Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1849-01-04
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Description : 04 janvier 1849 04 janvier 1849
Description : 1849/01/04 (Numéro 4). 1849/01/04 (Numéro 4).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
JEUDI, 4 JAHVIER 1849
PRIX BE l'AjBQOTJEfiïEBïT i
rAîlIS. DÉFAUT. ! ÉTRAA'G
8 V. 11 F. | 14 F.
16 ' 22 I 28
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NUMERO 4*
trois mois.
SIX fttOIS.. ..
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pabis.
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trois mois...
8 f.
11 f.
six mois
16
2a
ii.v an
32
44
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
53
PARIS, 5 JANVIER.
Quand on compare les phases convulsives
pal - lesquelles a passé la France depuis le
24 février, à rôiit calme et surtout à cet
espoir de renaissance universel le amené par
le vote du 10 décembre, manifestation ex
traordinaire de sept millions d'hommes pour
le rétablissement de l'ordre, on a peine à
comprendre comment, d'un tel point de dé
part, il a été possible d'atteindre un tel point
d'arrivée en dix mois de temps. Il y a pour
ainsi dire de l'un à l'autre la différence de
la patrie perdue à la patrie retrouvée. Il faut,
répétons-le, que toutes les fractions du par
ti modéré se soient admirablement condui
tes poui; avoir fait un pareil chemin. Et
cependant, nous tous qui sommes de ce par
ti, gardons-nous bien, comme nous le con
seillent charitablement les socialistes, gar
dons-nous d'un excès de confiance dans la
stabilité de cet ordre si péniblement recon
quis. Ils sont attachés à nos flancs, ces so
cialistes, à ce qu'ils disent. Selon nous, ce
que nous avons à craindre, c'est moins leurs
menaces, que nos propres illusions. Le plus
grand de nos dangers serait dans l'exagéra-
tian de notre sécurité.
Consultons les leçons de notre propre ex
périence. Nous y apprendrons ceci, c'est que
quand notre société française est en péril,
elle a des trésors de bon sens et de courage
pour le vaincre et pour le faire cesser ; et
quand elle se croit, au contraire, à l'abri du
péril, elle a ' toutes les fantaisies et toute
l'imprudence qu'il faut pour lé. faire naî
tre. Depuis l'immortelle révolution de 89,
qui fat une nécessité de justice, et le vœu à
peu près unanime de la nation, les gouver-
nemens et les oppositions n'ont subi ou n'ont
fait que des révolutions dont les premiers
pouvaient facilement se garantir, et dont
les secondes, dansletirmajorité ou du moins
dans leur portion la plus influente, ne .vou
laient pas. C'est ce qu'on a vu sous la res
tauration. Tant que ceux qui l'avaient sou
haitée, la regardèrent comme mal affermie,
ils se réunirent pour la défendre, et elle se
soutint ; quand elle leur parut inébranlable,
ils se divisèrent, et èlle tomba. Rien de plus
dangereux pour un pouvoir, què de se faire
une idée exagéréedesa force; car, cette idée,
il la donne de lui à ses adversaires, en mê
me temps qu'il l'a de lui-même, et comme
il ose, en proportion de la force qu'il se
suppose, ses adversaires règlent aussi leurs
attaques sur cette fausse mesure; alors le
pouvoir entreprend au-delà de ce qu'il peut
et se perd ; l'opposition, élevant l'effort au-
dessus de ja résistance, brise violemment,
,à son insu et malgré elle, ce qu'elle voulait
seulement faire plier.
La chute dé la royauté légitime fut l'effet
d'une illusion commune au pouvoir et pour
le moins à; là portion dissidente des anciens
royalistes, sur la force réelle de cette royauté.
L'illusion était naturellé. Cette royauté avait
déjà duré quinze ans. Elle avait, été repré
sentée sur le trône d'abord par un prince ha
bile et ensuite par un prince chevaleresque,
dont les premières paroles et les premiers
actes avaient séduit le cœur de la nation.
Charles X crut à la durée de cette populari
té qui lui avait souri à son avènement.
Beaucoup se confiaient aussi, comme lui, à
la puissance et au prestige historique de son
principe. G'était une illusion; l'événement le
fit bien voir. L'histoire de la monarchie élue
• est à peu près la même. Pourquoine l'avoue-
rions-xTous pas? Sans briser les lois, il est
vrai, mais ayant la prétention de les rendre
immuables, cette monarchie fit des fautes
analogues à celles de sa devancière: elle
provoqua des faits semblables. Élle se crut
et on la crut plus forte qu'elle n'était. Elle
avait résisté à de plus violentas secousses,
quand elle avait su faire de l'union autour
d'elle; elle succomba, quand eUene sut pas
empêcher la division.
Qu'il nous soit permis de le dire; il y a
dans' ce passé des leçons pour tout le mon
de. La révolution de février a créé un pé
ril social qui dépasse par son immensité
tous ceux que les révolutions avaient créés
jusqu'alors. Heureusement le mouvement
d'union ciété a été égal à la grandeur du péril. La
, presque totalité de la France s'est trouvée
concentrée en un grand parti préservateur,
en une espèce d'armée universelle pour le
salut de la civilisation. Cette grande force
de résistance contre les folies et la destruc
tion des novateurs républicains avait le pres
sentiment d'elle-même ; cependant elle ne
s'était pas constatée. Elle agissait sur le pou
voir et la portion abusée du peuple , en
proportion de sa masse énorme et inconnue.
C'est l'instinct de cette puissance du nombre
unis au sens commun qui a inspiré à la
France cette patience admirable dans ses
'UllraniA^, i„■ ' ■. *Va loi, même
quand la loi devenait m 1 / -nent de spo
liation et de ruine; et eni; ^ercice in
telligent du suffrage universt est deve
nu l'arme de défense contre se» inventeurs
et l'instrument de salut. Ainsi, l'immense
majorité des citoyens français était unie dans
un même sentiment sans se compter. Est
venu enfin le scrutin de l'élection pour la
présidence; cette armée gigantesque a su son
chiffre.
Certes, c'était là un chiffre propre à rassu
rer les plus timides. Cinq millions cinq cent
mille voix d'un côté, plus de quatorze cent
mille de l'autre, sept millions de voix enfin,
voilà les forces de l'ordre. Eh bien! nous
disons que le danger commencerait si, de-,
vant ce chiffre-là, n'importe qui se persua
dait que tout danger a disparu. Il faut que
cette majorité n'inspire ni excès de présomp
tion , ni excès de sécurité. La présomption
porterait à ne compter avec personne, sous
prétexte qu'on aurait pour soi tout le
monde. Trop de sécurité amènerait infailli
blement la division. Il n'y a que l'intérêt
de la société tout entière qui produise un si
prodigieux accord ; ne nous disons pas que
la société est sauvée; car dès ce moment cet
accord pourrait cesser, et le péril de la so
ciété renaîtrait.
Considérons au contraire que les difficul
tés sont encore immenses ; que l'union qui
s'est manifestée pour le vote, et qui existe
dans la nation, n'existe pas au même degré
dans la représentation nationale; que*ce vote,
dont le sens est parfaitement clair pour les
gens de bonne foi, et qui signifie le rétablis
sement de l'ordre partout, appliqué cependant
à un nom, se prête aux commentaires les
plus absurdes de tous les partis, même des
partis socialistes; que l'union persistante
des modérés est la seule réponse efficace à
ces interprétations par lesquelles on essaie
de jeter le trouble dans certains esprits.
Considérons que cette digme-élevée par le
suffrage universel contre toutes lés démago
gies, vient forcément se réaliser dans une
Constitution toute nouvelle, un président
nouvellement élu, dont les rapports nor
maux avec l'Assemblée sont provisoirement
suspendus pour de certains cas, et dont les
rapports avec le pouvoir ministériel ne peu
vent pas encore être très nettement déter
minés; que, par conséquent, il y a là des
causes de frottemens et presque de conflits,
si de tous les côtés on n'apporte pas un
grand désir de les prévenir. Considérons
que c'est par les fata'es issues qu'un désac
cord péut ouvrir,' que l'anarchie espère
faire une nouvelle invasion dans l'Etat.
Disons-nous bien que la tâche à accomplir
encore aujourd'hui, c'est d'assurer, de
consolider le salut ae la société, qu'il ne
s'agit pas encore de-ces intérêts secon
daires qui ne peuvent trouver place que
sur un sol affermi, qu'il faut par conséquent
se faire entre toutes les fractions du parti
modéré, entre toute * les branches et toutes
les personnes dont le pouvoir 6e compose,
ces concessions mutuelles quipeuvent seules
maintenir l'accord. Les républicains se sont
montrés ou se sont dits prêts à tout sacrifier
à la République, même la France, même
leur honneur. Que lès modérés sacrifient,
aa moins provisoirement, à l'intérêt de la
société, même un peu de leur liberté de cri
tique à l'égard des actes du Gouvernement.
Là division a été mortelle à des pouvoirs
déjà anciens, comment ne serait-elle pas
funeste à un pouvoir tout nouveau?
L'Assemblée nationale a adopté aujour
d'hui une loi qui autorise la Banque de Fran
ce à prêter au département de la Seine une
somme de trois millions. Ce vote a eu Heu
sans discussion. ,
L'ordre du jour appelait ensuite la dis
cussion de la proposition de M. Morin ayant
pour objet de niodifier les articles 414,415,
416 et suiyans du Code pénal relatifs aux
coalitions. La proposition de M. Morin,
après avoir été examinée par le comité des
travailleurs, a subi un nçuvel examen dans
le comité de législation dont le rapport a été
soumis aujourd'hui à l'Assemblée. M. Morin
voulait que le fait d'association, soit de la
part des patrons, soit delà part des ouvriers,
dans le but de modifier les conditions du
travail, demeurât licite, et ne devînt suscepti
ble d'une pénalité que s'il était accompagné
d'intimidation ou de violence.
