
»EPAKT.;ETÏL3
a f. ; 5 £
23 «a
44 , ' M
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
1 vbxx sic K'JAoxrraKanasv.i.
■ ■■ ■ [ rARIS»
TftOlS KOIS.... j . 8 F,
SIX MOIS t 16
us as Vi 33 ,
- liAfibotiaffneûs datent des 4* T et 16 da noie."
BUREAUX A PARIS 5
JI m du 24 Février, 10 (ci -deyant d« Valoit).
t- , * ' -
Ls« «nnonc** (ont rrçoe*. do 11 à 4 ktor«J,
an bureau du Journal»
r«wl« IniarllOD dol — igrHe fti le fimtl I '
CxdresMr franco, ntur r «dminiitraliOB > 'j|
à H. » eivab «, direoteo?« , "
JLE CABINET NOIR.
tu ai,si km: partië.
LES APOTRES DE XUREMREUG.
CHAPITRE XVI.
SUITE DU MANUSCRIT. — l'AVEU.
«L'hospice des Enfans-Trouvés, où Karl avait
été élevé, possède de magnifiques jardins ;
moyennant une petite rétribution donnée au con
cierge de l'établissement, lé public est admis à
Jes visiter.
» Dans son enfance, le poète affectionnait une
fceSte allée de tilleuls, où souvent, s'isolant des
''autres enfans ses camarades, il allait entendre
. le bruit du vent et de la pluie dans le feuillage,
jet prêter l'oreille au chant des oiseaux Plus d'une
fois, dans le temps que Mme de Nesselbourg
avait son entretien pour agréable, il lui avait
parlé de cette chère promenade sur laquelle il
vivait composé des vers délicieux.
, «Tout ce qui vient d'être conté se passait pré
cisément à. l'époque de la fleur des tilleuls ; le
bonheur est un chemin par lequel volontiers l'i
magination remonte le courant de la vie; dans la
bienheureuse extase où l'avait plongé la décou
verte dè l'intelligence qui était entre son cœur et
celui de jsa belle maîtresse, Karl eut un souvenir
, pour les arbres de son enfance, et/en sortant de
«hez Adam Kraft, il eut l'idée d'aller les visiter.
Voir notre numéro do 12 janvier.
Toute reproduction, même partielle, de cet outrage,
«et interdite, et serait powiume comme contrefaçon.
i- " „
jetourner dans ses foyers avec » '•f 1 me et la
reconnaissance de la nation. Cette Assem
blée, autour de qui la France entière s'était
groupée, seule force restée ' debout sur un
sol couvert de ruines, seul vestige de pouvoir
et d'autorité, va-t-elle céder à un funeste en
traînement 2Va-t-slle à son tour tomber
dans l'aveuglement des gouvernemens qui
l'ont précédée, va-t-elle se mettre en travers
du temps et de l'opinion publique,.va-t-elle
renier son origine et la source de sa force; et
affichant.à tous les yeux le dangereux eni
vrement d'elle-même, et un amour éperdu
du pouvoir et de ses jouissances, va-t-elle
dépenser jour par jour le trésor de sa bon
ne renommée, changer sa considération en
discrédit, et compromettre avec son œuvre
son antorité, seule ressource de la France?
Ce n'était qu'avec effroi et douleur qu'on
pouvait songer qu'un jour arriverait peut-
être Où cette Assemblée, que la garde natio
nale parisienne au 15 mai , qse toutes les
gardes nationales de France au 24 juin, sa
luaient de leurs acclamations enthousiastes,
et dont le nom était le drapeau de tous les
patriotes ne trouverait plus dans le pays
cette estime et ces sympathies.
Il n'en sera point ainsi. L'Assemblée, par
le vote d'aujourd'hui,' n'a pas seulement
donné satisfaction au pays, elle s'est assuré
dans l'histoire une place honorable et res
pectée. Elle a eu raison» de prendre conseil
des besoins de la France et de prendre aussi
conseil de sa répatalion dans l'avenir. Soyons-
en reconhaissans aux citoyens qui ont pris
l'initiative d'une résolution aussi honorable
que patriotique; les annales de notre nation
n'auront pas, comme celles d'Angleterre,
un parlement-croupion ; et s'il s'est- trouvé
dans notre' pay s dès hommes plus jaloux du
pouvoir que de leur dignité qui se seraient,
accommodés de garder un mandat contre le
cri de leur conscience et le vœu de leurs con
citoyens, la voix de l'honneur, "toute-puis
sante en France, a fait avorter leurs intri
gues. Il a suffi, pour déjouer des résistances
intéressées, de faire entendre avec fermeté
le sévère langage de la vérité.
