Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1849-01-11
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 11 janvier 1849 11 janvier 1849
Description : 1849/01/11 (Numéro 11). 1849/01/11 (Numéro 11).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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JEUDI, 11 JANVIER lîtiO.
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PARIS.
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Ltss Weanemens datent des 1" et io de chaque mois.
bureaux a rAÏUS :
Bue du 21 Février, 10 (ci-devant de Valois).
; On s'abonne dans les dèpurtemens, anx messageries et
lus directions des postes.— A Londres, chez «.V. Coterie et
-w A Strasbourg» chez A lexandre, pour 1 Allciïiagr ç»
. - S'adresser franio,' pour la rédaction,
à m. meiuujau , gérant.
Le* articles déposés ne seront pas rendus
rais SE x/ABoararEBEENT •
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JOURNAL POUTIQDÈ, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL
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paivis.
trois mois... 8 f,
six mois ..... m
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tes abonnements datent des l* r et 10 Se chaque mois.
bureaux a paris.: '
Rue du M Février, 10 (ci-devant de Valois)
Les annonces sont reçues, do 41 à 4 heure
au bare&u du Journal* -
. Toute Annonce doit agréée par le gérant.
'adresser franco, pour l'administration»
à si. rsKATN.d iieo'eif* "
PARIS* 10 JANVIER.
Qui s'occupe en France, de la réforme
électorale? s'avisa de dire un jour un
ministre^ à bout d'argutnens j èt d«is lé len
demain les pétitions éffltiaient, les mani
festations publiques se multipliaient, et, quel
ques jours anrloppa^, ' ia France entière» Les rèpùblicaiiis
«e l'a veillé, moins que personne, ont le droit
de contester la réalité et l'universalité de ce
mouvemènt, puisqu'ils y ont trouvé l'une
des causes de leur succès imprévu. Ils nient
aujourd'hui la réalité du mouvement popu
laire qui demande la dissolution delà Cons
tituante; et déjà ils reçoivent la même ré
ponse qu'autrefois le pouvoir déchu,
t Non! ce n'est pas une agitation factice
que celle qui a pu s'étendre en quelques
jours d'un bout à l'autre du territoire. Il
n'y a qu'une nécessi té sérieuse et une idée
juste et populaire qui aient pu réunir dans
une. même pensée des hommes de toutes les
opinions. Quelle est la propagande, si active
et si habile qu'on la suppose, qui pourrait à
la fois, sur tous les points du sol national,
faire apposer des milliers de signatures au
bas de pétitions dont l'objet serait indiffé
rent à la nation? On ne remue les hommes
et on ne. les fait agir qu'en s'adressant à ce
qui les touche.
, Avec l'enseignement dû passé, qui doit
être gravé dans vos souvenirs, pouvez-vôus
méconnaître ce qu'il y a de significatif dans
les votes émis par plusieurs conseils géné
raux? et comment ce qui était grave à vos
yeux autrefois, a-t-il perdu cette importan
ce ? N'est-ce donc rien que ces pétitions si
gnées par une foule de conseils municipaux?
n'est-ce donc rien que de voir le conseil
municipal de Marseille réclamer l'autorisa
tion de se réunir en session extraordinaire
pour discuter et signer une pétition deman
dant la dissolution de l'Assemblée?
Dites-nous donc où il faut chercher la
pensée de la France sinon dans ces manifes
tations, toutes spontanées, qui se reprodui
sent partout avec les mêmes caractères; et
si tout cela n'est que fiction cl mensonge,
dites-nous quel est le bras inconnu et puis
sant qui. fait mouvoir à la «fois tant de res
sorts si divers, et qui, capable d'enfanter ce
prodigieux accord, n'emploie qu'à faire si
gner des pétitions ce merveilleux pouvoir.
' Vous récusez les conseils généraux, sortis
'de l'élection cantonale; vous récusez les con
seils municipaux sortis des élections com
munales. Vous n'avez pas ..confiance dans
les élus du peuple ; mais vous ne pouvez pas
récuser le peuple lui-même, et quand des '
pétitions réunissent dans un seul départe
ment vjngt mille, trente mille signatures, et
souvent plus, qui oserait nier qu'il y a là
une manifestation sincère du vœu national ?
Il est telle commune du Pas-de-Calais, que
nous^ pouvons citer, où la pétition pour la
dissolution de l'Assemblée a reçu la signa
ture de tous les habitans, moins deux.
; Aussi n'est-ce plus qu'avec une certaine
timidité que l'on conteste la réalité du mou
vement actuel ; on parle bien encore d'agita
tion factice; mais on n'oserait pas établir de
discussion sur ce point. Les habiles cherchent
un autre argument dans le nombre des pé
titions elles-mêmes, et lorsqu'au milieu de
toutes celles qui énoncent le vœu populaire
sous une forme à la fois ferme et respec
tueuse pour la Constituante, ils viennent à
découvrir quelque adresse^ le plus souvent
anonyme ou isolée, dans laquelle se trou
vent des paroles âpres ou violentes, ils
triomphent, et étalant leurs découvertes :
Voilà,'disent-ils, dans quel langage on parle
à l'Assemblée nationale.
Ils savent que les corps deliberans,
Elus encore que les individus, sont sensi-
les aux respects et à 1 injure, et que les
susceptibilités individuelles, en se réunis
sant, s'irritent loin de se calmer, et ils
font appel à l'amour-propre de l 'Assem
blée. Ils voudraient lui faire un point
d'honneur de demeurer sourde à ce concert
de l'opinion publique, parce qu'ils ont en
tendu çà et là quelques cris discordans. Ne
pouvant intéresser la dignité ni le devoir de
l'Assemblée, ils voudraient intéresser la
jalousie du pouvoir et sa fierté.
Dangereuse tactique quis'adresse à dessen -
timens d'autant plus faciles à soulever et à
emporter au-delà des bornes, que, dans cette
explosion collective, personne ne peut être
responsable des conséquences. Nous avons
déjà vu un ministre demander à une assem
blée, au nom de sa dignité, de fermer l'o
reille au bruit de l'agitation populaire, et de
refuser une réforme, uniquement parce
qu'elle était demandée. Voudrait-on recom
mencer une épreuve qui a été si fatale à ceux
qui l'ont faite lespremiérs; et; pour «file la
Ration ftiisse eiêrcer de nouveau sa souve
raineté, faut-il que la faculté lai en soit
octroyée r ,
Nous àvbûs iroî» de confiance dans le pa
triotisme de l'Assemblée, pour croire qu'elle
écoutera de dangereux conseils, et qp'èlle
refusera tenir cbmpte du vœu populaire,*
jiârcé qu'il se manifeste avec une remarqua
ble intensité. Qu'elle y réfléchisse^ ce n'est
pas le ton des pétitions qui est impérieux,
c^est leur grand nombre et leur unanimité.
Le pouvoir déchu ne voulait tenir compte
que du pays légal, et tant que celui-ci ne
l'avait pas condamné par la voie des élec
tions, il se croyait en droit de regarder com
me non avenu tout mouvement dont l'origine
et le développement étaient en dehors de ce
cercle fatal. Aujourd'hui la Constituante n'a
pas autour d'elle un pays légal dont elle
puisse opposer le témoignagé et l'àpparenle
décision aux réclamations du dehors : c'est
la nation entière qui lui parle, et, mécon
naître sa voix, ce serait renier le suffrage
universel.
Là est toute là question, Personne de ceux
qui voient clair ne s ? y méprend ; ce qu'il y
a au fond de la résistance qu'on veut oppo
ser au vœu populaire^ c'est la défiance pour
le suffrage universel. Nous avons discuté
hier l'argumentation, et nous Favops sans
peine réduite à rien. Nous n'y avions pas
grand mérite, parce que l'argument capital,
celui qui va aux vanités et aux intérêts»
celui qui détermine les voles, ne se trouvait 1
pas énoncé. Mais ce sont les raisons qu'on
n'ose pas ou qu'on ne peut pas dire, qui sont
souvent les plus décisives.
La Constituante, disait hier M. Grévy,
doit, outre la Constitution, faire encore les
lois organiques, parce que si elîe les laissait
à faire à une autre Assemblée, elle-même
n'aurait eu de constituante que le nom et
point la réalité. Prendre pour preuve, ce
qui est précisément à prouver, ne ressemble
en rien à une démonstration ; et cependant,
sous ce paralogisme évident, se cache toute la
pensée des, hommes qui repoussent la disso
lution de la Constituante. Il ne faut pas que
celle-ci laisse-les dix lois prétendues orga
niques à faire à l'Assemblée législative, par
ce que celle Assemblée pourrait les faire un
peu autrement que ne les fera la Consti
tuante.
On suppose donc que- le suffrage univer
sel, consulté une seconde fois, pourra modi
fier l'esprit de la représentation nationale,
et c'est contre cette influence du suffrage
universelqu'on prend ses précautions. On
se met en garde contre lui, on se cantonne
-dans le cercle des lois organiques, afin d'ar
racher tout ce que l'on pourra à son action
décisive. C'est donc à la fois un acte signalé
de défiance contre ce qui est devenu la loi
du pays et une affaire de parti. v
Si la Constituante avait revêtu un carac
tère tout spécial, si elle avait été formée
dans des conditions toutes particulières et
de nature à ne plus se rencontrer dans les
assemblées subséquentes, nons aurions com
pris, jusqu'à un certain point, qu'elle ne
voulut abandonner à une autre assemblée
rien de ce qui lui paraissait rentrer dans son
domaine exclusif. La première Constituante,
celle de 1789, chargée de transformer le
despotisme en monarchie représentative,
ayant une triple origine, élue suivant, un
mode unique, composée d'élément destinés
à ne plus reparaître, devait faire place à
une Assemblée élue tout oifféremment,
composée aussi d'une manière toute diffé
rente, avec des caractères tout à fait-dis
tincts, et 'dans laquelle pérsonne des pre
miers législateurs ne pouvait trouver pla
ce; et cependant ses membres ne montrè
rent pas vis-à-vis de leurs successeurs la ja
lousie dont on voudrait que l'Assemblée ac
tuelle fît preuve.