Le comité des travailleurs, au contraire,
tout en reconnaissant que le fait de coalition
ne doit pas entraîner nécessairement une
pénalité, croit qu'il doit être réprimé, même
lorsqu'il serait exempt de violence ou d'in
timidation, s'il a eu pour but d'influer injus
tement et abusivement sur la condition du
travail. Le comité de législation avait .cher
ché à concilier les deux systèmes, à donner
des garanties à la sécurité de l'industrie sans
constituer les magistrats arbitres du taux des
salaires.
Mais le comité de législation effaçait de
notre législation le délit de coalition^ en sor
te que toute coalition devenait immédiate
ment licite. M. Léon Faucher n'a point eu
de peine à montrer tout le danger de cette
innovation'; il a été soutenu énergiquement
par MM. Baroche et Rouher: -
M. Corbon a insisté pour défendre la
proposition du comité de législation. M. le
ministre de l'intérieur est remonté à la tri
bune, et, dans une rapide argumentation, il
a établi qu'il y avait contradiction complète
entre les conclusions du comité de législation
etcellesdu comité des travailleurs, que l'As
semblée était en réalité placée non pas en
face d'un projet de loi, mais en présence de
deux propositions diamétralement contrai
res. 11 a conclu à ce que la proposition fût
renvoyée à l'examen'"des bureaux, qui Dom
ineraient une Commission spéciale chargée
de faire un rapport et de formuler un projet
de loi.
L'Assemblée a complètement donné gain
de cause à M. Léon Faucher, en votant le
renvoi aux bureaux.
Nous recevons., tous les jours un grand
nombre de lettres au sujet de la nouvelle or
ganisation du service des postes à partir du
1 er janvier. Plusieurs de nos correspondans
regrettent que l'on n'ait point rendu l'af
franchissement obligatoire, et que l'àdmi-,
nistration, en laissant la faculté de ne pas
affranchir, ait ainsi compliqué un service
qu'il importait de Simplifier en prévision de
l'énorme accroissement dans la correspon
dance qui va résulter dé l'abaissement du
prix. On rappelle à'ce sujet que l'adminis
tration anglaise, lorsqu'elle mit en vigueur
la réforme postale, annonça qu'elle taxerait
au double les lettres non affranchies, et que
cette mesure suffit pour rendre l'affranchis
sement universel.-
Nous n'avons point à examiner cette ques
tion, qui a été tranchée par le décret de
l'Assemblée nationale, quoique dans notre
opinion on doive être amené par la force des
choses à rendre l'affranchissement obliga
toire. L'administration française succom
bera sous le fardeau, et sera contrainte
d'entrer dans la voie où l'ont précédée
les gouvernemens d'Angleterre et d'Amé
rique. Mais cette nécessité est moins ur
gente a"u début de la réforme postale, et il
y aurait quelque inconvénient à rendre
l'affranchissement forcé, lorsqu'on donne au
public aussi peu de facilités pour se procu
rer des timbres-postes.
L'avis publié par M. Etienne Arago, au
sujet de la mise en vente des timbres-pos
tes, a soulevé en effet de nombreuses objec
tions. Un grand nombre de personnes ap
préhendent que la célérité et la régularité
du service des postes n'aient à souffrir de la
vente des timbres, par la ^nécessité où seront
les facteurs d'aller dans'les bureaux se mu
nir d'une quantité suffisante de timbres, de
renouveler leur provision, de déférer aux
demandes des particuliers qui les arrêteront
à chaque instant sur la voie' publiqueet de
tenir note, sur un carnet, de toutes les ven
tes qu'ils opéreront.
D'un autre côté, si l'administration s'op
pose à cette vente dans larue, le public sera
souvent fort embarrassé pour se procurer
les timbres-postes. Les neuf dixièmes des
particuliers , pour ne pas dire plus, ne re
çoivent leurs lettres que par "l'intermédiaire
des concierges et ne se trouvent jamais en
présence des employés de l'administration»
des postes. Ceux qui n'auront pas la précau
tion ou les moyens de faire provision à l'a
vance devront s'adresser aux bureaux d'ar
rondissement , et ne pourront affranchir
leurs lettres qu'au prix d'un déplacement. Il
est cependant de l'intérêt de l'administration
que lès affranchissemens soient aussi nom
breux et, pour cela, aussi faciles que possible.
A ce titre, l'interdiction faite par la direc
tion des postes à tout commerçant ou débi
tant d'avoir et de vendre des timbres-postes
est difficile à comprendre. En Angleterre,
tous )es papetiers et un grand nombre de
commerçans, en s'adressant à l'administra
tion des postes, obtiennent des timbres qu'ils
débitent ensuite au public. L'administration
elle-même se trouve ainsi presque totalement
affranchie des embarras que donne la vente
des timbres au détail. Le public y trouve cet
avantage de pouvoir se procurer des tim
bres sans déplacement, et de n'être pas as
sujetti aux heures d'ouverture et de clôture
des bureaux de l'administration.
Nous croyons que l'administration, tout
en prenant les précautions nécessaires pour
sauvegarderas intérêts du trésor, aurait pu
laisser au commerce une faculté qui était de
FEUILLETON DD CONSTITUTIONNEL, 4 JANV-
LE CABINET NOIR.
TROISIÈME PARTIE
*
LES APOTRES DE NUREMBERG.
CHAPITRE IX.
suite du manuscrit. — l'enfant bleu.
(Suite.)
« Elevés dès lors ensemble, ces deux enfans
grandirent et s'aimèrent comme frère et sœur, et
jamais entre eux ne s'élevait un nuage, n'éiait
que parfois Christiana reprochait à Karl d'être
un peu trop Monsieur sérieux, et de ne pas met
tre dans ses caresses assez d'effusion. Elle ne
savait pas, la pauvre petite, que ceux qui ont
été destinés par la Providence au dur labeur de
Voir notre numéro da 3 janvier.
Teste coproduction, même partielle de cet ouvrage,
Mt interdite, et lernit pourioirie comme contrefaçon.
la pensée, portent en eux un fond de mélancolie
naturelle, et, qu'obligés de mettre une part de
leur cœur dans leur œuvre, ils ont comme un
instinct de concentrer leur sensibilité k l'inté
rieur, et de n'en point faire dépense à tout ins
tant et à tout propos dans le commerce' courant
delà vie.
»Adam Kraft s'était proposé de faire du jeune
Karl un facteur d'instrumens, ét celui-ci tâcha
de son mieux à profiter des leçons de cet habile
maître; mais sa vocation était ailleurs, et, d'a
bord qu'elle se fut révélée, il fut poète ainsi que
Dieu l'avait voulu.
» Les poètes aiment à se plaindre et àsejlamen-
ter ; quand ils n'ont pas de souffrances réelles,
ils s'en forgent d'imaginaires ; ils trouvent que
cela a bon air d'être malheureux. Karl ne manqua
pas d'exploiter le mauvais cas de sa naissance,
et souvent, dans ses vers, il parla en termes fort
touchansdu malheur de n'avoir point de famille,
Mais cela lui fit une querelle avec Christiana.
—Tu n'es donc pas heureux d'être aveenous?
— lui demandait-elle, — je ne suis donc pas ta
sœur? Tu crois donc que d'autres t'auraient
mieux aimé?
» Là dessus,Karl était.obligé de faire de gran
des remises dans le compte de ses douleurs; mais
il se retranchait sur son regret de n'avoir point
connu sa mère, et il semblait que cette sorte de
regret ne dût faire de tort à personne , car s'il y
avait de la concurrence de la part du musicien et
de celle de Christiana, jjour lui être une sœur et
un père, ils ne pouvaient de même prétendre à
lui rendre sa mère, puisque dans la famille, ce
rôle restait vacant.
» Mais Christiana n'entendait rien à ces sub
tilités et à ces raffînemens de tristesse.
— On est heureux, — disait-elle à Karl,
ou on ne l'est pas. Depuis,que tu es venu dans
notre maison, — ajoutait-elle naïvement, —
moi, je suis heureuse. J'aurais bien aimé.ma
mère si elle avait vécu, mais puisque jamais
elle n'a existé pour moi, je ne vais pas cher
cher si je l'ai connue ou pas connue, de manière
à trouver occasion d'être maussade et à faire de
la peine à ceux que je connais , et qui sont là
vivans.
■ » C'était parler de bon sens, et, qui mieux est,
aveenn bon sens venu du cœur; mais justement,
p}us ces deux jeunes'gens avançaient ea âge, et
plus se marquait entre eux une vive dissonance
de caractère et de sentimens.
nature à populariser promptement l'usage
des nouveaux timbres, et elle aurait allégé
ses employés-et ses bureaux d'un service qui
sera probablement fort minutieux et fort pé
nible. En Angleterre , les timbres-postes ,
grâce aux facilités données à leur débit, sont
devenus une véritable monnaie, qui sup
plée, dans la circulation, la monnaie de bil-
lop. M suffit d'ouvrir unjournal anglais pour
y trouver les annoncer de- mille commer
çans qui se chargent d'expédier à domicile
des articles d'un prix réduit, si le client met
dans la lettre de demande la valeur en tim
bres-postes 4e l'objet qu'il veut acquérir.
Il n'est pas sans intérêt de rappeler en
quelques mots l'état de la question posée
entre l'Autriche et la Sardaigne, en présence
de la médiation delà France et de l'Angle
terre, dans les conférences qui s'ouvriront à
Bruxelles.
C'est en l'année 1700 que la maison ré
gnante d'Autriche est entréejen possession du
duché de Milan comme héritière du dernier
duc espagnol du sang de Charles-Quint.
Ce duché, resserré.à cette époque entre jle
Piémont et les Etats de terre ferme de la sé-
rénissime république de Venise, formait une
enclave étroite, une sortg de triangle allon
gé, dont la base était appuyée sur les Al
pes, 4e laSesia à l 'Adige, et dont le sommet
atteignait le Pô vers Crémone. En 1751, la
partie comprise entre la Sesia et le Tesin,
c'est-à-dire le Haut -Milanais , fut cédée au
Piémont.