Après M. de Montalembert, l'ordre des
inscriptions donnait la parole à M. Billault.
L'Assemblée entière nous a paru voir, avec
un sentiment pénible, cet orateur monter à
la tribune pour attaquer ses anciens amis,
et pour soutenir, dans une question capitale,
une opinion opposée à la leur. Dans tous
les partis, on aime qu'un homme politique
soit fidèle à ses antécédens et conséquent,
avec lui-même. Le plaisir de voir un ancien
adversa re changer de camp et défendre la
même thèse que vous, ne compense pas, chez
des auditeurs convaincus, la crainte qu'ils
éprouvent de voir l'autorité de leur opinion
affaiblie par la situation équivoque du nou
veau venu qui s'en fait l'organe.
Il n'yaspoint d'ailleurs d'artifice de langa
ge, qui puisse cacher aux yeux la mobilité
de la conduite. Chacun sait dans la cham
bre comme au dehors l'histoire parlemen
taire de M. Billault. Il n'y apas si longtemps
que la monarchie était encore debout, et que
M. Billault travaillait à se détacher de l'op-
•position pour se rapprocher du pouvoir.
C'est, nous avons bonne mémoire, c'est
surtout à propos des mariages espagnols
que M. Billault s'est séparé avec éclat de
l'opposition modérée. Il accusait alors
l'opposition de ne pas avoir assez de zèle
pour les intérêts dynastiques ; il donnait à
l'opposition une leçon de monarchie, et
complimentait la haute habileté des hommes
d'Etat qui venaient de conclure ces fameux
mariages, premier pas, en réalité, du gou
vernement de juillet vers sa décadence et sa
chute. Aujourd'hui, M. Billault s'est encore
séparé avec éclat des modérés ; il les a accu
sés de n'avoir pas assez .de zèle pour les
intérêts républicains; il a donné à M. Odilon
Barrot et à tous ceux qui l'appuient, une le
çon de république ; il a encore choisi, pour
rompre une fois de plus avec ses anciens
amis, une question jugée et une cause perr
due. Ce qui nous frappe le plus, dans ce
rapprochement, ce n'est pas l'étrange con
tradiction qui éclate dans la conduite poli
tique de M. Billault ; il y a malheureu
sement quelque temps déjà qu'il a détruit
nos illusions sur la fermeté de ses con-
» Assis sous leur ombrage, respirant leur douce
senteur, malgré quelques sollicitudes qu'il devait
avoir pour l'avenir, il lui semblait, dans le pré
sent, que sa 1 vie était bénie.
» 11 n'avait point épuisé pourtant toutes les^fa-
veiirs de sou étoile, car, au même lieu, presque
h la même heure, une pensée dont la sympathie
s'expliquera sans peine, amenait Mme de Nes
selbourg.
t> Çe n'est pas dans la connaissance du secret
surpris l u ' ( l ue l'amant heureux puisa l'au
dace de "lui adréù^r Ja parole. Il allait d'abord à
l'intérêt le plus pressant, c elui de pourvoir à sa
sûreté.
— Vous m'excuserez, Madame, — dit-il donc,
— si j'ose vous interrompre dans votre prome
nade, mais M. de Nesselbourg vous cjvjit jjn pen
chant déclaré pour M. de Grundjieim, et il fait
surveiller votre correspondance pour acquérir
une justification de ses soupçons.
— M. de Nesselbourg, — répondit dédai
gneusement -la comtesse, — est d'une jalousie
sotte, et je vous trouve, Monsieur, bien étrange
de vous feirè ici son écho. ;
Yos lettres, Madame, sont plus que sur
veillées, elles sont interceptées et ouvertes, et
les choses que «soutenait la dernière, adressée à
Mmede Waldorf, iim deW.alctorfne les sait pas
seule.
— Et qui donc est l'agent de ces soustrac
tions infâmes ? —demanda Mme de Nesselbourg
dans un émoi que l'on peut se figurer.
— Moi, Madame, — répondit froidement
Karl, — qui, pour vojjs soustraire aux mena-
çans soupçons de votrè mari, me sjuis jfa.it jcfjfpcr
tivement infâme; moi, qui maintenant cours
danger de ma vie, peut-être, pour vous aviser
de n'écrire plus.