L'Assemblée fuîure sera composée des
mêmes élémens que la Constituante, et elle
aura la même origine, le suffrage univer
sel : d'où vient donc qu'on la met d'avance,
en suspicion, comme si elle devait être
étrangère, pour ne pas dire hostile, à l'es
prit de sa devancière ? Le suffrage universel
n'aura-t-il pas dans les deux cas la même
clarté et la même vertu? et lorsque tant et
de si graves raisons politiques commandent
la dissolution de l'Assemblée actuelle, où
sont les raisons législatives qui s'opposent à
cette dissolution? 0
Nous comprenons d'autant moins la ré
sistance désespérée de certains hommes,
qu'avec une autorité ; morale supérieure
qu'elle tifera du calme relatif au milieu du
quel elle aura été élue, et de la liberté plus
complète et plus vraie que la disparition
des commissaires-généraux, des mission
naires des clubs et des bulletins de M. Le-
dru-Rdllin, assurera aux élections, la fu
ture Assemblée aùràj qudnf àiix lois orgà- .
niques. les mêmes p'oùvoirs exactement que
l'Assemblée actuelle»
Les lois organiques,.en eûet, si elles sont
le complément plus ou moins indispensable
de Jâ Constitution, n'en sont poipt parties
intégrantes, et ne participent en rien dé son
inaltérabilité : elles ne sont qiie des détrets,
législatifs. Si donc les adversaires inattendus
du suffrage universel n'ont, pour faire faire
toutes les lois organiques par la Consti
tuante, d'autre motif que la certitude ,
par eux acquise, que le suffrage univer
sel, consulté de nouveau, enfanterait use
Assemblée animée de vues très différentes
de celles de l'Assemblée actuelle, ils pren
nent une précaution inutile. Avec de par
reilles dispositions, il serait tout aussi facile
à l'Assemblée législative de rapporter et
de refaire les lois Organiques de la Consti
tuante, que de lés recevoir d'elle à l'état
de rapports et de les faire dans un esprit
différent. ,
Nous croyons donc que l'Assemblée fera
bien de se méfier des conseils intéressés
qu'on lui donne, et de montrer une légitime
confiance dans le suffrage universel d'où elle
est sortie et d'où naîtront les Assemblées fu
tures. Entre la voix des partis qui réclament
d'elle une existence aventureuse et contes
tée et la voix du pays qui la convie avec res
pect et avec reconnaissance à iin repos bien
gagilé, son choix ne saurait être douteux.
L'Assemblée nationale, après avoir adop
té un projet de loi ouvrant un crédit supp é-
mentaire destiné à acquitter de nouvelles
créances constatées sur les exercices clos, a
entendu le rapport fait par M. Bravard-
Veyrières au >om de la commission du rè-,
glemenl ; M. Bravard-Veyrières demandait
quel'Assemblée volât immédiatement le eba-
piire concernant les projets et propositions,
chapitre dont la plupart des dispositions
avaient dtyà été adoptées dans une séance
précédente; mais, sur les réclamations de
quelques membres, qui ont insisté pour que
ces disposîtions^fussent d'abord imprimées et
distribuées, la discussion en a été renvoyée
d'urgence à demain.
- L'ordre du jour, appelait la délibération
sur le projet de loi ayant pour but de réor
ganiser l'administration de l'assistance pu
blique dans la ville de Paris.
L'administration des établissemens hos
pitaliers et des secours à domicile dans la
capitale, embrasse un service qui, en recet
tes èt en dépenses, ne comporte pas moins
de 15 à 16 millions; il y a Paris quinze
hôpitaux recevant 90,000 malades par an,'
quatre grands hospices et sept maisons de
retraite pour 8,000 vieillards, et infirmes,
une organisation de secours à domicile qui
vient en aide à plus de 100,000 personnes ;
on comprend tout ce qu'une pareille admi-,
nistralion présente de difficultés; confiée,
au moment de la révolution de février, à un
conseil général, qui avait la direction des
hôpitaux et qui en réglait le service, et en
même temps à une commission administra
tive chargée de l'exécution des arrêtés du
conseil général, il résultait de celte organi-
srlion vicieuse qu'il n'y avait pas d'unité
d'dction possible, et que, par cela même,
toute responsabilité devenait illusoire.
Un des premiers actes du Gouvernement
provisoire fut de supprimer le cobseil géné
ral des hôpitaux; mais ce n'était là qu'un
état de choses provisoire, qui laissait d'ail
leurs subsister les mêmes inconvéniens ; il
y avait donc nécessité de procéder sur de
nouvelles bases et de réorganiser l'adminis
tration ; c'est ce que fit M. Dufaure,'en pré
sentant un projet de loi en huit articles, qui
plaçait cette administration sous l'autOrité v
du préfet de la Seine et du ministre de l'in
térieur, et qui la confiait à un directeur
responsable, sous la surveillance d'un con
seil dont on déterminait les attributions.
Ce projet fut profondément modifié par la
commission à laquelle il fut renvoyé ; au
lieu d'un comité de surveillance appelé à
contrôler le directeur, elle proposa d'établir
près de lui un conseil d'administration ; de
plus, elle s'engagea dans le dédale des dis
positions purement réglementaires ; elle en
treprit de définir les/pouvoirs, de détermi
ner les attributions, le mode d'élection et la
composition de ce conseil ; aussi, le projet
nouveau qu'elle substitua à celui du Gou
vernement ne renfermait pas moins de tren
te-deux articles.
; Le débat entre les deux projets s'est éta
bli dès le premier article ; il s'agissait de sa
voir si le directeur responsable serait placé
sous le contrôle d'un comité de surveillance,
comme le proposait le Gouvernement, ou
s'il serait assisté d'un conseil d administra
tion, comme le voulait là commission ; M.
Dufaure et M. Léon Faucher ont défendu le
projet du Gouvernement j ils ont insisté no
tamment sur ee qu'on retomberait dans tous
les incoxivéniens du système qu'on avait
détruit, en reconstituant encore tlfle admi
nistration collective et en divisant la res
ponsabilité au lieu de la concentrer sur le
directeur. •
Ces raisons ont obtenu gain de cause ;
l'article du projet de la comiriission a été re
jeté ; la commission a déclaré aloré qu'elle
renonçait à tout le projet qu'elle avait rédi
gé, et l'Assemblée a successivement adopté,
sans grands débats, les huit articles qui com
posaient îë projet pispiiillf du Gouverne
ment. . ;
L'Assemblée devait disculer ensuite le
projet d'établissement du nouvel impôt sur
les successions et sur les donations ; mais il
était un peu tard pouf entamer une question
aussi importante, et elle a donné ce qui lHi
restait de temps, avant l'heure ordinaire de
la clôture, à de nouvelles interpellations.
C'est un membre de la Montagne, M. Laus-
sedat, qui a porté la parole. Il s'agissait de
la destitution de M. Bouillaud, doyen de la
Faculté de médecine, et de la gestion finan
cière de M. Orfila, son prédécesseur au mo
ment de la révolution de février. On aurait
bien voulu faire du scandale; mais les ex
plications données par M. de Falloux ont
suffi pour montrer combien tous ces débats,
qui avaient .trait à des questions purement
personnelles;-étaient déplacés à la tribune,
et pei^ dignes d'occuper l'Assemblée; 1 M.
Trousseau, qui avait fait partie de là com
mission d'enquête, est entré dans des détails
qui ont été complétés par M. Freslon ; il en
est résulté que si tous les fonds dont avait
disposé M. Orfila n'avaient pas été employés
conformément à leur destina*ion spéciale,
ils avaient cependant été complètement dé
pensés en travaux utiles à la faculté de mé
decine ; nous n'avons pas besoin de dire que
l'Assemblée a passé à l'ordre du jour.
! ; —'
On nous communique les renseignemens
suivans :
« Le comité, de la justice s'est occupé ce matin
de la,proposition de MM. I'agtlefre, Barthélémy
Saint-Hilaire, Bixio et Altarorhe, qui fixe les
prochaines élections au <15 avril et la convoca
tion de l'Assemblée législative au,4 mai.
'M. Pagncrre, qu'accompagnait M. Barthélémy
Saiht-Hilaire, a développe ce 1 , ta proposition, et il
a insisté sur les différences d'intention et de por
tée qù' elle présente avefcia' proposition Rateau;
. M. Pagnerre a discuté les objections principales
! du rapport'de M. Grévy, et il a démontré qu'elles
; ne pouvaient s'appliquer à sa proposition/lia in-
'sisté sur la nécessité de fixer, dès à présent, une
époque précise à la dissolution, ce qui, enlré au
tres résultats, rendrai taux travaux de l'Assemblée
nationale une activité qui n'est plus aujourd hui
suffisante. M. Pagnerre a cherché enfin à dé
terminer le vrai caractère du mouvement de l'o-
pinion publique. Il ne voudrait pas que l'on
donnât trop d'importance à l'agitation fact ce
que créent des partis hostiles à la forme ré
publicaine. Mais il tient grand compte du vœu
réel du pays qui alteild avec impatience l'ap
plication complète de la Constitution et l'orga
nisation régulière des pouvoirs qui en décou
lent. Le pays n'aura de sécurité que quand il
salira positivement l'époque où cette organisa
tion fonctionnera définitivement.
» Le comité, après avoir entendu ces déve-
loppemens et une discussion, à laquelle ont pris
part plusieurs de ses membres, a décidé que la
délibération sur la proposition de MM. Pagncrre
Barthélémy Saint-Hilaire, Bixio et Altaroche, se
rait ajournée à samedi, après que la chambre se
Serait prononcée sur la proposition Rateau. »
Nous avons peine à nous expliquer la dé
cision du comité. La proposition de M. Pa
gnerre n'est évidemment qu'un amendement
à celle de M. Rateau, puisqu'elle a le même
objet et le même dispositif. Il paraissait
donc naturel qu'elle fut soumise à l'Assem
blée le même jour ; l'Assemblée aurait choi
si entre les deux. Grâce à l'ajournement, le
comité n'examinera la proposition de M.