L'Autriche conserva le reste de ce petit
territoire jusqu'en 1796. — Dépossédée à
cette époque par le général Bonaparte, elle
fut contrainte, un an plus tard, le 29 ger--
ininal 1797, dans les préliminaires de paix
signésà Léoben,de céder en outre à la Fran
ce la Belgique, et de lui accorder pour fron
tière la ligne du Rhin. Comme compensa
tion à ces deux dernières concessions, le gé-,
néral Bonaparte assura à l'Autriche, par un
article secret de ces préliminaires, la pos
session des Etats dè terre-ferme de la répu
blique vénitienne.
Cet état de choses ne dura pas long
temps. Battue de nouveau par le premier
consul à Marengo, l'Autriche fut bientôt
après expulsée de tout le nord de l'Italie, où
élle ne rentra plus qu'après nos désastres de
1814.—Les traités de 1815 lui concédèrent,
sous le nom de royaume lombardo-vénitien,
son ancien duché de Milan, augmenté de
tout le territoire vénitien.
Telle est l'histoire des titres de possession
que peut faire valoir la maison d 'Autriche
aux conférences de Bruxalles. >_
Quant aux droits de la Sardaigne sur la
haute Italie, ils se résument dans un seul
fait qui s'est passé sous nos yeux : à peine
débarrassés du joug autrichien par une insur
rection heureuse, toutes les populations du
royaume lombardo-vénitien etdes duchés de
Modène, de Parme et de Plaisance se sont
empressées dejeonstater, par un vote leur ré
solution de constiluerpar leur fusion avecla
Sardaigne le royaume de la haute Italie. Vai
nement une faction désorganisatrice, mais
peu nombreuse, chercha-t-elle à s'opposer à
cette expression de la volonté de la majorité;
vainement le roi Charles-Albert lui-même,
cédant à d'honorables scrupules, essaya-t-il
d'ajourner le vote jusqu'à la fin. de la
guerre avec l'Autriche ; la haute Italie
vota presqu'à l'unanimité ce qu'elle regar
dait comme le salut de la cause italienne ,
la réunion au Piémont de la Lombardie, de
la Vénétie et des deux duchés.
Dans l'état actuel de l'Europe, à une épo
que où le principe des nationalités et le vœu
des majorités sont reconnus par l'Autriche
elle-même, ' comme base et comme condi
tion de l'existence de tout Etat politique,
la Sardaigne peut se contenter de faire va
loir dans les conférences de Bruxelles le titre
nouveau sur lequel est fondé son droit. II
. existé cependant un autre fait qu'elle pour
rait alléguer auprès des puissances média
trices et dont l'Autriche ne saurait contester
l'exactitude, tant il lui est facile d'en réunir
elle-même les preuves sur ses budgets de dé
pense depuis 1815. ■
Le ministère autrichien né Saurait nier
que les revenus du royaume lombardo-vé
nitien n'ont jamais suffi à couvrir les frais
de l'armée d'occupation, chargée de mainte
nir le système de M. de Metternich en Ita
lie, toutes les fois que le nombre de ces
troupes a dépassé quarante-cinq mille hom
mes.
Or, combien de fois , depuis 1815, s'est
présentée l'obligation de maintenir l'armée
d'occupation au-dessus de ce chiffre? Presque
tous les ans. Le budget lombard a donc été
presque constamment en déficit depuis cette
époque. Et aujourd'hui, quel est le chiffre
de cette armée, d'après les documens autri
chiens ? 100,000 hommes au moins. Les re
venus ont-ils donc augmenté? Ils ne sont et
ne sauraient être que la moitié au plus de là
moyenne des années précédentes. Mais au
moins peut-on prévoir une réduction possi
ble dans cette armée et une augmentation
considérable daps les impôts du territoire
occupe ,par l'Autriche ? Tout homme ins
truit des faits, et qui les juge avec impartia
lité, dira qu'il est impossible de rien espérer
de semblable.
D'un côté, le texte des traités ; de l'autre,
la volonté exprimée des nations, et une pro
testation constante de leur part contre une
occupation qui ne subsiste que par la force ;
voilà le problème entre les deux Etats.
Puisse t-il être résolu pacifiquèment dans le
sens du droit que les nations ont de dispo
ser d'elles-mêmes.
M. le marquis Ricci, envoyé de Sardai
gne, a quitté Paris pour retourner à Turin,
où il était mandé par son gouvernement.
Quelques journaux ont tiré de ce départ des
interprétations erronées ; ils ont supposé à
tortque l'idée d'un congrès à Bruxelles avait
été abandonnée. Le jour même où M. Ricci
était appelé à Turin, le gouvernement sarde
adressait au cabinet dé Londres et à celui de
Paris, une note par laquelle il déclarait que
la présence de M. le marquis Ricci à Turin
lui avait paru désirable, et que l'intention
du cabinet de Turin était de donner à cet
envoyé un successeur muni des mêmes pou
voirs. Cette note a été parfaitement accueil
lie des deux cabinets auxquels elle était
adressée." *
la proposition de M. Rateau , tendant à
fixer au 4 mars prochain lés élections géné
rales pour l'Assemblée législative, n'a été
repoussée dans le sein du comité de législa
tion que par 19 ,voix contre 18. Le comité
de législation s'est divisé sur la même pro
position à 15 voix contre 15.
La question ne saurait donc être considé
rée comme préjugée, et on doit s'attendre à
une discussion très animée dans l'Assemblée;
mais il est impossible que la sagesse de la
représentation nationale ne la tranche pas,
à la fin, dans le sens jde l'opinion du pays,
qui appelle évidemment des élections pro
chaines.
La liste arrêtée hier k la réunion de la rue de
Poitiers pour les candidats à la vice-présidence
de l'Assemblée a été modifiée aujourd'hui ainsi
qu'il suit :
MM. leg'énéral Bedeau, Bisio, deRémusat, Vi
vien, Baraguey-d'Hilliers et de Larcy.
Les secrétaires proposés sont : .
MM. Parrieu, Amable Jullien, Victor Lefranc,
en remplacement des deux secrétaires sortans et
deM. fctnile Lcnglet, démissionnaire.
C'est le 5 que doit être renouvelée une partie
du bureau.
NOUVELLES ÉT&AIÏGÈHES.
ESPAGNE.
Dans la séance du congrès du 27 décembre,
plusieurs députés progressistes ont présenté une
proposition pour demander que le gouverne
ment déposât sur le bureau 3e la chambre tou
tes les piècés relatives à l'affaire des passeports
donnés à sir Henry Lytton Buhver. M. le mi
nistre des affaires étrangères a déclaré que celte
affaire avait perdu le caractère d'irritation qu'elle
avait eu à une autre époque, et que ce ne serait
pasjle ministre qui chercherait maintenant à
l'envenimer ; mais que, cependant, il était prêt
à déposer les documens en question. [Sur ce, les
auteurs de la proposition déclarèrent qu'ils
étaient satisfaits et retirèrent leur proposition 1 .
Voici,, du reste, ce que contient le projet d'a
dresse au sujet des rapports avec les puissances
étrangères.
• « Le congrès a été charmé d'apprendre de la bou-
cjie de Votre Majesté que lies relations avec les
puissf nces étrangères, se sont développées considé
rablement , les gouvernemens de Prusse, de Sardai
gne, d'Autriche et de Toscane ayant envoyé succes
sivement leurs représentai auprès de l'illustre per
sonne de Votre Majesté.
».La chambre a appris avec un plaisir non.moins
sincèrè (con placer no menas sincero) que l'on a éta
bli avec la République française des relations ami
cales qui ont toujours eu lieu entre deux peuples
unis par tant et de si anciens nœuds.
» Votre Majesté a dit que des événemens désa
gréables qu'il n'a pas été possible à votre gouver
nement d'éviter, ont oceasioné l'interruption des
relations diplomatiques avec l'Angleterre Le congrès
participe à votre confiance dans le rétablissement de
ces relations, ainsi qu'il convient à deux nations
amies, jalouses toutes deux de leur indépendance et
de leur dignité, rétablissement qui aura lieu aussitôt
que les actes et les intentions du gouvernement de
Votre Majesté auront été dûment appréciés. Le con
grès' applaudît à l'offre d'asile faite au souverain
pontife. 11 y trouve l'expression des sentimens de
l'Espagne, toujours . catholique et religieuse, et il
exalte la fidélité du sentiment monarchique et reli
gieux du peuple espagnol ; son amour pour la véri
table liberté, et son dévoûment inébranlable au trô
ne et aux institutions, au milieu des commotions
inattendues et profondes qui ont agité l'Europe.
ÎWX DE Xi'ABONNEMENT I
étrang.
14 F.
28
86 -
Les abtmncmens datent des 1 er et W do chaque mois.
bureaux a paius:
Rue du 24 Février, 10 (ci-devant de Valois).
i • T
JyCS annonces sont reçues, de 11 à 4 heures
au bureau du Journal.
.» Toute annonce doit être agréée par le gérant.
[" S'adresser -franco, pour l'administration,
j. à m. denauv, directeur.
diOtoires. Tandis que le Fomento du 28 annonce
que le SX, le capitaine -général Cordova est en-
tre à Vich qiïî? l'on disait assiégé par^ les carlis- ,
tes, sans faire meïî^ 0 ï 1 .. ( \ ,auc " Qe . affaire impor
tante 1 , voici ce qu'on lit I e î ourna l I e ^ eu ~ 1
p le, publié le"31 à Bayonne ■ 7 '
« Dérôute complète de l'armée"{j®*®
commandée par ie capitaine général' '
laConcha, en personne.—Un exprès, partl u.' ,
le 26 du courant,-nous porte l'importante nowf&u e
qui*-suit-: vient d'à iivïtr, sz■
la bataille la plus sanglante et la plus décisive, qui
ne peut se comparer à aucune de ses affaires précé- -
dentes. Ce général carliste était à la tête de soii ar
mée, réunie au nombre de plus de 10,000 hommes, •.
et il à complètement mis en déroute l'armée de la
reine, forte de 14,000 hommesde toutes armes, com- ,
mandée par le général Concha en personne.