• Mais cette lettre! — s'écria la comtesse,
ne s'arrêtant qu'à une seule idée dans tout ce
qu venait de lui être dit, — vous n'oseriez pas
me diie que vous l'avez lue?
vidions politiques ; mais nous sommes
c rpris de le voir Si mal choisir son mo-
ent, comprendre si peu l'esprit public, et
montrer, à côté de tant d'inconsistance, une
si grande maladresse. Les jugemens sévères
qu'on a portés sur M. Billault, et contre.les
quels nous l'avons défendu si long-temps,
seraient-ils donc fondés? Serait-il vrai que
M. Billault se laisse inspirer, par des senti-
mens qui l'aveuglent et l'égarent? N'aurait-
il de l'homme politique qu'une assez triste
ambition, toujours pressée et toujours en
•retard; impatiente de saisir le pouvoir, et
s'adressant, pour y réussir, à des passions
vieillies, à des partis en décadence?
Quoi qu'il en soit, M. Billault a paru re
commencer aujourd'hui la guerre aux por
tefeuilles^ Savez-vous quelle est la cause du
malaise universel et de tous les embarras
politiques? Il në la voit ni dans l'héritage
de dix mois de folies et de malheurs ni
dans la présence simultanée de deux pouvoirs
mal définis, de dates différentes, d'esprit op
posé; elle est toute, à sqn avis, dans les minis
tres, qui n'ont pas présenté à la chambre de
nombreux projets de loi, et qui n'ont pas
encore fait un assez large usage de leur iui-
tiative. Changez "les ministres, que la Répu
blique, à défaut de la monarchie, fasse M.
Billault ministre, et tout est sauvé : le cré
dit reprend courage,. le travail se ranime,
la confiance reparaît, le budget s'égalise, la
chambre est docile, et le pays content ! Co
n'est pas seulement aux -ministres pic ens
que l'orateur fait la guerre; c'est aussi aux
ministres possibles. line comprend pas que
l'on puisse, en dehors du cabinet, prtter
un appui énergique et sincère au cabinet:
tout homme qui pourrait avoir sa part du
pouvoir et qui ne la prend pas est un pne-
nomène inexplicable aux yeux de M.
Billault j assuré, cette l'ois, qu'on ne le
prendra jamais en contradiction avec lui-
même et qu'on ne lui adressera jamais un
semblable reproche.
Après ce discours, l'heure était avancée; ce
pendant M. le président du conseil souffrant
encore d'une indisposition qui l'avait frappé
depuis deux jours, a cru devoirrépondré sur-
le-champ aux attaques de M.Billault, et aux
desseins qu'une partie de l'Assémblée en
tretenait contre le pouvoir, en faisant con
naître la pensée du Gouvernement. Bien
de plus franc, de plus net, de plus cou
rageux que la déclaration de M. Odilon Bar-
rot. Il pense que l'Assemblée constituante
a fini son œuvre principale, et qu« l'opinion
publique appelle une prompte dissolution;
il ajoute à toutes les raisons qui ont été pro
duites en ce sens, àne raison qui lui est pro
pre, et qui a une immense autorité dans sa
bouche : il signale, dans une grande partie'
de l'Assemblée, un mauvais vouloir marqué
contre le pouvoir exécutif, tel qu'il est au
jourd'hui constitué ; il pense que tout
autre ministère, M. Billault en fit-il
partie, ne pourrait appuyer! sur l'Assem
blée actuelle aucun plan de gouvernement ;
il démontre à l'Assemblée, par ses derniers
actes, 1 par l'imprudence de sa conduite dans
l'élection de la présidence, par le vide de ses
séances, par l'obstination de ses interpella
tions sans but, l'impossibilité pour le pou
voir exécutif de vivre long-temps avec elle,
et, pour elle-même, de prolonger sa durée
au-delà d'un terme assez rapproché.
Pendant que le ministre exprimait ainsi,
dans un langage ferme, élevé, éloquent,
respectueux mais d'une merveilleuse fran
chise, ce que pense le pays tout entier, pen
dant qu'appuyé ainsi sur l'opinion publi
que, il disait d'austères vérités à la repré
sentation nationale, et défiait, à front dé
couvert, les attaques, les oppositions et les
intrigues, une partie de l'Assemblée prenait
à tâche d 'ajouter par son attitude, une nou
velle preuve à toutes celles qu'il avait données
de la nécessité d'une prompte dissolution.
. Le tumulte, les cris, les clameurs, les in
terpellations grossières, les apostrophes les
plus inintelligentes et les plus passionnées in
terrompaient chacune des phrases de l'ora
teur; quatre fois le président a dû pronon
cer des rappels à l'ordre; vingt fois, s'il eût
pu dominer le bruit, il aurait dû répriman
der les interrupteurs. M. Barrot, calme
mais inflexible, a bravé jusqu'au bout celte
Je l'ai lue, Madame, et, selon votre bon
plaisir, pour me souvenir de son contenu ou
pour l'oublier. ^
—Et vous croyez l'avoiwcomprise, et vous ne
vous êtes pas aperçu que, d'un bout à l'autre,
elle dit le contraire do ce qu'elle semble dire,
n'étant autre chose qu'un hadinage et une pure
ironie?