Pagnerre qu'après la décision de l'Assem
blée sur la proposition de M. Rateau, qui
rendra, nous l'espérons, cet examen inu
tile,; çt dans le cas contraire, le rapport que
le Comité devra présenter dans les dix jours
viendra renouveler, à huit jours de distance,
une discussion épuisée.
La commission chargée de préparer la loi sur
-l'état dé siège a nommé pour son président M.
Ducoux, et pour secrétaire M. Aug. Clément. .
La commission a procédé ensuite à la nomi
nation d'une sous-commission, qui est ainsi com
posée : MM. de Lamoricière, Marie, Charras,
Laissac et Antony Ihouret. .
La discussion a porte aujourd'hui, dans la
„ commission de 1 enseignement, sur les attribu-
lions de la section de 1 enseignement de l'Etat.
Comment sera composée celte section, et quel
sera le nombre de ses membres? Tel a été le
premier point de la discussion. Sur les obser
vations de quelques membres, on a déclaré que,
pour prononcer nettement sur le personnel de
cette section, il "fallait préalablement fixer les
"attributions que l'on donnerait à cette partie du
conseil natioual.
Passant donc immédiatement à ses attribu
tions, on s 'est accordé à reconnaîtra qu'elles
étaient de irois'orilrcs :
1° La juridiction sur les membres du corps
enseignant au rfoni de l'Etat;
2° La dirèctiori des études ;
3° La participation atix nominations du per
sonnel.
Sur cette dernière partie des attributions de
la section, on a décidé qu tions qui, dans l'instruction publique, ne sont
pas électives, il serait pourvu aux nominations
par le ministre," qtfî ne pourrait les faire qu'a
près l'avis du conseil de l'enseignement public,
lequel conseil admettrait dans tfort sein, avec
voix délibérative, les inspecteurs généraux. Il
y aurait à lenir compte pour ces nominations
des présentations, indications, renseignemens,
faits fournis par les rectôtira et par les inspec
teurs eux-memes. '
Après cette partie de la discussion, la coin*
mission a abordé la question de l'inamovibilité.
Plus de deux heures ont été consacrées aux dé
bats qu'elle a soulevés dans son sein. L'on a
fini par adopter que cette partie du conseil de
l'instruction nationale ne serait pas inamovible.
Il reste' iâaintenant à déterminer comment
l'inamovibilité, étant écartée, on lui substituera
d'autres conditions qui pourront donner , soit
aux personnes qui seront appelées dans le con
seil, soit aux membres du corps enseignant qui
devront en être justiciables, puisque la juridic
tion a été accordée, leur donner, disons-nous,
toutes les garanties nécessaires.
Nous nous empressons de .faire droit à une
réclamation qui nous a été adressée par M. Bar
thélémy Saint-Hilaire. C'est par erreur que ,
dans le résumé de son opinion dans la discus
sion générale de la commission de l'enseigne
ment, à l'occasion de l'enseignement privé, nous
avons mis dans sa bouche le mot de délégation
du pouvoir de l'Etat. Cet honorable membre n'a
pas parlé de délégation ; mais seulement de
pouvoir, de fonction publique, dont l'Etat seul
devrait régler l'exercice et les conditions.
La commission chargée de préparer la loi or
ganique sur le nouveau conseil d'Etat; a terminé
son travail. Le rapport a été déposé à la séance
d'aujourd'hui.
La disposition du jirojët qui a soulevé les dé
bats les-plus vifs, est relative à la nomination
des conseillers d'Etat.
; La commission s'est partagée en trois camps
opposés. Les uns, entre autres M. Gauthier de
ftumilly, voulaient attribuera l'Assemblée cons
tituante actuelle la nomination intégrale du con
seil d'Etat.
D'autres, parmi lesquels se placent MM. Cor-
menin et Quentin Bauchart, ont soutenu que la
nomination ne pouvait appartenir qu'à la pro
chaine Assemblée législative.
Enfin, un parti mixte, à la tête duquel s'est
trouvé M. Vivien, a pensé que les deux Assem
blées devaient nommer par moitié.
Cette dtrnièrc opinion a prévalu.
On peut prévoir dès à présent l'ardeur de la
lutte qui s'élèvera dans le sein de l'Assemblée.
La commission chargée de régler les condi
tions d'admission et d'avancement dans les fonc
tions publiques, s'est bornée, dans ses premières
réunions, a arrêter provisoirement la sanction
de quelques principes généraux^dont l'applica
tion serait faite aux diverses administrations.
Mais on a.résolu, avant de les formuler positive
ment)'d'entendre les chefs de ces administra
tions pour avoir leur avis sur les conditions pra
tiques de ces principes. Quelques ministres se
rendront jeudi à cet effet au sein de la commis
sion.
On assure que M. le ministre des finances se
propose de présenter sous peu de jours le budget
complet de 1849.
• "
Dans le discours adressé aux membres de la
nouvelle chambre de commerce, à la séance
d'installation du 19 décembre, M. Berger, pré
fet de la Seine, a parlé avec un vif intérêt de
l'enquête commencée sur l'industrie parisienne,
et il a insisté sur la nécessité de conduire à fin
cette grande et utile entreprise. Elle se poursuit
activement. Le travail, en effet, n'a pas été sus
pendu un seul instant, et l'on continue le re
censement individuel de tous les industriels tra
vaillant pour leur compte ou à façon.
Plus de 18,000 bulletins sont déjà rentrés k
la chambre de commerce, -où ils sont rectifiés
s'ils sont incomplets ou, inexacts, puis classés et
dépouillés. Le travail est entièrement terminé
pour le 5 e arrondissement, qui, lui seul, équi
vaut à une villes manufacturière de premier or
dre, et a fourni 6,350 bulletins. Ctt airjndisse-
ment sera l'objet d'un premier rapport spécial.
Le but de l'enquête est, on le sait, de faire
connaître l'état de l'industrie de Paris en temps
ordinaire, et la proportion de chômage dans les
quatre mois qui ont suivi la révolution de fé
vrier; de constater le nombre des ouvriers em
ployés dans chaque partie, ainsi que les condi
tions du travail et de l'apprentissage. L'utilité
de l'enquête est incontestable : nos législateurs
trouveront, dans cette statistique impartiale,,
d heureux avertissemens sur les conséquence^
qtre leur» mesures peuvent avoir, sur l'industrie
ai IA primnwrr£. . • /-■■■■>■ < r • t*-.*
■ Pour arriver U apprécier la valeur totale de
la production et l'importance relative de chaqu©
branche dejabrication, il est nécessaire de des
cendre dans les détails et de demander à chaquçs
industriel des renseignemens sur le chiffre de
ses affaires. La chambre de commerce, élue par ,
ses pairs, étrangère à toute administration fis- .
cale, pouvait seule réclamer cette marque de
confiance. Les informations particulières ne ser
vent d'ailleurs qu'à dresser les tableaux présen- ■
tant les résultats généraux, où toute individua- ■
litédisparaît. Quant aux bulletins, ils sont coa- '
sidérés comme confidentiels et seront brûlés. ,
L'enquête, entreprise d'abord dans les six ar-
rondissemens nord-est de Paris, s'étendra suo ,
cessivement à tous les quartiers;'chaque maison
sora visitée, chaque fabricant recensé, et l'on
aura une idée de l'importance de ce travail, si
l'on veut se rappeler que. lors du dénombre
ment de la population en 484G, on a trouvé
29,529 maisons habitées , se partageant eu
356,906 locations différentes.
NOUVELLES ÉTRANGÈRES.
ALLEMAGNE. /
La note autrichienne présentée par ÔL d®
Schmerling au pouvoir central allemand c« .
Francfort continue à préoccuper l'attention
de l'assemblée et du public. On lit dans la '
Gazette àllemandé : • •, .> ; i ;
« Le comité de l'assemblée nationale pour îa.ques-
tion autrichienne a reçu hier au soir des documens
autrichiens relatifs à cette question. La disçussipu
ne pourra pas encore avoir lieu lundi. Que. feraM.
de Gagern ?>On dit que le vicaire de l'empire protes
tera contre 1 : mode d'arrangement tel que l'exige
l'Autriche! Les esprits sont en proie à une viveat- '
tente. » ' • ' ; • ■. \ • - • ' '
Le plénipotenliaire autrichien continue à
représenter son gouvernement comme tout
disposé à appuyer la cause de l'unité alle
mande, mais basée sur le principe de la con~ .
fédération d'Etats et non sur celui d'Etat con
fédéré. Il se cache sous cette différence des
mots une différence bien profonde dans les
systèmes. Pareil à l'ancienne diète germani
que, plus encore qu'à l'ancien pacte fédéral
suisse, le plan politique préconisé par l'Au
triche consisterait à réunir les Etats alle
mands indépendans et souverains dans une
confédération, basée sur des traités. L'acces
sion de chaque Etat à cette confédération se
rait donc pour ainsi dire volontaire, et au
cun lien imposé par la volonté de la majo
rité d'une assemblée, composée des repré
sentai de tous les Etats alIeSiands, ne ferait
loi à un Etat particulier. Il faut avouer.que #
6i_cette théorie prévalait l'Allemagne, qui a !
tant parlé d'union depuis le mois de mars, ,
se trouverait encore moins unie qu'elle ne
l'élait avant le mois de mars.