» Voici les résultats certains, positifs, de cette ac
tion qui a été terrible : quatre escadrons de cavale
rie et i',200..fantassins, des compagnies d'élite de
l'armée de la.reine ont été faits prisonniers; le reste
s'est enfui dans toutes les directions, et lè brave gé
néral factieux, quoique légèrement bltssé d'une bal
le à la tête, s'est élancé à la poursuite des "vaincus.» ,
AUTRICHE.
Les nouvelles de Catalogne sont fort contra-
Rien d'officiel encore sur les progrès du corps
principal de l'armée impériale en Hongrie. Le
général Welden, gouverneur de Vienne, publie
un bulletin dans lequel il annonce, que le 14 dé a
cembre, Arad, ville fortifiée du Bannat, & été ,
dégagée par les troupes autrichiennes'; l'ennemi/ ,
fort de 15,000 hommes, aérait été mis en fuite ;
et forcé de traverser la rivière de Charos. Msfià '
ces opérations sur les derrières des forces hon
groises n'ont qu'une importance secondaire. «Le
résultat décisif ne peut être obtenu que par
les corps d'armée commandés par les généraux i.
Windischgraetz et Jellachich. Les lettres par
ticulières, dit la Gazette ds Prague, annoncent •
la prise de Raab par ce dernier; mais cette nou- •
velle mérite encore confirmation.
On lit dans le Correspondantde Nuremberg i
« L'armée impériale a déjà pénétré vlctorlëuse
jusqu 'au-delà de Raab. Kossuth est entouré à Pesth 1
d'un parti qui peut l'arrêter et le livrer à la nou
velle de l'approche des Autrichiens.
» Après la prise de Presbourg, le prince de Win-'
dischgraetz ayant ordonné d'arborer l'étendard au
trichien, quelques Hongrois voulurent s'y opposer.
Le feld-maréchal répondit : « Les Hongrois, eux-
mêmes, ont déclaré la pragmatique sanction abolie.
Ils ne doivent donc pas s'étonner que l'Autriche v
consente et traite désormais la Hongrie ainsi que l'a
Bohême, comme une province de la monarchie. »
On écrit d'Ôllmuiz, le 26 décembre :
« Le pouvoir central allemand a envoyé ici le '
prince de Furstemberg pour féliciter l'empereur 5»
l'occasion de son avènement au trône.
» Les volontaires slovaques ont été obligés de sé
retirer vers la frontière de la Silésie, faute de-vivres.
Les Magyares ont dévasté à un tel point les villages,
qu'il est impossible d'y trouver une poule, même en
la payant fort cher. D'après des nouvelles particu
lières, les volontaires slovaques se sont, jusqu'à ce
moment, bien soutenus, et ils ont le meilleur es
poir. »
La Gazette de Lemberg, en Gallicie, publie
plusieurs bulletins sur les opérations du corps
d'armée impérial, commandé par le général
Schlick, dans le nord de la Hongrie. Voici ce •
qu'ils contiennent en résumé : 1
» Le lieutenant-feld-maréchal comte Schlick e;t
entré le 8 décembre dans Barlfeld, après avoir fait
avancér les avant-postes de la brigade Firdlér jus
qu 'au-delà de Kluso, vers Eperies. A l'exception de
trente barricades et trois grands fossés qui gardaient
la grande route près de la frontière, son passage
par les Garpathes ne rencontra aucun obstacle.
» Les campagnards, d'abord effrayés, accueilli
rent ensuite les troupes avec joie. Bien qu'un jour
de repos parût nécessaire aux troupes, le maré
chal ne put s'y décider, dans, la.crainte de laisser
aux insurgés le temps de se;concentrer à Eperies;
Il s'y rendit et quitta cette ville le 4 0 décembre vers
minuit. Son corps était composé de 6 bataillons, 5 .
escadrons et 3 batteries.
» Versmidi. il rencontra près du village de Le-
mezan, l'ennemi fort de trois bataillons de gardes,
de quelques compagnies de garde nationale, d'une
légion polonaise et d'environ 20,000 paysans armés;
ces troupes avaient avec elles un nombre considéra
ble de canons. L'artillerie joua très heureusement,
et la résistance fut opiniâtre.
» Après un combat de plusieurs heures, le maré
chal entra avec , son corps à Kaschau. L'ennemi a
perdu deux canons et beaucoup d'hommes. On lui a
fait environ 400 prisonniers. »
Le Moniteur prussien publie l'extrait suivant
d'une correspondance de Saint-Pétersbourg, sur
le voyage du grand-duc Constantin de Russie à
Ollmutz :
« Le grand-duc Constantin, parti pour Ollmutz,
dans la nuit du 18 au 49 décembre, est chargé par
S. M. l'empereur, de féliciter l'empereur François-
Joseph I er , à l'occasion de son avènement au trônp.
Le czar a chargé son (ils de cette mission pour don
ner une preuve de l'importance qu'il attache à la
conservation des relations de confiance et d'amitié
qui ont, jusqu'à ce jour, existé entre les deux famil
les impériales.
» D'Ollmutz, le prince se rendra à Prague auprès
de l'empereur Ferdinand, pour lui exprimer les\
sentimens de sympathie de S. M. l'empereur de
Russie.» '
ITALIE.
Le Risorgimento, journal de l'ancien minis
tère piémontais, publie sur le nouveau cabinet
et sur la dissolution de la chambre un article
dont nous extrayons les passages suivans :
c La chambre sera dissoute ; et pourquoi ? Le mi
nistère aurait eu la majorité. Les hommes qui avaient
soutenu Pinelli reconnaissaient tous la parfaite con
formité entre l'ancien et le nouveau programme.
Ils sont tous, il est vrai , ritronrades, ils n'ont pas
la parole efficace (dont parle l'Opinione), mais enfin
» Avec une ame aimante et capable de toute la
profondeur des attachemens, Christiana avait la
raison droite, la tête saine et bien rangée. Ne
mettant point finesse au r61e de la femme, elle
pensait, qu'être belle autant que faire se peut",
aimer pendant quelque temps un honnête hom
me; devenir sa promise, et, bientôt après, sa
compagne ; élever ensuite les'enfans et conduire
le ménage en tâchant d'y maintenir l'ordre, l'é
conomie et la bonne humeur, c'est toute la loi et
lès prophètes, et jamais elle ne rêvait au delà.
» Au contraire Karl était de ceux qui jamais ne
savent) ep se le demandant sans cesse, où mène
l'étroit sentier de la vie. Connaître leur voie leur
paraîtrait écœurant, insoutenable;-ne la point
connaître leur semble un supplice affreux. De là,
concluant que l'homme n'a point été fait pour
les chemins terrestres, ils montent sur les ailes
de leur fantaisie, et cherchent des routes aérien
nes oiiles bruits et les, fades senteurs de la:vie
positive ne parviennent plus jusqu'à eux. C'est
aussi dans ces hautes régions qu'ils doivent à la
fin rencontrer quelque fille du ciel qui n'ait ja
mais dégradé sa nature à écrire un livre de dé
penses, ou à faire les conserves ou la pâtisserie.
Pour 4'autres femmes, ils pavent avoit tous les
sentimens tendres , l'affection, la pitié, le dé
voûment même, dans un degré profond ; mais
leur amour, jamais ils ne l'accortleront aux qua
lités solides; pour aller à leur cœur, il faut d'a
bord passer par leur imagination.
» Partis ensemble, mais arrivés à un endroit où
leur route en quelque sorte se bifurquait, la jeu
ne fille et son ami le poète, n'avaient plus long
temps à marcher ensemble, et chaque jour ils
s'éloignaient davantage du dénoôment où, sans
se l'être dit encore, tendait la commune pensée
de Christiana et d'Adam Kraft, mais qqe Karl
n'avait jamais eu en vue.
» Sur ces entrefaites, arriva devienne à Ham
bourg un personnage important. C'était un com
missaire que l'empereur Léopold I e ' envoyait
dans la ville libre impériale, sur laquelle il
exerçait un droit de suzeraineté. La mission du
diplomate allait à concilier de très anciens dé
bats soulevés entre le sénat et la bourgeoisie et
qui auraient pu, si on les avait laissés plus long
temps fermenter et s'aigrir j aboutir à une révo
lution. •
» La conciliation devant être difficile et longue,
le commissaire impérial, qui s'appelait le comte
de Nesselbourg, avait amené avec lui toute sa
maison. •
»La comtesse de Nesselbourg étai t très remar
quablement belle, et son mari en était jaloux au
possible, mais avec cette nuance que du furieux
souci conjugal qui le tourmentait, il ne voulait
rien laisser deviner. Admettre qu'une femme
puisse vous tromper, c'était, à son avis, une dé
claration que l'on faisait soi-même de l'infério
rité de son propre mérite. On pouvait se dire
ces sortes de choses à soi-même ; mais, vis-à-vis
du public, tout l'extérieur d'une confiance abso
lue et entière lui était conseillé par sa vanité.
» Karl vit Mme de Nesselbourg; elle lui réa
lisait tout l'idéal qu'il n'avait jamais rencontré,
ni dans Christiana ni ailleurs ; il en devint donc
amoureux comme un poète, et, il faut ajouter
comme un homme qui, sentant toute l'absurdité
de sa passion, cédait néanmoins à son entraî
nement.
» A dater de ce moment, il devint de moins en #
moins assidu à l'atelier d'Adam Kraft, alla passer
des journées entières sur les bords de 1 ' Alster (1 ),
eut pour Christiana des paroles aigres et impa
tientes, et cessa d'être pour elle, même un frère
(1) Rivière qui passe à Hambourg:.