— C'est bien vous donner de la peine, 'Ma
dame, pour éviter une fois en votre vie d'être
trouvée bonne et indulgente; dites seulement
que vous ne voulez pas que cette confidence me
soit parvenue, et jamais je n'en ai rien su.
— Dans tous les cas, Monsieur, s'il vous plaît
attacher quelque sens à des paroles, vous ave?
pu voir ce que je sais être avec les présomp
tueux. Vous avez goûté déjà de mes duretés et
de mon indifférence. Vous plaît-il maintenant
jna haine, sj vpus osiez concevoir quelque folle
pensée ? '
— Je ne pense pas, Madame : le bonheur se
sent et ne se réfléchit pas. Permis à vous de
m'accablcr de vos froideurs, de vos mépris; je
puis maintenant attendre, je suis en fonds de pa
tience et de courage pour des années.
— Et aussi en tonds d'impudenee : qser m'a-
vouer que vous avez donné les mains à un pro
cédé si monstrueux !
— Eh ! Madame, si ce n'était moi, c'était un
a$lre, ( et celui-ci eût été dans le sens de M. de
Nesselbourg; i} $2 fallait bien, comprenez-le,
lire cette lettre pour rendre'compie à voti,e ;«a-
ri de ce qu'elle ne contenait pas.
— Enfin, Monsieur, puisque vous êtes si bien
an fait, vous avez dû lire que d'ici à peu de
temjj.s j'aurai nu;lté Hambourg; vous me laisse
rez, je pensé, tojjt entier }e bénéfice de l'absent
ce, et je ne vous verrai pas à Vienne, oii j'aurai,
je vous en avertis, de puissans appuis contre les
insolences et les çempliçités dp mon niari.
— Vous avez mieux que cela,pour Paire exé
cuter vos ordres : la crainte de vous déplaire, le
.tempête et achevé l'expression de sa pensée,
, sans complaisance comme sans colère. Mais
ce ne sont plïis là des discussions, ce sont des
■ luttes ou succomberait bientôt la considéra
tion de l'Assemblée en même temps que les
forcées orateurs.
. .. L'Assembléele comprend; elle sait qu'elle
ne se possède plus elle-même et qu'il faut
'qu'une Assemblée future, mieux assurée d'ê-
tred'accord avec l'opinion' publique, apporte
dans les délibérations publiques le sang-
froid qui résultera pour elle de cette certitude.
Le vole d'aujourd'hui montre clairement
que l'Assemblée va marquer le tèrme de sa
durée. Cette résolution pacifiera, nous l'es
pérons, les séances de la chambre, comme
elle calmera l'opinion extérieure alarmée.
Nous disions hier que le commissaire envoyé
ii l'île de la Réunion par le Gouvernement pro
visoire, pour appliquer à cette colonie les dé
crets tons et mauvais qui ont accompagné, l'a
bolition de l'esclavage, avait dû se trouver, à
son arrivée, dans l'alternative de ne pas exécu
ter sa mission, ou de r> lùsej le concours que les
habitans de la colonie avalent résolu de lui of
frir, à certaines conditions. Des correspondan
ces, apportées par le navire de commerce ÏO-
rixa, qui nous parviennent, prouvent que nous
ne nous étions pas trompés. Seulement M. Sar-
da-Garriga a dépassé nos prévisions. •
Les premiers actes, du citoyen commissaire
: ont été de promulguer les décrets pour la réha-
biiiiaiion des condamnes en matière criminelle et
torruA u indlo 11 f our la célébration d'une léte
du travail. Il a aussi pourvu à Finitiiutiou d'un
corns d gar les et 1 j îtres.
Le''lu t Ve le bureau de l'Assamblée géné
rale dus ddt gu s i I10 sis par la colonie et réu
nis en i^oo uiiou libre, a été admis à lui pré
senter un mémoire rendant à obtenir la convo
cation immédiate d'un conseil colonial provi
soire, dont la mission principale aurait été de
qu'une dictature impuissante ne peut enfanter
que lit désorganisation et l'anarchie.
La réserve métallique de la Banque a encore
augmenté depuis le compte-rendu de la semaine
dernière; elle s'est élevée, tant à Paris que
dans les succursales,- de262 millions à 2G9,
_Le portefeuille est redescendu à Paris de 57
millions à 56, et il est remonté, dans les suc
cursales, de 106 millions à 107.
Le chiffre des effets échus à recouvrer s'est
élevé de 400,000 à 800,000 fr.; celui des effets
en souffrance à la Banque a baissé de 400,000
fr., et reste à 10,500 000 fr.; dans les succur
sales, il est descendu de 5,100,000 francs à
4,900,000 fr.