■' La question du Sleswig reparaît encore >
sur la scène; mais cette fois elle semble tou-'
cher à une solution raisonnable, qui est la
constitution de ce pays comme duché sépa- <
ré, sous la souveraineté du Danemarck et
indépendant dé la confédération germani
que. Voici ce qu'on lit dans uûe correspond,
dance adressée de Berlin a ïIndépendance ,
belge :
« Lord Palœerston ayant «connu que les préten-
tions réciproques du pouvoir central «it du Dane
marck, se fondant, celui-là sur les traités du XIV» ,
siècle, celui-ci sur ceux du XVIII*, étaient inconci
liables, a proposé comme base nouvelle des négo
ciations, de faire abstraction de tout traité quelcon
que et de placer le Sleswig, déclaré neutre et in
dépendant, sous la haute souverainetédu Danemarck.
La position du Sleswig vis-à-vis de ce dernier
pays, serait & peu près celle de la Norwége, relative
ment à la Suède, laquelle ne diffère pas beaucoup,
on le sait, de ce que l'on est convenu d'appeler les
rapports d'union personnelle. Le plus clair de tout
ceci, c'est que le Sleswig ne ferait pas partie de la
confédération germanique. — La France, la Russie
et la Suède auraient , dès à présent, adhéré à ces
propositions. »
AUTRICHE.
On lit dans YOst-Deutsch-Post, du 3 janvier :
« D'après des nouvelles dignes de foi que nous
venons de recevoir, Péstb a été occupé par nos
troupes. » — D'un autre côté, oh écrit, sous la
même date, à la Gazette universelle Allemand« :
« D'après des nouvelles dignes de foi qui viennent
de nous parvenir à trois heures, les troupes im
périales ont occupé hier Pcslh et Ofen sans cjup
férir. Kossuth a pris avec les insurgés la direc
tion du sud-est, vers Szegedin, sur la Theiss.»—■.
Cette nouvelle, extrêmement importante, a en
core besoin de confirmation, dit la Gazette de
Cologne.
D'un autre côté, la Gaxette de Breslau donne
les nouvelles suivantes, à la date de Vienne, le
3 janvier :
,« On avait reçu à Raab la nouvelle que le prince
de Windischgraetz s'était avancé hier jusqu'à Stuhl-
weissenbôurg. Les débris du corps de Perczel' s 'é
taient réfugiés versBude. Le ban Jellachich l'a sui
vi et s'est avancé jusqu'à Teteny. Les Croates sont
à une lieue de Bude, qui doit être attaqué aujour
d'hui par les armées réunies. Comorn a été -emporté"
ESrwxmma
IIOÎLLM BU COKSTmmom 11 MM-
LE CABINET NOIR,
TROISIÈME PARTIE.
LES APOTRES DE NUREMBERG.
CHAPITRE XIII
suite DU manuscrit. — la vengeance
d'une jeune fille.
« Le lendemain même de son initiation, Karl
fut avisé d'une étrange nouvelle. Quelqu'un la,
lui apprit, à bout portant et sans préparation/ en
lui demandant s'il était vrai que Christiana, sa
sœur adoptive, épousât cet Anglais, le fils du
régicide, qui avait sur les mains la trace du sang
versé par son père , ce contrebandier, ce faux-
monnayeur, en un mot celte énigme vivante
qu'on appelait Hulet.
_» En premier lieu, le choix du mari ne conve-
Voisnotre numéro du 9 janTier.
Toute reproduction, môme partielle de cet ouvrage,
fit interdite, et serait poursuivie comme contrefaçon.
nait guère à Karl, qui avait ouï fort mal parler
de Hulet ; mais d'ailleurs Christiana eut épousé
Dieu le père, qu'à ce parti, son ancien préféré
eût certainement trouvé quelque chose à repren
dre. Monsieur le poète ne voulait pas de la fille
du musicien ; mais apprendre qu'elle prenait
parti ailleurs, lui était une désagréable surpri
se : le cœur humain a ainsi une foule de mou ve
nions cachés dont lui-même ne se rend pas un
compte bien exact.
» Ayant à reprocher à Christiana le mauvais
goût et l'imprudence de son inclination, l'amou
reux détrôné et mis en oubli se serait bien gardé
de l'attaquer sur le terrain de la fidélité et dG la
constance dans ses affections ; il sentait ce que,
de sa part, cette querelle aurait eu de ridicule ;
mais ce lui fut une raison de plus d'être scan
dalisé, et, comme il disait, douloureusement
ému, en apprenant la chute que la pauvre fille
allait faire. Dans tous les cas, cc qu'il venait
d'apprendre, fut pour l'oublieux et ingrat jeune
homme une occasion de s'inquiéter de ce qui
s'était passé dans la maison d'Adam Kraft, de
puis qu'il l'avait quittée, et voici ce qui lui fut
dit :
» Un peu de bonheur paraissait enfin s'être le
vé sur la vie de l'artiste. Il était question qu'un
parent éloigné l'eût fait son héritier, et cette suc
cession devait l'avoir mis dans une certaine ai
sance, car on le voyait faire de la dépense, pour
sa fille surtout, qu'il voulait toujours bien parée
et mise au dernier goût ; puis aussi pour sa table
où il réunissait assez fréquemment quelques ■
amis et même MM. les bourgmestres; en somme
pourtant, il ne semblait pas que ni lui ni sa fille
goûtassent beaucoup ce changement de fortune.
Christiana était presque constamment sérieuse
et triste ; et quant à Adam Kraft, qui avait re
noncé à toute espèce de travaux, il élaitrarement
dans ce milieu d'humeur qui fait supposer le
contentement de l'ame. A des accès de gaîté tur
bulente et folle succédaient chez lui dés accès
de mélancolie sombre qu'il ne parvenait même
à surmonter, disait-on, qu'en se livrant à un
usage peu modéré du .vin et des liqueurs ; de
tout cela Karl-fut conduit à conclure que le
souci de son départ pesait encore Sur ces deux
cœurs où .il occupait autrefois tant de place ;
mais alors et à plus forte- raison comment ex
pliquer ce singulier, cet incompréhensible ma
riage ? Du mariage on savait ceci :
«Adam Kraft ne paraissait pas s'y prêter avec
un grand enthousiasme, mais sa fille à tout prix
le voulait. La connaissance de Ilulet avec sa
promise s'était d'ailleurs faite dans une circons
tance à le bien mettre dans son esprit. Rôdant
toujours de nuit, dans la ville, comme par le'
passé, Hulet avait un soir entendu dans une rue
écartée, une voix qui appelait d l'aide. Courant
valeureusement de ce côté, il avait trouvé le mur
sicien attardé et aux prises avec deux malfai
teurs. Ceux-ci mis en fuite, le sauveur de l'ar
tiste l'avait ensuite reconduit jusqu'à soniogis,
et était venu le lendemain courtoisement pren
dre de ses nouvelles. Le goût que Christiana
avait aussitôt montré pour Hulet, ainsi intro
duit auprès d'elle, s'expliquait donc par la re
connaissance, et comme la jeune fille devait
maintenant être tenue pour une riche héritière,
le ténébreux personnage n'avait eu garde de
faire résistance aux bienveillantes intentions qui
s'offraient à lui. Toutefois, depuis que ce ma
riage était convenu et arrêté, on ne remarquait
pas qjje Christiana parût plus joyeuse, et, au
contraire, on aurait plutôt pu constater chez elle
un redoublement .de mélancolie -
»Tout cela était fort extraordinaire, et semblait
donner à penser qu'en suite! d'un dépit amou
reux, la fille du musicien se jetait à la tête du
premier venu, sans bien connaître l'homme au
quel elle donnait sa main. En conséquence Karl,
dans son ame et conscience, se crut obligé à faire
une démarche auprès de sa sœur adoptive, et,
bien que retourner dans une maison dont il était
si mal sorti ne lui parût pas un devoir parfaite
ment agréable, il se décida à se" présenter chez
Adam Kraft, et s'y Rendit presque aussitôt.
»En arrivant, il fut reçu par une servante, ce
qui était une grande nouveauté dans le pauvre
ménage qu'il avait coûnu. Cette fille lui dit que
Mademoiselle était seule au logis., et qu'elle ne
savait pas si elle voudrait recevoir un homme
qu'elle n'avait jamais vu.
—Votre demais lle me connaît, — répondit
Karl, —• et il donna son nom .
Il s'attendait à voir Christiana accourir au-
devant dé fui ; mais il fut introduit dans une sal
le des plus proprement meublées, où, au con
traire, pendant quelque temps, il lui Mut faire
antichambre. - / .
» Enfin Christiana parut; elle était fort pâle et
fort défaite, nonobstant ses riches atours; son
abord fut contraint, et elle demanda avec une
légère ironie, qui pourtant {t'avait rien d'amer,
comment Karl ayait fait pour se souvenir d'ejx ?
» Le visiteur s'excusa sur ses nombreuses oc
cupations, et sur l'extrême dépendance de la
place qu'il occupait chez M. de Nesselbourg.
— J'en suis sorti seulement depuis deux
jours,—ajouta-t-il,—et ma première visite a été
pour vous.
— Mon père, — répondit la jeune fille,— sera
reconnaissant de cette attention.
— Mais vous, Christiana, vous ne parlez,pas
de vous?
— Moi aussi, je suis charmée de vous voir,
» Parole qui fut dite d'un ton à la démentir un
peu.
— Voyons, — reprit Karl, — vous, m'en voil
iez; vous n'avez pas apprécié ce qu'il y avait eu
de délicatesse et de dévoûment dans ma con
duite : c'est une chose bien cruelle à se dire, -
mais ma naissance était et sera toujours un obs
tacle...
— Pas un mot sur le passé I — dit vivement
la fille de l'artiste.
» Èt pour donner un autre cours à l'entretien :
—Que faites-vous, — ajouta-t-elle, — depuis,
que vous n'avez plus cette place qui vous occu
pait tant?
. »Karl avait milleraisons pour no pas répondre
à cette question. Il s'empressa donc de passer a
un sujet, dit-il plus intéressant, à savoir le ma
riage dont il lui avait été parlé.
—En effet, je me marie,—répondit Christiana
sans aucun embarras.
— Et vous connaissez bien l'homme auquel
vous donnez votre main ?