***. ign » *> „
► sa*
PRIX BE l'AjBQOTJEfiïEBïT i
rAîlIS. DÉFAUT. ! ÉTRAA'G
8 V. 11 F. | 14 F.
16 ' 22 I 28
32
B
NUMERO 4*
trois mois.
SIX fttOIS.. ..
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Les abonncmens datent dea 1 er et 10 de chaque qiois,
BUIU3AUX? A PARIS :
Rue du 24 Février, 10 (ci-devant dq Valois)
On s'abonne dans les département, aux messageries ej
au* directions (les poslea. — A Londres, clic* M.V. Coidc/^v
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pabis.
défaut.
trois mois...
8 f.
11 f.
six mois
16
2a
ii.v an
32
44
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
53
PARIS, 5 JANVIER.
Quand on compare les phases convulsives
pal - lesquelles a passé la France depuis le
24 février, à rôiit calme et surtout à cet
espoir de renaissance universel le amené par
le vote du 10 décembre, manifestation ex
traordinaire de sept millions d'hommes pour
le rétablissement de l'ordre, on a peine à
comprendre comment, d'un tel point de dé
part, il a été possible d'atteindre un tel point
d'arrivée en dix mois de temps. Il y a pour
ainsi dire de l'un à l'autre la différence de
la patrie perdue à la patrie retrouvée. Il faut,
répétons-le, que toutes les fractions du par
ti modéré se soient admirablement condui
tes poui; avoir fait un pareil chemin. Et
cependant, nous tous qui sommes de ce par
ti, gardons-nous bien, comme nous le con
seillent charitablement les socialistes, gar
dons-nous d'un excès de confiance dans la
stabilité de cet ordre si péniblement recon
quis. Ils sont attachés à nos flancs, ces so
cialistes, à ce qu'ils disent. Selon nous, ce
que nous avons à craindre, c'est moins leurs
menaces, que nos propres illusions. Le plus
grand de nos dangers serait dans l'exagéra-
tian de notre sécurité.
Consultons les leçons de notre propre ex
périence. Nous y apprendrons ceci, c'est que
quand notre société française est en péril,
elle a des trésors de bon sens et de courage
pour le vaincre et pour le faire cesser ; et
quand elle se croit, au contraire, à l'abri du
péril, elle a ' toutes les fantaisies et toute
l'imprudence qu'il faut pour lé. faire naî
tre. Depuis l'immortelle révolution de 89,
qui fat une nécessité de justice, et le vœu à
peu près unanime de la nation, les gouver-
nemens et les oppositions n'ont subi ou n'ont
fait que des révolutions dont les premiers
pouvaient facilement se garantir, et dont
les secondes, dansletirmajorité ou du moins
dans leur portion la plus influente, ne .vou
laient pas. C'est ce qu'on a vu sous la res
tauration. Tant que ceux qui l'avaient sou
haitée, la regardèrent comme mal affermie,
ils se réunirent pour la défendre, et elle se
soutint ; quand elle leur parut inébranlable,
ils se divisèrent, et èlle tomba. Rien de plus
dangereux pour un pouvoir, què de se faire
une idée exagéréedesa force; car, cette idée,
il la donne de lui à ses adversaires, en mê
me temps qu'il l'a de lui-même, et comme
il ose, en proportion de la force qu'il se
suppose, ses adversaires règlent aussi leurs
attaques sur cette fausse mesure; alors le
pouvoir entreprend au-delà de ce qu'il peut
et se perd ; l'opposition, élevant l'effort au-
dessus de ja résistance, brise violemment,
,à son insu et malgré elle, ce qu'elle voulait
seulement faire plier.
La chute dé la royauté légitime fut l'effet
d'une illusion commune au pouvoir et pour
le moins à; là portion dissidente des anciens
royalistes, sur la force réelle de cette royauté.
L'illusion était naturellé. Cette royauté avait
déjà duré quinze ans. Elle avait, été repré
sentée sur le trône d'abord par un prince ha
bile et ensuite par un prince chevaleresque,
dont les premières paroles et les premiers
actes avaient séduit le cœur de la nation.
Charles X crut à la durée de cette populari
té qui lui avait souri à son avènement.
Beaucoup se confiaient aussi, comme lui, à
la puissance et au prestige historique de son
principe. G'était une illusion; l'événement le
fit bien voir. L'histoire de la monarchie élue
• est à peu près la même. Pourquoine l'avoue-
rions-xTous pas? Sans briser les lois, il est
vrai, mais ayant la prétention de les rendre
immuables, cette monarchie fit des fautes
analogues à celles de sa devancière: elle
provoqua des faits semblables. Élle se crut
et on la crut plus forte qu'elle n'était. Elle
avait résisté à de plus violentas secousses,
quand elle avait su faire de l'union autour
d'elle; elle succomba, quand eUene sut pas
empêcher la division.
Qu'il nous soit permis de le dire; il y a
dans' ce passé des leçons pour tout le mon
de. La révolution de février a créé un pé
ril social qui dépasse par son immensité
tous ceux que les révolutions avaient créés
jusqu'alors. Heureusement le mouvement
d'union
, presque totalité de la France s'est trouvée
concentrée en un grand parti préservateur,
en une espèce d'armée universelle pour le
salut de la civilisation. Cette grande force
de résistance contre les folies et la destruc
tion des novateurs républicains avait le pres
sentiment d'elle-même ; cependant elle ne
s'était pas constatée. Elle agissait sur le pou
voir et la portion abusée du peuple , en
proportion de sa masse énorme et inconnue.
C'est l'instinct de cette puissance du nombre
unis au sens commun qui a inspiré à la
France cette patience admirable dans ses
'UllraniA^, i„■ ' ■. *Va loi, même
quand la loi devenait m 1 / -nent de spo
liation et de ruine; et eni; ^ercice in
telligent du suffrage universt est deve
nu l'arme de défense contre se» inventeurs
et l'instrument de salut. Ainsi, l'immense
majorité des citoyens français était unie dans
un même sentiment sans se compter. Est
venu enfin le scrutin de l'élection pour la
présidence; cette armée gigantesque a su son
chiffre.
Certes, c'était là un chiffre propre à rassu
rer les plus timides. Cinq millions cinq cent
mille voix d'un côté, plus de quatorze cent
mille de l'autre, sept millions de voix enfin,
voilà les forces de l'ordre. Eh bien! nous
disons que le danger commencerait si, de-,
vant ce chiffre-là, n'importe qui se persua
dait que tout danger a disparu. Il faut que
cette majorité n'inspire ni excès de présomp
tion , ni excès de sécurité. La présomption
porterait à ne compter avec personne, sous
prétexte qu'on aurait pour soi tout le
monde. Trop de sécurité amènerait infailli
blement la division. Il n'y a que l'intérêt
de la société tout entière qui produise un si
prodigieux accord ; ne nous disons pas que
la société est sauvée; car dès ce moment cet
accord pourrait cesser, et le péril de la so
ciété renaîtrait.
Considérons au contraire que les difficul
tés sont encore immenses ; que l'union qui
s'est manifestée pour le vote, et qui existe
dans la nation, n'existe pas au même degré
dans la représentation nationale; que*ce vote,
dont le sens est parfaitement clair pour les
gens de bonne foi, et qui signifie le rétablis
sement de l'ordre partout, appliqué cependant
à un nom, se prête aux commentaires les
plus absurdes de tous les partis, même des
partis socialistes; que l'union persistante
des modérés est la seule réponse efficace à
ces interprétations par lesquelles on essaie
de jeter le trouble dans certains esprits.
Considérons que cette digme-élevée par le
suffrage universel contre toutes lés démago
gies, vient forcément se réaliser dans une
Constitution toute nouvelle, un président
nouvellement élu, dont les rapports nor
maux avec l'Assemblée sont provisoirement
suspendus pour de certains cas, et dont les
rapports avec le pouvoir ministériel ne peu
vent pas encore être très nettement déter
minés; que, par conséquent, il y a là des
causes de frottemens et presque de conflits,
si de tous les côtés on n'apporte pas un
grand désir de les prévenir. Considérons
que c'est par les fata'es issues qu'un désac
cord péut ouvrir,' que l'anarchie espère
faire une nouvelle invasion dans l'Etat.
Disons-nous bien que la tâche à accomplir
encore aujourd'hui, c'est d'assurer, de
consolider le salut ae la société, qu'il ne
s'agit pas encore de-ces intérêts secon
daires qui ne peuvent trouver place que
sur un sol affermi, qu'il faut par conséquent
se faire entre toutes les fractions du parti
modéré, entre toute * les branches et toutes
les personnes dont le pouvoir 6e compose,
ces concessions mutuelles quipeuvent seules
maintenir l'accord. Les républicains se sont
montrés ou se sont dits prêts à tout sacrifier
à la République, même la France, même
leur honneur. Que lès modérés sacrifient,
aa moins provisoirement, à l'intérêt de la
société, même un peu de leur liberté de cri
tique à l'égard des actes du Gouvernement.
Là division a été mortelle à des pouvoirs
déjà anciens, comment ne serait-elle pas
funeste à un pouvoir tout nouveau?
L'Assemblée nationale a adopté aujour
d'hui une loi qui autorise la Banque de Fran
ce à prêter au département de la Seine une
somme de trois millions. Ce vote a eu Heu
sans discussion. ,
L'ordre du jour appelait ensuite la dis
cussion de la proposition de M. Morin ayant
pour objet de niodifier les articles 414,415,
416 et suiyans du Code pénal relatifs aux
coalitions. La proposition de M. Morin,
après avoir été examinée par le comité des
travailleurs, a subi un nçuvel examen dans
le comité de législation dont le rapport a été
soumis aujourd'hui à l'Assemblée. M. Morin
voulait que le fait d'association, soit de la
part des patrons, soit delà part des ouvriers,
dans le but de modifier les conditions du
travail, demeurât licite, et ne devînt suscepti
ble d'une pénalité que s'il était accompagné
d'intimidation ou de violence.