La circulation des billets, s'est accrue d'uae
manière notable ; celle des billets de la Banque
est montée de 404 millions à 414 ; celle des
billets des succursales demeure au même cliifi're
de 16,millions ; elle est en totalité de 430 mil
lions, ou de 22 millions seulement inférieure au
maximum fixé par le décret du Gouvernement
provisoire.
Le compte-courant créditeur dutréspr est re
monté de 19 millions à . '
Les comptes-coùrans uivers ont baissé , à la
Banque, de82 millions à 76, et, dans les Succur
sales, de 26 millions à 2,3.
qu (
nerait là ses demandes. Le principal était d'ob
tenir cette garantie contre l'abus possible des
pouvoirs discrétionnaires confiés au nouveau
chef de la colonie. M. Sarda-Garriga n'a 'pas
cru pouvoir adhérer au vœu de l'Assemblée. En
conséquence, les'délégués, faisant preuve de sa
gesse, se sont ajournés après avoir adopté, à l'u
nanimité moins six voix, la protestation sui-r
vante :
« L'assemblée générale/les délégués des com
munes de l'île .de la"Réunion déclare que le
commissaire-général de la République, avant re
fusé d'accepter le coucours légal du pays ".qu'elle
lui offraii, elle proteste et se retire sansse dissou
dre, laissant au commissaire la responsabilité
de-tous ses actes. » .
Par suite de cette protestation, M. Sarda-Gar
riga se trouvait entièrement livré à ses propres
inspirations, et sans aucun appui sympathique et
organisé dans un pays qui avait vu sa venue avec
une profonde déliançe. Une, telle situation ne lui
permettait plus de se borner à organiser des fê
tes du travail. Aussi a-t-il rendu, le 24 octobre,
ua'arrèté qui porte que .soute personne; non libre
est invitée à contracter un engagement de tra
vail : chacune d'elles sera tenue à être pourvue
d'un de ces engagemens à l'époque de l'émanci
pation fixée au 20-décembre ; lés tribunaux fe
ront exécuter ces contrats comme conventions
légales.
Cet arrêté est en opposition directe avec l'es
prit des décrets du Gouvernement provisoire.
Ce n'est pas à dire qu'il soit mauvais, au con
traire ; mais il a certainement fait à M. Sarda-
Garriga une singulière situation : celle de mé
contenter la république rouge qui l a porté au
pouvoir, après avoir mécontenté les colons. En
effet, les décrets du Gouvernement provisoire
excluent absolument toute contrainte à. imposer
aux noirs affranchis pour les obliger au travail.
Voilà donc le commissaire placé entre l'hosti
lité passive des colons et le désaveu probable
des partisans, de la-liberté illimitée. Ses devoirs,
déjà si difficiles, ne seront-ils pas devenus im
possibles à remplir? Ceci, du reste, devait être
prévu. M. Saraa-Garriga avait trois mois de
traversée à l'aire avant d'arriver à l île de la
Réunion. Pendant ces trois moisja France de
vait nécessairement entrer dans l'exercice régu
lier de ses droits constitutionnels ; l'autorisé
dictatoriale confiée à ce commissaire ne pouvait
donc manquer d'être une véritable anomalic
quand il arriverait dans un pays où les corres
pondances, qui marchent plus vite que les voya
geurs, auraient depuis long-temps apporte la
nouvelle du rétablissement de l'empire des lois
dans la France continentale. Ainsi la diciaturc
de M Sarda-Garriga était énervee d'avance et
frappée d'impuissance. Or, tout la monde sait
dévoûment jusqu'à la mort, le courage, en un
mot, de tous les sacrifices. J'oserai pourtant in
sister sur un point : M. de Nesselbourg est odieu
sement jaloux; vos écrits, vos actions, vos pen
sées même, sont surveillés, et il y va de votre
vie peut-être si les soupçons du comte trouvaient
encore à s'exalter. Yoilà, Madame, ce que je
voulais vous dire, cela, seul, et autrement je
n'eusse pas essayé de vous arrêter un moment.
— Sur ce pied, Monsieur Karl, je vous re
mercie.
— Et moi aussi; quoique l'avenir soit pour
moi bien triste, j'ai pour vous d'humbles actions
de grâce,
— MonDicp ! qui sait l'avenir? — dit la com
tesse, jetant une bonne parole au moment de se
séparer. • .
— Moi, Madame, je sais le mien; mais je ne
- me plains pas. Un ange, un jour, m'est apparu,
puis il est remonté au ciel.