— Apparemment, puisque je l'éppuse.
i — Mais tous les jours une jeune fille peut
i™
JEUDI, 11 JANVIER lîtiO.
I!
ÏUIMEUO.U.
FB1S 2>£ Ii'ABOÎSIUEIŒEErr i
trois mois...
six mois
ÏIÏ AN
DEPART.
11 F.'
22
44
ÉTRAflTG.
14 f.
m
PARIS.
8 F;
16
32 .
Ltss Weanemens datent des 1" et io de chaque mois.
bureaux a rAÏUS :
Bue du 21 Février, 10 (ci-devant de Valois).
; On s'abonne dans les dèpurtemens, anx messageries et
lus directions des postes.— A Londres, chez «.V. Coterie et
-w A Strasbourg» chez A lexandre, pour 1 Allciïiagr ç»
. - S'adresser franio,' pour la rédaction,
à m. meiuujau , gérant.
Le* articles déposés ne seront pas rendus
rais SE x/ABoararEBEENT •
étrang.
14IV
détar T .
11 f.
22
44
28
66
JOURNAL POUTIQDÈ, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL
iuiMLL
paivis.
trois mois... 8 f,
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bureaux a paris.: '
Rue du M Février, 10 (ci-devant de Valois)
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. Toute Annonce doit agréée par le gérant.
'adresser franco, pour l'administration»
à si. rsKATN.d iieo'eif* "
PARIS* 10 JANVIER.
Qui s'occupe en France, de la réforme
électorale? s'avisa de dire un jour un
ministre^ à bout d'argutnens j èt d«is lé len
demain les pétitions éffltiaient, les mani
festations publiques se multipliaient, et, quel
ques jours anr
«e l'a veillé, moins que personne, ont le droit
de contester la réalité et l'universalité de ce
mouvemènt, puisqu'ils y ont trouvé l'une
des causes de leur succès imprévu. Ils nient
aujourd'hui la réalité du mouvement popu
laire qui demande la dissolution delà Cons
tituante; et déjà ils reçoivent la même ré
ponse qu'autrefois le pouvoir déchu,
t Non! ce n'est pas une agitation factice
que celle qui a pu s'étendre en quelques
jours d'un bout à l'autre du territoire. Il
n'y a qu'une nécessi té sérieuse et une idée
juste et populaire qui aient pu réunir dans
une. même pensée des hommes de toutes les
opinions. Quelle est la propagande, si active
et si habile qu'on la suppose, qui pourrait à
la fois, sur tous les points du sol national,
faire apposer des milliers de signatures au
bas de pétitions dont l'objet serait indiffé
rent à la nation? On ne remue les hommes
et on ne. les fait agir qu'en s'adressant à ce
qui les touche.
, Avec l'enseignement dû passé, qui doit
être gravé dans vos souvenirs, pouvez-vôus
méconnaître ce qu'il y a de significatif dans
les votes émis par plusieurs conseils géné
raux? et comment ce qui était grave à vos
yeux autrefois, a-t-il perdu cette importan
ce ? N'est-ce donc rien que ces pétitions si
gnées par une foule de conseils municipaux?
n'est-ce donc rien que de voir le conseil
municipal de Marseille réclamer l'autorisa
tion de se réunir en session extraordinaire
pour discuter et signer une pétition deman
dant la dissolution de l'Assemblée?
Dites-nous donc où il faut chercher la
pensée de la France sinon dans ces manifes
tations, toutes spontanées, qui se reprodui
sent partout avec les mêmes caractères; et
si tout cela n'est que fiction cl mensonge,
dites-nous quel est le bras inconnu et puis
sant qui. fait mouvoir à la «fois tant de res
sorts si divers, et qui, capable d'enfanter ce
prodigieux accord, n'emploie qu'à faire si
gner des pétitions ce merveilleux pouvoir.
' Vous récusez les conseils généraux, sortis
'de l'élection cantonale; vous récusez les con
seils municipaux sortis des élections com
munales. Vous n'avez pas ..confiance dans
les élus du peuple ; mais vous ne pouvez pas
récuser le peuple lui-même, et quand des '
pétitions réunissent dans un seul départe
ment vjngt mille, trente mille signatures, et
souvent plus, qui oserait nier qu'il y a là
une manifestation sincère du vœu national ?
Il est telle commune du Pas-de-Calais, que
nous^ pouvons citer, où la pétition pour la
dissolution de l'Assemblée a reçu la signa
ture de tous les habitans, moins deux.
; Aussi n'est-ce plus qu'avec une certaine
timidité que l'on conteste la réalité du mou
vement actuel ; on parle bien encore d'agita
tion factice; mais on n'oserait pas établir de
discussion sur ce point. Les habiles cherchent
un autre argument dans le nombre des pé
titions elles-mêmes, et lorsqu'au milieu de
toutes celles qui énoncent le vœu populaire
sous une forme à la fois ferme et respec
tueuse pour la Constituante, ils viennent à
découvrir quelque adresse^ le plus souvent
anonyme ou isolée, dans laquelle se trou
vent des paroles âpres ou violentes, ils
triomphent, et étalant leurs découvertes :
Voilà,'disent-ils, dans quel langage on parle
à l'Assemblée nationale.
Ils savent que les corps deliberans,
Elus encore que les individus, sont sensi-
les aux respects et à 1 injure, et que les
susceptibilités individuelles, en se réunis
sant, s'irritent loin de se calmer, et ils
font appel à l'amour-propre de l 'Assem
blée. Ils voudraient lui faire un point
d'honneur de demeurer sourde à ce concert
de l'opinion publique, parce qu'ils ont en
tendu çà et là quelques cris discordans. Ne
pouvant intéresser la dignité ni le devoir de
l'Assemblée, ils voudraient intéresser la
jalousie du pouvoir et sa fierté.
Dangereuse tactique quis'adresse à dessen -
timens d'autant plus faciles à soulever et à
emporter au-delà des bornes, que, dans cette
explosion collective, personne ne peut être
responsable des conséquences. Nous avons
déjà vu un ministre demander à une assem
blée, au nom de sa dignité, de fermer l'o
reille au bruit de l'agitation populaire, et de
refuser une réforme, uniquement parce
qu'elle était demandée. Voudrait-on recom
mencer une épreuve qui a été si fatale à ceux
qui l'ont faite lespremiérs; et; pour «file la
Ration ftiisse eiêrcer de nouveau sa souve
raineté, faut-il que la faculté lai en soit
octroyée r ,
Nous àvbûs iroî» de confiance dans le pa
triotisme de l'Assemblée, pour croire qu'elle
écoutera de dangereux conseils, et qp'èlle
refusera tenir cbmpte du vœu populaire,*
jiârcé qu'il se manifeste avec une remarqua
ble intensité. Qu'elle y réfléchisse^ ce n'est
pas le ton des pétitions qui est impérieux,
c^est leur grand nombre et leur unanimité.
Le pouvoir déchu ne voulait tenir compte
que du pays légal, et tant que celui-ci ne
l'avait pas condamné par la voie des élec
tions, il se croyait en droit de regarder com
me non avenu tout mouvement dont l'origine
et le développement étaient en dehors de ce
cercle fatal. Aujourd'hui la Constituante n'a
pas autour d'elle un pays légal dont elle
puisse opposer le témoignagé et l'àpparenle
décision aux réclamations du dehors : c'est
la nation entière qui lui parle, et, mécon
naître sa voix, ce serait renier le suffrage
universel.
Là est toute là question, Personne de ceux
qui voient clair ne s ? y méprend ; ce qu'il y
a au fond de la résistance qu'on veut oppo
ser au vœu populaire^ c'est la défiance pour
le suffrage universel. Nous avons discuté
hier l'argumentation, et nous Favops sans
peine réduite à rien. Nous n'y avions pas
grand mérite, parce que l'argument capital,
celui qui va aux vanités et aux intérêts»
celui qui détermine les voles, ne se trouvait 1
pas énoncé. Mais ce sont les raisons qu'on
n'ose pas ou qu'on ne peut pas dire, qui sont
souvent les plus décisives.
La Constituante, disait hier M. Grévy,
doit, outre la Constitution, faire encore les
lois organiques, parce que si elîe les laissait
à faire à une autre Assemblée, elle-même
n'aurait eu de constituante que le nom et
point la réalité. Prendre pour preuve, ce
qui est précisément à prouver, ne ressemble
en rien à une démonstration ; et cependant,
sous ce paralogisme évident, se cache toute la
pensée des, hommes qui repoussent la disso
lution de la Constituante. Il ne faut pas que
celle-ci laisse-les dix lois prétendues orga
niques à faire à l'Assemblée législative, par
ce que celle Assemblée pourrait les faire un
peu autrement que ne les fera la Consti
tuante.
On suppose donc que- le suffrage univer
sel, consulté une seconde fois, pourra modi
fier l'esprit de la représentation nationale,
et c'est contre cette influence du suffrage
universelqu'on prend ses précautions. On
se met en garde contre lui, on se cantonne
-dans le cercle des lois organiques, afin d'ar
racher tout ce que l'on pourra à son action
décisive. C'est donc à la fois un acte signalé
de défiance contre ce qui est devenu la loi
du pays et une affaire de parti. v
Si la Constituante avait revêtu un carac
tère tout spécial, si elle avait été formée
dans des conditions toutes particulières et
de nature à ne plus se rencontrer dans les
assemblées subséquentes, nons aurions com
pris, jusqu'à un certain point, qu'elle ne
voulut abandonner à une autre assemblée
rien de ce qui lui paraissait rentrer dans son
domaine exclusif. La première Constituante,
celle de 1789, chargée de transformer le
despotisme en monarchie représentative,
ayant une triple origine, élue suivant, un
mode unique, composée d'élément destinés
à ne plus reparaître, devait faire place à
une Assemblée élue tout oifféremment,
composée aussi d'une manière toute diffé
rente, avec des caractères tout à fait-dis
tincts, et 'dans laquelle pérsonne des pre
miers législateurs ne pouvait trouver pla
ce; et cependant ses membres ne montrè
rent pas vis-à-vis de leurs successeurs la ja
lousie dont on voudrait que l'Assemblée ac
tuelle fît preuve.