Le comité des travailleurs, au contraire,
tout en reconnaissant que le fait de coalition
ne doit pas entraîner nécessairement une
pénalité, croit qu'il doit être réprimé, même
lorsqu'il serait exempt de violence ou d'in
timidation, s'il a eu pour but d'influer injus
tement et abusivement sur la condition du
travail. Le comité de législation avait .cher
ché à concilier les deux systèmes, à donner
des garanties à la sécurité de l'industrie sans
constituer les magistrats arbitres du taux des
salaires.
Mais le comité de législation effaçait de
notre législation le délit de coalition^ en sor
te que toute coalition devenait immédiate
ment licite. M. Léon Faucher n'a point eu
de peine à montrer tout le danger de cette
innovation'; il a été soutenu énergiquement
par MM. Baroche et Rouher: -
M. Corbon a insisté pour défendre la
proposition du comité de législation. M. le
ministre de l'intérieur est remonté à la tri
bune, et, dans une rapide argumentation, il
a établi qu'il y avait contradiction complète
entre les conclusions du comité de législation
etcellesdu comité des travailleurs, que l'As
semblée était en réalité placée non pas en
face d'un projet de loi, mais en présence de
deux propositions diamétralement contrai
res. 11 a conclu à ce que la proposition fût
renvoyée à l'examen'"des bureaux, qui Dom
ineraient une Commission spéciale chargée
de faire un rapport et de formuler un projet
de loi.
L'Assemblée a complètement donné gain
de cause à M. Léon Faucher, en votant le
renvoi aux bureaux.
Nous recevons., tous les jours un grand
nombre de lettres au sujet de la nouvelle or
ganisation du service des postes à partir du
1 er janvier. Plusieurs de nos correspondans
regrettent que l'on n'ait point rendu l'af
franchissement obligatoire, et que l'àdmi-,
nistration, en laissant la faculté de ne pas
affranchir, ait ainsi compliqué un service
qu'il importait de Simplifier en prévision de
l'énorme accroissement dans la correspon
dance qui va résulter dé l'abaissement du
prix. On rappelle à'ce sujet que l'adminis
tration anglaise, lorsqu'elle mit en vigueur
la réforme postale, annonça qu'elle taxerait
au double les lettres non affranchies, et que
cette mesure suffit pour rendre l'affranchis
sement universel.-
Nous n'avons point à examiner cette ques
tion, qui a été tranchée par le décret de
l'Assemblée nationale, quoique dans notre
opinion on doive être amené par la force des
choses à rendre l'affranchissement obliga
toire. L'administration française succom
bera sous le fardeau, et sera contrainte
d'entrer dans la voie où l'ont précédée
les gouvernemens d'Angleterre et d'Amé
rique. Mais cette nécessité est moins ur
gente a"u début de la réforme postale, et il
y aurait quelque inconvénient à rendre
l'affranchissement forcé, lorsqu'on donne au
public aussi peu de facilités pour se procu
rer des timbres-postes.
L'avis publié par M. Etienne Arago, au
sujet de la mise en vente des timbres-pos
tes, a soulevé en effet de nombreuses objec
tions. Un grand nombre de personnes ap
préhendent que la célérité et la régularité
du service des postes n'aient à souffrir de la
vente des timbres, par la ^nécessité où seront
les facteurs d'aller dans'les bureaux se mu
nir d'une quantité suffisante de timbres, de
renouveler leur provision, de déférer aux
demandes des particuliers qui les arrêteront
à chaque instant sur la voie' publiqueet de
tenir note, sur un carnet, de toutes les ven
tes qu'ils opéreront.
D'un autre côté, si l'administration s'op
pose à cette vente dans larue, le public sera
souvent fort embarrassé pour se procurer
les timbres-postes. Les neuf dixièmes des
particuliers , pour ne pas dire plus, ne re
çoivent leurs lettres que par "l'intermédiaire
des concierges et ne se trouvent jamais en
présence des employés de l'administration»
des postes. Ceux qui n'auront pas la précau
tion ou les moyens de faire provision à l'a
vance devront s'adresser aux bureaux d'ar
rondissement , et ne pourront affranchir
leurs lettres qu'au prix d'un déplacement. Il
est cependant de l'intérêt de l'administration
que lès affranchissemens soient aussi nom
breux et, pour cela, aussi faciles que possible.
A ce titre, l'interdiction faite par la direc
tion des postes à tout commerçant ou débi
tant d'avoir et de vendre des timbres-postes
est difficile à comprendre. En Angleterre,
tous )es papetiers et un grand nombre de
commerçans, en s'adressant à l'administra
tion des postes, obtiennent des timbres qu'ils
débitent ensuite au public. L'administration
elle-même se trouve ainsi presque totalement
affranchie des embarras que donne la vente
des timbres au détail. Le public y trouve cet
avantage de pouvoir se procurer des tim
bres sans déplacement, et de n'être pas as
sujetti aux heures d'ouverture et de clôture
des bureaux de l'administration.
Nous croyons que l'administration, tout
en prenant les précautions nécessaires pour
sauvegarderas intérêts du trésor, aurait pu
laisser au commerce une faculté qui était de
FEUILLETON DD CONSTITUTIONNEL, 4 JANV-
LE CABINET NOIR.
TROISIÈME PARTIE
*
LES APOTRES DE NUREMBERG.
CHAPITRE IX.
suite du manuscrit. — l'enfant bleu.
(Suite.)
« Elevés dès lors ensemble, ces deux enfans
grandirent et s'aimèrent comme frère et sœur, et
jamais entre eux ne s'élevait un nuage, n'éiait
que parfois Christiana reprochait à Karl d'être
un peu trop Monsieur sérieux, et de ne pas met
tre dans ses caresses assez d'effusion. Elle ne
savait pas, la pauvre petite, que ceux qui ont
été destinés par la Providence au dur labeur de
Voir notre numéro da 3 janvier.
Teste coproduction, même partielle de cet ouvrage,
Mt interdite, et lernit pourioirie comme contrefaçon.
la pensée, portent en eux un fond de mélancolie
naturelle, et, qu'obligés de mettre une part de
leur cœur dans leur œuvre, ils ont comme un
instinct de concentrer leur sensibilité k l'inté
rieur, et de n'en point faire dépense à tout ins
tant et à tout propos dans le commerce' courant
delà vie.
»Adam Kraft s'était proposé de faire du jeune
Karl un facteur d'instrumens, ét celui-ci tâcha
de son mieux à profiter des leçons de cet habile
maître; mais sa vocation était ailleurs, et, d'a
bord qu'elle se fut révélée, il fut poète ainsi que
Dieu l'avait voulu.
» Les poètes aiment à se plaindre et àsejlamen-
ter ; quand ils n'ont pas de souffrances réelles,
ils s'en forgent d'imaginaires ; ils trouvent que
cela a bon air d'être malheureux. Karl ne manqua
pas d'exploiter le mauvais cas de sa naissance,
et souvent, dans ses vers, il parla en termes fort
touchansdu malheur de n'avoir point de famille,
Mais cela lui fit une querelle avec Christiana.
—Tu n'es donc pas heureux d'être aveenous?
— lui demandait-elle, — je ne suis donc pas ta
sœur? Tu crois donc que d'autres t'auraient
mieux aimé?
» Là dessus,Karl était.obligé de faire de gran
des remises dans le compte de ses douleurs; mais
il se retranchait sur son regret de n'avoir point
connu sa mère, et il semblait que cette sorte de
regret ne dût faire de tort à personne , car s'il y
avait de la concurrence de la part du musicien et
de celle de Christiana, jjour lui être une sœur et
un père, ils ne pouvaient de même prétendre à
lui rendre sa mère, puisque dans la famille, ce
rôle restait vacant.
» Mais Christiana n'entendait rien à ces sub
tilités et à ces raffînemens de tristesse.
— On est heureux, — disait-elle à Karl,
ou on ne l'est pas. Depuis,que tu es venu dans
notre maison, — ajoutait-elle naïvement, —
moi, je suis heureuse. J'aurais bien aimé.ma
mère si elle avait vécu, mais puisque jamais
elle n'a existé pour moi, je ne vais pas cher
cher si je l'ai connue ou pas connue, de manière
à trouver occasion d'être maussade et à faire de
la peine à ceux que je connais , et qui sont là
vivans.
■ » C'était parler de bon sens, et, qui mieux est,
aveenn bon sens venu du cœur; mais justement,
p}us ces deux jeunes'gens avançaient ea âge, et
plus se marquait entre eux une vive dissonance
de caractère et de sentimens.
nature à populariser promptement l'usage
des nouveaux timbres, et elle aurait allégé
ses employés-et ses bureaux d'un service qui
sera probablement fort minutieux et fort pé
nible. En Angleterre , les timbres-postes ,
grâce aux facilités données à leur débit, sont
devenus une véritable monnaie, qui sup
plée, dans la circulation, la monnaie de bil-
lop. M suffit d'ouvrir unjournal anglais pour
y trouver les annoncer de- mille commer
çans qui se chargent d'expédier à domicile
des articles d'un prix réduit, si le client met
dans la lettre de demande la valeur en tim
bres-postes 4e l'objet qu'il veut acquérir.
Il n'est pas sans intérêt de rappeler en
quelques mots l'état de la question posée
entre l'Autriche et la Sardaigne, en présence
de la médiation delà France et de l'Angle
terre, dans les conférences qui s'ouvriront à
Bruxelles.
C'est en l'année 1700 que la maison ré
gnante d'Autriche est entréejen possession du
duché de Milan comme héritière du dernier
duc espagnol du sang de Charles-Quint.
Ce duché, resserré.à cette époque entre jle
Piémont et les Etats de terre ferme de la sé-
rénissime république de Venise, formait une
enclave étroite, une sortg de triangle allon
gé, dont la base était appuyée sur les Al
pes, 4e laSesia à l 'Adige, et dont le sommet
atteignait le Pô vers Crémone. En 1751, la
partie comprise entre la Sesia et le Tesin,
c'est-à-dire le Haut -Milanais , fut cédée au
Piémont.