» Ces derniers mots furent dits avec senti
ment, si vrai, qu'ils allèrent à l'ame de la com
tesse. Cédant in extremis à un bon sentiment,
elle se baissa, cueillit dans le gazon une de ces
humbles pâquerettes qui servent à la supersti
tieuse curiosité des aillons, puis la donnant à
Karl ; '
— Jencz, — dit-elle, — de la part, des an
ges, aux enfans qui leur promettent d'être bien
sages.
» Mme de Nesselbourg ne put voir le bienheu
reux presser la blanche fleur sur ses lèvres,, il
n'était pas encore revenu de son bonheur, que
déjà elle était bien loin. »
B4NQUE Dïï BANQUE.
Situation de la Banque de France et de ses succursa
les, au jeudi 11 janvier 48i9, au malin.
ACT !*.
Argunt raasaiMjé es liugote. .......
^améraiie dac» ta» snccursalos......
S&'.te échus hier, à reconnu ce jour.
î'orUifauiitu d« Paris, dont 15,023.107
Cr. 03 c. proVsSijut daj nncoarnalej.
Portefeuille da* succuriEtau, ei'/cta *ur
pls3«, eie -
4.?aneas car ihiguis: et raonniicn
ÀTcnce* sjir publies ■fritnçsis...
Avances sQjruiïots publics français ilanj
las enccursstBî
A.ranci» à i'KUl »ur bot!» <ïo iréior
ivanecs i l'état sur l'emprunt do 1E0
millions
Hnttlss à» ld r5snr«?. .... i.........
Ût'/it-n, far;ds
Placement des mourotles nucctirtaloii,
en effet» public»- .... ...........
tJc'.ol ai mobilier I* Sânque.. i...
Immanbln* doi suecursa!e«
Prêt de 10 million» à la ville Se Parij
Intérêt dïii» le oomplotr national <1 m~
cwrjut*
Intérêt dos anciennes bauqiuis dépar
tementale» durit lu comptoirs r .a-_
tioaaux dm Tilles
en sonffmwe h U ïramjin'
tffets en souffrance daa» la» #uccnp-
sstas ..
DéprtVJî» d jiiSraiioe iî; ia liau-
«|uo . .
Dépeints j'a.'mBijtrîtioii des itîCCEir-
saîss
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149 007,838 00
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7,000,000 »
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PASïW. *
CspiU) d» 1* BaR
Uésïrvede ls Kanque
M. des nouvelle» «nrcorsiles ....
■ïéserr® immobilière de la Banque .,
aiiluiî au pbfisar no oJoaittiou:d* la
(Saaqne ....
B.ilets) au fortau- oci circulation de»
snccuraales i. ......
Billets k'orâm
Compte onuront âa tréror, créditeur
Compte» coorsnt
Cotantes coursas dans !es sucourtale»
Récépissés payable» i rus
Récépissés payables i vne dans le»
succGrsnhu
Traite» des suooursale» 1 poyar par la
Rani]Ti9 . .
Traite» de la Banque i payer par le»
succursale»
Oivi<î«ndei, à payer .......
Liquidation du comptoir d 'Alger....
Kiocmpics, intérêts divera ut dépen
ses précomptées ;
Escomptes, intérêts divers dan» le»
succursales
Réescompte du dernier semestre... .
Réescompte du dernier »emc»tre dan»
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23,853.621 .
3,857,3 iO »
784.P37 »
5,651.001 E3
2,845,2(0 >
1,8K0.870 33
£Ot,374 04
493.946 43
312,024 »
2116.051 il
4fi0,fi03 »
163,814 11
(-82,912 823 61
Certifié conforme aux écritures : ' -
Le gouverneur co la Banque de France,
- i/awcout.
ÇH4FITEE XVII,
•* $
SUITE BU MANUSCRIT. — tp ÎUÎVF.I^.
» Suivant l'ordre d'avance arrangé entre les as
sociés, Karl arrivait le. dernier au lieu des réu
nions,
Ou ne met sous nos "yeux Qu'aujourd'hui une
caricature due au crayon spirituel de Chain, et
que le Charivari a publiée il y a peu de jours.
Ce dessin, qui nous a fait beaucoup rire, repré
sente une scène de rupture eatie M. Thiers cl
Aga-Yèrort. On ne peut, l'aire, qu'un reproche à
celte caricaturé, et ce n'eu est pas tin pour uue
plaisanterie, c'est qu'elle pourrait faire croire &
un l'ait qui n'existe pas. Jama's les hommes émii
nens du parti modéré et le journal lit ConsèiPu^
tionuel n'ont été plus fortement unis pour la
» Le soir du jour qu'il n'aurait pas hésilé à ap
peler le plus beau de sa vie, en entrant dans la
salle où déjà étaient rassemblés ses collègues, il
fut étonné de ne pas voir les travaux en activité,
ni aucune aonarence nue l'on dût y vaquer ce
jour-là !