L'Assemblée fuîure sera composée des
mêmes élémens que la Constituante, et elle
aura la même origine, le suffrage univer
sel : d'où vient donc qu'on la met d'avance,
en suspicion, comme si elle devait être
étrangère, pour ne pas dire hostile, à l'es
prit de sa devancière ? Le suffrage universel
n'aura-t-il pas dans les deux cas la même
clarté et la même vertu? et lorsque tant et
de si graves raisons politiques commandent
la dissolution de l'Assemblée actuelle, où
sont les raisons législatives qui s'opposent à
cette dissolution? 0
Nous comprenons d'autant moins la ré
sistance désespérée de certains hommes,
qu'avec une autorité ; morale supérieure
qu'elle tifera du calme relatif au milieu du
quel elle aura été élue, et de la liberté plus
complète et plus vraie que la disparition
des commissaires-généraux, des mission
naires des clubs et des bulletins de M. Le-
dru-Rdllin, assurera aux élections, la fu
ture Assemblée aùràj qudnf àiix lois orgà- .
niques. les mêmes p'oùvoirs exactement que
l'Assemblée actuelle»
Les lois organiques,.en eûet, si elles sont
le complément plus ou moins indispensable
de Jâ Constitution, n'en sont poipt parties
intégrantes, et ne participent en rien dé son
inaltérabilité : elles ne sont qiie des détrets,
législatifs. Si donc les adversaires inattendus
du suffrage universel n'ont, pour faire faire
toutes les lois organiques par la Consti
tuante, d'autre motif que la certitude ,
par eux acquise, que le suffrage univer
sel, consulté de nouveau, enfanterait use
Assemblée animée de vues très différentes
de celles de l'Assemblée actuelle, ils pren
nent une précaution inutile. Avec de par
reilles dispositions, il serait tout aussi facile
à l'Assemblée législative de rapporter et
de refaire les lois Organiques de la Consti
tuante, que de lés recevoir d'elle à l'état
de rapports et de les faire dans un esprit
différent. ,
Nous croyons donc que l'Assemblée fera
bien de se méfier des conseils intéressés
qu'on lui donne, et de montrer une légitime
confiance dans le suffrage universel d'où elle
est sortie et d'où naîtront les Assemblées fu
tures. Entre la voix des partis qui réclament
d'elle une existence aventureuse et contes
tée et la voix du pays qui la convie avec res
pect et avec reconnaissance à iin repos bien
gagilé, son choix ne saurait être douteux.
L'Assemblée nationale, après avoir adop
té un projet de loi ouvrant un crédit supp é-
mentaire destiné à acquitter de nouvelles
créances constatées sur les exercices clos, a
entendu le rapport fait par M. Bravard-
Veyrières au >om de la commission du rè-,
glemenl ; M. Bravard-Veyrières demandait
quel'Assemblée volât immédiatement le eba-
piire concernant les projets et propositions,
chapitre dont la plupart des dispositions
avaient dtyà été adoptées dans une séance
précédente; mais, sur les réclamations de
quelques membres, qui ont insisté pour que
ces disposîtions^fussent d'abord imprimées et
distribuées, la discussion en a été renvoyée
d'urgence à demain.
- L'ordre du jour, appelait la délibération
sur le projet de loi ayant pour but de réor
ganiser l'administration de l'assistance pu
blique dans la ville de Paris.
L'administration des établissemens hos
pitaliers et des secours à domicile dans la
capitale, embrasse un service qui, en recet
tes èt en dépenses, ne comporte pas moins
de 15 à 16 millions; il y a Paris quinze
hôpitaux recevant 90,000 malades par an,'
quatre grands hospices et sept maisons de
retraite pour 8,000 vieillards, et infirmes,
une organisation de secours à domicile qui
vient en aide à plus de 100,000 personnes ;
on comprend tout ce qu'une pareille admi-,
nistralion présente de difficultés; confiée,
au moment de la révolution de février, à un
conseil général, qui avait la direction des
hôpitaux et qui en réglait le service, et en
même temps à une commission administra
tive chargée de l'exécution des arrêtés du
conseil général, il résultait de celte organi-
srlion vicieuse qu'il n'y avait pas d'unité
d'dction possible, et que, par cela même,
toute responsabilité devenait illusoire.
Un des premiers actes du Gouvernement
provisoire fut de supprimer le cobseil géné
ral des hôpitaux; mais ce n'était là qu'un
état de choses provisoire, qui laissait d'ail
leurs subsister les mêmes inconvéniens ; il
y avait donc nécessité de procéder sur de
nouvelles bases et de réorganiser l'adminis
tration ; c'est ce que fit M. Dufaure,'en pré
sentant un projet de loi en huit articles, qui
plaçait cette administration sous l'autOrité v
du préfet de la Seine et du ministre de l'in
térieur, et qui la confiait à un directeur
responsable, sous la surveillance d'un con
seil dont on déterminait les attributions.
Ce projet fut profondément modifié par la
commission à laquelle il fut renvoyé ; au
lieu d'un comité de surveillance appelé à
contrôler le directeur, elle proposa d'établir
près de lui un conseil d'administration ; de
plus, elle s'engagea dans le dédale des dis
positions purement réglementaires ; elle en
treprit de définir les/pouvoirs, de détermi
ner les attributions, le mode d'élection et la
composition de ce conseil ; aussi, le projet
nouveau qu'elle substitua à celui du Gou
vernement ne renfermait pas moins de tren
te-deux articles.
; Le débat entre les deux projets s'est éta
bli dès le premier article ; il s'agissait de sa
voir si le directeur responsable serait placé
sous le contrôle d'un comité de surveillance,
comme le proposait le Gouvernement, ou
s'il serait assisté d'un conseil d administra
tion, comme le voulait là commission ; M.
Dufaure et M. Léon Faucher ont défendu le
projet du Gouvernement j ils ont insisté no
tamment sur ee qu'on retomberait dans tous
les incoxivéniens du système qu'on avait
détruit, en reconstituant encore tlfle admi
nistration collective et en divisant la res
ponsabilité au lieu de la concentrer sur le
directeur. •
Ces raisons ont obtenu gain de cause ;
l'article du projet de la comiriission a été re
jeté ; la commission a déclaré aloré qu'elle
renonçait à tout le projet qu'elle avait rédi
gé, et l'Assemblée a successivement adopté,
sans grands débats, les huit articles qui com
posaient îë projet pispiiillf du Gouverne
ment. . ;
L'Assemblée devait disculer ensuite le
projet d'établissement du nouvel impôt sur
les successions et sur les donations ; mais il
était un peu tard pouf entamer une question
aussi importante, et elle a donné ce qui lHi
restait de temps, avant l'heure ordinaire de
la clôture, à de nouvelles interpellations.
C'est un membre de la Montagne, M. Laus-
sedat, qui a porté la parole. Il s'agissait de
la destitution de M. Bouillaud, doyen de la
Faculté de médecine, et de la gestion finan
cière de M. Orfila, son prédécesseur au mo
ment de la révolution de février. On aurait
bien voulu faire du scandale; mais les ex
plications données par M. de Falloux ont
suffi pour montrer combien tous ces débats,
qui avaient .trait à des questions purement
personnelles;-étaient déplacés à la tribune,
et pei^ dignes d'occuper l'Assemblée; 1 M.
Trousseau, qui avait fait partie de là com
mission d'enquête, est entré dans des détails
qui ont été complétés par M. Freslon ; il en
est résulté que si tous les fonds dont avait
disposé M. Orfila n'avaient pas été employés
conformément à leur destina*ion spéciale,
ils avaient cependant été complètement dé
pensés en travaux utiles à la faculté de mé
decine ; nous n'avons pas besoin de dire que
l'Assemblée a passé à l'ordre du jour.
! ; —'
On nous communique les renseignemens
suivans :
« Le comité, de la justice s'est occupé ce matin
de la,proposition de MM. I'agtlefre, Barthélémy
Saint-Hilaire, Bixio et Altarorhe, qui fixe les
prochaines élections au <15 avril et la convoca
tion de l'Assemblée législative au,4 mai.
'M. Pagncrre, qu'accompagnait M. Barthélémy
Saiht-Hilaire, a développe ce 1 , ta proposition, et il
a insisté sur les différences d'intention et de por
tée qù' elle présente avefcia' proposition Rateau;
. M. Pagnerre a discuté les objections principales
! du rapport'de M. Grévy, et il a démontré qu'elles
; ne pouvaient s'appliquer à sa proposition/lia in-
'sisté sur la nécessité de fixer, dès à présent, une
époque précise à la dissolution, ce qui, enlré au
tres résultats, rendrai taux travaux de l'Assemblée
nationale une activité qui n'est plus aujourd hui
suffisante. M. Pagnerre a cherché enfin à dé
terminer le vrai caractère du mouvement de l'o-
pinion publique. Il ne voudrait pas que l'on
donnât trop d'importance à l'agitation fact ce
que créent des partis hostiles à la forme ré
publicaine. Mais il tient grand compte du vœu
réel du pays qui alteild avec impatience l'ap
plication complète de la Constitution et l'orga
nisation régulière des pouvoirs qui en décou
lent. Le pays n'aura de sécurité que quand il
salira positivement l'époque où cette organisa
tion fonctionnera définitivement.
» Le comité, après avoir entendu ces déve-
loppemens et une discussion, à laquelle ont pris
part plusieurs de ses membres, a décidé que la
délibération sur la proposition de MM. Pagncrre
Barthélémy Saint-Hilaire, Bixio et Altaroche, se
rait ajournée à samedi, après que la chambre se
Serait prononcée sur la proposition Rateau. »
Nous avons peine à nous expliquer la dé
cision du comité. La proposition de M. Pa
gnerre n'est évidemment qu'un amendement
à celle de M. Rateau, puisqu'elle a le même
objet et le même dispositif. Il paraissait
donc naturel qu'elle fut soumise à l'Assem
blée le même jour ; l'Assemblée aurait choi
si entre les deux. Grâce à l'ajournement, le
comité n'examinera la proposition de M.