L'Autriche conserva le reste de ce petit
territoire jusqu'en 1796. — Dépossédée à
cette époque par le général Bonaparte, elle
fut contrainte, un an plus tard, le 29 ger--
ininal 1797, dans les préliminaires de paix
signésà Léoben,de céder en outre à la Fran
ce la Belgique, et de lui accorder pour fron
tière la ligne du Rhin. Comme compensa
tion à ces deux dernières concessions, le gé-,
néral Bonaparte assura à l'Autriche, par un
article secret de ces préliminaires, la pos
session des Etats dè terre-ferme de la répu
blique vénitienne.
Cet état de choses ne dura pas long
temps. Battue de nouveau par le premier
consul à Marengo, l'Autriche fut bientôt
après expulsée de tout le nord de l'Italie, où
élle ne rentra plus qu'après nos désastres de
1814.—Les traités de 1815 lui concédèrent,
sous le nom de royaume lombardo-vénitien,
son ancien duché de Milan, augmenté de
tout le territoire vénitien.
Telle est l'histoire des titres de possession
que peut faire valoir la maison d 'Autriche
aux conférences de Bruxalles. >_
Quant aux droits de la Sardaigne sur la
haute Italie, ils se résument dans un seul
fait qui s'est passé sous nos yeux : à peine
débarrassés du joug autrichien par une insur
rection heureuse, toutes les populations du
royaume lombardo-vénitien etdes duchés de
Modène, de Parme et de Plaisance se sont
empressées dejeonstater, par un vote leur ré
solution de constiluerpar leur fusion avecla
Sardaigne le royaume de la haute Italie. Vai
nement une faction désorganisatrice, mais
peu nombreuse, chercha-t-elle à s'opposer à
cette expression de la volonté de la majorité;
vainement le roi Charles-Albert lui-même,
cédant à d'honorables scrupules, essaya-t-il
d'ajourner le vote jusqu'à la fin. de la
guerre avec l'Autriche ; la haute Italie
vota presqu'à l'unanimité ce qu'elle regar
dait comme le salut de la cause italienne ,
la réunion au Piémont de la Lombardie, de
la Vénétie et des deux duchés.
Dans l'état actuel de l'Europe, à une épo
que où le principe des nationalités et le vœu
des majorités sont reconnus par l'Autriche
elle-même, ' comme base et comme condi
tion de l'existence de tout Etat politique,
la Sardaigne peut se contenter de faire va
loir dans les conférences de Bruxelles le titre
nouveau sur lequel est fondé son droit. II
. existé cependant un autre fait qu'elle pour
rait alléguer auprès des puissances média
trices et dont l'Autriche ne saurait contester
l'exactitude, tant il lui est facile d'en réunir
elle-même les preuves sur ses budgets de dé
pense depuis 1815. ■
Le ministère autrichien né Saurait nier
que les revenus du royaume lombardo-vé
nitien n'ont jamais suffi à couvrir les frais
de l'armée d'occupation, chargée de mainte
nir le système de M. de Metternich en Ita
lie, toutes les fois que le nombre de ces
troupes a dépassé quarante-cinq mille hom
mes.
Or, combien de fois , depuis 1815, s'est
présentée l'obligation de maintenir l'armée
d'occupation au-dessus de ce chiffre? Presque
tous les ans. Le budget lombard a donc été
presque constamment en déficit depuis cette
époque. Et aujourd'hui, quel est le chiffre
de cette armée, d'après les documens autri
chiens ? 100,000 hommes au moins. Les re
venus ont-ils donc augmenté? Ils ne sont et
ne sauraient être que la moitié au plus de là
moyenne des années précédentes. Mais au
moins peut-on prévoir une réduction possi
ble dans cette armée et une augmentation
considérable daps les impôts du territoire
occupe ,par l'Autriche ? Tout homme ins
truit des faits, et qui les juge avec impartia
lité, dira qu'il est impossible de rien espérer
de semblable.
D'un côté, le texte des traités ; de l'autre,
la volonté exprimée des nations, et une pro
testation constante de leur part contre une
occupation qui ne subsiste que par la force ;
voilà le problème entre les deux Etats.
Puisse t-il être résolu pacifiquèment dans le
sens du droit que les nations ont de dispo
ser d'elles-mêmes.
M. le marquis Ricci, envoyé de Sardai
gne, a quitté Paris pour retourner à Turin,
où il était mandé par son gouvernement.
Quelques journaux ont tiré de ce départ des
interprétations erronées ; ils ont supposé à
tortque l'idée d'un congrès à Bruxelles avait
été abandonnée. Le jour même où M. Ricci
était appelé à Turin, le gouvernement sarde
adressait au cabinet dé Londres et à celui de
Paris, une note par laquelle il déclarait que
la présence de M. le marquis Ricci à Turin
lui avait paru désirable, et que l'intention
du cabinet de Turin était de donner à cet
envoyé un successeur muni des mêmes pou
voirs. Cette note a été parfaitement accueil
lie des deux cabinets auxquels elle était
adressée." *
la proposition de M. Rateau , tendant à
fixer au 4 mars prochain lés élections géné
rales pour l'Assemblée législative, n'a été
repoussée dans le sein du comité de législa
tion que par 19 ,voix contre 18. Le comité
de législation s'est divisé sur la même pro
position à 15 voix contre 15.
La question ne saurait donc être considé
rée comme préjugée, et on doit s'attendre à
une discussion très animée dans l'Assemblée;
mais il est impossible que la sagesse de la
représentation nationale ne la tranche pas,
à la fin, dans le sens jde l'opinion du pays,
qui appelle évidemment des élections pro
chaines.
La liste arrêtée hier k la réunion de la rue de
Poitiers pour les candidats à la vice-présidence
de l'Assemblée a été modifiée aujourd'hui ainsi
qu'il suit :
MM. leg'énéral Bedeau, Bisio, deRémusat, Vi
vien, Baraguey-d'Hilliers et de Larcy.
Les secrétaires proposés sont : .
MM. Parrieu, Amable Jullien, Victor Lefranc,
en remplacement des deux secrétaires sortans et
deM. fctnile Lcnglet, démissionnaire.
C'est le 5 que doit être renouvelée une partie
du bureau.
NOUVELLES ÉT&AIÏGÈHES.
ESPAGNE.
Dans la séance du congrès du 27 décembre,
plusieurs députés progressistes ont présenté une
proposition pour demander que le gouverne
ment déposât sur le bureau 3e la chambre tou
tes les piècés relatives à l'affaire des passeports
donnés à sir Henry Lytton Buhver. M. le mi
nistre des affaires étrangères a déclaré que celte
affaire avait perdu le caractère d'irritation qu'elle
avait eu à une autre époque, et que ce ne serait
pasjle ministre qui chercherait maintenant à
l'envenimer ; mais que, cependant, il était prêt
à déposer les documens en question. [Sur ce, les
auteurs de la proposition déclarèrent qu'ils
étaient satisfaits et retirèrent leur proposition 1 .
Voici,, du reste, ce que contient le projet d'a
dresse au sujet des rapports avec les puissances
étrangères.
• « Le congrès a été charmé d'apprendre de la bou-
cjie de Votre Majesté que lies relations avec les
puissf nces étrangères, se sont développées considé
rablement , les gouvernemens de Prusse, de Sardai
gne, d'Autriche et de Toscane ayant envoyé succes
sivement leurs représentai auprès de l'illustre per
sonne de Votre Majesté.
».La chambre a appris avec un plaisir non.moins
sincèrè (con placer no menas sincero) que l'on a éta
bli avec la République française des relations ami
cales qui ont toujours eu lieu entre deux peuples
unis par tant et de si anciens nœuds.
» Votre Majesté a dit que des événemens désa
gréables qu'il n'a pas été possible à votre gouver
nement d'éviter, ont oceasioné l'interruption des
relations diplomatiques avec l'Angleterre Le congrès
participe à votre confiance dans le rétablissement de
ces relations, ainsi qu'il convient à deux nations
amies, jalouses toutes deux de leur indépendance et
de leur dignité, rétablissement qui aura lieu aussitôt
que les actes et les intentions du gouvernement de
Votre Majesté auront été dûment appréciés. Le con
grès' applaudît à l'offre d'asile faite au souverain
pontife. 11 y trouve l'expression des sentimens de
l'Espagne, toujours . catholique et religieuse, et il
exalte la fidélité du sentiment monarchique et reli
gieux du peuple espagnol ; son amour pour la véri
table liberté, et son dévoûment inébranlable au trô
ne et aux institutions, au milieu des commotions
inattendues et profondes qui ont agité l'Europe.
ÎWX DE Xi'ABONNEMENT I
étrang.
14 F.
28
86 -
Les abtmncmens datent des 1 er et W do chaque mois.
bureaux a paius:
Rue du 24 Février, 10 (ci-devant de Valois).
i • T
JyCS annonces sont reçues, de 11 à 4 heures
au bureau du Journal.
.» Toute annonce doit être agréée par le gérant.
[" S'adresser -franco, pour l'administration,
j. à m. denauv, directeur.
diOtoires. Tandis que le Fomento du 28 annonce
que le SX, le capitaine -général Cordova est en-
tre à Vich qiïî? l'on disait assiégé par^ les carlis- ,
tes, sans faire meïî^ 0 ï 1 .. ( \ ,auc " Qe . affaire impor
tante 1 , voici ce qu'on lit I e î ourna l I e ^ eu ~ 1
p le, publié le"31 à Bayonne ■ 7 '
« Dérôute complète de l'armée"{j®*®
commandée par ie capitaine général' '
laConcha, en personne.—Un exprès, partl u.' ,
le 26 du courant,-nous porte l'importante nowf&u e
qui*-suit-: vient d'à iivïtr, sz■
la bataille la plus sanglante et la plus décisive, qui
ne peut se comparer à aucune de ses affaires précé- -
dentes. Ce général carliste était à la tête de soii ar
mée, réunie au nombre de plus de 10,000 hommes, •.
et il à complètement mis en déroute l'armée de la
reine, forte de 14,000 hommesde toutes armes, com- ,
mandée par le général Concha en personne.