»Le silence, rarement io\eïyornpu, qu ^d'ordi
naire, n^nait ou tu ks sombres travailleurs,
seînt)laii avoir pris un caraclère singulier de so
lennité; il était évident que quelque chose d'ex
traordinaire et d inaccoutumé allait se "passer.
» Aussitôt que Karj se fut assis, le maître des
travaux prit la\parole :
— Frères, — dit-il,— l'association est en pé
ril. Ce soir; les trois coups d'alarme ont été
frappés à ma porte. Un profane sait le secret
de l'ordre ; le nom d'un de «çs membres lui a
a été révélé-
— Qu'il meure ! -*• s eerièrent d'un seul cri
tous jes £tpéttres, Karl pourtant excepté.
— Je dénonce donc la mort à Adam Kraft, le
musicien,—dit le maître des travaux; puis, s'a
dressant à Karl : — Jqdas, tu fais ici les œuvres
services ; l'ordre te charge de clouer la bouche à
ce profane; - tu as trois jours ; adresse et force
soient à ton bras ! . .
— Pourquoi, — répondit Karl, — ia mort à
Adam Kraft, s'il n'a pas cherché ce secret et
qu'il lui soit venu ?
— Et d'où sais-tu cela? — dirent à la fois les
apôtres.
— Et vous, d'où savçï-vons le contraire?
N'est-pe pa§ u$e chose à connaître avant tout?
— C'est bien, Judas, —dit le maître des tra
vaux, —j'aime en toi cet esprit de justice; mais
alors un traître a parlé musicien : ce traître,
le connais-tu?
— C'est à vous et non à moi de le connaître,
les trois coups d'alarme n'ont pas été frappés à
ma porte. Je ne suis pas le maître dès travaux.
— Judas ! Judas ! prends-y bien garde, — dit
le haut dignitaire, — tu t'appelles Judas 1
défense de la société.
Que nous serions heureux, si toutes les haines
politiques, si toutes les violences des partis ne
dépassaient jamais les limites de gaies bouffon-
.neries, dussions-nous même eu faire les /rais!
KCKSTKI&BiS ETOiMffllSS. ;
AUTRICHE.
On lit dans le Moniteur prussien, sous la
date de Vienne, le 7 janvier :
« Le général Welden vient de publier le bulletin
suivant :
« S. A. le prince Windischgraetz est enlré le 5
courant, à midi, à la tête des troupes impériales,
dans Bude et Peslh. • Les détails de cet événement
scrtfnt donnés ultérieurement.
» Vienne, 7 janvier.
,» Le gouverneur civil et militaire, tveldeiv. »
. Ainsi donc l'occupation de la capitale de la
Hongrie par les troupes impériales autrichien
nes est un fait accompli. Les détails officiels
sur cet événement masquent encore; mais
quelques correspondances arrivées aujourd'hui
l'expliquent de la manière suivante. La garnison
de Budé et Pcsth, forte d'environ vingt mille
hommes était sortie pour combattre contre le
corps commandé par le lieuienant feld-maréchal
Sehlick, qui s'avançait du nord de la Hongrie
par la route de Miskolcz.f Averti de ce mouve
ment, que les chefs hongrois n'ont pas su déro
ber à la connaissance de l'ennemi, le maréchal
Windisgraetz et le ban «fellachich se sont ap
prochés de Bude à marcher forcées.
Dégarnie de troupes, avec une garde natio
nale désarmée (les fusils des gardes nationaux
ont été remis aux soldats de nouvelle levée), la
ville'a voulu parlementer; - le maréchal exigea
qu'elle se rendit à discrétion. Yovant toute ré-
sistànce inutile, la ville ouvrit ses portes! Une
fois Bude occupée, Pesth, située sur la rire op
posée du Danube, ne pouvait offrir aucune résis- •
lance, car l'hiver rigoureux a rendu la glace qui
couvre le lleuve assez "forte pour peiSacttro le '
passage de la grosse artillerie. On dit que les
forces hongroises et le comité de défense se sont
retirés sur Debieczin, ville située à l'est de la
Hongrie. C'est là qu'ils espèrent opérer la jonc-
lion des troitprs hongroises envoyées contre le
général Schliek, avec celles qui combattent con
tre les Serbes. En cas de défaite totale, les chefs
militaires hongrois méditent, dit-on,une retraite
en Turquie.