Pagnerre qu'après la décision de l'Assem
blée sur la proposition de M. Rateau, qui
rendra, nous l'espérons, cet examen inu
tile,; çt dans le cas contraire, le rapport que
le Comité devra présenter dans les dix jours
viendra renouveler, à huit jours de distance,
une discussion épuisée.
La commission chargée de préparer la loi sur
-l'état dé siège a nommé pour son président M.
Ducoux, et pour secrétaire M. Aug. Clément. .
La commission a procédé ensuite à la nomi
nation d'une sous-commission, qui est ainsi com
posée : MM. de Lamoricière, Marie, Charras,
Laissac et Antony Ihouret. .
La discussion a porte aujourd'hui, dans la
„ commission de 1 enseignement, sur les attribu-
lions de la section de 1 enseignement de l'Etat.
Comment sera composée celte section, et quel
sera le nombre de ses membres? Tel a été le
premier point de la discussion. Sur les obser
vations de quelques membres, on a déclaré que,
pour prononcer nettement sur le personnel de
cette section, il "fallait préalablement fixer les
"attributions que l'on donnerait à cette partie du
conseil natioual.
Passant donc immédiatement à ses attribu
tions, on s 'est accordé à reconnaîtra qu'elles
étaient de irois'orilrcs :
1° La juridiction sur les membres du corps
enseignant au rfoni de l'Etat;
2° La dirèctiori des études ;
3° La participation atix nominations du per
sonnel.
Sur cette dernière partie des attributions de
la section, on a décidé qu
pas électives, il serait pourvu aux nominations
par le ministre," qtfî ne pourrait les faire qu'a
près l'avis du conseil de l'enseignement public,
lequel conseil admettrait dans tfort sein, avec
voix délibérative, les inspecteurs généraux. Il
y aurait à lenir compte pour ces nominations
des présentations, indications, renseignemens,
faits fournis par les rectôtira et par les inspec
teurs eux-memes. '
Après cette partie de la discussion, la coin*
mission a abordé la question de l'inamovibilité.
Plus de deux heures ont été consacrées aux dé
bats qu'elle a soulevés dans son sein. L'on a
fini par adopter que cette partie du conseil de
l'instruction nationale ne serait pas inamovible.
Il reste' iâaintenant à déterminer comment
l'inamovibilité, étant écartée, on lui substituera
d'autres conditions qui pourront donner , soit
aux personnes qui seront appelées dans le con
seil, soit aux membres du corps enseignant qui
devront en être justiciables, puisque la juridic
tion a été accordée, leur donner, disons-nous,
toutes les garanties nécessaires.
Nous nous empressons de .faire droit à une
réclamation qui nous a été adressée par M. Bar
thélémy Saint-Hilaire. C'est par erreur que ,
dans le résumé de son opinion dans la discus
sion générale de la commission de l'enseigne
ment, à l'occasion de l'enseignement privé, nous
avons mis dans sa bouche le mot de délégation
du pouvoir de l'Etat. Cet honorable membre n'a
pas parlé de délégation ; mais seulement de
pouvoir, de fonction publique, dont l'Etat seul
devrait régler l'exercice et les conditions.
La commission chargée de préparer la loi or
ganique sur le nouveau conseil d'Etat; a terminé
son travail. Le rapport a été déposé à la séance
d'aujourd'hui.
La disposition du jirojët qui a soulevé les dé
bats les-plus vifs, est relative à la nomination
des conseillers d'Etat.
; La commission s'est partagée en trois camps
opposés. Les uns, entre autres M. Gauthier de
ftumilly, voulaient attribuera l'Assemblée cons
tituante actuelle la nomination intégrale du con
seil d'Etat.
D'autres, parmi lesquels se placent MM. Cor-
menin et Quentin Bauchart, ont soutenu que la
nomination ne pouvait appartenir qu'à la pro
chaine Assemblée législative.
Enfin, un parti mixte, à la tête duquel s'est
trouvé M. Vivien, a pensé que les deux Assem
blées devaient nommer par moitié.
Cette dtrnièrc opinion a prévalu.
On peut prévoir dès à présent l'ardeur de la
lutte qui s'élèvera dans le sein de l'Assemblée.
La commission chargée de régler les condi
tions d'admission et d'avancement dans les fonc
tions publiques, s'est bornée, dans ses premières
réunions, a arrêter provisoirement la sanction
de quelques principes généraux^dont l'applica
tion serait faite aux diverses administrations.
Mais on a.résolu, avant de les formuler positive
ment)'d'entendre les chefs de ces administra
tions pour avoir leur avis sur les conditions pra
tiques de ces principes. Quelques ministres se
rendront jeudi à cet effet au sein de la commis
sion.
On assure que M. le ministre des finances se
propose de présenter sous peu de jours le budget
complet de 1849.
• "
Dans le discours adressé aux membres de la
nouvelle chambre de commerce, à la séance
d'installation du 19 décembre, M. Berger, pré
fet de la Seine, a parlé avec un vif intérêt de
l'enquête commencée sur l'industrie parisienne,
et il a insisté sur la nécessité de conduire à fin
cette grande et utile entreprise. Elle se poursuit
activement. Le travail, en effet, n'a pas été sus
pendu un seul instant, et l'on continue le re
censement individuel de tous les industriels tra
vaillant pour leur compte ou à façon.
Plus de 18,000 bulletins sont déjà rentrés k
la chambre de commerce, -où ils sont rectifiés
s'ils sont incomplets ou, inexacts, puis classés et
dépouillés. Le travail est entièrement terminé
pour le 5 e arrondissement, qui, lui seul, équi
vaut à une villes manufacturière de premier or
dre, et a fourni 6,350 bulletins. Ctt airjndisse-
ment sera l'objet d'un premier rapport spécial.
Le but de l'enquête est, on le sait, de faire
connaître l'état de l'industrie de Paris en temps
ordinaire, et la proportion de chômage dans les
quatre mois qui ont suivi la révolution de fé
vrier; de constater le nombre des ouvriers em
ployés dans chaque partie, ainsi que les condi
tions du travail et de l'apprentissage. L'utilité
de l'enquête est incontestable : nos législateurs
trouveront, dans cette statistique impartiale,,
d heureux avertissemens sur les conséquence^
qtre leur» mesures peuvent avoir, sur l'industrie
ai IA primnwrr£. . • /-■■■■>■ < r • t*-.*
■ Pour arriver U apprécier la valeur totale de
la production et l'importance relative de chaqu©
branche dejabrication, il est nécessaire de des
cendre dans les détails et de demander à chaquçs
industriel des renseignemens sur le chiffre de
ses affaires. La chambre de commerce, élue par ,
ses pairs, étrangère à toute administration fis- .
cale, pouvait seule réclamer cette marque de
confiance. Les informations particulières ne ser
vent d'ailleurs qu'à dresser les tableaux présen- ■
tant les résultats généraux, où toute individua- ■
litédisparaît. Quant aux bulletins, ils sont coa- '
sidérés comme confidentiels et seront brûlés. ,
L'enquête, entreprise d'abord dans les six ar-
rondissemens nord-est de Paris, s'étendra suo ,
cessivement à tous les quartiers;'chaque maison
sora visitée, chaque fabricant recensé, et l'on
aura une idée de l'importance de ce travail, si
l'on veut se rappeler que. lors du dénombre
ment de la population en 484G, on a trouvé
29,529 maisons habitées , se partageant eu
356,906 locations différentes.
NOUVELLES ÉTRANGÈRES.
ALLEMAGNE. /
La note autrichienne présentée par ÔL d®
Schmerling au pouvoir central allemand c« .
Francfort continue à préoccuper l'attention
de l'assemblée et du public. On lit dans la '
Gazette àllemandé : • •, .> ; i ;
« Le comité de l'assemblée nationale pour îa.ques-
tion autrichienne a reçu hier au soir des documens
autrichiens relatifs à cette question. La disçussipu
ne pourra pas encore avoir lieu lundi. Que. feraM.
de Gagern ?>On dit que le vicaire de l'empire protes
tera contre 1 : mode d'arrangement tel que l'exige
l'Autriche! Les esprits sont en proie à une viveat- '
tente. » ' • ' ; • ■. \ • - • ' '
Le plénipotenliaire autrichien continue à
représenter son gouvernement comme tout
disposé à appuyer la cause de l'unité alle
mande, mais basée sur le principe de la con~ .
fédération d'Etats et non sur celui d'Etat con
fédéré. Il se cache sous cette différence des
mots une différence bien profonde dans les
systèmes. Pareil à l'ancienne diète germani
que, plus encore qu'à l'ancien pacte fédéral
suisse, le plan politique préconisé par l'Au
triche consisterait à réunir les Etats alle
mands indépendans et souverains dans une
confédération, basée sur des traités. L'acces
sion de chaque Etat à cette confédération se
rait donc pour ainsi dire volontaire, et au
cun lien imposé par la volonté de la majo
rité d'une assemblée, composée des repré
sentai de tous les Etats alIeSiands, ne ferait
loi à un Etat particulier. Il faut avouer.que #
6i_cette théorie prévalait l'Allemagne, qui a !
tant parlé d'union depuis le mois de mars, ,
se trouverait encore moins unie qu'elle ne
l'élait avant le mois de mars.
■' La question du Sleswig reparaît encore >
sur la scène; mais cette fois elle semble tou-'
cher à une solution raisonnable, qui est la
constitution de ce pays comme duché sépa- <
ré, sous la souveraineté du Danemarck et
indépendant dé la confédération germani
que. Voici ce qu'on lit dans uûe correspond,
dance adressée de Berlin a ïIndépendance ,
belge :
« Lord Palœerston ayant «connu que les préten-
tions réciproques du pouvoir central «it du Dane
marck, se fondant, celui-là sur les traités du XIV» ,
siècle, celui-ci sur ceux du XVIII*, étaient inconci
liables, a proposé comme base nouvelle des négo
ciations, de faire abstraction de tout traité quelcon
que et de placer le Sleswig, déclaré neutre et in
dépendant, sous la haute souverainetédu Danemarck.