» Voici les résultats certains, positifs, de cette ac
tion qui a été terrible : quatre escadrons de cavale
rie et i',200..fantassins, des compagnies d'élite de
l'armée de la.reine ont été faits prisonniers; le reste
s'est enfui dans toutes les directions, et lè brave gé
néral factieux, quoique légèrement bltssé d'une bal
le à la tête, s'est élancé à la poursuite des "vaincus.» ,
AUTRICHE.
Les nouvelles de Catalogne sont fort contra-
Rien d'officiel encore sur les progrès du corps
principal de l'armée impériale en Hongrie. Le
général Welden, gouverneur de Vienne, publie
un bulletin dans lequel il annonce, que le 14 dé a
cembre, Arad, ville fortifiée du Bannat, & été ,
dégagée par les troupes autrichiennes'; l'ennemi/ ,
fort de 15,000 hommes, aérait été mis en fuite ;
et forcé de traverser la rivière de Charos. Msfià '
ces opérations sur les derrières des forces hon
groises n'ont qu'une importance secondaire. «Le
résultat décisif ne peut être obtenu que par
les corps d'armée commandés par les généraux i.
Windischgraetz et Jellachich. Les lettres par
ticulières, dit la Gazette ds Prague, annoncent •
la prise de Raab par ce dernier; mais cette nou- •
velle mérite encore confirmation.
On lit dans le Correspondantde Nuremberg i
« L'armée impériale a déjà pénétré vlctorlëuse
jusqu 'au-delà de Raab. Kossuth est entouré à Pesth 1
d'un parti qui peut l'arrêter et le livrer à la nou
velle de l'approche des Autrichiens.
» Après la prise de Presbourg, le prince de Win-'
dischgraetz ayant ordonné d'arborer l'étendard au
trichien, quelques Hongrois voulurent s'y opposer.
Le feld-maréchal répondit : « Les Hongrois, eux-
mêmes, ont déclaré la pragmatique sanction abolie.
Ils ne doivent donc pas s'étonner que l'Autriche v
consente et traite désormais la Hongrie ainsi que l'a
Bohême, comme une province de la monarchie. »
On écrit d'Ôllmuiz, le 26 décembre :
« Le pouvoir central allemand a envoyé ici le '
prince de Furstemberg pour féliciter l'empereur 5»
l'occasion de son avènement au trône.
» Les volontaires slovaques ont été obligés de sé
retirer vers la frontière de la Silésie, faute de-vivres.
Les Magyares ont dévasté à un tel point les villages,
qu'il est impossible d'y trouver une poule, même en
la payant fort cher. D'après des nouvelles particu
lières, les volontaires slovaques se sont, jusqu'à ce
moment, bien soutenus, et ils ont le meilleur es
poir. »
La Gazette de Lemberg, en Gallicie, publie
plusieurs bulletins sur les opérations du corps
d'armée impérial, commandé par le général
Schlick, dans le nord de la Hongrie. Voici ce •
qu'ils contiennent en résumé : 1
» Le lieutenant-feld-maréchal comte Schlick e;t
entré le 8 décembre dans Barlfeld, après avoir fait
avancér les avant-postes de la brigade Firdlér jus
qu 'au-delà de Kluso, vers Eperies. A l'exception de
trente barricades et trois grands fossés qui gardaient
la grande route près de la frontière, son passage
par les Garpathes ne rencontra aucun obstacle.
» Les campagnards, d'abord effrayés, accueilli
rent ensuite les troupes avec joie. Bien qu'un jour
de repos parût nécessaire aux troupes, le maré
chal ne put s'y décider, dans, la.crainte de laisser
aux insurgés le temps de se;concentrer à Eperies;
Il s'y rendit et quitta cette ville le 4 0 décembre vers
minuit. Son corps était composé de 6 bataillons, 5 .
escadrons et 3 batteries.
» Versmidi. il rencontra près du village de Le-
mezan, l'ennemi fort de trois bataillons de gardes,
de quelques compagnies de garde nationale, d'une
légion polonaise et d'environ 20,000 paysans armés;
ces troupes avaient avec elles un nombre considéra
ble de canons. L'artillerie joua très heureusement,
et la résistance fut opiniâtre.
» Après un combat de plusieurs heures, le maré
chal entra avec , son corps à Kaschau. L'ennemi a
perdu deux canons et beaucoup d'hommes. On lui a
fait environ 400 prisonniers. »
Le Moniteur prussien publie l'extrait suivant
d'une correspondance de Saint-Pétersbourg, sur
le voyage du grand-duc Constantin de Russie à
Ollmutz :
« Le grand-duc Constantin, parti pour Ollmutz,
dans la nuit du 18 au 49 décembre, est chargé par
S. M. l'empereur, de féliciter l'empereur François-
Joseph I er , à l'occasion de son avènement au trônp.
Le czar a chargé son (ils de cette mission pour don
ner une preuve de l'importance qu'il attache à la
conservation des relations de confiance et d'amitié
qui ont, jusqu'à ce jour, existé entre les deux famil
les impériales.
» D'Ollmutz, le prince se rendra à Prague auprès
de l'empereur Ferdinand, pour lui exprimer les\
sentimens de sympathie de S. M. l'empereur de
Russie.» '
ITALIE.
Le Risorgimento, journal de l'ancien minis
tère piémontais, publie sur le nouveau cabinet
et sur la dissolution de la chambre un article
dont nous extrayons les passages suivans :
c La chambre sera dissoute ; et pourquoi ? Le mi
nistère aurait eu la majorité. Les hommes qui avaient
soutenu Pinelli reconnaissaient tous la parfaite con
formité entre l'ancien et le nouveau programme.
Ils sont tous, il est vrai , ritronrades, ils n'ont pas
la parole efficace (dont parle l'Opinione), mais enfin
» Avec une ame aimante et capable de toute la
profondeur des attachemens, Christiana avait la
raison droite, la tête saine et bien rangée. Ne
mettant point finesse au r61e de la femme, elle
pensait, qu'être belle autant que faire se peut",
aimer pendant quelque temps un honnête hom
me; devenir sa promise, et, bientôt après, sa
compagne ; élever ensuite les'enfans et conduire
le ménage en tâchant d'y maintenir l'ordre, l'é
conomie et la bonne humeur, c'est toute la loi et
lès prophètes, et jamais elle ne rêvait au delà.
» Au contraire Karl était de ceux qui jamais ne
savent) ep se le demandant sans cesse, où mène
l'étroit sentier de la vie. Connaître leur voie leur
paraîtrait écœurant, insoutenable;-ne la point
connaître leur semble un supplice affreux. De là,
concluant que l'homme n'a point été fait pour
les chemins terrestres, ils montent sur les ailes
de leur fantaisie, et cherchent des routes aérien
nes oiiles bruits et les, fades senteurs de la:vie
positive ne parviennent plus jusqu'à eux. C'est
aussi dans ces hautes régions qu'ils doivent à la
fin rencontrer quelque fille du ciel qui n'ait ja
mais dégradé sa nature à écrire un livre de dé
penses, ou à faire les conserves ou la pâtisserie.
Pour 4'autres femmes, ils pavent avoit tous les
sentimens tendres , l'affection, la pitié, le dé
voûment même, dans un degré profond ; mais
leur amour, jamais ils ne l'accortleront aux qua
lités solides; pour aller à leur cœur, il faut d'a
bord passer par leur imagination.
» Partis ensemble, mais arrivés à un endroit où
leur route en quelque sorte se bifurquait, la jeu
ne fille et son ami le poète, n'avaient plus long
temps à marcher ensemble, et chaque jour ils
s'éloignaient davantage du dénoôment où, sans
se l'être dit encore, tendait la commune pensée
de Christiana et d'Adam Kraft, mais qqe Karl
n'avait jamais eu en vue.
» Sur ces entrefaites, arriva devienne à Ham
bourg un personnage important. C'était un com
missaire que l'empereur Léopold I e ' envoyait
dans la ville libre impériale, sur laquelle il
exerçait un droit de suzeraineté. La mission du
diplomate allait à concilier de très anciens dé
bats soulevés entre le sénat et la bourgeoisie et
qui auraient pu, si on les avait laissés plus long
temps fermenter et s'aigrir j aboutir à une révo
lution. •
» La conciliation devant être difficile et longue,
le commissaire impérial, qui s'appelait le comte
de Nesselbourg, avait amené avec lui toute sa
maison. •
»La comtesse de Nesselbourg étai t très remar
quablement belle, et son mari en était jaloux au
possible, mais avec cette nuance que du furieux
souci conjugal qui le tourmentait, il ne voulait
rien laisser deviner. Admettre qu'une femme
puisse vous tromper, c'était, à son avis, une dé
claration que l'on faisait soi-même de l'infério
rité de son propre mérite. On pouvait se dire
ces sortes de choses à soi-même ; mais, vis-à-vis
du public, tout l'extérieur d'une confiance abso
lue et entière lui était conseillé par sa vanité.
» Karl vit Mme de Nesselbourg; elle lui réa
lisait tout l'idéal qu'il n'avait jamais rencontré,
ni dans Christiana ni ailleurs ; il en devint donc
amoureux comme un poète, et, il faut ajouter
comme un homme qui, sentant toute l'absurdité
de sa passion, cédait néanmoins à son entraî
nement.
» A dater de ce moment, il devint de moins en #
moins assidu à l'atelier d'Adam Kraft, alla passer
des journées entières sur les bords de 1 ' Alster (1 ),
eut pour Christiana des paroles aigres et impa
tientes, et cessa d'être pour elle, même un frère
(1) Rivière qui passe à Hambourg:.
***. ign » *> „
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