La diète de Kremsier a discuté dans la séan
ce du 4, les droits fondamentaux de la constitu
tion. L'art. I" du projet portait que tous les
pouvoirs émanent du peuple. Le comt» Siadiou
a lu à ce sujet une déclarai ion écrite, dans la
quelle il repousse cet article au nom du minis
tère. comme contraire aux bases du gouverne
ment constitutionnel. L'assemblée a renvové au
8 de ce mois la dheussion sur cet article. '
AiXEMAGIVE. •
, uitci tetexle de la propesition concernai
1 abolition des jeux, adoptée par l'assemblée de.
Francfort, dans sa séance du 8 janvier :
« Art. unique. — A dater du l«r mai 1S4S tes
maison*- de jeux sont supprimées,at les contrats nou'e
a ferme des jeux devront itre résiliés d ai>s tome
l'Allemagne. _ v
» L'assemblée a ensuite ado;>ié hs proposi
tions-suivantes de Ma-(onmissicm : 1° Les lote
ries-par classes pourront être conservées provisoire"
ment, avec les reformes proposées en 1813 par un *
commission de la diète ; cependant le pouvoir cj>n
tral est chargé de réaliser autant que possible w
suppression dans les Etals particuliers 2» ( ^
ries particulières ne seront tolérées qu 'avéc l'auto
risation des gouvernemens, et uniquement noiir
des entreprises d'utilité publique. 3« Rétablissement
de nouvelles loteries par classe* est interdit T» t i
suppression de la loterie dans les Etats où elle exist.-
est décrétée. Cette décision sera mise à exécution'
dans le plus bref délai possible par le pouvoir cen-
tral. d» Pour ce qui est de la suppression des jeux
de hasard, l'assemblée, de l'avis de la commissi ,
passe à l'ordre du jour motivé.» '
Le Franckfurter-Jourml annonce qu'il «Vsf
pas vrai que le ministère de l'empire ait, ouvr-,
des négociations avec le cabinet de La v-
pour la suppression réciproque da ^èage du
La Gazette allemande annonce que M Camn-
hausen, plénipotentiaire prussien à Francfort
est part, de celte ville pour Berlin, le 8 S
au matin pour fatre arrêter les poursuites^pub
liques en 1W. On attendait aussi, à Vr
M. Bunsen, qui devait être consulté, ainsi ime
de l erjqfire USCn ' S " 1 13 ëiaDlle ( l MOStion du chef
m ~n lravaux , Ju !a foWque de machines de
J . Borsig ont ete suspeadus, le 6, par suite du
manque de commandes, de sorte qu'un -Vand
nombtç ^ ^vr-iers be trouvent saiis travail 0
POLOGAF, '
On écrit de Cracovie, 30 déceml.re — On.
annonce que le prince raskexviisT-h; " gonvc'.-
— Nom de hasard, — répondit ICarl
T } l * ls aussi «îc malheur. Je' f a «» (tse
moi, d être le irsîlre. Nies-lu,ou avoucs-tu?
— Qui aeeuse, a des preuves produisez-les
--lu connais -Chrisliana, la. 011e d'Adam
Kraft ?
— Je la connais,. , ,
pu n4tFes devait être le mari de cette
fille. Ce mariage, qui a voulu le rompre ?
— Moi, —repartit courageusement le poète
— je l'ai voulu.
— Et qu'as-tu dit au père, pour qu 'il l e
lut aussi?
Vous devez le savovr ; vous savez, tout.
Et- qu'a dit le pére à sa fille?
— Est-ce que j'ai, moi, l'œil e) l'oreille dans
les lamilles, pour être instruit de ce qu'un père
et une fille peuvent, se dire entr'eux ?
, — Et qu'a dit la fille à notre vigilant, qui co
sçir a frappé'trois coups à nia porte?
— Christiana n'est pas une femme à dénoncer
personne; je vous l'ai dit, je la connais.
— C'est pourtant elle qui t'accuse; encore ua
coup, tu avoues ou tu nies.
— Et si je nie, qu'en sera-t-il?
—11 y a près d'ici tin crucifix, ta vas jurer
dessus. *
— » Acculé à un serment qu'il ne pouvait pas fai-
*e, Karl voulut du moins finir avec courage.
Promenant sur 1 assemblée un regard de dé
dain :
— C'est ma vie qu'il vous faut, — dit -ii, —
prenez-la donc. Après tout, mourir pour yous,
vaut mieux peut-être que de vivre avee vous.
» Dans une autre réunion, cette insulte eût
Soulevé une tempête. Ici tout le monde resta
calme et un silence de mort répondit seul h
l'audacieux. -
— Voilà te serment que tu as prêté avant
d'entrer dans l'ordre, — dit froidement le maî
tre des travaux en prenant un parchemin noir
sur lequel la formule était gravée en lettres
*
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