La position du Sleswig vis-à-vis de ce dernier
pays, serait & peu près celle de la Norwége, relative
ment à la Suède, laquelle ne diffère pas beaucoup,
on le sait, de ce que l'on est convenu d'appeler les
rapports d'union personnelle. Le plus clair de tout
ceci, c'est que le Sleswig ne ferait pas partie de la
confédération germanique. — La France, la Russie
et la Suède auraient , dès à présent, adhéré à ces
propositions. »
AUTRICHE.
On lit dans YOst-Deutsch-Post, du 3 janvier :
« D'après des nouvelles dignes de foi que nous
venons de recevoir, Péstb a été occupé par nos
troupes. » — D'un autre côté, oh écrit, sous la
même date, à la Gazette universelle Allemand« :
« D'après des nouvelles dignes de foi qui viennent
de nous parvenir à trois heures, les troupes im
périales ont occupé hier Pcslh et Ofen sans cjup
férir. Kossuth a pris avec les insurgés la direc
tion du sud-est, vers Szegedin, sur la Theiss.»—■.
Cette nouvelle, extrêmement importante, a en
core besoin de confirmation, dit la Gazette de
Cologne.
D'un autre côté, la Gaxette de Breslau donne
les nouvelles suivantes, à la date de Vienne, le
3 janvier :
,« On avait reçu à Raab la nouvelle que le prince
de Windischgraetz s'était avancé hier jusqu'à Stuhl-
weissenbôurg. Les débris du corps de Perczel' s 'é
taient réfugiés versBude. Le ban Jellachich l'a sui
vi et s'est avancé jusqu'à Teteny. Les Croates sont
à une lieue de Bude, qui doit être attaqué aujour
d'hui par les armées réunies. Comorn a été -emporté"
ESrwxmma
IIOÎLLM BU COKSTmmom 11 MM-
LE CABINET NOIR,
TROISIÈME PARTIE.
LES APOTRES DE NUREMBERG.
CHAPITRE XIII
suite DU manuscrit. — la vengeance
d'une jeune fille.
« Le lendemain même de son initiation, Karl
fut avisé d'une étrange nouvelle. Quelqu'un la,
lui apprit, à bout portant et sans préparation/ en
lui demandant s'il était vrai que Christiana, sa
sœur adoptive, épousât cet Anglais, le fils du
régicide, qui avait sur les mains la trace du sang
versé par son père , ce contrebandier, ce faux-
monnayeur, en un mot celte énigme vivante
qu'on appelait Hulet.
_» En premier lieu, le choix du mari ne conve-
Voisnotre numéro du 9 janTier.
Toute reproduction, môme partielle de cet ouvrage,
fit interdite, et serait poursuivie comme contrefaçon.
nait guère à Karl, qui avait ouï fort mal parler
de Hulet ; mais d'ailleurs Christiana eut épousé
Dieu le père, qu'à ce parti, son ancien préféré
eût certainement trouvé quelque chose à repren
dre. Monsieur le poète ne voulait pas de la fille
du musicien ; mais apprendre qu'elle prenait
parti ailleurs, lui était une désagréable surpri
se : le cœur humain a ainsi une foule de mou ve
nions cachés dont lui-même ne se rend pas un
compte bien exact.
» Ayant à reprocher à Christiana le mauvais
goût et l'imprudence de son inclination, l'amou
reux détrôné et mis en oubli se serait bien gardé
de l'attaquer sur le terrain de la fidélité et dG la
constance dans ses affections ; il sentait ce que,
de sa part, cette querelle aurait eu de ridicule ;
mais ce lui fut une raison de plus d'être scan
dalisé, et, comme il disait, douloureusement
ému, en apprenant la chute que la pauvre fille
allait faire. Dans tous les cas, cc qu'il venait
d'apprendre, fut pour l'oublieux et ingrat jeune
homme une occasion de s'inquiéter de ce qui
s'était passé dans la maison d'Adam Kraft, de
puis qu'il l'avait quittée, et voici ce qui lui fut
dit :
» Un peu de bonheur paraissait enfin s'être le
vé sur la vie de l'artiste. Il était question qu'un
parent éloigné l'eût fait son héritier, et cette suc
cession devait l'avoir mis dans une certaine ai
sance, car on le voyait faire de la dépense, pour
sa fille surtout, qu'il voulait toujours bien parée
et mise au dernier goût ; puis aussi pour sa table
où il réunissait assez fréquemment quelques ■
amis et même MM. les bourgmestres; en somme
pourtant, il ne semblait pas que ni lui ni sa fille
goûtassent beaucoup ce changement de fortune.
Christiana était presque constamment sérieuse
et triste ; et quant à Adam Kraft, qui avait re
noncé à toute espèce de travaux, il élaitrarement
dans ce milieu d'humeur qui fait supposer le
contentement de l'ame. A des accès de gaîté tur
bulente et folle succédaient chez lui dés accès
de mélancolie sombre qu'il ne parvenait même
à surmonter, disait-on, qu'en se livrant à un
usage peu modéré du .vin et des liqueurs ; de
tout cela Karl-fut conduit à conclure que le
souci de son départ pesait encore Sur ces deux
cœurs où .il occupait autrefois tant de place ;
mais alors et à plus forte- raison comment ex
pliquer ce singulier, cet incompréhensible ma
riage ? Du mariage on savait ceci :
«Adam Kraft ne paraissait pas s'y prêter avec
un grand enthousiasme, mais sa fille à tout prix
le voulait. La connaissance de Ilulet avec sa
promise s'était d'ailleurs faite dans une circons
tance à le bien mettre dans son esprit. Rôdant
toujours de nuit, dans la ville, comme par le'
passé, Hulet avait un soir entendu dans une rue
écartée, une voix qui appelait d l'aide. Courant
valeureusement de ce côté, il avait trouvé le mur
sicien attardé et aux prises avec deux malfai
teurs. Ceux-ci mis en fuite, le sauveur de l'ar
tiste l'avait ensuite reconduit jusqu'à soniogis,
et était venu le lendemain courtoisement pren
dre de ses nouvelles. Le goût que Christiana
avait aussitôt montré pour Hulet, ainsi intro
duit auprès d'elle, s'expliquait donc par la re
connaissance, et comme la jeune fille devait
maintenant être tenue pour une riche héritière,
le ténébreux personnage n'avait eu garde de
faire résistance aux bienveillantes intentions qui
s'offraient à lui. Toutefois, depuis que ce ma
riage était convenu et arrêté, on ne remarquait
pas qjje Christiana parût plus joyeuse, et, au
contraire, on aurait plutôt pu constater chez elle
un redoublement .de mélancolie -
»Tout cela était fort extraordinaire, et semblait
donner à penser qu'en suite! d'un dépit amou
reux, la fille du musicien se jetait à la tête du
premier venu, sans bien connaître l'homme au
quel elle donnait sa main. En conséquence Karl,
dans son ame et conscience, se crut obligé à faire
une démarche auprès de sa sœur adoptive, et,
bien que retourner dans une maison dont il était
si mal sorti ne lui parût pas un devoir parfaite
ment agréable, il se décida à se" présenter chez
Adam Kraft, et s'y Rendit presque aussitôt.
»En arrivant, il fut reçu par une servante, ce
qui était une grande nouveauté dans le pauvre
ménage qu'il avait coûnu. Cette fille lui dit que
Mademoiselle était seule au logis., et qu'elle ne
savait pas si elle voudrait recevoir un homme
qu'elle n'avait jamais vu.
—Votre demais lle me connaît, — répondit
Karl, —• et il donna son nom .
Il s'attendait à voir Christiana accourir au-
devant dé fui ; mais il fut introduit dans une sal
le des plus proprement meublées, où, au con
traire, pendant quelque temps, il lui Mut faire
antichambre. - / .
» Enfin Christiana parut; elle était fort pâle et
fort défaite, nonobstant ses riches atours; son
abord fut contraint, et elle demanda avec une
légère ironie, qui pourtant {t'avait rien d'amer,
comment Karl ayait fait pour se souvenir d'ejx ?
» Le visiteur s'excusa sur ses nombreuses oc
cupations, et sur l'extrême dépendance de la
place qu'il occupait chez M. de Nesselbourg.
— J'en suis sorti seulement depuis deux
jours,—ajouta-t-il,—et ma première visite a été
pour vous.
— Mon père, — répondit la jeune fille,— sera
reconnaissant de cette attention.
— Mais vous, Christiana, vous ne parlez,pas
de vous?
— Moi aussi, je suis charmée de vous voir,
» Parole qui fut dite d'un ton à la démentir un
peu.
— Voyons, — reprit Karl, — vous, m'en voil
iez; vous n'avez pas apprécié ce qu'il y avait eu
de délicatesse et de dévoûment dans ma con
duite : c'est une chose bien cruelle à se dire, -
mais ma naissance était et sera toujours un obs
tacle...
— Pas un mot sur le passé I — dit vivement
la fille de l'artiste.
» Èt pour donner un autre cours à l'entretien :
—Que faites-vous, — ajouta-t-elle, — depuis,
que vous n'avez plus cette place qui vous occu
pait tant?
. »Karl avait milleraisons pour no pas répondre
à cette question. Il s'empressa donc de passer a
un sujet, dit-il plus intéressant, à savoir le ma
riage dont il lui avait été parlé.
—En effet, je me marie,—répondit Christiana
sans aucun embarras.
— Et vous connaissez bien l'homme auquel
vous donnez votre main ?
— Apparemment, puisque je l'éppuse.
i — Mais tous les jours une jeune fille peut
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